Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-08-19
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 août 1922 19 août 1922
Description : 1922/08/19 (N10898). 1922/08/19 (N10898).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7608241z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/04/2014
2
UE JOURNAL
n = a 22
de vue des réparations, est exactement la <
même que celle de la France. La part de
la Belgique, fixée à trente milliards, est
déjà notoirement inférieure à la réalité des
dommages causés. Si la France a déjà dé-
bourse, au compte de l'Allemagne, 90 mil-
liards pour ses réparations, dites bien que
la Belgique, la petite Belgique, en a déjà
dépensé dix, soit le 1/3 de ce qui lui est dû,
et qu'elle est loin d'avoir réparé le tiers de
Ses dévastations 1
» Cette identité d'intérêts devrait, nous
semble-t-il, commander une action com-
mune ?
» — Il est évident que pas plus que la
France, la Belgique ne saurait consentir
une nouvelle réduction de sa créance sur
l'Allemagne, sans compremettre gravement
ses intérêts vitaux.
» Cependant, le gouvernement belge
estime que l'Entente doit être maintenue à
tout prix —- l'amitié anglo-franco-belge
constitue l'axe de notre politique étran-
gère — et c'est pour la sauvegarder que,oe..
puis l'armistice, nous avons adopté un rôle
de médiateur, et avons consenti même de
nombreux sacrifices.
» <— Donc, à votre avis. monsieur le
bourgmestre, la Belgique soutiendra de-
vant la commission des réparations, le
point de vue français ?
» — C'est fort probable. »
C'est sur cette importante déclaration
que notre entretien se termina.
Piloté par le prince de Ligne, attaché à
l'ambassade de Belgique, et M. Libouton,
directeur des chemins de fer belges à Pa-
ris, M. A. Max, qu'accompagnent son secré-
taire, M. Paul Wittouck, et M. le comte
!Adrien van den Burch, conseiller d'ambas-
sade extraordinaire et commissaire géné-
ral de la Belgique à l'exposition de Rio-de-
Janeiro, gagne le quai d'Orsay, où, après
s'être égaré dans les parages du train pré-
sidentiel qui a conduit à Bordeaux M. de
'Alvear, président de la République Argen-
tine, il retrouva — enfin — le Sud-Express.
La foule l'a respectueusement salué.
t Le Yestiaire des pauvres gens
Cette touchante institution, due à l'initiative
de M. Emile Desvaux, va fonctionner grâce à
l'activité de M. Louis Mourier, directeur général
de l'Assistance publique.
M. Desvaux suggère aujourd'hui au directeur
'de nouveaux moyens pour assurer la pleine
réussite du « vestiaire Il ; il écrit à M. Mourier :
« Je sais que d'ores et déjà toutes vos disposi-
tions sont prises pour assurer, dès la fin de
l'exotle estival des Parisiens fortunés, le récole-
ment des vêtements, chaussures, literies, linge-
ries, etc., dont la judicieuse répartition peut
faire le bonheur de tant de braves gens.
» Dans cet ordre d'idées, voulez-vous me per-
mettre une suggestion dont je sais, par avance,
que vous lui trouverez une solution positive.
Il Une rapide incursion sur les plages norman-
* des m'a convaincu que l'heure est déjà venue
d'amorcer une fructueuse moisson.
» Considérez ce que le Parisien, dans la fièvre
du retour « hâté » et la crainte des terribles
suppléments de bagages, abandonne (sans pro-
fit pour personne) de vêtements usagés, de
chandails, d'écharpes, de chaussures, de san-
dales..,
» Demandez-les I
» Presse parisienne et presse départementale
vous,..aideraient certainement à lancer l'appel de
solidarité généreuse.
» Faites-les recueillir par. vos agences dépar-
tementales.
» Ëes municipalités des stations balnéaires et
yille^; d'eaux, qui n'en ont pas le plein
emploi, ne se refuseront certainement pas a les
> entreposer Il en attendant votre récolement.
» Ainsi, les laissés pour compte d'étés fugitifs
constitueraient la première réserve des longs
hivers. »
Une-lettre de Loréal an garde des sceaux
Rentrés à la prison de la Santé dans les cir-
constances que le Journal a relatées hier, les trois
anarchistes Vanhuyst, Loréal et Pfister, au mo-
ment de leur repas, furent mis en présence des
mets les plus succulents .que puisse comporter
l'ordinaire de la prison.
Mais si Vanhuyst et Pflster se laissèrent tenter
et firent dit-on, honneur au menu, leuricamarade
Loréal, avec une fermeté inflexible, refusa d'y
toucher. Et dans la lettre publiée ci-dessous,
qu'il adressa ultérieurement à M. Barfhou, le
jeune anarchiste explique son attitude de la fa-
çon suivante :
, Quartier politique de la Santé, le 17 août 1922.
Monsieur le ministre de la justice, Paris.
J'ai l'honneur de vous faire savoir que mes ca-
marades Jeanne Morand et Coudom, dit Méric, sont
toujours détenus au droit commun, et ce, malgré
les précédents qui ont fait bénéficier du -régime
politique des personnes poursuivies pour les mê-
mes inculpations (exemples : Caillaux, Paul-Meu-
nier, Bernain de Ravisi,. Simais, etc.).
En conséquence, je vous informe que je reprends
la grève de la faim que j'avais dû interrompre
lors dè mon transfert à l'hôpital Cochin, et ce
jusqu'à ce que Jeanne Morand et Coudom, dit Mé-
ric. aient obtenu le régime politiqùe auquel ils
ont droit..
Veuillez agréer mes salutatiofis.
Louis LORÉAL, détenu politique à la Santé.
Mort de M. Jean Descaves
Notre ami et collaborateur M. Lucien Desca-
ves est frappé d'un deuil cruel; son lils
aîné, M. Jean Descaves, vient de mourir dans
sa vingt-neuvième armée. Docteur en rnéde-
cine. il avait fait toute la guerre, soit sur le
frent français, soit sur le front d'Orient. Mais
un mal inexorable l'avait atteint, et après des
souffrances prolongées, l'tmlève à. l'affection des
siens. Que M. et Mme Lucien Descaves trouvent
ici l'expression de notre sincère et fraternelle
affliction.
sLE JOURNAIr.
100, rue de Richelieu. Fondé en 1S92 par Pt XAU
T.Gut.61-65. 61-66. 61-67, 26-27.Téléff.NArjO,UR-PARl8-
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Instruction publique et neaux-arts
Grand-officier. -- M. Nénot, membre de l'Institut,
architecte.
Commandeurs. •— MM. Alfred Capus, de l'Acadé-
mie française ; Camille Flammarion, directeur de
l'Observatoire de Juvisy.
Officiers. — MM. Charles Widor, secrétaire per-
pétuel de l'Académie des beaux-arts ; le chanoine
Ulysse Chevalier, membre de l'Institut ; Deperet,
doyen cle la Faculté des sciences de Lyon ; Belot,
inspecteur général de l'Instruction publique ; Du-
l'ayard, professeur de lre supérieure au lycée Henri-
IV ; Claude Farrère, homme de lettres ; Emile Isola,
directeur, de l'Opéra-Comique ; Jacques Beltrand,
graveur : Louis Schneider, critique musical. ,
Chevaliers. — MM. Pillet, proiesseur à la Faculté
de droit de Paris ; Masqueray, professeur à la Fa-
culté des lettres de Bordeaux ; Beaudouin, profes-
seur à la Faculté des lettres de Toulouse ; Vayssière,
professeur à la Faculté des sciences de Marseille ;
Tailliart, vice-recteur de l'Académie d'Alger ; Cen-
darme de Hevottc. Inspecteur de l'Académie de Pa-
ris ; Lucol, professeur de physique au lycée Saint-
Louis ; Rémon, professeur au lycée Carnot ; Du-
clltlteau, professeur au lycée de Châteauroux ; Mlle
Deschamps, directrice d'école primaire publique à
Paris ; Hettich, professeur au Conservatoire natio-
nal de musique et de déclamation ; Rémy, profes-
seur au Conservatoire national de musique et de
déclamation ; Mme Alphonse Daudet, femme de let-
tres ; Alexandre Arnoux, homme de lettres ; René
Dubreuil, homme, de lettres ; Daniel Halévy, homme
de lettres ; Fernand Beissier, homme de lettres, an-
cien bibliothécaire an ministère de l'Instruction pu-
blique ; Etienne Charles, critique littéraire ; José
Théry, avocat à la cour d'appel, président de la
Société d'études de la propriété artistique et litté-
raire en France et à l'étranger ; Marmottan, histo-
rien d'art ; Terroir, sculpteur ; Patrice Bonnet,
chef des services d'architecture de l'Université de
Strasbourg ; Joseph Bonnet, organiste de la Société
des concerts du Conservatoire ; Laurenti, trésorier
de la section cantonale des Pupilles de la Nation
de Villefranche-sur-Mer.
LA PROMOTION
M. Nénot jj
La plaque de grand officier récompense en
M. Nénot l'un des artistes qui ont su conser-
ver la noble tradition de la. ligne architectu-
rale française. Né à Paris, en 1853, prix de
Rome à vingt-quatre ans, M. Nénot n'eût-il
pour titre que celui d'avoir édifié la nouvelle
Sorbonne en 1882 — et il en a d'autres — s'im-
poserait à la gratitude nationale. Il est de
l'Académie des beaux-arts depuis 1893.
M. Alfred Capus i; : 1
La cravate échoit à MM. Capus et Flamma-
rion. Présenter au public Alfred Capus, ce
Pjrtvençal si finement parisien, ce Français si
français, ce serait fâcheusement friser le béo-
tisme. Que de réalisations dans l'œuvre de cet
esprit si divers depuis les promesses des « Hon-
nêtes gens Il publiées en 1878, quand l'au-
teur de « La Veine » avait vingt ans 1 Journa-
De gauche à droite, en haut : MME ALPHONSE
DAUDET, M. NÉNOT. En bas : M; ALFRED
CAPUS, M. CAMILLE. FLAMMARION, ,
liste, chroniqueur, rpmancier,,; auteur drama-
tique, Alfred Capus est, parmi nos hommes de
lettres, l'un de ceux qui ont le plus produit et
dont -le goût public s'est le moins lassé.
M. Camille Flammarion
Camille Flammarion est. né à Montigny-le-
Roi (Haute-Marne),, en 1842. , -
Le jubilé de sa quatre-vingtième année a été
célébré à la Sorbonne il y a deux mois. C'est un
cerveau formidable, un peu déconcertant rriê-
me, puisque' le goût du détail scientifique et
l'aptitude aux prodigieux calculs s'y mêlent aux
plus nobles élans de la poésie en'une-harmo-
nie si parfaite qu'elle a depuis longtemps im-
posé a l'admiration des nations civilisées l'au-
teur de « l'Astronomie universelle M et de la
« Pluralité des mondes habités ».
M. Charles Widor
Parmi la liste des nouveaux officiers M.
Charles Widor, secrétaire général de l'Acadé-
mie des beaux-arts, a été 1 organiste de Saint-
Sulpice ; il a succédé à César Franck au Con-
servatoire, où il enseigne, au profit des jeunes,
les magistrales splendeurs, de la musique sa-
crée. Sa « Korrigane » (1880) et la « 'Nuit de
Walpurgis » sont des oeuvres -qui resteront.
M. Claude Farrère
M. Claude Farrere, lui, a emporté de haute, lutte
l'admiration publique. Si fraîche qu'elle soit
en date, sa gloire a déjà partie liée avec l'his-
toire de nos lettres modernes. Marinait a voulu
n'être point un contemplatif infécond. Nous y
avons gagné les plus magiques tableaux d'exo-
tisme, les fresques les plus chaudes, .les pein-
tures les plus ardemment colorées, que le début
de ce siècle nous ait données, si j'excepte, ce
que nous devons à Loti, cet autre grand marin.
A quoi bon rappeler ici les « Petites alliées »,
que nos lecteurs curent le plaisir de goûter iné-
dites ? Et « l'Homme qui assassina » ; et la ma-
gnifique, la truculente fantaisie de « Thomas
l'Agnelet », et « la Bataille » 1 ,
Mmo Alphonse DaucLt
Enfin, parmi les chevaliers nouveaux, un nom
éclate: celui de Mme Alphonse Daudet. Elle
aura failli attendre. Cette âme délicate, qui fut
souvent l'inspiratrice du maitre, disparu, donna
sa première œuvre: Impressions de nature et
d'art en 1879. Onze ans plus tard' paraissaient
Les enfants et les mères. - -
Ce n'esi, pas seulement un souvenir qu'on con-
sacre en lui donnant le ruban rouge. C'est un
juste hommage à son irop modeste talént et à.
son grand cœur de Française. — M. M.
M. de Alvear a quitté : Paris
M. Marcelo T. de
Alvear, président élu
de la République Ar-
gentine, a quitté Pa-
ris, hier matin, par
la gare d'Orsay, à
10 heures 20. Dans le
hall de la gare, un
piquet de gardes mu-
nicipaux faisait une
haie d'honneur.
M. de Alvear, a été
reçu par M. Dervil-
ler, directeur de la
Compagnie d'Orléans,
et conduit dans le sa-
lon spécial, décoré de
plantes vertes et orné
de drapeaux fran-
çais et argentins.
Tour à tour de nom-
breuses personnali-
tés viennent faire
leurs adieux au nou-
veau président d'Ar-
gentine. Citons du
côté français: le gé-
néral Lasson, repré-
sentant le président
de la République ;
M. Maunoury, minis-
tre de l'intérieur ; le
maréchal Joffre, les
préfets MM. Autrand
et Naudin ; MM. Le-
fébure, syndic, et
Lau r e n t, secrétaire
du Conseil munici-
pal; le général Ber-
do u 1 a t, gouverneur
militaire de Paris;
Dulignier, sous- di-
recteur du protocole ;
Herbette, ministre
plénipotentiaire ; Dejean et Laboulay, du
ministère des affaires étrangères; Mgr de
Valery, représentant le nonce.
A 10 heures 5, voici M. Poincaré. Il pénè-
tre dans le salon. Après une poignée de
main véritablement amicale, le présidant
du conseil exprime à M. de Alvear, en quel-
ques paroles cordiales, les souhaits que
forme le gouvernement pour le chef de
l'Etat argentin, qui le remercie avec des
mots émus.
Sur le quai, l'affluence est énorme.
Le président est accompagné jusque
De gauche à droite: M. DE ALVEAR, président de la Républi-
que Argentine ; M. POINCARÉ et le MARÉCHAL JOFFRE.
{Photo Journal
Buenos-Ayres par MM. Alberto Figueora,
conseiller général de la légation, et Bol-
loux, secrétaire particulier.
Mme de Alvear, partie jeudi soir, re-
trouvera le président à Vigo, à la première
escale du Massilia. Jusqu'à Bordeaux, M.
de Alvear aura avec lui son neveu, M. Be-
ni tès de Alvear, le général Lasson, M. Bem-
berg, chargé d'affaires, le colonel Cassi-
nelli, attaché militaire, le capitaine Ben-
golea, attaché naval.
Le président, debout, à la portière, serre
des mains amies.
ÉCHOS
L
A forêt sait se faire aimer. C'est tou-
chant de lire à l'Officiel la longue
liste des nominations aux postes vacants de
garde domanial des Eaux et Forêts. A peu
près tous les nouveaux promus exhibent
avec fierté le même titre « fils de préposé ».
Une pareille tradition familiale est une
assurance que nos arbres seront bien gardés
PLAISIR DU JAPON
par LUDOVIC NAUDGAU 1..
Pour la première fois les différences fonda-
mentales qui, au point de vue sentimental, sé-
parent la grande civilisation asiatique de nos
propres mœurs sont exposées avec compétence
par un écrivain dont la vision nette des choses
et des gens n'est plus à louer..
Plaisir du Japon (Flammarion, édit., 7 fr.) ,
pose, dans un décor de splendeur, un problème
passionnant : une femme jaune peut-elle aimer
un homme blanc ?
L
A conduite iritérieure Delaunay-Belle-
ville io HP carrossée par Willy Van
den PIas, 228, rue Lecourbe à Paris; a
obtenu, au concours d'élégance de La Baule,
le Premier Prix d'honneur.
u
ne grande manifestation de l'activité
française. — La Réunion d'Automne.
de la Foire de Lyon (1 -15 octobre), aura
cette année une ampleur toute particulière.
Elle ne se contentera pas de présenter aux
industriels de. tous les pays. une revue de
notre technique contemporaine, elle convie
également les agriculteurs à un vaste ren-
dez-vous d'affaires. Du 7 au 15 octobre se.
tiendront à Lyon la Semaine Internationale
Annuelle de Motoculture et une Exposition
agricole et horticole. Ces deux manifesta-
tions sont déjà assurées d'un éclatant suc-
cès. Pour tous renseignements complémen-
taires, s'adresser aux bùreaux de la Foire,
Hôtel de Ville, Lyon.
u
N agneau se désaltérait dans le courant
d'une onde pure. Mais moi je me
désaltère grâce à « LA CRESSONNÉE », la bois-
son idéale à base d'anis et de cresson. Faites
comme moi. Distillerie BOULANGER, Pantin.
INFORMATIONS
NOUVELLES MILITAIRES
Aujourd'hui : Ancien? des ie, He et 1208 batail-
lons de chasseurs, à 20 n. 30, boulevard de Bonne-
nouvelle, 31.
DIVERS
— M. Poincaré a reçu, hier soir, M. Qulnonès de
Léon, ambassadeur d'Espagne.
— A l'Exposition coloniale de Marseille aura IUII.
du 21 au 26 septembre prochain, le congrès national
de la T.S.F., que patronneront les plus hautes per-
sonllalltés di, moine o'nciei, parmi lesquelles M.
Sarraut, ministre des colonies.
LE MONDE ET LA VILLE
— Mariage d'artiste.— Nous apprenons le mariage,
de M. William Barrier, ancien nnbliciste, percepteur
des contributions directes, chevalier de la Légion
d'honneur. Croix de guerre, avec Mlle Suzanne
Sabot-Fourdrin l'excellente artiste de l'Opéra, très
appréciée depuis trois an3, à Monte-Carlo et à Nice,
sous le nom de théâtre de Suzanne Sabran.
— A Valenriennes est décédé, à l'âge de quatre-
vingt-sept ans, M. Albert Alabille de Poncheville,
notaire honoraire, ancien représentant dans cette
région du comtn de Chambord.
- On annonce la mort de M. Joseph Homolle,
frère du membre de l'institut et de l'inspecteur
général des pontf et chaussées.
- Nous apprenons la mort de Mme Eugène
Gauger, veuve de l'industriel, décédée en son châ-
teau d'Orval. tLes obsèques auront lieu à Paris
lundi 21 août, à 11 heures, en l'église Notre-Dame-
des-Champs, où. l'on se réunira. Le présent avis
tiendra lieu d'invitation.
— On nous prie d'annoncer la mort de M. Jules
Pilloy (de Saint-Quentin), décédé à Enghlen-lcs-
Bains, à l'âge do quatre-vingt-onze ans, membre de
la Société, des antiquaires de France, auteur de
nombreux travaux sur l'archéologie franque et ro-
maine, lauréat. de l'Institut, chevalier de la Région
d'honneur. Les obsèques seront célébrées à Saint-
Quentin le lundi 21 courant, en l'église Saint-Jean,
à 11" heures, suivies de l'inhumation dans le caveau
de famille.
— Les ramilles Deslauriers, Masson, Verdin re-
mercient les personnes qui leur ont témoigné leur
sympaihie-dans la cruelle épreuve qu'elles viennent
de traverser.
Les augmentations
de tarifs téléphoniques
ne sont pas une panacée
S'il ressort d'études très serrées failes par
l'administration des téléphones, que les tarifs
interurbains sont, en France, très inférieurs au
prix de revient des communications, cela re-
vient-il: à dire que Je problème sera résolu par
une augmentai ion-de ces tarifs ? Non. Car plus
l'usage 'du téléphone est coûteux, plus il se ra-
réfie,
Il ne suffit donc pas d'organiser le réseau,
le service et le travail d'une façon plus ou
moins rationnelle et de calculer ensuite le prix
fie devient- d'après ces données, pour en déduire
finalement les. tarifs. On aboutirait-ainsi fata-
lement à l'augmentation, frappant l'exploitation
de sferilifQ. Cette mesure ne doit être appliquée
qu'en dernier ressort, après avoir cherché en
premier lieu la vraie solution : l'abaissement
du prix de revient.
Comment ce résultat peut-il être atteint, en
dehors de l'extension du réseau et du' perfec-
tionnement des méthodes d'exploitation ? Les
techniciens préconisent les mesures suivanies :
1° construction des grandes artères interurbai-
nes sous câble, amélioration des procédés de
construction des lignes aériennes en fils nus ;
2° construction sur route et abandon progressif
des voies ferrées ; 3° étude très soigneuse des
! racés ,; 4" organisation d'un service automobile
pour réparer rapidement- ; 5° organisation d'un
service de garde-lignes pour prévoir les déran-
gements; G" organisation d'un service spécial de
l'entretien et des dérangements.
Toutes ces mesures excellentes, qui, jointes
aux perfectionnements nécessaires et aux exten-
sions productrices, permettront de réaliser un
service régulier et de satisfaire la clientèle, coû-
teront évidemment de l'argent. Mais l'effort fi-
nancier dont elles seront la cause se traduira
par une amélioration considérable des produits
de l'exploitation. Ce sera de l'argent bien placé.
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Etendud'eau rafraîchit sans débiliter
CONTE DU « JOURNAL
Un peu de repos
« Cher et illustre ami. N'oublia pas que
tu t'es engagé formellement à venir enfin
cette année passer quelques semaines avec
nous. L'été avance, je te rappelle ta pro-
messe. Tu sais combien ma femme et moi
nous serons fiers et heureux do te rece-
voir. L'amitié d'un grand homme est un
bienfait des dieux. et tu es ce grand hom-
me. Viens, tu trouveras ici le vrai calms
et le vrai repos. Notre château est confor-
table, notre parc magnifique et il y a dans
le pays des promenades charmantes. Vite
un mot pour me dire quand je devrai venir
te chercher à la gare. Ton vieil ami, Gaston
Fouchart de l'Epinay. »
Léonce Lormant, que ses admirateurs
appellent le plus grand de nos auteurs dra-
matiques, et dont chaque pièce nouvelle
est un triomphe de plus, reçut cette lettre
vers la fin d'août. Il se demandait précisé-
ment de quelle façon il allait finir son été ;
il venait de faire un assez long séjour sur
une plage très mondaine et il voulait con-
naître, avant l'automne, avant la rentrée à
Paris et les répétitions de sa nouvelle
œuvre, le vrai calme et le vrai repos. C'était
cela que lui offrait Gaston Fouchart (qui
n'était de l'Epinay que depuis qu'il avait
acheté le château de ce nom dans le Poi-
tou). Ce brave Fouchart !. Lormant eut
un rire. Ils avaient été camarades de col-
lège trente ans avant, ils s'étaient perdus
de vue et Fouchart s'était rapproché quand
Lormant était devenu célèbre.
Accepterait-il d'aller passer trois semai-
nes au château d'Epinay ? Il hésitait; d'au-
tres invitations le sollicitaient dont une
était particulièrement attrayante car elle
le rapprocherait d'une charmante comé-
dienne. Mais non, non, il voulait le vrai
calme et le vrai repos. sans plus réfléchir
il écrivit à Fouchart qu'il acceptait.
Trois jours plus tard, vers la fin d'une'
après-midi pluvieuse, Léonce Lormant dé-
barquait à Epinay. Fouchart, gros homme
jovial, en le voyant, rugit de joie.
- Ça y est ! Je le tiens ! le grand Lor-
mant ! Ça, mon vieux, c'est gentil. Je suis
fier et heureux, par exemple !.
Il l'entraîna vers l'auto où ie domestique
chargea les valises. Fouchart se mit au vo-
lant et Lormant s'assit à ses côtés.
— Je suis fier et heureux, répétait Fou-
chart avec effusion. Mon vieux, ça nous fait
un plaisir. Ah ! quand j'ai annoncé ça à
nos invités, ils n'en revenaient pas : Léonce
Lormant, l'auteur illustrè, il va venir, nous
allons le voir, lui causer.
— Tu as des invités nombreux ?.
— Nombreux, non. Les trois Bequel
d'abord, le père, qui est industriel, la mère
et la tille ; puis le petit Heurtevise, qui est
le fiancé de Germaine. Doquel, et puis les
trois Bauriac. Qu'est-ce que je dis, moi,
c'est pas ça : M. et Mme Bauriac, des bons
amis à nous. Mais il y a avec eux Robert
Faizine. Faut que je t'explique : Robert'
Faizine est l'amant de Ginette. oui, de la
petite Mme Bauriac, et il est jaloux comme
un tigre, ce garçon, alors tu prendras garde,
pas. La jeune femme va être en extase de-
vant toi. pense, un homme aussi célèbre.
Et puis il y a M. et Mme Porton. Porton
est mon associé pour ainsi dire, nous fai-
sons des affaires ensemble. Ici aussi faut
que je te prévienne : tu seras tout à fait
gentil de faire attention, parce que dans la
famille de Mme Porton il y a eu une his-
toire pas -claire. C'est son oncle qui était
banquier et a levé le pied. Oh ! c'est vieux,
mais ja te préviens parce que,n'est-ce pas?
il vaut mieux ne pas parler de choses de ce
genre-là devant les Porton, que nous ai-
mons beaucoup. Tu m'excuses de te dre
ça, mon vieux, ça me fait tant de plaisir
que tu sois venu.
Il continua h parler jusqu'à l'arrivée au
château, qui était un très beau château,
qu'entourait un très beau parc. Léonce ad-
mira les grands arbres, les taillis profondfi,
les longues terrasses et les carrés d'eau où
nageaient des cygnes. Il salua au perron
Mme Fouchart, personne insignifiante, et
fut conduit dans la chambre préparée pour
lui. Elle était vaste, somptueuse, et meu-
blée sans mauvais goût.
Au dîner furent faites les présentations
mais un événement malheureux eut lieu.
Persuadé qu'on ne s'habillait point, Lor-
mant n'avait même pas posé la question à
Fouchart. Il descendit donc en veston. Les
autres hommes (il ne sut pas si c'était leur
habitude ou bien en son honneur) étaient
tous en smoking ; les dames fortement dé-
colletées ruisselaient de pierreries. Lor-
mant mortifié s'excusa auprès de Mme Fou-
chart. Au cours des présentations il reçut
les compliments les plus directs et les plus
crus. Tous s'obstinaient à l'appeler maî-
tre, ce qui l'agaçait. A table, il eut comme
voisine la petite Mme Bauriac qui était
brune, potelée et langoureuse. Il s'aperçut
bientôt qu'elle lui jetait à la dérobée de
timides coups d'œil d'admiration, qu'elle
lui parlait d'une voix tremblante d'un émoi
vrai ou joué et qu'elle écoutait ce qu'il
disait avec l'extase d'une prêtresse adorant
un dieu. Il s'aperçut aussi que de l'autre
côté de la table M. Robert Faizine fixait
sur lui des regards homicides.
La conversation était maintenue par l'en-
semble des convives dans les plus hautes
sphères de la philosophie, de l'art, des let-
tres et de la psychologie. Léonce Lormant
écouta sans joie des paraphrases de quel-
ques-unes de ses pièces. On discourut en-
suite longuement sur les comédiens, hom-
mes ou femmes, qui les avaient interpré-
tées. On interrogea avidement à leur sujet
Lormant, et on lui demanda également des
renseignements sur sa façon de travailler,
ri était fatigué de son voyage, sourdèment
irrité et répondit assez brièvement. On se
sépara ce soir-là de bonne heure.
Le lendemain il y eut excursion vers des
ruines. La petite Mme Bauriac ne quitta
pas Lormant, qui, décemment, ne pouvait
la renvoyer à Robert Faizine, lequel souf-
frait d'une façon visible. Le soir se plaça
un second incident malheureux, analogue à
celui de la veille. Lormant, pour dîner, se
mit en smoking; tous les autres hommes
se présentèrent en veston comme lui-même
l'avait fait le soir précédent. Ils voulaient,
en l'imitant, rendre hommage à la simpli-
cité de ce grand homme.
Après le repas il y eut en quelque sorte
une soirée artistique.Mme Porton,qui avait
la voix belle, chanta plusieurs morceàux
avec beaucoup d'âme. La petite Mme Bau-
riac attachait un regard extatique sur
Léonce Lormant ; Robert Faizine s'enfon-
çait les ongles dans la paume des mains.
Le jour suivant, au matin, Gaston Fou-
chart entraîna dans le parc sçn illusfre
ami.
— Mon vieux, lui dit-il, j'ai quelque
chose à te demander. Oh 1 ce n'est pas que
j'y tienne, mais ma femme en serait si con-
tente, elle est si enfant. Toi qui es une
gloire nationale, un personnage influent, tu
connais tous les ministres. tu n'aurais
qu'un mot à dire. Je n'ai pas encore osé
t'en parler mais en venant comme.ça ici tu
m'as si bien prouvé que tu es vraiment
mon ami. Oui,il y a déjà longtemps. des
camarades ont demandé pour moi le ruban
rouge. Alors heinl mon vieux, je compte
sur toi. Ne me réponds pas. Je sais que
c'est fait, je te connais maintenant.
Il le quitta. Lormant mécontent continua
sa promenade. Soudain il entendit dans
ane allée voisine dont le séparait un épais
rideau d'arbustes, retentir une voix vio-
lente et contenue.
— Je le tuerai! je vous dis que je le
tuerai, tout Léonce Lormant qu'il est 1 Je
m'en fiche, moi, de Léonce Lormant ! Je
vous aime, Ginette, vous êtes à moi, et de-
puis que cet individu est arrivé vous ne
me regardez même plus. Il est vieux, il
est ridé, il est à moitié chauve, il est pré-
tentieux, et c'est à cela que, vous me sacri-
fiez. Je le tuerai!. je souffre trop!.
A travers les arbustes, Lormant reconnut
Robert Faizine qui était en compagnie de
Ginette Bauriac. Il s'éloigna discrètement
et rencontra M. Porton ; celui-ci lui révéla
qu'il avait toujours rêvé de faire du théâ-
tre et qu'il avait imaginé une foule de piè-
ces remarquables qui ne demandaient qu'à
être mises au point et écrites. M. Porton
en raconta deux qui étaient misérables.
Dans les jours qui suivirent, Léonce Lor-
mant obtint ainsi, sans les avoir sollicitées,
loin de là, les confidences des autres habi-
tants du château. Il apprit que M. et Mme
Bequel désiraient très vivement que le pe-
tit Heurtovise, leur futur gendre, obtînt de
lui un autographe pour le lancement d'un
nouveau savon à barbe ; par contre il ap-
prit de Mlle Germaine Bequel elle-même
que cette jeune fille ne se croyait pas.
faite pour le mariage, mais pour le ciné-
ma ; elle lui affirma qu'elle était extrême-
ment photogénique et le pria de lui pro-
curer l'occasion de tourner. Le dernier
coup fut porté à Léonce Lormant par Mme
Gaston Fouchart de l'Epinay en personne
qui jusque-là s'était cantonnée dans son
rôle de maîtresse de maison. Elle lui
avoua en rougissant qu'elle écrivait de-
puis longtemps, et elle lui remit, afin qu'il
le fît éditer, le manuscrit d'un roman..
Léonce Lormant décida de s'évader. 11
sollicita en hâte le secours d'un ami resté
à Paris et cet ami lui envoya un télé-
gramme qui le rappelait avec la plus
grande urgence.
Il prit congé à l'instant mAipe et partit
par le premier train. A son horreur ex-
trême, tout le monde l'accompagna à la
gare. On profita des adieux pour lui rap-
peler discrètement ce que l'on attendait de
lui. Il apprit avec stupeur qu'il avait tout
promis. Chacun en cet homme qui s'en-
fuyait avait placé une espérance person-
nelle.
Contenant à peine une fureur qui se li-
sait sur son visage, Léonce Lormant moma
en wagon et le train l'emporta.
- Ce pauvre ami, ce que ça Pennuie de
nous quitter, il en avait presque les larmes
aux yeux, vous avez vu, dit Gaston Fou-
chart, en sortant de la gare.
.FREDERIC BOUTET.
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N° 30 FEUILLETON DU JOURNAt 19-8-22
MEMOIRES
d'un Cambrioleur
, RETIRÉ DES AFFAIRES
Roman inéait
Par ÀRNOULD GALOPIN
r L'homme qui, l'instant d'avant, s'était
présenté à moi sous le nom de Bill Sharper,
me glissa à l'oreille :
— «Une demi-livre et je vous débarrasse
de cét oiseau-là.
^Entendu.
-:tpayez d'avance.
Je laissai négligemment tomber une pe-
tite pièce d'or de dix shillings.
Manzàna qui ne comprenait pas un mot
d'anglais continuait de gesticuler. A un'ino-
ment, au comble de la fureur, il bondit sur
moi, mais le nommé Bill Sliarper qui était
un hercule, l'empoigna par le col de son
pardessus, le'lit pivoter comme un toton
et le colla sur une table où il le maintint.,
en lui appliquant délicatement un genou
sur la poitrine.
Je-profilai de ce .que mon-ennemi était
immobilisé pour m'esquiver en douce.
Une fois dans la rue, je hélai un taxi
et mier Ils conduire chez Edith.
OufL. J'étaiï donc enfin débarrassé de
ce "'bandit de Manzana, et je me promettais
Copyright trtj Arnmilsi Galopin. lUi!2
J'one droits de reproduction, rte traduction e1
a'jfiapiattou réservés pour tous pays.
bien de ne plus retomber entre ses mains.
D'ailleurs, j'étais résolu à tout.
Je n'hésiterais pas. au besoin, à faire
supprimer Manzana par ce Bill Sharpcr,
qui me faisait l'étrcl d'un garçon très ex-
péditif en affaires.
Je trouvai Edith encore toute boulever-
sée par la scène à laquelle elle avait assisté.
- Ahl vous voilà, s'écria-t-elle, en.se
.jetant dans mes bras. Alors, vous êtes par-
venu à faire entendre raison à ce vilain
homme.
— Oui. je l'ai fait arrêter et son compte
est bon.
- Il vous connaissait donc ?
- C'est un individu qui a été autrefois
domestique chez mon père. un individu de
sac et de corde que nous aviôns été obli-
gés de livrer à la justice. Le hasard a
voulu qu'il me rencontrât et il a essayé de
m'intimider pour obtenir quelque argent.
Je l'ai remis entre les mains d'un pollce-
man et l'ai accompagné au. poste. il était
justement recherché pour une affaire de
vol avec effraction.
— Quelle affreuse figure il avait. il m'a
fait une peur!.
- TrnnquiUisez-vous, ma chère, \ous ne
le reverrez pas de sitôt.
- VOIIS Cro\'èz? .-;ú;; .V
— J'en suissftr. : MV
— Ah! tant mieux.
La conversation en resla là. Je ne sais
si Edith ajoula foi h (te que je lui racontai.
Elle parut, en tout cas, absolument ras-
surée. - car je
Quant à moi, je l'étais moins, car ole
craignais de reiomber encore sur ce
de Manzana. Il ignorait mon adresse, mais
si vaste que soit la ville de Londres, on
arrive toujours à s'y rencontrer. D'ail-
leurs, il était certain que mon ennemi ferait,
tout pour me retrouver. Il n'y avait qu'un
moyen de lui échapper : c'était de passer
vivement, en Hollande et d'emmener Euilh
avec moi.
Le lendemain matin, je me levai de
bonne heure avec l'intention, de me rendre
à la gare pour y prendre mes billets.
Au moment où je mettais le pied sur le
trottoir, un homme, qui se tenait dissimulé
derrière un kiosque à journaux, se dressa
soudain devant moi.
C'était Bill Sharper !
- Pardon, m'sieu Pipe, me dit-il en
portant la main à son chapeau graisseux,
est-ce que je ne pourrais pas causer avec
vous un instant?.
- Mais comment donc, mon cher, ré-
pondis-je avec un sourire que je m'efforçai
de rendre le plus aimable possible. Par-
lez. Qu'y a-t-il pour votre service?
Et, tout en disant cela, je continuais mon
chemin.
Bill Sharper m'emboîta lo pas.
Lorsque nous ffimes arrivés au roui de
Coventry et de Leicester Square, il se rap-
procha et me dit. :
- Ici, m'sicll Pipe, nous serons tranquil-
les pour causer. Nous pourrions bien en-
trer dans ce bar, mais je crois qu'il est
préférable que nous restions dehors. les
bars, c'est toujours plein de gens qui écou-
tent les conversations et en font souvent,
leur profit.
— Parlez. mon ami, fis-je en dissimu-
lant à grand'peine l'inquiétude qui m'agi-
tait.
— Eh bien, voici, m'sieu Pipe. Un ser-
vice en vaut un autre, n'est-ce pas? Or, je
vous ai débarrassé hier d'un individu gê-
nant.
— Et je vous en* remercie infiniment.. i
— Je suis très sensible à vos romcrcie-I
ment,s,, m'sieti Pipe, mais vous savez, les
affaires sont les affaires et, moi, je suis un'
business-man. Hier soir, j'avais jugé que
dix shillings étaient suffisants pour le ser-
vice que je voulais bien vous rendre, mais
depuis. j'ai réfléchi. je trouve que c'est
un peu maigre.
—* En effet, répondis-je, cela valait au
moins une livre.
Bill Sharper me regarda en souriant,
puis reprit d'une voix érailléo, après
avoir balancé la tête de droite et de
gauche : -
-- - Vous êtes bien aimable, mais une li-
vre c'est encore trop peu. Vous seriez un
« pu rotin ». je no dis pas. mais un
homme qui est riche à millions.
— Vous plaisantez.
— Non. non. Je sais ce que je dis. Je
suis renseigné.
T- Celui qui vous a renseigne a menti.
- Nous verrons ça. En attendant, m'siell
Pipe, comme j'ai, ce matin, un effet de dix
livres à payer, je vous serais obligé de vou-
loir bien m'ouvrir un crédit de pareille
somme. •
— Dix livres, i«'écriai-je. dix livres !
mais je ne les ai pas sur moi.
— En ce cas, M'sieu Pipe, rrmontp-7
chez vous les chercher, je vous attendrai
devant la porte.
Il n'y avait pas à discuter, je le com-
prenais bien. Manzana avait parlé. il
s'entendait peut-être avec ce Bill Shar-
per. On voulait me faire chanter.
Un honnête homme, .lorsqu'il tombe en-
tre les mains de pareils aigrefins, n'a qu'à
demander h la police, aide et protection.
mais moi, peur les raisons que le lecteur
connaît, je ne pouvais user do ce moyen
Je devais donc cc chanter 1). sans me faire
prier, et c'est ce que je fis. - J
Je remontai mon escalier, mais comme
il était inutile que je misse Edith au cou-
rant, de cette nouvelle aventure, je m'ar-
rêtai au deuxième étage, tirai mon porte-
feuille de ma poche, y pris deux bank-no-
tes de cinq livres et redescendis lentement
trouver Bill Sharper.
— Voici, dis-je, en lui glissant les billets
dans la main.
Le drôle se confondit en remerciements.
- Merci, M'sieu Pipe !. M'sieu est bien
bon. on voit qu'il comprend les affaires.
Je suis tout à sa disposition, car moi, je
sers toujours fidèlement ceux qui me
payent. Je déteste les gens qui lésinent
et se font tirer l'oreille pour sortir leur
argent. Si Monsieur a encore besoin de
moi, qu'il n'oublie pas que je suis à son en-
tière disposition.
J'aurais pu congédier sur-le-champ ce
répugnant personnage, mais je jugeai qu'il
était plus habile de le ménager et de le
mettre dans mon jeu, du moins pour quel-
que temps.
— Ecoulcz, dis-je, en lui posant familiè-
rement la main sur l'épaule. Vous êtes un
garçon intelligent. Je crois que nous pour-
rons nous entendre.-.. La façon dont vous
avez trouvé mon adresse prouve que vous
ne manquez pas de « «prévoyance ».
Voyons, maintenant que nous sommes des
amis. vous pouvez bien me dire ce qui s'est
passé hier soir, dans le bar du Soho, après
mon départ.
— Volontiers, m'sien Pipe. du moment
qu'vous payez, vous avez bien le droit d'sa-
voir, s'pas ? Donc, hier soir, votre asso-
cié.
— Mon associé ?
— Oui. celui dont je vous ai débar-
rassé. Il se prétend votre associé. Il af-
firme que vous êtes très riche. et que, lui,
est ruiné par votre faute. Moi, vous com-
prenez, j'ai rien à voir là-dedans. S'il a
été assez poire pour se laisser rouler, ça le
regarde.
— Cet homme ment, affirmai-je avec
une indignation qui devait paraître sin-
cère. il ment effrontément. C'est lui
qui m'a ruiné, au contraire, et aujour-
d'hui, il essaie de se raccrocher à moi
pour se faire entretenir.
- Moi, vous savez, repartit Bill Shar-
per, je nai pas à entrer dans toutes ces
histoires-là. ce que je cherche, c'est à ga-
gner honnêtement ma vie, en rendant ser-
vice à l'un et à l'autre. Votre associé n'a
pas le sou, par conséquent, il ne m'inté-
resse pas.
— Méfiez-vous de cet homme. il est
de la police.
— Vous croyez ? \t. ■■■■
■— J'en suis sûr.
— Alors, on l'aura à l'oeil, mais comme
il ne comprend pas un mot d'anglais, il
n'est pas bien dangereux. On peut sans
crainte parler devant lui.
— Ne vous y liez pas.
Nous étions arrivés devant Trafalgar
Square.
— Excusez-moi, me dit Bill Sharper,
mais je suis obligé de vous quitter. Si
par hasard, j'apprenais du nouveau, je
vous préviendrais immédiatement.
— Oui. c'est vrai. vous connaissez
mon adresse. Mais, dites-moi, comment
l'avez-vous découverte ?
- En vous faisant suivre, parbleu.
- Vous êtes très habile monsieur Shar-
per.
- Non. Je connai; mon métier, voilà
tout.
, -', ,","" -". L <4 suivre.)
UE JOURNAL
n = a 22
de vue des réparations, est exactement la <
même que celle de la France. La part de
la Belgique, fixée à trente milliards, est
déjà notoirement inférieure à la réalité des
dommages causés. Si la France a déjà dé-
bourse, au compte de l'Allemagne, 90 mil-
liards pour ses réparations, dites bien que
la Belgique, la petite Belgique, en a déjà
dépensé dix, soit le 1/3 de ce qui lui est dû,
et qu'elle est loin d'avoir réparé le tiers de
Ses dévastations 1
» Cette identité d'intérêts devrait, nous
semble-t-il, commander une action com-
mune ?
» — Il est évident que pas plus que la
France, la Belgique ne saurait consentir
une nouvelle réduction de sa créance sur
l'Allemagne, sans compremettre gravement
ses intérêts vitaux.
» Cependant, le gouvernement belge
estime que l'Entente doit être maintenue à
tout prix —- l'amitié anglo-franco-belge
constitue l'axe de notre politique étran-
gère — et c'est pour la sauvegarder que,oe..
puis l'armistice, nous avons adopté un rôle
de médiateur, et avons consenti même de
nombreux sacrifices.
» <— Donc, à votre avis. monsieur le
bourgmestre, la Belgique soutiendra de-
vant la commission des réparations, le
point de vue français ?
» — C'est fort probable. »
C'est sur cette importante déclaration
que notre entretien se termina.
Piloté par le prince de Ligne, attaché à
l'ambassade de Belgique, et M. Libouton,
directeur des chemins de fer belges à Pa-
ris, M. A. Max, qu'accompagnent son secré-
taire, M. Paul Wittouck, et M. le comte
!Adrien van den Burch, conseiller d'ambas-
sade extraordinaire et commissaire géné-
ral de la Belgique à l'exposition de Rio-de-
Janeiro, gagne le quai d'Orsay, où, après
s'être égaré dans les parages du train pré-
sidentiel qui a conduit à Bordeaux M. de
'Alvear, président de la République Argen-
tine, il retrouva — enfin — le Sud-Express.
La foule l'a respectueusement salué.
t Le Yestiaire des pauvres gens
Cette touchante institution, due à l'initiative
de M. Emile Desvaux, va fonctionner grâce à
l'activité de M. Louis Mourier, directeur général
de l'Assistance publique.
M. Desvaux suggère aujourd'hui au directeur
'de nouveaux moyens pour assurer la pleine
réussite du « vestiaire Il ; il écrit à M. Mourier :
« Je sais que d'ores et déjà toutes vos disposi-
tions sont prises pour assurer, dès la fin de
l'exotle estival des Parisiens fortunés, le récole-
ment des vêtements, chaussures, literies, linge-
ries, etc., dont la judicieuse répartition peut
faire le bonheur de tant de braves gens.
» Dans cet ordre d'idées, voulez-vous me per-
mettre une suggestion dont je sais, par avance,
que vous lui trouverez une solution positive.
Il Une rapide incursion sur les plages norman-
* des m'a convaincu que l'heure est déjà venue
d'amorcer une fructueuse moisson.
» Considérez ce que le Parisien, dans la fièvre
du retour « hâté » et la crainte des terribles
suppléments de bagages, abandonne (sans pro-
fit pour personne) de vêtements usagés, de
chandails, d'écharpes, de chaussures, de san-
dales..,
» Demandez-les I
» Presse parisienne et presse départementale
vous,..aideraient certainement à lancer l'appel de
solidarité généreuse.
» Faites-les recueillir par. vos agences dépar-
tementales.
» Ëes municipalités des stations balnéaires et
yille^; d'eaux, qui n'en ont pas le plein
emploi, ne se refuseront certainement pas a les
> entreposer Il en attendant votre récolement.
» Ainsi, les laissés pour compte d'étés fugitifs
constitueraient la première réserve des longs
hivers. »
Une-lettre de Loréal an garde des sceaux
Rentrés à la prison de la Santé dans les cir-
constances que le Journal a relatées hier, les trois
anarchistes Vanhuyst, Loréal et Pfister, au mo-
ment de leur repas, furent mis en présence des
mets les plus succulents .que puisse comporter
l'ordinaire de la prison.
Mais si Vanhuyst et Pflster se laissèrent tenter
et firent dit-on, honneur au menu, leuricamarade
Loréal, avec une fermeté inflexible, refusa d'y
toucher. Et dans la lettre publiée ci-dessous,
qu'il adressa ultérieurement à M. Barfhou, le
jeune anarchiste explique son attitude de la fa-
çon suivante :
, Quartier politique de la Santé, le 17 août 1922.
Monsieur le ministre de la justice, Paris.
J'ai l'honneur de vous faire savoir que mes ca-
marades Jeanne Morand et Coudom, dit Méric, sont
toujours détenus au droit commun, et ce, malgré
les précédents qui ont fait bénéficier du -régime
politique des personnes poursuivies pour les mê-
mes inculpations (exemples : Caillaux, Paul-Meu-
nier, Bernain de Ravisi,. Simais, etc.).
En conséquence, je vous informe que je reprends
la grève de la faim que j'avais dû interrompre
lors dè mon transfert à l'hôpital Cochin, et ce
jusqu'à ce que Jeanne Morand et Coudom, dit Mé-
ric. aient obtenu le régime politiqùe auquel ils
ont droit..
Veuillez agréer mes salutatiofis.
Louis LORÉAL, détenu politique à la Santé.
Mort de M. Jean Descaves
Notre ami et collaborateur M. Lucien Desca-
ves est frappé d'un deuil cruel; son lils
aîné, M. Jean Descaves, vient de mourir dans
sa vingt-neuvième armée. Docteur en rnéde-
cine. il avait fait toute la guerre, soit sur le
frent français, soit sur le front d'Orient. Mais
un mal inexorable l'avait atteint, et après des
souffrances prolongées, l'tmlève à. l'affection des
siens. Que M. et Mme Lucien Descaves trouvent
ici l'expression de notre sincère et fraternelle
affliction.
sLE JOURNAIr.
100, rue de Richelieu. Fondé en 1S92 par Pt XAU
T.Gut.61-65. 61-66. 61-67, 26-27.Téléff.NArjO,UR-PARl8-
19 AOUT. 2318 JOUR DE L ANNÉE. Dem. : st. Bernard.
* Soleil: lev.4 h.50, couch.6 h.50. Lune: nv.le 22,p.q.29.
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Instruction publique et neaux-arts
Grand-officier. -- M. Nénot, membre de l'Institut,
architecte.
Commandeurs. •— MM. Alfred Capus, de l'Acadé-
mie française ; Camille Flammarion, directeur de
l'Observatoire de Juvisy.
Officiers. — MM. Charles Widor, secrétaire per-
pétuel de l'Académie des beaux-arts ; le chanoine
Ulysse Chevalier, membre de l'Institut ; Deperet,
doyen cle la Faculté des sciences de Lyon ; Belot,
inspecteur général de l'Instruction publique ; Du-
l'ayard, professeur de lre supérieure au lycée Henri-
IV ; Claude Farrère, homme de lettres ; Emile Isola,
directeur, de l'Opéra-Comique ; Jacques Beltrand,
graveur : Louis Schneider, critique musical. ,
Chevaliers. — MM. Pillet, proiesseur à la Faculté
de droit de Paris ; Masqueray, professeur à la Fa-
culté des lettres de Bordeaux ; Beaudouin, profes-
seur à la Faculté des lettres de Toulouse ; Vayssière,
professeur à la Faculté des sciences de Marseille ;
Tailliart, vice-recteur de l'Académie d'Alger ; Cen-
darme de Hevottc. Inspecteur de l'Académie de Pa-
ris ; Lucol, professeur de physique au lycée Saint-
Louis ; Rémon, professeur au lycée Carnot ; Du-
clltlteau, professeur au lycée de Châteauroux ; Mlle
Deschamps, directrice d'école primaire publique à
Paris ; Hettich, professeur au Conservatoire natio-
nal de musique et de déclamation ; Rémy, profes-
seur au Conservatoire national de musique et de
déclamation ; Mme Alphonse Daudet, femme de let-
tres ; Alexandre Arnoux, homme de lettres ; René
Dubreuil, homme, de lettres ; Daniel Halévy, homme
de lettres ; Fernand Beissier, homme de lettres, an-
cien bibliothécaire an ministère de l'Instruction pu-
blique ; Etienne Charles, critique littéraire ; José
Théry, avocat à la cour d'appel, président de la
Société d'études de la propriété artistique et litté-
raire en France et à l'étranger ; Marmottan, histo-
rien d'art ; Terroir, sculpteur ; Patrice Bonnet,
chef des services d'architecture de l'Université de
Strasbourg ; Joseph Bonnet, organiste de la Société
des concerts du Conservatoire ; Laurenti, trésorier
de la section cantonale des Pupilles de la Nation
de Villefranche-sur-Mer.
LA PROMOTION
M. Nénot jj
La plaque de grand officier récompense en
M. Nénot l'un des artistes qui ont su conser-
ver la noble tradition de la. ligne architectu-
rale française. Né à Paris, en 1853, prix de
Rome à vingt-quatre ans, M. Nénot n'eût-il
pour titre que celui d'avoir édifié la nouvelle
Sorbonne en 1882 — et il en a d'autres — s'im-
poserait à la gratitude nationale. Il est de
l'Académie des beaux-arts depuis 1893.
M. Alfred Capus i; : 1
La cravate échoit à MM. Capus et Flamma-
rion. Présenter au public Alfred Capus, ce
Pjrtvençal si finement parisien, ce Français si
français, ce serait fâcheusement friser le béo-
tisme. Que de réalisations dans l'œuvre de cet
esprit si divers depuis les promesses des « Hon-
nêtes gens Il publiées en 1878, quand l'au-
teur de « La Veine » avait vingt ans 1 Journa-
De gauche à droite, en haut : MME ALPHONSE
DAUDET, M. NÉNOT. En bas : M; ALFRED
CAPUS, M. CAMILLE. FLAMMARION, ,
liste, chroniqueur, rpmancier,,; auteur drama-
tique, Alfred Capus est, parmi nos hommes de
lettres, l'un de ceux qui ont le plus produit et
dont -le goût public s'est le moins lassé.
M. Camille Flammarion
Camille Flammarion est. né à Montigny-le-
Roi (Haute-Marne),, en 1842. , -
Le jubilé de sa quatre-vingtième année a été
célébré à la Sorbonne il y a deux mois. C'est un
cerveau formidable, un peu déconcertant rriê-
me, puisque' le goût du détail scientifique et
l'aptitude aux prodigieux calculs s'y mêlent aux
plus nobles élans de la poésie en'une-harmo-
nie si parfaite qu'elle a depuis longtemps im-
posé a l'admiration des nations civilisées l'au-
teur de « l'Astronomie universelle M et de la
« Pluralité des mondes habités ».
M. Charles Widor
Parmi la liste des nouveaux officiers M.
Charles Widor, secrétaire général de l'Acadé-
mie des beaux-arts, a été 1 organiste de Saint-
Sulpice ; il a succédé à César Franck au Con-
servatoire, où il enseigne, au profit des jeunes,
les magistrales splendeurs, de la musique sa-
crée. Sa « Korrigane » (1880) et la « 'Nuit de
Walpurgis » sont des oeuvres -qui resteront.
M. Claude Farrère
M. Claude Farrere, lui, a emporté de haute, lutte
l'admiration publique. Si fraîche qu'elle soit
en date, sa gloire a déjà partie liée avec l'his-
toire de nos lettres modernes. Marinait a voulu
n'être point un contemplatif infécond. Nous y
avons gagné les plus magiques tableaux d'exo-
tisme, les fresques les plus chaudes, .les pein-
tures les plus ardemment colorées, que le début
de ce siècle nous ait données, si j'excepte, ce
que nous devons à Loti, cet autre grand marin.
A quoi bon rappeler ici les « Petites alliées »,
que nos lecteurs curent le plaisir de goûter iné-
dites ? Et « l'Homme qui assassina » ; et la ma-
gnifique, la truculente fantaisie de « Thomas
l'Agnelet », et « la Bataille » 1 ,
Mmo Alphonse DaucLt
Enfin, parmi les chevaliers nouveaux, un nom
éclate: celui de Mme Alphonse Daudet. Elle
aura failli attendre. Cette âme délicate, qui fut
souvent l'inspiratrice du maitre, disparu, donna
sa première œuvre: Impressions de nature et
d'art en 1879. Onze ans plus tard' paraissaient
Les enfants et les mères. - -
Ce n'esi, pas seulement un souvenir qu'on con-
sacre en lui donnant le ruban rouge. C'est un
juste hommage à son irop modeste talént et à.
son grand cœur de Française. — M. M.
M. de Alvear a quitté : Paris
M. Marcelo T. de
Alvear, président élu
de la République Ar-
gentine, a quitté Pa-
ris, hier matin, par
la gare d'Orsay, à
10 heures 20. Dans le
hall de la gare, un
piquet de gardes mu-
nicipaux faisait une
haie d'honneur.
M. de Alvear, a été
reçu par M. Dervil-
ler, directeur de la
Compagnie d'Orléans,
et conduit dans le sa-
lon spécial, décoré de
plantes vertes et orné
de drapeaux fran-
çais et argentins.
Tour à tour de nom-
breuses personnali-
tés viennent faire
leurs adieux au nou-
veau président d'Ar-
gentine. Citons du
côté français: le gé-
néral Lasson, repré-
sentant le président
de la République ;
M. Maunoury, minis-
tre de l'intérieur ; le
maréchal Joffre, les
préfets MM. Autrand
et Naudin ; MM. Le-
fébure, syndic, et
Lau r e n t, secrétaire
du Conseil munici-
pal; le général Ber-
do u 1 a t, gouverneur
militaire de Paris;
Dulignier, sous- di-
recteur du protocole ;
Herbette, ministre
plénipotentiaire ; Dejean et Laboulay, du
ministère des affaires étrangères; Mgr de
Valery, représentant le nonce.
A 10 heures 5, voici M. Poincaré. Il pénè-
tre dans le salon. Après une poignée de
main véritablement amicale, le présidant
du conseil exprime à M. de Alvear, en quel-
ques paroles cordiales, les souhaits que
forme le gouvernement pour le chef de
l'Etat argentin, qui le remercie avec des
mots émus.
Sur le quai, l'affluence est énorme.
Le président est accompagné jusque
De gauche à droite: M. DE ALVEAR, président de la Républi-
que Argentine ; M. POINCARÉ et le MARÉCHAL JOFFRE.
{Photo Journal
Buenos-Ayres par MM. Alberto Figueora,
conseiller général de la légation, et Bol-
loux, secrétaire particulier.
Mme de Alvear, partie jeudi soir, re-
trouvera le président à Vigo, à la première
escale du Massilia. Jusqu'à Bordeaux, M.
de Alvear aura avec lui son neveu, M. Be-
ni tès de Alvear, le général Lasson, M. Bem-
berg, chargé d'affaires, le colonel Cassi-
nelli, attaché militaire, le capitaine Ben-
golea, attaché naval.
Le président, debout, à la portière, serre
des mains amies.
ÉCHOS
L
A forêt sait se faire aimer. C'est tou-
chant de lire à l'Officiel la longue
liste des nominations aux postes vacants de
garde domanial des Eaux et Forêts. A peu
près tous les nouveaux promus exhibent
avec fierté le même titre « fils de préposé ».
Une pareille tradition familiale est une
assurance que nos arbres seront bien gardés
PLAISIR DU JAPON
par LUDOVIC NAUDGAU 1..
Pour la première fois les différences fonda-
mentales qui, au point de vue sentimental, sé-
parent la grande civilisation asiatique de nos
propres mœurs sont exposées avec compétence
par un écrivain dont la vision nette des choses
et des gens n'est plus à louer..
Plaisir du Japon (Flammarion, édit., 7 fr.) ,
pose, dans un décor de splendeur, un problème
passionnant : une femme jaune peut-elle aimer
un homme blanc ?
L
A conduite iritérieure Delaunay-Belle-
ville io HP carrossée par Willy Van
den PIas, 228, rue Lecourbe à Paris; a
obtenu, au concours d'élégance de La Baule,
le Premier Prix d'honneur.
u
ne grande manifestation de l'activité
française. — La Réunion d'Automne.
de la Foire de Lyon (1 -15 octobre), aura
cette année une ampleur toute particulière.
Elle ne se contentera pas de présenter aux
industriels de. tous les pays. une revue de
notre technique contemporaine, elle convie
également les agriculteurs à un vaste ren-
dez-vous d'affaires. Du 7 au 15 octobre se.
tiendront à Lyon la Semaine Internationale
Annuelle de Motoculture et une Exposition
agricole et horticole. Ces deux manifesta-
tions sont déjà assurées d'un éclatant suc-
cès. Pour tous renseignements complémen-
taires, s'adresser aux bùreaux de la Foire,
Hôtel de Ville, Lyon.
u
N agneau se désaltérait dans le courant
d'une onde pure. Mais moi je me
désaltère grâce à « LA CRESSONNÉE », la bois-
son idéale à base d'anis et de cresson. Faites
comme moi. Distillerie BOULANGER, Pantin.
INFORMATIONS
NOUVELLES MILITAIRES
Aujourd'hui : Ancien? des ie, He et 1208 batail-
lons de chasseurs, à 20 n. 30, boulevard de Bonne-
nouvelle, 31.
DIVERS
— M. Poincaré a reçu, hier soir, M. Qulnonès de
Léon, ambassadeur d'Espagne.
— A l'Exposition coloniale de Marseille aura IUII.
du 21 au 26 septembre prochain, le congrès national
de la T.S.F., que patronneront les plus hautes per-
sonllalltés di, moine o'nciei, parmi lesquelles M.
Sarraut, ministre des colonies.
LE MONDE ET LA VILLE
— Mariage d'artiste.— Nous apprenons le mariage,
de M. William Barrier, ancien nnbliciste, percepteur
des contributions directes, chevalier de la Légion
d'honneur. Croix de guerre, avec Mlle Suzanne
Sabot-Fourdrin l'excellente artiste de l'Opéra, très
appréciée depuis trois an3, à Monte-Carlo et à Nice,
sous le nom de théâtre de Suzanne Sabran.
— A Valenriennes est décédé, à l'âge de quatre-
vingt-sept ans, M. Albert Alabille de Poncheville,
notaire honoraire, ancien représentant dans cette
région du comtn de Chambord.
- On annonce la mort de M. Joseph Homolle,
frère du membre de l'institut et de l'inspecteur
général des pontf et chaussées.
- Nous apprenons la mort de Mme Eugène
Gauger, veuve de l'industriel, décédée en son châ-
teau d'Orval. tLes obsèques auront lieu à Paris
lundi 21 août, à 11 heures, en l'église Notre-Dame-
des-Champs, où. l'on se réunira. Le présent avis
tiendra lieu d'invitation.
— On nous prie d'annoncer la mort de M. Jules
Pilloy (de Saint-Quentin), décédé à Enghlen-lcs-
Bains, à l'âge do quatre-vingt-onze ans, membre de
la Société, des antiquaires de France, auteur de
nombreux travaux sur l'archéologie franque et ro-
maine, lauréat. de l'Institut, chevalier de la Région
d'honneur. Les obsèques seront célébrées à Saint-
Quentin le lundi 21 courant, en l'église Saint-Jean,
à 11" heures, suivies de l'inhumation dans le caveau
de famille.
— Les ramilles Deslauriers, Masson, Verdin re-
mercient les personnes qui leur ont témoigné leur
sympaihie-dans la cruelle épreuve qu'elles viennent
de traverser.
Les augmentations
de tarifs téléphoniques
ne sont pas une panacée
S'il ressort d'études très serrées failes par
l'administration des téléphones, que les tarifs
interurbains sont, en France, très inférieurs au
prix de revient des communications, cela re-
vient-il: à dire que Je problème sera résolu par
une augmentai ion-de ces tarifs ? Non. Car plus
l'usage 'du téléphone est coûteux, plus il se ra-
réfie,
Il ne suffit donc pas d'organiser le réseau,
le service et le travail d'une façon plus ou
moins rationnelle et de calculer ensuite le prix
fie devient- d'après ces données, pour en déduire
finalement les. tarifs. On aboutirait-ainsi fata-
lement à l'augmentation, frappant l'exploitation
de sferilifQ. Cette mesure ne doit être appliquée
qu'en dernier ressort, après avoir cherché en
premier lieu la vraie solution : l'abaissement
du prix de revient.
Comment ce résultat peut-il être atteint, en
dehors de l'extension du réseau et du' perfec-
tionnement des méthodes d'exploitation ? Les
techniciens préconisent les mesures suivanies :
1° construction des grandes artères interurbai-
nes sous câble, amélioration des procédés de
construction des lignes aériennes en fils nus ;
2° construction sur route et abandon progressif
des voies ferrées ; 3° étude très soigneuse des
! racés ,; 4" organisation d'un service automobile
pour réparer rapidement- ; 5° organisation d'un
service de garde-lignes pour prévoir les déran-
gements; G" organisation d'un service spécial de
l'entretien et des dérangements.
Toutes ces mesures excellentes, qui, jointes
aux perfectionnements nécessaires et aux exten-
sions productrices, permettront de réaliser un
service régulier et de satisfaire la clientèle, coû-
teront évidemment de l'argent. Mais l'effort fi-
nancier dont elles seront la cause se traduira
par une amélioration considérable des produits
de l'exploitation. Ce sera de l'argent bien placé.
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Etendud'eau rafraîchit sans débiliter
CONTE DU « JOURNAL
Un peu de repos
« Cher et illustre ami. N'oublia pas que
tu t'es engagé formellement à venir enfin
cette année passer quelques semaines avec
nous. L'été avance, je te rappelle ta pro-
messe. Tu sais combien ma femme et moi
nous serons fiers et heureux do te rece-
voir. L'amitié d'un grand homme est un
bienfait des dieux. et tu es ce grand hom-
me. Viens, tu trouveras ici le vrai calms
et le vrai repos. Notre château est confor-
table, notre parc magnifique et il y a dans
le pays des promenades charmantes. Vite
un mot pour me dire quand je devrai venir
te chercher à la gare. Ton vieil ami, Gaston
Fouchart de l'Epinay. »
Léonce Lormant, que ses admirateurs
appellent le plus grand de nos auteurs dra-
matiques, et dont chaque pièce nouvelle
est un triomphe de plus, reçut cette lettre
vers la fin d'août. Il se demandait précisé-
ment de quelle façon il allait finir son été ;
il venait de faire un assez long séjour sur
une plage très mondaine et il voulait con-
naître, avant l'automne, avant la rentrée à
Paris et les répétitions de sa nouvelle
œuvre, le vrai calme et le vrai repos. C'était
cela que lui offrait Gaston Fouchart (qui
n'était de l'Epinay que depuis qu'il avait
acheté le château de ce nom dans le Poi-
tou). Ce brave Fouchart !. Lormant eut
un rire. Ils avaient été camarades de col-
lège trente ans avant, ils s'étaient perdus
de vue et Fouchart s'était rapproché quand
Lormant était devenu célèbre.
Accepterait-il d'aller passer trois semai-
nes au château d'Epinay ? Il hésitait; d'au-
tres invitations le sollicitaient dont une
était particulièrement attrayante car elle
le rapprocherait d'une charmante comé-
dienne. Mais non, non, il voulait le vrai
calme et le vrai repos. sans plus réfléchir
il écrivit à Fouchart qu'il acceptait.
Trois jours plus tard, vers la fin d'une'
après-midi pluvieuse, Léonce Lormant dé-
barquait à Epinay. Fouchart, gros homme
jovial, en le voyant, rugit de joie.
- Ça y est ! Je le tiens ! le grand Lor-
mant ! Ça, mon vieux, c'est gentil. Je suis
fier et heureux, par exemple !.
Il l'entraîna vers l'auto où ie domestique
chargea les valises. Fouchart se mit au vo-
lant et Lormant s'assit à ses côtés.
— Je suis fier et heureux, répétait Fou-
chart avec effusion. Mon vieux, ça nous fait
un plaisir. Ah ! quand j'ai annoncé ça à
nos invités, ils n'en revenaient pas : Léonce
Lormant, l'auteur illustrè, il va venir, nous
allons le voir, lui causer.
— Tu as des invités nombreux ?.
— Nombreux, non. Les trois Bequel
d'abord, le père, qui est industriel, la mère
et la tille ; puis le petit Heurtevise, qui est
le fiancé de Germaine. Doquel, et puis les
trois Bauriac. Qu'est-ce que je dis, moi,
c'est pas ça : M. et Mme Bauriac, des bons
amis à nous. Mais il y a avec eux Robert
Faizine. Faut que je t'explique : Robert'
Faizine est l'amant de Ginette. oui, de la
petite Mme Bauriac, et il est jaloux comme
un tigre, ce garçon, alors tu prendras garde,
pas. La jeune femme va être en extase de-
vant toi. pense, un homme aussi célèbre.
Et puis il y a M. et Mme Porton. Porton
est mon associé pour ainsi dire, nous fai-
sons des affaires ensemble. Ici aussi faut
que je te prévienne : tu seras tout à fait
gentil de faire attention, parce que dans la
famille de Mme Porton il y a eu une his-
toire pas -claire. C'est son oncle qui était
banquier et a levé le pied. Oh ! c'est vieux,
mais ja te préviens parce que,n'est-ce pas?
il vaut mieux ne pas parler de choses de ce
genre-là devant les Porton, que nous ai-
mons beaucoup. Tu m'excuses de te dre
ça, mon vieux, ça me fait tant de plaisir
que tu sois venu.
Il continua h parler jusqu'à l'arrivée au
château, qui était un très beau château,
qu'entourait un très beau parc. Léonce ad-
mira les grands arbres, les taillis profondfi,
les longues terrasses et les carrés d'eau où
nageaient des cygnes. Il salua au perron
Mme Fouchart, personne insignifiante, et
fut conduit dans la chambre préparée pour
lui. Elle était vaste, somptueuse, et meu-
blée sans mauvais goût.
Au dîner furent faites les présentations
mais un événement malheureux eut lieu.
Persuadé qu'on ne s'habillait point, Lor-
mant n'avait même pas posé la question à
Fouchart. Il descendit donc en veston. Les
autres hommes (il ne sut pas si c'était leur
habitude ou bien en son honneur) étaient
tous en smoking ; les dames fortement dé-
colletées ruisselaient de pierreries. Lor-
mant mortifié s'excusa auprès de Mme Fou-
chart. Au cours des présentations il reçut
les compliments les plus directs et les plus
crus. Tous s'obstinaient à l'appeler maî-
tre, ce qui l'agaçait. A table, il eut comme
voisine la petite Mme Bauriac qui était
brune, potelée et langoureuse. Il s'aperçut
bientôt qu'elle lui jetait à la dérobée de
timides coups d'œil d'admiration, qu'elle
lui parlait d'une voix tremblante d'un émoi
vrai ou joué et qu'elle écoutait ce qu'il
disait avec l'extase d'une prêtresse adorant
un dieu. Il s'aperçut aussi que de l'autre
côté de la table M. Robert Faizine fixait
sur lui des regards homicides.
La conversation était maintenue par l'en-
semble des convives dans les plus hautes
sphères de la philosophie, de l'art, des let-
tres et de la psychologie. Léonce Lormant
écouta sans joie des paraphrases de quel-
ques-unes de ses pièces. On discourut en-
suite longuement sur les comédiens, hom-
mes ou femmes, qui les avaient interpré-
tées. On interrogea avidement à leur sujet
Lormant, et on lui demanda également des
renseignements sur sa façon de travailler,
ri était fatigué de son voyage, sourdèment
irrité et répondit assez brièvement. On se
sépara ce soir-là de bonne heure.
Le lendemain il y eut excursion vers des
ruines. La petite Mme Bauriac ne quitta
pas Lormant, qui, décemment, ne pouvait
la renvoyer à Robert Faizine, lequel souf-
frait d'une façon visible. Le soir se plaça
un second incident malheureux, analogue à
celui de la veille. Lormant, pour dîner, se
mit en smoking; tous les autres hommes
se présentèrent en veston comme lui-même
l'avait fait le soir précédent. Ils voulaient,
en l'imitant, rendre hommage à la simpli-
cité de ce grand homme.
Après le repas il y eut en quelque sorte
une soirée artistique.Mme Porton,qui avait
la voix belle, chanta plusieurs morceàux
avec beaucoup d'âme. La petite Mme Bau-
riac attachait un regard extatique sur
Léonce Lormant ; Robert Faizine s'enfon-
çait les ongles dans la paume des mains.
Le jour suivant, au matin, Gaston Fou-
chart entraîna dans le parc sçn illusfre
ami.
— Mon vieux, lui dit-il, j'ai quelque
chose à te demander. Oh 1 ce n'est pas que
j'y tienne, mais ma femme en serait si con-
tente, elle est si enfant. Toi qui es une
gloire nationale, un personnage influent, tu
connais tous les ministres. tu n'aurais
qu'un mot à dire. Je n'ai pas encore osé
t'en parler mais en venant comme.ça ici tu
m'as si bien prouvé que tu es vraiment
mon ami. Oui,il y a déjà longtemps. des
camarades ont demandé pour moi le ruban
rouge. Alors heinl mon vieux, je compte
sur toi. Ne me réponds pas. Je sais que
c'est fait, je te connais maintenant.
Il le quitta. Lormant mécontent continua
sa promenade. Soudain il entendit dans
ane allée voisine dont le séparait un épais
rideau d'arbustes, retentir une voix vio-
lente et contenue.
— Je le tuerai! je vous dis que je le
tuerai, tout Léonce Lormant qu'il est 1 Je
m'en fiche, moi, de Léonce Lormant ! Je
vous aime, Ginette, vous êtes à moi, et de-
puis que cet individu est arrivé vous ne
me regardez même plus. Il est vieux, il
est ridé, il est à moitié chauve, il est pré-
tentieux, et c'est à cela que, vous me sacri-
fiez. Je le tuerai!. je souffre trop!.
A travers les arbustes, Lormant reconnut
Robert Faizine qui était en compagnie de
Ginette Bauriac. Il s'éloigna discrètement
et rencontra M. Porton ; celui-ci lui révéla
qu'il avait toujours rêvé de faire du théâ-
tre et qu'il avait imaginé une foule de piè-
ces remarquables qui ne demandaient qu'à
être mises au point et écrites. M. Porton
en raconta deux qui étaient misérables.
Dans les jours qui suivirent, Léonce Lor-
mant obtint ainsi, sans les avoir sollicitées,
loin de là, les confidences des autres habi-
tants du château. Il apprit que M. et Mme
Bequel désiraient très vivement que le pe-
tit Heurtovise, leur futur gendre, obtînt de
lui un autographe pour le lancement d'un
nouveau savon à barbe ; par contre il ap-
prit de Mlle Germaine Bequel elle-même
que cette jeune fille ne se croyait pas.
faite pour le mariage, mais pour le ciné-
ma ; elle lui affirma qu'elle était extrême-
ment photogénique et le pria de lui pro-
curer l'occasion de tourner. Le dernier
coup fut porté à Léonce Lormant par Mme
Gaston Fouchart de l'Epinay en personne
qui jusque-là s'était cantonnée dans son
rôle de maîtresse de maison. Elle lui
avoua en rougissant qu'elle écrivait de-
puis longtemps, et elle lui remit, afin qu'il
le fît éditer, le manuscrit d'un roman..
Léonce Lormant décida de s'évader. 11
sollicita en hâte le secours d'un ami resté
à Paris et cet ami lui envoya un télé-
gramme qui le rappelait avec la plus
grande urgence.
Il prit congé à l'instant mAipe et partit
par le premier train. A son horreur ex-
trême, tout le monde l'accompagna à la
gare. On profita des adieux pour lui rap-
peler discrètement ce que l'on attendait de
lui. Il apprit avec stupeur qu'il avait tout
promis. Chacun en cet homme qui s'en-
fuyait avait placé une espérance person-
nelle.
Contenant à peine une fureur qui se li-
sait sur son visage, Léonce Lormant moma
en wagon et le train l'emporta.
- Ce pauvre ami, ce que ça Pennuie de
nous quitter, il en avait presque les larmes
aux yeux, vous avez vu, dit Gaston Fou-
chart, en sortant de la gare.
.FREDERIC BOUTET.
LES SAVONS VAISSIER
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N° 30 FEUILLETON DU JOURNAt 19-8-22
MEMOIRES
d'un Cambrioleur
, RETIRÉ DES AFFAIRES
Roman inéait
Par ÀRNOULD GALOPIN
r L'homme qui, l'instant d'avant, s'était
présenté à moi sous le nom de Bill Sharper,
me glissa à l'oreille :
— «Une demi-livre et je vous débarrasse
de cét oiseau-là.
^Entendu.
-:tpayez d'avance.
Je laissai négligemment tomber une pe-
tite pièce d'or de dix shillings.
Manzàna qui ne comprenait pas un mot
d'anglais continuait de gesticuler. A un'ino-
ment, au comble de la fureur, il bondit sur
moi, mais le nommé Bill Sliarper qui était
un hercule, l'empoigna par le col de son
pardessus, le'lit pivoter comme un toton
et le colla sur une table où il le maintint.,
en lui appliquant délicatement un genou
sur la poitrine.
Je-profilai de ce .que mon-ennemi était
immobilisé pour m'esquiver en douce.
Une fois dans la rue, je hélai un taxi
et mier Ils conduire chez Edith.
OufL. J'étaiï donc enfin débarrassé de
ce "'bandit de Manzana, et je me promettais
Copyright trtj Arnmilsi Galopin. lUi!2
J'one droits de reproduction, rte traduction e1
a'jfiapiattou réservés pour tous pays.
bien de ne plus retomber entre ses mains.
D'ailleurs, j'étais résolu à tout.
Je n'hésiterais pas. au besoin, à faire
supprimer Manzana par ce Bill Sharpcr,
qui me faisait l'étrcl d'un garçon très ex-
péditif en affaires.
Je trouvai Edith encore toute boulever-
sée par la scène à laquelle elle avait assisté.
- Ahl vous voilà, s'écria-t-elle, en.se
.jetant dans mes bras. Alors, vous êtes par-
venu à faire entendre raison à ce vilain
homme.
— Oui. je l'ai fait arrêter et son compte
est bon.
- Il vous connaissait donc ?
- C'est un individu qui a été autrefois
domestique chez mon père. un individu de
sac et de corde que nous aviôns été obli-
gés de livrer à la justice. Le hasard a
voulu qu'il me rencontrât et il a essayé de
m'intimider pour obtenir quelque argent.
Je l'ai remis entre les mains d'un pollce-
man et l'ai accompagné au. poste. il était
justement recherché pour une affaire de
vol avec effraction.
— Quelle affreuse figure il avait. il m'a
fait une peur!.
- TrnnquiUisez-vous, ma chère, \ous ne
le reverrez pas de sitôt.
- VOIIS Cro\'èz? .-;ú;; .V
— J'en suissftr. : MV
— Ah! tant mieux.
La conversation en resla là. Je ne sais
si Edith ajoula foi h (te que je lui racontai.
Elle parut, en tout cas, absolument ras-
surée. - car je
Quant à moi, je l'étais moins, car ole
craignais de reiomber encore sur ce
de Manzana. Il ignorait mon adresse, mais
si vaste que soit la ville de Londres, on
arrive toujours à s'y rencontrer. D'ail-
leurs, il était certain que mon ennemi ferait,
tout pour me retrouver. Il n'y avait qu'un
moyen de lui échapper : c'était de passer
vivement, en Hollande et d'emmener Euilh
avec moi.
Le lendemain matin, je me levai de
bonne heure avec l'intention, de me rendre
à la gare pour y prendre mes billets.
Au moment où je mettais le pied sur le
trottoir, un homme, qui se tenait dissimulé
derrière un kiosque à journaux, se dressa
soudain devant moi.
C'était Bill Sharper !
- Pardon, m'sieu Pipe, me dit-il en
portant la main à son chapeau graisseux,
est-ce que je ne pourrais pas causer avec
vous un instant?.
- Mais comment donc, mon cher, ré-
pondis-je avec un sourire que je m'efforçai
de rendre le plus aimable possible. Par-
lez. Qu'y a-t-il pour votre service?
Et, tout en disant cela, je continuais mon
chemin.
Bill Sharper m'emboîta lo pas.
Lorsque nous ffimes arrivés au roui de
Coventry et de Leicester Square, il se rap-
procha et me dit. :
- Ici, m'sicll Pipe, nous serons tranquil-
les pour causer. Nous pourrions bien en-
trer dans ce bar, mais je crois qu'il est
préférable que nous restions dehors. les
bars, c'est toujours plein de gens qui écou-
tent les conversations et en font souvent,
leur profit.
— Parlez. mon ami, fis-je en dissimu-
lant à grand'peine l'inquiétude qui m'agi-
tait.
— Eh bien, voici, m'sieu Pipe. Un ser-
vice en vaut un autre, n'est-ce pas? Or, je
vous ai débarrassé hier d'un individu gê-
nant.
— Et je vous en* remercie infiniment.. i
— Je suis très sensible à vos romcrcie-I
ment,s,, m'sieti Pipe, mais vous savez, les
affaires sont les affaires et, moi, je suis un'
business-man. Hier soir, j'avais jugé que
dix shillings étaient suffisants pour le ser-
vice que je voulais bien vous rendre, mais
depuis. j'ai réfléchi. je trouve que c'est
un peu maigre.
—* En effet, répondis-je, cela valait au
moins une livre.
Bill Sharper me regarda en souriant,
puis reprit d'une voix érailléo, après
avoir balancé la tête de droite et de
gauche : -
-- - Vous êtes bien aimable, mais une li-
vre c'est encore trop peu. Vous seriez un
« pu rotin ». je no dis pas. mais un
homme qui est riche à millions.
— Vous plaisantez.
— Non. non. Je sais ce que je dis. Je
suis renseigné.
T- Celui qui vous a renseigne a menti.
- Nous verrons ça. En attendant, m'siell
Pipe, comme j'ai, ce matin, un effet de dix
livres à payer, je vous serais obligé de vou-
loir bien m'ouvrir un crédit de pareille
somme. •
— Dix livres, i«'écriai-je. dix livres !
mais je ne les ai pas sur moi.
— En ce cas, M'sieu Pipe, rrmontp-7
chez vous les chercher, je vous attendrai
devant la porte.
Il n'y avait pas à discuter, je le com-
prenais bien. Manzana avait parlé. il
s'entendait peut-être avec ce Bill Shar-
per. On voulait me faire chanter.
Un honnête homme, .lorsqu'il tombe en-
tre les mains de pareils aigrefins, n'a qu'à
demander h la police, aide et protection.
mais moi, peur les raisons que le lecteur
connaît, je ne pouvais user do ce moyen
Je devais donc cc chanter 1). sans me faire
prier, et c'est ce que je fis. - J
Je remontai mon escalier, mais comme
il était inutile que je misse Edith au cou-
rant, de cette nouvelle aventure, je m'ar-
rêtai au deuxième étage, tirai mon porte-
feuille de ma poche, y pris deux bank-no-
tes de cinq livres et redescendis lentement
trouver Bill Sharper.
— Voici, dis-je, en lui glissant les billets
dans la main.
Le drôle se confondit en remerciements.
- Merci, M'sieu Pipe !. M'sieu est bien
bon. on voit qu'il comprend les affaires.
Je suis tout à sa disposition, car moi, je
sers toujours fidèlement ceux qui me
payent. Je déteste les gens qui lésinent
et se font tirer l'oreille pour sortir leur
argent. Si Monsieur a encore besoin de
moi, qu'il n'oublie pas que je suis à son en-
tière disposition.
J'aurais pu congédier sur-le-champ ce
répugnant personnage, mais je jugeai qu'il
était plus habile de le ménager et de le
mettre dans mon jeu, du moins pour quel-
que temps.
— Ecoulcz, dis-je, en lui posant familiè-
rement la main sur l'épaule. Vous êtes un
garçon intelligent. Je crois que nous pour-
rons nous entendre.-.. La façon dont vous
avez trouvé mon adresse prouve que vous
ne manquez pas de « «prévoyance ».
Voyons, maintenant que nous sommes des
amis. vous pouvez bien me dire ce qui s'est
passé hier soir, dans le bar du Soho, après
mon départ.
— Volontiers, m'sien Pipe. du moment
qu'vous payez, vous avez bien le droit d'sa-
voir, s'pas ? Donc, hier soir, votre asso-
cié.
— Mon associé ?
— Oui. celui dont je vous ai débar-
rassé. Il se prétend votre associé. Il af-
firme que vous êtes très riche. et que, lui,
est ruiné par votre faute. Moi, vous com-
prenez, j'ai rien à voir là-dedans. S'il a
été assez poire pour se laisser rouler, ça le
regarde.
— Cet homme ment, affirmai-je avec
une indignation qui devait paraître sin-
cère. il ment effrontément. C'est lui
qui m'a ruiné, au contraire, et aujour-
d'hui, il essaie de se raccrocher à moi
pour se faire entretenir.
- Moi, vous savez, repartit Bill Shar-
per, je nai pas à entrer dans toutes ces
histoires-là. ce que je cherche, c'est à ga-
gner honnêtement ma vie, en rendant ser-
vice à l'un et à l'autre. Votre associé n'a
pas le sou, par conséquent, il ne m'inté-
resse pas.
— Méfiez-vous de cet homme. il est
de la police.
— Vous croyez ? \t. ■■■■
■— J'en suis sûr.
— Alors, on l'aura à l'oeil, mais comme
il ne comprend pas un mot d'anglais, il
n'est pas bien dangereux. On peut sans
crainte parler devant lui.
— Ne vous y liez pas.
Nous étions arrivés devant Trafalgar
Square.
— Excusez-moi, me dit Bill Sharper,
mais je suis obligé de vous quitter. Si
par hasard, j'apprenais du nouveau, je
vous préviendrais immédiatement.
— Oui. c'est vrai. vous connaissez
mon adresse. Mais, dites-moi, comment
l'avez-vous découverte ?
- En vous faisant suivre, parbleu.
- Vous êtes très habile monsieur Shar-
per.
- Non. Je connai; mon métier, voilà
tout.
, -', ,","" -". L <4 suivre.)
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