Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-09-18
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 septembre 1921 18 septembre 1921
Description : 1921/09/18 (N10563). 1921/09/18 (N10563).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7607906m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/04/2014
a
LE JOURNAL
13 - 9 - zi
PREMIERE A L'ODEON
Il' éternel amour"
r Si demain l'Odéon était transformé en ciné-
ina, ce n'est point sans mélancolie que nous
y verrions représenter les meilleurs films ;
nous nous rappellerions les beaux efforts artis-
tiques que l'on fit dans cette salle au temps où
la France était encore le pays des lettres ét où
le gouvernement, en dépit de tous les sacrifices,
soutenait le second théâtre Français comme
scène d'avant-garde, dans ce quartier des éco-
les où se forme l'esprit de demain.
C'est cette même sensation de regret et de
découragement littéraire que nous avons res-
sentie en écoutant hier le film parlé de M. Bu-
reati-Guéroult. Sans nul doute cette pièce
plaira aux modistes au cœur tendre et aux
plus honorables représentants dû commerce
parisien de gros et de détail, elle plaira comme
les plus mauvais romans feuilletons dénués
de toute littérature où les épisodes se succè-
dent avec rapidité et dont les coups de théâtre
sont dûs seulement à l'invraisemblance psycho-
logique des si tua lions.
Il est assez difficile de résumer cette pièce
où rien n'est dans les idées et tout dans le
scénario. Cela se passe dans une Norvège de
convention, pour donner de la couleur locale
et1 du pittoresque aux costumes. Nous y décou-
vrons un pasfeur qui s'exprime comme un curé
et deux frères qui, ayant reçu la même édu-
cation, se trouvent être : l'un Andréas, un
paysan, et l'autre Karl un artiste grand musi-
cien. Andréas va épouser la jeune Elena, Karl
revient et, comme c'est lui qu'aime Elena,
Andréas, le cœur meurtri, s'efface le jour du
contrat, à condition que son frère rende Elena
heureuse. Je n'ai pas besoin de vous dire
qu'Elena sera très malheureuse puisqu'elle a
épousé un artiste : toutes les familles bour-
geoises le comprendront. La nuit mêmf,, où sa
femme meurt en couches, le vilain artiste
s'enfuit aveo une belle actrice pour être joué
à Paris 1 Le brave Andréas élèvera la petite
fille qui s'appellera Elena comme sa mère et,
dix-huit ans après, ce vieil Andréas en cheveux
blancs s'aperçoit avec terreur qu'il aime la pe-
tite Elena qui est le « portrait vivant » de sa
mère : c'est l'éternel amour. Andréas terrifié
par la menare de ce criminel amour veut met-
tre la petite Elena en pension. Le même jour
le pauvre Andréas est saisi par les huissiers ;
il est également saisi d'étonnement en appre-
nant le rétour de son frère, lui aussi en che-
veux blancs, qui revient au pays. Il faut ré-
concilier à tout prix les vieux frères ennemis
et pôur cela, comme on est la nuit de la Tous-
saint, la petite Elena apparaîtra dans un rayon
de lune a son vieil oncle après avoir revêtu
la robe de fiançailles de sa mère. Andréas, qui
croit à un fantôme, crie son éternel amour à
Elena : il se jette même sur elle avec passion
et nous pouvons craindre les pires aventures.
Fort heureusement l'auteur intervient : la pe-
tite Elena révèle qui elle est et tout en même
temps que la chose ne lui est pas désagréable
du tout : elle aime le vieillard, elle veut être
sa femme et le père coupable, en manteau de
voyage, accorde a son frère la main de la flile
de celle que ce frère lui avait cédée autrefois.
Ajoutez à cela que le frère est riche et hon-
nete car il a quitté la carrière d'artiste pour
celle de spéculateur, que c'est lui qui a racheté
la ferme aux huissiers et que tout le monde
sera heureux.
Je regrette, je l'avoue, que l'auteur n'ait pas
songé à faire un dernier acte, dix-huit ans
après, mettant en scène une troisième Elena
née du nouveau mariage et qui aurait pu
épouser à son tour, l'autre frère. Comme cela
personne n'eut été oublié et cela n'eût pas en-
traîné de frais supplémentaires puisque c'est
toujours la même actrice qui joue chaque
Elena..
Cette pièce a été Interprêtée d'honnête façon
par une troupe composée en grande partie de
jeunes lauréats du Conservatoire ; elle était
accompagnée d'une partition remarquable - de
M. Félix Fourdrain. Ce compositeur qui n'a que
beaucoup de talent à une époque où le génie
de l'intrigue suffit, méritait mieux, mais que
voulez-vous ? Le principal est de se faire en-
tendre. Ses ouvertures mélodiques sont d'une
harmonie charmante, sa berceuse a' été bissée
mais rien n'est plus comique hélas ! que les
explosions de grosse caisse aux moments dra-
matiques ou aux entrées tragiques de la pièce.
'Vous verrez cependant que cela encore plaira
au public actuel qui, avec enthousiasme, tend
les bras vers le mélo, je dis seulement tend
les bras sans ajouter en comprimant son cœur
comme le fait dire l'auteur, .avec une certaine
hardiesse anatômique, à la jeune Elena dans
un moment pathétique. — G. DE PAWLOWSKI.
hes bouchers n'ont nul besoin
d'acquitter leurs fiches
M. Joubin, président du syndicat de la bou-
cherie en gros,, a été reçu, hier matin, par M.
Lefebvre du Prey, ministre de l'agriçulture. A
l'issue -de cette entrevue, M. Joubin a déclaré
qu'il était venu voir le ministre à, fitre person-
nel, car il estime que la boucherie de gros n'a
pas pour l'instant, à prendre position dans le
oonîlit existant entre la boucherie de détail et
la préfecture de police au sujet, de l'application
de l'ordonnance préfectorale.
Au syndicat de la boucherie de détail, rue du
Roule, on ne semble pas partager l'avis des
membres du comité d'action de la rive gauche
en ce qui concerne la demande d'audience col-
lective au ministre de l'agriculture. Mais cette
Question sera certainement tranchée au cours
de la réunion qui se tiendra mardi, à 4 heures
de l'après-midi, rue du Roule, 11, et qui grou-
pera les représentants des syndicats de détail,
du gros, des mandataires, et des commission-
naires en bestiaux. -
Certains bouchers ont fait connaître à leurs
clients qu'ils ne peuvent leur délivrer le bulle-
tin prescrit par 'l'ordonnance du préfet de po-
lice — bulletin mentionnant l'espèce de viande
vendue, la qualité, le poids et le prix par kilo-
gramme de la marchandise vendue — qu'après
avoir apposé un timbre quittance de 0 fr. 25.
Il est rappelé que si toute facture portant une
mention d'acquit est passible du timbre-quit-
tance pour toute somme supérieure à 10 francs,
le bulletin prescrit par l'ordonnance du préfet
formalité du timbre-quittance puisqu'il ne com-
MPIO naa l'nhlicnt.inn îr'nnp. valeur d'acauiL
La justice refuse 1 t
- de relâcher Fatty
LONDRES, 17 septembre. — L'attorney de
district Brady a déclaré aujourd'hui qu'il
n'acceptait pas la charge d'homicide par
imprudence retenue contre Fatty par le
l'artiste
grand jury et qu'il poursuivrait par le
sous l'inculpation de meurtre. Le défen-
seur de Fatty a. demandé que l'affaire fût
ajournée à dix jours. - Sur opposition de
l'attorney, le tribunal a accordé un ajour-
nement de cinq jours. La décision de l'at-
torney a surpris tout le monde, Arb.uckle
plus qu'aucun autre. II était si certain que
l'inculpation de meurtre serait écartée et
que sa mise en liberté sous caution lui
serait accordée, qu'il avait retenu un
wagon dans le rapide de Los Angeles, qui
quitte San-Francisco sur la fin de l'après-
midi. Par une macabre ironie du sort, ce
même train transportait la dépouille
funèbre de miss Virginia Rappe, qui doit
être enterrée à Los Angeles.
Fatty ne semble pas autrement affecté
de son aventure. Il mange et dort bien et
passe son temps à lire des magazines. Il
refuse énergiquemenfc de voir les journaux.
Leurs comptes rendus du drame le mettent
hors de lui. La défense annonce qu'elle
citera quatorze témoins qui assistaient à la
fête chez Fatty et qui viendront certifier
que o'est de son plein gré que miss Rappe
suivit Arlmcklo dans sa chambre à cou-
cher. Parmi eux- se trouvent plusieurs des
premiers citoyens de Los Angeles.
L'afforney dit avoir la preuve que l'or
est distribué à profusion pour produire
de faux témoignages en faveur de Fatty.
Il déclare qu'il ne se laissera arrêter par
rien, pour obtenir justice. L'attorney est
appuyé dans s(A efforts par le bureau des
censeurs, qui a mis 12,000 francs à sa dis-
position en lui promettant d'autres subsi-
des quand besoin serait. Plusieurs témoins
ont mystérieusement disparu. Parmi eux
se trouve le médecin -qui a soigné miss
Rappe après son transport à l'hôpital. Son
témoignage est indispensable pour l'exa-
men de l'affaire et le jugement devra sans
doute être suspendu jusqu'à ce qu'il ait été
retrouvé. — (Journal.)
NOUVELLES DIVERSES
Des colliers de perles à bon marché. — M.
Faralicq vient d'arrêter une nommée Marie
Becchis, 23 ans, demeurant rue de la Croix-
Saint-Simon, pour nombreux vols commis de-
puis trois ans dans une importante fabrique
de perles. 52 bis, rue Sainte-Biaise.
L'enquête a permis de découvrir les rece-
leurs, les époux Victor Popot, brocanteurs,
98-100, rue du Château-des-Rentiers.
Mme Popot confectionnait avec les perles des
colliers qu'elle revendait à des personnes habi-
tant son quartier. Les époux Popot ont rejoint
Marie Becchis au dépôt.
Le danger des armes à feu. — Hier soir, vers
sept heures, dans son arrière-boutique, M. Ver-
telle, âgé de 40 ans, marchand de parapluies,
79, rue de Belleville, a tué accidentellement
d'une halle à la tempe gauche, en nettoyant
un revolver automatique, Mme Héloïse Thi-
bault, demeurant 91, rue Julien-Lacroix, qui
était entrée dans sa boutique pour voir si son
flls était là. Le fils, qui s'y trouvait, en effet,
a été témoin de l'accident. Saiif avis contraire,
le corps ne sera pas envoyé à la Morgue. Une
enquête est ouverte.
— En aval du pont de SoIrertno, un marinier a
repêché le corps d'un homme âgé de quarante-cinq
ans, 1 m. 68, cheveux et mofistaches châtains, vêtu
d'un veston de travail, d'une chemise kaki, d'un
pantalon noir, de chaussures noires, chaussetttes
cachou marquées A. K.
— On a retiré de la Seine hier' mattn à 7 h. 30,
à Epinay, le cadavre d'un homme de cinquante ans
environ, 1 m. 70, de forte corpulence, grisonnant.
Aucune pièce d'identité sur lui. M. Feignez, com-
missaire de police de Saint-Denis-Nord, a envoyé
le corps à la Morg-ue.
— Le commissaire de police de Salnt-Merrl vient
d'envoyer à la Morgue le corps d'une femme que
l'on croit se Dommer Marie Le Cornu, âgée de
soixante-quatre ans, marchande de journaux, sans
.domicile, trouvée étendue hier matin à 4 heures
rue Saint-Martin et morte. le même jour à l'Hôtel-
Dieu. le. corps ne porte aucune trace de bles-
sures; les causes de la mort restent Indéterminées et
l'Identité est Incertaine.
— Rue Ferdinand-Duval, 10, la jeune Louise Pou-
lard, âgée de neuf ans, tombe du quatrième étage
sur la chaussée. Elle a le crâne et une jambe frac-
turés. Elle a été transportée à l'Hôtel-Dieu, où son
état a été jugé désespéré.
— Sur mandat de M. Durand, Júge d'Instruction,
le brigadier-chef Perrier, de la police judiciaire, et
l'inspecteur Ruyssen ont arrêté un nommé Robert
Decoulet, courtier en marchandises, ftgô de qua-
rante ans, demeflrant 6, rue Edouard-Fournier, pour
détournement d'une cinquantaine de mille francs
au préjudice d'un artiste.
Chronique des tribunaux
Un arrêt intéressant p.our les chasseurs
DAX, 17 septembre. — Au cours d'une de ses
dernières audiences correctionnelles, le tribu-
nal de Dax a rendu un arrêt que tous les chas-
seurs ont intérêt à connaître.
Un sieur M., de Labatut (Landes), porteur
d'un permis de chasse délivré en octobre 1920
fut lobjet, en août 1921, d'un procès-verbal
par la gendarmerie pour chasse sans1 permis.
Ce chasseur soutenait que son permis vala-
ble pour un an n'était pas encore périmé : le
tribunal n'en a pas jugé ainsi et a condamné
le délinquant à 25 francs d'amende avec sur-
sis à la confiscation de l'arme et au paiement
d'une somme de 100 francs, valeur d'un per-
mis général de chasse.
L'arrêt rendu par les juges de Dax est basé
sur la loi du 20 juin 1920, laquelle édicté que
le -permis de chasse voit sa validité s'établir
à partir du 1er juillet de chaque année, quelle
que soit l'époque de l'année à laquelle il a été,
délivré. — (Journal.)
LES PHARMACIES DE NUIT
Le syndicat parisien des travailleurs de la
pharmacie critique, dans une Circulaire, les
mesures prises récemment par la préfecture
de police et les juge inefficaces. Les listes pu-
bliées n'ont rien d'officiel, dit M. Mauries, se-'
crétaire du syndicat, les pharmaciens étant tou-
jours libres de fermer leur officine avant
l'heure indiquée. «
« Une population de trois millions d'habitants,
ajoute M. Mauries, a besoin pour sa sécurité
d'un système plus parfait. Car, alors même que
les pharmacies désignées rempliraient leur en-
gagement, il n'est pas certain de trouver dans
chacune d'elles les médicamants indispensa-
bles ; de là complication souvent désastreuse.
» Que faut-il faire ? Créer, à l'exemple des
grandes villes d'Allemagne et de Suisse, des
postes de secours ayant sous la main tous les
médicaments urgents et en abondance, tels que
sérums, oxygène, ampoules, etc. Ces postes
seraient gérés par des pharmaciens responsa-
bles et cHés par l'administration municipale. »
Une bijouterie de Marseille
cambriolée en plein iour
MARSEILLE, 16 septembre. — Des malfai-
teurs ont, à l'aide de fausses clés, pénétré
aujourd'hui, entre 13 et 14 heures, dans la
bijouterie Dhoogc. Ils ont fracturé le ti-
roir-caisse et se sont emparés de 1,200 fr.
puis ils ont brisé la glace de la devanture
et ont emporté divers bijoux estimés
10.000 francs.'
Les voleurs sont partis sans être inquié-
tés. La Sûreté les recherche activement.
1 ÉCHOS
s
'il est un hôtel à recommander à Paris,
c'est bien le Lavoisier-Hôtcl, 21, r. La-
/oisier! De i" ordre, chamhres av. salle de
bains ! Société choisie ! On est tranquille ! cui-
sine fine, px modérés ! Retenez vos chambres.
L
'intérêt des Commerçants Français. —
Au moment où s'annoncent les nremiers
symptômes de la reprise des affaires, la Foire
de :-yon va tenir sa réunion d'automne (i"-
£ 5 octobre). C'est dans les circonstances ac-
tuelles que cette grande institution affirmera
toute son utilité. Elle permettra aux Indus-
triels et aux Commerçants de se renseigner
sur les conditions nouvelles du marché, elle
leur assurera un approvisionnement complet
en vue des prochaines transactions. ,
Tous les hommes d'affaires qui s'intéres-
sent à la métallurgie, à la mécanique, à l'é-
lcctrotechnique, aux industries du bâtiment,
à l'agriculture, au commerce de l'alimenta-
tion, ont donc un i-.térêt immiiuiat :'. visiter
1. loire de Lyon. L'Administration de la
Toire (Hôtel de Ville de Lyon) leur adresse
gr tuitement, sur demande, une carte d'en-
trée et un guide du visiteur. Elle procure aux
acheteurs des chambres à des prix modiques
( t leur indique deî Restaurants qui servent
des repas à partir de 5 francs.
L
A salle mauresque, si originale et si gaie,
de Noël Peters, passage des Princes, est
le cadre rêvé pour les dîners de famille. Prix
modérés. Cuisine parfaite. Aujourd'hui di-
manche : Ravioli al Polo et poularde Savoïa.
L
A fourrure française et la concurrence
allemande.
Depuis que l'industrie française a cherché
une orientation nouvelle en écartant la con-
currence allemande, la fourrure, article
parisien parce que féminin, a subi une
grande évolution. D'importants marchés se
sont-ouverts, tels qu'ils existaient à Leipzig;
les peaux y arrivent brutes de leur pays
d'origine et sont alors travaillées selon le
goût parisien. On signale dans cet ordre
d'idées les résultats obtenus par le Marché
des Fourrures, qui a entrepris avec succès
1 : lutte contre la concurrence allemande. Un
catalogue assez bien compris pour que les
achats puissent se faire par correspondance,
un choix formidable et unique au monde, des
prix excessivement bas, fixés par les cours,
attirent dans les magasins îdu 52, Chaussée
cr Antin, dont l'entrée est libre, une foule de
plus en plus compacte.
D
ans son immense hall de l'Ameuble-
ment, rue de Babylone, le BoN MAR-
cas expose en ce moment des Tapisseries
et une incomparable collection de Tapis
d'Orient de toutes dimensions, de toutes
provenances. Il y a là, pour les amateurs de
belles pièces, un choix sans pareil et une
occasion d'autant plus précieuse que le BON
MARCHÉ, qui a acheté tous ces - tapis avant
la hausse du tarif douanier, les met en vente
à: des prix bien au-dessous de leur valeur.
M
adame, si vous souffrez de ptose rénale
ou stomacale, d'obésité, etc., vous n'au-
rez de vrai soulagement qu'avec le maillot
plastique du D* Barrère. M. Barrère, spécia-
liste, 3,bd du Palàis,Paris ou 59,r.Châteaudun.
c
HAQUE jour plus nombreuse, une foule
élégante se presse aux thés dansants du
Carlton Hôtel des Champs-Elysées. Jeudi
soir, premier grand dîner de gala. Le hall
Louis XVI sera spécialement aménage pour
cet event mondain.
vuniu JJU « JuuiiJMAJb a -..,
Entre l'homme et les pierres
Quand la nouvelle se sut, une multitude
de petits hommes bruns, seuls ou accom-
pagnés d'une femme aux gras cheveux
noirs et d'enfants en haillons, abandonnè-
rent leur pauvre village pour franchir les
Pyrénées.
Ceux qui possédaient quelques écono-
wies dans leur mouchoir noué, grigno-
taient. la distance grâce au chemin de fer
et aux diligences ; mais la plupart s'enga-
geaient à pied, chaussés d'espadrilles et le
baluchon au dos, dans les gorges ombreu-
ses au fond desquelles bouillonnent les tor-
rents. C'était comme une croisade du tra-
vail, une croisade qui avait pour but de
délivrer la beauté de la montagne, captive
de SIs défilés, pour la montrer à tous les
yeux.
Né au fond de l'Andorre, pas très loin en
somme de l'immense chantier qu'était la
lign'e en construction, celui qu'on appelait
Miguel le Boiteux l'atteignit l'un des der-
niers. II avait attendu, pour s'éloigner, la
mort redoutée d'une frêle Espagnole, épou-
sée quelques mois auparavant et qui était
partie à l'automne en crachant ses pou-
mons. La maladie de sa femme ajoutée à
une épidémie qui avait vidé son étable
épuisa ses ressources. En trois jours il ar-
riva et se présenta à l'embauchage sans
même jeter un coup d'œil sur la petite
ville bleue, si bleue entre les grands schis-
tes roux qui formaient la montagne.
~- Du travail ? s'écria un grand gail-
lard au poil gris, qui était un contremaître.
Mais tu arrives trop tard, mon garçon 1
Cet hiver, on ne pourra guère travailler.
Reviens uu printemps, ça ira mieux.
Sur le visage du garçon passa comme
une houle de souffrance.
« Le printemps prochain. ça ira
mieux. »
L'Andorran regardait avec hébétude ce-
lui qui avait prononcé légèrement ces pa-
roles. C'était un solide Pyrénéen de qua-
rante-cinq ans environ, qui parlait à-tous
avec autorité et paraissait être craint.
Qu'obtenir de lui?
Miguel s'effondra sur le remblai, les
yeux baissés, les mains pendantes. Puis il
eut faim et mangea un oignon par petites
tranches avec un parcimonieux morceau
de pain. Après on verrait. On verrait.
— Encore là, mon gaillard ? s'écria le
contremaître. Je t'ai dit qu'il n'y a pas
de travail ici 1 ,
— Chez moi non plus ! murmura l'An-
dorran avec une douceur résignée. Ma mai-
son est vide et le village est pauvre.
Une émotion soudaine pinça le cœur du
rudo contremaître. v
— Eh bien 1 reste. Je m'arrangerai. On
t'occupera aux terrassements.
- Bon 1 répondit simplement l'homme.
Il ne remercia pas. Son travail continu,
consciencieux, ne révélait aucun zèle. Le
contremaître le perdit de vue dans la foule
des ouvriers qui par le fer, par le feu et
l'eau, sources d'énergies, s'acharnait à per-
cer la montagne. Quand le travail cessait
les hommes écrasés de solitude se tassaient
dans des baraquements surchauffés, afin
d'éprouver la bienfaisante sensation de la
société, loin - de la montagne farouche.
Après le frugal repas : ragoût de haricots
et vin bleu, pris en commun, un accordéon
jouait d'étranges tangos, jaillis du cœur
même de la race ; et les hommes las re-
trouvaient leur jeunesse. Les voluptueux
Espagnols dansaient tard dans la nuit,
s'arrachant les filles insolentes qui choisis-
saient les plus beaux d'entre eux.
Après quelques semaines d'isolement,
Miguel le Boiteux adopta les coutumes des
autres. Il dansa, le soir, avec une laide au
corps parfait qu'il n'était pas rare que les
hommes se disputassent le couteau -
doigts. Sa petite tête aux cheveux plats,
éclairée d'un rire éclatant, dans la lumière
des strass dont ses amants la paraient, il-
luminait comme un phare sa sombre vie.
Pour la faire sienne et l'emporter dans son
pauvre village, Miguel eût donné son sang.
— Holà ! Miguel, lui dit un jour un ca-
marade, sais-tu que le contremaître va
épouser Maria ?
Tous les yeux s'étaient levés. Des rica-
nements, des rires et des plaisanteries fu-
saient. La colère de l'Andorran amusait
tout le monde. En étudiant son visage con-
vulsé, quelques-uns pensaient avec satis-
faction qu'il les vengerait tous en châtiant
1.. contremaître.
— Elle s'est moquée de toi avec lui, Mi-
guel 1 Je les ai vus rire quand tu pas-
sais, dit l'un d'entre eux. A quand la noce ?
Hé 1 A moi 1 Il est fou.1
Renversé sur la table par Miguel, le drôle
voyait déjà luire le couteau sur sa gorge
quand ses camarades le dégagèrent. Ter-
rassé à son tour par vingt mains furieuses,
1 Andorran dut céder au nombre. Silen-
cieux, les yeux injectés de sang et le visage
gris comme la pierre, il replia la lame de
son couteau.
- Tu te trompes d'adresse, sans doute ï
siffla une voix mauvaise. C'est un autre
que tu voulais frapper ?
Le contremaître n'était pas aimé. Il le
savait et redoublait de sévérité. La cour
qu'il faisait à l'Espagnole exaspérait les
jeunes ouvriers. Ils fondèrent quelque es-
poir sur la haine secrète de l'Andorran.
Le printemps vint, avec ses longues
pluies' qui emplissent les torrents d'eaux
mugissantes. Puis sur la montagne dé-
blayée ce fut le soleil. Hauts dans le ciel,
les glaciers semblaient des étoiles.
Libres enfin de leurs mouvements, les
hommes attaquèrent la montagne pour un
nouveau tunnel, et les perforeuses vrom-
birent sur son flanc comme de monstrueu-
ses abeilles. 'Les trous sont creusés. Le mi-
glisse la raèche,, en
neur tasse la poudre, glisse la mèche, en
allume l'extrémité.
Une trompette sonne.
— Gare la mine 1 Gare la mine 1
Les hommes s'enfuient en courant, ou se
couchent, petites larves, derrière les rem-
blais. Le chantier est tout à coup désert.
Un grand silence précède le gigantesque
éclatement.
Mais voici qu'un cri s'élève. M
— À moi 1 A moi 1
Miguel, qui s'est réfugié sous l'arche d'un
pont, sort vivement. Que se passe-t-il ?
Ne dirait-on pas la voix du contremaître ?
N'a-t-il pas pu fuir le danger ?
Miguel court vers la mine. Il veut sa-
voir ce que le destin va faire de son rival.
Il veut assister à ce qui se prépare, à cet
inattendu tragique qu'annonce le cri d'an-
goisse.
— Où cours-tu ? Tu es fou ? disent des
ouvriers. C'est le vieux qui appelle. Laisse-
le donc 1 Il s'en sortira bien tout seul. La
mine va éclater 1
Miguel est sourd. Il va. Le contre-
maître qui a fui le dernier, est si malen-
contreusement tombé sur le chaos de ro-
ches entassées qu'il ne peut bouger. Sa
jambe, peut-être cassée, l'immobilise. A
moins de dix mètres de lui, le tunnel à
peine creusé a l'aspect d'une carrière; l'é-
clatement aura lieu dans tous les sens,
comme celui d'un feu d'arttf|ce.
1— Entin 1 soupira le bleSSéfC est toi, l'An-
dorran ? Tu es le seul qui se soit dérangé.
tle ne l'oublierai pas. Vite, sors-moi de là,
et dégringole avec moi le remblai.
Les yeux fermés par la souffrance, il ne
lit pas la haine sur le visage ardent qui se
penche vers lui.
Miguel a tressailli. C'est par des paroles
de confiance que le chef l'a accueilli.
Que faire ? Il est un champ clos où ses
hérédités bataillent sauvagement. Il hait,
et il est reconnaissant. Il songe à plonger
son couteau dans ce cœur qui bat pour
celle qu'il aime, et penché vers le blessé, il
va le soulever et fuir avec lui.
Trop tard ! La fumée fuse.
L'homme ne pense plus, ne lutte plus.
C'est son inconscient qui lui dicte un geste
sublime. Tout ce que des millénaires de
vie commune et de souffrances partagées
ont mis de pitié au cœur des hommes de-
vient une irrésistible force qui le jette les
bras étendus, bouclier vivant, sur son ri-
val. Son cœur contre le cœur de l'autre,
farouche providence, il attend la mort. Un
héros ?. Sans doute 1 Mais les morts de sa
race ont plus de mérite que lui. Pour que
ses forces obscures l'aient poussé au dou-
ble, sacrifice de la haine et de la vie, il a
fallu que derrière lui des siècle* d'entr'aide
aient mené leur ronde harmonieuse.
Il attend. La montagne blessée jette une
énorme et courte plainte que les échos ré-
pètent, on entend le froufrou gigantesque
des rocs qui roulent vers le torrent, mêlé
au crépitement des pierres dont la plus pe-
titd peut tuer Miguel.
Il ne souffre presque pas. Un, choc vio-
lent l'a ébranlé, du sang chaud coule sur
sa chair glacée ; ses oreilles bourdonnent et
lui livrent, assourdi, le bruit des pas qui
se rapprochent.
La belle musique que la voix des hommes
quand on revient des régions muettes de
la mort 1 Mais il en est une plus belle en-
core : c'est celle d'un cœur que la haine
abandonne.
La petite tête brillante de l'Espagnole se
penche curieusement vers Miguel. Il dé-
tourne ses yeux. Ah 1 ceci ne vaut pas cela :
ce murmure de sympathie qui l'entoure et
l'affectueux regard du contremaître, et
l'allégement de son cœur.
— Emportez-le d'abord, et laissez-le chez
moi 1 ordonne le chef. C'est un brave gar-
çon, je lui dois peut-être la vie.
Devant le groupe amical que faisaient les
rivaux de la veille, les Espagnols désorien-
tés murmuraient entre eux :
- Ça, c'est plus fort qu'un miracle 1
Ils ne croyaient pas si bien dire.
ISABELLE SANDY.
INFORMATIONS
LA TEMPERATURE
Situation générale te 17 septembre à 7 heures. -
La dépression de Baltique est détruite. La hausse at-
teint 4. 10 mm. en Suéde, maximum de 773 mm. en
Ecosse. Une dépression orageuse couvre la France
- 6 mm. Bretagne 757 mm.
Les vents sont assez forts et rorts de l'est sur la
Manche et Bretagne ; faibles du sud-est Océan et
Méditerranée,
Les maxima d'mer sont tombés à 21» A Paris ; Ils
oni été de 2ge à Dijon. Lyon, Bordeaux, Toulouse ;
mlnlma- 12e A Paris. 10" nord Perpignan.
Des pluies orageuses sont signalées dans le sud
et l'ouest, 8 mm. PerpIgnan, Brest, 16 mm. au Ha-
vre. Ondées nocturnes à l'arls.
O matin, pluies sur la Manche j ciel nuageux
ailleurs.
Probabilités. pour la Journée du 18 septembre. -
Prévision de l'état du ciel : broumard. léger le
matin; ciel nuageux-à très nuageux. allant vers
l'amélioration. Encore quelques averses orageuses,
surtout le matin.
Prévision de température 1 léger réchauffement.
A Paris, maxJmum+25°.
DIVERS
— La rentrée des classes de l'Ecole commerciale
de ¡'a\:enue Tmdainc (administrée par la chambre
de commerce de Paris) aura lieu le lundi 3 octobre
prochain.
NOUVELLES MILITAIRES
Les autos militaires — A "ocr&slon d'un accident
survenu à une automobile mii.*;.a!re, le gouverneur
jr;)ji*aire de Paris vient de donner de nouvelles
instructions engageant la responsabilité des ser-
vices fTupioyeurs.
La livraison (1rs denrfles dans tes. quartiers. - Par
mesure d'économie, la livraison de? denrées par
camions automobiles dans les qnaruers est supprl-
mée*. Les corps et services dovroDi assurer ces
distributions par leurs propres mprans.
'LE MONDE ET LA VILLE
- Hier a eu lieu dans l'intimité le mariage de
Mlle Suzanne Portier avec M. Eric Chrtatol.
— On annonce la mort de M. Ernest Simon Aùte~
roche, président de section au tribunal de la Seine,
décédé-à Paris.
— Nous apprenons le décès de Mme Girardi, née
Laure Denis, décédée en son domicile 105, rue
d'Alésla. Les obsèques auront lieu le lundi 19 cou-
rant, à 9 heures très précises., Le présent avis
tient lieu d'invitation.
— M. Marcel LOllvean-Rouveyre. artiste peintre,
fondateur de l'Association des artistes de Parts et
de la Seine. 2, passage DantzIg, M. et Mme Paul Lou..
veau-Rouveyre, 76, boulevard Saint-Michel, ont la
douleur de faire part du décès de leur môre Mme
Louveau-Rouveyre, née Marle-Henriette-Joséphlne
Louveau, âgée de soixante-dix ans, en sa propriété
de Septeuil (Seine-et-Olse).
— Les ramilles Heymaim et Tony Jenn ont la
douleur de faire part de la mort de M. Théodore
Heymnnn, décédé au Crotoy le 13 septembre à l'âge
de soixante-neuf ans. Les obsèques ont eu lieu dans
la plus stricte Intimité.
Société des transports en commun
de la région parisienne
Depuis hier 17 septembre, la Société des
transports en commun de la région parisienne
a ouvert de nouveaux bureaux de change dans
ses dépôts de : ,
Asn lères, 15, rue Eugène-Renault ; Courte"
voie, 42, avenue de la Défense ; Croix-Nivert,
127, rue de la Croix-Nivert (15* arr.); Epinay,
51, , route de la Briohe ; Ivry-Sud, 36, rue du
Milieu ; Les Lilas, rue Floréal ; Malakoff, 150,
route de Montrougo ; Mozart, 58, avenue Mo-
zart, (16e arr.) ; Point dû Jour, 226. avenue do,
Versailles (16" arr.) ; Puteaux, 55, quai Na-
tioaal ; Saint-Denis, 10, rue de Gonesse ; Saint-
Maur, 2, rue Maurlce-Berteaux ; Saint-Ouen,
59, avenue Michelet ; Saint-Ouen, rue Diderot.
Commerçants et simples particuliers pour-
ront y échanger des billets de la Banque de
France contre des petites coupures tous les?
jours non fériés de 14 à 18 heures.
A dater du lundi, 19 septembre, la ligné
d'omnibus AO sera prolongée jusqu'à la Porte
de la Chapelle et prendra la dénomination-
« La Chapelle-Gare de Lyon ».
Les voitures de cette ligne suivront les rues
de la Chapelle et Louis-Blanc jusque la place
du Combat où elles reprendront l'itinéraire
actuel.
If - WWTD'1I.TA f ?
» LE Ili
100, rue de Richelieu. Fondé en 1892 par F. X&V 1
r.Gut.fll-65, 61-68, 61-67, 26-27.Tôléff. NAUOWR-PAma
Aboaaemeabll On aD St~ mais Irroia mou
Seine et Setne-et-Olse 46 8 24 » 12 60,
France et Colonies. 48 » 26 » 13 m ti
Ktraager -'---'-- 84 8 34 * 18 m f
18 SEPTEMBRE. 261. JOUR DE L'ANNÉE. Dem. St CyprlCTI
Soleil, lev. 5 h. 33, couch. 5 h. 57. Ume. pl.17, p.q.24.
Les manuscrits non Insères ne sont pas rendus.
PUBLICITÉ S'ADR. 11, bd des Italiens, Journal-Publicité
Comptes chèques postaux no 3368, Parla. 1er «rond,
ABONNEMENTS DE VILLEGIATURE HI
Pendant la periode des viuéglatures. Cijst-A-dlre
jusqu'au 16 octobre, le Journal pourra lerwr à ceua
de ses lecteurs qui le désireront des abonnemeoitl
à la semalne. Le prix de 1 abonnement; fiera «
t, fr 10 par semaine pour la France. a
demandes et mandats à l'administration 411. JoUrael,.
00, rue de Richelieu. Parls.. -
1 MAX ET ALEX FISCHER. ,
Un monsieur qui suit les femmes
paraTt dant — -——~-r-. A ft
paraît dans ~r~r 1 I ■ t é ,
la célèbre collection H m mmi * M
a UN.E HEURE D'OUBLI.., )>$§ J|.
- MFiammarion. ealteur,
A LA MANUFACTURE DE FOURRURES
127, Boulevard de Sébastopol, Paris
Actuellement grande mise en vente. Prix ex*
ceptionnels. Cat. franco. Ouv. dimanches et fêtes.
A TOUS LES ETAGES
A Paris, dans chaque quartier, J
Quand on gravit les escaliers, !~j
L'arome du Congo Vaissier ~!~
Vous ravit à tous les paliers. "~-~ ~}
NID 108 FEUILLETON DU JOURNAL 18-9-21
iiI.GITÊ DES FINIES
ROMAN INÉDIT
PdrPAUL MARGUERITTE
» Tout d'abord, ils furent saisis par l'as-
pect de désordre que présentait l'anti-
chambre, un guéridoi} renversé gisait sur
I& tapis et un vase de fleurs s'était brisé
dans la chute. Eu entrant dans le boudoir
qui fait suite, ils constatèrent que l'on
avait opéré un cambriolage en règle : plus
un bibelot précieux ; dans la salle à man-
gér, trois verres, dont un encore à demi
plein de bourgogne, attestaient que les
andits avaient repris des, forces. Des gé-
missements sourds se faisaient entendre ;
on entra dans la chambre contiguë à celle
de mademoiselle Diane d'Aspre, et l'on vit
étendue dans un lit, ligotée étroitement et
\m bâillon sur la bonrhe. Mlle Florise Va-
chart, la dame de compagnie. Elle suffo-
quait et semblait à moitié fçappée de con-
gestion, à peine put-on tirer d'elle quel-
ques mots sans suite; son visage exprimait
la terreur.
» On poussa alors la porte de la chambre
de la demi-mondaine, Mlle Diane d'Aspre
* était étendue en.chemise sur le tapis, une
jambe repliée sous elle, les cheveux défaits,
le visage tuméfié. Une cordelette mince
avec laquelle on l'avait étranglée entrait
dans le cou et y traçait deux bourrelets
coupés d'une ligne noirâtre.
» Le concierge immédiatement donna
l'alarme, Jes autorités et deux médecins
appelés en hâte ne purent que constater la
mort. -
» On 3e perd en conjectures sur les as-
sassins. o
- Eh bien ! vrai, dit Tromboune, si c'est
pas malheureux 1
— Y a peut-être quelque chose à la Der-
nière heure, insinua M. Poulet-Moulet, qui
avait verdi comme s'il eût avalé soudain
- une énorme dose de vert-de-:"Tis.
copyright Oy faut Aarguenuts itfsii. — tr&uuu-
tlot4 reproduction et adaptation interdites pour
w» pty~"
— Ah I oui, Dernière heure, voilà.
« Nous avons dit que M. F., l'ami de
Mlle d'Aspre,.était absent le soir du crime.
Par une singulière coïncidence, ayant man-
que' son train, il avait retardé son départ
et apprit au matin avec désespoir le
malheur qui le privait d'une aussi char-
mante compagne. La police s'est livrée à
des investigations minutieuses. Nous n'en
pouvons dire plus. Il résulterait toutefois
de certains indices que ce meurtre pour-
rait être imputé à quelqu'un qui connais-
sait à fond les habitudes de la maîtresse
de maison, et qui pouvait même -entrer
chez elle sans éveiller de soupçons. Nous
ne croyons pas devoir préciser davantage
en ce moment. »
— Quoi ! s'exclama Tromboune, c'est pas
Fauchenne qui l'a zigouillée ? Il a une sale
tête, c'est vrai, mais tout de même, il
n'avait pas d'intérêt.
■— Sait-on jamais ? dit Marcus Lastipe.
Il l'avait épousée. Il pouvait convoiter sa
fortune.
— Ah bien ! ce serait du joli 1 Mais non,
dit Tromboune, je coupe pas là-dedans.
Il fallut cependant admettre que cette
supposition était moins invraisemblable
qu'elle ne semblait, quand un journal du
soir annonça que l'on avait trouvé dans
la main droite de la victime un bouton de
manchette en or, portant en initiale un F,
et que Florise Vachart, rappelée par des
soins assidus à une connaissance plus lu-
cide, avait assuré que ses agresseurs, au
nombre de deux, déguisés de blouses blan-
ches et masqués, obéissaient à un homme
maigre, sec, d'allure distinguée, qui avait
s.ur le visage un loup de carnaval à barbe.
Cet homme, d'une qualité supérieure à
celle de ses acolytes, avait la voix de Fau-
chenne.
Décidément, la cause se corsait: On fit
toute la soirée des hypothèses, on discuta
le pour et le contre, il y eut ceux qui te-
naient Fauchenne pour innocent et ceux
qui le croyaient coupable.
-Au matin, un coup de théâtre se pro-
duisit •: d'après le journal, Fauehenne,
soupçonné d'avoir voulu par son absente
se créer un alibi, s'était troublé devant le
juge d'instruction en essayant d'expliquer
sa présence involoptaire à Paris. Il n'avait
su donner des raisons, suffisantes pour ex-
pliquer comment un bouton ae manenette
lui manquait et se trouvait dans la main
de la femme étranglée. Par suite, on avait
arrêté Fauchenne et on cherchait ses
complices, les deux hommes en blouse et
masqués.
Floriso Vachart leur avait prêté un ac-
cent allemand accusé; elle ne doutait pas
qu'ils ne. fussent étrangers. Elle les dépei-
gnait de taillé moyenne, plutôt petits, mais
larges et musclés ; elle pensait qu'ils n'ap-
partenaient pas au peuple proprement dit,
mais à ce public interlope qui mêle les
camelots, les bookmakers, les employés
d'agences véreuses. C'est sur ces pistes
que la police marchait.
Puis un soir, nouvelle plus sensation-
nelle encore. Des contradictions et des ré-
ticences dans la déposition de Florise Va-
chart la rendaient suspecte au magistrat.
Elle était en conséquence arrêtée, et aussi
un certain Marc Fautre désavantageuse-
ment connu, et dont la participation sem-
blait probable. Florise Vachart continuait
à accuser Fauchenne avec la plus grande
véhémence, mais les charges dont elle
l'avait d'abord accablé semblaient ne pou-
voir tenir devant l'évidence et la sincère
douleur que lui causait la mort de sa
femme, car d'après de plus justes infor-
mations, le couple était légitimement ma-
ri é.
Florise Vachart, par contre, avec une
partialité aussi- fougueuse, tentait d'inno-
précise sur sa désignation des deux com-
plices du crime, on sentait qu'elle en savait
plus qu'elle ne voulait dire et le magistrat
tendait à croire qu'elle était victime d'une
violence simulée et que c'est à dessein
qu'elle s'était laissé ligoter et bâillonner.
— Non dit Tromboune qui avait suivi
tous ces détails avec un intérêt extraordi-
naire, non, croyez-vous, faut-il qu'elle ait
du culot cette femme-la 1
Et pensant à Murzouf pour qui elle avait
failli éprouver une faiblesse amoureuse,
elle conclut : A
— Le monde, vois-tu, Aristide, c'est cra-
pule et compagnie.
Et, regardant les assistant, Poulet-Mon-
let, Kokobé, FiWltre, Lastipe et tante Ar-
sène. elle exoliaua aimablement ; -
— U est pas pour vous, mes agneaux,
que je dis ça.
A Paris, Mme Jurne ne suivait pas avec
moins d'intérêt les péripéties du drame,
elle le trouvait d'autant plus intéressant
que sa part, comme indicatrice et entre-
que sa part, l'affaire, s'élevait à cinq beaux
de l'affaire, s'élevait à. cinq beaux
billets de mille francs. Joints aux trois
mille que M. Poulet-Moulet lui avait dé-
partis par chèque, elle souriait à l'exis-
tence. Pourvu toutefois que M. Proclus,
dont elle soupçonnait bien l'immixtion dans
la nouvelle phase de l'instruction et l'ar-
restation de Marc Fautre, pourvu que M.
Proclus ne s'avisât pas de venir la troubler
dans une retraite dont elle appréciait
d'avance tout le charme.
Oui, la retraite. Mme Jurne quittait Pa-
ris, les opérations hasardeuses, la vie ir-
régulière. Elle allait enfin accomplir un
de ses rêves favoris et aller habiter, pe-
tite ombre inconnue et falote, sous le
beau ciel du Midi, dans une de ces petites
localités qui ne sont que lumière, or des
mimosas, neige et rose des roses. Et pas
plus tard que ce soir, elle déguerpirait.
On l'oublierait vite. Elle coulerait enjflji
des jours paisibles. En attendant, elle al-
lait se rendre, trottin-trottant, au Comp-
toir d'escompte afin de toucher son chèque.
Elle hésita à prendre le tramway ou le
métro et se décida pour aller sur ses vieil-
les jambes. Elle s'en plaignait toujours et
les utilisait quand même, par économie.
Mme Jurne se retournait de temps à au-
tre pour s'assurer qu'elle n'était pas sui-
vie. Pas de M. Proclus à l'horizon. Décidé-
ment, tout allait bien. Elle serra la main
sur son réticule qui contenait le premier
chèque. Pourvu qu'un pickpocket avisé
n'allât pas le lui arracher. Il y a des gens
si déshonnêtes, et Paris est si peu sûr 1
Ces réflexions l'amenèrent dusqu'à 'la
Seine, puis place de la Concorde. En tra-
versant la rue de Rivoli, prudemment, il
lui sembla apercevoir sur le trottoir en
face, M. Proclus. Hallucination sans
doute ? Car en s'approchant comme fas-
cinée, elle reconnut que ce n'était pas lui
et même que le quidam planté sur le trot-
toir ne lui ressemblait pas.
Arrivée au boulevard des Italiens, elle
hésita. Aurait-elle encore le temps ? Le
sergent de ville allait abaisser son bâton.
Tiens, est-ce, que cette fois, ce n'était pas
M. Proclus qui la toisait avec un sourire
de vieille connaissance? Inutile et fâcheuse
rencontre 1 Pour l'éviter elle se lança sur
la chaussée, juste à point pour recevoir
dans le flanc un autobus qui l'envoya rou-
ler à cinq mètres sous les roues d'une
auto. Cela fit d'abord : ploc ! Puis : crac !
Et sans qu'elle eût le temps de dire ouf 1
Mme Jurne rendit sa belle âme.
Il n'y avait point derrière elle de M. Pro-
clus pour la reconnaître. M. Proclus était
occupé à des soins plus pressants qu'à
poursuivre, même d'une illusion imagi-
naire, Mme Jurne.
On la ramassa comme il convenait au
milieu d'un cercle de badauds inévitables,
on verbalisa contre le conducteur et le
chauffeur do l'automobile, et tout fut dit.
On ne peut dire que le coup opéré chez
Diane d'Aspre eût été un coup manqué. On
ne pouvait refuser à ce hideux attentat une
réelle ingéniosité dans la préparation, en-
core que l'exécution rentrât dans la ba-
nalité des crimes ordinaires.
M. Proclus, qui un des premiers s'était
rendu sur les lieux, ne s'y trompa pas.
Il lui suffit de savoir, après une enquête
habilement menée, la part secrète prise
par Mme Jurne à l'affaire pour se remé-
morer le cambriolage raté de l'hôtel Cre-
vastre et l'inquiétante silhouette de Marc
Fautre. Des recherches sur la vie privée
de cet intéressant individu l'avaient suf-
fisamment édifié. Sa première réflexion
fut :
« Je gage que le drôle s'est assuré un
alibi. C'est évidemment lui qui a tout ma-
chiné, qui a décidé la Vachart à jouer le
rôle de complice où elle a bien failli res-
ter, les meurtriers ayant serré un peu fort
et failli l'étrangler, elle aussi. »
En effet, Fautre avait un alibi, ayant, la
nuit du crime, emmené au théâtre une pe-
tite grue, sa plus récente conquête, qui
avait des bontés pour lui, et de là l'ayant
emmenée souper dans un restaurant de
nuit et ayant achevé la nuit dans un de
ces hôtels hospitaliers, où l'on accepte, en
les faisant payer d'avance, les voyageurs
sans bagages. ,-
,.. ,J' (A suivre,), .-
Le 4 octobre le JOURNAL publiera 4
I edo e 1
Z-1Ë>.- IA1-
- - 1
GRAND CINÉ-ROMAN INtDIT - J
en douze épisodes et un prologue, adapté JJGIf.
FREDERIC BOUTET
1 M. RENE CLAIR
dans le rôle de PIERRE MÉRAL
Simple et franc, tendre et sincère, Pierre aimera
l'orpheline, la défendra contre ses ennemis, el
saura, après les épreuves qu'elle a subies, iui
donner le meilleur bonheur. -
¡ -." FILM GAUMONT
auteur-metteur, en scène *
LOUIS FEUILLADE: ----.,¡j;
r
LE JOURNAL
13 - 9 - zi
PREMIERE A L'ODEON
Il' éternel amour"
r Si demain l'Odéon était transformé en ciné-
ina, ce n'est point sans mélancolie que nous
y verrions représenter les meilleurs films ;
nous nous rappellerions les beaux efforts artis-
tiques que l'on fit dans cette salle au temps où
la France était encore le pays des lettres ét où
le gouvernement, en dépit de tous les sacrifices,
soutenait le second théâtre Français comme
scène d'avant-garde, dans ce quartier des éco-
les où se forme l'esprit de demain.
C'est cette même sensation de regret et de
découragement littéraire que nous avons res-
sentie en écoutant hier le film parlé de M. Bu-
reati-Guéroult. Sans nul doute cette pièce
plaira aux modistes au cœur tendre et aux
plus honorables représentants dû commerce
parisien de gros et de détail, elle plaira comme
les plus mauvais romans feuilletons dénués
de toute littérature où les épisodes se succè-
dent avec rapidité et dont les coups de théâtre
sont dûs seulement à l'invraisemblance psycho-
logique des si tua lions.
Il est assez difficile de résumer cette pièce
où rien n'est dans les idées et tout dans le
scénario. Cela se passe dans une Norvège de
convention, pour donner de la couleur locale
et1 du pittoresque aux costumes. Nous y décou-
vrons un pasfeur qui s'exprime comme un curé
et deux frères qui, ayant reçu la même édu-
cation, se trouvent être : l'un Andréas, un
paysan, et l'autre Karl un artiste grand musi-
cien. Andréas va épouser la jeune Elena, Karl
revient et, comme c'est lui qu'aime Elena,
Andréas, le cœur meurtri, s'efface le jour du
contrat, à condition que son frère rende Elena
heureuse. Je n'ai pas besoin de vous dire
qu'Elena sera très malheureuse puisqu'elle a
épousé un artiste : toutes les familles bour-
geoises le comprendront. La nuit mêmf,, où sa
femme meurt en couches, le vilain artiste
s'enfuit aveo une belle actrice pour être joué
à Paris 1 Le brave Andréas élèvera la petite
fille qui s'appellera Elena comme sa mère et,
dix-huit ans après, ce vieil Andréas en cheveux
blancs s'aperçoit avec terreur qu'il aime la pe-
tite Elena qui est le « portrait vivant » de sa
mère : c'est l'éternel amour. Andréas terrifié
par la menare de ce criminel amour veut met-
tre la petite Elena en pension. Le même jour
le pauvre Andréas est saisi par les huissiers ;
il est également saisi d'étonnement en appre-
nant le rétour de son frère, lui aussi en che-
veux blancs, qui revient au pays. Il faut ré-
concilier à tout prix les vieux frères ennemis
et pôur cela, comme on est la nuit de la Tous-
saint, la petite Elena apparaîtra dans un rayon
de lune a son vieil oncle après avoir revêtu
la robe de fiançailles de sa mère. Andréas, qui
croit à un fantôme, crie son éternel amour à
Elena : il se jette même sur elle avec passion
et nous pouvons craindre les pires aventures.
Fort heureusement l'auteur intervient : la pe-
tite Elena révèle qui elle est et tout en même
temps que la chose ne lui est pas désagréable
du tout : elle aime le vieillard, elle veut être
sa femme et le père coupable, en manteau de
voyage, accorde a son frère la main de la flile
de celle que ce frère lui avait cédée autrefois.
Ajoutez à cela que le frère est riche et hon-
nete car il a quitté la carrière d'artiste pour
celle de spéculateur, que c'est lui qui a racheté
la ferme aux huissiers et que tout le monde
sera heureux.
Je regrette, je l'avoue, que l'auteur n'ait pas
songé à faire un dernier acte, dix-huit ans
après, mettant en scène une troisième Elena
née du nouveau mariage et qui aurait pu
épouser à son tour, l'autre frère. Comme cela
personne n'eut été oublié et cela n'eût pas en-
traîné de frais supplémentaires puisque c'est
toujours la même actrice qui joue chaque
Elena..
Cette pièce a été Interprêtée d'honnête façon
par une troupe composée en grande partie de
jeunes lauréats du Conservatoire ; elle était
accompagnée d'une partition remarquable - de
M. Félix Fourdrain. Ce compositeur qui n'a que
beaucoup de talent à une époque où le génie
de l'intrigue suffit, méritait mieux, mais que
voulez-vous ? Le principal est de se faire en-
tendre. Ses ouvertures mélodiques sont d'une
harmonie charmante, sa berceuse a' été bissée
mais rien n'est plus comique hélas ! que les
explosions de grosse caisse aux moments dra-
matiques ou aux entrées tragiques de la pièce.
'Vous verrez cependant que cela encore plaira
au public actuel qui, avec enthousiasme, tend
les bras vers le mélo, je dis seulement tend
les bras sans ajouter en comprimant son cœur
comme le fait dire l'auteur, .avec une certaine
hardiesse anatômique, à la jeune Elena dans
un moment pathétique. — G. DE PAWLOWSKI.
hes bouchers n'ont nul besoin
d'acquitter leurs fiches
M. Joubin, président du syndicat de la bou-
cherie en gros,, a été reçu, hier matin, par M.
Lefebvre du Prey, ministre de l'agriçulture. A
l'issue -de cette entrevue, M. Joubin a déclaré
qu'il était venu voir le ministre à, fitre person-
nel, car il estime que la boucherie de gros n'a
pas pour l'instant, à prendre position dans le
oonîlit existant entre la boucherie de détail et
la préfecture de police au sujet, de l'application
de l'ordonnance préfectorale.
Au syndicat de la boucherie de détail, rue du
Roule, on ne semble pas partager l'avis des
membres du comité d'action de la rive gauche
en ce qui concerne la demande d'audience col-
lective au ministre de l'agriculture. Mais cette
Question sera certainement tranchée au cours
de la réunion qui se tiendra mardi, à 4 heures
de l'après-midi, rue du Roule, 11, et qui grou-
pera les représentants des syndicats de détail,
du gros, des mandataires, et des commission-
naires en bestiaux. -
Certains bouchers ont fait connaître à leurs
clients qu'ils ne peuvent leur délivrer le bulle-
tin prescrit par 'l'ordonnance du préfet de po-
lice — bulletin mentionnant l'espèce de viande
vendue, la qualité, le poids et le prix par kilo-
gramme de la marchandise vendue — qu'après
avoir apposé un timbre quittance de 0 fr. 25.
Il est rappelé que si toute facture portant une
mention d'acquit est passible du timbre-quit-
tance pour toute somme supérieure à 10 francs,
le bulletin prescrit par l'ordonnance du préfet
MPIO naa l'nhlicnt.inn îr'nnp. valeur d'acauiL
La justice refuse 1 t
- de relâcher Fatty
LONDRES, 17 septembre. — L'attorney de
district Brady a déclaré aujourd'hui qu'il
n'acceptait pas la charge d'homicide par
imprudence retenue contre Fatty par le
l'artiste
grand jury et qu'il poursuivrait par le
sous l'inculpation de meurtre. Le défen-
seur de Fatty a. demandé que l'affaire fût
ajournée à dix jours. - Sur opposition de
l'attorney, le tribunal a accordé un ajour-
nement de cinq jours. La décision de l'at-
torney a surpris tout le monde, Arb.uckle
plus qu'aucun autre. II était si certain que
l'inculpation de meurtre serait écartée et
que sa mise en liberté sous caution lui
serait accordée, qu'il avait retenu un
wagon dans le rapide de Los Angeles, qui
quitte San-Francisco sur la fin de l'après-
midi. Par une macabre ironie du sort, ce
même train transportait la dépouille
funèbre de miss Virginia Rappe, qui doit
être enterrée à Los Angeles.
Fatty ne semble pas autrement affecté
de son aventure. Il mange et dort bien et
passe son temps à lire des magazines. Il
refuse énergiquemenfc de voir les journaux.
Leurs comptes rendus du drame le mettent
hors de lui. La défense annonce qu'elle
citera quatorze témoins qui assistaient à la
fête chez Fatty et qui viendront certifier
que o'est de son plein gré que miss Rappe
suivit Arlmcklo dans sa chambre à cou-
cher. Parmi eux- se trouvent plusieurs des
premiers citoyens de Los Angeles.
L'afforney dit avoir la preuve que l'or
est distribué à profusion pour produire
de faux témoignages en faveur de Fatty.
Il déclare qu'il ne se laissera arrêter par
rien, pour obtenir justice. L'attorney est
appuyé dans s(A efforts par le bureau des
censeurs, qui a mis 12,000 francs à sa dis-
position en lui promettant d'autres subsi-
des quand besoin serait. Plusieurs témoins
ont mystérieusement disparu. Parmi eux
se trouve le médecin -qui a soigné miss
Rappe après son transport à l'hôpital. Son
témoignage est indispensable pour l'exa-
men de l'affaire et le jugement devra sans
doute être suspendu jusqu'à ce qu'il ait été
retrouvé. — (Journal.)
NOUVELLES DIVERSES
Des colliers de perles à bon marché. — M.
Faralicq vient d'arrêter une nommée Marie
Becchis, 23 ans, demeurant rue de la Croix-
Saint-Simon, pour nombreux vols commis de-
puis trois ans dans une importante fabrique
de perles. 52 bis, rue Sainte-Biaise.
L'enquête a permis de découvrir les rece-
leurs, les époux Victor Popot, brocanteurs,
98-100, rue du Château-des-Rentiers.
Mme Popot confectionnait avec les perles des
colliers qu'elle revendait à des personnes habi-
tant son quartier. Les époux Popot ont rejoint
Marie Becchis au dépôt.
Le danger des armes à feu. — Hier soir, vers
sept heures, dans son arrière-boutique, M. Ver-
telle, âgé de 40 ans, marchand de parapluies,
79, rue de Belleville, a tué accidentellement
d'une halle à la tempe gauche, en nettoyant
un revolver automatique, Mme Héloïse Thi-
bault, demeurant 91, rue Julien-Lacroix, qui
était entrée dans sa boutique pour voir si son
flls était là. Le fils, qui s'y trouvait, en effet,
a été témoin de l'accident. Saiif avis contraire,
le corps ne sera pas envoyé à la Morgue. Une
enquête est ouverte.
— En aval du pont de SoIrertno, un marinier a
repêché le corps d'un homme âgé de quarante-cinq
ans, 1 m. 68, cheveux et mofistaches châtains, vêtu
d'un veston de travail, d'une chemise kaki, d'un
pantalon noir, de chaussures noires, chaussetttes
cachou marquées A. K.
— On a retiré de la Seine hier' mattn à 7 h. 30,
à Epinay, le cadavre d'un homme de cinquante ans
environ, 1 m. 70, de forte corpulence, grisonnant.
Aucune pièce d'identité sur lui. M. Feignez, com-
missaire de police de Saint-Denis-Nord, a envoyé
le corps à la Morg-ue.
— Le commissaire de police de Salnt-Merrl vient
d'envoyer à la Morgue le corps d'une femme que
l'on croit se Dommer Marie Le Cornu, âgée de
soixante-quatre ans, marchande de journaux, sans
.domicile, trouvée étendue hier matin à 4 heures
rue Saint-Martin et morte. le même jour à l'Hôtel-
Dieu. le. corps ne porte aucune trace de bles-
sures; les causes de la mort restent Indéterminées et
l'Identité est Incertaine.
— Rue Ferdinand-Duval, 10, la jeune Louise Pou-
lard, âgée de neuf ans, tombe du quatrième étage
sur la chaussée. Elle a le crâne et une jambe frac-
turés. Elle a été transportée à l'Hôtel-Dieu, où son
état a été jugé désespéré.
— Sur mandat de M. Durand, Júge d'Instruction,
le brigadier-chef Perrier, de la police judiciaire, et
l'inspecteur Ruyssen ont arrêté un nommé Robert
Decoulet, courtier en marchandises, ftgô de qua-
rante ans, demeflrant 6, rue Edouard-Fournier, pour
détournement d'une cinquantaine de mille francs
au préjudice d'un artiste.
Chronique des tribunaux
Un arrêt intéressant p.our les chasseurs
DAX, 17 septembre. — Au cours d'une de ses
dernières audiences correctionnelles, le tribu-
nal de Dax a rendu un arrêt que tous les chas-
seurs ont intérêt à connaître.
Un sieur M., de Labatut (Landes), porteur
d'un permis de chasse délivré en octobre 1920
fut lobjet, en août 1921, d'un procès-verbal
par la gendarmerie pour chasse sans1 permis.
Ce chasseur soutenait que son permis vala-
ble pour un an n'était pas encore périmé : le
tribunal n'en a pas jugé ainsi et a condamné
le délinquant à 25 francs d'amende avec sur-
sis à la confiscation de l'arme et au paiement
d'une somme de 100 francs, valeur d'un per-
mis général de chasse.
L'arrêt rendu par les juges de Dax est basé
sur la loi du 20 juin 1920, laquelle édicté que
le -permis de chasse voit sa validité s'établir
à partir du 1er juillet de chaque année, quelle
que soit l'époque de l'année à laquelle il a été,
délivré. — (Journal.)
LES PHARMACIES DE NUIT
Le syndicat parisien des travailleurs de la
pharmacie critique, dans une Circulaire, les
mesures prises récemment par la préfecture
de police et les juge inefficaces. Les listes pu-
bliées n'ont rien d'officiel, dit M. Mauries, se-'
crétaire du syndicat, les pharmaciens étant tou-
jours libres de fermer leur officine avant
l'heure indiquée. «
« Une population de trois millions d'habitants,
ajoute M. Mauries, a besoin pour sa sécurité
d'un système plus parfait. Car, alors même que
les pharmacies désignées rempliraient leur en-
gagement, il n'est pas certain de trouver dans
chacune d'elles les médicamants indispensa-
bles ; de là complication souvent désastreuse.
» Que faut-il faire ? Créer, à l'exemple des
grandes villes d'Allemagne et de Suisse, des
postes de secours ayant sous la main tous les
médicaments urgents et en abondance, tels que
sérums, oxygène, ampoules, etc. Ces postes
seraient gérés par des pharmaciens responsa-
bles et cHés par l'administration municipale. »
Une bijouterie de Marseille
cambriolée en plein iour
MARSEILLE, 16 septembre. — Des malfai-
teurs ont, à l'aide de fausses clés, pénétré
aujourd'hui, entre 13 et 14 heures, dans la
bijouterie Dhoogc. Ils ont fracturé le ti-
roir-caisse et se sont emparés de 1,200 fr.
puis ils ont brisé la glace de la devanture
et ont emporté divers bijoux estimés
10.000 francs.'
Les voleurs sont partis sans être inquié-
tés. La Sûreté les recherche activement.
1 ÉCHOS
s
'il est un hôtel à recommander à Paris,
c'est bien le Lavoisier-Hôtcl, 21, r. La-
/oisier! De i" ordre, chamhres av. salle de
bains ! Société choisie ! On est tranquille ! cui-
sine fine, px modérés ! Retenez vos chambres.
L
'intérêt des Commerçants Français. —
Au moment où s'annoncent les nremiers
symptômes de la reprise des affaires, la Foire
de :-yon va tenir sa réunion d'automne (i"-
£ 5 octobre). C'est dans les circonstances ac-
tuelles que cette grande institution affirmera
toute son utilité. Elle permettra aux Indus-
triels et aux Commerçants de se renseigner
sur les conditions nouvelles du marché, elle
leur assurera un approvisionnement complet
en vue des prochaines transactions. ,
Tous les hommes d'affaires qui s'intéres-
sent à la métallurgie, à la mécanique, à l'é-
lcctrotechnique, aux industries du bâtiment,
à l'agriculture, au commerce de l'alimenta-
tion, ont donc un i-.térêt immiiuiat :'. visiter
1. loire de Lyon. L'Administration de la
Toire (Hôtel de Ville de Lyon) leur adresse
gr tuitement, sur demande, une carte d'en-
trée et un guide du visiteur. Elle procure aux
acheteurs des chambres à des prix modiques
( t leur indique deî Restaurants qui servent
des repas à partir de 5 francs.
L
A salle mauresque, si originale et si gaie,
de Noël Peters, passage des Princes, est
le cadre rêvé pour les dîners de famille. Prix
modérés. Cuisine parfaite. Aujourd'hui di-
manche : Ravioli al Polo et poularde Savoïa.
L
A fourrure française et la concurrence
allemande.
Depuis que l'industrie française a cherché
une orientation nouvelle en écartant la con-
currence allemande, la fourrure, article
parisien parce que féminin, a subi une
grande évolution. D'importants marchés se
sont-ouverts, tels qu'ils existaient à Leipzig;
les peaux y arrivent brutes de leur pays
d'origine et sont alors travaillées selon le
goût parisien. On signale dans cet ordre
d'idées les résultats obtenus par le Marché
des Fourrures, qui a entrepris avec succès
1 : lutte contre la concurrence allemande. Un
catalogue assez bien compris pour que les
achats puissent se faire par correspondance,
un choix formidable et unique au monde, des
prix excessivement bas, fixés par les cours,
attirent dans les magasins îdu 52, Chaussée
cr Antin, dont l'entrée est libre, une foule de
plus en plus compacte.
D
ans son immense hall de l'Ameuble-
ment, rue de Babylone, le BoN MAR-
cas expose en ce moment des Tapisseries
et une incomparable collection de Tapis
d'Orient de toutes dimensions, de toutes
provenances. Il y a là, pour les amateurs de
belles pièces, un choix sans pareil et une
occasion d'autant plus précieuse que le BON
MARCHÉ, qui a acheté tous ces - tapis avant
la hausse du tarif douanier, les met en vente
à: des prix bien au-dessous de leur valeur.
M
adame, si vous souffrez de ptose rénale
ou stomacale, d'obésité, etc., vous n'au-
rez de vrai soulagement qu'avec le maillot
plastique du D* Barrère. M. Barrère, spécia-
liste, 3,bd du Palàis,Paris ou 59,r.Châteaudun.
c
HAQUE jour plus nombreuse, une foule
élégante se presse aux thés dansants du
Carlton Hôtel des Champs-Elysées. Jeudi
soir, premier grand dîner de gala. Le hall
Louis XVI sera spécialement aménage pour
cet event mondain.
vuniu JJU « JuuiiJMAJb a -..,
Entre l'homme et les pierres
Quand la nouvelle se sut, une multitude
de petits hommes bruns, seuls ou accom-
pagnés d'une femme aux gras cheveux
noirs et d'enfants en haillons, abandonnè-
rent leur pauvre village pour franchir les
Pyrénées.
Ceux qui possédaient quelques écono-
wies dans leur mouchoir noué, grigno-
taient. la distance grâce au chemin de fer
et aux diligences ; mais la plupart s'enga-
geaient à pied, chaussés d'espadrilles et le
baluchon au dos, dans les gorges ombreu-
ses au fond desquelles bouillonnent les tor-
rents. C'était comme une croisade du tra-
vail, une croisade qui avait pour but de
délivrer la beauté de la montagne, captive
de SIs défilés, pour la montrer à tous les
yeux.
Né au fond de l'Andorre, pas très loin en
somme de l'immense chantier qu'était la
lign'e en construction, celui qu'on appelait
Miguel le Boiteux l'atteignit l'un des der-
niers. II avait attendu, pour s'éloigner, la
mort redoutée d'une frêle Espagnole, épou-
sée quelques mois auparavant et qui était
partie à l'automne en crachant ses pou-
mons. La maladie de sa femme ajoutée à
une épidémie qui avait vidé son étable
épuisa ses ressources. En trois jours il ar-
riva et se présenta à l'embauchage sans
même jeter un coup d'œil sur la petite
ville bleue, si bleue entre les grands schis-
tes roux qui formaient la montagne.
~- Du travail ? s'écria un grand gail-
lard au poil gris, qui était un contremaître.
Mais tu arrives trop tard, mon garçon 1
Cet hiver, on ne pourra guère travailler.
Reviens uu printemps, ça ira mieux.
Sur le visage du garçon passa comme
une houle de souffrance.
« Le printemps prochain. ça ira
mieux. »
L'Andorran regardait avec hébétude ce-
lui qui avait prononcé légèrement ces pa-
roles. C'était un solide Pyrénéen de qua-
rante-cinq ans environ, qui parlait à-tous
avec autorité et paraissait être craint.
Qu'obtenir de lui?
Miguel s'effondra sur le remblai, les
yeux baissés, les mains pendantes. Puis il
eut faim et mangea un oignon par petites
tranches avec un parcimonieux morceau
de pain. Après on verrait. On verrait.
— Encore là, mon gaillard ? s'écria le
contremaître. Je t'ai dit qu'il n'y a pas
de travail ici 1 ,
— Chez moi non plus ! murmura l'An-
dorran avec une douceur résignée. Ma mai-
son est vide et le village est pauvre.
Une émotion soudaine pinça le cœur du
rudo contremaître. v
— Eh bien 1 reste. Je m'arrangerai. On
t'occupera aux terrassements.
- Bon 1 répondit simplement l'homme.
Il ne remercia pas. Son travail continu,
consciencieux, ne révélait aucun zèle. Le
contremaître le perdit de vue dans la foule
des ouvriers qui par le fer, par le feu et
l'eau, sources d'énergies, s'acharnait à per-
cer la montagne. Quand le travail cessait
les hommes écrasés de solitude se tassaient
dans des baraquements surchauffés, afin
d'éprouver la bienfaisante sensation de la
société, loin - de la montagne farouche.
Après le frugal repas : ragoût de haricots
et vin bleu, pris en commun, un accordéon
jouait d'étranges tangos, jaillis du cœur
même de la race ; et les hommes las re-
trouvaient leur jeunesse. Les voluptueux
Espagnols dansaient tard dans la nuit,
s'arrachant les filles insolentes qui choisis-
saient les plus beaux d'entre eux.
Après quelques semaines d'isolement,
Miguel le Boiteux adopta les coutumes des
autres. Il dansa, le soir, avec une laide au
corps parfait qu'il n'était pas rare que les
hommes se disputassent le couteau -
doigts. Sa petite tête aux cheveux plats,
éclairée d'un rire éclatant, dans la lumière
des strass dont ses amants la paraient, il-
luminait comme un phare sa sombre vie.
Pour la faire sienne et l'emporter dans son
pauvre village, Miguel eût donné son sang.
— Holà ! Miguel, lui dit un jour un ca-
marade, sais-tu que le contremaître va
épouser Maria ?
Tous les yeux s'étaient levés. Des rica-
nements, des rires et des plaisanteries fu-
saient. La colère de l'Andorran amusait
tout le monde. En étudiant son visage con-
vulsé, quelques-uns pensaient avec satis-
faction qu'il les vengerait tous en châtiant
1.. contremaître.
— Elle s'est moquée de toi avec lui, Mi-
guel 1 Je les ai vus rire quand tu pas-
sais, dit l'un d'entre eux. A quand la noce ?
Hé 1 A moi 1 Il est fou.1
Renversé sur la table par Miguel, le drôle
voyait déjà luire le couteau sur sa gorge
quand ses camarades le dégagèrent. Ter-
rassé à son tour par vingt mains furieuses,
1 Andorran dut céder au nombre. Silen-
cieux, les yeux injectés de sang et le visage
gris comme la pierre, il replia la lame de
son couteau.
- Tu te trompes d'adresse, sans doute ï
siffla une voix mauvaise. C'est un autre
que tu voulais frapper ?
Le contremaître n'était pas aimé. Il le
savait et redoublait de sévérité. La cour
qu'il faisait à l'Espagnole exaspérait les
jeunes ouvriers. Ils fondèrent quelque es-
poir sur la haine secrète de l'Andorran.
Le printemps vint, avec ses longues
pluies' qui emplissent les torrents d'eaux
mugissantes. Puis sur la montagne dé-
blayée ce fut le soleil. Hauts dans le ciel,
les glaciers semblaient des étoiles.
Libres enfin de leurs mouvements, les
hommes attaquèrent la montagne pour un
nouveau tunnel, et les perforeuses vrom-
birent sur son flanc comme de monstrueu-
ses abeilles. 'Les trous sont creusés. Le mi-
glisse la raèche,, en
neur tasse la poudre, glisse la mèche, en
allume l'extrémité.
Une trompette sonne.
— Gare la mine 1 Gare la mine 1
Les hommes s'enfuient en courant, ou se
couchent, petites larves, derrière les rem-
blais. Le chantier est tout à coup désert.
Un grand silence précède le gigantesque
éclatement.
Mais voici qu'un cri s'élève. M
— À moi 1 A moi 1
Miguel, qui s'est réfugié sous l'arche d'un
pont, sort vivement. Que se passe-t-il ?
Ne dirait-on pas la voix du contremaître ?
N'a-t-il pas pu fuir le danger ?
Miguel court vers la mine. Il veut sa-
voir ce que le destin va faire de son rival.
Il veut assister à ce qui se prépare, à cet
inattendu tragique qu'annonce le cri d'an-
goisse.
— Où cours-tu ? Tu es fou ? disent des
ouvriers. C'est le vieux qui appelle. Laisse-
le donc 1 Il s'en sortira bien tout seul. La
mine va éclater 1
Miguel est sourd. Il va. Le contre-
maître qui a fui le dernier, est si malen-
contreusement tombé sur le chaos de ro-
ches entassées qu'il ne peut bouger. Sa
jambe, peut-être cassée, l'immobilise. A
moins de dix mètres de lui, le tunnel à
peine creusé a l'aspect d'une carrière; l'é-
clatement aura lieu dans tous les sens,
comme celui d'un feu d'arttf|ce.
1— Entin 1 soupira le bleSSéfC est toi, l'An-
dorran ? Tu es le seul qui se soit dérangé.
tle ne l'oublierai pas. Vite, sors-moi de là,
et dégringole avec moi le remblai.
Les yeux fermés par la souffrance, il ne
lit pas la haine sur le visage ardent qui se
penche vers lui.
Miguel a tressailli. C'est par des paroles
de confiance que le chef l'a accueilli.
Que faire ? Il est un champ clos où ses
hérédités bataillent sauvagement. Il hait,
et il est reconnaissant. Il songe à plonger
son couteau dans ce cœur qui bat pour
celle qu'il aime, et penché vers le blessé, il
va le soulever et fuir avec lui.
Trop tard ! La fumée fuse.
L'homme ne pense plus, ne lutte plus.
C'est son inconscient qui lui dicte un geste
sublime. Tout ce que des millénaires de
vie commune et de souffrances partagées
ont mis de pitié au cœur des hommes de-
vient une irrésistible force qui le jette les
bras étendus, bouclier vivant, sur son ri-
val. Son cœur contre le cœur de l'autre,
farouche providence, il attend la mort. Un
héros ?. Sans doute 1 Mais les morts de sa
race ont plus de mérite que lui. Pour que
ses forces obscures l'aient poussé au dou-
ble, sacrifice de la haine et de la vie, il a
fallu que derrière lui des siècle* d'entr'aide
aient mené leur ronde harmonieuse.
Il attend. La montagne blessée jette une
énorme et courte plainte que les échos ré-
pètent, on entend le froufrou gigantesque
des rocs qui roulent vers le torrent, mêlé
au crépitement des pierres dont la plus pe-
titd peut tuer Miguel.
Il ne souffre presque pas. Un, choc vio-
lent l'a ébranlé, du sang chaud coule sur
sa chair glacée ; ses oreilles bourdonnent et
lui livrent, assourdi, le bruit des pas qui
se rapprochent.
La belle musique que la voix des hommes
quand on revient des régions muettes de
la mort 1 Mais il en est une plus belle en-
core : c'est celle d'un cœur que la haine
abandonne.
La petite tête brillante de l'Espagnole se
penche curieusement vers Miguel. Il dé-
tourne ses yeux. Ah 1 ceci ne vaut pas cela :
ce murmure de sympathie qui l'entoure et
l'affectueux regard du contremaître, et
l'allégement de son cœur.
— Emportez-le d'abord, et laissez-le chez
moi 1 ordonne le chef. C'est un brave gar-
çon, je lui dois peut-être la vie.
Devant le groupe amical que faisaient les
rivaux de la veille, les Espagnols désorien-
tés murmuraient entre eux :
- Ça, c'est plus fort qu'un miracle 1
Ils ne croyaient pas si bien dire.
ISABELLE SANDY.
INFORMATIONS
LA TEMPERATURE
Situation générale te 17 septembre à 7 heures. -
La dépression de Baltique est détruite. La hausse at-
teint 4. 10 mm. en Suéde, maximum de 773 mm. en
Ecosse. Une dépression orageuse couvre la France
- 6 mm. Bretagne 757 mm.
Les vents sont assez forts et rorts de l'est sur la
Manche et Bretagne ; faibles du sud-est Océan et
Méditerranée,
Les maxima d'mer sont tombés à 21» A Paris ; Ils
oni été de 2ge à Dijon. Lyon, Bordeaux, Toulouse ;
mlnlma- 12e A Paris. 10" nord Perpignan.
Des pluies orageuses sont signalées dans le sud
et l'ouest, 8 mm. PerpIgnan, Brest, 16 mm. au Ha-
vre. Ondées nocturnes à l'arls.
O matin, pluies sur la Manche j ciel nuageux
ailleurs.
Probabilités. pour la Journée du 18 septembre. -
Prévision de l'état du ciel : broumard. léger le
matin; ciel nuageux-à très nuageux. allant vers
l'amélioration. Encore quelques averses orageuses,
surtout le matin.
Prévision de température 1 léger réchauffement.
A Paris, maxJmum+25°.
DIVERS
— La rentrée des classes de l'Ecole commerciale
de ¡'a\:enue Tmdainc (administrée par la chambre
de commerce de Paris) aura lieu le lundi 3 octobre
prochain.
NOUVELLES MILITAIRES
Les autos militaires — A "ocr&slon d'un accident
survenu à une automobile mii.*;.a!re, le gouverneur
jr;)ji*aire de Paris vient de donner de nouvelles
instructions engageant la responsabilité des ser-
vices fTupioyeurs.
La livraison (1rs denrfles dans tes. quartiers. - Par
mesure d'économie, la livraison de? denrées par
camions automobiles dans les qnaruers est supprl-
mée*. Les corps et services dovroDi assurer ces
distributions par leurs propres mprans.
'LE MONDE ET LA VILLE
- Hier a eu lieu dans l'intimité le mariage de
Mlle Suzanne Portier avec M. Eric Chrtatol.
— On annonce la mort de M. Ernest Simon Aùte~
roche, président de section au tribunal de la Seine,
décédé-à Paris.
— Nous apprenons le décès de Mme Girardi, née
Laure Denis, décédée en son domicile 105, rue
d'Alésla. Les obsèques auront lieu le lundi 19 cou-
rant, à 9 heures très précises., Le présent avis
tient lieu d'invitation.
— M. Marcel LOllvean-Rouveyre. artiste peintre,
fondateur de l'Association des artistes de Parts et
de la Seine. 2, passage DantzIg, M. et Mme Paul Lou..
veau-Rouveyre, 76, boulevard Saint-Michel, ont la
douleur de faire part du décès de leur môre Mme
Louveau-Rouveyre, née Marle-Henriette-Joséphlne
Louveau, âgée de soixante-dix ans, en sa propriété
de Septeuil (Seine-et-Olse).
— Les ramilles Heymaim et Tony Jenn ont la
douleur de faire part de la mort de M. Théodore
Heymnnn, décédé au Crotoy le 13 septembre à l'âge
de soixante-neuf ans. Les obsèques ont eu lieu dans
la plus stricte Intimité.
Société des transports en commun
de la région parisienne
Depuis hier 17 septembre, la Société des
transports en commun de la région parisienne
a ouvert de nouveaux bureaux de change dans
ses dépôts de : ,
Asn lères, 15, rue Eugène-Renault ; Courte"
voie, 42, avenue de la Défense ; Croix-Nivert,
127, rue de la Croix-Nivert (15* arr.); Epinay,
51, , route de la Briohe ; Ivry-Sud, 36, rue du
Milieu ; Les Lilas, rue Floréal ; Malakoff, 150,
route de Montrougo ; Mozart, 58, avenue Mo-
zart, (16e arr.) ; Point dû Jour, 226. avenue do,
Versailles (16" arr.) ; Puteaux, 55, quai Na-
tioaal ; Saint-Denis, 10, rue de Gonesse ; Saint-
Maur, 2, rue Maurlce-Berteaux ; Saint-Ouen,
59, avenue Michelet ; Saint-Ouen, rue Diderot.
Commerçants et simples particuliers pour-
ront y échanger des billets de la Banque de
France contre des petites coupures tous les?
jours non fériés de 14 à 18 heures.
A dater du lundi, 19 septembre, la ligné
d'omnibus AO sera prolongée jusqu'à la Porte
de la Chapelle et prendra la dénomination-
« La Chapelle-Gare de Lyon ».
Les voitures de cette ligne suivront les rues
de la Chapelle et Louis-Blanc jusque la place
du Combat où elles reprendront l'itinéraire
actuel.
If - WWTD'1I.TA f ?
» LE Ili
100, rue de Richelieu. Fondé en 1892 par F. X&V 1
r.Gut.fll-65, 61-68, 61-67, 26-27.Tôléff. NAUOWR-PAma
Aboaaemeabll On aD St~ mais Irroia mou
Seine et Setne-et-Olse 46 8 24 » 12 60,
France et Colonies. 48 » 26 » 13 m ti
Ktraager -'---'-- 84 8 34 * 18 m f
18 SEPTEMBRE. 261. JOUR DE L'ANNÉE. Dem. St CyprlCTI
Soleil, lev. 5 h. 33, couch. 5 h. 57. Ume. pl.17, p.q.24.
Les manuscrits non Insères ne sont pas rendus.
PUBLICITÉ S'ADR. 11, bd des Italiens, Journal-Publicité
Comptes chèques postaux no 3368, Parla. 1er «rond,
ABONNEMENTS DE VILLEGIATURE HI
Pendant la periode des viuéglatures. Cijst-A-dlre
jusqu'au 16 octobre, le Journal pourra lerwr à ceua
de ses lecteurs qui le désireront des abonnemeoitl
à la semalne. Le prix de 1 abonnement; fiera «
t, fr 10 par semaine pour la France. a
demandes et mandats à l'administration 411. JoUrael,.
00, rue de Richelieu. Parls.. -
1 MAX ET ALEX FISCHER. ,
Un monsieur qui suit les femmes
paraTt dant — -——~-r-. A ft
paraît dans ~r~r 1 I ■ t é ,
la célèbre collection H m mmi * M
a UN.E HEURE D'OUBLI.., )>$§ J|.
- MFiammarion. ealteur,
A LA MANUFACTURE DE FOURRURES
127, Boulevard de Sébastopol, Paris
Actuellement grande mise en vente. Prix ex*
ceptionnels. Cat. franco. Ouv. dimanches et fêtes.
A TOUS LES ETAGES
A Paris, dans chaque quartier, J
Quand on gravit les escaliers, !~j
L'arome du Congo Vaissier ~!~
Vous ravit à tous les paliers. "~-~ ~}
NID 108 FEUILLETON DU JOURNAL 18-9-21
iiI.GITÊ DES FINIES
ROMAN INÉDIT
PdrPAUL MARGUERITTE
» Tout d'abord, ils furent saisis par l'as-
pect de désordre que présentait l'anti-
chambre, un guéridoi} renversé gisait sur
I& tapis et un vase de fleurs s'était brisé
dans la chute. Eu entrant dans le boudoir
qui fait suite, ils constatèrent que l'on
avait opéré un cambriolage en règle : plus
un bibelot précieux ; dans la salle à man-
gér, trois verres, dont un encore à demi
plein de bourgogne, attestaient que les
andits avaient repris des, forces. Des gé-
missements sourds se faisaient entendre ;
on entra dans la chambre contiguë à celle
de mademoiselle Diane d'Aspre, et l'on vit
étendue dans un lit, ligotée étroitement et
\m bâillon sur la bonrhe. Mlle Florise Va-
chart, la dame de compagnie. Elle suffo-
quait et semblait à moitié fçappée de con-
gestion, à peine put-on tirer d'elle quel-
ques mots sans suite; son visage exprimait
la terreur.
» On poussa alors la porte de la chambre
de la demi-mondaine, Mlle Diane d'Aspre
* était étendue en.chemise sur le tapis, une
jambe repliée sous elle, les cheveux défaits,
le visage tuméfié. Une cordelette mince
avec laquelle on l'avait étranglée entrait
dans le cou et y traçait deux bourrelets
coupés d'une ligne noirâtre.
» Le concierge immédiatement donna
l'alarme, Jes autorités et deux médecins
appelés en hâte ne purent que constater la
mort. -
» On 3e perd en conjectures sur les as-
sassins. o
- Eh bien ! vrai, dit Tromboune, si c'est
pas malheureux 1
— Y a peut-être quelque chose à la Der-
nière heure, insinua M. Poulet-Moulet, qui
avait verdi comme s'il eût avalé soudain
- une énorme dose de vert-de-:"Tis.
copyright Oy faut Aarguenuts itfsii. — tr&uuu-
tlot4 reproduction et adaptation interdites pour
w» pty~"
— Ah I oui, Dernière heure, voilà.
« Nous avons dit que M. F., l'ami de
Mlle d'Aspre,.était absent le soir du crime.
Par une singulière coïncidence, ayant man-
que' son train, il avait retardé son départ
et apprit au matin avec désespoir le
malheur qui le privait d'une aussi char-
mante compagne. La police s'est livrée à
des investigations minutieuses. Nous n'en
pouvons dire plus. Il résulterait toutefois
de certains indices que ce meurtre pour-
rait être imputé à quelqu'un qui connais-
sait à fond les habitudes de la maîtresse
de maison, et qui pouvait même -entrer
chez elle sans éveiller de soupçons. Nous
ne croyons pas devoir préciser davantage
en ce moment. »
— Quoi ! s'exclama Tromboune, c'est pas
Fauchenne qui l'a zigouillée ? Il a une sale
tête, c'est vrai, mais tout de même, il
n'avait pas d'intérêt.
■— Sait-on jamais ? dit Marcus Lastipe.
Il l'avait épousée. Il pouvait convoiter sa
fortune.
— Ah bien ! ce serait du joli 1 Mais non,
dit Tromboune, je coupe pas là-dedans.
Il fallut cependant admettre que cette
supposition était moins invraisemblable
qu'elle ne semblait, quand un journal du
soir annonça que l'on avait trouvé dans
la main droite de la victime un bouton de
manchette en or, portant en initiale un F,
et que Florise Vachart, rappelée par des
soins assidus à une connaissance plus lu-
cide, avait assuré que ses agresseurs, au
nombre de deux, déguisés de blouses blan-
ches et masqués, obéissaient à un homme
maigre, sec, d'allure distinguée, qui avait
s.ur le visage un loup de carnaval à barbe.
Cet homme, d'une qualité supérieure à
celle de ses acolytes, avait la voix de Fau-
chenne.
Décidément, la cause se corsait: On fit
toute la soirée des hypothèses, on discuta
le pour et le contre, il y eut ceux qui te-
naient Fauchenne pour innocent et ceux
qui le croyaient coupable.
-Au matin, un coup de théâtre se pro-
duisit •: d'après le journal, Fauehenne,
soupçonné d'avoir voulu par son absente
se créer un alibi, s'était troublé devant le
juge d'instruction en essayant d'expliquer
sa présence involoptaire à Paris. Il n'avait
su donner des raisons, suffisantes pour ex-
pliquer comment un bouton ae manenette
lui manquait et se trouvait dans la main
de la femme étranglée. Par suite, on avait
arrêté Fauchenne et on cherchait ses
complices, les deux hommes en blouse et
masqués.
Floriso Vachart leur avait prêté un ac-
cent allemand accusé; elle ne doutait pas
qu'ils ne. fussent étrangers. Elle les dépei-
gnait de taillé moyenne, plutôt petits, mais
larges et musclés ; elle pensait qu'ils n'ap-
partenaient pas au peuple proprement dit,
mais à ce public interlope qui mêle les
camelots, les bookmakers, les employés
d'agences véreuses. C'est sur ces pistes
que la police marchait.
Puis un soir, nouvelle plus sensation-
nelle encore. Des contradictions et des ré-
ticences dans la déposition de Florise Va-
chart la rendaient suspecte au magistrat.
Elle était en conséquence arrêtée, et aussi
un certain Marc Fautre désavantageuse-
ment connu, et dont la participation sem-
blait probable. Florise Vachart continuait
à accuser Fauchenne avec la plus grande
véhémence, mais les charges dont elle
l'avait d'abord accablé semblaient ne pou-
voir tenir devant l'évidence et la sincère
douleur que lui causait la mort de sa
femme, car d'après de plus justes infor-
mations, le couple était légitimement ma-
ri é.
Florise Vachart, par contre, avec une
partialité aussi- fougueuse, tentait d'inno-
précise sur sa désignation des deux com-
plices du crime, on sentait qu'elle en savait
plus qu'elle ne voulait dire et le magistrat
tendait à croire qu'elle était victime d'une
violence simulée et que c'est à dessein
qu'elle s'était laissé ligoter et bâillonner.
— Non dit Tromboune qui avait suivi
tous ces détails avec un intérêt extraordi-
naire, non, croyez-vous, faut-il qu'elle ait
du culot cette femme-la 1
Et pensant à Murzouf pour qui elle avait
failli éprouver une faiblesse amoureuse,
elle conclut : A
— Le monde, vois-tu, Aristide, c'est cra-
pule et compagnie.
Et, regardant les assistant, Poulet-Mon-
let, Kokobé, FiWltre, Lastipe et tante Ar-
sène. elle exoliaua aimablement ; -
— U est pas pour vous, mes agneaux,
que je dis ça.
A Paris, Mme Jurne ne suivait pas avec
moins d'intérêt les péripéties du drame,
elle le trouvait d'autant plus intéressant
que sa part, comme indicatrice et entre-
que sa part, l'affaire, s'élevait à cinq beaux
de l'affaire, s'élevait à. cinq beaux
billets de mille francs. Joints aux trois
mille que M. Poulet-Moulet lui avait dé-
partis par chèque, elle souriait à l'exis-
tence. Pourvu toutefois que M. Proclus,
dont elle soupçonnait bien l'immixtion dans
la nouvelle phase de l'instruction et l'ar-
restation de Marc Fautre, pourvu que M.
Proclus ne s'avisât pas de venir la troubler
dans une retraite dont elle appréciait
d'avance tout le charme.
Oui, la retraite. Mme Jurne quittait Pa-
ris, les opérations hasardeuses, la vie ir-
régulière. Elle allait enfin accomplir un
de ses rêves favoris et aller habiter, pe-
tite ombre inconnue et falote, sous le
beau ciel du Midi, dans une de ces petites
localités qui ne sont que lumière, or des
mimosas, neige et rose des roses. Et pas
plus tard que ce soir, elle déguerpirait.
On l'oublierait vite. Elle coulerait enjflji
des jours paisibles. En attendant, elle al-
lait se rendre, trottin-trottant, au Comp-
toir d'escompte afin de toucher son chèque.
Elle hésita à prendre le tramway ou le
métro et se décida pour aller sur ses vieil-
les jambes. Elle s'en plaignait toujours et
les utilisait quand même, par économie.
Mme Jurne se retournait de temps à au-
tre pour s'assurer qu'elle n'était pas sui-
vie. Pas de M. Proclus à l'horizon. Décidé-
ment, tout allait bien. Elle serra la main
sur son réticule qui contenait le premier
chèque. Pourvu qu'un pickpocket avisé
n'allât pas le lui arracher. Il y a des gens
si déshonnêtes, et Paris est si peu sûr 1
Ces réflexions l'amenèrent dusqu'à 'la
Seine, puis place de la Concorde. En tra-
versant la rue de Rivoli, prudemment, il
lui sembla apercevoir sur le trottoir en
face, M. Proclus. Hallucination sans
doute ? Car en s'approchant comme fas-
cinée, elle reconnut que ce n'était pas lui
et même que le quidam planté sur le trot-
toir ne lui ressemblait pas.
Arrivée au boulevard des Italiens, elle
hésita. Aurait-elle encore le temps ? Le
sergent de ville allait abaisser son bâton.
Tiens, est-ce, que cette fois, ce n'était pas
M. Proclus qui la toisait avec un sourire
de vieille connaissance? Inutile et fâcheuse
rencontre 1 Pour l'éviter elle se lança sur
la chaussée, juste à point pour recevoir
dans le flanc un autobus qui l'envoya rou-
ler à cinq mètres sous les roues d'une
auto. Cela fit d'abord : ploc ! Puis : crac !
Et sans qu'elle eût le temps de dire ouf 1
Mme Jurne rendit sa belle âme.
Il n'y avait point derrière elle de M. Pro-
clus pour la reconnaître. M. Proclus était
occupé à des soins plus pressants qu'à
poursuivre, même d'une illusion imagi-
naire, Mme Jurne.
On la ramassa comme il convenait au
milieu d'un cercle de badauds inévitables,
on verbalisa contre le conducteur et le
chauffeur do l'automobile, et tout fut dit.
On ne peut dire que le coup opéré chez
Diane d'Aspre eût été un coup manqué. On
ne pouvait refuser à ce hideux attentat une
réelle ingéniosité dans la préparation, en-
core que l'exécution rentrât dans la ba-
nalité des crimes ordinaires.
M. Proclus, qui un des premiers s'était
rendu sur les lieux, ne s'y trompa pas.
Il lui suffit de savoir, après une enquête
habilement menée, la part secrète prise
par Mme Jurne à l'affaire pour se remé-
morer le cambriolage raté de l'hôtel Cre-
vastre et l'inquiétante silhouette de Marc
Fautre. Des recherches sur la vie privée
de cet intéressant individu l'avaient suf-
fisamment édifié. Sa première réflexion
fut :
« Je gage que le drôle s'est assuré un
alibi. C'est évidemment lui qui a tout ma-
chiné, qui a décidé la Vachart à jouer le
rôle de complice où elle a bien failli res-
ter, les meurtriers ayant serré un peu fort
et failli l'étrangler, elle aussi. »
En effet, Fautre avait un alibi, ayant, la
nuit du crime, emmené au théâtre une pe-
tite grue, sa plus récente conquête, qui
avait des bontés pour lui, et de là l'ayant
emmenée souper dans un restaurant de
nuit et ayant achevé la nuit dans un de
ces hôtels hospitaliers, où l'on accepte, en
les faisant payer d'avance, les voyageurs
sans bagages. ,-
,.. ,J' (A suivre,), .-
Le 4 octobre le JOURNAL publiera 4
I edo e 1
Z-1Ë>.- IA1-
- - 1
GRAND CINÉ-ROMAN INtDIT - J
en douze épisodes et un prologue, adapté JJGIf.
FREDERIC BOUTET
1 M. RENE CLAIR
dans le rôle de PIERRE MÉRAL
Simple et franc, tendre et sincère, Pierre aimera
l'orpheline, la défendra contre ses ennemis, el
saura, après les épreuves qu'elle a subies, iui
donner le meilleur bonheur. -
¡ -." FILM GAUMONT
auteur-metteur, en scène *
LOUIS FEUILLADE: ----.,¡j;
r
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.72%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.72%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Ville de Paris Fonds régional : Ville de Paris /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "VilledePa1"Déclaration... qui excepte la grande rue du fauxbourg S. Honoré et une partie du même fauxbourg de la disposition des articles VII et VIII de la déclaration du 18 juillet 1724, qui fixe les limites de la ville de Paris... [Enregistrée au Parlement le 13 août 1740.] /ark:/12148/bd6t54200453s.highres Description historique des tableaux de l'église de Paris /ark:/12148/bd6t54199653h.highres
- Auteurs similaires Fonds régional : Ville de Paris Fonds régional : Ville de Paris /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "VilledePa1"Déclaration... qui excepte la grande rue du fauxbourg S. Honoré et une partie du même fauxbourg de la disposition des articles VII et VIII de la déclaration du 18 juillet 1724, qui fixe les limites de la ville de Paris... [Enregistrée au Parlement le 13 août 1740.] /ark:/12148/bd6t54200453s.highres Description historique des tableaux de l'église de Paris /ark:/12148/bd6t54199653h.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7607906m/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7607906m/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7607906m/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7607906m/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7607906m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7607906m
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7607906m/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest