Titre : L'Écho d'Alger : journal républicain du matin
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1944-02-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327596899
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 février 1944 20 février 1944
Description : 1944/02/20 (A33,N12214). 1944/02/20 (A33,N12214).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : Les droits de... Collection numérique : Thème : Les droits de l'homme
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10396
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2015
L'ECHO D'ALGER
20, rue de la Liberte, Alger. lél. 373-80, 81, 82. Adr. télégr. s
Echo Alger. Ch. px Alger 19-25 .:. PARIS : 15, r. Feydeau, 2*
UN FRANC
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DIMANCHE
20
FEVRIER
1 1944
1338 ANNEE
N* 12.21*''
!
A condition qu'ils reçoivent des armes
Les résistants de France
peuvent immobiliser
dix divisions allemandes
lors du débarquement des Alliés
estime M. Raymond AUBRAC
représentant du Comité central de la Résistance
à I/Assemblée consultative
Londres. — Interviewé à son &rrivée
à Londres par Pierre Jeannerat., rédac-
teur de l'A.F.I., M. Raymond Aubrac,
qui vient de s'évader des prisons de
Lyon et que le Comité central de la ré-
sistance a désigné pour le représenter
à l'Assemblée consultative d'Alger, a
donné quelques précisions sur la situa-
tion en France.
, La tension en France
« La tension croit chaque jour da-
vantage entre les troupes d'occupation
et les Français, a-t-il dit notamment.
En dépit de leur force, les Allemands ont
peur. Une nouvelle phase de la lutte a
commencé.
A Paris
A Paris, les officiers et les hommes de
la Wehrmacht ne sortent plus dans les
rues qu'armés jusqu'aux dents. Tous les
bâtiments occupés par l'ennemi sont en-
tourés de barbelés. On a fait monter des
canons au premier étage de l'hôtel Cril-
lon et dans l'ancien Ministère de la ma-
rine. place de la Concorde.
S'ils reçoivent des armes
les patriotes pourront immobiliser
une dizaine de divisions allemandes
Les résistants de France pensent pou-
voir immobiliser une dizaine de divisions
allemandes à l'intérieur du pays au mo-
ment du débarquement des Alliés, à con-
dition toutefois qu'ils reçoivent les ar-
mes qui leur sont nécessaires.
Les patriotes se battent
au milieu de nombreuses
difficultés
Et en terminant, M. Raymond Aubrac
déclare : « Mes camarades veulent qu'on
sache à l'étranger au milieu de quelles
difficultés ils doivent se battre. Il ne
faut pas oublier, en effet que les Alle-
mands exécutent en moyenne 20 pa-
triotes par jour. »
De Tarente à Ortona-ad-Mqre
En suivant les traces
victorieuses de la 8e armée
Chez les Canadiens français
j'ai retrouvé les traditions de nos vieilles provinces
Par notre correspondant de guerre"
en Italie Robert RAYMOND
Aux portes de Tarente, mon camarade
Maurice Tissier et moi, avons retrouvé 1
les traces puis les hommes de la 8e ar-
mée britannique. Ensuite, par l'itinérai- 1
re Brindisi, Bari, Foggia, Termoli, Vas-
to, San Vito, j'ai pu mesurer l'effort de
soldats qui ont eu à vaincre l'Italien et
l'Allemand dans un pays propice à la
défensive.
En remontant la côte de l'Adriatique,
on parcourt un pays de hautes plaines
plantées d'oliviers, ou de cultures ma-
ralchères près des villes. La vaste éten-
due de Foggia, avec ses nombreux
champs d'aviation, demeure le centre
aéronautique des Alliés. L'importance de
Foggia n'est un secret pour personne. Le
général Eisenhower, lors de sa dernière
conférence de presse en Italie, avait at-
tiré notre attention sur la nécessité vi-
tale de couvrir d'aérodromes cette zone,
base de départ privilégiée peur les opé-
rations sur le c Mittel Europa ». Quant
au front d'Italie ou celui des Balkans,
11 suffit d'un coup d'aile.
La 8* armée, en prenant la plaine de
Foggia, puis en poursuivant jusqu'au de-
là d'Ortona, après le bond de Termoli
a satisfait amplement le plan de cou-
verture du général Eisenhower.
Rome conquise, la 8e armée poursui-
vra-t-elle encore après Pescara ?
La route, à partir de Bari, traverse
une multitude de ravins encaissés où
coulent des rivières impétueuses ou len-
tes. Pays coupé de lignes de collines
presque parallèles contre lesquelles il
faut déclencher des attaques frontales
tout au long des cours d'eau pour en-
lever l'autrè série de crêtes, celle qui
s'étend à 8 ou 900 pieds d'altitude à
quelque 2.500 mètres de là. La route
suit les croupes et va chercher les ponts
dans le fond des ravins. Le boche les
a tous fait sauter ces ponts, méthodi-
quement. Et les ponceaux aussi. Et les
murs de soutènement également. Les
pionniers.et les ingénieurs de la 8. ar-
mée les ont tous rétablis avec soin, avec
méthode. Je n'ai jamais vu, sur 150 ki-
lomètres, autant de ponts, dont l'un.
orgueil du génie, dépasse 280 mètres.
je ne pensais pas rencontrer de vil-
lages aussi parfaitement ruinés que Car-
dito, Cerasuolo ou San Elia du front
français. Mais Ortona ! Ortona est plus
détruit que les plus détruits ! Pas un
pan de mur intact.
Et une fois de plus, cette nuit enco-
re, les pierres ont été pulvérisées par
l'artillerie ennemie. En passant, ce ma-
tin, des soldats s'amusaient à faire tom-
ber à coups de cailloux, une cloison de
briques en dentelle festonnée. Mais les
miracles des objets épargnés ne surpren-
nent plus. A peine ai-je noté l'abat-
jour intact sur une table à trois pieds
près de la cage accrochée avec son cana-
ri most de faim. à peine remarque-t-on
la maison qui a perdu sa façade et celle
qui n'a plus que sa façade. Pourtant les
églises éventrées choquent toujours. Ain-
si à Ortona. toute spiritualité a fui de
la cathédrale par un porche béant dans
le chœur pour laisser le grand soleil
s'appesantir crûment sur l'art affligeant
de statues de plâtre aux couleurs vio-
lentes.
Comme la plupart des villages du sud
de l'Italie, entassés sur les crêtes, Or-
tona masse ses maisons sur un promon-
toire dominant l'Adriatique. Quelle dure
bataille sur le fleuve Moro ! Pendant
quatre jours on s'est battu avec fureur
pour Ortona, puis dans Ortona. Là plus
qu'ailleurs la bataille de rues a marqué
les maisons. Dans les réduits que l'artil-
lerie n'a pu atteindre, le' fantassin a
attaqué grenades en mains : chaque
édifice, chaque maison en garde l'em-
preinte.
Face au nord, face aux lignes alle-
mandes, le cimetière du village aligne
ses tombeaux et ses cyprès. Des tombes
surmontées d'un casque s'échelonnent à
l'extérieur du mur : on sent que les
compagnons des morts, tués en action,
« killed in action », les ont creusées
là, hâtivement, à l'abri des mitrailleu-
ses ennemies. Sur la pente sud, on a
réuni, à l'ombre des oliviers, d'autres
tués d'Ortona. Une simple cérémonie
consacra, hier, leur dernier lieu de re-
pos. Sur les croix, des noms dr once,
des noms de notre terroir. Dc; ; de
Canadiens français des noms na-
diens anglais aussi.
Faire connaissance des vivants par les
morts, quelle belle leçon d'histoire digne
de ces frères par le sang que nous
cvions, nous, un peu oublié dans leur
lointain Canada. Eux dont la devise :
» Je me souviens. s'inscrit sous la fleur
du lys d'or, ont pris les armes pour
rendre la liberté à ce pays dont ils ont
obstinément voulu rester les fils spiri-
tuels. Celui qui m'accompagne a un
nom de la Côte-d'Or, un accent bourgui-
gnon et un beau visage de paysan du
Beaujolais.
« Si je vois le village de Montigny
près de Dijon, je serais le premier de ma
famille à retourner au pays que les an-
cêtres ont quitté en 1634. En 1914, mon
oncle a été tué avant d'y parvenir..
Son compagnon, lieutenant également,
a rendu visite aux parents de sa mère,
en lAJA.
Mais je parlerai des hommes plus tard.
Aujourd'hui, parcourons leur secteur de
combat, leur champ d'action. Après Or-
tona, le pays devient encore plus cou-
pé, toujours par ces torrents parallèles
et perpendiculaires à la côte, qui ont
creusé le sol argileux de ravins pro-
fonds. La plupart recueillent leurs eaux
sur les pentes du Monte Amaro qui,
énorme, à 25 kilomètres, barre l'ouest
du haut de ses 2.795 mètres.' Il neigeait
hier à Termoli, Vasto. San Vito et Or-
tona. Le Monte Amaro est tout blanc
très bas. Le ciel s'est éclairci sous un
violent vent d'est glacé déjà par les
Karpathes et les monts d'Albanie. L'A-
driatique s'agite, gris et blanc, en tem-
pête. Toute action aérienne est suspen-
due. Sur terre, « activité de patrouil-
les ».
Les Canadiens eux-mêmes ont froid.
Nous les verrons plus tard au combat,
quand la neige fera place à la boue,
quand les torrents cesseront de mugir,
quand l'infanterie pourra sortir de ses
trous.
Le 26* anniversaire
de l'armée rouge
M. Félix GOUIN
président
de l'Assemblée consultative
adresse ses félicitations
au président Kalinine
et au maréchal Staline
Alger. — A l'occasion du 26- anniver-
saire de l'armée rouge, M. Félix Gouin,
président de l'Assemblée consultative pro-
visoire, a adressé des télégrammes à
M. Kalinine, président du Soviet suprê-
me, et au maréchal Staline, leur expri-
mant en son nom personnel et au nom
des membres de l'Assemblée consultative
provisoire son admiration et ses félici-
tations pour avoir forgé une armée aussi
fortement trempée et l'avoir animée d'un
esprit de sacrifice total pour la défense
de la liberté des peuples et pour l'ex-
termination du nazisme.
DERNIÈRE MINUTE
Les prochaines 24 heures
seront décisives
dans le secteur de la tête
de pont
et à Cassino
câble Ronald Campbell
Londres. — Ronald Campbell, corres-
pondant particulier de l'agence Reuter
auprès de la 5" armée en Italie, câble:
« Les observateurs militaires estiment
que, dans le secteur de la tête de pont
et à Cassino, les événements qui se pro-
duiront au cours des prochaines vingt-
quatre heures seront décisifs. Les unités
d'infanterie et de chars massées par le
maréchal Kesselring font, en effet, ac-
tuellement, une tentative suprême pour
arracher aux Alliés leurs positions sur
la tête de pont. >
Après avoir franchi l'Isonzo
en Italie du nord
LES YOUGOSLAVES
ont engagé
de durs combats
avec les Allemands
près d'Udine
Une formation avance
en direction de GORITZA
Frontière yougoslave. — Les unités
do partisans qui ont pénétré en Italie
et franchi le iieuve Isonzo, sont a pré-
sent engagées dans de durs combats
avec les Allemands, près d'Udine.
Au cours de violents combats qui se
sont déroules dans les montagnes à pro-
ximité de la frontière italienne, les uni-
,té3 du maréchal Tito ont mis en dé-
route une forte colonne allemande.
D'autre part une formation yougosla-
ve est signalée de l'autre côté d3 la
frontière, avançant en direction de Go-
ritza.
En Bosnie occidentale, nos troupes ont
repris deux villes dont BGgojno, de
nombreux soldats allemands ont été
trruvés morts de froid sur les champs
d-3 bataille.
Do farouches combats se poursuivent
en Slovénie, entre Ljubljana et Ko-
cevje, et en Croatie, prés de Ludbreg,
où une garnison allemande a été anéan-
tie.
La neutralité
espagnole
est un leurre"
écrit un journal soviétique
Moscou. — Le journal « La guerre
e* la classe ouvrière » attaque violem-
ment le général Franco. » Ú" neutrali-
té espagnole, déclare le journal, est un
leurre, grâce auquel Franco espère sor-
tir de cette guerre avec les pieds secs.
» Quoi qu'il arrive, les peuples d'Eu-
rope veilleront à ce qu'il n'en soit pas
ainsi ».
Au nord-ouest des Marshall
Les fusiliers marins américains
ont débarqué dans l'atoll de Eniwetok
Aux Carolines, l'attaque contre Truk se poursuit
Pearl-Harbour. — Sous le commande-
ment du contre-amiral Turner, qui diri-
gea précédemment le débarquement des
forces alliées dans l'ile Wajalein, les fu-
siliers marins américains ont débarqué
hier et établi des têtes de pont dans
l'atoll de Eniwetok, situé au nord-ouest
du groupe des Marshall et à environ
640 kilomètres au-delà de Wajalein. Cet-
te nouvelle opération a été appuyée par
l'aviation et par de nombreux navires
de guerre.
L'attaque contre Truk se poursuit. Des
forces très importantes sont engagées
comprenant des porte-avions du type le
plus récent.
Au large de l'archipel Bismarck
23 navires japonais coulés
par l'aviation américaine
Melbourne. — Des bombardiers tndyens
américains ont poursuivi leur attaque
contre le convoi japonais qui tentait
d'amener des renforis. aux bases UlM"
mies de l'archipel Bismarck. Attaquant
à faible altitude, les appareils alliés ont
coulé, outre les 6 navires ennemis an-
noncés hier, 9 autres bâtiments, dont tin
gros pétrolier, 6 cargos de 6.000 tonnes,
2 destroyers d'escorte, ce qui porte le
tonnage total nippon envoyé par le fond,
en deux jours, à 36.000 tonnes.
Un nouveau tracé
des frontières
polono-russes
serait proposé
au maréchal Staline
Londres. — Selon l'agence A.F.I., M.
Mikolajzyk, premier ministre du gou-
vernement polonais, aurait soumis à M.
Winston Churchill un nouveau tracé des
frontières polono-russes que le premier
britannique transmettrait au maréchal
Staline.
ISTAMBUL. — Une nouvelle secousse sis-
mique, qui a duré cinq i, secondes, .* tté
ressentie, hier, en Anatolie. On ne signale
aucune victime.
EXERCICE D'ALERTE
jeudi 24 février
dans le département
d'Alger
Communiqué de la Préfecture
Un exercice d'alerte aura lieu le jeudi
24 février 1944 entre 21 heures et 21 h.
15.
Il s'étendra à tout le territoire du dé-
partement d'Alger.
Le début et la fin de l'exercice seront
diffusés par les moyens de transmis-
sions prévus et annoncés à la population
par les signaux d'alerte et de fin d'aler-
te habituels.
En cas de raid aérien pendant l'e-
xercice, le signal d'alerte sera transmis
et donné une deuxième fois.
Il est rappelé que le « black-out » to-
tal doit être observé pendant toute la
durée de l'cxercice sous peine de sanc-
tions sévères.
Par ailleurs, les dispositions de l'ar-
rêté préfectoral du 18 février 1944 pres-
crivant qu'en cas d'alerte les voitures
automobiles auront les phares devant
éteints, que la vitesse sera réduite à li5
kilomètres dans les villes, que les tram-
ways et trolleybus s'arrêteront, les wat-
mans prenant soin d'éviter l'embouteil-
lage de la chaussée, seront appliquées en
cours du présent exercice d'alerte.
Les trolleybus stationneront sur le cô-
té droit de la chaussée, le plus près pos-
sible du trottoir, à un endroit judicieu-
sement choisi, de façon à gêner le moins
possible la circulation.
LA NUIT DERNIERE
La Luftwaffe
a bombardé
Londres
On enregistre quelques dégâts
et un certain nombre
de victimes
Lonres. - Au cours du raid effec-
tué cette nuit par la Luftwaffe sur
Londres, deux bombes ont détruit des
appartements situés au-dessus d'un
magasin. Des incendies ont éclaté et
les grosses conduites de gaz ont pris
feu. On croit que 10 personnes sont en-
sevelies. Il semble y avoir peu d'espoir
de les sauver.
Dans un autre quartier, deux maisons
ont été détruites et d'autres bâtiments
endommagés. Non loin de là, un cou-
vent et une école ont été endommagés.
L'un des quartiers commerçants de la
ville a été également touché.
Le Parlement et Westminster Hall
ont été touchés
sans grands dommages
Le Parlement et Westminster Hall
l'ont échappé belle. Un avion, volant
à basse altitude, lâcha, en effet, au-
dessus d'eux un chapelet de bombes in-
cendiaires. L'une d'elles traversa le
plafond du la grande salle de réunians
de Westminster Hall ; une autre se
logea dansl'angle nord-ouest du bâti-
ment, mais elles purent être rapide-
ment enlevées sans grand dommage.
Plusieurs bomber tombèrent aussi dans
le jardin du Parlement.
Jacques Villesolin
correspondant de guerre de l'A.F.I.
a été tué
Londres. — De Pierre Maillaut, di-
recteur de l'agence A.F.I.
Nous avons le profond regret d'an-
noncer la mort de Jacques VlIlesolin,
tué dans le bombardement de Londres
la nuit du 18 au 19 février. Jacques
Villesolin, correspondant de l'A.F.I. au-
près de la 8e armée, venait de ren-
trer en Angleterre pour participer aux
futures opérations du front occidental
Demain, s'ouvrira à Alger
le premier Congrès médical interallié
Préludant au Congrès médical inter-
allié qui s'ouvrira demain lundi, salle
Pierre-Bordes, M. le professeur Lacroix,
qui en est le secrétaire général, a bien
voulu nous donner hier, au cours d'une
conférence ue press" les quelques pré-
cisions suivantes :
— Le but de ce Congrès, nous a dit
1. professeur Lacroix, est de dévelop-
per. de renforcer et de rendre durables
les relations d'amitié qui lient les na-
tions unies en permettant des contacts
directs entre les personnalités médica-
les et scientifiques, anglaises, améri-
caines, russes et françaises nord-afri-
caines.
Si notie premier pas dans cette voie
n'approche pas la perfection même de
loin, les suivants bénéf'eieront des cri-
tiques méritées que lui feront fran-
chement tous ceux qui désirent le suc-
cès. Le prochain Congrès pourra sui-
vre à deux mois d'intervalle.
— Quel thème principal avez-vous
aropté, comme sujet de nos travaux ?
- Ce Congrès groupe un nombre lm-
3ortant de travaux, intéressant toutes
les branches de la médecine et de la
chirurgie. Mlis il est Incontestable qu'il
t re son unité de la question mise à
l'ordre du jour : le typhus.
Le général Fox (des U.S.A.), a bien
voulu accepter de présenter un rapport.
Les médecins américains et anglais fi-
gurent nor..breux parmi les auteurs de
communications. Les travaux de nos
cor-irères russes ne nous sont pas en-
core parvenus et nous le déplorons vrai-
ment. Les professeurs Benhamou et Lai-
grec, le docteur Grenouilleau, sont les
rapporteurs français.
— Et les autres communications ?
— Elles sont réparties en quatre sec-
tions 1re; fractures, articulations;
2. : Thorax et abdomen; 3" Le crâne,
face, yeux et neurologie ; 4- : Le pa-
ludisme, lapathologie exotique, laderma-
to, syphiligraphie, les maladies infec-
t:euses et de la nutrition.
Grâce au concours de nos alliés, nous
avons pu orgniser une exposition ico-
nographique, dans laquelle figureront
des médicaments, des appareils, des cli-
chés radiographiqu:" des photos et des
grapmques.
L'Alçérie y apporte une contribution
spéciale pour la réunion d'une partie
des publications scientifiques, signées
des médecins nord-africains et des mé-
decins et chirurgiens des hôpitaux et
professeurs de la Faculté d'Alger.
Nous avons aussi tenu à réaliser « les
travaux pratiques du Congrès ». C'est
dans la visite des services hospitaliers
1111ilF et militaires dans Alger et Blida,
Que les congressiste? retrouveront la
c-inique et pourront discuter avec les
chefs de service, et leur demander les
éclaircissements et les précisions désira-
bles.
C'est dans les visites des laboratoires
des facultés qu'ils retrouveront l'at-
mosphère sereine de la lutte de l'esprit
dans la recherche de la vérité scien-
tifique.
A cuarante-huit heures de l'ouver-
ture du Congrès, il restait encore bien
des questions à régler pour que cette
vaste organisation réunisse toutes les
chances de succès désirables.
Comme nous demandions au profes-
seur Lacroix s'il s'occupait depuis long-
temps d'en régler les détails,
— Il y a, nous répondit-il, moins
d'unf semaine que j'ai été prié d'en
assumer la change. C'était un devoir.
Hals j'ai trouvé partout d'utiles con-
cours, chez nos alliés Américains, An-
g ais. Russes et dans toutes les branches
de 1 activité civile et militaire fran-
çaise.
> Sans modestie, je vous assure que
c'est à ces concours que revient tout
le mérite de ce qui sera bien. Pour le
surplus j'en accepte l'entière respon-
sabilité. »
Voici le programme de la première
j lurnée du Congrès médical interallié,
Lundi 21 février, salle Pierres-Bordes,
ouverte aux congressistes à 8 h. 45 du
matin. Séance inaugurale à 9 h. 30.
Discours de M. le Commissaire à la,
ianté pvDlique Tixier ; discours de
M. le recteur Laugier ; allocution de
M. le représentant de l'Angleterre ;
allocution de M. le représentant des
U.S.A.; allocution de M. le représentant
de l'U.R.S.S. Avec le concours de l'Army
Band.
A 11 neures séance de travail :
Typhus.
Présidence MM. : le professeur Ser-
gent (F.); le médecin inspecteur général
Valande (F. ); le brigadier général Bo-
land (A.); le colonel Perrin Long (U.
<3.A.l; N. (U.R.S.S.).
Interprète : M. le professeur Pruvost.
Rapports de MM. le brigadier géné-
ral Fox (U.S.A.); le professeur Benha-
mou (F.).
Soir, séance du travail : Typhus.
Présidence MM. : le doyen Musso
IF.I, le professeur Blanc IF.), le co-
lonel Young (A. i. le colonel Stone (U.
S.A.), N. (U.R.S.S.).
Interprète : M. le professeur Pruvost.
A 14 h. 30 : Rapport de M. le profes-
seur Laigret.
A 15 heures : Rapport de M. le direc-
teur Grenoilleau.
A 15 h. 30 : Communications et dis-
cussions.
A 18 heures: Apéritif d'honneur of-
fert par les U.S.A., hall de la salle
Pierre-Bordes.
AU
MAJESTIC
Jeudi 24 Février, à 20 h. 30
le triomphal succès
GALA DE L'EMPIRE
Location ouverte au Majestic et dans
le hall de la Dépêche algérienne. 1.~
1l 1 Places de 20 à 50 francs -
Le conflit approche
de son issue
écrit le docteur Gœbbels
Berlin. — Dans son article hebdoma-
daire que publie « Das Reich », le doc-
teur Gœbbels s'écrie :
« Le conflit se rapproche à pas de
géant de son issue. Le début de l'an-
née 1944 a été marqué par des événe-
ments décisifs dans les domaines politi-
que et militaire. Désormais, une lutte
d'une importance définitive va s'enga-
ger. Nos ennemis, probablement, vont
tout mettre en œuvre pour abattre l'Al-
lemagne. L'heure approche donc où nous
aurons besoin de nos dernières forces et
où nous serons appelés à consentir nos
derniers sacrifices..
Avançant au sud-ouest de Louga
Les forces du général Govorov
libèrent PLIOUSSA
L'armée du second front
de la Baltique
menace l'important
croisement de DNO
Pskov a été efficacement
bombardé
par l'aviation soviétique
c
E n'est qu'au prix de violents
combats que les troupes du gé-
néral Meretskov ont réussi à
percer la ceinture de défense de
Staraïa-Russa et à pénétrer dans
la ville. Les Allemands ont Itvrc une
bataille acharnée pour conserver cette
forteresse qu'ils occupaient depuis deux
ans et qui constituait le pivot des fronts
de Léningrad et de la Russie Blanche.
Par les prises de Staraïa-Russa et de
Shimsk, les nazis ont été pratiquement
chassés de la totalité des rives du lac
flmen. Les formations du second front
de la Ballique menacent maintenant
Dno, croisement des lignes Léningrad-
Vitebsk et Moscou-Pskov, aux abords
de laquelle, en de nombreux points, se
déroulent de violents combats et déjà
la radio de Berlin prépare l'opinion à
l'évacuation de la ville. Cette nouvelle
offensive soviétique vise à couper la li-
gne de défense allemande de Pskov,
porte d'entrée de la Lettonie.
Plus au sud, les forces affaiblies de
von Marstein attendent, après le désas-
tre de Kanev, le prochain coup des di-
visions russes. La perte des hommes et
du matériel, que von Manstein a sacri-
fiés dans la poche de Kanev, se fera
lourdement sentir dans la défense de
la voie ferrée Odessa-Lwow maintenant
fixposée aux attaques en force des gé-
néraux Vatutin et Koniev, en liaison
avec les généraux Malinovski et Toi-
bukhine qui ont à présent toute liberté
de concentrer leurs forces pour une nou-
velle poussée en direction de Kherson
et de Nicolaïev.
Au sud et au sud-ouest de Louga,
les unités du général Govorov ont oc-
cupé, au cours de leur avance, plusieurs
villages.
Dans la région du Dniepr, les sol-
dats du général Koniev harcèlent les
survivants des divisions allemandes
anéanties à l'ouest de Tcherkassy.
On note ces jours derniers une baisse
sensible de la température qui amé-
liorera considérablement les conditions
de la prochaine offensive.
COMMUNIQUE RUSSE
Moscou. — Au sud-ouest et au sud
de Louga, nos troupes ont avancé en
combattant et ont libéré Plioussa, im-
portante station de chemin de fer, ainsi
que trente localités. Au sud du lac
llmen, des combats offensifs ont permis
de reprendre plus de cent aggloméra-
tions, parmi lesquelles la gare de Ma-
govskaya-Tulevlya.
Dans la journée du 18 février, nous
avons détruit ou endommagé 47 tanks
allemands et abattu 8 avions.
Pendant la nuit du 18 février, d'im-
portantes formations aériennes ont at-
taqué le nœud ferroviaire de Pskov, où
elles ont bombardé efficacement plusieurs
douzaines de trains militaires embou-
teillés aux embranchements. Plus de 80
incendies ont été allumés et ont été sui-
vis par de grosses explosions. Plus de
15 convois ont été vus en flammes.
A la fin du raid, tout le secteur du
nœud ferroviaire était en feU. Des bom-
bes sont également tombées sur des dé-
pôts militaires et sur un hangar d'a-
vions adjacent. Trois de nos avions sont
manquants.
Le gouvernement
finnois
connaîtrait
les conditions
d'armistice
russes
Stockholm. — On précise dans les
milieux politiques que M. Paasikivi est
toujours dans la capitale suédoise et que
seules les personnalités qui l'accompa-
gnaient sent rentrées à Helsinki. On
a maintenant de plus en plus l'im-
pression que le gouvernement finnois
connaît les conditions d'armistice rus-
ses.
Dans le secteur de la tête de pont d'ANZIO
Les troupes du général Clark
contra-attaquant fit réalisent quelques gains
NOUVEAUX PROGRES des ALLIES
A L'OUEST DE MONTE CASSINO
CASSINO EST MAINTENANT
presque complètement encerclée
0
'UN commentateur militaire du
G.Q.G. allié:
Dans le secteur de la tête de
pont au sud de Rome, lesifor-
ces alliies ont fait face, dans la jour-
née de vendredi, aux attaques de gran-
de envergure déclenchées par les Alle-
mands, attaques qu'un officier de l'é-
tat-major allié a définies comme cons-
tituant la plus grande tentative qu'ait
encore entreprise l'ennemi. Celui-ci a,
en effet, mis en ligne au moins quatre
divisions, soit une cinquantaine de mil-
liers d'hommes, ainsi que des unités
blindées. Sur ces quatre divisions, on
précise que deux viennent d'être nou-
vellement engagées, la 114e division
motorisée et la 3' division de panzers,
que le maréchal Kesselring a jetées dans
cette bataille dont le but est, pour
le haut-commandement allemand, de re-
jeter les Alliés qui menacent les ar-
rières de la 10* armée nazie.
Bien que les Alliés, devant la puis-
sance de ces attaques, aient été for-
cés de reculer légèrement dans la ré-
gion de Carroceto, les troupes du géné.
ral Clark ont riposté à leur tour et
ont déclenché une contre-attaque qui,
aux dernières nouvelles, a causé à l'en-
nemi de lourdes pertes et a permis aux
Alliés de réaliser quelques gains. Ce-
pendant, les Allemands continuent à
exercer leur pression en d'autres points
du secteur de la tête de pont.
On signale qu'au cours de la jour-
née d'hier, le mauvais temps a empê-
ché, dans une certaine mesure, l'inter-
vention des aviations adverses, parti-
culièrement celle des Alliés : ni les
bombardiers lourds, ni les bombardiers
moyens, en effet, n'ont pu entrer en
action, alors que les Allemands, qui
utilisent des types d'appareils plus lé-
gers, ont été moins entravés par les
conditions atmosphériques défavorables.
Tandis que la bataille faisait rage
dans le secteur de la tête de pont, la
S'armée lançait une série d'attaques'
dans le but d'isoler la ville de Cas-
sino. Dans la nuit du 17 février, des
troupes alliées, comprenant notamment
des unités hindoues et néo-zélandaises,
ont occupé deux hauteurs du mont San-
Conco, situées au nord et au nord-ouesi
de Cassino, tandis que d'autres forces
de la 51 armée s'emparaient d'une gare
située à 1.600 mètres de la ville en
ruines. Enfin, les Alliés ont progressé
au delà du Rapido. A la suite de ces
avances, Igs Alliés encerclent mainte-
nant Cassino au nord, au nord-ouest, à
l'est et du sud. Aucune information
n'est parvenue sur les combats qui se
déroulent sur la colline de Cassino. On
sait seulement que la situation est con-
fuse dans ce secteur.
Sur le front principal de la 51 ar-
mée, les troupes britanniques ont livré
deux combats dans la région du Gari-
gliano inférieur. Les contre-attaques que
les Allemands ont déclenchées dans ce
secteur ont été repoussées, près du mont
Cernito.
Sur le front de la 8' armée, des pa-
trouilles hindoues ont fait prisonniers
des Allemands qui occupaient une fer-
me située à proximité de Guardiagrepo.
Dans la région montagneuse du front
de la 8" armée, des unités polonaises
ont également fait des prisonniers.
COMMUNIQUE DU G.Q.G. ALLIE
TERRE. — Au cours de la nuit du 17
février, les forces de la ;)e armée se sont
emparées, après de durs combats, de
deux crêtes fortement défendues à l'ouest
de Monte Cassino. Des unités néo-zélan-
daises et hindoues prennent part aux at-
taques dans ce secteur du front.
Dans un autre secteur du front prin-
cipal de la 5e armée, plusieurs contre-
attaques ennemies ont été repoussées.
Dans le secteur de la tête de pont
d'Anzio, la Wehrmacht continue à lan-
cer des troupes et des chars contre les
positions britanniques et américaines.
L'adversaire a subi de lourdes pertes. Les
lignes alliées sont intactes, et plusieurs
contre-offensives locales déclenchées par
les Alliés ont été couronnées de ruccès.
Sur le front de la 8e armée, activité de
patrouilles. Les formations polonaises
ont fait des prisonniers.
AIR. — Au cours de la journée d'hier,
les conditions atmosphériques défavora.
bles ont limité l'étendue des opérations
aériennes. Cependant, des bombardiers
légers ont attaqué des concentrations de
troupes ennemies à Carrocetto et à Sez.
ze. Les chasseurs alliés ont patrouillé
sans arrêt au-dessus de la tête de pont
d'Anzio. Des bombardiers moyens ont
exécuté un raid contre les docks de Cas-
iiglione.
Durant la nuit du 18 février, l'avia-
tion de bombardement de nuit a conti-
nué ses attaques contre les communica-
tillns allemandes au nord d'Anzio. Au
cours de toutes ces opérations, S avions
ennemis ont été abattus. Un appareil al-
lié est manquant.
La M.A.A.F. a effectué hier 300 sorties
environ, tandis que la Luftwaffe en fai-
sait une centaine au-dessus de la région
de la tête de pont.
MER. — Le feu des canons des navi-
res alliés continue à appuyer l'action
des troupes anglo-américaines dans le
secteur d'Anzio.
Au cours de la nuit du 17 février, îles
vedettes lance-torpilles de la marine
américaine ont intercepté des destroyers
ennemis ou des poseurs de mines appro-
chant au nord de Caprala. Les Vedettes
ont attaqué à la torpille; mais les ré-
sultats n'ont pu être observés.
Dans le secteur
de la tête de pont d'Anzio
les tanks britanniques
et l'infanterie allemande
sont engagés
dans une féroce mêlée
annonce la B.B.Ç.
Londres. — Dans une dépêche parve-
nue hier soir du secteur de la tête de
pont au sud de Rome, Vaughan Thomas,
reporter de la B.B.C., déclare qu'il n'y
a pas eu d'accalmie dans les furieuses
et sauvages attaques ennemies, notam-
ment dans le secteur de la route Anzio-
Albano. « C'est un véritable assaut total,
câble-t-il, auquel les fantassins britan-
niques et américains opposent une ré-
sistance acharnée. La plus dure bataille
se déroule sur une bande de terrain
d'une superficie de près de deux kilo-
mètres carrés. Dans cet étroit secteur,
sous des grêles d'obus, les tanks bri-
tanniques et l'infanterie allemande sont
engagés dans une féroce mêlée. Les Al-
lemands n'ont pas encore fait entrer en
action le gros de leurs blindés et on
s'attend à une prochaine rencontre de
chars. »
Le général Juin ,
ordonne la création
d'un centre de repos
pour les soldats
les plus éprouvés
Front d'Italie. — Le général Juin
vient de prendre une décision qui sera
hautement appréciée de tous nos com-
battants des premieres lignes : Il a or-
donné la création d'un centre de repos
où les soldats les plus éprouvés par
cette guerre sans merci à travers les
montagnes sans fin bénéficieront, pour
quelques jours, dans la tranquillité et
le confort, d'un régime régénérateur.
Le chef du corps expéditionnaire
français a choisi un séjour très riant
dans une petite ville où les eaux de la
mer retentissent sur des rivagès pleins
de soleil. Comme l'a déclaré aujour-
d'hui un officier supérieur de l'état-
major français, le but recherché par le
général Juin est de c faire changer
de climat les hommes les plus dure-
ment touchés ». Tous ceux qui ont
héroïquement payé de leur personne et,
parmi ceux-là, au premier rang, les gars
des compagnies de fusiliers voltigeurs,
vont pouvoir retrouver une grande par-
tie de leurs forces dépensées là-haut
à « grignoter le boche ».
LES FINALES AU TOURNOI INTERALLIE
En un round, Marcel Cerdan
a confirmé sa supériorité
Kouïdri, déclaré battu, s'est montré l'égal
de son adversaire Cisneros
Le temps qui sévit depuis une semaine
eùt découragé plus d'un organisateur et
interdit, en temps normal, toute mani-
festation sportive en plein air. Mais nos
Alliés ont de la suite dans les idées.
Ils ont exécuté scrupuleusement leur
programme établi par eux depuis des se-
maines et c'est ainsi que, malgré vents.
et marées, s'est terminé, hier soir, au
stade de Saint-Eugène, le tournoi in-
terallié.
Le public algérois, sentimental et spor-
tif, répondit dans la même mesure. Pen-
dant de longs quarts d'heure, devant
le tourniquet du stade, ce fut la cohue.
Sur les trottoirs, aux civils, des mili-
taires distribuaient des billets d'entrée.
On piétinait et tout cela sous une
pluie battante.
Aux autres portes, un contrôle sé-
vère. Comme si les places avaient été
à vingt-cinq louis. Ce fut tout de même
une grande soirée populaire. Le pékin
s'était mêlé à la troupe. Dans la tri-
bune officielle, pavoisée aux couleurs des
Nations Unies, de nombreux officiers su-
périeurs entouraient le général Dewinck.
Salério éliminé
La réunion débuta. Salério, qui avait
remis les gants pour la circonstance, dut
s'incliner devant Marshall Riga à la suite
d'un combat au cours duquel Salério se
comporta honorablement. Nouvelle dé-
faite française enregistrée sans grosse dé-
ception, car si on savait l'ancien cham-
pion de France courageux et de classe
nul n'ignorait qu'il n'était plus remonté
sur un ring depuis longtemps.
Kouidri l'est aussi
Entre deux combats, des flots d'har-
monie semblent avoir chassé la pluie.
Au ciel pointent quelques étoiles. Puis
apparaissent Omar Kouidrl et Cisneros.
On s'attendait à un combat acharné. Il
le fut de bout en bout. Les deux cham-
pions boxent dans le même style. Mais
Cisneros joue par trop au pousse-pousse.
Et pousser n'est pas boxer. Dans les
échanges toujours violents, Kouidri tou-
che le plus souvent et juste. Il esquive.
Mais Cisneros est déclaré vainqueur. Les
deux Juges étaient anglais. L'arbitre,
Jack Scharkey. Après l'annonce du verdict
l'ex-champion de France eut un petit
haussement d'épaules. Comment l'inter-
préter ? Mais nous l'avons dit hier. Ne
pleurons plus. Omar Kouidri s'est bien
battu. Il a fait plaisir à ses chefs, à
son manager, à ses amis. Cette défaite
ne figurera pas à son palmarès. Un
combat de 6' ne compte pas pour un
professionnel. Vous dites qu'il n'aura pas
de ceinture ! ! I
Un nouveau k.o. de Cerdan
Et voici le champion d'Europe. Du froid
on sent moins les morsures. Ça réchauffe
de savoir qu'il va tout venger. Et, de
fait, notre Marcel, bien décidé à vain-
cre, fonce sur son adversaire. Joë de
Martino. L'Américain se courbe sous les
coups. Marcel continue, frappe sans ar-
rêt. Son adversaire est blessé. Il titube.
Il vient d'être compté pour neuf. Il se
se relève. Un de ses soigneurs monte sur
le ring en même temps que retentit le
coup de gong. Marcel est vainqueur par
k.-o.
Les combats se poursuivent. Le der-
nier terminé, on procède à la remise des
ceintures. Puis les spectateurs quittènt
le stade. Quelques-ms Ironisent. « On
n'a pas été volé. » Ce n'est peut-être pas
l'avis d'Areskl. Merci tout de même à
N.A.T.O.U.S.A.
L.B.
Le procès des tortionnaires
v dHadjerat-M Guil
L'interrogatoire des accusés
y , -./
s est terminé hier
Les charges s'accumulent contre Finition
mais les débats démontrent en outre
l'incurie des chefs et la bestialité des sous-ordres
L
'AFFAIRE des tortionnaires d'Ha-
djerat-M'Guil a créé une atmos-
phère pénible et lourde au tra-
vers de laquelle la vérité fil-
tre lentement.
Les accusés ont employé les moyens
de défense classiques. Les uns ont nié
et mis en doute la déposition des té-
moins — des témoins qui se mêlent
un peu trop souvent au public — les
autres ont accablé leurs victimes, en-
fin tous se sont accordés pour accu-
ser le chef du camp.
Ce qui est symptomatique, c'est que
ces tortionnaires ne semblent pas avoir
réalisé l'atrocité de leurs forfaits.
Mosca raconte des scènes d'horreur.
Il parle de la mort de Pozas et des
détenus Kyroudis et Alvarez, mala-
des et achevés sur leur lit par Fini-
dori.
Le président demande alors à Mos-
ca si, devant de telles brutalités, rien
ne s'est révolté en lui. Et Mosca a un
geste vague. Non, en effet, rien n'a ému
cet homme.
Et l'on a l'impression que ce procès des
tortionnaires d'Hadjerat-M'Guil amor-
ce un autre procès, celui des horribles
traditions qui, dans les prisons et les
camps de détenus, veulent que les châ-
timents corporels amendent la menta-
lité des prisonniers. On a trop toléré
ces pratiques qui n'ont été désavouées
timidement que devant la mort des tor-
turés.
'Quand Sellier avoue : c Je n'étais
pas dans l'ambiance », on comprend
quelle était cette ambiance !
Le drame d'Had 'ierat-M'Guil est l'a-
boutissement d'autres drames qui sont
restés ignorés et impunis.
Tous les prévenus ne sont certes
pas perfectibles, mais il faut qu'à l'ave-
nir le personnel disciplinaire se per-
suade — ou qu'on le persuade — qu'on
ne peut rien espérer d'un homme quand
on le traite par la matraque et le bouil-
lon salé.
A. K.
L'interrogatoire des accusés
L'audience d'hier du procès d'Hadjerat
a été consacrée à la fin des interroga-
toires. Il ressort des déclarations des co-
accusés, et surtout de celles de l'adju-
dant Mosca, que Finidori s'est révélé dans
toute cette affaire comme le mauvais
génie du camp. Exigeant pour ses su-
bordonnés, dur envers les détenus, il
n'hésitait devant aucun moyen pour ar-
river de façon inhumaine à obtenir le
maximum de travail du personnel placé
sous sa surveillance.
Finidori était sévère aussi, dit-on, pour
lui-même, s'astreignant à une discipline
personnelle rigide, couchant sous la tente
pendant tout un hiver, parcourant les
chantiers le jour pour en activer le ren-
dement. Il fut cruel, méchant à l'ex-
trême et c'est encore à cette audience
d'hier un exposé pitoyable de ses agis-
sements dont plusieurs de ses collabo-
rateurs ont été les complices qui vient
ajouter à son cas de nouvelles charges.
Le surveillant Cellier
C'est d'abord le surveillant Cellier qui
est interrogé.
Cellier répond aux questions du prési-
dent Ohlmann de façon claire et quel-
quefois imagée propre aux Méridionaux.
Il est originaire des Saintes-Marie-de-
la-Mer où il est né le 14 août 1904.
Ancien garde républicain. 11 est actuelle-
ment mécanicien au Méditerranée-Niger,
à Oujda. Il servait au camp d'Hadjerat
au titre civil.
Il est inculpé de violences commises
par fonctionnaire sans motif légitime.
On lui reproche d'avoir maltraité le
détenu Blau en le bousculant violemment
ainsi que les nommés Levinstein, Bie-
nenstock et Jacobowicz. De plus, il aurait
contribué à la mort de Bienenstock, Naza-
rian. Moreno et Marchai.
Aux questions du président, il répond
n'avoir vu Moreno que lors de son ar-
rivée au camp et n'avoir pas connu Bie-
nenstock, réponses en contradiction for-
melle avec ses précédentes déclarations.
Il reconnaît avoir battu Blau et Na-
zarian, mais nie en ce qui concerne le
détenu Marchai. Il ne se rappelle plus
les motifs de ces violences.
Quant à Nazarian, il lui a appliqué
deux gifles c malgré son état lamenta-
ble et écœurant », d'après sa propre ex-
pression.
Sur une question lui demandant s il
est vrai que Nazarian mangeait des ser-
pents, il répond : « Les sergents n'étaient
pas si nombreux au camp ».
Il faut croire que la nourriture ne
l'était pas non plus 1
Lau, d'après lui. était paresseux, de
mauvais exemple et volait ses camara-
des.
Cellier reconnaît avoir bu en dehors
des heures de service. pour oublier
dit-il.
Interrogé sur Riepp, il dit que ce der-
nier était dur et brutal et qu'il maltrai-
tait les internés.
— Finidori était également brutal et
sec et je l'ai vu battre une fois un inter-
né avec sa canne.
Il avait reçu des ordres de Finidori
pour activer le travail de son chantier.
— Il me faut des briques en pagaye,
lui avait dit Finidori. Il faut que ça
marche.
— J'ai fait marcher, ajoute Cellier.
Au sujet de l'adjudant Dauphin, il
précise que celui-ci s'occupait forcément
un peu de la discipline, mais qu'il ne
l'avait jamais vu battre un homme quel-
conque de son chantier.
— Le travail était rigoureux au chan-
tier, dit-il, les briques pesaient 9 kilos
et les hommes devaient les porter sur
une distance assez grande par deux et
quelquefois trois.
Le président Ohlmann. s'adressant au
lieutenant Santucci. lui demande des ex-
plications sur la distribution de la nour-
riture.
— Elle était suffisante : 500 grammes
de pain et le matériel était assez impor-
tant pour assurer la distribution.
Le surveillant Dotti
Dotti Arturo, qui est appelé ensuite,
est né le 22 octobre 1900 à Aviglino
(Italie). Il est chef cantonnier à Adrar
et était surveillant à titre civil à Ha-
djerat.
Il est inculpé de violences sans motif'
légitime et voies de fait. Il a battu à
coups de pied le détenu Rasmassens èt
à coups de matraque le nommé LœvL
Il s'acharna sur Levinstein qui devait dé-
céder par la suite.
Il reconnaît avoir bousculé des inter-
nés, mais ne les a, prétend-il. Jamais
frappés.
— Je criais beaucoup, dit-il, mais Qft
brutalisais pas.
Quant à Levinstein, il l'a eu une seule
fois dans son chantier.
— Ce dernier était paresseux et J'étais
obligé de l'activer avec une baguette.
Mais ce n'est pas le même Levinstein
qui est mort cinq mois après à la suite
de mauvais traitements.
Sur une question de l'avocat défen-
seur, Dotti dit qu'il n'a jamais vu Dour-
menoff frapper un travailleur. Pour ne
pas être en reste, Dourmenoff en dit
autant de son coaccusé.
Pour terminer. Dotti ajoute :
— J'avais ordre de Finidori de faire
activer les travaux. J'étais mal vu de
Finidori qui se montrait très dur pour
moi et mes hommes. Fais-mol marcher
ces salopards, m'a-t-il dit un Jour. Qu'ils
crèvent. Je m'en fous.
Interrogé sur Santucci, il répond :
— Il venait le matin au chantier et
je ne l'ai jamais vu battre.
Adjudant de goumiers Mosca
L'adjudant assurait la garde du camp
et empéchait les évasions.
Mosca est né le 13 septembre 1904 à
Letia (Corse). Il est adjudant à la mi-
lice-saharienne, à Colomb-Béchar, et sert
à titre militaire.
Il est inculpé d'assassinats, violences
sans motif légitime ou complicité.
Le président lui pose une première
question.
— Cinq témoins affirment que vous
avea porté des coups à Pozas.
— C'est faux.
Et il expose longuement les circons-
tances de l'affaire Pozas au cours de
laquelle Finidori a rossé le détenu Lo-
pez à coups de matraque.
« J'étais en pleine sieste quand on est
venu me prévenir et j'ai trouvé Pozas
gisant à terre dans sa cellule. C'est
tout ce que je sais. »
Le président. — Et sur Moreno ?
— Je n'ai vu Moreno qu'à son arrivée
à la gare quand Finidori donna l'ordre
de le conduire au camp accompagné
de deux de mes goumiers. C'est le len-
demain que j'ai su que Moreno avait
passé la nuit avec les menottes. Je
n'ai revu de lui que son enterrement
quelques jours plus tard.
Il donne ensuite quelques explications
sur une triple évasion où les fuyards
furent blessés par les goumiers poursui-
vant, d'ailleurs après les .sommations-
d'usage. Lui n'est arrivé sur les lieux
en compagnie de Saatucci que quelques
minutes après.
Santucci confirme ces paroles.
Dotti cite le cas de deux détenus Ita-
liens qui avaient été envoyés au camp,
l'un pour crime, l'autre pour viol. « Ils
ne sont pas morts ceux-là, dit-il ».
— « Heureusement », lui répond le
président.
— Il accuse Finidori d'avoir frappé
deux punis de prison à coups de pied
parce qu'ils ne se levaient pas assez
vite au commandement de' « çarde à
vou £ ». Tous deux étaient malades et
très affaiblis. J'ai fait un rapport sur
ces faits et des sanctions ont été pri-
ses.
Le colonel Lupy
Le colonel JjUpy qui assumait la sur-
veillance des camps avait ses bureaux
à Alger au Gouvernement général. Il fai-
sait des inspections suivies de rapports.
Lupy Félicien-Pierre, né le l*r mal
1885 à Oued-Taria (Oran), est actuelle-
ment colonel en retraite et habite Alger.
Il est Inculpé d'homicjde involontaire.
On lui reproche de n'avoi; fait flue des
Inspections illusoires et au cours de ses
Inspections, de s'adonner aux plaisirs
de la chasse.
Le colonel Lupy explique comment 11
effectuait ses tournées d'inspection, ar-
rivant toujours à l'improviste, la plu-
part du temps avec un train de mar-
chandises.
c Les incidents, objet du procès, se
sont produits entre deux inspections.
On ne m'en a pas été rendu compte. »
Il explique ensuite comment furent
créés les camps de travailleurs étran-
gers au temps du gouverneur général.
Abrial.
— Mais pourquoi avait-on constitué
ces groupements de travailleurs, de-
mande le président. C'était tout à fait
anormal. On n'a pas le droit d'envoyer
aux travaux forcés dès gens qui, non seu-
lement étaient innocents mais avaient
servi la France. D'où venaient les or-
dres ? Du Gouvernement général ?
Lupy. — Non. ils venaient plutôt de
Vichy. Du ministre Pucheu, je crois.
Le président. — C'est-à-dire de l'Alle-
magne, n'est-ce pas.
Lupy précise ensuite les efforts, qui
ont' été tentés depuis pour l'améliora-
tion des conditions de vie.
« Moi même, au cours de mes visites
je parcourais entièrement les camps et
leurs chantiers et m'intéressais spéciale-
ment aux cuisines. »
Le président lui demande s'il inter-
rogeait les internés.
- Oui.
— Mais vous alliez à la chasse î !
- Oui, mais lorsque mon séjour com-
prenait un dimanche.
Le président demande ensuite s'il n'é-
tait pas informé de ce qui se passait.
— Je n'ai jamais reçu de rapport ou
du moins le service du travail au Gou-
vernement général ne me les a pas trans-
mis.
Le colonel Viciot adressait ses rapports
au colonel Liébrey qui devait Ils trans-
mettre.
Au sujet des plaintes formulées par
des internés, le colonel Lupy répond :
— Je ne les ai jamais reçues. Elles
ont dû être interceptées, sinon J'aurais
fait le nécessaire.
Le président. — Est-ce que le comp-
table ne vous envoyait pas régulièrement
un contrôle nominatif du camp ? Vous
auriez dû vous apercevoir qu'il y avait
des manquants ?
Lupy. — Les morts ont eu lieu après
le mois d'août et J'étais en période d'ins-
pection dans une autre région.
D. — Est-ce que vous avez l'impression
que Viciot était bien au courant de ce
qui se passait à Hadjerat ?
R. - Non.
Il est ensuite question de l'achemi-
nement de la correspondance. Une cen-
sure était exercée par Oger, adjoint au
commandant Viciot. Plus de deux cents
lettres ont été retrouvées, qui avaient
été interceptées !
Le colonel Lupy, qui se défend tout
en laissant de lourdes charges peser sur
le colonel Viciot et le lieutenant San-
tucci, n'a pas pu, en résumé, se laver
des suspicions qui l'accusent de négli-
gence dans son service d'inspecteur mal-
gré qu'il prétende que ses subordonnés
le laissaient dans l'ignorance des évé-
nements.
Après ce dernier interrogatoire, M8
Nicolas, défenseur de Lupy, fait préci-
ser que les inspections n'étaient pas Il-
lusoires.
Puis Santucci affirme que les livres
comptables du camp ont été volés par
Schnek. un des témoins.
L'audience est levée à 12 h. 30 et ren-
voyée à lundi matin, 9 heures.
F. C.
« Le président Roosevelt
se déclare mobilisé
pour la durée de la guerre »
New-York. — Interviewé aujourd'hui
par des Journalistes, le sénateur Claude
Pepper a déclaré que le président Roo-
sevelt lui avait confié « qu'il était fati-
gué et voudrait rentrer chez lui, mais
que, comme n'importe quel autre ci-
toyen américain, il était mobilisé pour
la durée de la guerre. »
Le sénateur Pepper a ajouté : « Je
suis certain que si le président était
réélu aux prochaines élections, et si la
guerre finissait peu après, il donnerait
aussitôt sa démission pour retourner t
ses occupations privées. 8
20, rue de la Liberte, Alger. lél. 373-80, 81, 82. Adr. télégr. s
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Tél. 352-82, 83 (Concessionnaire Agence Africaine)
DIMANCHE
20
FEVRIER
1 1944
1338 ANNEE
N* 12.21*''
!
A condition qu'ils reçoivent des armes
Les résistants de France
peuvent immobiliser
dix divisions allemandes
lors du débarquement des Alliés
estime M. Raymond AUBRAC
représentant du Comité central de la Résistance
à I/Assemblée consultative
Londres. — Interviewé à son &rrivée
à Londres par Pierre Jeannerat., rédac-
teur de l'A.F.I., M. Raymond Aubrac,
qui vient de s'évader des prisons de
Lyon et que le Comité central de la ré-
sistance a désigné pour le représenter
à l'Assemblée consultative d'Alger, a
donné quelques précisions sur la situa-
tion en France.
, La tension en France
« La tension croit chaque jour da-
vantage entre les troupes d'occupation
et les Français, a-t-il dit notamment.
En dépit de leur force, les Allemands ont
peur. Une nouvelle phase de la lutte a
commencé.
A Paris
A Paris, les officiers et les hommes de
la Wehrmacht ne sortent plus dans les
rues qu'armés jusqu'aux dents. Tous les
bâtiments occupés par l'ennemi sont en-
tourés de barbelés. On a fait monter des
canons au premier étage de l'hôtel Cril-
lon et dans l'ancien Ministère de la ma-
rine. place de la Concorde.
S'ils reçoivent des armes
les patriotes pourront immobiliser
une dizaine de divisions allemandes
Les résistants de France pensent pou-
voir immobiliser une dizaine de divisions
allemandes à l'intérieur du pays au mo-
ment du débarquement des Alliés, à con-
dition toutefois qu'ils reçoivent les ar-
mes qui leur sont nécessaires.
Les patriotes se battent
au milieu de nombreuses
difficultés
Et en terminant, M. Raymond Aubrac
déclare : « Mes camarades veulent qu'on
sache à l'étranger au milieu de quelles
difficultés ils doivent se battre. Il ne
faut pas oublier, en effet que les Alle-
mands exécutent en moyenne 20 pa-
triotes par jour. »
De Tarente à Ortona-ad-Mqre
En suivant les traces
victorieuses de la 8e armée
Chez les Canadiens français
j'ai retrouvé les traditions de nos vieilles provinces
Par notre correspondant de guerre"
en Italie Robert RAYMOND
Aux portes de Tarente, mon camarade
Maurice Tissier et moi, avons retrouvé 1
les traces puis les hommes de la 8e ar-
mée britannique. Ensuite, par l'itinérai- 1
re Brindisi, Bari, Foggia, Termoli, Vas-
to, San Vito, j'ai pu mesurer l'effort de
soldats qui ont eu à vaincre l'Italien et
l'Allemand dans un pays propice à la
défensive.
En remontant la côte de l'Adriatique,
on parcourt un pays de hautes plaines
plantées d'oliviers, ou de cultures ma-
ralchères près des villes. La vaste éten-
due de Foggia, avec ses nombreux
champs d'aviation, demeure le centre
aéronautique des Alliés. L'importance de
Foggia n'est un secret pour personne. Le
général Eisenhower, lors de sa dernière
conférence de presse en Italie, avait at-
tiré notre attention sur la nécessité vi-
tale de couvrir d'aérodromes cette zone,
base de départ privilégiée peur les opé-
rations sur le c Mittel Europa ». Quant
au front d'Italie ou celui des Balkans,
11 suffit d'un coup d'aile.
La 8* armée, en prenant la plaine de
Foggia, puis en poursuivant jusqu'au de-
là d'Ortona, après le bond de Termoli
a satisfait amplement le plan de cou-
verture du général Eisenhower.
Rome conquise, la 8e armée poursui-
vra-t-elle encore après Pescara ?
La route, à partir de Bari, traverse
une multitude de ravins encaissés où
coulent des rivières impétueuses ou len-
tes. Pays coupé de lignes de collines
presque parallèles contre lesquelles il
faut déclencher des attaques frontales
tout au long des cours d'eau pour en-
lever l'autrè série de crêtes, celle qui
s'étend à 8 ou 900 pieds d'altitude à
quelque 2.500 mètres de là. La route
suit les croupes et va chercher les ponts
dans le fond des ravins. Le boche les
a tous fait sauter ces ponts, méthodi-
quement. Et les ponceaux aussi. Et les
murs de soutènement également. Les
pionniers.et les ingénieurs de la 8. ar-
mée les ont tous rétablis avec soin, avec
méthode. Je n'ai jamais vu, sur 150 ki-
lomètres, autant de ponts, dont l'un.
orgueil du génie, dépasse 280 mètres.
je ne pensais pas rencontrer de vil-
lages aussi parfaitement ruinés que Car-
dito, Cerasuolo ou San Elia du front
français. Mais Ortona ! Ortona est plus
détruit que les plus détruits ! Pas un
pan de mur intact.
Et une fois de plus, cette nuit enco-
re, les pierres ont été pulvérisées par
l'artillerie ennemie. En passant, ce ma-
tin, des soldats s'amusaient à faire tom-
ber à coups de cailloux, une cloison de
briques en dentelle festonnée. Mais les
miracles des objets épargnés ne surpren-
nent plus. A peine ai-je noté l'abat-
jour intact sur une table à trois pieds
près de la cage accrochée avec son cana-
ri most de faim. à peine remarque-t-on
la maison qui a perdu sa façade et celle
qui n'a plus que sa façade. Pourtant les
églises éventrées choquent toujours. Ain-
si à Ortona. toute spiritualité a fui de
la cathédrale par un porche béant dans
le chœur pour laisser le grand soleil
s'appesantir crûment sur l'art affligeant
de statues de plâtre aux couleurs vio-
lentes.
Comme la plupart des villages du sud
de l'Italie, entassés sur les crêtes, Or-
tona masse ses maisons sur un promon-
toire dominant l'Adriatique. Quelle dure
bataille sur le fleuve Moro ! Pendant
quatre jours on s'est battu avec fureur
pour Ortona, puis dans Ortona. Là plus
qu'ailleurs la bataille de rues a marqué
les maisons. Dans les réduits que l'artil-
lerie n'a pu atteindre, le' fantassin a
attaqué grenades en mains : chaque
édifice, chaque maison en garde l'em-
preinte.
Face au nord, face aux lignes alle-
mandes, le cimetière du village aligne
ses tombeaux et ses cyprès. Des tombes
surmontées d'un casque s'échelonnent à
l'extérieur du mur : on sent que les
compagnons des morts, tués en action,
« killed in action », les ont creusées
là, hâtivement, à l'abri des mitrailleu-
ses ennemies. Sur la pente sud, on a
réuni, à l'ombre des oliviers, d'autres
tués d'Ortona. Une simple cérémonie
consacra, hier, leur dernier lieu de re-
pos. Sur les croix, des noms dr once,
des noms de notre terroir. Dc; ; de
Canadiens français des noms na-
diens anglais aussi.
Faire connaissance des vivants par les
morts, quelle belle leçon d'histoire digne
de ces frères par le sang que nous
cvions, nous, un peu oublié dans leur
lointain Canada. Eux dont la devise :
» Je me souviens. s'inscrit sous la fleur
du lys d'or, ont pris les armes pour
rendre la liberté à ce pays dont ils ont
obstinément voulu rester les fils spiri-
tuels. Celui qui m'accompagne a un
nom de la Côte-d'Or, un accent bourgui-
gnon et un beau visage de paysan du
Beaujolais.
« Si je vois le village de Montigny
près de Dijon, je serais le premier de ma
famille à retourner au pays que les an-
cêtres ont quitté en 1634. En 1914, mon
oncle a été tué avant d'y parvenir..
Son compagnon, lieutenant également,
a rendu visite aux parents de sa mère,
en lAJA.
Mais je parlerai des hommes plus tard.
Aujourd'hui, parcourons leur secteur de
combat, leur champ d'action. Après Or-
tona, le pays devient encore plus cou-
pé, toujours par ces torrents parallèles
et perpendiculaires à la côte, qui ont
creusé le sol argileux de ravins pro-
fonds. La plupart recueillent leurs eaux
sur les pentes du Monte Amaro qui,
énorme, à 25 kilomètres, barre l'ouest
du haut de ses 2.795 mètres.' Il neigeait
hier à Termoli, Vasto. San Vito et Or-
tona. Le Monte Amaro est tout blanc
très bas. Le ciel s'est éclairci sous un
violent vent d'est glacé déjà par les
Karpathes et les monts d'Albanie. L'A-
driatique s'agite, gris et blanc, en tem-
pête. Toute action aérienne est suspen-
due. Sur terre, « activité de patrouil-
les ».
Les Canadiens eux-mêmes ont froid.
Nous les verrons plus tard au combat,
quand la neige fera place à la boue,
quand les torrents cesseront de mugir,
quand l'infanterie pourra sortir de ses
trous.
Le 26* anniversaire
de l'armée rouge
M. Félix GOUIN
président
de l'Assemblée consultative
adresse ses félicitations
au président Kalinine
et au maréchal Staline
Alger. — A l'occasion du 26- anniver-
saire de l'armée rouge, M. Félix Gouin,
président de l'Assemblée consultative pro-
visoire, a adressé des télégrammes à
M. Kalinine, président du Soviet suprê-
me, et au maréchal Staline, leur expri-
mant en son nom personnel et au nom
des membres de l'Assemblée consultative
provisoire son admiration et ses félici-
tations pour avoir forgé une armée aussi
fortement trempée et l'avoir animée d'un
esprit de sacrifice total pour la défense
de la liberté des peuples et pour l'ex-
termination du nazisme.
DERNIÈRE MINUTE
Les prochaines 24 heures
seront décisives
dans le secteur de la tête
de pont
et à Cassino
câble Ronald Campbell
Londres. — Ronald Campbell, corres-
pondant particulier de l'agence Reuter
auprès de la 5" armée en Italie, câble:
« Les observateurs militaires estiment
que, dans le secteur de la tête de pont
et à Cassino, les événements qui se pro-
duiront au cours des prochaines vingt-
quatre heures seront décisifs. Les unités
d'infanterie et de chars massées par le
maréchal Kesselring font, en effet, ac-
tuellement, une tentative suprême pour
arracher aux Alliés leurs positions sur
la tête de pont. >
Après avoir franchi l'Isonzo
en Italie du nord
LES YOUGOSLAVES
ont engagé
de durs combats
avec les Allemands
près d'Udine
Une formation avance
en direction de GORITZA
Frontière yougoslave. — Les unités
do partisans qui ont pénétré en Italie
et franchi le iieuve Isonzo, sont a pré-
sent engagées dans de durs combats
avec les Allemands, près d'Udine.
Au cours de violents combats qui se
sont déroules dans les montagnes à pro-
ximité de la frontière italienne, les uni-
,té3 du maréchal Tito ont mis en dé-
route une forte colonne allemande.
D'autre part une formation yougosla-
ve est signalée de l'autre côté d3 la
frontière, avançant en direction de Go-
ritza.
En Bosnie occidentale, nos troupes ont
repris deux villes dont BGgojno, de
nombreux soldats allemands ont été
trruvés morts de froid sur les champs
d-3 bataille.
Do farouches combats se poursuivent
en Slovénie, entre Ljubljana et Ko-
cevje, et en Croatie, prés de Ludbreg,
où une garnison allemande a été anéan-
tie.
La neutralité
espagnole
est un leurre"
écrit un journal soviétique
Moscou. — Le journal « La guerre
e* la classe ouvrière » attaque violem-
ment le général Franco. » Ú" neutrali-
té espagnole, déclare le journal, est un
leurre, grâce auquel Franco espère sor-
tir de cette guerre avec les pieds secs.
» Quoi qu'il arrive, les peuples d'Eu-
rope veilleront à ce qu'il n'en soit pas
ainsi ».
Au nord-ouest des Marshall
Les fusiliers marins américains
ont débarqué dans l'atoll de Eniwetok
Aux Carolines, l'attaque contre Truk se poursuit
Pearl-Harbour. — Sous le commande-
ment du contre-amiral Turner, qui diri-
gea précédemment le débarquement des
forces alliées dans l'ile Wajalein, les fu-
siliers marins américains ont débarqué
hier et établi des têtes de pont dans
l'atoll de Eniwetok, situé au nord-ouest
du groupe des Marshall et à environ
640 kilomètres au-delà de Wajalein. Cet-
te nouvelle opération a été appuyée par
l'aviation et par de nombreux navires
de guerre.
L'attaque contre Truk se poursuit. Des
forces très importantes sont engagées
comprenant des porte-avions du type le
plus récent.
Au large de l'archipel Bismarck
23 navires japonais coulés
par l'aviation américaine
Melbourne. — Des bombardiers tndyens
américains ont poursuivi leur attaque
contre le convoi japonais qui tentait
d'amener des renforis. aux bases UlM"
mies de l'archipel Bismarck. Attaquant
à faible altitude, les appareils alliés ont
coulé, outre les 6 navires ennemis an-
noncés hier, 9 autres bâtiments, dont tin
gros pétrolier, 6 cargos de 6.000 tonnes,
2 destroyers d'escorte, ce qui porte le
tonnage total nippon envoyé par le fond,
en deux jours, à 36.000 tonnes.
Un nouveau tracé
des frontières
polono-russes
serait proposé
au maréchal Staline
Londres. — Selon l'agence A.F.I., M.
Mikolajzyk, premier ministre du gou-
vernement polonais, aurait soumis à M.
Winston Churchill un nouveau tracé des
frontières polono-russes que le premier
britannique transmettrait au maréchal
Staline.
ISTAMBUL. — Une nouvelle secousse sis-
mique, qui a duré cinq i, secondes, .* tté
ressentie, hier, en Anatolie. On ne signale
aucune victime.
EXERCICE D'ALERTE
jeudi 24 février
dans le département
d'Alger
Communiqué de la Préfecture
Un exercice d'alerte aura lieu le jeudi
24 février 1944 entre 21 heures et 21 h.
15.
Il s'étendra à tout le territoire du dé-
partement d'Alger.
Le début et la fin de l'exercice seront
diffusés par les moyens de transmis-
sions prévus et annoncés à la population
par les signaux d'alerte et de fin d'aler-
te habituels.
En cas de raid aérien pendant l'e-
xercice, le signal d'alerte sera transmis
et donné une deuxième fois.
Il est rappelé que le « black-out » to-
tal doit être observé pendant toute la
durée de l'cxercice sous peine de sanc-
tions sévères.
Par ailleurs, les dispositions de l'ar-
rêté préfectoral du 18 février 1944 pres-
crivant qu'en cas d'alerte les voitures
automobiles auront les phares devant
éteints, que la vitesse sera réduite à li5
kilomètres dans les villes, que les tram-
ways et trolleybus s'arrêteront, les wat-
mans prenant soin d'éviter l'embouteil-
lage de la chaussée, seront appliquées en
cours du présent exercice d'alerte.
Les trolleybus stationneront sur le cô-
té droit de la chaussée, le plus près pos-
sible du trottoir, à un endroit judicieu-
sement choisi, de façon à gêner le moins
possible la circulation.
LA NUIT DERNIERE
La Luftwaffe
a bombardé
Londres
On enregistre quelques dégâts
et un certain nombre
de victimes
Lonres. - Au cours du raid effec-
tué cette nuit par la Luftwaffe sur
Londres, deux bombes ont détruit des
appartements situés au-dessus d'un
magasin. Des incendies ont éclaté et
les grosses conduites de gaz ont pris
feu. On croit que 10 personnes sont en-
sevelies. Il semble y avoir peu d'espoir
de les sauver.
Dans un autre quartier, deux maisons
ont été détruites et d'autres bâtiments
endommagés. Non loin de là, un cou-
vent et une école ont été endommagés.
L'un des quartiers commerçants de la
ville a été également touché.
Le Parlement et Westminster Hall
ont été touchés
sans grands dommages
Le Parlement et Westminster Hall
l'ont échappé belle. Un avion, volant
à basse altitude, lâcha, en effet, au-
dessus d'eux un chapelet de bombes in-
cendiaires. L'une d'elles traversa le
plafond du la grande salle de réunians
de Westminster Hall ; une autre se
logea dansl'angle nord-ouest du bâti-
ment, mais elles purent être rapide-
ment enlevées sans grand dommage.
Plusieurs bomber tombèrent aussi dans
le jardin du Parlement.
Jacques Villesolin
correspondant de guerre de l'A.F.I.
a été tué
Londres. — De Pierre Maillaut, di-
recteur de l'agence A.F.I.
Nous avons le profond regret d'an-
noncer la mort de Jacques VlIlesolin,
tué dans le bombardement de Londres
la nuit du 18 au 19 février. Jacques
Villesolin, correspondant de l'A.F.I. au-
près de la 8e armée, venait de ren-
trer en Angleterre pour participer aux
futures opérations du front occidental
Demain, s'ouvrira à Alger
le premier Congrès médical interallié
Préludant au Congrès médical inter-
allié qui s'ouvrira demain lundi, salle
Pierre-Bordes, M. le professeur Lacroix,
qui en est le secrétaire général, a bien
voulu nous donner hier, au cours d'une
conférence ue press" les quelques pré-
cisions suivantes :
— Le but de ce Congrès, nous a dit
1. professeur Lacroix, est de dévelop-
per. de renforcer et de rendre durables
les relations d'amitié qui lient les na-
tions unies en permettant des contacts
directs entre les personnalités médica-
les et scientifiques, anglaises, améri-
caines, russes et françaises nord-afri-
caines.
Si notie premier pas dans cette voie
n'approche pas la perfection même de
loin, les suivants bénéf'eieront des cri-
tiques méritées que lui feront fran-
chement tous ceux qui désirent le suc-
cès. Le prochain Congrès pourra sui-
vre à deux mois d'intervalle.
— Quel thème principal avez-vous
aropté, comme sujet de nos travaux ?
- Ce Congrès groupe un nombre lm-
3ortant de travaux, intéressant toutes
les branches de la médecine et de la
chirurgie. Mlis il est Incontestable qu'il
t re son unité de la question mise à
l'ordre du jour : le typhus.
Le général Fox (des U.S.A.), a bien
voulu accepter de présenter un rapport.
Les médecins américains et anglais fi-
gurent nor..breux parmi les auteurs de
communications. Les travaux de nos
cor-irères russes ne nous sont pas en-
core parvenus et nous le déplorons vrai-
ment. Les professeurs Benhamou et Lai-
grec, le docteur Grenouilleau, sont les
rapporteurs français.
— Et les autres communications ?
— Elles sont réparties en quatre sec-
tions 1re; fractures, articulations;
2. : Thorax et abdomen; 3" Le crâne,
face, yeux et neurologie ; 4- : Le pa-
ludisme, lapathologie exotique, laderma-
to, syphiligraphie, les maladies infec-
t:euses et de la nutrition.
Grâce au concours de nos alliés, nous
avons pu orgniser une exposition ico-
nographique, dans laquelle figureront
des médicaments, des appareils, des cli-
chés radiographiqu:" des photos et des
grapmques.
L'Alçérie y apporte une contribution
spéciale pour la réunion d'une partie
des publications scientifiques, signées
des médecins nord-africains et des mé-
decins et chirurgiens des hôpitaux et
professeurs de la Faculté d'Alger.
Nous avons aussi tenu à réaliser « les
travaux pratiques du Congrès ». C'est
dans la visite des services hospitaliers
1111ilF et militaires dans Alger et Blida,
Que les congressiste? retrouveront la
c-inique et pourront discuter avec les
chefs de service, et leur demander les
éclaircissements et les précisions désira-
bles.
C'est dans les visites des laboratoires
des facultés qu'ils retrouveront l'at-
mosphère sereine de la lutte de l'esprit
dans la recherche de la vérité scien-
tifique.
A cuarante-huit heures de l'ouver-
ture du Congrès, il restait encore bien
des questions à régler pour que cette
vaste organisation réunisse toutes les
chances de succès désirables.
Comme nous demandions au profes-
seur Lacroix s'il s'occupait depuis long-
temps d'en régler les détails,
— Il y a, nous répondit-il, moins
d'unf semaine que j'ai été prié d'en
assumer la change. C'était un devoir.
Hals j'ai trouvé partout d'utiles con-
cours, chez nos alliés Américains, An-
g ais. Russes et dans toutes les branches
de 1 activité civile et militaire fran-
çaise.
> Sans modestie, je vous assure que
c'est à ces concours que revient tout
le mérite de ce qui sera bien. Pour le
surplus j'en accepte l'entière respon-
sabilité. »
Voici le programme de la première
j lurnée du Congrès médical interallié,
Lundi 21 février, salle Pierres-Bordes,
ouverte aux congressistes à 8 h. 45 du
matin. Séance inaugurale à 9 h. 30.
Discours de M. le Commissaire à la,
ianté pvDlique Tixier ; discours de
M. le recteur Laugier ; allocution de
M. le représentant de l'Angleterre ;
allocution de M. le représentant des
U.S.A.; allocution de M. le représentant
de l'U.R.S.S. Avec le concours de l'Army
Band.
A 11 neures séance de travail :
Typhus.
Présidence MM. : le professeur Ser-
gent (F.); le médecin inspecteur général
Valande (F. ); le brigadier général Bo-
land (A.); le colonel Perrin Long (U.
<3.A.l; N. (U.R.S.S.).
Interprète : M. le professeur Pruvost.
Rapports de MM. le brigadier géné-
ral Fox (U.S.A.); le professeur Benha-
mou (F.).
Soir, séance du travail : Typhus.
Présidence MM. : le doyen Musso
IF.I, le professeur Blanc IF.), le co-
lonel Young (A. i. le colonel Stone (U.
S.A.), N. (U.R.S.S.).
Interprète : M. le professeur Pruvost.
A 14 h. 30 : Rapport de M. le profes-
seur Laigret.
A 15 heures : Rapport de M. le direc-
teur Grenoilleau.
A 15 h. 30 : Communications et dis-
cussions.
A 18 heures: Apéritif d'honneur of-
fert par les U.S.A., hall de la salle
Pierre-Bordes.
AU
MAJESTIC
Jeudi 24 Février, à 20 h. 30
le triomphal succès
GALA DE L'EMPIRE
Location ouverte au Majestic et dans
le hall de la Dépêche algérienne. 1.~
1l 1 Places de 20 à 50 francs -
Le conflit approche
de son issue
écrit le docteur Gœbbels
Berlin. — Dans son article hebdoma-
daire que publie « Das Reich », le doc-
teur Gœbbels s'écrie :
« Le conflit se rapproche à pas de
géant de son issue. Le début de l'an-
née 1944 a été marqué par des événe-
ments décisifs dans les domaines politi-
que et militaire. Désormais, une lutte
d'une importance définitive va s'enga-
ger. Nos ennemis, probablement, vont
tout mettre en œuvre pour abattre l'Al-
lemagne. L'heure approche donc où nous
aurons besoin de nos dernières forces et
où nous serons appelés à consentir nos
derniers sacrifices..
Avançant au sud-ouest de Louga
Les forces du général Govorov
libèrent PLIOUSSA
L'armée du second front
de la Baltique
menace l'important
croisement de DNO
Pskov a été efficacement
bombardé
par l'aviation soviétique
c
E n'est qu'au prix de violents
combats que les troupes du gé-
néral Meretskov ont réussi à
percer la ceinture de défense de
Staraïa-Russa et à pénétrer dans
la ville. Les Allemands ont Itvrc une
bataille acharnée pour conserver cette
forteresse qu'ils occupaient depuis deux
ans et qui constituait le pivot des fronts
de Léningrad et de la Russie Blanche.
Par les prises de Staraïa-Russa et de
Shimsk, les nazis ont été pratiquement
chassés de la totalité des rives du lac
flmen. Les formations du second front
de la Ballique menacent maintenant
Dno, croisement des lignes Léningrad-
Vitebsk et Moscou-Pskov, aux abords
de laquelle, en de nombreux points, se
déroulent de violents combats et déjà
la radio de Berlin prépare l'opinion à
l'évacuation de la ville. Cette nouvelle
offensive soviétique vise à couper la li-
gne de défense allemande de Pskov,
porte d'entrée de la Lettonie.
Plus au sud, les forces affaiblies de
von Marstein attendent, après le désas-
tre de Kanev, le prochain coup des di-
visions russes. La perte des hommes et
du matériel, que von Manstein a sacri-
fiés dans la poche de Kanev, se fera
lourdement sentir dans la défense de
la voie ferrée Odessa-Lwow maintenant
fixposée aux attaques en force des gé-
néraux Vatutin et Koniev, en liaison
avec les généraux Malinovski et Toi-
bukhine qui ont à présent toute liberté
de concentrer leurs forces pour une nou-
velle poussée en direction de Kherson
et de Nicolaïev.
Au sud et au sud-ouest de Louga,
les unités du général Govorov ont oc-
cupé, au cours de leur avance, plusieurs
villages.
Dans la région du Dniepr, les sol-
dats du général Koniev harcèlent les
survivants des divisions allemandes
anéanties à l'ouest de Tcherkassy.
On note ces jours derniers une baisse
sensible de la température qui amé-
liorera considérablement les conditions
de la prochaine offensive.
COMMUNIQUE RUSSE
Moscou. — Au sud-ouest et au sud
de Louga, nos troupes ont avancé en
combattant et ont libéré Plioussa, im-
portante station de chemin de fer, ainsi
que trente localités. Au sud du lac
llmen, des combats offensifs ont permis
de reprendre plus de cent aggloméra-
tions, parmi lesquelles la gare de Ma-
govskaya-Tulevlya.
Dans la journée du 18 février, nous
avons détruit ou endommagé 47 tanks
allemands et abattu 8 avions.
Pendant la nuit du 18 février, d'im-
portantes formations aériennes ont at-
taqué le nœud ferroviaire de Pskov, où
elles ont bombardé efficacement plusieurs
douzaines de trains militaires embou-
teillés aux embranchements. Plus de 80
incendies ont été allumés et ont été sui-
vis par de grosses explosions. Plus de
15 convois ont été vus en flammes.
A la fin du raid, tout le secteur du
nœud ferroviaire était en feU. Des bom-
bes sont également tombées sur des dé-
pôts militaires et sur un hangar d'a-
vions adjacent. Trois de nos avions sont
manquants.
Le gouvernement
finnois
connaîtrait
les conditions
d'armistice
russes
Stockholm. — On précise dans les
milieux politiques que M. Paasikivi est
toujours dans la capitale suédoise et que
seules les personnalités qui l'accompa-
gnaient sent rentrées à Helsinki. On
a maintenant de plus en plus l'im-
pression que le gouvernement finnois
connaît les conditions d'armistice rus-
ses.
Dans le secteur de la tête de pont d'ANZIO
Les troupes du général Clark
contra-attaquant fit réalisent quelques gains
NOUVEAUX PROGRES des ALLIES
A L'OUEST DE MONTE CASSINO
CASSINO EST MAINTENANT
presque complètement encerclée
0
'UN commentateur militaire du
G.Q.G. allié:
Dans le secteur de la tête de
pont au sud de Rome, lesifor-
ces alliies ont fait face, dans la jour-
née de vendredi, aux attaques de gran-
de envergure déclenchées par les Alle-
mands, attaques qu'un officier de l'é-
tat-major allié a définies comme cons-
tituant la plus grande tentative qu'ait
encore entreprise l'ennemi. Celui-ci a,
en effet, mis en ligne au moins quatre
divisions, soit une cinquantaine de mil-
liers d'hommes, ainsi que des unités
blindées. Sur ces quatre divisions, on
précise que deux viennent d'être nou-
vellement engagées, la 114e division
motorisée et la 3' division de panzers,
que le maréchal Kesselring a jetées dans
cette bataille dont le but est, pour
le haut-commandement allemand, de re-
jeter les Alliés qui menacent les ar-
rières de la 10* armée nazie.
Bien que les Alliés, devant la puis-
sance de ces attaques, aient été for-
cés de reculer légèrement dans la ré-
gion de Carroceto, les troupes du géné.
ral Clark ont riposté à leur tour et
ont déclenché une contre-attaque qui,
aux dernières nouvelles, a causé à l'en-
nemi de lourdes pertes et a permis aux
Alliés de réaliser quelques gains. Ce-
pendant, les Allemands continuent à
exercer leur pression en d'autres points
du secteur de la tête de pont.
On signale qu'au cours de la jour-
née d'hier, le mauvais temps a empê-
ché, dans une certaine mesure, l'inter-
vention des aviations adverses, parti-
culièrement celle des Alliés : ni les
bombardiers lourds, ni les bombardiers
moyens, en effet, n'ont pu entrer en
action, alors que les Allemands, qui
utilisent des types d'appareils plus lé-
gers, ont été moins entravés par les
conditions atmosphériques défavorables.
Tandis que la bataille faisait rage
dans le secteur de la tête de pont, la
S'armée lançait une série d'attaques'
dans le but d'isoler la ville de Cas-
sino. Dans la nuit du 17 février, des
troupes alliées, comprenant notamment
des unités hindoues et néo-zélandaises,
ont occupé deux hauteurs du mont San-
Conco, situées au nord et au nord-ouesi
de Cassino, tandis que d'autres forces
de la 51 armée s'emparaient d'une gare
située à 1.600 mètres de la ville en
ruines. Enfin, les Alliés ont progressé
au delà du Rapido. A la suite de ces
avances, Igs Alliés encerclent mainte-
nant Cassino au nord, au nord-ouest, à
l'est et du sud. Aucune information
n'est parvenue sur les combats qui se
déroulent sur la colline de Cassino. On
sait seulement que la situation est con-
fuse dans ce secteur.
Sur le front principal de la 51 ar-
mée, les troupes britanniques ont livré
deux combats dans la région du Gari-
gliano inférieur. Les contre-attaques que
les Allemands ont déclenchées dans ce
secteur ont été repoussées, près du mont
Cernito.
Sur le front de la 8' armée, des pa-
trouilles hindoues ont fait prisonniers
des Allemands qui occupaient une fer-
me située à proximité de Guardiagrepo.
Dans la région montagneuse du front
de la 8" armée, des unités polonaises
ont également fait des prisonniers.
COMMUNIQUE DU G.Q.G. ALLIE
TERRE. — Au cours de la nuit du 17
février, les forces de la ;)e armée se sont
emparées, après de durs combats, de
deux crêtes fortement défendues à l'ouest
de Monte Cassino. Des unités néo-zélan-
daises et hindoues prennent part aux at-
taques dans ce secteur du front.
Dans un autre secteur du front prin-
cipal de la 5e armée, plusieurs contre-
attaques ennemies ont été repoussées.
Dans le secteur de la tête de pont
d'Anzio, la Wehrmacht continue à lan-
cer des troupes et des chars contre les
positions britanniques et américaines.
L'adversaire a subi de lourdes pertes. Les
lignes alliées sont intactes, et plusieurs
contre-offensives locales déclenchées par
les Alliés ont été couronnées de ruccès.
Sur le front de la 8e armée, activité de
patrouilles. Les formations polonaises
ont fait des prisonniers.
AIR. — Au cours de la journée d'hier,
les conditions atmosphériques défavora.
bles ont limité l'étendue des opérations
aériennes. Cependant, des bombardiers
légers ont attaqué des concentrations de
troupes ennemies à Carrocetto et à Sez.
ze. Les chasseurs alliés ont patrouillé
sans arrêt au-dessus de la tête de pont
d'Anzio. Des bombardiers moyens ont
exécuté un raid contre les docks de Cas-
iiglione.
Durant la nuit du 18 février, l'avia-
tion de bombardement de nuit a conti-
nué ses attaques contre les communica-
tillns allemandes au nord d'Anzio. Au
cours de toutes ces opérations, S avions
ennemis ont été abattus. Un appareil al-
lié est manquant.
La M.A.A.F. a effectué hier 300 sorties
environ, tandis que la Luftwaffe en fai-
sait une centaine au-dessus de la région
de la tête de pont.
MER. — Le feu des canons des navi-
res alliés continue à appuyer l'action
des troupes anglo-américaines dans le
secteur d'Anzio.
Au cours de la nuit du 17 février, îles
vedettes lance-torpilles de la marine
américaine ont intercepté des destroyers
ennemis ou des poseurs de mines appro-
chant au nord de Caprala. Les Vedettes
ont attaqué à la torpille; mais les ré-
sultats n'ont pu être observés.
Dans le secteur
de la tête de pont d'Anzio
les tanks britanniques
et l'infanterie allemande
sont engagés
dans une féroce mêlée
annonce la B.B.Ç.
Londres. — Dans une dépêche parve-
nue hier soir du secteur de la tête de
pont au sud de Rome, Vaughan Thomas,
reporter de la B.B.C., déclare qu'il n'y
a pas eu d'accalmie dans les furieuses
et sauvages attaques ennemies, notam-
ment dans le secteur de la route Anzio-
Albano. « C'est un véritable assaut total,
câble-t-il, auquel les fantassins britan-
niques et américains opposent une ré-
sistance acharnée. La plus dure bataille
se déroule sur une bande de terrain
d'une superficie de près de deux kilo-
mètres carrés. Dans cet étroit secteur,
sous des grêles d'obus, les tanks bri-
tanniques et l'infanterie allemande sont
engagés dans une féroce mêlée. Les Al-
lemands n'ont pas encore fait entrer en
action le gros de leurs blindés et on
s'attend à une prochaine rencontre de
chars. »
Le général Juin ,
ordonne la création
d'un centre de repos
pour les soldats
les plus éprouvés
Front d'Italie. — Le général Juin
vient de prendre une décision qui sera
hautement appréciée de tous nos com-
battants des premieres lignes : Il a or-
donné la création d'un centre de repos
où les soldats les plus éprouvés par
cette guerre sans merci à travers les
montagnes sans fin bénéficieront, pour
quelques jours, dans la tranquillité et
le confort, d'un régime régénérateur.
Le chef du corps expéditionnaire
français a choisi un séjour très riant
dans une petite ville où les eaux de la
mer retentissent sur des rivagès pleins
de soleil. Comme l'a déclaré aujour-
d'hui un officier supérieur de l'état-
major français, le but recherché par le
général Juin est de c faire changer
de climat les hommes les plus dure-
ment touchés ». Tous ceux qui ont
héroïquement payé de leur personne et,
parmi ceux-là, au premier rang, les gars
des compagnies de fusiliers voltigeurs,
vont pouvoir retrouver une grande par-
tie de leurs forces dépensées là-haut
à « grignoter le boche ».
LES FINALES AU TOURNOI INTERALLIE
En un round, Marcel Cerdan
a confirmé sa supériorité
Kouïdri, déclaré battu, s'est montré l'égal
de son adversaire Cisneros
Le temps qui sévit depuis une semaine
eùt découragé plus d'un organisateur et
interdit, en temps normal, toute mani-
festation sportive en plein air. Mais nos
Alliés ont de la suite dans les idées.
Ils ont exécuté scrupuleusement leur
programme établi par eux depuis des se-
maines et c'est ainsi que, malgré vents.
et marées, s'est terminé, hier soir, au
stade de Saint-Eugène, le tournoi in-
terallié.
Le public algérois, sentimental et spor-
tif, répondit dans la même mesure. Pen-
dant de longs quarts d'heure, devant
le tourniquet du stade, ce fut la cohue.
Sur les trottoirs, aux civils, des mili-
taires distribuaient des billets d'entrée.
On piétinait et tout cela sous une
pluie battante.
Aux autres portes, un contrôle sé-
vère. Comme si les places avaient été
à vingt-cinq louis. Ce fut tout de même
une grande soirée populaire. Le pékin
s'était mêlé à la troupe. Dans la tri-
bune officielle, pavoisée aux couleurs des
Nations Unies, de nombreux officiers su-
périeurs entouraient le général Dewinck.
Salério éliminé
La réunion débuta. Salério, qui avait
remis les gants pour la circonstance, dut
s'incliner devant Marshall Riga à la suite
d'un combat au cours duquel Salério se
comporta honorablement. Nouvelle dé-
faite française enregistrée sans grosse dé-
ception, car si on savait l'ancien cham-
pion de France courageux et de classe
nul n'ignorait qu'il n'était plus remonté
sur un ring depuis longtemps.
Kouidri l'est aussi
Entre deux combats, des flots d'har-
monie semblent avoir chassé la pluie.
Au ciel pointent quelques étoiles. Puis
apparaissent Omar Kouidrl et Cisneros.
On s'attendait à un combat acharné. Il
le fut de bout en bout. Les deux cham-
pions boxent dans le même style. Mais
Cisneros joue par trop au pousse-pousse.
Et pousser n'est pas boxer. Dans les
échanges toujours violents, Kouidri tou-
che le plus souvent et juste. Il esquive.
Mais Cisneros est déclaré vainqueur. Les
deux Juges étaient anglais. L'arbitre,
Jack Scharkey. Après l'annonce du verdict
l'ex-champion de France eut un petit
haussement d'épaules. Comment l'inter-
préter ? Mais nous l'avons dit hier. Ne
pleurons plus. Omar Kouidri s'est bien
battu. Il a fait plaisir à ses chefs, à
son manager, à ses amis. Cette défaite
ne figurera pas à son palmarès. Un
combat de 6' ne compte pas pour un
professionnel. Vous dites qu'il n'aura pas
de ceinture ! ! I
Un nouveau k.o. de Cerdan
Et voici le champion d'Europe. Du froid
on sent moins les morsures. Ça réchauffe
de savoir qu'il va tout venger. Et, de
fait, notre Marcel, bien décidé à vain-
cre, fonce sur son adversaire. Joë de
Martino. L'Américain se courbe sous les
coups. Marcel continue, frappe sans ar-
rêt. Son adversaire est blessé. Il titube.
Il vient d'être compté pour neuf. Il se
se relève. Un de ses soigneurs monte sur
le ring en même temps que retentit le
coup de gong. Marcel est vainqueur par
k.-o.
Les combats se poursuivent. Le der-
nier terminé, on procède à la remise des
ceintures. Puis les spectateurs quittènt
le stade. Quelques-ms Ironisent. « On
n'a pas été volé. » Ce n'est peut-être pas
l'avis d'Areskl. Merci tout de même à
N.A.T.O.U.S.A.
L.B.
Le procès des tortionnaires
v dHadjerat-M Guil
L'interrogatoire des accusés
y , -./
s est terminé hier
Les charges s'accumulent contre Finition
mais les débats démontrent en outre
l'incurie des chefs et la bestialité des sous-ordres
L
'AFFAIRE des tortionnaires d'Ha-
djerat-M'Guil a créé une atmos-
phère pénible et lourde au tra-
vers de laquelle la vérité fil-
tre lentement.
Les accusés ont employé les moyens
de défense classiques. Les uns ont nié
et mis en doute la déposition des té-
moins — des témoins qui se mêlent
un peu trop souvent au public — les
autres ont accablé leurs victimes, en-
fin tous se sont accordés pour accu-
ser le chef du camp.
Ce qui est symptomatique, c'est que
ces tortionnaires ne semblent pas avoir
réalisé l'atrocité de leurs forfaits.
Mosca raconte des scènes d'horreur.
Il parle de la mort de Pozas et des
détenus Kyroudis et Alvarez, mala-
des et achevés sur leur lit par Fini-
dori.
Le président demande alors à Mos-
ca si, devant de telles brutalités, rien
ne s'est révolté en lui. Et Mosca a un
geste vague. Non, en effet, rien n'a ému
cet homme.
Et l'on a l'impression que ce procès des
tortionnaires d'Hadjerat-M'Guil amor-
ce un autre procès, celui des horribles
traditions qui, dans les prisons et les
camps de détenus, veulent que les châ-
timents corporels amendent la menta-
lité des prisonniers. On a trop toléré
ces pratiques qui n'ont été désavouées
timidement que devant la mort des tor-
turés.
'Quand Sellier avoue : c Je n'étais
pas dans l'ambiance », on comprend
quelle était cette ambiance !
Le drame d'Had 'ierat-M'Guil est l'a-
boutissement d'autres drames qui sont
restés ignorés et impunis.
Tous les prévenus ne sont certes
pas perfectibles, mais il faut qu'à l'ave-
nir le personnel disciplinaire se per-
suade — ou qu'on le persuade — qu'on
ne peut rien espérer d'un homme quand
on le traite par la matraque et le bouil-
lon salé.
A. K.
L'interrogatoire des accusés
L'audience d'hier du procès d'Hadjerat
a été consacrée à la fin des interroga-
toires. Il ressort des déclarations des co-
accusés, et surtout de celles de l'adju-
dant Mosca, que Finidori s'est révélé dans
toute cette affaire comme le mauvais
génie du camp. Exigeant pour ses su-
bordonnés, dur envers les détenus, il
n'hésitait devant aucun moyen pour ar-
river de façon inhumaine à obtenir le
maximum de travail du personnel placé
sous sa surveillance.
Finidori était sévère aussi, dit-on, pour
lui-même, s'astreignant à une discipline
personnelle rigide, couchant sous la tente
pendant tout un hiver, parcourant les
chantiers le jour pour en activer le ren-
dement. Il fut cruel, méchant à l'ex-
trême et c'est encore à cette audience
d'hier un exposé pitoyable de ses agis-
sements dont plusieurs de ses collabo-
rateurs ont été les complices qui vient
ajouter à son cas de nouvelles charges.
Le surveillant Cellier
C'est d'abord le surveillant Cellier qui
est interrogé.
Cellier répond aux questions du prési-
dent Ohlmann de façon claire et quel-
quefois imagée propre aux Méridionaux.
Il est originaire des Saintes-Marie-de-
la-Mer où il est né le 14 août 1904.
Ancien garde républicain. 11 est actuelle-
ment mécanicien au Méditerranée-Niger,
à Oujda. Il servait au camp d'Hadjerat
au titre civil.
Il est inculpé de violences commises
par fonctionnaire sans motif légitime.
On lui reproche d'avoir maltraité le
détenu Blau en le bousculant violemment
ainsi que les nommés Levinstein, Bie-
nenstock et Jacobowicz. De plus, il aurait
contribué à la mort de Bienenstock, Naza-
rian. Moreno et Marchai.
Aux questions du président, il répond
n'avoir vu Moreno que lors de son ar-
rivée au camp et n'avoir pas connu Bie-
nenstock, réponses en contradiction for-
melle avec ses précédentes déclarations.
Il reconnaît avoir battu Blau et Na-
zarian, mais nie en ce qui concerne le
détenu Marchai. Il ne se rappelle plus
les motifs de ces violences.
Quant à Nazarian, il lui a appliqué
deux gifles c malgré son état lamenta-
ble et écœurant », d'après sa propre ex-
pression.
Sur une question lui demandant s il
est vrai que Nazarian mangeait des ser-
pents, il répond : « Les sergents n'étaient
pas si nombreux au camp ».
Il faut croire que la nourriture ne
l'était pas non plus 1
Lau, d'après lui. était paresseux, de
mauvais exemple et volait ses camara-
des.
Cellier reconnaît avoir bu en dehors
des heures de service. pour oublier
dit-il.
Interrogé sur Riepp, il dit que ce der-
nier était dur et brutal et qu'il maltrai-
tait les internés.
— Finidori était également brutal et
sec et je l'ai vu battre une fois un inter-
né avec sa canne.
Il avait reçu des ordres de Finidori
pour activer le travail de son chantier.
— Il me faut des briques en pagaye,
lui avait dit Finidori. Il faut que ça
marche.
— J'ai fait marcher, ajoute Cellier.
Au sujet de l'adjudant Dauphin, il
précise que celui-ci s'occupait forcément
un peu de la discipline, mais qu'il ne
l'avait jamais vu battre un homme quel-
conque de son chantier.
— Le travail était rigoureux au chan-
tier, dit-il, les briques pesaient 9 kilos
et les hommes devaient les porter sur
une distance assez grande par deux et
quelquefois trois.
Le président Ohlmann. s'adressant au
lieutenant Santucci. lui demande des ex-
plications sur la distribution de la nour-
riture.
— Elle était suffisante : 500 grammes
de pain et le matériel était assez impor-
tant pour assurer la distribution.
Le surveillant Dotti
Dotti Arturo, qui est appelé ensuite,
est né le 22 octobre 1900 à Aviglino
(Italie). Il est chef cantonnier à Adrar
et était surveillant à titre civil à Ha-
djerat.
Il est inculpé de violences sans motif'
légitime et voies de fait. Il a battu à
coups de pied le détenu Rasmassens èt
à coups de matraque le nommé LœvL
Il s'acharna sur Levinstein qui devait dé-
céder par la suite.
Il reconnaît avoir bousculé des inter-
nés, mais ne les a, prétend-il. Jamais
frappés.
— Je criais beaucoup, dit-il, mais Qft
brutalisais pas.
Quant à Levinstein, il l'a eu une seule
fois dans son chantier.
— Ce dernier était paresseux et J'étais
obligé de l'activer avec une baguette.
Mais ce n'est pas le même Levinstein
qui est mort cinq mois après à la suite
de mauvais traitements.
Sur une question de l'avocat défen-
seur, Dotti dit qu'il n'a jamais vu Dour-
menoff frapper un travailleur. Pour ne
pas être en reste, Dourmenoff en dit
autant de son coaccusé.
Pour terminer. Dotti ajoute :
— J'avais ordre de Finidori de faire
activer les travaux. J'étais mal vu de
Finidori qui se montrait très dur pour
moi et mes hommes. Fais-mol marcher
ces salopards, m'a-t-il dit un Jour. Qu'ils
crèvent. Je m'en fous.
Interrogé sur Santucci, il répond :
— Il venait le matin au chantier et
je ne l'ai jamais vu battre.
Adjudant de goumiers Mosca
L'adjudant assurait la garde du camp
et empéchait les évasions.
Mosca est né le 13 septembre 1904 à
Letia (Corse). Il est adjudant à la mi-
lice-saharienne, à Colomb-Béchar, et sert
à titre militaire.
Il est inculpé d'assassinats, violences
sans motif légitime ou complicité.
Le président lui pose une première
question.
— Cinq témoins affirment que vous
avea porté des coups à Pozas.
— C'est faux.
Et il expose longuement les circons-
tances de l'affaire Pozas au cours de
laquelle Finidori a rossé le détenu Lo-
pez à coups de matraque.
« J'étais en pleine sieste quand on est
venu me prévenir et j'ai trouvé Pozas
gisant à terre dans sa cellule. C'est
tout ce que je sais. »
Le président. — Et sur Moreno ?
— Je n'ai vu Moreno qu'à son arrivée
à la gare quand Finidori donna l'ordre
de le conduire au camp accompagné
de deux de mes goumiers. C'est le len-
demain que j'ai su que Moreno avait
passé la nuit avec les menottes. Je
n'ai revu de lui que son enterrement
quelques jours plus tard.
Il donne ensuite quelques explications
sur une triple évasion où les fuyards
furent blessés par les goumiers poursui-
vant, d'ailleurs après les .sommations-
d'usage. Lui n'est arrivé sur les lieux
en compagnie de Saatucci que quelques
minutes après.
Santucci confirme ces paroles.
Dotti cite le cas de deux détenus Ita-
liens qui avaient été envoyés au camp,
l'un pour crime, l'autre pour viol. « Ils
ne sont pas morts ceux-là, dit-il ».
— « Heureusement », lui répond le
président.
— Il accuse Finidori d'avoir frappé
deux punis de prison à coups de pied
parce qu'ils ne se levaient pas assez
vite au commandement de' « çarde à
vou £ ». Tous deux étaient malades et
très affaiblis. J'ai fait un rapport sur
ces faits et des sanctions ont été pri-
ses.
Le colonel Lupy
Le colonel JjUpy qui assumait la sur-
veillance des camps avait ses bureaux
à Alger au Gouvernement général. Il fai-
sait des inspections suivies de rapports.
Lupy Félicien-Pierre, né le l*r mal
1885 à Oued-Taria (Oran), est actuelle-
ment colonel en retraite et habite Alger.
Il est Inculpé d'homicjde involontaire.
On lui reproche de n'avoi; fait flue des
Inspections illusoires et au cours de ses
Inspections, de s'adonner aux plaisirs
de la chasse.
Le colonel Lupy explique comment 11
effectuait ses tournées d'inspection, ar-
rivant toujours à l'improviste, la plu-
part du temps avec un train de mar-
chandises.
c Les incidents, objet du procès, se
sont produits entre deux inspections.
On ne m'en a pas été rendu compte. »
Il explique ensuite comment furent
créés les camps de travailleurs étran-
gers au temps du gouverneur général.
Abrial.
— Mais pourquoi avait-on constitué
ces groupements de travailleurs, de-
mande le président. C'était tout à fait
anormal. On n'a pas le droit d'envoyer
aux travaux forcés dès gens qui, non seu-
lement étaient innocents mais avaient
servi la France. D'où venaient les or-
dres ? Du Gouvernement général ?
Lupy. — Non. ils venaient plutôt de
Vichy. Du ministre Pucheu, je crois.
Le président. — C'est-à-dire de l'Alle-
magne, n'est-ce pas.
Lupy précise ensuite les efforts, qui
ont' été tentés depuis pour l'améliora-
tion des conditions de vie.
« Moi même, au cours de mes visites
je parcourais entièrement les camps et
leurs chantiers et m'intéressais spéciale-
ment aux cuisines. »
Le président lui demande s'il inter-
rogeait les internés.
- Oui.
— Mais vous alliez à la chasse î !
- Oui, mais lorsque mon séjour com-
prenait un dimanche.
Le président demande ensuite s'il n'é-
tait pas informé de ce qui se passait.
— Je n'ai jamais reçu de rapport ou
du moins le service du travail au Gou-
vernement général ne me les a pas trans-
mis.
Le colonel Viciot adressait ses rapports
au colonel Liébrey qui devait Ils trans-
mettre.
Au sujet des plaintes formulées par
des internés, le colonel Lupy répond :
— Je ne les ai jamais reçues. Elles
ont dû être interceptées, sinon J'aurais
fait le nécessaire.
Le président. — Est-ce que le comp-
table ne vous envoyait pas régulièrement
un contrôle nominatif du camp ? Vous
auriez dû vous apercevoir qu'il y avait
des manquants ?
Lupy. — Les morts ont eu lieu après
le mois d'août et J'étais en période d'ins-
pection dans une autre région.
D. — Est-ce que vous avez l'impression
que Viciot était bien au courant de ce
qui se passait à Hadjerat ?
R. - Non.
Il est ensuite question de l'achemi-
nement de la correspondance. Une cen-
sure était exercée par Oger, adjoint au
commandant Viciot. Plus de deux cents
lettres ont été retrouvées, qui avaient
été interceptées !
Le colonel Lupy, qui se défend tout
en laissant de lourdes charges peser sur
le colonel Viciot et le lieutenant San-
tucci, n'a pas pu, en résumé, se laver
des suspicions qui l'accusent de négli-
gence dans son service d'inspecteur mal-
gré qu'il prétende que ses subordonnés
le laissaient dans l'ignorance des évé-
nements.
Après ce dernier interrogatoire, M8
Nicolas, défenseur de Lupy, fait préci-
ser que les inspections n'étaient pas Il-
lusoires.
Puis Santucci affirme que les livres
comptables du camp ont été volés par
Schnek. un des témoins.
L'audience est levée à 12 h. 30 et ren-
voyée à lundi matin, 9 heures.
F. C.
« Le président Roosevelt
se déclare mobilisé
pour la durée de la guerre »
New-York. — Interviewé aujourd'hui
par des Journalistes, le sénateur Claude
Pepper a déclaré que le président Roo-
sevelt lui avait confié « qu'il était fati-
gué et voudrait rentrer chez lui, mais
que, comme n'importe quel autre ci-
toyen américain, il était mobilisé pour
la durée de la guerre. »
Le sénateur Pepper a ajouté : « Je
suis certain que si le président était
réélu aux prochaines élections, et si la
guerre finissait peu après, il donnerait
aussitôt sa démission pour retourner t
ses occupations privées. 8
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