Titre : L'Homme libre : journal quotidien du matin / rédacteur en chef, Georges Clemenceau ; directeur, Fr. Albert
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-04-30
Contributeur : Clemenceau, Georges (1841-1929). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 avril 1921 30 avril 1921
Description : 1921/04/30 (A9,N1743). 1921/04/30 (A9,N1743).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7591213q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-230
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2014
2
L'HOMME LIUiLE
LE SOL NIVELÉ
11 y avait 277 millions de mètres cubes
Ol tranchées à combler,;. c'est chose faite
I),,)t]f 219 millions ; olU millions de mètres
'earr-és de 'l'éseauxd.e fil de fer à déraciner :
249 millions sont arrachés. La surface to-
tale à remettre en état comptait 3,800,000
heatares ; cette surface est purgée de pro-
jectiles- sur 3,415,000 hectares et nivelée sur
120,000.
Le sol blessé attend désormais la main
de l'homme. Cette première cure peut être
considérée comme à peu près aohevée,
jMji.squ elle s'exprime par 'les chiffres su-
vants
Pour 10Q
IDésobusage ":."e$. 89.8
Nivellement 1.-.:n:. 82.2
Fils. de fer arrachés- lu 80.1
Tranchées comblées 79
18 MOIS DE CULTURE
Ce que les cultivateurs sinistrés ont ac-
compli en dix-huit mois force le respect.
Qua id on connait les conditions dans les-
quelles ils l'ont accompli, on demeure con-
fonuu.
Surface -cultivable ruinée par la guerre :
1,757,000 hectares. Sur ces 1,757,000 hecta-
res, 1,689,000 sont aujourd'hui complète-
ment nivelés, 1,405,000 labourés ; 1 (million
sont ensemencés. Voici les proportions :
Pour 100
Surface labourée ********* 79.9
Surface ensemencée 56.9
,Bétail réintroduit. 25.7
La récolte de 1920 a représenté 50 de
la récolte d'avant-guerre au lieu de. 24
ien 1919. Au 1er" janvier 1921, 334,000 hecta-
res sont semés en avoine, 304,000 en blé,
67,000 en betteraves 46,000 en pommes de
terre 39,000 en aeigle 37,000 en orge et
150,000 en autres .cultures. La reconstitu-
tion agricole, subordonnée à la remise en
état du sol, va, suivant les départements,
de 52 à 93 En voici le tabLeau ré-
sumé :
L'OMBRE AU TABLEAU
Trois lourdes hypothèques cependant pè-
sent sur nos agriculteurs : le manque de
bétail ; le manque d'abris pour les ani-
maux et pour les récoltes ; l'insuffisance
du rendement à l'hectare. L'ennemi avait
enlevé près de 1.400.000 têtes : 350.000 seu-
lement ont pu jusqu'ici être réintroduites.
Où les loger ? Les écuries manquent, ainsi
que les étables et les hangars. La cons-
truction agricole, même provisoire, n'a
pas marché au même rythme que la popu-
lation. Une récolte, qui a coûté un si pro-
digieux effort, compromise par l'impossi-
bilité de Pengraner, voilà là déception de
l'heure. Elle s'ajoute à celle, heureuse-
ment passagère, qui naît de la diminution
du rendement. Il faut veiller sur cette dé-
ception. Il faut y pourvoir. Après certai-
nes tensions de tout l'être vers le but, il
est des découragements mortels. Puissent
les autorités responsables penser dès main-
tenant à.abriter la récolte prochaine !
Le paysan, qui ne connaît guère la force
de.l'association et que l'excès du malheur
a seul initié au sens du groupement, a
besoin, en effet, de l'aide active de l'Etat.
Il n'a pas bénéficié de l'encadrement puis-
sant qui préside depuis deux ans 'au re-
Jèvement de nos industriés. Concours du
Trésor par grosses masses .d'avances ; ap-
pel relativement facile au crédit, c'est par
ltî-que l'usine a pu si rapidement revivre,
80.500 établissements étaient en 1918 ré-
duits à l'immobilité. Parmi eux, 4.500
étaient démolis et sans outillage ; 6.300
debout, mais vidés de leur outillage ; 9.500
atteints seulement par les projectiles. De
ces 20.000 établissements (le cinquième de
re qui existait en 1914 dans la zone dé-
vastée), 3.800 sont aujourd'hui en pleine
activité, 5.500 en activité partielle 11.000
attendent, — soit en d'autres termes :
Etablissements en activité 18
Etablissements partiell. en activité 26
Etablissements non rouverts 56
UNE TARE : LE LOGEMENT
Mais après la lumière, voici la tache
d'ombre. Ces hommes qui labourent, qui
sèment, qui fauchent, qui travaillent lé
métal ou la laine, comment vivent-ils ?
Dans quel milieu familial et social ? Dans
quelles conditions de confort et d'hygiène ?
On a probablement fait du miêux qu'on a
pu. Mais pour aboutir à quoi ? C'est pré-
sentement la tare de la reconstitution.
Ils sont là 4.066.000 Français, 610.QOO de
moins qu'en 1914, — mais 2.116.000 de
plus qu'à l'armistice. Ils ont voulu rentrer
chez eux. Ils y sont rentrés. Mais com-
ment ? Les décombres amoncelés de leurs
villes et de leurs villages cubaient 42 mil-
lions de mètres. On en a, tant bien que
mal. déblayé 26 millions. Mais déblayer
n'est pas construire. Où ces revenants se
»sontrils logés ?
J'ai dit que 590.000 maisons avaient été
atteintes par le canon, le feu ou la mine
293.000 étaient rasées ; 296.000 partielle-
ment détruites. Au 1er janvier 1921, 44.000
éta-i-ont ireconstmites, 280.000 réparées. En
outre, 40.000 baraquements, 60.000 mai-
sons de bois, 29.000 maisons en matériaux
durs -rep,résentaien-t * avec les immeubles
réparés, la triste renaissance de nos cités.
Tel fut, tel est le foyer de 1.700.000 de
.pœ compatriotes réinstallés sur leurs
ruines, 400.000 autres vivant dans les rares
Biaisons que la guejrp avait respectées.
Lee chiffres, ici, solft tragiquement élo-
quents :
Proportion de la population réinstallée
à la (population. d'avant-gueiTe : 86,9
Proportion des logements réparés ou
provisoires aux logements d'avant-guerre :
f;9 f) o/e.
O~.J /0
Proportion des habitations reconstruites
aux habitations d'avant-guerre : 7,5
En d'autres termes, il est revenu plus
d'habitants qu'il nes'est proportionnelle-
ment construit ou réparé de maisons. L'in-
suffisance totale des logements, par rap-
port au retour de la population, se chiffre
par 24 ; celle des habitations réparées
ou provisoires, par rapport aux habita-
tions d'avant-guerre, par 33,1 ; celle des
habitations normales par 92,5 Ce der-
nier chiffre résume le mal. La douloureuse
atmosphère de notre reconstruction s'y
cristallise. C'est la condamnation de la
politique qui, en laissant depuis seize mois
l'Allemagne libre de ne pas payer, a
abouti, dès l'an dernier, à vider les chan-
tiers et à arrêter les travaux.
DE L'ARGENT
Je n'ai pas besoin de conclure : les faits
et les chiffres parlent.
Le Français, pour individualiste qu'il
soit, a résolument sacrifié, dans l'œuvre
de reconstitution, l'individu à la collecti-
vité. Il a couru à la terre, à l'atelier, à
l'usine avant de songer à son toit. Il a
ressuscité la production avant de s'assu-
rer un foyer. 1,1 avait cru que la maison
suivrait : la maison n'a pas suivi
La maison n'a pas suivi, parce que l'ar-
gent manque. On nous offre parfois une
consolation ; si l'on avait l'argent, affirme-
t-on, on manquerait soit de matériaux,
soit de main-d'œuvre. Cela n'est pas vrai.
C'est le .défaut de paiement, et lui seul,
qui, depuis six mois, paralyse les chan-
tiers. il faut le dire et le redire, d'abord
parce que c'est la vérité, ensuite parce que
c'est la seule façon d'obliger les gouverne-
ments à ne pas transiger sur le droit que
la France, ,solermellmnent, s'est fait recon-
naître à Versailles.
De l'argent, beaucoup d'argent, arrivant
avec exactitude et régularité, voilà, pour
travailler avec méthode, sans arrêts, sans
à-coups, sans gaspillage, la nécessité pré-
sente. Puisque l'heure est venue où, après
tant de mois, la commission des répara-
tions a promulgué un chiffre, c'est ce -chif-
fre que, dans ses éléments, je me propose
maintenant d'analyser.
André TARDIEU.
La réorganisation
des services maritimes
votée par la Chambre
Après avoir autorisé le gouvernement à
faire appel aux engagés volontaires, la
Chambre, hier matin, a abordé un débat
sur la réorganisation des services mariti-
mes postaux, à propos du projet de loi
concernant l'exploitation des services d'in-
térêt général reliant la France, l'Extrême-
Orient, l'Australie, la Nouvelle-Calédonie,
l'Afrique Orientale et la Méditerranée orien-
tale. En l'espèce, il s'agissait d'approuver
une convention conclue par le sous-secré-
taire d'Etat à la Marine marchande et la
compagnie des Messageries maritimes. Sou-
tenu par M. Valude, rapporteur, le projet
fut véhémentement combattu par M. Bouis-
son, ancien commissaire de la Marine mar-
chande, au nom des eoeialistes.
M. Bouisson aurait préféré que l'Etat, au
lieu de traiter avec une Compagnie, cons-
tituât une flotte nationale. Il estime que
tel aurait été l'intérêt général ; pour cons-
tituer cette flotte, il aurait fallu racheter
celle des Messageries Maritimes.
A cette arguniention, M. Rio est venu
répondre qu'il était autrefois partisan de
la solution défendue par M. Bouisson, mais
qu'il avait depuis changé d'avis, parce qu'il
avait contrôlé les risques que ferait courir
à l'Etat une exploitation directe.
Et la Chambre lui a donné raison en vo-
tant le projet, c'est-à-dire en ratifiant la
convention.
LES BOUCHERS AU PIED DU. MUR
M. Emile Desvaux, conseiller municipal,
vient d'adresser au préfet de police, com-
me contribution à, l'enquête ordonnée par
le sous-secrétariat au ravitaillement, des
renseignements intéressants au sujet des
prix de la viande pratiqués dans la région
bas-normande, comparés avec ceux de la
boucherie parisienne.
- Après avoir démontré que depuis un an
seulement, les prix d'achat à l'étable ont
diminu" pour les bœufs, de 1.200 francs
par unité, de 2.000 francs pour les vaches
laitières, de 800 francs pour les génisses,
et de 120 francs pour les moutons, M. Des-
vaux compare les cours de la vente au
détail en Normandie avec ceux de Paris.
De cette comparaison il ressort notam-
ment que le filet de bœuf, vendu à Paris
de 14 fr. 50 à 18 fr. 50 le kilo, se vend en
Basse-Normandie 10 fr. 20; le faux-filet
et le rosbeéf, de 14 fr. 50 à 16 fr. 50 au
lieu de 9 fr. 20 ; l'escalope et le filet de
veau, vendus à Paris de 12 fr. 60 à 18 fr.
le kilo, ne coûtent là-bas que 10 fr. 50;
l'épaule et le collier, que 6 fr. 50 au lieu
de 8 à 11 fr. 20.
Cette comparaison est suffisamment
suggestive. Si la puissante corporation des
bouchers parisiens objecte que ses confrè-
res de province n'ont pas les mêmes frais
généraux, M. Desvaux lui répond que, par
contre, la qualité « extra » est très géné-
ralement debitée là-bas, alors qu'à Paris
c'est de la bonne deuxième qualité que
l'on nous vend comme supérieure.
E.» Bugeat.
INFORMATIONS-,
f,
DE L'ÉTRANGER
M. Harding procède
par allusions
« L'Amérique veut résolument
ce qui lui appartient »
D'Old Point Camfort (Virginie). — Le
président harding a passé en revue la
flotte de l'Atlantique.
M. Harding qui, pendant la revue, s'est
tenu sur le pont du yacht présidentiel, est
monté ensuite à bord du vaisseau amiral
Pensylvanie et a prononcé une allocution
dans laquelle il a exprimé le désir que
les Etats-Unis n'eussent jamais 4 tirer un
autre coup de canon.
« Si, a-t-il dit., tous les gouvernements
étaient comme le gouvernement améri-
cain, une paix perétuelle régnerait. »
« Les Etats-Unis, a-t-il ajouté, ne veu-
lent rien qui ne soit juste ; ils ne convoi.
tent aucun territoire et ne désirent aucun
tribut, mais ils veulent ce qui, en toute
équité, leur appartient et, par Dieu. ils
sont bien résolus à l'avoir. »
Cette dernière phrase semble adressée
tout particulièrement au Japon.
La crise minière en Angleterre
Les dockers refusent de décharger
le charbon belge
Londres, 29 avril. — Par suite du refus
des dockers d'Ipswich de décharger le
charbon belge arrivé aujourd'hui par va-
peur, le contrôleur du combustible d'Ips-
wich, agissant au nom de la municipalité,
a fait entreprendre ce matin, par de la
main-d'œuvre non unioniste, la décharge-
ment du charbon qui n'est pas destiné à
l'industrie. '1
A la suite de cette mesure, les dockers
d'Ipswich ont décidé de cesser le travail
aussi longtemps qu'on emploiera de la
main-d'œuvre n'appartenant pas aux tra-
des-unions.
On ne prévoit pas la reprise du travail
Sir Robprt Horne a déclaré à la Chambre
des Communes :
« Les négociations sont terminées. Il y a
certaines indications que les délégués mi-
neurs rendront compte de la situation à
leurs organisations régionales, mais per-
sonne ne peut dire ce qu'il en résultera.
« Nous ne pouvons espérer que cet ar-
rêt do travail, qui se révèle maintenant
comme ayant un but politique (protesta-
tions de quelques députés mineurs) puisse
prendre fin bientôt.
La question de Vilna
UNE SOLUTION AU CONFLIT
POLONO-LITHUANIEN ?
Varsovie, 29 avril. — Le président de la
Chambre polonaise, M. Trampozynski,
vient de proposer une solution nouvelle
au conflit polono-lithuanien consistant en
une union douanière.
Une frontière politique serait établie
conformément au principe ethnographique
au moyen d'une conscription contrôlée
permettant à toute personne de déclarer sa
nationalité.
Cette frontière laisserait nécessairement
Vilna à la Pologne, étant donné le petit
nombre de Lithuaniens qui se trouvent dans
la ville et la région de Vilna. Les droits
des minorités seraient garantis des deux
côtés de cette frontière. Une zone serait
établie dans laquelle le maintien des trou-
pes serait défendu.
Sur ces bases une union douanière lais-
sant intacte la souveraineté des deux pays
serait une solution avantageuse du problè-
me économique qui, tout compte fait, est
le plus important dans cette question.
La dette belge envers les Alliés
La commission des réparations a com-
mencé hier à examiner la question de la
dette belge envers les Alliés.
La commission, on le sait, n'a pas com-
pris dans le chiffre de 132 milliards de
marks-or la somme correspondant à l'o-
bligation qui incombe à l'Allemagne, en
vertu du troisième alinéa de l'article 232,
d' « effectuer le remboursement de toutes
les sommes que la Belgique a' empruntées
aux gouvernements alliés et associés jus-
qu'au 11 novembre 1918, y compris l'inté-
rêt à 5 par an desdites sommes ».
La situation s'aggrave aux Indes
Bombay, 29 avril. — Sous divers pré-
textes (un temple aurait été brûlé, etc.)
des soulèvements ont éclaté aux Indes.
On doit les rapprocher de ceux qui avaient
été signalés il y a quelques semaines.
Il y a peu de jours, des troubles gra-
ves se sont produits à Malecaon, dans le
district de Nasik (présidence de Bombay).
Des agents de police ont été tués et un
manifestant et des officiers de police bles-
sés. Les fils télégraphiques ont été coupés.
Des troupes ont été expédiées en hâte.
LES IDÉES
DES m/TRES
La journée décisive
M. Lloyd George l'a dit aux Communes :
La décision sera prise sans délai. Il s'agit,
à n'en point douter de Voccupation de la
Ruhr.
Quelles doivent être maintenant, deman-
de M. Capus dans le Gaulois, les garanties
toujours nécessaires à une convention de
ce genre ?
En 1918. elles ne furent pas suffisantes,
et qui sait si nous ne conservions pas,
malgré tant de présages sinistres le secret
espoir de trouver une Allemagne nouvelle
et repentante ? La leçon a servi. L'expé-
rience nous a éclairés. Le fait est assez
raré dans l'histoire de notre esprit natio-
nal. Nous avons donc été amenés à déter-
miner des garanties parmi lesquelles l'oc-
cupation de la Ruhr est au premier rang.
La meilleure preuve qu'elle mérite cette
importance, est qu'à part l'exception des
pessimistes de nature, les difficultés de
l'entreprise ne sont signalées en tous pays
que par les protecteurs de l'intérêt alle-
mand. Remarquez aussi que les proposi-
tions allemandes semblent se précipiter à
mesure que le jour avance et que notre
îésolution s'annonce. Le geste énergique
de la France va faire du 1er mai 1921 une
date grande et heureuse.
Conseil suprême !
Le Conseil suprême du 1er mai aura le
caractère d'une grande liquidation.
En effet, écrit M. Roujon, dans le Figaro,
il va pouvoir attribuer, conformément au
traité de Versailles et au droit des peuples
à disposer d'eux-mêmes, le bassin houiller
de Haute-Silésie à la Pologne. Les mineurs
de cette région ont manifesté hier avec
violence leur horreur pour leurs patrons
allemands.
Avant le 10 mai, les troupes françaises
et belges, probablement appuyées par des
tioupes anglaises, auront occupé la Ruhr
dont l'exploitation sera méthodiquement
assurée. La taxe sur les charbons ne sera
plus perçue par le Reich, mais par les
Alliés ; elle sera vraisemblablement ma-
jorée, car il n'est pas admissible que les
Allemands payent le charbon moins cher
que nous.
1'. Il s'agit surtout de donner à l'Allemagne
l'impression qu'elle est vaincue ; la so-
lution du problème économique et finan-
cier suivra la solution du problème poli-
tique. Mais nos Alliés attendent que nous
leur montrions la route à -suivre. Ils se-
ront hésitants si nous le sommes nous-
mêmes.
L'Amérique ?
M. Viviani nous informe, à la cadence
d'un article par jour, de l'état d'esprit
des Américains. Il le connaît et donne
quelques conseils aux bavards et aux in-
formateurs sans prudence.
Il faut que ceux qui écrivent et qui par-
lent exercent une véritable censure sur
eux mêmes. Parler de la dette comme on
a commencé à le faire hier, en m'attri-
buant des déclarations erronées c'est, avec
la meilleure bonne foi, desservir notre
pays.
Il ne faut pa donner l'impression, alors
surtout que ce n'est pas notre intention,
de forcer la main à l'Amérique. Elle se
rappellerait vite au sentiment de sa liber-
té qu'elle juge, à bon droit, Inaliénable.
Continuons à lui montrer une France
forte et unie, capable, quel qu'il soit, de
faire face à son destin, vivant en bonne
harmonie avec les Alliés, ne demandant
que le triomphe du droit, c'est cela qui
prévaudra toujours, ce qui signifie que,
certes, la politique est dans la diplomatie
Qfficielle. mais aussi dans cette diplomatie
sans protocole qui est l'influence, chaque
: T
jour grandissante, d'un peuple libre et
fort, f -
: Le sacrifice à consentir !
M. Léon Bailby demande dans l'Intran-
sigeant que ce nouveau sacrifice auquel
l'Allemagne vous contraint soit le moins
onéreux pour qui va payer les frais.
Il y a trois mois, tout le monde, dans
certains milieux, brûlait d'occuper la
Ruhr. Il est plus d'un de ces enflammés
qui se défilent aujourd'hui, parce qu'il va
ralloir, en hommes et en argent, payer ta
facture de l'expédition. On s'aperçoit que
ce n'était pas si commode. On justifie par
là les hésitations de ceux qui, gouvernant,
prévoyaient les responsabilités. Les bu-
reaux du ministère de la guerre sont en-
combrés de demandes d'embusquage. C'est
à qui ne partira pas. Nous demandons
qu'en dehors des hommes des régions libé-
rées, aucune exception ne soit faite. Ega
lité démocratique absolue dans le sacri-
fice à consentir.
Nous demandons qu'assurance formelle
soit donnée aux jçunes gens qui vont par
tir qutils retrouveront leur place, ou l'é-
quivalence, dans la maison qu'ils auront
quittée. Un texte législatif peut être voté
en huit jours qui leur donne cette sécurité.
L'Italie sanglante
Le Petit Provençal estime que l'Italie
n'a rien à gagner à la prolongation du dé-
sordre.
C'est, non pas la réponse du berger à
la bergère, mais la réponse du destructeur
au destructeur, de l'incendiaire à l'incen-
diaire, du meurtrier au meurtrier. Quand
les uns seront fatigués de commettre des
attentats et de faire couler le sang, les
autres s'arrêteront : pas avant. On finira
bien par comprendre des deux côtés qu'il
serait aussi fou que criminel de s'obstiner
dans d'aussi monstrueuses pratiques.
M. Giolitti se rend compte lui-même que
l'épreuve a assez duré. Il vient de le dé-
clarer, et précisément à propos des élec-
tions : « l'ordre à tout prix » lui paraît
à présent la consigne nécessaire. On peut
supposer que tels seront aussi l'avis et le
vœu de la grande majorité des électeurs
en Italie.
Malheureusement, là-bas comme chez
nous, ce sont les partis de réaction qui se
trouvent appelés à recueillir les profits de
la situation équivoque et trouble créée par
les .exagérations et par les abominations
des partisans du désordre et de la vio-
lence.
La peur du bolchevisme et de ses odieux
excès sera exploitée par les candidats du
bloc national italien, ainsi qu'elle le fut
par les candidats du bloc national en
France. Si la tactique réussit de l'autre
côté des Alpes comme elle a réussi de cè
côté, il sera prouvé une fois dé plus que
les inepties et les aberrations du commu-
nisme bolcheviste mettent les meilleurs
atouts dans le jeu électoral des partis de
réaction.
La crise économique
Nous n'avons plus les moyens de nous
endetter sans cesse aux Etats-Unis ou en
Angleterre. Le seul remède aux maux du
temps présent c'est d'échanger des pro-
duits contre des produits, après règlement
en valeurs monétaires. Telle est l'opinion
du Petit Méridional.
Le retour à de telles pratiques serait
d'ailleurs singulièrement plus facile si l'Al-
lemagne, de par la dépréciation du mark,
sur des bases différentes à l'intérieur et à
l'extérieur, ne venait pas faire une con-
currence contre laquelle il est impossible
de lutter par des tarifs de douanes mo-
dérés.
Combien la situation industrielle et com-
merciale de l'Angleterre et des Etats-Unis
serait meilleure si, au lendemain de la
cessation, des hostilités, grâce à une en-
tente internationale, on avait assuré le re-
lèvement des monnaies dépréciées d'Euro-
pe. La mesure égalisait les coûts de pro-
duction dans les différentes nations et le
monde n'était plus engagé dans l'impasse
économique où il etouffe.
Une claire vision des réalités nous per-
mettra-t-elle d'aller, bientôt, aux seules
solutions définitives de la crise qui com-
portent une entente internationale et le
règlement définitif de la dette de l'Allema-
gne ?
Grecs et Turcs
Les nouvelles arrivant du front d'Asie-
Mineure sont très contradictoires, mais
on ne peut se défendre contre cette im-
pression que les Grecs viennent d'essuyer
un nouvel,échec.
Ils ont certainement évacué Ouchak,
écrit la Gazette de Lausanne. Le gouver-
nement d'Athènes réussit à cacher au peu-
ple la gravité de la situation, mais la vé-
rité ne finira-t-elle point par percer ? Il
est assez remarquable qu'on ne parle plus
du départ du roi Constantin pour le front.
Veut-il éviter de donner à de nouveaux
échecs un sens plus grave en les sanction-
nant. pour ainsi dire, par sa présence ?
Est-il possible, d'autre part, que la nation
hellénique ne fasse pas retomber sur le
retour du roi, cause de tout le mal, une
déception qui finira bien par éclater ? La
situation se complique vraiment de jour
en jour. Et l'on se demande si Je retour
de M. Venizelos lui-même, qui d'ailleurs
n'est pas encore à prévoir, arrangerait les
choses.
Claude Villhaud.
NOUVELLES
1 BREVES
1
Les édiles parisiens sont au pied du Vésuve
La délégation du Conseil municipal de
Paris est arrivée à Nâples ; elle a iîilé
les habitations à bon marché.
Les crimes sociaux se répètent en Espagne.
Cette nuit, un nouveau crime social a eu
lieu à Barcelone. Le chef de cuisine du
restaurant du Mont-cFOr a été lué. à coups
de revolver par des individus demeurés in-
connus. La victime appartenait au syndi-
cat libre. -
les trains belges marcheront le 1er mai.
A la suite d'une réunion tenue dans la
soirée d'hier, les cheminots belges, con-
trairement aux premières 'info.rmations,ona
décidé de ne pas chômer le Ier mai. »
Le Mexique est un pays charmant.
Quinze bandits mexicains ont attaqué,
près de Tampico, les employés d'une com-
pagnie pétroitifère et, après un sanglant.
combat, les ont dépouillés d'une somme,
d'environ 135,000 pesos. Il y a eu dix tués,
dont deux bandits;
Les Espagnols sollicitent des avantngew
économiques de la France.
Les exportateurs de vins en Espagne 68
sont réunis à Saragosse dans le but d'ex.V j
miner les causes de la crise viticole que
traverse le pays. Ils ont délégué auprès da
gouvernement le comte de Lavera pour
l'inviter à demander à la France des dé.
rogations douanières.
Un enfant dans un bénitier.
On a découvert, dans un bénitier de ré.
glise Saint-Jean, à Lyon, le cadavre d'un
enfant nouveau-né du sexe masculin, pa-
raissant né viable, et enveloppé dans un
numéro du journal « La Croix ».
Homonymie.
Mlle Marthe Ferrari, de rOpéra-C=:;mique;'
premier prix de ellant et de déclamation
lyrique au Conservatoire en 1919, fait sa-
voir que pour éviter foute confusion avec
son homonyme: MUe Nette Ferrari, oUe
jouera désormais sous le nom de Marthe
Ferrair.
Un nouveau sénateur
Le collège électoral sénatorial de l'Ifeèffc
se réunira à Grenoble le dimanche 12 juin,
pour procéder à l'éleciion d'un sénateur en
remplacement de M.' Antofiin Dubost, dé.
cédé.
La bataille anglaise
sur la question irlandaise
(De notre correspondant.)
Les méthodes employées jusqu'à ce joui
pour pacifier l'Irlande n'ayant pas pro-
duit les résultats espérés, le cabinet bri-
tannique fait des avances à l'Irlande, oïuà,
plus exactement au sud de l'Irlande, a
question de l'Ulster devant être résolue
séparément. M. Lloyd George a soutenu
devant la Chambre des communes la thèse
que de deux maux U faut choisir le moin-
dre et que l'action militaire doit être rem-
placée par une action conciliatrice : élec-
tions dans le sud de l'Irlande, création
d'un Parlement sud-irlandais. Chaque
candidat à un siège devrait faire part de
ses opinions et de l'attitude qu'il compte
adopter pendant la durée de son mandat.
Cette dernière proposition dressa une
partie de la Chambre contre le premier
ministre, auquel on reprocha une contra-
diction dans les divers paragraphes de
son projet, les membres du Parlement ir-
landais devant être indépendants de l'An-
gleterre si l'on veut que ce Parlement ait
des chances de subsister.
D'ailleurs, le projet dans son ensemble
rencontre aussi bien au Parlement britan-
nique que dans l'opinion publique an-
glaise une opposition irréductible.
Sauf quelques journaux amis de l'Ir-
lande, la presse anglaise attaque véhé-
mentement le projet Lloyd George.
Néanmoins, il est vraisemblable que
celui-ci persiste dans ses intentions. Le
Premier britannique a eu un entretien
avec lord Derby retour d'Irlande. On sait
que lord Derby est un agent pacificateur
entre Londres et Dublin. Son action est
susceptible de devenir des plus efficaces.
Nul doute qu'il n'ait soumis aux* auto-
rités de la « République » de l'Irlande, le
projet de création d'un Parlement sud-
irlandais. La question fera sous peu l'ob-
jet d'un nouveau débat.
M. Lloyd George a hâte de donner une
solution au problème irlandais ; il a donné
une preuve de sa grande habileté comme
tacticien politique en invitant ses adver-
saires à proposer eux-mêmes les moyens
qui leur semblent le plus pratique pour
éviter que l'Irlande soit complètement sé-
parée politiquement de la Grande-Breta-
gne. Or c'est, au fond du différend anglo-
irlandais, le seul point .auquel les Irlau-
dais attachent de l'importance. Ils n'ont
engagé la lutte que pour conquérir leui
indépendance et ils ne cesseront de se bat-
tre que lorsqu'ils l'auront conquise. M.
Asquith et ses partisans ne peuvent donc
plus se servir de la question irlandaise
pour attaquer le premier ministre, car ils
ne peuvent présenter aucun projet capable
de donner de meilleurs résultats que les :
procédés employés jusqu'à ce jour par le
gouvernement de M. Lloyd George.
M SEMAINE MUSICALE
Reprise d'Aphrodite à l'Opéra=Comi-
'que. — II faut étendre et varier le
répertoire. — Les classiques et les
modernes. - Les derniers program"
mes des Concerts Pasdeloup sont
heureusement composés. — Haba-
nerà, de M. Louis Aubert. — Concerts
Risler. — Récitals de Mlle Bernadette
Alexandre-Georges.
A l'Opéra-Comique : reprise d' « Aphro-
dite. — En attendant la réapparition de-
puis longtemps annoncée, mais actuelle-
ment imminente, d'Ariane et Barbe-Bleue,
de M: Paul Dukas, MM. Carré et Isola
viennent de reprendre Aphrodite, de M.
Camille Erlanger, qui n'avait pas été re-
présentée depuis deux anf. Cet ouvrage,
qui est resté pendant dix ans au réper-
toire de la salle Favart, n'aurait pas dû
disparaître de, l'affiche pendant aussi
longtemps. Œuvre solide et brillante,
haute en couleurs, largement mélodique
au bon sens du terme, malgré la répétition
systématique et voulue de deux ou trois
thèmes principaux que le compositeur uti-
'li"" sans cesse sous les formes les plus
div rses, non sans quelque monotonie il
es devenu familier an public ; le sujet
.est essentiellement lyrique d'ailleurs, se
développe en un <:adre agréable et com-
porte une mise en scène qui porte en soi
de; éléments de succès. Aphrodite a d'ail-
leurs été le plus gros succès « de départ »
eue l'Opéra-Comique ait enregistré depuis
vingt-cinq ans. J'ai personnellement pu-
blié dans Comœdia, quelques mois avant
la guerre, des chiffres probants et précis
à l'appui de cette affirmation. Applaudis-
sons donc à cette reprise et souhaitons
que cette œuvre maîtresse d'un musicien
français de réelle valeur, prématurément
disparu, conserve désormais sa place au
répertoire.
Trop de Manon et de Werther, de Car-
men et de Tosca depuis quelque temps, je
le redis, figurent au programme de l'Opé-
ra-Comique national. Le point de vue des
résultats matériels n'est pas 4e seul qui
importe ici. Quand reverrons-nous sur
l'affiche les grands ouvrages classiques :
Orphée, Alceste, les deux Iphigénie, Don
Juan, qui en sont depuis longtemps dis-
parus, et, dans un autre ordre d'idées, les
délicieux opéras-comiques des musiciens
de la seconde partie du dix-huitième et du
commencement du dix-neuvième siècles.
Et comment d'autre part M. Albert Carré
ne passe-t-il pas en revue et n'offre-t-la pas
derechef à l'audience de son fidèle public,
au Boh de sa longue carrière directoriale,
quelques-uns des meilleurs ouvrages qu'il
a montés et dont la reprise, au point de
vue artistique qui est le nôtre, s'impose :
Pénélope, de notre grand Gabriel Fauré,
La Habanera de M. Raoul Laparra,
L'Heure Espagnole de M. Maurice Ravel,
Bérénice d'Albéric Magnard, qui n'est plus
là pour réclamer son tour, La Lépreuse
de M. Silvio Lazzari, Le Rêve et l'Oura-
gan de M. Alfred Bruneau, et même le
charmant Cœur du Moulin de Déodat de
Séverac. Et je ne parle ni de la très belle
et dramatique Fille de Roland de M. Henri
Rabaud, ni du Carillonneur, de Xavier
Leroux (qui méritait un meilleur sort), et
que l'Opéra, iau cadre plus propice, s'ho-
norerait grandement de recueillir.
Mais revenons à la reprise d'Aphrodite.
Mlle Marthe Chenal, qui possède toutes
les traditions du rôle continue à person-
nifier Chrisis à la satisfaction générale.
On sent qu'elle affectionne ce rôle qu'elle
possède admirablement et qui lui convient
lort bien, et qu'elle apporte, à l'interpré-
ter, un soin particulier. M. Charles Fon-
taine chante avec éclat, mais sans aucun
style, ou plutôt en un style déplorable, la
partie de Démétrios, qu'il joue sans au-
cune distinction. De plus, il ne respecte
pas toujours très exactement le texfe mu-
sical d'Erlanger. Certes l'écriture du rôle,
le plus vétilleux qui soit pour un ténor —
M. Léon Beyle en a su quelque chose —
n'est pas favorable au chanteur, -et celui-
ci doit en user avec prudence avec - les
intervalles de neuvième diminuée et même
de dixième et les embûches dissonantes de
toutes sortes dont il est hérissé. Le reste
de l'interprétation, qui compte un grand
nombre de rôles de second plan qui, tous,
ont leur importance musicale, est honora-
ble, sans plus, surtout du côté masculin.
La distribution actuelle est loin de valoir
l'ancienne et Mlle S. Pawloff ne sau-
rait faire oublier l'inoubliable Régina Ba-
det danseuse. Accordons cependant une
mention spéciale à Mlle Famin. Louons
encore la sûre correction de M. Cathe-
rine au pupitre et passons aux con..
certs !
Concerts Pasdeloup. — Marquons avec
faveur l'iheureux effort fait par M- Rhené-
Bâton dans la. composition de ses derniers
programmes. On y peut lire des titre&
anoins familiers à nos yeux, une plus
grande variété de noms, et ce qui est
mieux, de noms français. Ni VHéroï, >■-, ni
la Pastorale — dont une fois encore la
haute et (rayonnante valeur musicale n'est
pas en cause — n'y figurent. Wagner ce-
pendant y tenait encore dimanche der-
nier une place bien importante, trop im-
portante aujourd'hui qu'on lui a rouvert,
tort heureusement, la porte de nos théâ-
tres lyriques. On avait pris soin de nous
prévenir dès l'abord que les fragments des
Maîtres-Chanteurs — enlevés de robuste
façon — avaient été redemandés. Admet-
tons cette concession de nécessité commer-
ciale aux abonnés et habitués da M. Sand-
beœg, mais fallait-il à toute force y ajou-
berg, l'ouverture du Vaisseau Fantôme.
Nous avons été les premiers à défendre les
droits du génie en réclamant' énergique-
ment en faveur de l'Œuvre de Richard
Wagner, mais il ne faudrait pas tomber
plus longtemps d'un excès dans l'autre.
Nous avons Iréentendu avec un voluptueux
plaisir les exquises Mélodies Hébraïques
de M. Maurice Ravel ; voilà un sémitisme
que je goûte fort, pour ma part. Les deux
préluds de Cachaprès de M. Francis Ca-
sadesus restent sympathiques ; c'est du
travail de musicien. De M. Louis Aubert,
qui a, lui aussi, fait ses preuves, Haba-
néra a plu davantage à l'ensemble des
auditeurs. C'est un bref tableau 'musical
largement brossé, aux couleurs vives et
aux oppositions nuancées,très soigné dans
les détails, qui — ce qui est mieux — ne
manque pas d'envolée.
Mlle Mad. Grey a dit avec goût, pour
notre grande satisfaction, trois Ballades
de François Villon suavement traduites
musicalement par Claude Debussy.
Concerts et Récitals. — A la salle du
Conservatoire, M. Edouard Risler, qui est
plus et mieux qu'un grand pianiste, un
musicien accompli, un parfait artiste, au
beau sens du terme, si complètement ac-
quis à notre Ecole française, continue
chaque vendredi sa série de- concerts de
musique moderne qui comptent, à juste
titre, parmi les plus suivis de la saison.
Il est fâcheux qu'un incident ridicule, né
d'un malentendu déplorable qu'il eût été
facile d'éviter, soit venu bouleverser le
beau programme du précédent vendredi.
La séance devait être consacrée à Gabriel
t
Fauré, Maurice Ravel et Raynaldo Haihn.
La Société des Auteurs, par suite d'un
différend assez obscur avec l'imprésario,
portant sur une question de perception de
droits sur les œuvres du domaine public,
lui a interdit au dernier moment l'usage
de son répertoire social. On dut aviser.
M. Risler joua donc avec M. Gaston Pou-
let, trois Sonates pour violon et piano, de
Beethoven, puis, seul, diverses pièces de
Chopin et de Couperin. On l'acclama jus-
tement. Et, à huitaine, tenant sa parole,
il interpréta avec un art supérieur notre
maître Gabriel Fauré (6° Nocturne, 6°
Barcarolle et Valse Caprice) et le délicieux
Tombeau de Couperin, de M. Maurice
Ravel, qui, décidément, se passe aisément
de toute adaptation chorégraphique.
Programme copieux au dernier samedi
de la Société Nationale de Musique. La
Sonate pour piano et violoncelle de M. A.
Honegger, que jouèrent correctement Mlle
A. Vanrabourg, et fort bien M. Dirian
Alexanian, m'a paru d'idées bien « tara-
biscotées » et d'écriture assez curieuse,
encore qu'elle soit établie sur des bases
solides. Le Presto ne manque ni de bril-
lant ni de saveur. Signalons aussi deux
agréables pièces pour flûte de M. Marcel
Labey, que M. René Roy joua avec talent.
Le quatuor vocal Battaille, avec au piano
Mme Roger-Miclos, ee flt apprécier et
applaudir en chantant la série de petites
pièces d'un charme délicatement archaï-
que que M. P. Ladmirault a écrit sur le
Dominical de Max Elskamp.
Mlle Bernadette Alexandre-Georges, fille
du remarquable musicien des Chansons
de Miarka, a donné deux récitals de piano
qui ont obtenu un vif succès. Nous avons
pu apprécier sa connaissance des maîtres
et sa jeune virtuosité au cours de la pre-
mière séance, consacrée à l'école roman-
tique, en des fragments d'oeuvres de Cho-
pin, Schumann et Listz, et, la semaine
suivante, soo dons d'interprète sensible et j
intelligente, lorsqu'elle joua la Sonatine
de Ravel, Thème et Variations de Ga-
briel Fauré, et surtout, avec un goût par-
fait, les douze Préludes de Claude De.
bussy, qui lui valurent le plus mérité
succès.
La musique ne chôme guère, on le voit ;
les musiciens non plus. Et cependant ils
ne peuvent guère, pour la plupart, se per-
mettre d'engraisser. Nous vivons à l'âge
du mufle, comme me le disait si justement
hier l'un des plus sympathiques et des
plus indépendants-
Georges LINOR.
ARTS ET LETTRES
j Au musée du Louvre
On procède en ce moment, au Louvre,
à la .réinstallation de la salle des Etats, où
figurent les pièces les plus importantes de
nos maîtres du dix-neuvième siècle : In-
gres et Delacroix, Corot et Courbet, etc.
L'inauguration de la salle aura lieu dans
les premiers jours de mai, en même temps
que celle des petites salles constituées par
des pièces venues du musée du Luxem-
bourg.
A la Maison des artistes
Le vernissage de la troisième exposition
d'ensemble de la Fédération française des
artistes a eu lieu hier à la Maison des ar-
tistes, avenue de Wagram, 153. L'exposi-
tion sera ouverte au public jusqu'au.
11 mai.
Expositions
A l'Ecole nationale des beaux-arts, 15,
quai Malaqusris, exposition de l'œuvre de
Luc-Olivier Mer son, du 4 mai au 1er juin*
-' ',.;..:c=-. L., MÉRITAN. ■
L'HOMME LIUiLE
LE SOL NIVELÉ
11 y avait 277 millions de mètres cubes
Ol tranchées à combler,;. c'est chose faite
I),,)t]f 219 millions ; olU millions de mètres
'earr-és de 'l'éseauxd.e fil de fer à déraciner :
249 millions sont arrachés. La surface to-
tale à remettre en état comptait 3,800,000
heatares ; cette surface est purgée de pro-
jectiles- sur 3,415,000 hectares et nivelée sur
120,000.
Le sol blessé attend désormais la main
de l'homme. Cette première cure peut être
considérée comme à peu près aohevée,
jMji.squ elle s'exprime par 'les chiffres su-
vants
Pour 10Q
IDésobusage ":."e$. 89.8
Nivellement 1.-.:n:. 82.2
Fils. de fer arrachés- lu 80.1
Tranchées comblées 79
18 MOIS DE CULTURE
Ce que les cultivateurs sinistrés ont ac-
compli en dix-huit mois force le respect.
Qua id on connait les conditions dans les-
quelles ils l'ont accompli, on demeure con-
fonuu.
Surface -cultivable ruinée par la guerre :
1,757,000 hectares. Sur ces 1,757,000 hecta-
res, 1,689,000 sont aujourd'hui complète-
ment nivelés, 1,405,000 labourés ; 1 (million
sont ensemencés. Voici les proportions :
Pour 100
Surface labourée ********* 79.9
Surface ensemencée 56.9
,Bétail réintroduit. 25.7
La récolte de 1920 a représenté 50 de
la récolte d'avant-guerre au lieu de. 24
ien 1919. Au 1er" janvier 1921, 334,000 hecta-
res sont semés en avoine, 304,000 en blé,
67,000 en betteraves 46,000 en pommes de
terre 39,000 en aeigle 37,000 en orge et
150,000 en autres .cultures. La reconstitu-
tion agricole, subordonnée à la remise en
état du sol, va, suivant les départements,
de 52 à 93 En voici le tabLeau ré-
sumé :
L'OMBRE AU TABLEAU
Trois lourdes hypothèques cependant pè-
sent sur nos agriculteurs : le manque de
bétail ; le manque d'abris pour les ani-
maux et pour les récoltes ; l'insuffisance
du rendement à l'hectare. L'ennemi avait
enlevé près de 1.400.000 têtes : 350.000 seu-
lement ont pu jusqu'ici être réintroduites.
Où les loger ? Les écuries manquent, ainsi
que les étables et les hangars. La cons-
truction agricole, même provisoire, n'a
pas marché au même rythme que la popu-
lation. Une récolte, qui a coûté un si pro-
digieux effort, compromise par l'impossi-
bilité de Pengraner, voilà là déception de
l'heure. Elle s'ajoute à celle, heureuse-
ment passagère, qui naît de la diminution
du rendement. Il faut veiller sur cette dé-
ception. Il faut y pourvoir. Après certai-
nes tensions de tout l'être vers le but, il
est des découragements mortels. Puissent
les autorités responsables penser dès main-
tenant à.abriter la récolte prochaine !
Le paysan, qui ne connaît guère la force
de.l'association et que l'excès du malheur
a seul initié au sens du groupement, a
besoin, en effet, de l'aide active de l'Etat.
Il n'a pas bénéficié de l'encadrement puis-
sant qui préside depuis deux ans 'au re-
Jèvement de nos industriés. Concours du
Trésor par grosses masses .d'avances ; ap-
pel relativement facile au crédit, c'est par
ltî-que l'usine a pu si rapidement revivre,
80.500 établissements étaient en 1918 ré-
duits à l'immobilité. Parmi eux, 4.500
étaient démolis et sans outillage ; 6.300
debout, mais vidés de leur outillage ; 9.500
atteints seulement par les projectiles. De
ces 20.000 établissements (le cinquième de
re qui existait en 1914 dans la zone dé-
vastée), 3.800 sont aujourd'hui en pleine
activité, 5.500 en activité partielle 11.000
attendent, — soit en d'autres termes :
Etablissements en activité 18
Etablissements partiell. en activité 26
Etablissements non rouverts 56
UNE TARE : LE LOGEMENT
Mais après la lumière, voici la tache
d'ombre. Ces hommes qui labourent, qui
sèment, qui fauchent, qui travaillent lé
métal ou la laine, comment vivent-ils ?
Dans quel milieu familial et social ? Dans
quelles conditions de confort et d'hygiène ?
On a probablement fait du miêux qu'on a
pu. Mais pour aboutir à quoi ? C'est pré-
sentement la tare de la reconstitution.
Ils sont là 4.066.000 Français, 610.QOO de
moins qu'en 1914, — mais 2.116.000 de
plus qu'à l'armistice. Ils ont voulu rentrer
chez eux. Ils y sont rentrés. Mais com-
ment ? Les décombres amoncelés de leurs
villes et de leurs villages cubaient 42 mil-
lions de mètres. On en a, tant bien que
mal. déblayé 26 millions. Mais déblayer
n'est pas construire. Où ces revenants se
»sontrils logés ?
J'ai dit que 590.000 maisons avaient été
atteintes par le canon, le feu ou la mine
293.000 étaient rasées ; 296.000 partielle-
ment détruites. Au 1er janvier 1921, 44.000
éta-i-ont ireconstmites, 280.000 réparées. En
outre, 40.000 baraquements, 60.000 mai-
sons de bois, 29.000 maisons en matériaux
durs -rep,résentaien-t * avec les immeubles
réparés, la triste renaissance de nos cités.
Tel fut, tel est le foyer de 1.700.000 de
.pœ compatriotes réinstallés sur leurs
ruines, 400.000 autres vivant dans les rares
Biaisons que la guejrp avait respectées.
Lee chiffres, ici, solft tragiquement élo-
quents :
Proportion de la population réinstallée
à la (population. d'avant-gueiTe : 86,9
Proportion des logements réparés ou
provisoires aux logements d'avant-guerre :
f;9 f) o/e.
O~.J /0
Proportion des habitations reconstruites
aux habitations d'avant-guerre : 7,5
En d'autres termes, il est revenu plus
d'habitants qu'il nes'est proportionnelle-
ment construit ou réparé de maisons. L'in-
suffisance totale des logements, par rap-
port au retour de la population, se chiffre
par 24 ; celle des habitations réparées
ou provisoires, par rapport aux habita-
tions d'avant-guerre, par 33,1 ; celle des
habitations normales par 92,5 Ce der-
nier chiffre résume le mal. La douloureuse
atmosphère de notre reconstruction s'y
cristallise. C'est la condamnation de la
politique qui, en laissant depuis seize mois
l'Allemagne libre de ne pas payer, a
abouti, dès l'an dernier, à vider les chan-
tiers et à arrêter les travaux.
DE L'ARGENT
Je n'ai pas besoin de conclure : les faits
et les chiffres parlent.
Le Français, pour individualiste qu'il
soit, a résolument sacrifié, dans l'œuvre
de reconstitution, l'individu à la collecti-
vité. Il a couru à la terre, à l'atelier, à
l'usine avant de songer à son toit. Il a
ressuscité la production avant de s'assu-
rer un foyer. 1,1 avait cru que la maison
suivrait : la maison n'a pas suivi
La maison n'a pas suivi, parce que l'ar-
gent manque. On nous offre parfois une
consolation ; si l'on avait l'argent, affirme-
t-on, on manquerait soit de matériaux,
soit de main-d'œuvre. Cela n'est pas vrai.
C'est le .défaut de paiement, et lui seul,
qui, depuis six mois, paralyse les chan-
tiers. il faut le dire et le redire, d'abord
parce que c'est la vérité, ensuite parce que
c'est la seule façon d'obliger les gouverne-
ments à ne pas transiger sur le droit que
la France, ,solermellmnent, s'est fait recon-
naître à Versailles.
De l'argent, beaucoup d'argent, arrivant
avec exactitude et régularité, voilà, pour
travailler avec méthode, sans arrêts, sans
à-coups, sans gaspillage, la nécessité pré-
sente. Puisque l'heure est venue où, après
tant de mois, la commission des répara-
tions a promulgué un chiffre, c'est ce -chif-
fre que, dans ses éléments, je me propose
maintenant d'analyser.
André TARDIEU.
La réorganisation
des services maritimes
votée par la Chambre
Après avoir autorisé le gouvernement à
faire appel aux engagés volontaires, la
Chambre, hier matin, a abordé un débat
sur la réorganisation des services mariti-
mes postaux, à propos du projet de loi
concernant l'exploitation des services d'in-
térêt général reliant la France, l'Extrême-
Orient, l'Australie, la Nouvelle-Calédonie,
l'Afrique Orientale et la Méditerranée orien-
tale. En l'espèce, il s'agissait d'approuver
une convention conclue par le sous-secré-
taire d'Etat à la Marine marchande et la
compagnie des Messageries maritimes. Sou-
tenu par M. Valude, rapporteur, le projet
fut véhémentement combattu par M. Bouis-
son, ancien commissaire de la Marine mar-
chande, au nom des eoeialistes.
M. Bouisson aurait préféré que l'Etat, au
lieu de traiter avec une Compagnie, cons-
tituât une flotte nationale. Il estime que
tel aurait été l'intérêt général ; pour cons-
tituer cette flotte, il aurait fallu racheter
celle des Messageries Maritimes.
A cette arguniention, M. Rio est venu
répondre qu'il était autrefois partisan de
la solution défendue par M. Bouisson, mais
qu'il avait depuis changé d'avis, parce qu'il
avait contrôlé les risques que ferait courir
à l'Etat une exploitation directe.
Et la Chambre lui a donné raison en vo-
tant le projet, c'est-à-dire en ratifiant la
convention.
LES BOUCHERS AU PIED DU. MUR
M. Emile Desvaux, conseiller municipal,
vient d'adresser au préfet de police, com-
me contribution à, l'enquête ordonnée par
le sous-secrétariat au ravitaillement, des
renseignements intéressants au sujet des
prix de la viande pratiqués dans la région
bas-normande, comparés avec ceux de la
boucherie parisienne.
- Après avoir démontré que depuis un an
seulement, les prix d'achat à l'étable ont
diminu" pour les bœufs, de 1.200 francs
par unité, de 2.000 francs pour les vaches
laitières, de 800 francs pour les génisses,
et de 120 francs pour les moutons, M. Des-
vaux compare les cours de la vente au
détail en Normandie avec ceux de Paris.
De cette comparaison il ressort notam-
ment que le filet de bœuf, vendu à Paris
de 14 fr. 50 à 18 fr. 50 le kilo, se vend en
Basse-Normandie 10 fr. 20; le faux-filet
et le rosbeéf, de 14 fr. 50 à 16 fr. 50 au
lieu de 9 fr. 20 ; l'escalope et le filet de
veau, vendus à Paris de 12 fr. 60 à 18 fr.
le kilo, ne coûtent là-bas que 10 fr. 50;
l'épaule et le collier, que 6 fr. 50 au lieu
de 8 à 11 fr. 20.
Cette comparaison est suffisamment
suggestive. Si la puissante corporation des
bouchers parisiens objecte que ses confrè-
res de province n'ont pas les mêmes frais
généraux, M. Desvaux lui répond que, par
contre, la qualité « extra » est très géné-
ralement debitée là-bas, alors qu'à Paris
c'est de la bonne deuxième qualité que
l'on nous vend comme supérieure.
E.» Bugeat.
INFORMATIONS-,
f,
DE L'ÉTRANGER
M. Harding procède
par allusions
« L'Amérique veut résolument
ce qui lui appartient »
D'Old Point Camfort (Virginie). — Le
président harding a passé en revue la
flotte de l'Atlantique.
M. Harding qui, pendant la revue, s'est
tenu sur le pont du yacht présidentiel, est
monté ensuite à bord du vaisseau amiral
Pensylvanie et a prononcé une allocution
dans laquelle il a exprimé le désir que
les Etats-Unis n'eussent jamais 4 tirer un
autre coup de canon.
« Si, a-t-il dit., tous les gouvernements
étaient comme le gouvernement améri-
cain, une paix perétuelle régnerait. »
« Les Etats-Unis, a-t-il ajouté, ne veu-
lent rien qui ne soit juste ; ils ne convoi.
tent aucun territoire et ne désirent aucun
tribut, mais ils veulent ce qui, en toute
équité, leur appartient et, par Dieu. ils
sont bien résolus à l'avoir. »
Cette dernière phrase semble adressée
tout particulièrement au Japon.
La crise minière en Angleterre
Les dockers refusent de décharger
le charbon belge
Londres, 29 avril. — Par suite du refus
des dockers d'Ipswich de décharger le
charbon belge arrivé aujourd'hui par va-
peur, le contrôleur du combustible d'Ips-
wich, agissant au nom de la municipalité,
a fait entreprendre ce matin, par de la
main-d'œuvre non unioniste, la décharge-
ment du charbon qui n'est pas destiné à
l'industrie. '1
A la suite de cette mesure, les dockers
d'Ipswich ont décidé de cesser le travail
aussi longtemps qu'on emploiera de la
main-d'œuvre n'appartenant pas aux tra-
des-unions.
On ne prévoit pas la reprise du travail
Sir Robprt Horne a déclaré à la Chambre
des Communes :
« Les négociations sont terminées. Il y a
certaines indications que les délégués mi-
neurs rendront compte de la situation à
leurs organisations régionales, mais per-
sonne ne peut dire ce qu'il en résultera.
« Nous ne pouvons espérer que cet ar-
rêt do travail, qui se révèle maintenant
comme ayant un but politique (protesta-
tions de quelques députés mineurs) puisse
prendre fin bientôt.
La question de Vilna
UNE SOLUTION AU CONFLIT
POLONO-LITHUANIEN ?
Varsovie, 29 avril. — Le président de la
Chambre polonaise, M. Trampozynski,
vient de proposer une solution nouvelle
au conflit polono-lithuanien consistant en
une union douanière.
Une frontière politique serait établie
conformément au principe ethnographique
au moyen d'une conscription contrôlée
permettant à toute personne de déclarer sa
nationalité.
Cette frontière laisserait nécessairement
Vilna à la Pologne, étant donné le petit
nombre de Lithuaniens qui se trouvent dans
la ville et la région de Vilna. Les droits
des minorités seraient garantis des deux
côtés de cette frontière. Une zone serait
établie dans laquelle le maintien des trou-
pes serait défendu.
Sur ces bases une union douanière lais-
sant intacte la souveraineté des deux pays
serait une solution avantageuse du problè-
me économique qui, tout compte fait, est
le plus important dans cette question.
La dette belge envers les Alliés
La commission des réparations a com-
mencé hier à examiner la question de la
dette belge envers les Alliés.
La commission, on le sait, n'a pas com-
pris dans le chiffre de 132 milliards de
marks-or la somme correspondant à l'o-
bligation qui incombe à l'Allemagne, en
vertu du troisième alinéa de l'article 232,
d' « effectuer le remboursement de toutes
les sommes que la Belgique a' empruntées
aux gouvernements alliés et associés jus-
qu'au 11 novembre 1918, y compris l'inté-
rêt à 5 par an desdites sommes ».
La situation s'aggrave aux Indes
Bombay, 29 avril. — Sous divers pré-
textes (un temple aurait été brûlé, etc.)
des soulèvements ont éclaté aux Indes.
On doit les rapprocher de ceux qui avaient
été signalés il y a quelques semaines.
Il y a peu de jours, des troubles gra-
ves se sont produits à Malecaon, dans le
district de Nasik (présidence de Bombay).
Des agents de police ont été tués et un
manifestant et des officiers de police bles-
sés. Les fils télégraphiques ont été coupés.
Des troupes ont été expédiées en hâte.
LES IDÉES
DES m/TRES
La journée décisive
M. Lloyd George l'a dit aux Communes :
La décision sera prise sans délai. Il s'agit,
à n'en point douter de Voccupation de la
Ruhr.
Quelles doivent être maintenant, deman-
de M. Capus dans le Gaulois, les garanties
toujours nécessaires à une convention de
ce genre ?
En 1918. elles ne furent pas suffisantes,
et qui sait si nous ne conservions pas,
malgré tant de présages sinistres le secret
espoir de trouver une Allemagne nouvelle
et repentante ? La leçon a servi. L'expé-
rience nous a éclairés. Le fait est assez
raré dans l'histoire de notre esprit natio-
nal. Nous avons donc été amenés à déter-
miner des garanties parmi lesquelles l'oc-
cupation de la Ruhr est au premier rang.
La meilleure preuve qu'elle mérite cette
importance, est qu'à part l'exception des
pessimistes de nature, les difficultés de
l'entreprise ne sont signalées en tous pays
que par les protecteurs de l'intérêt alle-
mand. Remarquez aussi que les proposi-
tions allemandes semblent se précipiter à
mesure que le jour avance et que notre
îésolution s'annonce. Le geste énergique
de la France va faire du 1er mai 1921 une
date grande et heureuse.
Conseil suprême !
Le Conseil suprême du 1er mai aura le
caractère d'une grande liquidation.
En effet, écrit M. Roujon, dans le Figaro,
il va pouvoir attribuer, conformément au
traité de Versailles et au droit des peuples
à disposer d'eux-mêmes, le bassin houiller
de Haute-Silésie à la Pologne. Les mineurs
de cette région ont manifesté hier avec
violence leur horreur pour leurs patrons
allemands.
Avant le 10 mai, les troupes françaises
et belges, probablement appuyées par des
tioupes anglaises, auront occupé la Ruhr
dont l'exploitation sera méthodiquement
assurée. La taxe sur les charbons ne sera
plus perçue par le Reich, mais par les
Alliés ; elle sera vraisemblablement ma-
jorée, car il n'est pas admissible que les
Allemands payent le charbon moins cher
que nous.
1'. Il s'agit surtout de donner à l'Allemagne
l'impression qu'elle est vaincue ; la so-
lution du problème économique et finan-
cier suivra la solution du problème poli-
tique. Mais nos Alliés attendent que nous
leur montrions la route à -suivre. Ils se-
ront hésitants si nous le sommes nous-
mêmes.
L'Amérique ?
M. Viviani nous informe, à la cadence
d'un article par jour, de l'état d'esprit
des Américains. Il le connaît et donne
quelques conseils aux bavards et aux in-
formateurs sans prudence.
Il faut que ceux qui écrivent et qui par-
lent exercent une véritable censure sur
eux mêmes. Parler de la dette comme on
a commencé à le faire hier, en m'attri-
buant des déclarations erronées c'est, avec
la meilleure bonne foi, desservir notre
pays.
Il ne faut pa donner l'impression, alors
surtout que ce n'est pas notre intention,
de forcer la main à l'Amérique. Elle se
rappellerait vite au sentiment de sa liber-
té qu'elle juge, à bon droit, Inaliénable.
Continuons à lui montrer une France
forte et unie, capable, quel qu'il soit, de
faire face à son destin, vivant en bonne
harmonie avec les Alliés, ne demandant
que le triomphe du droit, c'est cela qui
prévaudra toujours, ce qui signifie que,
certes, la politique est dans la diplomatie
Qfficielle. mais aussi dans cette diplomatie
sans protocole qui est l'influence, chaque
: T
jour grandissante, d'un peuple libre et
fort, f -
: Le sacrifice à consentir !
M. Léon Bailby demande dans l'Intran-
sigeant que ce nouveau sacrifice auquel
l'Allemagne vous contraint soit le moins
onéreux pour qui va payer les frais.
Il y a trois mois, tout le monde, dans
certains milieux, brûlait d'occuper la
Ruhr. Il est plus d'un de ces enflammés
qui se défilent aujourd'hui, parce qu'il va
ralloir, en hommes et en argent, payer ta
facture de l'expédition. On s'aperçoit que
ce n'était pas si commode. On justifie par
là les hésitations de ceux qui, gouvernant,
prévoyaient les responsabilités. Les bu-
reaux du ministère de la guerre sont en-
combrés de demandes d'embusquage. C'est
à qui ne partira pas. Nous demandons
qu'en dehors des hommes des régions libé-
rées, aucune exception ne soit faite. Ega
lité démocratique absolue dans le sacri-
fice à consentir.
Nous demandons qu'assurance formelle
soit donnée aux jçunes gens qui vont par
tir qutils retrouveront leur place, ou l'é-
quivalence, dans la maison qu'ils auront
quittée. Un texte législatif peut être voté
en huit jours qui leur donne cette sécurité.
L'Italie sanglante
Le Petit Provençal estime que l'Italie
n'a rien à gagner à la prolongation du dé-
sordre.
C'est, non pas la réponse du berger à
la bergère, mais la réponse du destructeur
au destructeur, de l'incendiaire à l'incen-
diaire, du meurtrier au meurtrier. Quand
les uns seront fatigués de commettre des
attentats et de faire couler le sang, les
autres s'arrêteront : pas avant. On finira
bien par comprendre des deux côtés qu'il
serait aussi fou que criminel de s'obstiner
dans d'aussi monstrueuses pratiques.
M. Giolitti se rend compte lui-même que
l'épreuve a assez duré. Il vient de le dé-
clarer, et précisément à propos des élec-
tions : « l'ordre à tout prix » lui paraît
à présent la consigne nécessaire. On peut
supposer que tels seront aussi l'avis et le
vœu de la grande majorité des électeurs
en Italie.
Malheureusement, là-bas comme chez
nous, ce sont les partis de réaction qui se
trouvent appelés à recueillir les profits de
la situation équivoque et trouble créée par
les .exagérations et par les abominations
des partisans du désordre et de la vio-
lence.
La peur du bolchevisme et de ses odieux
excès sera exploitée par les candidats du
bloc national italien, ainsi qu'elle le fut
par les candidats du bloc national en
France. Si la tactique réussit de l'autre
côté des Alpes comme elle a réussi de cè
côté, il sera prouvé une fois dé plus que
les inepties et les aberrations du commu-
nisme bolcheviste mettent les meilleurs
atouts dans le jeu électoral des partis de
réaction.
La crise économique
Nous n'avons plus les moyens de nous
endetter sans cesse aux Etats-Unis ou en
Angleterre. Le seul remède aux maux du
temps présent c'est d'échanger des pro-
duits contre des produits, après règlement
en valeurs monétaires. Telle est l'opinion
du Petit Méridional.
Le retour à de telles pratiques serait
d'ailleurs singulièrement plus facile si l'Al-
lemagne, de par la dépréciation du mark,
sur des bases différentes à l'intérieur et à
l'extérieur, ne venait pas faire une con-
currence contre laquelle il est impossible
de lutter par des tarifs de douanes mo-
dérés.
Combien la situation industrielle et com-
merciale de l'Angleterre et des Etats-Unis
serait meilleure si, au lendemain de la
cessation, des hostilités, grâce à une en-
tente internationale, on avait assuré le re-
lèvement des monnaies dépréciées d'Euro-
pe. La mesure égalisait les coûts de pro-
duction dans les différentes nations et le
monde n'était plus engagé dans l'impasse
économique où il etouffe.
Une claire vision des réalités nous per-
mettra-t-elle d'aller, bientôt, aux seules
solutions définitives de la crise qui com-
portent une entente internationale et le
règlement définitif de la dette de l'Allema-
gne ?
Grecs et Turcs
Les nouvelles arrivant du front d'Asie-
Mineure sont très contradictoires, mais
on ne peut se défendre contre cette im-
pression que les Grecs viennent d'essuyer
un nouvel,échec.
Ils ont certainement évacué Ouchak,
écrit la Gazette de Lausanne. Le gouver-
nement d'Athènes réussit à cacher au peu-
ple la gravité de la situation, mais la vé-
rité ne finira-t-elle point par percer ? Il
est assez remarquable qu'on ne parle plus
du départ du roi Constantin pour le front.
Veut-il éviter de donner à de nouveaux
échecs un sens plus grave en les sanction-
nant. pour ainsi dire, par sa présence ?
Est-il possible, d'autre part, que la nation
hellénique ne fasse pas retomber sur le
retour du roi, cause de tout le mal, une
déception qui finira bien par éclater ? La
situation se complique vraiment de jour
en jour. Et l'on se demande si Je retour
de M. Venizelos lui-même, qui d'ailleurs
n'est pas encore à prévoir, arrangerait les
choses.
Claude Villhaud.
NOUVELLES
1 BREVES
1
Les édiles parisiens sont au pied du Vésuve
La délégation du Conseil municipal de
Paris est arrivée à Nâples ; elle a iîilé
les habitations à bon marché.
Les crimes sociaux se répètent en Espagne.
Cette nuit, un nouveau crime social a eu
lieu à Barcelone. Le chef de cuisine du
restaurant du Mont-cFOr a été lué. à coups
de revolver par des individus demeurés in-
connus. La victime appartenait au syndi-
cat libre. -
les trains belges marcheront le 1er mai.
A la suite d'une réunion tenue dans la
soirée d'hier, les cheminots belges, con-
trairement aux premières 'info.rmations,ona
décidé de ne pas chômer le Ier mai. »
Le Mexique est un pays charmant.
Quinze bandits mexicains ont attaqué,
près de Tampico, les employés d'une com-
pagnie pétroitifère et, après un sanglant.
combat, les ont dépouillés d'une somme,
d'environ 135,000 pesos. Il y a eu dix tués,
dont deux bandits;
Les Espagnols sollicitent des avantngew
économiques de la France.
Les exportateurs de vins en Espagne 68
sont réunis à Saragosse dans le but d'ex.V j
miner les causes de la crise viticole que
traverse le pays. Ils ont délégué auprès da
gouvernement le comte de Lavera pour
l'inviter à demander à la France des dé.
rogations douanières.
Un enfant dans un bénitier.
On a découvert, dans un bénitier de ré.
glise Saint-Jean, à Lyon, le cadavre d'un
enfant nouveau-né du sexe masculin, pa-
raissant né viable, et enveloppé dans un
numéro du journal « La Croix ».
Homonymie.
Mlle Marthe Ferrari, de rOpéra-C=:;mique;'
premier prix de ellant et de déclamation
lyrique au Conservatoire en 1919, fait sa-
voir que pour éviter foute confusion avec
son homonyme: MUe Nette Ferrari, oUe
jouera désormais sous le nom de Marthe
Ferrair.
Un nouveau sénateur
Le collège électoral sénatorial de l'Ifeèffc
se réunira à Grenoble le dimanche 12 juin,
pour procéder à l'éleciion d'un sénateur en
remplacement de M.' Antofiin Dubost, dé.
cédé.
La bataille anglaise
sur la question irlandaise
(De notre correspondant.)
Les méthodes employées jusqu'à ce joui
pour pacifier l'Irlande n'ayant pas pro-
duit les résultats espérés, le cabinet bri-
tannique fait des avances à l'Irlande, oïuà,
plus exactement au sud de l'Irlande, a
question de l'Ulster devant être résolue
séparément. M. Lloyd George a soutenu
devant la Chambre des communes la thèse
que de deux maux U faut choisir le moin-
dre et que l'action militaire doit être rem-
placée par une action conciliatrice : élec-
tions dans le sud de l'Irlande, création
d'un Parlement sud-irlandais. Chaque
candidat à un siège devrait faire part de
ses opinions et de l'attitude qu'il compte
adopter pendant la durée de son mandat.
Cette dernière proposition dressa une
partie de la Chambre contre le premier
ministre, auquel on reprocha une contra-
diction dans les divers paragraphes de
son projet, les membres du Parlement ir-
landais devant être indépendants de l'An-
gleterre si l'on veut que ce Parlement ait
des chances de subsister.
D'ailleurs, le projet dans son ensemble
rencontre aussi bien au Parlement britan-
nique que dans l'opinion publique an-
glaise une opposition irréductible.
Sauf quelques journaux amis de l'Ir-
lande, la presse anglaise attaque véhé-
mentement le projet Lloyd George.
Néanmoins, il est vraisemblable que
celui-ci persiste dans ses intentions. Le
Premier britannique a eu un entretien
avec lord Derby retour d'Irlande. On sait
que lord Derby est un agent pacificateur
entre Londres et Dublin. Son action est
susceptible de devenir des plus efficaces.
Nul doute qu'il n'ait soumis aux* auto-
rités de la « République » de l'Irlande, le
projet de création d'un Parlement sud-
irlandais. La question fera sous peu l'ob-
jet d'un nouveau débat.
M. Lloyd George a hâte de donner une
solution au problème irlandais ; il a donné
une preuve de sa grande habileté comme
tacticien politique en invitant ses adver-
saires à proposer eux-mêmes les moyens
qui leur semblent le plus pratique pour
éviter que l'Irlande soit complètement sé-
parée politiquement de la Grande-Breta-
gne. Or c'est, au fond du différend anglo-
irlandais, le seul point .auquel les Irlau-
dais attachent de l'importance. Ils n'ont
engagé la lutte que pour conquérir leui
indépendance et ils ne cesseront de se bat-
tre que lorsqu'ils l'auront conquise. M.
Asquith et ses partisans ne peuvent donc
plus se servir de la question irlandaise
pour attaquer le premier ministre, car ils
ne peuvent présenter aucun projet capable
de donner de meilleurs résultats que les :
procédés employés jusqu'à ce jour par le
gouvernement de M. Lloyd George.
M SEMAINE MUSICALE
Reprise d'Aphrodite à l'Opéra=Comi-
'que. — II faut étendre et varier le
répertoire. — Les classiques et les
modernes. - Les derniers program"
mes des Concerts Pasdeloup sont
heureusement composés. — Haba-
nerà, de M. Louis Aubert. — Concerts
Risler. — Récitals de Mlle Bernadette
Alexandre-Georges.
A l'Opéra-Comique : reprise d' « Aphro-
dite. — En attendant la réapparition de-
puis longtemps annoncée, mais actuelle-
ment imminente, d'Ariane et Barbe-Bleue,
de M: Paul Dukas, MM. Carré et Isola
viennent de reprendre Aphrodite, de M.
Camille Erlanger, qui n'avait pas été re-
présentée depuis deux anf. Cet ouvrage,
qui est resté pendant dix ans au réper-
toire de la salle Favart, n'aurait pas dû
disparaître de, l'affiche pendant aussi
longtemps. Œuvre solide et brillante,
haute en couleurs, largement mélodique
au bon sens du terme, malgré la répétition
systématique et voulue de deux ou trois
thèmes principaux que le compositeur uti-
'li"" sans cesse sous les formes les plus
div rses, non sans quelque monotonie il
es devenu familier an public ; le sujet
.est essentiellement lyrique d'ailleurs, se
développe en un <:adre agréable et com-
porte une mise en scène qui porte en soi
de; éléments de succès. Aphrodite a d'ail-
leurs été le plus gros succès « de départ »
eue l'Opéra-Comique ait enregistré depuis
vingt-cinq ans. J'ai personnellement pu-
blié dans Comœdia, quelques mois avant
la guerre, des chiffres probants et précis
à l'appui de cette affirmation. Applaudis-
sons donc à cette reprise et souhaitons
que cette œuvre maîtresse d'un musicien
français de réelle valeur, prématurément
disparu, conserve désormais sa place au
répertoire.
Trop de Manon et de Werther, de Car-
men et de Tosca depuis quelque temps, je
le redis, figurent au programme de l'Opé-
ra-Comique national. Le point de vue des
résultats matériels n'est pas 4e seul qui
importe ici. Quand reverrons-nous sur
l'affiche les grands ouvrages classiques :
Orphée, Alceste, les deux Iphigénie, Don
Juan, qui en sont depuis longtemps dis-
parus, et, dans un autre ordre d'idées, les
délicieux opéras-comiques des musiciens
de la seconde partie du dix-huitième et du
commencement du dix-neuvième siècles.
Et comment d'autre part M. Albert Carré
ne passe-t-il pas en revue et n'offre-t-la pas
derechef à l'audience de son fidèle public,
au Boh de sa longue carrière directoriale,
quelques-uns des meilleurs ouvrages qu'il
a montés et dont la reprise, au point de
vue artistique qui est le nôtre, s'impose :
Pénélope, de notre grand Gabriel Fauré,
La Habanera de M. Raoul Laparra,
L'Heure Espagnole de M. Maurice Ravel,
Bérénice d'Albéric Magnard, qui n'est plus
là pour réclamer son tour, La Lépreuse
de M. Silvio Lazzari, Le Rêve et l'Oura-
gan de M. Alfred Bruneau, et même le
charmant Cœur du Moulin de Déodat de
Séverac. Et je ne parle ni de la très belle
et dramatique Fille de Roland de M. Henri
Rabaud, ni du Carillonneur, de Xavier
Leroux (qui méritait un meilleur sort), et
que l'Opéra, iau cadre plus propice, s'ho-
norerait grandement de recueillir.
Mais revenons à la reprise d'Aphrodite.
Mlle Marthe Chenal, qui possède toutes
les traditions du rôle continue à person-
nifier Chrisis à la satisfaction générale.
On sent qu'elle affectionne ce rôle qu'elle
possède admirablement et qui lui convient
lort bien, et qu'elle apporte, à l'interpré-
ter, un soin particulier. M. Charles Fon-
taine chante avec éclat, mais sans aucun
style, ou plutôt en un style déplorable, la
partie de Démétrios, qu'il joue sans au-
cune distinction. De plus, il ne respecte
pas toujours très exactement le texfe mu-
sical d'Erlanger. Certes l'écriture du rôle,
le plus vétilleux qui soit pour un ténor —
M. Léon Beyle en a su quelque chose —
n'est pas favorable au chanteur, -et celui-
ci doit en user avec prudence avec - les
intervalles de neuvième diminuée et même
de dixième et les embûches dissonantes de
toutes sortes dont il est hérissé. Le reste
de l'interprétation, qui compte un grand
nombre de rôles de second plan qui, tous,
ont leur importance musicale, est honora-
ble, sans plus, surtout du côté masculin.
La distribution actuelle est loin de valoir
l'ancienne et Mlle S. Pawloff ne sau-
rait faire oublier l'inoubliable Régina Ba-
det danseuse. Accordons cependant une
mention spéciale à Mlle Famin. Louons
encore la sûre correction de M. Cathe-
rine au pupitre et passons aux con..
certs !
Concerts Pasdeloup. — Marquons avec
faveur l'iheureux effort fait par M- Rhené-
Bâton dans la. composition de ses derniers
programmes. On y peut lire des titre&
anoins familiers à nos yeux, une plus
grande variété de noms, et ce qui est
mieux, de noms français. Ni VHéroï, >■-, ni
la Pastorale — dont une fois encore la
haute et (rayonnante valeur musicale n'est
pas en cause — n'y figurent. Wagner ce-
pendant y tenait encore dimanche der-
nier une place bien importante, trop im-
portante aujourd'hui qu'on lui a rouvert,
tort heureusement, la porte de nos théâ-
tres lyriques. On avait pris soin de nous
prévenir dès l'abord que les fragments des
Maîtres-Chanteurs — enlevés de robuste
façon — avaient été redemandés. Admet-
tons cette concession de nécessité commer-
ciale aux abonnés et habitués da M. Sand-
beœg, mais fallait-il à toute force y ajou-
berg, l'ouverture du Vaisseau Fantôme.
Nous avons été les premiers à défendre les
droits du génie en réclamant' énergique-
ment en faveur de l'Œuvre de Richard
Wagner, mais il ne faudrait pas tomber
plus longtemps d'un excès dans l'autre.
Nous avons Iréentendu avec un voluptueux
plaisir les exquises Mélodies Hébraïques
de M. Maurice Ravel ; voilà un sémitisme
que je goûte fort, pour ma part. Les deux
préluds de Cachaprès de M. Francis Ca-
sadesus restent sympathiques ; c'est du
travail de musicien. De M. Louis Aubert,
qui a, lui aussi, fait ses preuves, Haba-
néra a plu davantage à l'ensemble des
auditeurs. C'est un bref tableau 'musical
largement brossé, aux couleurs vives et
aux oppositions nuancées,très soigné dans
les détails, qui — ce qui est mieux — ne
manque pas d'envolée.
Mlle Mad. Grey a dit avec goût, pour
notre grande satisfaction, trois Ballades
de François Villon suavement traduites
musicalement par Claude Debussy.
Concerts et Récitals. — A la salle du
Conservatoire, M. Edouard Risler, qui est
plus et mieux qu'un grand pianiste, un
musicien accompli, un parfait artiste, au
beau sens du terme, si complètement ac-
quis à notre Ecole française, continue
chaque vendredi sa série de- concerts de
musique moderne qui comptent, à juste
titre, parmi les plus suivis de la saison.
Il est fâcheux qu'un incident ridicule, né
d'un malentendu déplorable qu'il eût été
facile d'éviter, soit venu bouleverser le
beau programme du précédent vendredi.
La séance devait être consacrée à Gabriel
t
Fauré, Maurice Ravel et Raynaldo Haihn.
La Société des Auteurs, par suite d'un
différend assez obscur avec l'imprésario,
portant sur une question de perception de
droits sur les œuvres du domaine public,
lui a interdit au dernier moment l'usage
de son répertoire social. On dut aviser.
M. Risler joua donc avec M. Gaston Pou-
let, trois Sonates pour violon et piano, de
Beethoven, puis, seul, diverses pièces de
Chopin et de Couperin. On l'acclama jus-
tement. Et, à huitaine, tenant sa parole,
il interpréta avec un art supérieur notre
maître Gabriel Fauré (6° Nocturne, 6°
Barcarolle et Valse Caprice) et le délicieux
Tombeau de Couperin, de M. Maurice
Ravel, qui, décidément, se passe aisément
de toute adaptation chorégraphique.
Programme copieux au dernier samedi
de la Société Nationale de Musique. La
Sonate pour piano et violoncelle de M. A.
Honegger, que jouèrent correctement Mlle
A. Vanrabourg, et fort bien M. Dirian
Alexanian, m'a paru d'idées bien « tara-
biscotées » et d'écriture assez curieuse,
encore qu'elle soit établie sur des bases
solides. Le Presto ne manque ni de bril-
lant ni de saveur. Signalons aussi deux
agréables pièces pour flûte de M. Marcel
Labey, que M. René Roy joua avec talent.
Le quatuor vocal Battaille, avec au piano
Mme Roger-Miclos, ee flt apprécier et
applaudir en chantant la série de petites
pièces d'un charme délicatement archaï-
que que M. P. Ladmirault a écrit sur le
Dominical de Max Elskamp.
Mlle Bernadette Alexandre-Georges, fille
du remarquable musicien des Chansons
de Miarka, a donné deux récitals de piano
qui ont obtenu un vif succès. Nous avons
pu apprécier sa connaissance des maîtres
et sa jeune virtuosité au cours de la pre-
mière séance, consacrée à l'école roman-
tique, en des fragments d'oeuvres de Cho-
pin, Schumann et Listz, et, la semaine
suivante, soo dons d'interprète sensible et j
intelligente, lorsqu'elle joua la Sonatine
de Ravel, Thème et Variations de Ga-
briel Fauré, et surtout, avec un goût par-
fait, les douze Préludes de Claude De.
bussy, qui lui valurent le plus mérité
succès.
La musique ne chôme guère, on le voit ;
les musiciens non plus. Et cependant ils
ne peuvent guère, pour la plupart, se per-
mettre d'engraisser. Nous vivons à l'âge
du mufle, comme me le disait si justement
hier l'un des plus sympathiques et des
plus indépendants-
Georges LINOR.
ARTS ET LETTRES
j Au musée du Louvre
On procède en ce moment, au Louvre,
à la .réinstallation de la salle des Etats, où
figurent les pièces les plus importantes de
nos maîtres du dix-neuvième siècle : In-
gres et Delacroix, Corot et Courbet, etc.
L'inauguration de la salle aura lieu dans
les premiers jours de mai, en même temps
que celle des petites salles constituées par
des pièces venues du musée du Luxem-
bourg.
A la Maison des artistes
Le vernissage de la troisième exposition
d'ensemble de la Fédération française des
artistes a eu lieu hier à la Maison des ar-
tistes, avenue de Wagram, 153. L'exposi-
tion sera ouverte au public jusqu'au.
11 mai.
Expositions
A l'Ecole nationale des beaux-arts, 15,
quai Malaqusris, exposition de l'œuvre de
Luc-Olivier Mer son, du 4 mai au 1er juin*
-' ',.;..:c=-. L., MÉRITAN. ■
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