Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-12-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 décembre 1911 18 décembre 1911
Description : 1911/12/18 (N15256). 1911/12/18 (N15256).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75681782
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
Iqo 15258. — M FRIMAIMÊ, AM T29.
CINQ CENTIMES LE HUMERO
LUNDI 18 DECEMBRE 1911. - ft- 15258.
LE XIX' r SIECLE
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
18, boul. de Strasbourg et 71, rue du Faub.-St-Martin, PARIS
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Adresser lettres et vmukkl* 4 l'Administrateur -
l ..:,' JRIBUNE LIBRE
-.. -.:. j
Les Retraites Ouvrières
r' ", -
Atl moment où le texte
de loi sur les retraites ou-
vrièreset. paysannes re-
vint, savamment remelaxé
par les tenants du conser-
vatisme social, du Sénat à
la Chambre des députés, la législa-
ture touchait à sa fin et, plutôt que de
ne rien avoir, les députés votèrent
sans retouche le texte des hôtes du
Luxembourg'
Devant leurs électeurs, les députés
sortants prirent les engagements les
plus formels pour la modification de
la loi du 5 avril 1910. Stimulés par le
souvenir de leurs promesses et s'ins-
pirant des critiques formulées de part
et d'autre et aussi du texte voté par la
Chambre en 1906, dès le 18 juin 1911,
les députés votèrent une proposition
de résolution visant les modifications
1alI'oeuvre du législateur de 1910 et in-
vitant le Gouvernement à les incorpo-
rer dans la loi de Finances de 1912.
Les dispositions proposées par la
résolution du 18 juin comportaient :
« l'abaissement à soixante ans de l'â-
ge où l'allocation de l'Etat est attri-
buée ; la consolidation à 100 francs de
cette allocation ; enfin, la transforma-
tion, pour tous ceux qui ont dépassé
l'âge de la retraite, de l'allocation
d'assistance en une allocation cle re-
traite de 100 francs ».
A cela, la Commission d'assurance
et de prévoyance sociales propose d'a-
jouter les trois points suivants :
« 1° Il sera porté au compte d'as-
surance l'allocation viagère de 100
francs qui sera capitalisée pour cha-
que année d'ajournement demandée
par J'ayanl-droit à partir de l'âge de
60 ans-
« 2° Les deux années de service mi-
litaire obligatoire seront comptées
pour la détermination; du montant de
l'allocation viagère.
« 30 Pour la même détermination,
chaque maternité sera comptée a la
femme ».
De plus, le Gouvernement a fait la
promesse de déposer bientôt un pro-
jet de loi sur l'assurance-invalidité.
Si toutes ces mesures améliorent
sensiblement la loi, il n'en est pas
moins vrai que de nombreux inconvé-
nients subsistent ; notamment celui
que soulève si fortement l'arrêt de la
Cour de cassation relativement aux
articles 3 et 23. M. Paul-Boncour,
après M. Viviani, avait dit que la ju-
risprudence fixerait l'interprétation
de ces articles. Il faut s'incliner et re-
connaître tout de même que la Cour
de cassation ne pouvait pas prendre
autre chose que ce qui se trouve
dans le texte qu'elle était chargée d'in-
terpréter, L'article 3, dans sa ri-
gueur logique, signifie que, pour que
le patron puisse coller le timbre mix-
te, il faut que son employé lui pré-
sente sa carte, et rien dans la loi n'au-
torise le patron £ contraindre l'ouvrier
à supporter une diminution de salaire.
L'article 23 édicte que, sgi l'em-
ployeur n'a pas pu apposer le timbre,
« il pourra se libérer en versant, à la
fin de chaque mois, la somme a sa
charge aux mains du greffier de la
Justice de paix ». C'est bien la recon-
naître implicitement et par a contra-
rio la possibilité pour l'employeur de
se libérer seul, sans qu'a aucun mo-
ment il ait pu obliger son employé à
subir une retenue quelconque.
Au cours de la séance de vendredi
matin, M. René Renoult, ministre du
Travail, a déclaré qu'il saisirait sous
peu le Parlement d'un texte tendant
à modifier l'article 23. Jusque-là,
l'arrêt de la Cour de cassation pré-
vaudra. Si cette modification donne
au patron le pouvoir du précompte, du
même coup le patron se trouvera in-
vesti d'un pouvoir juridictionnel qui
l'autorisera à se faire juge de la légi-
timité de la résistance opposée par
son employé. Cela sera grave ; car,
grâce à cette délégation de la puis-
sance publique, les patrons seront des
quasi-fonctionnaires et pourront tenir
leurs ouvriers dans u.n nouvel état de
dépendance- Il vaudrait mieux un peu
de bonne volonté de part et d'autre..
Lorsque, au cours des séances des
7 et 8 novembre 1905, je soutenais
mon contre-projet reposant sur le
double principe de l'universalité des
charges et de l'universalité des avan-
tages, M. Jaurès me dit : « Vous au-
rez raison' dans dix ans M.
Il n'y en a donc plus que pour qua-
tre ans avant l'échéance qui me don-
nera raison. Tout en préconisant l'ap-
plication loyale de la loi actuelle, je
persiste à croire qu'au lieu d'une loi
de retraites ouvrières et paysannes à
triple versements, il faudrait, comme
je le proposais, il y a six ans, une loi
de retraites pour la vieillesse, servie
à tous les citoyens des deux sexes qui,
à l'âge de soixante ans, se trouvent
sans ressources ou avec des ressour-
ce insuffisantes.
La charge incombant, sous forme
d'impôt de solidarité sociale, ii tous
les citoyens sans exception propor-
tionnellement à leur revenu.
François FOURNIER,
Député du Gard..
+
LA POLITIQUE
:+.-+:-
FINISSONS EN
Le Pays tout entier suuhai-
tait que la Chambre instituât,
sur l'Accord franco-allemand,
iin ample et fier débat. Il a
lieu d'être salisfait. L'opposi-
tion Me droite el celle de gau-
che ont aélégué, a la tribune, des ora-
teurs qui ne sont pas seulement l'hon-
neur de leur parti, mais l'honneur du
Parlement, un Jaurès, un Albert de
M u n.
Des hommes d'Etat, en qui la com-
préhension la plus sûre des réalités de
notre politique extérieure s'allie au
plus noble souci de la grandeur natio-
nale. M. Lebrun, M. M Hier and, M. Des-
chanel, ont fait justice des critiques
dirigées contre l'œuvre du Gouverne-
ment, ont mis en lumière la, nécessité
de ratifier le traité du 4 novembre et
de le ratifier sans délai.
Lundi, M. le président du Conseil,
lui-même, ne manquera pas de répon-
dre, avec sa franchise et sa clarté ha-
bituelles, aux questions qui lui ont été
adressées, au cours de la discussion, et
revendiquera; hautement la responsabi-
lité de Vœuvre nécessaire et féconde
qui, ainsi que l'a montré, dans son ma-
gnifique langage, M. Paul Deschanel,
complète el prolonge dans la paix
Vœuvre d'expansion française de la
Restauration, di* la Monarchie de juil-
let, du grand calomnié de la Troisième
République : Jules Ferry.
Le sentiment de la Chambre n'est
plus douteux : elle tiendra à honneur
de ratifier VAccord.
Une autre ratification n'est pas moins
indispensable, celle du Sénat.
- La semaine dernière, une délégation
de tous les groupes de la Haute Assem-
blée, présidée par M. Léon Bourgeois,
fit part au Gouvernement du désir,
commun à tous les sénateurs, d'être
mis en mesure d'examiner le traité
franco-allemand avant les vacances de
janvier.
M. Léon Bourgeois fil alors savoir à
M. Caillaux que le Sénat n'hésiterait
pas à siéger, à cet effet, malgré la pro-
ximité des élections sénatoriales, jus-
qu'au 31 décembre, eî la délégation tout
entière appuya les instances de son
éminent président.
Ce vœu si énergiquement [onnulé,
répond au vœu du Pays.
Il faut en finir ; il faut, tandis que les
négociations continuent à Madrid, que
le Parlement se hâte de consacrer, par
son vote, le résultat des pourparlers
entre Paris et Berlin. -
La Nation ne comprendrait pas que
députés en sénateurs enlrâssent en va-
cances avant d'avoir statué sur le traité
qui leur est soumis. Elle attend des
orateurs inscrits qutls renoncent, au
besoin, à la parole, qu'ils abrègent, en
tous cas, leurs explications, qu'ils se
résolvent, s'il est nécessaire, à tenir
séance le matin.
A la Chambre, d'abord, de manifes-
ter sa volonté d'aboutir sans délai.
La Haute Assemblée a donné assez
'de preuves d'esprit politique et de pa-
triotisme clairvoyant, pour que nous
soyions sûrs, qu'en s'opposant à tout
atermoiement, elle se fera un devoir
de tromper les espérances des enncmiJ:
du régime.
Il appartient aux républicains de ne
pas laisser accuser la République, en
pareille circomMÇ^ QM de
nonchëam* .",,"u1.-' -
LE FAIT DU JOUR
Au SALON. — Quelques types de plus lourds que l'air.
Les On = Dit
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil : 7 h. 50 du matin.
Coucher du soleil : 4 h. 2 m. du soir.
Lever de la lune : 4 h. 44 m: du matin.,
Coucher de la lune : i h. 52 m. du soir.
Courses à Vincennes.
AUJOURD'HUI
L'art d'écrire
Les écrivains se plaignent, parce que les
éditeurs n'acceptent plus leurs manuscrits ;
et c'est la crise de la littérature et de la
librairie qui continue.
Cependant, on trouve aux étalages de sin-
guliers ouvrages, comme cette France tra-
vestie, que nous feuilletions hier matin sur
le boulevard. La France travestie ou les 87
départements et leurs 362 arrondissements
en vers. Goûtez cet échantillon :
ArN. '-. LE TABAC
Bourg ta pipe, fumeur ; pas maimin, le tabac !
Docteurs, pénétrévoux qu'avec raison G exprime,
En un franc libellay, Je maxime suivante :
Il 1lt vivre bien plus de gens qu'il Nanlua .»
LIRE EN 2e PAGE: -
La £ l)rûi)ique des [ ivres
par Henry-D. DAVRAY.
BQiS FSliAie ET BOUS BOUGRES
-.-
C'est plaisir que de voir la Bataille Syn-
dicaliste opposer clle-mème le socialisme
allemand au socialisme français.
Dans le même numéro, où Gourmelon et
Mam'zelle Cisaille poursuivent leurs duos
passionnés sur la chaussette à clous et la
façon de s'en servir contre les « patrio-
tes » et les « assassins galonnés », un
« bon bougre » cite une brochure que les
camarades d'outre-Rhin répandent à pro-
fusion à l'occasion des élections toutes
proches, et on y lit des phrases comme
celle-ci :
« Il est absurde de reprocher au socialis-
me de ne pas comprendre l'importance de
la nation. Le peuple ouvrier organisé dans
le parti socialiste n'est-il pas un des élé-
ments essentiels de cette nation ? Nos ad-
versaires prétendent donc, en fin de comp-
te, que le peuple ouvrier veut se faire du
mal à lui-même ? C'est idiot. Il est tout à
fait sot, ridicule et méchant d'affirmer
que les socialistes veulent détruire l'empi-
re allemand. Le parti socialiste allemand
est, comme les partis socialistes des au-
tres pays, un parti national dans le meil-
leur sens du mot ».
Evidemment, les socialistes allemands
sont de « bons Allemands ». Si nous nous
gardons bien de dire que tous les socialis-
tes français sont de « bons Français »,
c'est d'abord parce que telle est la vérité,
c'est aussi parce que nous ne voulons
faire à Gourmelon et à Mm'zelle Cisaille
nulle peine, même légère.
Touché -, -:;.
« Il n'y a plus d'espoir, s'écrie la Croix,
de faire respecter les droits de l'Eglise et
la conscience des enfants ! »
Qu'est-ce à dire ? La Chambre se serait-
elle décidée enfin à voter les projets Steeg
sur l'obligation scolaire ?
Non, pas encore, hélas ? Mais, à défaut de
la Chambre, le Conseil d'Etat fait son
devoir.
Un certain nombre de « pères de famil-
le » s'étaient pourvus devant lui, leurs en-
fants ayant été exclus de l'école pour avoir
refusé de se servir des manuels condamnés
ppr les évêques.
Le Conseil d'Etat, condidérant que l'é-
cole laïque est un service public dont on
ne saurait impunément troubler le fonc-
tionnement, a rejeté le pourvoi des @ « pè-
res de famille ».
La décision est excellente en soi, et la
Croix crie « touché ! »
Les républicains ont donc deux raisons
de se réjouir.
——— «jft» ———
te Salon Ces Musiciens français
-.e -+---
Voilà enfin réalisé un vœu que nous
ayons formulé souvent. : le Salon des mu..
siciens français est créé.
La fondation de ce Salon est placée sous
le patronage de MM. Massenet, Saint-
Saêns, PaladhiJc, Théodore Dubois, Ga-
briel Fauré et AVidor, membres de l'Insti-
tut. -
Le président du Comité est M. Henri Ma-
réchal, inspecteur général de l'enseigne-
ment musical.
Tous les .musiciens français peuvent, dès
à présent, adresser au Comité, leurs par-
titions qui seront exécutées, au prochain
Salon de musique, sans aucun frais pour
leurs auteurs.
Bravo !
(MESURE DE JUSTICE
Cette semaine est, décidément, à mar-
quer d'un caillou rose par les artistes.
A la création du Salon pour les musi-
ciens français va s'ajouter incessamment
le vote d'un projet de loi de M. Hesse
frappant d'un droit de 2 le prix de ven-
te de tout tableau. Ce droit sera acquis au
peintre ou, en cas de décès de ce dernier,
il est du aux héritiers pendant cinquante
ans.
Dire qu'il a fallu près d'un siècle pour
obtenir cette mesure de justice qui va
empêcher les veuves et enfants des futurs
Millet de mourir de faim, pendant que les
tableaux du défunt se vendent à des prix
fabuleux et rapportent des millions à leurs
possesseurs ! — J. C.
Les Négociations Franco-Espagnoles
-+e.. ■■
Madrid, 16 décembre. — Les ambassa-
deurs de France et d'Angleterre, M. Geof-
fray et sir M. de Bunsen, ont eu hier soir,
au cours de la réception diplomatique au
ministère des Affaires étrangères, un en-
tretien avec M. Garcia Prieto, qui a duré
environ vingt minutes.
Contrairement à ce que prétendent cer-
tains journaux espagnols, l'ambassadeur
de Franco n'a pas encore reçu la réponse
aux demandes qu'il a soumises au gouver-
nement espagnol. M. Garcia Prieto a fait
connaître, en effet, à M. Geoffray que la
rédaction du contre-projet espagnol n'était
pas encore terminée.
Les impressions sur la situation inter-
nationale sont contradictoires.
Une note officieuse que publie le llcral-
do de Madrid dit :
« Pour conclure une loyale entente en-
tre l'Espagne et la France, il n'y aurait
à notre avis de formule plus claire que
l'application du traité de 1904. Ce traité
attribue à l'Espagne dans les zones nord
et sud de l'empire les mêmes droits qu'à
la France. Certes, il y avait une restric-
tion, celle du délai, mais ce délai est échu
par suite de l'expédition de Fez et de la
dérogation à. l'Acte d'Algésiras que cons-
titue l'entente franco-allemande. --
« L'application loyale du traité franco-
espagnol moyennant rexercice simultané
du protectorat par chaque pays, dans sa
zone resfieçti.Y^ résoudrait pleinement la
fcituatioEu, -.
a Il est exact que le gouvernement de la
République croit que la solution convena-
ble serait de confier l'administration de la
zone-espagnole à un délégué impérial près
de qui s'exercerait l'action espagnole.
Nous croyons savoir que le gouvernement
espagnol accepterait si la formule n'était
pas si restrictive. L'objection que fera le
gouvernement espagnol est que le délégué
en question aura d'amples pouvoirs et une
véritable autonomie. La France ne peut
s'y opposer, car on interpréterait son re-
fus comme le désir d'exercer sur le délé-
gué du sultan et par suite sur la zone es-
pagnole une sorte de tacite protection par
l'intermédiaire du sultan, ce qui ne pa-
raît pas admissible et n'est pas compati-
ble avec notre dignité, car ce mode impli-
querait pour l'Espagne une situation su-
bordonnée contraire à l'esprit et à la let-
tre du traité de 1904 ».
Le Heraldo ajoute au sujet de la deman-
de de compensation au sud que l'indem-
nité demandée par la France serait supé-
rieure au prix payé par elle, et il conclut
que l'injustice d'une pareille demande
saute aux yeux,
Pes ulïlriiiaÏÏôns du Heraldo et des. ren-
seignements puisés à d'autres sources, on
peut conclurè que les difficultés principa-
les portent sur l'exercice des droits dans
la sphère d'influence espagnole ainsi que
sur l'abandon de la zone sud, et qu'on
cherche ici une solution conciliant la de-
mande française et les désirs esj^agBols^
A LA CHAMBRE
Le Débat se poursuit
■■ ■ ■ » ■>-»<■ «
t -.-.--
Troisième journée de la discussion de l'Accord Eranco-Allemand;
M. Sembat préconise une entente continue avec l'Allemagne.
Un magnifique discours de M. Paul Deschanel.
Intervention de M. Denys Cochin.
Physionomie de la Séance
A l'issue de cette troisième journée
du débat sur le traité franco-allemand,
la fatigue de la Chambre était nwniies-
te. il sied de rappeler, en effet, que le
flot d'éloquence qui submerge l'assem-
blée pendant les heures vespérales
commence à s'échapper dès l'aurore
parlementaire, sous la pression des ar-
ticles de la loi de Finances comportant
les modifications apportées à la législa-
tion des retraites ouvrières. M. Jaurès
l'a dit très justement, hier soir : « Avec
deux séances pareilles chaque jour la
vie risque de devenir physiologique-
ment irnpossible. » Aussi, s'est-on em-
pressé de souscrire à l'heureuse propo-
sition du président du Conseil, qui de-
manda, vers six heures du soir, le ren-
voi de la prochaîne séance à lundi
après-midi. Et voilà pour tout le mon-
de un petit repos largement gagné. Au
demeurant, l'espoir d'en terminer 'de-
main que l'Accord est à peu près géné-
ral. Le discours de M. Caillaux ne rem-
plira guère plus d'une heure d'horloae.
Et tout semble avoir été suffisamment
dit déi. pour décider les orateurs enco-
re inscrits soit à renoncer à leur droit,
soit à écourter leurs observations. Le
débal aura été « ample et libre M. Il
serait regrettable qu'il devint oise-iix.
Les honneurs de la journée d'hier
sont allés à M. Paul Deschanel, prési-
dent de la Commission des Affaires ex-
térieures. Qu'il nous permette de le lui
reprocher : son talent oratoire déroute
singulièrement la critique. Comment
exprimer, en termes exacts et Justes, le
sentiment d'admiration que son élo-
quence inspire à ses auditeurs ? A quel- i
les épithetes avoir recours pour Quali-
lier à leur valeur convenable les ac-
cents, tour à tour fiers et humains, à
la faveur desquels s'exalte son amour
de notre chère France ? L'autre jour,
M. de M un nous a dclectés par un dis-
cours plein de fine ironie ; le lende-
main, M. Mlllerand nous, a impression-
nes en parlant le fort langage d'un hom-
me de gouvernement ; hier, M. Descha-
nel nous a émus jusqu'à nos dernières
fibres, en déroulant à nos yeux les pa-
ges glorieuses de notre histoire diplo-
matique et militaire. La. Chambre fut
tellement empoignée par le verbe de
Vémincnt orateur qu'à de nombreux
passages du discours, on se retint d'ap-
plaudir dans la crainte de perdre quel-
que chose de la magnifique harangue.
Mais aussi, quelles acclamations cha-
que fuis que M. Deschanel marquait un
léger temps d'arrêt avant d'aborder un
point nouveau .de son argumentation J
El quelle formidable ovation de la part
de la Chambre tout entière, lorsqu'il
eût terminé sa péroi'aison 1 Une triple
salve' accueillit le retour du grand ora-
teur au banc de la Commission. Le pré-
sident dit Conseil et tous les ministres
se levèrent pour lui serrer lu main. Et
la séance se trouva suspendue de fait
pendant quelques instants sous l'effet
des applaudissements el des bravos
sans cesse renouvelés qui saluaient
l'auteur d'un des plus émouvants mor-
ceaux oratoires de cette législature.
Avant M. Deschanel, on œvait enten-
du. AI. Sembat. L'honorable député so-
cialiste, il faut le constatcr, a. un peu
trahi la confiance de ses nombreux ad-
mirateurs. Le début de son discours
promettait beaucoup plus que ne justi-
lia la suite de ses développements. Et
à la fin, cet orateur, d'ordinaire ex..
cellent, perdit tout son brio dans les
brumes étouffantes de la Sangha.
M. Denys Cochin clôtura la séance,
C'est le troisième membre de VAcadé-
mie qui prenait part à cette grande dis-
cussion. On connaît sa manière un tan-
tinet gavroche. La gravité du sujet n'a
pas réussi « la modifier. M. Cochin
saute d'une question à une autre avec,
la prestesse d'un moineau franc, citant
un mot de celui-ci. une anecdote con-
cernant celui-là, rappelant des passages
d'un discours de l'avant-veille, réfutant
la thèse de l'orateur qui le précédait à
la tribune et assaisonnant le tout de
bonnes boutades de son propre crû. Ses
amis de la droite et du centre l'applau-
dirent longuement. Les gauches l'a-
vaient écouté avec un vif intérêt. Ce fut
encore un hommage à son très réel ta-
lent.
Lucien WOLF.
SÉANCE de l'APRÈS-MIDI
Présidence de M. Henri Brisson.
L'Accord Franco-Allemand
L'ordre du jour appelle la suite de la
discussion sur le V.
M. Sembat dit qu'il se bornera à expo-
ser son point de vue et celui de quelques-
uns de ses amis sur le iraHé qui est SQU;
mis à la Chambre et qu'il écartera les ré-
criDQmaUoQs et les critiques sw la fa$c»
dont les négociations ont été conduites
L orateur est d'accord avec M. MiJlerand
et avec M. le président du Conseil sur ce
point que le traité ne doit plus être eH.
miné isolément, mais comme un anneau
d'une chaîne, comme la conséquence d'ac-
tes antérieurs. Il approuvera la convention
parce qu'il y voit, comme d'autres, un ga-
ge de détente. Mais ce n'est pas une rai-
son pour ne pas examiner de près ce
traité.
L'intérêt de la France, qui doit seul nous
guider, exige une détente complète dans
nos rapports avec l'Allemagne, et les ac-
cords conclus n'auront toute leur valeur
qu'à la condition que le Gouvernement,
la Chambre et le Pays les votent dans cet
esprit.
M. de Selves a dit, M. Millerand a répé-
té que le traité contenait une clause très
importante ; celle qui nous garantit que
toute difficulté d'interprétation sera défé-
rée au tribunal de La Haye. Cette clause,
toute importante qu'elle soit, ne suffit pas,
au point de vue pratique, à écarter tout
danger de conflit. Il n'est pas dit que les
incidents qui pourraient se produire se-
ront déférés à ce tribunal. Si on ne veut
pas que l'accord devienne un péril, il faut
le pratiquer dans un esprit d'entente avec
l'Allemagne.
Pour cela deux choses sont nécessai-
res : il faut que nous soyons libres et que
la dignité du Pays comporte celte solu-
tion.
Sommes-nous libres ? En Angleterre, un
grand mouvement d'opinion s'est produit
pour pousser le gouvernement à considé-
rer l'entente avec la France comme ayant
un caractère essentiellement pacifique
M. Millerand, de son côté, *ne disait-il
pas, hier, que cette entente n'avait de poin-
te contre personne ? L'Angleterre n'aban-
donne pas sa politique traditionnelle quand
elle s'oppose à ce qu'une grande puissan-
ce européenne s'établisse en face de GibraL
tar. L'Angleterre a raison -, elle fait sa po-
litique, faisons la nôtre.
La dignité de la France peut-elle admet-
tre la solution proposée ?
Comment, dit-on, y songez-vous ? Est-il
possible d'adopter une telle politique
après Agadir ? Comme on l'a fait observer
avec raison, il faut rapprocher cet inci-
dent des faits antérieurs. Aucun n'a eu un
rôle plus important que les projets de con-
sortium iranco-ailemand au sujet du Con-
go. Et l'orateur rappelle l'historique de
cette affaire. Un accord avait été préparé
entre M. Pichon et M. de Schœn ; brus-
quement tout est arrêté. Mais, dit-on, pour-
quoi n'a-t-on pas laissé faire ? Il est facile
de répondre que si on prenait cette atti-
tude partout, bientôt c'est la France elle-
même qui serait colonisée.
Avant que l'avant-proiet eût été signé, à
la suite d'incidents parlementaires, on dit
à l'Allemagne : il n'est plus question de
rien. Prenons garde ; si nous nous plai-
gnons de la lourdeur allemande, qu'on ne
se plaigne en Allemagne de la légèreté
française. Peut-être après cela interpréte-
rons-nous mieux l'Acte d'Agadir.
La situation, à l'heure présente, n'est
pas meilleure et est même pire, à certains
égards, qu'au début do notre conflit. Il
semble qu'une portion du peuple allemand
trouve que son gouvernement a été trop
loin dans la voie des concessions envers
la France. Telle catastrophe peut se pro-
duire où les forces belliqueuses seraient
plus puissantes que les forces de paix en-
core organisées.
La France a dans le monde son rôle né-
cessaire et qui ne diminuera point, à une
condition : c'est que, cessant d'ouvrir J'a-
reille aux considérations de sentiment, elle
ne prenne de décision qu'éclairée par la
réflexion la plus froide sur ses intérêts
véritables.
L'intérêt de la France commande. non
seulement une politique de paix, mais une
politique d'entente et de rapprochement
avec l'Allemagne.
DISCOURS DE M. DESCHANEL
M. Paul Deschanel, président de I3
Commission des affaires extérieures, dit
que la Commission a examiné avec runi-
que souci de l'honneur et de l'intérêt na-
tional, les accords franco-allemands rela-
tifs au Maroc et au Congo.:
Le gouvernement français a négocié avec
l'Allemagne pendant quatre mois. 11 a tenu
jour à jour au courant de ses négociations
l'Angleterre et la Russie. H en poursuit
d'autres avec l'Angleterre et avec l'Espa-
gne. La question qui: se pose est de savoir
.si, aujourd'hui, la Chambre peut prendre
dans ces conditions la responsabilité d'un
refus. La Commission ne l'a pas pensé.
Pour apprécier la valeur de l'accord, il
faut comparer la situation qui nous était
faite il y a quelques années avec cello
qui nous est faite aujourd'hui.
La France et l'Espagne étaient désignée.
pour accomplir au Maroc une mission ci-
vilisatrice. A partir d'aujourd'hui, il n'y.
aura, auprès du sultan, qu'un résident ge-
néral français qui représentera le gouver-
nement chérificn auprès des puissances
étrangères.
On dit que nous ne sommes pas maî-
tres des tarifs et que nous allons faire ma
marché de dupes. Pouvions-nous oublier le
passé ? Pouvions-nous écarter le traité de
commerce que l'Allemagne, devançant J'A..
gleterre, avait obtenu du sultan et ses
efforts économiques au Maroc depuis cin-
quante ans ? L'égalité économique n'a-t-
elle pas été le premier mot de M. Rouvier,
à M. de Bulow ? N'a-t-alle pas été consa-
crée à Algésiras ? Quelle que soit l'im-
portance de la question douanière, ressen-
tiei était que la France étant à Tanis et li
lger, une autre puissance ne fût pas à
Fet.
D'1me manlè-e générale, tes règlement»-
administratifs, qui étaient faits en vertu
de l'te d'Algésiras, seront faits désor-
mais par le mAgtaen. J1 D Mï!j9 rirg
CINQ CENTIMES LE HUMERO
LUNDI 18 DECEMBRE 1911. - ft- 15258.
LE XIX' r SIECLE
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
18, boul. de Strasbourg et 71, rue du Faub.-St-Martin, PARIS
Et chez MM. LAGRANGE, CERF et 0
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Adresser lettres et vmukkl* 4 l'Administrateur -
l ..:,' JRIBUNE LIBRE
-.. -.:. j
Les Retraites Ouvrières
r' ", -
Atl moment où le texte
de loi sur les retraites ou-
vrièreset. paysannes re-
vint, savamment remelaxé
par les tenants du conser-
vatisme social, du Sénat à
la Chambre des députés, la législa-
ture touchait à sa fin et, plutôt que de
ne rien avoir, les députés votèrent
sans retouche le texte des hôtes du
Luxembourg'
Devant leurs électeurs, les députés
sortants prirent les engagements les
plus formels pour la modification de
la loi du 5 avril 1910. Stimulés par le
souvenir de leurs promesses et s'ins-
pirant des critiques formulées de part
et d'autre et aussi du texte voté par la
Chambre en 1906, dès le 18 juin 1911,
les députés votèrent une proposition
de résolution visant les modifications
1alI'oeuvre du législateur de 1910 et in-
vitant le Gouvernement à les incorpo-
rer dans la loi de Finances de 1912.
Les dispositions proposées par la
résolution du 18 juin comportaient :
« l'abaissement à soixante ans de l'â-
ge où l'allocation de l'Etat est attri-
buée ; la consolidation à 100 francs de
cette allocation ; enfin, la transforma-
tion, pour tous ceux qui ont dépassé
l'âge de la retraite, de l'allocation
d'assistance en une allocation cle re-
traite de 100 francs ».
A cela, la Commission d'assurance
et de prévoyance sociales propose d'a-
jouter les trois points suivants :
« 1° Il sera porté au compte d'as-
surance l'allocation viagère de 100
francs qui sera capitalisée pour cha-
que année d'ajournement demandée
par J'ayanl-droit à partir de l'âge de
60 ans-
« 2° Les deux années de service mi-
litaire obligatoire seront comptées
pour la détermination; du montant de
l'allocation viagère.
« 30 Pour la même détermination,
chaque maternité sera comptée a la
femme ».
De plus, le Gouvernement a fait la
promesse de déposer bientôt un pro-
jet de loi sur l'assurance-invalidité.
Si toutes ces mesures améliorent
sensiblement la loi, il n'en est pas
moins vrai que de nombreux inconvé-
nients subsistent ; notamment celui
que soulève si fortement l'arrêt de la
Cour de cassation relativement aux
articles 3 et 23. M. Paul-Boncour,
après M. Viviani, avait dit que la ju-
risprudence fixerait l'interprétation
de ces articles. Il faut s'incliner et re-
connaître tout de même que la Cour
de cassation ne pouvait pas prendre
autre chose que ce qui se trouve
dans le texte qu'elle était chargée d'in-
terpréter, L'article 3, dans sa ri-
gueur logique, signifie que, pour que
le patron puisse coller le timbre mix-
te, il faut que son employé lui pré-
sente sa carte, et rien dans la loi n'au-
torise le patron £ contraindre l'ouvrier
à supporter une diminution de salaire.
L'article 23 édicte que, sgi l'em-
ployeur n'a pas pu apposer le timbre,
« il pourra se libérer en versant, à la
fin de chaque mois, la somme a sa
charge aux mains du greffier de la
Justice de paix ». C'est bien la recon-
naître implicitement et par a contra-
rio la possibilité pour l'employeur de
se libérer seul, sans qu'a aucun mo-
ment il ait pu obliger son employé à
subir une retenue quelconque.
Au cours de la séance de vendredi
matin, M. René Renoult, ministre du
Travail, a déclaré qu'il saisirait sous
peu le Parlement d'un texte tendant
à modifier l'article 23. Jusque-là,
l'arrêt de la Cour de cassation pré-
vaudra. Si cette modification donne
au patron le pouvoir du précompte, du
même coup le patron se trouvera in-
vesti d'un pouvoir juridictionnel qui
l'autorisera à se faire juge de la légi-
timité de la résistance opposée par
son employé. Cela sera grave ; car,
grâce à cette délégation de la puis-
sance publique, les patrons seront des
quasi-fonctionnaires et pourront tenir
leurs ouvriers dans u.n nouvel état de
dépendance- Il vaudrait mieux un peu
de bonne volonté de part et d'autre..
Lorsque, au cours des séances des
7 et 8 novembre 1905, je soutenais
mon contre-projet reposant sur le
double principe de l'universalité des
charges et de l'universalité des avan-
tages, M. Jaurès me dit : « Vous au-
rez raison' dans dix ans M.
Il n'y en a donc plus que pour qua-
tre ans avant l'échéance qui me don-
nera raison. Tout en préconisant l'ap-
plication loyale de la loi actuelle, je
persiste à croire qu'au lieu d'une loi
de retraites ouvrières et paysannes à
triple versements, il faudrait, comme
je le proposais, il y a six ans, une loi
de retraites pour la vieillesse, servie
à tous les citoyens des deux sexes qui,
à l'âge de soixante ans, se trouvent
sans ressources ou avec des ressour-
ce insuffisantes.
La charge incombant, sous forme
d'impôt de solidarité sociale, ii tous
les citoyens sans exception propor-
tionnellement à leur revenu.
François FOURNIER,
Député du Gard..
+
LA POLITIQUE
:+.-+:-
FINISSONS EN
Le Pays tout entier suuhai-
tait que la Chambre instituât,
sur l'Accord franco-allemand,
iin ample et fier débat. Il a
lieu d'être salisfait. L'opposi-
tion Me droite el celle de gau-
che ont aélégué, a la tribune, des ora-
teurs qui ne sont pas seulement l'hon-
neur de leur parti, mais l'honneur du
Parlement, un Jaurès, un Albert de
M u n.
Des hommes d'Etat, en qui la com-
préhension la plus sûre des réalités de
notre politique extérieure s'allie au
plus noble souci de la grandeur natio-
nale. M. Lebrun, M. M Hier and, M. Des-
chanel, ont fait justice des critiques
dirigées contre l'œuvre du Gouverne-
ment, ont mis en lumière la, nécessité
de ratifier le traité du 4 novembre et
de le ratifier sans délai.
Lundi, M. le président du Conseil,
lui-même, ne manquera pas de répon-
dre, avec sa franchise et sa clarté ha-
bituelles, aux questions qui lui ont été
adressées, au cours de la discussion, et
revendiquera; hautement la responsabi-
lité de Vœuvre nécessaire et féconde
qui, ainsi que l'a montré, dans son ma-
gnifique langage, M. Paul Deschanel,
complète el prolonge dans la paix
Vœuvre d'expansion française de la
Restauration, di* la Monarchie de juil-
let, du grand calomnié de la Troisième
République : Jules Ferry.
Le sentiment de la Chambre n'est
plus douteux : elle tiendra à honneur
de ratifier VAccord.
Une autre ratification n'est pas moins
indispensable, celle du Sénat.
- La semaine dernière, une délégation
de tous les groupes de la Haute Assem-
blée, présidée par M. Léon Bourgeois,
fit part au Gouvernement du désir,
commun à tous les sénateurs, d'être
mis en mesure d'examiner le traité
franco-allemand avant les vacances de
janvier.
M. Léon Bourgeois fil alors savoir à
M. Caillaux que le Sénat n'hésiterait
pas à siéger, à cet effet, malgré la pro-
ximité des élections sénatoriales, jus-
qu'au 31 décembre, eî la délégation tout
entière appuya les instances de son
éminent président.
Ce vœu si énergiquement [onnulé,
répond au vœu du Pays.
Il faut en finir ; il faut, tandis que les
négociations continuent à Madrid, que
le Parlement se hâte de consacrer, par
son vote, le résultat des pourparlers
entre Paris et Berlin. -
La Nation ne comprendrait pas que
députés en sénateurs enlrâssent en va-
cances avant d'avoir statué sur le traité
qui leur est soumis. Elle attend des
orateurs inscrits qutls renoncent, au
besoin, à la parole, qu'ils abrègent, en
tous cas, leurs explications, qu'ils se
résolvent, s'il est nécessaire, à tenir
séance le matin.
A la Chambre, d'abord, de manifes-
ter sa volonté d'aboutir sans délai.
La Haute Assemblée a donné assez
'de preuves d'esprit politique et de pa-
triotisme clairvoyant, pour que nous
soyions sûrs, qu'en s'opposant à tout
atermoiement, elle se fera un devoir
de tromper les espérances des enncmiJ:
du régime.
Il appartient aux républicains de ne
pas laisser accuser la République, en
pareille circomMÇ^ QM de
nonchëam* .",,"u1.-' -
LE FAIT DU JOUR
Au SALON. — Quelques types de plus lourds que l'air.
Les On = Dit
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil : 7 h. 50 du matin.
Coucher du soleil : 4 h. 2 m. du soir.
Lever de la lune : 4 h. 44 m: du matin.,
Coucher de la lune : i h. 52 m. du soir.
Courses à Vincennes.
AUJOURD'HUI
L'art d'écrire
Les écrivains se plaignent, parce que les
éditeurs n'acceptent plus leurs manuscrits ;
et c'est la crise de la littérature et de la
librairie qui continue.
Cependant, on trouve aux étalages de sin-
guliers ouvrages, comme cette France tra-
vestie, que nous feuilletions hier matin sur
le boulevard. La France travestie ou les 87
départements et leurs 362 arrondissements
en vers. Goûtez cet échantillon :
ArN. '-. LE TABAC
Bourg ta pipe, fumeur ; pas maimin, le tabac !
Docteurs, pénétrévoux qu'avec raison G exprime,
En un franc libellay, Je maxime suivante :
Il 1lt vivre bien plus de gens qu'il Nanlua .»
LIRE EN 2e PAGE: -
La £ l)rûi)ique des [ ivres
par Henry-D. DAVRAY.
BQiS FSliAie ET BOUS BOUGRES
-.-
C'est plaisir que de voir la Bataille Syn-
dicaliste opposer clle-mème le socialisme
allemand au socialisme français.
Dans le même numéro, où Gourmelon et
Mam'zelle Cisaille poursuivent leurs duos
passionnés sur la chaussette à clous et la
façon de s'en servir contre les « patrio-
tes » et les « assassins galonnés », un
« bon bougre » cite une brochure que les
camarades d'outre-Rhin répandent à pro-
fusion à l'occasion des élections toutes
proches, et on y lit des phrases comme
celle-ci :
« Il est absurde de reprocher au socialis-
me de ne pas comprendre l'importance de
la nation. Le peuple ouvrier organisé dans
le parti socialiste n'est-il pas un des élé-
ments essentiels de cette nation ? Nos ad-
versaires prétendent donc, en fin de comp-
te, que le peuple ouvrier veut se faire du
mal à lui-même ? C'est idiot. Il est tout à
fait sot, ridicule et méchant d'affirmer
que les socialistes veulent détruire l'empi-
re allemand. Le parti socialiste allemand
est, comme les partis socialistes des au-
tres pays, un parti national dans le meil-
leur sens du mot ».
Evidemment, les socialistes allemands
sont de « bons Allemands ». Si nous nous
gardons bien de dire que tous les socialis-
tes français sont de « bons Français »,
c'est d'abord parce que telle est la vérité,
c'est aussi parce que nous ne voulons
faire à Gourmelon et à Mm'zelle Cisaille
nulle peine, même légère.
Touché -, -:;.
« Il n'y a plus d'espoir, s'écrie la Croix,
de faire respecter les droits de l'Eglise et
la conscience des enfants ! »
Qu'est-ce à dire ? La Chambre se serait-
elle décidée enfin à voter les projets Steeg
sur l'obligation scolaire ?
Non, pas encore, hélas ? Mais, à défaut de
la Chambre, le Conseil d'Etat fait son
devoir.
Un certain nombre de « pères de famil-
le » s'étaient pourvus devant lui, leurs en-
fants ayant été exclus de l'école pour avoir
refusé de se servir des manuels condamnés
ppr les évêques.
Le Conseil d'Etat, condidérant que l'é-
cole laïque est un service public dont on
ne saurait impunément troubler le fonc-
tionnement, a rejeté le pourvoi des @ « pè-
res de famille ».
La décision est excellente en soi, et la
Croix crie « touché ! »
Les républicains ont donc deux raisons
de se réjouir.
——— «jft» ———
te Salon Ces Musiciens français
-.e -+---
Voilà enfin réalisé un vœu que nous
ayons formulé souvent. : le Salon des mu..
siciens français est créé.
La fondation de ce Salon est placée sous
le patronage de MM. Massenet, Saint-
Saêns, PaladhiJc, Théodore Dubois, Ga-
briel Fauré et AVidor, membres de l'Insti-
tut. -
Le président du Comité est M. Henri Ma-
réchal, inspecteur général de l'enseigne-
ment musical.
Tous les .musiciens français peuvent, dès
à présent, adresser au Comité, leurs par-
titions qui seront exécutées, au prochain
Salon de musique, sans aucun frais pour
leurs auteurs.
Bravo !
(MESURE DE JUSTICE
Cette semaine est, décidément, à mar-
quer d'un caillou rose par les artistes.
A la création du Salon pour les musi-
ciens français va s'ajouter incessamment
le vote d'un projet de loi de M. Hesse
frappant d'un droit de 2 le prix de ven-
te de tout tableau. Ce droit sera acquis au
peintre ou, en cas de décès de ce dernier,
il est du aux héritiers pendant cinquante
ans.
Dire qu'il a fallu près d'un siècle pour
obtenir cette mesure de justice qui va
empêcher les veuves et enfants des futurs
Millet de mourir de faim, pendant que les
tableaux du défunt se vendent à des prix
fabuleux et rapportent des millions à leurs
possesseurs ! — J. C.
Les Négociations Franco-Espagnoles
-+e.. ■■
Madrid, 16 décembre. — Les ambassa-
deurs de France et d'Angleterre, M. Geof-
fray et sir M. de Bunsen, ont eu hier soir,
au cours de la réception diplomatique au
ministère des Affaires étrangères, un en-
tretien avec M. Garcia Prieto, qui a duré
environ vingt minutes.
Contrairement à ce que prétendent cer-
tains journaux espagnols, l'ambassadeur
de Franco n'a pas encore reçu la réponse
aux demandes qu'il a soumises au gouver-
nement espagnol. M. Garcia Prieto a fait
connaître, en effet, à M. Geoffray que la
rédaction du contre-projet espagnol n'était
pas encore terminée.
Les impressions sur la situation inter-
nationale sont contradictoires.
Une note officieuse que publie le llcral-
do de Madrid dit :
« Pour conclure une loyale entente en-
tre l'Espagne et la France, il n'y aurait
à notre avis de formule plus claire que
l'application du traité de 1904. Ce traité
attribue à l'Espagne dans les zones nord
et sud de l'empire les mêmes droits qu'à
la France. Certes, il y avait une restric-
tion, celle du délai, mais ce délai est échu
par suite de l'expédition de Fez et de la
dérogation à. l'Acte d'Algésiras que cons-
titue l'entente franco-allemande. --
« L'application loyale du traité franco-
espagnol moyennant rexercice simultané
du protectorat par chaque pays, dans sa
zone resfieçti.Y^ résoudrait pleinement la
fcituatioEu, -.
a Il est exact que le gouvernement de la
République croit que la solution convena-
ble serait de confier l'administration de la
zone-espagnole à un délégué impérial près
de qui s'exercerait l'action espagnole.
Nous croyons savoir que le gouvernement
espagnol accepterait si la formule n'était
pas si restrictive. L'objection que fera le
gouvernement espagnol est que le délégué
en question aura d'amples pouvoirs et une
véritable autonomie. La France ne peut
s'y opposer, car on interpréterait son re-
fus comme le désir d'exercer sur le délé-
gué du sultan et par suite sur la zone es-
pagnole une sorte de tacite protection par
l'intermédiaire du sultan, ce qui ne pa-
raît pas admissible et n'est pas compati-
ble avec notre dignité, car ce mode impli-
querait pour l'Espagne une situation su-
bordonnée contraire à l'esprit et à la let-
tre du traité de 1904 ».
Le Heraldo ajoute au sujet de la deman-
de de compensation au sud que l'indem-
nité demandée par la France serait supé-
rieure au prix payé par elle, et il conclut
que l'injustice d'une pareille demande
saute aux yeux,
Pes ulïlriiiaÏÏôns du Heraldo et des. ren-
seignements puisés à d'autres sources, on
peut conclurè que les difficultés principa-
les portent sur l'exercice des droits dans
la sphère d'influence espagnole ainsi que
sur l'abandon de la zone sud, et qu'on
cherche ici une solution conciliant la de-
mande française et les désirs esj^agBols^
A LA CHAMBRE
Le Débat se poursuit
■■ ■ ■ » ■>-»<■ «
t -.-.--
Troisième journée de la discussion de l'Accord Eranco-Allemand;
M. Sembat préconise une entente continue avec l'Allemagne.
Un magnifique discours de M. Paul Deschanel.
Intervention de M. Denys Cochin.
Physionomie de la Séance
A l'issue de cette troisième journée
du débat sur le traité franco-allemand,
la fatigue de la Chambre était nwniies-
te. il sied de rappeler, en effet, que le
flot d'éloquence qui submerge l'assem-
blée pendant les heures vespérales
commence à s'échapper dès l'aurore
parlementaire, sous la pression des ar-
ticles de la loi de Finances comportant
les modifications apportées à la législa-
tion des retraites ouvrières. M. Jaurès
l'a dit très justement, hier soir : « Avec
deux séances pareilles chaque jour la
vie risque de devenir physiologique-
ment irnpossible. » Aussi, s'est-on em-
pressé de souscrire à l'heureuse propo-
sition du président du Conseil, qui de-
manda, vers six heures du soir, le ren-
voi de la prochaîne séance à lundi
après-midi. Et voilà pour tout le mon-
de un petit repos largement gagné. Au
demeurant, l'espoir d'en terminer 'de-
main que l'Accord est à peu près géné-
ral. Le discours de M. Caillaux ne rem-
plira guère plus d'une heure d'horloae.
Et tout semble avoir été suffisamment
dit déi. pour décider les orateurs enco-
re inscrits soit à renoncer à leur droit,
soit à écourter leurs observations. Le
débal aura été « ample et libre M. Il
serait regrettable qu'il devint oise-iix.
Les honneurs de la journée d'hier
sont allés à M. Paul Deschanel, prési-
dent de la Commission des Affaires ex-
térieures. Qu'il nous permette de le lui
reprocher : son talent oratoire déroute
singulièrement la critique. Comment
exprimer, en termes exacts et Justes, le
sentiment d'admiration que son élo-
quence inspire à ses auditeurs ? A quel- i
les épithetes avoir recours pour Quali-
lier à leur valeur convenable les ac-
cents, tour à tour fiers et humains, à
la faveur desquels s'exalte son amour
de notre chère France ? L'autre jour,
M. de M un nous a dclectés par un dis-
cours plein de fine ironie ; le lende-
main, M. Mlllerand nous, a impression-
nes en parlant le fort langage d'un hom-
me de gouvernement ; hier, M. Descha-
nel nous a émus jusqu'à nos dernières
fibres, en déroulant à nos yeux les pa-
ges glorieuses de notre histoire diplo-
matique et militaire. La. Chambre fut
tellement empoignée par le verbe de
Vémincnt orateur qu'à de nombreux
passages du discours, on se retint d'ap-
plaudir dans la crainte de perdre quel-
que chose de la magnifique harangue.
Mais aussi, quelles acclamations cha-
que fuis que M. Deschanel marquait un
léger temps d'arrêt avant d'aborder un
point nouveau .de son argumentation J
El quelle formidable ovation de la part
de la Chambre tout entière, lorsqu'il
eût terminé sa péroi'aison 1 Une triple
salve' accueillit le retour du grand ora-
teur au banc de la Commission. Le pré-
sident dit Conseil et tous les ministres
se levèrent pour lui serrer lu main. Et
la séance se trouva suspendue de fait
pendant quelques instants sous l'effet
des applaudissements el des bravos
sans cesse renouvelés qui saluaient
l'auteur d'un des plus émouvants mor-
ceaux oratoires de cette législature.
Avant M. Deschanel, on œvait enten-
du. AI. Sembat. L'honorable député so-
cialiste, il faut le constatcr, a. un peu
trahi la confiance de ses nombreux ad-
mirateurs. Le début de son discours
promettait beaucoup plus que ne justi-
lia la suite de ses développements. Et
à la fin, cet orateur, d'ordinaire ex..
cellent, perdit tout son brio dans les
brumes étouffantes de la Sangha.
M. Denys Cochin clôtura la séance,
C'est le troisième membre de VAcadé-
mie qui prenait part à cette grande dis-
cussion. On connaît sa manière un tan-
tinet gavroche. La gravité du sujet n'a
pas réussi « la modifier. M. Cochin
saute d'une question à une autre avec,
la prestesse d'un moineau franc, citant
un mot de celui-ci. une anecdote con-
cernant celui-là, rappelant des passages
d'un discours de l'avant-veille, réfutant
la thèse de l'orateur qui le précédait à
la tribune et assaisonnant le tout de
bonnes boutades de son propre crû. Ses
amis de la droite et du centre l'applau-
dirent longuement. Les gauches l'a-
vaient écouté avec un vif intérêt. Ce fut
encore un hommage à son très réel ta-
lent.
Lucien WOLF.
SÉANCE de l'APRÈS-MIDI
Présidence de M. Henri Brisson.
L'Accord Franco-Allemand
L'ordre du jour appelle la suite de la
discussion sur le V.
M. Sembat dit qu'il se bornera à expo-
ser son point de vue et celui de quelques-
uns de ses amis sur le iraHé qui est SQU;
mis à la Chambre et qu'il écartera les ré-
criDQmaUoQs et les critiques sw la fa$c»
dont les négociations ont été conduites
L orateur est d'accord avec M. MiJlerand
et avec M. le président du Conseil sur ce
point que le traité ne doit plus être eH.
miné isolément, mais comme un anneau
d'une chaîne, comme la conséquence d'ac-
tes antérieurs. Il approuvera la convention
parce qu'il y voit, comme d'autres, un ga-
ge de détente. Mais ce n'est pas une rai-
son pour ne pas examiner de près ce
traité.
L'intérêt de la France, qui doit seul nous
guider, exige une détente complète dans
nos rapports avec l'Allemagne, et les ac-
cords conclus n'auront toute leur valeur
qu'à la condition que le Gouvernement,
la Chambre et le Pays les votent dans cet
esprit.
M. de Selves a dit, M. Millerand a répé-
té que le traité contenait une clause très
importante ; celle qui nous garantit que
toute difficulté d'interprétation sera défé-
rée au tribunal de La Haye. Cette clause,
toute importante qu'elle soit, ne suffit pas,
au point de vue pratique, à écarter tout
danger de conflit. Il n'est pas dit que les
incidents qui pourraient se produire se-
ront déférés à ce tribunal. Si on ne veut
pas que l'accord devienne un péril, il faut
le pratiquer dans un esprit d'entente avec
l'Allemagne.
Pour cela deux choses sont nécessai-
res : il faut que nous soyons libres et que
la dignité du Pays comporte celte solu-
tion.
Sommes-nous libres ? En Angleterre, un
grand mouvement d'opinion s'est produit
pour pousser le gouvernement à considé-
rer l'entente avec la France comme ayant
un caractère essentiellement pacifique
M. Millerand, de son côté, *ne disait-il
pas, hier, que cette entente n'avait de poin-
te contre personne ? L'Angleterre n'aban-
donne pas sa politique traditionnelle quand
elle s'oppose à ce qu'une grande puissan-
ce européenne s'établisse en face de GibraL
tar. L'Angleterre a raison -, elle fait sa po-
litique, faisons la nôtre.
La dignité de la France peut-elle admet-
tre la solution proposée ?
Comment, dit-on, y songez-vous ? Est-il
possible d'adopter une telle politique
après Agadir ? Comme on l'a fait observer
avec raison, il faut rapprocher cet inci-
dent des faits antérieurs. Aucun n'a eu un
rôle plus important que les projets de con-
sortium iranco-ailemand au sujet du Con-
go. Et l'orateur rappelle l'historique de
cette affaire. Un accord avait été préparé
entre M. Pichon et M. de Schœn ; brus-
quement tout est arrêté. Mais, dit-on, pour-
quoi n'a-t-on pas laissé faire ? Il est facile
de répondre que si on prenait cette atti-
tude partout, bientôt c'est la France elle-
même qui serait colonisée.
Avant que l'avant-proiet eût été signé, à
la suite d'incidents parlementaires, on dit
à l'Allemagne : il n'est plus question de
rien. Prenons garde ; si nous nous plai-
gnons de la lourdeur allemande, qu'on ne
se plaigne en Allemagne de la légèreté
française. Peut-être après cela interpréte-
rons-nous mieux l'Acte d'Agadir.
La situation, à l'heure présente, n'est
pas meilleure et est même pire, à certains
égards, qu'au début do notre conflit. Il
semble qu'une portion du peuple allemand
trouve que son gouvernement a été trop
loin dans la voie des concessions envers
la France. Telle catastrophe peut se pro-
duire où les forces belliqueuses seraient
plus puissantes que les forces de paix en-
core organisées.
La France a dans le monde son rôle né-
cessaire et qui ne diminuera point, à une
condition : c'est que, cessant d'ouvrir J'a-
reille aux considérations de sentiment, elle
ne prenne de décision qu'éclairée par la
réflexion la plus froide sur ses intérêts
véritables.
L'intérêt de la France commande. non
seulement une politique de paix, mais une
politique d'entente et de rapprochement
avec l'Allemagne.
DISCOURS DE M. DESCHANEL
M. Paul Deschanel, président de I3
Commission des affaires extérieures, dit
que la Commission a examiné avec runi-
que souci de l'honneur et de l'intérêt na-
tional, les accords franco-allemands rela-
tifs au Maroc et au Congo.:
Le gouvernement français a négocié avec
l'Allemagne pendant quatre mois. 11 a tenu
jour à jour au courant de ses négociations
l'Angleterre et la Russie. H en poursuit
d'autres avec l'Angleterre et avec l'Espa-
gne. La question qui: se pose est de savoir
.si, aujourd'hui, la Chambre peut prendre
dans ces conditions la responsabilité d'un
refus. La Commission ne l'a pas pensé.
Pour apprécier la valeur de l'accord, il
faut comparer la situation qui nous était
faite il y a quelques années avec cello
qui nous est faite aujourd'hui.
La France et l'Espagne étaient désignée.
pour accomplir au Maroc une mission ci-
vilisatrice. A partir d'aujourd'hui, il n'y.
aura, auprès du sultan, qu'un résident ge-
néral français qui représentera le gouver-
nement chérificn auprès des puissances
étrangères.
On dit que nous ne sommes pas maî-
tres des tarifs et que nous allons faire ma
marché de dupes. Pouvions-nous oublier le
passé ? Pouvions-nous écarter le traité de
commerce que l'Allemagne, devançant J'A..
gleterre, avait obtenu du sultan et ses
efforts économiques au Maroc depuis cin-
quante ans ? L'égalité économique n'a-t-
elle pas été le premier mot de M. Rouvier,
à M. de Bulow ? N'a-t-alle pas été consa-
crée à Algésiras ? Quelle que soit l'im-
portance de la question douanière, ressen-
tiei était que la France étant à Tanis et li
lger, une autre puissance ne fût pas à
Fet.
D'1me manlè-e générale, tes règlement»-
administratifs, qui étaient faits en vertu
de l'te d'Algésiras, seront faits désor-
mais par le mAgtaen. J1 D Mï!j9 rirg
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