Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-10-03
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 octobre 1919 03 octobre 1919
Description : 1919/10/03 (N17850). 1919/10/03 (N17850).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75648891
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
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12 VENDEMIAIRE, AN i2R. — N° 17.850. 1 1 - 1 2' - Le numéro : DIX CENTIMES VENDREDI 3 OCTOBRE 1519. •— N® 17.850.
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EDMOND DU MESNIL
Dlrecteul"
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REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard de Strasbourg. - PARIa.
TRIBUNE LIBRE
4. z-
L'in9lnctable transformation
- !—-——- > mtm (
Quoi que puissent dite les
adversaires de notre Parti, il
vient d'affirmer sans effort sa
vitalité et sa volonté d'action.
Des débats du récent congrès,
il se dégage nettement ce fait
que les militants radicaux-socialistes
entendent désormais soutenir et défen-
dre seulement ceux de leurs mandatai-
res au Parlement qui observeront la
discipline nécessaire à la prédominance
de nos principes.
La politique misérable de la course
individuelle au portefeuille a vécu. Nos
ministères de demain seront ou radicaux
ou socialistes, ou encore Alliance démo-
cratique, mais nous ne tolérerons plus
ces combinaisons ministérielles pana-
chées foulant aux pieds les principes et
infligeant à la République le discrédit
conséquent de leur incohérente incom-
pétence.
Ainsi donc, demain, quel que soit le
nombre de nos députés élus au Parle-
ment, nous entendons que leur groupe
constitue un bloc discipliné et cohérent
.sur toutes nos questions de principes,
et notamment sur les questions vitales
pour notre pays.
Ainsi en ont formellement décidé les
militants délégués au congrès, ainsi en
décideront les électeurs radicaux-socia-
listes dans la prochaine consultation
électorale du suffrage universel.
Mais cela ne pourrait suffire si, da
programme élaboré, nous ne dégagions
pas dès maintenant les grandes direc-
ves qui doivent orienter et combiner
les éléments essentiels à notre renais-
sance nationale.
Comme il convenait, nous avons af-
firmé à nouveau notre volonté de rester
le grand parti populaire puisant sa for-
ce dans le peuple et travaillant pour
lui.
Les questions économiques et tfnan-
rières, les premières, nécessiteront des
solutions énergiques et rapidement con-
çues. Pour ce faire, il importe de tenir
compte des réalités pratiques consé-
quentes de l'évolution profonde de notre
organisation sociale.
Qu'on le veuille ou non, il nous fau-
dra prendre parti sans hésiter poût une
réorganisation nationale qui appelle la
collaboration intime de tous les techni-
ciens producteurs dressés en face des
financiers spéculateurs.
Les relations du travail et du capital
doivent être demain arbitrées et sanc-
tionnées s'il y a lieu par l'Etat, ce der-
nier n'ayant en vue que la rénovation
de l'activité économique du pays.
Le capitalisme français sera contraint
de redevenir uniquement français et de
ne s'intéresser qu'au développement de
l'activité productrice de la France.
Pour l'y contraindre, au cas où il
continuerait à méconnaître nos intérêts
nationaux, il importe que le travail,
sous toutes ses formes intellectuelles et
manuelles, prenne une part active' à la
reconstitution de nos méthodes d'exploi-
tation nationale.
Le professionnel doit demain être le
principal inspirateur et le conseiller di-
rect du législateur. Mais non pas sous
une forme étroite, limitée et presque in-
dividuelle, mais bien après une entente
et un concert réfléchis de toutes les
voix compétentes et intéressées.
L'incohérence et l'empirisme n'ont
que trop duré ; s'ils .se perpétuaient, ce
serait la faillite irrémédiable pour ce
pays.
Nos élus de demain devront avoir
l'âme et l'action de nos vieux conven-
tionnels, c'est-à-dire avoir la vision lar-
ge et vivante des réalités ambiantes,
entraînant des résolutions sans faibles-
se. Les grands facteurs qui doivent réa-
liser la transformation nécessaire de nos
méthodes économiques actuelles sont en
formation. Au Parlement à parfaire
cette organisation, à concevoir rapide-
ment le terrain sur lequel les ententes
utiles pourront se préparer. En un mot,
au Parlement à administrer ce monde
économique nouveau qui doit reconsti-
tuer notre vitalité nationale si malheu-
reusement anémiée par cette longue
guerre.
L'orientation actuelle de la C. G. T.
étant de nature à indiquer au gouverne-
ment républicain le sens de son inter-
vention éventuelle, on peut espérer,
sans être trop optimiste, que cette sa-
gesse raisonnée du syndicalisme vrai-
ment professionnel aura pour heureuse
conséquence de lui donner une force
agissante d'autant plus effective qu'elle
sera plus méthodiquement développée.
Le capitalisme, qui ainsi que l'a dé-
montré magistralement Jaurès, a tou-
jours su s'adapter fort habilement à
toutes les transformations sociales, sau-
ra lui aussi évoluer et comprendre.
Car si le péril de la guerre militaire
paraît momentanément, écarté, il n'en
est pas de même du' péril aussi grave
de la guerre économique qui se produit
déjà entre les nations.
Si en France, nous ne prenons pas
hardiment le parti d'une reconstitution
de la production qui puisse constituer
un exemple parfait d'équité et de réali-
sation pratique, nous pouvons être as-
surés d'être à nouveau victimes du nou-
vel état de choses européen.
Soyons donc tous à la hauteur de la
révolution économique qui s'opère dans
le monde entier. Prenons-en la tête et
la France renaîtra plus glorieuse, mais
aussi plus féconde.
GRANDIGNEAUX.
Président de la Fédération rocfiHl,
et radicale-socialiste ctu 10* arr. de Paria.
EDITORIAL
.1 1
Un "toto" électoral
La Chambre a faïî. vraiment
beaucoup d'honneur à ce « petit
Chose », en lui consacrant un
quart d'heure de ses. délibéra-
tions.
Assurément, la belle humeur
gauloise de M. Bon a fait merveille.
Le courageux et spirituel député a dé-
coché l'épigramme de main de maître.
Mais pourquoi créer une légende à qui
ne relève que de Vanecdote ? Les hauts
faits de ce « petit Chose » ne dépasse-
ront jamais le cadre des faits divers.
Somme toute, il n'existe qu'autant que
son museau blême reflète les rayons de
M. Tigre,
En V occurrence, M. -Tigre est comme
le soleil et ce « petit Chose » comme la
lune !
Attendons l'éclipsé prochaine..
Que ce flasque « pseudonyme » se pré-
sente ou ne se présente pas aux élections,
la Garonne — même si elle 12 veut —
n'en sortira pas de son lit.
Les élections ont de tous temps fait
éclore quelques candidatures excentri-
ques ou grotesques.
Nous avons eu le médecin musulman,
le baron fmt, V H ont me-C an on. Pourquoi
pas un « toto » de Tigre.
- Nous ne sommes plus à Byzance pour
disputer si les « totos de Tigre » ont un
sexe et sont éligibles,
Le suffrage îinivcrsel reconnaîtra les
siens !
Je doute d'ailleurs qu'il s'engoue du
beau physique de ce « petit Chose » dont
le museau blême a des aspects de pion
qui mord.
Par contre, 01l aimera connaître les
noms des super-braves, qui oseront af-
fronter le ridicule en venant se gratter
sur une liste de « totos ».
Moralité ; inutile de légiférer sur ces
petites choses et ces petits animalcules.
Pour s'en débarrasser, point n'est bc-
soin de loi d'exception. Une lotion
suffit.
Quant aux électeurs sans doute vou-
dront-ils demander à ce « petit Chose »
son pedigree, son certificat d'origine, son
permis d'importation et son livret mili-
taire.
Car si le « ioto )i se rend aux élections,
il ne « s'en va pas-t-en guerre »
EDMOND DU MESHIL.
Les Poilus et les Elections
Albi. 2 octobre. - La Fédération tarnaise
des 40 asstockdians de mutilés, veuves et an-
ciens combattants, qui groupe plus de 4.000
adhérents, a voté, dans une réunion qui a
eu lieu à la mairie d'Albi, un ordre du jour
dans lequel la Fédération, après avoir dé-
claré ne défendre aucun idéal politique, ne
s'attacher à aucun parti et ne désigner au-
cun candidat, recommande aux anciens
combattants :
1° Ecartez sans hésitation les candidats
qui, aptes à aller au front se sont soustraits
à ce devoir ;
2° Luttez contre les profiteurs de la guerre
qui, après avoir volé la France, voudront
essayer d'acheter un mandat de représen-
tant du peuple.
La Fédération demande aux candidats aux
prochaines élections :
1° D'inscrire en tête de leur programme
les revendications des victimes de la guerre;
20 De donner sur leur liste une place d'hon-
neur aux anciens combattants ;
30 D'avoir avant tout les souei et l'intérêt
de la France.
— •
La Pensée des Autres
■ -..;..;;.
; , -— ) , —- -
Monsieur le président dù Conseil, j'ai
prononcé à cette tribune une parole'
je m'excuse dé la répéter, mais c'est la
vérité absolue sur ce traité ; vous avez
réalisé le minimum de paix dans le ma..
ximum d'anarchie. .:-
FRANKLIN-BOUILLON.
On dit.
En Passant
Un colon déçu
Là-bas, tout là bas, au Palais-Royal, dans
des galeries obscures et désertes où personne
n'ose plus s'aventurer — pas même M. Bouvier
- sont situés les bureaux de l'Office Colonial.
Il y a quinze jours, un citoyen nait, épris
de colonisation, ayant osé affronter ces soli-
tudes, pénétra mystérieusement dans le sanc-
tuaire ignoré de la foule. Après avoir erré à
l'aventure de bureau en bureau, de couloir en
couloir, gravi des escaliers, contemplé des vi-
trines, appelé, crié, hélé,, hurle, il découvrit
enfin dans l'encoignure d'une fenêtre un homme
en manches de chemise, qui déclamait des
vers, en brandissant un plumeauT
C'était un garçon de bureau, qui composait
un sonnet pour Mme de Noailles.
— Pardon, lit le visiteur en saluant, avec
toute la déférence qui sied, le représentant de
l'administration française, pardon, monsieur.
je vous dérange, mais.
— Effectivement, mossieu, j'aime pas beau-
coup qu'on m'em..bête quand j'élève mon âme
vers les muses. Enfin, qu'est-ce que vous you.
lez ?
— Je voudrais voir M. le directeur, s'il vous
plait? 1
— Le directeur 1 Vous en avez d-a bonnes.
Le directeur, mossieu, il habite la campagne.
- M'élis il doit bien venir quehluefois Y
- Oui; le trente de chaque mois, pour palper.
— Ah 1 et M. le sous-directeur ï
- En congé pour six mois.
- Ah ! et M. le secrétaire serait-il visible 7
— Le secrétaire, il est aux courses.
- Ah ! Et il n'y aitpas d'employés
-Si, il y en a dix-huit.
- Pourrai-je en voir un ï
— Non, ils sont tous partis pour se faire
vacciner. i
Ah ! Alors, il n'y a personne ici pour
renseigner le public ?
- Comment, personne ! Eh bien, mossieu,
et moi 1 v
Le visiteur s'inclina respectueusement, et
comme le garçon de bureau daignait lui indi-
quor une chaise du bout dt, son plumeau, il s'y
assit timidement, tout aa bord. Puis, encou-
ragé par un sourire grimaçant du birbe, qui
venait de trouver enfin une rime à « Noailles »,
il se hasarda.
- Voilà. dit-il, j'ai obtenu une concession
sur la Côte d'Ivoire, et je voudrais aller y
tenter la culture du cotonnier et.
— Non, vrai, vous voulez aller aux colonies 1
Vous avez donc fait un sale coup en France 1
— Mais, monsieur, jo vous assure. je.
— Alors, vous êtes une poire, mossieu, per-
mettez l'expression, une simple poire.: Depuis
quinze ans que je suis ici, c'est bien la pre-
mière fois que je vois un Français un peu pro-
pre vouloir aller planter du coton aux colonies.
— Cependant..
— Il n'y a pas de' cependant. mossieu. Je
vous parle en ami. Aller aux colonies : mais
oft--fl'a ipas idée de cela ! Mais vous y crèverez,
mon petit, du vomito negro ou de la lièvre
jaune, et ce sera bien fait Croyez-moi, cédez
votre concession à un Anglais et allez cultiver
des aspergés à Argenteuil. -
« Du coton 1 vous pouvez qu'on n'en a, pas
assez comme ça dans la vie! Bien le bonjour,
mossieu,. c'est l'heure de mon bridge avec le
concierge du Conseil d'Etat. Serviteur. »
Interloqué, hébété, stupéfait, le visiteur se
prosterna longuement devant le garçon de bu-
reau, descendit des escaliers, repassa devant
des vitrines, retraversa des bureaux et des cou-
loirs, puis. quand il se retrouva dans les gale-
ries désertes du Palais-Roy al, subitement allolé,
il prit ses jambes à son cou.
Il court encore.
Jean d'Aigremont.
©
Aujourd'hui
MM. les voyageurs, en voiture 1
Dans un très spirituel dessin de Martial,
le Canard Enchaîné nous montre des voya-
geurs en panne sur le quai d'une gare. Le
dialogue suivant s'engage entre le chef de
qare et eux.
— Alors, quoi ?• Encore une heure de re-
tard.
- Vous plaignez pas ; ça vous fait peiii-
être une heure de plus à vivre.
Le dégoût de la juive
Un prêtre romain de nos amis nous ra-
conte ceci :
« .J'évite la politique autant que je vais
t'l m'efforce, en tout cas, de n'en parter
ï-muiis. La place du prêtre est à l'autel et
lon au forum. Mais, tout de même, je com-
mence à croire qu'il.*,,j a, au gouvernement,
des gens qui n'!I devraient pas être.
a Cette idée m'est venue en recevont
avant-hier une dame dune quarantaine
d'année, de mise correcte et s expi itvuint
lort bien, qui me déclara ex abrupto :
- Monsieur l'abbé, fe suis juive (elle ne
me dit pas israélite : (juive), et je suis venue
vous trouver parce que ie veux devenir
catholique. -
- Mais madame. ■
— Oui, cela vous surprend ? Voici mes
raisons. Devenue française par mon maria-
ge (je suis d'origine espagnole), mon mari,
mes trois frères et mes trois beaux-frères
s'étant battus pour la France, j'ai tâché de
les imiter dans la mesure du possible, et
me suis faite infirmière pour soigner nos
blessés. Rien ne m'avait paru si beau que
la Grande France héroïque dressée contre
VAllemagne tyrannique pour la défense de
la Liberté. Or, il est une chose que je ne
puis plus supporte.r. C'est de voir cette
France gouvernée par un sale juif comme
Rothschild, dit Mandel. ou Ignace. Depuis
que ces deux individus sont au pouvoir,
fai honte — ayant tâché d'agir en Fran-
çaise — de voir un pays que je considère
comme le mien aux mains de deux person-
nages qui sont l'opprobre de ma race. Et
j'ai résolu de me faire baptiser.
« Je suis croyante. Mais votre Dieu était
Juif. Il est, dès lors, le mien, et ne saurait
m'en vouloir de suivre ses enseignements
pour rompre une solidarité qui me répUr
gne. » Cette, anecdote typique, savoureuse
et authentique perdrait assurément de sa
valeur si elle était commentée.
Nous n'y ajouterons donc rien.
(La Grimace.)
La grève et ses conséquences
: M. Poincaré devait se rendre ces jours-ci
en Angleterre. A Londres, la corporation
de la Cité s'apprêtait à Je recevoir solen-
nellement au Guildhall, et voici que aefte
cérémonie est remise, comme toutes les
autres d'ailleursl par suite de la grève des
cheminots. ,.
Mais pourquoi notre président iï emprun-
terait-il V!l la voie des airs ?.
- le. TaDin.
Les Serbes
mobiliseraient
DES COMBATS ONT DÉJA LIEU
AUX ENVIRONS DE FIUME
Il pleut des nouvelles. Elles sont presque
toutes alarmantes. Heureusement que si elles
ne sont pas démenties, elles ne sont pas non
plus officiellement confirmées. L'heure est
certainement grave. La tension entre Rome et
Belgrade est grande. Les fusils partent tout
seuls. Des incidents sont inévitables. Ils ne
prendront toutefois des proportions qu'au-
tant qu'on le voudra bien, et à Rome comme
à Belgrade il n'est pas aussi sûr que cela
qu'on ne fera pas le possible et l'impossible
pour éviter tout ce qui pourrait faire suppo-
ser un conflit.
Quoiqu'il n'en paraisse, les Puissances ne
restent pas inactives et on se démène beau-
coup plus qu'on ne pense dans .la coulisse.
Au besoin, elles ne craignent pas d'interve-
nir, comme l'ont fait les Américains en Dal-
matie. C'était bien plus pour séparer les com-
battants que pour prendre parti. Tout danger
n'est pas encore écarté. La situation inté-
rieure accuse un grave malaise en Yougo-
slavie. Là aussi le dilemme guerre ou révo-
lution viendrait à se poser si l'état de choses
actuel n'était pas promptement résolu. La
lutte entre les partis dégénérerait en une
véritable guerre civile si l'amour de la chose
publique ne finissait par l'emporter.
Pour l'instant, ce n'est pas le cas et l'on
peut dire que le nouveau, cabinet a groupé
contre lui presque tous les éléments avan-
cés. M. Protitch exercera une véritable dicta-
ture pour se maintenir au pouvoir. Malgré
la présence du conservateur Korochetch dans
le ministère, celui-ci aura un caractère serbe
plus prononcé. Faut-il en conclure qu'on est
moins porté à Belgrade qu'à Zagreb ou à
Lubiana à prendre au tragique les événe-
ments de Fiume ?
Il y a aussi à Rome, actuellement, des
volontés agissantes pour réduire ces événe-
ments et leur enlever toute pointe dange-
reuse pour le maintien des bonnes relations
internationales.
La situation intérieure de chaque Etat con-
tinue à rester un important facteur dans la
dispute pour Fiume. Elle n'est pas moins à
considérer que le problème adriatique.
Louis BRESSE.
• •-»>♦«» » -.
Le Conflit s'aggrave
La mobilisation générale yougo-slan se
poursuit fébrilement La Chicago Tribune
annonce que les classes 1880 à 1886, qui ve-
naient d'être démobilisées par l'état-major
de Belgrade sont rappelées soua les dra-
peaux. Elles cbmprenisent tous les hommes
de 24 à 39 ans. De nombreuses batteries d'ar-
tillerie de campagne ont été expédiées
d'Agram aux troupes serbes en observation
devant Fiume.
D'autre part, on mande de Vienne :
Une dépêche d'Agram dit que suivant les
journaux, des volontaires de toutes les ré-
gions de Yougo-Slavie, notamment de Bos-
nie et de Dalmatie, demandent des armes
au gouvernement pour marcher contre Fiu-
me et chasser d'Annunzio et ses hommes.
Le mouvement a pris une grande extension.
Première rencontre
La Chicago Tribune ajoute qu'une pre
mi ère rencontre a eu lieu à Spalato entre
troupes régulières italiennes et yougo-siaves.
Les Italiens auraient engagé le combat en
franchissant la ligne d'armistice. Les pertes
seraient lourdes des deux côtés, chacun des
deux partis ayant eui plus de deux cents
morts.
D'autres informations confirment que les
volontaires de d'Annunzio se disposent à pé-
nétrer en territoire yougoslave jwur effec-
tuer leur jonction avec les régiments italiens
cantonnés à Sebenico et à Zara. Les troupes
régulières italiennes demanderaient à grands
cris à marcher contre tes Serbes.
D'Annunzio et la Dalmatie
On continue à parler d'expédition en Dal-
matie. Ces bruits sont arrivé à d'Annun-
zio, qui a déclaré que tout en n'oubliant pas
la Dalmatie et en ne faisant à ce sujet au-
cune renonciation, toute expédition serait
inopportune en ce moment. t
D'Annunzio pense que la situation créée
à Fiume par son geste doit servir de uomt
d'appui au levier qui soulèvera toutes les
questions adriatiques, lesquelles devront tire
examinées de nouveau.
Proclamations de d'Annunzio
On mande de Split qu'un avion italien a
lancé, le 28 septembre, sur Zadar (Zara) des
proclamations de d'Annunzio promettant
d'occuper à bref délai, dès- qu'il disposera
de forces suffisantes, Split et la Dalmatie
iusqu'à Cattaro.
■ t nmw-* —•
Après la dissolution
La démobilisation italienne
Le Tempo écrit que le Conseil des minis-
tres aurait discuté le problème d'accélérer
la démobilisation générale, en ne mainte-
nant aux armées que le nombre de soldats
strictement nécessaires pour faire face à
toute complication, qu.i pourrait surgir de
la situation internationale actuelle.
Le cabinet s'est aujeei occupé de la ques-
tion du vote des militaires qui sont sous les
armes. Cette question sera résolue dans la
prochaine réunion du cabinet.
M. Nitti à ses électeurs
M. Nitti a envoyé à ses électeurs une lettre
exposant les grandes lignes de son program-
me politique. Il déclare que l'Italie a sur-
tout besoin de ne plus se laisser aller à des
luttes intestines, que l'œuvre du gouverne-
ment est dirigée vers la paix sociale et la
révolution civile.
Au sujet de la question de Fiume, M.
Nitti dit qu'il a interrogé les responsables
et les parlementaires autorisés*. Personne
n'osa proposer d'agir par la violence. Tous
les Italiens ont au cœur le même sentiment,
il n'y a de divergences qu'au sujet de .la
méthode et de la conduite à tenir. En tout
cas, il est nécessaire de rétablir la discipline
dans l'armée et dans le pays. Il faut recons-
tituer les richesses perdues, ce qui réclame
une période de paix intérieure autant' qu'ex-
térieure. IO/Italie doit vivre pour vaincre.
A LA CHAMBRE
La ratification du Traité
■ — > -.. 4 —•
372 VOIX POUR. - 53 VOIX CONTRE
-
Il Y a eu plus de soixante-dix abstentions
Le long débat est enfin terminé. La
Chambre vient de ratifier le traité de paix
conclu entre les Puissances victorieuses et
l'Allemagne vaincue, précipitée à bas du
monstrueux et gigantesque piédestal d'or-
gueil qu'elle avait construit, consacrant à
crire œuvre de domination par la violence
plus d'un demi-siècle. Elle peut amèrement
regretter d'avoir si mal employé son temps.
la ratification parlementaire n'atténue
las l'importance des critiques formulées;
elle ne doit surtout pas les faire descendre
au rang des choses vétustes qui, ayant fait
lfur temps, peuvent être ensevelies dans
l'oubli.
La paix franco-allemande conclue en 1*119
St'ra une paix de vigilance, a-t-on dit main-
tes fois au cours de la discussion, sinon
elle ne sera productive d'aucun elfet utile.
C'est vrai.
Et il peut paraître paradoxal que la
Chambre française se soit décidée à donner
son approbation au moment précis où la
situation extérieure se manifeste comme
incontestablement menaçante.
Pcul-être le geste de laFrance. exercera-
t-il une répercussion heureuse sur les incer-
titudes au milieu desquelles se débattent
les Etats-Unis d'Amérique. Si nous y pou-
vions gagner cet avantage, ce serait beau-
coup déjà.
Quoi qu'il en soit, et avant que de clô-
turf r nos observations sur le grand ét)éne-
ment qui vient de s'accomplir, nous souli-
gnerons ici que les faiblesses imputables
à nos plénipotentaiaires nous placent au-
jourd'hui en présence d'une évolution f ili-
tique européenne essentiellement favorable
à T Allemagne.
Si le conflit entre l'Italie et la Tchéco-
slovaquie s'aggrave, si le pacte conclu
entre les Alliés de la arande guerre ne peut
pas jouer immédiatement, c'est une action
germanique puissante et pressante qui
s'exerce sur l'Europe centrale et méridio-
,iale Quelles en ppurraient être les consé-
quences pour notre pays ? Il est permis de
i'S prévoir comme devant être assez dan-
gereuses. -
Le vote du traité par la Chambre n'est
pas une lueur dans les ténèbres. Il marque
cependant un résultat incontestable : celui
de libérer de nombreuses consciences vis à-
vis des responsabilités politiques du gou-
vernement.
Camille DEVILAR.
SEANCE DE L'APRÈS-MIDI
---
Après une protestation fort légitime de M.
Mautgor contre la distribution tardive des
rapports, et notamment de ceux comportant
de lourdes charges pour le budget, la Cham-
bre a repris la discussion du traité et l'audi-
tion des explications de vote.
M. Aristide Jobert pise qu'il votera le
traité.
Discours de M. Piou
M. Jacques Piou a l'oreille de la Cham-
bre. L'Assemblée aime la droiture de la pen-
sée de cet orateur de droite ainsi que l'élé-
gance de son verbe. Elle a donc écouté at-
tentivement cette allocution :
M. J?(ques Piou. — Le traité de paix répave
la grande iniquité de 1871 et reconstitue l'unité
de la patrie. Nous le voterons, mes amis et
moi. Mais nous ne pouvons nous détendre d'un
sentiment de regret.
La victoire n'apporte pas à notre pays les
garanties militaires nécessaires à sa sécurité.
Ces garanties, le gouvernement les avait
demandées dans une" note saisissante qui était
un programme de paix vraiment française.
Mais le traité de paix contient de graves la-
cunes qui ont été déjà mises en lumJère.
J'en veux signaler une autre, qui est grosse
de conséquences et qui est passée inaperçue
jusqu'ici.
La valeur Financière du traité repose sur la
commission des réparations, dans laquelle
nous n'avons qu'une voix sur cinq et qui est
investie de pouvoirs formidables. ELLE PEUT
TOUT, sauf taire remise à l'ennemi de sa dette.
Cnose plus grave, une simple majorité tie
trois voix\ suffit pour déclarer les ressources
ue l'Allemagne épuisées ou insuffisantes .et
pour rendre par suite" le traité impossible à
exécuter.
Du coup, nous sommes forclos, et, par sur-
croît, la Société des Nations peut nous inviter
à un nouvel examen du traité.
C'est le pouvoir discrétionnaire à sa plus
haute puissance, et la commission n'en pourra
faire d'autre usage que celui que -lui imposera
la politique des gouvernements qu'elle repré-
sente.
Que sera cette politique pendant les trente
années qui vont suivre ?
Là est l'inconnu, là est le péril. rrtès bien !
très bien !)
Malgré tout, l'orateur espère. Il veut faire
confiance à ceux qui auront à exercer la vi-
gilance française.
M. de Grandmaison ne votera pas non plus
le traité. Depuis vingt ans qu'il exerce son
mandat, il ne s'est jamais associé à aucune,
ratification de traité.
Les royalistes
M. Jules Delahaye déclare, comme nous
l'avons fait pressentir hier, que ses amis et
lui ne voteront pas le traité :
M. Delahaye. — Le traité est déjà contesté
partout, même à Washington.
Nous ne pouvons pas le voter, car nous atten-
dons encore ce concours matériel et moral des
alliés sans lequel nous na pouvons faire face
aux charges que nous avons contractées pour
la cause du monde entier.
Nous ne pouvons pas nous joindre à nos
alliés et associés poinr fortifier et perpétuer
l'unité de l'empire d'Allemagne.
Qu'est ce que la Société des Nations 7 La
Société du Tigre, du Mouton et de la Gazelle.
Elle aboutira à !a guerre ou au règne du plus
fort.
Il faudra, à nouveau, nous soumettre-ou nous
battre. Nous ne vbterons pas ce traité qui orga-
nise l'anarchie.
Autres explications
M. Merlin votera le traité. Je ne l'approu-
ve pas entièrement. Il craint que la France
n'ait pas obtenu la paix qu'elle éritat.
M. Màigânôf, ancien ministre des Colonies,
parle au nom des députés des dépal'lents:
dévastés.
Eux, non ne ratifieront pas ; u La
joie de la victoen est suivie de pas, La
ceptions et "d inquiétudes. » -,
M. Louis Tissier refuse sa voix en raison
de la trop lourde situation financière imposa
a la France.
M. Maurice Viollette. — M. le président du
Conseil a dit lui-même du traité qu'il était un
ensemble de possibilités. Cette conception pour-
ra lournir de singuliers arguments à ceux qui
ont déjà proclamé la vanité des chiffons de
papier.
Pourtant, refuser le traité, c'est maintenir
juridiquement l'état de guerre.
Or, nous voulons la ftjaijt. Pour arriver à la
paix véritable, il faut que la paix soit officiel-
tement, juridiquement proclamée 1
C:est pour cela que nous voterons le traité.
Mais ce seront les peuples qui devront orga-
niser la paix en se substituant aux gouverne-
ments défaillants.
Ces explications concises et claires ont étt
accueillies avec beaucoup de faveur par la
Chamibre.
MM. Vietor Judet, viënard, Camille Pi-
card, Charpentier, Ferdinand Bougère, Fran-
çois Fouraier parlent ensuite. Ils voteront le
traité par affection pour nos frères Alsaciens
et Lorrains. Ils déplorent les imperfections
et les lacunes des clauses.
M: Cazassus s'abstiendra, parce que le
Parlement a été systématiquement écarté des
négociations. « Le Gouvernement, seul au-
teur dii traité, dit-ii, doit seul en assumer
la responsabilité. Notre devoir de-représeh- *
tants du peuple nous impose l'abstention.
Cette déclaration est signée de mon collègue,
Belinguier et de moi-même. » -
Les socialistes
L'unanimité de décision ne s'est pas faite
dans le parti socialiste. Voici d'abord un des
quarante qui tient à préciser une opposition
à l'ensemble de la déclaration du parti :
M. Hubert Rouger. — Ce n'est pas comme
secrétaire du groupe du parti socialiste que je
parle, mais au nom de quelques amis du groupe
et en mon nom..
Nous ne voterons pas ce traité qui n'accorde-
pas à la France les garanties auxquelles elle
avait droit, qui n'assure par le désarmement
général et qui n'institue pas une véritable So-
ciété des Nations.
La déclaration socialiste ,
C'est M. Ernest Lafont qui développe, à la
triibune, la déclaration rédigée au nom du
parti socialiste.
Le nréambule est nel, incisif :
M. Ernest Laiont. — Le traité a été duremeni
critiqué ici par des hommes appartenant à tous
les partis de rAssemblée. Certaine rapports ont
même parfois pris Vallure d'un réquisitoire.
Seuls ou presque seuls, les orateurs du gou-
yernenaeni ont Osé.Jsieurs mois de discussion ultra -secrète pou-
vaient difficilement aboutir à un autre résultat.*
•Vu cours des travaux de la Conférence, sans
se laisser décourager par l'accueil qui lui était
fait, notre parti n'a cessé-de reclamer des éclair.
eissements et de faire des suggestions.
¡;e retour de l'Alsace et de la Lorraine, lH'
libération de la Pologne, la chute du milita- ■
risme allemand étaient autant de raisons de
saluer l'armistice. t
Mais que sont devenus, dans le traité, les
espoirs des peuples 7
Le traité est fragmentaire ; il donne une pai.
mais n'assure pas )a paix.
L'orateur, dans un résumé rapide, con-
dense toutes les critiques, nationales et in-
temationaies.
Il conclut, non sans qu'une vive agitation
ne se manifeste dans l'Assemblée, que la
sonnette présidentielle réussit difficilement à
calmer ;
M. Ernest Lafont. - Notre angoisse s'accroît
quand nous songeons aux personnalités char-
gées d'appliquer Je traité, et dont nous connais-
sons l'étroitesse d'esprit. Nous craignons tl..
voir se développer les tentatives et les visées
de réaction jnternationale. (Bruit.) I.a montée
triomphante de la classe ouvrière assurera heu-
reusement le rétablissement de la paix délini-
tive dont le monde a tant besoin.
Cette déclaration est accueillie par les seul-
applaudissements de l'extrême-gauche.
Encore un certain nombre de socialistes
ne participent-ils pas à cette démonstration.
C'est ainsi que M. Mage, député socialislf
du Cher. se levé pour indiquer, en son nom
et au nom de MM. Lecointe et Nectoux, qu'il
ne se rallie pas à la déclaration lue par M.
Ernest Lafont M lauger se souvient de
1870-71 et de Gambetta. Sa voix est acquise
à la ratification -
Le vote
Après une dernière et brève explication
de M Butin. le président déclare la discus-
sion close. Il met aux voix l'article unique
du projet de loi. :
C'est au milieu d'une très vive agitation
que le vote s'effectue. Les députés momcn
tanément absents de la salle de séance y
rentrent, pressés. Chacun tient à assurer son
vote. Quelques précédents inquiétants justi-
fient. on le sait. cette prudence qui n'est pas
excessive en un pareil cas.
Après pointage, M. Deschanel fait connaî-
tre le résultat du scrutin.
A la majorité de 372 voix contre x53, sur
425 votants, le projet de loi portant
ratification du traité est adopté. ,
On signale 73 abstentions, soit donc cent
vingt-six députés qui n'approuvent pas M.
Cltmenceau. Cest um nombre élevé, dam
une affaire d'une si haute importance: Nous
avions été, hier, de très peu au-dessus de
la vérité en formulant notre pronostic : 150
voix environ.
Le pacte franco-angot-américain
- L'ordre du jour appelle ensuite la discus-
sion du projet de loi portant approbation des
traité conclus à Versailles, le 28 juin 1919,
entre la France et les Etats-Unis d'Améri-
que et entre la France et la Grande-Breta-
gn concernant l'aide à donner à la France
eh cas d'agression allemande non provoquée.
Sans discussion, le projet de loi est mis
aux voix par scrutin public.
A funanimité des 501 votants, le projet
de loi. est adopté Ce vote est accueilli par
d'unanimes applaudissements.
, Aujourd'hui, à 9 heures, première séance
publique ; à 15 heures, deuxième séance pu.
blique.
.te.. —-.
Les motions
- Si le traité êe pa»x est ratifié, la discua.
sion n'est pas définitivement close.
Les diverses moH©ns déposées vont susci-
ter d'importants débats. :
La première qui viendra en dtsçuswot
1-1
- _- - - --.- 7 - 1 -1- -.-. - .- - -
12 VENDEMIAIRE, AN i2R. — N° 17.850. 1 1 - 1 2' - Le numéro : DIX CENTIMES VENDREDI 3 OCTOBRE 1519. •— N® 17.850.
AUGUSTE VACQUERIE -'
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EDMOND DU MESNIL
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REDACTION ET ADMINISTRATION
38, Boulevard de Strasbourg. - PARIa.
TRIBUNE LIBRE
4. z-
L'in9lnctable transformation
- !—-——- > mtm (
Quoi que puissent dite les
adversaires de notre Parti, il
vient d'affirmer sans effort sa
vitalité et sa volonté d'action.
Des débats du récent congrès,
il se dégage nettement ce fait
que les militants radicaux-socialistes
entendent désormais soutenir et défen-
dre seulement ceux de leurs mandatai-
res au Parlement qui observeront la
discipline nécessaire à la prédominance
de nos principes.
La politique misérable de la course
individuelle au portefeuille a vécu. Nos
ministères de demain seront ou radicaux
ou socialistes, ou encore Alliance démo-
cratique, mais nous ne tolérerons plus
ces combinaisons ministérielles pana-
chées foulant aux pieds les principes et
infligeant à la République le discrédit
conséquent de leur incohérente incom-
pétence.
Ainsi donc, demain, quel que soit le
nombre de nos députés élus au Parle-
ment, nous entendons que leur groupe
constitue un bloc discipliné et cohérent
.sur toutes nos questions de principes,
et notamment sur les questions vitales
pour notre pays.
Ainsi en ont formellement décidé les
militants délégués au congrès, ainsi en
décideront les électeurs radicaux-socia-
listes dans la prochaine consultation
électorale du suffrage universel.
Mais cela ne pourrait suffire si, da
programme élaboré, nous ne dégagions
pas dès maintenant les grandes direc-
ves qui doivent orienter et combiner
les éléments essentiels à notre renais-
sance nationale.
Comme il convenait, nous avons af-
firmé à nouveau notre volonté de rester
le grand parti populaire puisant sa for-
ce dans le peuple et travaillant pour
lui.
Les questions économiques et tfnan-
rières, les premières, nécessiteront des
solutions énergiques et rapidement con-
çues. Pour ce faire, il importe de tenir
compte des réalités pratiques consé-
quentes de l'évolution profonde de notre
organisation sociale.
Qu'on le veuille ou non, il nous fau-
dra prendre parti sans hésiter poût une
réorganisation nationale qui appelle la
collaboration intime de tous les techni-
ciens producteurs dressés en face des
financiers spéculateurs.
Les relations du travail et du capital
doivent être demain arbitrées et sanc-
tionnées s'il y a lieu par l'Etat, ce der-
nier n'ayant en vue que la rénovation
de l'activité économique du pays.
Le capitalisme français sera contraint
de redevenir uniquement français et de
ne s'intéresser qu'au développement de
l'activité productrice de la France.
Pour l'y contraindre, au cas où il
continuerait à méconnaître nos intérêts
nationaux, il importe que le travail,
sous toutes ses formes intellectuelles et
manuelles, prenne une part active' à la
reconstitution de nos méthodes d'exploi-
tation nationale.
Le professionnel doit demain être le
principal inspirateur et le conseiller di-
rect du législateur. Mais non pas sous
une forme étroite, limitée et presque in-
dividuelle, mais bien après une entente
et un concert réfléchis de toutes les
voix compétentes et intéressées.
L'incohérence et l'empirisme n'ont
que trop duré ; s'ils .se perpétuaient, ce
serait la faillite irrémédiable pour ce
pays.
Nos élus de demain devront avoir
l'âme et l'action de nos vieux conven-
tionnels, c'est-à-dire avoir la vision lar-
ge et vivante des réalités ambiantes,
entraînant des résolutions sans faibles-
se. Les grands facteurs qui doivent réa-
liser la transformation nécessaire de nos
méthodes économiques actuelles sont en
formation. Au Parlement à parfaire
cette organisation, à concevoir rapide-
ment le terrain sur lequel les ententes
utiles pourront se préparer. En un mot,
au Parlement à administrer ce monde
économique nouveau qui doit reconsti-
tuer notre vitalité nationale si malheu-
reusement anémiée par cette longue
guerre.
L'orientation actuelle de la C. G. T.
étant de nature à indiquer au gouverne-
ment républicain le sens de son inter-
vention éventuelle, on peut espérer,
sans être trop optimiste, que cette sa-
gesse raisonnée du syndicalisme vrai-
ment professionnel aura pour heureuse
conséquence de lui donner une force
agissante d'autant plus effective qu'elle
sera plus méthodiquement développée.
Le capitalisme, qui ainsi que l'a dé-
montré magistralement Jaurès, a tou-
jours su s'adapter fort habilement à
toutes les transformations sociales, sau-
ra lui aussi évoluer et comprendre.
Car si le péril de la guerre militaire
paraît momentanément, écarté, il n'en
est pas de même du' péril aussi grave
de la guerre économique qui se produit
déjà entre les nations.
Si en France, nous ne prenons pas
hardiment le parti d'une reconstitution
de la production qui puisse constituer
un exemple parfait d'équité et de réali-
sation pratique, nous pouvons être as-
surés d'être à nouveau victimes du nou-
vel état de choses européen.
Soyons donc tous à la hauteur de la
révolution économique qui s'opère dans
le monde entier. Prenons-en la tête et
la France renaîtra plus glorieuse, mais
aussi plus féconde.
GRANDIGNEAUX.
Président de la Fédération rocfiHl,
et radicale-socialiste ctu 10* arr. de Paria.
EDITORIAL
.1 1
Un "toto" électoral
La Chambre a faïî. vraiment
beaucoup d'honneur à ce « petit
Chose », en lui consacrant un
quart d'heure de ses. délibéra-
tions.
Assurément, la belle humeur
gauloise de M. Bon a fait merveille.
Le courageux et spirituel député a dé-
coché l'épigramme de main de maître.
Mais pourquoi créer une légende à qui
ne relève que de Vanecdote ? Les hauts
faits de ce « petit Chose » ne dépasse-
ront jamais le cadre des faits divers.
Somme toute, il n'existe qu'autant que
son museau blême reflète les rayons de
M. Tigre,
En V occurrence, M. -Tigre est comme
le soleil et ce « petit Chose » comme la
lune !
Attendons l'éclipsé prochaine..
Que ce flasque « pseudonyme » se pré-
sente ou ne se présente pas aux élections,
la Garonne — même si elle 12 veut —
n'en sortira pas de son lit.
Les élections ont de tous temps fait
éclore quelques candidatures excentri-
ques ou grotesques.
Nous avons eu le médecin musulman,
le baron fmt, V H ont me-C an on. Pourquoi
pas un « toto » de Tigre.
- Nous ne sommes plus à Byzance pour
disputer si les « totos de Tigre » ont un
sexe et sont éligibles,
Le suffrage îinivcrsel reconnaîtra les
siens !
Je doute d'ailleurs qu'il s'engoue du
beau physique de ce « petit Chose » dont
le museau blême a des aspects de pion
qui mord.
Par contre, 01l aimera connaître les
noms des super-braves, qui oseront af-
fronter le ridicule en venant se gratter
sur une liste de « totos ».
Moralité ; inutile de légiférer sur ces
petites choses et ces petits animalcules.
Pour s'en débarrasser, point n'est bc-
soin de loi d'exception. Une lotion
suffit.
Quant aux électeurs sans doute vou-
dront-ils demander à ce « petit Chose »
son pedigree, son certificat d'origine, son
permis d'importation et son livret mili-
taire.
Car si le « ioto )i se rend aux élections,
il ne « s'en va pas-t-en guerre »
EDMOND DU MESHIL.
Les Poilus et les Elections
Albi. 2 octobre. - La Fédération tarnaise
des 40 asstockdians de mutilés, veuves et an-
ciens combattants, qui groupe plus de 4.000
adhérents, a voté, dans une réunion qui a
eu lieu à la mairie d'Albi, un ordre du jour
dans lequel la Fédération, après avoir dé-
claré ne défendre aucun idéal politique, ne
s'attacher à aucun parti et ne désigner au-
cun candidat, recommande aux anciens
combattants :
1° Ecartez sans hésitation les candidats
qui, aptes à aller au front se sont soustraits
à ce devoir ;
2° Luttez contre les profiteurs de la guerre
qui, après avoir volé la France, voudront
essayer d'acheter un mandat de représen-
tant du peuple.
La Fédération demande aux candidats aux
prochaines élections :
1° D'inscrire en tête de leur programme
les revendications des victimes de la guerre;
20 De donner sur leur liste une place d'hon-
neur aux anciens combattants ;
30 D'avoir avant tout les souei et l'intérêt
de la France.
— •
La Pensée des Autres
■ -..;..;;.
; , -— ) , —- -
Monsieur le président dù Conseil, j'ai
prononcé à cette tribune une parole'
je m'excuse dé la répéter, mais c'est la
vérité absolue sur ce traité ; vous avez
réalisé le minimum de paix dans le ma..
ximum d'anarchie. .:-
FRANKLIN-BOUILLON.
On dit.
En Passant
Un colon déçu
Là-bas, tout là bas, au Palais-Royal, dans
des galeries obscures et désertes où personne
n'ose plus s'aventurer — pas même M. Bouvier
- sont situés les bureaux de l'Office Colonial.
Il y a quinze jours, un citoyen nait, épris
de colonisation, ayant osé affronter ces soli-
tudes, pénétra mystérieusement dans le sanc-
tuaire ignoré de la foule. Après avoir erré à
l'aventure de bureau en bureau, de couloir en
couloir, gravi des escaliers, contemplé des vi-
trines, appelé, crié, hélé,, hurle, il découvrit
enfin dans l'encoignure d'une fenêtre un homme
en manches de chemise, qui déclamait des
vers, en brandissant un plumeauT
C'était un garçon de bureau, qui composait
un sonnet pour Mme de Noailles.
— Pardon, lit le visiteur en saluant, avec
toute la déférence qui sied, le représentant de
l'administration française, pardon, monsieur.
je vous dérange, mais.
— Effectivement, mossieu, j'aime pas beau-
coup qu'on m'em..bête quand j'élève mon âme
vers les muses. Enfin, qu'est-ce que vous you.
lez ?
— Je voudrais voir M. le directeur, s'il vous
plait? 1
— Le directeur 1 Vous en avez d-a bonnes.
Le directeur, mossieu, il habite la campagne.
- M'élis il doit bien venir quehluefois Y
- Oui; le trente de chaque mois, pour palper.
— Ah 1 et M. le sous-directeur ï
- En congé pour six mois.
- Ah ! et M. le secrétaire serait-il visible 7
— Le secrétaire, il est aux courses.
- Ah ! Et il n'y aitpas d'employés
-Si, il y en a dix-huit.
- Pourrai-je en voir un ï
— Non, ils sont tous partis pour se faire
vacciner. i
Ah ! Alors, il n'y a personne ici pour
renseigner le public ?
- Comment, personne ! Eh bien, mossieu,
et moi 1 v
Le visiteur s'inclina respectueusement, et
comme le garçon de bureau daignait lui indi-
quor une chaise du bout dt, son plumeau, il s'y
assit timidement, tout aa bord. Puis, encou-
ragé par un sourire grimaçant du birbe, qui
venait de trouver enfin une rime à « Noailles »,
il se hasarda.
- Voilà. dit-il, j'ai obtenu une concession
sur la Côte d'Ivoire, et je voudrais aller y
tenter la culture du cotonnier et.
— Non, vrai, vous voulez aller aux colonies 1
Vous avez donc fait un sale coup en France 1
— Mais, monsieur, jo vous assure. je.
— Alors, vous êtes une poire, mossieu, per-
mettez l'expression, une simple poire.: Depuis
quinze ans que je suis ici, c'est bien la pre-
mière fois que je vois un Français un peu pro-
pre vouloir aller planter du coton aux colonies.
— Cependant..
— Il n'y a pas de' cependant. mossieu. Je
vous parle en ami. Aller aux colonies : mais
oft--fl'a ipas idée de cela ! Mais vous y crèverez,
mon petit, du vomito negro ou de la lièvre
jaune, et ce sera bien fait Croyez-moi, cédez
votre concession à un Anglais et allez cultiver
des aspergés à Argenteuil. -
« Du coton 1 vous pouvez qu'on n'en a, pas
assez comme ça dans la vie! Bien le bonjour,
mossieu,. c'est l'heure de mon bridge avec le
concierge du Conseil d'Etat. Serviteur. »
Interloqué, hébété, stupéfait, le visiteur se
prosterna longuement devant le garçon de bu-
reau, descendit des escaliers, repassa devant
des vitrines, retraversa des bureaux et des cou-
loirs, puis. quand il se retrouva dans les gale-
ries désertes du Palais-Roy al, subitement allolé,
il prit ses jambes à son cou.
Il court encore.
Jean d'Aigremont.
©
Aujourd'hui
MM. les voyageurs, en voiture 1
Dans un très spirituel dessin de Martial,
le Canard Enchaîné nous montre des voya-
geurs en panne sur le quai d'une gare. Le
dialogue suivant s'engage entre le chef de
qare et eux.
— Alors, quoi ?• Encore une heure de re-
tard.
- Vous plaignez pas ; ça vous fait peiii-
être une heure de plus à vivre.
Le dégoût de la juive
Un prêtre romain de nos amis nous ra-
conte ceci :
« .J'évite la politique autant que je vais
t'l m'efforce, en tout cas, de n'en parter
ï-muiis. La place du prêtre est à l'autel et
lon au forum. Mais, tout de même, je com-
mence à croire qu'il.*,,j a, au gouvernement,
des gens qui n'!I devraient pas être.
a Cette idée m'est venue en recevont
avant-hier une dame dune quarantaine
d'année, de mise correcte et s expi itvuint
lort bien, qui me déclara ex abrupto :
- Monsieur l'abbé, fe suis juive (elle ne
me dit pas israélite : (juive), et je suis venue
vous trouver parce que ie veux devenir
catholique. -
- Mais madame. ■
— Oui, cela vous surprend ? Voici mes
raisons. Devenue française par mon maria-
ge (je suis d'origine espagnole), mon mari,
mes trois frères et mes trois beaux-frères
s'étant battus pour la France, j'ai tâché de
les imiter dans la mesure du possible, et
me suis faite infirmière pour soigner nos
blessés. Rien ne m'avait paru si beau que
la Grande France héroïque dressée contre
VAllemagne tyrannique pour la défense de
la Liberté. Or, il est une chose que je ne
puis plus supporte.r. C'est de voir cette
France gouvernée par un sale juif comme
Rothschild, dit Mandel. ou Ignace. Depuis
que ces deux individus sont au pouvoir,
fai honte — ayant tâché d'agir en Fran-
çaise — de voir un pays que je considère
comme le mien aux mains de deux person-
nages qui sont l'opprobre de ma race. Et
j'ai résolu de me faire baptiser.
« Je suis croyante. Mais votre Dieu était
Juif. Il est, dès lors, le mien, et ne saurait
m'en vouloir de suivre ses enseignements
pour rompre une solidarité qui me répUr
gne. » Cette, anecdote typique, savoureuse
et authentique perdrait assurément de sa
valeur si elle était commentée.
Nous n'y ajouterons donc rien.
(La Grimace.)
La grève et ses conséquences
: M. Poincaré devait se rendre ces jours-ci
en Angleterre. A Londres, la corporation
de la Cité s'apprêtait à Je recevoir solen-
nellement au Guildhall, et voici que aefte
cérémonie est remise, comme toutes les
autres d'ailleursl par suite de la grève des
cheminots. ,.
Mais pourquoi notre président iï emprun-
terait-il V!l la voie des airs ?.
- le. TaDin.
Les Serbes
mobiliseraient
DES COMBATS ONT DÉJA LIEU
AUX ENVIRONS DE FIUME
Il pleut des nouvelles. Elles sont presque
toutes alarmantes. Heureusement que si elles
ne sont pas démenties, elles ne sont pas non
plus officiellement confirmées. L'heure est
certainement grave. La tension entre Rome et
Belgrade est grande. Les fusils partent tout
seuls. Des incidents sont inévitables. Ils ne
prendront toutefois des proportions qu'au-
tant qu'on le voudra bien, et à Rome comme
à Belgrade il n'est pas aussi sûr que cela
qu'on ne fera pas le possible et l'impossible
pour éviter tout ce qui pourrait faire suppo-
ser un conflit.
Quoiqu'il n'en paraisse, les Puissances ne
restent pas inactives et on se démène beau-
coup plus qu'on ne pense dans .la coulisse.
Au besoin, elles ne craignent pas d'interve-
nir, comme l'ont fait les Américains en Dal-
matie. C'était bien plus pour séparer les com-
battants que pour prendre parti. Tout danger
n'est pas encore écarté. La situation inté-
rieure accuse un grave malaise en Yougo-
slavie. Là aussi le dilemme guerre ou révo-
lution viendrait à se poser si l'état de choses
actuel n'était pas promptement résolu. La
lutte entre les partis dégénérerait en une
véritable guerre civile si l'amour de la chose
publique ne finissait par l'emporter.
Pour l'instant, ce n'est pas le cas et l'on
peut dire que le nouveau, cabinet a groupé
contre lui presque tous les éléments avan-
cés. M. Protitch exercera une véritable dicta-
ture pour se maintenir au pouvoir. Malgré
la présence du conservateur Korochetch dans
le ministère, celui-ci aura un caractère serbe
plus prononcé. Faut-il en conclure qu'on est
moins porté à Belgrade qu'à Zagreb ou à
Lubiana à prendre au tragique les événe-
ments de Fiume ?
Il y a aussi à Rome, actuellement, des
volontés agissantes pour réduire ces événe-
ments et leur enlever toute pointe dange-
reuse pour le maintien des bonnes relations
internationales.
La situation intérieure de chaque Etat con-
tinue à rester un important facteur dans la
dispute pour Fiume. Elle n'est pas moins à
considérer que le problème adriatique.
Louis BRESSE.
• •-»>♦«» » -.
Le Conflit s'aggrave
La mobilisation générale yougo-slan se
poursuit fébrilement La Chicago Tribune
annonce que les classes 1880 à 1886, qui ve-
naient d'être démobilisées par l'état-major
de Belgrade sont rappelées soua les dra-
peaux. Elles cbmprenisent tous les hommes
de 24 à 39 ans. De nombreuses batteries d'ar-
tillerie de campagne ont été expédiées
d'Agram aux troupes serbes en observation
devant Fiume.
D'autre part, on mande de Vienne :
Une dépêche d'Agram dit que suivant les
journaux, des volontaires de toutes les ré-
gions de Yougo-Slavie, notamment de Bos-
nie et de Dalmatie, demandent des armes
au gouvernement pour marcher contre Fiu-
me et chasser d'Annunzio et ses hommes.
Le mouvement a pris une grande extension.
Première rencontre
La Chicago Tribune ajoute qu'une pre
mi ère rencontre a eu lieu à Spalato entre
troupes régulières italiennes et yougo-siaves.
Les Italiens auraient engagé le combat en
franchissant la ligne d'armistice. Les pertes
seraient lourdes des deux côtés, chacun des
deux partis ayant eui plus de deux cents
morts.
D'autres informations confirment que les
volontaires de d'Annunzio se disposent à pé-
nétrer en territoire yougoslave jwur effec-
tuer leur jonction avec les régiments italiens
cantonnés à Sebenico et à Zara. Les troupes
régulières italiennes demanderaient à grands
cris à marcher contre tes Serbes.
D'Annunzio et la Dalmatie
On continue à parler d'expédition en Dal-
matie. Ces bruits sont arrivé à d'Annun-
zio, qui a déclaré que tout en n'oubliant pas
la Dalmatie et en ne faisant à ce sujet au-
cune renonciation, toute expédition serait
inopportune en ce moment. t
D'Annunzio pense que la situation créée
à Fiume par son geste doit servir de uomt
d'appui au levier qui soulèvera toutes les
questions adriatiques, lesquelles devront tire
examinées de nouveau.
Proclamations de d'Annunzio
On mande de Split qu'un avion italien a
lancé, le 28 septembre, sur Zadar (Zara) des
proclamations de d'Annunzio promettant
d'occuper à bref délai, dès- qu'il disposera
de forces suffisantes, Split et la Dalmatie
iusqu'à Cattaro.
■ t nmw-* —•
Après la dissolution
La démobilisation italienne
Le Tempo écrit que le Conseil des minis-
tres aurait discuté le problème d'accélérer
la démobilisation générale, en ne mainte-
nant aux armées que le nombre de soldats
strictement nécessaires pour faire face à
toute complication, qu.i pourrait surgir de
la situation internationale actuelle.
Le cabinet s'est aujeei occupé de la ques-
tion du vote des militaires qui sont sous les
armes. Cette question sera résolue dans la
prochaine réunion du cabinet.
M. Nitti à ses électeurs
M. Nitti a envoyé à ses électeurs une lettre
exposant les grandes lignes de son program-
me politique. Il déclare que l'Italie a sur-
tout besoin de ne plus se laisser aller à des
luttes intestines, que l'œuvre du gouverne-
ment est dirigée vers la paix sociale et la
révolution civile.
Au sujet de la question de Fiume, M.
Nitti dit qu'il a interrogé les responsables
et les parlementaires autorisés*. Personne
n'osa proposer d'agir par la violence. Tous
les Italiens ont au cœur le même sentiment,
il n'y a de divergences qu'au sujet de .la
méthode et de la conduite à tenir. En tout
cas, il est nécessaire de rétablir la discipline
dans l'armée et dans le pays. Il faut recons-
tituer les richesses perdues, ce qui réclame
une période de paix intérieure autant' qu'ex-
térieure. IO/Italie doit vivre pour vaincre.
A LA CHAMBRE
La ratification du Traité
■ — > -.. 4 —•
372 VOIX POUR. - 53 VOIX CONTRE
-
Il Y a eu plus de soixante-dix abstentions
Le long débat est enfin terminé. La
Chambre vient de ratifier le traité de paix
conclu entre les Puissances victorieuses et
l'Allemagne vaincue, précipitée à bas du
monstrueux et gigantesque piédestal d'or-
gueil qu'elle avait construit, consacrant à
crire œuvre de domination par la violence
plus d'un demi-siècle. Elle peut amèrement
regretter d'avoir si mal employé son temps.
la ratification parlementaire n'atténue
las l'importance des critiques formulées;
elle ne doit surtout pas les faire descendre
au rang des choses vétustes qui, ayant fait
lfur temps, peuvent être ensevelies dans
l'oubli.
La paix franco-allemande conclue en 1*119
St'ra une paix de vigilance, a-t-on dit main-
tes fois au cours de la discussion, sinon
elle ne sera productive d'aucun elfet utile.
C'est vrai.
Et il peut paraître paradoxal que la
Chambre française se soit décidée à donner
son approbation au moment précis où la
situation extérieure se manifeste comme
incontestablement menaçante.
Pcul-être le geste de laFrance. exercera-
t-il une répercussion heureuse sur les incer-
titudes au milieu desquelles se débattent
les Etats-Unis d'Amérique. Si nous y pou-
vions gagner cet avantage, ce serait beau-
coup déjà.
Quoi qu'il en soit, et avant que de clô-
turf r nos observations sur le grand ét)éne-
ment qui vient de s'accomplir, nous souli-
gnerons ici que les faiblesses imputables
à nos plénipotentaiaires nous placent au-
jourd'hui en présence d'une évolution f ili-
tique européenne essentiellement favorable
à T Allemagne.
Si le conflit entre l'Italie et la Tchéco-
slovaquie s'aggrave, si le pacte conclu
entre les Alliés de la arande guerre ne peut
pas jouer immédiatement, c'est une action
germanique puissante et pressante qui
s'exerce sur l'Europe centrale et méridio-
,iale Quelles en ppurraient être les consé-
quences pour notre pays ? Il est permis de
i'S prévoir comme devant être assez dan-
gereuses. -
Le vote du traité par la Chambre n'est
pas une lueur dans les ténèbres. Il marque
cependant un résultat incontestable : celui
de libérer de nombreuses consciences vis à-
vis des responsabilités politiques du gou-
vernement.
Camille DEVILAR.
SEANCE DE L'APRÈS-MIDI
---
Après une protestation fort légitime de M.
Mautgor contre la distribution tardive des
rapports, et notamment de ceux comportant
de lourdes charges pour le budget, la Cham-
bre a repris la discussion du traité et l'audi-
tion des explications de vote.
M. Aristide Jobert pise qu'il votera le
traité.
Discours de M. Piou
M. Jacques Piou a l'oreille de la Cham-
bre. L'Assemblée aime la droiture de la pen-
sée de cet orateur de droite ainsi que l'élé-
gance de son verbe. Elle a donc écouté at-
tentivement cette allocution :
M. J?(ques Piou. — Le traité de paix répave
la grande iniquité de 1871 et reconstitue l'unité
de la patrie. Nous le voterons, mes amis et
moi. Mais nous ne pouvons nous détendre d'un
sentiment de regret.
La victoire n'apporte pas à notre pays les
garanties militaires nécessaires à sa sécurité.
Ces garanties, le gouvernement les avait
demandées dans une" note saisissante qui était
un programme de paix vraiment française.
Mais le traité de paix contient de graves la-
cunes qui ont été déjà mises en lumJère.
J'en veux signaler une autre, qui est grosse
de conséquences et qui est passée inaperçue
jusqu'ici.
La valeur Financière du traité repose sur la
commission des réparations, dans laquelle
nous n'avons qu'une voix sur cinq et qui est
investie de pouvoirs formidables. ELLE PEUT
TOUT, sauf taire remise à l'ennemi de sa dette.
Cnose plus grave, une simple majorité tie
trois voix\ suffit pour déclarer les ressources
ue l'Allemagne épuisées ou insuffisantes .et
pour rendre par suite" le traité impossible à
exécuter.
Du coup, nous sommes forclos, et, par sur-
croît, la Société des Nations peut nous inviter
à un nouvel examen du traité.
C'est le pouvoir discrétionnaire à sa plus
haute puissance, et la commission n'en pourra
faire d'autre usage que celui que -lui imposera
la politique des gouvernements qu'elle repré-
sente.
Que sera cette politique pendant les trente
années qui vont suivre ?
Là est l'inconnu, là est le péril. rrtès bien !
très bien !)
Malgré tout, l'orateur espère. Il veut faire
confiance à ceux qui auront à exercer la vi-
gilance française.
M. de Grandmaison ne votera pas non plus
le traité. Depuis vingt ans qu'il exerce son
mandat, il ne s'est jamais associé à aucune,
ratification de traité.
Les royalistes
M. Jules Delahaye déclare, comme nous
l'avons fait pressentir hier, que ses amis et
lui ne voteront pas le traité :
M. Delahaye. — Le traité est déjà contesté
partout, même à Washington.
Nous ne pouvons pas le voter, car nous atten-
dons encore ce concours matériel et moral des
alliés sans lequel nous na pouvons faire face
aux charges que nous avons contractées pour
la cause du monde entier.
Nous ne pouvons pas nous joindre à nos
alliés et associés poinr fortifier et perpétuer
l'unité de l'empire d'Allemagne.
Qu'est ce que la Société des Nations 7 La
Société du Tigre, du Mouton et de la Gazelle.
Elle aboutira à !a guerre ou au règne du plus
fort.
Il faudra, à nouveau, nous soumettre-ou nous
battre. Nous ne vbterons pas ce traité qui orga-
nise l'anarchie.
Autres explications
M. Merlin votera le traité. Je ne l'approu-
ve pas entièrement. Il craint que la France
n'ait pas obtenu la paix qu'elle éritat.
M. Màigânôf, ancien ministre des Colonies,
parle au nom des députés des dépal'lents:
dévastés.
Eux, non ne ratifieront pas ; u La
joie de la victoen est suivie de pas, La
ceptions et "d inquiétudes. » -,
M. Louis Tissier refuse sa voix en raison
de la trop lourde situation financière imposa
a la France.
M. Maurice Viollette. — M. le président du
Conseil a dit lui-même du traité qu'il était un
ensemble de possibilités. Cette conception pour-
ra lournir de singuliers arguments à ceux qui
ont déjà proclamé la vanité des chiffons de
papier.
Pourtant, refuser le traité, c'est maintenir
juridiquement l'état de guerre.
Or, nous voulons la ftjaijt. Pour arriver à la
paix véritable, il faut que la paix soit officiel-
tement, juridiquement proclamée 1
C:est pour cela que nous voterons le traité.
Mais ce seront les peuples qui devront orga-
niser la paix en se substituant aux gouverne-
ments défaillants.
Ces explications concises et claires ont étt
accueillies avec beaucoup de faveur par la
Chamibre.
MM. Vietor Judet, viënard, Camille Pi-
card, Charpentier, Ferdinand Bougère, Fran-
çois Fouraier parlent ensuite. Ils voteront le
traité par affection pour nos frères Alsaciens
et Lorrains. Ils déplorent les imperfections
et les lacunes des clauses.
M: Cazassus s'abstiendra, parce que le
Parlement a été systématiquement écarté des
négociations. « Le Gouvernement, seul au-
teur dii traité, dit-ii, doit seul en assumer
la responsabilité. Notre devoir de-représeh- *
tants du peuple nous impose l'abstention.
Cette déclaration est signée de mon collègue,
Belinguier et de moi-même. » -
Les socialistes
L'unanimité de décision ne s'est pas faite
dans le parti socialiste. Voici d'abord un des
quarante qui tient à préciser une opposition
à l'ensemble de la déclaration du parti :
M. Hubert Rouger. — Ce n'est pas comme
secrétaire du groupe du parti socialiste que je
parle, mais au nom de quelques amis du groupe
et en mon nom..
Nous ne voterons pas ce traité qui n'accorde-
pas à la France les garanties auxquelles elle
avait droit, qui n'assure par le désarmement
général et qui n'institue pas une véritable So-
ciété des Nations.
La déclaration socialiste ,
C'est M. Ernest Lafont qui développe, à la
triibune, la déclaration rédigée au nom du
parti socialiste.
Le nréambule est nel, incisif :
M. Ernest Laiont. — Le traité a été duremeni
critiqué ici par des hommes appartenant à tous
les partis de rAssemblée. Certaine rapports ont
même parfois pris Vallure d'un réquisitoire.
Seuls ou presque seuls, les orateurs du gou-
yernenaeni ont Osé.Jsieurs mois de discussion ultra -secrète pou-
vaient difficilement aboutir à un autre résultat.*
•Vu cours des travaux de la Conférence, sans
se laisser décourager par l'accueil qui lui était
fait, notre parti n'a cessé-de reclamer des éclair.
eissements et de faire des suggestions.
¡;e retour de l'Alsace et de la Lorraine, lH'
libération de la Pologne, la chute du milita- ■
risme allemand étaient autant de raisons de
saluer l'armistice. t
Mais que sont devenus, dans le traité, les
espoirs des peuples 7
Le traité est fragmentaire ; il donne une pai.
mais n'assure pas )a paix.
L'orateur, dans un résumé rapide, con-
dense toutes les critiques, nationales et in-
temationaies.
Il conclut, non sans qu'une vive agitation
ne se manifeste dans l'Assemblée, que la
sonnette présidentielle réussit difficilement à
calmer ;
M. Ernest Lafont. - Notre angoisse s'accroît
quand nous songeons aux personnalités char-
gées d'appliquer Je traité, et dont nous connais-
sons l'étroitesse d'esprit. Nous craignons tl..
voir se développer les tentatives et les visées
de réaction jnternationale. (Bruit.) I.a montée
triomphante de la classe ouvrière assurera heu-
reusement le rétablissement de la paix délini-
tive dont le monde a tant besoin.
Cette déclaration est accueillie par les seul-
applaudissements de l'extrême-gauche.
Encore un certain nombre de socialistes
ne participent-ils pas à cette démonstration.
C'est ainsi que M. Mage, député socialislf
du Cher. se levé pour indiquer, en son nom
et au nom de MM. Lecointe et Nectoux, qu'il
ne se rallie pas à la déclaration lue par M.
Ernest Lafont M lauger se souvient de
1870-71 et de Gambetta. Sa voix est acquise
à la ratification -
Le vote
Après une dernière et brève explication
de M Butin. le président déclare la discus-
sion close. Il met aux voix l'article unique
du projet de loi. :
C'est au milieu d'une très vive agitation
que le vote s'effectue. Les députés momcn
tanément absents de la salle de séance y
rentrent, pressés. Chacun tient à assurer son
vote. Quelques précédents inquiétants justi-
fient. on le sait. cette prudence qui n'est pas
excessive en un pareil cas.
Après pointage, M. Deschanel fait connaî-
tre le résultat du scrutin.
A la majorité de 372 voix contre x53, sur
425 votants, le projet de loi portant
ratification du traité est adopté. ,
On signale 73 abstentions, soit donc cent
vingt-six députés qui n'approuvent pas M.
Cltmenceau. Cest um nombre élevé, dam
une affaire d'une si haute importance: Nous
avions été, hier, de très peu au-dessus de
la vérité en formulant notre pronostic : 150
voix environ.
Le pacte franco-angot-américain
- L'ordre du jour appelle ensuite la discus-
sion du projet de loi portant approbation des
traité conclus à Versailles, le 28 juin 1919,
entre la France et les Etats-Unis d'Améri-
que et entre la France et la Grande-Breta-
gn concernant l'aide à donner à la France
eh cas d'agression allemande non provoquée.
Sans discussion, le projet de loi est mis
aux voix par scrutin public.
A funanimité des 501 votants, le projet
de loi. est adopté Ce vote est accueilli par
d'unanimes applaudissements.
, Aujourd'hui, à 9 heures, première séance
publique ; à 15 heures, deuxième séance pu.
blique.
.te.. —-.
Les motions
- Si le traité êe pa»x est ratifié, la discua.
sion n'est pas définitivement close.
Les diverses moH©ns déposées vont susci-
ter d'importants débats. :
La première qui viendra en dtsçuswot
1-1
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