Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-10-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 28 octobre 1886 28 octobre 1886
Description : 1886/10/28 (A17,N5404). 1886/10/28 (A17,N5404).
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
tJix-septième année, — N' 5404 Prix du numéro : Paris et Départements : 15 centimes Jeudi 28 octobre 4886
LU XIXe -
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M. LAGRANGE, CERF ET C18
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BULLETIN
Aujourd'hui, la Chambre tient !une séance
importante et achèvera la discussion de la
loi sur l'enseignement primaire.
La commission du budget a examiné,
hier, le projet déposé par M. le ministre de
la marine et relatif à la reconstitution du
matériel naval.
Ce projet, très discuté dans la presse,
paraît devoir rencontrer une vive opposi-
tion dans 'le Parlement. Les procédés
financiers proposés par le ministre de la
marine, pour faire face à la dépense de
deux cents millions que nécessitera la
construction d'un matériel nouveau, ont
été critiqués de façon assez vive par quel-
ques membres de la commission du
budget. On peut s'étonner que la commis-
sion n'ait pas renvoyé le projet dont il
s'agit à l'examen du conseil d'amirauté,
qui pourrait fournir des avis éclairés sur
la réforme considérable que propose l'ho-
norable ministre de la marine.
La situation est plus tendue que jamais
en Bulgarie. La Sobranié a dû se réunir
hier à Tirnova, malgré les protestations
impératives de la Russie, ou, plutôt, de son
agent, le général Kaulbars. Le gouverne-
ment de la régence a passé outre aux in-
jonctions de l'envoyé du tsar.
Les régents ont visiblement pour objec-
tif de se faire donner un blanc-seing par
l'Assemblée bulgare et de se faire renou-
veler leurs pouvoirs. Ils ne tiennent pas
autrement à l'élection d'un prince qui met-
trait fin à leur dictature, si le choix de la
Sobranié était agréé par les puissances
signataires du traité de Berlin. Aussi ont-
ils l'habileté de ne pas insister pour l'élec-
tion immédiate d'un nouveau souverain,
se donnant ainsi le mérite d'une fausse
déférence à l'égard des décisions futures
de l'Europe. Il y a mieux, ils ont pris l'ini-
tiative d'envoyer auprès du sultan un am-
bassadeur spécial, qui aurait mission d'ex-
poser à la Porte la situation difficile de la
Bulgarie et de lui donner l'assurance que
la Sobranié ne réélira pas le prince Alexan-
dre. Il est vrai que, d'autre part, les ré-
gents auraient envoyé ou seraient sur le
point d'envoyer au tsar un émissaire de
marque, qui ne serait autre que le métro-
politain Clément, l'un des auteurs du coup
d'Etat du 21 août contre le prince Alexan-
dre.
Il faut se borner à mentionner ces nou-
velles quelque peu contradictoires, sans y
ajouter une foi entière, mais sans les re-
pousser comme invraisemblables. Il faut
surtout se garder d'une curiosité indis-
crète au sujet des actes incohérents de la
Régence et de la Chambre bulgare. N'a-
YOnS-DOUS pas vu, il y a quelques semaines,
au lendemain même du départ d'Alexan-
dre de Battenberg, la Chambre de Sofia
voter une adresse de sympathie "au prince
déchu, et, à deux jours de distance, une
adresse de soumission au tsar?
Tout est possible chez ce peuple à peine
civilisé, et son gouvernement n'en est plus
à compter ses fautes.
Que fera la Russie dans ces conjonc-
tures ? On la dit hésitante, peu disposée à
envahir la Bulgarie, mais prête à tout évé-
nement. Ce qui est certain, c'est que plu-
sieurs bâtiments russes sont arrivés à
Varna, sous prétexte de protéger les sujets
du tsar ; ce qui est non moins certain, c'est
que des troupes ont été embarquées à
Odessa pour une destination encore in-
connue.
Il est de toute évidence que le conflit est
arrivé à l'état aigu et que la solution est
proche.
Lord Randolph Churchill, dont nous
avons signalé les pérégrinations à travers
l'Europe, vient de rentrer à Londres. Son
premier soin a été de se ménager un
moyen de discourir sur les affaires à
l'ordre du jour en Angleterre, c'est-à-dire
la question irlandaise et la politique exté-
rieure du cabinet dont il fait partie.
Dans un meeting conservateur tenu à
Bradford, lord Randolph Churchill a ex-
posé les vues du cabinet sur l'Irlande :
L'ordre y sera maintenu coûte que coûte.
Quant au home rule, le gouvernement est
résolu à ne pas l'accorder, sous quelque
forme que ce soit. Il étudie les réformes
d'ordre administratif que comporte la si-
tuation agitée de l'Irlande; mais il se
livrera à cette étude « sans précipitation ».
Lord Randolph Churchill a été moins
net sur la question extérieure. Il a déclaré
n'avoir rien à ajouter au discours qu'il
prononçait avant son voyage en Alle-
magne et en Autriche, rien non plus à en
retrancher. Ce discours reflète « complète-
ment et exactement les vues du marquis
de Salisbury et de lord Iddesleigh.» Au sur-
plus, le chancelier de l'Echiquier laisse au
premier ministre le soin d'exposer lui-
même, au banquet du lord-maire, « dans
la mesure où il le jugera opportun, ses
vues sur l'état des relations de l'An-
gleterre avec les autres puissances ».
Attendons le banquet, qui doit avoir lieu
le 9 novembre, pour être édifiés sur la po-
litique britannique en Orient et en Egypte.
Louis HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIERES
M. Baïhaut
Plusieurs journaux'annonçaient, hier, la dé-
mission de M. Baïhaut — et désignaient même
son successeur, qui n'aurait été autre que
M. Rouvier.
Cette nouvelle est inexacte.
Bien que les conditions dans lesquelles il
se trouve vis-à-vis de la commission des
chemins de fer, saisie du projet sur le Métro-
politain, lui ait plusieurs fois suggéré l'idée
de se retirer, M. Baïhaut n'a pas, jusqu'ici,
donné suite à son projet.
Tout fait espérer au contraire que l'honora-
ble ministre restera à la tête du département
qu'il dirige.
Au conseil d'Etat
On sait que les princes privés de leurs gra-
des se sont pourvus devant la section du con-
seil d'Etat.
Les pourvois des princes sont au nombre de
six : ceux du colonel duc de Chartres et du
général duc d'Aumale, qui seront soutenus
par Me Dareste ; ceux du général Murât et du
lieutenant prince Murât, pour lesquels M0
Sabatier doit occuper ; ceux du général duc
de Nemours et du capitaine duc d'Alençon,
qui ont choisi pour avocat M0 Brugnon.
Le ministre de la guerre a répondu sur les
quatre premiers de ces pourvois et sera re-
présenté par M0 Nivard, avocat du ministère.
Un seul rapporteur général, M. le conseiller
Coulon, a été nommé pour l'ensemble des
affaires. Le commissaire du gouvernement
n'est pas encore désigné.
On assure que le ministre de la guerre op-
posera une fin de non-recevoir tirée de l'in-
compétence du conseil d'Etat pour connaître
des « actes de gouvernement », mais sans se
refuser à conclure au fond.
L'ambassade de Russie
M. de Freycinet a définitivement fixé son
choix pour le titulaire de l'ambassade de
Saint-Pétersbourg, et le soumettra aujour-
d'hui au conseil des ministres qui aura lieu
au quai d'Orsay.
QUESTIONS DU JOUR
Les diamants de la couronne
Voilà six ans au moins qu'on déli-
bère alternativement dans les deux
Chambres sur la question de savoir ce
qu'on en fera; ou plutôt, l'on s'est
trouvé assez facilement d'accord pour
les vendre, mais c'est sur la destination
du produit de la vente, qu'on a eu jus-
qu'ici bien de la peine à s'accorder. On
ne s'est même pas accordé du tout. A
vrai dire, je n'ai jamais été bien sensi-
ble aux arguments qu'on a donnés pour
la tente de ces joyaux. Si ce n'est que
pour en tirer de l'argent, il me semble
que nous n'en sommes pas encore ré-
duits à mettre le mobilier national à
l'encan. Je dois reconnaître, d'ailleurs,
que ce n'a pas été la raison donnée par
les auteurs de la proposition, quand elle
fut présentée à la Chambre en 1878. Il
est bien permis de sourire un peu quand
on se rappelle que ces malheureux dia-
mants furent qualifiés par l'honorable
M. Amat, rapporteur, de « pierres d'at-
tente pour une restauration monarchi-
que ». Qui s'en fut douté? A ce compte,
il ne serait que prudent de disperser
aussi au vent des enchères mille objets
dangereux, également menaçants pour
la République, à commencer par le
trône du roi Dagobert.
Je crois, au fond, que l'on aurait
mieux fait de conserver les diamants de
la couronne dans quelque' musée, où
beaucoup de visiteurs auraient eu la
curiosité de les voir. Il n'en serait ré-
sulté, je pense, aucun dommage pour
nos institutions. Quoi qu'il en soit, la
question vient d'être réglée, ainsi qu'on
va le voir, par le Sénat, sauf ratification
de la Chambre, en ce qui concerne la
vente, l'affectation demeurant réservée.
C'est, en effet, sur l'affectation qu'on
n'est pas encore parvenu à s'entendre :
en dernier lieu, la Chambre des députés
s'était prononcée pour la création d'une
caisse des invalides du travail ; au Sé-
nat, on avait proposé des acquisitions de
tableaux et d'objets d'art. Les projets
les plus variés eurent leurs partisans :
fondation d'écoles d'apprentissage, amé-
lioration de la retraite des officiers, pen-
sions aux ouvriers victimes d'accidents,
etc. Le Sénat ne s'est arrêté à rien et s'est
montré fort hésitant au sujet du dernier
rapport de sa commission qui, entrant
dans le même ordre d'idées que la
Chambre, adoptait la caisse des invali-
des du travail. Ç'a été le sujet de la dé-
libération de mardi.
On ne sait ce que serait devenu le dé-
bat, si le nouveau sénateur de la Meuse,
M. Boulanger, tout frais arrivé de Bar-
le-Duc, qui avait à peine eu le temps
d'être validé, ne fût intervenu et n'eût
fait part au Sénat d'une idée qui parut
tout à coup lumineuse. M. Boulanger
débita, d'ailleurs, un joli discours, un
peu paradoxal peut-être, mais élégant
et clair, qui conquit bientôt l'approba-
tion de la meilleure partie de l'audi-
toire. Sa thèse se peut résumer ainsi :
« Nous sommes d'accord, en majorité,
au Sénat ainsi qu'à la Chambre, sur le
principe de l'aliénation des diamants de
la couronne, tandis qu'au sujet de l'af-
fectation du produit qu'on en pourra
tirer, les plus sages esprits semblent
divisés. Eh bien! votons l'aliénation, ne
votons pas autre chose, et il sera en-
tendu que la question de l'affectation
sera réservée. Il est bien probable que
la Chambre acceptera cette combinai-
son. Ainsi, pour l'affectation, l'on verra
plus tard, et nous aurons fait", dès à
présent, une démonstration républicaine
en votant l'aliénation. »
Pour la « démonstration républicaine »,
je ne me dédis point, et je me permets
d'en considérer la perspective avec un
parfait scepticisme. Il y a beaux jours
que le divorce de la démocratie fran-
çaise avec la monarchie a été consacré
par d'autres actes et affirmé par d'au-
tres démonstrations. Mais je ne reviens
pas sur ce que nous disions tout à
l'heure. Quant à la Chambre, on ne sau-
rait prévoir avec certitude si elle ac-
ceptera ou non la proposition qui lui
revient, ainsi modifiée, du Luxembourg.
Au point de vue où elle s'est placée, il
vaudrait mieux qu'elle l'acceptât sans
doute, puisque ce serait toujours autant
de gagné, les deux Chambres s'accor-
dant à adopter le principe de l'aliéna-
tion. Quant à l'affectation, le débat ne
serait que retardé et il faudrait toujours
y revenir, puisque, les joyaux vendus,
une loi nouvelle serait indispensable
pour déterminer à quelle œuvre en serait
consacré le produit. Sur ce point impor-
tant, ce n'est donc que discussion remise.
Sans tant s'ingénier, on n'aurait peut-
être pas de peine à trouver quelques
trous qu'il serait utile de boucher dans
notre budget. Mais je n'émets cette sug-
gestion que timidement, et, puisque
nous avons maintenant la quasi-certitude
que les diamants seront vendus, je me
hâte d'ajouter que nous appplaudirons
à tout bon emploi qu'on en saura faire.
EUG. LIÉBERT
■' — —M ■
REVENDICATIONS CLÉRICALES
Bien que toutes les discussions de dé-
tail engagées à la Chambre sur la loi orga-
nique de l'enseignement primaire tour-
nent, depuis l'ouverture de la délibération,
dans le même cercle, et que ces répéti-
tions, venant après tant d'autres qui se
succèdent depuis cinq ans, soient singu-
lièrement fastidieuses, la dernière séance
a présenté un vif intérêt. L'orateur le plus
accrédité du parti clérical, M. le comte de
Mun, est entré dans la mêlée; et, dépassant
bientôt les bornes étroites d'un article
particulier, il a présenté la critique géné-
rale de la loi. Le ministre de l'instruction
publique a répondu avec beaucoup de
force. Ces deux discours n'eussent-ils été
qu'une joute oratoire, la séance n'aurait
pas été perdue. Mais ce n'est pas à un
simple assaut d'éloquence que ces ora-
teurs se sont livrés. Ce qui s'est trouvé en
discussion, ce qui est au fond même de
tous ces débats, c'est l'opposition entre la
direction de la société moderne, représen-
tée Ipar l'Etat laïque, et les aspirations de
ses adversaires, prenant leur base dans la
théocratie.
Le discours de M. de Mun n'est, à pro-
prement parler, qu'une paraphrase élo-
quente — et trop souvent violente-d'une
maxime célèbre : « Quiconque n'est pas
avec nous est contre nous », laquelle est,
du reste, la devise de l'Eglise. Mais, pour
être avec elle, il faut accepter sa supréma-
tie en toute matière, car elle est la déposi-
taire de la vérité révélée. Elle représente
Dieu. Il n'y a donc pas à discuter ses ar-
rêts : il n'y a qu'à s'y soumettre. Toutes
les fois que la société cherche à secouer,
par un côté quelconque, cette domination
générale , toutes les fois qu'elle fait un ef-
fort pour assurer sa liberté dans le do-
maine matériel et temporel, toutes les
fois qu'elle veut faire sa part à la religion
et soustraire certains de ses actes au con-
trôle et à la direction de l'Eglise, elle em-
piète sur les droits de celle-ci, dont le do-
maine ne peut connaître de bornes.
L'autre jour, à Angers, M. Freppel re-
venait à cette doctrine générale par le
plan d'organisation du travail qu'il traçait
au congrès catholique ouvrier, aussi bien
par le retour aux corporations, toujours
doublées d'une confrérie, que par le patro-
nat familial dont il vantait les heureux ef-
fets et qui, assimilant le rôle des ouvriers
dans l'usine à celui des enfants dans la fa-
mille, aurait pour résultat de mettre des
entraves à leur liberté.
C'est la même doctrine que défendait à
la Chambre M. de Mun, en soutenant qu'un
enseignement ne peut être neutre et que
s'il n'est pas conçu dans un esprit favora-
ble à l'Eglise, il lui est forcément hostile.
Où cette hostilité se manifeste-t-elle ?
Où l'enseignement public se trouve-t-il en
contradiction avec les croyances religieu-
ses ? Sur quel point bat-il en brèche l'en-
seignement religieux, que les enfants re-
çoivent, en grande majorité, hors de l'é-
cole ?
Si à aucune de ces questions on ne peut
faire de réponse précise, si l'on ne peut
citer des faits caractéristiques, si l'on est
réduit, même avec le plus grand désir de
blâmer, à n'invoquer que de rares faits
isolés, aussitôt réprimés, on n'est pas fondé
à dénoncer l'enseignement public comme
portant atteinte à la liberté de conscience,
et lorsqu'on pousse le cri de guerre contre
la société civile, ce ne sont pas des repré-
sailles qu'on exerce, c'est une provocation
injustifiée qu'on lance. Alléguera-t-on,
comme un fait décisif, la suppression de
la dispense militaire des congréganistes, et
prétendra-t-on que cette suppression en-
trave l'enseignement libre ? C'est se faire
une étrange idée des devoirs de l'Etat. Ce-
lui-ci peut se trouver fondé à compenser
un service public par un autre service pu-
blic; mais compenser un service public par
un service nrivé. cela constitue un bon
privilège et une simple faveur. Lorsque
les jeunes gens qui se destinent aux car-
rières libérales, à l'essor desquelles l'inté-
rêt public est attaché, sont astreints au
service militaire, peut-on soutenir qu'il
suffise d'endosser un froc et de signer un
engagement décennal, pour se soustraire à
l'obligation commune ? Il est vrai que l'E-
glise ne répugne pas aux privilèges quand
ils sont pour elle ; elle soutient alors vo-
lontiers qu'en vertu de son essence parti-
culière, ils ne sont pas des faveurs, mais
simplement un droit spécial.
Si éloquemment que cette théorie ait
été exposée par M. de Mun, la réplique de
M. Goblet n'a laissé sans réfutation déci-
sive aucun des arguments de l'orateur clé-
rical. Le ministre a opposé aux préten-
tions d'un parti et d'une secte les doctri-
nes libérales qui sont la raison d'être et
l'honneur de la société moderne, et qui
prennent leur base dans le respect de la
personnalité et de la conscience. Il a jus-
tifié aussi bien les dispositions particuliè-
res que l'ensemble de la loi des repro-
ches de tyrannie qui lui étaient adressés.
Tâche ingrate, qui se renouvelle sans cesse
à cause de l'intolérance des partis, mais
qui le trouve infatigable, et dans l'accom-
plissement de laquelle il rencontre l'adhé-
sion générale du pays, qui se voit enfin dé-
livré de l'oppression que faisait peser sur
lui la loi néfaste de 1850.
op
On connaît l'importance, au point de vue
de notre cavalerie, de toutes les questions
d'élevage, de remonte et de haras. Nous
pourrions ajouter qu'il en est de même
pour l'artillerie et pour le train. Mais nous
possédons une race de chevaux de trait
léger qui est de beaucoup la meilleure de
l'Europe, tandis que nos chevaux de selle
laissent encore quelque peu à désirer,
surtout les chevaux de tête, qu'il faudrait
ar excellents pour le service des offi-
ciers d'état-major et aussi pour les officiers
de cavalerie appelés à exécuter des pointes
lointaines.
C'est sous cet aspect particulier que M.
Edmond Henry vient d'envisager cette
grave affaire dans une petite brochure qui
a pour titre : La solution de la question
chevaline pour l'armée française. L'hono-
rable membre du Comité supérieur des
haras, dont la compétence est incontesta-
ble, après avoir résumé les importantes
améliorations qui ont été réalisées depuis
quinze ans, voudrait qu'un dernier effort
fût tenté pour que nos officiers de cavale-
rie fussent tous remontés comme il con-
vient.
La dépense annuelle à y consacrer serait
faible, en proportion du but à atteindre.
Elle ne s'élèverait pas à plus de 300,000 fr.
Et elle permettrait, en outre, de constituer
une réserve que nous serions fort heureux
de trouver en cas de guerre. Il convient,
en effet, de ne pas oublier que les besoins
de la mobilisation seraient doubles des
effectifs du temps de paix en chevaux de
selle, et que nous serions obligés d'y satis-
faire avec nos seules ressources, si une
conflagration générale éclatait, car nous ne
pourrions recourir à des achats dans les
pays voisins.
La discussion du budget va bientôt s'ou-
vrir, et nous estimons que M. Edmond
Henry, qui, jadis, alors qu'il était député
du Calvados, se faisait un devoir d'appeler,
lors de cette discussion, la vigilante solli-
citude de ses collègues, a été bien inspiré
en saisissant de nouveau la Chambre de
cette question. La somme -demandée est
relativement si faible, que nos législateurs
ne devraient pas hésiter à l'octroyer au
service de la remonte. Notre cavalerie se
relève, depuis quelques années, grâce aux
réformes de toute nature dont elle a été
l'objet : il importe de ne pas entraver ces
progrès.
.—————————
C'est aujourd'hui que la Chambre pro-
cédera au vote d'ensemble sur la loi orga-
nique de l'enseignement primaire. Les
membres de la Droite s'apprêtent à livrer
un dernier assaut à la loi dont ils n'ont
pas réussi, en dépit de leurs efforts, à
empêcher la discussion. Il paraît certain
qu'ils déposeront une demande de scrutin
public à la tribune. Ils espèrent que, grâce
à leur abstention, le quorum ne pourra
être atteint. Il est donc plus que jamais
nécessaire que les membres de la majorité
républicaine fassent aujourd'hui preuve
d'exactitude. Ils sont prévenus de la
manœuvre préparée par la Droite : ils sau-
ront la déj ouer.
CHRONIQUE
Que d'absurdes choses n'a-t-on pas
écrites sur Paris, à l'étranger ! Que de
choses fiéleuses et haineuses , surtout !
Vous souvient-il du volume qu'un An-
glais , qui signait « Un Saxon brutal » ,
consacrait, il n'y a pas longtemps , à la
vie parisienne ? Ce gentleman affirmait,
avec le plus grand sérieux du monde ,
que nous « naissions, vivions et crevions
comme des chiens ». J'ai gardé dans ma
bibliothèque, comme un curieux docu-
ment, ce petit livre , John Bull's Neigh-.
bour in his true light, qui mériterait
d'être traduit, pour montrer jusqu'où
peut aller la mauvaise foi et la sottise.
C'est là qu'il était dit, textuellement,
« que la Française était l'incarnation de
la malpropreté et de la paresse ». Vous
imaginez le ton de l'ouvrage. Un écri-
vain Allemand , en même temps, quali-
fiait les Parisiennes du terme étrange
de « jaunes chlorotiques » et leur refu-
sait toute grâce. Quant à nos mœurs,
elles étaient tout simplement scandaleu-
ses. L'envie, le dépit, la jalousie per-
cent dans toutes ces prétendues études
sur Paris. Récemment, un autre Alle-
mand , M. Lindau, consentait à faire
cette concession que Paris « avait vrai-
ment l'air d'une grande ville »; mais de
quelles restrictions il accompagnait ce
puéril jugement !
Ce'n'est donc pas chose banale, qu'un
livre étranger plein de sympathies et
d'admiration pour la grande ville. C'est
un Russe, M. Tschédrine, qui l'a écrit, et
on y trouve une fraîcheur d'impressions,
une vivacité de jugements quiluidonnent
une curieuse saveur. Nous ne savons
que trop ce que disent de nous nos en-
nemis ; il est au moins aussi intéressant
de savoir ce que pensent nos amis.
Je trouve, dans ces notes, un mot
caractéristique. M. Tschédrine dit que
ce qui frappe tout d'abord dans Paris,
c'est que c'est une ville « aux allures
libres » et qui « prend tout de suite le
cœur». Ce qui rend piquantes les ap-
préciations de l'écrivain russe, c'est
leur naïveté même. Il ne cherche pas à
raisonner son impression de surprise,
il la goûte tout entière : « A Paris, au-
tour de vous, tout est élégant, léger et
surtout aimable ; oui, l'étranger que le
train du matin a jeté dans Paris, bien
qu'il soit tout seul, qu'il ne connaisse
personne, qu'il soit privé de toutes re-
lations, ne trouvera pas moyen de s'en-
nuyer. »
C'est la vie de la rue qui charme M.
Tschédrine par-dessus tout. Et il a saisi
tout de suite, en effet, le côté typique
de Paris. Les cris des petits marchands
l'amusent infiniment, dans leur origina-
lité pittoresque. Arrivant de partout en
vagues entre-croisées, ils lui semblent
un immense poème, une ode à l'inépui-
sable production de la France.
Les facilités d'accès de nos musées
ne l'enchantent pas moins. Nous sommes
blasés là-dessus ; mais, si l'on compare
ce qui se passe chez nous avec les for-
malités indispensables partout ailleurs,
on reconnaîtra que 'la remarque a une
grande justesse. Qui, en Belgique, en
Hollande ou en Allemagne, n'a été blessé
du marchandage auquel donne lieu le
spectacle des œuvres d'art? Rappelez-
vous ces voiles qui couvrent, dans les
églises flamandes, les tableaux des maî-
tres, et qui ne s'écartent, pour le visi-
teur, qu'après des pourparlers avec des
gardiens. « Les belles choses de Paris,
dit M. Tschédrine, ont un grand mérite :
elles sont à la portée de tout le monde ;
pour les voir, pas n'est besoin de recou-
rir à des protections, de se livrer à des
recherches fatigantes pour obtenir des
cartes d'entrée par l'entremise des fonc-
tionnaires, de leurs parents ou de leurs
amis. »
Les étalages des boutiques parisien-
nes lui paraissent aussi des espèces
d'œuvres d'art. Il estime, dans son
étonnement, que c'est là « plus que du
commerce ». Les vitrines présentent,
selon lui, des combinaisons « artisti-
ques » de couleurs et de lignes qui ré-
pondent aux exigences du goût le plus
délicat.
L'activité des ouvriers et des employés
parisiens l'étonné aussi. « Ils n'ont pas
l'air d'y toucher, et le travail fond sous
leurs doigts. » C'est leur bonne humeur,
surtout, qui le surprend, triomphant
alertement de besognes peu attrayantes.
Passant aux théâtres, M. Tschédrine
ne dit pas absolument que nos acteurs
sont les premiers du monde ; mais il
pense, en tout cas, que le public pari-
sien est incomparable : « Il est impossi-
ble de trouver ailleurs qu'à Paris de
pareils spectateurs : c'est précisément
ce public nerveux et vif qui centuple la
puissance d'un acteur, et sans lequel
l'artiste parisien ne pourrait jamais ar-
river à donner deux cents représenta-
tions de la même pièce. »
M. Tschédrine a mieux vu l'aspect
extérieur de Paris, qu'il n'a saisi les
questions qui s'y agitent. Il traite peut-
être un peu en optimiste déterminé les
luttes du socialisme ; mais, après avoir
assisté à des meetings et à des réunions
ouvrières, il peut déclarer avec raison
que les révolutionnaires même les plus
violents n'ont pas l'âpreté farouche d'au-
tres agitateurs, et que, peut-être malgré
eux, ils gardent encore des côtés bon
enfant. Combien de fois, en effet, n'a-
vons-nous pas vu une discussion tragi-
que interrompue par un bon mot, qui
change en rires les plus sinistres me-
naces ?
Il faut faire aussi des réserves sur les
appréciations de M. Tschédrine à l'égard
de la littérature française actuelle : il la
juge sur un trop petit nombre de mo-
dèles, et trop rapidement. Mais dans
tout ce qui est tableau du Paris de la
rue, du Paris du dehors, M. Tschédrine
montre une singulière netteté de juge-
ment.
Nous n'en sommes pas, assurément,
à attacher une importance exception-
nelle à un livre étranger qui fait l'éloge
de Paris. L'événement, toutefois, n'est
pas si fréquent. Il nous causera, en tout
cas, moins de satisfaction qu'il ne cau-
sera de dépit aux venimeux écrivains
anglais et allemands qui ont déversé
sur nous tant de ridicules calomnies !
PAUL GINISTY.
COULISSES PARLEMENTAIRES
A la commission du budget. — Les projets de
l'amiral Aube. — La loi organique militaire.
— Les douanes au Tonkin. - Le dégrèvement
des vignes phylloxérées.
La commission du budget a commencé hier
l'examen du projet de loi de M. l'amiral Aube,
ministre de la marine, portant approbation
d'une convention conclue avec diverses Com-
pagnies de constructions navales et portant
ouverture d'un crédit de 200 millions pour
l'accroissement de notre matériel naval.
M. Ménard-Dorian, rapporteur, a donné
lecture des rapports rédigés sur ce projet par
plusieurs commissions techniques. M. Ménard-
Dorian a demandé, en outre, que le projet
soit renvoyé à l'examen du conseil d ami-
rauté.
M. Gerville-Réache a déclaré qu'il croyait,
avec le ministre de la marine, qu'il y avait
lieu de voter un programme d'accroissement
de la flotte.
M. Gerville-Réache est d'avis de donner au
ministre les crédits qu'il demande.
Mais il se prononce contre le système finan-
cier proposé parle ministre, et qui consiste à
traiter avec les grandes Sociétés de construc-
tions navales.
Ce système coûte trop cher. Le total des in-
térêts à payer dépasse 40 millions. Il met le
ministre dans la dépendance des Sociétés, au
point de vue des commandes. Enfin, il crée
un système qui profite à certaines Sociétés,
mais fait une concurrence redoutable aux
autres.
M. Gerville-Réache propose de donner au
ministre les crédits demandés sur le budget
extraordinaire, et par annuités de 21 millions :
7 millions seraient consacrés aux travaux des
ports et établissements divers ; 4 millions aux
constructions par l'Etat et 10 millions par l'in-
dustrie privée. Le programme d'accroisse-
ment serait réalisé dans les neuf ans.
La commission n'a pris aucune résolution.
Elle a seulement décidé d'entendre le ministre
de la marine dans sa prochaine séance.
*
* *
La commission de l'armée a abordé, hier,
la discussion du chapitre 3 du projet de loi
organique militaire. Elle a adopté le premier
article de ce chapitre, qui est l'article 38 du
projet.
La commission a également adopté les ar-
ticles 39, 41, 42, 43 et 44, mais elle a réservé
les articles 40 et 45.
L'article 46, réglant le renvoi des hommes
par tirage au sort après deux ans de service,
suivant les nécessités budgétaires, a été
adopté avec cette réserve, que le consente-
ment des hommes serait nécessaire.
L'article 47 et le reste de la discussion vien-
dront à la prochaine séance.
*
* *
Le groupe industriel et commercial de la
Chambre des députés s'est réuni sous la pré-
sidence de M. Dautresme.
Le groupe a pris connaissance des réclama-
tions formulées par un certain nombre de
chambres de commerce contre le tarif que
notre résident général propose d'appliquer en
Annam et au Tonkin ; il a été décidé qu'une
démarche serait faite auprès de M. de Frey-
cinet, président du conseil, à l'effet d'obtenir
que ce tarif réduit ne reçoive pas d'applica-
tion, et que M. Paul Bert y substitue le tarif
général français.
W
La commission parlementaire qui s'occupe
des propositions relatives aux vignes phyl-
loxérées a entendu hier MM. Develle, minis-
tre de l'agriculture, Tisserand, directeur de
l'agriculture, et Boutin, directeur des contri-
butions directes.
M. Boulay a d'abord exposé l'état de la
question. Il a ajouté que la commission était
favorable au projet du gouvernement, mais
qu'elle désirerait qu'on étendît le dégrève-
ment aux terrains cadastrés comme vignes
actuellement détruites par le phylloxéra.
M. Develle a déclaré que, tout eh réservant
son opinion sur ce point, il croyait que l'ex-
tension du projet rencontrerait de grandes
difficultés d'application.
M. Turrel a soutenu longuement le projet
du gouvernement. C'est un encouragement à
la viticulture. L'étendre serait en compro-
mettre le vote. Il faut s'en tenir à ce qu'il
propose.
MM. Cazauvielh et Javal ont soutenu la
même opinion.
M. Razimbaud a réclamé l'extension du pro-
jet.
M. Develle a demandé à la commission de
lui permettre d'examiner les projets en pré-
sence. Il se prononcera dans une prochaine
séance.
M. Boutin a donné, en dernier lieu, des
renseignements détaillés sur les conséquen-
ces financières du projet. En 1893, le dégrève-
ment total serait de 8 millions.
LE MÉTROPOLITAIN
La commission des chemins de fer a conti-
nué hier la discussion du projet de Métropoli-
tain. M. Baïhaut, ministre des travaux pu-
blics, accompagné de M. Lax, directeur géné-
ral des chemins de fer, s'est rendu devant la
commission.
Voici la déclaration de M. le ministre des
travaux publics :
M. le ministre déclare qu'il a été frappé
des observations présentées dans la dernière
séance par M. Reymond et quelques autres
membres de la commission, au sujet de la li-
gne en viaduc de la gare Saint-Lazare à la
gare du Nord.
M. le ministre dit que, s'il a répondu d'une
façon très formellement négative à la ques-
tion qui loi était posée : « Un autre raccorde-
ment n'est-il pas possible avec la gare Saint-
Lazare et la gare du Nord?» c'est qu'il était
guidé par des considérations de deux ordres :
d'abord, par des considérations d'ordre techni-
que, ensuite, par des raisons financières.
La question technique est soumise en ce
moment à une commission mixte qui exa-
mine, comme le comportaient les termes de
l'accord avec le conseil municipal, la question
de savoir si les raccordements avec les deux
gares du Nord et Saint-Lazare ne sont pas pos-
sibles autrement que par le viaduc projeté,
pour permettre la prolongation des trains or-
dinaires.
La question financière était plus grave en-
core. Le raccordement, rails à rails, dss trains
de l'Ouest et du Nord avec le Métropolitain
était une des conditions du concours des
grandes Compagnies. Le péage de cinq mil-
lions, consenti par les Compagnies, pourrait
peut-être faire défaut.
C'est là, dit M. le ministre, l'explication de
la rigidité de mon attitude, soit devant la
commission, soit devant le conseil municipal.
Mais, devant les dispositions de la commis-
sion, j'ai cru qu'il était de mon devoir de ne
pas me refuser à entamer de nouvelles né-
gociations avec les Compagnies.
Après une courte discussion à laquelle ont
pris part MM. Papon, Wickersheimer, Dreyfus,
Wilson, G. Casse et Marmonnier, la commis-
sion a pris acte de la déclaration du mi-
nistre.
M. Baïhaut et M. Lax s'étant retirés, M. Co-
chery, président de la commission, a mis aux
voix le passage à la discussion des articles du
projet du gouvernement. M. M. Marmonnier,
député du Rhône, a proposé alors l'ordre du
jour suivant :
« La commission' des chemins de fer, con-
sidérant, d'une part, que le système des garan-
ties d'intérêt est plein de péril, et, d'autre
part, que le projet de Métropolitain qui lui
est soumis ne présente pas un caractère ab-
solu d'intérêt général,
» Déclare qu'elle ne repousserait pas, si on
lui soumettait l'examen d'une entreprise qui
serait faite avec l'appui et sous la responsa-
bilité des autorités parisiennes, le principe
d'une subvention fixe, dont la forme serait à
déterminer, et dont le montant pourrait être
proportionnellement supérieur à celui qu'on
accorde aux simples projets d'intérêt local,
» Et passe à l'ordre du jour. »
Après quelques observations de divers
membres, l'ordre du jour de M. Marmonnier
a été retiré, et, à l'unanimité, la commission
a décidé de passer à la discussion des arti-
cles.
Sur l'article lor, dont le préambule est
ainsi conçu :
« Est déclaré d'utilité publique, à titre d'in-
térêt général, l'établissement des chemins de
fer désignés ci-après, destinés à faire partie
du réseau métropolitain de Paris, savoir :. »
MM. Delmas et Marmonnier ont proposé de
supprimer les mots « à titre d'intérêt géné-
ral ».
A l'unanimité moins 4 voix, celles de MM.
Marmonnier, Delmas, Duvivier et Bousquet,
la commission repousse cet amendement.
Le 1er paragraphe, ainsi conçu : « 1° Une
ligne circulaire, partant de la place de l'Etoile
et y revenant, en passant par ou près la
place Clichy, la gare du Nord, les places de
Strasbourg, de la République et de la Bas-
tille, la place Mazas, le boulevard de l'Hôpital,
la place d'Italie, les boulevards d'Italie et
Saint-Jacques, la place Denfert-Rochereau,
la place de Rennes, le boulevard de Grenelle
et le Trocadéro », est adopté à l'unanimité
moins 3 abstentions.
Le paragraphe 2, portant établissement de
la ligne transversale, est ajourné, et la com-
mission adopte un amendement de M. Rey-
mond au paragraphe 3, substituant, à la ligne
en viaduc qui devait relier la gare Saint-
Lazare à la gare du Nord, un raccordement
rail à rail près la gare Saint-Lazare sur la
ligne de Courcelles-Bastille, et deux raccor-
dements vers le boulevard Sébastopol.
La commission continuera la discussion
dans sa prochaine séance fixée à vendredi.
v
LU XIXe -
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BULLETIN
Aujourd'hui, la Chambre tient !une séance
importante et achèvera la discussion de la
loi sur l'enseignement primaire.
La commission du budget a examiné,
hier, le projet déposé par M. le ministre de
la marine et relatif à la reconstitution du
matériel naval.
Ce projet, très discuté dans la presse,
paraît devoir rencontrer une vive opposi-
tion dans 'le Parlement. Les procédés
financiers proposés par le ministre de la
marine, pour faire face à la dépense de
deux cents millions que nécessitera la
construction d'un matériel nouveau, ont
été critiqués de façon assez vive par quel-
ques membres de la commission du
budget. On peut s'étonner que la commis-
sion n'ait pas renvoyé le projet dont il
s'agit à l'examen du conseil d'amirauté,
qui pourrait fournir des avis éclairés sur
la réforme considérable que propose l'ho-
norable ministre de la marine.
La situation est plus tendue que jamais
en Bulgarie. La Sobranié a dû se réunir
hier à Tirnova, malgré les protestations
impératives de la Russie, ou, plutôt, de son
agent, le général Kaulbars. Le gouverne-
ment de la régence a passé outre aux in-
jonctions de l'envoyé du tsar.
Les régents ont visiblement pour objec-
tif de se faire donner un blanc-seing par
l'Assemblée bulgare et de se faire renou-
veler leurs pouvoirs. Ils ne tiennent pas
autrement à l'élection d'un prince qui met-
trait fin à leur dictature, si le choix de la
Sobranié était agréé par les puissances
signataires du traité de Berlin. Aussi ont-
ils l'habileté de ne pas insister pour l'élec-
tion immédiate d'un nouveau souverain,
se donnant ainsi le mérite d'une fausse
déférence à l'égard des décisions futures
de l'Europe. Il y a mieux, ils ont pris l'ini-
tiative d'envoyer auprès du sultan un am-
bassadeur spécial, qui aurait mission d'ex-
poser à la Porte la situation difficile de la
Bulgarie et de lui donner l'assurance que
la Sobranié ne réélira pas le prince Alexan-
dre. Il est vrai que, d'autre part, les ré-
gents auraient envoyé ou seraient sur le
point d'envoyer au tsar un émissaire de
marque, qui ne serait autre que le métro-
politain Clément, l'un des auteurs du coup
d'Etat du 21 août contre le prince Alexan-
dre.
Il faut se borner à mentionner ces nou-
velles quelque peu contradictoires, sans y
ajouter une foi entière, mais sans les re-
pousser comme invraisemblables. Il faut
surtout se garder d'une curiosité indis-
crète au sujet des actes incohérents de la
Régence et de la Chambre bulgare. N'a-
YOnS-DOUS pas vu, il y a quelques semaines,
au lendemain même du départ d'Alexan-
dre de Battenberg, la Chambre de Sofia
voter une adresse de sympathie "au prince
déchu, et, à deux jours de distance, une
adresse de soumission au tsar?
Tout est possible chez ce peuple à peine
civilisé, et son gouvernement n'en est plus
à compter ses fautes.
Que fera la Russie dans ces conjonc-
tures ? On la dit hésitante, peu disposée à
envahir la Bulgarie, mais prête à tout évé-
nement. Ce qui est certain, c'est que plu-
sieurs bâtiments russes sont arrivés à
Varna, sous prétexte de protéger les sujets
du tsar ; ce qui est non moins certain, c'est
que des troupes ont été embarquées à
Odessa pour une destination encore in-
connue.
Il est de toute évidence que le conflit est
arrivé à l'état aigu et que la solution est
proche.
Lord Randolph Churchill, dont nous
avons signalé les pérégrinations à travers
l'Europe, vient de rentrer à Londres. Son
premier soin a été de se ménager un
moyen de discourir sur les affaires à
l'ordre du jour en Angleterre, c'est-à-dire
la question irlandaise et la politique exté-
rieure du cabinet dont il fait partie.
Dans un meeting conservateur tenu à
Bradford, lord Randolph Churchill a ex-
posé les vues du cabinet sur l'Irlande :
L'ordre y sera maintenu coûte que coûte.
Quant au home rule, le gouvernement est
résolu à ne pas l'accorder, sous quelque
forme que ce soit. Il étudie les réformes
d'ordre administratif que comporte la si-
tuation agitée de l'Irlande; mais il se
livrera à cette étude « sans précipitation ».
Lord Randolph Churchill a été moins
net sur la question extérieure. Il a déclaré
n'avoir rien à ajouter au discours qu'il
prononçait avant son voyage en Alle-
magne et en Autriche, rien non plus à en
retrancher. Ce discours reflète « complète-
ment et exactement les vues du marquis
de Salisbury et de lord Iddesleigh.» Au sur-
plus, le chancelier de l'Echiquier laisse au
premier ministre le soin d'exposer lui-
même, au banquet du lord-maire, « dans
la mesure où il le jugera opportun, ses
vues sur l'état des relations de l'An-
gleterre avec les autres puissances ».
Attendons le banquet, qui doit avoir lieu
le 9 novembre, pour être édifiés sur la po-
litique britannique en Orient et en Egypte.
Louis HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIERES
M. Baïhaut
Plusieurs journaux'annonçaient, hier, la dé-
mission de M. Baïhaut — et désignaient même
son successeur, qui n'aurait été autre que
M. Rouvier.
Cette nouvelle est inexacte.
Bien que les conditions dans lesquelles il
se trouve vis-à-vis de la commission des
chemins de fer, saisie du projet sur le Métro-
politain, lui ait plusieurs fois suggéré l'idée
de se retirer, M. Baïhaut n'a pas, jusqu'ici,
donné suite à son projet.
Tout fait espérer au contraire que l'honora-
ble ministre restera à la tête du département
qu'il dirige.
Au conseil d'Etat
On sait que les princes privés de leurs gra-
des se sont pourvus devant la section du con-
seil d'Etat.
Les pourvois des princes sont au nombre de
six : ceux du colonel duc de Chartres et du
général duc d'Aumale, qui seront soutenus
par Me Dareste ; ceux du général Murât et du
lieutenant prince Murât, pour lesquels M0
Sabatier doit occuper ; ceux du général duc
de Nemours et du capitaine duc d'Alençon,
qui ont choisi pour avocat M0 Brugnon.
Le ministre de la guerre a répondu sur les
quatre premiers de ces pourvois et sera re-
présenté par M0 Nivard, avocat du ministère.
Un seul rapporteur général, M. le conseiller
Coulon, a été nommé pour l'ensemble des
affaires. Le commissaire du gouvernement
n'est pas encore désigné.
On assure que le ministre de la guerre op-
posera une fin de non-recevoir tirée de l'in-
compétence du conseil d'Etat pour connaître
des « actes de gouvernement », mais sans se
refuser à conclure au fond.
L'ambassade de Russie
M. de Freycinet a définitivement fixé son
choix pour le titulaire de l'ambassade de
Saint-Pétersbourg, et le soumettra aujour-
d'hui au conseil des ministres qui aura lieu
au quai d'Orsay.
QUESTIONS DU JOUR
Les diamants de la couronne
Voilà six ans au moins qu'on déli-
bère alternativement dans les deux
Chambres sur la question de savoir ce
qu'on en fera; ou plutôt, l'on s'est
trouvé assez facilement d'accord pour
les vendre, mais c'est sur la destination
du produit de la vente, qu'on a eu jus-
qu'ici bien de la peine à s'accorder. On
ne s'est même pas accordé du tout. A
vrai dire, je n'ai jamais été bien sensi-
ble aux arguments qu'on a donnés pour
la tente de ces joyaux. Si ce n'est que
pour en tirer de l'argent, il me semble
que nous n'en sommes pas encore ré-
duits à mettre le mobilier national à
l'encan. Je dois reconnaître, d'ailleurs,
que ce n'a pas été la raison donnée par
les auteurs de la proposition, quand elle
fut présentée à la Chambre en 1878. Il
est bien permis de sourire un peu quand
on se rappelle que ces malheureux dia-
mants furent qualifiés par l'honorable
M. Amat, rapporteur, de « pierres d'at-
tente pour une restauration monarchi-
que ». Qui s'en fut douté? A ce compte,
il ne serait que prudent de disperser
aussi au vent des enchères mille objets
dangereux, également menaçants pour
la République, à commencer par le
trône du roi Dagobert.
Je crois, au fond, que l'on aurait
mieux fait de conserver les diamants de
la couronne dans quelque' musée, où
beaucoup de visiteurs auraient eu la
curiosité de les voir. Il n'en serait ré-
sulté, je pense, aucun dommage pour
nos institutions. Quoi qu'il en soit, la
question vient d'être réglée, ainsi qu'on
va le voir, par le Sénat, sauf ratification
de la Chambre, en ce qui concerne la
vente, l'affectation demeurant réservée.
C'est, en effet, sur l'affectation qu'on
n'est pas encore parvenu à s'entendre :
en dernier lieu, la Chambre des députés
s'était prononcée pour la création d'une
caisse des invalides du travail ; au Sé-
nat, on avait proposé des acquisitions de
tableaux et d'objets d'art. Les projets
les plus variés eurent leurs partisans :
fondation d'écoles d'apprentissage, amé-
lioration de la retraite des officiers, pen-
sions aux ouvriers victimes d'accidents,
etc. Le Sénat ne s'est arrêté à rien et s'est
montré fort hésitant au sujet du dernier
rapport de sa commission qui, entrant
dans le même ordre d'idées que la
Chambre, adoptait la caisse des invali-
des du travail. Ç'a été le sujet de la dé-
libération de mardi.
On ne sait ce que serait devenu le dé-
bat, si le nouveau sénateur de la Meuse,
M. Boulanger, tout frais arrivé de Bar-
le-Duc, qui avait à peine eu le temps
d'être validé, ne fût intervenu et n'eût
fait part au Sénat d'une idée qui parut
tout à coup lumineuse. M. Boulanger
débita, d'ailleurs, un joli discours, un
peu paradoxal peut-être, mais élégant
et clair, qui conquit bientôt l'approba-
tion de la meilleure partie de l'audi-
toire. Sa thèse se peut résumer ainsi :
« Nous sommes d'accord, en majorité,
au Sénat ainsi qu'à la Chambre, sur le
principe de l'aliénation des diamants de
la couronne, tandis qu'au sujet de l'af-
fectation du produit qu'on en pourra
tirer, les plus sages esprits semblent
divisés. Eh bien! votons l'aliénation, ne
votons pas autre chose, et il sera en-
tendu que la question de l'affectation
sera réservée. Il est bien probable que
la Chambre acceptera cette combinai-
son. Ainsi, pour l'affectation, l'on verra
plus tard, et nous aurons fait", dès à
présent, une démonstration républicaine
en votant l'aliénation. »
Pour la « démonstration républicaine »,
je ne me dédis point, et je me permets
d'en considérer la perspective avec un
parfait scepticisme. Il y a beaux jours
que le divorce de la démocratie fran-
çaise avec la monarchie a été consacré
par d'autres actes et affirmé par d'au-
tres démonstrations. Mais je ne reviens
pas sur ce que nous disions tout à
l'heure. Quant à la Chambre, on ne sau-
rait prévoir avec certitude si elle ac-
ceptera ou non la proposition qui lui
revient, ainsi modifiée, du Luxembourg.
Au point de vue où elle s'est placée, il
vaudrait mieux qu'elle l'acceptât sans
doute, puisque ce serait toujours autant
de gagné, les deux Chambres s'accor-
dant à adopter le principe de l'aliéna-
tion. Quant à l'affectation, le débat ne
serait que retardé et il faudrait toujours
y revenir, puisque, les joyaux vendus,
une loi nouvelle serait indispensable
pour déterminer à quelle œuvre en serait
consacré le produit. Sur ce point impor-
tant, ce n'est donc que discussion remise.
Sans tant s'ingénier, on n'aurait peut-
être pas de peine à trouver quelques
trous qu'il serait utile de boucher dans
notre budget. Mais je n'émets cette sug-
gestion que timidement, et, puisque
nous avons maintenant la quasi-certitude
que les diamants seront vendus, je me
hâte d'ajouter que nous appplaudirons
à tout bon emploi qu'on en saura faire.
EUG. LIÉBERT
■' — —M ■
REVENDICATIONS CLÉRICALES
Bien que toutes les discussions de dé-
tail engagées à la Chambre sur la loi orga-
nique de l'enseignement primaire tour-
nent, depuis l'ouverture de la délibération,
dans le même cercle, et que ces répéti-
tions, venant après tant d'autres qui se
succèdent depuis cinq ans, soient singu-
lièrement fastidieuses, la dernière séance
a présenté un vif intérêt. L'orateur le plus
accrédité du parti clérical, M. le comte de
Mun, est entré dans la mêlée; et, dépassant
bientôt les bornes étroites d'un article
particulier, il a présenté la critique géné-
rale de la loi. Le ministre de l'instruction
publique a répondu avec beaucoup de
force. Ces deux discours n'eussent-ils été
qu'une joute oratoire, la séance n'aurait
pas été perdue. Mais ce n'est pas à un
simple assaut d'éloquence que ces ora-
teurs se sont livrés. Ce qui s'est trouvé en
discussion, ce qui est au fond même de
tous ces débats, c'est l'opposition entre la
direction de la société moderne, représen-
tée Ipar l'Etat laïque, et les aspirations de
ses adversaires, prenant leur base dans la
théocratie.
Le discours de M. de Mun n'est, à pro-
prement parler, qu'une paraphrase élo-
quente — et trop souvent violente-d'une
maxime célèbre : « Quiconque n'est pas
avec nous est contre nous », laquelle est,
du reste, la devise de l'Eglise. Mais, pour
être avec elle, il faut accepter sa supréma-
tie en toute matière, car elle est la déposi-
taire de la vérité révélée. Elle représente
Dieu. Il n'y a donc pas à discuter ses ar-
rêts : il n'y a qu'à s'y soumettre. Toutes
les fois que la société cherche à secouer,
par un côté quelconque, cette domination
générale , toutes les fois qu'elle fait un ef-
fort pour assurer sa liberté dans le do-
maine matériel et temporel, toutes les
fois qu'elle veut faire sa part à la religion
et soustraire certains de ses actes au con-
trôle et à la direction de l'Eglise, elle em-
piète sur les droits de celle-ci, dont le do-
maine ne peut connaître de bornes.
L'autre jour, à Angers, M. Freppel re-
venait à cette doctrine générale par le
plan d'organisation du travail qu'il traçait
au congrès catholique ouvrier, aussi bien
par le retour aux corporations, toujours
doublées d'une confrérie, que par le patro-
nat familial dont il vantait les heureux ef-
fets et qui, assimilant le rôle des ouvriers
dans l'usine à celui des enfants dans la fa-
mille, aurait pour résultat de mettre des
entraves à leur liberté.
C'est la même doctrine que défendait à
la Chambre M. de Mun, en soutenant qu'un
enseignement ne peut être neutre et que
s'il n'est pas conçu dans un esprit favora-
ble à l'Eglise, il lui est forcément hostile.
Où cette hostilité se manifeste-t-elle ?
Où l'enseignement public se trouve-t-il en
contradiction avec les croyances religieu-
ses ? Sur quel point bat-il en brèche l'en-
seignement religieux, que les enfants re-
çoivent, en grande majorité, hors de l'é-
cole ?
Si à aucune de ces questions on ne peut
faire de réponse précise, si l'on ne peut
citer des faits caractéristiques, si l'on est
réduit, même avec le plus grand désir de
blâmer, à n'invoquer que de rares faits
isolés, aussitôt réprimés, on n'est pas fondé
à dénoncer l'enseignement public comme
portant atteinte à la liberté de conscience,
et lorsqu'on pousse le cri de guerre contre
la société civile, ce ne sont pas des repré-
sailles qu'on exerce, c'est une provocation
injustifiée qu'on lance. Alléguera-t-on,
comme un fait décisif, la suppression de
la dispense militaire des congréganistes, et
prétendra-t-on que cette suppression en-
trave l'enseignement libre ? C'est se faire
une étrange idée des devoirs de l'Etat. Ce-
lui-ci peut se trouver fondé à compenser
un service public par un autre service pu-
blic; mais compenser un service public par
un service nrivé. cela constitue un bon
privilège et une simple faveur. Lorsque
les jeunes gens qui se destinent aux car-
rières libérales, à l'essor desquelles l'inté-
rêt public est attaché, sont astreints au
service militaire, peut-on soutenir qu'il
suffise d'endosser un froc et de signer un
engagement décennal, pour se soustraire à
l'obligation commune ? Il est vrai que l'E-
glise ne répugne pas aux privilèges quand
ils sont pour elle ; elle soutient alors vo-
lontiers qu'en vertu de son essence parti-
culière, ils ne sont pas des faveurs, mais
simplement un droit spécial.
Si éloquemment que cette théorie ait
été exposée par M. de Mun, la réplique de
M. Goblet n'a laissé sans réfutation déci-
sive aucun des arguments de l'orateur clé-
rical. Le ministre a opposé aux préten-
tions d'un parti et d'une secte les doctri-
nes libérales qui sont la raison d'être et
l'honneur de la société moderne, et qui
prennent leur base dans le respect de la
personnalité et de la conscience. Il a jus-
tifié aussi bien les dispositions particuliè-
res que l'ensemble de la loi des repro-
ches de tyrannie qui lui étaient adressés.
Tâche ingrate, qui se renouvelle sans cesse
à cause de l'intolérance des partis, mais
qui le trouve infatigable, et dans l'accom-
plissement de laquelle il rencontre l'adhé-
sion générale du pays, qui se voit enfin dé-
livré de l'oppression que faisait peser sur
lui la loi néfaste de 1850.
op
On connaît l'importance, au point de vue
de notre cavalerie, de toutes les questions
d'élevage, de remonte et de haras. Nous
pourrions ajouter qu'il en est de même
pour l'artillerie et pour le train. Mais nous
possédons une race de chevaux de trait
léger qui est de beaucoup la meilleure de
l'Europe, tandis que nos chevaux de selle
laissent encore quelque peu à désirer,
surtout les chevaux de tête, qu'il faudrait
ar excellents pour le service des offi-
ciers d'état-major et aussi pour les officiers
de cavalerie appelés à exécuter des pointes
lointaines.
C'est sous cet aspect particulier que M.
Edmond Henry vient d'envisager cette
grave affaire dans une petite brochure qui
a pour titre : La solution de la question
chevaline pour l'armée française. L'hono-
rable membre du Comité supérieur des
haras, dont la compétence est incontesta-
ble, après avoir résumé les importantes
améliorations qui ont été réalisées depuis
quinze ans, voudrait qu'un dernier effort
fût tenté pour que nos officiers de cavale-
rie fussent tous remontés comme il con-
vient.
La dépense annuelle à y consacrer serait
faible, en proportion du but à atteindre.
Elle ne s'élèverait pas à plus de 300,000 fr.
Et elle permettrait, en outre, de constituer
une réserve que nous serions fort heureux
de trouver en cas de guerre. Il convient,
en effet, de ne pas oublier que les besoins
de la mobilisation seraient doubles des
effectifs du temps de paix en chevaux de
selle, et que nous serions obligés d'y satis-
faire avec nos seules ressources, si une
conflagration générale éclatait, car nous ne
pourrions recourir à des achats dans les
pays voisins.
La discussion du budget va bientôt s'ou-
vrir, et nous estimons que M. Edmond
Henry, qui, jadis, alors qu'il était député
du Calvados, se faisait un devoir d'appeler,
lors de cette discussion, la vigilante solli-
citude de ses collègues, a été bien inspiré
en saisissant de nouveau la Chambre de
cette question. La somme -demandée est
relativement si faible, que nos législateurs
ne devraient pas hésiter à l'octroyer au
service de la remonte. Notre cavalerie se
relève, depuis quelques années, grâce aux
réformes de toute nature dont elle a été
l'objet : il importe de ne pas entraver ces
progrès.
.—————————
C'est aujourd'hui que la Chambre pro-
cédera au vote d'ensemble sur la loi orga-
nique de l'enseignement primaire. Les
membres de la Droite s'apprêtent à livrer
un dernier assaut à la loi dont ils n'ont
pas réussi, en dépit de leurs efforts, à
empêcher la discussion. Il paraît certain
qu'ils déposeront une demande de scrutin
public à la tribune. Ils espèrent que, grâce
à leur abstention, le quorum ne pourra
être atteint. Il est donc plus que jamais
nécessaire que les membres de la majorité
républicaine fassent aujourd'hui preuve
d'exactitude. Ils sont prévenus de la
manœuvre préparée par la Droite : ils sau-
ront la déj ouer.
CHRONIQUE
Que d'absurdes choses n'a-t-on pas
écrites sur Paris, à l'étranger ! Que de
choses fiéleuses et haineuses , surtout !
Vous souvient-il du volume qu'un An-
glais , qui signait « Un Saxon brutal » ,
consacrait, il n'y a pas longtemps , à la
vie parisienne ? Ce gentleman affirmait,
avec le plus grand sérieux du monde ,
que nous « naissions, vivions et crevions
comme des chiens ». J'ai gardé dans ma
bibliothèque, comme un curieux docu-
ment, ce petit livre , John Bull's Neigh-.
bour in his true light, qui mériterait
d'être traduit, pour montrer jusqu'où
peut aller la mauvaise foi et la sottise.
C'est là qu'il était dit, textuellement,
« que la Française était l'incarnation de
la malpropreté et de la paresse ». Vous
imaginez le ton de l'ouvrage. Un écri-
vain Allemand , en même temps, quali-
fiait les Parisiennes du terme étrange
de « jaunes chlorotiques » et leur refu-
sait toute grâce. Quant à nos mœurs,
elles étaient tout simplement scandaleu-
ses. L'envie, le dépit, la jalousie per-
cent dans toutes ces prétendues études
sur Paris. Récemment, un autre Alle-
mand , M. Lindau, consentait à faire
cette concession que Paris « avait vrai-
ment l'air d'une grande ville »; mais de
quelles restrictions il accompagnait ce
puéril jugement !
Ce'n'est donc pas chose banale, qu'un
livre étranger plein de sympathies et
d'admiration pour la grande ville. C'est
un Russe, M. Tschédrine, qui l'a écrit, et
on y trouve une fraîcheur d'impressions,
une vivacité de jugements quiluidonnent
une curieuse saveur. Nous ne savons
que trop ce que disent de nous nos en-
nemis ; il est au moins aussi intéressant
de savoir ce que pensent nos amis.
Je trouve, dans ces notes, un mot
caractéristique. M. Tschédrine dit que
ce qui frappe tout d'abord dans Paris,
c'est que c'est une ville « aux allures
libres » et qui « prend tout de suite le
cœur». Ce qui rend piquantes les ap-
préciations de l'écrivain russe, c'est
leur naïveté même. Il ne cherche pas à
raisonner son impression de surprise,
il la goûte tout entière : « A Paris, au-
tour de vous, tout est élégant, léger et
surtout aimable ; oui, l'étranger que le
train du matin a jeté dans Paris, bien
qu'il soit tout seul, qu'il ne connaisse
personne, qu'il soit privé de toutes re-
lations, ne trouvera pas moyen de s'en-
nuyer. »
C'est la vie de la rue qui charme M.
Tschédrine par-dessus tout. Et il a saisi
tout de suite, en effet, le côté typique
de Paris. Les cris des petits marchands
l'amusent infiniment, dans leur origina-
lité pittoresque. Arrivant de partout en
vagues entre-croisées, ils lui semblent
un immense poème, une ode à l'inépui-
sable production de la France.
Les facilités d'accès de nos musées
ne l'enchantent pas moins. Nous sommes
blasés là-dessus ; mais, si l'on compare
ce qui se passe chez nous avec les for-
malités indispensables partout ailleurs,
on reconnaîtra que 'la remarque a une
grande justesse. Qui, en Belgique, en
Hollande ou en Allemagne, n'a été blessé
du marchandage auquel donne lieu le
spectacle des œuvres d'art? Rappelez-
vous ces voiles qui couvrent, dans les
églises flamandes, les tableaux des maî-
tres, et qui ne s'écartent, pour le visi-
teur, qu'après des pourparlers avec des
gardiens. « Les belles choses de Paris,
dit M. Tschédrine, ont un grand mérite :
elles sont à la portée de tout le monde ;
pour les voir, pas n'est besoin de recou-
rir à des protections, de se livrer à des
recherches fatigantes pour obtenir des
cartes d'entrée par l'entremise des fonc-
tionnaires, de leurs parents ou de leurs
amis. »
Les étalages des boutiques parisien-
nes lui paraissent aussi des espèces
d'œuvres d'art. Il estime, dans son
étonnement, que c'est là « plus que du
commerce ». Les vitrines présentent,
selon lui, des combinaisons « artisti-
ques » de couleurs et de lignes qui ré-
pondent aux exigences du goût le plus
délicat.
L'activité des ouvriers et des employés
parisiens l'étonné aussi. « Ils n'ont pas
l'air d'y toucher, et le travail fond sous
leurs doigts. » C'est leur bonne humeur,
surtout, qui le surprend, triomphant
alertement de besognes peu attrayantes.
Passant aux théâtres, M. Tschédrine
ne dit pas absolument que nos acteurs
sont les premiers du monde ; mais il
pense, en tout cas, que le public pari-
sien est incomparable : « Il est impossi-
ble de trouver ailleurs qu'à Paris de
pareils spectateurs : c'est précisément
ce public nerveux et vif qui centuple la
puissance d'un acteur, et sans lequel
l'artiste parisien ne pourrait jamais ar-
river à donner deux cents représenta-
tions de la même pièce. »
M. Tschédrine a mieux vu l'aspect
extérieur de Paris, qu'il n'a saisi les
questions qui s'y agitent. Il traite peut-
être un peu en optimiste déterminé les
luttes du socialisme ; mais, après avoir
assisté à des meetings et à des réunions
ouvrières, il peut déclarer avec raison
que les révolutionnaires même les plus
violents n'ont pas l'âpreté farouche d'au-
tres agitateurs, et que, peut-être malgré
eux, ils gardent encore des côtés bon
enfant. Combien de fois, en effet, n'a-
vons-nous pas vu une discussion tragi-
que interrompue par un bon mot, qui
change en rires les plus sinistres me-
naces ?
Il faut faire aussi des réserves sur les
appréciations de M. Tschédrine à l'égard
de la littérature française actuelle : il la
juge sur un trop petit nombre de mo-
dèles, et trop rapidement. Mais dans
tout ce qui est tableau du Paris de la
rue, du Paris du dehors, M. Tschédrine
montre une singulière netteté de juge-
ment.
Nous n'en sommes pas, assurément,
à attacher une importance exception-
nelle à un livre étranger qui fait l'éloge
de Paris. L'événement, toutefois, n'est
pas si fréquent. Il nous causera, en tout
cas, moins de satisfaction qu'il ne cau-
sera de dépit aux venimeux écrivains
anglais et allemands qui ont déversé
sur nous tant de ridicules calomnies !
PAUL GINISTY.
COULISSES PARLEMENTAIRES
A la commission du budget. — Les projets de
l'amiral Aube. — La loi organique militaire.
— Les douanes au Tonkin. - Le dégrèvement
des vignes phylloxérées.
La commission du budget a commencé hier
l'examen du projet de loi de M. l'amiral Aube,
ministre de la marine, portant approbation
d'une convention conclue avec diverses Com-
pagnies de constructions navales et portant
ouverture d'un crédit de 200 millions pour
l'accroissement de notre matériel naval.
M. Ménard-Dorian, rapporteur, a donné
lecture des rapports rédigés sur ce projet par
plusieurs commissions techniques. M. Ménard-
Dorian a demandé, en outre, que le projet
soit renvoyé à l'examen du conseil d ami-
rauté.
M. Gerville-Réache a déclaré qu'il croyait,
avec le ministre de la marine, qu'il y avait
lieu de voter un programme d'accroissement
de la flotte.
M. Gerville-Réache est d'avis de donner au
ministre les crédits qu'il demande.
Mais il se prononce contre le système finan-
cier proposé parle ministre, et qui consiste à
traiter avec les grandes Sociétés de construc-
tions navales.
Ce système coûte trop cher. Le total des in-
térêts à payer dépasse 40 millions. Il met le
ministre dans la dépendance des Sociétés, au
point de vue des commandes. Enfin, il crée
un système qui profite à certaines Sociétés,
mais fait une concurrence redoutable aux
autres.
M. Gerville-Réache propose de donner au
ministre les crédits demandés sur le budget
extraordinaire, et par annuités de 21 millions :
7 millions seraient consacrés aux travaux des
ports et établissements divers ; 4 millions aux
constructions par l'Etat et 10 millions par l'in-
dustrie privée. Le programme d'accroisse-
ment serait réalisé dans les neuf ans.
La commission n'a pris aucune résolution.
Elle a seulement décidé d'entendre le ministre
de la marine dans sa prochaine séance.
*
* *
La commission de l'armée a abordé, hier,
la discussion du chapitre 3 du projet de loi
organique militaire. Elle a adopté le premier
article de ce chapitre, qui est l'article 38 du
projet.
La commission a également adopté les ar-
ticles 39, 41, 42, 43 et 44, mais elle a réservé
les articles 40 et 45.
L'article 46, réglant le renvoi des hommes
par tirage au sort après deux ans de service,
suivant les nécessités budgétaires, a été
adopté avec cette réserve, que le consente-
ment des hommes serait nécessaire.
L'article 47 et le reste de la discussion vien-
dront à la prochaine séance.
*
* *
Le groupe industriel et commercial de la
Chambre des députés s'est réuni sous la pré-
sidence de M. Dautresme.
Le groupe a pris connaissance des réclama-
tions formulées par un certain nombre de
chambres de commerce contre le tarif que
notre résident général propose d'appliquer en
Annam et au Tonkin ; il a été décidé qu'une
démarche serait faite auprès de M. de Frey-
cinet, président du conseil, à l'effet d'obtenir
que ce tarif réduit ne reçoive pas d'applica-
tion, et que M. Paul Bert y substitue le tarif
général français.
W
La commission parlementaire qui s'occupe
des propositions relatives aux vignes phyl-
loxérées a entendu hier MM. Develle, minis-
tre de l'agriculture, Tisserand, directeur de
l'agriculture, et Boutin, directeur des contri-
butions directes.
M. Boulay a d'abord exposé l'état de la
question. Il a ajouté que la commission était
favorable au projet du gouvernement, mais
qu'elle désirerait qu'on étendît le dégrève-
ment aux terrains cadastrés comme vignes
actuellement détruites par le phylloxéra.
M. Develle a déclaré que, tout eh réservant
son opinion sur ce point, il croyait que l'ex-
tension du projet rencontrerait de grandes
difficultés d'application.
M. Turrel a soutenu longuement le projet
du gouvernement. C'est un encouragement à
la viticulture. L'étendre serait en compro-
mettre le vote. Il faut s'en tenir à ce qu'il
propose.
MM. Cazauvielh et Javal ont soutenu la
même opinion.
M. Razimbaud a réclamé l'extension du pro-
jet.
M. Develle a demandé à la commission de
lui permettre d'examiner les projets en pré-
sence. Il se prononcera dans une prochaine
séance.
M. Boutin a donné, en dernier lieu, des
renseignements détaillés sur les conséquen-
ces financières du projet. En 1893, le dégrève-
ment total serait de 8 millions.
LE MÉTROPOLITAIN
La commission des chemins de fer a conti-
nué hier la discussion du projet de Métropoli-
tain. M. Baïhaut, ministre des travaux pu-
blics, accompagné de M. Lax, directeur géné-
ral des chemins de fer, s'est rendu devant la
commission.
Voici la déclaration de M. le ministre des
travaux publics :
M. le ministre déclare qu'il a été frappé
des observations présentées dans la dernière
séance par M. Reymond et quelques autres
membres de la commission, au sujet de la li-
gne en viaduc de la gare Saint-Lazare à la
gare du Nord.
M. le ministre dit que, s'il a répondu d'une
façon très formellement négative à la ques-
tion qui loi était posée : « Un autre raccorde-
ment n'est-il pas possible avec la gare Saint-
Lazare et la gare du Nord?» c'est qu'il était
guidé par des considérations de deux ordres :
d'abord, par des considérations d'ordre techni-
que, ensuite, par des raisons financières.
La question technique est soumise en ce
moment à une commission mixte qui exa-
mine, comme le comportaient les termes de
l'accord avec le conseil municipal, la question
de savoir si les raccordements avec les deux
gares du Nord et Saint-Lazare ne sont pas pos-
sibles autrement que par le viaduc projeté,
pour permettre la prolongation des trains or-
dinaires.
La question financière était plus grave en-
core. Le raccordement, rails à rails, dss trains
de l'Ouest et du Nord avec le Métropolitain
était une des conditions du concours des
grandes Compagnies. Le péage de cinq mil-
lions, consenti par les Compagnies, pourrait
peut-être faire défaut.
C'est là, dit M. le ministre, l'explication de
la rigidité de mon attitude, soit devant la
commission, soit devant le conseil municipal.
Mais, devant les dispositions de la commis-
sion, j'ai cru qu'il était de mon devoir de ne
pas me refuser à entamer de nouvelles né-
gociations avec les Compagnies.
Après une courte discussion à laquelle ont
pris part MM. Papon, Wickersheimer, Dreyfus,
Wilson, G. Casse et Marmonnier, la commis-
sion a pris acte de la déclaration du mi-
nistre.
M. Baïhaut et M. Lax s'étant retirés, M. Co-
chery, président de la commission, a mis aux
voix le passage à la discussion des articles du
projet du gouvernement. M. M. Marmonnier,
député du Rhône, a proposé alors l'ordre du
jour suivant :
« La commission' des chemins de fer, con-
sidérant, d'une part, que le système des garan-
ties d'intérêt est plein de péril, et, d'autre
part, que le projet de Métropolitain qui lui
est soumis ne présente pas un caractère ab-
solu d'intérêt général,
» Déclare qu'elle ne repousserait pas, si on
lui soumettait l'examen d'une entreprise qui
serait faite avec l'appui et sous la responsa-
bilité des autorités parisiennes, le principe
d'une subvention fixe, dont la forme serait à
déterminer, et dont le montant pourrait être
proportionnellement supérieur à celui qu'on
accorde aux simples projets d'intérêt local,
» Et passe à l'ordre du jour. »
Après quelques observations de divers
membres, l'ordre du jour de M. Marmonnier
a été retiré, et, à l'unanimité, la commission
a décidé de passer à la discussion des arti-
cles.
Sur l'article lor, dont le préambule est
ainsi conçu :
« Est déclaré d'utilité publique, à titre d'in-
térêt général, l'établissement des chemins de
fer désignés ci-après, destinés à faire partie
du réseau métropolitain de Paris, savoir :. »
MM. Delmas et Marmonnier ont proposé de
supprimer les mots « à titre d'intérêt géné-
ral ».
A l'unanimité moins 4 voix, celles de MM.
Marmonnier, Delmas, Duvivier et Bousquet,
la commission repousse cet amendement.
Le 1er paragraphe, ainsi conçu : « 1° Une
ligne circulaire, partant de la place de l'Etoile
et y revenant, en passant par ou près la
place Clichy, la gare du Nord, les places de
Strasbourg, de la République et de la Bas-
tille, la place Mazas, le boulevard de l'Hôpital,
la place d'Italie, les boulevards d'Italie et
Saint-Jacques, la place Denfert-Rochereau,
la place de Rennes, le boulevard de Grenelle
et le Trocadéro », est adopté à l'unanimité
moins 3 abstentions.
Le paragraphe 2, portant établissement de
la ligne transversale, est ajourné, et la com-
mission adopte un amendement de M. Rey-
mond au paragraphe 3, substituant, à la ligne
en viaduc qui devait relier la gare Saint-
Lazare à la gare du Nord, un raccordement
rail à rail près la gare Saint-Lazare sur la
ligne de Courcelles-Bastille, et deux raccor-
dements vers le boulevard Sébastopol.
La commission continuera la discussion
dans sa prochaine séance fixée à vendredi.
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