Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-12-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 décembre 1873 18 décembre 1873
Description : 1873/12/18 (A3,N763). 1873/12/18 (A3,N763).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
3* Aanée. — N° 763;
PRIX DU NUMÉRO : PARIS 15 CENTIMES — DÉPJIU'EMENTS 20 CENTIMES.
Jeudi 18 r.-.i > • *, fi'
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olEiliLlii
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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JOURNÉE POLITiQUE
Paris, i7 décembre 4< £ ï3.
L'Assemblée a voté hier le budget de
l'agriculture et là plus grande partie du
budget des travaux publics. Point d'inci-
dents remarquables dans la séance.On verra
seulement que, tout à la fin, M. le garde
des sceaux a déposé un projet de loi sur la
librairie. De ce projet nous ne connaissons
que le titre, mais, ou nous nous trompons
fort, ou ce doit être une proposition de
retour pur et simple à la réglementation
d'autrefois. Le dessein serait tout à fait
digne du gouvernement do combat orga-
nisé par les ex-libéraux. Nous avouerons
que nous ne nous attendions pas à ce
coup; faute d'autres charmes,il a du moins
celui de l'imprévu. On examinera le pro-
jet de M. la garde des sceaux, on se de-
mandera surtout sur quels fondements il
repose ; ce qui nous console, parmi ce
naufrage où tant de libertés périssent,
c'est d'espérer que le gouvernement de
l'ordre moral se perdra bientôt par sa po-
litique de défi et par l'excès même de sa
témérité.
M. Clapier a pu lire déjà une partie de
son ra pport-à. la commission des maires.
Ive travail de la commission est mainte-
nant à peu prés terminé. Elle a discuté et
voté les articles de son projet, qu'elle
déposera bientôt sans doute. Si l'Assemblée
l'adopta, ce sera désormais le gouvernement
qui nomméra les maires; il les pourra
prendre hors du conseil et même, si cela
lui plaît, hors de la commune. Dans la
commission, ce sont autant de points ac-
quis. Sur le dernier article seulement, la
commission, trouvant que M. de Broglie
va un peu loin, n'a plus marché d'accord
avec cet honorable ministre. Il voulait qu'on
attribuât au préfet, sans le concours du
maire, le droit de nommer et de révoquer les
agents de la police municipale ; elle a dé-
cidé que le maire conserverait le droit de
nommer et de suspendre ces agents, tout
en laissant cependant au préfet la faculté
de les agréer et de les révoquer. Petite
amélioration, comme on voit, mais, à tout
prendre, assez sensible.
Remarquons ausfi que, dans la séance
d'hier, tout en rejetant un article addition-
nel de M. Duprat, qui demandait quela
loi n'eût d'effet que pendant une année, la
commission a marqué que la loi ne de-
vait être, dans sa pensée, que temporaire.
La plupart des députés qui la composent
n'ont pu se laisser entraîner sans quelque
remords à voter un projet si contraire à la
cause que naguère ils avaient servie avec
tant d'ardeur. Le spectre de la décentralisa-
tion, en habits de deuil, sera veUll leur tirer
les pieds et troubler leurs rêves. Ils au-
ront voulu recouvrer par ca correctif le
calme des consciences pures. Mais enfin
quels motifs peuvent donc justifier ce sys-
tème général de lois temporaires ? Y
a-t-il des raisons sérieuses de mettre la
France aux arrêts pendant un certain laps
te temps? Qu'est-ce que cette idée de sus-
pendre les libertés municipales durant
quelques mois comme l'on suspecd les
journaux ? Serait-ce dans un but électo-
ral aussi ? Quelques-uns le prétendent. On
croirait donc que les élections générales
sont bien proches ? A ce point de vue on
aurait raison ; mais n'insistons pas.
Le traité conclu entre la Russie et Khiva
a été publié à Saint-Pétersbourg, vendredi
dernier. Ce n'est pas, à vrai dire, un traité
de paix, mais bien plutôt un acte d an-
nexion pure et simple. Le texte en est ac-
compagnéd'une sorte d'exposé juslificatifàu
gouvernement du czar, qui démontre, par
beaucoup de bonnes raisons, que la Russie
ne pouvait échapper à la nécessité d'établir
des postes militaires sur la rive droite de
l'Amou-Daria , et que, pour maintenir
les commuuications entre le territoire
russe et ces postes, il n'était pas moins
indispensable d'annexer tout l'espace in-
termédiaire, bien que ce ne soit qu'un
désert aride. Oh ! que la logique est puis-
sante quand on l'emploie bien à pro-
pos et qu'on l'appuie d'une bonne ar-
mée! Mais que vont dire les Anglais ? Et
comment accorderont ils ces faits accom-
plis axec le langage que le comte Schou-
valof a tenu à Londres ? Ils diront ce qu'ils
voudront et, s'ils sont sage s, ils ne diront
rien ; car, pour parler, il est bien tard.
- EUG. LIÉBMIT.
M. le vice-président da conseil est
vraiment un homme à plaindre ; quand
on ne l'interpelle pas à gauche, on l'in-
terpelle à droite. Il y a quinze jours, un
républicain lui demandait compte du re-
tard qu'il avait mis à convoquer les col-
léges électoraux des départements dont
la représentation n'était plus au complet;
hier un bonapartiste le met en demeure
de s'expliquer sur le résultat des'der-
nières élections. M. le duc de Broglie
serait louis d'or qu'il trouverait encore
moyen de déplaire à quelqu'un.
Il nous paraît indispensable de re-
mettre sous les yeux de nos lecteurs
le texte précis de l'interpellation dépo-
sée par M. Haentjens :
« J'ai l'honneur de demander au mi-
nistère quelles mesures il compte pro-
poser à l'Assemblée pour remédier à
une situation cont les élections législa-
tives montrent les périls, périls que M.
le vice-président du conseil a maintes
fois signalés à cette tribune.
» J'ai l'honneur de lui demander si le
gouvernement continuera à se désinté-
resser dans les luttes électorales. »
On a beaucoup ri à gauche quand M.
Buffet a donné lecture de cette demande
d'interpellation, et il y avait de quoi ;
d'autant mieux que M. le duc de Broglie
a dû trouver la plaisanterie du plus mau-
vais goût. Ayez donc des amis — car,
enfin, M. Haontjens, tout bonapartiste
qu'il est, vote avec la majorité — pour
qu'ils vous jettent comme cela des bâ-
tons dans les jambes !
Au fond, tout le monde le comprend,
c'est là une simple espièglerie, mais qui
ne laissera point d'embarrasser très-fort
M. le vice-président du conseil, pour peu
que M. Haentjens le pousse dans ses der-
niers retranehement&et l'oblige à répondre
au lieu de déclamer comme à son ordinai-
re. Seul à seul, M. le duc de Broglie et
M. Haentjens s'entendraient aisément;
tous deux sont d'avis que le premier de-
voir d'un gouvernement est de s'imposer
au pays par tous les moyens; tous deux,
l'un comme césarièn, l'autre comme doc-
trinaire, professent l'opinion que les
peuples doivent se mouler sur leurs gou-
vernements et non les gouvernements
sur les peuples. Là-dessus, point de dif-
ficulté. M. le duc de Broglie ne manque-
rait point de taire observer a M. Haent-
jens qu'il n'a présenté la loi sur les mai-
res, qU'il n'a saisi tout d'abord la com-
mission des Trente de la loi électorale, et
qu'enfin il n'a chargé son lieutenant M.
Baragnon de préparer une loi sur la
presse que dans le.but évident dè prouver
bientôt à ceux qui en peuvent douter en-
core que le gouvernement est loin de
se désintéresser des luttes électorales.
Enfin, M. le vice-président du conseil,
toujours dans l'hypothèse où M. Haent-
jens l'eût interrogé dans le tuyau de l'o-
reille, se fût empressé de le convaincre
de la sollicitude du gouvernement pour
le suffrage universel, en lui mettant sous
les yeux les pièces à conviction tirées du
dernier scrutin, et d'où il résulte que
dans le Finistère, dans l'Aude et dans
Seine-et-Oise, si les candidats officiels
ont échoué, ce n'est certes point que les
agents de M. le duc de Broglie aient
rien négligé pour conjurer la défaite.
Mais en public, à la tribune, ces vé-
rités-là ne sont pas bonnes à dire. Les
libéraux de l'école officielle- peuvent
tout faire ; la fin pour eux justifie les
moyens ; Mais il est des choses qu'on
ne leur fera jamais avouer, et c'est jus-
tement là qu'est leur force. Les bona-
partistes ont une manière à eux ; ce
qu'ils font, ils s'en vantent ; les or-
léhnistes s'en cachent ; c'est leur fa-
çon de se distinguer les uns des
autres. M. Haentjens savait done bien
qu'il embarrasserait fort M. le duc
de Broglie en l'obligeant à s'expli-
quer sur ses procédés de gouver-
nement. M. Haentjens n'ira point par
quatre chemins ; si l'on en croit les
journaux de l'appel au peuple, il récla-
mera sans périphrase le retour pur et
simple à la candidature officielle. Or,
M. le vice-président du conseil est de la
race de ces prudes que le moindre mot
un peu risqué fait rougir, bien qu'au
fond elles y prennent un plaisir extrême.
Candidature officielle, tant qu'on vou-
dra; mais, pour Dieu! qu'on ne prononce
pas ce mot tant de fois honni pen-
dant dix-huit ans par le candidat persé-
cuté du département de l'Eure !
Sur ce point, toutefois, nous connais-
sons assez les petits talents de M. le mi-
nistre de l'intérieur pour être' assurés
qu'il saura se tirer d'affaire. Quelques
phrases bien creuses, mais bourrées de
« 'périls sociaux », de « doctrines démago-
giques », dé « flamme » et de « pé-
trole » lui tiendront lieu de réponse, et
comme, entre conservateurs de même
farine, bien que de marques diverses, on
s'entend à demi-mot, l'Assemblée ne lui
en demandera pas davantage.
Mais c'est ici que l'embarras devra
commencer. Il est convenu que la can-
didature officielle va refleurir comme
au beau temps des Persigny et des Pi-
nard. Le mot n'a point été prononcé,
mais la chose est entendue. Ce n'est pas
tout; il s'agit maintenant de savoir
quelles conditions devra remplir un
candidat pour obtenir l'appui du gouver-
nement? Devra-t-ir être légitimiste, bo-
napartiste ou orléaniste ? Lui suffira-t-il
de s'intituler conservateur ? La question
vaut la peine d'être examinée, car on
conviendra que M. Haentjens ferait un
métier de dupe, ce dont nous le croyons
incapable, s'il obligeait le gouverne-
ment à'recourir aux candidatures offi-
cielles sans lui demander en même
temps la garantie qu'il n'exclura point
systématiquement les candidats bonapar-
tistes des faveurs gouvernementales.
Dans un. gouvernement régulier, dé-
finitif, la candidature officielle fonc-
tionne à merveille; mais ici ce n'est
point le cas, et le problème à résoudre
est vraiment d'une extrême difficulté.
Nous sommes en République, mais il se
trouve que les républicains sont consi-
dérés comme les ennemis du gouverne-
ment; donc, nul républicain ne pourra
prétendre à la candidature officielle.
Voilà un point résolu ; mais c'est le plus
facile. Il reste en présence trois par-
tis qui ont,, tous les trois, les mêmes
droits à prétendre au patronage officiel,
puisque tous les trois contribuent il main-
tenir M. le duc do Broglie. au pouvoir.
Or, qu'arrivera-t-il lorsque trois can-
didats se présenteront pour un , seul
siège? A qui le gouvernementaccordera-
t-il son estampille ? Au légitimiste, à
l'orléaniste ou au bonapartiste ? A tous
les trois peut-être, pour ne point faire
de jaloux ? Avouez que la situation sera
délicate. En bonne justice, il faudrait se
livrer à un calcul proportionnel, et déci-
der que les bonapartistes étant, par
exemple, aux légitimistes comme 1 est
à 10, et aux orléanistes comme 1 est à
15, il sera établi une moyenne d'après
laquelle; si nous ne faisons pas erreur,
les bonapartistes auraient droit à une
candidature officielle sur douze.
Et encore il nous vient un scrupule.
Les bonapartistes, toutes proportions
gardées, ont fait plus de recrues que les
monarchistes depuis les élections de
1871; ils devraient donc être admis à un,
deux, ou trois tours de faveur. Mais c'est
encore un calcul à t'aire, et nous ne vou-
lons pas imposer plus longtemps à nos
lecteurs le supplice du casse-tête chinois,
C'est affaire à M. le due de Broglie de se
tirer de là comme il pourra, à moins
qu'il ne préféré tout de suite donner sa
langue aux chiens. et passer son por-
tefeuille à un autre.
E. SCHNERB.
—— — ,—..
COMMUER PÂBLEMEiïâiBE
Versailles, 16 décembre 1875.
M. Fresneau a toujours des idées extra-
ordinaires : le voilà qui propose de com-
mencer les séances à une heure et de les
terminer à sept- heures, jusqu'à la fin de
la discussion du budget. A la façon peu
chaleureuse dont les honorables reçoivent
cette ouverture, on voit immédiatement
qu'ils consultent plus leur estomac que
leur envié de travailler. Le cas sera jugé
à la fin de la séance. Attendons , nous ver-
rons bien si notre impression nous a
trompé. ; -
Cette proposition ne manque pas, au
reste, de profondeur : à partir de ce mo-
ment, les votes marchent avec une rapi-
dité surprenante, la Chambre sent que,
pour ne point courir le risque de ne plus
dîner-ij. faut mettre les morceaux législa-
tifs doubles.
A trois heures un quart, nous nous
apercevons que le budget des cultes et
celui des beaux-arts sont absorbés ; M.
Charton a fait observer que les cordages
de la marine* et les Mexicains en carton
peint qui ornent certaines salles du Lou-
vre ne* sont pas positivement des objets
d'art, et qu'on pourrait sans inconvénient
les transporter dans un autre local plus
vaste; M. Paul Morin a réclamé des éti-
quettes indicatrices adjointes aux tableaux
du Louvre pour donner une idée, au pu-
blic qui aime à s'instruire, de ce qu'est le
203 et de ce qu'était son auteur; M. de Les-
tourgie a tenté de faire augmenter le chif-
fre de secours alloué-aux églises et pres-
bytères par la commission, de concert
avec le gouvernement..
La dernière observation n'a pas eu de
succès devant l'Assemblée malgré l'appui
prêté à M. de Lestourgie par ses bons
amis de la droite; les deux premières au-
ront peut-être un meilleur , sort, — nous
dirions : auront certainement un meilleur
sort, s'il ne s'agissait de mesures admi-
nistratives à prendre. Les gouvernements
changent, les rois s'en vont, les ministres
tombent, les bureaux restent. Et l'illu-
sion s'évanouit.
C'est un magnifique éclat de rire qui
nous apprend que nous sommes arrivés
au ministère de l'Agriculture et du Com-
merce. M. du Temple, le du Temple de
dr e,, Je M, 4% Temglg M mm&,
vient d installer ses papiers à la tribune
et de déclarer qu'il profite de la discussion
générale sur ce budget nouveau pour pro-
noncer un discours contre, a sons-secrétaire-
rie d'Etat. Or, le ministère de l'Agriculture
et du Commerce est justement un de ceux
où l'on n'a pas casé de sous-secrétaire d'E-
tat.
M. du Temple n'est pas de cette terre, il
vit dans le ciel. Ayant entendu dire que
la foi soulève les montagnes, ne voulait-
il pas partir, tout dernièrement, avec M.
de la Rochette, pour aller pulvériser, à
deux, les armées italiennes, - rien que
par 'la force de la vérité ! M. de la Roche t -
te a hésité à se mettre de la partie, M: de la
Roshette est un parpaillot pour M. du
Temple. Quand, par hasard, M. du Tem-
ple descend du ciel, il ne va pas plus bas
que les nuages, où il s'occupe de faire na-
viguer un certain oiseau volant de son in-
vention. Et la sous secrétarerie d'Etat
est bien de cette terre !
M. Tolain, lui, se pique au contraire
d'être un homme terre-à-terre : en foui-
lant dans les vieux papiers de l'Assem-
blée, — dans ces vieux papiers dont elle a
été si prodigue ! — il a retrouvé un rap-
port datant de deux ans, dans lequel le
député Deseiliigûy proposait la fusion du
ministère du Commerce et du ministère
des Travaux publics. Il vient demander à
M. le ministre actuel du Commerce, qui a
été ministre des Travaux publics, ce qu'il
pense de l'opinion de M. Deseilligny.
Avouez que la situation était délicate. M.
Deseilligny ne s'en tire pas avec sa sou-
plesse ordinaire.: « La division des deux
ministères n'est pas une chose utile dans
les temps difficiles que nous traversons. »
Eo comme, à gauche, on rit quelque peu
en songeant à l'utilité des portefeuilles
comme moyens de conciliation, M. le mi-
nistre semble tout près de perdre même
cette douceur de caractère qui certainement
ne lui a pas nui jusqu'ici ; il est nerveux,
agité, il se croit obligé de plaider pro domo
sud" de parler de l'immenâté de l'œuvre
de relèvement industriel et commercial à
opérer.
Il est un @ point que nous comprenons
mal dans l'argumentation de M. teminis
tre : C'est la guerre, dit-il, qni a jetA, cn
Francs, cette perturbation que deux mi-
nistras suffiront à peine, pour le moment
à étouffer; mais si la guerre de 1870 est
encore la cause du mal actuel, comment
M. Deseilligny faisait-il la proposition
de fusion il y a deux au:" t quand nous
étions de deux ans moins éloignés qu'au-
jourd'hui de la guerre?—Il y a là évi-
demment une lacune qui nous explique
l'unique applaudissement récolté par M.
le ministre de l'Agriculture et du Com-
merce.
Oh! le drainage ! Et le jardinage! Et le
papillon pondeur! Nous n'avons pas le
courage d'enrer dans ces minuscules dé-
tails d'intérieur. Les haras, dépôts d'éta-
lons, remontes, etc., nous tiennent quel-
que temps. Tous les ans, à la même épo-
que, avec une régula; ité qui rappelle dans
leur simplicité les admirables rouages de
la nature, se produit une espèce toute par-
ticulière d'orateurs, les hommes de che-
val; régulièrement, ils se dérobent sur
la dégénérescence de l'espèce chevaline, et
demandent des crédits supplémentaires;
après quoi, régulièrement aussi, l'Assem-
blée rogne quelque chose sur les étalons.
M. Deseilligny a-t-il tenu- à prendre
une sorte de revanche ? Toujours est-il
qu'il a fait son discours-ministre, sans
grande conviction, sans nécessité peut-
être simplement par coutume antique et
officielle. Nous n'avons retenu de cette
allocution qu'un point intéressant : chif-
fres en main, M. le ministre prouve que
l'indllstpe et le commerce se sont dévelop-
pés encore cette année d'une facon remar-
quable'. Nous en sommes ravi.
Mais, alors, que nous racontait donc,
une heure auparavant, M. le ministre, au
sujet de la perturbation jetée, par les sui-
tes de la guerre, dans le commerce et
l'industrie ? Décidément il y a une lacune
dans l'enchaînement des raisonnements de
M. le ministre.
Quant à la proposition de M. Fresneau,
il a suffi, pour L faire repousser, de Top-
position de la commission du budget, qui,
surchargée de besogne, ne sait où prendre
le temps de mener son travail à bonne fin.
Récapitulons la séance: fin du budget
des Cultes votée, budget des Beaux Arts
voté, budget de l'Agriculture et du Com-
merce voté, commencement du budget des
Travaux publics vofé. Qui donc prétend
que des législateurs si expéditifs ont mis
huit jours à nommer une commission de
trente membres?
PAUL LAFARGUE.
—————— —————
Le Scrutin de liste
SANS LISTE
- J'ai fini par être un peu. agacé d'en-
tendre partout répéter cette niaiserie ;
« Je ne comprends pas le scrutin de
liste sans liste.
Hier encore, M. Monnet, dans la com-
mission chargée d'examiner la proposi-
tion Courcelles, se servait de cet argu-
ment, avec une sincérité de conviction
qui fait plus d'honneur à son innocence
qu'à son jugement.
Vous savez de quoi il s'agit.
M. Courcelles, s'avisant que les élec-
tions partielles donnent toujours la ma-
jorité aux républicains, voudrait bien les
suspendre, et il a demandé que le gou-
vernement ne fût forcé de convoquer les
électeurs d'un département que quand
ce département aurait perdu, par suite
de décès ou de démissions, le quart de
ses représentants.
Et la grande raison, l'argument vain-
queur, c'est celui que je disais tout à
l'heure, celui que vous retrouvez quoti-
diennement dans les journaux de la réac-
tion, celui dont l'honorable M. Monnet
accablait ses adversaires :
— Qu*ëSt-c§ 'QiI'Un. 'sérnfin de liste
sans liste? Quoi! vous appelez tout un
département à nommer, au scrutin de
liste, un seul candidat. Mais un seul
nom n'a jamais fait une liste à lui tout
seul ; ce n'est donc plus le scrutin de
liste, puisqu'il n'y a pas de liste ! -
Et sur ce beau raisonnement, le chœur
des badauds répète à l'envi :
— Je ne comprends pas un scrutin de
liste, sans liste.
Il faut bien que cet argument ait fait
impression sur beaucoup de braves bour-
geois, puisqu'il est passé dans la con-
versation courante et que je ne vois
personne y répondre.
Ce n'est pourtant pas que la réponse
soit difficile.
Ce qui constitue le scrutin qui a reçu
le nom de scrutin de liste, ce qui en est
l'essence, c'est que tout un département,
au lieu d'être séparé en circonscriptions
électorales, soit réuni de façon que
les voix de tous les citoyens qui le com-
posent nomment un ou plusieurs candi-
dats, suivant qu'il y en a un ou plusieurs
à nommer.
L'unité du département, comme cir-
conscription électorale, quand il s'agit
de députés à élire : c'est là le fond du
scrutin que l'on a appelé, scrutin de
liste; c'est ce sans quoiiin'existerait pas.
Pourquoi l'a-t-onappelé scrutin de liste?
Mon Dieu! on aurait pu lui donner
toutes sortes d'autres noms. On aurait
pu l'appeler : scrutin départemental, scru-
tin unitaire, que sais-je, moi? Mais il est
assez rare que les hommes, quand ils
ont à désigner un objet nouveau, cher-
chent son nom dans la qualité qui le
constitue en son fond intime.
La plupart du temps, leur attention
est tiree par un accessoire qui frappe
l'imagination ou les yeux. Ainsi ce
scrutin dont nous parlons se distinguait
du scrutin ordinairement employé jus-
que-là parce qu'il forçait chaque électeur
à choisir plusieurs député, et par con-
séquent à ustr d'une longue liste, au
lieu de porter un seul nom, comme on
en avait l'habitude.
C'était là une circonstance très-propre
à être remarquée, parce qu'elle se carac-
térisait par un fait matériel et sensible.
Elle s'imposait, en quelque façon, à l'at-
Lention de tous les hommes," même les
plus ignares, et il est tout naturel que
ceux qui ont eu à désigner cette sorte
de scrutin, frappés de cette particularité,
en aient tiré le nom qu'il devait garder
par la suite et l'aient appelé scrutin de
liste.
Mais ce nom ne change rien à la chose.
Ca nom ne fait pas que le scrutin de
liste soit essentiellement constitué par la
présence d'une liste, et qu'il n'existe
plus s'il n'y a point de liste.
Le scrutin de liste n'est qu'un mot,
un son qui vibre dans l'air, pour signi-
fier un scrutin où le département est uni
pour nommer quelqu'un qui le repré-
sente. Et chaque fois que le départe-
ment sera convoqué tout entier pour cet
objet, ce sera le scrutin de liste, alors
même qu'il n'y aurait pas de liste.
La langue est pleine de ces mots qui
n'expriment un objet que par un de ses
côtés les plus accessoires.
Ainsi quelle est la fonction essentielle
d'une pendule ?
C'est de marquer Pheure, n'est-ce
pas ?
- Et cependant, la peadule a été nommée
ainsi parce qu'on a fait plus d'attention
à cette circonstance accessoire, mais vi-
sible, d'un battant qui va sans cesse de
droite à gauche. Il y a des pendules,
aujourd'hui, qui marchent par un ressort
à échappement : en sont-elles moins des
pendules?
M. Monnet ne lèverait-il pas les épau-
les, si l'en s'avisait de lui objecter que
sa pendule n'est pas une pendule, par-
ce qu'il né conçoit pas une pendule sans
pendule ?
Nous avons tous dans notre cabinét
un bureau, qui s'appelle le bureau de
travail, comme le scrutin unitaire s'ap-
pelle le scrutin de liste, parce que, en
général, on s'y assied pour y;écrire. Je
suppose que M. Monnet le laisse tou-
jours inoccupé; c'est une simple hypo-
thèse. Il n'en dira pas moins : mon bu-
reau de travail, parce que le travail étant
uno circonstance presque toujours jointe
à l'idée que font naître ces sortes de bu-
reaux, ce bureau, où l'on ne travaille
pas, n'en sera pas moins dans la langue
un bureau de travail. Un bureau de tra-
vail exposé au musée de Cluny et soi-
gneusement protégé par les gardiens
contre toute espèce de travail en est-il
moins un bureau de travail ?
Qui de nous aujourd'hui cache ses se-
crets dans un secrétaire ? Mais comme
l'habitude a été longtemps d'y serrer les
objets précieux et lés lettres confiden-
tielles dont 'on voulait dérober la con-
naissance à tout le monde, on appelle ce
meuble secrétaire, bien qu'il ne garde
plus de secrets, et M. Monnet serait fort
mal venu à dire : je ne comprends pas
un secrétaire où il n'y a pas de secret
enfermé.
Les mots sont des mots, et les choses
sont des choses.
Le scrutin de liste peut exister sans
liste, comme un bureau de travail sans
travail, comme une pendule sans pen-
dule, comme un secrétaire sans se-
crets, comme un homme de lettres sans
lettres, et comme une représentation
nationale qui s'applique à ne point re-
présenter la nation.
FRANCISQUE SARCEY.
——————— :
COMMISSION DES MAIRES
L'article additionnel proposé par M. Pascal
Duprat est mis en discussion.
Cet article est ainsi conçu :
« Les pouvoirs extraordinaires accordés au
gouvernement par la présente loi cesseront au
plus tard dans un an. »
M. Pascal Duprat prend la parole sur sa pro-
position. Il rappelle que les lois provisoires ont
souvent la vie plus dure et plus longue que les
lois définitives. On a édicté des lois transitoires
qui devaient oessr à la promulgation des lois
organiques relatives au même objet; et qu'est-il
arrivé? Les lois organiques n'ont pas été faites,
et les lois provisoires ont été maintenues.
Il en fut ainsi à la Constituante, pour une loi
des maires semblable à la loi actuelle, quoique
cependant plus conforme au droit et aux prin-
cipes, ainsi que pour une loi sur la presse.
Ma proposition, poursuit M. Pascal Duprat,
n'est que l'expression abrégée des discours qui
ont été tenus dans la commission par les mem-
bres de la majorité. Ils ont tous déclaré que la loi
était provisoire; pourquoi ne pas le décider?
Pourquoi ne pas en fixer immédiatement la
durée ?
L'orateur ajoute que sa proposition offre
deux avantages : le premier, c'est de presser au
besoin la majorité de faire la loi organique mu-
nicipale; le second, c'est que les populations,
blessées dans leurs droits et leurs sentiments
les plus légitimes, se résigneront plus facilement
à une loi aussi grave si la durée en est limitée
d'avance à quelques mois.
M. le président de Goulard pense que Si le
gouvernement se contente de la loi qui se pié-
pare, il est certain que la majorité désire établir
un régime municipal sur des bases nouvel'es.
Il n'est pas nécessaire d? prendre des précau-
tions contre la majorité. La loi municipale
viendra sous peu, les amendements présentés à
la commission en indiquent le sens. — Les
élections municipales doivent avoir lieu au mois
de mai prochain ; l'article additionnel ne lui
parnît donc pas nécessaire. u - .--
M. Gatiea-Arnoutt se joint a M. ra?cal Du-
prat. La loi est grave; il no faut pas qu'elle ait
une durée trop longue.
M. DtlsoL — Qlle demande t-on? Que le
caractère transitoire de la loi soit nettement
affirmé. Le premier mot de la loi donne sa-
tisfaction à ce désir, puisque l'art. 1er commence
par ces mots : Jusqu'au vote de la loi organique
municipale. — Cette loi ne peut pas être ajour-
née par la raison que les élections municipales
doivent avoir lieu au mois de mai prochain, et
qu'il est nécessaire que la loi soit faite avam.
C'est ainsi que l'entend la commission-de dé.
centralisation, qui a décidé qu'elle consacrorail
trois séances par semaine à la préparatioff de
cette loi.
M. Delsol se borne à demander le maintien
des mots jusqu'au vote de la loi organique mu-
nicipale.
M. Pascal Duprat xéfate en peu de mots lea
arguments de MM. de Goulard et Delsol.
Après quelque observations de M. Clapier, qui
ne veut pas qu'on assigne une durée à la loi,
M. LenoëL insiste pour que la proposition soit
adoptée. Il montre qu'elle est nécessaire et qu'il
n'y a pas d'autre moyen de montrer aux popu.
lations qu'on ne fait qu'une loi provisoire;
M. Eymard-Duvernay, tout en appuyant an
îona i article proposé par M. Pascal Duprat,
consentirait à en modifier la rédaction. Il vou-
drait qu'on déclarât que la loi organique sera
votée avant le mois d'avril.
M. Charreyron croit que la rédaction proposée
par le gouvernement et par la majorité de la
commission est suffisante. Il ne veut pas faire
une acte de défiance envers l'Assemblée. Il sera
facile au cours de la discussion de faire pren*
dre des engagements par la commission de dé-
centralisation. Nous nous réunirons tous pour
mettre la commission et le gouvernement en
demeure de hâter la discussion de la loi muni-
cipale
La proposition de M. Pascal Duprat est re-
poussée par 9 voix contre 5. Il en est de même
de l'amendement de M. Eymard-Duvernay.
M. le président donne lecture des divers ar-
ticles adoptés par la commission.
Il est donné lecture de la première partie du
rapport de M. Clapier. La seconde sera lae au-
jourd'hui.
M. Pascal Duprat présente quelques observa-
tions sur le rapport. Il fait remarquer, en parti-
culier, que les arguments présentés par la mi-
norité n'ont été qu'effleurés par le rapporteur et
qu'ils devraient être mis davantage en relief.
M. Clapier répond qu'il tiendra compte de
ces observations.
M. Lenoël fait remarquer à son tour que le
rapport est inexact en ce qui concerne la loi
municipale de 1871 et les sentiments dans les-
quèls cette loi fut votée. '-
Une discussion s'engage à ce sujet. MM. Gla-
pier, de Rességuier, de Goulard et Delsol pren-
nent successivement la parole. Il est décidé
qoe le rapport tiendra compte des observations
de M. Lonoël.
M. Lenoël fait remarquer ensuite que certains
passages du rapport tendent à donner un carac-
tère définitif à plusieurs dispositions de la loi.
La commission s'ajourne au lendemain.
——————————— + ;
COMMISSION DU BUDGET.
Séance du 46 décembre.
La commission du budget a continué aujour-
d'hui ses travaux sous la présidence de M.
Léonce de Lavergne.
La commission entend M. Deseilligny, qui
vient défendre lé budget de son département.
M. le ministre de l'agriculture et du commerce
demande une augmentation de 15,000 francs
sur le crédit accordé pour le drainage. Cette de-
mande n'est pas accordée.
La commission adopte l'amendement de M.
Guichafrd relatif à une augmentation de 20,000
francs pour l'enseignement horticole dans l'é-
tablissement du potager de Versailles.
La commission, sur les conclusions de M. le
rapporteur de l'instruction publique, repousse
successivement les amendements de MM. Yi-
nay et de Lestourgie. "-
M. Chesnelong rend compte d'un entretien
qu'il a eu avec le ministre des finances.
Tout en mettant à la disposition de la com-
mission MM. les directeurs généraux du mi-
nistère des finances pour l'aider à chercher de
nouveaux impôts, M. Magne maintient toutes
ses propositions antérieures et garde toute sa
liberté pour repousser les impôts proposés par
la commission.
Celle-ci a décidé qu'elle entendra M. Goussard,
président de la section des finances au conseil
d'Etat, pour connaître les impôts que le conseil
d'Etat avait recommandés en dehors des propo-
sitions du gouvernement.
.La commission décide qu'elle discutera de-
main les amendements sur le ministère des fi-
nances et notamment celui de M. Lambert
Sainte-Croix, qui propose d'augmenter la liste
civile du maréchal de Mac-Mahon.
Elle entendra aussi les Renseignements que
M. le rapporteur des finances a recueillis
de M. Magne, sur la convention passée avec
l\,I.,Rouhr..tPuchant la liquidation de la liste
civile de l'empereur Napoléon m.
——————-———— ———————————
La sous-commission chargée d'examiner la
loi sur l'organisation des pouvoirs publies s'est
réunie hier pour la première fois.
M. Batbie a préposé d'abord la nomination
d'un président qui le remplacerait dans le cas
où il lui serait impossible de diriger les travaux
de la sous-commi8sion.
M, Daru a été élu président et M. Antonin
Lefèvre-Pontalis, secrétaire.
Il a été décidé qu'on se réunirait le mardi et
le samedi.
La prochaine séance a été fixée à samedi pro-
chain pour entendre les auteurs des divers amen-
dements et contre-projets sur l'organisation des
pouvoirs publics.
MM. Pradié et d'Andelarre ont été chargés
spécialement d'étudier les projets qui émanent
de personnes étrangères à l'Assemblée.
MM. Waddington et Lefèvre-Pontalis doivent
s'occuper des législations étrangères spéciale-
ment en ce qui concerne l'organisation des
premières Chambres.
M. Laboulaye doit présenter un travail complet
sur l'organisation des premières Chambres aux
Etats-Unis.
Li commission chargée d'examiner Ja propo-
sition de M. de Pressensé, sur les mesures à
prendre vis-à-vis de diverses catégories d'indi-
vidus poursuivis ou condamnés à la suite de
l'insurrection du 18 mars, complétée hier par
la nomination de MM. de la Guiche et le géné-
ral Loysel, a procédé aujourd'hui à la reconsti-
tution de son bureau.
Ont été nommés : président, M. de Ventavon;
secrétaire, M. le colonel Carron.
La commission a chargé ensuite son prési-
dent de demander, par l'intermédiaire du mi-
nistre de la guerre, aux bureaux de la justice
militaire, fous les renseignements qui seraient
de nature à l'éclairer sur la situation des pour-
suites et ia marche, suivie depuis le mois de
juillet 1872. -
Le rapport sur l'élection del'Aube sera déposé
aujourd'hui. La discussion aura lieu immédia
tement. Il est probable que personne ne soutien-
dra les prétentions de M. Argei\ce, cencurrent
de M. le général Saussier. M. Eschassériaus
cependant, a, parait-il, l'intention de monter à
la tribune et de protester contre l'accusation qui
a été dirigée contre lui d'avoir fait une manœu-
vre électorale.
La validation ne fait, du reste, aucun doute.
La commission du budget doit examiner au-
jourd'hui l'amendement par lequel M. Lambert
PRIX DU NUMÉRO : PARIS 15 CENTIMES — DÉPJIU'EMENTS 20 CENTIMES.
Jeudi 18 r.-.i > • *, fi'
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JOURNÉE POLITiQUE
Paris, i7 décembre 4< £ ï3.
L'Assemblée a voté hier le budget de
l'agriculture et là plus grande partie du
budget des travaux publics. Point d'inci-
dents remarquables dans la séance.On verra
seulement que, tout à la fin, M. le garde
des sceaux a déposé un projet de loi sur la
librairie. De ce projet nous ne connaissons
que le titre, mais, ou nous nous trompons
fort, ou ce doit être une proposition de
retour pur et simple à la réglementation
d'autrefois. Le dessein serait tout à fait
digne du gouvernement do combat orga-
nisé par les ex-libéraux. Nous avouerons
que nous ne nous attendions pas à ce
coup; faute d'autres charmes,il a du moins
celui de l'imprévu. On examinera le pro-
jet de M. la garde des sceaux, on se de-
mandera surtout sur quels fondements il
repose ; ce qui nous console, parmi ce
naufrage où tant de libertés périssent,
c'est d'espérer que le gouvernement de
l'ordre moral se perdra bientôt par sa po-
litique de défi et par l'excès même de sa
témérité.
M. Clapier a pu lire déjà une partie de
son ra pport-à. la commission des maires.
Ive travail de la commission est mainte-
nant à peu prés terminé. Elle a discuté et
voté les articles de son projet, qu'elle
déposera bientôt sans doute. Si l'Assemblée
l'adopta, ce sera désormais le gouvernement
qui nomméra les maires; il les pourra
prendre hors du conseil et même, si cela
lui plaît, hors de la commune. Dans la
commission, ce sont autant de points ac-
quis. Sur le dernier article seulement, la
commission, trouvant que M. de Broglie
va un peu loin, n'a plus marché d'accord
avec cet honorable ministre. Il voulait qu'on
attribuât au préfet, sans le concours du
maire, le droit de nommer et de révoquer les
agents de la police municipale ; elle a dé-
cidé que le maire conserverait le droit de
nommer et de suspendre ces agents, tout
en laissant cependant au préfet la faculté
de les agréer et de les révoquer. Petite
amélioration, comme on voit, mais, à tout
prendre, assez sensible.
Remarquons ausfi que, dans la séance
d'hier, tout en rejetant un article addition-
nel de M. Duprat, qui demandait quela
loi n'eût d'effet que pendant une année, la
commission a marqué que la loi ne de-
vait être, dans sa pensée, que temporaire.
La plupart des députés qui la composent
n'ont pu se laisser entraîner sans quelque
remords à voter un projet si contraire à la
cause que naguère ils avaient servie avec
tant d'ardeur. Le spectre de la décentralisa-
tion, en habits de deuil, sera veUll leur tirer
les pieds et troubler leurs rêves. Ils au-
ront voulu recouvrer par ca correctif le
calme des consciences pures. Mais enfin
quels motifs peuvent donc justifier ce sys-
tème général de lois temporaires ? Y
a-t-il des raisons sérieuses de mettre la
France aux arrêts pendant un certain laps
te temps? Qu'est-ce que cette idée de sus-
pendre les libertés municipales durant
quelques mois comme l'on suspecd les
journaux ? Serait-ce dans un but électo-
ral aussi ? Quelques-uns le prétendent. On
croirait donc que les élections générales
sont bien proches ? A ce point de vue on
aurait raison ; mais n'insistons pas.
Le traité conclu entre la Russie et Khiva
a été publié à Saint-Pétersbourg, vendredi
dernier. Ce n'est pas, à vrai dire, un traité
de paix, mais bien plutôt un acte d an-
nexion pure et simple. Le texte en est ac-
compagnéd'une sorte d'exposé juslificatifàu
gouvernement du czar, qui démontre, par
beaucoup de bonnes raisons, que la Russie
ne pouvait échapper à la nécessité d'établir
des postes militaires sur la rive droite de
l'Amou-Daria , et que, pour maintenir
les commuuications entre le territoire
russe et ces postes, il n'était pas moins
indispensable d'annexer tout l'espace in-
termédiaire, bien que ce ne soit qu'un
désert aride. Oh ! que la logique est puis-
sante quand on l'emploie bien à pro-
pos et qu'on l'appuie d'une bonne ar-
mée! Mais que vont dire les Anglais ? Et
comment accorderont ils ces faits accom-
plis axec le langage que le comte Schou-
valof a tenu à Londres ? Ils diront ce qu'ils
voudront et, s'ils sont sage s, ils ne diront
rien ; car, pour parler, il est bien tard.
- EUG. LIÉBMIT.
M. le vice-président da conseil est
vraiment un homme à plaindre ; quand
on ne l'interpelle pas à gauche, on l'in-
terpelle à droite. Il y a quinze jours, un
républicain lui demandait compte du re-
tard qu'il avait mis à convoquer les col-
léges électoraux des départements dont
la représentation n'était plus au complet;
hier un bonapartiste le met en demeure
de s'expliquer sur le résultat des'der-
nières élections. M. le duc de Broglie
serait louis d'or qu'il trouverait encore
moyen de déplaire à quelqu'un.
Il nous paraît indispensable de re-
mettre sous les yeux de nos lecteurs
le texte précis de l'interpellation dépo-
sée par M. Haentjens :
« J'ai l'honneur de demander au mi-
nistère quelles mesures il compte pro-
poser à l'Assemblée pour remédier à
une situation cont les élections législa-
tives montrent les périls, périls que M.
le vice-président du conseil a maintes
fois signalés à cette tribune.
» J'ai l'honneur de lui demander si le
gouvernement continuera à se désinté-
resser dans les luttes électorales. »
On a beaucoup ri à gauche quand M.
Buffet a donné lecture de cette demande
d'interpellation, et il y avait de quoi ;
d'autant mieux que M. le duc de Broglie
a dû trouver la plaisanterie du plus mau-
vais goût. Ayez donc des amis — car,
enfin, M. Haontjens, tout bonapartiste
qu'il est, vote avec la majorité — pour
qu'ils vous jettent comme cela des bâ-
tons dans les jambes !
Au fond, tout le monde le comprend,
c'est là une simple espièglerie, mais qui
ne laissera point d'embarrasser très-fort
M. le vice-président du conseil, pour peu
que M. Haentjens le pousse dans ses der-
niers retranehement&et l'oblige à répondre
au lieu de déclamer comme à son ordinai-
re. Seul à seul, M. le duc de Broglie et
M. Haentjens s'entendraient aisément;
tous deux sont d'avis que le premier de-
voir d'un gouvernement est de s'imposer
au pays par tous les moyens; tous deux,
l'un comme césarièn, l'autre comme doc-
trinaire, professent l'opinion que les
peuples doivent se mouler sur leurs gou-
vernements et non les gouvernements
sur les peuples. Là-dessus, point de dif-
ficulté. M. le duc de Broglie ne manque-
rait point de taire observer a M. Haent-
jens qu'il n'a présenté la loi sur les mai-
res, qU'il n'a saisi tout d'abord la com-
mission des Trente de la loi électorale, et
qu'enfin il n'a chargé son lieutenant M.
Baragnon de préparer une loi sur la
presse que dans le.but évident dè prouver
bientôt à ceux qui en peuvent douter en-
core que le gouvernement est loin de
se désintéresser des luttes électorales.
Enfin, M. le vice-président du conseil,
toujours dans l'hypothèse où M. Haent-
jens l'eût interrogé dans le tuyau de l'o-
reille, se fût empressé de le convaincre
de la sollicitude du gouvernement pour
le suffrage universel, en lui mettant sous
les yeux les pièces à conviction tirées du
dernier scrutin, et d'où il résulte que
dans le Finistère, dans l'Aude et dans
Seine-et-Oise, si les candidats officiels
ont échoué, ce n'est certes point que les
agents de M. le duc de Broglie aient
rien négligé pour conjurer la défaite.
Mais en public, à la tribune, ces vé-
rités-là ne sont pas bonnes à dire. Les
libéraux de l'école officielle- peuvent
tout faire ; la fin pour eux justifie les
moyens ; Mais il est des choses qu'on
ne leur fera jamais avouer, et c'est jus-
tement là qu'est leur force. Les bona-
partistes ont une manière à eux ; ce
qu'ils font, ils s'en vantent ; les or-
léhnistes s'en cachent ; c'est leur fa-
çon de se distinguer les uns des
autres. M. Haentjens savait done bien
qu'il embarrasserait fort M. le duc
de Broglie en l'obligeant à s'expli-
quer sur ses procédés de gouver-
nement. M. Haentjens n'ira point par
quatre chemins ; si l'on en croit les
journaux de l'appel au peuple, il récla-
mera sans périphrase le retour pur et
simple à la candidature officielle. Or,
M. le vice-président du conseil est de la
race de ces prudes que le moindre mot
un peu risqué fait rougir, bien qu'au
fond elles y prennent un plaisir extrême.
Candidature officielle, tant qu'on vou-
dra; mais, pour Dieu! qu'on ne prononce
pas ce mot tant de fois honni pen-
dant dix-huit ans par le candidat persé-
cuté du département de l'Eure !
Sur ce point, toutefois, nous connais-
sons assez les petits talents de M. le mi-
nistre de l'intérieur pour être' assurés
qu'il saura se tirer d'affaire. Quelques
phrases bien creuses, mais bourrées de
« 'périls sociaux », de « doctrines démago-
giques », dé « flamme » et de « pé-
trole » lui tiendront lieu de réponse, et
comme, entre conservateurs de même
farine, bien que de marques diverses, on
s'entend à demi-mot, l'Assemblée ne lui
en demandera pas davantage.
Mais c'est ici que l'embarras devra
commencer. Il est convenu que la can-
didature officielle va refleurir comme
au beau temps des Persigny et des Pi-
nard. Le mot n'a point été prononcé,
mais la chose est entendue. Ce n'est pas
tout; il s'agit maintenant de savoir
quelles conditions devra remplir un
candidat pour obtenir l'appui du gouver-
nement? Devra-t-ir être légitimiste, bo-
napartiste ou orléaniste ? Lui suffira-t-il
de s'intituler conservateur ? La question
vaut la peine d'être examinée, car on
conviendra que M. Haentjens ferait un
métier de dupe, ce dont nous le croyons
incapable, s'il obligeait le gouverne-
ment à'recourir aux candidatures offi-
cielles sans lui demander en même
temps la garantie qu'il n'exclura point
systématiquement les candidats bonapar-
tistes des faveurs gouvernementales.
Dans un. gouvernement régulier, dé-
finitif, la candidature officielle fonc-
tionne à merveille; mais ici ce n'est
point le cas, et le problème à résoudre
est vraiment d'une extrême difficulté.
Nous sommes en République, mais il se
trouve que les républicains sont consi-
dérés comme les ennemis du gouverne-
ment; donc, nul républicain ne pourra
prétendre à la candidature officielle.
Voilà un point résolu ; mais c'est le plus
facile. Il reste en présence trois par-
tis qui ont,, tous les trois, les mêmes
droits à prétendre au patronage officiel,
puisque tous les trois contribuent il main-
tenir M. le duc do Broglie. au pouvoir.
Or, qu'arrivera-t-il lorsque trois can-
didats se présenteront pour un , seul
siège? A qui le gouvernementaccordera-
t-il son estampille ? Au légitimiste, à
l'orléaniste ou au bonapartiste ? A tous
les trois peut-être, pour ne point faire
de jaloux ? Avouez que la situation sera
délicate. En bonne justice, il faudrait se
livrer à un calcul proportionnel, et déci-
der que les bonapartistes étant, par
exemple, aux légitimistes comme 1 est
à 10, et aux orléanistes comme 1 est à
15, il sera établi une moyenne d'après
laquelle; si nous ne faisons pas erreur,
les bonapartistes auraient droit à une
candidature officielle sur douze.
Et encore il nous vient un scrupule.
Les bonapartistes, toutes proportions
gardées, ont fait plus de recrues que les
monarchistes depuis les élections de
1871; ils devraient donc être admis à un,
deux, ou trois tours de faveur. Mais c'est
encore un calcul à t'aire, et nous ne vou-
lons pas imposer plus longtemps à nos
lecteurs le supplice du casse-tête chinois,
C'est affaire à M. le due de Broglie de se
tirer de là comme il pourra, à moins
qu'il ne préféré tout de suite donner sa
langue aux chiens. et passer son por-
tefeuille à un autre.
E. SCHNERB.
—— — ,—..
COMMUER PÂBLEMEiïâiBE
Versailles, 16 décembre 1875.
M. Fresneau a toujours des idées extra-
ordinaires : le voilà qui propose de com-
mencer les séances à une heure et de les
terminer à sept- heures, jusqu'à la fin de
la discussion du budget. A la façon peu
chaleureuse dont les honorables reçoivent
cette ouverture, on voit immédiatement
qu'ils consultent plus leur estomac que
leur envié de travailler. Le cas sera jugé
à la fin de la séance. Attendons , nous ver-
rons bien si notre impression nous a
trompé. ; -
Cette proposition ne manque pas, au
reste, de profondeur : à partir de ce mo-
ment, les votes marchent avec une rapi-
dité surprenante, la Chambre sent que,
pour ne point courir le risque de ne plus
dîner-ij. faut mettre les morceaux législa-
tifs doubles.
A trois heures un quart, nous nous
apercevons que le budget des cultes et
celui des beaux-arts sont absorbés ; M.
Charton a fait observer que les cordages
de la marine* et les Mexicains en carton
peint qui ornent certaines salles du Lou-
vre ne* sont pas positivement des objets
d'art, et qu'on pourrait sans inconvénient
les transporter dans un autre local plus
vaste; M. Paul Morin a réclamé des éti-
quettes indicatrices adjointes aux tableaux
du Louvre pour donner une idée, au pu-
blic qui aime à s'instruire, de ce qu'est le
203 et de ce qu'était son auteur; M. de Les-
tourgie a tenté de faire augmenter le chif-
fre de secours alloué-aux églises et pres-
bytères par la commission, de concert
avec le gouvernement..
La dernière observation n'a pas eu de
succès devant l'Assemblée malgré l'appui
prêté à M. de Lestourgie par ses bons
amis de la droite; les deux premières au-
ront peut-être un meilleur , sort, — nous
dirions : auront certainement un meilleur
sort, s'il ne s'agissait de mesures admi-
nistratives à prendre. Les gouvernements
changent, les rois s'en vont, les ministres
tombent, les bureaux restent. Et l'illu-
sion s'évanouit.
C'est un magnifique éclat de rire qui
nous apprend que nous sommes arrivés
au ministère de l'Agriculture et du Com-
merce. M. du Temple, le du Temple de
dr e,, Je M, 4% Temglg M mm&,
vient d installer ses papiers à la tribune
et de déclarer qu'il profite de la discussion
générale sur ce budget nouveau pour pro-
noncer un discours contre, a sons-secrétaire-
rie d'Etat. Or, le ministère de l'Agriculture
et du Commerce est justement un de ceux
où l'on n'a pas casé de sous-secrétaire d'E-
tat.
M. du Temple n'est pas de cette terre, il
vit dans le ciel. Ayant entendu dire que
la foi soulève les montagnes, ne voulait-
il pas partir, tout dernièrement, avec M.
de la Rochette, pour aller pulvériser, à
deux, les armées italiennes, - rien que
par 'la force de la vérité ! M. de la Roche t -
te a hésité à se mettre de la partie, M: de la
Roshette est un parpaillot pour M. du
Temple. Quand, par hasard, M. du Tem-
ple descend du ciel, il ne va pas plus bas
que les nuages, où il s'occupe de faire na-
viguer un certain oiseau volant de son in-
vention. Et la sous secrétarerie d'Etat
est bien de cette terre !
M. Tolain, lui, se pique au contraire
d'être un homme terre-à-terre : en foui-
lant dans les vieux papiers de l'Assem-
blée, — dans ces vieux papiers dont elle a
été si prodigue ! — il a retrouvé un rap-
port datant de deux ans, dans lequel le
député Deseiliigûy proposait la fusion du
ministère du Commerce et du ministère
des Travaux publics. Il vient demander à
M. le ministre actuel du Commerce, qui a
été ministre des Travaux publics, ce qu'il
pense de l'opinion de M. Deseilligny.
Avouez que la situation était délicate. M.
Deseilligny ne s'en tire pas avec sa sou-
plesse ordinaire.: « La division des deux
ministères n'est pas une chose utile dans
les temps difficiles que nous traversons. »
Eo comme, à gauche, on rit quelque peu
en songeant à l'utilité des portefeuilles
comme moyens de conciliation, M. le mi-
nistre semble tout près de perdre même
cette douceur de caractère qui certainement
ne lui a pas nui jusqu'ici ; il est nerveux,
agité, il se croit obligé de plaider pro domo
sud" de parler de l'immenâté de l'œuvre
de relèvement industriel et commercial à
opérer.
Il est un @ point que nous comprenons
mal dans l'argumentation de M. teminis
tre : C'est la guerre, dit-il, qni a jetA, cn
Francs, cette perturbation que deux mi-
nistras suffiront à peine, pour le moment
à étouffer; mais si la guerre de 1870 est
encore la cause du mal actuel, comment
M. Deseilligny faisait-il la proposition
de fusion il y a deux au:" t quand nous
étions de deux ans moins éloignés qu'au-
jourd'hui de la guerre?—Il y a là évi-
demment une lacune qui nous explique
l'unique applaudissement récolté par M.
le ministre de l'Agriculture et du Com-
merce.
Oh! le drainage ! Et le jardinage! Et le
papillon pondeur! Nous n'avons pas le
courage d'enrer dans ces minuscules dé-
tails d'intérieur. Les haras, dépôts d'éta-
lons, remontes, etc., nous tiennent quel-
que temps. Tous les ans, à la même épo-
que, avec une régula; ité qui rappelle dans
leur simplicité les admirables rouages de
la nature, se produit une espèce toute par-
ticulière d'orateurs, les hommes de che-
val; régulièrement, ils se dérobent sur
la dégénérescence de l'espèce chevaline, et
demandent des crédits supplémentaires;
après quoi, régulièrement aussi, l'Assem-
blée rogne quelque chose sur les étalons.
M. Deseilligny a-t-il tenu- à prendre
une sorte de revanche ? Toujours est-il
qu'il a fait son discours-ministre, sans
grande conviction, sans nécessité peut-
être simplement par coutume antique et
officielle. Nous n'avons retenu de cette
allocution qu'un point intéressant : chif-
fres en main, M. le ministre prouve que
l'indllstpe et le commerce se sont dévelop-
pés encore cette année d'une facon remar-
quable'. Nous en sommes ravi.
Mais, alors, que nous racontait donc,
une heure auparavant, M. le ministre, au
sujet de la perturbation jetée, par les sui-
tes de la guerre, dans le commerce et
l'industrie ? Décidément il y a une lacune
dans l'enchaînement des raisonnements de
M. le ministre.
Quant à la proposition de M. Fresneau,
il a suffi, pour L faire repousser, de Top-
position de la commission du budget, qui,
surchargée de besogne, ne sait où prendre
le temps de mener son travail à bonne fin.
Récapitulons la séance: fin du budget
des Cultes votée, budget des Beaux Arts
voté, budget de l'Agriculture et du Com-
merce voté, commencement du budget des
Travaux publics vofé. Qui donc prétend
que des législateurs si expéditifs ont mis
huit jours à nommer une commission de
trente membres?
PAUL LAFARGUE.
—————— —————
Le Scrutin de liste
SANS LISTE
- J'ai fini par être un peu. agacé d'en-
tendre partout répéter cette niaiserie ;
« Je ne comprends pas le scrutin de
liste sans liste.
Hier encore, M. Monnet, dans la com-
mission chargée d'examiner la proposi-
tion Courcelles, se servait de cet argu-
ment, avec une sincérité de conviction
qui fait plus d'honneur à son innocence
qu'à son jugement.
Vous savez de quoi il s'agit.
M. Courcelles, s'avisant que les élec-
tions partielles donnent toujours la ma-
jorité aux républicains, voudrait bien les
suspendre, et il a demandé que le gou-
vernement ne fût forcé de convoquer les
électeurs d'un département que quand
ce département aurait perdu, par suite
de décès ou de démissions, le quart de
ses représentants.
Et la grande raison, l'argument vain-
queur, c'est celui que je disais tout à
l'heure, celui que vous retrouvez quoti-
diennement dans les journaux de la réac-
tion, celui dont l'honorable M. Monnet
accablait ses adversaires :
— Qu*ëSt-c§ 'QiI'Un. 'sérnfin de liste
sans liste? Quoi! vous appelez tout un
département à nommer, au scrutin de
liste, un seul candidat. Mais un seul
nom n'a jamais fait une liste à lui tout
seul ; ce n'est donc plus le scrutin de
liste, puisqu'il n'y a pas de liste ! -
Et sur ce beau raisonnement, le chœur
des badauds répète à l'envi :
— Je ne comprends pas un scrutin de
liste, sans liste.
Il faut bien que cet argument ait fait
impression sur beaucoup de braves bour-
geois, puisqu'il est passé dans la con-
versation courante et que je ne vois
personne y répondre.
Ce n'est pourtant pas que la réponse
soit difficile.
Ce qui constitue le scrutin qui a reçu
le nom de scrutin de liste, ce qui en est
l'essence, c'est que tout un département,
au lieu d'être séparé en circonscriptions
électorales, soit réuni de façon que
les voix de tous les citoyens qui le com-
posent nomment un ou plusieurs candi-
dats, suivant qu'il y en a un ou plusieurs
à nommer.
L'unité du département, comme cir-
conscription électorale, quand il s'agit
de députés à élire : c'est là le fond du
scrutin que l'on a appelé, scrutin de
liste; c'est ce sans quoiiin'existerait pas.
Pourquoi l'a-t-onappelé scrutin de liste?
Mon Dieu! on aurait pu lui donner
toutes sortes d'autres noms. On aurait
pu l'appeler : scrutin départemental, scru-
tin unitaire, que sais-je, moi? Mais il est
assez rare que les hommes, quand ils
ont à désigner un objet nouveau, cher-
chent son nom dans la qualité qui le
constitue en son fond intime.
La plupart du temps, leur attention
est tiree par un accessoire qui frappe
l'imagination ou les yeux. Ainsi ce
scrutin dont nous parlons se distinguait
du scrutin ordinairement employé jus-
que-là parce qu'il forçait chaque électeur
à choisir plusieurs député, et par con-
séquent à ustr d'une longue liste, au
lieu de porter un seul nom, comme on
en avait l'habitude.
C'était là une circonstance très-propre
à être remarquée, parce qu'elle se carac-
térisait par un fait matériel et sensible.
Elle s'imposait, en quelque façon, à l'at-
Lention de tous les hommes," même les
plus ignares, et il est tout naturel que
ceux qui ont eu à désigner cette sorte
de scrutin, frappés de cette particularité,
en aient tiré le nom qu'il devait garder
par la suite et l'aient appelé scrutin de
liste.
Mais ce nom ne change rien à la chose.
Ca nom ne fait pas que le scrutin de
liste soit essentiellement constitué par la
présence d'une liste, et qu'il n'existe
plus s'il n'y a point de liste.
Le scrutin de liste n'est qu'un mot,
un son qui vibre dans l'air, pour signi-
fier un scrutin où le département est uni
pour nommer quelqu'un qui le repré-
sente. Et chaque fois que le départe-
ment sera convoqué tout entier pour cet
objet, ce sera le scrutin de liste, alors
même qu'il n'y aurait pas de liste.
La langue est pleine de ces mots qui
n'expriment un objet que par un de ses
côtés les plus accessoires.
Ainsi quelle est la fonction essentielle
d'une pendule ?
C'est de marquer Pheure, n'est-ce
pas ?
- Et cependant, la peadule a été nommée
ainsi parce qu'on a fait plus d'attention
à cette circonstance accessoire, mais vi-
sible, d'un battant qui va sans cesse de
droite à gauche. Il y a des pendules,
aujourd'hui, qui marchent par un ressort
à échappement : en sont-elles moins des
pendules?
M. Monnet ne lèverait-il pas les épau-
les, si l'en s'avisait de lui objecter que
sa pendule n'est pas une pendule, par-
ce qu'il né conçoit pas une pendule sans
pendule ?
Nous avons tous dans notre cabinét
un bureau, qui s'appelle le bureau de
travail, comme le scrutin unitaire s'ap-
pelle le scrutin de liste, parce que, en
général, on s'y assied pour y;écrire. Je
suppose que M. Monnet le laisse tou-
jours inoccupé; c'est une simple hypo-
thèse. Il n'en dira pas moins : mon bu-
reau de travail, parce que le travail étant
uno circonstance presque toujours jointe
à l'idée que font naître ces sortes de bu-
reaux, ce bureau, où l'on ne travaille
pas, n'en sera pas moins dans la langue
un bureau de travail. Un bureau de tra-
vail exposé au musée de Cluny et soi-
gneusement protégé par les gardiens
contre toute espèce de travail en est-il
moins un bureau de travail ?
Qui de nous aujourd'hui cache ses se-
crets dans un secrétaire ? Mais comme
l'habitude a été longtemps d'y serrer les
objets précieux et lés lettres confiden-
tielles dont 'on voulait dérober la con-
naissance à tout le monde, on appelle ce
meuble secrétaire, bien qu'il ne garde
plus de secrets, et M. Monnet serait fort
mal venu à dire : je ne comprends pas
un secrétaire où il n'y a pas de secret
enfermé.
Les mots sont des mots, et les choses
sont des choses.
Le scrutin de liste peut exister sans
liste, comme un bureau de travail sans
travail, comme une pendule sans pen-
dule, comme un secrétaire sans se-
crets, comme un homme de lettres sans
lettres, et comme une représentation
nationale qui s'applique à ne point re-
présenter la nation.
FRANCISQUE SARCEY.
——————— :
COMMISSION DES MAIRES
L'article additionnel proposé par M. Pascal
Duprat est mis en discussion.
Cet article est ainsi conçu :
« Les pouvoirs extraordinaires accordés au
gouvernement par la présente loi cesseront au
plus tard dans un an. »
M. Pascal Duprat prend la parole sur sa pro-
position. Il rappelle que les lois provisoires ont
souvent la vie plus dure et plus longue que les
lois définitives. On a édicté des lois transitoires
qui devaient oessr à la promulgation des lois
organiques relatives au même objet; et qu'est-il
arrivé? Les lois organiques n'ont pas été faites,
et les lois provisoires ont été maintenues.
Il en fut ainsi à la Constituante, pour une loi
des maires semblable à la loi actuelle, quoique
cependant plus conforme au droit et aux prin-
cipes, ainsi que pour une loi sur la presse.
Ma proposition, poursuit M. Pascal Duprat,
n'est que l'expression abrégée des discours qui
ont été tenus dans la commission par les mem-
bres de la majorité. Ils ont tous déclaré que la loi
était provisoire; pourquoi ne pas le décider?
Pourquoi ne pas en fixer immédiatement la
durée ?
L'orateur ajoute que sa proposition offre
deux avantages : le premier, c'est de presser au
besoin la majorité de faire la loi organique mu-
nicipale; le second, c'est que les populations,
blessées dans leurs droits et leurs sentiments
les plus légitimes, se résigneront plus facilement
à une loi aussi grave si la durée en est limitée
d'avance à quelques mois.
M. le président de Goulard pense que Si le
gouvernement se contente de la loi qui se pié-
pare, il est certain que la majorité désire établir
un régime municipal sur des bases nouvel'es.
Il n'est pas nécessaire d? prendre des précau-
tions contre la majorité. La loi municipale
viendra sous peu, les amendements présentés à
la commission en indiquent le sens. — Les
élections municipales doivent avoir lieu au mois
de mai prochain ; l'article additionnel ne lui
parnît donc pas nécessaire. u - .--
M. Gatiea-Arnoutt se joint a M. ra?cal Du-
prat. La loi est grave; il no faut pas qu'elle ait
une durée trop longue.
M. DtlsoL — Qlle demande t-on? Que le
caractère transitoire de la loi soit nettement
affirmé. Le premier mot de la loi donne sa-
tisfaction à ce désir, puisque l'art. 1er commence
par ces mots : Jusqu'au vote de la loi organique
municipale. — Cette loi ne peut pas être ajour-
née par la raison que les élections municipales
doivent avoir lieu au mois de mai prochain, et
qu'il est nécessaire que la loi soit faite avam.
C'est ainsi que l'entend la commission-de dé.
centralisation, qui a décidé qu'elle consacrorail
trois séances par semaine à la préparatioff de
cette loi.
M. Delsol se borne à demander le maintien
des mots jusqu'au vote de la loi organique mu-
nicipale.
M. Pascal Duprat xéfate en peu de mots lea
arguments de MM. de Goulard et Delsol.
Après quelque observations de M. Clapier, qui
ne veut pas qu'on assigne une durée à la loi,
M. LenoëL insiste pour que la proposition soit
adoptée. Il montre qu'elle est nécessaire et qu'il
n'y a pas d'autre moyen de montrer aux popu.
lations qu'on ne fait qu'une loi provisoire;
M. Eymard-Duvernay, tout en appuyant an
îona i article proposé par M. Pascal Duprat,
consentirait à en modifier la rédaction. Il vou-
drait qu'on déclarât que la loi organique sera
votée avant le mois d'avril.
M. Charreyron croit que la rédaction proposée
par le gouvernement et par la majorité de la
commission est suffisante. Il ne veut pas faire
une acte de défiance envers l'Assemblée. Il sera
facile au cours de la discussion de faire pren*
dre des engagements par la commission de dé-
centralisation. Nous nous réunirons tous pour
mettre la commission et le gouvernement en
demeure de hâter la discussion de la loi muni-
cipale
La proposition de M. Pascal Duprat est re-
poussée par 9 voix contre 5. Il en est de même
de l'amendement de M. Eymard-Duvernay.
M. le président donne lecture des divers ar-
ticles adoptés par la commission.
Il est donné lecture de la première partie du
rapport de M. Clapier. La seconde sera lae au-
jourd'hui.
M. Pascal Duprat présente quelques observa-
tions sur le rapport. Il fait remarquer, en parti-
culier, que les arguments présentés par la mi-
norité n'ont été qu'effleurés par le rapporteur et
qu'ils devraient être mis davantage en relief.
M. Clapier répond qu'il tiendra compte de
ces observations.
M. Lenoël fait remarquer à son tour que le
rapport est inexact en ce qui concerne la loi
municipale de 1871 et les sentiments dans les-
quèls cette loi fut votée. '-
Une discussion s'engage à ce sujet. MM. Gla-
pier, de Rességuier, de Goulard et Delsol pren-
nent successivement la parole. Il est décidé
qoe le rapport tiendra compte des observations
de M. Lonoël.
M. Lenoël fait remarquer ensuite que certains
passages du rapport tendent à donner un carac-
tère définitif à plusieurs dispositions de la loi.
La commission s'ajourne au lendemain.
——————————— + ;
COMMISSION DU BUDGET.
Séance du 46 décembre.
La commission du budget a continué aujour-
d'hui ses travaux sous la présidence de M.
Léonce de Lavergne.
La commission entend M. Deseilligny, qui
vient défendre lé budget de son département.
M. le ministre de l'agriculture et du commerce
demande une augmentation de 15,000 francs
sur le crédit accordé pour le drainage. Cette de-
mande n'est pas accordée.
La commission adopte l'amendement de M.
Guichafrd relatif à une augmentation de 20,000
francs pour l'enseignement horticole dans l'é-
tablissement du potager de Versailles.
La commission, sur les conclusions de M. le
rapporteur de l'instruction publique, repousse
successivement les amendements de MM. Yi-
nay et de Lestourgie. "-
M. Chesnelong rend compte d'un entretien
qu'il a eu avec le ministre des finances.
Tout en mettant à la disposition de la com-
mission MM. les directeurs généraux du mi-
nistère des finances pour l'aider à chercher de
nouveaux impôts, M. Magne maintient toutes
ses propositions antérieures et garde toute sa
liberté pour repousser les impôts proposés par
la commission.
Celle-ci a décidé qu'elle entendra M. Goussard,
président de la section des finances au conseil
d'Etat, pour connaître les impôts que le conseil
d'Etat avait recommandés en dehors des propo-
sitions du gouvernement.
.La commission décide qu'elle discutera de-
main les amendements sur le ministère des fi-
nances et notamment celui de M. Lambert
Sainte-Croix, qui propose d'augmenter la liste
civile du maréchal de Mac-Mahon.
Elle entendra aussi les Renseignements que
M. le rapporteur des finances a recueillis
de M. Magne, sur la convention passée avec
l\,I.,Rouhr..tPuchant la liquidation de la liste
civile de l'empereur Napoléon m.
——————-———— ———————————
La sous-commission chargée d'examiner la
loi sur l'organisation des pouvoirs publies s'est
réunie hier pour la première fois.
M. Batbie a préposé d'abord la nomination
d'un président qui le remplacerait dans le cas
où il lui serait impossible de diriger les travaux
de la sous-commi8sion.
M, Daru a été élu président et M. Antonin
Lefèvre-Pontalis, secrétaire.
Il a été décidé qu'on se réunirait le mardi et
le samedi.
La prochaine séance a été fixée à samedi pro-
chain pour entendre les auteurs des divers amen-
dements et contre-projets sur l'organisation des
pouvoirs publics.
MM. Pradié et d'Andelarre ont été chargés
spécialement d'étudier les projets qui émanent
de personnes étrangères à l'Assemblée.
MM. Waddington et Lefèvre-Pontalis doivent
s'occuper des législations étrangères spéciale-
ment en ce qui concerne l'organisation des
premières Chambres.
M. Laboulaye doit présenter un travail complet
sur l'organisation des premières Chambres aux
Etats-Unis.
Li commission chargée d'examiner Ja propo-
sition de M. de Pressensé, sur les mesures à
prendre vis-à-vis de diverses catégories d'indi-
vidus poursuivis ou condamnés à la suite de
l'insurrection du 18 mars, complétée hier par
la nomination de MM. de la Guiche et le géné-
ral Loysel, a procédé aujourd'hui à la reconsti-
tution de son bureau.
Ont été nommés : président, M. de Ventavon;
secrétaire, M. le colonel Carron.
La commission a chargé ensuite son prési-
dent de demander, par l'intermédiaire du mi-
nistre de la guerre, aux bureaux de la justice
militaire, fous les renseignements qui seraient
de nature à l'éclairer sur la situation des pour-
suites et ia marche, suivie depuis le mois de
juillet 1872. -
Le rapport sur l'élection del'Aube sera déposé
aujourd'hui. La discussion aura lieu immédia
tement. Il est probable que personne ne soutien-
dra les prétentions de M. Argei\ce, cencurrent
de M. le général Saussier. M. Eschassériaus
cependant, a, parait-il, l'intention de monter à
la tribune et de protester contre l'accusation qui
a été dirigée contre lui d'avoir fait une manœu-
vre électorale.
La validation ne fait, du reste, aucun doute.
La commission du budget doit examiner au-
jourd'hui l'amendement par lequel M. Lambert
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