Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-04-11
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 avril 1925 11 avril 1925
Description : 1925/04/11 (N19844). 1925/04/11 (N19844).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7554930g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
22 GERMINAL, rÀH ISS. — H» l&SîK.
Le Numéro « VINGT CENTIMES*
SDlEDI n VRJ[ 1925. -- N° 19m
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Foiidateun (4869):
VICTOR HUGO
AUGUSTE VACQUERIE
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LA CHUTE DU MINISTÈRE HERRIOT
-1 r"
1 -: EDITORIAL
La chute
■ » X -
Et patatras !.
Voilà le ministère Her-
riot, derrière par-dessus
tête.
Ce n'est pas joli; mais
ça devait arriver.
Depuis deux jours - je vous l'ai an-
noncé - ces pauvres ministres étaient
entrés dans un clystère.
Même en temps de crise du logement,
t'est une demeure inconfortable. On doit
y être à l'étroit, et manquer d'air.
Mieux valait briser 'le récipient. Un
Tude coup droit de M. François-Marsal ;
une belle chiquenaude de M. Poincaré :
jet c'est fait.
M. Herriot, à vrai dire, a bien choisi
son point de chute. Renversé au Sénat,
après une intervention de M. Poincaré,
il va offrir de beaux thèmes à dévelop-
per à ses amis du Cartel.
« La Chambre du suffrage universel
tenue en échec par l'Assemblée du suf-
frage restreint ; la politique du « je fais
la paix » contrariée par les revenants de
la Ruhr ; l'impôt sur le capital rejeté
par la ploutocratie; fœuvre de la dé-
mocratie mise en péril par la réaction sé-
natoriale »' : quelle belle série d'articles
indignés, frémissants et pathétiques je
Vous ferais là-dessus si je « cartellisais ».
Pierre Bertrand, mon cher confrère,
ientends d'ici grincer votre plume, et
tetentir votre haro !
Pour émouvoir les foules, une bonne
adaptation du discours d'Antoine, après
la mort de Jules César, me semblerait
de circonstance :
Je voudrais adoucir l'amertume du
Cartel, en lui disant que, de toutes fa-
çons, le. ministère Herriot était condamné
par les destins.
Si la crise financière ne l'avait pas
abattu hier au Sénat, le problème de la
sécurité l'eût, avant peu, renversé à la
Chambre. Déjà la gauche radicale se
« décartellisait », et M Loucheur se cou-
pait en trois.
Mais le temps n'est plus aux gloses
d'utopie.
L'Allemagne n'a pas payé, l'Allemagne
arme, l'Allemagne veut déchirer le traité
de Versailles, et nos coffres sont vides.
La plaie d'argent — en France sur-
tout — n'est pas mortelle ; la plaie d'in-
sécurité pourrait l' être.
La colombe, attendue sur l'herbe de
Chequers, n'est pas venue; mais l'aigle
noir est prêt à reprendre son vol.
Il n'est que temps d'en revenir aux
sages méthodes d'une politique républi-
caine et nationale, qui s'inspire moins de
la candeur que de la raison.
Sans doute, la bonne volonté et la
bonne foi de M. Edouard Herriot furent-
elles incontestables.
Ce fut un très brave et très honnête
pompier qui rêva d'éteindre tous les in-
cendies dans le monde, et qui aurait fini
par mettre le feu partout.
Edmond du MESNIL
L'autre fléau
■ m IQ"
Le Comité national de défense contre la
Aibertulose, commence une nouvelle campagne
contre ce terrible fléau.
Le professeur Calmette adresse au per-
sonnel enseignant de France, un appel élo-
quent pour le conjurer de participer à cette
.action de salut public.
La tuberculose — on ne le sait pas assez
f7- cause le quart de nos décès.
Depuis une vingtaine d'années, on cherche
a s'organiser pour en combattre l'extension,
mais la négligence des pouvoirs publics,
l'absence des lois et d'institutions d'hygiène
capables de protéger efficacement la santé
du peuple, l'ignorance et le fatalisme des mas-
ses, ont fait que, jusqu'à présent, la lutte con-
tre la tuberculose n'a été entreprise que sur
des initiatives isolées, par quelques personna-
lités où par des groupements inspirés des sen-
timents les plus nobles, mais sans coordina-
tion et sans ressources suffisantes.
Il est indipensable de remédier à cette dis-
persion des efforts. Toute bataille nécessite
Une préparation, une mobilisation préliminaire.
« Il faut que chacun se pénètre de cette
hérité, écrit le professeur Calmette, que la
mort prématurée d'un Français entraîne pour
ia patrie la perte tf une partie de son capital
social.
« Nous ne pouvons pius laisser amoindrir
capital.
., '« Qui donc paiera les impôts demain, si
notre population contmue à décroître ? Qui
zelèvera les ruines de nos dix départements
tléva'stés, qui ressuscitera nos industries et
(notre commerce, qui exploitera nos mines, qui
labourera nos champs, si la ma in-d'œuvre nous
fait défaut ? ».
Nous sommes persuadés que cet appel d'un
grand savant sera entendu par les professeurs
iet les instituteurs - et mieux encore par la
,ranàe majorité des Français.
C'est dans tous les domaines qu'il faut tra-
vailler au relèvement de notre pays. Se battre
contre la tuberculose, c'est lutter pour la gran-
deur de la nation..
UNE CATASTROPHE
près de Barcelone
, Un train en feu. — Dix-sept morts
et une centaine de blessés
Barcelone, 10 avril. — Une catastrophe s'est
produite à 7 heures dans la banlieue de Bar-
celone, au quartier Sarria.
Une rupture des freins occasionna le dé-
raillement des trois wagons composant le
train. Ces trois voitures ont été la proie des
j'lemmes.
On compte jusqu'à présent 17 morts, dont
4 femmes et 3 enfants, et plus de cent hles-
és. dont une vingtaine grièvement.
t
Commentaire
« Ce que je signalais ces jours derniers et
que tout le Sénat savait, est aujourJTMti offi-
ciel et recbnnu.
« Pendant que le président du Conseil da-
mait à chaque occasion sa volonté de ne con-
sentir à aucune inflation, parce que l'infla-
tion entraînait la ruine et la vie plus chère,
son gouvernement pratiquait l'inflation.
« Et c'est de plus de deux milliards que la
possibilité légale d'émission de billets de ban-
que a été dépassée.
« Et nous n'avons connu cette chose for-
midable en République que parce que la Ban-
que de France s'est refusée à continuer cet
illégal procédé qui l'obligeait en outre à faus-
ser ses bilans de chaque semaine.
« Nous sommes loins des fameux décrets-
lois ! Et c'est bien pire. Faire illégalement ce
qu'on affirme combattre, c'est vraiment une
chose déconcertante. Or, non seulement le
gouvernement qui combattait l'inflation en a
fait sciemment. mais il l'avoue, puisque nous
en lisons dans l'exposé des motifs de son em-
prunt forcé, volontaire et obligatoire à. la
fois, ce qui n'est pas moins surprenant, l'aveu
complet et que M. Bérenger, sans être dé-
menti, a affirmé la même chose au Sénat. ?
Qui s'exprime ainsi ?
C'est M. Marcel Régnier, sénateur et pré-
sident du conseil général de F Allier.
Or, M. Marcel Régnier était jusqu'ici, dans
son département, et rien ne nous sadique qu'il
ne le soit plus, le chef reconnu du cartel.
Voilà qui souligne — n'est-il pas vrai ? -
la valeur de ses commentaires et qui justifie
quelque peu notre attitude fièrement indépen-
dante qu'on se plaît, si souvent, à juger héré-
tique.
M. Franklin-Bouillon
rend compte de sa mission
La commission des affaires étrangères de
la Chambre s'est réunie hier après-midi sous
la président de M. Franklin-Bouillon, qui ren-
trait d'Orient.
M. Franklin-Bouillon a fait à ses collègues
un exposé complet de ses constatations au
cours des nombreuses conversations qu'il a
eues avec toutes les personnalités dtrigeantes
de la Turquie nouvelle, tant dans les sphères
gouvernementales qu'au Parlement. Il a insis-
té particulièrement sur les tendances qui
s'affirment aujourd'hui en Orient, et sur les
possibilités que révèle une étude impartiale
de la situation en ce qui concerne l'affermis-
sement de la paix dans le monde.
M. Paul Bastide a été désigné rapporteur
de deux projets de loi portant approbation
des traités d'extradition avec la Lettonie et
la République de Cuba.
M. Maurice Sibille a été chargé de rédiger
un avis sur la convention de liUnigp. pos-
tale universelle, --.. - ,.-
é.
Interpellé par M. François-Marsal
et après une intervention de M. Poincaré
M. Herriot est mis en minorité
1 <>O*CX>
Par 156 voix contre 132, le Sénat vote la priorité d'un ordre du jour ,
de MM. Chéron, Pierre Berger et Humblot, refusant la confiance au cabinet
Le Sénat,
Convaincu que la solution du pro-
blème financier est étroitement lié à
la politique générale et résolu à n'ac-
corder sa confiance qu'à un gouver-
nement qui rétablira par l'union des
républicains la paix intérieure et la
concorde nationale,
Passe à l'ordre du jour.
M. Herriot avait repoussé la prio-
rité sur cet ordre du jour et posé la
question de confiance, la priorité fut
votée par 156 voix contre 132.
Le ministère est renversé. Ce n'est une sur-
prise pour personne.
Même à la Chambre, sa majorité, s'était ef-
fritée.
Au Sénat, ses adversaires Vont battu beau-
coup plus nettement qu'on ne pouvait s'y at-
tendre. Le Cabinet fut en minorité dé 24 voix.
M. Marsal avait interpellé non sans vi-
gueur mais avec toute la modération et le
mot qui convenaient à un.Su;et aussi firavè.
Après lui M. Poincaré avait éloquemment
défendu la gestion des cabinets précédents.
Les répliques du président du Conseil ne
rencontrèrent, à aucun moment, le moinare
enthousiasme.
Le vote fut décisif. Il n'y avait plus qu'à
démissionner.
Dans la soirée, M. Doumergue était saisi
de la -lettreotticielle consacrant l'ouverture
de la crise ministérielle.
Les consultations présidentielles commen-
ceront aujourd'hui.
i —
Hisi SésirLco
H est 2 h. 40 quand ^î. de Selves, président,
ouvre la séance.
Tous les sénateurs sont présents au banc du
gouvernement, il y a aâUueoiiee de ministres :
le président du conseil, M. Herriot, est entouré
de MM. de Monzie, René Renoult, FrançoÏl;
Atnt, Duonesnil et Bovier-Liapierre.
ÏJe président fait connaître qu'il a reçu de
M. François-Marsal une demande d'interpella-
tion sur les déclarations faites jeudi à la
Chambre des députés par le président du con-
seil.
'M. Herriot déclare qu'il accepte la1 diacms-
sion immédiate.
Discours de M. François Marsal
M. François-Marsal monte à ila tribune.
Dès le délbut de son discours, l'ancien prési-
dent du conseil se déclare heureux que cette
discussion vienne immédiatement. Il annonce
qu'il reetera sur le terrain financier. L'inter-
'pellaiteu.r appelle que le président du conseil
M. François-Marsal
a mie en cause les anciens gouvernements, M.
Herriot a fait état d'un document publié >e
matin par un journail, et M. François-Marsal
rappelle la partie du dtisctouire où M. Herriot
parle de ce document.
Ce document visait les obligations de Tréso-
rerie émises depuis plusieurs mois et « pré-
sentant un caractère. » Le président du con-
seil s'est demandé ce que pouvaient bien rem-
placer ces points. Eh bien, ces points rempla-
çaient je mot « exceptionnel ». C'était là une
petite précaution pour éviter les indiscrétions
ou bien, au cas où l'indiscrétion se produirait,
afin de connaître qui l'avait commise, car
l'QipissiQn dénoncée apar M. Herriot se présen-
tait dans tous les exemplaires du document,
mais portaient dans chaque exemplaire un
mot différent.
'L'ancien ministre des finances rappelle en-
suite comment les avances de la Banque de
France à l'Etat s'étaient élevées pendant la
guerre jusqu'au plafond de 27 milliards. Elles
se sont ensuite abaissées progressivement jus-
qu'à 22 milliards.
Ecouté par toute l'Assemblée avec une at-
tention profonde, M. François-Mareal fait
l'historique de la question de la Trésorerie
depuis l'armistice, des efforts réalisés pour
remédier à la situation. Au lieu de 'solliciter
de nouvelles avances de la Bait^ue de France,
les gouvernements s'adressent aux banques.
Le montant des avances diminue peu à peu
et, lorsqu'en l'îfâl, M. Doumer arrive au minis-
tère des finances, le plarfand' était descendu à
25 milliards.
Un an plus tard, quand il quittait le minis-
tère des finances, le montant des avances «ait
de 24 milliards 160 millions.
Sur une interruption d'un aén&teur de gau-
che, M. François-Marsal déclare : « Je n'ai
pas l'intention d'envenimer le débat. Je me
propose uniquement d'éclairer la situation. »
M. de Lasteyrie a été mis en cause, décla-
re M. François-Marsal. Il ne peut pas se dé-
fendre devant le Parlement, mais l'homme
qui a gagné la bataille du franc dans les con-
ditions que l'on eait n'a pas à. être défendu.
Cependant l'ancien président du conseil jus-
tifie les mesures éprises par M. de Lasteyrie et
montre les - heureux résultats obtenus.
M. - François-Marsal rappelle que c'est sur
sa demande que la limite de la circulation
fiduciaire avait été portée à 41 milliards. Or,
ajoute-t-il aux applaudissements répétés d'une
grande partie de l'Assemblée, jamais, vous
m'entendez bien, jamais ni en 1921, ni en 1922,
ni en 10923.
— Ni en 1924 ! déclare M. Poincaré.
M. François-Marsal. — J'y venais : ni dans
le premier semestre de 19*24, jamais la limite
de l'émission, fiduciaire n'a été atteinte.
L'ancien ministre des finances conclut i,
M. François-Marsal. — Pour caractériser
la situation actuelle je me reporterai à l'in-
ventaire de M. Ciémentel ; il dit : « Noua re-
poussons comme un crime contre la patrie
toute tentative d'inflation ; la prospérité na-
tionale en dépend, toute mesure d'inflation
compromettrait définitivement le relèvement
du pays ». J'ai exposé les faits et dit des chif-
fres, permettez-moi d'ajouter - que ni impôt
sur le capital, ni emprunt forcé ne rendront
au pays la confiance qu'il a perdu' en ceux
qui le gouvernent. C'est maintenant au Sénat
de se prononcer. (Vifs applaudissements au
centre et à droite. — L'orateur en regagnant
son banc reçoit dee félicitations.)
Réplique de M. Herriot,
Le président du conseil monte à la tribune,
la gauche, ou plutôt une .petite partie de la
gauche l'acclame — on sent que la. partie est
perdue.
M. Herriot représente ks explications qu'il
a fournies avant-hier à la Chambre et qui se
résument à ceci à propos de la Banque de
France.
M. Herriot. - En décembre 1920, le mon-
tant maximum des avances & l'Etat est fixé
&. 27 milliards, et l'Etat t;'en'!,.rage à rembour-
ser chaque année 2 milliards à la Banque ;
c'est une politique de déifiation. En exécution
de cette politique, le montant maximum des
avances à l'Etat est aujourd'hui de 22 mil-
liards. Vous avez été éanias tout à l'heure du
ohiffre de trois milliards de dépassements
d'avances à. l'Etat ; mais constatons que
22 milliards plus trois font 2-5 milliards, et
que ce Chiffre est inférieur à celui de 1920,
qui était de 27 milliards.
Et longuement le président du conseil ex-
plique les charges actuelles de Trésorerie et
veut prouver qu'elles sont dues à la gestion
de ses prédécesseurs.
M. Poincaré à la tribune
M. Poincaré, mis en cause avant-hier et au
cours de la séance, répond à M. Herriot. Le
ton, par instants, est plus que vif, le discours
M. Poincaré
devient un dialogue et à un moment donné
des témoins, comme M. Milliôs-Lacroix, pren-
nent la parole pour préciser certains faits.
« M. le président du conseil, commence M.
Poincaré, a, dans des discours récents, à Fon-
tainebleau et à la Chambre, jugé sans 'bien-
veillance ses prédécesseurs ; il a trop ouiblié
que la France a souffert surtout de la carence
de l'Allemagne et que notre situation finan-
cière est due simplement à cela. »
Alors on a. voulu prendre des mesures fis-
cales pour remédier à cette carence de l'Al-
lemagne et trouver les ressources nécessaires :
d r a 0
La démission
—————
La présidence de la République nous com-
munique la note suivante :
A la suite du vote émis par le Sénat, le
président du Conseil, accompagné de ses col-
laborateurs, s'est rendu, à 22 heures, à l'Ely-
sée pour remettre, au président de la Ré-
publique, la démission collective du cabinet.
M. Gaston Doumergue a accepté cette dé-
mission et a prié le ministère d'assurer l'ex-
pédition des affaires courantes.
A la présidence du Conseil
A 20 heures 50, le président du Conseil, le
ministre de l'intérieur et M. Israël, secrétaire
général de la présidence, arrivent au Quai
d'Orsay.
M. Herriot qui paraît un peu fatigué par
le débat qu'il a dû soutenir au Sénat, gagne
ses appartements du premier étage. Aupara-
vant, ir a déclaré aux journalistes qui se trou-
vaient dans l'antichambre :
« C'est une bataille qui commence. Mais
ne craignez rien : Je suis toujours debout ! >
Pendant ce temps, les ministres et sous-
secrétaires d'Etat se rendent dans le cabinet
de M. Herriot, où va être signée la lettre de
démission qu'ils vont ensuite remettre au
président de la République.
M. Herriot et ses collaborateurs
arrivent à l'Elysée
A 22 heures 05, M. Herriot est arrivé à l'Ely-
sée en compagnie de M. Israël. Souriant, et
cordial comme à l'habitude, le président du
Conseil serre la main des journalistes qui
l'entourent. Tandis qu'il gravit les degrés
du palais de la Présidence, M. Israël déclare :
« Nous venons apporter la démission du ca-
binet à M. le président de la République. >
D'autres voitures pénètrent dans la cour
de l'Elysée. Ce sont tous les collaborateurs
da. M. Herriot qui viennent, selon Ig protocole
en pareille circonstance, assister leur chef
dans cette ultime démarche.
Le Cabinet remet sa démission
Les membres du gouvernement ont été
immédiatement introduits dans le cabinet du
président de la République.
M. Herriot, remit alors à M. Gaston Dou-
mergue sa démission et celle de ses collabo-
rateurs, en le remerciant de la grande bien-
veillance et de la cordialité dont il fit preuve
à leur égard, pendant toute la durée du mi-
nistère.
Le président de la République exprima à
M. Herriot ses vifs regrets de voir cesser
sa collaboration et le remercia chaleureuse-
ment de tous les efforts qu'il a faits pour ré-
gler au mieux une situation parfois difficile.
A 22 heures 20, les ministres quittent le
palais de l'Elysée. Seul, M. Herriot, demeure
dans le cabinet du président de la Républi-
que pour s'entretenir avec ce dernier de la
situation politique.
M. Herriot quitte l'Elysée
A 22 h. 40, M. Herriot s'éloigne à son tour.
Sollicité par les journalistes de faire une dé-
claration, il se récuse. Et, comme on lui de-
mande le sujet de son entretien avec le pré-
sident de la République, il répond, en sou-
riant :
« Oh ! vous savez, il n'y eut rien de dit
qui mérite d'être inscrit sur le marbre ! »
Le président du conseil serre les mains qui
se tendent et se dirige vers sa voiture. Il
s'installe à côté du chauffeur, laissant M. Is-
raël maître des coussins de l'intérieur. Et
comme ce dernier proteste, M. Herriot, qui
s'amuse énormément de l'amicale indignation
de son collaborateur, lui décoche cette bou-
tade :
« Mon vieux, ne te formalise pas, tu es ré-
vogjiê comme moi ! » et la voiture s'éloigne.
(La suit e en troisième vase.\
Le Sénat,
Confiant dans le gouvernement
pour assurer l'assainissement de la
situation financière et la continuation
d'une politique de paix, de progrès
démocratique et social,
Passe à l'ordre du jour.
Cet ordre du jour avait été présenté
par MM. Bienvenu-Martin, président
du groupe de la gauche démocrati-
que ; Mauger, Léon Perrier, Vieu,
Machet, Mazurier, Héry, Moutfeuit-
lard et Poitevin. Le président n'a pas
eu à le mettre aux voix.
le parti de M. Herriot et M. Herriot Ini-ndâme
les combattirent.
M. Herriot notamment insistait longuement
en février 1923 contre l'établissement d*Tin
décime alors proposé par M. de Lasteyrie.
M. le. pr£wident dup conseil. — J'indiquae
mes préférences en faveur d'autres système
qu-e le double décime.
M. R. PobÍ. - Qui. vous préconisiez la
répression des fraudes en matière de valeurs
mobilières et la péréquation de l'impôt sur
le revenu. Vous saluiez la mort du décime ;
or, il me semble que vous avez un peu pro-
longé la durée du cortège funèbre. (Rires.)
Un membre de la Chambre a dit à. M. Her-
riot : vous avez un système ? M. Herriot ré-
pond : Je viens de l'expliquer. Je ne l'aï pas
compris, réplique le membre de l'autre As-
semlblée. Ce memibre était M. Raynacompris depuis. (Rires.)
Donc, M. Herriot préconisait aiors le car-
net de coupons dont il attendait d'importan-
tes ressources. Il réclamait des mesures con.
tre les contrilbu-bailes défaillants, avant l'éta-
blissement de nouveaux impôts.
Devant ses objections, le décime proposé
par noue en 1923 ne fut pas voté, et la situa-
tion de la Trésorerie ne s'en trouva pas amé-
liorée. De même, l'année suivante, M. de Las..
teyrie se heurta pour le vote du double M.
cime à l'opposition d'alors. D'ailleurs, beau-
coup de personnes comptaient sur des plus-
values fiscales ; eiles croyaient également
que le crédit de la France suffirait pour le
paiement des réparations. Elles se trqwwiept-
malheureusement. Mais ce qu'il faut surtout
dire, c'est que nos difficultés sont dîtes "àr J'Ai..
emagne qui a ruiné nomlbre de ses conci-
toyens pour se soustraire aux répanrtions.
Il serait, d'autre part, injuste de mettre ea.
cause l'occupation de la Ruhr à propqp de
nos difficultés financières, car elle a, été pio..
ductive.
Quant aux mesures fiscales de à'an née der-
nière, si nous les avons prises tardivement
elles ont été combattues par ceux-Itl mêmes
qui, aujourd'hui, nous critiquent. -
C'est grâce au double décime, combattu par
M. Herriot, que le budget de 1925 pourra.
être équilibré. Quant aux versements de l'Al-
lemagne, il serait inexact de dire qu'ils ne re-
montent qu'à l'avènement du cabinet actuel.
La Ruhr a rapiporté 3 mrlliards et a permis
l'établissement du plan Dawee.
Le caibinet actuel n'est pas le premier fL
avoir travaillé pour la paix. Avant lui, le plan
Dawes avait été rendu possible et accepté.
Quant & l'accumulation, sur 1925, déchéan-
ces très lourdes, eYe n'est pas le fruit d'un
dessein préconçu contre le cabinet qui se
trouverait alors aux affaires. (Sourires.)
3La vérité est que tout a été fait pour la
maintien du crédit de l'Etat et que les émis-
sions de Bons qui viennent cette année a.
échéance ont été autorisées par le Parlement,
y compris les membres du gouvernement ac-
tuel. Il sont donc mal fondés à les critiquer.
M. de Monzie, ministre des financée.— Mais
nous avons le droit de penser aux échéances!
M. R. Poincaré. — II va de soi que je ne
songe pas à vous rendre responsable dee ac-
tes des calbinets précédents ! Vous êtes teoft
pressé, mon dlier ami ! (Sourires.)
M. le ministre. - Je le reconnais.
M. R. Poincaré. — M. Herriot a été d'ac-
cord avec M. de Lasteyrie sur les emprunta
à autoriser et, quand il a discuté à ce sujet.
c'est seulement sur le taux d'intérêt qu'ont
porté ses critiques.
M. le président du conseil. — En effet, j'ai
toujours été favorable û. la politique des em-
prunts à intérêt le plus bas possible. Je me
suis efforcé notamment d'Obtenir une réduc-
tions du taux de l'intérêt de l'emprunt en
rente perpétuelle 6 p. 100 que M. Ma>œ £ *l
s'apprêtait à êimettre en 1920.
M. Pt \caré réplique que M. Herriot ayant
voté les emprunts., il est donc forclos pour les-
critiquer.
Le maintien de la confiance
Et l'ancien président du conseil poursuit :
M. Poincaré.- Le renouvellement des bons
implique le maintien de la confiance. I;1 faut
qu'à l'étranger comme à l'intérieur on ait
confiance dons notre pays, qui a le respect
de ses engagements.
Il faudrait que l'image de la patrie appa-
rût â. nos yeux et réconciliât les cœurs et les
âmes. Tâchons de ne pas envenimer les con-
flits de partis par des luttes de personnes. Ce
n'est pas dans des pugilats que nous montre-
rions au monde ce que M. Herriot a appeléi
Je vrai visage de la France. M. Herriot a at-
tribué aux caibineta précédents la reaoonact-
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LA CHUTE DU MINISTÈRE HERRIOT
-1 r"
1 -: EDITORIAL
La chute
■ » X -
Et patatras !.
Voilà le ministère Her-
riot, derrière par-dessus
tête.
Ce n'est pas joli; mais
ça devait arriver.
Depuis deux jours - je vous l'ai an-
noncé - ces pauvres ministres étaient
entrés dans un clystère.
Même en temps de crise du logement,
t'est une demeure inconfortable. On doit
y être à l'étroit, et manquer d'air.
Mieux valait briser 'le récipient. Un
Tude coup droit de M. François-Marsal ;
une belle chiquenaude de M. Poincaré :
jet c'est fait.
M. Herriot, à vrai dire, a bien choisi
son point de chute. Renversé au Sénat,
après une intervention de M. Poincaré,
il va offrir de beaux thèmes à dévelop-
per à ses amis du Cartel.
« La Chambre du suffrage universel
tenue en échec par l'Assemblée du suf-
frage restreint ; la politique du « je fais
la paix » contrariée par les revenants de
la Ruhr ; l'impôt sur le capital rejeté
par la ploutocratie; fœuvre de la dé-
mocratie mise en péril par la réaction sé-
natoriale »' : quelle belle série d'articles
indignés, frémissants et pathétiques je
Vous ferais là-dessus si je « cartellisais ».
Pierre Bertrand, mon cher confrère,
ientends d'ici grincer votre plume, et
tetentir votre haro !
Pour émouvoir les foules, une bonne
adaptation du discours d'Antoine, après
la mort de Jules César, me semblerait
de circonstance :
Je voudrais adoucir l'amertume du
Cartel, en lui disant que, de toutes fa-
çons, le. ministère Herriot était condamné
par les destins.
Si la crise financière ne l'avait pas
abattu hier au Sénat, le problème de la
sécurité l'eût, avant peu, renversé à la
Chambre. Déjà la gauche radicale se
« décartellisait », et M Loucheur se cou-
pait en trois.
Mais le temps n'est plus aux gloses
d'utopie.
L'Allemagne n'a pas payé, l'Allemagne
arme, l'Allemagne veut déchirer le traité
de Versailles, et nos coffres sont vides.
La plaie d'argent — en France sur-
tout — n'est pas mortelle ; la plaie d'in-
sécurité pourrait l' être.
La colombe, attendue sur l'herbe de
Chequers, n'est pas venue; mais l'aigle
noir est prêt à reprendre son vol.
Il n'est que temps d'en revenir aux
sages méthodes d'une politique républi-
caine et nationale, qui s'inspire moins de
la candeur que de la raison.
Sans doute, la bonne volonté et la
bonne foi de M. Edouard Herriot furent-
elles incontestables.
Ce fut un très brave et très honnête
pompier qui rêva d'éteindre tous les in-
cendies dans le monde, et qui aurait fini
par mettre le feu partout.
Edmond du MESNIL
L'autre fléau
■ m IQ"
Le Comité national de défense contre la
Aibertulose, commence une nouvelle campagne
contre ce terrible fléau.
Le professeur Calmette adresse au per-
sonnel enseignant de France, un appel élo-
quent pour le conjurer de participer à cette
.action de salut public.
La tuberculose — on ne le sait pas assez
f7- cause le quart de nos décès.
Depuis une vingtaine d'années, on cherche
a s'organiser pour en combattre l'extension,
mais la négligence des pouvoirs publics,
l'absence des lois et d'institutions d'hygiène
capables de protéger efficacement la santé
du peuple, l'ignorance et le fatalisme des mas-
ses, ont fait que, jusqu'à présent, la lutte con-
tre la tuberculose n'a été entreprise que sur
des initiatives isolées, par quelques personna-
lités où par des groupements inspirés des sen-
timents les plus nobles, mais sans coordina-
tion et sans ressources suffisantes.
Il est indipensable de remédier à cette dis-
persion des efforts. Toute bataille nécessite
Une préparation, une mobilisation préliminaire.
« Il faut que chacun se pénètre de cette
hérité, écrit le professeur Calmette, que la
mort prématurée d'un Français entraîne pour
ia patrie la perte tf une partie de son capital
social.
« Nous ne pouvons pius laisser amoindrir
capital.
., '« Qui donc paiera les impôts demain, si
notre population contmue à décroître ? Qui
zelèvera les ruines de nos dix départements
tléva'stés, qui ressuscitera nos industries et
(notre commerce, qui exploitera nos mines, qui
labourera nos champs, si la ma in-d'œuvre nous
fait défaut ? ».
Nous sommes persuadés que cet appel d'un
grand savant sera entendu par les professeurs
iet les instituteurs - et mieux encore par la
,ranàe majorité des Français.
C'est dans tous les domaines qu'il faut tra-
vailler au relèvement de notre pays. Se battre
contre la tuberculose, c'est lutter pour la gran-
deur de la nation..
UNE CATASTROPHE
près de Barcelone
, Un train en feu. — Dix-sept morts
et une centaine de blessés
Barcelone, 10 avril. — Une catastrophe s'est
produite à 7 heures dans la banlieue de Bar-
celone, au quartier Sarria.
Une rupture des freins occasionna le dé-
raillement des trois wagons composant le
train. Ces trois voitures ont été la proie des
j'lemmes.
On compte jusqu'à présent 17 morts, dont
4 femmes et 3 enfants, et plus de cent hles-
és. dont une vingtaine grièvement.
t
Commentaire
« Ce que je signalais ces jours derniers et
que tout le Sénat savait, est aujourJTMti offi-
ciel et recbnnu.
« Pendant que le président du Conseil da-
mait à chaque occasion sa volonté de ne con-
sentir à aucune inflation, parce que l'infla-
tion entraînait la ruine et la vie plus chère,
son gouvernement pratiquait l'inflation.
« Et c'est de plus de deux milliards que la
possibilité légale d'émission de billets de ban-
que a été dépassée.
« Et nous n'avons connu cette chose for-
midable en République que parce que la Ban-
que de France s'est refusée à continuer cet
illégal procédé qui l'obligeait en outre à faus-
ser ses bilans de chaque semaine.
« Nous sommes loins des fameux décrets-
lois ! Et c'est bien pire. Faire illégalement ce
qu'on affirme combattre, c'est vraiment une
chose déconcertante. Or, non seulement le
gouvernement qui combattait l'inflation en a
fait sciemment. mais il l'avoue, puisque nous
en lisons dans l'exposé des motifs de son em-
prunt forcé, volontaire et obligatoire à. la
fois, ce qui n'est pas moins surprenant, l'aveu
complet et que M. Bérenger, sans être dé-
menti, a affirmé la même chose au Sénat. ?
Qui s'exprime ainsi ?
C'est M. Marcel Régnier, sénateur et pré-
sident du conseil général de F Allier.
Or, M. Marcel Régnier était jusqu'ici, dans
son département, et rien ne nous sadique qu'il
ne le soit plus, le chef reconnu du cartel.
Voilà qui souligne — n'est-il pas vrai ? -
la valeur de ses commentaires et qui justifie
quelque peu notre attitude fièrement indépen-
dante qu'on se plaît, si souvent, à juger héré-
tique.
M. Franklin-Bouillon
rend compte de sa mission
La commission des affaires étrangères de
la Chambre s'est réunie hier après-midi sous
la président de M. Franklin-Bouillon, qui ren-
trait d'Orient.
M. Franklin-Bouillon a fait à ses collègues
un exposé complet de ses constatations au
cours des nombreuses conversations qu'il a
eues avec toutes les personnalités dtrigeantes
de la Turquie nouvelle, tant dans les sphères
gouvernementales qu'au Parlement. Il a insis-
té particulièrement sur les tendances qui
s'affirment aujourd'hui en Orient, et sur les
possibilités que révèle une étude impartiale
de la situation en ce qui concerne l'affermis-
sement de la paix dans le monde.
M. Paul Bastide a été désigné rapporteur
de deux projets de loi portant approbation
des traités d'extradition avec la Lettonie et
la République de Cuba.
M. Maurice Sibille a été chargé de rédiger
un avis sur la convention de liUnigp. pos-
tale universelle, --.. - ,.-
é.
Interpellé par M. François-Marsal
et après une intervention de M. Poincaré
M. Herriot est mis en minorité
1 <>O*CX>
Par 156 voix contre 132, le Sénat vote la priorité d'un ordre du jour ,
de MM. Chéron, Pierre Berger et Humblot, refusant la confiance au cabinet
Le Sénat,
Convaincu que la solution du pro-
blème financier est étroitement lié à
la politique générale et résolu à n'ac-
corder sa confiance qu'à un gouver-
nement qui rétablira par l'union des
républicains la paix intérieure et la
concorde nationale,
Passe à l'ordre du jour.
M. Herriot avait repoussé la prio-
rité sur cet ordre du jour et posé la
question de confiance, la priorité fut
votée par 156 voix contre 132.
Le ministère est renversé. Ce n'est une sur-
prise pour personne.
Même à la Chambre, sa majorité, s'était ef-
fritée.
Au Sénat, ses adversaires Vont battu beau-
coup plus nettement qu'on ne pouvait s'y at-
tendre. Le Cabinet fut en minorité dé 24 voix.
M. Marsal avait interpellé non sans vi-
gueur mais avec toute la modération et le
mot qui convenaient à un.Su;et aussi firavè.
Après lui M. Poincaré avait éloquemment
défendu la gestion des cabinets précédents.
Les répliques du président du Conseil ne
rencontrèrent, à aucun moment, le moinare
enthousiasme.
Le vote fut décisif. Il n'y avait plus qu'à
démissionner.
Dans la soirée, M. Doumergue était saisi
de la -lettreotticielle consacrant l'ouverture
de la crise ministérielle.
Les consultations présidentielles commen-
ceront aujourd'hui.
i —
Hisi SésirLco
H est 2 h. 40 quand ^î. de Selves, président,
ouvre la séance.
Tous les sénateurs sont présents au banc du
gouvernement, il y a aâUueoiiee de ministres :
le président du conseil, M. Herriot, est entouré
de MM. de Monzie, René Renoult, FrançoÏl;
Atnt, Duonesnil et Bovier-Liapierre.
ÏJe président fait connaître qu'il a reçu de
M. François-Marsal une demande d'interpella-
tion sur les déclarations faites jeudi à la
Chambre des députés par le président du con-
seil.
'M. Herriot déclare qu'il accepte la1 diacms-
sion immédiate.
Discours de M. François Marsal
M. François-Marsal monte à ila tribune.
Dès le délbut de son discours, l'ancien prési-
dent du conseil se déclare heureux que cette
discussion vienne immédiatement. Il annonce
qu'il reetera sur le terrain financier. L'inter-
'pellaiteu.r appelle que le président du conseil
M. François-Marsal
a mie en cause les anciens gouvernements, M.
Herriot a fait état d'un document publié >e
matin par un journail, et M. François-Marsal
rappelle la partie du dtisctouire où M. Herriot
parle de ce document.
Ce document visait les obligations de Tréso-
rerie émises depuis plusieurs mois et « pré-
sentant un caractère. » Le président du con-
seil s'est demandé ce que pouvaient bien rem-
placer ces points. Eh bien, ces points rempla-
çaient je mot « exceptionnel ». C'était là une
petite précaution pour éviter les indiscrétions
ou bien, au cas où l'indiscrétion se produirait,
afin de connaître qui l'avait commise, car
l'QipissiQn dénoncée apar M. Herriot se présen-
tait dans tous les exemplaires du document,
mais portaient dans chaque exemplaire un
mot différent.
'L'ancien ministre des finances rappelle en-
suite comment les avances de la Banque de
France à l'Etat s'étaient élevées pendant la
guerre jusqu'au plafond de 27 milliards. Elles
se sont ensuite abaissées progressivement jus-
qu'à 22 milliards.
Ecouté par toute l'Assemblée avec une at-
tention profonde, M. François-Mareal fait
l'historique de la question de la Trésorerie
depuis l'armistice, des efforts réalisés pour
remédier à la situation. Au lieu de 'solliciter
de nouvelles avances de la Bait^ue de France,
les gouvernements s'adressent aux banques.
Le montant des avances diminue peu à peu
et, lorsqu'en l'îfâl, M. Doumer arrive au minis-
tère des finances, le plarfand' était descendu à
25 milliards.
Un an plus tard, quand il quittait le minis-
tère des finances, le montant des avances «ait
de 24 milliards 160 millions.
Sur une interruption d'un aén&teur de gau-
che, M. François-Marsal déclare : « Je n'ai
pas l'intention d'envenimer le débat. Je me
propose uniquement d'éclairer la situation. »
M. de Lasteyrie a été mis en cause, décla-
re M. François-Marsal. Il ne peut pas se dé-
fendre devant le Parlement, mais l'homme
qui a gagné la bataille du franc dans les con-
ditions que l'on eait n'a pas à. être défendu.
Cependant l'ancien président du conseil jus-
tifie les mesures éprises par M. de Lasteyrie et
montre les - heureux résultats obtenus.
M. - François-Marsal rappelle que c'est sur
sa demande que la limite de la circulation
fiduciaire avait été portée à 41 milliards. Or,
ajoute-t-il aux applaudissements répétés d'une
grande partie de l'Assemblée, jamais, vous
m'entendez bien, jamais ni en 1921, ni en 1922,
ni en 10923.
— Ni en 1924 ! déclare M. Poincaré.
M. François-Marsal. — J'y venais : ni dans
le premier semestre de 19*24, jamais la limite
de l'émission, fiduciaire n'a été atteinte.
L'ancien ministre des finances conclut i,
M. François-Marsal. — Pour caractériser
la situation actuelle je me reporterai à l'in-
ventaire de M. Ciémentel ; il dit : « Noua re-
poussons comme un crime contre la patrie
toute tentative d'inflation ; la prospérité na-
tionale en dépend, toute mesure d'inflation
compromettrait définitivement le relèvement
du pays ». J'ai exposé les faits et dit des chif-
fres, permettez-moi d'ajouter - que ni impôt
sur le capital, ni emprunt forcé ne rendront
au pays la confiance qu'il a perdu' en ceux
qui le gouvernent. C'est maintenant au Sénat
de se prononcer. (Vifs applaudissements au
centre et à droite. — L'orateur en regagnant
son banc reçoit dee félicitations.)
Réplique de M. Herriot,
Le président du conseil monte à la tribune,
la gauche, ou plutôt une .petite partie de la
gauche l'acclame — on sent que la. partie est
perdue.
M. Herriot représente ks explications qu'il
a fournies avant-hier à la Chambre et qui se
résument à ceci à propos de la Banque de
France.
M. Herriot. - En décembre 1920, le mon-
tant maximum des avances & l'Etat est fixé
&. 27 milliards, et l'Etat t;'en'!,.rage à rembour-
ser chaque année 2 milliards à la Banque ;
c'est une politique de déifiation. En exécution
de cette politique, le montant maximum des
avances à l'Etat est aujourd'hui de 22 mil-
liards. Vous avez été éanias tout à l'heure du
ohiffre de trois milliards de dépassements
d'avances à. l'Etat ; mais constatons que
22 milliards plus trois font 2-5 milliards, et
que ce Chiffre est inférieur à celui de 1920,
qui était de 27 milliards.
Et longuement le président du conseil ex-
plique les charges actuelles de Trésorerie et
veut prouver qu'elles sont dues à la gestion
de ses prédécesseurs.
M. Poincaré à la tribune
M. Poincaré, mis en cause avant-hier et au
cours de la séance, répond à M. Herriot. Le
ton, par instants, est plus que vif, le discours
M. Poincaré
devient un dialogue et à un moment donné
des témoins, comme M. Milliôs-Lacroix, pren-
nent la parole pour préciser certains faits.
« M. le président du conseil, commence M.
Poincaré, a, dans des discours récents, à Fon-
tainebleau et à la Chambre, jugé sans 'bien-
veillance ses prédécesseurs ; il a trop ouiblié
que la France a souffert surtout de la carence
de l'Allemagne et que notre situation finan-
cière est due simplement à cela. »
Alors on a. voulu prendre des mesures fis-
cales pour remédier à cette carence de l'Al-
lemagne et trouver les ressources nécessaires :
d r a 0
La démission
—————
La présidence de la République nous com-
munique la note suivante :
A la suite du vote émis par le Sénat, le
président du Conseil, accompagné de ses col-
laborateurs, s'est rendu, à 22 heures, à l'Ely-
sée pour remettre, au président de la Ré-
publique, la démission collective du cabinet.
M. Gaston Doumergue a accepté cette dé-
mission et a prié le ministère d'assurer l'ex-
pédition des affaires courantes.
A la présidence du Conseil
A 20 heures 50, le président du Conseil, le
ministre de l'intérieur et M. Israël, secrétaire
général de la présidence, arrivent au Quai
d'Orsay.
M. Herriot qui paraît un peu fatigué par
le débat qu'il a dû soutenir au Sénat, gagne
ses appartements du premier étage. Aupara-
vant, ir a déclaré aux journalistes qui se trou-
vaient dans l'antichambre :
« C'est une bataille qui commence. Mais
ne craignez rien : Je suis toujours debout ! >
Pendant ce temps, les ministres et sous-
secrétaires d'Etat se rendent dans le cabinet
de M. Herriot, où va être signée la lettre de
démission qu'ils vont ensuite remettre au
président de la République.
M. Herriot et ses collaborateurs
arrivent à l'Elysée
A 22 heures 05, M. Herriot est arrivé à l'Ely-
sée en compagnie de M. Israël. Souriant, et
cordial comme à l'habitude, le président du
Conseil serre la main des journalistes qui
l'entourent. Tandis qu'il gravit les degrés
du palais de la Présidence, M. Israël déclare :
« Nous venons apporter la démission du ca-
binet à M. le président de la République. >
D'autres voitures pénètrent dans la cour
de l'Elysée. Ce sont tous les collaborateurs
da. M. Herriot qui viennent, selon Ig protocole
en pareille circonstance, assister leur chef
dans cette ultime démarche.
Le Cabinet remet sa démission
Les membres du gouvernement ont été
immédiatement introduits dans le cabinet du
président de la République.
M. Herriot, remit alors à M. Gaston Dou-
mergue sa démission et celle de ses collabo-
rateurs, en le remerciant de la grande bien-
veillance et de la cordialité dont il fit preuve
à leur égard, pendant toute la durée du mi-
nistère.
Le président de la République exprima à
M. Herriot ses vifs regrets de voir cesser
sa collaboration et le remercia chaleureuse-
ment de tous les efforts qu'il a faits pour ré-
gler au mieux une situation parfois difficile.
A 22 heures 20, les ministres quittent le
palais de l'Elysée. Seul, M. Herriot, demeure
dans le cabinet du président de la Républi-
que pour s'entretenir avec ce dernier de la
situation politique.
M. Herriot quitte l'Elysée
A 22 h. 40, M. Herriot s'éloigne à son tour.
Sollicité par les journalistes de faire une dé-
claration, il se récuse. Et, comme on lui de-
mande le sujet de son entretien avec le pré-
sident de la République, il répond, en sou-
riant :
« Oh ! vous savez, il n'y eut rien de dit
qui mérite d'être inscrit sur le marbre ! »
Le président du conseil serre les mains qui
se tendent et se dirige vers sa voiture. Il
s'installe à côté du chauffeur, laissant M. Is-
raël maître des coussins de l'intérieur. Et
comme ce dernier proteste, M. Herriot, qui
s'amuse énormément de l'amicale indignation
de son collaborateur, lui décoche cette bou-
tade :
« Mon vieux, ne te formalise pas, tu es ré-
vogjiê comme moi ! » et la voiture s'éloigne.
(La suit e en troisième vase.\
Le Sénat,
Confiant dans le gouvernement
pour assurer l'assainissement de la
situation financière et la continuation
d'une politique de paix, de progrès
démocratique et social,
Passe à l'ordre du jour.
Cet ordre du jour avait été présenté
par MM. Bienvenu-Martin, président
du groupe de la gauche démocrati-
que ; Mauger, Léon Perrier, Vieu,
Machet, Mazurier, Héry, Moutfeuit-
lard et Poitevin. Le président n'a pas
eu à le mettre aux voix.
le parti de M. Herriot et M. Herriot Ini-ndâme
les combattirent.
M. Herriot notamment insistait longuement
en février 1923 contre l'établissement d*Tin
décime alors proposé par M. de Lasteyrie.
M. le. pr£wident dup conseil. — J'indiquae
mes préférences en faveur d'autres système
qu-e le double décime.
M. R. PobÍ. - Qui. vous préconisiez la
répression des fraudes en matière de valeurs
mobilières et la péréquation de l'impôt sur
le revenu. Vous saluiez la mort du décime ;
or, il me semble que vous avez un peu pro-
longé la durée du cortège funèbre. (Rires.)
Un membre de la Chambre a dit à. M. Her-
riot : vous avez un système ? M. Herriot ré-
pond : Je viens de l'expliquer. Je ne l'aï pas
compris, réplique le membre de l'autre As-
semlblée. Ce memibre était M. Rayna
Donc, M. Herriot préconisait aiors le car-
net de coupons dont il attendait d'importan-
tes ressources. Il réclamait des mesures con.
tre les contrilbu-bailes défaillants, avant l'éta-
blissement de nouveaux impôts.
Devant ses objections, le décime proposé
par noue en 1923 ne fut pas voté, et la situa-
tion de la Trésorerie ne s'en trouva pas amé-
liorée. De même, l'année suivante, M. de Las..
teyrie se heurta pour le vote du double M.
cime à l'opposition d'alors. D'ailleurs, beau-
coup de personnes comptaient sur des plus-
values fiscales ; eiles croyaient également
que le crédit de la France suffirait pour le
paiement des réparations. Elles se trqwwiept-
malheureusement. Mais ce qu'il faut surtout
dire, c'est que nos difficultés sont dîtes "àr J'Ai..
emagne qui a ruiné nomlbre de ses conci-
toyens pour se soustraire aux répanrtions.
Il serait, d'autre part, injuste de mettre ea.
cause l'occupation de la Ruhr à propqp de
nos difficultés financières, car elle a, été pio..
ductive.
Quant aux mesures fiscales de à'an née der-
nière, si nous les avons prises tardivement
elles ont été combattues par ceux-Itl mêmes
qui, aujourd'hui, nous critiquent. -
C'est grâce au double décime, combattu par
M. Herriot, que le budget de 1925 pourra.
être équilibré. Quant aux versements de l'Al-
lemagne, il serait inexact de dire qu'ils ne re-
montent qu'à l'avènement du cabinet actuel.
La Ruhr a rapiporté 3 mrlliards et a permis
l'établissement du plan Dawee.
Le caibinet actuel n'est pas le premier fL
avoir travaillé pour la paix. Avant lui, le plan
Dawes avait été rendu possible et accepté.
Quant & l'accumulation, sur 1925, déchéan-
ces très lourdes, eYe n'est pas le fruit d'un
dessein préconçu contre le cabinet qui se
trouverait alors aux affaires. (Sourires.)
3La vérité est que tout a été fait pour la
maintien du crédit de l'Etat et que les émis-
sions de Bons qui viennent cette année a.
échéance ont été autorisées par le Parlement,
y compris les membres du gouvernement ac-
tuel. Il sont donc mal fondés à les critiquer.
M. de Monzie, ministre des financée.— Mais
nous avons le droit de penser aux échéances!
M. R. Poincaré. — II va de soi que je ne
songe pas à vous rendre responsable dee ac-
tes des calbinets précédents ! Vous êtes teoft
pressé, mon dlier ami ! (Sourires.)
M. le ministre. - Je le reconnais.
M. R. Poincaré. — M. Herriot a été d'ac-
cord avec M. de Lasteyrie sur les emprunta
à autoriser et, quand il a discuté à ce sujet.
c'est seulement sur le taux d'intérêt qu'ont
porté ses critiques.
M. le président du conseil. — En effet, j'ai
toujours été favorable û. la politique des em-
prunts à intérêt le plus bas possible. Je me
suis efforcé notamment d'Obtenir une réduc-
tions du taux de l'intérêt de l'emprunt en
rente perpétuelle 6 p. 100 que M. Ma>œ £ *l
s'apprêtait à êimettre en 1920.
M. Pt \caré réplique que M. Herriot ayant
voté les emprunts., il est donc forclos pour les-
critiquer.
Le maintien de la confiance
Et l'ancien président du conseil poursuit :
M. Poincaré.- Le renouvellement des bons
implique le maintien de la confiance. I;1 faut
qu'à l'étranger comme à l'intérieur on ait
confiance dons notre pays, qui a le respect
de ses engagements.
Il faudrait que l'image de la patrie appa-
rût â. nos yeux et réconciliât les cœurs et les
âmes. Tâchons de ne pas envenimer les con-
flits de partis par des luttes de personnes. Ce
n'est pas dans des pugilats que nous montre-
rions au monde ce que M. Herriot a appeléi
Je vrai visage de la France. M. Herriot a at-
tribué aux caibineta précédents la reaoonact-
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