Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-02-17
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344298410
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 février 1913 17 février 1913
Description : 1913/02/17 (N13150,A35). 1913/02/17 (N13150,A35).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7539670z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/10/2012
GlLBLÀS^4^y
LUNDI 17 FEVRIER 1913
p
général cte l'Oise, avec Mlle Madeleine Bour-
geois.
, — Une dépêche de Venise annonce les
fiançailles de Mlle Marasina Morosini avec
le comte Louis di Robilant, fils de l'ancien
Ambassadeur, décédé, et de la comtesse Car-
lo di Robilant Cereaglio, née Clary et AI-
ï' - L'abbé Peillaube, directeur du séminai-
re Saint-Thomas d'Aquin, a béni ces jours
'derniers le mariage de M. Raymond Le Roy-
Liberge a
Les témoins du marié étaient : M. Emile
jSénart, membre de l'Institut, et M. Charles
d'Aubigny ; ceux de la mariée étaient : M.
Paul Leroy-Bciaulieu, membre de l'Institut.
et M. Emile Dehollain.
La quête a été faite par Mlles Suzanne Col-
mignon, Elisabeth de Villepin, Yvonne Bres-
son et Odette Amyot d Inville, accompa-
gnées de MM. Jacques de Villepin, Marcel
Collignon* Henry d'Aubigny et Pierre Colli-
gnon.,
— On annonce les fiançailles du comte
'André Abrial, lieutenant au 19e dragons, fils
du comte et de la comtesse, née de Monta-
tet avec Mlle d'Anglade, fille de M. René'
«TAnglade et de Mme Fouques-Duparc.
Nécrologie
— Le général Bréart, ancien commandant,
de corps d'armée, grand'croix de la Légiom
d'honneur, vient de mourir à La Rochevineu-
se. près de Mâcon. à 1 âge de S5 ans.
Sorti de Saint-Cyr en 1845, il appartenait,
à l'arme de l'infanterie et fit les campagnes;
du second Empire. Général de division en,
1881, il fut désigné pour aller commander
les forces destinées à occuper la Tunisie. Le
général Bréart imposa à Mohammed Es Sa-
dok le traité de Kassar-Saïd qui, avec la,
convention de la Marsa, assura le libre exer-
cice de notre protectorat. Après l'expédition
'de Tunisie, le général Bréart alla comman-
der la 26e division d'infanterie à Lyon; puis,
comme commandant de corps d'armée. le 13e
corps à Clermont-Ferrand, le 17e à Toulon-
51 , enfin- le 19e corps à Alger.
Gabriel de Tanville.
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Les Lettres
Politique et littérature
Dans la brochure qu'il vient de faire
paraître, intitulée Raymond Poincaré,
M. René Lauret montre surabondam-
ment que la politique et la syntaxe
pourraient fort bien se fréquenter et
:qu'on peut parler de représentation
proportionnelle sans outrager la gram-
maire. La politique se pare alors d'un
charme tout nouveau, d'une manière de
sourire. A dire le vrai, M. René Lauret
voit son mérite un peu amoindri parce
qu'il n'est pas le seul à parler politique
en français : M. Raymond Poincaré, su-
jet de l'étude dont il s'agit ici, a donné
et donne encore le bon exemple à ce
sujet.
Il n'empêche que la petite brochure
de René Lauret (Albin Michel, édit.)
.est très intéressante et contient outre
une biographie de (M. Raymond Poinca-
ré, une. série de petites études précises
et claires sur l'homme et le politique
Iqui ne peuvent qu'être justes puisqu'el-
les requièrent la sympathie et l'admi-
jation pour le nouveau Président.
H. P. M.
De)
Les beaux droits d'auteur
Voici une amusante lettre qu'écrivit
Flaubert quelque temps avant que Sa-
laniiiibô pai-ût en librairie. Elle est fort-peu
connue et mérite que peut être le style familier d'un très
pur et très grand écrivain ; elle montre
aussi que les petits tours de passe-passe
et les grands -coups de grosse caisse qui
constituent un des charmes les plus atti-
rants du métier d'éditeur, ne sont point
d'invention récente :
Vichy, samedi.
J'attendais toujours pour vous écrire, mon
cher vieux, que j'eusse quelque chose de neuf
à vous narrer.
Or, ce mutin, en même temps que votre let-
tre, j'en reçois 'une autre de Boulhiet, où il me
dit que..Lévy accepte toutes mes conditions.
C'est-à-dire que j'ai ;
1* Une édition in-8° ;
2° Pas d'illustration ;
Et 3°, la somme de dix mille francs sans
que le ms ait été lu.
Maintenant, je vous prie de garder pour vous
l'énoncé de ce chiffre, parce que ledit Lévy se
propose de faire, avec Salammbû, un boucan-
infernal et de répandre dans les feuilles qu'il
me l'a acheté trente mille francs, ce qui lui
donne les gants d'un homme généreux. Voilà
'donc, raotas ; dites seulement que j'ai vendu il
des conditions très avantageuses.
Dans quelques jours, on m'enverra la copte
du traité, et je n'aurai plus qu'à le signer à
Paris.
J'y arriverai probablement d'aujourd'hui en
{Iuinz-e: Il me faudra encore une huitaine pour
relire une dernière fois le ms. Dès le 15 ou le
18, je commencerai à imprimer afin de paraître
vers le 20 octobre.
On peut supposer que le procédé n'est
;pas perdu et il ne faut pas trop s'émouvoir
;à l'énoncé des chiffres fastueux par quoi:
,,se signalent les droits d'auteurs de nos ro-
(maneiers : une petite division par trois
donne à peu près le chiffre authentique.
x;
Bienvenue
Un sonnet de M. Riotor doit être dit de-
:main à l'Hôtel de Vii'Jie, par Mme Caristie
Martel. de la Comédie-Française, pour' sou-
haiter la bienvenue à M. Raymond Poin-
caré. Voici ce sonnet, auquel nous faisions
aiî/lusion hier :
PARIS A LA LORRAINE
La petite patrie et la grande marraine,
.0 Président élu, te fêtent par ma voix.
Ouvrons le livre d'or. Songe à ce que tu vois :
Tu conquiers a jamais la cité souveraine !
C'est Paris triomphal 'aux glorieux envois.
'Dont la barque ancestrale entr'ouvre sa carène.
:I1 célèbre aujourd'hui cette fierté sereine
:D'un ami que la France élève à son pavois.
Paris de nos aïeux ! Paris grand ! Paris libre !
Entends à ton appel la Lorraine qui vibre :
Son chardon merveilleux pique, mais il fleurit,
:Et sa semence ardente, écJose pour la France,
Apporte au peuple entier qui t'aime et te sourit
'Le courage meilleur, la flamme et l'espérance 1
Léon RIOTOR.
——— -'
INFORMATIONS
PROGRAMME DES CONFERENCES
Aujourd'hui ;
A 2 heures, à l'Université des Annales,
La Mer, par Jean Richepin.
*
***
A 2 h. 3/4, Conférences Chateaubriand,
Deux - aspects de Constcmtinople, par M.
Charles Diehl, de l'Institut., •
* *
A 5 heures, à l'Université des Annales,
Nostradamus, par M. Emile Berr,,
* *
A 5 h. 1/2, à l'Ecole des Hautes Etudes
sociales, L'Hellénisme en Asic-Mineure et
en Perse, par M. V. Chapot.
Les Uns*
Les Arts
I II J
INFORMATIONS II
Aujourd'hui a
Grand Palais. — 21e Exposition des pein-
tres Orientalistes français. — L'Ecode fran-
çaise. — Salon d'hiver. — Femmes peintres
et sculpteurs.
Pavillon de Marsan. — Exposition des
œuvres de Forain, estampes japonaises de
Hokusaï. -
Galerie Jules Gautier, 19L rue de Sèvres.
— Exposition Cari Borg.
Galerie Bernheim jeune. — Exposition
H. Perses.
Galerie Bemheim jeune, 36, avenue de
l'Opéra. — Exposition Eugène Boudin.
Galerie Max Rodrigues, 172, faubourg St-
Honoré. — Exposition G. Maillai, J. tt A.
Rouquet.
Galerie Druet. — Exposition du Deuxième
Groupe.
Galerie La Boétie. — Les Peintres anima-
Mers.
Galerie A.-A. Hébrard. — Exposition de
^'animalier R. Bwgatti.
Galerie Georges Petit. - 12e exposition de
la Société Nouvelle, Peintures et aquarelles
de Luigini, Paysages d'Italie par Pierre La-
broudhe, Aquarelles de Mme Tr uchar&
Cercle Volney. rue Volney, 7. - Saion
annuel
Galerie Allard. — Œuvres de Paul Cha.
bas, Ch. Cottet, Dagnan-Bouveret, René
Ménard.
Galerie Devambez. - Exposition Maurice
Ohahas.
Salon d'Art du « Printemps ». (Nouveaux
Magasins, étage des salons de thé.) — Jus-
qu'au 15 février, exposition de Peinture et
Broderies décoratives.
Galerie Durand-Ruel. - « La Société mo-
derne ».
Galerie Blot. - Exposition Simon-Bussy.
Galerie Marcel Bernheim. - Exposition1
du Syndicat des Femmes-Peintres.
Galerie Mayoux. — Exposition des ceu-
vres de MM. Deslignières, H. Rioux, Viaui
Daniel et L.-J. Wasiley.
Galerie Pelletan, 125, boulevard Sairt-
Germain. — Exposition Paul-Emile Cohn.
-'lr.i"" ———
La Curiosité
of
Aujourd'hui à l'Hôtel Drouot :
Saïae 6. - M®8 Marlio et Henri Baudoin,
commissaires-priseurs ; MM. Manpheim,
Guillemin et Falkenberg, experts. iObjets;
d'art et d'ameublement, jades, porcelaines,
sculptures, pendules, bronzes, meubles, tao:
pissèries, bijoux, de la succession de Mlle
X.
Salle 9. — Me Lebailly, commissaire-pri-
seur ; M. de Saint-Pricst, expert. Beau mo-
bilier moderne, :'
)c; :
Estampes modernes
On a toujours grand plaisir à constater
la réussite des ventes d'estampes moder-
nes. C'est la preuve certaine que ie nom-
bre des amateurs qui les recherchent sont
de jour en jour plus nombreux et les pièces
plus rares.
Samedi M" André Desvouges, assisté du
graveur-expert Loys Delteil, avait à dis-
perser deux cent cinquante lots fort inté-
ressants. Les' plus gros prix vont naturel-
lement au,x Meryon, qui se cotent 4.500
francs : Saint Etienne du Mont, avant la
lettre et avant que les bras de l'ouvrier
aient été <1 demi effacés ; 1.980 francs, le
Pont au Change, 5e état avant la lettre,
avec le ballon « Sperenza », etc. N'empê-
che que les Glaneuses de Millet,"au premier
état sur Chine, sont adjugées pour 2.500 fr.
et que Manet obtient 1.390 et l.iôO francs
pour deux épreuves de YEnfant portant un
plateau. Que dire des 660 francs offerts pour,
un Forain, des 395 francs pour une épreuve
.de Corot, des 115 francs pour une épreuve
de Mary Cassatt et des épreuves de Barye,
acquises aux prix de 370, 350, 200 et 705
francs !! Peut-être n'avons-nous pas encore
'atteint au maximum.
Me Jules Huguet vendait, parmi un mo-
bilier, une toile de Lépine : Vue des Tuile-
ries, pour 1.075 francs, et Me, André Coutu-
rier obtenait 3.120 francs pour deux toiles
intéressantes, représentant des scènes mi-
litaires, et qu'il attribuait à Van der Meu-
lep.
A NcuiUy-sur-Scinc, M* Bernheim, gref-
fier de Neuilly, terminait hier la première
,Partie de la vente de l'Hôtel de l'Athénée
(de Paris), sur un total approchant 200.000
francs.
La vacation comprenait encore du linge,
de la literie et des meubles courant.
Ce n'étaient pas seulement les marchands
qui, d'ordinaire, suivent ces ventes, qui
étaient réunis dans la salle de la rue Mont-,
rosier, mais bien le public de riches ama-
teurs. Même un consul général à Paris
d'une puissance étrangère serait fort sur-
pris et ennuyé de se savoir découvert en
train d'acheter, pour près de 1.000 francs;
une centaine de paires de draps. A quéi-
usage les réserve-t-il ?
Une dame eut un certain succès -en dé-
v clarant, après avoir acheté un lot cRT dra-
peaux pour 22 francs, que son intention
était de les "arborer mardi sur son; hôtel,
en l'honneur du président Poincaré. ;
,"# L.-Maurlce Lang.
Le Théâtre
Les Concerts
CONCERTS DU CONSERVATOIRE
CONCERTS-COLONNE
CONCERTS-LAMOUREUX
En veine d'originalité, d'audace, les
Concerts-Colonne donnaient un festival
Richard) Wagner. Siegfried-Idyll et la
fin du Crépuscule des Dieux, ajoutes
aux fragment s'de Parsifal, déjà exécu-
tés dimanche dernier, onit brillamment
suffi à nous persuader que le zèle pour
la nouveauté musicale et l'intérêt des
1nusiciens vivants est, décidément, ce
qui entête le moins le prestigieux Ga-
briel Pierre et son orchestre. A son ai-
se : la gratitude des compositeurs eût
pu parfaire, pour sa meilleure gloire,
l'admiration que lui manifeste de pu-
blic ; entretenant celle-ci, il n'a cure de
celle-là : c'est son droit. Mais est-ce
bien son devoir ? Avec la même certi-
tude dans la compréhension et le ta-
lent, Mme Marie Wittich, extraordinai-
rement endurante, MM. Schmedes et
de Bongardt ont brillé dans le service
de Richard Wagner. Le climat de Pa-
ris n'a point échauffé, accru, ni embel-
li, les voix de MM. Schmedes et de
Bongardt ; il n'a point corrigé l'acidité
propre aux puissants moyens vocaux
de Mme Wittich. Le public, qui a d'a-
bord, et surtout, des habitudes, ac-
clama.
Au Conservatoire, M. André Messa-
ger faisait entendre intégralement le
Faust de Schumann, avec Je concours
d'exemplaires solistes .du. chant : Mlle
Yvonne Gall, MM. Deilmas, Maguenat,
Jou;rnets Cerdan, etc. Je nie vais pas
vous révéler, n'est-ce pas ? l'émotion
simple, profonde, tour à tour passion-
née et mystique, de ce .chef-d'œuvre, où
l'homme est tout sincèrement avoué,
,où, semble-t-il, un peu diu ciel s'est fait
musique : de ce chef-d'œuvire de Schu-
mann, qui est le commentaire le plus
'digne du chef-d'œuvre de Goethe. M.
André Messager, qui ne défaut qu'aux,
chefs-d'œuvre intenses, a intimement
senti, compris, et merveilleusement in-
terprété ce Faust incomparable.
#**
Selon il'us âge. c'en est un désor-
mais. les Goncerts-Lamoureiux s'é-
taient chargés de la « nouveauté ».
Celles-ci: une Fantaisie pour orchestre
de M. Josep'h Jongen, — est de la veine
'la plus saine, la plus naturelle, de la'
:qualité musicale la plus claire et la.
plus robuste. Composée sur deux Noëls;
Wallons, elle en a la ferveur simple et
tendrement donnée ; elle en a, aussi,:
; l'emportement, lia liesse populaire.
L'orchestre de M. Joseph Jongen — s'il
est nourri de toutes les inventions qui;
avouent. avec une audace si neuve, ila
! sen sibilité musicale contemporaine —•
est ordonnée par-une force aisée, une
logique, qui lui épargnent toute singu-
larité irnÜilp. Par l'inspiration comme
¡pa;r la réalisation, c'est là une oeuvre
de maître. Je suis très heureux de l'ac-
cueil enthousiaste fait à M. Joseph Jon-
gen, dont la situation, dans l'Ecole bel-
ge, est, très justement, considérable, et'
qui mérite bien un renom internatio-
nal.
M. Camiille Cheviliard a parfaitement
dirigé rexécutioin de cette Fantaisie. In-
comparable dams le service de Sc.hu-
mann comme dans celui de Beethoven,
il a « idéalement » interprété la Sym-
phonie en mi bémol du maître doulou-
:oouoc de Zwickau : cette mélancolique,
.amiple et un peu désordonnée Rhénane
qui est, justement, la plus célèbre de
ses symphonies. Le concert, terminé
par les élégiaques, et si fervemment
poétiques Préludes de Listz, compre-
nait encore Dolly, dans r instrumenta-
tion que M. Henri Rabaud a faite de la
suite pour piano de Gabriel Fauré, et le
Concerto en mi mineur pour piano de
Gihopin. i>t6 -if -.
Soulagée des imaginations où, sous
le prétexte d'un nouveau ballet, se plut,
récemment, au Théâtre des Arts, M.
Louis Laloy, Dolly nous fut, hier,
agréable avec plus de grâce. Je vous ai
déjà dit mon sentiment saur l'instrumen-
tation, peu opportune, de M. Henrj
Rabaud ; elle donne une intensité et,
rpar cela même, çà et là, une lourdeur'
déconcertantes à six œuvrettes exqui-
ses qui ne conviennent vraiment qu'au
ipiano, pour lequel elles lurent cm-iipo-
sées. Je me bornerai, par décence, è
me souvenir du génie volointairement,
délicieusement puéril,, que Gabriel
:Fa'Uiré s'est amusé à y multiplier, avec
un charme qui est isans égal dans la
musique contemporaine. -,
Nous n'avions peut-être pas rêvé d'em-
tefndre, cette année, les deux Concertos
pour piano et orchestre de Chopin. Voi-
là un mois, M. Paderewski interprétait
au Conservatoire, Ille Concerto en fa mi-
neur : avec quelle perfection enthour
siaste, quel « patriotisme » fervents
ébloui, je vous l'ai dit alors,, longue-
ment ! Je me suis efforce, ce disant,
d'expliquer pourquoi le libre et délicat
génie de Chopin s'incorpore mâl à ia
forme classique du Concerto ; et pour-
quoi il convient d'aller écouter ailleurs
que dans les Concertos en fa mineuir et
en mi mineur — si grêles et, parfois,
si hésitants — les tendres, nostalgiques
et prodigieux secrets de la langue har-
monique. Je préfère au Concerto en mi
mineur le Concerto eni fa mineur, que
je n'aime pas beaucoup'. J'aurai l'irré-
vérence de dire que, dans l'allegro
maesloso qui compose de premier mou-
vement, Chopin mie semble avoir abu-
sé quant à la longueur et à l'irrésolu-
tion. Mais le deuxième mouvement : la
Romance, est charmant ; et l'on peut se
plaire à la virtuosité où le Rondo final
oblige le pianiste interprète. Celui-ci.
c'était, hier, M. Emil SWUieJI", qui fait
belle figure parmi îles plus, grands artis-
tes du monde. Ce serait pratiquer abu-
sivement l'axiome que de vanter encore
la miraculeuse précision de son jeu, sa
sensibilité et — je puis dire — son gé-
nie du rythme : tout le prestige, tout le
prodige d'une virtuosité insurpassable-
ment consciente d'elle-même. Mais on
doit encore l'hommage d'une très res-
pectueuse et rare émotion à un art si
probe, si simplement épanoui dans la
conscience humaine. M. Emil Sauer est
,uln noble exemple. Acclamé, il a joué
'ensuite le Réve 'd amour de Listz, dont,
je crois, il fut l'élève. Et cette émou-
vante composition., toute tissue, toute
rythmique. d'un grand cœur, a été int-
terprétée par M. Emil Sauer avec une
piété simplement confidente qui est
mieux que de l'art : de la vie.
Georges Pioctk
, —— ——
CONCERTS SECHIARI
-, Ainsi qu'il fit déjà l'an dernier, M.
Séchiari cédait hier sa baguette à M.
Vincent d'Indy pour diriger un Festival
de musique française. Mais cette année,
sacrifiant à la mode du bibelot ancien
et des résurrections de musiques désuè-
tes, M. Séchiari a voulu que son festival
s'étendit à la musique ancienne.
La musique pour les festins du Roy
{Ail' tendre, Air vif, Chaconne gracieu-
se) de Michel de 'Lalande ne se départit'
pas de la noblesse d'accent exigée à la
cour du Roi-Solefi.D'ailleurs de Lalande,
compositeur austère, eut le mérite d'a-
dapter au goût Ifrançais, les formes de'
musique d'église jusque-là tributaires
de l'Italie. Sa place était bien en tête de
ce programme.
L'Ouverture de Castor et Pollux, de
Rameau est en vérité un peu ennuyeu-
se. Mais un air du Jugement de Midas,
de Grétry, un air de Richard-Cœur-de-
Lion du même, et l'ineffable Plaisir d'a-
mour, de Martini empruntent quelque
intérêt à l'interprétation de la cantatri-
ce éminente qu'est Mme Croiza.
La musique moderne était représen-
tée par des œuvres connues et classées
de compositeurs, en faveur desquels la
:propagande artistique et populaire de
M. Séchiari est très louable.
La belle Symphonie en si bémol,
d'Ernest Chausson, souvent imprégnée
de sentiment 'franckiste, reçut un cha-
leureux accueil.
La claire ordonnance de Sauge fleu-
rie, la légende symphonique de M. Vin-
cent d'Indy séduisit tout à fait l'auditoi-
re qui fêta à nouveau Mme Croiza dans
un Air d'Eros vainqueur, de P. de Bré-
ville, d'une délicieuse langueur.
Enfin, le charme discret des Noctur-
nes debussvstes (Nuages et Fêtes) pré-
céda l'éclatant Apprenti sorcier, de Paul
Dukas, dernière gloire de la musique
française moderne. , R. S.
~-—--—'——"-' _- -.'—~
.!j ~i .<~ ~'< ,
flk LAfHAL-DIUOST^ j ,'- j
i - I-
i ,.¡c,
[ a TxLlJlHoff*. ■ .67 *W
Concerts et Récitals
j.lj è
nktndi 10 lévrier. — Le quatuor CaiW
(iMM. Capet, Hewitt, H. et M. Casade-?
sus) poursuit Salle Pleyel sa révisions
annuelle des seize Quatuors à cordes, de
Beethoven, dont il exprime avec le ,pluS'¡
sur talent sa parfaite compréhension)
La réputation que le quatuor .CapeOI
s est. acquise à ce noble service, aussii
bien en France qu'à l'étranger, vaudra
et vaut déjà celle du quatuor Joachim..:
Il est salutaire que de pareils artistes
assument la tâche de perpétuer parmi !
les générations nouvelles la tradition
intacte des grands classiques et c'esb
fort heureux pour les grands classi-
ques. Au hasard des auditions, il arrive
d'entendre de la part d'artistes sérieuX)
ou soi-disant tels, des interprétations
bien surprenantes.
— Je ne dis pas cela particulièrement
pour Mme Suzanne Godenne qui don-
nait un récital iSalleC Erard. Pourtant,
cette charmante pianiste, au mécanisme
presque irréprochable, témoigna d'uiï
style trop peu dissemblable dans la tra-
duction d une Sonate de Beethoven eli
d'une Polonaise de Chopin. Ce dernier;
s'accommoda mieux du reste de sa ner-i
vosité.
— M. Arthur Alexander est chantent
et de plus Américain. Il use de cette
qualité pour faire montre de quelque
originalité : il n'a pas d'accompagna-
teur, à l'instar de notre Fragson natio-
nal. 'La voix est forte, le jeu est passion-
né et M. Alexander- enlève rapidement
son programme qui va de Giordoni à
'Debussy, en passant par Gésar Francis
Duparc, G. Fauré et même Schumann.
On le prendrait volontiers pour un pia-
niste qui s'essaierait à chanter..,
Mardi il février. — Audition, Satie
des Agriculteurs, du Quartette vocal de
Paris (Mmes Madeleine B'onnard et (Mar-
cel Chadeigne, MM. Paulet et Paul Ey-
raud). Les Dominicales, de Paul Ladmi-
rault exécutées déjà en partie au Salon
des Musiciens français, mieux sues ou
revisées par l'auteur, 'parurent plus sé-
duisantes encore. 0
L'initiative du Quartette a incité dev.
compositeur a le pourvoir d'un réper-
toire. Aussi, avons-nous eu quantité de
« premières auditions » : Deux pièces
de Louis Aubert, deux autres de H.
Busser, celles-ci d'un charme simple,
pelles-là d'écriture plus recherchée, un
Crépuscule original et délicat, accompa-
gné aux cordes par le Quatuor Luquin,
'de notre excellent confrère Louis Vuil.
jlemin, satisfirent l'assistance. En inter-;
!mède, Mme Marguerite Long, très ap-
plaudie, se prête complaisamment aux;
'« bis )•. Le concert dut se prolonger fort
tar.
Mercredi 12 février. — J'avais reçil
une invitation à une séance de « musur-
gie » pour l'audition d'oeuvres de M.
Victor Fumet « auteur-compositeur ».'
J'avoue que j'ignorais ce terme, mais le
• dictionnaire musical de Riemann l'igno-
re aussi. Un dictionnaire de langue
française me (fournit cette explication :
!« Musurgie, art du musicien, art d'em-
« ployer à propos les consonnances eb
■« les dissonnances musicales ». Adiui-
rez la modestie de M. Victor Fumet qui
hésite à désigner sous le vocable de mu-
sique ses productions, d'intentions mo-
dernes.
Admirez la particularité des titres
choisis : Je me languis, le Baiser inté-
rieur, Magnétisme céleste (extrait de
l'Opéra le Charme maudit), le Sabbat
\rusti'que, etc.Malheureusement, ce que
j'ai pu entendre des œuvres elles-mê-
mes ne m'autorise pas à aller plus loin
îdans l'admiration.
L'honorabilité convient mieux aux
« improvisations à l'orgue », à certaine
r« diction symphonique » sur une péda-
ile, à des chœurs pour voix-de femmes.
L'insuffisance caractérise. admirable-
ment la valeur des gentilles choristes
.et de l'une au moins des solistes.
— A la Salle Gaveau, je constate, sans
kétonnement, le succès obtenu dans son
'Concert avec orchestre par la parfaite
'Ipianiste Mme Vallin-Hekking. L'audi-
tion d'un Nocturne pour orchestre du
bon musicien Jean Huré, fut très appré..
ciée.
Vendredi 14 février. — Deuxième con-
cert de Mme Jeanne Blancard, consa-
cré aux œuvres modernes qu'elle tra-
duit de façon aussi intéressante que le
classique.
On applaudit beaucoup, joués à qua-
tre mains avec l'orchestre, les Reflets
d'Allemagne, de Florent Schmitt., suite
d'évocations musicales pleines de sa.
:veur..
René Simon.,
Feuilleton de CIL BLAS du 17 Février
— 42-^
Une Provinciale
PAR
MAURICE LEBLANC
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE XII
Enfin, surtout, -l'ennui. La province
est fastidieuse. Une femme jolie, sédui-
sante, douée d'un mari quelconque et
d'instincts maternels ou religieux peu
développés, succombera. Quelles dis-
tractions pourraient l'en empêcher ?
Nous avons tous en nous un vide im-
mense, un abjme qu'il nous faut éter-
nellement remplir. Les uns labourent
la terre, d'autres prient, d'autres écri-
vent, d'autres voyagent, comblant ainsi
les heures terribles, les heures où l'oi-
siveté est un fardeau. Lucie, elle, pre-
nait des hommes.
« Et puis, quoi ? se dit Blachère, en
sais-je plus long ? Ces quelques motifs
suffisent-ils à expliquer les vingt ou
trente amants qu'elle se prête ? Com-
ment la définir ? Une hystérique mo-
rale ? Cependant elle -n'a rien de la né-
vrosée moderne, aucun symptôme mor-
bide, ses nerfs ne vibrent.pas,, et c'est
justement une équilibrée, cette créatu-
re. une grande, équilibrée. »
• - • -
Il s'avoua vaincu. Tout être reste un
mystère pour son prochain. On dé-
brouille un côté de l'écheveau, l'autre
s'embrouille. Il est des mobiles loin-
tains, invisibles, qui paralysent les plus
récents, et qui mettent en jeu des pen-
sées et condamnent à des actes en op-
position flagrante avec le caractère pré-
sent. Un petit -fait. insignifiant, oublié,
enseveli sous le - tas des événements
~postérieurs, détermine, à un moment:
donné, une explosion de courage chez
Je lâche, de poltronnerie chez le brave,
'de vertu chez la femme dépravée, de
vice chez la femme honnête.
De ses observations il tira cette uni-
que certitude : Lucie était heureuse. Sa
vie coulait comme un fleuve puissant.
La surface en frissonnait parfois, nul
'désastre, n'en atteignait les profondeurs.
mornes. L'essence même de cette âmei
tourmentée restait inaltérable. Rien ne
prévalait contre son indifférence. Rien
ne troublait longtemps la santé super-
be de cette nature. Elle n'était point
susceptible d'une affliction durable.
Elle n'aimait, ni ne jouissait, ni ne.
souffrait, elle croyait aimer, jouir et
souffrir.
En révolte contre île monde, elle était
en accord avec elle-même, avec ses ins-
tincts et ses penchants, avec la fatalité
de sa chair curieuse, et de son esprit
perverti, également liussi avec ses be-
soins extérieurs d'honorabilité. Les cir-
constances, jeunesse, beauté, fortune,
indépendance, favorisaient une harmo-
.nie, lui constituait ujae sorte de bonheur
indestructible.
Ce bonheur émerveillait Blachère.
De quelle bourbe le tirait-elle ? Par
';quël miniele pouvait-elle le savourer 7
IL lui fallait son .cerveau, spécialement
organisé en vue de cette existence, et
'son corps, insensible à la fatigue et
aux intemlpéries, pour qu'elle ne devînt
'ni folle ni malade. Il fallait sa souples-
se pour se plier aux manies respectives
de tous ces êtres. III if allait surtout son
hypocrisie géniale pour mener cette
existence et pour que le monde ne la
connût point.
C'était là son arme de défense la
plus efficace, dans son- extraordinaire
duplicité, dans la fourberie de son re-
gard, de sa bouche et de son sourire,
dans la fausseté de sa marche et de ses
manières, dans la t'jrahison de ses vê-
tements modestes, dans les grimaces
de son affection de mère et d'épouse.
Incessamment, sans une nuinute de re-
pos, elle jouait un rôle. Elle gardaiiti un
éternel travestissement, un masque
soudé à. son visage. Comédie indispen-
sable, car la lutte n'était point seule-
ment entre elle et son mari, entre elle
et ses amants, mais entre elle et toute
une ville. E!t cette ville, méfiairule et
mauvaise comme les villes de province,
elle la dupait, elle la bafouait.
Quelle force dangereuse qu'une Irene
femme ! A juste tittre.. Blachère se eon-
sidérait comme le seul être intelligent
qui eut approché d'elle. Les autres ba-
vaient désirée, jamais ils ne s'éitaient
enquis du problème qu'elle offrait. Ils
ne pouvaient donc deviner les périls
de son intimité, ni même en pâtir.
Mais lui, des quelques notions récol-
tées, une peur effroyable l'envahissait.
L'atmosphère qu'elle dégageait, il la
sentait abêtissante, meurtrière. La vo-
Ilonté la plus virile sie dissolvait, com-
me désagrégée par le. peison de ses
yeux et de sa voix. C'était la femelle,
-. T
dévoratrice des pensers mâles, la brute
;hostile aux nobles conceptions. Ses
idées le fuyaient. Tout travail devenait
une torture. Il ne dormait pas. Sa peur
grandissait, et la vision des lâchetés et
des capitulations probables où l'avenir
le réduirait, rendait ses angoisses in-to-'
Térables. Il s'en alla.
Son départ soulagea Lucie. Blachère;
lui absorbait inutilement un temps!
précieux.. La route était longue, rude.
Elle la parcourait souvent. Autant de
journées perdues. Elle se rattrapa.
Tout d'abord, elle voulut remédier à
un inconvénient dangereux.
Bien que répugnant à fréquenter les
mêmes hôtels, elle devait vioiler par-:
fois cette règle. Ainsi, aux Deux-OEil-
leiîs, le patron la saluait comme une ha-
bituée. Elle entendait les bonnes c-hu-
c ho ter. « Voilà la dame du 3. » Et in-
variablement, on lui ouvrait la porte de;
ce 3. la ehambre d'honneur, dont on'
réservait aux hôtes de marque les ri-
deaux vert pomme, le papier rosé et le',
lit d'acajou. Que le hasard y menât
,une personne de ses ,re:lau,ons, elle se
trouvait compromise.
Son salutl exigeait donc un apparte-
ment privé, dans 'un endroit convena-
ble et assez central pour que sa présen-
ce assidue n'y parût pas insolite.
Après avoir battu divers quartiers
elle fixa son choix sur le passage Saint-'
Herblant. Il communique avec deux
rues importantes e,t! se brise en angle,
droit vers le milieu, sécurités appré-
ciables. Une visite à M. 'Lesire paya
les premiers frais. Le vieillard consen-
tit même à ce qu'on mit-le local sous
son nom. *
Lucie, dorénavant fut chez elle. Nul
périd ne la menaçait. Le passage est
un peu sOtmhre. Elle entrait par la rue
de la Grosse-Horloge, sortait par la rue
Grand-Pont. En face de son escal,ier, se
! développait l'étalage d'un bouquiniste
sans cesse plongé dans la lecture de ses
livres.. -
L'entresol se composait de deux piè-
ces, un petit salon et une chambre.
Elle les arrangea gentiment, grâce aux
largesses et à la complaisance de M.
Lesire, qui servait d'intermédiaire en-
tre Lucie et le tapissier. Les murs, les
parquets et les plafonds furent recou-
verts. Une armoire renferma du vin et
f des liqueurs. Elle mutlliiplia les glaces.
Combien de fois elle eut à se féliciter
de sa décision ! Que de temps gagné î
N'avait-elle qu'un rendez-vous ? Elle
l'expédiait en deux heures, et disait à
Robert :
1 — J'ai à peine pris l'air, aujourd'hui,
j'étais moulue.
Plusieurs engagements la liaient-ils ?
Elle les tenait aisément), sans galoper
d'un bout de la ville à l'autre. Au pre-
mier favorisé, elle soupirait :
— Hélas ! il faut que tu me quittes,
mon ami, j'ai des courses importantes.
Vingt minutes après, le second ar-
r,ivait,. Elle lui mesurait sa part d'entre-
vue, puis le congédiait avec une excuse
analogue. Ainsi du troisième.
— Un vrai salon de consultation, ri-;
canait M. Lesire, que Mme Chalmin-
régajlait de ses. confidences, on s'y suc-
cède; l'avantage, c'est qu'on n'attend
pas.
De ce « sanctuaire » elle éciarla des
messieurs de son monde et tous ceux,
• dont elle se supposait connue. Les éIus:
comptèrent parmi la population flottan-
te, représentants de commerce, voya-
geurs, capitai de navire, artistes en
tournée. Des ens en résidence, elle
n'accepta que les professeurs, les offi-
ciers ou bien les individus d'un autre
milieu que le sien, petits bour-geois.,
commis de magasins, boutiquiers, clercs
de notaire.
N'habitant Rouen que depuis son ma*
riage, ne se tolérant aucune alilure ex-
centrique, elle n'avait pas l'incommode
notoriété d'une Rouennaise. En outre,
de faux noms déguisaient sa personna-
lité, et diverses fables, appropriées a
chacun, dépistaient la malveillance.
Ce fut un bizarre défilé des Types res
plus disparates. Il y eut un Suédois,
un ténor, une sous-préfeti, un prêtre
défroqué, un manchot., et tout cela pêle-
mêle, au hasard' des rencontres.
Le seul prix de ces intrigues, d'ail-
leurs, résidait dans les contrastes. En-
visagées séparément, elles étaient mo-
notones et banales. Tout au plus, pour-
rait-on citer un trésorier-payeuir, à qui
elle soutira un billet de mille francs,
un employé télégraphiste qui la battity
un malheureux président de chambre
sur qui elle se vengea, et un monsieur,
( très bien » qui lui emporta toutes ses
liqueurs, la pendule et différents ob.
jets.
> Et toujours il en venait d'autres.
(A suivre.)
Maurice Leblano.
¡,..
LUNDI 17 FEVRIER 1913
p
général cte l'Oise, avec Mlle Madeleine Bour-
geois.
, — Une dépêche de Venise annonce les
fiançailles de Mlle Marasina Morosini avec
le comte Louis di Robilant, fils de l'ancien
Ambassadeur, décédé, et de la comtesse Car-
lo di Robilant Cereaglio, née Clary et AI-
ï' - L'abbé Peillaube, directeur du séminai-
re Saint-Thomas d'Aquin, a béni ces jours
'derniers le mariage de M. Raymond Le Roy-
Liberge a
Les témoins du marié étaient : M. Emile
jSénart, membre de l'Institut, et M. Charles
d'Aubigny ; ceux de la mariée étaient : M.
Paul Leroy-Bciaulieu, membre de l'Institut.
et M. Emile Dehollain.
La quête a été faite par Mlles Suzanne Col-
mignon, Elisabeth de Villepin, Yvonne Bres-
son et Odette Amyot d Inville, accompa-
gnées de MM. Jacques de Villepin, Marcel
Collignon* Henry d'Aubigny et Pierre Colli-
gnon.,
— On annonce les fiançailles du comte
'André Abrial, lieutenant au 19e dragons, fils
du comte et de la comtesse, née de Monta-
tet avec Mlle d'Anglade, fille de M. René'
«TAnglade et de Mme Fouques-Duparc.
Nécrologie
— Le général Bréart, ancien commandant,
de corps d'armée, grand'croix de la Légiom
d'honneur, vient de mourir à La Rochevineu-
se. près de Mâcon. à 1 âge de S5 ans.
Sorti de Saint-Cyr en 1845, il appartenait,
à l'arme de l'infanterie et fit les campagnes;
du second Empire. Général de division en,
1881, il fut désigné pour aller commander
les forces destinées à occuper la Tunisie. Le
général Bréart imposa à Mohammed Es Sa-
dok le traité de Kassar-Saïd qui, avec la,
convention de la Marsa, assura le libre exer-
cice de notre protectorat. Après l'expédition
'de Tunisie, le général Bréart alla comman-
der la 26e division d'infanterie à Lyon; puis,
comme commandant de corps d'armée. le 13e
corps à Clermont-Ferrand, le 17e à Toulon-
51 , enfin- le 19e corps à Alger.
Gabriel de Tanville.
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Les Lettres
Politique et littérature
Dans la brochure qu'il vient de faire
paraître, intitulée Raymond Poincaré,
M. René Lauret montre surabondam-
ment que la politique et la syntaxe
pourraient fort bien se fréquenter et
:qu'on peut parler de représentation
proportionnelle sans outrager la gram-
maire. La politique se pare alors d'un
charme tout nouveau, d'une manière de
sourire. A dire le vrai, M. René Lauret
voit son mérite un peu amoindri parce
qu'il n'est pas le seul à parler politique
en français : M. Raymond Poincaré, su-
jet de l'étude dont il s'agit ici, a donné
et donne encore le bon exemple à ce
sujet.
Il n'empêche que la petite brochure
de René Lauret (Albin Michel, édit.)
.est très intéressante et contient outre
une biographie de (M. Raymond Poinca-
ré, une. série de petites études précises
et claires sur l'homme et le politique
Iqui ne peuvent qu'être justes puisqu'el-
les requièrent la sympathie et l'admi-
jation pour le nouveau Président.
H. P. M.
De)
Les beaux droits d'auteur
Voici une amusante lettre qu'écrivit
Flaubert quelque temps avant que Sa-
laniiiibô pai-ût en librairie. Elle est fort-peu
connue et mérite
pur et très grand écrivain ; elle montre
aussi que les petits tours de passe-passe
et les grands -coups de grosse caisse qui
constituent un des charmes les plus atti-
rants du métier d'éditeur, ne sont point
d'invention récente :
Vichy, samedi.
J'attendais toujours pour vous écrire, mon
cher vieux, que j'eusse quelque chose de neuf
à vous narrer.
Or, ce mutin, en même temps que votre let-
tre, j'en reçois 'une autre de Boulhiet, où il me
dit que..Lévy accepte toutes mes conditions.
C'est-à-dire que j'ai ;
1* Une édition in-8° ;
2° Pas d'illustration ;
Et 3°, la somme de dix mille francs sans
que le ms ait été lu.
Maintenant, je vous prie de garder pour vous
l'énoncé de ce chiffre, parce que ledit Lévy se
propose de faire, avec Salammbû, un boucan-
infernal et de répandre dans les feuilles qu'il
me l'a acheté trente mille francs, ce qui lui
donne les gants d'un homme généreux. Voilà
'donc, raotas ; dites seulement que j'ai vendu il
des conditions très avantageuses.
Dans quelques jours, on m'enverra la copte
du traité, et je n'aurai plus qu'à le signer à
Paris.
J'y arriverai probablement d'aujourd'hui en
{Iuinz-e: Il me faudra encore une huitaine pour
relire une dernière fois le ms. Dès le 15 ou le
18, je commencerai à imprimer afin de paraître
vers le 20 octobre.
On peut supposer que le procédé n'est
;pas perdu et il ne faut pas trop s'émouvoir
;à l'énoncé des chiffres fastueux par quoi:
,,se signalent les droits d'auteurs de nos ro-
(maneiers : une petite division par trois
donne à peu près le chiffre authentique.
x;
Bienvenue
Un sonnet de M. Riotor doit être dit de-
:main à l'Hôtel de Vii'Jie, par Mme Caristie
Martel. de la Comédie-Française, pour' sou-
haiter la bienvenue à M. Raymond Poin-
caré. Voici ce sonnet, auquel nous faisions
aiî/lusion hier :
PARIS A LA LORRAINE
La petite patrie et la grande marraine,
.0 Président élu, te fêtent par ma voix.
Ouvrons le livre d'or. Songe à ce que tu vois :
Tu conquiers a jamais la cité souveraine !
C'est Paris triomphal 'aux glorieux envois.
'Dont la barque ancestrale entr'ouvre sa carène.
:I1 célèbre aujourd'hui cette fierté sereine
:D'un ami que la France élève à son pavois.
Paris de nos aïeux ! Paris grand ! Paris libre !
Entends à ton appel la Lorraine qui vibre :
Son chardon merveilleux pique, mais il fleurit,
:Et sa semence ardente, écJose pour la France,
Apporte au peuple entier qui t'aime et te sourit
'Le courage meilleur, la flamme et l'espérance 1
Léon RIOTOR.
——— -'
INFORMATIONS
PROGRAMME DES CONFERENCES
Aujourd'hui ;
A 2 heures, à l'Université des Annales,
La Mer, par Jean Richepin.
*
***
A 2 h. 3/4, Conférences Chateaubriand,
Deux - aspects de Constcmtinople, par M.
Charles Diehl, de l'Institut., •
* *
A 5 heures, à l'Université des Annales,
Nostradamus, par M. Emile Berr,,
* *
A 5 h. 1/2, à l'Ecole des Hautes Etudes
sociales, L'Hellénisme en Asic-Mineure et
en Perse, par M. V. Chapot.
Les Uns*
Les Arts
I II J
INFORMATIONS II
Aujourd'hui a
Grand Palais. — 21e Exposition des pein-
tres Orientalistes français. — L'Ecode fran-
çaise. — Salon d'hiver. — Femmes peintres
et sculpteurs.
Pavillon de Marsan. — Exposition des
œuvres de Forain, estampes japonaises de
Hokusaï. -
Galerie Jules Gautier, 19L rue de Sèvres.
— Exposition Cari Borg.
Galerie Bernheim jeune. — Exposition
H. Perses.
Galerie Bemheim jeune, 36, avenue de
l'Opéra. — Exposition Eugène Boudin.
Galerie Max Rodrigues, 172, faubourg St-
Honoré. — Exposition G. Maillai, J. tt A.
Rouquet.
Galerie Druet. — Exposition du Deuxième
Groupe.
Galerie La Boétie. — Les Peintres anima-
Mers.
Galerie A.-A. Hébrard. — Exposition de
^'animalier R. Bwgatti.
Galerie Georges Petit. - 12e exposition de
la Société Nouvelle, Peintures et aquarelles
de Luigini, Paysages d'Italie par Pierre La-
broudhe, Aquarelles de Mme Tr uchar&
Cercle Volney. rue Volney, 7. - Saion
annuel
Galerie Allard. — Œuvres de Paul Cha.
bas, Ch. Cottet, Dagnan-Bouveret, René
Ménard.
Galerie Devambez. - Exposition Maurice
Ohahas.
Salon d'Art du « Printemps ». (Nouveaux
Magasins, étage des salons de thé.) — Jus-
qu'au 15 février, exposition de Peinture et
Broderies décoratives.
Galerie Durand-Ruel. - « La Société mo-
derne ».
Galerie Blot. - Exposition Simon-Bussy.
Galerie Marcel Bernheim. - Exposition1
du Syndicat des Femmes-Peintres.
Galerie Mayoux. — Exposition des ceu-
vres de MM. Deslignières, H. Rioux, Viaui
Daniel et L.-J. Wasiley.
Galerie Pelletan, 125, boulevard Sairt-
Germain. — Exposition Paul-Emile Cohn.
-'lr.i"" ———
La Curiosité
of
Aujourd'hui à l'Hôtel Drouot :
Saïae 6. - M®8 Marlio et Henri Baudoin,
commissaires-priseurs ; MM. Manpheim,
Guillemin et Falkenberg, experts. iObjets;
d'art et d'ameublement, jades, porcelaines,
sculptures, pendules, bronzes, meubles, tao:
pissèries, bijoux, de la succession de Mlle
X.
Salle 9. — Me Lebailly, commissaire-pri-
seur ; M. de Saint-Pricst, expert. Beau mo-
bilier moderne, :'
)c; :
Estampes modernes
On a toujours grand plaisir à constater
la réussite des ventes d'estampes moder-
nes. C'est la preuve certaine que ie nom-
bre des amateurs qui les recherchent sont
de jour en jour plus nombreux et les pièces
plus rares.
Samedi M" André Desvouges, assisté du
graveur-expert Loys Delteil, avait à dis-
perser deux cent cinquante lots fort inté-
ressants. Les' plus gros prix vont naturel-
lement au,x Meryon, qui se cotent 4.500
francs : Saint Etienne du Mont, avant la
lettre et avant que les bras de l'ouvrier
aient été <1 demi effacés ; 1.980 francs, le
Pont au Change, 5e état avant la lettre,
avec le ballon « Sperenza », etc. N'empê-
che que les Glaneuses de Millet,"au premier
état sur Chine, sont adjugées pour 2.500 fr.
et que Manet obtient 1.390 et l.iôO francs
pour deux épreuves de YEnfant portant un
plateau. Que dire des 660 francs offerts pour,
un Forain, des 395 francs pour une épreuve
.de Corot, des 115 francs pour une épreuve
de Mary Cassatt et des épreuves de Barye,
acquises aux prix de 370, 350, 200 et 705
francs !! Peut-être n'avons-nous pas encore
'atteint au maximum.
Me Jules Huguet vendait, parmi un mo-
bilier, une toile de Lépine : Vue des Tuile-
ries, pour 1.075 francs, et Me, André Coutu-
rier obtenait 3.120 francs pour deux toiles
intéressantes, représentant des scènes mi-
litaires, et qu'il attribuait à Van der Meu-
lep.
A NcuiUy-sur-Scinc, M* Bernheim, gref-
fier de Neuilly, terminait hier la première
,Partie de la vente de l'Hôtel de l'Athénée
(de Paris), sur un total approchant 200.000
francs.
La vacation comprenait encore du linge,
de la literie et des meubles courant.
Ce n'étaient pas seulement les marchands
qui, d'ordinaire, suivent ces ventes, qui
étaient réunis dans la salle de la rue Mont-,
rosier, mais bien le public de riches ama-
teurs. Même un consul général à Paris
d'une puissance étrangère serait fort sur-
pris et ennuyé de se savoir découvert en
train d'acheter, pour près de 1.000 francs;
une centaine de paires de draps. A quéi-
usage les réserve-t-il ?
Une dame eut un certain succès -en dé-
v clarant, après avoir acheté un lot cRT dra-
peaux pour 22 francs, que son intention
était de les "arborer mardi sur son; hôtel,
en l'honneur du président Poincaré. ;
,"# L.-Maurlce Lang.
Le Théâtre
Les Concerts
CONCERTS DU CONSERVATOIRE
CONCERTS-COLONNE
CONCERTS-LAMOUREUX
En veine d'originalité, d'audace, les
Concerts-Colonne donnaient un festival
Richard) Wagner. Siegfried-Idyll et la
fin du Crépuscule des Dieux, ajoutes
aux fragment s'de Parsifal, déjà exécu-
tés dimanche dernier, onit brillamment
suffi à nous persuader que le zèle pour
la nouveauté musicale et l'intérêt des
1nusiciens vivants est, décidément, ce
qui entête le moins le prestigieux Ga-
briel Pierre et son orchestre. A son ai-
se : la gratitude des compositeurs eût
pu parfaire, pour sa meilleure gloire,
l'admiration que lui manifeste de pu-
blic ; entretenant celle-ci, il n'a cure de
celle-là : c'est son droit. Mais est-ce
bien son devoir ? Avec la même certi-
tude dans la compréhension et le ta-
lent, Mme Marie Wittich, extraordinai-
rement endurante, MM. Schmedes et
de Bongardt ont brillé dans le service
de Richard Wagner. Le climat de Pa-
ris n'a point échauffé, accru, ni embel-
li, les voix de MM. Schmedes et de
Bongardt ; il n'a point corrigé l'acidité
propre aux puissants moyens vocaux
de Mme Wittich. Le public, qui a d'a-
bord, et surtout, des habitudes, ac-
clama.
Au Conservatoire, M. André Messa-
ger faisait entendre intégralement le
Faust de Schumann, avec Je concours
d'exemplaires solistes .du. chant : Mlle
Yvonne Gall, MM. Deilmas, Maguenat,
Jou;rnets Cerdan, etc. Je nie vais pas
vous révéler, n'est-ce pas ? l'émotion
simple, profonde, tour à tour passion-
née et mystique, de ce .chef-d'œuvre, où
l'homme est tout sincèrement avoué,
,où, semble-t-il, un peu diu ciel s'est fait
musique : de ce chef-d'œuvire de Schu-
mann, qui est le commentaire le plus
'digne du chef-d'œuvre de Goethe. M.
André Messager, qui ne défaut qu'aux,
chefs-d'œuvre intenses, a intimement
senti, compris, et merveilleusement in-
terprété ce Faust incomparable.
#**
Selon il'us âge. c'en est un désor-
mais. les Goncerts-Lamoureiux s'é-
taient chargés de la « nouveauté ».
Celles-ci: une Fantaisie pour orchestre
de M. Josep'h Jongen, — est de la veine
'la plus saine, la plus naturelle, de la'
:qualité musicale la plus claire et la.
plus robuste. Composée sur deux Noëls;
Wallons, elle en a la ferveur simple et
tendrement donnée ; elle en a, aussi,:
; l'emportement, lia liesse populaire.
L'orchestre de M. Joseph Jongen — s'il
est nourri de toutes les inventions qui;
avouent. avec une audace si neuve, ila
! sen sibilité musicale contemporaine —•
est ordonnée par-une force aisée, une
logique, qui lui épargnent toute singu-
larité irnÜilp. Par l'inspiration comme
¡pa;r la réalisation, c'est là une oeuvre
de maître. Je suis très heureux de l'ac-
cueil enthousiaste fait à M. Joseph Jon-
gen, dont la situation, dans l'Ecole bel-
ge, est, très justement, considérable, et'
qui mérite bien un renom internatio-
nal.
M. Camiille Cheviliard a parfaitement
dirigé rexécutioin de cette Fantaisie. In-
comparable dams le service de Sc.hu-
mann comme dans celui de Beethoven,
il a « idéalement » interprété la Sym-
phonie en mi bémol du maître doulou-
:oouoc de Zwickau : cette mélancolique,
.amiple et un peu désordonnée Rhénane
qui est, justement, la plus célèbre de
ses symphonies. Le concert, terminé
par les élégiaques, et si fervemment
poétiques Préludes de Listz, compre-
nait encore Dolly, dans r instrumenta-
tion que M. Henri Rabaud a faite de la
suite pour piano de Gabriel Fauré, et le
Concerto en mi mineur pour piano de
Gihopin. i>t6 -if -.
Soulagée des imaginations où, sous
le prétexte d'un nouveau ballet, se plut,
récemment, au Théâtre des Arts, M.
Louis Laloy, Dolly nous fut, hier,
agréable avec plus de grâce. Je vous ai
déjà dit mon sentiment saur l'instrumen-
tation, peu opportune, de M. Henrj
Rabaud ; elle donne une intensité et,
rpar cela même, çà et là, une lourdeur'
déconcertantes à six œuvrettes exqui-
ses qui ne conviennent vraiment qu'au
ipiano, pour lequel elles lurent cm-iipo-
sées. Je me bornerai, par décence, è
me souvenir du génie volointairement,
délicieusement puéril,, que Gabriel
:Fa'Uiré s'est amusé à y multiplier, avec
un charme qui est isans égal dans la
musique contemporaine. -,
Nous n'avions peut-être pas rêvé d'em-
tefndre, cette année, les deux Concertos
pour piano et orchestre de Chopin. Voi-
là un mois, M. Paderewski interprétait
au Conservatoire, Ille Concerto en fa mi-
neur : avec quelle perfection enthour
siaste, quel « patriotisme » fervents
ébloui, je vous l'ai dit alors,, longue-
ment ! Je me suis efforce, ce disant,
d'expliquer pourquoi le libre et délicat
génie de Chopin s'incorpore mâl à ia
forme classique du Concerto ; et pour-
quoi il convient d'aller écouter ailleurs
que dans les Concertos en fa mineuir et
en mi mineur — si grêles et, parfois,
si hésitants — les tendres, nostalgiques
et prodigieux secrets de la langue har-
monique. Je préfère au Concerto en mi
mineur le Concerto eni fa mineur, que
je n'aime pas beaucoup'. J'aurai l'irré-
vérence de dire que, dans l'allegro
maesloso qui compose de premier mou-
vement, Chopin mie semble avoir abu-
sé quant à la longueur et à l'irrésolu-
tion. Mais le deuxième mouvement : la
Romance, est charmant ; et l'on peut se
plaire à la virtuosité où le Rondo final
oblige le pianiste interprète. Celui-ci.
c'était, hier, M. Emil SWUieJI", qui fait
belle figure parmi îles plus, grands artis-
tes du monde. Ce serait pratiquer abu-
sivement l'axiome que de vanter encore
la miraculeuse précision de son jeu, sa
sensibilité et — je puis dire — son gé-
nie du rythme : tout le prestige, tout le
prodige d'une virtuosité insurpassable-
ment consciente d'elle-même. Mais on
doit encore l'hommage d'une très res-
pectueuse et rare émotion à un art si
probe, si simplement épanoui dans la
conscience humaine. M. Emil Sauer est
,uln noble exemple. Acclamé, il a joué
'ensuite le Réve 'd amour de Listz, dont,
je crois, il fut l'élève. Et cette émou-
vante composition., toute tissue, toute
rythmique. d'un grand cœur, a été int-
terprétée par M. Emil Sauer avec une
piété simplement confidente qui est
mieux que de l'art : de la vie.
Georges Pioctk
, —— ——
CONCERTS SECHIARI
-, Ainsi qu'il fit déjà l'an dernier, M.
Séchiari cédait hier sa baguette à M.
Vincent d'Indy pour diriger un Festival
de musique française. Mais cette année,
sacrifiant à la mode du bibelot ancien
et des résurrections de musiques désuè-
tes, M. Séchiari a voulu que son festival
s'étendit à la musique ancienne.
La musique pour les festins du Roy
{Ail' tendre, Air vif, Chaconne gracieu-
se) de Michel de 'Lalande ne se départit'
pas de la noblesse d'accent exigée à la
cour du Roi-Solefi.D'ailleurs de Lalande,
compositeur austère, eut le mérite d'a-
dapter au goût Ifrançais, les formes de'
musique d'église jusque-là tributaires
de l'Italie. Sa place était bien en tête de
ce programme.
L'Ouverture de Castor et Pollux, de
Rameau est en vérité un peu ennuyeu-
se. Mais un air du Jugement de Midas,
de Grétry, un air de Richard-Cœur-de-
Lion du même, et l'ineffable Plaisir d'a-
mour, de Martini empruntent quelque
intérêt à l'interprétation de la cantatri-
ce éminente qu'est Mme Croiza.
La musique moderne était représen-
tée par des œuvres connues et classées
de compositeurs, en faveur desquels la
:propagande artistique et populaire de
M. Séchiari est très louable.
La belle Symphonie en si bémol,
d'Ernest Chausson, souvent imprégnée
de sentiment 'franckiste, reçut un cha-
leureux accueil.
La claire ordonnance de Sauge fleu-
rie, la légende symphonique de M. Vin-
cent d'Indy séduisit tout à fait l'auditoi-
re qui fêta à nouveau Mme Croiza dans
un Air d'Eros vainqueur, de P. de Bré-
ville, d'une délicieuse langueur.
Enfin, le charme discret des Noctur-
nes debussvstes (Nuages et Fêtes) pré-
céda l'éclatant Apprenti sorcier, de Paul
Dukas, dernière gloire de la musique
française moderne. , R. S.
~-—--—'——"-' _- -.'—~
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flk LAfHAL-DIUOST^ j ,'- j
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[ a TxLlJlHoff*. ■ .67 *W
Concerts et Récitals
j.lj è
nktndi 10 lévrier. — Le quatuor CaiW
(iMM. Capet, Hewitt, H. et M. Casade-?
sus) poursuit Salle Pleyel sa révisions
annuelle des seize Quatuors à cordes, de
Beethoven, dont il exprime avec le ,pluS'¡
sur talent sa parfaite compréhension)
La réputation que le quatuor .CapeOI
s est. acquise à ce noble service, aussii
bien en France qu'à l'étranger, vaudra
et vaut déjà celle du quatuor Joachim..:
Il est salutaire que de pareils artistes
assument la tâche de perpétuer parmi !
les générations nouvelles la tradition
intacte des grands classiques et c'esb
fort heureux pour les grands classi-
ques. Au hasard des auditions, il arrive
d'entendre de la part d'artistes sérieuX)
ou soi-disant tels, des interprétations
bien surprenantes.
— Je ne dis pas cela particulièrement
pour Mme Suzanne Godenne qui don-
nait un récital iSalleC Erard. Pourtant,
cette charmante pianiste, au mécanisme
presque irréprochable, témoigna d'uiï
style trop peu dissemblable dans la tra-
duction d une Sonate de Beethoven eli
d'une Polonaise de Chopin. Ce dernier;
s'accommoda mieux du reste de sa ner-i
vosité.
— M. Arthur Alexander est chantent
et de plus Américain. Il use de cette
qualité pour faire montre de quelque
originalité : il n'a pas d'accompagna-
teur, à l'instar de notre Fragson natio-
nal. 'La voix est forte, le jeu est passion-
né et M. Alexander- enlève rapidement
son programme qui va de Giordoni à
'Debussy, en passant par Gésar Francis
Duparc, G. Fauré et même Schumann.
On le prendrait volontiers pour un pia-
niste qui s'essaierait à chanter..,
Mardi il février. — Audition, Satie
des Agriculteurs, du Quartette vocal de
Paris (Mmes Madeleine B'onnard et (Mar-
cel Chadeigne, MM. Paulet et Paul Ey-
raud). Les Dominicales, de Paul Ladmi-
rault exécutées déjà en partie au Salon
des Musiciens français, mieux sues ou
revisées par l'auteur, 'parurent plus sé-
duisantes encore. 0
L'initiative du Quartette a incité dev.
compositeur a le pourvoir d'un réper-
toire. Aussi, avons-nous eu quantité de
« premières auditions » : Deux pièces
de Louis Aubert, deux autres de H.
Busser, celles-ci d'un charme simple,
pelles-là d'écriture plus recherchée, un
Crépuscule original et délicat, accompa-
gné aux cordes par le Quatuor Luquin,
'de notre excellent confrère Louis Vuil.
jlemin, satisfirent l'assistance. En inter-;
!mède, Mme Marguerite Long, très ap-
plaudie, se prête complaisamment aux;
'« bis )•. Le concert dut se prolonger fort
tar.
Mercredi 12 février. — J'avais reçil
une invitation à une séance de « musur-
gie » pour l'audition d'oeuvres de M.
Victor Fumet « auteur-compositeur ».'
J'avoue que j'ignorais ce terme, mais le
• dictionnaire musical de Riemann l'igno-
re aussi. Un dictionnaire de langue
française me (fournit cette explication :
!« Musurgie, art du musicien, art d'em-
« ployer à propos les consonnances eb
■« les dissonnances musicales ». Adiui-
rez la modestie de M. Victor Fumet qui
hésite à désigner sous le vocable de mu-
sique ses productions, d'intentions mo-
dernes.
Admirez la particularité des titres
choisis : Je me languis, le Baiser inté-
rieur, Magnétisme céleste (extrait de
l'Opéra le Charme maudit), le Sabbat
\rusti'que, etc.Malheureusement, ce que
j'ai pu entendre des œuvres elles-mê-
mes ne m'autorise pas à aller plus loin
îdans l'admiration.
L'honorabilité convient mieux aux
« improvisations à l'orgue », à certaine
r« diction symphonique » sur une péda-
ile, à des chœurs pour voix-de femmes.
L'insuffisance caractérise. admirable-
ment la valeur des gentilles choristes
.et de l'une au moins des solistes.
— A la Salle Gaveau, je constate, sans
kétonnement, le succès obtenu dans son
'Concert avec orchestre par la parfaite
'Ipianiste Mme Vallin-Hekking. L'audi-
tion d'un Nocturne pour orchestre du
bon musicien Jean Huré, fut très appré..
ciée.
Vendredi 14 février. — Deuxième con-
cert de Mme Jeanne Blancard, consa-
cré aux œuvres modernes qu'elle tra-
duit de façon aussi intéressante que le
classique.
On applaudit beaucoup, joués à qua-
tre mains avec l'orchestre, les Reflets
d'Allemagne, de Florent Schmitt., suite
d'évocations musicales pleines de sa.
:veur..
René Simon.,
Feuilleton de CIL BLAS du 17 Février
— 42-^
Une Provinciale
PAR
MAURICE LEBLANC
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE XII
Enfin, surtout, -l'ennui. La province
est fastidieuse. Une femme jolie, sédui-
sante, douée d'un mari quelconque et
d'instincts maternels ou religieux peu
développés, succombera. Quelles dis-
tractions pourraient l'en empêcher ?
Nous avons tous en nous un vide im-
mense, un abjme qu'il nous faut éter-
nellement remplir. Les uns labourent
la terre, d'autres prient, d'autres écri-
vent, d'autres voyagent, comblant ainsi
les heures terribles, les heures où l'oi-
siveté est un fardeau. Lucie, elle, pre-
nait des hommes.
« Et puis, quoi ? se dit Blachère, en
sais-je plus long ? Ces quelques motifs
suffisent-ils à expliquer les vingt ou
trente amants qu'elle se prête ? Com-
ment la définir ? Une hystérique mo-
rale ? Cependant elle -n'a rien de la né-
vrosée moderne, aucun symptôme mor-
bide, ses nerfs ne vibrent.pas,, et c'est
justement une équilibrée, cette créatu-
re. une grande, équilibrée. »
• - • -
Il s'avoua vaincu. Tout être reste un
mystère pour son prochain. On dé-
brouille un côté de l'écheveau, l'autre
s'embrouille. Il est des mobiles loin-
tains, invisibles, qui paralysent les plus
récents, et qui mettent en jeu des pen-
sées et condamnent à des actes en op-
position flagrante avec le caractère pré-
sent. Un petit -fait. insignifiant, oublié,
enseveli sous le - tas des événements
~postérieurs, détermine, à un moment:
donné, une explosion de courage chez
Je lâche, de poltronnerie chez le brave,
'de vertu chez la femme dépravée, de
vice chez la femme honnête.
De ses observations il tira cette uni-
que certitude : Lucie était heureuse. Sa
vie coulait comme un fleuve puissant.
La surface en frissonnait parfois, nul
'désastre, n'en atteignait les profondeurs.
mornes. L'essence même de cette âmei
tourmentée restait inaltérable. Rien ne
prévalait contre son indifférence. Rien
ne troublait longtemps la santé super-
be de cette nature. Elle n'était point
susceptible d'une affliction durable.
Elle n'aimait, ni ne jouissait, ni ne.
souffrait, elle croyait aimer, jouir et
souffrir.
En révolte contre île monde, elle était
en accord avec elle-même, avec ses ins-
tincts et ses penchants, avec la fatalité
de sa chair curieuse, et de son esprit
perverti, également liussi avec ses be-
soins extérieurs d'honorabilité. Les cir-
constances, jeunesse, beauté, fortune,
indépendance, favorisaient une harmo-
.nie, lui constituait ujae sorte de bonheur
indestructible.
Ce bonheur émerveillait Blachère.
De quelle bourbe le tirait-elle ? Par
';quël miniele pouvait-elle le savourer 7
IL lui fallait son .cerveau, spécialement
organisé en vue de cette existence, et
'son corps, insensible à la fatigue et
aux intemlpéries, pour qu'elle ne devînt
'ni folle ni malade. Il fallait sa souples-
se pour se plier aux manies respectives
de tous ces êtres. III if allait surtout son
hypocrisie géniale pour mener cette
existence et pour que le monde ne la
connût point.
C'était là son arme de défense la
plus efficace, dans son- extraordinaire
duplicité, dans la fourberie de son re-
gard, de sa bouche et de son sourire,
dans la fausseté de sa marche et de ses
manières, dans la t'jrahison de ses vê-
tements modestes, dans les grimaces
de son affection de mère et d'épouse.
Incessamment, sans une nuinute de re-
pos, elle jouait un rôle. Elle gardaiiti un
éternel travestissement, un masque
soudé à. son visage. Comédie indispen-
sable, car la lutte n'était point seule-
ment entre elle et son mari, entre elle
et ses amants, mais entre elle et toute
une ville. E!t cette ville, méfiairule et
mauvaise comme les villes de province,
elle la dupait, elle la bafouait.
Quelle force dangereuse qu'une Irene
femme ! A juste tittre.. Blachère se eon-
sidérait comme le seul être intelligent
qui eut approché d'elle. Les autres ba-
vaient désirée, jamais ils ne s'éitaient
enquis du problème qu'elle offrait. Ils
ne pouvaient donc deviner les périls
de son intimité, ni même en pâtir.
Mais lui, des quelques notions récol-
tées, une peur effroyable l'envahissait.
L'atmosphère qu'elle dégageait, il la
sentait abêtissante, meurtrière. La vo-
Ilonté la plus virile sie dissolvait, com-
me désagrégée par le. peison de ses
yeux et de sa voix. C'était la femelle,
-. T
dévoratrice des pensers mâles, la brute
;hostile aux nobles conceptions. Ses
idées le fuyaient. Tout travail devenait
une torture. Il ne dormait pas. Sa peur
grandissait, et la vision des lâchetés et
des capitulations probables où l'avenir
le réduirait, rendait ses angoisses in-to-'
Térables. Il s'en alla.
Son départ soulagea Lucie. Blachère;
lui absorbait inutilement un temps!
précieux.. La route était longue, rude.
Elle la parcourait souvent. Autant de
journées perdues. Elle se rattrapa.
Tout d'abord, elle voulut remédier à
un inconvénient dangereux.
Bien que répugnant à fréquenter les
mêmes hôtels, elle devait vioiler par-:
fois cette règle. Ainsi, aux Deux-OEil-
leiîs, le patron la saluait comme une ha-
bituée. Elle entendait les bonnes c-hu-
c ho ter. « Voilà la dame du 3. » Et in-
variablement, on lui ouvrait la porte de;
ce 3. la ehambre d'honneur, dont on'
réservait aux hôtes de marque les ri-
deaux vert pomme, le papier rosé et le',
lit d'acajou. Que le hasard y menât
,une personne de ses ,re:lau,ons, elle se
trouvait compromise.
Son salutl exigeait donc un apparte-
ment privé, dans 'un endroit convena-
ble et assez central pour que sa présen-
ce assidue n'y parût pas insolite.
Après avoir battu divers quartiers
elle fixa son choix sur le passage Saint-'
Herblant. Il communique avec deux
rues importantes e,t! se brise en angle,
droit vers le milieu, sécurités appré-
ciables. Une visite à M. 'Lesire paya
les premiers frais. Le vieillard consen-
tit même à ce qu'on mit-le local sous
son nom. *
Lucie, dorénavant fut chez elle. Nul
périd ne la menaçait. Le passage est
un peu sOtmhre. Elle entrait par la rue
de la Grosse-Horloge, sortait par la rue
Grand-Pont. En face de son escal,ier, se
! développait l'étalage d'un bouquiniste
sans cesse plongé dans la lecture de ses
livres.. -
L'entresol se composait de deux piè-
ces, un petit salon et une chambre.
Elle les arrangea gentiment, grâce aux
largesses et à la complaisance de M.
Lesire, qui servait d'intermédiaire en-
tre Lucie et le tapissier. Les murs, les
parquets et les plafonds furent recou-
verts. Une armoire renferma du vin et
f des liqueurs. Elle mutlliiplia les glaces.
Combien de fois elle eut à se féliciter
de sa décision ! Que de temps gagné î
N'avait-elle qu'un rendez-vous ? Elle
l'expédiait en deux heures, et disait à
Robert :
1 — J'ai à peine pris l'air, aujourd'hui,
j'étais moulue.
Plusieurs engagements la liaient-ils ?
Elle les tenait aisément), sans galoper
d'un bout de la ville à l'autre. Au pre-
mier favorisé, elle soupirait :
— Hélas ! il faut que tu me quittes,
mon ami, j'ai des courses importantes.
Vingt minutes après, le second ar-
r,ivait,. Elle lui mesurait sa part d'entre-
vue, puis le congédiait avec une excuse
analogue. Ainsi du troisième.
— Un vrai salon de consultation, ri-;
canait M. Lesire, que Mme Chalmin-
régajlait de ses. confidences, on s'y suc-
cède; l'avantage, c'est qu'on n'attend
pas.
De ce « sanctuaire » elle éciarla des
messieurs de son monde et tous ceux,
• dont elle se supposait connue. Les éIus:
comptèrent parmi la population flottan-
te, représentants de commerce, voya-
geurs, capitai de navire, artistes en
tournée. Des ens en résidence, elle
n'accepta que les professeurs, les offi-
ciers ou bien les individus d'un autre
milieu que le sien, petits bour-geois.,
commis de magasins, boutiquiers, clercs
de notaire.
N'habitant Rouen que depuis son ma*
riage, ne se tolérant aucune alilure ex-
centrique, elle n'avait pas l'incommode
notoriété d'une Rouennaise. En outre,
de faux noms déguisaient sa personna-
lité, et diverses fables, appropriées a
chacun, dépistaient la malveillance.
Ce fut un bizarre défilé des Types res
plus disparates. Il y eut un Suédois,
un ténor, une sous-préfeti, un prêtre
défroqué, un manchot., et tout cela pêle-
mêle, au hasard' des rencontres.
Le seul prix de ces intrigues, d'ail-
leurs, résidait dans les contrastes. En-
visagées séparément, elles étaient mo-
notones et banales. Tout au plus, pour-
rait-on citer un trésorier-payeuir, à qui
elle soutira un billet de mille francs,
un employé télégraphiste qui la battity
un malheureux président de chambre
sur qui elle se vengea, et un monsieur,
( très bien » qui lui emporta toutes ses
liqueurs, la pendule et différents ob.
jets.
> Et toujours il en venait d'autres.
(A suivre.)
Maurice Leblano.
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