Titre : L'Aurore : littéraire, artistique, sociale / dir. Ernest Vaughan ; réd. Georges Clemenceau
Éditeur : L'Aurore (Paris)
Date d'édition : 1914-05-25
Contributeur : Vaughan, Ernest (1841-1929). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 mai 1914 25 mai 1914
Description : 1914/05/25 (Numéro 6018). 1914/05/25 (Numéro 6018).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
L'AURORE
Politique, Littépalpe, Sociale
Paris et Département» : 5 Centime»
A BONNEMENT»
Puû Mçliuimll taw
3 mc>« S fr. » 6 fr. T» # if. I
£ mon 91r.R0 li fr, » iB ft. »
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LES AKSOVCIS Ban »«ÇOM
* L'OFFICE (CiffllOUCES, 10. Plus* de !t Bour», PUU
et *iut boréaux du Journal
18. Bue Natre-Daine-«le*»Ylcloire»# PARIS
tundi 25 Mai 1914. â Ns 6.018
DIX-SEPTIÈME ANNEE
Marcel BROSSÉ
Directeur
ADMINISTRATION ET fttMCTIO*
(9) BuS yptre-Dame-dea-Viotoireiit Paris
Téléphoné ; 10g*ff (|
Aprda minuit : 1B&-SB
Udrë»ê* t*UgrmpJiiqua : AURORE-PARIS
Aujourd'hui
Courses à saint-Claud {consulter a as pro-
nostics)
Hier
Au Pére-Lachaise, lit manifestation an-
o ne Ile au mm ds» fédérés â¢'« donné Ueu ft
aucun incident.
A Lyon, M. Raymond Poincaré. après
avoir reçu à fa préfecture les maires du dé-
partement du Rhône, a officiellemet inau-
guré l'Exposition. Le soir, le cheï de l'Etat a
offert un grand banquet aux personnalités
lyonnaises et assisté à une soirée de gala. Il
est reparti pour Paris à onao heure» et do-
mie.
âxâ
A Vichy, le capitaine Voisin et son sa-
peur mécanicien ont lait une chute grave
en biplan. Ils «ont tous deux grièvement
blesses.
A Amiens, la Cour d'assises a prononcé
£on jugement dani l'affaire des 1 aux-mon-
naye ura.
A Saint-Etienne, le* fêtes de Jeanne d'Arc
ont été cause d'incidents. Vingt arrestations
ont été opérées.
U Réforme militaire
Malgré tous leurs efforts, malgré les
manoeuvres les plus perfides, les parti-
sans de la loi de trois ans en arrivent à
accepter une nouvelles discussion.
D'abord ils prétendiront que ïe pays
était avec eux, et c'est en son nom qu'ils
l'imposèrent. Nous étions des antipatrio-
tes que tes électeurs rejetteraient d'ans
12h vomissement de dégoût. Cela fut
dit. Les élections ont eu lieu ; te pays
nous a donné raison.
Deux courants alors se produisirent :
parmi nos amis, bon nombre qui» tout en
nous suivant, éprouvaient quelque
mainte devant les clameurs de la réac-
tion, et se laissaient conduire vers des
formules transactionnelles, reviennent
aujourd'hui plus fermes que le roc.
Nos adversaires, stupéfaits de leur
échec, ont perdu leur belle assurance.
îh ne nous injurient plus ; premier ré-
sultat. Nous ne sommes plus des antipa-
triotes ; on nous objurgue gentiment :
et N'y touchez pas n, supplie le Temps,
qui ne se fait plus guère d'illusions. On
romptait bien encore sur les divisions
dés radicaux, mais c'était fausse espé-
rance.
C'est ainsi que îa Petite 'République a
montré trop d'habileté en racontant qu'à
la séance de la Fédération de la Seine le
samedi iG mai, j'avais soulevé les protes-
tations de l'assemblée en préconisant le
retour h la loi de deux ans. L'informa-
teur mystérieux de la Petite République,
quoique membre de la Fédération, infi-
dèle à son parti, utilise sans façon les
méthodes chères aux pères jésuites.
S'il est exact qu'il y ait eu des protes-
tations, ce n'est pas contre le principe
iiu retour aux deux ans que je défendais,,
mais parce que je m'étais étendu plus
/longtemps qu'il n'avait été convenu, ce
qui était parfaitement juste.
La Petite République en a été pour sa
manoeuvre ; la Fédération de la Seine a
répondu par un ordre da jour qui ne
prête à aucune ambiguïté. Notre con-
soeur, cette fois domptée, accepte la dis-
cussion ; « Allons-y ! » dit-elle rési-
gnée.
Nous îrons donc. Et c'est pour nous,
.ici, à Y Aurore, une réelle satisfaction.
Dès le premier jour de la crise, nous mî-
mes Tes radicaux en garde; avec une con-
viction profonde, déterminée par la con-
naissante des nécessités militaires, ap-
puyée sur la haute compétence et l'auto-
rité du général Porcin, nous défendî-
mes la loi de 1905. Il fut un temps où
nous restâmes à peu près seuls attachés
bu principe, réfractaires à toute conces-
sion de rallonge ou autre. Cette fois en-
core, l'A more, fidèle à son passé, a été
le défenseur fervent, opiniâtre, inébran-
lable de la vérité. Elle sortira triom-
phante, nous en sommes sûrs, de la dis-
cussion qui va s'ouvrir.
L'a vérité, c'est que, pour le bien de la
défense nationale et pour la puissance de
notre armée, trois ans, c'est trop, que
deux ans c'est assez et que l'on peut ré-
soudre de plusieurs façons, sans aucune
difficulté, les problèmes organiques com-
ai'e ceux de la couverture et de la mobi-
lisation.
La vérité, c'est qu'il y à un gros effort
â faire ; toute notre organisation mili-
taire est à remettre en chantier. En tou-
chant à la durée du service militaire, on
â s'est trompé de sujet; cette modification
est inutile et même nuisible. Mais main-
tenant que, grâce à nos efforts, le dan-
ger est conjuré, nous ne regretterons pas
que l'événement se soit produit. Incons-
ciemment, nos réformateurs maladroits
ont dépassé le but, mais ils ont du môme
coup singulièrement facilité la besogne
<3e leurs successeurs.
Surtout, ils ont attiré 1'attention pu-
blique sur la grave question des réfor-
mes militaires. Il n'y en a pas de plus
grave au point de vue même des intérêts
de la République. Sachons donc profiter
du mouvement d'opinion qui s'est ma-
nifesté pour réorganiser totalement cette
^législation qui date d'un siècle et qui est
â¢îa cause véritable des difficultés ou, de-
puis quinze ans, nota! armée se débat.
MARCEL BROSSÉ*
L'AURORE est en vente dans tous les
kiosques et chez tous les marchands de
journaux.
ECHOS
LA TEMPERATURE
Des pluies sont tombées sur l'ouest el le nord
de l'Europe. En France, il a plu & Lyon, b Bel- '
fort, au havre, t Toulouse, a Parts et a Cler :
mont-Ferrand.
La température a baissé sur roues! de l'Eu-1
tope : r!k* était hier matin de : 0* au Spitzberg :
M A Moscou e* n«4 Havre, 12 a clermon-fer-
rand, 14 h Toulouse 15 à Pari*, 13 a Marseille,
ii3 à Alger. On notait : â3 au Meunier, +3 ait ;
Ventoux 5 au mont Algoual
Eu France, u» temps un peu frais est proba-1
Me, avec des averses, principalement daus t'est.
â xâ
L-Ancien CHATEAU DE ROUEN
A Rouen, sur la tour dite de Jeanne d'Arc
-et qui «a- l'ancien donjon du château, une
plaque de marbre va êtxe apposée qui resti-
tuer^ la vue et -le plan de l'ancienne forte-
resse.
A côté des armoiries de ta ville de Rouen,
relevées d'ua brio de laurier d'or, se deta-
cHe, en élégantes lettres capitales noires le
titre- : Château de Rouen construit sous Phi-
lippe-Auguste vers; 1205. Au-dessous, se trou-
ve une reproduction gravée, minutieusement
établie, trait pour trait, dans toute sa sim-
plicité, de la vue du château de Rouen, l'a-
piès le Livre des Fontaines de Jacques Lo-
ueur. On a été jusqu'à reproduire les inscrip-
tions en écriture gothique de cette vue : Le
Chasteau. La grosse Tour du Chaste,au. Des
inscriptions rubriquées indiquent : La Tour
Jeanne d'Arc et la Tour de la Pucelle. Un
titre particulier, placé sur le côté : Le Châ-
teau en 1525 «'après Jacques Lelieur, rap-
pelle au public l'origine do cette vue, où l'on
aperçoit toute l'enceinte et les tours de l'an-
oea château.
âxâ
LE TESTAMENT
DE LA VIEILLE FILLE
Î1 y a des gens, originaux de leur vivant et
qui ventent l'être encore même après leur
mort. Dans celle catégorie il faut ranger Mlle
Roy, une vieille Êlle de 79 an?, rpû vient
de mourir à l'ïsle-sur-Sorgues (Vaucluse).
Par un testament en bonne forme, elle
avait stipule que toutes les personnes qui as-
sisteraient à son enterrement recevraient une
des pièces de o fr. 50 centimes que de so«
vivant elle avait collectionnées pour une
somme de 400 francs. Elle avait également
laissé une somme de 100 francs pour que la
musique municipale jouât des airs funèbres
pendant ses obsèques.
Ces bizarres autant que dernières volontés
de ta vieille demoiselle ont été scrupuleuse-
ment observées, et à la porte du cimetière il
a fallu établir un important service d'ordre
pour pouvoir effectuer la remise aux assis-
tants de leur monétaire jeton de présence.
Et voilà un moyen â pas à la portée de
toutes les bourses â d'avoir du monde à sou
enterrement !
âKâ
ENCORE UNE SUCCESSION
Les journaux anglais racontent qu'une def
moiselle de Southport (Lancashire), morte
intestat et sans héritiers légaux a laissé une
fortune évaluée à 1.275.000 francs qui va
revenir au roi, comme duc de Lan castre,
11 y a eu, en rçjj, 07 fortunes qui sont re-
venues ainsi à la couronne d'Angleterre fau-
te d'autres héritiers.
Il faudrait de nombreuses successions de
ce genre, en France, pour rétablir l'équilibre
de nos finances...
âxâ
PERSONNAGES LEGENDAIRES
Théophraste Renaudeur, du Ruy Blas, si-
gnale quelques « personnages légendaires-de
la rubrique des faits.divers ». Ce sont r
u L'Energumène, la Proxénète, le Triste
sire, le Fou.de l'Elysée, le Courageux agent,
l'Aventurière, lç Pharmacien qui fît un pan-
sement provisoire, l'Infidèle caissier, la Té-
nébreuse affaire, la Piste sérieuse, le Joli
monde, le Singulier manège, la Vieille con-
naissance, la Bonne capture, le sieur X...,;
l'Individu disant 5'r nommer..., le Malfaiteur
de la pire espèce, le Bandit redouté, le For-
cené qui oppose la plus vive résistance,
l'Agent qui a été cruellement mordu au pou-
ce, le Passant doué d'une force peu commu-
ne, l'Individu vêtu comme un employé de
commerce, la Pièce anatomique, la Funèbre
trouvaille, le Volumineux paquet. »
âxâ
LE LORD ET LINGENIEUR
Lord 'de Softbrains visite les travaux du
port en compagnie de l'ingénieur. II aperçoit
une grande drague dont les auges fixées sur
la chaîne sans fin remontent d'un mouvement
régulier la boue du fond de l'eau.
â Qu'est-ce que c'est que ça ? interroge no-
tre vieil ami.
L'ingénieur explique. Alors, montrant l'ou.
vrier perché au somment de ia machine, fe
noble lord s'écrie :
â Ça doit être dangereux, un pareil tra-
vail ?
â Pas trop! répond l'ingénieur. Cet hom-
me gagne 6 francs par jour pour manier tout
simplement un levier!
Après un instant de réflexion, l'excellent
Softbrains continue ses questions ;
â Et combien gagne l'autre ?
â Quel autre, mylord ?
â Mais... celui, qui remplit les. baquets au
fond, "
LANCELOT.
AU JOUR LE JOUR
Expositions
Il y en a actuellement plusieurs qu'on doit
visiter, et où l'on prendra plaisir. Aû Jeu di
Paums l'exposition franco-anglaise d'archi-
tecture. J'ai si souvent gémi sur îa médiocrité
de notre architecture actuelle qu'une initiati-
ve comme celle-là, capable de galvaniser,
par l'exemple, notre école de constructeurs,
capable de les instruire, d'éveiller leur ima-
gination, de les libérer des entraves de pré-
jugés, de traditions mortes et de servile imi-
tation daas lesquelles ils s'agitent sans par-
venir à les rompre, ne peut que me remplir
de joie. L'exposition, par elle-meme, est
d'ailleurs intéressante au plus haut point, or-
ganisée avec infiniment de logique, de clarté
et de goût. Et le catalogue, habilement pré-
facé par notre excellent confrère T. Mora,
constitue un document précieux, ou cït es-
quissée, de façon synthétique mais complète,
toute l'histoire de l'architecture anglaise. De
telles manifestations d'entente cordiale, â
les architectes français avaient exposé à
Londres, ' an passé, â sont fertiles en con-
séquences heureuses, tant artistiques que mo-
rales ou politique?.
A l'Ecole des Beaux-Arts, exposition rétro-
spective de Jean Rémond 1 Le coeur se fond,
quand on écrit ce mot cruel : « rétrospec-
tive ». Jean Rémond est mort très jeune en-
core, en plein effort, en plein progrès. Son
art loyal et délicat, fait d'observation opiniâ-
tre de la nature, et d'un sens in^c de la poé-
sie, s'imposait ù'l'attention. Il était sorti déjà
de la masse des paysagistes. Ses toiles
avaient une distinction, ane plénitude et un
charme rares. Son coloris, très varié, tres fin, !
mai* bien reconnaissable, la solidité de ses !
terrains, l'harmonieuse cadence de ses lignés
d'horizon, et la beauté mouvante de ses ciels
faisaient de Jean Rémond une personnalité
artistique. Ses pairs suivaient avec étonne*
ment, â quelques-uns avec inquiétude, â
sa sûre ot prompte ascension. Il eût été l'un
des premiers de l'école française...
Remercions Edouard Sarradin et G. Varen-
nc d'avoir groupé les oeuvres de cc beau pein-
tre. Mais ce n'est pas un dernier adieu que
nous lui devons aujourd'hui. Sou oeuvre res-
tera. Et noua retrouverons ces toiles à l'hon-
neur.
Chez Manzi, l'exposition des scupitures et
dessins do Joseph Bernard s'impose par la
noblesse et l'harmonie des formes, une recher-
che constante de mouvements significatifs,
el l'effort qui s'y marque vers un art toujours
plus simple et plu* expressif. Assurément, on
reconnaît des influencer diverses : cette Har-
monie s'inspire de Michel-Auge ; ces dessins
ont été tracés par uu admirateur de Rodin ;
Bourdelle pourrait signer quelques-uns de ces
marbres ; et je crois que, dans ces bas-re-
liefs, Maurice Denis retrouverait ïa grâce dé-
corative de ses groupements et de ses gestes
de danseuses. Mais cette jeune fille à la
cruche, par exemple, si juvénile et si allânte,
est bien de Bernard, Ï1 fixe peu îi peu la
nuance de son esthétique personnelle. C'est,
déjà, une superbe carrière ; et, tout de suite,
ce sera un de nos maîtres les plus grands.
Je signale avec plaisir, au Lyceum, une ex-
position chai mante, oti se groupent surtout
des artistes femme?. Mlle Terouanne montre
quelques mères et enfants d'une jolie facture,
fraîche et fondante ; Mlle Camus, de ses as-
pects de nature, de ses études de plein air,
si vibrantes, spacieuse* et aérées ; Mme Gal-
tïer-Boissière de puissantes natures-mortes ;
Mlle Adour des plages, des chevaux, des
panneaux décoratifs d'un ferme accent; Mlles
Neocross et Jozon d'excellentes oeuvres. Et
il y a, surtout, Mlle B. Hou-, une des surpri-
ses, un des enchantements de I art de ce
temps, â réserve exquise pour l'avenir.
Robert Kemp.
A DURAZZO
L'imbroglio albanais, loin de s'éclaircir,
so complique de plus en plus. Le prince de
wied, que nou» ne pourrons peut-être plus
longtemps appeler le roi d'Albanie, s'est ré-
fugié ù. bord du navire italien Misurala.
Aux dernières nouvelles, il serait rentré
dans son palais. Est-ce pour longtemps T
Tout la monde à l'air de l'abandonner à son
trisle sort. Les fameux Malissores, qui de-
vaient constituer sa garde d'Honneur ont
fui au premier coup de fusil. Les insurgés
sont aux portes de la ville. 11 est vrai que
les détachements internationaux autri-
chiens et italiens, sont tout prets à protéger
fe souverain. Mois* en fin de compte, la si-
tuation reste intenable pour ce roi, qui de-
main, peut être sans couronne.
Voilà dont- le problème albanais revenu à
son point d'origine, si jamais lo prince juge
à propos de s'embarquer une deuxième fois
Los puissances croyaients'etredébarrassées
de tous soucis en accédant au désir de l'Au-
triche et on instituant une Albanie auto-
nome. Tout l'échafaudage s'écroule au pre-
mier essai L'Albanie entend, cela est cer-
tain, rester ce qu'elle a toujours élé, une
terre de liberté et à la fois d'anarchie. Pour
la conquérir, iï faudrait employer la force
L'éventualité d'un nouveau conflit ne sourit
ft personne. Quant à donner un successeur
au prince de Wied, noys doutons fort qu'on
en découvre uu de bumje volonté. La place
n'est guère enviable.
Quant à l'origine môme des troubles, il
semble que la responsabilité, c'est du moins
ce que disent la plupart des journaux iîa-
tiens doive en remonter au gouvernement
autrichien, Essad pacha serait toujours
d'après la presse de la péninsule, la victime
des menées autrichiennes. Quoiqu'il en
soit, el dans le cas où ta tranquillité ne se-
rait pas rétablie à Durazzo, les puissances
ont le devoir de veiller. Cértes, ce n'est plus
la cas de l'etincelle qui, d'après la parole I
connue, peut mettre le feu aux Balkans. Les j
Balkans aont trop avides de repos pour
bouger ft nouveau. Mais il n'eu faut pas !
moins prendre toutes mesures propres à
assurer le retour de l'ordre â si peu solide â
qu'il puisse être â autour du trône chance-
lant du pauvre souverain d'Albanie.
M. V.
La Manifestation des Socialistes
au "MUR DES FÉDÉRÉS"
Comme chaque année, à pareille époque,
»> eu lieu, hier apres midi la manifestation
cça «natalistes dn rtéparlement de 1a Seine
"tuant apporter leur salut et quelques cou-
ronnes aux « anciens » morts nour la « Com-
mune u.
cette année, la manifestation eut un ea-
ractere iout spécial* en raison des élections
législatives dernières et de l'importance ac-
crue du « groupe .«octalisie » au Parlement
beaucoup de députés réélus accompa-
gnaient les groupes formés par les .« mili-
tants u et les adhérents au parti. Mais, les
«. nouveaux députés u : mm. Laval, Poncef,
Mayenne, longuet, Bon, etc. (tous députes
⢠,il avaient tenu à « marcher en
tâte » des groupes de leur circonscription.
Des deux heures, formation du cortège
âs s'organisent méthodiquement,
les « hommes de confiance » prennent pos-
dc leur poste Ct, do «mite, la « mw
humaine deferte en mandant sa m ardus do
chants et cris de circonstances*, Elis
monte lentement â trop lentement au ai&
fjit effort pour on accentuer la marche ~
vers le11 Mur des Fédérés » où, il y o 43 an-
centaines et <163 centaines de
« communards » furent fusillés.
Comme le veut la tradition, c'est le ci-
toyen edouard Vaillant, depute de
qui avec .u0n jaures 1, 1 d'àutres militants
prend la tAte tla premier groupe. Arrivé
devant les tombes de ces anciens compa-
gnons de lutte, Edouard Vaillant se decou-
vre, prononce à voix Lasse quelles paro-
les et, d'ne voix furie s'écrie : « Vive la
Commune l » Ce cri est entendu et, de
groupes en groupes, cette clameur se ré-
percute. Et la a défilé « continue. De temps
û nuire, des cris de : « A bas les trois ans »,
« amnistie », « Vive la Commune ! » vien-
nent succéder aux chants de l'internationale
et de la Carmagnols
Et c'est ainsi que, pendant pîuj de trois
heures, se continue. cette manifestation.
C'est environ 20 à "5 000 manifestants qui,
ù sept heures. â c'est-a-dire quand tous
ceux qui sont vuwi pour défiler.., y seront
parvenus, â c'est environ ce nombre auo la
préfecture de police donner# comme officiai;
maïs il y en aura eu beaucoup plue.
Pas d'incident ! Cela voue étonne ? Bb
bien il en est ainsi cependant. Il y avait de
fortes forces policières mais, contrairement
aux années précédentes, on ne vit aucun
homme da trouac. M. hennion qui, en per-
sonne, dirigeait 3e service d'ordre, peut fo
féliciter d'un pareil résultat.
l'erdec et la tenue sont choses nécessai-
res, indispansables pour acclimater en
France, surtout & Paris, Us grandes mani-
festations. Du. jour où, manifestants et po-
lice, comprendront leurs devoirs, il sera
possible^ cl nous le souhaitons de tout coeur,
d'emprunter à nos amis d'Angleterre leur
système...-et cela n'en vaudra que mieux
peur Caire impression sur ta masse.
Eugène Millier.
1629" anniversaire de
la Mort de Victor Hugo
La Société Victor Hugo a fêté hier après-
midi au Panthéon, le vingt-neuvième anni-
versaire de la mort du grand poète.
M. Victor Margueritte présidait cette so-
lennité. Il était assisté de MM. Georges
Victor-Hugo, Charles Daudet, Mme Lock-
rov, Mme Amélie Mesureur ct sa fille, MM,
Paul Ollendorff, Escholier, conservateur de
la maison, de Victor Hugo, le sculpteur
Jean Boucher, etc.
M. Delacour représentait ta Société dae
Poètes Français, MM, Xavier de Corvalho
et Froès, les Amis de Cemoens, M. Louis
Fosse, les Musettistcs.
M. Delanney, préfet de la Seine, avait dé-
légué M. Poète.
M. Victor Marguaritte a pris le premier la
parole
J'ai vu, a-t-il ait, cette chose prodigieuse ï la
mort changée en apotheose
On w peut oublier, lorsqu'on t a vu, un tel
spectacle : rAre voilé de crêpe, le haul cata-
falque, les lampadaire drapés avec tour flam-
me funèbre dans le soleil, les bataillons sco-
faires et ics cuirassiers immobites, pour la fac-
tion suprême... Fuis, la nuit, on ciel de nuages,
avec la lueur des torches, les urnes dardant
leurs langues de feu vertes, le vent tordant dra-
peaux et draperies autour du sarcophage ., et
CQ tumulte incessant de la^foule qui montait,
grossissait toujours, avec un grondement de
marée !... Mais ie lendemain, ce fufr plus fabu-
feux encore...
Mais M. Victor Marguerite arrive au re-
grettable incident qui a surgi récemment
entre M. Gustave Simon, exécuteur testa-
mentaire de Victor Hugo, et le sculpteur
Rodin.
fci il faut aller chercher les tombes obscures
des morts illustres, se désola-t-il, 4 travers dos
carcasses de couronnes, dans un dédale de cala-
combes. Seules s'y risquent d'ordinaire quel-
ques rares tournées do pèlerins, errant désempa-
rées, a la. faible, lueur du gaz, entre les som-
bres murs-.
(Somment ne pas etre peine en voyant la gran-
d° mémoire d'hugo relëguée dans lit nuit de la
solitude, au fond d'un» geole souterrain# t
L'admiration y étouffe cl le respect s'y brise,
Ët M. Victor Margueritte, après avoir dé-
ploré le grand nombre d'années depuis la-
quai dure cet abandon, ajouta :
ElI faut espérer que le génial sculpteur Auguste
rodin â à qui l'etat commandait, il y a quinze
ans, sur le vu d'une magnifique maquette, le
monument définitif â ee melle enfin a l'oeuvre
daigne commander et commencer son marbre !
No#s aimerions nous assembler au grand
}aur devant Je symbole éternisé «lu genoe du
poete illustre, an lieu d'en être réduits a prati-
quer un cuîle de taupes. B n'est digne ni de
Victor Hugo, ni de la France.
Çe discours a produit une vive impres-
sion sur les deux cents personnes qui, sous
la coupole du Panthéon, entouraient le pré-
sident de la Société Victor Hugo.
Après que M. Alfred Poizat eut dit nnc
Odû à Victor Hugo, l'assistance se forma erj
un long cortege qui descendit dana la
crypte.
Deux gerbes magnifiques y furent dépo-
sées, l'une par les Amis de Camoéns, l'au-
tre par les petite garcons de l'école de ta
rue des Feuillantines et les petites filles de
la rue Saint-Jacques.
Patriotisme véritable
ef Patriotisme intéressé
L un se place au rang des plus nobles
sentiments de l'homme civilisé, l'autre
n'est qu'une misérable pitrerie.
Ceux qui se réclament du premier
n'agitent pas de drapeaux sur les pla-
ces pudiques, ne vocifèrent point dans
les réunions, ils se complaisent dans la
recherche silencieuse ; dans l'autre,
mise en.pratique de tout ce,qui leur pa-
raît susceptible d'améliorer la condition
morale el matérielle de leurs conci-
toyens, la patrie consistant pour eux
beaucoup plus eu une portion d'huma-
mlé soudée par la communauté d'origi-
ncï, !a similitude d'idées,de sentiments,
de goûts et de besoins qu'en un terri-
toire.
Elre patriote ce n'est pas tant aimer
le sol de la France que chérir ceux qui
le peuplent, et on ne saurait raisonna-
blement affictionner des choses inani-
mées « elles n'etaient liées au bonheur
d'ires vivants,
te véritable patriote entend défendre
l'intégrité du territoire parce qu'elle est
indispensable aux Français pour y vi-
vre et pour y prospérer dans !o naturel
et complet développement de leur génie
national.
Loin de pousser aux aventures le pa-
triote sincère est pacifique. Il se garde
autant de laisser le pays se plonger dans
Une somnolente sécurité que de l'alar-
mer sans raison et sans mesure. Il sait
consentir tes sacrifices que la France,
personne morale représentant les Fran-
çais, doil s'imposer pour conserver in-
tacte îa dignité héritée dos ancêtres,
mais il exige que la forme et l'étendue
de ces sacrifiées soient étudiées et dis-
cutées de telle sorte que la nation en
pâtisse dans la moindre mesure possi-
ble.
Quant à l'autre, au patriote intéressé,
son riie es! de prévoir ie pis, qu'il clai-
ronne comme certain, pour jewr l'alar-
me dans-le pays et troubler l'esprit pu-
blic,
Pour lui poinf de travail, point d'ef-
fort vers le mieux, du bruit, encore du
bruit, rien que du bruit.
Lorsqu'il prétend avoir, découvert,
daus une réforme électorale, obscure et
compliquée, une pensée qu'il propose à
l'admiration générale contre les maux
imaginaires qu'il nous pré,te, il va, cla-
mant sa rengaine jusqu'à abasourdir
les gens de bon sens.
Quand il soutient avoir trouvé, dans
un allongement de la durée du service
militaire,un moyen d'augmenter ia puis-
sance du notre armée jusqu'à rendre la
France inattiquable.U ne veut plus rieo
entendre et nulle observation, nul rai-
sonnement ne sauraient prévaloir con-
tre cette mesure qu il considère comme
un article de foi. I! dénonce, comme un
crime de lèse-patrie, l'opinion de ceux
qui estiment qu'on peut atteindre au
même résultat sans imposer au pays
une aussi lourde charge.
Mais, au fait, ce patriote admirable
est-il si convaincu que cela T Ne mène-
t-il pas d'aventure fout ce vaicarme pour
étourdir le Parlement et i'empMier
d'accomplir les réformes dont il a une
telle crainte qu'elle le transforme en un
animal furieux, sourd à tout ce qui n'est
pas ta peur.
S'il en est ainsi, ce qui paraît tris-
tement certain, cet homme accomplit
une vilaine besogne, dont fa France
pourra lui clcmander un compte plus sé-
vère qu'il ne le pense.
Une Lorraine.
LA DÉFENSE DE L'ÉCOLE
Les Etudiants et les trois Ans
L'Union nalionalé tes étudiants vient de
tenir son septième congrès k Naacj.
De semblables manifestations ont naturel-
lement droit ô toutes tes sympathies ; el
Ton y gagne en outre l'avantage de se reo-
dre compte sona quel angle cette jeunesse
«studieuse voit les grandes questions 4 l'or-
dre du jour de l'opinion.
La grosse préoccupation de cette année
dovait être naluiclicment le service de trois
ans, et comme 11 fallait s'y attendre les étu-
diants ont compris que si l'on coupait net
leurs études pendant trois ans, c'en était en
quelque sorte fait deux-mêmes, et c'était
infailliblement la défaite intellectuelle de
notre pays.
Aussi, pour parler de façon un peu fami-
lière, se sont-ils déeJanés partisans du ser-
vice de trois an3, mais avec cet amende-
ment ct Cette condition qu'ils passeraient la
troisième année dans leurs foyers ; étant
entendu que le foyer de l'étudiant ast la vil-
le universitaire où il étudie et prépare sa
carrière.
Voici en effet te texte même de deux
voeux qui furent adoptés :
Que tous les étudiants en droit, lettres el
sciences, quels que soient leur situation sco-
ilaire el leur grade militaire, aient le droit de
faire acte de scolarité pendant leur troisième
année de service el que cette mesure s'applique
a la classe 1913 ,
Que les étudiants militaires soient affectés, BUT
leur demande, a des corps de troupe en garni-
son dans des villes universitaires.
C'est l'évidence même que les étudiants
ci-dt?ssus désignés; et en outre, les futurs in-
génieurs, médecins, artistes, techniciens, ne
peuvent Ctre soustraits pendant trois an-
nées durant h leurs études sans qu'il doive
en résulter la décadence de la France vis-à-
vis des autres nations. Deux ans, c'est déiA
grave ; mais enfin on peut s'en lirer. Troie
ans, ce serait la mort sans phrase.
Il faut donc rendre notre jeunesse des
écoles à ses études, cette troisième année.
Mais ce serait une grave erreur à elle et
aux mauvais bergers qui la conseilleraient,
si elle paraissait croire que ces trois ans,
qui ne valent rien pour elle, seraient accep-
tables pour l'antre jeunesse, le populaire,
celle vouée aux professions industrielles,
commerciales et agricoles. Ce serait grave-
ment, irrémédiablement méconnaître l'au-
tre danger qui menace l'avenir économique
de notre pays.
Nous n'avons plus de professionnels : tel
est le cri qui s'élève de tous côtés. Quand il
nous faut un ouvrier oualiiié, nous devons
déjô le demander à l'étranger. L'industrie
évolue rapidement vers le moment où tout
travailleur devra être le véritable ingénieur
dcritique, vitale, que vous sépareriez pen-
dant trois ans, cet ouvrier de métier de
l'exercice de ce métier 1
Le peuple désormais a tout antant besoin
de savoir que la bourgeoisie. LG temps est
flnt où l'on envoyait pendant cinq ans le
(Ils du peuple sous les da^apeaux, alors que
l'étudiant se lirait d'affaire avec le volonta-
riat d'un on ; et ce n'est pas seulement par
sentiment d'égalité démocratique que ce
temps-Ut ne peut plus revivre ; c'est parce
qtio l'enseignement professionnel, qu'il va
foiloir rendre obligatoire devra prendre dé-
sormais tonte la jeunesse et lés premières
années adultes de l'ouvrier de melier, avec
la môme assiduité que celle à laquelle doi-
vent ae contraindre les étudiants des pro-
fessions dites libérales. Et les trois a&s qui
ne sont pas possibles pour le jeune peuple
des étudiants, commer l'a reconnu le Con-
grès de Nancy, n'est pas davantage nossi-
blu pour te jeune peuple â qui iî incomïse de
soutenir le niveau de notre agriculture, Ûe
notre commerce, de notre industrie.
Donc choisissez : pas de troi3 ans pour
personne ou la ruine pour tous.
Ernest Lsaîoae.
La France au Maroc
UN FRANÇAIS ENLEVE
AUX PORTES DE TANGER
Nous avons dit hier, en dernière heure,
qu'un journaliste français, M. Monnier,
avait été enlevé par une bande d'Arabes
d'une tribu voisine au cours d'une excur-
sion qu'il faisait à Djama-Mekra, à environ
huit kilomètres de Tanger, pour visiter des
terrains à vendre.
D'après le récit d'un domestique indigène
qui raccompagnait ainsi que le marchand de
terrains et qui a pu regagner Tanger, îes
gens qui ont enlevé M Monnier ne lui au-
raient fait aucun mal et auraient déclaré
qu'ils le gardaient simplement comme otage
jusqu'à ce qu'ils obtiennent la mise en liber*
té d'un des leurs incarcéré depuis quelque
temps à la fcasbah de Tanger.
Le tabor de police extra-urbain a détaché
d'urgence un peloton de cavalerie pour pour-
suivre les ravisseurs, mais on croit qu'iU
ont gagné la zone espagnole.
L'agence de France a mis immédiatement
en mouvement les autorités locales el fait
intervenir des indigènes notables, entre au-
tres, le chorfa d'Ouezzan, pour obtenir Li
délivrance de notre compatriote. On a Tira-
pression qiîft ce» démarche* aboutiront lu-
Ctis sa m nient.
Cet incident cause une pénible impression
4 Tanger
LE» RIATA AGRESSIFS
Samedi soir, à cinq heures, un groupe dea
Riata, appartenant a la fraction insoumise
des Ahl-Tnkar, posté# *ur la pente nord des
hauteurs qui donaneut Taza, sont venus
tirer queJquea couu* de îeu sur deg soldats
qui basaient boit e les montures dans l'oued.
L'artiHarie du «anrp Uouraud a dispersa
rapidement l'ennemi qui u disparu derrière
les crûtes du p» Kurn-Meirani
Les colonnes Gouraud el Baumgarlen
laissant une gamiion de d'eux bataillons a
Taza. sont parties en reconnaissance dans
la direction de l'oued Ainlil.
DANS LA REGION DE TAZA
On mande de Taza que les lieutenants
aviateurs Lafaane el Radison, de l escadrille
da guerre du Maroc oriental, ont accompli
-en une heurs le trajet de Taxa à Fez, puis
sont repartis pour Souk-el-Arba-de-Tlssa.
A la garnison do Tuzu, n'ont ia composi-
tion a été précédemment donnée, il faut
ajouter un groupe franc du 0* tiraille tus, un
makhzen de 100 cavaliers ei une section
d'artilleriu de £u.
Un poste Intermédiaire a été installé pro-
visoirement sur l'oued Dousnjerot : il a pour
mission «le couvrir la ligne de communica-
tions Taza-M'çoun et d'assurer lu création
d'une pista rarroaaable entre ces deux pos-
tes. Il comprend, sous le* ordres du com-
mandant Drouin, un demi-escadron de ca-
valerie et un A section d'artillerie.
Des lignes télégraphiques et téléphoniques
seront établies dans quelques jours entre
Taza et M'coun.
On eafl qu'une reconnaissance gêodésiquo
s'est portée sur le djebel Thisouuie ; elle a
traverse le pays des Ueui-Oudjaoe et de!*
Ahl-Cheklca t «£9 tribus ont fuit au£ trou-
pes françaises le meHkur accueil et leur ont
témoigné la plus entière confiance.
VOYAGE PRESIDENTIEL
M. Poincaré à Lyon
TWfsitac jourtnft
Au cours de relie troisième et dernière
journée, le président de In R ('â â¢publique »
oeaoguré l'Exposition internationale urbaine,
oojet principal de .son voyage. Après s'être
rendu compte de J'acLivifé du haul négoce
lyonnais, de la vie intense de l'Université
où trois mille étudiants reçoivent l'enseigne-
ment des Facultés les pkm réputée*», le chef
de l'Etat a tenu a reilmuiSGier du prestige de
sa pré sonne et de ses fonction» la grandiose
manifestation d'art, de commerce et d'in-
dustrie organisée par l'antique et laborieuse
cité.
Réception des maires
Lyon, 24 mai. â La pluie que vous signa-
lait, hier soir, ma dernièresé de tomber durant toute la nuit. Et, ce
matin, an grand désespoir des Lyonnais,
eue tombe toujours, fine, pressée, avec une
attristante monotonie. Ne vy-t-eUe point
troubler celte troisième journée à laquelle
on comptait donner uc éclat tout par ticu-
lier ?
A 9 heures, le président de la Républi-
que, ayant a ses côbéa MM. Gaston Dou-
mengue, président du conseil ; lVftfHn» mi-
nistre du travail, arrivés ce matin à Lyon ;
Raoul Péret, minière du commerce ; & pré-
fet du Rhône, les sénateurs cl dépistés du
département, a l'exceotion des socialistes
unifiés, reçoit dans la salle du conseil gé-
néral les moires du département ; 140 mai-
res environ, c'est-à-dire pfcre de la moitié
dos maires du fthôrw sont venus saluer le
préskient de !a Répuètkrue ; M, RauH, pré-
fet du Rhône, les préseiue en qucUtues mois;
li vante leur loyalisme républicain et leur
dévouement à la personne du chef de lKtat.
M. Poincaré remercie lo préfet et adresse
aux maires l'allocution suivante .*
Je reçois avec graad plaisir tes assurances qtia
me donne M. le prëlet du Rta&oe. L'accueil em-
pressé que m'ont fait, dans les rues de Lyon, non
seulement les habitants de cette grande cilé ré-
publicaine, mais la foule accourue àe toutes les
communes du département, m a déjà montrfi
combien los laborieuse» populations que vous re-
présentez sont attachées à nos institutions dé-
mocratiques. Elles peuvent avoir, comme vous-
mêmes, des opinions différentes sur ies problè-
mes politiques et sociaux, mais elles voient tou-
tes dans la Hépublique, la seuie forme con^B-
tutionnelle qui puisse garantir, au peuple fran-
çais, après les vicissitudes de .son histoire, la
plein exercice de sa souveraineté.
Vous n'avez, messieurs, qu'à vous inspirer des
sentiments de vos administrés pour vous faire,
dans vos fonctions municipales, en môme temps
que les vigilants défenseurs des intérêts de vos
communes, les fidèles observateurs des règle-
ments et les dffcouâs sm itours de la lor
Par lo précieux concours que vous pri-lcz aux
administrations publiques, pnr votre cotinhora-
tion quotidienne avec M le préfet du Rhône,
vous facilitez tftpplicaiion des lois de pré-
vovance et d'hymens et vous contribuée a fumé
lioralion moUiodiquû des conditions sociales.
Votre pensée dépasse ainsi constamment les
limites de vo3 Méatiléa et. si vire quft koU t*
légitime sollicitude que vous av« pour vos c.5m-
mun©*, elles ne vous a£tparaU*ept que comme
les cellules d'un organisme plus voMe rjui s'ap-
pelle la pairie. Ytr«i n Ê Les pas de r eux nui se
laissent a^engler par les considérations parti-
coWwts et qui perdent de vile l inlérét général.
vn»s êtes de bons Français, rfui pense* toujours
à la Fiance.
Laissez-moi voua adresser, avec mes cordiales
félicitations, mes meilleurs voeux pour vos com-
munes et pour leurs habitants.
Les maires applaudissent avec enlhousias-
me, criant : « Vive U République ! Vive
Poincaré î » et défilent devant le président
qui serre la main & chacun d'eux.
Pendant cette réception des maires, las
tnejnhrcs des sociétés d'anciens militaire»
de la région se massent autour do leurs dra-
peaux dans la cour de la préfecture, sarn*
souci de la pluie qui persiste. Qes hoy-sc»uts
lyonnais sont alignés sur les mardis du
grand escalier d'honuour. M. Poincaré, en-
touré du président du conseil ef des minis-
tres, prend place sur ie per>rno, sous un
Vélum. Les membres des sociétés oairioti-
crues, malgré la pluie, malgré l'âge avancé
de certains, passent tête nue devant ie ehef
de l'Etat, qui reste découvert pendant loiito
la durée du déAié.
A 10 heures, le cortège officiel se forma
pour se rendre à l'hôtel de la Mutualité.
A l'Hôtel de la Mutualité
Oans !e landau de 1A présidence, don«t R
faut baisser la capote, M. Poincaré prend
iwaoe avec M. Doumerguo k sa gauche. Ht.
Herriot, matre, et ie gftéral lîeaudemoufcn,
en face. Les mïirâlrcs, les sénateurs, les
députés* à rexoeplion des socialistes umflfts
ou indépendants, occupent les suites voisi-
nes. Des cuirassiers forment l'escorte. Mal-
gré le mauvais temps, la fouie se presse *r
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Hier
Au Pére-Lachaise, lit manifestation an-
o ne Ile au mm ds» fédérés â¢'« donné Ueu ft
aucun incident.
A Lyon, M. Raymond Poincaré. après
avoir reçu à fa préfecture les maires du dé-
partement du Rhône, a officiellemet inau-
guré l'Exposition. Le soir, le cheï de l'Etat a
offert un grand banquet aux personnalités
lyonnaises et assisté à une soirée de gala. Il
est reparti pour Paris à onao heure» et do-
mie.
âxâ
A Vichy, le capitaine Voisin et son sa-
peur mécanicien ont lait une chute grave
en biplan. Ils «ont tous deux grièvement
blesses.
A Amiens, la Cour d'assises a prononcé
£on jugement dani l'affaire des 1 aux-mon-
naye ura.
A Saint-Etienne, le* fêtes de Jeanne d'Arc
ont été cause d'incidents. Vingt arrestations
ont été opérées.
U Réforme militaire
Malgré tous leurs efforts, malgré les
manoeuvres les plus perfides, les parti-
sans de la loi de trois ans en arrivent à
accepter une nouvelles discussion.
D'abord ils prétendiront que ïe pays
était avec eux, et c'est en son nom qu'ils
l'imposèrent. Nous étions des antipatrio-
tes que tes électeurs rejetteraient d'ans
12h vomissement de dégoût. Cela fut
dit. Les élections ont eu lieu ; te pays
nous a donné raison.
Deux courants alors se produisirent :
parmi nos amis, bon nombre qui» tout en
nous suivant, éprouvaient quelque
mainte devant les clameurs de la réac-
tion, et se laissaient conduire vers des
formules transactionnelles, reviennent
aujourd'hui plus fermes que le roc.
Nos adversaires, stupéfaits de leur
échec, ont perdu leur belle assurance.
îh ne nous injurient plus ; premier ré-
sultat. Nous ne sommes plus des antipa-
triotes ; on nous objurgue gentiment :
et N'y touchez pas n, supplie le Temps,
qui ne se fait plus guère d'illusions. On
romptait bien encore sur les divisions
dés radicaux, mais c'était fausse espé-
rance.
C'est ainsi que îa Petite 'République a
montré trop d'habileté en racontant qu'à
la séance de la Fédération de la Seine le
samedi iG mai, j'avais soulevé les protes-
tations de l'assemblée en préconisant le
retour h la loi de deux ans. L'informa-
teur mystérieux de la Petite République,
quoique membre de la Fédération, infi-
dèle à son parti, utilise sans façon les
méthodes chères aux pères jésuites.
S'il est exact qu'il y ait eu des protes-
tations, ce n'est pas contre le principe
iiu retour aux deux ans que je défendais,,
mais parce que je m'étais étendu plus
/longtemps qu'il n'avait été convenu, ce
qui était parfaitement juste.
La Petite République en a été pour sa
manoeuvre ; la Fédération de la Seine a
répondu par un ordre da jour qui ne
prête à aucune ambiguïté. Notre con-
soeur, cette fois domptée, accepte la dis-
cussion ; « Allons-y ! » dit-elle rési-
gnée.
Nous îrons donc. Et c'est pour nous,
.ici, à Y Aurore, une réelle satisfaction.
Dès le premier jour de la crise, nous mî-
mes Tes radicaux en garde; avec une con-
viction profonde, déterminée par la con-
naissante des nécessités militaires, ap-
puyée sur la haute compétence et l'auto-
rité du général Porcin, nous défendî-
mes la loi de 1905. Il fut un temps où
nous restâmes à peu près seuls attachés
bu principe, réfractaires à toute conces-
sion de rallonge ou autre. Cette fois en-
core, l'A more, fidèle à son passé, a été
le défenseur fervent, opiniâtre, inébran-
lable de la vérité. Elle sortira triom-
phante, nous en sommes sûrs, de la dis-
cussion qui va s'ouvrir.
L'a vérité, c'est que, pour le bien de la
défense nationale et pour la puissance de
notre armée, trois ans, c'est trop, que
deux ans c'est assez et que l'on peut ré-
soudre de plusieurs façons, sans aucune
difficulté, les problèmes organiques com-
ai'e ceux de la couverture et de la mobi-
lisation.
La vérité, c'est qu'il y à un gros effort
â faire ; toute notre organisation mili-
taire est à remettre en chantier. En tou-
chant à la durée du service militaire, on
â s'est trompé de sujet; cette modification
est inutile et même nuisible. Mais main-
tenant que, grâce à nos efforts, le dan-
ger est conjuré, nous ne regretterons pas
que l'événement se soit produit. Incons-
ciemment, nos réformateurs maladroits
ont dépassé le but, mais ils ont du môme
coup singulièrement facilité la besogne
<3e leurs successeurs.
Surtout, ils ont attiré 1'attention pu-
blique sur la grave question des réfor-
mes militaires. Il n'y en a pas de plus
grave au point de vue même des intérêts
de la République. Sachons donc profiter
du mouvement d'opinion qui s'est ma-
nifesté pour réorganiser totalement cette
^législation qui date d'un siècle et qui est
â¢îa cause véritable des difficultés ou, de-
puis quinze ans, nota! armée se débat.
MARCEL BROSSÉ*
L'AURORE est en vente dans tous les
kiosques et chez tous les marchands de
journaux.
ECHOS
LA TEMPERATURE
Des pluies sont tombées sur l'ouest el le nord
de l'Europe. En France, il a plu & Lyon, b Bel- '
fort, au havre, t Toulouse, a Parts et a Cler :
mont-Ferrand.
La température a baissé sur roues! de l'Eu-1
tope : r!k* était hier matin de : 0* au Spitzberg :
M A Moscou e* n«4 Havre, 12 a clermon-fer-
rand, 14 h Toulouse 15 à Pari*, 13 a Marseille,
ii3 à Alger. On notait : â3 au Meunier, +3 ait ;
Ventoux 5 au mont Algoual
Eu France, u» temps un peu frais est proba-1
Me, avec des averses, principalement daus t'est.
â xâ
L-Ancien CHATEAU DE ROUEN
A Rouen, sur la tour dite de Jeanne d'Arc
-et qui «a- l'ancien donjon du château, une
plaque de marbre va êtxe apposée qui resti-
tuer^ la vue et -le plan de l'ancienne forte-
resse.
A côté des armoiries de ta ville de Rouen,
relevées d'ua brio de laurier d'or, se deta-
cHe, en élégantes lettres capitales noires le
titre- : Château de Rouen construit sous Phi-
lippe-Auguste vers; 1205. Au-dessous, se trou-
ve une reproduction gravée, minutieusement
établie, trait pour trait, dans toute sa sim-
plicité, de la vue du château de Rouen, l'a-
piès le Livre des Fontaines de Jacques Lo-
ueur. On a été jusqu'à reproduire les inscrip-
tions en écriture gothique de cette vue : Le
Chasteau. La grosse Tour du Chaste,au. Des
inscriptions rubriquées indiquent : La Tour
Jeanne d'Arc et la Tour de la Pucelle. Un
titre particulier, placé sur le côté : Le Châ-
teau en 1525 «'après Jacques Lelieur, rap-
pelle au public l'origine do cette vue, où l'on
aperçoit toute l'enceinte et les tours de l'an-
oea château.
âxâ
LE TESTAMENT
DE LA VIEILLE FILLE
Î1 y a des gens, originaux de leur vivant et
qui ventent l'être encore même après leur
mort. Dans celle catégorie il faut ranger Mlle
Roy, une vieille Êlle de 79 an?, rpû vient
de mourir à l'ïsle-sur-Sorgues (Vaucluse).
Par un testament en bonne forme, elle
avait stipule que toutes les personnes qui as-
sisteraient à son enterrement recevraient une
des pièces de o fr. 50 centimes que de so«
vivant elle avait collectionnées pour une
somme de 400 francs. Elle avait également
laissé une somme de 100 francs pour que la
musique municipale jouât des airs funèbres
pendant ses obsèques.
Ces bizarres autant que dernières volontés
de ta vieille demoiselle ont été scrupuleuse-
ment observées, et à la porte du cimetière il
a fallu établir un important service d'ordre
pour pouvoir effectuer la remise aux assis-
tants de leur monétaire jeton de présence.
Et voilà un moyen â pas à la portée de
toutes les bourses â d'avoir du monde à sou
enterrement !
âKâ
ENCORE UNE SUCCESSION
Les journaux anglais racontent qu'une def
moiselle de Southport (Lancashire), morte
intestat et sans héritiers légaux a laissé une
fortune évaluée à 1.275.000 francs qui va
revenir au roi, comme duc de Lan castre,
11 y a eu, en rçjj, 07 fortunes qui sont re-
venues ainsi à la couronne d'Angleterre fau-
te d'autres héritiers.
Il faudrait de nombreuses successions de
ce genre, en France, pour rétablir l'équilibre
de nos finances...
âxâ
PERSONNAGES LEGENDAIRES
Théophraste Renaudeur, du Ruy Blas, si-
gnale quelques « personnages légendaires-de
la rubrique des faits.divers ». Ce sont r
u L'Energumène, la Proxénète, le Triste
sire, le Fou.de l'Elysée, le Courageux agent,
l'Aventurière, lç Pharmacien qui fît un pan-
sement provisoire, l'Infidèle caissier, la Té-
nébreuse affaire, la Piste sérieuse, le Joli
monde, le Singulier manège, la Vieille con-
naissance, la Bonne capture, le sieur X...,;
l'Individu disant 5'r nommer..., le Malfaiteur
de la pire espèce, le Bandit redouté, le For-
cené qui oppose la plus vive résistance,
l'Agent qui a été cruellement mordu au pou-
ce, le Passant doué d'une force peu commu-
ne, l'Individu vêtu comme un employé de
commerce, la Pièce anatomique, la Funèbre
trouvaille, le Volumineux paquet. »
âxâ
LE LORD ET LINGENIEUR
Lord 'de Softbrains visite les travaux du
port en compagnie de l'ingénieur. II aperçoit
une grande drague dont les auges fixées sur
la chaîne sans fin remontent d'un mouvement
régulier la boue du fond de l'eau.
â Qu'est-ce que c'est que ça ? interroge no-
tre vieil ami.
L'ingénieur explique. Alors, montrant l'ou.
vrier perché au somment de ia machine, fe
noble lord s'écrie :
â Ça doit être dangereux, un pareil tra-
vail ?
â Pas trop! répond l'ingénieur. Cet hom-
me gagne 6 francs par jour pour manier tout
simplement un levier!
Après un instant de réflexion, l'excellent
Softbrains continue ses questions ;
â Et combien gagne l'autre ?
â Quel autre, mylord ?
â Mais... celui, qui remplit les. baquets au
fond, "
LANCELOT.
AU JOUR LE JOUR
Expositions
Il y en a actuellement plusieurs qu'on doit
visiter, et où l'on prendra plaisir. Aû Jeu di
Paums l'exposition franco-anglaise d'archi-
tecture. J'ai si souvent gémi sur îa médiocrité
de notre architecture actuelle qu'une initiati-
ve comme celle-là, capable de galvaniser,
par l'exemple, notre école de constructeurs,
capable de les instruire, d'éveiller leur ima-
gination, de les libérer des entraves de pré-
jugés, de traditions mortes et de servile imi-
tation daas lesquelles ils s'agitent sans par-
venir à les rompre, ne peut que me remplir
de joie. L'exposition, par elle-meme, est
d'ailleurs intéressante au plus haut point, or-
ganisée avec infiniment de logique, de clarté
et de goût. Et le catalogue, habilement pré-
facé par notre excellent confrère T. Mora,
constitue un document précieux, ou cït es-
quissée, de façon synthétique mais complète,
toute l'histoire de l'architecture anglaise. De
telles manifestations d'entente cordiale, â
les architectes français avaient exposé à
Londres, ' an passé, â sont fertiles en con-
séquences heureuses, tant artistiques que mo-
rales ou politique?.
A l'Ecole des Beaux-Arts, exposition rétro-
spective de Jean Rémond 1 Le coeur se fond,
quand on écrit ce mot cruel : « rétrospec-
tive ». Jean Rémond est mort très jeune en-
core, en plein effort, en plein progrès. Son
art loyal et délicat, fait d'observation opiniâ-
tre de la nature, et d'un sens in^c de la poé-
sie, s'imposait ù'l'attention. Il était sorti déjà
de la masse des paysagistes. Ses toiles
avaient une distinction, ane plénitude et un
charme rares. Son coloris, très varié, tres fin, !
mai* bien reconnaissable, la solidité de ses !
terrains, l'harmonieuse cadence de ses lignés
d'horizon, et la beauté mouvante de ses ciels
faisaient de Jean Rémond une personnalité
artistique. Ses pairs suivaient avec étonne*
ment, â quelques-uns avec inquiétude, â
sa sûre ot prompte ascension. Il eût été l'un
des premiers de l'école française...
Remercions Edouard Sarradin et G. Varen-
nc d'avoir groupé les oeuvres de cc beau pein-
tre. Mais ce n'est pas un dernier adieu que
nous lui devons aujourd'hui. Sou oeuvre res-
tera. Et noua retrouverons ces toiles à l'hon-
neur.
Chez Manzi, l'exposition des scupitures et
dessins do Joseph Bernard s'impose par la
noblesse et l'harmonie des formes, une recher-
che constante de mouvements significatifs,
el l'effort qui s'y marque vers un art toujours
plus simple et plu* expressif. Assurément, on
reconnaît des influencer diverses : cette Har-
monie s'inspire de Michel-Auge ; ces dessins
ont été tracés par uu admirateur de Rodin ;
Bourdelle pourrait signer quelques-uns de ces
marbres ; et je crois que, dans ces bas-re-
liefs, Maurice Denis retrouverait ïa grâce dé-
corative de ses groupements et de ses gestes
de danseuses. Mais cette jeune fille à la
cruche, par exemple, si juvénile et si allânte,
est bien de Bernard, Ï1 fixe peu îi peu la
nuance de son esthétique personnelle. C'est,
déjà, une superbe carrière ; et, tout de suite,
ce sera un de nos maîtres les plus grands.
Je signale avec plaisir, au Lyceum, une ex-
position chai mante, oti se groupent surtout
des artistes femme?. Mlle Terouanne montre
quelques mères et enfants d'une jolie facture,
fraîche et fondante ; Mlle Camus, de ses as-
pects de nature, de ses études de plein air,
si vibrantes, spacieuse* et aérées ; Mme Gal-
tïer-Boissière de puissantes natures-mortes ;
Mlle Adour des plages, des chevaux, des
panneaux décoratifs d'un ferme accent; Mlles
Neocross et Jozon d'excellentes oeuvres. Et
il y a, surtout, Mlle B. Hou-, une des surpri-
ses, un des enchantements de I art de ce
temps, â réserve exquise pour l'avenir.
Robert Kemp.
A DURAZZO
L'imbroglio albanais, loin de s'éclaircir,
so complique de plus en plus. Le prince de
wied, que nou» ne pourrons peut-être plus
longtemps appeler le roi d'Albanie, s'est ré-
fugié ù. bord du navire italien Misurala.
Aux dernières nouvelles, il serait rentré
dans son palais. Est-ce pour longtemps T
Tout la monde à l'air de l'abandonner à son
trisle sort. Les fameux Malissores, qui de-
vaient constituer sa garde d'Honneur ont
fui au premier coup de fusil. Les insurgés
sont aux portes de la ville. 11 est vrai que
les détachements internationaux autri-
chiens et italiens, sont tout prets à protéger
fe souverain. Mois* en fin de compte, la si-
tuation reste intenable pour ce roi, qui de-
main, peut être sans couronne.
Voilà dont- le problème albanais revenu à
son point d'origine, si jamais lo prince juge
à propos de s'embarquer une deuxième fois
Los puissances croyaients'etredébarrassées
de tous soucis en accédant au désir de l'Au-
triche et on instituant une Albanie auto-
nome. Tout l'échafaudage s'écroule au pre-
mier essai L'Albanie entend, cela est cer-
tain, rester ce qu'elle a toujours élé, une
terre de liberté et à la fois d'anarchie. Pour
la conquérir, iï faudrait employer la force
L'éventualité d'un nouveau conflit ne sourit
ft personne. Quant à donner un successeur
au prince de Wied, noys doutons fort qu'on
en découvre uu de bumje volonté. La place
n'est guère enviable.
Quant à l'origine môme des troubles, il
semble que la responsabilité, c'est du moins
ce que disent la plupart des journaux iîa-
tiens doive en remonter au gouvernement
autrichien, Essad pacha serait toujours
d'après la presse de la péninsule, la victime
des menées autrichiennes. Quoiqu'il en
soit, el dans le cas où ta tranquillité ne se-
rait pas rétablie à Durazzo, les puissances
ont le devoir de veiller. Cértes, ce n'est plus
la cas de l'etincelle qui, d'après la parole I
connue, peut mettre le feu aux Balkans. Les j
Balkans aont trop avides de repos pour
bouger ft nouveau. Mais il n'eu faut pas !
moins prendre toutes mesures propres à
assurer le retour de l'ordre â si peu solide â
qu'il puisse être â autour du trône chance-
lant du pauvre souverain d'Albanie.
M. V.
La Manifestation des Socialistes
au "MUR DES FÉDÉRÉS"
Comme chaque année, à pareille époque,
»> eu lieu, hier apres midi la manifestation
cça «natalistes dn rtéparlement de 1a Seine
"tuant apporter leur salut et quelques cou-
ronnes aux « anciens » morts nour la « Com-
mune u.
cette année, la manifestation eut un ea-
ractere iout spécial* en raison des élections
législatives dernières et de l'importance ac-
crue du « groupe .«octalisie » au Parlement
beaucoup de députés réélus accompa-
gnaient les groupes formés par les .« mili-
tants u et les adhérents au parti. Mais, les
«. nouveaux députés u : mm. Laval, Poncef,
Mayenne, longuet, Bon, etc. (tous députes
⢠,il avaient tenu à « marcher en
tâte » des groupes de leur circonscription.
Des deux heures, formation du cortège
âs s'organisent méthodiquement,
les « hommes de confiance » prennent pos-
dc leur poste Ct, do «mite, la « mw
humaine deferte en mandant sa m ardus do
chants et cris de circonstances*, Elis
monte lentement â trop lentement au ai&
vers le11 Mur des Fédérés » où, il y o 43 an-
centaines et <163 centaines de
« communards » furent fusillés.
Comme le veut la tradition, c'est le ci-
toyen edouard Vaillant, depute de
qui avec .u0n jaures 1, 1 d'àutres militants
prend la tAte tla premier groupe. Arrivé
devant les tombes de ces anciens compa-
gnons de lutte, Edouard Vaillant se decou-
vre, prononce à voix Lasse quelles paro-
les et, d'ne voix furie s'écrie : « Vive la
Commune l » Ce cri est entendu et, de
groupes en groupes, cette clameur se ré-
percute. Et la a défilé « continue. De temps
û nuire, des cris de : « A bas les trois ans »,
« amnistie », « Vive la Commune ! » vien-
nent succéder aux chants de l'internationale
et de la Carmagnols
Et c'est ainsi que, pendant pîuj de trois
heures, se continue. cette manifestation.
C'est environ 20 à "5 000 manifestants qui,
ù sept heures. â c'est-a-dire quand tous
ceux qui sont vuwi pour défiler.., y seront
parvenus, â c'est environ ce nombre auo la
préfecture de police donner# comme officiai;
maïs il y en aura eu beaucoup plue.
Pas d'incident ! Cela voue étonne ? Bb
bien il en est ainsi cependant. Il y avait de
fortes forces policières mais, contrairement
aux années précédentes, on ne vit aucun
homme da trouac. M. hennion qui, en per-
sonne, dirigeait 3e service d'ordre, peut fo
féliciter d'un pareil résultat.
l'erdec et la tenue sont choses nécessai-
res, indispansables pour acclimater en
France, surtout & Paris, Us grandes mani-
festations. Du. jour où, manifestants et po-
lice, comprendront leurs devoirs, il sera
possible^ cl nous le souhaitons de tout coeur,
d'emprunter à nos amis d'Angleterre leur
système...-et cela n'en vaudra que mieux
peur Caire impression sur ta masse.
Eugène Millier.
1629" anniversaire de
la Mort de Victor Hugo
La Société Victor Hugo a fêté hier après-
midi au Panthéon, le vingt-neuvième anni-
versaire de la mort du grand poète.
M. Victor Margueritte présidait cette so-
lennité. Il était assisté de MM. Georges
Victor-Hugo, Charles Daudet, Mme Lock-
rov, Mme Amélie Mesureur ct sa fille, MM,
Paul Ollendorff, Escholier, conservateur de
la maison, de Victor Hugo, le sculpteur
Jean Boucher, etc.
M. Delacour représentait ta Société dae
Poètes Français, MM, Xavier de Corvalho
et Froès, les Amis de Cemoens, M. Louis
Fosse, les Musettistcs.
M. Delanney, préfet de la Seine, avait dé-
légué M. Poète.
M. Victor Marguaritte a pris le premier la
parole
J'ai vu, a-t-il ait, cette chose prodigieuse ï la
mort changée en apotheose
On w peut oublier, lorsqu'on t a vu, un tel
spectacle : rAre voilé de crêpe, le haul cata-
falque, les lampadaire drapés avec tour flam-
me funèbre dans le soleil, les bataillons sco-
faires et ics cuirassiers immobites, pour la fac-
tion suprême... Fuis, la nuit, on ciel de nuages,
avec la lueur des torches, les urnes dardant
leurs langues de feu vertes, le vent tordant dra-
peaux et draperies autour du sarcophage ., et
CQ tumulte incessant de la^foule qui montait,
grossissait toujours, avec un grondement de
marée !... Mais ie lendemain, ce fufr plus fabu-
feux encore...
Mais M. Victor Marguerite arrive au re-
grettable incident qui a surgi récemment
entre M. Gustave Simon, exécuteur testa-
mentaire de Victor Hugo, et le sculpteur
Rodin.
fci il faut aller chercher les tombes obscures
des morts illustres, se désola-t-il, 4 travers dos
carcasses de couronnes, dans un dédale de cala-
combes. Seules s'y risquent d'ordinaire quel-
ques rares tournées do pèlerins, errant désempa-
rées, a la. faible, lueur du gaz, entre les som-
bres murs-.
(Somment ne pas etre peine en voyant la gran-
d° mémoire d'hugo relëguée dans lit nuit de la
solitude, au fond d'un» geole souterrain# t
L'admiration y étouffe cl le respect s'y brise,
Ët M. Victor Margueritte, après avoir dé-
ploré le grand nombre d'années depuis la-
quai dure cet abandon, ajouta :
ElI faut espérer que le génial sculpteur Auguste
rodin â à qui l'etat commandait, il y a quinze
ans, sur le vu d'une magnifique maquette, le
monument définitif â ee melle enfin a l'oeuvre
daigne commander et commencer son marbre !
No#s aimerions nous assembler au grand
}aur devant Je symbole éternisé «lu genoe du
poete illustre, an lieu d'en être réduits a prati-
quer un cuîle de taupes. B n'est digne ni de
Victor Hugo, ni de la France.
Çe discours a produit une vive impres-
sion sur les deux cents personnes qui, sous
la coupole du Panthéon, entouraient le pré-
sident de la Société Victor Hugo.
Après que M. Alfred Poizat eut dit nnc
Odû à Victor Hugo, l'assistance se forma erj
un long cortege qui descendit dana la
crypte.
Deux gerbes magnifiques y furent dépo-
sées, l'une par les Amis de Camoéns, l'au-
tre par les petite garcons de l'école de ta
rue des Feuillantines et les petites filles de
la rue Saint-Jacques.
Patriotisme véritable
ef Patriotisme intéressé
L un se place au rang des plus nobles
sentiments de l'homme civilisé, l'autre
n'est qu'une misérable pitrerie.
Ceux qui se réclament du premier
n'agitent pas de drapeaux sur les pla-
ces pudiques, ne vocifèrent point dans
les réunions, ils se complaisent dans la
recherche silencieuse ; dans l'autre,
mise en.pratique de tout ce,qui leur pa-
raît susceptible d'améliorer la condition
morale el matérielle de leurs conci-
toyens, la patrie consistant pour eux
beaucoup plus eu une portion d'huma-
mlé soudée par la communauté d'origi-
ncï, !a similitude d'idées,de sentiments,
de goûts et de besoins qu'en un terri-
toire.
Elre patriote ce n'est pas tant aimer
le sol de la France que chérir ceux qui
le peuplent, et on ne saurait raisonna-
blement affictionner des choses inani-
mées « elles n'etaient liées au bonheur
d'ires vivants,
te véritable patriote entend défendre
l'intégrité du territoire parce qu'elle est
indispensable aux Français pour y vi-
vre et pour y prospérer dans !o naturel
et complet développement de leur génie
national.
Loin de pousser aux aventures le pa-
triote sincère est pacifique. Il se garde
autant de laisser le pays se plonger dans
Une somnolente sécurité que de l'alar-
mer sans raison et sans mesure. Il sait
consentir tes sacrifices que la France,
personne morale représentant les Fran-
çais, doil s'imposer pour conserver in-
tacte îa dignité héritée dos ancêtres,
mais il exige que la forme et l'étendue
de ces sacrifiées soient étudiées et dis-
cutées de telle sorte que la nation en
pâtisse dans la moindre mesure possi-
ble.
Quant à l'autre, au patriote intéressé,
son riie es! de prévoir ie pis, qu'il clai-
ronne comme certain, pour jewr l'alar-
me dans-le pays et troubler l'esprit pu-
blic,
Pour lui poinf de travail, point d'ef-
fort vers le mieux, du bruit, encore du
bruit, rien que du bruit.
Lorsqu'il prétend avoir, découvert,
daus une réforme électorale, obscure et
compliquée, une pensée qu'il propose à
l'admiration générale contre les maux
imaginaires qu'il nous pré,te, il va, cla-
mant sa rengaine jusqu'à abasourdir
les gens de bon sens.
Quand il soutient avoir trouvé, dans
un allongement de la durée du service
militaire,un moyen d'augmenter ia puis-
sance du notre armée jusqu'à rendre la
France inattiquable.U ne veut plus rieo
entendre et nulle observation, nul rai-
sonnement ne sauraient prévaloir con-
tre cette mesure qu il considère comme
un article de foi. I! dénonce, comme un
crime de lèse-patrie, l'opinion de ceux
qui estiment qu'on peut atteindre au
même résultat sans imposer au pays
une aussi lourde charge.
Mais, au fait, ce patriote admirable
est-il si convaincu que cela T Ne mène-
t-il pas d'aventure fout ce vaicarme pour
étourdir le Parlement et i'empMier
d'accomplir les réformes dont il a une
telle crainte qu'elle le transforme en un
animal furieux, sourd à tout ce qui n'est
pas ta peur.
S'il en est ainsi, ce qui paraît tris-
tement certain, cet homme accomplit
une vilaine besogne, dont fa France
pourra lui clcmander un compte plus sé-
vère qu'il ne le pense.
Une Lorraine.
LA DÉFENSE DE L'ÉCOLE
Les Etudiants et les trois Ans
L'Union nalionalé tes étudiants vient de
tenir son septième congrès k Naacj.
De semblables manifestations ont naturel-
lement droit ô toutes tes sympathies ; el
Ton y gagne en outre l'avantage de se reo-
dre compte sona quel angle cette jeunesse
«studieuse voit les grandes questions 4 l'or-
dre du jour de l'opinion.
La grosse préoccupation de cette année
dovait être naluiclicment le service de trois
ans, et comme 11 fallait s'y attendre les étu-
diants ont compris que si l'on coupait net
leurs études pendant trois ans, c'en était en
quelque sorte fait deux-mêmes, et c'était
infailliblement la défaite intellectuelle de
notre pays.
Aussi, pour parler de façon un peu fami-
lière, se sont-ils déeJanés partisans du ser-
vice de trois an3, mais avec cet amende-
ment ct Cette condition qu'ils passeraient la
troisième année dans leurs foyers ; étant
entendu que le foyer de l'étudiant ast la vil-
le universitaire où il étudie et prépare sa
carrière.
Voici en effet te texte même de deux
voeux qui furent adoptés :
Que tous les étudiants en droit, lettres el
sciences, quels que soient leur situation sco-
ilaire el leur grade militaire, aient le droit de
faire acte de scolarité pendant leur troisième
année de service el que cette mesure s'applique
a la classe 1913 ,
Que les étudiants militaires soient affectés, BUT
leur demande, a des corps de troupe en garni-
son dans des villes universitaires.
C'est l'évidence même que les étudiants
ci-dt?ssus désignés; et en outre, les futurs in-
génieurs, médecins, artistes, techniciens, ne
peuvent Ctre soustraits pendant trois an-
nées durant h leurs études sans qu'il doive
en résulter la décadence de la France vis-à-
vis des autres nations. Deux ans, c'est déiA
grave ; mais enfin on peut s'en lirer. Troie
ans, ce serait la mort sans phrase.
Il faut donc rendre notre jeunesse des
écoles à ses études, cette troisième année.
Mais ce serait une grave erreur à elle et
aux mauvais bergers qui la conseilleraient,
si elle paraissait croire que ces trois ans,
qui ne valent rien pour elle, seraient accep-
tables pour l'antre jeunesse, le populaire,
celle vouée aux professions industrielles,
commerciales et agricoles. Ce serait grave-
ment, irrémédiablement méconnaître l'au-
tre danger qui menace l'avenir économique
de notre pays.
Nous n'avons plus de professionnels : tel
est le cri qui s'élève de tous côtés. Quand il
nous faut un ouvrier oualiiié, nous devons
déjô le demander à l'étranger. L'industrie
évolue rapidement vers le moment où tout
travailleur devra être le véritable ingénieur
dcritique, vitale, que vous sépareriez pen-
dant trois ans, cet ouvrier de métier de
l'exercice de ce métier 1
Le peuple désormais a tout antant besoin
de savoir que la bourgeoisie. LG temps est
flnt où l'on envoyait pendant cinq ans le
(Ils du peuple sous les da^apeaux, alors que
l'étudiant se lirait d'affaire avec le volonta-
riat d'un on ; et ce n'est pas seulement par
sentiment d'égalité démocratique que ce
temps-Ut ne peut plus revivre ; c'est parce
qtio l'enseignement professionnel, qu'il va
foiloir rendre obligatoire devra prendre dé-
sormais tonte la jeunesse et lés premières
années adultes de l'ouvrier de melier, avec
la môme assiduité que celle à laquelle doi-
vent ae contraindre les étudiants des pro-
fessions dites libérales. Et les trois a&s qui
ne sont pas possibles pour le jeune peuple
des étudiants, commer l'a reconnu le Con-
grès de Nancy, n'est pas davantage nossi-
blu pour te jeune peuple â qui iî incomïse de
soutenir le niveau de notre agriculture, Ûe
notre commerce, de notre industrie.
Donc choisissez : pas de troi3 ans pour
personne ou la ruine pour tous.
Ernest Lsaîoae.
La France au Maroc
UN FRANÇAIS ENLEVE
AUX PORTES DE TANGER
Nous avons dit hier, en dernière heure,
qu'un journaliste français, M. Monnier,
avait été enlevé par une bande d'Arabes
d'une tribu voisine au cours d'une excur-
sion qu'il faisait à Djama-Mekra, à environ
huit kilomètres de Tanger, pour visiter des
terrains à vendre.
D'après le récit d'un domestique indigène
qui raccompagnait ainsi que le marchand de
terrains et qui a pu regagner Tanger, îes
gens qui ont enlevé M Monnier ne lui au-
raient fait aucun mal et auraient déclaré
qu'ils le gardaient simplement comme otage
jusqu'à ce qu'ils obtiennent la mise en liber*
té d'un des leurs incarcéré depuis quelque
temps à la fcasbah de Tanger.
Le tabor de police extra-urbain a détaché
d'urgence un peloton de cavalerie pour pour-
suivre les ravisseurs, mais on croit qu'iU
ont gagné la zone espagnole.
L'agence de France a mis immédiatement
en mouvement les autorités locales el fait
intervenir des indigènes notables, entre au-
tres, le chorfa d'Ouezzan, pour obtenir Li
délivrance de notre compatriote. On a Tira-
pression qiîft ce» démarche* aboutiront lu-
Ctis sa m nient.
Cet incident cause une pénible impression
4 Tanger
LE» RIATA AGRESSIFS
Samedi soir, à cinq heures, un groupe dea
Riata, appartenant a la fraction insoumise
des Ahl-Tnkar, posté# *ur la pente nord des
hauteurs qui donaneut Taza, sont venus
tirer queJquea couu* de îeu sur deg soldats
qui basaient boit e les montures dans l'oued.
L'artiHarie du «anrp Uouraud a dispersa
rapidement l'ennemi qui u disparu derrière
les crûtes du p» Kurn-Meirani
Les colonnes Gouraud el Baumgarlen
laissant une gamiion de d'eux bataillons a
Taza. sont parties en reconnaissance dans
la direction de l'oued Ainlil.
DANS LA REGION DE TAZA
On mande de Taza que les lieutenants
aviateurs Lafaane el Radison, de l escadrille
da guerre du Maroc oriental, ont accompli
-en une heurs le trajet de Taxa à Fez, puis
sont repartis pour Souk-el-Arba-de-Tlssa.
A la garnison do Tuzu, n'ont ia composi-
tion a été précédemment donnée, il faut
ajouter un groupe franc du 0* tiraille tus, un
makhzen de 100 cavaliers ei une section
d'artilleriu de £u.
Un poste Intermédiaire a été installé pro-
visoirement sur l'oued Dousnjerot : il a pour
mission «le couvrir la ligne de communica-
tions Taza-M'çoun et d'assurer lu création
d'une pista rarroaaable entre ces deux pos-
tes. Il comprend, sous le* ordres du com-
mandant Drouin, un demi-escadron de ca-
valerie et un A section d'artillerie.
Des lignes télégraphiques et téléphoniques
seront établies dans quelques jours entre
Taza et M'coun.
On eafl qu'une reconnaissance gêodésiquo
s'est portée sur le djebel Thisouuie ; elle a
traverse le pays des Ueui-Oudjaoe et de!*
Ahl-Cheklca t «£9 tribus ont fuit au£ trou-
pes françaises le meHkur accueil et leur ont
témoigné la plus entière confiance.
VOYAGE PRESIDENTIEL
M. Poincaré à Lyon
TWfsitac jourtnft
Au cours de relie troisième et dernière
journée, le président de In R ('â â¢publique »
oeaoguré l'Exposition internationale urbaine,
oojet principal de .son voyage. Après s'être
rendu compte de J'acLivifé du haul négoce
lyonnais, de la vie intense de l'Université
où trois mille étudiants reçoivent l'enseigne-
ment des Facultés les pkm réputée*», le chef
de l'Etat a tenu a reilmuiSGier du prestige de
sa pré sonne et de ses fonction» la grandiose
manifestation d'art, de commerce et d'in-
dustrie organisée par l'antique et laborieuse
cité.
Réception des maires
Lyon, 24 mai. â La pluie que vous signa-
lait, hier soir, ma dernière
matin, an grand désespoir des Lyonnais,
eue tombe toujours, fine, pressée, avec une
attristante monotonie. Ne vy-t-eUe point
troubler celte troisième journée à laquelle
on comptait donner uc éclat tout par ticu-
lier ?
A 9 heures, le président de la Républi-
que, ayant a ses côbéa MM. Gaston Dou-
mengue, président du conseil ; lVftfHn» mi-
nistre du travail, arrivés ce matin à Lyon ;
Raoul Péret, minière du commerce ; & pré-
fet du Rhône, les sénateurs cl dépistés du
département, a l'exceotion des socialistes
unifiés, reçoit dans la salle du conseil gé-
néral les moires du département ; 140 mai-
res environ, c'est-à-dire pfcre de la moitié
dos maires du fthôrw sont venus saluer le
préskient de !a Répuètkrue ; M, RauH, pré-
fet du Rhône, les préseiue en qucUtues mois;
li vante leur loyalisme républicain et leur
dévouement à la personne du chef de lKtat.
M. Poincaré remercie lo préfet et adresse
aux maires l'allocution suivante .*
Je reçois avec graad plaisir tes assurances qtia
me donne M. le prëlet du Rta&oe. L'accueil em-
pressé que m'ont fait, dans les rues de Lyon, non
seulement les habitants de cette grande cilé ré-
publicaine, mais la foule accourue àe toutes les
communes du département, m a déjà montrfi
combien los laborieuse» populations que vous re-
présentez sont attachées à nos institutions dé-
mocratiques. Elles peuvent avoir, comme vous-
mêmes, des opinions différentes sur ies problè-
mes politiques et sociaux, mais elles voient tou-
tes dans la Hépublique, la seuie forme con^B-
tutionnelle qui puisse garantir, au peuple fran-
çais, après les vicissitudes de .son histoire, la
plein exercice de sa souveraineté.
Vous n'avez, messieurs, qu'à vous inspirer des
sentiments de vos administrés pour vous faire,
dans vos fonctions municipales, en môme temps
que les vigilants défenseurs des intérêts de vos
communes, les fidèles observateurs des règle-
ments et les dffcouâs sm itours de la lor
Par lo précieux concours que vous pri-lcz aux
administrations publiques, pnr votre cotinhora-
tion quotidienne avec M le préfet du Rhône,
vous facilitez tftpplicaiion des lois de pré-
vovance et d'hymens et vous contribuée a fumé
lioralion moUiodiquû des conditions sociales.
Votre pensée dépasse ainsi constamment les
limites de vo3 Méatiléa et. si vire quft koU t*
légitime sollicitude que vous av« pour vos c.5m-
mun©*, elles ne vous a£tparaU*ept que comme
les cellules d'un organisme plus voMe rjui s'ap-
pelle la pairie. Ytr«i n Ê Les pas de r eux nui se
laissent a^engler par les considérations parti-
coWwts et qui perdent de vile l inlérét général.
vn»s êtes de bons Français, rfui pense* toujours
à la Fiance.
Laissez-moi voua adresser, avec mes cordiales
félicitations, mes meilleurs voeux pour vos com-
munes et pour leurs habitants.
Les maires applaudissent avec enlhousias-
me, criant : « Vive U République ! Vive
Poincaré î » et défilent devant le président
qui serre la main & chacun d'eux.
Pendant cette réception des maires, las
tnejnhrcs des sociétés d'anciens militaire»
de la région se massent autour do leurs dra-
peaux dans la cour de la préfecture, sarn*
souci de la pluie qui persiste. Qes hoy-sc»uts
lyonnais sont alignés sur les mardis du
grand escalier d'honuour. M. Poincaré, en-
touré du président du conseil ef des minis-
tres, prend place sur ie per>rno, sous un
Vélum. Les membres des sociétés oairioti-
crues, malgré la pluie, malgré l'âge avancé
de certains, passent tête nue devant ie ehef
de l'Etat, qui reste découvert pendant loiito
la durée du déAié.
A 10 heures, le cortège officiel se forma
pour se rendre à l'hôtel de la Mutualité.
A l'Hôtel de la Mutualité
Oans !e landau de 1A présidence, don«t R
faut baisser la capote, M. Poincaré prend
iwaoe avec M. Doumerguo k sa gauche. Ht.
Herriot, matre, et ie gftéral lîeaudemoufcn,
en face. Les mïirâlrcs, les sénateurs, les
députés* à rexoeplion des socialistes umflfts
ou indépendants, occupent les suites voisi-
nes. Des cuirassiers forment l'escorte. Mal-
gré le mauvais temps, la fouie se presse *r
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