Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-11-29
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 novembre 1903 29 novembre 1903
Description : 1903/11/29 (N8879,A25). 1903/11/29 (N8879,A25).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
GIL BLAS. - DIMANCHE 29 NOVEMBRE 4908
lée, s'il ne songe plus maintenant à YEros van-
né, si l'obésité ZD ne l'inspire-plus, s'il a un peu
perdu de sa folle -exubérance de sa bonne
santé littéraire, il ne peut manquer, malgré tout,
quoi qu'il arrive et quelque œuvre qu'il entre-
prenne, de rester spirituel.
Spirituel, il l'est, comme nul autre ; il a élevé
l'esprit à la-hauteur d'une pjolessKm, presque
d'une institution, il sera toujours spirituel, fol-
lement spirituel, épertlument spirituel, — ou du
moins il essayera de t'être, et on devra lui en
savoir gré, car, lorsqu'il s'agit de théâtre, l'm-
(cnlion est réputée pour le fait.
Aussi, étions-nous en droit d'être surpris, en
apprenant que cet esprit léger, charmant, un
pou frivole, souvent futile, écrivait pour le
Gymnase une œuvre de violence et de parti
pris.
Le Retour de Jérusalem devait être, disait-
on, une sorte de pamphlet politique. Allons
donc I Sans connaître la pièce, on peut affir-
mer que le talent et le caractère de Maurice
Donnay sont d une trop pure qualité, pour que
cet écrivain emploie un art où il excelle à
faire œuvre de polémiste. Il est trop fin pour
se plaire à la politique, il est un artiste trop
probe pour lui demander de si faciles effets.
Et puis., le collaborateur de la Clairière,
n'est pas de ceux qui prennent souci des gros-
sières questions de religion ou d'argent t
Si, dans Le Retour de Jérusalem nous assis-
Ions à un conflit" soyons persuadés qu'il sera
seulement un conflit sentimental ; sans doute,
nous devons nous attendre à retrouver par-
ci, par-là, des traits de satire, et nous ne se-
rons même pas surpris si, dans quelque ti-
rade, Donnay cherche à prouver et à ensei-
gner.
Quand le diable devient vieux, vous savez
qu'il se fait ermite. M. Maurice Donnay n'a
pu s'empêcher de suivre le courant général, de
ifaire une pièce à thèse, puisque maintenant les
auteurs encombrent de thèses les vaudevilles
4es plus fous, et qu'on se piqoo de ne plus faire
du théâtre pour plaire. mais pour enseigner.
Que nous enseignera M. Mauriee Donnay ?
Nous le saurons bientôt. En attendant, nous
pouvons prévoir que ses leçons seront agréables
et faciles : M. Maurice Donnay a été tant de fois
un écrivain spirituellement immoral, qu'il ne
saurait, même s'il lui en prenait le désir devenir
d'un coup un très farouche moraliste.
PIERRE MORTIER.
O-» r, ■ -
POUR I EVI1 Pour ,as sains journaliers
« ÊTRE
TROMPÉ ( LE MflUM PetTOfH ffâjflf
, '*°'" .—u————.—-
Le Monde
"GU Bta" à Table
Rognons sautés à la Bignon : -—; Nous évoquions
naguère, la gloire culinaire des frères Verdier. Nos
lectrices nous sauront gré de leur enseigner la fcsnwuile
suivante placée sous les auspices d'un célèbre res-
taurateur, de Bignon!
Pour 6 personnes : Partager en deux 6 beaux ro-
gnons de mouton, les assaisonner de sel et de poivre, et
les faire sauter dans une casserole plate avec 60 gr.
de beurre brûlant.
Conduire cette cuisson le plus rapidement possi-
ble afin de rissoler les rognons à l'extérieur tout en
les conservant saignants. Les égoutter et les conser-
ver au chaud entre deux assiéttes à l'entrée du four.
Déglacer la casserole d'un décilitre de vin de Xé-
rès, faire réduire, puis mouiller de 2 décilitres de jus
ou coulis de veau et de 4 décilitres de crème double.
Ajouter une petite cuillerée de paprika. Faire réduire
en plein feu ; beurrer de 50 gr. de beurre frais, acidu-
1er d'un soupçon de citron et passer à ia passoire fine.
D'autre part, pendant que les rognons cuisent, faire
griller 12 beaux champignons équeutés, lavés, ciselés,
huilés, et assaisonnés de sel et de poivre.
Dresser les demi-rognons sur les champignoos, sur
un grand plat rond, en couronne; .garnir le milieu
d'un ragoût de grosses olives dénoyautées, blanchies
et étuvées dans quelques cuillerées de coulis de veau;
napper les rognons avec la sauce indiquée, et servir.
Remarque : dans cette recette, comme dans bien
d'autres, nous préconisons l'emploi du coulis au jus
blond de veau. Nous dirons prochainement comment
an apprête ce fond de cuisine. — P* MONTAGNE.
A paris
Sont rentrés à Paris, hier : marquise de Châteaure-
nard, M. G. Le Duc, M. Pierre Bertin, comte H. de
Bonvouloir, Mme A. Bézuel d'Esneval, vicomtesse du
Hamel de Breuil, Mme R. Hussenot-Desenonges,
comtesse de Kergariou, Mme Paul Séailles, princesse
de La Toèr-d'Auvergne, comte François de La Bé-
gassière, marquis et marquise de Breteuil, M. H.
Bertrand, etc.
— Mme rostd-Vinay vient de lancer des invita-
t:ons pour deux matinées musicales ; la première aura
Leu demain dimanche, la seconde le 27 décembre.
— Une assistance des plus élégantes sa pressait
, Jcr, à la Galeriede l'Exposition des œuvres de Mme Anna de Carrie,
la femme du très distingué consul argentin à Rotter-
dam.
Mme Anna de Carrie offrait à l'admiration des di-
Jeltanti un exquis ensemble de tableaux à nmile, de
fuperbe facture; de pastels, qui comportent toute la
beauté du dessin et tout le charme du pastel ; de mi-
niatures, parmi lesquelles le Portrait du général Bar-
Jltlilome Mitre, ex-président de la République Argen-
tée, apparaît comme un menu chef-d'œuvre'.
1 On a particulièrement admiré les portraits de Mme
la comtesse des GaTets, et de Mme Merle, deux pastels
ravissants dliarmonie et de grâce, le beau portrait du
;,àiéral Julio A. Roca, président de-la République
Argentine, le coloris original et charmant de la
Paysanne Russe, le sentiment délicieux de la. Mi-
•' ion, et de remarquables études intitulées: M élml-
wlù, Rêverie, Pope Russe, Coquelicots, ainsi qu'un
¡'¡¡j.'}we, marqué au coin ctune belle originalité.
7n arioges
A l'occasion de la signature du contrat de mariage
de sa Elle, Mme de Yraarraaavai avec le marquis des
Curs, fils du dac et de la dudiesse des Cars, Mme
Ed wards a donné hier, de quatre à sept heures, da.ne
slj salons de l'avenue Kléber, très bien fleuris d'or-
c! .idées de toutes teintes et de roses, une grande récep-
tion.
La corbeille et les nombreux souvenirs qui avaient
t*.1.: adressés aux futurs époux Ont, .est-il besoin de le
cKre, été très admirés par les awriweuses personnali-
sa qui, durant ces trois lîeiues se sont suacédé sans
i;. tenuption.
Parmi les principaux donateur^, citons to8
f; ".(JU:ïJ : La princesse Mathilde, 'qui a envoyé un
! ;t jQli éventail peint par elle-même et que, avant-
hier soir, bien que très souffrante, elle a signé dans
son lit.
Puis, au hasard : duc d'Alençon, marquis et mar-
que d'Irneceiirt, baronne de Chamacé et sa sosur,
)l: le Sinwr.e de Grandmaisan, Mme Hughes Hallet,
? le Xifré, comte et comtesse de Vaulserre, Mlle de
Hauban-Paîikao, M. et Mme A. de Avilis, M.
u Mme Errazuriz, M. et Mme Jean Hennessy, romte
c! cc-axtesse Pierre de Durfort, Mme Arthur Lyon,
ba-oa et baronne André de Kainlis, conxte et comtesse
J,,, - ,-,i aes Aymery de La Chewalerie, vicoante des Courtils
de Merlemesit, marquis et marquise de Montferrier,
oc -ce Henri de Lange, comte Jules de Bonvouloir,
c i-tesse de Montauban-Palikao, Mlle Félicie de Mon-
tev iard, comte et comtesse Gaspard de Miramon,
M >0 del Cm-ri l, baron et baronne G. de Balorre, vi-
ct»T Ats et vicomtesse de Durfort, comte Antoine d'Hu-
»"• ^--ein, ecaMe et comtessc, de La Fresnayç, duchesse
de San. Carlos, marquise de Gricourt, comte du Luart,
M Rchert Dnrbîa-y, comte et comtesse Eugène de
L'ur-Saluees^Imo Pintod'Aguiar,Mn\e de Blest-Gana,
M. et Mme Ilébert, M. et Mme de Vlassow, marqui s
et 'ï?rquise de Villefranche, général Rinoon-Gallardo,
et; - "e Charles de Montauban-Palikao, marquise del
y.: ;!e de Toso, M. Carlos Zanartu, comte de ViUa-
I* comte Hervé de Bemis, général vicomte de
K- -drel, comte Henri d'Hunolstein, Mme Eustache
ii. tard, Mlle Germaine de Jessaint, vicomtesse Gaë-
L'I de Chézeiles, M. et Mme de Delgadoy Heredia,
iîO: te de La Fenonnays, M. et Mme F. de Rincoiril
On larda, vicomte et vicomtesse Louis d'Andjgné,.ba-
y Louis de Candé, M. et Mme Standish, née des
C) '5 ; comte et comtesse Ayrnery de La Rochefou-
d, baronne de Layre, marquis de Montesquiou-
ïezensac, Mlle Marie de Rincon-Gallardo, vicomtesse
de Fontenay, Mme Scbeinziss, M. Joseph de La Tor-
comte de Brusle, comtesse de Lamberg, Mlle Car-
toen Etrazuriz, M. Alfred de Mieulle, comte et com-
tes - Philippe d. LéviS-Mireooix. comte et comtesse
Bernard de Durfort, comte et comtesse R. de La Ro-
chebrochard, comte et comtesse Charles du Luart, duc
et duchesse de Mortemart, comte et comtesse A. de
Bertier de Sauvigny, vicomte Guillaume de Ruillé,
comtesse Charles de Brissac, comte et comtesse de Ro-
chefort, comte et comtesse Durand de Beauregard ;
Comte J. de Bouthillier-Chavigny, comte et tîomtes-
se de Panevinon de Marsat, comte et comtesse Henri
de Vibrave, baron et baronne Guy de Baulny, M. et
Mme Sartiaux, comte del Puerto, baron 4e Foucan-
court, vicomte de Périgny, marquis de Santa-Craz, vi-
comte Albert de Cure], M. René de Mieulle, comte
et comtesse R. de Vibraye, M. et Mme Bûcha, comte
des Cars, comte et comtesse Lafond, baron et baron-
ne de Kainlis, prince et princesse Louis de Croy,
marquis et marquise de Mac-Mahon, ccciie et comr
tesse d'Espeuilles-Vicence, marquis et marquise de
Gontaut-Saint-Blancard, marquis et marquise de La
Ferronnays, M. Delgado, comte Bertrand de Dur-
fort, etc.
Le mariage sera célébré mardi prochain, dans la
chapelle paroissiale de l'avenue Malalcoff.
La messe sera dite par l'abbé des Cars et la béné-
diction nuptiale donnée par Mgr de Durfort.
Les témoins dut marié seront : le duc d'Alençoo et
le comte Lafond ; la. fiancée sera assistée des minis-
tres plénipotentiaires du Chili, à Londres et à Paris.
Mme Edwards dooneta. une nouvelle réception après
la cérémonie,
— On nous annonce, de Reims, le prochain maria-
ge de Mlle Marie-Hélène Btanchin, avec M. Théodore
Michel, avocat à la Cour d'appel de Paris.
Nécrologie
Hier matin, à dix heures, ont été célébrées les ob-
sèques du docteur Proust de l'Académie de médecine,
inspecteur général des services sanitaires.. La cérémo-
nie a eu lieu en présence d'une très nombreuse assis-
tance. Le convoi s'est formé rue de Courcelles, où un
bataillon d'infanterie a rendu les honneurs militaires
au défunt, qui était commandeur de la Légion d'hon-
neur ; le service religieux a été célébré à l'église
Saint-Philippe du Roule ; l'inhumation a eu lieu au
cimetière du Père-Lachaise.
Un discours a été prononcé par le professeur Debo-
ve, doyen de la Faculté de médecine.
Le deuil était conduit par : MM. Marcel et Robert
Proust, fils du défunt. Le directeur de l'assistance et
de l'hygiène publiques au ministère de J'intérieur et
MM. Debove, Lancereaux, Moutard-Martin, Brouiar-
del, Laurent, le commandeur Pantaliquido et Ballet
tenaient les cordons du poêle.
Dans l'assistance on remarquait la présence de nom-
breux représentants de la Conférence internationale
sanitaire.
— En l'église de Champigny on célébrera aujour-
d'hui, à onte heures, une messe de Requiem pour le
repos de l'âme des soldats de France morts glorieuse-
ment dans les batailles de Champigny, les 30 novem-
bre et 2 décembre 1870. M. l'abbé Acard, chanoine
d'Evreux, missionnaire apostolique, prononcera un
discours.
— M. Mon g ire, directeur de l'hôpital des Enfants
mlalades, est mort hier matin.
— Le corps médical des hôpitaux de Paris vient
d'éprouver une perte cruelle en la personne du -docteur
Paul Duflocq, médecin de l'hôpital de la Charité, che-
valier de la Légion d'honneur, décédé à Paris.
Né en 1856, le docteur Duflocq avait été reçu interne
des hôpitaux le premier de la promotion de 1881.
Elève des professeurs Potain et Hayera, il fut aussi
chef de clinique du professeur Jaccoud. Le docteur
Duflocq avait été nommé médecin des hôpitaux en
1894.
Baron Verly.
-a *
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Recherches généalogiques. Titres français et étrangers.
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ABONNEMENT AU GOTpA FRANÇAIS
Pellefan contre Zockroy
Aux questions posées par Gil Blas, aucune ré-
ponse satisfaisante n'a été faite, probablement parce
que le questionnaire n'était pas suffisamment expli-
cite. Nous nous efforcerons de le compléter ainsi :
L'officier en cause n'est-il pas sur le point d'être
promu au grâde supérieur dès le vote de la loi bud-
gétaire, et ce malgré son peu d'ancienneté dans son
grade actuel ?
Le fonctionnaire qui a révélé les faits que nous
avons signalés n'a-t-il pas eu autrefois avec M. Ca-
mille Pelletan, avec M. Lockroy et avec M. de La-
nessan des relations étroites qui lui ont valu un
avancement extraordinaire ? N'a-t-il pas été déplacé,
il y a peu, par M. Pelletan, à la demande M. Tis-
sier ?
Encore une fois, nous demandons à MM. Pelieta.a
et Tissier, auxquels ont été soigneusement cachés
les fautes commises, une enquête complète impar-
tiale, qui assure aux coupables un châtiment mé-
rité.
X.
P.-S. — Nous apprenons de Cherbourg que le
lieutenant de vaisseau Thélot, récemment reconnu
coupable de grave irrégularités financières dans
l'administration du sous-marin Morse, est :
10 Toujours titulaire du commandement de son
bâtiment ;
2° Toujours en permission par ordre supérieur.
C'est une situation bizarre qu'il serait temps de
voir cesser.
EDELWEISS DE LA TZARINE
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Victor VAISSIER, hors concours, Paris 1900.
———————————— ————————————.
LA CHAMBRE
La matinée ayant été consacrée encore aux
« vaillants instituteurs », particulièrement, à
nous promettre d'en augmenter le nombre ain-
si que celui des écoles. dès le débat de l'après-
midi, on aborda le budget des beaux-arts.
Mais, quel queLSOit l'intérêt que nos députés
portent à l'art, à la littérature et à ses repré-
sentants, plus spécialement à ses représentants
modestes (comme les gardiens de musée et les
habilleuses de l'Odéon), on sentait que l'atten-
tion n'était pas là.
En effet, dçux préoccupations graves tenail-
laient nos honorables : que préparait M. De-
jeante ? telle était la première ; M. Lochroy par-
lerait-il sur le budget de la marine ? -était 'la
seconde.
A n'en pas douter, M. Dejeanle préparait quel-
que chose. Au début de la .séance, il était as-
sis à son banc habituel vers le milieu de la Mon-
tagne. De ma place, je voyais au coin de ses
yeux, le pli satisfait des jours où il va « en »
manger. Allait-il demander la supprassion de
'l'aumônier du corps de ballet ? Je ne savais,
mais le morceau devait être gros, car M. De-
jeanle pétillait d'impatience et ne tenait pas !
en place. -
M. Guoyba. avait à peine fait son discours
annuel (quand on a écrit « Manon, voici le
soleil », on doit toute sa sollicitude aux beaux-
arts), que M. Dejeante prit un grand parti. Il
était trop loin de la tribune. Si on allait lui chi-
per son tour ! Il descendit d'un rang.
De formelles promesses furent faites d'un
prochain déplacement du ministre des colo-
nies ; M. Georges Berger obtint l'assurance
!qu'on réparerait sous peu le palais de Fontai-
nebleau ; M. Archdeacon parla des assises du
Louvre, récemment mises au jour. Tout cela
durait trop, M. Dejeante fit encore un pas, et
descendit d'un rang. Il bouillait.
M. Delarbre parla des populations de provin-
ce, privée des joies du théâtre. M. Dejeante
descendit une troisième fois.
M. Archdeacon réclama l'éclairage des Tuile-
ries, M. Simonet, parla de ia manufacture d'Au-
busson, d'autres du Théâtre populaire, dont le
besoin se fait de plus en plus sentir, car Paris
manque vraiment de théâtres. Tout cela était
bien long. M. Dejeante éclatait. Il franchit en-
core un cran.
M. Chnuvière, délégué du rite pour l'année
1003, demanda l'abolition'de la censure et en
profila pour parler du fhéâtre des Capucins —
il voulait désigner les Capucines — mais qu'im-
portait tout cela ? Comment pouvait-on avoir
le cœur de s'éterniser sur ces sujets dénués
d'intérêt en regardant M. Dejeante ? Il brûlait 1
Il fumait r Il rissolait 1 Un peu plus, ii allait
être trop cuit.
Enfin, enfin, enfin, ce fut son tour, après,
toutefois, deux ou trois fausses alertes. Le pré-
sident lui donna la parole. Il franchit les mar-
ches à petits bonds de jeune chamois, il s'a-
grippa solidement avec les mains à la tribune
— il a le pouce opposable — des éclairs de vo-
lupté brillaient dans ses yeux, la joie du triom-
phe lit scintiller son crâne. Il parla t. M. De-
jeante demandait qu'on enlevât la croix du
Panthéon.
Et pourquoi n e l'enlèverait-on pas, cette croix,
puisque le Panthéon n'est plus une église ? Son-
gez, dit M. Dejeante, songez que « cette croix
froisse les sentiments philosophiques des
grands morts qu'on a enterres là ! »
Voilà qui n'est pas très conforme à l'ortho-
doxie matérialiste. Des morts, même grands,
qui ont des sentiments philosophiques ! Mais
çà ne fait rien. M. Dejeante, pour une fois, est
sobre de paroles. Il se met à peine en colère. Son
teint ne dépasse pas la nuance palmes acadé-
miques. Il donne toutes les raisons raisonna-
bles qu'on p:eut invoquer en faveur de cett6
grande réforme sociale.
Et M. Ciraumié, lui non plus, ne fait pas de
philosophie, contrairement aux grands morts
du Panthéon. Il dit tout bonnement :
— L'enlèvement de la croix coûterait au bas
mot 20.000 francs. N'est-ce pas trop quand on
songe que cette opération n'enlèverait pas au
Panthéon son caractère religieux, puisqu'il est
plein de tableaux et de statues d'un caractère
chrétien et qu'il a lui-même, en sa qualité d'an-
cienne église, la forme d'une croix ? D'ailleurs,
enlève-t-on sur les autres monuments les N, les
H, les abeilles, les lis qui rappellent leur an-
cienne destination ?
— Tout cela est bel et bon, dit M. Dejeante.
Mais c'est tout de même dégoûtant que, vous,
République, vous ne puissiez pas faire ce qu'a
fait Louis-Philippe.
— Mettez-y un parapluie, crie quelqu'un à
droite.
On vote : 322 députés contre 200 estiment que
si 011 a 20.000 francs de trop, on peut les em-
ployer à une besogne plus pressante.
♦ «
Et la Chambre peut passer à sa seconde préoc-
cupation. Tous les quarts d'heure, tandis que M
Dejeante descendait son calvaire (pardon, son
échelle} par degrés, M. Pelletan venait jeter un
coup d'oeil sur la salle. Aflait-ee être enfin le
duel en ! rc le cuirassé Camille et le torpilleur
Lockroj ?
M. Roger-Ballu parlait de 1a. nécessité de pu-
blier à l'Officiel toutes les commandes faites par
le ministre1 s'agît-il d'une Joconde payée trois
cents francs à un peintre manchot. (Adopté.)
M. Simonet protestait contre les travaux de
réparation exécutés par la manufacture des Go-
belins, et M. Leygues lui expliquait que ces
travaux contribuaient beaucoup à développer
notre influence dans le monde, et, en particu-
lier, que si nous réparions les tapisseries de
l'Angleterre, c'était un bon moyen de travailler
à l'entente cordiale, peut-être même au désar-
mement.
L'aiguille de la pendule tournait, et M. Lac-
krey, à son banc, frétillait comme tout à l'heure
M. De jeante au sien.
Cependant, M. Pelletan avait rejoint dans une
tribune Mme Pelletan, qui était venue dès le dé-
but de l'après-midi, en une toilette beige simple
et de bon goût, comme on dit à la manille.
Les chapitres se suivaient rapides et l'on pen-
sait que l'on pourrait tout au moins esquisser
les préliminaires du duel, quand M. Rondelle
s'avisa de nous parler de Versailles, de son châ-
teau, des gardiens de ce château, des dangers
d'incendie, etc., etc.
Ah ! Versailles ! Ville du Grand Roi !
Cela nous mena à six heures et quart. En vé-
rité, il était trop tard.
Mme Pelletan s'en alla."
M. Pelletan s'en alla.
M. Loekroy déclara qu'il n'aimait pas parler
dans le bruft des gens'qui prennent leur pardes-
sus et se disputent avec l'ouvreuse.
Et, après pointage, la Chambre ajourna le
duel à lundi, neuf heures. M. Pelletan a encore
un jour pour vérifier ses cloisons étanches. Mi
Loekroy a vingt-quatre heures, pour renouveler
la charge de ses torpilles.
Paul Dollfus.
'————~———————— ———————————.—
BEO ROB ERT rue Saint-Marc. 1.7
— ■ LE MEILLEUH
»
INFORMATIONS POLITIQUES
Ovide avait raison.
Comme la descente de croix du Panthéon,proposoo
par M. Dejeante, n'avait passionné personne, on
causait surtout, hier, des dossiers isecrets (?) feuil-
letés par les membres des sous-Commissions char-
gées de déterminer les complaisances ou complicités
politiques dans l'affaire Humbert. Ma foi ! M. Des-
chanel était plutôt sur la sellette.
Il est des cas où le système d'Avinain — n'avouez
jamais — est de mise. Il en est d'autres où l'aveu
egt le seul moyen d'échapper au blâme, ou, ce qui
est plus grave, au ridicule.
Quand le bruit des relations extra-affectueuses
entre M. Deschanel et la famille Humbert se répan-
dit dans les foules, le toujours jeune académicien
politique prit par le bras un député de Meurthe-et-
Moselle, que je ne nommerai pas, mais qui porte
le nom
Moselle, d'une héroïne populaire d'Emile Zola, et lui
dit :
— Il n'y a pas un mot de vrai dans tout cela.:
— Alors, poursuivez !.
Et M. De-schanel fit une. figure énorme.
L'un des membres d'une sous-Commission m'a
déclaré qu'entre les affirmations de l'ancien pré-
sident de la Chambre et celles de Thérèse, il n'y
avait pas à hésiter.
— C'est mon avis, lui répondit-on.
— Evidemment !
— Evidemment. nous croyons Thérèse.
Un autre, qui se trouvait dans le groupe, s'écriait :
— M. Desehanel avait un excellent moyen de &e
disculper. Il n'avait qu'à dire : « J'ai toujours joué
la œm.éWe, je l'ai jouée aux Yives-Eaux, je la joue
ici, donc la dupe, ce n'est pas moi.
La vérité, c'est que M. Desehanel a échappé à un
grand ttenger. Il courtisait la mère pour avoir la
fille, il a pu iùivm une autre route, il n'a qu'à
rendre grâce au destin. Il est vrai que s'il fût devenu
l'époux de Mlle Humbert, l'orage eût peut-être été
conjuré. *
Quoi qu'il en soit, l'enquête semble dévier de son
but initial : on cherche les complicités politiques et
on s'arrête à l'analyse psychologique des lettres
d'amour.
Tous e-ax -qui {Jllt gravité autour des Humbert
font vilaine figure. Pendant vingt ans, ils ont bu
leur vin, savouré leurs' dîners, ils se sont pavanéa
dans leur loge à, l'Opéra, ils ont suivi leurs parties
de chasse, et, aujourd'hui que la catastrophe est ve-
nue, ils n'ont pas la reconnaissance du ventre.
Combien Ovide avait raison !
Donec eris felix, multos numerabis amicos
Tempova si fuerint nubila solvis eris.
Mais on va me confondre avec M. Lintilhac.
Eugène Destez.
*
* *
L'Agence Havas nous communique la note sui-
vante :
(1 Après examen d'un dossier qui lui a été commu-
niqué par M. le ministre de lagu rre, le garde des.
sceaux, saisi d'autre part d'une demande de revision
que l'ex-capitaine Dreyfus a fait remettre à la chan-
cellerie, a transmis ces divers documents à M. Du-
rand, conseiller à la Cour de cassation et président
de la Commission instituée au ministère de la jus-
tice, en vertu de la loi du 8 juin 1895, art. 444 du
code d'instruction criminelle. »
———————————— .o..
ras mm
~g 'f'- eirlos cle 0
BSgg MlflSI <'l P-G.
_t~ 52, Rna 'MontiZZa.rf.rs, 52
HÉMILIE D'OR Pairia 19«9
~a~ë~ ~—— NOUVEAU TARIF V. -
——-——————————————- -—————————————~————.
Le lieutenant-colonel Aarousseau
La mert du colonel
Une dépêche de Tunis, arrivée hier à Paris, nous
apprend que le colonel Aurous.seau, dont Gil Blas a
annoncé la tentative de suicide et dont la blessure
ne paraissait pas mortelle, est mort. Le rasoir avait
pénétré jusqu'à la colonne vertébrale. Toutefois, la
carotide avait été comprimée mais n'avait pas été
atteinte et les soins avaient empêché la mort immé-
diate.
Quelques détails
Voici les conditions dans lesquelles l'affaire Au-
ïousseau «'est produite :
Depuis que M. Pichon était à Tunis, il avait eu
à se préoccuper des conditions dans lesquelles fonc-
tionnait le budxîet de l'armée tunisienne.
Son attention avait été appelée à diverses reprises
sur des dépenses excessives qui paraissaient cou-
vrir de véritables abus.
Il avait entrepris de réduire ces dépenses et s'é-
tait heurté aux résistances du colonel Aurousseau,
qui défendait très habilement .ses propositions et
son administration, et s'était même arrangé de
manière à faire vérifier ses comptes par uneolltro-
leur général de l'armée qui n'y avait pas découvert
d'irrégularités. Toutefois, en établissant le budget
de 1904, le résident crut pouvoir faire d'importantes
réductions.
A ceanoment, le général Roux prenait possession
du commandement de la division d'occupation.
En se livrant à son tour à l'examen du budget de
l'armée tunisienne et en questionnant à ce sujet le
colonel Aurousseau, le général Roux fut amené à
découvrir l'existence de factures fictives s'appli-
quant à des dépenses qui n'avaient pas été effectuées
au compte de l'armée tunisienne.
Mis en présence de ce fait, le colonel Aurousseau
reconnut sa culpabilité. Il fut immédiatement mis
aux arrêts de forteresse et fit parvenir au général
André sa demande de mise à la retraite.
M. Pichon et le général Roux proposèrent aux mi-
nistères de la guerre et des affaires étrangères de
traduire le colonel devant un conseil d'enquête,
pour fautes contre l'honneur, isous réserve des pour-
suites ultérieures qui pourraient être exercées con-
tre lui, si l'enquête qui se continuait les justifiait.
On sait le reste.
Quelques détails maintenant sur la manière dont
la colonel s'est donné la mort.
Décidé àen finir, le lieutenaat-oolOHeJ Aurousseau
a cherché à se procurer un rasoir ; il a procédé de
la manière suivante pour y réussir. Il envoya chez
lui son ordonnance demander ù Mme Aurousseau
sa trousse de toilette, que la femme du colonel, su-
bissant un secret pressentiment, se refusa tout
d'abord à remettre à l'émissaire de son mari.
Celui-ci insista, en raison des instructions for-
melles qu'il avait reçues de son chef, et Mme Au-
rousseau finit par céder.
Dès que le colonel fut en possession de son rasoir,
il commença à se raser, puis tout à coup se coupa
la gorge avec violence.
Le cadavre du colonel est à l'hôpital militaire. On
a entouré la tête et le cou de bandelettes pour dis-
simuler l'effroyable blessure.
Les obsèques seront célébrées aujourd'hui ; elles
seront civiles.
G. Prud'homme.
——————————— $.. .———————————
LA REVANCHE DE LA MÉDECINE
« Tout ce que la médecine a pu faire contre le
rhume de cerveau, disait un médecin sceptique, a
été de l'appeler « coryza m. Et, pour ne pas être en
reste avec son spirituel coaifrère, un autre ajoutait :
« Contre cette affection, le seul remède est de pren-
dre son mouchoir. »
>- « Vérité d'aujourd'hui, erreur de demain », a dit
je ne -sais quel philosophe, et combien il avait rai-
son !
Il est établi maintenant, de la façon scientifique
la plus indiscutable, que le ooryza, ou rhume de
cerveau, est dû à une inflammation catarrhale de
la pituitaire, ou muqueuse des fosses nasales.
Il est également prouvé que cette inflammation,
développée en géinéral sous l'influene du froid, est
due à un microbe ; c'est pour cette unique raison
que le rhume do cerveau est contagieux.
Partant de ce principe, on a essayé quantité de
moyens qui tous olllt échoué, devant l'impossibilité
d'atteindre la région envahie et ses inacoesibles an-
fractuosités.
Il fallait trouver un topique volatil dont les pro-
priétés fussent à la fois capables de répandre aux
deux indications primordiales : « Résoudre l'inflam-
mation catarrhale aiguë et antiseptiser tissus et
sécrétions. »
Le problème a été résolu d'une façon élégante
par la découverte du remède idéal, répondant exac-
tement aux besoins de la cause : j'ai nommé les
« Pastilles Valda ».
En quelques secondes, les principes antiseptiques
excessivement volatils des « Pastilles Valda », pé-
nètrent, jusqu'aux dernières limites de l'arbre aé-
rien, préservant les bronches, aseptisant le la-
rynx, désinfectant les fosses nasales, décongestion-
nant tous les tissus. C'est la barrière infranchissa-
ble, l'inflexible véto qui -préserve de la bronchite,
évite la grippe, éloigne la pneumonie, dont le sim-
ple coryza est trop souvent l'introducteur. Eai hiver,
ne sortez jamais sans Pastilles Valda. Les Pastilles
Valda sont, pour la médecine, la revanche de sa
longue impuissance d'autrefois.
Emile Gautier.
Les Parlementaires Anglais
A PARIS
A Versailles
La visite aux ateliers du peintre Toché, et du
sculpteur Auguste Rodin, parut bien spécifier que
l'art était aussi utile que la politique pour resserrer
les liens entre deux grands peuples civilisés. Et, de
fait, parlementaires anglais et français semblèrent
se mettre tous d'accord pour ne plus parler des
choses qui passionnent les Chambr-es des députés,
les journaux — et les réunions politiques. Pour no
songer qu'aux merveilles de la poésie et de l'art,
quel cadre plus resplendissant que celui de Ver-
sailles ? Le palais des anciens rois, le parc, les deux
Trianons, étaient tout indiqués pour charmer l'esprit
de nos hôtes.
On quitta donc Paris par la gare des Invalides,
à onze heures trente du matin. Un train spécial avait
été amnagé avec soin. Tout le long de la route, le
vent souffle avec rage, et la pluie exerce ses mé-
faits ; mais, dans chaque wagon, ce ne sont qu'ai-
mables causeries, bons mots, joyeux entrain, qui
dérident même les fronts les plus sévères.
Au palais de Versailles, les délégués anglais sont
r.eçus par MM. d'Estournelles de Constant, Berteaux
et le conservateur, M. de Nolhac.
Ce fut une surprise agréable pour beaucoup des
invités que d'entendre M. Berteaux souhaiter la
bienvenue aux visiteurs d'outre-Manche, dans leur
langue même. M. Berteaux s'exprime en anglais
avec la plus grande facilité. On l'applaudit même
bruyamment.
Ce n'était pas tout. Une autre surprise eut lieu :
Mlles Louise, Blanche et Suzanne Mante, de l'Opéra,
mimèrent et dansèrent une Répétition chez la mar-
quise, ballet composé d'une suite de danses Louis
XV. Ces dames étaient accompagnées par M. Viar-
dot, au violon, et par M. Koenig, au piano. Ce fut
un immense succès — le plus mérité, d'ailleurs, —
pour les sœurs Mante et pour les musiciens.
Un lunch fut ensuite servi. Tout lunch qui se res-
pecte — si nous osons parler ainsi - '.Comporte une
série de toasts. Sir William Hûuldsworth, président
du Commercial Committee de la Chambre des Com-
munes ; MM. Howard Vincent, Walter Peace et Mil-
ler s'acquittèrent de ce soin. Ils dirent tout leur plai-
sir de visiter le magnifique palais de Versailles —
ce qui causa une joie infinie au coeur de M. de
Nolhac ; ils rappelèrent les liens qui allaient a ja-
mais unir l'Angleterre et notre pays ; ils crièrenf
même : « Vivant la France et les Français ! 1) Ce
cri était un peu long, mais entre gens qui s'estiment
sincèrement les plus longues paroles sont encore les
plus courtes : « Vivent donc la Fraace et les Fran-
çais ! » Applaudissements t Triple hourra !
MM. Gaston Menier et d'Estournelles remercièrent
avec tact.
Cependant, un seul adversaire ne voulut pas être
convaincu, il refusa de faire partie de cette fête tou-
chante ; ce fut le temps. Temps horrible 1 Le vent
soufflait toujours, la pluie ne discontinuait pas !
On prit, par conséquent, une résolution fort sim-
ple : celle de narguer toute rafale et l'on monta en
voiture pour visiter le parc et Trianon.
Les grandes eaux eussent formé un spectacle
admirable. Mais les réservoirs étaient en répara-
tion. Le hasard, ainsi, devenait ironique : on n'avait
pas les eaux que l'on désirait, mais il pleuvait il
verse.
Pourtant le bassin de Neptune fit un effort, il joua;
on s'amusa de sa bonne volonté et de ses jeux ;
on s'extasia et — tous les visiteurs étant très satis-
faits — on reprit le train pour Paris.
A l'Hôtel Continental
Notre confrère, le Siècle, avait eu la pensée d'of-
frir à chacun des membres du Parlement anglais
un exemplaire de la plnquette YEnlente cordiale,
gravée par M. René Grégoire. Il avait donc donné
rendez-vous à nos visit-curs dans les salons de l'hô-
tel Continental.
Un punch fut servi, au cours duquel M. de Lanes-
san, directeur politique du Siècle, prononça une al-
locution très applaudie.
A l'ElyeJée-Palace
Vous vous imaginez peut-être que les parlemen-
taires anglais pourront enfin se reposer et rentrer
tout tranquillement chez eux ? Quelle erreur est la
vôtre ! Mais chacun se fait un honneur insigne de
les recevoir !
Aussi, à peine la réunion de l'Hôtel Continental
avait-elle pris fin, qu'il fallait se diriger vers les
Champs-Elysées. Il y avait, en effet, réception orga-
nisée par la Chambre de commerce anglaise de Pa-
ris, dans les salons de l'Elysée-Palace.
Les uns s'y rendent en voitures, d'autres, plus
audacieux, à pied, les troisièmes enfin, sous la di-
rection de M. d'Estournelles de Constant, par le
Métropolitain, de la Concorde à l'Aima. Hâtons-nous
de dire qu'aucun accident n'assombrit ce très court
voyage !.
A l'Elysée-Palace, il y eut naturellement souhaits
de bienvenue, toasts et remerciements échangés.
Puis on s'empressa autour de six tables merveilleu-
sement approvisionnées et surchargées de fleurs.
Dans le fond, un orchestre faisait entendre tantôt
les airs les plus deux, tantôt les plus endiablée —
ô cake-walk indispensable !
La soirée de l'Automobile- Club
On se souvient que, lorsque les parlementaires
français allèrent à Londres, ils furent divisés par
groupes et que chaque groupe fut invité chez une
haute personnalité de Londres.
Hier, on agit de même à l'égard des parlemen-
taires anglais. Divers membres de la Chambre, du
Sénat, ont reçu à leur table plusieurs de nos vi-
siteurs.
Chez M. d'Estournelles de Constant, il y a eu un
grand dlner en l'honneur do seize membres du Par-
lement anglais.
Enfin, l'Automobilo-Club avait organisé une récep-
tion à neuf heures et demie. Tout ce que Paris
compte de notabilités s'y étaient donné rendez-vous.
Les salons do la place de la Concorde étaient bril-
lamment illuminés. Une petite scène avait été cons-
truite avec un soin tout particulier. Là, se firent
entendre plusieurs artistes de nos grands théâtres.
M. Mounet-Sully se fit applaudir avec enthousiasme.
Heureuse Mme S.-Weber ! Son talent transporta
tous les cœurs et on lui fil une ovation — en vérité,
une des plus belles de sa vie artistique.
La. soirée était encore très animée quand les né-
cessités du tirage de notre journal nous firent quit-
ter les salons de l'Automobile- Club.
Sainthème.
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laine et en faïence disposés sur nos Etagères.
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LES COULISSES
DE LA FINANCE
La réponse des primes a causé des désillu-
sions aux acheteurs en spéculation de certains
titres qui devaient beaucoup monter et n'ont
pas tenu leurs brillantes promesses. L'emballe-
ment que l'on prédisait au milieu du mois, sur
la Rente, n'a pas eu lieu non plus. En pourchas-
sant les baissiers vigoureusement, on aurait
obtenu des résultats plus remarquables, mais
on a préféré pousser la prudence aux extrêmes
limites.
Conclusion : le marché est admirablement
préparé et à moins que la politique ne nous
joue un tour de sa façon, on peut compter que
décembre sera bon pour les affaires. La liqui-
dation s'annonce favorable. On évalue de 3 à
4 0/0 le taux des reports et cela n'aura rien
d'exagéré, étant données les prévisions d'em-
barras monétaires à Londres et à Berlin.
Les mouvements du Perpétuel français n'ont
pas dépassé une douzaine de centimes ; on a
répondu à 97 95, à 2 Ij2 centimes près le plus
haut cours de la séance. L'Extérieure Espagnole
qui nous a habitués à de multiples cascades,
se montre très réservée avec des écarts de trois
sous. Il ea est de même du Turc unifié sur
lequel se concentre maintenant l'agiotage levan-
tin. Les différences sur les Argentins, l'Italien,
le Serbe, voire les Brésiliens, sont insignifian-
tes. Tout cela a tellement monté que l'oosita.
tion s'explique facilement.
Le crayon travaille toujours les mêmes éta-
blissements de crédit. La Banque Parisienne a
remonté et le Comptoir national continue sa
marche en avant. On s'aperçoit que la capitali-
sation de cette Société laisse à désirer, mais
il n'est jamais trop tard pour bien faire. L'an-
cien Comptoir a valu beaucoup plus cher et la
Banque Parisienne, qui a été longtemps rangée
dans la série des Sociétés de troisième ordre,
peut aspirer aux plus hautes destinées, si la
haute banque veut en faire un instrument de
combat.
Est-ce à dire que nous manquions d'institu-
tions financières susceptibles de répondre aux
besoins de l'épargne française ? S'agit-il de dé-
velopper les idées de spéculation, d'enlever aux
marchés étrangers les entreprises qu'ils cher-
chent a monopoliser ? Il est malaisé de répon-
dre nettement à ces questions fort embrouillées.
Dans tous les cas, il ce produit actuellement
une sorte d'évolution des plus intéressantes.
L'un de nos plus vieux établissements, le
Crédit Industriel et Commercial vient de créer
non une succursale, mais une société entière
en Belgique. Jusqu'ici le Crédit Industriel en
était resté aux pratiques de 1830 et ses adminis-
trateurs ont dû être stupéfaits en apprenant
qu'une ligne de chemin de fer reliait Paris à
Bruxelles. On se demande qui a pu leur donner
l'idée d'aller faire concurrence aux Flamands
dans leur propre pays. Assurément, il y a là-
dessous un mystère.
C'est la Banque Russo-Chinoise qui avec le
concours de la Banque de Paris, de la Société
Générale et du Comptoir d'Escompte, lancera
le 14 décembre prochain, l'émission de l'em-
prunt de 40 millions de francs dit Chinois 5 0/0
de 1902, au taux de 90 50 0/0 ou 482 fr. 50
par obligation de 500 francs. A la suite des
négociations pour lesquelles elle a obtenu l'ap-
pui des gouvernements de France et de Russie,
la Banque Russo-Chinoise a conclu en 1902, des
contrats relatifs a la construction et à l'exploi-
tation d'un chemin de fer qui, partant de la
ville de Cheng-Ting-Fou, dans la province du
Tchéli, aboutira à Tai-Yuan-Fou, capitale de la
province de Chari-Si.
En attendant que les Chinois aient leur ré-
seau coté, le? actions de nos grandes compa-
gnies de chemins de fer sont plus fermes et le
Suez continue à grimper ; de 4.105 au début,
on l'a vu à 4.140 et il clôture à 4.124. Extraor-
dinaire !
Rien à dire des Mines sud-africaines. C'est
la bouteille à l'encre. On n'a presque pas bougé
aujourd'hui.
Don Caprice.
——————————— 4" ———————————..
L'Eau de Suez, dentrifricc antiseptique, dont la
célébrité est universelle, vient d'obtenir, à fExpûsi-
tion Internationale d'Art dentaire et d'Hygiène, Pa-
ris 1903, la médaille d'or avec croix d'honneur, la
plus haute récompense accordée aux dentifrices,
attestation qui confirme sa supériorité sur tous les
dentifrices du monde.
BE-nm..&loT DIÀBÏA8T W CAP p!TATI'3||
ERNEST lepluabrillazt. le plus dur S PARFAITS 8^
as, BSotttevttra des Itaîdons. — PRIX BON MA«r,HK.
————————————-———— »o» ■
Gazette Judiciaire
SCÈNES ANTIQUES
Il y avait audience de huis-clos, hier, à la
neuvième Chambre, présidée, par M. Bon-
doux : aussi la salle d'audience était-elle bon-
dée 1 La justice a de ces contradictions ; avo-
cats, magistrats, journalistes, amis même
avaient envahi les bancs et le prétoire, afin de
voir juger les jeunes d'Adelsward et de Warren,
poursuivis pour outrage'public à la pudeur et
excitation de mineurs à la débauche et qu'assis-
tent M03 Démangé et Henri-Robert :
Pas de femmes pourtant, ce qui n'a rien de
surprenant dans une affaire de cette nature !
On se souvient qu'Adelsward et de Warren,
sont accusés d'avoir organisés séparément chez
eux et parfois en commun, des réunions parti-
culièrement intimes, où, après l'absorption de
pâtisseries variées, des lycéens - notamment -i-
étaient initiés à divers « mystères » érotiques
que leur jeune 'âge pouvait ne pas leur permet-
tre de soupçonner.
Les acteurs de ces scènes, -que les organisa-
teurs avaient la prétention de renouveler de l'an-
tique, se couronnaient de fleurs, en un « costu-
me » paradisiaque, ou revêtus de légers pei-
gnoirs facilement ouverts.
Adelsward, le premier interrogé, est un gar-
çon de taille moyenne, à la physionomie intelli-
gente, vêtu d'un complet bleu, d'une chemise
bleue ; les cheveux roux foncés sont longs et
partagés par une raie so-ignée ; la pointe du fou-
lard s'échappe de la poche du veston.
« Le baron Jacques », comme on l'appelait,
est d'ailleurs un raffiné., même en littérature
et en poésie ; ses ouvrages, N.-D. de la Mer, Mi-
nerve et Adonis, Vllymnaife d'amour, Lèvres
closes et Chansons légères, contiennent des
compositions subtiles et charmantes, fort pri-
sées des co.nnaÎ'Bge-UMS.'
Tout autre est Albert de Warren, dont l'orga-
ne est dur, la physionomie méchante, l'allure
brutale, l'apparence, en somme, ingrate, malgré
la trace évidente du corset sous le veston mar-
ron fatigué, et dont l'usure rappelle que M. de
Warren n'a aucune fortune.
Jacques d'Adelsward possède, au oontrnire,
une trentaine de mille francs de rente, qui lui
viennent de la succession de son père ; tout
jeune, il a eu le goût des études et des arts
mystérieux, et il ne nie pas quo sa curiosité
« littéraire » aiguisée par certains souvenirs de
la civilisation gréco-latine, l'ait conduit à vou"
loir réaliser une partie de ce qu'il avait lu ; ce
sont, en effet, de son propre aveu, ses lectures
et les exemples qu'il a eus sous les yeux dans
les établissements où il a passé, qui ont donné'
à son imaginati-on un tour particulier. Mais il
proteste que les actes positifs dont il se recon-
naît l'auteur — et qui, en dépit de la fréquent
tation de quelques professionnels, n'auraient
ou qu'un caractère superficiel — n'ont pas eu
d'autre teimoin que ceux nécessaires dans uni
t/te-à-têLe et que, par là, le chef d'outrage pu-
blic à la pudeur ne peut être retenu contre
lui.
- J'ai bien eu quelques privautés avec des jeuh
ries garçons, déclare-t-il, mais je ne leur ai rien!
appris, car ils en savaient tous autant que moi !
— Comment vous est venue l'idée de ces prati-
ques ? demande le président.
— Mon imagination s'est trouvée surexcitée par,
mes propres œuvres et par des lectures de Baude-
laire, de Verlaine, et de Là-bas, de Huysmans, fsans,
remonter à Pluton, Virgile et Théocritc !
Tout cela est dit avec une précision et uns
distinction parfaites, le mol juste, l'expression
choisie, la diction claire et la voix bien tim-
brée, font porter chaque phrase et valoir la dé-
fense fort habilement présentée.
Il faut savoir gré au docteur Wallon, méde*
cin-aliéniste, qui a examiné Jacques d'Adels-
ward de ne pas nous avoir fait un de ces inter-
minables cours avec discussions de thèses mé-
dicales, dont il accable généralement la justice,
lorsqu'il est appelé à lui donner son avis sur
un accusé ; il a, cette fois, en quelques phra-
ses, déclaré que celui-ci n'est ni « un inverti
sexuel, ni un intoxiqué, soit par les piqûres
de morphine, soit par l'opium, dont il a peu usé,
ni alcoolique », mais qu'il « est certainemenfl
un déséquilibré ».
Dans son enfance il a eu des convulsions fré-
quentes ; il était menteur à un point qu'on ne peut
dire, bizarre, fantasque, tourmenté du besoin de
se singulariser. Il y a chez lui des tares héréditaires
très prononcées.
L'une de ses grand'mères a été internée et est
morte dans l'asile où elle se trouvait. Son père fui-
même a été interné avant son mariage, et l'un de ses
oncles est épileptique.
Il aurait donc fallu une hygiène morale très sé-
vère pour réagir contre ces hérédités, et c'est ce qui
lui a manqué.
On ne peut pas dire qu'il soit irresponsable, puis-
que, d'ailleurs, lui-même a fini par avoir honte ; il
aurait pu avoir honte plus tôt.
Mais sa responsabilité doit être considérée comme
atténuée et ses origines doivent lui valoir une eer..
taine indulgence.
Nous avons eu ensuite un défilé, tantôt ré-
pugnant de petits enfants, victimes des prati-
ques coupables des deux jeunes gens, ou amu-
sant d'une domesticité toujours gro-tesqua,
quand elle n'est' pas méprisable.
Et d1 abord Henri, le valet de chambre, a fait
un tableau peu ragoûtant des lendemains d'or-
gie : c'était lui qui, chaque matin, à huit heu-:
res, ouvrait les personnes de l'entresol du ba-
ron et laissait pénétrer les clairsi rayons du
chaste soleil sur les restes d'orgie et les débris
des débauches de la nuit.
Puis, ce fut le concierge du baron, l'iriénan
rable Adam, dont la déposition, pleine de sa-
veur, débuta par ces mots :
— M. d'Adelsward a habité chez moi, depuis le.,.
Mais, que peut-on ajouter à ces détails quel
que peu amusants ? Le reste de l'audience a
remuée de la boue, beaucoup de boue ! on s
vu des enfants de bonnes familles, de quinze,
de douze, et même de neuf ans, venir déposer
et révéler des détails repoussants, et on était
pris d'un haut-le-cœur de dégoût à la pensée
que tant de petits êtres innocents avaient pu
êtres souillés, sinon de corps, du moins d'es
prit, par les deux prévenus que les témoigna.
ges des pauvres enfants étaient les seuls, dans
l'auditoire, à ne pas émouvoir.
C'est la jeune âme du pays que ces ineons..
cients amoraux ont souillée et c'est de ce res*
pect envers les enfants
Maxima debetur puero reverentia
a dit le poète, que la 91 Chambre châtiera jeudi
prochain les deux coupables.
Et pour ne pas terminer toutefois par ce peu!
ragoûtant récit de ces débats, mentionnong
la question de M. le substitut Lescouvé, à Mo]
de Warren :
D. - Un témoin a dit que vous aviez des rriatit
tresses ?
R. — Pourquoi pas ?
D. - Mais, est-ce vrai ?
R. — J'en ai eu des collections !
D. - Avec quoi, alors, les entreteniez-vous 1
R. — Avec mon amour. (Rires.)
A jeudi, les plaidoiries et le jugement.
M* Renard.
Bijoutir-Joaillier des Cours royales
imitation prbifo
—~~s ~,
C '-/ à Alaska diamant
29, BOULEVARD DES CAPUCINES, PARIS
Envoi franco du catalogue illustré.
*a*- -",..
FAITS DIVERS
Les obsèques de Lafon
Ainsi qu'il était à prévoir, quelques incidents se
sont pr-odwts hier matin aux oi)sècf«^s du malheu-
reux François Lafon, mort, peut-on i5UPPO ser, à la
suite des coups qu'il reçut le 29 octobre dernier, lors
des incidents de la Bourse du Travail.
La pluie tombait fine et glacée, néanmoins, un
grand nombre de curieux se pressaient aux abords
de la maison mortuaire, avenue Duquesne.
Le préfet de police avait organisé un important
service d'ordre, qu'il dirigeait en personne, «.-ssisté
de MM. Touny, directeur de la police municipale,
Orsatti, Grillères et Bouvier, commissionnai-res di-
visionnaires.
Par petits groupes, les syndiqués arrivent, ils
ont presque tous la boutonnière fleurie de l'églo^tine
rouge, quelques-uns, même, ont orné leur chapeau
de l'emblème socialiste.
Mais on annonce l'arrivée sur la place de Bre-
teuil, de porteurs de drapeaux roulés, dans leur!
gaines. M. Lépine leur fait barrer le passage. Les
porteurs protestent mais se soumettent et tant dis-
paraître les emblèmes séditieux.
Un peu avant dix heures a lieu la levée du corps.,
De nombreuses couronnes sont placées sur le cer-
cueil, d'autres sont portées par les divers grou-
pements corporatifs, les frères et la mère du dé-
funt suivent le cortège, cette dernière, dont la dou-
leur est poignante, est soutenue par deux de ses,
parentes.. -
Douze à quinze cents personnes environ suivent
le corbillard, qui s'arrête devant l'église Snint-F'ran-
çois-Xavier, où un service religieux est célébré.
Il est midi quand le cortège arrive au cimetière do
Bagneux. Il est accompagné maintenant par les
agents et les gendarmes. Beaucoup d'assistants
étant partis! en cours de route, l'inhumntion a eu!
lieu devant un nombre de personnes relativement
peu élevé.
Une centaine de manifestants sont rentrés à Paris
par la barrière de Montrouge en chantant la Carma-
gnole et Y Internationale. nue Priant une collision se
produisit avec des agents. Treize arrestations furent
faites.
Avant les obsèques, un autre incident s'était pro-
duit, rue Jean-Jacques-Rousseau. M. Couchond, se-
crétaire du syndicat des limonadiers, sortant de
l'annexe de la Bourse, portant la bannière du syn-
dicat. Un agent voulut saisir l'emblème, M. Cou-
chond résista et il fut arrêté, ainsi qu'un autre
manifestant, qui protestait. Tous deux furent re-
lâchés peu après.
En raison de la fête offerte par M. Dnfnyeî a sœ
employés et ouvriers, les séances du Ci n biogra-
phe Dufnyel n'auront pas lieu, excepUoniieilem«nt,!
aujourd'hui dimanche 29 courant.
- x -
Il y a Trac et Truc
Un homme honorable peut porter le t nom d'un;
filou sans compromettre son honorabilité^ , mais en..
cre faut-il qu'il ne soit pas confondu avec son homo-
nyme.
Aussi, tenons-nous à déclarer que M. Truc, dont
nous avons hier dévoilé le, « truc D, n'est pas notre
confrère, Pierre Truc, secrétaire de M. Jules Roche^
député de TArdèche..
lté Curieux
lée, s'il ne songe plus maintenant à YEros van-
né, si l'obésité ZD ne l'inspire-plus, s'il a un peu
perdu de sa folle -exubérance de sa bonne
santé littéraire, il ne peut manquer, malgré tout,
quoi qu'il arrive et quelque œuvre qu'il entre-
prenne, de rester spirituel.
Spirituel, il l'est, comme nul autre ; il a élevé
l'esprit à la-hauteur d'une pjolessKm, presque
d'une institution, il sera toujours spirituel, fol-
lement spirituel, épertlument spirituel, — ou du
moins il essayera de t'être, et on devra lui en
savoir gré, car, lorsqu'il s'agit de théâtre, l'm-
(cnlion est réputée pour le fait.
Aussi, étions-nous en droit d'être surpris, en
apprenant que cet esprit léger, charmant, un
pou frivole, souvent futile, écrivait pour le
Gymnase une œuvre de violence et de parti
pris.
Le Retour de Jérusalem devait être, disait-
on, une sorte de pamphlet politique. Allons
donc I Sans connaître la pièce, on peut affir-
mer que le talent et le caractère de Maurice
Donnay sont d une trop pure qualité, pour que
cet écrivain emploie un art où il excelle à
faire œuvre de polémiste. Il est trop fin pour
se plaire à la politique, il est un artiste trop
probe pour lui demander de si faciles effets.
Et puis., le collaborateur de la Clairière,
n'est pas de ceux qui prennent souci des gros-
sières questions de religion ou d'argent t
Si, dans Le Retour de Jérusalem nous assis-
Ions à un conflit" soyons persuadés qu'il sera
seulement un conflit sentimental ; sans doute,
nous devons nous attendre à retrouver par-
ci, par-là, des traits de satire, et nous ne se-
rons même pas surpris si, dans quelque ti-
rade, Donnay cherche à prouver et à ensei-
gner.
Quand le diable devient vieux, vous savez
qu'il se fait ermite. M. Maurice Donnay n'a
pu s'empêcher de suivre le courant général, de
ifaire une pièce à thèse, puisque maintenant les
auteurs encombrent de thèses les vaudevilles
4es plus fous, et qu'on se piqoo de ne plus faire
du théâtre pour plaire. mais pour enseigner.
Que nous enseignera M. Mauriee Donnay ?
Nous le saurons bientôt. En attendant, nous
pouvons prévoir que ses leçons seront agréables
et faciles : M. Maurice Donnay a été tant de fois
un écrivain spirituellement immoral, qu'il ne
saurait, même s'il lui en prenait le désir devenir
d'un coup un très farouche moraliste.
PIERRE MORTIER.
O-» r, ■ -
POUR I EVI1 Pour ,as sains journaliers
« ÊTRE
TROMPÉ ( LE MflUM PetTOfH ffâjflf
, '*°'" .—u————.—-
Le Monde
"GU Bta" à Table
Rognons sautés à la Bignon : -—; Nous évoquions
naguère, la gloire culinaire des frères Verdier. Nos
lectrices nous sauront gré de leur enseigner la fcsnwuile
suivante placée sous les auspices d'un célèbre res-
taurateur, de Bignon!
Pour 6 personnes : Partager en deux 6 beaux ro-
gnons de mouton, les assaisonner de sel et de poivre, et
les faire sauter dans une casserole plate avec 60 gr.
de beurre brûlant.
Conduire cette cuisson le plus rapidement possi-
ble afin de rissoler les rognons à l'extérieur tout en
les conservant saignants. Les égoutter et les conser-
ver au chaud entre deux assiéttes à l'entrée du four.
Déglacer la casserole d'un décilitre de vin de Xé-
rès, faire réduire, puis mouiller de 2 décilitres de jus
ou coulis de veau et de 4 décilitres de crème double.
Ajouter une petite cuillerée de paprika. Faire réduire
en plein feu ; beurrer de 50 gr. de beurre frais, acidu-
1er d'un soupçon de citron et passer à ia passoire fine.
D'autre part, pendant que les rognons cuisent, faire
griller 12 beaux champignons équeutés, lavés, ciselés,
huilés, et assaisonnés de sel et de poivre.
Dresser les demi-rognons sur les champignoos, sur
un grand plat rond, en couronne; .garnir le milieu
d'un ragoût de grosses olives dénoyautées, blanchies
et étuvées dans quelques cuillerées de coulis de veau;
napper les rognons avec la sauce indiquée, et servir.
Remarque : dans cette recette, comme dans bien
d'autres, nous préconisons l'emploi du coulis au jus
blond de veau. Nous dirons prochainement comment
an apprête ce fond de cuisine. — P* MONTAGNE.
A paris
Sont rentrés à Paris, hier : marquise de Châteaure-
nard, M. G. Le Duc, M. Pierre Bertin, comte H. de
Bonvouloir, Mme A. Bézuel d'Esneval, vicomtesse du
Hamel de Breuil, Mme R. Hussenot-Desenonges,
comtesse de Kergariou, Mme Paul Séailles, princesse
de La Toèr-d'Auvergne, comte François de La Bé-
gassière, marquis et marquise de Breteuil, M. H.
Bertrand, etc.
— Mme rostd-Vinay vient de lancer des invita-
t:ons pour deux matinées musicales ; la première aura
Leu demain dimanche, la seconde le 27 décembre.
— Une assistance des plus élégantes sa pressait
, Jcr, à la Galerie
la femme du très distingué consul argentin à Rotter-
dam.
Mme Anna de Carrie offrait à l'admiration des di-
Jeltanti un exquis ensemble de tableaux à nmile, de
fuperbe facture; de pastels, qui comportent toute la
beauté du dessin et tout le charme du pastel ; de mi-
niatures, parmi lesquelles le Portrait du général Bar-
Jltlilome Mitre, ex-président de la République Argen-
tée, apparaît comme un menu chef-d'œuvre'.
1 On a particulièrement admiré les portraits de Mme
la comtesse des GaTets, et de Mme Merle, deux pastels
ravissants dliarmonie et de grâce, le beau portrait du
;,àiéral Julio A. Roca, président de-la République
Argentine, le coloris original et charmant de la
Paysanne Russe, le sentiment délicieux de la. Mi-
•' ion, et de remarquables études intitulées: M élml-
wlù, Rêverie, Pope Russe, Coquelicots, ainsi qu'un
¡'¡¡j.'}we, marqué au coin ctune belle originalité.
7n arioges
A l'occasion de la signature du contrat de mariage
de sa Elle, Mme de Yraarraaavai avec le marquis des
Curs, fils du dac et de la dudiesse des Cars, Mme
Ed wards a donné hier, de quatre à sept heures, da.ne
slj salons de l'avenue Kléber, très bien fleuris d'or-
c! .idées de toutes teintes et de roses, une grande récep-
tion.
La corbeille et les nombreux souvenirs qui avaient
t*.1.: adressés aux futurs époux Ont, .est-il besoin de le
cKre, été très admirés par les awriweuses personnali-
sa qui, durant ces trois lîeiues se sont suacédé sans
i;. tenuption.
Parmi les principaux donateur^, citons to8
f; ".(JU:ïJ : La princesse Mathilde, 'qui a envoyé un
! ;t jQli éventail peint par elle-même et que, avant-
hier soir, bien que très souffrante, elle a signé dans
son lit.
Puis, au hasard : duc d'Alençon, marquis et mar-
que d'Irneceiirt, baronne de Chamacé et sa sosur,
)l: le Sinwr.e de Grandmaisan, Mme Hughes Hallet,
? le Xifré, comte et comtesse de Vaulserre, Mlle de
Hauban-Paîikao, M. et Mme A. de Avilis, M.
u Mme Errazuriz, M. et Mme Jean Hennessy, romte
c! cc-axtesse Pierre de Durfort, Mme Arthur Lyon,
ba-oa et baronne André de Kainlis, conxte et comtesse
J,,, - ,-,i aes Aymery de La Chewalerie, vicoante des Courtils
de Merlemesit, marquis et marquise de Montferrier,
oc -ce Henri de Lange, comte Jules de Bonvouloir,
c i-tesse de Montauban-Palikao, Mlle Félicie de Mon-
tev iard, comte et comtesse Gaspard de Miramon,
M >0 del Cm-ri l, baron et baronne G. de Balorre, vi-
ct»T Ats et vicomtesse de Durfort, comte Antoine d'Hu-
»"• ^--ein, ecaMe et comtessc, de La Fresnayç, duchesse
de San. Carlos, marquise de Gricourt, comte du Luart,
M Rchert Dnrbîa-y, comte et comtesse Eugène de
L'ur-Saluees^Imo Pintod'Aguiar,Mn\e de Blest-Gana,
M. et Mme Ilébert, M. et Mme de Vlassow, marqui s
et 'ï?rquise de Villefranche, général Rinoon-Gallardo,
et; - "e Charles de Montauban-Palikao, marquise del
y.: ;!e de Toso, M. Carlos Zanartu, comte de ViUa-
I* comte Hervé de Bemis, général vicomte de
K- -drel, comte Henri d'Hunolstein, Mme Eustache
ii. tard, Mlle Germaine de Jessaint, vicomtesse Gaë-
L'I de Chézeiles, M. et Mme de Delgadoy Heredia,
iîO: te de La Fenonnays, M. et Mme F. de Rincoiril
On larda, vicomte et vicomtesse Louis d'Andjgné,.ba-
y Louis de Candé, M. et Mme Standish, née des
C) '5 ; comte et comtesse Ayrnery de La Rochefou-
d, baronne de Layre, marquis de Montesquiou-
ïezensac, Mlle Marie de Rincon-Gallardo, vicomtesse
de Fontenay, Mme Scbeinziss, M. Joseph de La Tor-
comte de Brusle, comtesse de Lamberg, Mlle Car-
toen Etrazuriz, M. Alfred de Mieulle, comte et com-
tes - Philippe d. LéviS-Mireooix. comte et comtesse
Bernard de Durfort, comte et comtesse R. de La Ro-
chebrochard, comte et comtesse Charles du Luart, duc
et duchesse de Mortemart, comte et comtesse A. de
Bertier de Sauvigny, vicomte Guillaume de Ruillé,
comtesse Charles de Brissac, comte et comtesse de Ro-
chefort, comte et comtesse Durand de Beauregard ;
Comte J. de Bouthillier-Chavigny, comte et tîomtes-
se de Panevinon de Marsat, comte et comtesse Henri
de Vibrave, baron et baronne Guy de Baulny, M. et
Mme Sartiaux, comte del Puerto, baron 4e Foucan-
court, vicomte de Périgny, marquis de Santa-Craz, vi-
comte Albert de Cure], M. René de Mieulle, comte
et comtesse R. de Vibraye, M. et Mme Bûcha, comte
des Cars, comte et comtesse Lafond, baron et baron-
ne de Kainlis, prince et princesse Louis de Croy,
marquis et marquise de Mac-Mahon, ccciie et comr
tesse d'Espeuilles-Vicence, marquis et marquise de
Gontaut-Saint-Blancard, marquis et marquise de La
Ferronnays, M. Delgado, comte Bertrand de Dur-
fort, etc.
Le mariage sera célébré mardi prochain, dans la
chapelle paroissiale de l'avenue Malalcoff.
La messe sera dite par l'abbé des Cars et la béné-
diction nuptiale donnée par Mgr de Durfort.
Les témoins dut marié seront : le duc d'Alençoo et
le comte Lafond ; la. fiancée sera assistée des minis-
tres plénipotentiaires du Chili, à Londres et à Paris.
Mme Edwards dooneta. une nouvelle réception après
la cérémonie,
— On nous annonce, de Reims, le prochain maria-
ge de Mlle Marie-Hélène Btanchin, avec M. Théodore
Michel, avocat à la Cour d'appel de Paris.
Nécrologie
Hier matin, à dix heures, ont été célébrées les ob-
sèques du docteur Proust de l'Académie de médecine,
inspecteur général des services sanitaires.. La cérémo-
nie a eu lieu en présence d'une très nombreuse assis-
tance. Le convoi s'est formé rue de Courcelles, où un
bataillon d'infanterie a rendu les honneurs militaires
au défunt, qui était commandeur de la Légion d'hon-
neur ; le service religieux a été célébré à l'église
Saint-Philippe du Roule ; l'inhumation a eu lieu au
cimetière du Père-Lachaise.
Un discours a été prononcé par le professeur Debo-
ve, doyen de la Faculté de médecine.
Le deuil était conduit par : MM. Marcel et Robert
Proust, fils du défunt. Le directeur de l'assistance et
de l'hygiène publiques au ministère de J'intérieur et
MM. Debove, Lancereaux, Moutard-Martin, Brouiar-
del, Laurent, le commandeur Pantaliquido et Ballet
tenaient les cordons du poêle.
Dans l'assistance on remarquait la présence de nom-
breux représentants de la Conférence internationale
sanitaire.
— En l'église de Champigny on célébrera aujour-
d'hui, à onte heures, une messe de Requiem pour le
repos de l'âme des soldats de France morts glorieuse-
ment dans les batailles de Champigny, les 30 novem-
bre et 2 décembre 1870. M. l'abbé Acard, chanoine
d'Evreux, missionnaire apostolique, prononcera un
discours.
— M. Mon g ire, directeur de l'hôpital des Enfants
mlalades, est mort hier matin.
— Le corps médical des hôpitaux de Paris vient
d'éprouver une perte cruelle en la personne du -docteur
Paul Duflocq, médecin de l'hôpital de la Charité, che-
valier de la Légion d'honneur, décédé à Paris.
Né en 1856, le docteur Duflocq avait été reçu interne
des hôpitaux le premier de la promotion de 1881.
Elève des professeurs Potain et Hayera, il fut aussi
chef de clinique du professeur Jaccoud. Le docteur
Duflocq avait été nommé médecin des hôpitaux en
1894.
Baron Verly.
-a *
CABINET HÉRALDIQUE
Recherches généalogiques. Titres français et étrangers.
105, boulevard Salut Michel, 105
ABONNEMENT AU GOTpA FRANÇAIS
Pellefan contre Zockroy
Aux questions posées par Gil Blas, aucune ré-
ponse satisfaisante n'a été faite, probablement parce
que le questionnaire n'était pas suffisamment expli-
cite. Nous nous efforcerons de le compléter ainsi :
L'officier en cause n'est-il pas sur le point d'être
promu au grâde supérieur dès le vote de la loi bud-
gétaire, et ce malgré son peu d'ancienneté dans son
grade actuel ?
Le fonctionnaire qui a révélé les faits que nous
avons signalés n'a-t-il pas eu autrefois avec M. Ca-
mille Pelletan, avec M. Lockroy et avec M. de La-
nessan des relations étroites qui lui ont valu un
avancement extraordinaire ? N'a-t-il pas été déplacé,
il y a peu, par M. Pelletan, à la demande M. Tis-
sier ?
Encore une fois, nous demandons à MM. Pelieta.a
et Tissier, auxquels ont été soigneusement cachés
les fautes commises, une enquête complète impar-
tiale, qui assure aux coupables un châtiment mé-
rité.
X.
P.-S. — Nous apprenons de Cherbourg que le
lieutenant de vaisseau Thélot, récemment reconnu
coupable de grave irrégularités financières dans
l'administration du sous-marin Morse, est :
10 Toujours titulaire du commandement de son
bâtiment ;
2° Toujours en permission par ordre supérieur.
C'est une situation bizarre qu'il serait temps de
voir cesser.
EDELWEISS DE LA TZARINE
Nouveau Parfum Mondain
Victor VAISSIER, hors concours, Paris 1900.
———————————— ————————————.
LA CHAMBRE
La matinée ayant été consacrée encore aux
« vaillants instituteurs », particulièrement, à
nous promettre d'en augmenter le nombre ain-
si que celui des écoles. dès le débat de l'après-
midi, on aborda le budget des beaux-arts.
Mais, quel queLSOit l'intérêt que nos députés
portent à l'art, à la littérature et à ses repré-
sentants, plus spécialement à ses représentants
modestes (comme les gardiens de musée et les
habilleuses de l'Odéon), on sentait que l'atten-
tion n'était pas là.
En effet, dçux préoccupations graves tenail-
laient nos honorables : que préparait M. De-
jeante ? telle était la première ; M. Lochroy par-
lerait-il sur le budget de la marine ? -était 'la
seconde.
A n'en pas douter, M. Dejeanle préparait quel-
que chose. Au début de la .séance, il était as-
sis à son banc habituel vers le milieu de la Mon-
tagne. De ma place, je voyais au coin de ses
yeux, le pli satisfait des jours où il va « en »
manger. Allait-il demander la supprassion de
'l'aumônier du corps de ballet ? Je ne savais,
mais le morceau devait être gros, car M. De-
jeanle pétillait d'impatience et ne tenait pas !
en place. -
M. Guoyba. avait à peine fait son discours
annuel (quand on a écrit « Manon, voici le
soleil », on doit toute sa sollicitude aux beaux-
arts), que M. Dejeante prit un grand parti. Il
était trop loin de la tribune. Si on allait lui chi-
per son tour ! Il descendit d'un rang.
De formelles promesses furent faites d'un
prochain déplacement du ministre des colo-
nies ; M. Georges Berger obtint l'assurance
!qu'on réparerait sous peu le palais de Fontai-
nebleau ; M. Archdeacon parla des assises du
Louvre, récemment mises au jour. Tout cela
durait trop, M. Dejeante fit encore un pas, et
descendit d'un rang. Il bouillait.
M. Delarbre parla des populations de provin-
ce, privée des joies du théâtre. M. Dejeante
descendit une troisième fois.
M. Archdeacon réclama l'éclairage des Tuile-
ries, M. Simonet, parla de ia manufacture d'Au-
busson, d'autres du Théâtre populaire, dont le
besoin se fait de plus en plus sentir, car Paris
manque vraiment de théâtres. Tout cela était
bien long. M. Dejeante éclatait. Il franchit en-
core un cran.
M. Chnuvière, délégué du rite pour l'année
1003, demanda l'abolition'de la censure et en
profila pour parler du fhéâtre des Capucins —
il voulait désigner les Capucines — mais qu'im-
portait tout cela ? Comment pouvait-on avoir
le cœur de s'éterniser sur ces sujets dénués
d'intérêt en regardant M. Dejeante ? Il brûlait 1
Il fumait r Il rissolait 1 Un peu plus, ii allait
être trop cuit.
Enfin, enfin, enfin, ce fut son tour, après,
toutefois, deux ou trois fausses alertes. Le pré-
sident lui donna la parole. Il franchit les mar-
ches à petits bonds de jeune chamois, il s'a-
grippa solidement avec les mains à la tribune
— il a le pouce opposable — des éclairs de vo-
lupté brillaient dans ses yeux, la joie du triom-
phe lit scintiller son crâne. Il parla t. M. De-
jeante demandait qu'on enlevât la croix du
Panthéon.
Et pourquoi n e l'enlèverait-on pas, cette croix,
puisque le Panthéon n'est plus une église ? Son-
gez, dit M. Dejeante, songez que « cette croix
froisse les sentiments philosophiques des
grands morts qu'on a enterres là ! »
Voilà qui n'est pas très conforme à l'ortho-
doxie matérialiste. Des morts, même grands,
qui ont des sentiments philosophiques ! Mais
çà ne fait rien. M. Dejeante, pour une fois, est
sobre de paroles. Il se met à peine en colère. Son
teint ne dépasse pas la nuance palmes acadé-
miques. Il donne toutes les raisons raisonna-
bles qu'on p:eut invoquer en faveur de cett6
grande réforme sociale.
Et M. Ciraumié, lui non plus, ne fait pas de
philosophie, contrairement aux grands morts
du Panthéon. Il dit tout bonnement :
— L'enlèvement de la croix coûterait au bas
mot 20.000 francs. N'est-ce pas trop quand on
songe que cette opération n'enlèverait pas au
Panthéon son caractère religieux, puisqu'il est
plein de tableaux et de statues d'un caractère
chrétien et qu'il a lui-même, en sa qualité d'an-
cienne église, la forme d'une croix ? D'ailleurs,
enlève-t-on sur les autres monuments les N, les
H, les abeilles, les lis qui rappellent leur an-
cienne destination ?
— Tout cela est bel et bon, dit M. Dejeante.
Mais c'est tout de même dégoûtant que, vous,
République, vous ne puissiez pas faire ce qu'a
fait Louis-Philippe.
— Mettez-y un parapluie, crie quelqu'un à
droite.
On vote : 322 députés contre 200 estiment que
si 011 a 20.000 francs de trop, on peut les em-
ployer à une besogne plus pressante.
♦ «
Et la Chambre peut passer à sa seconde préoc-
cupation. Tous les quarts d'heure, tandis que M
Dejeante descendait son calvaire (pardon, son
échelle} par degrés, M. Pelletan venait jeter un
coup d'oeil sur la salle. Aflait-ee être enfin le
duel en ! rc le cuirassé Camille et le torpilleur
Lockroj ?
M. Roger-Ballu parlait de 1a. nécessité de pu-
blier à l'Officiel toutes les commandes faites par
le ministre1 s'agît-il d'une Joconde payée trois
cents francs à un peintre manchot. (Adopté.)
M. Simonet protestait contre les travaux de
réparation exécutés par la manufacture des Go-
belins, et M. Leygues lui expliquait que ces
travaux contribuaient beaucoup à développer
notre influence dans le monde, et, en particu-
lier, que si nous réparions les tapisseries de
l'Angleterre, c'était un bon moyen de travailler
à l'entente cordiale, peut-être même au désar-
mement.
L'aiguille de la pendule tournait, et M. Lac-
krey, à son banc, frétillait comme tout à l'heure
M. De jeante au sien.
Cependant, M. Pelletan avait rejoint dans une
tribune Mme Pelletan, qui était venue dès le dé-
but de l'après-midi, en une toilette beige simple
et de bon goût, comme on dit à la manille.
Les chapitres se suivaient rapides et l'on pen-
sait que l'on pourrait tout au moins esquisser
les préliminaires du duel, quand M. Rondelle
s'avisa de nous parler de Versailles, de son châ-
teau, des gardiens de ce château, des dangers
d'incendie, etc., etc.
Ah ! Versailles ! Ville du Grand Roi !
Cela nous mena à six heures et quart. En vé-
rité, il était trop tard.
Mme Pelletan s'en alla."
M. Pelletan s'en alla.
M. Loekroy déclara qu'il n'aimait pas parler
dans le bruft des gens'qui prennent leur pardes-
sus et se disputent avec l'ouvreuse.
Et, après pointage, la Chambre ajourna le
duel à lundi, neuf heures. M. Pelletan a encore
un jour pour vérifier ses cloisons étanches. Mi
Loekroy a vingt-quatre heures, pour renouveler
la charge de ses torpilles.
Paul Dollfus.
'————~———————— ———————————.—
BEO ROB ERT rue Saint-Marc. 1.7
— ■ LE MEILLEUH
»
INFORMATIONS POLITIQUES
Ovide avait raison.
Comme la descente de croix du Panthéon,proposoo
par M. Dejeante, n'avait passionné personne, on
causait surtout, hier, des dossiers isecrets (?) feuil-
letés par les membres des sous-Commissions char-
gées de déterminer les complaisances ou complicités
politiques dans l'affaire Humbert. Ma foi ! M. Des-
chanel était plutôt sur la sellette.
Il est des cas où le système d'Avinain — n'avouez
jamais — est de mise. Il en est d'autres où l'aveu
egt le seul moyen d'échapper au blâme, ou, ce qui
est plus grave, au ridicule.
Quand le bruit des relations extra-affectueuses
entre M. Deschanel et la famille Humbert se répan-
dit dans les foules, le toujours jeune académicien
politique prit par le bras un député de Meurthe-et-
Moselle, que je ne nommerai pas, mais qui porte
le nom
Moselle, d'une héroïne populaire d'Emile Zola, et lui
dit :
— Il n'y a pas un mot de vrai dans tout cela.:
— Alors, poursuivez !.
Et M. De-schanel fit une. figure énorme.
L'un des membres d'une sous-Commission m'a
déclaré qu'entre les affirmations de l'ancien pré-
sident de la Chambre et celles de Thérèse, il n'y
avait pas à hésiter.
— C'est mon avis, lui répondit-on.
— Evidemment !
— Evidemment. nous croyons Thérèse.
Un autre, qui se trouvait dans le groupe, s'écriait :
— M. Desehanel avait un excellent moyen de &e
disculper. Il n'avait qu'à dire : « J'ai toujours joué
la œm.éWe, je l'ai jouée aux Yives-Eaux, je la joue
ici, donc la dupe, ce n'est pas moi.
La vérité, c'est que M. Desehanel a échappé à un
grand ttenger. Il courtisait la mère pour avoir la
fille, il a pu iùivm une autre route, il n'a qu'à
rendre grâce au destin. Il est vrai que s'il fût devenu
l'époux de Mlle Humbert, l'orage eût peut-être été
conjuré. *
Quoi qu'il en soit, l'enquête semble dévier de son
but initial : on cherche les complicités politiques et
on s'arrête à l'analyse psychologique des lettres
d'amour.
Tous e-ax -qui {Jllt gravité autour des Humbert
font vilaine figure. Pendant vingt ans, ils ont bu
leur vin, savouré leurs' dîners, ils se sont pavanéa
dans leur loge à, l'Opéra, ils ont suivi leurs parties
de chasse, et, aujourd'hui que la catastrophe est ve-
nue, ils n'ont pas la reconnaissance du ventre.
Combien Ovide avait raison !
Donec eris felix, multos numerabis amicos
Tempova si fuerint nubila solvis eris.
Mais on va me confondre avec M. Lintilhac.
Eugène Destez.
*
* *
L'Agence Havas nous communique la note sui-
vante :
(1 Après examen d'un dossier qui lui a été commu-
niqué par M. le ministre de lagu rre, le garde des.
sceaux, saisi d'autre part d'une demande de revision
que l'ex-capitaine Dreyfus a fait remettre à la chan-
cellerie, a transmis ces divers documents à M. Du-
rand, conseiller à la Cour de cassation et président
de la Commission instituée au ministère de la jus-
tice, en vertu de la loi du 8 juin 1895, art. 444 du
code d'instruction criminelle. »
———————————— .o..
ras mm
~g 'f'- eirlos cle 0
BSgg MlflSI <'l P-G.
_t~ 52, Rna 'MontiZZa.rf.rs, 52
HÉMILIE D'OR Pairia 19«9
~a~ë~ ~—— NOUVEAU TARIF V. -
——-——————————————- -—————————————~————.
Le lieutenant-colonel Aarousseau
La mert du colonel
Une dépêche de Tunis, arrivée hier à Paris, nous
apprend que le colonel Aurous.seau, dont Gil Blas a
annoncé la tentative de suicide et dont la blessure
ne paraissait pas mortelle, est mort. Le rasoir avait
pénétré jusqu'à la colonne vertébrale. Toutefois, la
carotide avait été comprimée mais n'avait pas été
atteinte et les soins avaient empêché la mort immé-
diate.
Quelques détails
Voici les conditions dans lesquelles l'affaire Au-
ïousseau «'est produite :
Depuis que M. Pichon était à Tunis, il avait eu
à se préoccuper des conditions dans lesquelles fonc-
tionnait le budxîet de l'armée tunisienne.
Son attention avait été appelée à diverses reprises
sur des dépenses excessives qui paraissaient cou-
vrir de véritables abus.
Il avait entrepris de réduire ces dépenses et s'é-
tait heurté aux résistances du colonel Aurousseau,
qui défendait très habilement .ses propositions et
son administration, et s'était même arrangé de
manière à faire vérifier ses comptes par uneolltro-
leur général de l'armée qui n'y avait pas découvert
d'irrégularités. Toutefois, en établissant le budget
de 1904, le résident crut pouvoir faire d'importantes
réductions.
A ceanoment, le général Roux prenait possession
du commandement de la division d'occupation.
En se livrant à son tour à l'examen du budget de
l'armée tunisienne et en questionnant à ce sujet le
colonel Aurousseau, le général Roux fut amené à
découvrir l'existence de factures fictives s'appli-
quant à des dépenses qui n'avaient pas été effectuées
au compte de l'armée tunisienne.
Mis en présence de ce fait, le colonel Aurousseau
reconnut sa culpabilité. Il fut immédiatement mis
aux arrêts de forteresse et fit parvenir au général
André sa demande de mise à la retraite.
M. Pichon et le général Roux proposèrent aux mi-
nistères de la guerre et des affaires étrangères de
traduire le colonel devant un conseil d'enquête,
pour fautes contre l'honneur, isous réserve des pour-
suites ultérieures qui pourraient être exercées con-
tre lui, si l'enquête qui se continuait les justifiait.
On sait le reste.
Quelques détails maintenant sur la manière dont
la colonel s'est donné la mort.
Décidé àen finir, le lieutenaat-oolOHeJ Aurousseau
a cherché à se procurer un rasoir ; il a procédé de
la manière suivante pour y réussir. Il envoya chez
lui son ordonnance demander ù Mme Aurousseau
sa trousse de toilette, que la femme du colonel, su-
bissant un secret pressentiment, se refusa tout
d'abord à remettre à l'émissaire de son mari.
Celui-ci insista, en raison des instructions for-
melles qu'il avait reçues de son chef, et Mme Au-
rousseau finit par céder.
Dès que le colonel fut en possession de son rasoir,
il commença à se raser, puis tout à coup se coupa
la gorge avec violence.
Le cadavre du colonel est à l'hôpital militaire. On
a entouré la tête et le cou de bandelettes pour dis-
simuler l'effroyable blessure.
Les obsèques seront célébrées aujourd'hui ; elles
seront civiles.
G. Prud'homme.
——————————— $.. .———————————
LA REVANCHE DE LA MÉDECINE
« Tout ce que la médecine a pu faire contre le
rhume de cerveau, disait un médecin sceptique, a
été de l'appeler « coryza m. Et, pour ne pas être en
reste avec son spirituel coaifrère, un autre ajoutait :
« Contre cette affection, le seul remède est de pren-
dre son mouchoir. »
>- « Vérité d'aujourd'hui, erreur de demain », a dit
je ne -sais quel philosophe, et combien il avait rai-
son !
Il est établi maintenant, de la façon scientifique
la plus indiscutable, que le ooryza, ou rhume de
cerveau, est dû à une inflammation catarrhale de
la pituitaire, ou muqueuse des fosses nasales.
Il est également prouvé que cette inflammation,
développée en géinéral sous l'influene du froid, est
due à un microbe ; c'est pour cette unique raison
que le rhume do cerveau est contagieux.
Partant de ce principe, on a essayé quantité de
moyens qui tous olllt échoué, devant l'impossibilité
d'atteindre la région envahie et ses inacoesibles an-
fractuosités.
Il fallait trouver un topique volatil dont les pro-
priétés fussent à la fois capables de répandre aux
deux indications primordiales : « Résoudre l'inflam-
mation catarrhale aiguë et antiseptiser tissus et
sécrétions. »
Le problème a été résolu d'une façon élégante
par la découverte du remède idéal, répondant exac-
tement aux besoins de la cause : j'ai nommé les
« Pastilles Valda ».
En quelques secondes, les principes antiseptiques
excessivement volatils des « Pastilles Valda », pé-
nètrent, jusqu'aux dernières limites de l'arbre aé-
rien, préservant les bronches, aseptisant le la-
rynx, désinfectant les fosses nasales, décongestion-
nant tous les tissus. C'est la barrière infranchissa-
ble, l'inflexible véto qui -préserve de la bronchite,
évite la grippe, éloigne la pneumonie, dont le sim-
ple coryza est trop souvent l'introducteur. Eai hiver,
ne sortez jamais sans Pastilles Valda. Les Pastilles
Valda sont, pour la médecine, la revanche de sa
longue impuissance d'autrefois.
Emile Gautier.
Les Parlementaires Anglais
A PARIS
A Versailles
La visite aux ateliers du peintre Toché, et du
sculpteur Auguste Rodin, parut bien spécifier que
l'art était aussi utile que la politique pour resserrer
les liens entre deux grands peuples civilisés. Et, de
fait, parlementaires anglais et français semblèrent
se mettre tous d'accord pour ne plus parler des
choses qui passionnent les Chambr-es des députés,
les journaux — et les réunions politiques. Pour no
songer qu'aux merveilles de la poésie et de l'art,
quel cadre plus resplendissant que celui de Ver-
sailles ? Le palais des anciens rois, le parc, les deux
Trianons, étaient tout indiqués pour charmer l'esprit
de nos hôtes.
On quitta donc Paris par la gare des Invalides,
à onze heures trente du matin. Un train spécial avait
été amnagé avec soin. Tout le long de la route, le
vent souffle avec rage, et la pluie exerce ses mé-
faits ; mais, dans chaque wagon, ce ne sont qu'ai-
mables causeries, bons mots, joyeux entrain, qui
dérident même les fronts les plus sévères.
Au palais de Versailles, les délégués anglais sont
r.eçus par MM. d'Estournelles de Constant, Berteaux
et le conservateur, M. de Nolhac.
Ce fut une surprise agréable pour beaucoup des
invités que d'entendre M. Berteaux souhaiter la
bienvenue aux visiteurs d'outre-Manche, dans leur
langue même. M. Berteaux s'exprime en anglais
avec la plus grande facilité. On l'applaudit même
bruyamment.
Ce n'était pas tout. Une autre surprise eut lieu :
Mlles Louise, Blanche et Suzanne Mante, de l'Opéra,
mimèrent et dansèrent une Répétition chez la mar-
quise, ballet composé d'une suite de danses Louis
XV. Ces dames étaient accompagnées par M. Viar-
dot, au violon, et par M. Koenig, au piano. Ce fut
un immense succès — le plus mérité, d'ailleurs, —
pour les sœurs Mante et pour les musiciens.
Un lunch fut ensuite servi. Tout lunch qui se res-
pecte — si nous osons parler ainsi - '.Comporte une
série de toasts. Sir William Hûuldsworth, président
du Commercial Committee de la Chambre des Com-
munes ; MM. Howard Vincent, Walter Peace et Mil-
ler s'acquittèrent de ce soin. Ils dirent tout leur plai-
sir de visiter le magnifique palais de Versailles —
ce qui causa une joie infinie au coeur de M. de
Nolhac ; ils rappelèrent les liens qui allaient a ja-
mais unir l'Angleterre et notre pays ; ils crièrenf
même : « Vivant la France et les Français ! 1) Ce
cri était un peu long, mais entre gens qui s'estiment
sincèrement les plus longues paroles sont encore les
plus courtes : « Vivent donc la Fraace et les Fran-
çais ! » Applaudissements t Triple hourra !
MM. Gaston Menier et d'Estournelles remercièrent
avec tact.
Cependant, un seul adversaire ne voulut pas être
convaincu, il refusa de faire partie de cette fête tou-
chante ; ce fut le temps. Temps horrible 1 Le vent
soufflait toujours, la pluie ne discontinuait pas !
On prit, par conséquent, une résolution fort sim-
ple : celle de narguer toute rafale et l'on monta en
voiture pour visiter le parc et Trianon.
Les grandes eaux eussent formé un spectacle
admirable. Mais les réservoirs étaient en répara-
tion. Le hasard, ainsi, devenait ironique : on n'avait
pas les eaux que l'on désirait, mais il pleuvait il
verse.
Pourtant le bassin de Neptune fit un effort, il joua;
on s'amusa de sa bonne volonté et de ses jeux ;
on s'extasia et — tous les visiteurs étant très satis-
faits — on reprit le train pour Paris.
A l'Hôtel Continental
Notre confrère, le Siècle, avait eu la pensée d'of-
frir à chacun des membres du Parlement anglais
un exemplaire de la plnquette YEnlente cordiale,
gravée par M. René Grégoire. Il avait donc donné
rendez-vous à nos visit-curs dans les salons de l'hô-
tel Continental.
Un punch fut servi, au cours duquel M. de Lanes-
san, directeur politique du Siècle, prononça une al-
locution très applaudie.
A l'ElyeJée-Palace
Vous vous imaginez peut-être que les parlemen-
taires anglais pourront enfin se reposer et rentrer
tout tranquillement chez eux ? Quelle erreur est la
vôtre ! Mais chacun se fait un honneur insigne de
les recevoir !
Aussi, à peine la réunion de l'Hôtel Continental
avait-elle pris fin, qu'il fallait se diriger vers les
Champs-Elysées. Il y avait, en effet, réception orga-
nisée par la Chambre de commerce anglaise de Pa-
ris, dans les salons de l'Elysée-Palace.
Les uns s'y rendent en voitures, d'autres, plus
audacieux, à pied, les troisièmes enfin, sous la di-
rection de M. d'Estournelles de Constant, par le
Métropolitain, de la Concorde à l'Aima. Hâtons-nous
de dire qu'aucun accident n'assombrit ce très court
voyage !.
A l'Elysée-Palace, il y eut naturellement souhaits
de bienvenue, toasts et remerciements échangés.
Puis on s'empressa autour de six tables merveilleu-
sement approvisionnées et surchargées de fleurs.
Dans le fond, un orchestre faisait entendre tantôt
les airs les plus deux, tantôt les plus endiablée —
ô cake-walk indispensable !
La soirée de l'Automobile- Club
On se souvient que, lorsque les parlementaires
français allèrent à Londres, ils furent divisés par
groupes et que chaque groupe fut invité chez une
haute personnalité de Londres.
Hier, on agit de même à l'égard des parlemen-
taires anglais. Divers membres de la Chambre, du
Sénat, ont reçu à leur table plusieurs de nos vi-
siteurs.
Chez M. d'Estournelles de Constant, il y a eu un
grand dlner en l'honneur do seize membres du Par-
lement anglais.
Enfin, l'Automobilo-Club avait organisé une récep-
tion à neuf heures et demie. Tout ce que Paris
compte de notabilités s'y étaient donné rendez-vous.
Les salons do la place de la Concorde étaient bril-
lamment illuminés. Une petite scène avait été cons-
truite avec un soin tout particulier. Là, se firent
entendre plusieurs artistes de nos grands théâtres.
M. Mounet-Sully se fit applaudir avec enthousiasme.
Heureuse Mme S.-Weber ! Son talent transporta
tous les cœurs et on lui fil une ovation — en vérité,
une des plus belles de sa vie artistique.
La. soirée était encore très animée quand les né-
cessités du tirage de notre journal nous firent quit-
ter les salons de l'Automobile- Club.
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LES COULISSES
DE LA FINANCE
La réponse des primes a causé des désillu-
sions aux acheteurs en spéculation de certains
titres qui devaient beaucoup monter et n'ont
pas tenu leurs brillantes promesses. L'emballe-
ment que l'on prédisait au milieu du mois, sur
la Rente, n'a pas eu lieu non plus. En pourchas-
sant les baissiers vigoureusement, on aurait
obtenu des résultats plus remarquables, mais
on a préféré pousser la prudence aux extrêmes
limites.
Conclusion : le marché est admirablement
préparé et à moins que la politique ne nous
joue un tour de sa façon, on peut compter que
décembre sera bon pour les affaires. La liqui-
dation s'annonce favorable. On évalue de 3 à
4 0/0 le taux des reports et cela n'aura rien
d'exagéré, étant données les prévisions d'em-
barras monétaires à Londres et à Berlin.
Les mouvements du Perpétuel français n'ont
pas dépassé une douzaine de centimes ; on a
répondu à 97 95, à 2 Ij2 centimes près le plus
haut cours de la séance. L'Extérieure Espagnole
qui nous a habitués à de multiples cascades,
se montre très réservée avec des écarts de trois
sous. Il ea est de même du Turc unifié sur
lequel se concentre maintenant l'agiotage levan-
tin. Les différences sur les Argentins, l'Italien,
le Serbe, voire les Brésiliens, sont insignifian-
tes. Tout cela a tellement monté que l'oosita.
tion s'explique facilement.
Le crayon travaille toujours les mêmes éta-
blissements de crédit. La Banque Parisienne a
remonté et le Comptoir national continue sa
marche en avant. On s'aperçoit que la capitali-
sation de cette Société laisse à désirer, mais
il n'est jamais trop tard pour bien faire. L'an-
cien Comptoir a valu beaucoup plus cher et la
Banque Parisienne, qui a été longtemps rangée
dans la série des Sociétés de troisième ordre,
peut aspirer aux plus hautes destinées, si la
haute banque veut en faire un instrument de
combat.
Est-ce à dire que nous manquions d'institu-
tions financières susceptibles de répondre aux
besoins de l'épargne française ? S'agit-il de dé-
velopper les idées de spéculation, d'enlever aux
marchés étrangers les entreprises qu'ils cher-
chent a monopoliser ? Il est malaisé de répon-
dre nettement à ces questions fort embrouillées.
Dans tous les cas, il ce produit actuellement
une sorte d'évolution des plus intéressantes.
L'un de nos plus vieux établissements, le
Crédit Industriel et Commercial vient de créer
non une succursale, mais une société entière
en Belgique. Jusqu'ici le Crédit Industriel en
était resté aux pratiques de 1830 et ses adminis-
trateurs ont dû être stupéfaits en apprenant
qu'une ligne de chemin de fer reliait Paris à
Bruxelles. On se demande qui a pu leur donner
l'idée d'aller faire concurrence aux Flamands
dans leur propre pays. Assurément, il y a là-
dessous un mystère.
C'est la Banque Russo-Chinoise qui avec le
concours de la Banque de Paris, de la Société
Générale et du Comptoir d'Escompte, lancera
le 14 décembre prochain, l'émission de l'em-
prunt de 40 millions de francs dit Chinois 5 0/0
de 1902, au taux de 90 50 0/0 ou 482 fr. 50
par obligation de 500 francs. A la suite des
négociations pour lesquelles elle a obtenu l'ap-
pui des gouvernements de France et de Russie,
la Banque Russo-Chinoise a conclu en 1902, des
contrats relatifs a la construction et à l'exploi-
tation d'un chemin de fer qui, partant de la
ville de Cheng-Ting-Fou, dans la province du
Tchéli, aboutira à Tai-Yuan-Fou, capitale de la
province de Chari-Si.
En attendant que les Chinois aient leur ré-
seau coté, le? actions de nos grandes compa-
gnies de chemins de fer sont plus fermes et le
Suez continue à grimper ; de 4.105 au début,
on l'a vu à 4.140 et il clôture à 4.124. Extraor-
dinaire !
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la bouteille à l'encre. On n'a presque pas bougé
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——————————— 4" ———————————..
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ris 1903, la médaille d'or avec croix d'honneur, la
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BE-nm..&loT DIÀBÏA8T W CAP p!TATI'3||
ERNEST lepluabrillazt. le plus dur S PARFAITS 8^
as, BSotttevttra des Itaîdons. — PRIX BON MA«r,HK.
————————————-———— »o» ■
Gazette Judiciaire
SCÈNES ANTIQUES
Il y avait audience de huis-clos, hier, à la
neuvième Chambre, présidée, par M. Bon-
doux : aussi la salle d'audience était-elle bon-
dée 1 La justice a de ces contradictions ; avo-
cats, magistrats, journalistes, amis même
avaient envahi les bancs et le prétoire, afin de
voir juger les jeunes d'Adelsward et de Warren,
poursuivis pour outrage'public à la pudeur et
excitation de mineurs à la débauche et qu'assis-
tent M03 Démangé et Henri-Robert :
Pas de femmes pourtant, ce qui n'a rien de
surprenant dans une affaire de cette nature !
On se souvient qu'Adelsward et de Warren,
sont accusés d'avoir organisés séparément chez
eux et parfois en commun, des réunions parti-
culièrement intimes, où, après l'absorption de
pâtisseries variées, des lycéens - notamment -i-
étaient initiés à divers « mystères » érotiques
que leur jeune 'âge pouvait ne pas leur permet-
tre de soupçonner.
Les acteurs de ces scènes, -que les organisa-
teurs avaient la prétention de renouveler de l'an-
tique, se couronnaient de fleurs, en un « costu-
me » paradisiaque, ou revêtus de légers pei-
gnoirs facilement ouverts.
Adelsward, le premier interrogé, est un gar-
çon de taille moyenne, à la physionomie intelli-
gente, vêtu d'un complet bleu, d'une chemise
bleue ; les cheveux roux foncés sont longs et
partagés par une raie so-ignée ; la pointe du fou-
lard s'échappe de la poche du veston.
« Le baron Jacques », comme on l'appelait,
est d'ailleurs un raffiné., même en littérature
et en poésie ; ses ouvrages, N.-D. de la Mer, Mi-
nerve et Adonis, Vllymnaife d'amour, Lèvres
closes et Chansons légères, contiennent des
compositions subtiles et charmantes, fort pri-
sées des co.nnaÎ'Bge-UMS.'
Tout autre est Albert de Warren, dont l'orga-
ne est dur, la physionomie méchante, l'allure
brutale, l'apparence, en somme, ingrate, malgré
la trace évidente du corset sous le veston mar-
ron fatigué, et dont l'usure rappelle que M. de
Warren n'a aucune fortune.
Jacques d'Adelsward possède, au oontrnire,
une trentaine de mille francs de rente, qui lui
viennent de la succession de son père ; tout
jeune, il a eu le goût des études et des arts
mystérieux, et il ne nie pas quo sa curiosité
« littéraire » aiguisée par certains souvenirs de
la civilisation gréco-latine, l'ait conduit à vou"
loir réaliser une partie de ce qu'il avait lu ; ce
sont, en effet, de son propre aveu, ses lectures
et les exemples qu'il a eus sous les yeux dans
les établissements où il a passé, qui ont donné'
à son imaginati-on un tour particulier. Mais il
proteste que les actes positifs dont il se recon-
naît l'auteur — et qui, en dépit de la fréquent
tation de quelques professionnels, n'auraient
ou qu'un caractère superficiel — n'ont pas eu
d'autre teimoin que ceux nécessaires dans uni
t/te-à-têLe et que, par là, le chef d'outrage pu-
blic à la pudeur ne peut être retenu contre
lui.
- J'ai bien eu quelques privautés avec des jeuh
ries garçons, déclare-t-il, mais je ne leur ai rien!
appris, car ils en savaient tous autant que moi !
— Comment vous est venue l'idée de ces prati-
ques ? demande le président.
— Mon imagination s'est trouvée surexcitée par,
mes propres œuvres et par des lectures de Baude-
laire, de Verlaine, et de Là-bas, de Huysmans, fsans,
remonter à Pluton, Virgile et Théocritc !
Tout cela est dit avec une précision et uns
distinction parfaites, le mol juste, l'expression
choisie, la diction claire et la voix bien tim-
brée, font porter chaque phrase et valoir la dé-
fense fort habilement présentée.
Il faut savoir gré au docteur Wallon, méde*
cin-aliéniste, qui a examiné Jacques d'Adels-
ward de ne pas nous avoir fait un de ces inter-
minables cours avec discussions de thèses mé-
dicales, dont il accable généralement la justice,
lorsqu'il est appelé à lui donner son avis sur
un accusé ; il a, cette fois, en quelques phra-
ses, déclaré que celui-ci n'est ni « un inverti
sexuel, ni un intoxiqué, soit par les piqûres
de morphine, soit par l'opium, dont il a peu usé,
ni alcoolique », mais qu'il « est certainemenfl
un déséquilibré ».
Dans son enfance il a eu des convulsions fré-
quentes ; il était menteur à un point qu'on ne peut
dire, bizarre, fantasque, tourmenté du besoin de
se singulariser. Il y a chez lui des tares héréditaires
très prononcées.
L'une de ses grand'mères a été internée et est
morte dans l'asile où elle se trouvait. Son père fui-
même a été interné avant son mariage, et l'un de ses
oncles est épileptique.
Il aurait donc fallu une hygiène morale très sé-
vère pour réagir contre ces hérédités, et c'est ce qui
lui a manqué.
On ne peut pas dire qu'il soit irresponsable, puis-
que, d'ailleurs, lui-même a fini par avoir honte ; il
aurait pu avoir honte plus tôt.
Mais sa responsabilité doit être considérée comme
atténuée et ses origines doivent lui valoir une eer..
taine indulgence.
Nous avons eu ensuite un défilé, tantôt ré-
pugnant de petits enfants, victimes des prati-
ques coupables des deux jeunes gens, ou amu-
sant d'une domesticité toujours gro-tesqua,
quand elle n'est' pas méprisable.
Et d1 abord Henri, le valet de chambre, a fait
un tableau peu ragoûtant des lendemains d'or-
gie : c'était lui qui, chaque matin, à huit heu-:
res, ouvrait les personnes de l'entresol du ba-
ron et laissait pénétrer les clairsi rayons du
chaste soleil sur les restes d'orgie et les débris
des débauches de la nuit.
Puis, ce fut le concierge du baron, l'iriénan
rable Adam, dont la déposition, pleine de sa-
veur, débuta par ces mots :
— M. d'Adelsward a habité chez moi, depuis le.,.
Mais, que peut-on ajouter à ces détails quel
que peu amusants ? Le reste de l'audience a
remuée de la boue, beaucoup de boue ! on s
vu des enfants de bonnes familles, de quinze,
de douze, et même de neuf ans, venir déposer
et révéler des détails repoussants, et on était
pris d'un haut-le-cœur de dégoût à la pensée
que tant de petits êtres innocents avaient pu
êtres souillés, sinon de corps, du moins d'es
prit, par les deux prévenus que les témoigna.
ges des pauvres enfants étaient les seuls, dans
l'auditoire, à ne pas émouvoir.
C'est la jeune âme du pays que ces ineons..
cients amoraux ont souillée et c'est de ce res*
pect envers les enfants
Maxima debetur puero reverentia
a dit le poète, que la 91 Chambre châtiera jeudi
prochain les deux coupables.
Et pour ne pas terminer toutefois par ce peu!
ragoûtant récit de ces débats, mentionnong
la question de M. le substitut Lescouvé, à Mo]
de Warren :
D. - Un témoin a dit que vous aviez des rriatit
tresses ?
R. — Pourquoi pas ?
D. - Mais, est-ce vrai ?
R. — J'en ai eu des collections !
D. - Avec quoi, alors, les entreteniez-vous 1
R. — Avec mon amour. (Rires.)
A jeudi, les plaidoiries et le jugement.
M* Renard.
Bijoutir-Joaillier des Cours royales
imitation prbifo
—~~s ~,
C '-/ à Alaska diamant
29, BOULEVARD DES CAPUCINES, PARIS
Envoi franco du catalogue illustré.
*a*- -",..
FAITS DIVERS
Les obsèques de Lafon
Ainsi qu'il était à prévoir, quelques incidents se
sont pr-odwts hier matin aux oi)sècf«^s du malheu-
reux François Lafon, mort, peut-on i5UPPO ser, à la
suite des coups qu'il reçut le 29 octobre dernier, lors
des incidents de la Bourse du Travail.
La pluie tombait fine et glacée, néanmoins, un
grand nombre de curieux se pressaient aux abords
de la maison mortuaire, avenue Duquesne.
Le préfet de police avait organisé un important
service d'ordre, qu'il dirigeait en personne, «.-ssisté
de MM. Touny, directeur de la police municipale,
Orsatti, Grillères et Bouvier, commissionnai-res di-
visionnaires.
Par petits groupes, les syndiqués arrivent, ils
ont presque tous la boutonnière fleurie de l'églo^tine
rouge, quelques-uns, même, ont orné leur chapeau
de l'emblème socialiste.
Mais on annonce l'arrivée sur la place de Bre-
teuil, de porteurs de drapeaux roulés, dans leur!
gaines. M. Lépine leur fait barrer le passage. Les
porteurs protestent mais se soumettent et tant dis-
paraître les emblèmes séditieux.
Un peu avant dix heures a lieu la levée du corps.,
De nombreuses couronnes sont placées sur le cer-
cueil, d'autres sont portées par les divers grou-
pements corporatifs, les frères et la mère du dé-
funt suivent le cortège, cette dernière, dont la dou-
leur est poignante, est soutenue par deux de ses,
parentes.. -
Douze à quinze cents personnes environ suivent
le corbillard, qui s'arrête devant l'église Snint-F'ran-
çois-Xavier, où un service religieux est célébré.
Il est midi quand le cortège arrive au cimetière do
Bagneux. Il est accompagné maintenant par les
agents et les gendarmes. Beaucoup d'assistants
étant partis! en cours de route, l'inhumntion a eu!
lieu devant un nombre de personnes relativement
peu élevé.
Une centaine de manifestants sont rentrés à Paris
par la barrière de Montrouge en chantant la Carma-
gnole et Y Internationale. nue Priant une collision se
produisit avec des agents. Treize arrestations furent
faites.
Avant les obsèques, un autre incident s'était pro-
duit, rue Jean-Jacques-Rousseau. M. Couchond, se-
crétaire du syndicat des limonadiers, sortant de
l'annexe de la Bourse, portant la bannière du syn-
dicat. Un agent voulut saisir l'emblème, M. Cou-
chond résista et il fut arrêté, ainsi qu'un autre
manifestant, qui protestait. Tous deux furent re-
lâchés peu après.
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employés et ouvriers, les séances du Ci n biogra-
phe Dufnyel n'auront pas lieu, excepUoniieilem«nt,!
aujourd'hui dimanche 29 courant.
- x -
Il y a Trac et Truc
Un homme honorable peut porter le t nom d'un;
filou sans compromettre son honorabilité^ , mais en..
cre faut-il qu'il ne soit pas confondu avec son homo-
nyme.
Aussi, tenons-nous à déclarer que M. Truc, dont
nous avons hier dévoilé le, « truc D, n'est pas notre
confrère, Pierre Truc, secrétaire de M. Jules Roche^
député de TArdèche..
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