Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-11-01
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 novembre 1872 01 novembre 1872
Description : 1872/11/01 (N980). 1872/11/01 (N980).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7533360p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
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De 3 à 5 heures du soir ¡J. \{ J.;:
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ception du journal.
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de renouvellement, ou changement d'a-
dresse, d'une des dernières bandes im- !
primées.
LE RESPECT DE LA LOI
La République est impossible en Fran-
ce, s'écrient de toutes parts les réaction-
naires, parce que la France n'a plus le
respect de la loi, et que le parti radical,
violent, impatient, exclusif n'est pas fait
pour le lui rendre.
Nous reconnaissons volontiers que, de-
puis longtemps, la loi n'est guère respec-
tée dans notre pays. Seulement, au lieu
de mettre cette situation à la charge des
Secousses révolutionnaires, du parti radi-
cal, de la République, c'est à la monar-
chie que nous en faisons remonter toute la
responsabilité.
Le respect de la loi, c'est la monarchie
'•qui l'a tué, et c'est la République seule
,qui peut le faire revivre.
Lorsque la loi est le résultat du caprice,
du bon plaisir, de quel respect veut-on
qu'elle soit entourée?
Quand, sous l'empire, les soi-disafit
mandataires du peuple n'étaient, grâce
aux pratiques honteuses des candidatures
afficielles, que les mandataires de l'em-
pereur ; quand il suffisait d'une parole du
maître pour que toute une assemblée de
valets s'inclinât, au risque de conduire,
en s'inclinant, la France aux abîmes,
somme à l'époque de Expédition du
, Mexique ou de la déclaration de guerre
à l'Allemagne; quand la loi était l'expres-
sion de tout ce qu'on poudra, excepté de
la volonté du pays ; qu'on l'édidait, non
point en vue d'une utilité natio mais
dans le simple but bien souvent de plaire
à un flatteur ou d'enrichir une concubine;
quand nous vivions sous un régime où
le salut de la dynastie passait avant lo sa,
lut du-pays, sous un régime où l'on allait
se faire prendre à Sedan, et perdre la
France dans un intérêt purement dy-
nastique, il était naturel que la loi ne fût
pas respectée : un peuple, à peine de s'a-
vilir, ne peut respecter que ce qui est res-
npp.t.ahle. et la loi ne l'était pas.
Le parti radical à cette époque a dû être
le parti irréconciliable; il a dû revendi-
quer sans cesse les droits de la justice ou-
tragée; il a dû être la protestation vivante
de la conscience indignée ; il l'a été.
S'ensuit-il que le parti radical soit le
parti de la révolution quand même, qu'il
soit condamné par ses antécédents, à
être le parti de la dictature s'imposant
par les coups de rue et. les surprises ?
Qu'est-ce que le parti radical ?
C'est le parti qui répugne aux demi-
mesures, aux expédients, qui n'aime que
- les solutions radicales.
C'est le parti qui ne se contente pas de
mots, aux yeux duquel, par exemple, le
service militaire n'est pas Véritablement
obligatoire pour tous lorsque le sort di-
vise les citoyens en deux catégories, les
uns servant cinq ans et les autres six
mois.
C'est le parti qui ne se borne pas à pro-
clamer des principes philosophiques, à re-
j Connaître que le père de famille a le de-
voir moral de faire instruire ses enfants,
mais qui veut une sanction à ce principe
et qui réclame l'instruction obligatoire.
C'est le parti qui comprend que l'ins-
truction obligatoire a pour corollaire lo-
gique l'instruction gratuite.
C'est le parti .qui, lorsqu'il parle de
liberté de conscience, n'entend pas dési-
gner par là l'oppression des consciences
les unes par les autres, comme c'est pres-
que toujours le cas pour les fidèles de
tous les cultes, et qui proclame la né-
cessité de rendre l'instruction nationale
exclusivement laïque, et de séparer com-
plètement les Eglises de l'Etat. (
Pour tout dire, en un mot, c'est le par-
ti qui ne sera jamais content de ce qui
existe parce qu'il ne sera pas satisfait tant
qu'il restera, dans les sociétés humaines,
un préjugé à faire disparaître, pne injus-
tice à combattre, un abus à déraciner, et
qu'il y en aura toujours, l'homme étant
indéfiniment perfectible, et l'idéal d'au-
jourd'hui ayant pour loi inéluctable d'être
toujours dépassé par l'idéal de demain.
Voilà ce qu'est le parti radical ; mais où
nos adversaires ont-il vu que ce parti ne
demande les solutions qu'il désire qu'aux
surprises et à la violence ?
Dans son passé, disent-ils.
Nous les suivrons volontiers sur ce
terrain.
Sans doute, nous avons été révolution-
naires sous la monarchie 1 pourquoi?
Parce qu'il est de l'essence du gouverne-
ment monarchique de ne pouvoir être
renversé que par une révolution ; parce
que la monarchie est le gouvernement
de la force, et que la force au service de
1 injustice ne peut être combattue effica-
cement que par la force au service du
droit.
Nous avons été révolutionnaires sous la
monarchie, et nous le serions encore de-
main si cette forme de gouvernement es-
sayait de renaître.
Oui 1 si l'Assemblée, usurpant des pou-
voirs que le peuple ne lui a pas conférés,
qu'il n'avait pas même le droit de lui
conférer, si l'Assemblée faisait au pays
cette suprême inj ure de tenter, par un
coup d'Etat, le rétablissement de ce que
la volonté nationale a renversé avec dé-
goût, elle nous trouverait, non pas sou-
mis, mais résolus.
Ces mêmes hommes qui se résignent à
obéir aux lois, quelque mauvaises qu'elles
leur paraissent, pourvu que l'avenir reste
ouvert devant eux et qu'on ne leur ôtp
pas l'espérance légitime de triompher un
jour sar.s violence en abrogeant légale-
ment ce que l'on décrète aujourd'hui; ces
mêmes hommes croiraient avoir non-seu-
lement le droit, mais encore l'absolu de-
voir de résister par tons les moyens, si la
République venait à être mise en ques-
tion.
f Mais le principe républicain une fois
Hors de cause, le parti radical ne de-
mande le triomphe de ses idées qu'au
temps, à la libre discussion, à la souve-
raineté nationale manifestée par le suf-
frage universel.
A partir du moment où la République
a été proclamée — et il en sera ainsi aussi
longtemps que la République subsistera,
—l'œuvre de la Révolution a été terminée,
l'œuvre de l'évolution a commencé.
La loi est devenue l'expression de la
volonté souveraine du pays et, dès lors,
a mérité tout respect.
Le pays peut se tromper, il peut faire
des lois mauvaises ; c'est un malheur 1 La
libre discussion est là pour l'éclairer. Sous
la République, les pouvoirs ne sont que
temporaires ; si les minorités d'aujour-
d'hui ont la vérité pour elles, elles de-
viennent les majorités de demain. Le suf-
frage universel suffit alors pour les appeler
au pouvoir sans qu'aucune violence soit
nécessaire, et il arrive même que les vio-
lences sont repoussées par tous parce
qu'elles éloignent les solutions au lieu de
les rapprocher.
Mais, repTennent les journaux de la
réaction,/e sont là des distinctions sub-
tiles que la queue radicale ne comprendra
jamais. La queue a été, est et demeurera
révolutionnaire. côté
Je veux bien reconnaître que, à côté
des hommes de cabinet qui ont passé leur
vie dans les méditations de la politique, il
y a les masses qui sont plus lentes à se
modifier. Je reconnais que, si un chef de
parti peut comprendre sans peine, le 5 sep-
tembre, que la révolution a fini son œuvre,
alors que, le 3 septembre, cette œuvre
restait tout entière à accomplir, il est plus
difficile de faire entrer ces notions dans
l'esprit de ceux qui, moins éclairés, ai-
ment la justice avec passion plutôt qu'ils
n'en discutent les éléments suivant une
méthode scientifique.
Mais ce sont là des faits d'ordre tout à
fait secondaire. Le chemin qu'on ne par-
court pas en un jour, on le parcourt en
plusieurs. Quand la République aura duré
quelques années, quand les réformes les
plus impérieuses se seront accomplies par
la voie légale, la vérité comprise par les
chefs sera comprise aussi par le gros de
l'armée démocratique, et l'on verra dis-
paraître les impatiences révolutionnaires,
et l'on verra l'esprit de la légalité, qui est
le fondement de toute République, s'im-
planter dans notre pays.
En résumé, la fondation définitive de
la République aura pour conséquence na-
turelle de faire naître chez tous les ci-
toyens le respect de la loi, tandis que le
rétablissement de la monarchie aurait l'ef-
fet inverse dans l'avenir comme il l'a eu
dans le passé, par l'excellente raison que,
nous le répétons, placés en face de la force
brutale, les républicains qui respectent
aujourd'hui jusqu'aux lois les plus dures
et qtn les respecteront toujours tant que
nous vivrons en République, montreraient
au contraire, si la République était com-
promise, qu'ils n'ont répudié aucune des
grandes traditions révolutionnaires de
leur parti, pas plus qu'ils n'ont abandonné
aucune de ses espérances.
ALFRED NAQUET.
1 LA PÈRE ET CHALONS
Une correspondance autographiée, qui
passe pour recevoir des communications
plus ou moins officieuses, pose aujour-
d'hui, d'une façon très nette, les points
sur lesquels devra porter l'enquête rela-
tive à l'incident de la Fère. Voici, selon
cette feuille, les questions qui appellent
une réponse précise :
1° M. le lieutenant-colonel Fabre, eide-de-
camp de M. le ministre de la guerre, a-t-il
fait une profession de foi bonapartiste, ou,
dam ious les cas, jugée comme telle por
ses auditeurs ?
2° M. le lieutenant-colonel Fabre a-t-il
avancé, tout au moins insinué, qu'au minis-
tère de la guerre on considérait l'armée comme
bonapartiste dans la proportion de 99 0(0, et
a-t-il oit que, si Bonaparte rentrait en France,
il serait accueilli par l'armée avec enthou-
siasme ?
3° M. le lieutenant-colonel Fabre, qui a en-
gagé le ministre, en affirmant qu'il pensait
comme lui, était-il autorisé à faire cette dé-
claration?
4° M. Rigault, commandant des mobiles eii
1870, et M. Delatte, lieutenant-colonel du
17° régiment d'artillerie, ont-ils protes'é con-
tre les assertions de M. Fabre, et dans qUdii
termes l'ont-ils fait ?
Il sera certainement très intéressant de
voir quelle lumière l'enquête jettera sur
ces divers points. Mais, quant à nous, si
nous appelons une investigation prompte
sur ces faits regrettables, c'est moins pour
arriver à la connaissance des détails de
l'incident que dans l'espoir d'attirer forte-
ment l'attention du chef du gouvernement
et celle du public sur l'esprit et les tendan-
ces générales de la haute administration
militaire.
En lui-même et envisagé isolément, l'in-
cident de la Fère pourrait ne pas mériter
l'importance qu'il a prise tout à coup. On
pourrait n'y voir qu'une intempérance de
langage plus ou moins excusée par le ca-
ractère intime de la réunion ou par un dé-
faut de sens politique chez celui qui s'y
est laissé aller.
Mais c'est comme symptôme général et
non comme fait isolé que cette manifesta-
tion malencontreuse doit être appréciée. Il
faut s'y arrêter, non pour ce quelle nous
apprend des opinions particulières d'un
officier supérieur, mais pour le jour qu'el-
le jette, incidemment, iyir le personnel au-
quel on s'obstine, avec le plus étrange
aveuglement, à confier la haute direction
des affaires militaires.
Ainsi qu'on a pu le voir hier, nel, à très peu de chose près, est le même
que celui qui a aidé, sous l'empire, à la
désorganisation de l'armée. Or, si l'inci-
dent de la Fère tend à prouver que cet
état-major ne brille pas absolument par
son dévouement à la République, la ridi-
cule affaire de Châlons vient, en même
temps et juste à point, démontrer qu'il ne
brille pas davantage par le tact et les apti-
tudes spéciales qu'on est en droit de lui
demander.
C'est ainsi que, rapprochés l'un de l'au-
tre, ces deux faits — celui de la Fère et
celui de Châlons — prennent une gravité
qu'il n'est pas permis de méconnaître, et
qui met directement en cause la respon-
r sabilité politique de M. de Cissey. Si, en
effet, l'émotion produite à la Fère est le
fait d'un de ses aides-de-camp, la sottise
humiliante commise à Châlons est, dit-on,
imputable au général Hartung, chef de
cabinet du ministre.
Certes, si les hommes qui ont eu, de
i852 à 1870, la haute main au ministère
de la guerre avaient montré une capacité
administrative ou militaire hors ligne, nous
aurions compris qu'on hésitât avant de les
mettre à l'écart. Mais les choses ont été
menées de telle sorte qu'il est certain que
Napoléon III lui-même, s'il était possible
qu'il revînt jamais, ne conserverait pas
des serviteurs si notoirement incapables.
Ce que ne ferait pas l'empire, la Républi-
bue, grâce à M. de Cissey, a eu la bonho-
mie de le faire, et c'est à ceux mêmes dont
les méprises et les fautes, dans la guerre
de 1870, resteront légendaires, que la
réorganisation militaire est confiée 1
Ce qui vient de se passer à la Fère et à
Châlons suffira, nous l'espérons, pour
ouvrir les yeux à M. le président de la Ré-
publique sur les dangers d'un pareil sys-
tème.
C'est un double avertissement extrême-
ment significatif et qui sera, si on le veut
bien, très profitable. Mais après qu'il a été
donné, le gouvernement serait inexcusa-
ble s'il cherchait encore ses collaborateurs
et ses instruments parmi ceux qui, n'ayant
rien su faire de bon sous un régime auquel
ils se disaient dévoués, peuvent bien
moins encore donner un concours utile
sous un régime politique auquel ils sont
hostiles.
A. GAULIER.
P.-S. - On nous affirme à la dernière
heure que M. de Cissey, sur les conseils
de M. Thiers, a offert sa démission, et
qu'elle a été unanimement acceptée hier
matin en conseil des ministres.
Son successeur serait déjà désigné : le
général Chanzy prendrait le portefeuille de
la guerre, et le général Montaudon lui suc-
cèderait dans son commandement de l'ar-
mée de Tours.
IWLJE IUHI
Inauguration du Monument Fonèke du Bourget
C'était hier le second anniversaire de la
funeste journée du 30 octobre où la garde
royale prussienne reprit le Bourget, dont
les défenseurs avaient été laissés sans se-
cours, sans munitions, et sans ordres par le
général de division Carré de Bellemare.,
Cette date néfaste a été choisie pour l'i-
nauguration du monument funèbre élevé
par souscription en l'honneur des braves
qui tombèrent ce jour-là pour la défense
de Paris, c'est-à-dire du droit, de la Répu-
blique et de la patrie. Ces braves étaient
d'ailleurs presque tous des enfants de Pa-
ris - et d'un quartier de Paris — les Ba-
tignolles.
Aussi les mères en deuil et les petits
frères qu'on traîne par la main en leur
parlant de l'aîné disparu, étaient-ils nom-
breux à la triste cérémonie d'hier.
Un millier de personnes environ étaient
réunies vers onze heures devant l'église du
Bourget. Il faisait un temps affreux. Les
terres étaient détrempées et la pluie tom-
bait par rafales. Le Bourget se compose,
comme on le sait, d'une seule rue formée
de maisons bordant la route de Flandre.
Au bout de cette grande rue, qui est tout
le village, a été élevé le monument fu«
nèbre.
Le monument élevé à la mémoire des
morts du Bourget, est des plus simples
Il a été édifié sur les dessins de M. De-
recq, architecte, sur un terrain offert pat
la famille Polluai, dont un des membres
était aide de camp du général Ducrot peu
qant le siège..
C estune petite chapelle qui peut contenir
tout au plus cinquante personnes. Elle est
éclairée par six croisillons dont les vitraux
représentent des croix de la Légion d'hon-
neur. Elle est fermée par une grille en fer
travaillée à jour.
On lit sur la façade : HONNEUR ET PA-
TRIE. — SÉPULTURE DES BRAVES MORTS
POUR LA PATRIE.-MONUMENT ÉLEVÉ AVEC
BES SOUSCRIPTIONS PRIVÉES.
Sur les deux côtés de la chapelle : COM-
BATS DES 28, 29 ET 30 OCTOBRE 1870.
Des mâts avec faisceaux de drapeaux
tricolores entouraient le monument fu-
nèbre.
Une oraison, dont nous n'avons pu en-
tendre un traître mot, a été prononcée par
un grand vicaire archidiacre qui s'appelle,
nous a-t-on dit, M. Bayle, ou autre-
ment.
Une messe, dont le besoin ne s'était pas
fait sentir à tout le monde, a été dite en-
suite par le curé de la paroisse. Après quoi
le tambour et les deux trompettes des
pompiers ont battu et sonné au chamD :
et puis, ç'a été fini.
Le monument commémoratif des morts
du Bourget est situé à l'extrémité du villa-
ge, tout au bord et à gauche de la
route. De ce point on domine le champ de
bataille des trois journées. Sur cette vaste
plaine où la mort fauchait si dru, où les
boulets tombaient comme grêle il y a deux
ans, nous avons compté soixante-quatre
meules de blé.
Parmi les assistants on remarquait deux
attachés militaires suisses en uniforme; le
commandant des francs-tireurs de la
presse, Roland, à cheval et enveloppé dans
un caban militaire; les docteurs Ricord et
Demarquay; le comte Aurives, comman-
dant de l'école de Saint-Cyr; quelques jour-
nalistes, et les familles des victimes de ces
trois sanglantes journées.
La cérémonie d'inauguration a commen-
cé à onze heures et demie ; à deux heures,
le chemin de fer nous ramenait à Paris.
'"iiaMM i
LES COMPAGNIES nORS RANG
Nous avons annoncé, il y a quelque.
jours, que le conseil supérieur de I4 guer-
re s'était prononcé pour la suppression
des compagnies hors rang et leur rempla-
cement pa; de grands magasins" régionaux
alimentés par l'industrie privée. Voici sur
ce sujet important quelques renseigne-
ments complémentaires : ,
C'est dans les conseils militaires tenus a
Trouvule, sous la présidence de M. Thiers,
que cette question a été d'abord débattue.
Plus tard, après avoir visité le? atelierr
Godillot, M. Thiers, frappé de la puissan-
ce d'exécution et d-,--
ce d'exécution et des garanties de bonn6
fabrication qu offre l'industrie privée, a
soutenu, dans les séances du conseil su-
périeur de la guerre, le principe de la sup-
pression des compagnies hors rang, lequel
finalement a été adepté A l'unanimité.
On sait qu'on nomme compagnies hon
fSVILLETOK ON RAPIPiL
., DU f NOVEMBRB
69
JOUltNAL n» (MB
LE SIEGE DE PARIS
m
'UMETTE LAMBEH
- En MO UD AD A M)
On m'apporte deux dépêches de pro-
vince : l'une est de mon ami Arlès-Du-
four, qui me parle de ma fille, dont il a
reçu une longue lettre ; l'autre est de
mon père lui-iaaêmel Ma mère et ma fille
vont très bien, ils m'embrassent. J'ai un
moment de joie égoïste.
Le boulevard est en pleine agitation.
Tous se demandent ce que veut dire cette
fusillade. On raconte qu'à un coup de
Voit les NNNSFFM du il taat aQ 29 octo-
tri 4 m.
fusil tiré du fond de la place à un signal,
les portes et les fenêtres de l'Hôtel de
Ville se sont ouvertes comme par enchan-
tement, les unes pour laisser voir des
f mitrailleuses, les autres pour laisser pas-
scr de? feux de peloton. Plusieurs per-
sonnes affirment que les mitrailleuses ont
tiré..
M. Vinoy, gouverneur de Paris, com-
mence bien. Sa première journée a été
bonne. Son bonapartisme doit être satis-
fait. Cela rappelle en petit le 2 décembre.
Et le gouvernement de la défense, qui fait
grâce aux déserteurs et laisse tirer à mi-
traille sur trois cents exaltés dont le crime
est de ne pas vouloir capituler ! Ces mi-
trailleuses, pour lesquelles on a souscrit
dans la plus pauvre mansarde, étaient-
elles destinées à faucher les Parisiens,
à faire mer mille sur des Français?
Les hommes du gouvernement sont so-
lidaires de l'acte coupable qui vient de
se commettre. M. Picard, dont l'influence
a puissamment aidé au choix de M. Vinoy,
est responsable du sang versé aujourd'hui.
Sur le boulevard j'entendais .dire par
de pauvres gens : « Quoi 1 nous avons tant
souffert, quoi 1 nous avons supporté tant
de privations pour qu'on nous mitraille,
nous, nos femmes, nos enfants, quand on
refuse de tuer des Prussiens 1 » Les offi-
ciers de la garde nationale étaient attérés.
J'en vis plusieurs qui, après avoir été lan-
ternés et trompés, voyant clair enfin,
poussés à bout, nourrissaient les projets
les plus extravagants. Les simples garde -
répétaient comme une formule : te Est-ce
que nous avons refusé de nous battre? »
Les femmes surtout, qui ont montré un
courage plus difficile et qui ont dû, pour
être ce qu'elles sont depuis quatre mois,
violenter leur nature, éprouvent une in-
: dignation telle que tout à l'heure, dans
un groupe où je me trouvais, composé
e cl 11 vivement de femmes, la plupart di-
saient-: « Puisque les hommes obéissent
à un état-major qui trahit, il faut que les
femmes fassent mieux que les hommes 1 »
A huit heures, il n'y a plus une âme
sur le boulevard ; c'est lugubre.
23 janvier.
Triste journée. L'Officiel est un récep- ,
tacle de platitudes et de menaces : Dé-
fense de se réunir dans les clubs ; — sup-
pression du Combat et du Réveil; — une
jésuitique proclamation de M. Vinoy; —
une très fade adresse du gouvernement
aux citoyens de Paris ; — deux lettres de'
M. Jules Ferry aux maires.
La fusillade d'iiier est le sujet de toutes
les récriminations. Un de nos amis, dans
un café, a entendu dire tout haut à un
capitaine d'état-major qui se frottait les
mains : a Eh! eh.! Vinoy n'a pas tardé à
faire sa netite affaire 1 »
La réaction, fruit des manœuvres bo-
napartistes et de la complaisance de M.
Pipard, éclate enfin, elle est partout, à
chaque ligne de cet Officiel.
Nos vieux amis, qui depuis tant d'an-
nées luttent pour les idées libérales,
vuient encore une fois, le triomphe de la
réaction — d'une réaction apostillée, hé.
las, par des hommes qui portent comme
nous le nom de républicains ! ,"
- C'est M. Picard, en personne, qui a
porté à l'Officiel la nomination de M.
Vinoy. Le gouvernement n'a pas osé la
démentir. Voilà qui, explique pourquoi
cette nomination n'était pas à l'a partie of-
ficielle.
Cette affaire d'hier est un coup monté
avec les vieux argousins de l'empire et
trois cents malheureux comparses ; l'Offi-
ciel de ce matin dit cent cinquante l Pour
naïf, voilà un aveu, naïf 1 Tout cela nous
conduit à une reddition, à la honte, au
"malheur 1
Jourdan vient et pleure avec moi ; il
me dit :
- Je suis tellement écrasé, broyé par
les événements, ahuri, que je me suis vu
cette nuit, en rêve, hébété, idiot, ne vi-
vant plus que d'une vie végétative, et re-
cevant la pâtée des mains de ma femme et
de celles de mon fils.
« Croiriez-vous, ajoutait-il, que, depuis
cinquante ans, j'ai toujours fumé des ci-
garettes, que mes doigts ont pu en rouler
par vieille habitude, à la mort de mon fils
Prosper, et que j'ai cessé de fumer, sans
m'en apercevoir, depuis trois jours? »
Un de nos amis arrive, bien exalté. Les
morts de l'a place de l'Hôtel de Ville ne
l'émeuvent pas, lui; ce qui l'irrite par-
dessus tout, ce qui met le comble à ses
griefs, c'est la suppression des clubs et des
journaux. Il montait la garde hier au soir
dans la cour du ministère de l'intérieur.
Il voit venir à lui et à ses camarades M. Pi-
card lui-même, qui leur dit : «Messieurs,
vous avez appris l'horrible attentat. Vous
ayez des cartouches, n'est-ce pas? Vous sa-
vez qu'il n'y a plus de vivres que pour
huit jours ? » Les gardes nationaux tour-
nent le dos à M. Picard.
M. Germa, colonel de la garde na-
tionale, entre et raconte sa campagne
dans le parc de Buzenval, le manque de
canons, de vivres, les éternelles attaques
contre les murs, l'insolence d'un général,
cette rage de retraite en bon ordre qui
nous fait toujours perdre nos positions
acquises, et montre assez, qu'on n'a ja-
mais voulu aller en avant. A quatre heu-
res du soir il tenait la Bergerie; en sacri-
fiant vingt hommes, il l'eût gardée jus-
qu'au lendemain matin î
Nous avons tous la fièvre. Nous faisons
tous des projets de délivrance extrava-
gants. Mon neveu me dit que l'idée de la
capitulation le rend fou, qu'il a perdu
tout sommeil, qu'au fort de Rosnyles
marins et les artilleurs de la garde na-
tionale, lui compris, jurent de se faire
sauter plutôt .que de se r £ ndre.
Les réactionnaires du gouvernement
imaginent 1 impossible pour se faire de-
mander cette capitulation qu'ils convoi-
tent et que personne, à Paris, ne consent
à désirer. On lasse, on tourmente, on
harcèle la population parisienne, si dé-
vouée à la cause de la France, de cette
France que M. Picard ne veut à aucun
prix laisser sous le pouvoir de Gambetta.
J'entends d'ici M. Picard se dire à lui-
même :.« ^ite, capitulons, et courons à
Bordeaux pour briser celui qui de rien a
fait quelque chose, tandis que 4e quelque
ehose nous n'avons su fa ire'ici qu'un beau
rien du tout ! D
M. Ferry s'est amusé, avec une ironie
cruelle, à faire jouer depuis avant-hier
aux femmes de Paris, le jeu des cuatre
coins. Nous allons chercher notre pain
dans le quartier de gens qui viennenl
chercher leur pain dans le nôtre 1
(A suivre.)
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
De 3 à 5 heures du soir ¡J. \{ J.;:
18, EUE DE VALOIS, il
-- - <"~ 1 0
Les manuscrits non insérés ne seront p» T8ndJ[r 1
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et G*
6, place de la Bourse, 6
ADMINISTRATION
Iii HCE DB VALOIS,rlS
ABOIRHIBITI
Pàwï
Trois mois ; le »
Six moM. 20 D
DÉPABTEMBNT0
Trois mois 13 50
Six inÕis. tt a
Adresser lettres et mandata
A. M. A. PELLEPORT
< Nous prions ceux de nos abonnés dont
l'abonnement expire le fer novembre, de
Vouloir bien le renouveler sans retard,
pour éviter toute interruption dans la ré-
ception du journal.
Il est utile d'accompagner les demandes
de renouvellement, ou changement d'a-
dresse, d'une des dernières bandes im- !
primées.
LE RESPECT DE LA LOI
La République est impossible en Fran-
ce, s'écrient de toutes parts les réaction-
naires, parce que la France n'a plus le
respect de la loi, et que le parti radical,
violent, impatient, exclusif n'est pas fait
pour le lui rendre.
Nous reconnaissons volontiers que, de-
puis longtemps, la loi n'est guère respec-
tée dans notre pays. Seulement, au lieu
de mettre cette situation à la charge des
Secousses révolutionnaires, du parti radi-
cal, de la République, c'est à la monar-
chie que nous en faisons remonter toute la
responsabilité.
Le respect de la loi, c'est la monarchie
'•qui l'a tué, et c'est la République seule
,qui peut le faire revivre.
Lorsque la loi est le résultat du caprice,
du bon plaisir, de quel respect veut-on
qu'elle soit entourée?
Quand, sous l'empire, les soi-disafit
mandataires du peuple n'étaient, grâce
aux pratiques honteuses des candidatures
afficielles, que les mandataires de l'em-
pereur ; quand il suffisait d'une parole du
maître pour que toute une assemblée de
valets s'inclinât, au risque de conduire,
en s'inclinant, la France aux abîmes,
somme à l'époque de Expédition du
, Mexique ou de la déclaration de guerre
à l'Allemagne; quand la loi était l'expres-
sion de tout ce qu'on poudra, excepté de
la volonté du pays ; qu'on l'édidait, non
point en vue d'une utilité natio mais
dans le simple but bien souvent de plaire
à un flatteur ou d'enrichir une concubine;
quand nous vivions sous un régime où
le salut de la dynastie passait avant lo sa,
lut du-pays, sous un régime où l'on allait
se faire prendre à Sedan, et perdre la
France dans un intérêt purement dy-
nastique, il était naturel que la loi ne fût
pas respectée : un peuple, à peine de s'a-
vilir, ne peut respecter que ce qui est res-
npp.t.ahle. et la loi ne l'était pas.
Le parti radical à cette époque a dû être
le parti irréconciliable; il a dû revendi-
quer sans cesse les droits de la justice ou-
tragée; il a dû être la protestation vivante
de la conscience indignée ; il l'a été.
S'ensuit-il que le parti radical soit le
parti de la révolution quand même, qu'il
soit condamné par ses antécédents, à
être le parti de la dictature s'imposant
par les coups de rue et. les surprises ?
Qu'est-ce que le parti radical ?
C'est le parti qui répugne aux demi-
mesures, aux expédients, qui n'aime que
- les solutions radicales.
C'est le parti qui ne se contente pas de
mots, aux yeux duquel, par exemple, le
service militaire n'est pas Véritablement
obligatoire pour tous lorsque le sort di-
vise les citoyens en deux catégories, les
uns servant cinq ans et les autres six
mois.
C'est le parti qui ne se borne pas à pro-
clamer des principes philosophiques, à re-
j Connaître que le père de famille a le de-
voir moral de faire instruire ses enfants,
mais qui veut une sanction à ce principe
et qui réclame l'instruction obligatoire.
C'est le parti qui comprend que l'ins-
truction obligatoire a pour corollaire lo-
gique l'instruction gratuite.
C'est le parti .qui, lorsqu'il parle de
liberté de conscience, n'entend pas dési-
gner par là l'oppression des consciences
les unes par les autres, comme c'est pres-
que toujours le cas pour les fidèles de
tous les cultes, et qui proclame la né-
cessité de rendre l'instruction nationale
exclusivement laïque, et de séparer com-
plètement les Eglises de l'Etat. (
Pour tout dire, en un mot, c'est le par-
ti qui ne sera jamais content de ce qui
existe parce qu'il ne sera pas satisfait tant
qu'il restera, dans les sociétés humaines,
un préjugé à faire disparaître, pne injus-
tice à combattre, un abus à déraciner, et
qu'il y en aura toujours, l'homme étant
indéfiniment perfectible, et l'idéal d'au-
jourd'hui ayant pour loi inéluctable d'être
toujours dépassé par l'idéal de demain.
Voilà ce qu'est le parti radical ; mais où
nos adversaires ont-il vu que ce parti ne
demande les solutions qu'il désire qu'aux
surprises et à la violence ?
Dans son passé, disent-ils.
Nous les suivrons volontiers sur ce
terrain.
Sans doute, nous avons été révolution-
naires sous la monarchie 1 pourquoi?
Parce qu'il est de l'essence du gouverne-
ment monarchique de ne pouvoir être
renversé que par une révolution ; parce
que la monarchie est le gouvernement
de la force, et que la force au service de
1 injustice ne peut être combattue effica-
cement que par la force au service du
droit.
Nous avons été révolutionnaires sous la
monarchie, et nous le serions encore de-
main si cette forme de gouvernement es-
sayait de renaître.
Oui 1 si l'Assemblée, usurpant des pou-
voirs que le peuple ne lui a pas conférés,
qu'il n'avait pas même le droit de lui
conférer, si l'Assemblée faisait au pays
cette suprême inj ure de tenter, par un
coup d'Etat, le rétablissement de ce que
la volonté nationale a renversé avec dé-
goût, elle nous trouverait, non pas sou-
mis, mais résolus.
Ces mêmes hommes qui se résignent à
obéir aux lois, quelque mauvaises qu'elles
leur paraissent, pourvu que l'avenir reste
ouvert devant eux et qu'on ne leur ôtp
pas l'espérance légitime de triompher un
jour sar.s violence en abrogeant légale-
ment ce que l'on décrète aujourd'hui; ces
mêmes hommes croiraient avoir non-seu-
lement le droit, mais encore l'absolu de-
voir de résister par tons les moyens, si la
République venait à être mise en ques-
tion.
f Mais le principe républicain une fois
Hors de cause, le parti radical ne de-
mande le triomphe de ses idées qu'au
temps, à la libre discussion, à la souve-
raineté nationale manifestée par le suf-
frage universel.
A partir du moment où la République
a été proclamée — et il en sera ainsi aussi
longtemps que la République subsistera,
—l'œuvre de la Révolution a été terminée,
l'œuvre de l'évolution a commencé.
La loi est devenue l'expression de la
volonté souveraine du pays et, dès lors,
a mérité tout respect.
Le pays peut se tromper, il peut faire
des lois mauvaises ; c'est un malheur 1 La
libre discussion est là pour l'éclairer. Sous
la République, les pouvoirs ne sont que
temporaires ; si les minorités d'aujour-
d'hui ont la vérité pour elles, elles de-
viennent les majorités de demain. Le suf-
frage universel suffit alors pour les appeler
au pouvoir sans qu'aucune violence soit
nécessaire, et il arrive même que les vio-
lences sont repoussées par tous parce
qu'elles éloignent les solutions au lieu de
les rapprocher.
Mais, repTennent les journaux de la
réaction,/e sont là des distinctions sub-
tiles que la queue radicale ne comprendra
jamais. La queue a été, est et demeurera
révolutionnaire. côté
Je veux bien reconnaître que, à côté
des hommes de cabinet qui ont passé leur
vie dans les méditations de la politique, il
y a les masses qui sont plus lentes à se
modifier. Je reconnais que, si un chef de
parti peut comprendre sans peine, le 5 sep-
tembre, que la révolution a fini son œuvre,
alors que, le 3 septembre, cette œuvre
restait tout entière à accomplir, il est plus
difficile de faire entrer ces notions dans
l'esprit de ceux qui, moins éclairés, ai-
ment la justice avec passion plutôt qu'ils
n'en discutent les éléments suivant une
méthode scientifique.
Mais ce sont là des faits d'ordre tout à
fait secondaire. Le chemin qu'on ne par-
court pas en un jour, on le parcourt en
plusieurs. Quand la République aura duré
quelques années, quand les réformes les
plus impérieuses se seront accomplies par
la voie légale, la vérité comprise par les
chefs sera comprise aussi par le gros de
l'armée démocratique, et l'on verra dis-
paraître les impatiences révolutionnaires,
et l'on verra l'esprit de la légalité, qui est
le fondement de toute République, s'im-
planter dans notre pays.
En résumé, la fondation définitive de
la République aura pour conséquence na-
turelle de faire naître chez tous les ci-
toyens le respect de la loi, tandis que le
rétablissement de la monarchie aurait l'ef-
fet inverse dans l'avenir comme il l'a eu
dans le passé, par l'excellente raison que,
nous le répétons, placés en face de la force
brutale, les républicains qui respectent
aujourd'hui jusqu'aux lois les plus dures
et qtn les respecteront toujours tant que
nous vivrons en République, montreraient
au contraire, si la République était com-
promise, qu'ils n'ont répudié aucune des
grandes traditions révolutionnaires de
leur parti, pas plus qu'ils n'ont abandonné
aucune de ses espérances.
ALFRED NAQUET.
1 LA PÈRE ET CHALONS
Une correspondance autographiée, qui
passe pour recevoir des communications
plus ou moins officieuses, pose aujour-
d'hui, d'une façon très nette, les points
sur lesquels devra porter l'enquête rela-
tive à l'incident de la Fère. Voici, selon
cette feuille, les questions qui appellent
une réponse précise :
1° M. le lieutenant-colonel Fabre, eide-de-
camp de M. le ministre de la guerre, a-t-il
fait une profession de foi bonapartiste, ou,
dam ious les cas, jugée comme telle por
ses auditeurs ?
2° M. le lieutenant-colonel Fabre a-t-il
avancé, tout au moins insinué, qu'au minis-
tère de la guerre on considérait l'armée comme
bonapartiste dans la proportion de 99 0(0, et
a-t-il oit que, si Bonaparte rentrait en France,
il serait accueilli par l'armée avec enthou-
siasme ?
3° M. le lieutenant-colonel Fabre, qui a en-
gagé le ministre, en affirmant qu'il pensait
comme lui, était-il autorisé à faire cette dé-
claration?
4° M. Rigault, commandant des mobiles eii
1870, et M. Delatte, lieutenant-colonel du
17° régiment d'artillerie, ont-ils protes'é con-
tre les assertions de M. Fabre, et dans qUdii
termes l'ont-ils fait ?
Il sera certainement très intéressant de
voir quelle lumière l'enquête jettera sur
ces divers points. Mais, quant à nous, si
nous appelons une investigation prompte
sur ces faits regrettables, c'est moins pour
arriver à la connaissance des détails de
l'incident que dans l'espoir d'attirer forte-
ment l'attention du chef du gouvernement
et celle du public sur l'esprit et les tendan-
ces générales de la haute administration
militaire.
En lui-même et envisagé isolément, l'in-
cident de la Fère pourrait ne pas mériter
l'importance qu'il a prise tout à coup. On
pourrait n'y voir qu'une intempérance de
langage plus ou moins excusée par le ca-
ractère intime de la réunion ou par un dé-
faut de sens politique chez celui qui s'y
est laissé aller.
Mais c'est comme symptôme général et
non comme fait isolé que cette manifesta-
tion malencontreuse doit être appréciée. Il
faut s'y arrêter, non pour ce quelle nous
apprend des opinions particulières d'un
officier supérieur, mais pour le jour qu'el-
le jette, incidemment, iyir le personnel au-
quel on s'obstine, avec le plus étrange
aveuglement, à confier la haute direction
des affaires militaires.
Ainsi qu'on a pu le voir hier,
que celui qui a aidé, sous l'empire, à la
désorganisation de l'armée. Or, si l'inci-
dent de la Fère tend à prouver que cet
état-major ne brille pas absolument par
son dévouement à la République, la ridi-
cule affaire de Châlons vient, en même
temps et juste à point, démontrer qu'il ne
brille pas davantage par le tact et les apti-
tudes spéciales qu'on est en droit de lui
demander.
C'est ainsi que, rapprochés l'un de l'au-
tre, ces deux faits — celui de la Fère et
celui de Châlons — prennent une gravité
qu'il n'est pas permis de méconnaître, et
qui met directement en cause la respon-
r sabilité politique de M. de Cissey. Si, en
effet, l'émotion produite à la Fère est le
fait d'un de ses aides-de-camp, la sottise
humiliante commise à Châlons est, dit-on,
imputable au général Hartung, chef de
cabinet du ministre.
Certes, si les hommes qui ont eu, de
i852 à 1870, la haute main au ministère
de la guerre avaient montré une capacité
administrative ou militaire hors ligne, nous
aurions compris qu'on hésitât avant de les
mettre à l'écart. Mais les choses ont été
menées de telle sorte qu'il est certain que
Napoléon III lui-même, s'il était possible
qu'il revînt jamais, ne conserverait pas
des serviteurs si notoirement incapables.
Ce que ne ferait pas l'empire, la Républi-
bue, grâce à M. de Cissey, a eu la bonho-
mie de le faire, et c'est à ceux mêmes dont
les méprises et les fautes, dans la guerre
de 1870, resteront légendaires, que la
réorganisation militaire est confiée 1
Ce qui vient de se passer à la Fère et à
Châlons suffira, nous l'espérons, pour
ouvrir les yeux à M. le président de la Ré-
publique sur les dangers d'un pareil sys-
tème.
C'est un double avertissement extrême-
ment significatif et qui sera, si on le veut
bien, très profitable. Mais après qu'il a été
donné, le gouvernement serait inexcusa-
ble s'il cherchait encore ses collaborateurs
et ses instruments parmi ceux qui, n'ayant
rien su faire de bon sous un régime auquel
ils se disaient dévoués, peuvent bien
moins encore donner un concours utile
sous un régime politique auquel ils sont
hostiles.
A. GAULIER.
P.-S. - On nous affirme à la dernière
heure que M. de Cissey, sur les conseils
de M. Thiers, a offert sa démission, et
qu'elle a été unanimement acceptée hier
matin en conseil des ministres.
Son successeur serait déjà désigné : le
général Chanzy prendrait le portefeuille de
la guerre, et le général Montaudon lui suc-
cèderait dans son commandement de l'ar-
mée de Tours.
IWLJE IUHI
Inauguration du Monument Fonèke du Bourget
C'était hier le second anniversaire de la
funeste journée du 30 octobre où la garde
royale prussienne reprit le Bourget, dont
les défenseurs avaient été laissés sans se-
cours, sans munitions, et sans ordres par le
général de division Carré de Bellemare.,
Cette date néfaste a été choisie pour l'i-
nauguration du monument funèbre élevé
par souscription en l'honneur des braves
qui tombèrent ce jour-là pour la défense
de Paris, c'est-à-dire du droit, de la Répu-
blique et de la patrie. Ces braves étaient
d'ailleurs presque tous des enfants de Pa-
ris - et d'un quartier de Paris — les Ba-
tignolles.
Aussi les mères en deuil et les petits
frères qu'on traîne par la main en leur
parlant de l'aîné disparu, étaient-ils nom-
breux à la triste cérémonie d'hier.
Un millier de personnes environ étaient
réunies vers onze heures devant l'église du
Bourget. Il faisait un temps affreux. Les
terres étaient détrempées et la pluie tom-
bait par rafales. Le Bourget se compose,
comme on le sait, d'une seule rue formée
de maisons bordant la route de Flandre.
Au bout de cette grande rue, qui est tout
le village, a été élevé le monument fu«
nèbre.
Le monument élevé à la mémoire des
morts du Bourget, est des plus simples
Il a été édifié sur les dessins de M. De-
recq, architecte, sur un terrain offert pat
la famille Polluai, dont un des membres
était aide de camp du général Ducrot peu
qant le siège..
C estune petite chapelle qui peut contenir
tout au plus cinquante personnes. Elle est
éclairée par six croisillons dont les vitraux
représentent des croix de la Légion d'hon-
neur. Elle est fermée par une grille en fer
travaillée à jour.
On lit sur la façade : HONNEUR ET PA-
TRIE. — SÉPULTURE DES BRAVES MORTS
POUR LA PATRIE.-MONUMENT ÉLEVÉ AVEC
BES SOUSCRIPTIONS PRIVÉES.
Sur les deux côtés de la chapelle : COM-
BATS DES 28, 29 ET 30 OCTOBRE 1870.
Des mâts avec faisceaux de drapeaux
tricolores entouraient le monument fu-
nèbre.
Une oraison, dont nous n'avons pu en-
tendre un traître mot, a été prononcée par
un grand vicaire archidiacre qui s'appelle,
nous a-t-on dit, M. Bayle, ou autre-
ment.
Une messe, dont le besoin ne s'était pas
fait sentir à tout le monde, a été dite en-
suite par le curé de la paroisse. Après quoi
le tambour et les deux trompettes des
pompiers ont battu et sonné au chamD :
et puis, ç'a été fini.
Le monument commémoratif des morts
du Bourget est situé à l'extrémité du villa-
ge, tout au bord et à gauche de la
route. De ce point on domine le champ de
bataille des trois journées. Sur cette vaste
plaine où la mort fauchait si dru, où les
boulets tombaient comme grêle il y a deux
ans, nous avons compté soixante-quatre
meules de blé.
Parmi les assistants on remarquait deux
attachés militaires suisses en uniforme; le
commandant des francs-tireurs de la
presse, Roland, à cheval et enveloppé dans
un caban militaire; les docteurs Ricord et
Demarquay; le comte Aurives, comman-
dant de l'école de Saint-Cyr; quelques jour-
nalistes, et les familles des victimes de ces
trois sanglantes journées.
La cérémonie d'inauguration a commen-
cé à onze heures et demie ; à deux heures,
le chemin de fer nous ramenait à Paris.
'"iiaMM i
LES COMPAGNIES nORS RANG
Nous avons annoncé, il y a quelque.
jours, que le conseil supérieur de I4 guer-
re s'était prononcé pour la suppression
des compagnies hors rang et leur rempla-
cement pa; de grands magasins" régionaux
alimentés par l'industrie privée. Voici sur
ce sujet important quelques renseigne-
ments complémentaires : ,
C'est dans les conseils militaires tenus a
Trouvule, sous la présidence de M. Thiers,
que cette question a été d'abord débattue.
Plus tard, après avoir visité le? atelierr
Godillot, M. Thiers, frappé de la puissan-
ce d'exécution et d-,--
ce d'exécution et des garanties de bonn6
fabrication qu offre l'industrie privée, a
soutenu, dans les séances du conseil su-
périeur de la guerre, le principe de la sup-
pression des compagnies hors rang, lequel
finalement a été adepté A l'unanimité.
On sait qu'on nomme compagnies hon
fSVILLETOK ON RAPIPiL
., DU f NOVEMBRB
69
JOUltNAL n» (MB
LE SIEGE DE PARIS
m
'UMETTE LAMBEH
- En MO UD AD A M)
On m'apporte deux dépêches de pro-
vince : l'une est de mon ami Arlès-Du-
four, qui me parle de ma fille, dont il a
reçu une longue lettre ; l'autre est de
mon père lui-iaaêmel Ma mère et ma fille
vont très bien, ils m'embrassent. J'ai un
moment de joie égoïste.
Le boulevard est en pleine agitation.
Tous se demandent ce que veut dire cette
fusillade. On raconte qu'à un coup de
Voit les NNNSFFM du il taat aQ 29 octo-
tri 4 m.
fusil tiré du fond de la place à un signal,
les portes et les fenêtres de l'Hôtel de
Ville se sont ouvertes comme par enchan-
tement, les unes pour laisser voir des
f mitrailleuses, les autres pour laisser pas-
scr de? feux de peloton. Plusieurs per-
sonnes affirment que les mitrailleuses ont
tiré..
M. Vinoy, gouverneur de Paris, com-
mence bien. Sa première journée a été
bonne. Son bonapartisme doit être satis-
fait. Cela rappelle en petit le 2 décembre.
Et le gouvernement de la défense, qui fait
grâce aux déserteurs et laisse tirer à mi-
traille sur trois cents exaltés dont le crime
est de ne pas vouloir capituler ! Ces mi-
trailleuses, pour lesquelles on a souscrit
dans la plus pauvre mansarde, étaient-
elles destinées à faucher les Parisiens,
à faire mer mille sur des Français?
Les hommes du gouvernement sont so-
lidaires de l'acte coupable qui vient de
se commettre. M. Picard, dont l'influence
a puissamment aidé au choix de M. Vinoy,
est responsable du sang versé aujourd'hui.
Sur le boulevard j'entendais .dire par
de pauvres gens : « Quoi 1 nous avons tant
souffert, quoi 1 nous avons supporté tant
de privations pour qu'on nous mitraille,
nous, nos femmes, nos enfants, quand on
refuse de tuer des Prussiens 1 » Les offi-
ciers de la garde nationale étaient attérés.
J'en vis plusieurs qui, après avoir été lan-
ternés et trompés, voyant clair enfin,
poussés à bout, nourrissaient les projets
les plus extravagants. Les simples garde -
répétaient comme une formule : te Est-ce
que nous avons refusé de nous battre? »
Les femmes surtout, qui ont montré un
courage plus difficile et qui ont dû, pour
être ce qu'elles sont depuis quatre mois,
violenter leur nature, éprouvent une in-
: dignation telle que tout à l'heure, dans
un groupe où je me trouvais, composé
e cl 11 vivement de femmes, la plupart di-
saient-: « Puisque les hommes obéissent
à un état-major qui trahit, il faut que les
femmes fassent mieux que les hommes 1 »
A huit heures, il n'y a plus une âme
sur le boulevard ; c'est lugubre.
23 janvier.
Triste journée. L'Officiel est un récep- ,
tacle de platitudes et de menaces : Dé-
fense de se réunir dans les clubs ; — sup-
pression du Combat et du Réveil; — une
jésuitique proclamation de M. Vinoy; —
une très fade adresse du gouvernement
aux citoyens de Paris ; — deux lettres de'
M. Jules Ferry aux maires.
La fusillade d'iiier est le sujet de toutes
les récriminations. Un de nos amis, dans
un café, a entendu dire tout haut à un
capitaine d'état-major qui se frottait les
mains : a Eh! eh.! Vinoy n'a pas tardé à
faire sa netite affaire 1 »
La réaction, fruit des manœuvres bo-
napartistes et de la complaisance de M.
Pipard, éclate enfin, elle est partout, à
chaque ligne de cet Officiel.
Nos vieux amis, qui depuis tant d'an-
nées luttent pour les idées libérales,
vuient encore une fois, le triomphe de la
réaction — d'une réaction apostillée, hé.
las, par des hommes qui portent comme
nous le nom de républicains ! ,"
- C'est M. Picard, en personne, qui a
porté à l'Officiel la nomination de M.
Vinoy. Le gouvernement n'a pas osé la
démentir. Voilà qui, explique pourquoi
cette nomination n'était pas à l'a partie of-
ficielle.
Cette affaire d'hier est un coup monté
avec les vieux argousins de l'empire et
trois cents malheureux comparses ; l'Offi-
ciel de ce matin dit cent cinquante l Pour
naïf, voilà un aveu, naïf 1 Tout cela nous
conduit à une reddition, à la honte, au
"malheur 1
Jourdan vient et pleure avec moi ; il
me dit :
- Je suis tellement écrasé, broyé par
les événements, ahuri, que je me suis vu
cette nuit, en rêve, hébété, idiot, ne vi-
vant plus que d'une vie végétative, et re-
cevant la pâtée des mains de ma femme et
de celles de mon fils.
« Croiriez-vous, ajoutait-il, que, depuis
cinquante ans, j'ai toujours fumé des ci-
garettes, que mes doigts ont pu en rouler
par vieille habitude, à la mort de mon fils
Prosper, et que j'ai cessé de fumer, sans
m'en apercevoir, depuis trois jours? »
Un de nos amis arrive, bien exalté. Les
morts de l'a place de l'Hôtel de Ville ne
l'émeuvent pas, lui; ce qui l'irrite par-
dessus tout, ce qui met le comble à ses
griefs, c'est la suppression des clubs et des
journaux. Il montait la garde hier au soir
dans la cour du ministère de l'intérieur.
Il voit venir à lui et à ses camarades M. Pi-
card lui-même, qui leur dit : «Messieurs,
vous avez appris l'horrible attentat. Vous
ayez des cartouches, n'est-ce pas? Vous sa-
vez qu'il n'y a plus de vivres que pour
huit jours ? » Les gardes nationaux tour-
nent le dos à M. Picard.
M. Germa, colonel de la garde na-
tionale, entre et raconte sa campagne
dans le parc de Buzenval, le manque de
canons, de vivres, les éternelles attaques
contre les murs, l'insolence d'un général,
cette rage de retraite en bon ordre qui
nous fait toujours perdre nos positions
acquises, et montre assez, qu'on n'a ja-
mais voulu aller en avant. A quatre heu-
res du soir il tenait la Bergerie; en sacri-
fiant vingt hommes, il l'eût gardée jus-
qu'au lendemain matin î
Nous avons tous la fièvre. Nous faisons
tous des projets de délivrance extrava-
gants. Mon neveu me dit que l'idée de la
capitulation le rend fou, qu'il a perdu
tout sommeil, qu'au fort de Rosnyles
marins et les artilleurs de la garde na-
tionale, lui compris, jurent de se faire
sauter plutôt .que de se r £ ndre.
Les réactionnaires du gouvernement
imaginent 1 impossible pour se faire de-
mander cette capitulation qu'ils convoi-
tent et que personne, à Paris, ne consent
à désirer. On lasse, on tourmente, on
harcèle la population parisienne, si dé-
vouée à la cause de la France, de cette
France que M. Picard ne veut à aucun
prix laisser sous le pouvoir de Gambetta.
J'entends d'ici M. Picard se dire à lui-
même :.« ^ite, capitulons, et courons à
Bordeaux pour briser celui qui de rien a
fait quelque chose, tandis que 4e quelque
ehose nous n'avons su fa ire'ici qu'un beau
rien du tout ! D
M. Ferry s'est amusé, avec une ironie
cruelle, à faire jouer depuis avant-hier
aux femmes de Paris, le jeu des cuatre
coins. Nous allons chercher notre pain
dans le quartier de gens qui viennenl
chercher leur pain dans le nôtre 1
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