Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-02-26
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 février 1896 26 février 1896
Description : 1896/02/26 (A18,N5944). 1896/02/26 (A18,N5944).
Droits : Consultable en ligne
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Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/07/2012
GIL BLAS—MERCREDI 26 FEVRIER 1896
davantage à la causerie et au flirt. Les habi-
tués y passaient la plus grande partie de la
soirée, entourés de ces demoiselles du corps
de ballet—qui ne se sei aient permis, sous
aucun prétexte, de rester dans leurs loges —
papotaient, pontifiaient, rendaient des décrets
sur les modes du lendemain, et, corrects, fri-
sés, parfumés, tirés à quatre épingles, avec
des façons hautaines et des airs de protec-
tion, faisaient une cour discrète aux étoiles
les plus lumineuses.
C'était un coup d'œil d'un brillant, d'un
mouvementé, d'un capiteux dont rien ne peut
donner une idée. Cela vous avait un caractère
à la fois intime et aristocratique qui respirait
la sélection et le privilège dans toute leur
splendeur et qui avait un air de grandeur et
d'étiquette plein de charme et d'agrément.
Dans le couloir, mesdames meres, à qui
l'entrée du foyer était interdite, veillant à dis-
tance respectueuse sur leur progéniture, se
racontant des histoires soporifiques et s'épen-
chant, avec une solennelle prolixité, dans le
;c&ur des désœuvrés ou des curieux qui es-
sayaient de capter leur confiance.
Quelques originaux en faisaient nne spécia-
lité et affectaient de préférer leur compagnie
à celle de leurs filles. De ce nombre était Lu-
dovic Halévy, habitué très assidu des coulis-
ses, qui ne causait jamais qu'avec les mères.
6t, comme on s'étorniiait de ce-tte bizarrerie et
lu'on lui en demandait la raison :
- Mais je vous assure que je m'amuse
Deaucoup, disait-il. Je m'instruis surtout.
Il préparait Madame Cardinal, le sour-
aois!.
Il faut avouer, d'ailleurs, qu'il était, parfois,
tssez drôle de les faire jaser. On cueillait,
oar-ci par-là, quelques perles à conserver
précieusement. Ainsi, je me souviens, qu'un
soir de Prophète, pendant que ces trois ra-
seurs d'anabaptistes débitaient l'interminable
ooniment que vons savez, madame B., qui
avait trois filles — et des plus jolies — dans
le corps de ballet, me faisait leur éloge avec
un orgueil maternel tout à fait attendris-
sant.
— Ah ! je puis bien dire, monsieur, finit par
'écrier cette femme de sens pratique, que j'ai
le la satisfaction avec mes enfants ! Sur mes
quatre filles, il n'y en a qu'une qui ait mal
.ourné.
— Vraiment, madame ! Et comment eela ?
— Ne m'en parlez pas. (avec un soupir),
lile s'est mariée, monsieur !.
On les rencontrait à chaque pas, ces excel-
entes mères, et, chose plus grave, on les re-
rouvait après le spectacle, à la sortie des ar-
istes, en rangs serrés, se prêtant mutuelle-
ment main-forte pour soustraire, au besoin,
eurs tourterelles aux entreprises des adora-
,eurg trop impétueux.
Bien curieuse et bien gaie cette .sortie des
irtistes par un boyau resserré, obscur et en-
umé, encombré par une foule bourdonnante,
grouillante, bigarée, de vieilles commères
arnées d'un cabas, d'habits noirs, de gentilles
rimousses et de figurants dépenaillés, Il se
passait là des scènes épiques à faire pâmer un
ministre protestant.
Une des plus comiques était celle dont un
ibonné sur le retour, ayant pour maîtresse
ne des ballerines les plus affriolantes fût,
:haque soir, pendant des années, le héros
nvolontaire.
Comme il envoyait à son doux objet son
;oupé à la sortie, tandis qu'il rentrait à pied
e son côté, la jeune personne qui ne redou-
ait point la variété, trouvait naturel de se
pisser reconduire au pas et d'une façon tout
- fait dépourvue d'austérité, par i'un ou
"autre de ses adorateurs éventuels. Si bien
4ue tout le club passait successivement par le
iéhicule historique et que tous les trois mois
on propriétaire était obligé d'en faire changer
tes coussins. Fort surpris de les voir se fa-
tiguer si vite, il s'en prenait à son carrossier,
equel n'en pouvait mais, le pauvre homme.
Que tout cela est changé, grand Dieu ! Les
coulisses de l'Opéra, à l'heure actuelle ? C'est
comme beaucoup d'autres choses. N'insis-
ons pas.
SANTILLANE.
; — *— — ————.——
Carnet Jflondain
1 LE MONDE
Avant-hier, très charmante matinée dan-
jante chez madame Berteaux, la femme
:lu député de Seine-et-Oise, en ses salons
Se ljavenue des Champs-Elysées.
— Très brillante assistance également à
a matinée de madame de Bovet, qui a
ffert un concert intéressant dans ses sa-
ons de la rue Saint-Guillaume. Parmi les
excellents artistes, mentionnons :
Mesdemoiselles Marie-Aune de Bovet, Mag-
ielcine Godard et Galitzin, M. Lucien Wurm-
cr, lDcsùames de Scrvilaugres, Marie-Roze,
mademoiselle Marcelle Dartoy, MM. Henry
Bcried, Gaston Lemaire, Emile Goudeau, de
Chanipeaux, Bellanger.
Reconnu à travers les salons :
Lie général et madame Février, le vicomte
t la vicomtesse de Montlovicr, In ministre de
il'èce et madame Dclyannis, le préfet de la
oinc et madame Poubelle, l'amiral Courré-
olles, le colonel et la comtesse de Rochas,
IM, J.-H. Rosuy, Carolus Duran, Musurus
icy, Andrieux, Gilbcrt-Augustiu Thierry,
'omte de Lahry, etc.
— Dimanche soir, musique et tour de
aIse, dans l'intimité, chez le comte et la
omtes-e de Rasty, en leurs, salons de la
ne Bassano.
Au début de la soirée, on a particuliè-
etnent applaudi mademoiselle Joly de La
iare, up,e jeune fille que l'on entendra
:,ans les réunions mondaines de f hiver et
ui a obtenu un grand succès dans divers
aorceaux et dans Si j'étais jardinier, de
haminade, ainsi que M. Alberto Soler,
n élève de Lhéry, qui s'est révélé comme
'n véritable artiste. Les danses, fort ani-
lees ne se sont terminées qu'assez tard
ans la nuit.
— Le même soir, également, musique et
auteric chez madame Oulmann en son
ppartement de la rue de Saïgon. Parmi
ce invités, reconnu :
M. et madame Cascar, M. et madame Tarin,
ladamq Haudousset, M. Paul Olagnier, M. et
jadame Kahn, etc.
-.. .-.-
BLOC-NOTES
Madame Raphaël, par suite d'un deuil
écent, ne recevra pas les 26 février, 11 et
5 mars.
— M. Robert Lebaudy est arrrivé à
'aris, hier matin, par l'express Orient.
'™—
DEUIL
Hier, à Saint-Philippe-du-Roule, ont eu
Leu les obsèques du général de division
'erthe, grand-officicr de la Légion d'hon-
eur. Le président de la République s'é-
ait fait représenter par le lieutenant-co-
onel Ménétrez. Le deuil était conduit par
i. Chabrié, gendre du déf imt. Remarqué :
MM. les généraux Saussier, Davoust, Trieo-
hc, Bourdon, de dhaureuet, Arnoux, MM.
licher, baron de Villiers, Godillot, l'intendant
ailitaire de Gépin, eomte et comtesse de Cor-
tillière, vicomte de Ségur, docteur Springer,
ouruier, etc.
— Nous apprenons la mort subite de M.
efort, sous-prefet de Gex.
— Les obsèques.de l'amiral Kalogueras
nt eu lieu hier, à Athènes. La famille
oyale y assistait.
BRIONNE
HORS DE FRANCE
LA QUESTION D'EGYPTE
La question d'Egypte revient sur l'eau
«t bien entendu ce n'est, pas l'Angle-
erre qui l'a remise à flot; il ne tau-
trait pas s'étonner si d'ici à peu de
emps les négociations prenaient une
ournure sérieuse et décisive. Car, jus-
¡u'à présent, quoi qu'en aient dit les
ournaux de Londres, il n'y a eu autre
ihose que de simples observations, des
'chaos-es de vues de cabinet à cabinet
et l'histoire d'une initiative prise par la
Sublime Porte sous l'impulsion de la
France et de la Russie est une pure in-
vention.
On comprend du reste aisément le jeu
du Times et duMomingPost qui donnent
la volée à ce canard qui a la même ori-
gine et la même authenticité que la Nou-
velle lancée naguère d'une pan igné en
Egypte provoquée par la crainte d'une
évacuation prochaine. Les bons com-
pères vo u d raient .essayer de faire avorter
par anticipation, en provoquant un mou-
vement d'opinion en Angleterre, les
négociations qu'ils savent inévitables,
ou tâcher tout au moms de les compro-
mettre en les précipitant, mais ils peu-
vent être assurés qu'ils n'y parviendront
pas, et que pour ce qui concerne tout au
moins la diplomatie française, elle ne
s'avancera qu'à bon escient, et après
avoir acquis la certitude abso ue d'être
sérieusement et solidement appuyée.
Elle peut déjà compter sur la Russie dont
le concours lui est acquis d'avance, et
elle a tout lieu de croire que la Turquie
ne lui fera pas défaut; elle a probable-
ment aussi de bonnes et sérieuses rai-
sons d'espérer que l'Allemagne ne lui
refuserait pas son assistance pour insis-
ter auprès de l'Angleterre sur l'exécu-
tion de ses engagements sans cesse re-
nouvelés et toujours différés.
11 est vrai que de son côté l'Angleterre
pourrait peut-être espérer que l'Italie
déclinerait d'intervenir, mais l'Italie,
bien que sa position de puissance médi-
terranéenne et ses intérêts coloniaux
dans la mer Rouge lui donnent indiscu-
tablement voix au. chapitre a, en ce
moment d'autres chats à fouetter que
de s'occuper de l'Egypte et de l'occupa-
tion anglaise, et en admettant même
que ses sympathies britanniques résis-
tent aux désillusions qu'elle vient d'é-
prouver, elle laissera probablement allar
les choses sans intervenir.
On voit que s'il est prématuré de
compter sur une solution immédiate de
la question d'Egypte, il est tout au
moins permis d'espérer que si, comme
il y a tout lieu de le supposer, des né-
gociations sont prochainement reprises'
en vue de mettre fin à l'occupation an-
glaise, elles le seront dans des condi-
tions beaucoup plus favorables que les
précédentes et avec les meilleures chan-
ces de succès.
X.
NOUVELLBS
(De nos correspondants particuliers)
Rome, 24 février.
L'inquiétude est toujours très grande, et l'on
parle de l'expédition de nouveaux renforts en
outre de ceux qui vont partir incessamment
avec le général Heuscli qui quittera Naples
mercredi ou vendredi.
Le général Louis Pelloux sera nommé géné-
rai en chef et aura sous ses ordres les géné-
raux Baratieri et Heuscii, et les autres gé-
néraux qui sont déjà en Afrique.
Hier soir, après le dîner militaire qu'il a
offert au Quirinal, le roi s'est longuement en-
tretenu avec les généraux Orero et Sanmar-
zauo qui ont conseillé l'envoi de 30,000 hom-
mes de renforts. Lo Messagero assure que l'on
va expédier 20,000 hommes.
La position du général Baratieri e t très
erLi lue; les mouvements de l'armée choane
ont évidemment prar but de eoiipo" ses lignes
de communication; et quelques journaux es-
timent qu'il devrait se replier, convaincus
qu'il pourrait difficilement résister aux forces
supérieures de l'ennemi.
Au ministère de h guerre on affecte une së-
curité complète au sujet de Kassala qui est
c'éfendu par une garuison de 12,5)9 hommes
bien armés et pourvus de vivres et d'artillerie.
Sofia, 24 févtier.
Le ministère bulgare a été reconstitué sous
la présidence detefeuille des affaires étrangères.
Vienne, 24 février.
On affirme de nouveau que l'empereur d'Au-
triche aura une entrevue avec le président de
la République française.
Saint Pétersbourg, 24 février.
Une communication officieuse fait connaître
que la Iiussie n'a aucune intention d'annexer
la Corée, et que son intervention n'a pour but
que d'assurer l'indépendance de ce royaume
dans l'intérêt de sa propro sécurité et de la
paix générale en Extrême-Orient.
Berlin, 24 février.
Le général de Caprivi, qui vit très retiré de-
puis qu'il a quitté la chancellerie de l'Empire,
a célébré aujourd'hui le soixante-cinquième
anniversaire de sa naissance.
Sa disgrâce est toujours complète et l'empe-
reur affecte même d'ignorer son existence.
Londres, 24 février.
Le prince de Galles sera réélu lo 4 mars pro-
chain grand-maître de la franc-maçonnerie
anglaise.
♦ ——————————————
Le Débat sur Madagascar
Le « Livre Jaune » sur les affaires de Ma-
dagascar contenant le texte du document,
qui a remplacé le traité du 1er octobre et
que M. Laroche a fait signer par la. reine
Banavalo sera distribué jeudi au Parle-
ment et M. Berthelot, ministre des.affaires
étrangéres. se mettra immédiatement à la
disposition de la Chambre pour lui four-
nir toutes les explications qui lui seraient
demandées tant sur les motifs qui ont dé-
terminé le gouvernement Ji renoncer au
traité signé par le général Duchesne que
sur les conséquences et la portée de l'acte
unilatéral qui consacre la soumission des
Hovas.
Il est cependant douteux que ce débat
qui aura forcément une importance consi-
dérable et qui se terminera par un ordre
du jour ratifiant la prise de possession de
Madagascar par la France, puisse avoir
lieu immédiatement, d'autant plus que le
président du ConseilaccompagneraM. Félix
Faure dans son voyage à Nice et que les
Chambres ne siégeront pas pendant l'ab-
sence du chef de l'Etat. Il est donc proba-
ble que la discussion va être ajournée jus-
qu'au retour à Paris da Président de la
République et de M. Bourgeois, mais les
ministres délibéreront néanmoins aujour-
d'hui en Conseil sur cette question pour
arrêter le sens des déclarations qu'ils de-
vront porter à la tribune au cas où la
Chambre se prononcerait contre l'ajour-
nement.
Nous pouvons ajouter que bien que le
ministre des affaires étrangères n'ait pas
encore reçu les réponses de toutes les puis-
sances à la communication qu'il leur a
adressée pour notifier notre prise de pos-
session, rien ne fait prévoir que nous,
puissions rencontrer des difficultés sous
ce rapport. Aucune objection n'a été
soulevée par aucun cabinet étranger rela-
tivement au régime douanier que nous au-
rons à établir à Madagascar, en toute li-
berté; nous savons même que les Etats-
Unis d'Amérique, dont les intérêts com-
merciaux à Madagascar sont de beau-
coup supérieurs à ceux de l'Angleterre
et de l'Allemagne, ont fait prévoir une
réponse favorable imminente, et que celle
d'Allemagne est déjà parvenue au quai
d'Orsay.
X. DELAOARtttÈRE
Mort ÏÂ1ÎM Blan
SOUVENIRS D'UN VIEUX LIBRETTISTE
Bien qu'il fut BIaisais, Alfred B Jau, qui
vient de mourir si tristement à Bruxelles,
<était assurément l'un des Parisiens .les plus
Parisiens de Paris. Il n'aimait que Paris,
ne connaissait que Paris, et encore le Paris
compris entre les grands boulevards, la
Butte, le faubourg Montmartre et la rue
de Clichy. Le reste n'était plus Paris à ses
yeux. Quand ses affaires l'appelaient, par
exemple, chez M. Hartmann, dont la mai-
son d'édition musicale se trouvait rue
Daunou, il disait gravement :
— Je vais sur la rive gauche.
Dans sa jeunesse, il avait été avocat. Il
avait même plaidé. Oh ! une 08 deux fois
seulement. Avocat d'office d'un vulgaire
vagabond, il s'était hasardé à bâtir sa plai-
do.rie sur cette idée que tout le monde
était plus ou moins dans le cas de son
client.
--- Parlez pour vous, maître Blau, inter-
rompit sèchement le président.
— Je l'entends bien ainsi, monsieur le
président, répliqua maître Blau de son ton
le plus amical, je ne fais d'exes ption pour
personne.
Si son client fut salé, vous n'en doutez
pas.Du reste, à la suite de cette plaidoirie
au moins originale, il ne voulut plus pra-
tiquer.
— Messieurs les juges n'ont point voulu
me|comprendre, disait-il quand il parlait
de cet épisode de sa vie. Je me suis rendu
compte que nous ne pourrions jamais
nous entendre, et je leur ai sacrifié ma
robe.
Il arriva fort jeune à Pari s, vingt-deux
ou vingt-trois ans, et se lia bientot avec
le groupe Miirger, Schanne et Champ-
'fleury.
C'était alors un petit homme potelé,
blond et rose, avec des épaules rondes,
presque pas de cou, une figure aimable,
quoique peucommuncative, des yeux
bleus voilés aux trois quarts par.des pau-
pières bridées qui lui donnaient un air
légèrement endormi. Mais pour qui savait
voir, le regard était plein de linesse et de
'malice. Il marchait d'un pas assez lourd
et lent, sans faire attention à ce qui se
passait autour de lui. C est de cette épo-
que que ses amis lui donnèrent le surnom
de Baül, sorte d'anagramme de son nom
de Blau.
Son intimité avec Mürger l'amena à
connaître Villemessant. Je ne sais s'il
écrivit à l'ancien Figaro, mais je sais par-
faitement que, durant la dernière année
d'existence de Caraguel, ce fut Blau qui,
en réalité, écrivit les feuilletons dramati-
ques du critique des Débais. Caraguel
était trop malade pour le pouvoir faire.
Mais, d'une délicatesse extrême, Blau n'a-
vait consenti à suppléer son ami qu'à l'ex-
presse condition que l'on conserverait la
signature de celui-ci aux feuilletons en
question. De sorte que, lorsque Caraguel
mourut, il espéra un instant lui succéder.
Il était bien trop peu remuant pour y par-
venir.
Nul assurément ne connaissait mieux
que lui le théâtre. Il avait tout lu, tout
vu. Il savait une foule de dessous de l'his-
toire dramatique de cette dernière moitié
de siècle, qu'il contait avec une verve
calme et sournoise,, d un effet souvent dé-
sopilant. Lui se contentait de sourire en
tirant-une bouffée de cigarette.
Il avait bien des sujets de pièces dans la
tête.. Le diable, c'était d'écrire les comé-
dies ou les drames rêvés. Un jour, il ar-
riva chez Caraguel avec un scénario de
drame corsé à l'extrême. « Il faut aller
montrer ça à d'Ennery ! » lui dit Caraguel
en lui remettant une lettre d'introduc-
tion.
Il arrive chez « le maître », fait passer sa
lettre et est introduit. D'Ennery se pose
devant, sa cheminée, et voilà Blau qui,
tout en exposant son affaire, aperçoit le
dramaturge en train de se livrer à un tra-
vail qu'il ne comprend pas tout d'abord.
Lentement, d'Ennery passait de gauche à
droite de sa cheminée, en tenant une de
ses mains derrière son dos. — Que diable
fait-il donc ?se demandait Blau. — Enfin,
quant d'Ennery s'arrête, le solliciteur voit
d'étranges scintillement sur la cheminée
en question. Il s'approche. C'étaient tous
les écrins de ses décorations que d'Ennery
venait d'ouvrir. Blau en fut sutfoqué. lise
leva, rempocha son scénarioetsalua d'En-
nery en lui disant : - Pardon, j'ai oublié
mes insignes de l'Académie de Blois. —
Et il s'en alla.
Il était, en effet, membre de l'Académie
de Blois. A sa réception,il calcina ses con-
frères en prononçant un discours de re-
merciements où il développait cette idée
que les académies étant parfaitement inu-
tiles, ne devaient se composerquede mem-
bres incapables de remplir d'autres fonc-
tions sociales. « C'est mon cas, messieurs,
disait-il en terminant, aussi me trouvé-je
fort honoré que vous m'ayez reconnu di-
gne d entrer en votre honorable compa-
gnie, à laquelle je m'engage à ne pas dé-
choir dans l'avenir. » Ce discours produi-
sit une très vive sensation à Blois.
Alfred Blau était l'auteur du scénario
de Sigurd et de celui d'Esclartnonde, dont
les poèmes ont été écrits par M. Camille
Du Locle et par notre collaborateur Gra-
jmont. 11 montra envers Reyer un dévoue-
ment admirable, ne parlant jamais, à pro-
pos de Sigurd, que de l'auteur de la parti-
tion, devant lequel il s effaçait complète-
ment.
Lié avec tout le monde des théâtres,
c'était un passionné dominotier. Il était
du domino à quatre de Raymond Deslan-
des, qui se tenait toutes les après-midi, à
cinq heures, au café Américain, dans le
recoin qui se trouvait à côté du Vaude-
ville et qui est, depuis, un passage du café
au vestibule du théâtre.
Au moment des dernières répétitions
d'une pièce nouvelle, il arrivait parfois
que Deslandes était en retard et ne ve-
nait qu'à cinq heures et demie ou même à
six heures.
Alors, c'étaient des attrapages terribles.
Blau accablait d'invectives ce pauvre
Deslandes.
— Si vous recommencez demain, je
vous fais expulser manu militari !
Et Deslandes mettait, le lendemain, la
répétition à onze heures du matin, au
grand effarement de ses comédiens, qui
ne comprenaient les motifs de sa détermi-
nation qu'en le voyant, à quatre heures 45,
se frotter les mains en allant, une fois la
répétition levée, retrouver ses amis <2 à la
partie ».
-Alfred Blau avait été nommé chevalier
de la Légion d'honneur il y a deux ans. Il
était le cousin-germain de M. Edouard
Blau.
THÉODORE MAS&8AC
+—;
On sait le grand succès obtenu par
le nouveau romaa d'Abel Hermant, le
Sceptre, ce récit si amusant des pérégri-
nations d'un archiduc qui a jeté le froc
aiax orties et est veau chercher les aven-
tures Darmi nous
Nous pouvons, à la suite d'un arran-
gement passé avec M. Paul Ollendodf"
l'édi teur de M. Abel Hermant, offrir c©
volume à nos lecteurs, à titre de prima,
et a âes conditions tout à faJ:texcepti(}li-
ffltfëlles.
ïkras fournirons donc le Sceptre à
tous nos abonnés qui nous en feront la
demande, moyennant la -somme âe
2 fr. 75 franco. Nos lecteurs ail numéro
le trouveront d'ailleurs dans nos bu-
reaux au même prix de 2 fr. 75.
* —————————
NOTES & INFORMATIONS
LES MINISTRES
M. Bourgeois, président du conseil, et M.
Mesureur, ministre du commerce, sont rentres
hier à une lieurc à Paris, venant de Chàlons-
sur-Marne.
LA GRACE DE BAIHAUT
Le président de la République a reçu hier
les représentants de la Hante-Saône, accompa-
gnés de M. Couyba, professeur agrégé de l'U-
niversité, qui lui ont remis la lettre deman-
dant la grâce de M. Baïhant, ancien député de
la Haute-Saôue.
M. Félix Faure a répondu qu'il transmet-
trait selon l'usage cette supplique au garde
des sceaux pour être remise à la commission
des grâces, et qu'il prendrait une décision
lorsque la commission des grâces lui aurait
fait connaître le résultat de son enquête,
LE GÉNÉRAL DUCHESNE
Le général Duchesne a rendu visite hier à
M. Hanotaux, ancien ministre des affaires
étrangères,
MORT D'UN SÉNATEUR
M. Benoist, président du conseil général et
sénateur de Seine-et-Marne, est mort hier. Il
était né à Mitry-Mory (Seine-et-Marne) eu 1821.
Il était entré au Sénat en 1891, à la suite de la
mort de M. Foucher de Careil.
L'ASSOCIATION DES GAMBETTISTES
L'Association des gambettistes, dans sa der-
nière réunion, présidée par M. 'Cazot, vice-
président d'honneur, a, conformément aux
statuts qui prescrivent le renouvellement du
bureau et le remplacement du président non
rcêliglbie, nommé membres de la commission
executive :
MM. Isambert, député, président; Vert, maire
du 20e arrondissement; Bioch, Dolcassé et De-
luns-Montaud, députés, vice-présidents; Sie-
becker, publiciste, secrétaire général ; Bainicr,
adjoint au 20° arrondissement; Laurent, chi-
miste, secrétaires ; Bizouarne, trésorier.
LA COMMISSION DU BUDGET DE 1897
Les bureaux tirés au sort au début de la
séance d'aujourd'hui. qui a lieu à une heure,
nommeront à trois heures la commission
chargée d'examiner le budget de 107. On pré -
voit que la lutte sera chaude entre modérés
et radicaux.
Ajoutons que MM. Léon Si-y, Poincaré et
Rouvicr déclineront toute candidature se ré-
servant de prendre part à la discussion en
séance publique.
LE CAS DE M. COMBES
M. Gabriel Dufaure retire son interpellation
sur la nouvelle organisation des Chemins de
fer de l'Etat, pour laisser son collègue M. de
Ponthriand développer jeudi uae question
exclusivement relative au cas personnel de
M. Combes et de sa lettre que l'on connaît.
Selon toutes probabilités, la question sera
transformée en interpellation pour permettre
l'iutervention d'autres orateurs dans le débat.
L'ÉLECTION DE L'ARDÈCHE
L'incident qui s'est produit au troi-
sième tour de scrutin pour l'électioil d'un
sénateur serait dû à ce que dans une des
sections de vote, les bulletins étaient restés
dans l'urne. Pour rétablir le chiffre exact des
voix obtenues au troisième tour, le bureau
défalqua alors du nombre total des voix obte-
nues dans cette section par chacun des candi-
dats le nombre des suffrages attribues au
deuxième tour ,à. chacun d'eux, nombre qui
correspondait à celui des bulletins trouvés en
trop.
LES DÉPÊCHES POUR L'ALGÉRIE RT LA
TUNISIE
A partir du 1er mars 189G, les télégrammes
dits «à transmission différée », échangés à
tarif réduit entre la France continentale ou la
Corse, d'une part et l'Algérie ou la Tunisie,
d'autre part, pourront être transmis par les
câbles sous-marins, au fur et à mesure de leur
arrivée sur les postes, lorsque la ligne sera
entièrement libre, et sous la réserve qu'ils ne
prendront rang qu'après les télégrammes taxés
à plein tarif.
Actuellement, la transmission par les câbles
sous-marins des télégrammes à transmission
différée, ne commence qu'à sept heures du soir
et après écoulement de la correspondance taxée
à plein tarif.
MOUVEMENT DANS LA MAGISTRATURE
Le Journal officiel publie ce matin deux
décrets nommant :
Président du conseil d'appel aux lîles Saiut-
Pierre-ct-Miquelon, M. Gaigneron de Marolles.
Président du tribunal supérieur de Papeete,
M. Lion tel.
Président do -la cour d'appel de Pondichéry,
M. Bruelle.
Conseiller à la cour d'appel de Pondichéry,
M. Jore.
Procureur de la République près le tribunal
de première instance de l'ondlchèry, M. 'P1Cr-
re t.
Juge-président du tribunal de première ins-
tance de Libreville (Gabon), M. Vigne. -
GEORGES DURET
A mYERm pournE
LA CHAMBRE
Calme complet, calme plat après les
agitations de ces jours derniers. C'est
dans l'ordre. Aujourd'hui, la tranquil-
lité règne au Parlement et l'on discute
de matières assoupissantes comme, par
exemple, la convention diplomatique
qui règle le rapport de la France et de
l'Angleterre vis-a-vis du Siam.
Auparavant, M. Gabriel Dufaure dé-
pose une demande d'interpellation sur
la réorganisation de l'Etat. En réalité,
il s'agit surtout de la lettre désormais
fameuse de M. Combes qui a fait le tour
des journaux ces temps derniers. D'un
accord commun, la discussion est fixée
a jeudi. La chambre nomme ensuite
deux membres de la Caisse des retraites
pour la vieillesse. Puis M. Deloncle
aborde son interpellation qui porte prin-
cjpalement, je l'ai dit, sur la question
indo-siamoise, mais aussi sur notre si-
tuation en Afrique dans la région où
nos possessions sont voisines de celles
de l'Angleterre.
M. François Deloncle, qui fut en son
temps quelque peu diplomate et consul
général, je crois, a traité de ces choses
avec une très sérieuse compétence. L'E-
tat-tampon, le Haut-Mékong et la poli-
tique de la cour de Bangkok n'ont point
de secrets pour lui et vous pouvez croire
qu'il surveille javec attention les me-
nées de l'Angleterre dans le bassin du
Niger.
Malheureusement, la Chambre ne lui
témoigne pas, à lui, une attention aussi
éveillée ; les députés, assez clair semés,
qui sont restés en séance:pendant qu'il
développait son interpellation, n'écou-
tent que d'une oreille distraite. C'est !
moins passionnant que le cas de M. Ri- j
card et le conflit avec le Sénat.
M. Berthelot, le ministre des affaires 1
étrang-ères, lui répond point par point >
sur le mode laconique et réservé Qui est 1
celui de la diplomatie. Après lui, la suite
de la cfiscussioo est renvoyée à la pro-
chaine séance.
NITOUCHE
LE BAltDUETD'E SAINT-MANDÉ
Le banquet anniversaire du 21 février
1848 a c» dieu hier soir au Salon des Fa-
milles, sous la présidence de M. Emma-
muel Arago. Plus de trois cents personnes
ont pris part à cette manifestation.
M. Emmanuel Arago est arrivé à huit
heures et a été chaleureusement ac-
clamé.
Le ministre des affaires étrangères s'é-
tait faitTeprésenter par M. François Arago;
le ministre des travaux publics par M.
Emile Deshayes, le ministre de l'instruc-
tion publique par M. Paul Vivien, le mi-
nistre des finances par M.' Nicolas et le
ministre des colonies par M. Bèze.
A la table d'honneur ont pris place, aux
côtés de M. Arago, MM. Goblet, Camille
Pelletan, Laurenchet, Legludic, Fauchai
Grous-set, Compayré, Bazile, Alexandre
Bérard, Gustave Hivet, Bascou, Viverl,
etc.
Remarqué ua très grand nombre de sé-
nateurs.
aDes disesurs ont été prononcés par MU.
Emmanuel Arago, Paschal Grousset, René
Gohlet, Gustave 'Rivet, Tony Réviilon et
'Camille Pelletan.
P. R.
LES SCANDALES
M. Espinas, juge d'instruction, a en-
tendu hier matin, pour la seconde fois, M.
fioinoury, tresorier-payeur de la IZéunion,
ex-directeur de la Société Générale, qui
avait commencé samedi à déposer au su-
jet de l'affaire Dupas.
Le juge a encore été dans l'après-midi à
la Conciergerie faire subir à Arton un
nouvel interrogatoire.
L'hote de la Conciergerie sera encore
interrogé de nombreuses fois avant la clô-
ture de l'instruction.
M. Meyer, après avoir à nouveau exa-
jniné les dossiers de l'aifaire Lebaudy,
vient de rendre un non-lieu en faveur de
M. Stanislas Szydbowsky, secrétaire ide
M. de Cesti. C'est la seule ordonnance de
-non-lieu rendue par le juge dans cette af-
faire.
Le rapport des médecins légistes Lau-
gier, Vibert et Descouts concernant l'état
de santé de M. Rosentlial n'ayant pas
encore été remis, M. Meyer n'a pu statuer
sur la demande de mise en liberté faiLe
par l'inculpé.
M. Le Poittevin, en attendant le résultat
des commissions rogatoires qu'il a en-
voyées en province, s'est occupé de colla-
tionner les témoignages des entrepreneurs
relatifs à cette affaire.
C. p. -
———————————-
COULISSES DE LA FINANCE
Il est des spéculateurs qui voient de-
puis plusieurs années la baisse de l'Ita-
lien. lis se rendent compte de la situa-
tion pitoyable dans laquelle il signor
Crispi a mis les finances de son pays ;
ils se disent que logiquement la baisse
s'impose et prennent des positions en
consequen ce, en attendant un incident.
L'incident se produit bien; mais il n'en
est pas de même de la baisse, et les ven-
deurs sont obligés de convenir qu'ils
sont battus contre toute logique, ce qui
n'est qu'une satisfaction morale.
A ce jeu, beaucoup se sont ruinés, les
rangs des vendeurs se sont do.ic éclair-
cis, et la rente italienne a pu être con-
sidérée comme étant aussi difficile "à
tomber que les troupes de Ménélik, ras
des ras.
Voici-cependant que depuis trois jours
le fonds erispinien perd la réputation
que lui avaient value de longues séances
de fermeté, et les doctes économistes
apprêtent leurs plumes pour déclarer
que la logique a tôt ou tard raison des
taits. Les acheteurs se lassent, en effet,
de soutenir une hausse que l'on a si
mal édifiée; ils sentent des craquements
significatifs et ne veulent pas être vic-
times de l'effondrement qui menace.
D'autre part, certains reporteurs qui
savent mieux que personne par quels
moyens les cours ont pu être soutenus,
et qui se rendent compte du danger,
dénoncent les reports, ce qui entraîne
des liquidations très fortes; et cela vous
explique que l'italien, qui avait fléchi
cle 5u tentimes dans la séance de ven-
dredi, avait reculé d'un point dans la
séance de samedi, ait baissé encore de
deux points au début de la séance de ce
jour.
La croyance est cependant si forte-
ment ancrée dans l'esprit des boursiers
que la baisse de l'ltalienest toujours
arrêtée par une volonté supérieure, que
cette dépréciation a provoqué des ra-
chats et la clôture s'est faite à 80 7â
après 7970 à l'ouverture et 8175 en
clôture de samedi.
Les haussiers ont donc pu dire que
l'italienavait repris d'un point tandis
que les baissiers annonçaient un recui
de même importance; Et haussiers et
baissiers ont eu également raison.
-Ce recul a été l'événement du jour et
l'on pouvait craindre qu'il n'mît une
mauvaise influence sur la tendance gé-
nérale. Fort heureusement, la Bourse
s'assagit : elle a eu un instant d'hésita-
tion, puis, se désintéressant du sort de
i'Italien, elle a repris son allure calme,
,mais ferme. Il est vrai que les intérêts
mis en jeu par les fluctuations de ce
tfonds d'Etat ont beaucoup aujourd'hui
diminué d'importance et que ce sont
surtout les marches étrangers qui ont à
-souffrir de sa baisse. Or, il est dans la
nature humaine de serèjouirdnmalheur
des autres.
iNos rentes sont au même niveau que
rsamedi dernier : le 3 0j0 à 102 82, le 31^2
à lOb 10. Les cours de nos fonds publics
n'ont donc pas été influencés par le suc-
cès annoncé de l'emprunt du Tonkin
quia retrouve en bourse une prime de
4 fr. 25.
Tandis que l'Italien a contre lui les
mauvaises nouvelles de l'Erythrée, la
iiausse du change et la mauvaise situa-
tion financière du pays, l'Extérieure a
'Pour elle des informations plus rassu-
rantes envoyées de Cuba, une améliora-
tion du change et la publication d'un
bon bilan par la banque d'Espagne.
Cette rente a donc bénéficié d'une lé-
gère avance à 63 75.
Les fonds ottomans se maintiennent
calmes aux environs des cours cotés sa-
medi et les fonds russes conservent le
-bénéfice de leur récente hausse.
Les. actions des Sociétés de crédit sont
'Peu animées; notons cependant la
hausse de la Banque de Paris à 820 en
du Crédit Lyonnais a 795. La Banque
française de l'Afrique du Sud est plus
calme à 137 50.
Nous appreaoas qu'en réponse à un
télégramme de Londres publié par le
Times, de Johannesburg, disant que la
Banque Française de l'Afrique du Sud
avait remis au ministre des finances à
Paris un rapport hostile au g-ouverne- :
ment du Transvaal, le président de la
Banque Française de l'Afrique du Sud,
M. Herbault, a adressé aujourd'hui une
dépêche à M. Aubert, notre consul a
Pretoria, pour le prier de démentir cett3
information tendancieuse.
M. Herbault explique dans sa dépêche
que la Banque française s'est constituée
pour défendre les intérêts des perceurs
français d actions sud-africaines, confor.
mément au programme tracj par M.
Aubert lui-même, et que son r.ipport au
ministre des finances, ne visant que la
défense de ces intérêts français, est
entièrement favorable au gouverne-
ment du Transvaal et au président
Kruger.
Le marché des mines d'or reste un peu
plus hésitant par suite d'une légère ten
sion des reports à la liquidation de Lon-
dres.
BARON PRIME
Informations financières
Londres, 24 février.
La position à la hausse paraît plus char^yt
qu'on s'y attendait. Cette position porte prm
cipalement sur l'East Kand, la Randfenteir
et d'autres valeurs. Les renforts suc tes valeurs
aurifères sont faciles à négocier, presque tous
les achats opérés ayant été faits pour lu porte-
feuiUe. On cite de 6 à 9 francs de report sur
la Ctiartered, ce qui prouve que le découvert
qui a existé, a presque entièrement disparu.
Les spéculateurs considèrent comme favora-
ble la position actuelle de la Cliartered, toute-
fois la disparition du découvert doit affaiblit
les cours.
Les transactions pour la prochaine liquida
tion sont jusqu'à présent peu importantes, cI
la tendance en clôture est un peu lourde.
Chartered 5 114-3i8, CotdGeids 13 a 13 114. Eist
liand 7, Eaudfonteia 2 718 à 3. Pour le mo-
meut, la liandfontein semble ne pas pouvoii
franchir le cours de 3, car chaque fois qu'un
demande à ce cours, de nombreuses oiïres so
produisent.
Valeurs Baraato sans animation, Johannes-
burg iuvestment 4, Cousolidatud 3 à 3 118
13anque 1 718-2. Océana fait 2 a 218, MiuéraH
1 l[8-li4, Nickcrk, soutenue à 1 5ilG-7[10, Afri
can Estates 2 114-318.
Valeurs aurilères calmes et presque inchan
gées, ButIûlSúooru 35¡8-3[4, Crœsus 1 7[8, Priai
rose 6 1iMi4, Glencairn 3 2i4-7i8. Mav 3 Ii3
1[4, etc. ,
Londres 21 février.
Afrikander* 1 3/8 -
lj £ chuanalanil 2 1/8
130llllnZ&. 2 3/4
Chartereçl 5 9/32
UafEclsJoorn. 3 5/8
City and Subnrban. Si/S
Coetreeatroom 8/0
Consolidated Gold-
fiehto 13 ij 8
Crocs us 1 15/16
De Beer!'!. , 28 1/8
KastRands 7
Ferreira. 18 1.
Geldenhuis. 4 14
Geldenhuis deep le-
vels. 7
Ginsberg. 1 5/16
Goldfielda of Iqden-
bar g 3 1/8
Glencairn. , a 13-/1C
Great Iiritaiu 2 1/8
Hcury S ourse. 6 1/4
Hetiderions Ettatas. 2 7/8
Heriot 9 1/8
Hit or Miss. 1 9/16
New Jagarsfoiitein. 10 1/16
North Randlinteiu. 1 1/2
Johannesburg Con-
solidated lUTOât-
---.----. -- -.- ---..--
maut 3 13/1:
Johaaueibnrg Wa-
tenvora. 2 9/1'
Kimberley Roode-
pouet , ,. 2 5/8
Kniglits 7 1/4
I*nglaa £ te. 5 7/8
Langlaagte Royal 2 7/11
London and Paria
Finance Corpora-
tion. 13/3
Lydeabarg Estâtes. 1 S/8
Modderfontein. 11 1/2
New Primrcae 6 ilS
New May Cjnaoli-
dated 3 3/H
New Reitfontain.. 4 1/2
Kigel 4 '3/4
Nigellltlep. 2 3/8
Océans 2 1/8
Itaailfoutein 2 15/1'
HlUid Mintlli. 29 1/4
liobinson 9 1/2
Simmer - and Jack. 21 .1
Va» Ryn New, 0 1/2
Wontwortli 1 i/1'
Worlda Tréasure. 1/8 or
Gréai Bouldcrs 6 1/8
: -
FAITS DIVERS
MYSTÉRIEUSE DISPARITION (suite)
Freschfond nie toujours èncrgiquemerr
être l'auteurdllcrime dont on l'ac
cuse.
Cependant, après avoir déclaré qu'il ni
connaissait pas madame Dessieu, il a re-
connu qu'il la fréquentait assidu meut et
que le jour de sa disparition, il l'avait ac-
compagnée quelques instants. Puis, press:
dii questions, il a avoué qu'il se trouvait
avec cils sur le pont Bineau.
Enfin, ce matin, au moment où l'on
croyait qu'il allait avouer,il a déclaré que
sa maîtresse s'était jetée du haut du pont
Bineau, avant qu'il ait eu le temps d'in
tervenir.
-- Elle s'est jetée à l'eau, a-t-il ajouté,
dans un accès de désespoir, a l'idée que
son mari allait prochainement rentrer en
France et qu'elle n'aurait plus la facilité
de me voir tous les jours.
Or, l'enquête faite par les agents de la
Sûreté démontre bien que madame Des-
sieu n'avait aucune idée de suicide.
M. Albanel va interroger de nouveau
Freschfond ; mais il est douteux qu'il ob
tienne des aveux.
L'ONCLE habille
Félix Mabille, âgé de dix-neuf ans, cil-
trait hier, carrément, dans un imiïieuble
du boulevard de Ciichy.
Le coacierge qui le vit monter, se hâta
de courir derrière lui et du bas de l'esca-
lier l'interpella :
— Ou allez-vous, là-haut ?
— Je connais mon chemin, répondit le
jeune homme. Je vais chez mon oncle !
— Chez votre oncle ?. Ou habue-t-ii
votre oncle ?
— Au troisième étage.
Et Félix Mabille reprit son ascension
Le concierge le rejoignit et lui de-
manda le nom de cet oncle qu'il allait
voir.
- Mais il s'appelle Mabille.
— Nous n'avons personne de ce nom dans
la maison. Je vous reconnaIs, vous. Vous
êtes déjà venu ici.
- Oui.
- Je vous reconnais bien. Vous êtes le
cambrioleur qui a force la porte du troi-
sième il y a quelques jours. Allons 1
ouste ! chez le commissaire de police.
Et Félix eut beau protester, il fut forcé
de suivre le concierge au poste de police.
L'oncle Mabille n'existait pas, en etret,
dans la maison; le jeune Félix s'était
trompé de quelques numéros, et s'il avait
raison, le concierge n'avait pas tort.
LA. « TERREUR DU DONJON »
Sous ce joli sobriquet se cachait un de?
souteneurs de la pire espèce, nommé
Brila, qui écornait les trottoirs pendant
que sa maîtresse faisait le « turbin ».
Il y a quelques jours, ce malfaiteur ren-
contra une de ses anciennes, Clémence
Houard, qui, lasse de ses mauvais traite-
ments, l'avait enlin lâché..
Brila, qui battait la dèche, lui sauta au
cou, et, après l'avoir invitée à boire uu
saladier de vin chaud, lui demanda de re-
prendre la vie commune et de recommen-
cer à « dégringoler les pantes » ensemble.
Clémence Houard s'y refusa, car les
souvenirs qu'elle avait gardes de leura
anciennes relations consistaient surio-u
en quelques lournees mugistralement ap
pliquées.
Brila voulut l'obliger alors à lui remet-
tre l'argent qu'elle avait sur elle poui
payer la consommation.
— Refile-moi ta galette, lui dit il.
Clémence voulut s'enfuir, mais son an-
cien amant la rejoignit et. après l'avoir
jetée à terre, lui laboura la figure i
coups de talon de botte. Ensuite il prit le :
large.
La victime fat transportée à l'hôpital
par des passants et M. Cochefert, qui pa-
raît toujours comme le Deus ex machina de
ces sortes de choses, envoya ses agents
boulevard Rochechouart pour cueillir la
«terreur du donjon ».
Brila, à la vue des agents, s'arma d'un
terrible couteau catalan et, accule dans
un coin de la chambre, fou de colore, op-
posa une résistance desespérée.
On s'en rendit maître tout de même ; mais
on dut le ligoter solidement pour l'envoyel
au Dopôt, ou il aura tout le loisir de mé-
diter sur l'inconstance des femmes.
UN INCENDIE AMBULANT
Un incendie s'est déclaré hier matin,
boulevard Saint-Germaiit. en face du mi..
davantage à la causerie et au flirt. Les habi-
tués y passaient la plus grande partie de la
soirée, entourés de ces demoiselles du corps
de ballet—qui ne se sei aient permis, sous
aucun prétexte, de rester dans leurs loges —
papotaient, pontifiaient, rendaient des décrets
sur les modes du lendemain, et, corrects, fri-
sés, parfumés, tirés à quatre épingles, avec
des façons hautaines et des airs de protec-
tion, faisaient une cour discrète aux étoiles
les plus lumineuses.
C'était un coup d'œil d'un brillant, d'un
mouvementé, d'un capiteux dont rien ne peut
donner une idée. Cela vous avait un caractère
à la fois intime et aristocratique qui respirait
la sélection et le privilège dans toute leur
splendeur et qui avait un air de grandeur et
d'étiquette plein de charme et d'agrément.
Dans le couloir, mesdames meres, à qui
l'entrée du foyer était interdite, veillant à dis-
tance respectueuse sur leur progéniture, se
racontant des histoires soporifiques et s'épen-
chant, avec une solennelle prolixité, dans le
;c&ur des désœuvrés ou des curieux qui es-
sayaient de capter leur confiance.
Quelques originaux en faisaient nne spécia-
lité et affectaient de préférer leur compagnie
à celle de leurs filles. De ce nombre était Lu-
dovic Halévy, habitué très assidu des coulis-
ses, qui ne causait jamais qu'avec les mères.
6t, comme on s'étorniiait de ce-tte bizarrerie et
lu'on lui en demandait la raison :
- Mais je vous assure que je m'amuse
Deaucoup, disait-il. Je m'instruis surtout.
Il préparait Madame Cardinal, le sour-
aois!.
Il faut avouer, d'ailleurs, qu'il était, parfois,
tssez drôle de les faire jaser. On cueillait,
oar-ci par-là, quelques perles à conserver
précieusement. Ainsi, je me souviens, qu'un
soir de Prophète, pendant que ces trois ra-
seurs d'anabaptistes débitaient l'interminable
ooniment que vons savez, madame B., qui
avait trois filles — et des plus jolies — dans
le corps de ballet, me faisait leur éloge avec
un orgueil maternel tout à fait attendris-
sant.
— Ah ! je puis bien dire, monsieur, finit par
'écrier cette femme de sens pratique, que j'ai
le la satisfaction avec mes enfants ! Sur mes
quatre filles, il n'y en a qu'une qui ait mal
.ourné.
— Vraiment, madame ! Et comment eela ?
— Ne m'en parlez pas. (avec un soupir),
lile s'est mariée, monsieur !.
On les rencontrait à chaque pas, ces excel-
entes mères, et, chose plus grave, on les re-
rouvait après le spectacle, à la sortie des ar-
istes, en rangs serrés, se prêtant mutuelle-
ment main-forte pour soustraire, au besoin,
eurs tourterelles aux entreprises des adora-
,eurg trop impétueux.
Bien curieuse et bien gaie cette .sortie des
irtistes par un boyau resserré, obscur et en-
umé, encombré par une foule bourdonnante,
grouillante, bigarée, de vieilles commères
arnées d'un cabas, d'habits noirs, de gentilles
rimousses et de figurants dépenaillés, Il se
passait là des scènes épiques à faire pâmer un
ministre protestant.
Une des plus comiques était celle dont un
ibonné sur le retour, ayant pour maîtresse
ne des ballerines les plus affriolantes fût,
:haque soir, pendant des années, le héros
nvolontaire.
Comme il envoyait à son doux objet son
;oupé à la sortie, tandis qu'il rentrait à pied
e son côté, la jeune personne qui ne redou-
ait point la variété, trouvait naturel de se
pisser reconduire au pas et d'une façon tout
- fait dépourvue d'austérité, par i'un ou
"autre de ses adorateurs éventuels. Si bien
4ue tout le club passait successivement par le
iéhicule historique et que tous les trois mois
on propriétaire était obligé d'en faire changer
tes coussins. Fort surpris de les voir se fa-
tiguer si vite, il s'en prenait à son carrossier,
equel n'en pouvait mais, le pauvre homme.
Que tout cela est changé, grand Dieu ! Les
coulisses de l'Opéra, à l'heure actuelle ? C'est
comme beaucoup d'autres choses. N'insis-
ons pas.
SANTILLANE.
; — *— — ————.——
Carnet Jflondain
1 LE MONDE
Avant-hier, très charmante matinée dan-
jante chez madame Berteaux, la femme
:lu député de Seine-et-Oise, en ses salons
Se ljavenue des Champs-Elysées.
— Très brillante assistance également à
a matinée de madame de Bovet, qui a
ffert un concert intéressant dans ses sa-
ons de la rue Saint-Guillaume. Parmi les
excellents artistes, mentionnons :
Mesdemoiselles Marie-Aune de Bovet, Mag-
ielcine Godard et Galitzin, M. Lucien Wurm-
cr, lDcsùames de Scrvilaugres, Marie-Roze,
mademoiselle Marcelle Dartoy, MM. Henry
Bcried, Gaston Lemaire, Emile Goudeau, de
Chanipeaux, Bellanger.
Reconnu à travers les salons :
Lie général et madame Février, le vicomte
t la vicomtesse de Montlovicr, In ministre de
il'èce et madame Dclyannis, le préfet de la
oinc et madame Poubelle, l'amiral Courré-
olles, le colonel et la comtesse de Rochas,
IM, J.-H. Rosuy, Carolus Duran, Musurus
icy, Andrieux, Gilbcrt-Augustiu Thierry,
'omte de Lahry, etc.
— Dimanche soir, musique et tour de
aIse, dans l'intimité, chez le comte et la
omtes-e de Rasty, en leurs, salons de la
ne Bassano.
Au début de la soirée, on a particuliè-
etnent applaudi mademoiselle Joly de La
iare, up,e jeune fille que l'on entendra
:,ans les réunions mondaines de f hiver et
ui a obtenu un grand succès dans divers
aorceaux et dans Si j'étais jardinier, de
haminade, ainsi que M. Alberto Soler,
n élève de Lhéry, qui s'est révélé comme
'n véritable artiste. Les danses, fort ani-
lees ne se sont terminées qu'assez tard
ans la nuit.
— Le même soir, également, musique et
auteric chez madame Oulmann en son
ppartement de la rue de Saïgon. Parmi
ce invités, reconnu :
M. et madame Cascar, M. et madame Tarin,
ladamq Haudousset, M. Paul Olagnier, M. et
jadame Kahn, etc.
-.. .-.-
BLOC-NOTES
Madame Raphaël, par suite d'un deuil
écent, ne recevra pas les 26 février, 11 et
5 mars.
— M. Robert Lebaudy est arrrivé à
'aris, hier matin, par l'express Orient.
'™—
DEUIL
Hier, à Saint-Philippe-du-Roule, ont eu
Leu les obsèques du général de division
'erthe, grand-officicr de la Légion d'hon-
eur. Le président de la République s'é-
ait fait représenter par le lieutenant-co-
onel Ménétrez. Le deuil était conduit par
i. Chabrié, gendre du déf imt. Remarqué :
MM. les généraux Saussier, Davoust, Trieo-
hc, Bourdon, de dhaureuet, Arnoux, MM.
licher, baron de Villiers, Godillot, l'intendant
ailitaire de Gépin, eomte et comtesse de Cor-
tillière, vicomte de Ségur, docteur Springer,
ouruier, etc.
— Nous apprenons la mort subite de M.
efort, sous-prefet de Gex.
— Les obsèques.de l'amiral Kalogueras
nt eu lieu hier, à Athènes. La famille
oyale y assistait.
BRIONNE
HORS DE FRANCE
LA QUESTION D'EGYPTE
La question d'Egypte revient sur l'eau
«t bien entendu ce n'est, pas l'Angle-
erre qui l'a remise à flot; il ne tau-
trait pas s'étonner si d'ici à peu de
emps les négociations prenaient une
ournure sérieuse et décisive. Car, jus-
¡u'à présent, quoi qu'en aient dit les
ournaux de Londres, il n'y a eu autre
ihose que de simples observations, des
'chaos-es de vues de cabinet à cabinet
et l'histoire d'une initiative prise par la
Sublime Porte sous l'impulsion de la
France et de la Russie est une pure in-
vention.
On comprend du reste aisément le jeu
du Times et duMomingPost qui donnent
la volée à ce canard qui a la même ori-
gine et la même authenticité que la Nou-
velle lancée naguère d'une pan igné en
Egypte provoquée par la crainte d'une
évacuation prochaine. Les bons com-
pères vo u d raient .essayer de faire avorter
par anticipation, en provoquant un mou-
vement d'opinion en Angleterre, les
négociations qu'ils savent inévitables,
ou tâcher tout au moms de les compro-
mettre en les précipitant, mais ils peu-
vent être assurés qu'ils n'y parviendront
pas, et que pour ce qui concerne tout au
moins la diplomatie française, elle ne
s'avancera qu'à bon escient, et après
avoir acquis la certitude abso ue d'être
sérieusement et solidement appuyée.
Elle peut déjà compter sur la Russie dont
le concours lui est acquis d'avance, et
elle a tout lieu de croire que la Turquie
ne lui fera pas défaut; elle a probable-
ment aussi de bonnes et sérieuses rai-
sons d'espérer que l'Allemagne ne lui
refuserait pas son assistance pour insis-
ter auprès de l'Angleterre sur l'exécu-
tion de ses engagements sans cesse re-
nouvelés et toujours différés.
11 est vrai que de son côté l'Angleterre
pourrait peut-être espérer que l'Italie
déclinerait d'intervenir, mais l'Italie,
bien que sa position de puissance médi-
terranéenne et ses intérêts coloniaux
dans la mer Rouge lui donnent indiscu-
tablement voix au. chapitre a, en ce
moment d'autres chats à fouetter que
de s'occuper de l'Egypte et de l'occupa-
tion anglaise, et en admettant même
que ses sympathies britanniques résis-
tent aux désillusions qu'elle vient d'é-
prouver, elle laissera probablement allar
les choses sans intervenir.
On voit que s'il est prématuré de
compter sur une solution immédiate de
la question d'Egypte, il est tout au
moins permis d'espérer que si, comme
il y a tout lieu de le supposer, des né-
gociations sont prochainement reprises'
en vue de mettre fin à l'occupation an-
glaise, elles le seront dans des condi-
tions beaucoup plus favorables que les
précédentes et avec les meilleures chan-
ces de succès.
X.
NOUVELLBS
(De nos correspondants particuliers)
Rome, 24 février.
L'inquiétude est toujours très grande, et l'on
parle de l'expédition de nouveaux renforts en
outre de ceux qui vont partir incessamment
avec le général Heuscli qui quittera Naples
mercredi ou vendredi.
Le général Louis Pelloux sera nommé géné-
rai en chef et aura sous ses ordres les géné-
raux Baratieri et Heuscii, et les autres gé-
néraux qui sont déjà en Afrique.
Hier soir, après le dîner militaire qu'il a
offert au Quirinal, le roi s'est longuement en-
tretenu avec les généraux Orero et Sanmar-
zauo qui ont conseillé l'envoi de 30,000 hom-
mes de renforts. Lo Messagero assure que l'on
va expédier 20,000 hommes.
La position du général Baratieri e t très
erLi lue; les mouvements de l'armée choane
ont évidemment prar but de eoiipo" ses lignes
de communication; et quelques journaux es-
timent qu'il devrait se replier, convaincus
qu'il pourrait difficilement résister aux forces
supérieures de l'ennemi.
Au ministère de h guerre on affecte une së-
curité complète au sujet de Kassala qui est
c'éfendu par une garuison de 12,5)9 hommes
bien armés et pourvus de vivres et d'artillerie.
Sofia, 24 févtier.
Le ministère bulgare a été reconstitué sous
la présidence de
Vienne, 24 février.
On affirme de nouveau que l'empereur d'Au-
triche aura une entrevue avec le président de
la République française.
Saint Pétersbourg, 24 février.
Une communication officieuse fait connaître
que la Iiussie n'a aucune intention d'annexer
la Corée, et que son intervention n'a pour but
que d'assurer l'indépendance de ce royaume
dans l'intérêt de sa propro sécurité et de la
paix générale en Extrême-Orient.
Berlin, 24 février.
Le général de Caprivi, qui vit très retiré de-
puis qu'il a quitté la chancellerie de l'Empire,
a célébré aujourd'hui le soixante-cinquième
anniversaire de sa naissance.
Sa disgrâce est toujours complète et l'empe-
reur affecte même d'ignorer son existence.
Londres, 24 février.
Le prince de Galles sera réélu lo 4 mars pro-
chain grand-maître de la franc-maçonnerie
anglaise.
♦ ——————————————
Le Débat sur Madagascar
Le « Livre Jaune » sur les affaires de Ma-
dagascar contenant le texte du document,
qui a remplacé le traité du 1er octobre et
que M. Laroche a fait signer par la. reine
Banavalo sera distribué jeudi au Parle-
ment et M. Berthelot, ministre des.affaires
étrangéres. se mettra immédiatement à la
disposition de la Chambre pour lui four-
nir toutes les explications qui lui seraient
demandées tant sur les motifs qui ont dé-
terminé le gouvernement Ji renoncer au
traité signé par le général Duchesne que
sur les conséquences et la portée de l'acte
unilatéral qui consacre la soumission des
Hovas.
Il est cependant douteux que ce débat
qui aura forcément une importance consi-
dérable et qui se terminera par un ordre
du jour ratifiant la prise de possession de
Madagascar par la France, puisse avoir
lieu immédiatement, d'autant plus que le
président du ConseilaccompagneraM. Félix
Faure dans son voyage à Nice et que les
Chambres ne siégeront pas pendant l'ab-
sence du chef de l'Etat. Il est donc proba-
ble que la discussion va être ajournée jus-
qu'au retour à Paris da Président de la
République et de M. Bourgeois, mais les
ministres délibéreront néanmoins aujour-
d'hui en Conseil sur cette question pour
arrêter le sens des déclarations qu'ils de-
vront porter à la tribune au cas où la
Chambre se prononcerait contre l'ajour-
nement.
Nous pouvons ajouter que bien que le
ministre des affaires étrangères n'ait pas
encore reçu les réponses de toutes les puis-
sances à la communication qu'il leur a
adressée pour notifier notre prise de pos-
session, rien ne fait prévoir que nous,
puissions rencontrer des difficultés sous
ce rapport. Aucune objection n'a été
soulevée par aucun cabinet étranger rela-
tivement au régime douanier que nous au-
rons à établir à Madagascar, en toute li-
berté; nous savons même que les Etats-
Unis d'Amérique, dont les intérêts com-
merciaux à Madagascar sont de beau-
coup supérieurs à ceux de l'Angleterre
et de l'Allemagne, ont fait prévoir une
réponse favorable imminente, et que celle
d'Allemagne est déjà parvenue au quai
d'Orsay.
X. DELAOARtttÈRE
Mort ÏÂ1ÎM Blan
SOUVENIRS D'UN VIEUX LIBRETTISTE
Bien qu'il fut BIaisais, Alfred B Jau, qui
vient de mourir si tristement à Bruxelles,
<était assurément l'un des Parisiens .les plus
Parisiens de Paris. Il n'aimait que Paris,
ne connaissait que Paris, et encore le Paris
compris entre les grands boulevards, la
Butte, le faubourg Montmartre et la rue
de Clichy. Le reste n'était plus Paris à ses
yeux. Quand ses affaires l'appelaient, par
exemple, chez M. Hartmann, dont la mai-
son d'édition musicale se trouvait rue
Daunou, il disait gravement :
— Je vais sur la rive gauche.
Dans sa jeunesse, il avait été avocat. Il
avait même plaidé. Oh ! une 08 deux fois
seulement. Avocat d'office d'un vulgaire
vagabond, il s'était hasardé à bâtir sa plai-
do.rie sur cette idée que tout le monde
était plus ou moins dans le cas de son
client.
--- Parlez pour vous, maître Blau, inter-
rompit sèchement le président.
— Je l'entends bien ainsi, monsieur le
président, répliqua maître Blau de son ton
le plus amical, je ne fais d'exes ption pour
personne.
Si son client fut salé, vous n'en doutez
pas.Du reste, à la suite de cette plaidoirie
au moins originale, il ne voulut plus pra-
tiquer.
— Messieurs les juges n'ont point voulu
me|comprendre, disait-il quand il parlait
de cet épisode de sa vie. Je me suis rendu
compte que nous ne pourrions jamais
nous entendre, et je leur ai sacrifié ma
robe.
Il arriva fort jeune à Pari s, vingt-deux
ou vingt-trois ans, et se lia bientot avec
le groupe Miirger, Schanne et Champ-
'fleury.
C'était alors un petit homme potelé,
blond et rose, avec des épaules rondes,
presque pas de cou, une figure aimable,
quoique peucommuncative, des yeux
bleus voilés aux trois quarts par.des pau-
pières bridées qui lui donnaient un air
légèrement endormi. Mais pour qui savait
voir, le regard était plein de linesse et de
'malice. Il marchait d'un pas assez lourd
et lent, sans faire attention à ce qui se
passait autour de lui. C est de cette épo-
que que ses amis lui donnèrent le surnom
de Baül, sorte d'anagramme de son nom
de Blau.
Son intimité avec Mürger l'amena à
connaître Villemessant. Je ne sais s'il
écrivit à l'ancien Figaro, mais je sais par-
faitement que, durant la dernière année
d'existence de Caraguel, ce fut Blau qui,
en réalité, écrivit les feuilletons dramati-
ques du critique des Débais. Caraguel
était trop malade pour le pouvoir faire.
Mais, d'une délicatesse extrême, Blau n'a-
vait consenti à suppléer son ami qu'à l'ex-
presse condition que l'on conserverait la
signature de celui-ci aux feuilletons en
question. De sorte que, lorsque Caraguel
mourut, il espéra un instant lui succéder.
Il était bien trop peu remuant pour y par-
venir.
Nul assurément ne connaissait mieux
que lui le théâtre. Il avait tout lu, tout
vu. Il savait une foule de dessous de l'his-
toire dramatique de cette dernière moitié
de siècle, qu'il contait avec une verve
calme et sournoise,, d un effet souvent dé-
sopilant. Lui se contentait de sourire en
tirant-une bouffée de cigarette.
Il avait bien des sujets de pièces dans la
tête.. Le diable, c'était d'écrire les comé-
dies ou les drames rêvés. Un jour, il ar-
riva chez Caraguel avec un scénario de
drame corsé à l'extrême. « Il faut aller
montrer ça à d'Ennery ! » lui dit Caraguel
en lui remettant une lettre d'introduc-
tion.
Il arrive chez « le maître », fait passer sa
lettre et est introduit. D'Ennery se pose
devant, sa cheminée, et voilà Blau qui,
tout en exposant son affaire, aperçoit le
dramaturge en train de se livrer à un tra-
vail qu'il ne comprend pas tout d'abord.
Lentement, d'Ennery passait de gauche à
droite de sa cheminée, en tenant une de
ses mains derrière son dos. — Que diable
fait-il donc ?se demandait Blau. — Enfin,
quant d'Ennery s'arrête, le solliciteur voit
d'étranges scintillement sur la cheminée
en question. Il s'approche. C'étaient tous
les écrins de ses décorations que d'Ennery
venait d'ouvrir. Blau en fut sutfoqué. lise
leva, rempocha son scénarioetsalua d'En-
nery en lui disant : - Pardon, j'ai oublié
mes insignes de l'Académie de Blois. —
Et il s'en alla.
Il était, en effet, membre de l'Académie
de Blois. A sa réception,il calcina ses con-
frères en prononçant un discours de re-
merciements où il développait cette idée
que les académies étant parfaitement inu-
tiles, ne devaient se composerquede mem-
bres incapables de remplir d'autres fonc-
tions sociales. « C'est mon cas, messieurs,
disait-il en terminant, aussi me trouvé-je
fort honoré que vous m'ayez reconnu di-
gne d entrer en votre honorable compa-
gnie, à laquelle je m'engage à ne pas dé-
choir dans l'avenir. » Ce discours produi-
sit une très vive sensation à Blois.
Alfred Blau était l'auteur du scénario
de Sigurd et de celui d'Esclartnonde, dont
les poèmes ont été écrits par M. Camille
Du Locle et par notre collaborateur Gra-
jmont. 11 montra envers Reyer un dévoue-
ment admirable, ne parlant jamais, à pro-
pos de Sigurd, que de l'auteur de la parti-
tion, devant lequel il s effaçait complète-
ment.
Lié avec tout le monde des théâtres,
c'était un passionné dominotier. Il était
du domino à quatre de Raymond Deslan-
des, qui se tenait toutes les après-midi, à
cinq heures, au café Américain, dans le
recoin qui se trouvait à côté du Vaude-
ville et qui est, depuis, un passage du café
au vestibule du théâtre.
Au moment des dernières répétitions
d'une pièce nouvelle, il arrivait parfois
que Deslandes était en retard et ne ve-
nait qu'à cinq heures et demie ou même à
six heures.
Alors, c'étaient des attrapages terribles.
Blau accablait d'invectives ce pauvre
Deslandes.
— Si vous recommencez demain, je
vous fais expulser manu militari !
Et Deslandes mettait, le lendemain, la
répétition à onze heures du matin, au
grand effarement de ses comédiens, qui
ne comprenaient les motifs de sa détermi-
nation qu'en le voyant, à quatre heures 45,
se frotter les mains en allant, une fois la
répétition levée, retrouver ses amis <2 à la
partie ».
-Alfred Blau avait été nommé chevalier
de la Légion d'honneur il y a deux ans. Il
était le cousin-germain de M. Edouard
Blau.
THÉODORE MAS&8AC
+—;
On sait le grand succès obtenu par
le nouveau romaa d'Abel Hermant, le
Sceptre, ce récit si amusant des pérégri-
nations d'un archiduc qui a jeté le froc
aiax orties et est veau chercher les aven-
tures Darmi nous
Nous pouvons, à la suite d'un arran-
gement passé avec M. Paul Ollendodf"
l'édi teur de M. Abel Hermant, offrir c©
volume à nos lecteurs, à titre de prima,
et a âes conditions tout à faJ:texcepti(}li-
ffltfëlles.
ïkras fournirons donc le Sceptre à
tous nos abonnés qui nous en feront la
demande, moyennant la -somme âe
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le trouveront d'ailleurs dans nos bu-
reaux au même prix de 2 fr. 75.
* —————————
NOTES & INFORMATIONS
LES MINISTRES
M. Bourgeois, président du conseil, et M.
Mesureur, ministre du commerce, sont rentres
hier à une lieurc à Paris, venant de Chàlons-
sur-Marne.
LA GRACE DE BAIHAUT
Le président de la République a reçu hier
les représentants de la Hante-Saône, accompa-
gnés de M. Couyba, professeur agrégé de l'U-
niversité, qui lui ont remis la lettre deman-
dant la grâce de M. Baïhant, ancien député de
la Haute-Saôue.
M. Félix Faure a répondu qu'il transmet-
trait selon l'usage cette supplique au garde
des sceaux pour être remise à la commission
des grâces, et qu'il prendrait une décision
lorsque la commission des grâces lui aurait
fait connaître le résultat de son enquête,
LE GÉNÉRAL DUCHESNE
Le général Duchesne a rendu visite hier à
M. Hanotaux, ancien ministre des affaires
étrangères,
MORT D'UN SÉNATEUR
M. Benoist, président du conseil général et
sénateur de Seine-et-Marne, est mort hier. Il
était né à Mitry-Mory (Seine-et-Marne) eu 1821.
Il était entré au Sénat en 1891, à la suite de la
mort de M. Foucher de Careil.
L'ASSOCIATION DES GAMBETTISTES
L'Association des gambettistes, dans sa der-
nière réunion, présidée par M. 'Cazot, vice-
président d'honneur, a, conformément aux
statuts qui prescrivent le renouvellement du
bureau et le remplacement du président non
rcêliglbie, nommé membres de la commission
executive :
MM. Isambert, député, président; Vert, maire
du 20e arrondissement; Bioch, Dolcassé et De-
luns-Montaud, députés, vice-présidents; Sie-
becker, publiciste, secrétaire général ; Bainicr,
adjoint au 20° arrondissement; Laurent, chi-
miste, secrétaires ; Bizouarne, trésorier.
LA COMMISSION DU BUDGET DE 1897
Les bureaux tirés au sort au début de la
séance d'aujourd'hui. qui a lieu à une heure,
nommeront à trois heures la commission
chargée d'examiner le budget de 107. On pré -
voit que la lutte sera chaude entre modérés
et radicaux.
Ajoutons que MM. Léon Si-y, Poincaré et
Rouvicr déclineront toute candidature se ré-
servant de prendre part à la discussion en
séance publique.
LE CAS DE M. COMBES
M. Gabriel Dufaure retire son interpellation
sur la nouvelle organisation des Chemins de
fer de l'Etat, pour laisser son collègue M. de
Ponthriand développer jeudi uae question
exclusivement relative au cas personnel de
M. Combes et de sa lettre que l'on connaît.
Selon toutes probabilités, la question sera
transformée en interpellation pour permettre
l'iutervention d'autres orateurs dans le débat.
L'ÉLECTION DE L'ARDÈCHE
L'incident qui s'est produit au troi-
sième tour de scrutin pour l'électioil d'un
sénateur serait dû à ce que dans une des
sections de vote, les bulletins étaient restés
dans l'urne. Pour rétablir le chiffre exact des
voix obtenues au troisième tour, le bureau
défalqua alors du nombre total des voix obte-
nues dans cette section par chacun des candi-
dats le nombre des suffrages attribues au
deuxième tour ,à. chacun d'eux, nombre qui
correspondait à celui des bulletins trouvés en
trop.
LES DÉPÊCHES POUR L'ALGÉRIE RT LA
TUNISIE
A partir du 1er mars 189G, les télégrammes
dits «à transmission différée », échangés à
tarif réduit entre la France continentale ou la
Corse, d'une part et l'Algérie ou la Tunisie,
d'autre part, pourront être transmis par les
câbles sous-marins, au fur et à mesure de leur
arrivée sur les postes, lorsque la ligne sera
entièrement libre, et sous la réserve qu'ils ne
prendront rang qu'après les télégrammes taxés
à plein tarif.
Actuellement, la transmission par les câbles
sous-marins des télégrammes à transmission
différée, ne commence qu'à sept heures du soir
et après écoulement de la correspondance taxée
à plein tarif.
MOUVEMENT DANS LA MAGISTRATURE
Le Journal officiel publie ce matin deux
décrets nommant :
Président du conseil d'appel aux lîles Saiut-
Pierre-ct-Miquelon, M. Gaigneron de Marolles.
Président du tribunal supérieur de Papeete,
M. Lion tel.
Président do -la cour d'appel de Pondichéry,
M. Bruelle.
Conseiller à la cour d'appel de Pondichéry,
M. Jore.
Procureur de la République près le tribunal
de première instance de l'ondlchèry, M. 'P1Cr-
re t.
Juge-président du tribunal de première ins-
tance de Libreville (Gabon), M. Vigne. -
GEORGES DURET
A mYERm pournE
LA CHAMBRE
Calme complet, calme plat après les
agitations de ces jours derniers. C'est
dans l'ordre. Aujourd'hui, la tranquil-
lité règne au Parlement et l'on discute
de matières assoupissantes comme, par
exemple, la convention diplomatique
qui règle le rapport de la France et de
l'Angleterre vis-a-vis du Siam.
Auparavant, M. Gabriel Dufaure dé-
pose une demande d'interpellation sur
la réorganisation de l'Etat. En réalité,
il s'agit surtout de la lettre désormais
fameuse de M. Combes qui a fait le tour
des journaux ces temps derniers. D'un
accord commun, la discussion est fixée
a jeudi. La chambre nomme ensuite
deux membres de la Caisse des retraites
pour la vieillesse. Puis M. Deloncle
aborde son interpellation qui porte prin-
cjpalement, je l'ai dit, sur la question
indo-siamoise, mais aussi sur notre si-
tuation en Afrique dans la région où
nos possessions sont voisines de celles
de l'Angleterre.
M. François Deloncle, qui fut en son
temps quelque peu diplomate et consul
général, je crois, a traité de ces choses
avec une très sérieuse compétence. L'E-
tat-tampon, le Haut-Mékong et la poli-
tique de la cour de Bangkok n'ont point
de secrets pour lui et vous pouvez croire
qu'il surveille javec attention les me-
nées de l'Angleterre dans le bassin du
Niger.
Malheureusement, la Chambre ne lui
témoigne pas, à lui, une attention aussi
éveillée ; les députés, assez clair semés,
qui sont restés en séance:pendant qu'il
développait son interpellation, n'écou-
tent que d'une oreille distraite. C'est !
moins passionnant que le cas de M. Ri- j
card et le conflit avec le Sénat.
M. Berthelot, le ministre des affaires 1
étrang-ères, lui répond point par point >
sur le mode laconique et réservé Qui est 1
celui de la diplomatie. Après lui, la suite
de la cfiscussioo est renvoyée à la pro-
chaine séance.
NITOUCHE
LE BAltDUETD'E SAINT-MANDÉ
Le banquet anniversaire du 21 février
1848 a c» dieu hier soir au Salon des Fa-
milles, sous la présidence de M. Emma-
muel Arago. Plus de trois cents personnes
ont pris part à cette manifestation.
M. Emmanuel Arago est arrivé à huit
heures et a été chaleureusement ac-
clamé.
Le ministre des affaires étrangères s'é-
tait faitTeprésenter par M. François Arago;
le ministre des travaux publics par M.
Emile Deshayes, le ministre de l'instruc-
tion publique par M. Paul Vivien, le mi-
nistre des finances par M.' Nicolas et le
ministre des colonies par M. Bèze.
A la table d'honneur ont pris place, aux
côtés de M. Arago, MM. Goblet, Camille
Pelletan, Laurenchet, Legludic, Fauchai
Grous-set, Compayré, Bazile, Alexandre
Bérard, Gustave Hivet, Bascou, Viverl,
etc.
Remarqué ua très grand nombre de sé-
nateurs.
aDes disesurs ont été prononcés par MU.
Emmanuel Arago, Paschal Grousset, René
Gohlet, Gustave 'Rivet, Tony Réviilon et
'Camille Pelletan.
P. R.
LES SCANDALES
M. Espinas, juge d'instruction, a en-
tendu hier matin, pour la seconde fois, M.
fioinoury, tresorier-payeur de la IZéunion,
ex-directeur de la Société Générale, qui
avait commencé samedi à déposer au su-
jet de l'affaire Dupas.
Le juge a encore été dans l'après-midi à
la Conciergerie faire subir à Arton un
nouvel interrogatoire.
L'hote de la Conciergerie sera encore
interrogé de nombreuses fois avant la clô-
ture de l'instruction.
M. Meyer, après avoir à nouveau exa-
jniné les dossiers de l'aifaire Lebaudy,
vient de rendre un non-lieu en faveur de
M. Stanislas Szydbowsky, secrétaire ide
M. de Cesti. C'est la seule ordonnance de
-non-lieu rendue par le juge dans cette af-
faire.
Le rapport des médecins légistes Lau-
gier, Vibert et Descouts concernant l'état
de santé de M. Rosentlial n'ayant pas
encore été remis, M. Meyer n'a pu statuer
sur la demande de mise en liberté faiLe
par l'inculpé.
M. Le Poittevin, en attendant le résultat
des commissions rogatoires qu'il a en-
voyées en province, s'est occupé de colla-
tionner les témoignages des entrepreneurs
relatifs à cette affaire.
C. p. -
———————————-
COULISSES DE LA FINANCE
Il est des spéculateurs qui voient de-
puis plusieurs années la baisse de l'Ita-
lien. lis se rendent compte de la situa-
tion pitoyable dans laquelle il signor
Crispi a mis les finances de son pays ;
ils se disent que logiquement la baisse
s'impose et prennent des positions en
consequen ce, en attendant un incident.
L'incident se produit bien; mais il n'en
est pas de même de la baisse, et les ven-
deurs sont obligés de convenir qu'ils
sont battus contre toute logique, ce qui
n'est qu'une satisfaction morale.
A ce jeu, beaucoup se sont ruinés, les
rangs des vendeurs se sont do.ic éclair-
cis, et la rente italienne a pu être con-
sidérée comme étant aussi difficile "à
tomber que les troupes de Ménélik, ras
des ras.
Voici-cependant que depuis trois jours
le fonds erispinien perd la réputation
que lui avaient value de longues séances
de fermeté, et les doctes économistes
apprêtent leurs plumes pour déclarer
que la logique a tôt ou tard raison des
taits. Les acheteurs se lassent, en effet,
de soutenir une hausse que l'on a si
mal édifiée; ils sentent des craquements
significatifs et ne veulent pas être vic-
times de l'effondrement qui menace.
D'autre part, certains reporteurs qui
savent mieux que personne par quels
moyens les cours ont pu être soutenus,
et qui se rendent compte du danger,
dénoncent les reports, ce qui entraîne
des liquidations très fortes; et cela vous
explique que l'italien, qui avait fléchi
cle 5u tentimes dans la séance de ven-
dredi, avait reculé d'un point dans la
séance de samedi, ait baissé encore de
deux points au début de la séance de ce
jour.
La croyance est cependant si forte-
ment ancrée dans l'esprit des boursiers
que la baisse de l'ltalienest toujours
arrêtée par une volonté supérieure, que
cette dépréciation a provoqué des ra-
chats et la clôture s'est faite à 80 7â
après 7970 à l'ouverture et 8175 en
clôture de samedi.
Les haussiers ont donc pu dire que
l'italienavait repris d'un point tandis
que les baissiers annonçaient un recui
de même importance; Et haussiers et
baissiers ont eu également raison.
-Ce recul a été l'événement du jour et
l'on pouvait craindre qu'il n'mît une
mauvaise influence sur la tendance gé-
nérale. Fort heureusement, la Bourse
s'assagit : elle a eu un instant d'hésita-
tion, puis, se désintéressant du sort de
i'Italien, elle a repris son allure calme,
,mais ferme. Il est vrai que les intérêts
mis en jeu par les fluctuations de ce
tfonds d'Etat ont beaucoup aujourd'hui
diminué d'importance et que ce sont
surtout les marches étrangers qui ont à
-souffrir de sa baisse. Or, il est dans la
nature humaine de serèjouirdnmalheur
des autres.
iNos rentes sont au même niveau que
rsamedi dernier : le 3 0j0 à 102 82, le 31^2
à lOb 10. Les cours de nos fonds publics
n'ont donc pas été influencés par le suc-
cès annoncé de l'emprunt du Tonkin
quia retrouve en bourse une prime de
4 fr. 25.
Tandis que l'Italien a contre lui les
mauvaises nouvelles de l'Erythrée, la
iiausse du change et la mauvaise situa-
tion financière du pays, l'Extérieure a
'Pour elle des informations plus rassu-
rantes envoyées de Cuba, une améliora-
tion du change et la publication d'un
bon bilan par la banque d'Espagne.
Cette rente a donc bénéficié d'une lé-
gère avance à 63 75.
Les fonds ottomans se maintiennent
calmes aux environs des cours cotés sa-
medi et les fonds russes conservent le
-bénéfice de leur récente hausse.
Les. actions des Sociétés de crédit sont
'Peu animées; notons cependant la
hausse de la Banque de Paris à 820 en
du Crédit Lyonnais a 795. La Banque
française de l'Afrique du Sud est plus
calme à 137 50.
Nous appreaoas qu'en réponse à un
télégramme de Londres publié par le
Times, de Johannesburg, disant que la
Banque Française de l'Afrique du Sud
avait remis au ministre des finances à
Paris un rapport hostile au g-ouverne- :
ment du Transvaal, le président de la
Banque Française de l'Afrique du Sud,
M. Herbault, a adressé aujourd'hui une
dépêche à M. Aubert, notre consul a
Pretoria, pour le prier de démentir cett3
information tendancieuse.
M. Herbault explique dans sa dépêche
que la Banque française s'est constituée
pour défendre les intérêts des perceurs
français d actions sud-africaines, confor.
mément au programme tracj par M.
Aubert lui-même, et que son r.ipport au
ministre des finances, ne visant que la
défense de ces intérêts français, est
entièrement favorable au gouverne-
ment du Transvaal et au président
Kruger.
Le marché des mines d'or reste un peu
plus hésitant par suite d'une légère ten
sion des reports à la liquidation de Lon-
dres.
BARON PRIME
Informations financières
Londres, 24 février.
La position à la hausse paraît plus char^yt
qu'on s'y attendait. Cette position porte prm
cipalement sur l'East Kand, la Randfenteir
et d'autres valeurs. Les renforts suc tes valeurs
aurifères sont faciles à négocier, presque tous
les achats opérés ayant été faits pour lu porte-
feuiUe. On cite de 6 à 9 francs de report sur
la Ctiartered, ce qui prouve que le découvert
qui a existé, a presque entièrement disparu.
Les spéculateurs considèrent comme favora-
ble la position actuelle de la Cliartered, toute-
fois la disparition du découvert doit affaiblit
les cours.
Les transactions pour la prochaine liquida
tion sont jusqu'à présent peu importantes, cI
la tendance en clôture est un peu lourde.
Chartered 5 114-3i8, CotdGeids 13 a 13 114. Eist
liand 7, Eaudfonteia 2 718 à 3. Pour le mo-
meut, la liandfontein semble ne pas pouvoii
franchir le cours de 3, car chaque fois qu'un
demande à ce cours, de nombreuses oiïres so
produisent.
Valeurs Baraato sans animation, Johannes-
burg iuvestment 4, Cousolidatud 3 à 3 118
13anque 1 718-2. Océana fait 2 a 218, MiuéraH
1 l[8-li4, Nickcrk, soutenue à 1 5ilG-7[10, Afri
can Estates 2 114-318.
Valeurs aurilères calmes et presque inchan
gées, ButIûlSúooru 35¡8-3[4, Crœsus 1 7[8, Priai
rose 6 1iMi4, Glencairn 3 2i4-7i8. Mav 3 Ii3
1[4, etc. ,
Londres 21 février.
Afrikander* 1 3/8 -
lj £ chuanalanil 2 1/8
130llllnZ&. 2 3/4
Chartereçl 5 9/32
UafEclsJoorn. 3 5/8
City and Subnrban. Si/S
Coetreeatroom 8/0
Consolidated Gold-
fiehto 13 ij 8
Crocs us 1 15/16
De Beer!'!. , 28 1/8
KastRands 7
Ferreira. 18 1.
Geldenhuis. 4 14
Geldenhuis deep le-
vels. 7
Ginsberg. 1 5/16
Goldfielda of Iqden-
bar g 3 1/8
Glencairn. , a 13-/1C
Great Iiritaiu 2 1/8
Hcury S ourse. 6 1/4
Hetiderions Ettatas. 2 7/8
Heriot 9 1/8
Hit or Miss. 1 9/16
New Jagarsfoiitein. 10 1/16
North Randlinteiu. 1 1/2
Johannesburg Con-
solidated lUTOât-
---.----. -- -.- ---..--
maut 3 13/1:
Johaaueibnrg Wa-
tenvora. 2 9/1'
Kimberley Roode-
pouet , ,. 2 5/8
Kniglits 7 1/4
I*nglaa £ te. 5 7/8
Langlaagte Royal 2 7/11
London and Paria
Finance Corpora-
tion. 13/3
Lydeabarg Estâtes. 1 S/8
Modderfontein. 11 1/2
New Primrcae 6 ilS
New May Cjnaoli-
dated 3 3/H
New Reitfontain.. 4 1/2
Kigel 4 '3/4
Nigellltlep. 2 3/8
Océans 2 1/8
Itaailfoutein 2 15/1'
HlUid Mintlli. 29 1/4
liobinson 9 1/2
Simmer - and Jack. 21 .1
Va» Ryn New, 0 1/2
Wontwortli 1 i/1'
Worlda Tréasure. 1/8 or
Gréai Bouldcrs 6 1/8
: -
FAITS DIVERS
MYSTÉRIEUSE DISPARITION (suite)
Freschfond nie toujours èncrgiquemerr
être l'auteurdllcrime dont on l'ac
cuse.
Cependant, après avoir déclaré qu'il ni
connaissait pas madame Dessieu, il a re-
connu qu'il la fréquentait assidu meut et
que le jour de sa disparition, il l'avait ac-
compagnée quelques instants. Puis, press:
dii questions, il a avoué qu'il se trouvait
avec cils sur le pont Bineau.
Enfin, ce matin, au moment où l'on
croyait qu'il allait avouer,il a déclaré que
sa maîtresse s'était jetée du haut du pont
Bineau, avant qu'il ait eu le temps d'in
tervenir.
-- Elle s'est jetée à l'eau, a-t-il ajouté,
dans un accès de désespoir, a l'idée que
son mari allait prochainement rentrer en
France et qu'elle n'aurait plus la facilité
de me voir tous les jours.
Or, l'enquête faite par les agents de la
Sûreté démontre bien que madame Des-
sieu n'avait aucune idée de suicide.
M. Albanel va interroger de nouveau
Freschfond ; mais il est douteux qu'il ob
tienne des aveux.
L'ONCLE habille
Félix Mabille, âgé de dix-neuf ans, cil-
trait hier, carrément, dans un imiïieuble
du boulevard de Ciichy.
Le coacierge qui le vit monter, se hâta
de courir derrière lui et du bas de l'esca-
lier l'interpella :
— Ou allez-vous, là-haut ?
— Je connais mon chemin, répondit le
jeune homme. Je vais chez mon oncle !
— Chez votre oncle ?. Ou habue-t-ii
votre oncle ?
— Au troisième étage.
Et Félix Mabille reprit son ascension
Le concierge le rejoignit et lui de-
manda le nom de cet oncle qu'il allait
voir.
- Mais il s'appelle Mabille.
— Nous n'avons personne de ce nom dans
la maison. Je vous reconnaIs, vous. Vous
êtes déjà venu ici.
- Oui.
- Je vous reconnais bien. Vous êtes le
cambrioleur qui a force la porte du troi-
sième il y a quelques jours. Allons 1
ouste ! chez le commissaire de police.
Et Félix eut beau protester, il fut forcé
de suivre le concierge au poste de police.
L'oncle Mabille n'existait pas, en etret,
dans la maison; le jeune Félix s'était
trompé de quelques numéros, et s'il avait
raison, le concierge n'avait pas tort.
LA. « TERREUR DU DONJON »
Sous ce joli sobriquet se cachait un de?
souteneurs de la pire espèce, nommé
Brila, qui écornait les trottoirs pendant
que sa maîtresse faisait le « turbin ».
Il y a quelques jours, ce malfaiteur ren-
contra une de ses anciennes, Clémence
Houard, qui, lasse de ses mauvais traite-
ments, l'avait enlin lâché..
Brila, qui battait la dèche, lui sauta au
cou, et, après l'avoir invitée à boire uu
saladier de vin chaud, lui demanda de re-
prendre la vie commune et de recommen-
cer à « dégringoler les pantes » ensemble.
Clémence Houard s'y refusa, car les
souvenirs qu'elle avait gardes de leura
anciennes relations consistaient surio-u
en quelques lournees mugistralement ap
pliquées.
Brila voulut l'obliger alors à lui remet-
tre l'argent qu'elle avait sur elle poui
payer la consommation.
— Refile-moi ta galette, lui dit il.
Clémence voulut s'enfuir, mais son an-
cien amant la rejoignit et. après l'avoir
jetée à terre, lui laboura la figure i
coups de talon de botte. Ensuite il prit le :
large.
La victime fat transportée à l'hôpital
par des passants et M. Cochefert, qui pa-
raît toujours comme le Deus ex machina de
ces sortes de choses, envoya ses agents
boulevard Rochechouart pour cueillir la
«terreur du donjon ».
Brila, à la vue des agents, s'arma d'un
terrible couteau catalan et, accule dans
un coin de la chambre, fou de colore, op-
posa une résistance desespérée.
On s'en rendit maître tout de même ; mais
on dut le ligoter solidement pour l'envoyel
au Dopôt, ou il aura tout le loisir de mé-
diter sur l'inconstance des femmes.
UN INCENDIE AMBULANT
Un incendie s'est déclaré hier matin,
boulevard Saint-Germaiit. en face du mi..
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