Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-12-12
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 décembre 1927 12 décembre 1927
Description : 1927/12/12 (N18388,A60). 1927/12/12 (N18388,A60).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7519497c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/07/2012
Le Numéro : 25 centimes
ABONNEMENT 1 aa 6 m 3 m
Seine et S.-et-G. 63 » 33 » 17 a
France et colon. 65 » 349 18»
Etranger IOn. 52 » 2" »
de 131 » 67 » 35 »
Publicités et Annonces
auz Bureaua du Journal
Chèque postal : 645.98
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
La, Lanterne
Fondateur: HENRI ROCHEFORT (30 mai 1868)
60' ANNEE. -, 18.388
LUNDI
12
DECEMBRE 1927
Direction et Administration
38, Bd de Strasbourg, Paris-X
Téléphone : Ncrd 24-90.
Après 22 h. : Louvre : 04-36
EDITORIAL
La recherche de la paternité
—————— » x —————— -
A moi, monsieur Char-
les ReIbel, deux mots!
La « République démo-
cratique » m'apporte au-
jourd'hui seulement le tex-
te « in extenso » des dis-
cours prononcés à Rouen au banquet de
« l'Alliance républicaine ».
Le vôtre y tient une grosse, si ce n'est
une grande place, à la manière du sou-
lier dans la soupe de l'Auvergnat.
Je me suis efforcé néanmoins d'y sai-
sir votre pensé î originale.
Mais j'ai rencontré tant de phrases
icreuses qu'elle a dû passer au travers.
Parmi vos longues digressions, je re-
'd' t ',' Í.
tiendrai donc, si vous le permettez, la
petit? agression dirigée contre le « Rap-
pel » et son infortuné directeur, avec une
courtoisie, un sens de la mesure, un souci
des nuances et un tact, en quoi chacun
se plaît à reconnaître la finesse d-j vo-
tre talent.
Laissez-moi le plaisir de vous citer :
« Ah! tous ces jours derniers, ce
matin encore, dans un journal qu'on ven-
dait à la porte de ce congrès, on osait
dirï que nous sommes « des descendants
abâtardis de Waldeck-Rousseau », que
nous avons le front de citer ses paroles,
alors que nous ne sommes que de vils
réactionnaires, des ennemis de la laïcité
et de la République.
« Est-ce que ceux qui osent écrire de
pareilles choses connaissent leur his-
toire ?
« Est-ce qu'ils oublient que tous nos
grands hommes d'Etat, ceux dont nous
nous honorons d'être les descendants spi-
rituels, n'ont pas été précipités du pou-
voir par les radicaux eux-mêmes ? Ou-
blient-ils que Jules Ferry, au moment où
il venait de donner le Tonkin à la France,
était renversé par une majorité radi-
cale ? Oublient-ils que Gambetta, dont
le portrait orne la salle de nos délibéra-
tions, a été jeté bas du pouvoir par les
radicaux?. »
Sauf votre respect, le journal qui
<( ose » dire, celui qui « ose » écrire, c' est
mon vieux « Rappel » et moi.
Nous « osâmes », en effet, nous « osâ-
mes », monsieur Charles Reibel, et main-
tenant que nous « osâmes », je demeure
interdit et stupide d'une telle audace.
Nous oubliâmes, en effet, de vous de-
mander votre permission, car nous igno-
râmes que la religion Waldeckiste, inter-
prétée par votre Chapelle, comportait,
elle aussi, une Sacrée Congrégation de
l'Index.
Toutefois, j'entends vous rassurer.
(( Ceux qui osent écrire de pareilles
choses » connaissent leur histoire. Assez
bien tout au moins pour vous l'appren-
dre, car vous l'ignorez — souffrez que
je vous le dise — fâcheusement.
Ainsi le jour lugubre de Lang-Son, le
grand vosgien, Jules Ferry, ne fut pas
renversé par une majorité radicale.
Il fut assailli avec une brutalité féroce
par M. Clemenceau, qui excellait à coali-
ser les fureurs et les rancunes de la droite
contre l'auteur des lois laïques et de l'ar-
ticle 7.
Ce jour-là, en outre, M. Clemenceau
s'était assuré la complicité de M. Ribot
et de quelques-uns de ses amis du cen-
tre droit (où vous siégez aujourd'hui).
Lorsque Jules Ferry chancela sous le
coup droit de M. Clemenceau, M. Ribot
en profita pour monter sournoisement à
la tribune et lui couoer les iarrets.
D'ailleurs, dans la matinée même,
avant la séance, M. Jules Develle, prési-
dent de l'union républicaine, accompa-
gné d'une délégation de républicains
« modérés » était allé conseiller à Jules
Ferry de démissionner.
Jules Ferry, qui entendait tomber en
combattant, les éconduisit rudement, et
comme toujours, impavide, affronta son
festin.
Quant à son impopularité, aux haros,
aux attaques furieuses et aux attentats,
c'était encore, toujours, l'Homme d'Etat
laïque qui se trouvait visé, pour avoir
osé réformer l'Enseignement, s'attaquer
aux Abus de l'Eglise romaine, et aux
Privilèges de la Congrégation.
Toutefois, avec leur adresse diaboli-
que, ses implacables ennemis avaient su
appliquer sur l'article 7 le masque du
« Tonkinois » afin de mieux égarer et
dévoyer l'opinion publique.
Enfin, lorsque Jules Ferry fut battu
aux élections législatives dans les Vos-
ges, ce fut par un « libéral », le comman-
dant Picot, qui aujourd'hui se recomman-
derait sans doute de M. Charles Reibel
et de M. de Kérillis.
M. Charles Reibel est encore mal in-
formé des causes de la chute de Gam-
betta.
Assurément, l'auteur du programme
de Belleviiie connut les attaques de l'ex-
trême gauche (toujours conjuguées avec
celles de la droite).
Mais elles déterminèrent moins sa
chute, que les intrigues de l'Elysée et du
centre, sournoisement favorisées et ins-
pirées par le président Jules Grévy.
M. Charles Reibel, avant de nous don-
ner sa prochaine leçon d'histoire, pour-
rait relire utilement les « Souvenirs » de
M. de Freycinet, dont il a peut-être en-
tendu narJer.
Quant à Waldeck-Rousseau, dont M.
Charles Reibel se proclame le « fils spi-
rituel », il n'eut pas davantage à se
louer de certains républicains modérés,
qui tiraient vers la droite.
Lorsqu'il forma son fameux ministère
de Détense républicaine, il se heurta à
l' incompréhension et à l'intransigeance
de la plupart de ses amis du centre (saut
M. Edouard Aynard).
Il en fit plus tard l'avçu désabusé :
« Lorsque je m'adressai à eux, dit-il, je
ne rencontrai que des égoïsmes et des
rancunes. »
Et c'est l'intransigeance des Charles
Reibel de l'époque qui contribua, en
somme, à la formation du premier car-
tel : « Millerand-de Gallifet ».
Il ne s'agit donc pas de « chasser M.
Charles Reibel de. la République ».
Pourquoi ces exagérations de langage,
et ces grands mots superflus ?
Nul ne songe ici à évoquer tragique-
ment le spectre de l'ostracisme, « cet en-
fant irrité de la Cité Antique ».
L'intérêt et la sympathie que nous ins-
pire l'alliance démocratique et notre des-
sein de concentration républicaine, nous
ont simplement incité à lui recomman-
der que sa gauche n'ignore pas trop ce
que faisait sa droite.
Aujourd'hui, M. Charles Reibel em-
prunte un haut-parleur pour faire con-
naître à l'Univers entier qu'il est le fils
spirituel de Waldeck-Rousseau. l'Enfant
du Miracle. le Dauphin de l'Alliance.
Hosanna !.
Le voilà le divin enfant !.
Puisse-t-il seulement contenter son
père, et tous les francs républicains, et
je le tiens quitte!
Edmond du MESNIL
—.———————— —————————
EN CHINE
Chang Kaï Sek redeviendrai!
chef des armées nationalistes
Shanghaï, 11 décembre. — On a annoncé
hier, à Shanghaï, que le général Chang Kaï
IPboto Henri Manuel)
Sek a été nommé, à nouveau, généralissime
des armées nationalistes.
Cette nomination aurait pour but le re-
groupement des forces du Sud, afin de com-
battre plus effectivement Tchang Tso Lin.
LIRE EN TROISIEME PAGE :
La Chronique littéraire
par Gabriel BRUNET
Il n'est de justice que dans la vérité,
il n'est de bonheur que dans la jus-
tice.
Emile ZOLA
Nécessités.
Paris qui s'en va.
Il ne s' ag't point de la démolition de quel-
que vieil hôtel du XVIIIe siècle ou de l'expor-
tation outre-Atlantique de quelque précieux
bas-relief de la bonne époque.
On va supprimer les vespasiennes.
Ettdu point de vue purement formel, .;t
vous assure que c'étaient de précieux éléments
décoratifs.
Dans les paysages paris'ens, gris et sales.
ces petits abris, si impudiques aux yeux des
Anglo-Saxons, réjouissaient l'œil du flâneur
de tout l'éclat de ses affiches bigarrées
C'était un point de repère; une vision fami-
lière, une halte souvent, propice aux discrets
échanges de politesse.
Il y en a, si vous avez remarqué, qui sont
compl'quées comme de petits labyrinthes.
Et puis, n'était-ce pas l'illustration d'un
mot historique ?
C'est alors que l'empereur Vespasien se
faisait reprocher de lever un impôt sur ces
édicules, qu'il répondit : « L'argent n'a pas
d'odeur ».
Heureusement que notre grand peintre de
Paris, Utrillo, a fixé dans ses toiles, pour la
postérité, la plaisante image de ces petits pa-
vil lons indiscrets.
'XXXXXXXXXXXXXXXDOOCXXXXXXJOOOOOO
LIRE EN QUATRIEME PAGE :
LA TAXE DE PREMIERE MUTATION
Par A. RENAUDOT, sénateur.
Celtes
On vient de découvr.r à Belfast un des plus
importants dépôts d'armes qui aient été trou-
vés dans cette ville.
L'importance de cet arsenal était telle qu'il
n'a pas fallu moins de trois grands camions
pour permettre à la police d enlever les diver-
ses armes, fu?ils et munitions qui s'y trou-
vaient. tout cet att:ra ] se trou-
Et remarquez que tout cet att ra 1 se trou-
va t dissimulé dans la v lie orargiste par excel-
lence. c est-à-d re la plus hostile au Sinn Fenn.
L'activité polit:que, la pass on de l'oppo-
stton. l'attachement aux traditions conspira
tr ces sont à ce point essentiels à la vie de
1 Irlandais que les plus larges concessions du
gouvernement angla s ne sauraient les apaiser.
Ce sont des Celtes, et leu-s traditions truf-
fées de légendes, les entretiennent dans un
perpétuel esprit d'exaltation mystique.
Les nôtres avaient la chouannerie.
Eux, ils ont le S nn Fenn.
Et l'on retrouve les mêmes méthodes d'em-
buscades, les mêmes tactiques de guet-apens,
et la même collaboration de mystique reli-
geuse et politique.
——————'————— e tamttt———————,_
EN ROUMANIE
Les étudiants se livrent
à des manifestations antisémites
Bucarest, 11 décembre. — On manqe de
Jassy que des manifestations se sont produl-
tes; les étudiants ont démoli la synagogue
et molesté les juifs. La police à pu rétablir
l'ordre au bout d'une heufe d'efforts. Une
quarantaine d'étudiants ont été arrêtés.
L'enquête se poursuit sur les incidents des
jours précédents.
1'1'11
UN DIMANCHE A LA CHAMBRE
La discussion de la loi de finances
—.
Le Sénat commencera mardi l'examen du budget
-»' 1 - C ————
La Chambre a siégé hier toute la
journée et la plus grande partie de la
nuit pour examiner et volet les articles
de la loi de Finances — autrement dit
le budget des recettes.
La discussion a été des plus laborieu-
ses. La plupart des articles ont fait l'ob-,
jet de débats ou de demandes d'explica-
tions et la Commission a été submergée
sous un flot toujours renouvelé d'amen-
dements.
Parmi les décisions importantes pri-
ses par la Chambre, il importe de signa-
ler le vote des dispositions qui, exonère
de la taxe de première mutation les ac-
quisitions d'exploitation rurale réalisées
par des agriculteurs pensionnés de guer-
re au moyen de prêts des caisses de cré-
dit agricole; la disjonction de l'article
qui tordait à infituer une taxe unique
de 50 p. 100 sur les spécialités pharrna-
ceutiques; le renvoi à la Commission
des textes concernant la radiophonie ;
le relèvement des pensions d'ancienne-
té et le droit de suite du projet des ar-
tistes.
Infatigable, M. Fernand Bouisson a
présidé avec autorité et esprit, de décision
ces longues séances.
Au Sénat maintenant 'de faire dili-
gence. dil~i-
E. D.
LA SEANCE DU llf.4TIN
C'est M. Fernand Bouisson qui préside, et
chose curieuse, l'assistance est particulière
ment nombreuse pour une séance du matin.
Le débat s'.enga:ge sur l'article qui exempte
de la rétroactivité de l'impôt les partisans
bénéficiaires de la loi du 30 juin 1923, qni
ipont considérés comme commerçants ou in-
dustriels, bien que travaillant seuls.
À la demande de M. de Monicault,. cet ar-
ticle est disjoint.
Le même de Monicault demande la disjonc-
tion de l'article 2 qui modifie l'impôt sur les
bénéfices agricoles en cas de métayage.
M. Poincaré appuie la demande de disjonc-
tion.
Un vote, mais le scrutin donne lieu à poin-
tage et" tandis qu'il s'effectue, la discusiSion
se poursuit jusqu'à l'article trois (exonéra-
tion de la taxe de 7 0/0 sur la première muta-
tion pour les agriculteurs pensionnés de
guerre) qu! est adopté.
M. Poincaré expose qu'on a demandé à la
fortune acquise une ressource exceptionnelle
pour dotér la caisse d'amortissement. C'était
un prélèvement sur les biens fonciers. La
taxe de 7 0/0 rapporte 300 millions. Le ra-
lentissement des transactions immobilières
provient en réalité du changement de la si-
tuation monétaire. On rentre dane la nor-
male. Les mutations sont encore plus nom-
breuses qu'en 1913.
A ce moment, le président fait connaître
le résultat du scrutin sur la disjonction de
l'article 2 sexiès a.
La disjonction est prononcée par 254 voix
contre 251.
Les spécialités pharmaceutiques
Sur l'article 4 noniès, s'engage un grand
débat sur les spécialités pharmaceutiques.
Voici les dispositions qui remplacent l'arti
cle 151 du décret de codification du 2S dé-
cembre 1926.
Un impôt est établi sur les spécialités
portant une dénomination particuière et pro-
priété exclusive de l'inventeur. Cet impôt est
basé sur le prix de vente au détail. Le tarif
(Photo Henri Mauuel)
M. Léo BOUYSSOU
Vice-président de la Chambre
est fixé à 5 centimes par franc ou fraction
de franc. -Sont exemptés les produits que les
pharmaciens préparent pour les livrer direc-
tement sans publicité. Les stocks seront re-
pris par voie d'inventaire pour le recou-
vrement des droits exigibles. Les déclara-
tions des intéressés devront être faites dans
les trois jours.
M. Emile Vincent demande la disjonction
de cet article en faisant observer qu'ainsi
seront frappés els médicaments les plus ac-
tifs jusqu'ici exonérés, tels que sérums.
solution colloïdale et préparations radioacti-
ves. Notre exportation en souffrira.
H. Poincaré fait observer que le contraire
est la vérité.
Enfin, dit M. Vincent, cette taxe atteindra
surtout les malades.
M. de Moro-Giafferri se défend de vouloir
du mal aux pharmaciens mais indique que le
texite proposé frappera non point la santé
publique et les malades, mais les spécialités
elles-mêmes. Il chiffre les conséquences de
cette disposition.
(VOtr la suite en deuxième poge.)
LA VIE FINANCIERE
La consolidation de la dette
et de la monnaie
—————————————————— ¡ale -
On observe depuis quelques mois,
dans notre économie monétaire, des phé-
nomènes qui paraissent en contradic-
tion avec ce que nous pouvons croire,
rationnellement, de notre système finan-
cier.
Un des fondements de ce système,
dans les conditions où il fonctionne ac-
tuellement, c'est la constance de la cir-
culation des billets de banque, pour un
degré donné d'activité de la production
et des échanges, pour un certain niveau
des prix et des salaires, enfin pour les
habitudes de la population concernant les
dépôts en banque et l'emploi des chè-
ques. Toute la théorie du « circuit » est
fondée sur ce théorème, et nous en avons
vérifié souvent la démonstration objec-
tive. Par corollaire, il est Dermis de pré-
voir que la circulation doit diminuer si
les prix baissent et si l'activité économi-
que se ralentit; car on ne peut espérer
modifier rapidement les habitudes de la
population, autant avoir, comme on l'a
dit, la prétention de construire une vieille
maison.
Cette déduction rigoureuse mais élé
mentaire ne se vérifie malheureusement
pas chez nous en ce moment. L'activité
économique du pays n'est pas brillante;
les prix sont en baisse générale; —
mais la circulation fiduciaire est en aug-
mentation de trois milliards par rapport
à juin. Ce gonflement anormal apporte
un démenti désobligeant à la doctrine.
H importe, pour l'honneur de celle-ci, de
trouver des explications convenables.
Plusieurs nous ont été offertes, qui
sont des plus plausibles. Il n'est pas dou-
teux, en particulier, que le circuit ne
fonctionne pas instantanément. Il y faut
du temps. On peut donc admettre que
certains des gros paiements effectués
entre les mains des fonctionnaires de
l'Etat ne se sont pas encore résorbés.
On a invoqué, d'autre part, l'accrois-
sement des besoins de signes monétai-
res en fin d'année. C'est, en effet, un
fait d'expérience. Mais peut-on faire
état de ces besoins saisonniers dès la fin
du mois de novembre ? Cela semble très
discutable.
Reste enfin l'explication tirée de la
consolidation progressive de la Dette
flottante; M. E. Mireaux en démontre le
mécanisme, dans « la Réforme Economi-
que » avec une parfaite clarté. Dans no-
tre système monétaire, tel qu'il a fonc-
tionné jusqu'à ces derniers mois, grâce
à l'interpénétration très étroite de la
Dette flottante et de la Circulation, « la
dette flottante se transformait en mon-
naie, — ou bien, inversement, la circu-
lation se coagulait sous forme de dette
flottante. Il en résultait que les titres
représentant cette dette, en l'espèce les
Bons de la Défense Nationale, pouvaient
jouer et jouaient, dans une certaine me-
sure, le rôle de monnaie. »
La conclusion est que la consolidation
actuelle de la Dette flottante entraîne
fatalement un gonflement de la circula-
tion, gonflement qui l'emporte jusqu'ici
sur la rétraction provoquée par la baisse
des prix et le malaise économique.
C'est la seule explication actuellement
L'ITALIE SOUS LA DICTATURE
M V. Nitti et Labriola
rayés du barreau de Naples
Milan, 11 décembre. — Une commission
royale vient d'examiner, à Naples (aux ter-
mes de l'article premier du décret du 6 mai
1926), la situation de M. Nitti, ancien prési-
dent du Conseil, et de M. Labriola, ancien
ministre du Travail, vis-à-vis de l'Ordre des
avocats.
Elle a tenu contre M. Nitti l'accusation
d'avoir exercé à l'étranger une action préju-
diciable aux intérêts nationaux. Quant à M.
Labriola, la Commission a estimé que « le
simple fait de s'être expatrié clandestine-
ment semble devoir prouver, surtout étant
donné les antécédents politiques du personna-
ge, qu'il entend se livrer, hors des frontiè-
res, à une propagande hostile au régime ».
Les deux anciens ministres, d'ailleurs, ne
peuvent plus être considérés comme résidant
à Naples.
Pour toutes ces raisons, la commission pro-
pose que MM. Nitti et Labriola soient, con-
formément à la loi, rayé de l'Ordre les avo-
cats.
satisfaisante. Elle nous amène à envisa-
ger sans crainte un accroissement ulté-
rieur possible, sinon probable, de la cir-
culation quand la consolidation sera
achevée, en supposant toutes choses
égales d'ailleurs. Ce sera la contre-partie
de la disparition de la Dette flottante; et
elle ne présentera aucun inconvénient
puisqu'elle exprimera seulement le rem-
placement d'un instrument de paiement
par un autre.
F.-F. LEGUEU. >
—————-—-
Politique étrangère
M. Henry de Jouvenel, en qui
tant de Français, et je suis du nom-
bre. avaient pressenti un vigoureux
chef de parti, détient un privilège.
celui de capter par intervalles, et à son,
choix. l'opinion publiaue. Sa dernière mani-
festation en ce sens consiste dans l'article
« La guerre des pactes », par lui publié dans
la Revue des Vivants.
Le Rappel a dit hier à M. de Jouvenel. par
la plume de notre directeur, tout le bien,
qu'on pense ici de sa thèse sur les Partes.
M. Edmond Du Mesnil. en qui ses adversai-
res politiques eux-mêmes reconnaissent un
des maîtres du iournalisme, tant par l'esprit
que par le discernement. a dû cependant, tout
en approuvant les idées générales de « La,
guerre des Pactes n, formuler quelques ré-
serves. Qu'il me permette de l'en féliciter et
de l'en remercier.
--. Condamner les pactes, jeter l'anathè-
me sur les vieilles traditions diplomatiques
qui nous ont valu tant de coups de canon, tant
d'hécatombestant d'années perdues pour la
construction (lu grand édifice social, c'est
évidemment fort bien.
Mais pour sagement juger le sujet, ce n'est
pas au jour (lu pacte franco-yougoslave qu'il
convient de se plarer. Il faut remonter il fa
paix russo-allemande 4e Brest-Litovsk. attx
accords entre les- fleii..r nations de Vest euro-
pèen qui ont complété cette paix d.aux lacunes dit pacte de la Société &&è Na-
tions. aux fautes incluses dans le traité de
Versailles.
- La grande guerre terminée, la France
victorieuse avait atteint les buts pour les-
quels elle n'aurait pas, d'elle-même, déclaré
la guerre, mais qui s'imposaient dès l'instant
oî elle rivait été mise dans l'inéluctable obli-
gation de prendre les armes.
- Mais que s'est-il produit ? L'Allemagne
a conclu des accords avec la Russie. cette
Russie bolchevique qui a déclaré à l'univers
une guerre sans merci. L'Allemagne, encore,
a réalisé avec VAutriche lr pacte tadte. (1
défaut du pacte écrit, d'où doit sortir l'Ansch-
luss, ou rattachement de l'Autriche au Reich.
La Russie, de son côté, se couvrant de la
III' Internationale, contracte de toutes parts,
et principalement en Franc, des pactes mul-
tiples avec les assujettis de la III" Interna-
tionale. Ces pactes ont un but avéré, défini :
ruiner les moyens de défense des Etats cons-
titutionnels. dits a Etats impérialistes »,
pour les livrer pieds et poings liés à la Rus-
sie soviétique ou, si l'on préfère, à son alter
ego, la IIIe Internationale. Et, par surcroît,
le gouvernement- de Moscou agit en Chine,
en Turquie, en Lithuanie, dans les colonies.
L'Europe. VAsie sont menacées d'un formida-
ble et imminent cataclysme. Que faire f
- Recourir à la Société des Nations ?
La Russie n'en fait point partie, les mem-
bres de la IIP internationale n'ont pour elle
que railleries et dédain. La France y occupe
une situation mineure. Elle y est dominée
par le nombre des sièges et. consécutivement,
par le nombre des voix, par VAngleterre avec
ses Dominions, par VAmérique même, encore
que les Etats-Unis ne soient pas adhérents,
eux non plus.
Canine DEVILAR.
————————— t-ttt-~~-t —————————-
A GENEVE
Le règlement du conflit
polonolithnanien
Remerciements de M. Valdemaras
à M. Briand
Genève, 11 décembre. — M. Valdemaras,
président du Conseil de Lithuanie, a rendu
visite ce matin à M. Briand pour le remer-
cier de son intervention dans le différend
polono-lithuanien.
L'entretien des deux ministres a duré assez
longtemps.
Après le d-part de M.Valdemaras, M. Briand
s'est rendu chez sir Austen Chamberlain,
avec lequel il a déjeuné. Sir Ronald Gra-
ham, ambassadeur de Grande-Bretagne, assis-
tait à ce, déjeuner.
Le président du Conseil de Lithuanie
quitte Genève ce soir.
Le départ du maréchal Pilsudski
Le maréchal Pilsudski, qui devait partir
hier par le train de une heure du matin a
encore passé la nuit à Genève et n'a pris que
le train de 7 heures à destination de Var-
sovie.
Déclarations de M. Valdemaras
Genève, 11 décembre. — Il résulte d'une
déclaration verbale faite cet après-midi à 'a
presse internationale par M. Valdemaras.
président du conseil de Lithuanie, qu'aux
yeux de ce dernier la résolution votée dar.s
la nuit de samedi à dimanche par le con-
seil de la Société des nations ne doit entraî-
ner, au moins pour le moment, aucun chau-
cement de fait dans les rapports polono-ii-
thuaniens, ni au point de vue politique. n\
au point de vue du traitement des ressortis-
ABONNEMENT 1 aa 6 m 3 m
Seine et S.-et-G. 63 » 33 » 17 a
France et colon. 65 » 349 18»
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A moi, monsieur Char-
les ReIbel, deux mots!
La « République démo-
cratique » m'apporte au-
jourd'hui seulement le tex-
te « in extenso » des dis-
cours prononcés à Rouen au banquet de
« l'Alliance républicaine ».
Le vôtre y tient une grosse, si ce n'est
une grande place, à la manière du sou-
lier dans la soupe de l'Auvergnat.
Je me suis efforcé néanmoins d'y sai-
sir votre pensé î originale.
Mais j'ai rencontré tant de phrases
icreuses qu'elle a dû passer au travers.
Parmi vos longues digressions, je re-
'd' t ',' Í.
tiendrai donc, si vous le permettez, la
petit? agression dirigée contre le « Rap-
pel » et son infortuné directeur, avec une
courtoisie, un sens de la mesure, un souci
des nuances et un tact, en quoi chacun
se plaît à reconnaître la finesse d-j vo-
tre talent.
Laissez-moi le plaisir de vous citer :
« Ah! tous ces jours derniers, ce
matin encore, dans un journal qu'on ven-
dait à la porte de ce congrès, on osait
dirï que nous sommes « des descendants
abâtardis de Waldeck-Rousseau », que
nous avons le front de citer ses paroles,
alors que nous ne sommes que de vils
réactionnaires, des ennemis de la laïcité
et de la République.
« Est-ce que ceux qui osent écrire de
pareilles choses connaissent leur his-
toire ?
« Est-ce qu'ils oublient que tous nos
grands hommes d'Etat, ceux dont nous
nous honorons d'être les descendants spi-
rituels, n'ont pas été précipités du pou-
voir par les radicaux eux-mêmes ? Ou-
blient-ils que Jules Ferry, au moment où
il venait de donner le Tonkin à la France,
était renversé par une majorité radi-
cale ? Oublient-ils que Gambetta, dont
le portrait orne la salle de nos délibéra-
tions, a été jeté bas du pouvoir par les
radicaux?. »
Sauf votre respect, le journal qui
<( ose » dire, celui qui « ose » écrire, c' est
mon vieux « Rappel » et moi.
Nous « osâmes », en effet, nous « osâ-
mes », monsieur Charles Reibel, et main-
tenant que nous « osâmes », je demeure
interdit et stupide d'une telle audace.
Nous oubliâmes, en effet, de vous de-
mander votre permission, car nous igno-
râmes que la religion Waldeckiste, inter-
prétée par votre Chapelle, comportait,
elle aussi, une Sacrée Congrégation de
l'Index.
Toutefois, j'entends vous rassurer.
(( Ceux qui osent écrire de pareilles
choses » connaissent leur histoire. Assez
bien tout au moins pour vous l'appren-
dre, car vous l'ignorez — souffrez que
je vous le dise — fâcheusement.
Ainsi le jour lugubre de Lang-Son, le
grand vosgien, Jules Ferry, ne fut pas
renversé par une majorité radicale.
Il fut assailli avec une brutalité féroce
par M. Clemenceau, qui excellait à coali-
ser les fureurs et les rancunes de la droite
contre l'auteur des lois laïques et de l'ar-
ticle 7.
Ce jour-là, en outre, M. Clemenceau
s'était assuré la complicité de M. Ribot
et de quelques-uns de ses amis du cen-
tre droit (où vous siégez aujourd'hui).
Lorsque Jules Ferry chancela sous le
coup droit de M. Clemenceau, M. Ribot
en profita pour monter sournoisement à
la tribune et lui couoer les iarrets.
D'ailleurs, dans la matinée même,
avant la séance, M. Jules Develle, prési-
dent de l'union républicaine, accompa-
gné d'une délégation de républicains
« modérés » était allé conseiller à Jules
Ferry de démissionner.
Jules Ferry, qui entendait tomber en
combattant, les éconduisit rudement, et
comme toujours, impavide, affronta son
festin.
Quant à son impopularité, aux haros,
aux attaques furieuses et aux attentats,
c'était encore, toujours, l'Homme d'Etat
laïque qui se trouvait visé, pour avoir
osé réformer l'Enseignement, s'attaquer
aux Abus de l'Eglise romaine, et aux
Privilèges de la Congrégation.
Toutefois, avec leur adresse diaboli-
que, ses implacables ennemis avaient su
appliquer sur l'article 7 le masque du
« Tonkinois » afin de mieux égarer et
dévoyer l'opinion publique.
Enfin, lorsque Jules Ferry fut battu
aux élections législatives dans les Vos-
ges, ce fut par un « libéral », le comman-
dant Picot, qui aujourd'hui se recomman-
derait sans doute de M. Charles Reibel
et de M. de Kérillis.
M. Charles Reibel est encore mal in-
formé des causes de la chute de Gam-
betta.
Assurément, l'auteur du programme
de Belleviiie connut les attaques de l'ex-
trême gauche (toujours conjuguées avec
celles de la droite).
Mais elles déterminèrent moins sa
chute, que les intrigues de l'Elysée et du
centre, sournoisement favorisées et ins-
pirées par le président Jules Grévy.
M. Charles Reibel, avant de nous don-
ner sa prochaine leçon d'histoire, pour-
rait relire utilement les « Souvenirs » de
M. de Freycinet, dont il a peut-être en-
tendu narJer.
Quant à Waldeck-Rousseau, dont M.
Charles Reibel se proclame le « fils spi-
rituel », il n'eut pas davantage à se
louer de certains républicains modérés,
qui tiraient vers la droite.
Lorsqu'il forma son fameux ministère
de Détense républicaine, il se heurta à
l' incompréhension et à l'intransigeance
de la plupart de ses amis du centre (saut
M. Edouard Aynard).
Il en fit plus tard l'avçu désabusé :
« Lorsque je m'adressai à eux, dit-il, je
ne rencontrai que des égoïsmes et des
rancunes. »
Et c'est l'intransigeance des Charles
Reibel de l'époque qui contribua, en
somme, à la formation du premier car-
tel : « Millerand-de Gallifet ».
Il ne s'agit donc pas de « chasser M.
Charles Reibel de. la République ».
Pourquoi ces exagérations de langage,
et ces grands mots superflus ?
Nul ne songe ici à évoquer tragique-
ment le spectre de l'ostracisme, « cet en-
fant irrité de la Cité Antique ».
L'intérêt et la sympathie que nous ins-
pire l'alliance démocratique et notre des-
sein de concentration républicaine, nous
ont simplement incité à lui recomman-
der que sa gauche n'ignore pas trop ce
que faisait sa droite.
Aujourd'hui, M. Charles Reibel em-
prunte un haut-parleur pour faire con-
naître à l'Univers entier qu'il est le fils
spirituel de Waldeck-Rousseau. l'Enfant
du Miracle. le Dauphin de l'Alliance.
Hosanna !.
Le voilà le divin enfant !.
Puisse-t-il seulement contenter son
père, et tous les francs républicains, et
je le tiens quitte!
Edmond du MESNIL
—.———————— —————————
EN CHINE
Chang Kaï Sek redeviendrai!
chef des armées nationalistes
Shanghaï, 11 décembre. — On a annoncé
hier, à Shanghaï, que le général Chang Kaï
IPboto Henri Manuel)
Sek a été nommé, à nouveau, généralissime
des armées nationalistes.
Cette nomination aurait pour but le re-
groupement des forces du Sud, afin de com-
battre plus effectivement Tchang Tso Lin.
LIRE EN TROISIEME PAGE :
La Chronique littéraire
par Gabriel BRUNET
Il n'est de justice que dans la vérité,
il n'est de bonheur que dans la jus-
tice.
Emile ZOLA
Nécessités.
Paris qui s'en va.
Il ne s' ag't point de la démolition de quel-
que vieil hôtel du XVIIIe siècle ou de l'expor-
tation outre-Atlantique de quelque précieux
bas-relief de la bonne époque.
On va supprimer les vespasiennes.
Ettdu point de vue purement formel, .;t
vous assure que c'étaient de précieux éléments
décoratifs.
Dans les paysages paris'ens, gris et sales.
ces petits abris, si impudiques aux yeux des
Anglo-Saxons, réjouissaient l'œil du flâneur
de tout l'éclat de ses affiches bigarrées
C'était un point de repère; une vision fami-
lière, une halte souvent, propice aux discrets
échanges de politesse.
Il y en a, si vous avez remarqué, qui sont
compl'quées comme de petits labyrinthes.
Et puis, n'était-ce pas l'illustration d'un
mot historique ?
C'est alors que l'empereur Vespasien se
faisait reprocher de lever un impôt sur ces
édicules, qu'il répondit : « L'argent n'a pas
d'odeur ».
Heureusement que notre grand peintre de
Paris, Utrillo, a fixé dans ses toiles, pour la
postérité, la plaisante image de ces petits pa-
vil lons indiscrets.
'XXXXXXXXXXXXXXXDOOCXXXXXXJOOOOOO
LIRE EN QUATRIEME PAGE :
LA TAXE DE PREMIERE MUTATION
Par A. RENAUDOT, sénateur.
Celtes
On vient de découvr.r à Belfast un des plus
importants dépôts d'armes qui aient été trou-
vés dans cette ville.
L'importance de cet arsenal était telle qu'il
n'a pas fallu moins de trois grands camions
pour permettre à la police d enlever les diver-
ses armes, fu?ils et munitions qui s'y trou-
vaient. tout cet att:ra ] se trou-
Et remarquez que tout cet att ra 1 se trou-
va t dissimulé dans la v lie orargiste par excel-
lence. c est-à-d re la plus hostile au Sinn Fenn.
L'activité polit:que, la pass on de l'oppo-
stton. l'attachement aux traditions conspira
tr ces sont à ce point essentiels à la vie de
1 Irlandais que les plus larges concessions du
gouvernement angla s ne sauraient les apaiser.
Ce sont des Celtes, et leu-s traditions truf-
fées de légendes, les entretiennent dans un
perpétuel esprit d'exaltation mystique.
Les nôtres avaient la chouannerie.
Eux, ils ont le S nn Fenn.
Et l'on retrouve les mêmes méthodes d'em-
buscades, les mêmes tactiques de guet-apens,
et la même collaboration de mystique reli-
geuse et politique.
——————'————— e tamttt———————,_
EN ROUMANIE
Les étudiants se livrent
à des manifestations antisémites
Bucarest, 11 décembre. — On manqe de
Jassy que des manifestations se sont produl-
tes; les étudiants ont démoli la synagogue
et molesté les juifs. La police à pu rétablir
l'ordre au bout d'une heufe d'efforts. Une
quarantaine d'étudiants ont été arrêtés.
L'enquête se poursuit sur les incidents des
jours précédents.
1'1'11
UN DIMANCHE A LA CHAMBRE
La discussion de la loi de finances
—.
Le Sénat commencera mardi l'examen du budget
-»' 1 - C ————
La Chambre a siégé hier toute la
journée et la plus grande partie de la
nuit pour examiner et volet les articles
de la loi de Finances — autrement dit
le budget des recettes.
La discussion a été des plus laborieu-
ses. La plupart des articles ont fait l'ob-,
jet de débats ou de demandes d'explica-
tions et la Commission a été submergée
sous un flot toujours renouvelé d'amen-
dements.
Parmi les décisions importantes pri-
ses par la Chambre, il importe de signa-
ler le vote des dispositions qui, exonère
de la taxe de première mutation les ac-
quisitions d'exploitation rurale réalisées
par des agriculteurs pensionnés de guer-
re au moyen de prêts des caisses de cré-
dit agricole; la disjonction de l'article
qui tordait à infituer une taxe unique
de 50 p. 100 sur les spécialités pharrna-
ceutiques; le renvoi à la Commission
des textes concernant la radiophonie ;
le relèvement des pensions d'ancienne-
té et le droit de suite du projet des ar-
tistes.
Infatigable, M. Fernand Bouisson a
présidé avec autorité et esprit, de décision
ces longues séances.
Au Sénat maintenant 'de faire dili-
gence. dil~i-
E. D.
LA SEANCE DU llf.4TIN
C'est M. Fernand Bouisson qui préside, et
chose curieuse, l'assistance est particulière
ment nombreuse pour une séance du matin.
Le débat s'.enga:ge sur l'article qui exempte
de la rétroactivité de l'impôt les partisans
bénéficiaires de la loi du 30 juin 1923, qni
ipont considérés comme commerçants ou in-
dustriels, bien que travaillant seuls.
À la demande de M. de Monicault,. cet ar-
ticle est disjoint.
Le même de Monicault demande la disjonc-
tion de l'article 2 qui modifie l'impôt sur les
bénéfices agricoles en cas de métayage.
M. Poincaré appuie la demande de disjonc-
tion.
Un vote, mais le scrutin donne lieu à poin-
tage et" tandis qu'il s'effectue, la discusiSion
se poursuit jusqu'à l'article trois (exonéra-
tion de la taxe de 7 0/0 sur la première muta-
tion pour les agriculteurs pensionnés de
guerre) qu! est adopté.
M. Poincaré expose qu'on a demandé à la
fortune acquise une ressource exceptionnelle
pour dotér la caisse d'amortissement. C'était
un prélèvement sur les biens fonciers. La
taxe de 7 0/0 rapporte 300 millions. Le ra-
lentissement des transactions immobilières
provient en réalité du changement de la si-
tuation monétaire. On rentre dane la nor-
male. Les mutations sont encore plus nom-
breuses qu'en 1913.
A ce moment, le président fait connaître
le résultat du scrutin sur la disjonction de
l'article 2 sexiès a.
La disjonction est prononcée par 254 voix
contre 251.
Les spécialités pharmaceutiques
Sur l'article 4 noniès, s'engage un grand
débat sur les spécialités pharmaceutiques.
Voici les dispositions qui remplacent l'arti
cle 151 du décret de codification du 2S dé-
cembre 1926.
Un impôt est établi sur les spécialités
portant une dénomination particuière et pro-
priété exclusive de l'inventeur. Cet impôt est
basé sur le prix de vente au détail. Le tarif
(Photo Henri Mauuel)
M. Léo BOUYSSOU
Vice-président de la Chambre
est fixé à 5 centimes par franc ou fraction
de franc. -Sont exemptés les produits que les
pharmaciens préparent pour les livrer direc-
tement sans publicité. Les stocks seront re-
pris par voie d'inventaire pour le recou-
vrement des droits exigibles. Les déclara-
tions des intéressés devront être faites dans
les trois jours.
M. Emile Vincent demande la disjonction
de cet article en faisant observer qu'ainsi
seront frappés els médicaments les plus ac-
tifs jusqu'ici exonérés, tels que sérums.
solution colloïdale et préparations radioacti-
ves. Notre exportation en souffrira.
H. Poincaré fait observer que le contraire
est la vérité.
Enfin, dit M. Vincent, cette taxe atteindra
surtout les malades.
M. de Moro-Giafferri se défend de vouloir
du mal aux pharmaciens mais indique que le
texite proposé frappera non point la santé
publique et les malades, mais les spécialités
elles-mêmes. Il chiffre les conséquences de
cette disposition.
(VOtr la suite en deuxième poge.)
LA VIE FINANCIERE
La consolidation de la dette
et de la monnaie
—————————————————— ¡ale -
On observe depuis quelques mois,
dans notre économie monétaire, des phé-
nomènes qui paraissent en contradic-
tion avec ce que nous pouvons croire,
rationnellement, de notre système finan-
cier.
Un des fondements de ce système,
dans les conditions où il fonctionne ac-
tuellement, c'est la constance de la cir-
culation des billets de banque, pour un
degré donné d'activité de la production
et des échanges, pour un certain niveau
des prix et des salaires, enfin pour les
habitudes de la population concernant les
dépôts en banque et l'emploi des chè-
ques. Toute la théorie du « circuit » est
fondée sur ce théorème, et nous en avons
vérifié souvent la démonstration objec-
tive. Par corollaire, il est Dermis de pré-
voir que la circulation doit diminuer si
les prix baissent et si l'activité économi-
que se ralentit; car on ne peut espérer
modifier rapidement les habitudes de la
population, autant avoir, comme on l'a
dit, la prétention de construire une vieille
maison.
Cette déduction rigoureuse mais élé
mentaire ne se vérifie malheureusement
pas chez nous en ce moment. L'activité
économique du pays n'est pas brillante;
les prix sont en baisse générale; —
mais la circulation fiduciaire est en aug-
mentation de trois milliards par rapport
à juin. Ce gonflement anormal apporte
un démenti désobligeant à la doctrine.
H importe, pour l'honneur de celle-ci, de
trouver des explications convenables.
Plusieurs nous ont été offertes, qui
sont des plus plausibles. Il n'est pas dou-
teux, en particulier, que le circuit ne
fonctionne pas instantanément. Il y faut
du temps. On peut donc admettre que
certains des gros paiements effectués
entre les mains des fonctionnaires de
l'Etat ne se sont pas encore résorbés.
On a invoqué, d'autre part, l'accrois-
sement des besoins de signes monétai-
res en fin d'année. C'est, en effet, un
fait d'expérience. Mais peut-on faire
état de ces besoins saisonniers dès la fin
du mois de novembre ? Cela semble très
discutable.
Reste enfin l'explication tirée de la
consolidation progressive de la Dette
flottante; M. E. Mireaux en démontre le
mécanisme, dans « la Réforme Economi-
que » avec une parfaite clarté. Dans no-
tre système monétaire, tel qu'il a fonc-
tionné jusqu'à ces derniers mois, grâce
à l'interpénétration très étroite de la
Dette flottante et de la Circulation, « la
dette flottante se transformait en mon-
naie, — ou bien, inversement, la circu-
lation se coagulait sous forme de dette
flottante. Il en résultait que les titres
représentant cette dette, en l'espèce les
Bons de la Défense Nationale, pouvaient
jouer et jouaient, dans une certaine me-
sure, le rôle de monnaie. »
La conclusion est que la consolidation
actuelle de la Dette flottante entraîne
fatalement un gonflement de la circula-
tion, gonflement qui l'emporte jusqu'ici
sur la rétraction provoquée par la baisse
des prix et le malaise économique.
C'est la seule explication actuellement
L'ITALIE SOUS LA DICTATURE
M V. Nitti et Labriola
rayés du barreau de Naples
Milan, 11 décembre. — Une commission
royale vient d'examiner, à Naples (aux ter-
mes de l'article premier du décret du 6 mai
1926), la situation de M. Nitti, ancien prési-
dent du Conseil, et de M. Labriola, ancien
ministre du Travail, vis-à-vis de l'Ordre des
avocats.
Elle a tenu contre M. Nitti l'accusation
d'avoir exercé à l'étranger une action préju-
diciable aux intérêts nationaux. Quant à M.
Labriola, la Commission a estimé que « le
simple fait de s'être expatrié clandestine-
ment semble devoir prouver, surtout étant
donné les antécédents politiques du personna-
ge, qu'il entend se livrer, hors des frontiè-
res, à une propagande hostile au régime ».
Les deux anciens ministres, d'ailleurs, ne
peuvent plus être considérés comme résidant
à Naples.
Pour toutes ces raisons, la commission pro-
pose que MM. Nitti et Labriola soient, con-
formément à la loi, rayé de l'Ordre les avo-
cats.
satisfaisante. Elle nous amène à envisa-
ger sans crainte un accroissement ulté-
rieur possible, sinon probable, de la cir-
culation quand la consolidation sera
achevée, en supposant toutes choses
égales d'ailleurs. Ce sera la contre-partie
de la disparition de la Dette flottante; et
elle ne présentera aucun inconvénient
puisqu'elle exprimera seulement le rem-
placement d'un instrument de paiement
par un autre.
F.-F. LEGUEU. >
—————-—-
Politique étrangère
M. Henry de Jouvenel, en qui
tant de Français, et je suis du nom-
bre. avaient pressenti un vigoureux
chef de parti, détient un privilège.
celui de capter par intervalles, et à son,
choix. l'opinion publiaue. Sa dernière mani-
festation en ce sens consiste dans l'article
« La guerre des pactes », par lui publié dans
la Revue des Vivants.
Le Rappel a dit hier à M. de Jouvenel. par
la plume de notre directeur, tout le bien,
qu'on pense ici de sa thèse sur les Partes.
M. Edmond Du Mesnil. en qui ses adversai-
res politiques eux-mêmes reconnaissent un
des maîtres du iournalisme, tant par l'esprit
que par le discernement. a dû cependant, tout
en approuvant les idées générales de « La,
guerre des Pactes n, formuler quelques ré-
serves. Qu'il me permette de l'en féliciter et
de l'en remercier.
--. Condamner les pactes, jeter l'anathè-
me sur les vieilles traditions diplomatiques
qui nous ont valu tant de coups de canon, tant
d'hécatombestant d'années perdues pour la
construction (lu grand édifice social, c'est
évidemment fort bien.
Mais pour sagement juger le sujet, ce n'est
pas au jour (lu pacte franco-yougoslave qu'il
convient de se plarer. Il faut remonter il fa
paix russo-allemande 4e Brest-Litovsk. attx
accords entre les- fleii..r nations de Vest euro-
pèen qui ont complété cette paix d.
tions. aux fautes incluses dans le traité de
Versailles.
- La grande guerre terminée, la France
victorieuse avait atteint les buts pour les-
quels elle n'aurait pas, d'elle-même, déclaré
la guerre, mais qui s'imposaient dès l'instant
oî elle rivait été mise dans l'inéluctable obli-
gation de prendre les armes.
- Mais que s'est-il produit ? L'Allemagne
a conclu des accords avec la Russie. cette
Russie bolchevique qui a déclaré à l'univers
une guerre sans merci. L'Allemagne, encore,
a réalisé avec VAutriche lr pacte tadte. (1
défaut du pacte écrit, d'où doit sortir l'Ansch-
luss, ou rattachement de l'Autriche au Reich.
La Russie, de son côté, se couvrant de la
III' Internationale, contracte de toutes parts,
et principalement en Franc, des pactes mul-
tiples avec les assujettis de la III" Interna-
tionale. Ces pactes ont un but avéré, défini :
ruiner les moyens de défense des Etats cons-
titutionnels. dits a Etats impérialistes »,
pour les livrer pieds et poings liés à la Rus-
sie soviétique ou, si l'on préfère, à son alter
ego, la IIIe Internationale. Et, par surcroît,
le gouvernement- de Moscou agit en Chine,
en Turquie, en Lithuanie, dans les colonies.
L'Europe. VAsie sont menacées d'un formida-
ble et imminent cataclysme. Que faire f
- Recourir à la Société des Nations ?
La Russie n'en fait point partie, les mem-
bres de la IIP internationale n'ont pour elle
que railleries et dédain. La France y occupe
une situation mineure. Elle y est dominée
par le nombre des sièges et. consécutivement,
par le nombre des voix, par VAngleterre avec
ses Dominions, par VAmérique même, encore
que les Etats-Unis ne soient pas adhérents,
eux non plus.
Canine DEVILAR.
————————— t-ttt-~~-t —————————-
A GENEVE
Le règlement du conflit
polonolithnanien
Remerciements de M. Valdemaras
à M. Briand
Genève, 11 décembre. — M. Valdemaras,
président du Conseil de Lithuanie, a rendu
visite ce matin à M. Briand pour le remer-
cier de son intervention dans le différend
polono-lithuanien.
L'entretien des deux ministres a duré assez
longtemps.
Après le d-part de M.Valdemaras, M. Briand
s'est rendu chez sir Austen Chamberlain,
avec lequel il a déjeuné. Sir Ronald Gra-
ham, ambassadeur de Grande-Bretagne, assis-
tait à ce, déjeuner.
Le président du Conseil de Lithuanie
quitte Genève ce soir.
Le départ du maréchal Pilsudski
Le maréchal Pilsudski, qui devait partir
hier par le train de une heure du matin a
encore passé la nuit à Genève et n'a pris que
le train de 7 heures à destination de Var-
sovie.
Déclarations de M. Valdemaras
Genève, 11 décembre. — Il résulte d'une
déclaration verbale faite cet après-midi à 'a
presse internationale par M. Valdemaras.
président du conseil de Lithuanie, qu'aux
yeux de ce dernier la résolution votée dar.s
la nuit de samedi à dimanche par le con-
seil de la Société des nations ne doit entraî-
ner, au moins pour le moment, aucun chau-
cement de fait dans les rapports polono-ii-
thuaniens, ni au point de vue politique. n\
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