Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-01-27
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 janvier 1882 27 janvier 1882
Description : 1882/01/27 (N801,A4). 1882/01/27 (N801,A4).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2012
Gtt, - BLAS. — Vendredi 27 Janvier 1 »««
jyévocaient en, cas de désobéissance, comme cela
a eu lieu en Angleterre-vers la nn du dernier
(siècle, ils créeraient nécessairement contre eux
fun courant d'opinion autrement qangereux.
¥ Athènes, 22 janvier. — Un crime horrible
orient d'être commis à Pahus.
i Le domestique d'un propriétaire de cette loca-
lité, M. Wood, profitant de l'absence de son maî-
tre, à tenté de commettre un odieux attentat sur
la servante Marie D.
Celle-ci s'étant vigoureusement défendue, le
jforcené s'est élancé tout à coup sur elle ét, après
ftui avoir coupé la gorge à l'aide d'un rasoir, il
l'a inondée de pétrole, auquel il a mis ÏP feu.
L'assassin a pris ensuite la' fuite, en emportant
une somme de cinq, mille francs déposée dans un
tiroir. 4a cinq, mille francs
{ Le cadavre de la bonne a été retrouvé une
teure' après, complètement carbonisé.
:. Quant à l'appartement de M. Wood qui est
devenu en peu d instants la proie des flammes, il
été complètement détruit. "-'
t Constantinople, 20 janvier, — Le brigandage
; £ ur la frontière turco-hellénique a pris dans ces
derniers temps une telle extension que les deux
gouvernements limitrophes ont senti le besoin
une action commune pour réprimer ce fléau.
: Les bandes qui infestent ces régions sont si
portes et si nombreuses que quelquefois elles
réussissent à tenir tête même, aux colonnes mo-
iules envoyées contre elles.
• En présence de cet état de choses, la conclu-
pion d'une nouvelle convention entre la Turquie
et la Grèce pour la poursuite du brigandage est
devenue urgente. la-pours ui ite.. 'd 9 brigtiidage est
Louis Rozier.
■jf?"*". 11 1 ■' Mlgfr'i r
, ," L'UNION ;
DES FERMES PEINTRES ET SCULPTEURS
La mode est aux associations d'artistes
et aux expositions par groupes ; après les
aquarellistes, les paysagistes, les impres-
sionnistes et les animaliers, voici les fem-
ines peintres et sculpteurs qui .se réunis-
teent pour appeler l'attention 4u public sur
leurs œuvras. ,
; Dans l'exposition qui ;se se tient, 49, rue
Wivienne, il manque beaucoup de noms
connus. L'année prochaine. elleseracom-
aplète.
r Les portraits sont nombreux. Il y en a
uelqties-uns dignes d'être remarqués.
:Portrait de Mme Félicie Schneider est
fcrès bien dessiné et d'un joli mouvement ;
,Wexécution et la couleur rappellent l'école
anglaise., -
l Mlle Marie Robiauet remporte un suc-
jfcès avec son Portrait de Mme X. C'est:
i¡¡ne fort jolie femme, a.,la. taille svelte ;
iélancée, vêtue d'une robe de soie noire I
klécolletée qui fait admirablement valoir ?
ga taille fine et cambrée. Elle tient droite l
ièt haute sa jolie tête blanche et rose; un
chapeau de velours noir, orné d'une plume
d'autruche, la coiffe à ravir. Les chairs, :
d'une très jolie couleur, sont peintes sim- <
jplement avec une grande recherche de la
jvérité et une facture très large. Les soie-
jries sont très habilement-exécutées. Il est
ffâcheux que les draperies du fond, sur les-,
Quelles se détache la figuré, manquent de,
istinplicité; dans une certaine mesure, cela:
nuit à l'ensemble.
Nos félicitations à Mlle Amélie Valen-
--Itino - le Portrait de Mme X.., est remar-
quable sous tous les rapports ; un senti-
ment exquis de la forme et de la couleur, une
touche ferme et délicate avec de jolies op-
positions de tons. , j|
V Mme Cladée;La Vilette expose un Effet
me- soleil, Port-Louis (Morbihan). L'effet
général est parfaitement observé; au pre-
mier plan des roehers couverts de mousse
émergent au flot montant;; à l'horizon le
soleil se reflète dans la mer; mais pour-
quoi ces formidables épaisseurs de cou-
jljeurs dans les parties lumineuses ? cela
'{fait des lourdeurs désagréables à Fcell.*
Jh" coin de village dans le Perche, de Mme!
îjLavieile, nous fait songer à Corot ; il y ai
quelque chose de la distinction et de la
poésie du maître dans cette charmante
étoile, j
- N'oublions pas de signaler deux excel-
ilents tableaux de Mlle Formstecher. :
- Parmi les meilleurs, il faut encore citer
mn charmant émail : La Charmeuse d'oi-
séauœ, de Mlle Claire Chevalier. Jeune
fille de l'île de S., joli dessin aux trois
-crayons de Mme Van-den-Brock; des
Aquarelles .très réussies de Mine F. Schnei-
der, un portrait de Léon Cogniet, parfai-
tement dessiné, brillant de couleur, par
Mlle R. Thévenin.
,. Paul de Katow.
;' Gil Bios à Nice
Nice, 24-janvier.
Les .courses finies et-bien finies, par un
.temps ensoleillé comme on en a, à Paris, en
juillet seulement, les distractions n-e nian-
quent pas pour les gens du high-life.
; Il y a d'abord les grands dîners de lady
:paithncss,qui font sensation. Elle a. un Tram-
;g)eMe de premier choix. Samedi, dîner de
trente couverts. Parmi les invités: Leurs AI-
ites s es serénissimes le prince-et la princesse
de Solms, la comtesse de Ghambrun, la mar-
fuise de Noailles, le major et Mme Dundlay,
fa vicomtesse Vigier, le prince Ganolath, etc.
lpes dîners sont très recherches. Mais il y a
feu d'élus. Une trentainede convives chaque
lois et triés sur le volet. Lady Caitchness est
en graad deuil de son épotix, et elle ne; don-
nera pas de bals cette saison. Elle, se con-
tente de ses dîners et réceptions intimes,
auxquelles préside son fils, le comte da Po-
mar.
Dimanche, il y a eu grand dîner de vingt-
cinq couverts, chez la marquise de Ligneries,
suivi de réception. Monde des plus choisis..
.- Hier lundi, dans l'après-midi, grande ré-
ception et matinée musicale chez la màcquise
de Saint-Aignan, dans sa supèrbe villa. On
inaugurait une galerie splenaide. Musique et
femmes charmantes, car toute la haute so-
ciété s'était donné rendez-vous chez la mar-
quise pour entendre. chanter l'oratorio d'un
grand prix de Rome, M. Clément Broutin : la
Fille de Jephté, chanté par M. Louis Borthé
avec un succès que Capoul eût envié sous
tous les rapports.
M. le comte de ; Faverney et la cousine de
miss Botterfield ont chanté, fort bien ma foi,
le duo de Rigoletto.
Assistaient à cette brillante réception mu-
sicale, la princesse de Torremazza, Ja com-
tesse de Reculot et sa. charmante fille, le
comte et la comtesse * de Chambrun, Ja prin-
cesse Lobanoff, le prince Carola.th, Mme de
-
Vissaguet, miss Robinson, etc., etc.
Après un. après-midi aussi bien rempli, il
semblait que l'on devait ,s.e reposer. Ah ! bien
oui ! et la soirée de M. Gambard ? En effet,
-hier au soir, il: y avait réception à la villa
des Palmiers, et il faut vous dire q.uo l'on ne
manquerait pas ces rèceptions-là, pour bien
des raisons.
D'abord, on y trouve une société choisie,de
jolies et élégantes misses, et on y fait de la
bonne musique.
trous les agréments, quoi, ,car vous savez
que les yeux ont de quoi se satisfaire à tous
les points de vue, M. Gambard possédant cer-
tainement une .des plus belles galeries de ta-
bleaux de l'Europe, pour ne pas dire même
du monde. H y a là des Meissonier que les
Américains couvriraient d'or, et des Rosa
Bonheur qui n'ont pas de prix.
La réception de M. Gambart, d'hier au soir,
a été très animée, comme tout le faisait sup-
poser et comme je vous l'avais annoncé. Suc-
cès immense pour Mme Conneau et M. Jjouis
Berthé, dans le duo de Carmen.
M. et Mme Howard viennent d'avoir une
idée originale : ils ont .invité tout le high iife
niçois à une réception qui aura lieu le 7 fé-
vrier, de quatre heures à dix heures. L'inno-
vation consiste en ceci :
Les dames arrivent, dès quatre heures, en
grandes toilettes décolletées, et les hommes
en habit noir. Causerie et musique de quatre !
heures à sept heures. A sept fftevy,es» !on se;j
mettra à table pour dîner, et on quittera la
table pour le bal. j
C'est une idée assez originale ,ct exécutée
ici, pour la première fois.
Dame on n'est pas iAméric^^i :p:Jur rien,
après tout.
Une grande,nouvelle, une .primeur que je
vous envoie : Il est question d'une représen-
tation dans .les salons de la vicomtesse Vi-
gier. On jouerait ou le 4e acte des Huguenots
ou le 4e acte d'Aida. Le choix n'est pas en-
core arrêté. Naturellement la vicomtesse Vi- ,
gier redeviendrait Sophie Cruvelli pour un
soir et chanterait le principal rôle. M. Louis
Berthé, déjà nommé, im ténor qui aurait cent
mille livres de rente dans son gosier, s'il
voulait l'exploiter, mais qui, pour le moment, 1
se contente de les avoir dans -sa poche, se
ferait également entendre. •O'est voue dire
que l'on s'arrachera les invitations.
Voilà, vous en conviendrez, une page bien
remplie d'un carnet d'un mondain. Je suis
sur les dents. Et moi qui étais venu à Nice
pour me reposer ! j
JOURNAUX ET REVUES ;
Le Voltaire nous met au courant de
l'attitude que compte garder ;M. Gambetta
pendant la discussion du. projet de revi-"
Sion. ,," l
.Un certain nombre 4c députés se sont ren-
d'us au ministère des affaires étrangères etî
ont entretenu le président du conseil. QueP
ques-uns lui ont conseillé de déclarer à la
tribune qu'il renonçait à l'introduction duj
scrutin de liste dans la constitution. M. Gam-
betta a repoussé énergiquement .un pareilj
avis. Il a répondu : « .Je compte faire triom-t
pher mes idées, et ma confiance vient de ma;
profonde conviction dans l'utilité de la ré-i
forme que je propose. » 1
Le président du conseil a expliqué à ses in-
terlocuteurs qu'en demandant à la Chambre
de faire entrer dans le programme du Con-
grès le paragraphe 2 de l'article ler de la loi
du 25 février 1875, il ne lui demandait nulle-
ment une adhésion au scrutin de liste pas plus
qu'au scrutin d'arrondissement, mais seule-'
ment l'autorisation de traiter la question de-
vant l'Assemblée nationale.
Pourquoi lui refuserait-on de plaider cette
cause ? Si les députés et les sénateurs, réunis
à Versailles, après, avoir écouté ses argu-
ments, ne les trouvent pas convaincaints, ne
pourront-ils pas toujours voter contre ?
On voit que nous sommes .déjà loin des
allures cassantes de ces derniers jours.
M. Gambetta; dit encore que s'il a accepté
la présidence dp conseil, ce n'est pas pour le
plaisir d'exercer le pouvoir, mais parce qu'il,
croyait avoir des idées à appliquer, des réfor-
mes à introduire, des principes à faire triom-
pher pour le bien du pays et dans l'intérêt de
la démocratie. Ces idées, ces réformes et ces
principts, tout le monde'les connaît, "le pays
entier les a acclamés en maintes Circonstances
et y a vu son salut.
« Or, ajoute-il, au moment où je suis sur
le point de les faire passer de la théorie dans
la pratique, la Chambre jette les hauts cris,
elle les condamne, elle les repousse, comme
s'il y avait surprise de Sa part ou forfaiture de
la mienne. Dans ces conditions il ne me reste
qu'une chose à faire, me retirer. J'ai d'autres
manières de servir mon pays que de rester
aux affaires. »
Si c'est dans la revision telle qu*il nous
la présente et dans le scrutin de liste que
M. Grambetta fait consister ses réformes
gouvernementales, c'est une absolue dé-
ception.
Le pays,, croyons-nous, n'attache au-
cune importance à de pareilles chinoise-
ries, qui ne peuvent que l'agiter sans lui
procurer aucun avantage matériel et moral.
De bonnes lois économiques feraient
bien mieux son affaire.
La France insiste pour qu'on renvoie la
revision à une époque plus éloignée.
D'après notre confrère, la question n'est
n'est pas mure et les solutions ne sont pas
suffisamment étudiées:
Si le Congrès se réunit, il bâclera une oeu-
vre bigarrée comme l'habit d'Arlequin. La
Constitution ressemblera à une famille où
chaque enfant aurait un père différent. Ce
n'est vraiment pas faire acte de patriotisme
que de remettre certains suj ets en délibéra-
tion pour aboutir à donner naissance 'à un
être difformc, La revision n'est pas à terme
Quand elle le sera, une Convention spé-
ciale offrirait seule les garanties véritables
pour assurer l'avenir pacifique de Ja démp-
cratie française.
Mais on s'arrête difficilement sur une pente
rapide lorsqu'on s'y est lancé sans prudence.
Il est probable que la raison et la logique ne
triompheront pas d'un mot, celui de « revi-
sion » qui comme jadis le cri de' « réforme »,
pourrait devenir un danger révolutionnaire.
C'est même pour cela que M. Gambetta est
un grand coupable d'avoir renié ses sages
paroles de Cahors,
Du carnet de notre -confrère, M. A.
Boii^eart^t tÇbarivpri :
Il faut croire aux médecines pour guérir du
mal dont ils n'ont pas ie remède.
Parler sans avoir réfléchi, c'est lâcher 4a
détente avant d'avoir mis la balle. Faut-il
s'étonner que le coup ne porte pas?
Jem ,pi&ew%* t
i-
',£000_1 DE t'&mDICI
PROCÈS GHALLE'tftSL-LA.eOUn. rr- ^OQHEFpRT
DEVANT ni ;CO©R D'OPEL, -t- POiW-SUITES
DISClPLINAIRES CONTRE DES MAGlSTRATS.
Il y a un mois, M. Rochefort obtint de-
vant le tribunal correctionnel un de ses
succès de procédure dont il ne faut cas
.trop se hâter de triompher. ,Ea effet, qu'en
est-il résulté? C'est qu'aujourd'hui iM.
Rochefort est,en.présence -de deux pour-
suites en diffamation, la première qui a
semblé un instant éteinte par un vice de
procédure et que fait revivre l'arrêt d'in-
firmation, rendu hier sur 1q, plaidoirie de
Me Allou ; 4a seconde qui viendra jeudi
prochain, 2 février, fondée sur quatre nou-
veaux articles * diffamatoires publiés au
'lendemain du jugement du '29 décembre,
inspirés par la joie du triomphe et l'es-
poir de l'impunité. M. Ohallemel-Lacour
réclame -20,000 Ifr. par chaque, citation.
Toute l'audience des appels correctionnels
a été remplie par un débat approfondi sur
l'interprétation de la loi nouvelle dont les
imperfections sont appelées à donner de
;la besogne à la cour régulatrice, il s'agit
-de fonder une jurisprudence et c'est là une
tâche assez aride. ;
Nous ne pouvons cependant passer ab- [
solument sous silence une discussion qui ;
intéresse tous ceux qui, plaignants ou ?
prévenus, seront appelés à recourir à If !
nouvelle loi sur la presse. j
Ce qu'a voulu la loi nouvelle, dit Me Allou, 1
c est que celui qui se plaint d'une diffamation
,indique très nettement au diffamateur l'écrit 1
signé de lui qui motive la poursuite et la |
.disposition do loi qui emporte la pénalité
dont il est menacé ; le -reste n'est qu'accès-
soire. Si la citation devait contenir la men- !
tion de tous les textes imposée pour la réga-
larité d'un arrêt de condamnation, ce serait
une prétention excessive qui ne résulte ai du !
texte de la loi nouvelle, ni même de Foii es-
prit comme l'ont pensé les premiers juges. ;
Cette loi du 29 juillet dernier a été conçue
dans un esprit trop'large, trop libéral, pour
qu'on puisse prêter a,u législateur la pensée >
d'avoir voulu envelopper le droit du diffamé
dans un formalisme gênant 'et perfide : s'il
lui fallait citer tous les textes que demandent
les adversaires, ce serait l'obliger à un véri-
table cours de droit pénal.
Me Alloue fait savoir 'à la cour que son
client a dû assigner de' nouveau M. Roche-
fort, qui n'est jamais à court, de diffamation,
et cette fois la citation, pour se conformer î'
à la doctrine des adversaires, qui estenpar- ,
tie celle du jugement dont la réformation est
demandée, a dû énumérer et reproduire tant
de textes qu'elle, remplit cinq pages. Elle dé- :
montre toute la puérilité de ce système inad-
missible.
On ne peut, en vérité, soumettre tous les ,
pauvres diffamés à de pareilles exigences,
car ce ne serait pas trop des lumières réu-
nies de plusieurs jurisconsultes pour rédiger
une citation, afin que sa régularité soit à.l'a-
bri d'une nullité. Ce n'est' psas là ce que la
loi a voulu, et la jurisprudence n'aura garde
de consacrer de si regrettables subtilités .de
procédure.
M. l'avocat général Villetard de Laguerrie,
par des considérations tirées du texte de la
loi nouvelle, rapproché de celui des lois an-
ciennes et du code d'instruction criminelle,
démontre que la citation n'est tenue qu'à in-
diquer le texte seul de l'article .qui em-
porte la pénalité; c'est le seul que lépré-
venu soit intéressé à conhattre. Il conclut
donc à l'affirmation du jugement. Il colicjgt
l'le Gatineau défend la thèse qui a prévalu
dans la décision des premiers juges, et qui —
il en donne l'assurance pèrspnnclle à la cour
- est celle de la commission parlementaire
qui avait préparé la loi. Celle-ci a voulu
donner des garanties à la défense, et en cela
elle mérite l'éloge qu'on. lui a adressé en
l'appelant une loi libérale.
La cour, dans un arrêt longuement motivé,
déclare que dans aucune de ses dispositions
la loi nouvelle n'indique ce formalime outré
qui ferait peu d'honneur au législateur de
1885.
L'article 43 dont l'omission a paru suffi-
sante aux premiers jugés pour constituer la
nullité, n'avait rien à voir dans l'affaire, alors
surtout que se trouvait indiqué dans la
citation la qualité des deux prévenus qui, l'un,
en qualité de gérant, c'est-à-dire d'auteur
principal et l'autre en qualité de rédacteur
de l'article, c'est-à-dire de complice, avaient
.chacun une part de responsabilité déterminée
par la loi de droit commun ; que la mention
de cet article devenait dès lors superflue.
Infirme, déclare la citation régulière et ren-
voie au 1er février pour plaidèr le fond.
Ainsi, la Cour/comme c'était son droit,
a évoqué le fond du procès. Il résulte de
toute cette évolution de procédure que M.
Rochefort va se trouver privé, sur la plainte
primitive, du premier degré do juri-
diction. Le lendemain, 2 février, il devra
répondre devant la huitième chambre à
ia nouvelle citation en diffamation, signi-
fiée par M. Challemel-Lacour, dont on ne
lasse pas facilement la ténacité.
Encore des poursuites contre des magis-
trats. Il s'agit de deux magistrats du Midi.
l'un président du tribunal d'Avignon, l'autre
avocat à Carpentras, faisant, au tribunal de j
,çette ville, fonctions de juge suppléant. 'j
M. le .garde des sceaux avait provoqué des
poursuites disciplinaires contre f un etTautre. :
Le premier était M. Benoist de là Paillon-
,ne,. président du tribunal d'Avignon..Ce ma-
gistrat avait, le 14 juillet dernier, jour de la ;
fête nationale, renversé lui-même les lan-
ternes vénitiennes qui complétaient l'illumi-
nation et aussi les écussons portant .les i ni-
tiales R. F. Il paraît que.le conseil municipal j
s'était borné à voter un maigre crédit de j
15 francs. ;
On ne pouvait avec ce crédit donner beau-
coup de lustre à la fête. L'un des substituts.
froissé de cette parcimonie,aurait envoyé des
lanternes vénitiennes et des écussons. En les
apercevant le président du -tribunal s'est
écrié : « Qu'est-ce donc que tout cela ? » et
s'adressant au çoncier-ce du tribunal, lui au-
rait dit: «Démolissez-moi tout cela. ?-Le
conciergie était fort hésitant; il alla chercher
une échelle, puis assura qu'elle était trop
courte; il estimait qu'il était sage de donner -
à son président le temps de la réflexion.
mais non. L'impatient magistrat renversa
lui-même de sa canne les lanternes vénitien-
nes et les écussons aux initiales républi-
caines.
Cette démonstration .en amena une autre
le lendemain. Des esprits exaltés youlaient
s'opposer à ce que le président montât sur le
siège. L'autorité réussit à calmer Jeses..
prits.
Le président de la Paillonne se présente
devant la cour et soutient qu'on devait res-
pecter les volontés du conseil municipal et ne
pas aller au delà de ce qu'il avait décide.
-M. l'avocat général Giarrins, eu l'absence
de zM. de procureur général BertUauld, éloi-
gné par la maladie, a insisté pour qu'une
peine disciplinaire rappelât l'impétueux,pi;ési-
4ent.la.jùpjJ.écaïûûjo Jbà j~~i~ qui con-
viennent,à un magistrat.
La cour, après avoir entendu Me Sabatier
qui réclamait l'acquittement du président, a
prononcé contre celui-ci un mois de suspeu- I
sion de ses fonctions. ¡'
Le cas du second magistrat du juge sup-
pléant de Carpentras, M. Paussier, est plus
grave. ¡
Celui-ci, dans un banquet qui n'avait rien Í
de privé, donné à l'occasion de la Saint-
Henri, avait porté des toasts aux cris sédi-
tieux de : Vive le roi ! Il avait été plus loip,
il avait prononcé un discours daus lequel il
insultait individuellement et nominativement
chacun des membres du gouvernement, à
commencer par le garde des sceaux, qu'il
.appert « Danton de cartons. Le lendemain,
ce discours .paraissait dans les colonnes du
journal de là localité, le Comtat.
M. Paussier ne se présente pas devant la
cour. Pour expliquer son absence il a adressé
aux magistrats et à la cour une lettre qui ne
saurait être .considérée comme une défense,
puisqu'il déclare préférer la déchéance à une
démission. Il se montre, il est vrai, respec-
tueux envers la cour, mais tout aussi mépri-
sant envers les membres du gouvernement
qu'il l'avait été dans le discours publié parile
Comtat. :
En terminant il disait à la cour :
« A la sentence que vous prononcerez, on -
jugera si vous êtes une magistrature libre
ou asservie. »
*****
M. Coustiller, rédacteur de l'Intransigeant,
est traduit devant la onzième chambre cor-
rectionnelle sous la prévention d'injures en-
vers des officiers de l'armée. La scène se
passait devant la caserne du Château-d'eau.
Le sergent de planton a la consigne de ne pas
laisser la foule stationner devant la porte
d'entrée, pour voir les mouvements qui ont
lieu dans l'intérieur des cours. Sur l'observa-
tion du planton, la foule avait obéi; seul, M.
Coustiller s'approchant du sergent et lui par-;
lant en quelque sorte sous le nez : « Que
voulez-vous, espèce de pioupiou, vous n'êtes
pas sergent de ville., » - •
Survient un capitaine adjudant-major qui
s'informe de 'ce qui se passe. M. Coustiller
s'approchant à son tour de. lui : « Je suis ré-
» dacteur de l'Intransigeant. Ce n'est. plus
» aujourd'hui comme à Versailles, il n'y a
» plus de fusillards. »
M. Coustiller a été mis en état d'arresta-
tion, puis relâché. Cité hier devant la police
correctionnelle, il a fait défaut. Le tribunal
l'a condamné à trois mois de prison.
Autrefois, il n'était question au théâtre que
d'oncles d'Amérique ce - n'est cependant seu-
lement au-delà de l'Océan qu'on trouve des
héritages i:> - néré;. L'Egypte et les ~h~~a
du Levant ont au&si le privilège de voir éciore
des successions qui feraient bon effet dans le
monde de la fiction comme dans le monde
réel.
Il existe à Paris des hommes d'affaires qui
ont la spécialité de découvrir des jsuccessions
qui sans eux tomberaient en déshérence ét
feraient retour au domaine. L'un de ces ha-
biles spécialistes est M. Bellanger qui prend
la qualification de généalogiste.
Il était un jour 'allé trouver des pâtissiers
.des Andelys, et leur fit l'ouverture suivante :
« Une personne fort riche dont vous êtes
les héritiers incontestables vient de mourir.
Cette parente, que-vous n'avez jamais connue,
dont seul je sais l'existence, laisse une fortune
que je m'engage à vous faire recouvrer à la
condition que vous m'abandonnerez le quart
des sommes que vous encaisserez. Vous né
courez aucun rique, puisque vous n'aurez à
me payer quelque chose qu'autant que vous
aurez encaissé une somme trois fois plus con-
sidérable. »
Ce raisonnement était saisissant ; les frères
Delacour, après avoir bien réfléchi e.t s'être
rendu compte que ce qu'ils avaient de mieux
à faire était d'accepter la proposition qui leur
était faite, signèrent un petit traité don-
nant au généalogiste Bellanger le quart de ce
qui serait recouvré.
L'écrit une fois signé, M. Bellanger leur dit
que la succession dont il s'agissait,était ,çeUe
., de Honorine Bullet, veuve de Panthonnier
Bey-Selim Effendi, aide de camp du 'iîhédiye
d'Egypte. Elle était leur cousine au sixième
degré. Les pâtissiers des Andelys déclarèrent
qu'ils n'avaient jamais eu connaissance de
l'existence de cette parente et signèrent de
nouveau une adhésion au traité de partage.
La convention une fois signée, les pâtis-
siers normands, assurés de l'existe.nce des
valeurs successorales, supputèrent, qu'ils
avaient, en définitive, renoncé à une somme
qui dépassait 75,000 fr.; ils auraient bien
voulu toucher l'héritage entier et faire annu-
1er l'écrit.
Il fallut que le généalogiste formât des op-
positions à la Société des comptes (courauts
sur des dépôts considérables àsept jours d'a-
vis et aussi entre les mains d'autres créan-
ciers.
Ils voulurent obtenir la main levée des op-
positions, mais elles étaient formées en yertu
d'un titre régulier.
L'affaire allait être plaidée par Me Cohen,
lorsque, se ravisant, les pâtissiers normands
se sont résignés à se désister, comprenant
que c'était, après tout, le plus prompt et le
seul moyen d'entrer en possession de l'héri-
tage de la cousine égyptienne, qui s'élève à
environ 300,000 francs.
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tadi prochain 30 Janvier
♦
Les recettes de la Société Générale
de Laiterie sont :
Du 3 avril au 31 décembre, de 10,107,019 14
Du. ter au 21 janvier. 790,200 20
Total au 21janvier. 10,897,810 34
--■■ -, ■- -♦ '1 :
? AVIS AUX SOUPEURS
La. maison Taveroier-Scossa, carrefour
Drouot, sert, de dix heures du soir à deux
heures .du matin, des soupers à trois francs
ou à la carte. Le menu se compose de une
hors-d'œuvre, une douzaine d'huîtres, un plat
de viande, dessert, pain, vin.
4»
Le Vin Aroud, au quinquina, au fer et à
tous les principes solubles de la viande, est 1»
médicament par excellence, le reconstituant
le plus énergique pour combattre la chlorose,
l'anémie, Vappauvrissement ou l'altération du
sang. — Co Vin, d'une saveur exquise, ren-
ferme les éléments constitutifs du sang, 'dea
et des os. Il convient donc aux conva..
lescents, a':A enfants, nnx jeunes filles, aux
vieillards. cnj.n a ~,,~ lv3 personnes
d'une constitution ~languissation ou affaihlies
par le travail les veilles, les excès a «•-Mites
sortes ou la maladie. I-'épôt général à Pal'l:).
chez Ferré, pharmacieu. lui, rue Richelieu
et successeur de M. Aroud.
■' il -" J..
LA SOIRÉE
KISS NOUMA. - HAWA. ET SES LIONS
Aimez-vous les bêtes féroces ?. Mpi je JM
adore, quand elles me sont présentées par
une jolie femme.
Il y avait longtemps que le Cirque de ltf.
Franconi, spécialement disposé pour ces Bare
tes d'exhibitions, ne nous avait offert de con-
templer quelques habitants du désert. La
concurrence de la Porte-Saint-Martin étaw
sur le point de cesser, miss Nouma-Hawa se
trouye à Paris juste i point pour les amay
teurs.
Nous n'avons pas affaire, d'ailleurs, à une
dompteuse inconnue. Avant d'être a dans les
lions, » miss Nouma-Hawa était dans les ser-
pents. Elle sait se faire obéir de toutes les
bêtes qui n'ont pas encore admis d'une façoa
générale la supériorité de la race humaine.
La dompteuse d'hier soir u'est autre que la
charmeuse applaudie parmi nous il y a quel-
.ques années. , , , ,,' -'. ¡
La fréquentation des bêtes féroces jlui jp
,co.'ise;iUé un embonpoint respectable, dont ne
se plaindront pas les amateurs de plastique,
il faut savoir se faire à la situation qu'on 'OC-
cupe : mince avec les serpents, majestueuse
avec les lions.
La salle du Cirque d'hiver était, en son
honneur, superbement garnie. Des gens tout
à fait sérieux, des hommes politiques mémo
s'étaient dérangés pour miss Nouma-Hawa.
Avant la dompteuse, M. Franconi nous a of-
fert le dessus dupaniér de son spectacle ordi-
naire : la troupe Schœffer, le clown Haydn, la
gracieuse Mlle Adams et le pavage.
Ce dernier exercice mérite une explication
pour ceux qui n'eu possèdent pas la clé. Sur
des pavés, une troupe d'ouvriers exécute, ef.
frappant chacun â son tour, une mélodie ana-
logue à celles qu'on tire du xylophone ou de
l'ocarina. Le résultat est vraiment curieux et
n'écorche nullement les oreilles.
Mais hâtons-nous d'arriver à l'étoile de la
soirée.
Son costume diffère sensiblement de celui
des dompteuses ordinaires. Il ressemble, non
à celui d'une saltimbanque, mais à l'élégant
vêtement d'unexeine de féerie. La queue même
ce fait point défaut à sa tunique verte,
dont le devant entr'ouvert laisse aperce-
voir un maillot des mieux remplis. Toute-
fois, pour ne point s'embarrasser dans le sa-
tin, miss Nouma Hawa prend soin de relever
sa traîne avant de pénétrer dans la cage da
m ses amis ».
Ils sont sept.
Six qu'elle semble mépriser, avec lesquels
elle joue comme avec ses enfants. ; -
Allons ! Brutus ! dans votre coin tout d.
suite !- Hector r voulez-vous sauter la bar-
rière, et plus vite que cela !—Hop ! passons
à travers le cerceau
Et tous tremblent et se tiennent immobiles'
sous le regard de leur maîtresse -un regard
qui n'est pourtant guère chargé de menaces,
jo vous assure. Tous sautentla barrière, !C~%
traverseritie cerceau, garni de papier ou non-
Plus loin, dans une cage spéciale, on garda
¡le septième animal, qu'on exhibe seul, à la
fin, avec des précautions. Í -. ,
C'est que celui-là ouvre .une bouche et,
-montre des dents peu faites pour rassurera
Il a franchement l'air de regretter son dé*
sert.
Pendant qu'il poussait un de ces rugisse-
ments, assez rares heureusement dans le voi-
sinage des boulevards (même du boulevard
des Filles du Calvaire), une dame se prend
à s'éventer aveefièvre.
- Vous avez chaud, ma chère I. Auriez
vous peur ?
— Moi 1. Vous n'y pensez pas ! Avec ua
froid pareil.
— Alors, pourquoi avez-vous pris votre
éventail?
—Dame, si un lion s'échappait, d'un
geste je pourrais lui dire : « A bas les patf
tes 1 » ,
Heureusement, tout s'est bien passé ! Mis$
Nouma-Hawa, après avoir consciencieusement
travaillé pendant six lions, s'est reposé au sep-
tième. quand elle a vu que ce monsieur se
trouvait mal disposé. Il y a des lions qui ont
leurs nerfs.
J'ai cru comprendre les rugissements de
çet animal rebelle, quoique parfaitement
dompté. Il semblait répondre à celle qui 1.
cravachait:
Feuilleton de GIL :UL*'S
DU 27 JANVIER 1882
97
UNE
qKl ILI
SECONDE PARTIE
ttA FEMME UU momçAT
XKK
trnois ANS APRES
( Suite)
Ce que je vous offre maintenant, je me
sens d'humeur, tant vous m'avez gagné
(l'âme, à vous l'offrir pendant huit jours et
Ii attendre votre décision, pendant une
jatitre semaine; prenez donc ce temps-là
:pbur réfléchir.
Après avoir mûrement pesé, dans une
ide vos jolies mains, l'héritage que vous
laisse le duc, l'affection qve vous porte
Mme de Pragh et, dans l'autre, ce que
valent, pour vous, l'amitié de Rose Mar-
chand, sa compagnie, ses conseils et sa
fortune, je me plais à croire que vous
n'hésiterez pas dans votre choix et que la
îbalance penchera en ma faveur : avec moi
,le luxe, l'indépendance, la rrchesse ; — de
11'autre côté, l'abandon, le misère et l'hé-
iritage de gens qui n'ont que de tristes
hoses à vous laisser, sans compter que
{CO soir, demain peut-être, vous serez,
(toute amante des nuages que vous êtes,
\sur les pavés de la grande ville qui n'est
jrien moins qu'hospitalière aux malheu-
reux.
: Rose Marchand se leva, prit entre les
\JfiQproducUffl traduction réservées,., - - -
siennes la main de Mlle de Pragh et -la.
serra doucement en ajoutant :
— Je vais toujours faire préparer votre
appartement, j'espère que vous ne tarde-
rez pas à venir l'occuper.
Roberte accompagna la visiteuse jus-
qu'à la porte; quelque souffrance qu'elle,
eût subie en l'écoutant, elle ne pouvait'
faire autrement que d'être polie et, en
apparence, reconnaissante envers cette
femme qui, prévoyant pour elle oin avenir;
malheureux, plus triste et plus solitaire,
encore que ne (l'était le présent, peu gai,
dont était faite sa vie, était accourue lui
dire : —Je suis heureuse; riche, et je" vous
offre tout ce que. je possède : ma richesse-
et le bonheur que j'ai su me faire au dé
triment des autres.
La Goule regagna lestement son coupé.
elle souriait en y prenant place ; il lui
semblait qu'elle n'avait ;pas tout à ifait,
perdu son temps et qu'elle laissait Ro-
berte, sinon tout à fait convaincue, du
moins bien ébranlée.
Cette fille ajoutait que quelques jours
de solitude et de réflexion ne pouvaient
manquer de faire voir à la fille de ce pau-
vre duc tous les avantages de Toffrequ'elle
lui avait faite.
Roberte, en se retrouvant seule chez
elle, se mit en effet à songer àce qui ive-
nait de lui être dit; au reste, il ne .pouvait
guère en être autrement, car tout ce qui
se passait dans l'entourage de ila jeune
fille était bien de nature à la faire réflé-
chir.
Elle se voyait, elle, la fille du duc de
Pragh, aussi condamné qu'il pût être,
aussi criminel qu'il fût, elle se voyait chez
une fille perdue, acceptant l'hospitalité
dans ce temple de tous les. vices et ten-
dant la main pour y recevoir la fortune de
cette créature, dont l'origine était de telle
sorte que, rien que d'y songer, elle sentait
le rouge de la honte lui monter au visage.
Elle se laissa glisser sur ses genoux,
enfonça son front dans ses deux mains
et se mit à pleurer, comme si les larmes,
cette rosée divine, étaient seules capables,
tu leur pure esseucs, d© laver ies souil-
lures qui venaient d'arriver jusqu'à son
Ifier esprit.
- O!honte des hontes ! misère des mi-
— 0
:sères! murmurait-elle; faut-il que, pour
abaisser mon immense orgueil, la Provi-
dence ne laisse plus ou verte, au devant de
'mes pas que cette route d'infamie?.
'EUe 'pleura longtemps, elle pria, elle
s'en remit à Dieu du soin de lui épargner
une semblable humiliation et quand ellê
se releva, sinon consolée, du moins plus
rcalme, elle murmura de ses belles lèvres,
!dont le sourire avait disparu depuis long-
temps.
—Non ! non ! jamais ! La mort mille-fois,
iplutôt qu'une pareille abjeçtion !
XXXI
D'UNE VISITE A LAQUELLE ROSE MARCHAND
ETAIT LOIN DE S'ATTENDRE
La Goule, ainsi qu'elle l'avait dit à
Roberte, s'occupa très sérieusement de
faire organiser son appartement, dans
l'hôtel qu'occupait Rose Marchand et qui
lui appartenait bel-et bien.
Cette drôlesse était une femme d'ordre
et tout ce qu'il est possible de faire pour
asseoir sûrement et largement son exis-
tence (pécuniairement 'parlant) avait été
fait par cette femme.
# Elle avait un hôtel magnifique, splen-
didement. meublé; elle n'avait point de
loyer à payer, vu qu'elle avait fait solder
l'immeuble par se-s amants, en leur fai-
sant croire, aux uns et aux autres, nous
pourrions dire aux uns après les autres,
qu'elle allait être expropriée, pour une
modeste somme, huit ou dix mille francs !
un rien, une misère !. si l'homme qu'elle
adorait ne les lui donnait pas, bien vite,
pour qu'elle courût les porter chez son no-
taire, qui arrêterait les frais et ferait taire
les menaces.
Bien peu, de ceux qui hantaient le bou-
doir de la belle, s'étaient récusés ; aussi
était-elle dame et maîtresse en un des
plus beaux logis qui mettent leur façade
le long de l'avenue des Champs-Elysées.
-- $Uq faisait préparer un logement co-
quet, espérant bien y voir arriver, avant
peu, Roberte de Pragh ; lorsque son do-
mestique entra, lui apportant sur un pla-
teau, la carte d'un visiteur, qui demandait
à voir madame tout de suite.
La Goule prit la carte et lut le nom
qu'elle portait.
— Est-ce possible?. s'écria-t-elle ,
est-ce bien possible que ce soit lui.
— Parfaitement, madame, se chargea
de répondre Jean, le fidèle valet, c'est bien
lui.
- Ma foi! pour la rareté du fait, qu'il
'entre!
Attends, ajouta-it-elle, au moment où
le domestique allait disparaître pour aller
exécuter les ordres de sa maîtresse; dis,
Jeam n'a-t-il pas des bottes éculées, des
.vêtements démodés ?. Son chapeau n'est-
il point crasseux et ses gants ne man-
.queat-ils pas de fraîcheur ?
Tu sais, mon garçon, je n'aime pas que
les gens qui sont dans la débine viennent
user mes tapis.
— Je n'ai rien vu de tout cela, madame,
répondit Jean; monsieur m'a paru tel
qu'il était autrefois, si bien qne, pour un
peu, j'aurais cru, en le regardant entrer,
qu'il était venu hier : il n'a pas vieilli du
tout ; il est toujours aussi beau !.
Rose jeta, vers la glace, un regard ra-
pide. Rien ne clochait dans sa mise, ni
dans sa coiffure; le'blanc, le rouge, le
bleu, le noir, à l'aide desquels elle avait
habilement replâtré son visage, ne lais-
saient rien, non plus, à désirer. Elle fit
donc signe au domestique d'introduire le
visiteur.
—Allons, se disait la Goule, du moment
où il n'est pas dans la dèche, on peut le
recevoir.
Pendant que le valet retournait à l'an-
tichambre prévenir le visiteurque madame
était visible et disposée à le recevoir,
Rose Marchand se demandait, à part elle :
— Après une si longue absence, que
diable peut-il bien venir faire chez moi ?
Il a été si gauche, le jour de cette fa-
meuse promenade à Argenteuil ; il a com-
mis tant de maladresses, en ce qui con-
cernait cette pauvre petite Roberte.; enfin
je l'ai trouvé si parfaitement prince
étranger et je l'ai si bien reçu en consé-
quence, que je ne vois vraiment w\.s'queHe'
chose peut l'amener aujourd'hui. Enfin !
nous allons bientôt le savoir.
Et pendant que le domestique annonçait:
—Monseigneur le prince Génovio deSanta-
Matario, la Goule regardait le nouveau
venu de la tête aux pieds, afin de consta-
ter par elle-même le peu de changement
qu'avait subi la charmante personne du
fier Génovio.
Bientôt 'le grand et beau garçon que
nous connaissons de longue date ,fit son
entrée.
Le domestique n'avait point menti : ;le
prince avait toujours belle.et fière mine et
ses habits sortaient tout nouvellement de
chez William Yauss, le tailleur à la mo-
de pour les gens de haute vie.
— C'est vrai, il est toujours le même,
pensait Rose, après lui avoir fait passer
lo plus minutieux examen ; alors elle dai-
gna sourire au jeune homme et, lui ten-
dant le bout de ses doigts, elle murmura
de sa voix restée toujours gracieuse et
musicale :
— Pour la rareté du fait, je vous reçois;
.vous arrivez pour le moins de l'autre
monde, et les revenints, dans notre siècle
d'incrédulité, ont droit à quelques égards;
donc, asseyez-vous, prince.
M. de Santa-Matano prit place à côté
de la Goule; comme il n'était rien moins
que timide et que'la question qui l'amenait
était fort grave pour lui, il aborda brave-
ment raffaire.
— Je viens vous demanler un service,
ma chère Rose, commença-t-il.
— Un service ! c'est chose grave ; cela
ne se rend pas ainsi, au pied levé ; de
plus, il faut savoir de quelle nature est
le service demandé ; enfin, il y a un tas
de considérations à regarder, en face et de
revers, de façon à savoir ce qu'on peut
attendre ou redouter du service qu'on
vous demande.
Ah ! j'ai beaucoup changé, soupira Rose
Marchand, depuis le long teroçs fui s'est
écoulé depuis que je ne vous ai vu.,Qudia-
vient raisonnable avec le temps !
— On devient raisonnable, en effet, ré-
pondit le jeune homme ; c'est justement à
ce propos que je suis accouru vous faire
visite, pour vous demander un service que
vous hésitez à me rendre avec des alluras
aussi blessantes pour moi que pour notre
passé à tous les deux.
— Ah ! que blessant est joli !. fit Rose;
entre deux éclats de rire, narquois et cy-
niques.
— Blessante ou pas,la chose est inqua-
lifiable autrement, continuait le prince de
Santa-Matario, et quitte à ce que vous
refusiez, plus tard, d'accéder à la demande
que je suis venu vous faire, je vous prie
de me prêter toute votre attention, afin que
je puisse vous expliquer de quoi il s'agit.
— Je vous écoute, fit Rose, én regar-
dant le jeune homme en dessous. Du ma*
ment où mes réflexions gênent votre ex-
pansion, je n'en ferai plus. Allez, prin-
ce, allez, je suis tout oreilles. Quoique le
rôle de confidente ne m'agrée qu'à demi,
je l'accepte pour vous prouver, une fois
de plus, que je désire vous être agréable ;
dans la mesure du possible ! ajouta-t-elle
d'un son de voix si glacial et si sec, que
le prince de Santa-Matario se dit, à part:
lui :
- Ma foi ! c'est toujours bien la Goule
d'autrefois : l'âme d'une usurière, dans la
peau d'une femme galante.
Cependant Santa-Matario abordait le
petit discours qu'il avait préparé à l'a-
vance pour faire connaître à Rose ce qu'il,
attendait d'elle. Il commençait ainsi
- Grâce à l'excellente mémoire que la
Providence m'a départie, je me souviens
parfaitement que vous avez été liée, pell.,
dant de très longues années- et d'une façon
fort intime, avec M. le dQ0 dé Pragh.
— Cela peut être, mais je ne m'en sou-
viens plus du tout ! répliqua Hose.
-Vous dites ? demanda te jeune homme,
non sans laisser percer quelque sui^é|&
MARC BE;\UQEt&
f~J~MW~
jyévocaient en, cas de désobéissance, comme cela
a eu lieu en Angleterre-vers la nn du dernier
(siècle, ils créeraient nécessairement contre eux
fun courant d'opinion autrement qangereux.
¥ Athènes, 22 janvier. — Un crime horrible
orient d'être commis à Pahus.
i Le domestique d'un propriétaire de cette loca-
lité, M. Wood, profitant de l'absence de son maî-
tre, à tenté de commettre un odieux attentat sur
la servante Marie D.
Celle-ci s'étant vigoureusement défendue, le
jforcené s'est élancé tout à coup sur elle ét, après
ftui avoir coupé la gorge à l'aide d'un rasoir, il
l'a inondée de pétrole, auquel il a mis ÏP feu.
L'assassin a pris ensuite la' fuite, en emportant
une somme de cinq, mille francs déposée dans un
tiroir. 4a cinq, mille francs
{ Le cadavre de la bonne a été retrouvé une
teure' après, complètement carbonisé.
:. Quant à l'appartement de M. Wood qui est
devenu en peu d instants la proie des flammes, il
été complètement détruit. "-'
t Constantinople, 20 janvier, — Le brigandage
; £ ur la frontière turco-hellénique a pris dans ces
derniers temps une telle extension que les deux
gouvernements limitrophes ont senti le besoin
une action commune pour réprimer ce fléau.
: Les bandes qui infestent ces régions sont si
portes et si nombreuses que quelquefois elles
réussissent à tenir tête même, aux colonnes mo-
iules envoyées contre elles.
• En présence de cet état de choses, la conclu-
pion d'une nouvelle convention entre la Turquie
et la Grèce pour la poursuite du brigandage est
devenue urgente. la-pours ui ite.. 'd 9 brigtiidage est
Louis Rozier.
■jf?"*". 11 1 ■' Mlgfr'i r
, ," L'UNION ;
DES FERMES PEINTRES ET SCULPTEURS
La mode est aux associations d'artistes
et aux expositions par groupes ; après les
aquarellistes, les paysagistes, les impres-
sionnistes et les animaliers, voici les fem-
ines peintres et sculpteurs qui .se réunis-
teent pour appeler l'attention 4u public sur
leurs œuvras. ,
; Dans l'exposition qui ;se se tient, 49, rue
Wivienne, il manque beaucoup de noms
connus. L'année prochaine. elleseracom-
aplète.
r Les portraits sont nombreux. Il y en a
uelqties-uns dignes d'être remarqués.
:Portrait de Mme Félicie Schneider est
fcrès bien dessiné et d'un joli mouvement ;
,Wexécution et la couleur rappellent l'école
anglaise., -
l Mlle Marie Robiauet remporte un suc-
jfcès avec son Portrait de Mme X. C'est:
i¡¡ne fort jolie femme, a.,la. taille svelte ;
iélancée, vêtue d'une robe de soie noire I
klécolletée qui fait admirablement valoir ?
ga taille fine et cambrée. Elle tient droite l
ièt haute sa jolie tête blanche et rose; un
chapeau de velours noir, orné d'une plume
d'autruche, la coiffe à ravir. Les chairs, :
d'une très jolie couleur, sont peintes sim- <
jplement avec une grande recherche de la
jvérité et une facture très large. Les soie-
jries sont très habilement-exécutées. Il est
ffâcheux que les draperies du fond, sur les-,
Quelles se détache la figuré, manquent de,
istinplicité; dans une certaine mesure, cela:
nuit à l'ensemble.
Nos félicitations à Mlle Amélie Valen-
--Itino - le Portrait de Mme X.., est remar-
quable sous tous les rapports ; un senti-
ment exquis de la forme et de la couleur, une
touche ferme et délicate avec de jolies op-
positions de tons. , j|
V Mme Cladée;La Vilette expose un Effet
me- soleil, Port-Louis (Morbihan). L'effet
général est parfaitement observé; au pre-
mier plan des roehers couverts de mousse
émergent au flot montant;; à l'horizon le
soleil se reflète dans la mer; mais pour-
quoi ces formidables épaisseurs de cou-
jljeurs dans les parties lumineuses ? cela
'{fait des lourdeurs désagréables à Fcell.*
Jh" coin de village dans le Perche, de Mme!
îjLavieile, nous fait songer à Corot ; il y ai
quelque chose de la distinction et de la
poésie du maître dans cette charmante
étoile, j
- N'oublions pas de signaler deux excel-
ilents tableaux de Mlle Formstecher. :
- Parmi les meilleurs, il faut encore citer
mn charmant émail : La Charmeuse d'oi-
séauœ, de Mlle Claire Chevalier. Jeune
fille de l'île de S., joli dessin aux trois
-crayons de Mme Van-den-Brock; des
Aquarelles .très réussies de Mine F. Schnei-
der, un portrait de Léon Cogniet, parfai-
tement dessiné, brillant de couleur, par
Mlle R. Thévenin.
,. Paul de Katow.
;' Gil Bios à Nice
Nice, 24-janvier.
Les .courses finies et-bien finies, par un
.temps ensoleillé comme on en a, à Paris, en
juillet seulement, les distractions n-e nian-
quent pas pour les gens du high-life.
; Il y a d'abord les grands dîners de lady
:paithncss,qui font sensation. Elle a. un Tram-
;g)eMe de premier choix. Samedi, dîner de
trente couverts. Parmi les invités: Leurs AI-
ites s es serénissimes le prince-et la princesse
de Solms, la comtesse de Ghambrun, la mar-
fuise de Noailles, le major et Mme Dundlay,
fa vicomtesse Vigier, le prince Ganolath, etc.
lpes dîners sont très recherches. Mais il y a
feu d'élus. Une trentainede convives chaque
lois et triés sur le volet. Lady Caitchness est
en graad deuil de son épotix, et elle ne; don-
nera pas de bals cette saison. Elle, se con-
tente de ses dîners et réceptions intimes,
auxquelles préside son fils, le comte da Po-
mar.
Dimanche, il y a eu grand dîner de vingt-
cinq couverts, chez la marquise de Ligneries,
suivi de réception. Monde des plus choisis..
.- Hier lundi, dans l'après-midi, grande ré-
ception et matinée musicale chez la màcquise
de Saint-Aignan, dans sa supèrbe villa. On
inaugurait une galerie splenaide. Musique et
femmes charmantes, car toute la haute so-
ciété s'était donné rendez-vous chez la mar-
quise pour entendre. chanter l'oratorio d'un
grand prix de Rome, M. Clément Broutin : la
Fille de Jephté, chanté par M. Louis Borthé
avec un succès que Capoul eût envié sous
tous les rapports.
M. le comte de ; Faverney et la cousine de
miss Botterfield ont chanté, fort bien ma foi,
le duo de Rigoletto.
Assistaient à cette brillante réception mu-
sicale, la princesse de Torremazza, Ja com-
tesse de Reculot et sa. charmante fille, le
comte et la comtesse * de Chambrun, Ja prin-
cesse Lobanoff, le prince Carola.th, Mme de
-
Vissaguet, miss Robinson, etc., etc.
Après un. après-midi aussi bien rempli, il
semblait que l'on devait ,s.e reposer. Ah ! bien
oui ! et la soirée de M. Gambard ? En effet,
-hier au soir, il: y avait réception à la villa
des Palmiers, et il faut vous dire q.uo l'on ne
manquerait pas ces rèceptions-là, pour bien
des raisons.
D'abord, on y trouve une société choisie,de
jolies et élégantes misses, et on y fait de la
bonne musique.
trous les agréments, quoi, ,car vous savez
que les yeux ont de quoi se satisfaire à tous
les points de vue, M. Gambard possédant cer-
tainement une .des plus belles galeries de ta-
bleaux de l'Europe, pour ne pas dire même
du monde. H y a là des Meissonier que les
Américains couvriraient d'or, et des Rosa
Bonheur qui n'ont pas de prix.
La réception de M. Gambart, d'hier au soir,
a été très animée, comme tout le faisait sup-
poser et comme je vous l'avais annoncé. Suc-
cès immense pour Mme Conneau et M. Jjouis
Berthé, dans le duo de Carmen.
M. et Mme Howard viennent d'avoir une
idée originale : ils ont .invité tout le high iife
niçois à une réception qui aura lieu le 7 fé-
vrier, de quatre heures à dix heures. L'inno-
vation consiste en ceci :
Les dames arrivent, dès quatre heures, en
grandes toilettes décolletées, et les hommes
en habit noir. Causerie et musique de quatre !
heures à sept heures. A sept fftevy,es» !on se;j
mettra à table pour dîner, et on quittera la
table pour le bal. j
C'est une idée assez originale ,ct exécutée
ici, pour la première fois.
Dame on n'est pas iAméric^^i :p:Jur rien,
après tout.
Une grande,nouvelle, une .primeur que je
vous envoie : Il est question d'une représen-
tation dans .les salons de la vicomtesse Vi-
gier. On jouerait ou le 4e acte des Huguenots
ou le 4e acte d'Aida. Le choix n'est pas en-
core arrêté. Naturellement la vicomtesse Vi- ,
gier redeviendrait Sophie Cruvelli pour un
soir et chanterait le principal rôle. M. Louis
Berthé, déjà nommé, im ténor qui aurait cent
mille livres de rente dans son gosier, s'il
voulait l'exploiter, mais qui, pour le moment, 1
se contente de les avoir dans -sa poche, se
ferait également entendre. •O'est voue dire
que l'on s'arrachera les invitations.
Voilà, vous en conviendrez, une page bien
remplie d'un carnet d'un mondain. Je suis
sur les dents. Et moi qui étais venu à Nice
pour me reposer ! j
JOURNAUX ET REVUES ;
Le Voltaire nous met au courant de
l'attitude que compte garder ;M. Gambetta
pendant la discussion du. projet de revi-"
Sion. ,," l
.Un certain nombre 4c députés se sont ren-
d'us au ministère des affaires étrangères etî
ont entretenu le président du conseil. QueP
ques-uns lui ont conseillé de déclarer à la
tribune qu'il renonçait à l'introduction duj
scrutin de liste dans la constitution. M. Gam-
betta a repoussé énergiquement .un pareilj
avis. Il a répondu : « .Je compte faire triom-t
pher mes idées, et ma confiance vient de ma;
profonde conviction dans l'utilité de la ré-i
forme que je propose. » 1
Le président du conseil a expliqué à ses in-
terlocuteurs qu'en demandant à la Chambre
de faire entrer dans le programme du Con-
grès le paragraphe 2 de l'article ler de la loi
du 25 février 1875, il ne lui demandait nulle-
ment une adhésion au scrutin de liste pas plus
qu'au scrutin d'arrondissement, mais seule-'
ment l'autorisation de traiter la question de-
vant l'Assemblée nationale.
Pourquoi lui refuserait-on de plaider cette
cause ? Si les députés et les sénateurs, réunis
à Versailles, après, avoir écouté ses argu-
ments, ne les trouvent pas convaincaints, ne
pourront-ils pas toujours voter contre ?
On voit que nous sommes .déjà loin des
allures cassantes de ces derniers jours.
M. Gambetta; dit encore que s'il a accepté
la présidence dp conseil, ce n'est pas pour le
plaisir d'exercer le pouvoir, mais parce qu'il,
croyait avoir des idées à appliquer, des réfor-
mes à introduire, des principes à faire triom-
pher pour le bien du pays et dans l'intérêt de
la démocratie. Ces idées, ces réformes et ces
principts, tout le monde'les connaît, "le pays
entier les a acclamés en maintes Circonstances
et y a vu son salut.
« Or, ajoute-il, au moment où je suis sur
le point de les faire passer de la théorie dans
la pratique, la Chambre jette les hauts cris,
elle les condamne, elle les repousse, comme
s'il y avait surprise de Sa part ou forfaiture de
la mienne. Dans ces conditions il ne me reste
qu'une chose à faire, me retirer. J'ai d'autres
manières de servir mon pays que de rester
aux affaires. »
Si c'est dans la revision telle qu*il nous
la présente et dans le scrutin de liste que
M. Grambetta fait consister ses réformes
gouvernementales, c'est une absolue dé-
ception.
Le pays,, croyons-nous, n'attache au-
cune importance à de pareilles chinoise-
ries, qui ne peuvent que l'agiter sans lui
procurer aucun avantage matériel et moral.
De bonnes lois économiques feraient
bien mieux son affaire.
La France insiste pour qu'on renvoie la
revision à une époque plus éloignée.
D'après notre confrère, la question n'est
n'est pas mure et les solutions ne sont pas
suffisamment étudiées:
Si le Congrès se réunit, il bâclera une oeu-
vre bigarrée comme l'habit d'Arlequin. La
Constitution ressemblera à une famille où
chaque enfant aurait un père différent. Ce
n'est vraiment pas faire acte de patriotisme
que de remettre certains suj ets en délibéra-
tion pour aboutir à donner naissance 'à un
être difformc, La revision n'est pas à terme
Quand elle le sera, une Convention spé-
ciale offrirait seule les garanties véritables
pour assurer l'avenir pacifique de Ja démp-
cratie française.
Mais on s'arrête difficilement sur une pente
rapide lorsqu'on s'y est lancé sans prudence.
Il est probable que la raison et la logique ne
triompheront pas d'un mot, celui de « revi-
sion » qui comme jadis le cri de' « réforme »,
pourrait devenir un danger révolutionnaire.
C'est même pour cela que M. Gambetta est
un grand coupable d'avoir renié ses sages
paroles de Cahors,
Du carnet de notre -confrère, M. A.
Boii^eart^t tÇbarivpri :
Il faut croire aux médecines pour guérir du
mal dont ils n'ont pas ie remède.
Parler sans avoir réfléchi, c'est lâcher 4a
détente avant d'avoir mis la balle. Faut-il
s'étonner que le coup ne porte pas?
Jem ,pi&ew%* t
i-
',£000_1 DE t'&mDICI
PROCÈS GHALLE'tftSL-LA.eOUn. rr- ^OQHEFpRT
DEVANT ni ;CO©R D'OPEL, -t- POiW-SUITES
DISClPLINAIRES CONTRE DES MAGlSTRATS.
Il y a un mois, M. Rochefort obtint de-
vant le tribunal correctionnel un de ses
succès de procédure dont il ne faut cas
.trop se hâter de triompher. ,Ea effet, qu'en
est-il résulté? C'est qu'aujourd'hui iM.
Rochefort est,en.présence -de deux pour-
suites en diffamation, la première qui a
semblé un instant éteinte par un vice de
procédure et que fait revivre l'arrêt d'in-
firmation, rendu hier sur 1q, plaidoirie de
Me Allou ; 4a seconde qui viendra jeudi
prochain, 2 février, fondée sur quatre nou-
veaux articles * diffamatoires publiés au
'lendemain du jugement du '29 décembre,
inspirés par la joie du triomphe et l'es-
poir de l'impunité. M. Ohallemel-Lacour
réclame -20,000 Ifr. par chaque, citation.
Toute l'audience des appels correctionnels
a été remplie par un débat approfondi sur
l'interprétation de la loi nouvelle dont les
imperfections sont appelées à donner de
;la besogne à la cour régulatrice, il s'agit
-de fonder une jurisprudence et c'est là une
tâche assez aride. ;
Nous ne pouvons cependant passer ab- [
solument sous silence une discussion qui ;
intéresse tous ceux qui, plaignants ou ?
prévenus, seront appelés à recourir à If !
nouvelle loi sur la presse. j
Ce qu'a voulu la loi nouvelle, dit Me Allou, 1
c est que celui qui se plaint d'une diffamation
,indique très nettement au diffamateur l'écrit 1
signé de lui qui motive la poursuite et la |
.disposition do loi qui emporte la pénalité
dont il est menacé ; le -reste n'est qu'accès-
soire. Si la citation devait contenir la men- !
tion de tous les textes imposée pour la réga-
larité d'un arrêt de condamnation, ce serait
une prétention excessive qui ne résulte ai du !
texte de la loi nouvelle, ni même de Foii es-
prit comme l'ont pensé les premiers juges. ;
Cette loi du 29 juillet dernier a été conçue
dans un esprit trop'large, trop libéral, pour
qu'on puisse prêter a,u législateur la pensée >
d'avoir voulu envelopper le droit du diffamé
dans un formalisme gênant 'et perfide : s'il
lui fallait citer tous les textes que demandent
les adversaires, ce serait l'obliger à un véri-
table cours de droit pénal.
Me Alloue fait savoir 'à la cour que son
client a dû assigner de' nouveau M. Roche-
fort, qui n'est jamais à court, de diffamation,
et cette fois la citation, pour se conformer î'
à la doctrine des adversaires, qui estenpar- ,
tie celle du jugement dont la réformation est
demandée, a dû énumérer et reproduire tant
de textes qu'elle, remplit cinq pages. Elle dé- :
montre toute la puérilité de ce système inad-
missible.
On ne peut, en vérité, soumettre tous les ,
pauvres diffamés à de pareilles exigences,
car ce ne serait pas trop des lumières réu-
nies de plusieurs jurisconsultes pour rédiger
une citation, afin que sa régularité soit à.l'a-
bri d'une nullité. Ce n'est' psas là ce que la
loi a voulu, et la jurisprudence n'aura garde
de consacrer de si regrettables subtilités .de
procédure.
M. l'avocat général Villetard de Laguerrie,
par des considérations tirées du texte de la
loi nouvelle, rapproché de celui des lois an-
ciennes et du code d'instruction criminelle,
démontre que la citation n'est tenue qu'à in-
diquer le texte seul de l'article .qui em-
porte la pénalité; c'est le seul que lépré-
venu soit intéressé à conhattre. Il conclut
donc à l'affirmation du jugement. Il colicjgt
l'le Gatineau défend la thèse qui a prévalu
dans la décision des premiers juges, et qui —
il en donne l'assurance pèrspnnclle à la cour
- est celle de la commission parlementaire
qui avait préparé la loi. Celle-ci a voulu
donner des garanties à la défense, et en cela
elle mérite l'éloge qu'on. lui a adressé en
l'appelant une loi libérale.
La cour, dans un arrêt longuement motivé,
déclare que dans aucune de ses dispositions
la loi nouvelle n'indique ce formalime outré
qui ferait peu d'honneur au législateur de
1885.
L'article 43 dont l'omission a paru suffi-
sante aux premiers jugés pour constituer la
nullité, n'avait rien à voir dans l'affaire, alors
surtout que se trouvait indiqué dans la
citation la qualité des deux prévenus qui, l'un,
en qualité de gérant, c'est-à-dire d'auteur
principal et l'autre en qualité de rédacteur
de l'article, c'est-à-dire de complice, avaient
.chacun une part de responsabilité déterminée
par la loi de droit commun ; que la mention
de cet article devenait dès lors superflue.
Infirme, déclare la citation régulière et ren-
voie au 1er février pour plaidèr le fond.
Ainsi, la Cour/comme c'était son droit,
a évoqué le fond du procès. Il résulte de
toute cette évolution de procédure que M.
Rochefort va se trouver privé, sur la plainte
primitive, du premier degré do juri-
diction. Le lendemain, 2 février, il devra
répondre devant la huitième chambre à
ia nouvelle citation en diffamation, signi-
fiée par M. Challemel-Lacour, dont on ne
lasse pas facilement la ténacité.
Encore des poursuites contre des magis-
trats. Il s'agit de deux magistrats du Midi.
l'un président du tribunal d'Avignon, l'autre
avocat à Carpentras, faisant, au tribunal de j
,çette ville, fonctions de juge suppléant. 'j
M. le .garde des sceaux avait provoqué des
poursuites disciplinaires contre f un etTautre. :
Le premier était M. Benoist de là Paillon-
,ne,. président du tribunal d'Avignon..Ce ma-
gistrat avait, le 14 juillet dernier, jour de la ;
fête nationale, renversé lui-même les lan-
ternes vénitiennes qui complétaient l'illumi-
nation et aussi les écussons portant .les i ni-
tiales R. F. Il paraît que.le conseil municipal j
s'était borné à voter un maigre crédit de j
15 francs. ;
On ne pouvait avec ce crédit donner beau-
coup de lustre à la fête. L'un des substituts.
froissé de cette parcimonie,aurait envoyé des
lanternes vénitiennes et des écussons. En les
apercevant le président du -tribunal s'est
écrié : « Qu'est-ce donc que tout cela ? » et
s'adressant au çoncier-ce du tribunal, lui au-
rait dit: «Démolissez-moi tout cela. ?-Le
conciergie était fort hésitant; il alla chercher
une échelle, puis assura qu'elle était trop
courte; il estimait qu'il était sage de donner -
à son président le temps de la réflexion.
mais non. L'impatient magistrat renversa
lui-même de sa canne les lanternes vénitien-
nes et les écussons aux initiales républi-
caines.
Cette démonstration .en amena une autre
le lendemain. Des esprits exaltés youlaient
s'opposer à ce que le président montât sur le
siège. L'autorité réussit à calmer Jeses..
prits.
Le président de la Paillonne se présente
devant la cour et soutient qu'on devait res-
pecter les volontés du conseil municipal et ne
pas aller au delà de ce qu'il avait décide.
-M. l'avocat général Giarrins, eu l'absence
de zM. de procureur général BertUauld, éloi-
gné par la maladie, a insisté pour qu'une
peine disciplinaire rappelât l'impétueux,pi;ési-
4ent.la.jùpjJ.écaïûûjo Jbà j~~i~ qui con-
viennent,à un magistrat.
La cour, après avoir entendu Me Sabatier
qui réclamait l'acquittement du président, a
prononcé contre celui-ci un mois de suspeu- I
sion de ses fonctions. ¡'
Le cas du second magistrat du juge sup-
pléant de Carpentras, M. Paussier, est plus
grave. ¡
Celui-ci, dans un banquet qui n'avait rien Í
de privé, donné à l'occasion de la Saint-
Henri, avait porté des toasts aux cris sédi-
tieux de : Vive le roi ! Il avait été plus loip,
il avait prononcé un discours daus lequel il
insultait individuellement et nominativement
chacun des membres du gouvernement, à
commencer par le garde des sceaux, qu'il
.appert « Danton de cartons. Le lendemain,
ce discours .paraissait dans les colonnes du
journal de là localité, le Comtat.
M. Paussier ne se présente pas devant la
cour. Pour expliquer son absence il a adressé
aux magistrats et à la cour une lettre qui ne
saurait être .considérée comme une défense,
puisqu'il déclare préférer la déchéance à une
démission. Il se montre, il est vrai, respec-
tueux envers la cour, mais tout aussi mépri-
sant envers les membres du gouvernement
qu'il l'avait été dans le discours publié parile
Comtat. :
En terminant il disait à la cour :
« A la sentence que vous prononcerez, on -
jugera si vous êtes une magistrature libre
ou asservie. »
*****
M. Coustiller, rédacteur de l'Intransigeant,
est traduit devant la onzième chambre cor-
rectionnelle sous la prévention d'injures en-
vers des officiers de l'armée. La scène se
passait devant la caserne du Château-d'eau.
Le sergent de planton a la consigne de ne pas
laisser la foule stationner devant la porte
d'entrée, pour voir les mouvements qui ont
lieu dans l'intérieur des cours. Sur l'observa-
tion du planton, la foule avait obéi; seul, M.
Coustiller s'approchant du sergent et lui par-;
lant en quelque sorte sous le nez : « Que
voulez-vous, espèce de pioupiou, vous n'êtes
pas sergent de ville., » - •
Survient un capitaine adjudant-major qui
s'informe de 'ce qui se passe. M. Coustiller
s'approchant à son tour de. lui : « Je suis ré-
» dacteur de l'Intransigeant. Ce n'est. plus
» aujourd'hui comme à Versailles, il n'y a
» plus de fusillards. »
M. Coustiller a été mis en état d'arresta-
tion, puis relâché. Cité hier devant la police
correctionnelle, il a fait défaut. Le tribunal
l'a condamné à trois mois de prison.
Autrefois, il n'était question au théâtre que
d'oncles d'Amérique ce - n'est cependant seu-
lement au-delà de l'Océan qu'on trouve des
héritages i:> - néré;. L'Egypte et les ~h~~a
du Levant ont au&si le privilège de voir éciore
des successions qui feraient bon effet dans le
monde de la fiction comme dans le monde
réel.
Il existe à Paris des hommes d'affaires qui
ont la spécialité de découvrir des jsuccessions
qui sans eux tomberaient en déshérence ét
feraient retour au domaine. L'un de ces ha-
biles spécialistes est M. Bellanger qui prend
la qualification de généalogiste.
Il était un jour 'allé trouver des pâtissiers
.des Andelys, et leur fit l'ouverture suivante :
« Une personne fort riche dont vous êtes
les héritiers incontestables vient de mourir.
Cette parente, que-vous n'avez jamais connue,
dont seul je sais l'existence, laisse une fortune
que je m'engage à vous faire recouvrer à la
condition que vous m'abandonnerez le quart
des sommes que vous encaisserez. Vous né
courez aucun rique, puisque vous n'aurez à
me payer quelque chose qu'autant que vous
aurez encaissé une somme trois fois plus con-
sidérable. »
Ce raisonnement était saisissant ; les frères
Delacour, après avoir bien réfléchi e.t s'être
rendu compte que ce qu'ils avaient de mieux
à faire était d'accepter la proposition qui leur
était faite, signèrent un petit traité don-
nant au généalogiste Bellanger le quart de ce
qui serait recouvré.
L'écrit une fois signé, M. Bellanger leur dit
que la succession dont il s'agissait,était ,çeUe
., de Honorine Bullet, veuve de Panthonnier
Bey-Selim Effendi, aide de camp du 'iîhédiye
d'Egypte. Elle était leur cousine au sixième
degré. Les pâtissiers des Andelys déclarèrent
qu'ils n'avaient jamais eu connaissance de
l'existence de cette parente et signèrent de
nouveau une adhésion au traité de partage.
La convention une fois signée, les pâtis-
siers normands, assurés de l'existe.nce des
valeurs successorales, supputèrent, qu'ils
avaient, en définitive, renoncé à une somme
qui dépassait 75,000 fr.; ils auraient bien
voulu toucher l'héritage entier et faire annu-
1er l'écrit.
Il fallut que le généalogiste formât des op-
positions à la Société des comptes (courauts
sur des dépôts considérables àsept jours d'a-
vis et aussi entre les mains d'autres créan-
ciers.
Ils voulurent obtenir la main levée des op-
positions, mais elles étaient formées en yertu
d'un titre régulier.
L'affaire allait être plaidée par Me Cohen,
lorsque, se ravisant, les pâtissiers normands
se sont résignés à se désister, comprenant
que c'était, après tout, le plus prompt et le
seul moyen d'entrer en possession de l'héri-
tage de la cousine égyptienne, qui s'élève à
environ 300,000 francs.
El Cadi.
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GRANDS MAGASINS DU
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PARIS
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LE fslOIS DES
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Les recettes de la Société Générale
de Laiterie sont :
Du 3 avril au 31 décembre, de 10,107,019 14
Du. ter au 21 janvier. 790,200 20
Total au 21janvier. 10,897,810 34
--■■ -, ■- -♦ '1 :
? AVIS AUX SOUPEURS
La. maison Taveroier-Scossa, carrefour
Drouot, sert, de dix heures du soir à deux
heures .du matin, des soupers à trois francs
ou à la carte. Le menu se compose de une
hors-d'œuvre, une douzaine d'huîtres, un plat
de viande, dessert, pain, vin.
4»
Le Vin Aroud, au quinquina, au fer et à
tous les principes solubles de la viande, est 1»
médicament par excellence, le reconstituant
le plus énergique pour combattre la chlorose,
l'anémie, Vappauvrissement ou l'altération du
sang. — Co Vin, d'une saveur exquise, ren-
ferme les éléments constitutifs du sang, 'dea
et des os. Il convient donc aux conva..
lescents, a':A enfants, nnx jeunes filles, aux
vieillards. cnj.n a ~,,~ lv3 personnes
d'une constitution ~languissation ou affaihlies
par le travail les veilles, les excès a «•-Mites
sortes ou la maladie. I-'épôt général à Pal'l:).
chez Ferré, pharmacieu. lui, rue Richelieu
et successeur de M. Aroud.
■' il -" J..
LA SOIRÉE
KISS NOUMA. - HAWA. ET SES LIONS
Aimez-vous les bêtes féroces ?. Mpi je JM
adore, quand elles me sont présentées par
une jolie femme.
Il y avait longtemps que le Cirque de ltf.
Franconi, spécialement disposé pour ces Bare
tes d'exhibitions, ne nous avait offert de con-
templer quelques habitants du désert. La
concurrence de la Porte-Saint-Martin étaw
sur le point de cesser, miss Nouma-Hawa se
trouye à Paris juste i point pour les amay
teurs.
Nous n'avons pas affaire, d'ailleurs, à une
dompteuse inconnue. Avant d'être a dans les
lions, » miss Nouma-Hawa était dans les ser-
pents. Elle sait se faire obéir de toutes les
bêtes qui n'ont pas encore admis d'une façoa
générale la supériorité de la race humaine.
La dompteuse d'hier soir u'est autre que la
charmeuse applaudie parmi nous il y a quel-
.ques années. , , , ,,' -'. ¡
La fréquentation des bêtes féroces jlui jp
,co.'ise;iUé un embonpoint respectable, dont ne
se plaindront pas les amateurs de plastique,
il faut savoir se faire à la situation qu'on 'OC-
cupe : mince avec les serpents, majestueuse
avec les lions.
La salle du Cirque d'hiver était, en son
honneur, superbement garnie. Des gens tout
à fait sérieux, des hommes politiques mémo
s'étaient dérangés pour miss Nouma-Hawa.
Avant la dompteuse, M. Franconi nous a of-
fert le dessus dupaniér de son spectacle ordi-
naire : la troupe Schœffer, le clown Haydn, la
gracieuse Mlle Adams et le pavage.
Ce dernier exercice mérite une explication
pour ceux qui n'eu possèdent pas la clé. Sur
des pavés, une troupe d'ouvriers exécute, ef.
frappant chacun â son tour, une mélodie ana-
logue à celles qu'on tire du xylophone ou de
l'ocarina. Le résultat est vraiment curieux et
n'écorche nullement les oreilles.
Mais hâtons-nous d'arriver à l'étoile de la
soirée.
Son costume diffère sensiblement de celui
des dompteuses ordinaires. Il ressemble, non
à celui d'une saltimbanque, mais à l'élégant
vêtement d'unexeine de féerie. La queue même
ce fait point défaut à sa tunique verte,
dont le devant entr'ouvert laisse aperce-
voir un maillot des mieux remplis. Toute-
fois, pour ne point s'embarrasser dans le sa-
tin, miss Nouma Hawa prend soin de relever
sa traîne avant de pénétrer dans la cage da
m ses amis ».
Ils sont sept.
Six qu'elle semble mépriser, avec lesquels
elle joue comme avec ses enfants. ; -
Allons ! Brutus ! dans votre coin tout d.
suite !- Hector r voulez-vous sauter la bar-
rière, et plus vite que cela !—Hop ! passons
à travers le cerceau
Et tous tremblent et se tiennent immobiles'
sous le regard de leur maîtresse -un regard
qui n'est pourtant guère chargé de menaces,
jo vous assure. Tous sautentla barrière, !C~%
traverseritie cerceau, garni de papier ou non-
Plus loin, dans une cage spéciale, on garda
¡le septième animal, qu'on exhibe seul, à la
fin, avec des précautions. Í -. ,
C'est que celui-là ouvre .une bouche et,
-montre des dents peu faites pour rassurera
Il a franchement l'air de regretter son dé*
sert.
Pendant qu'il poussait un de ces rugisse-
ments, assez rares heureusement dans le voi-
sinage des boulevards (même du boulevard
des Filles du Calvaire), une dame se prend
à s'éventer aveefièvre.
- Vous avez chaud, ma chère I. Auriez
vous peur ?
— Moi 1. Vous n'y pensez pas ! Avec ua
froid pareil.
— Alors, pourquoi avez-vous pris votre
éventail?
—Dame, si un lion s'échappait, d'un
geste je pourrais lui dire : « A bas les patf
tes 1 » ,
Heureusement, tout s'est bien passé ! Mis$
Nouma-Hawa, après avoir consciencieusement
travaillé pendant six lions, s'est reposé au sep-
tième. quand elle a vu que ce monsieur se
trouvait mal disposé. Il y a des lions qui ont
leurs nerfs.
J'ai cru comprendre les rugissements de
çet animal rebelle, quoique parfaitement
dompté. Il semblait répondre à celle qui 1.
cravachait:
Feuilleton de GIL :UL*'S
DU 27 JANVIER 1882
97
UNE
qKl ILI
SECONDE PARTIE
ttA FEMME UU momçAT
XKK
trnois ANS APRES
( Suite)
Ce que je vous offre maintenant, je me
sens d'humeur, tant vous m'avez gagné
(l'âme, à vous l'offrir pendant huit jours et
Ii attendre votre décision, pendant une
jatitre semaine; prenez donc ce temps-là
:pbur réfléchir.
Après avoir mûrement pesé, dans une
ide vos jolies mains, l'héritage que vous
laisse le duc, l'affection qve vous porte
Mme de Pragh et, dans l'autre, ce que
valent, pour vous, l'amitié de Rose Mar-
chand, sa compagnie, ses conseils et sa
fortune, je me plais à croire que vous
n'hésiterez pas dans votre choix et que la
îbalance penchera en ma faveur : avec moi
,le luxe, l'indépendance, la rrchesse ; — de
11'autre côté, l'abandon, le misère et l'hé-
iritage de gens qui n'ont que de tristes
hoses à vous laisser, sans compter que
{CO soir, demain peut-être, vous serez,
(toute amante des nuages que vous êtes,
\sur les pavés de la grande ville qui n'est
jrien moins qu'hospitalière aux malheu-
reux.
: Rose Marchand se leva, prit entre les
\JfiQproducUffl traduction réservées,., - - -
siennes la main de Mlle de Pragh et -la.
serra doucement en ajoutant :
— Je vais toujours faire préparer votre
appartement, j'espère que vous ne tarde-
rez pas à venir l'occuper.
Roberte accompagna la visiteuse jus-
qu'à la porte; quelque souffrance qu'elle,
eût subie en l'écoutant, elle ne pouvait'
faire autrement que d'être polie et, en
apparence, reconnaissante envers cette
femme qui, prévoyant pour elle oin avenir;
malheureux, plus triste et plus solitaire,
encore que ne (l'était le présent, peu gai,
dont était faite sa vie, était accourue lui
dire : —Je suis heureuse; riche, et je" vous
offre tout ce que. je possède : ma richesse-
et le bonheur que j'ai su me faire au dé
triment des autres.
La Goule regagna lestement son coupé.
elle souriait en y prenant place ; il lui
semblait qu'elle n'avait ;pas tout à ifait,
perdu son temps et qu'elle laissait Ro-
berte, sinon tout à fait convaincue, du
moins bien ébranlée.
Cette fille ajoutait que quelques jours
de solitude et de réflexion ne pouvaient
manquer de faire voir à la fille de ce pau-
vre duc tous les avantages de Toffrequ'elle
lui avait faite.
Roberte, en se retrouvant seule chez
elle, se mit en effet à songer àce qui ive-
nait de lui être dit; au reste, il ne .pouvait
guère en être autrement, car tout ce qui
se passait dans l'entourage de ila jeune
fille était bien de nature à la faire réflé-
chir.
Elle se voyait, elle, la fille du duc de
Pragh, aussi condamné qu'il pût être,
aussi criminel qu'il fût, elle se voyait chez
une fille perdue, acceptant l'hospitalité
dans ce temple de tous les. vices et ten-
dant la main pour y recevoir la fortune de
cette créature, dont l'origine était de telle
sorte que, rien que d'y songer, elle sentait
le rouge de la honte lui monter au visage.
Elle se laissa glisser sur ses genoux,
enfonça son front dans ses deux mains
et se mit à pleurer, comme si les larmes,
cette rosée divine, étaient seules capables,
tu leur pure esseucs, d© laver ies souil-
lures qui venaient d'arriver jusqu'à son
Ifier esprit.
- O!honte des hontes ! misère des mi-
— 0
:sères! murmurait-elle; faut-il que, pour
abaisser mon immense orgueil, la Provi-
dence ne laisse plus ou verte, au devant de
'mes pas que cette route d'infamie?.
'EUe 'pleura longtemps, elle pria, elle
s'en remit à Dieu du soin de lui épargner
une semblable humiliation et quand ellê
se releva, sinon consolée, du moins plus
rcalme, elle murmura de ses belles lèvres,
!dont le sourire avait disparu depuis long-
temps.
—Non ! non ! jamais ! La mort mille-fois,
iplutôt qu'une pareille abjeçtion !
XXXI
D'UNE VISITE A LAQUELLE ROSE MARCHAND
ETAIT LOIN DE S'ATTENDRE
La Goule, ainsi qu'elle l'avait dit à
Roberte, s'occupa très sérieusement de
faire organiser son appartement, dans
l'hôtel qu'occupait Rose Marchand et qui
lui appartenait bel-et bien.
Cette drôlesse était une femme d'ordre
et tout ce qu'il est possible de faire pour
asseoir sûrement et largement son exis-
tence (pécuniairement 'parlant) avait été
fait par cette femme.
# Elle avait un hôtel magnifique, splen-
didement. meublé; elle n'avait point de
loyer à payer, vu qu'elle avait fait solder
l'immeuble par se-s amants, en leur fai-
sant croire, aux uns et aux autres, nous
pourrions dire aux uns après les autres,
qu'elle allait être expropriée, pour une
modeste somme, huit ou dix mille francs !
un rien, une misère !. si l'homme qu'elle
adorait ne les lui donnait pas, bien vite,
pour qu'elle courût les porter chez son no-
taire, qui arrêterait les frais et ferait taire
les menaces.
Bien peu, de ceux qui hantaient le bou-
doir de la belle, s'étaient récusés ; aussi
était-elle dame et maîtresse en un des
plus beaux logis qui mettent leur façade
le long de l'avenue des Champs-Elysées.
-- $Uq faisait préparer un logement co-
quet, espérant bien y voir arriver, avant
peu, Roberte de Pragh ; lorsque son do-
mestique entra, lui apportant sur un pla-
teau, la carte d'un visiteur, qui demandait
à voir madame tout de suite.
La Goule prit la carte et lut le nom
qu'elle portait.
— Est-ce possible?. s'écria-t-elle ,
est-ce bien possible que ce soit lui.
— Parfaitement, madame, se chargea
de répondre Jean, le fidèle valet, c'est bien
lui.
- Ma foi! pour la rareté du fait, qu'il
'entre!
Attends, ajouta-it-elle, au moment où
le domestique allait disparaître pour aller
exécuter les ordres de sa maîtresse; dis,
Jeam n'a-t-il pas des bottes éculées, des
.vêtements démodés ?. Son chapeau n'est-
il point crasseux et ses gants ne man-
.queat-ils pas de fraîcheur ?
Tu sais, mon garçon, je n'aime pas que
les gens qui sont dans la débine viennent
user mes tapis.
— Je n'ai rien vu de tout cela, madame,
répondit Jean; monsieur m'a paru tel
qu'il était autrefois, si bien qne, pour un
peu, j'aurais cru, en le regardant entrer,
qu'il était venu hier : il n'a pas vieilli du
tout ; il est toujours aussi beau !.
Rose jeta, vers la glace, un regard ra-
pide. Rien ne clochait dans sa mise, ni
dans sa coiffure; le'blanc, le rouge, le
bleu, le noir, à l'aide desquels elle avait
habilement replâtré son visage, ne lais-
saient rien, non plus, à désirer. Elle fit
donc signe au domestique d'introduire le
visiteur.
—Allons, se disait la Goule, du moment
où il n'est pas dans la dèche, on peut le
recevoir.
Pendant que le valet retournait à l'an-
tichambre prévenir le visiteurque madame
était visible et disposée à le recevoir,
Rose Marchand se demandait, à part elle :
— Après une si longue absence, que
diable peut-il bien venir faire chez moi ?
Il a été si gauche, le jour de cette fa-
meuse promenade à Argenteuil ; il a com-
mis tant de maladresses, en ce qui con-
cernait cette pauvre petite Roberte.; enfin
je l'ai trouvé si parfaitement prince
étranger et je l'ai si bien reçu en consé-
quence, que je ne vois vraiment w\.s'queHe'
chose peut l'amener aujourd'hui. Enfin !
nous allons bientôt le savoir.
Et pendant que le domestique annonçait:
—Monseigneur le prince Génovio deSanta-
Matario, la Goule regardait le nouveau
venu de la tête aux pieds, afin de consta-
ter par elle-même le peu de changement
qu'avait subi la charmante personne du
fier Génovio.
Bientôt 'le grand et beau garçon que
nous connaissons de longue date ,fit son
entrée.
Le domestique n'avait point menti : ;le
prince avait toujours belle.et fière mine et
ses habits sortaient tout nouvellement de
chez William Yauss, le tailleur à la mo-
de pour les gens de haute vie.
— C'est vrai, il est toujours le même,
pensait Rose, après lui avoir fait passer
lo plus minutieux examen ; alors elle dai-
gna sourire au jeune homme et, lui ten-
dant le bout de ses doigts, elle murmura
de sa voix restée toujours gracieuse et
musicale :
— Pour la rareté du fait, je vous reçois;
.vous arrivez pour le moins de l'autre
monde, et les revenints, dans notre siècle
d'incrédulité, ont droit à quelques égards;
donc, asseyez-vous, prince.
M. de Santa-Matano prit place à côté
de la Goule; comme il n'était rien moins
que timide et que'la question qui l'amenait
était fort grave pour lui, il aborda brave-
ment raffaire.
— Je viens vous demanler un service,
ma chère Rose, commença-t-il.
— Un service ! c'est chose grave ; cela
ne se rend pas ainsi, au pied levé ; de
plus, il faut savoir de quelle nature est
le service demandé ; enfin, il y a un tas
de considérations à regarder, en face et de
revers, de façon à savoir ce qu'on peut
attendre ou redouter du service qu'on
vous demande.
Ah ! j'ai beaucoup changé, soupira Rose
Marchand, depuis le long teroçs fui s'est
écoulé depuis que je ne vous ai vu.,Qudia-
vient raisonnable avec le temps !
— On devient raisonnable, en effet, ré-
pondit le jeune homme ; c'est justement à
ce propos que je suis accouru vous faire
visite, pour vous demander un service que
vous hésitez à me rendre avec des alluras
aussi blessantes pour moi que pour notre
passé à tous les deux.
— Ah ! que blessant est joli !. fit Rose;
entre deux éclats de rire, narquois et cy-
niques.
— Blessante ou pas,la chose est inqua-
lifiable autrement, continuait le prince de
Santa-Matario, et quitte à ce que vous
refusiez, plus tard, d'accéder à la demande
que je suis venu vous faire, je vous prie
de me prêter toute votre attention, afin que
je puisse vous expliquer de quoi il s'agit.
— Je vous écoute, fit Rose, én regar-
dant le jeune homme en dessous. Du ma*
ment où mes réflexions gênent votre ex-
pansion, je n'en ferai plus. Allez, prin-
ce, allez, je suis tout oreilles. Quoique le
rôle de confidente ne m'agrée qu'à demi,
je l'accepte pour vous prouver, une fois
de plus, que je désire vous être agréable ;
dans la mesure du possible ! ajouta-t-elle
d'un son de voix si glacial et si sec, que
le prince de Santa-Matario se dit, à part:
lui :
- Ma foi ! c'est toujours bien la Goule
d'autrefois : l'âme d'une usurière, dans la
peau d'une femme galante.
Cependant Santa-Matario abordait le
petit discours qu'il avait préparé à l'a-
vance pour faire connaître à Rose ce qu'il,
attendait d'elle. Il commençait ainsi
- Grâce à l'excellente mémoire que la
Providence m'a départie, je me souviens
parfaitement que vous avez été liée, pell.,
dant de très longues années- et d'une façon
fort intime, avec M. le dQ0 dé Pragh.
— Cela peut être, mais je ne m'en sou-
viens plus du tout ! répliqua Hose.
-Vous dites ? demanda te jeune homme,
non sans laisser percer quelque sui^é|&
MARC BE;\UQEt&
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