Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1917-04-06
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 86207 Nombre total de vues : 86207
Description : 06 avril 1917 06 avril 1917
Description : 1917/04/06 (N14501,A40). 1917/04/06 (N14501,A40).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7516614v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/07/2012
40e ANNEE. — N° 14.501
5 cent. Le Numéro
RÉDACTION et ADMINlSTRATION
24, Boulevard Poissonnière, Paris (9*)
ADRESSE TÉLEGRAPHIQUE: LANTERNE-PARIS
TELEPHONE : GUTENBERG
01-99
43-93 (apres minuit)
PUBLICITE ANNONCES ;
24, Boulevard Poissonnière.
-
EDITION DU SOlR,
- -
Directeur-Rédacteur en Chef : FÉLIX HAUTFORT.
VENDREDI 6 AVRIL ~101
; A
5e** Le Numéro
ABONNEMENTS
Mun frais dans tous les bureaux de posta
1 AN 6 MOIS 3 MOIS f KOU
Paris
et Départements
18 fr. 9 fr. 4 50 t 50
Etranger
Union Postale
36 fr. 18 fr. 9 » 3 »
LA DÉFENSE
DU
"prohibitionniste"
On interpellait hier à IJ Chambre sur
le décret de M: Clémentel prohibant les
importations. Il y avait deux douzaines
de députés en séance, car il s agissait
simplement de la fortune industrielle de
la France, et on savait au surplus que la
succession du ministre du commerce
n'était point encore ouverte.
Le prohibilionniste Clémentel défendit
exécrablément la plus mauvaise des cau-
ses. Il n'apparut à aucun moment de son
Ion? plaidoyer, qu'il avait compris quoi
que ce fût aux conceptions géniales de
son conseiller intime le capitaine Bla-
saix créé comme on sait général des
sucres et raviteilleur en chef. Le quar-
teron de représentants du peuple consti-
tuant l'auditoire de l'interpellé reconnut
aisément que le gracieux secrétaire
d'Etat, capable de signer toutes les .ab-
surdités était décidément hors d'état de
le* justifier ; il se laissa aller au som-
meil, dans la douceur d'une atmosphère
favorable à la sieste..
Le seul M. Stern se dévoua pour vo-
ler au secours du joli cœur ministériel
dans l'embarras, mais son pauvre talent
trahit sa grande audace.
M. Clémentel élégant comme un ora-
teur de la Belle Jardimère, crût devoir
tenter l'apologie de sa politique de guer-
re dans un exposé en trois points.
Cherchant avec obstination, il trouva
d'abord quelques raisons dé se réjouir,
dans notre détresse économique, parce
qu'une augmentation de la population
d<' nos usines s'est proJ uite de 1915 à
1916. Certes nous reconnaissons au mi-
nistre du Commerce le droit de s'éton-
ner que l'activité industrielle de notre
pays ait pu se maintenir malgré ses per-
sévérants efforts pour la paralyser. il
est en effet prodigieux qu'avec des ré-
formateurs comme le capitaine Blaseix
et son élève Clémentel, i! y ait encore
apparence de vie dans le commerce fran-
fais.
Le ministre n'a pas osé soutenir qu'il
bloquait la France pou* empêcher la
sortie du métal jaune : la démonstration
récemment faite dans la presse lui in-
terdisait d'exprimer cette sottise à la tri-
bune de la Chambre. Il déclara tout bon-
nement que c'ost la pônn le du fret qui
12 rendit prohibitionniste. Devant cet ar-
gument la raison succombe : Puisqu'il
n'y a pas de bateaux, pourquoi diable
M. Clémentel prend-il la peine d'inter-
dire toute importation ? Ignore-t-il, que
nous ne pouvons importer que du côté
de la mer, et que l'absence de frèt ren-
drait. parfaitement inopérant son trop
fameux décret ?
En vérité, il était tout à fait inutile de
gaspiller du papier et même de convo-
quer quelques graves messieurs pour
apprécier la nécessité d'établir des dé-
rogations, si la rareté de s navires, ren-
dait chimérique toute tentative 'd'im-
portation. Visiblement M. Clémentel est
dans l'absurdité jusqu'au cou, et M. Bla-
saix ne peut même plius lui tendre une
gaffe pour l'en tirer.
Dans un élan de vertu tout à fait sur-
prenant. le ministre interpellé procla-
ma qu'il entendait faire obstacle à la
spéculation. Un comble ! A quelle spé-
culation peut-on se livrer puisqu'il n'y
a plus possibilité de rien accaparer,
l'Etat usant chaque jour (ln droit de tout
réquisitionner ? La plaisanterie eût ex-
cité sans doute un peu de gaîté sur une
assemblée qu'une éloquence moins sau-
mâtre n'eût point stupéfié.
Il y a tout de même quelque c.hose
.(J'a Hl i.g:eant. dans cette harangue, p(ar
tant de côtés bouffonne, et c'est une ca-
lomnie. M, Clémentel prétend avoir pui-
sé en Angleterre le secret de sa politi-
que probitionniste ; l'outrage est exces-
sif et il sera rudement ressenti de l'au-
tre côté du Détroit. Nos alliés ont en
effet pris trois décrets réglementant l'im-
portation, mois jamais l'idée fatale et
Saugrenue d'interdire « toute Il impor-
tation n'a germé dans la cervelle d'un
ministre britannique.
Notons pour finir un dernier trait :
M. Clémentel avait à peine signé son dé-
cret qu'il avertissait ses agents de le
fenir pour nul et non avenu ! Et c'est
ainsi que cette Excellence entend dé-
tnontrer qu'elle ne cèda pas à une cam-
pagne de presse en suspendant les ef-
fets d'une mesure qu'elle avaiti prise
vingt-quatre heures auparavant. Les
mots nous manquent pour apprécier
comme il faudrait l'ingéniosité de la
dialectique du redoutable prohibition-
niste Etienne Clémentel.
——————— „
L3S curés et la liberté de conscience
Les curés aux armées continuent, malgré
, toutes les circulaires du ministre de la
guerre, du sous-secrétaire d'Etat au service
de santé, leur propagande néfaste.
A Montceau-les-Mines, l'ordre du jour sui-
vant a été voté par la Libre Pensée et en-
voyé à M. Justin Godart ,:
La Société l'Union des libres-penseurs de
Montceau-les-Mines, dans sa dernière réunion,
sur le rapport de plusieurs de ses membres aux
armées, signalant les agissements de certains
membres du clergé qui n'hésitent pas à em-
ployer toutes les vexations, voire même les me-
naces pour imposer aux blessés, dans les for-
mations sanitaircs. leurs dogmes religieux,
Prie M. le sous-secrétaire d'Etat au service de
santé de. vouloir bien, par une nouvelle circu-
laire énergique assurer l'absolue liberté de
conscience dans toutes les formations sani-
taires du front comme à ral'rtèl'c.
Quand donc les curés du service armé
nettront-ils sac au dos ?
Le nouveau monde contre la barbarie
LE SÉNAT AMÉRICAIN
A VOTÉ LA GUERRE
1
Seuls six Sénateurs ont voté contre
WASHINGTON, 4 AVRIL. — LE SENAT
PAR QUATRE-VINGT-DEUX VOIX CON-
TRE SIX A VOTE LA RESOLUTION DE
GUERRE.
Les débats à la Chambre des représentants
Londres, 5 avril - On télégraphie de
New-York au Times :
(( On est généralement d'avis que la guer-
re sera officiellement déclarée à la fin de la
semaine du plus lard. Lorsque la résolution
aura été votée par le Sénat, elle sera en-
vouée à la Chambre des représentants où
l'on prévoit que les débats dureront un ou
deux jours. Mais il n'y a aucun doute que
la résolution sera votée à une énorme ma-
jorité. »
La séance du Congrès
New-York, 4 avril. — Le Congrès améri-
c.ain continue la discussion relative à la dé-
claration de l'état de guerre
Le .sénateur Lafollette et les autres mem-
bres dRi parti pacifiste conservent une atti-
tude réservée
Le vote n'est attendu que pour une heure
avancée de la soirée.
La censure des journaux
Londres, 5 avril. — Après avoir voté la
résolution concernant la déclaration de l'é-
tat die guerre, le Congrès s'occupera de la
question de la censure qui est d'une extrê-
me urgence.
On suggère que tous les journaux publiés
en d'autres langues étrangères que l'an-
glais, le français et l'italien soient suppri-
més pour la durée de lia guerre, mais aucune
décision n'a encore été prise.
On prévoit que toute tentative pour sup-
primer les journaux allemands ou autri-
chiens ou pour les soumettre à une censure
très dure rencontrera de l'opposition au
Congrès Le problème est extrêmement sé-
rieux et délicat.
Quinze milliards de crédits !
Londres, 5 avril. — On mande de Was-
hington :
« Les chefs du pairti démocrate à la Cham-
bre des représentants comptent obtenir des-
impôts supplémentaires et des crédits de
guerre pour un chiffre de 15 milliards,
avant la fin de l'année, tant pour le gou-
vernement américain que pour les Alliés.
« M. Wilson, les personnes attachées à
son cabinet, et d'autres fonctionnaires de
l'Etat, étudient, en ce moment, avec atten-
tion, les méthodes les plus efficaces en vue
de réunir cette somme formidable »
L'attitude des pro-germains
New-York, 5 avril. — Les Allemands et
les dupes qu'ils ont faites aux Etats-Unis
sont maintenant complètement domptés.
La Staats-Zeitung, dans cette heure de
gravité amère, conseille à ses lecteurs, d'ê-
tre avant tout des Américains,
De son côté, Hearst n'ayant pas réussi à
influencer le gouvernement de Washington
dans le sens des intérêts de Berlin, se con-
sole aujourd'hui en reprenant son ancien
rôle de chauvin.
«♦» ——
L'attitude du Mexique
New-York, 5 avril. — Une dépêche de
Mexico dit que le gouvernement de Carran-
za a informé les gouvernements d'Ecuador
et de Colombie qu'il adhère à l'idée d'une
conférence des Etats américains à Monte-
video, ayant pour but de discuter les moyens
susceptibles de mettre fin à la guerre euro-
péenne.
En dépit des dépêches de Mexico disant
que le général Carranza proclamerait la
neutralité du Mexique dans le cas où la
guerre éclaterait entre les Etats-Unis et
l'Allemagne, des bruits parvenant de di-
verses régions de la frontière disent que le
Mexique prendrait probablement part à la
guerre aux côtés de l'Allemagne.
Il est reconnu que deux courants se mani-
festent actuellement au Mexique : l'un com-
prenant les éléments civils est en faveur du
maintien de la neutralité, l'autre, militaire,
plaide sous l'influence des officiers alle-
ma,nds, la participation à la guerre contre
l'Amérique.
—————————— ) -.- ( ————————.
LES SOCIALISTES BOCHES
Ils ae veulent pas détrôner le kaiser
L'organe officiel de la sozialdémokratie
fillliemanibe, le Vorwærts, vient de publier,
à l'adresse des socialistes russes, un article
qui se trouve être comme une réponse anti-
cipée au président Wilson à l'invitation du
Comité mixte d'ouvriers et de soldats de
Pétrograd. Les sozialdemokrates, manifes-
tant une fois de plus leur zèle en faveur
de l'impérialisme et des Hohenzollern, af-
firmemt et proclament que l'Allemagne
n'entend pas être une république.
Voici le passage essentiel de l'article du
Vorwaerts :
Actuellement, la sozialdemokratie russe doit
être attelée au char de l'impérialisme bour-
geois, et on emploie avec beaucoup d'habileté,
comme honarchement, l'idéologie démocrati-
que. On du aux socialistes russes : « La lutte
soutenue par l'Entente est une lutte pour la
démocratie et cette lutte ne doiti pas cessel
avant que l'Allemagne soit devenue une répu-
blique. »
A ce sujet, nous ferons observer ce qui suit.
Tout d'abord, la demande d'une république
allemande ne peut être formulée que par les
Allemands, mais non point par les Russes et
les Français et non par les sujets du roi d'An-
gleterre ou du roi d'Italie. Aucun peuple n'a
le droit d'imposer à un autre, par la force, sa
forme de gouvernement. En outre, nous avons
quelques renseignements sérieux sur les vœux
du peuple allemand en ce qui concerne la for-
me du gouvernement. Aux dernières élections
du Reichstag, 12.188.000 suffrages ont été émis
au scrutin secret ; sur ce chiffre, 4.238.000 sont
allés à la sozialdemokratie. Que tous les élec-
teurs qui ont voté pour les socialistes aient été
des républicains convaincus, nous ne voudrions
nullement le prétendre. Mais que les 7 949.000
autres électeurs ne l'aient pas été, cela Oh
peut l'admeure uva& certitude. Au Reichstaf,
sur 397 députés, 286 sont des monarchistes dé-
clarés. On ne doit dionc pas méconnaître la
force do la monarchie en Allemagne.
La Situation militaire
1 > > ■
AUX PORTES
DE SAINT-QUENTIN
—————————— ) -.- (
Nos troupes sont parvenues aux faubourgs de la ville. - Les Anglais ont
avancé à l'Ouest. Au sud de l'Ailette, nous pénétrons dans Laffaux.
-- Attaques austro-allemandes en Russie.
Malgré la neige, qui tombe en raffale et
la résistance de l'ennemi, les Alliés resser-
rent leur étreinte autour de Saint-Quentin.
L'attaque dirigée par nos troupes, au sud-
ouest et sur un front de treize kilomètres,
s'est heureusement poursuivie au cours des
dernières vingt-quatre heuresr Au delà de
Dallon, nos reconnaissances ont poussé jus-
qu'au faubourg Saint-Martin, au sud-Ouest
de la ville. Nous avons enlevé d'assaut les
villages de Grugies, Urvillers et Moy, en re»
jetant l'ennemi de la position importante
jalonnée par ces trois villages. L'élan de
nos troupes était tel. qu'au nord de la ferme
de la Folie, qui se trouve sur la route de
Vendeuil à Saint-Quentin, les Allemands,
pris de panique abandonnèrent précipitam-
ment trois lignes de tranchées précédées de
réseaux de fils de fer, en laissant en arrière
des blessés et un important matériel. -
A l'ouest de la place, les troupes britanni-
ques, après avoir repoussé une violente
contre-attaque lancée contre eux, se sont
emparées du village de Metz-en-Couture, au
nord-ouest d'Epchy.
Au sur de l'Ailette, nos troupes ont at-
teint Laffaux, et pénétré dans le village
même, où l'ennemi se défend pied à pied. *
Il paraît difficile désormais que Saint-
Quentin puisse tenir longtemps ; et l'on si
gnale en effet, que les Allemands procèdent
aux préparatifs, pour eux ordinaire, d'un?
évacuation, c'est-à-dire qu'ils font sauter les
édifices et allument des incendies. D'autre
part, le major Moraht déclare que le recul
stratégique d'hindenburg n'est point fini
En tous cas, et en ce qui concerne les sec-
teurs de Saint-Quentin, il serait malaisé de
soutenir que ce repli sera cette fois spon-
tané. Il se trouvera imposé non par le com-
mandement allemand, mais par nos soldats.
On parle d'autant plus du fameux plan
du maréchal que l'on l'aperçoit moins te
dessiner. Les versions les plus diverses
continuent à circuler. On parle tour à tnu"
d'une attaque lancée contre l'Italie qu'en
cas de victoire l'on contraindrait à une paix
séparée. — Ou bien d'un grand effort di-
rigé contre la Russie, ou bien d'une vaste
tentative risquée contre la Champagne et le
centre de la France. A moins que Hinden
burg n'ait pas de plan du fOHt.\ et attende
tout simplement que les circonstances lui
offrent une occasion favorable pour en im-
proviser un.
Alors que, depuis quelque temps, un cal
me à peu près complet régnait sur le front
russe, voici que les Austro-Allemands vien-
nenl de déclancher une série d'attaques sur
divers points du front, près d'Illoukst, près
de la Dvina, sur le Stockod. et dans la ré
gion du Bas-Danube. La plus importante de
ces attaques fut celle dirigée contre le Stoc.
kod, et qui réussit à forcer le passage de la
rivière. Sans doute n'y a-t-il là que des ten-
tatives à portée locale ; mais ces essais de
sondage pourraient bien aboutir si les cir-
constances paraissaient favorables, à de
plus vastes opérations.
973" JOUR DE LA GUERRE
—-—— .,.
COMMUNIQUÉ OFFICIEL
DU JEUDI 5 AVRIL 1917
■ —1
Français.
1-4 heures. - De la Somme à l'Oise, l'ennemi n'a tenté aucune réaction sur le
nouveau iront conquis par nous hier.
Pendant la nuit, nos reconnaissances ont poussé au nord de Gauchy et au nord de
Moy jusqu'aux lignes allemandes qu'elles ont trouvées fortement occupées.
Canonnade intermittente à l'est et à l'ouest de la Somme.
Hier, en fin de journée, les tirs de nos batteries ont arrêté net une contre-attaque
allemande qui s'apprêtait à déboucher sur le front Laffaux-Margival. La lutte d'artil-
lerie continue dans ce secteur.
Au nord-ouest de Reims, les Allemands ont attaqué sans succès nos lignes entre
Sapigneul et la ferme du Godât.
Quelques fractions ennemies qui avaient pris pied dans un élément avancé en ont
été rejetés aussitôt par notre contre-attaque.
En Alsace, nous avons pris sous nos ieux et dispersé un groupe ennemi dans la
région d'Ammerzwiller.
Nuit calme partout ailleurs.
LA POLITIQUE BOCIIE
Orientation nouvelle
Zurich, 5 avril. — Suivant la « Schwae-
bische Tagwacht », il devient de jour en
jour plus évident que l'orientation nouvelle
n'est -plus une question de politique inté-
rieuire, mais devient de plus en plue une
question de politique extérieure. Tous les
peuples qui nous entourent, dit le journal,
ne voient plus d'ennemis et de dangers
que dans la Prusse et dans l'Allemagne
réactionnaire.
Certainement le chancelier a déclaré quie
l'Allemagne ne se mêlera pas des affaires
intérieures russes, mais on sait parfaite-
ment, en Russi'e, qu'en Allemagne les cham-
celiers passent et se succèdent et que, par
conséquent, ni les affirmations d'un chance-
lier ni les déclarations des partis au Reichs-
tag, ne peuvent être de sûres garanties
aussi longtemps qu'il existera en Allema-
gne un système politique laissant le pouvoir
gouvernemental indépendant de la volonté
des grandes masses du peuple.
L'opposition des Junkers
Zurich, 5 avril. — Voici un résumé, des
informations publiées par plusieurs jour-
naux allemands au sujet de la crise politi-
quie. On sait que le Reichstag a voté le
projet de création d'un comité constitua
tionnel de 28 membres destiné à obtenir la
démocratisation du Parlement et la respon-
sabilité du ministère. Le prince Schoenaich-
Oarolath a pris la tête du mouvement au-
quel des socialistes, le centre catholique et
les nationaux libéraux ont adhéré. Seuls les
junkers ont fait opposition. Les socialistes
travaillant avec le comité se proposent de
soumettre une proposition déclarant que la
guerre ne pourra, à l'avenir, être déclarée
sans le consentement du Reichstag. D'au-
tre part, il y a dans l'opinion publique, un
fort courant pour que la Diète prussienne
soit élue par Je suffrage universel : c'est,
en effet, la seule assemblée législative qui,
en Allemagne, ne soit pas nommée par ce
mode de scrutin.
Le Parlementarisme
Bâte, 5 avril. — D'après les « Basler
Nachrichten », le parti du parlementarisme
en Allemagne, quoique très attaqué par la
droite, semble avoir gagné du terrain.
-- > < —
Les offres de paix
des Empires Centraux
Zurich, 5 avril. - D'après le « Badische
Landies Zeitung », une nouvelle offne de paix
faite pair les enmpires centraux ne rencon-
trera pas en Allemagne une approbation
unanime. On en a déjà un avant-goût en
lisant la presse conservatrice.
La « Kreuz Zeitung » écrit :
« Personne en Allemagne n'aura pris le
dernier discours du chancelier comme une
nouvelle offre de paix adressée à la Russie.
On pouvait d'autant moins juger ce dis-
cours dans ce sens que l'état troublé dans
lequel la Russie se trouve actuellement ne
permet guère de s'adresser à un gouverne-
ment responsable -
LA RUSSIE NOUVELLE
Vers la République !
Petrograd, 5 avril. — Les révélations qui,
chaque jour, s'accumulent au sujet de la
vie privée des ex-souverains et ae rappor-
tant au scandale Raspouitine, ont amené un
changement radical dans l'opinion publique.
De moins en moins on envisage la possibi-
lité de rétablir la monarchie. Presque tous
les journaux admettent, maintenant, l'éven-
tualité de l'adoption d'un gouvernement de
forme républicaine.
La fortune de la famille impériale
On télégraphia de Petrograd au « Times »:
« M. Titaff, commissaire nommé par le
gouvernement provisoire, pour s'occuper
des affaires de l'ex-tsar et de sa famille,
vient de demander les fonds nécessaires
ipour couvrir leurs dépenses courantes.
« Suivant une évaluation approximative
de la fortune de la famille impériale, il sem-
ble que Nicolas II ne possède pas plus de
2 millions et demi de francs en argent, La
fortune personnelle de la tsarine se monte
à 2 millions 750.000 francs. Le jeuaie tsa-
rewitch est beaucoup plus riche. Il possède
environ 14 millions.
« Quant aux fortunes de ses sœurs, elles
sont estimées comme suit : princesse Olga
13 millions, princesse Tatiana 10 millions,
princesse Marie 9 millions, princesse Anas-
tasie 8 millions.
« La situation des grands-ducs et des au-
tres membres de la famille Romanoff sera
également examinée minutieusement par
M. Titoff. »
—— ) -+- (
L'Espagne va restreindre
l'exportation des métaux
Madrid, 4 avril. — On annonce qu'à la
suite de démarches des entrepreneurs de
construction, le conseil des ministres a dé-
cidé de restreindre l'exportation de certains
produits métallurgiques.
Une explosion rue de Rome
Ce matin, vers sept heures, un camion
automobile venant de la gare des Batignol-
les, passait rme de Rome, lorsqu'un fût, ren-
fermant du carbure de caiçium, croit-on, fit
subitement explosion.
Le soldat Lefèvre, conducteur du camion,
n'eut aucun mal, mais un commerçant, M.
Vinanger, établi débitant au numéro 133,
fut assez sérieusement blessé par des éclats
de vitres.
Tous les carreaux des immeubles voisins
ont été réduits en miettes.
Le Laboratoire municipal a été prévenu.
LA FOIRE AUX JAMBONS
Lé préfet de police a prolongé de deux
jours, sur la demande des marchands en
stationnement, la durée- de la Foire aux
Jambons et de la Foire à la Ferraille, qui
ont été contrariées par le mauvais temps.
La Résistance économique
■ t mttm » —
LE PROBLÈME
DE L'ALIMENTATION
..- ;) - .-ta - ——————————
Il faut le résoudre d'une façon méthodique et
sûre, par l'application d'une formule générale.
Il n'y a pas à vrai dire une question du
blé, une question de la viande, une ques-
tion des pommes de terre. Toutes ces ques-
tions ne sont que les différents aspects d'un
problème unique, celui de l'alimentation
générale, qui se 'pose de la sorte :
L'organisme humain réclame, pour faire
face à ses besoins, de calorique et d'énergé-
tique, et réparer l'usure de ses tissus, une
certaine quantité de matières plastiques et
dynamophores, qui peuvent lui être four-
nies par des aliments très divers et très
nombreux. Etant dortnée la situation de
notre production et de nos ressources, com-
ment déterminer la ration alimentaire suf-
fisante de chaque individu, de façon à re-
courir le moins possible à des achats à
l'étranger.
La solution de ce problème comporte trois
groupes d'opérations :
En premier, lieu, il conviendrait Je déter-
miner, avec un maximum de précision, no-
tre situation exacte, c'est-à-dire l'état quan-
titatif des produits divers servant, ou sus-
ceptibles de servir, à notre alimentation, et
die faire ensuiite connaître au pays, — de
la bonne volonté duquel on peut attendre
plus que ne le croient généralement les
Pouvoirs publics, — quels sont ceux de ces
produits qu'il faut économiser et ceux que
nous devons consommer de préférence.
Dans ce but, on avait envisagé naguère
la création d'un Conseil National des Eco-
nomies,mais on voulut faire ce Conseil telle-
ment somptueux et vaste que l'idée devint
inapplicable et fut abandonnée. Peut-être
pourrait-on utilement y revenir, mais à la
condition de rêver moins grand, et de se
contenter d'une commission moins brillan
te et plus technique, composée de personna-
lités compétentes et actives, qui, sans trop
de discours et de rapports, pourraient, en
quinze jours, dresser un bilan de nos res-
sources et de nos besoins, de notre actif et
de notre passif alimentaires, et à la surte
établiraient un programme rationnel d'éco-
nomies.
D'autre part. il serait utile, ainsi que
nous ravons souvent suggéré. tle faire un
appel général aux réserves alimentaires
oonstituées par la masse de ces produits,
désignés sous le nom de produits de rem-
placement ou succédanés, qui sont propres
à l'alimentation, mais que nous en avons
écartés par suite de considérations plus
économiques que hygiéniques, et en vue
d'éviter qu'ils ne fassent, à cause de leur
bas pris, une concurrence désastreuse aux
produits normaux. Le gouvernement, à la
vérité, a esquissé des tentatives dans ce
sens, mais qui restent encore à l'état de
projet.
C'est ainsi qu'il a proposé d'autoriser,
pour certaines préparations, J'emploi de la
saccharine, dont l'usage introduit plus tôt
aurait empêché la crise du sucre. Mais voi-
ci de longues semaines que le projet traîne
de commission en commission, et des mois
se passeront encore avant qu'il soit appli-
que. Que de milliers de' tonnes de sucre que
l'on eût pu réserver pour la consommation
familiale, auront été inutilement emp!oyées
par l'industrie.
De même, il a envisagé l'utilisation d'uqproportion déterminée de succédanés du
froment dans la panification, mais combien
de temps se passera-t-il avant qu'une déci.
sion ait été prise et appliquée à ce sujet.
On aurait, en outre, éviter la crise d-Jf
beurre en levant les entraves mises au
commerce de la margarine, et celle du yin
en permettait la circulation et la vente des
piquettes, des vins de raisins secs et des
vins de sucre Ces produits de substitution,
qui sont Jes plus connus, sont loin d'être
les seuls ; il en existe, et l'on pourrait eat
créer bien d'autres susceptibles de rendre
des services analogues.
Une fois notre actif alimentaire connu et
accru par les apports exceptionnels, aux.
quels je viens de faire allusion, il y aurait
lieu d'orienter, par des mesures appro-
priées, la consommation vers les produits
les plus abondante, et de la détourner de
ceux dont nous disposons en quantité in-
suffisante. Les efforts que le gouvernement
a jusqu'à ce jour faits à "33 point de vue
incohérents et illogiques, ont opéré à con-
tre sens. Pour diminuer la dépense de fa-
rine, il a interdit partiellement, et va, pa-
rait-il, inferdire complètement l'usage des
gâteaux ; par là, il a provoquk, et provo-
q.uera davantage, une -augmentation dans
la consommation du pain et, par buHë, une
dépense double de farine. Il a prohibé la
vente du pain tendre et imposé le pain ras,
sis, s-an-s la moindre raison scientifique Cil:
expérimentale sérieuse, et, de la seule, il a
infligé à la population une gêne inutile et,
dès lors, dangereuse. Il a défendu, deux
jours par semaine, l'usage du chocolat, et,
comme conséquences a accru, une fois de
plus, nos dépenses de pain Toutes ces me-
sures furent prises, au hasard de l'inspi-
ration, sans que l'on se soit préoccupé dIs
les rattacher à un plan d'ensemble, et su1:*
tout de prévoir leurs répercussions.
Le gouvernement a totalement oublié,
dans la circonstance, ce principe fonda-
mental, que l'on ne peut restreindre ou sup-
primer une consommation alimentaire, sans
provoquer une consommation correspon-
dante d'une nature différente, mais produi-
sant un même nombre de calories. Par con-
séquent, en prohibant Ja consommation de
produits, que l'on mange à la place du pain
om avec du pain, on devait neceasairemenf
accroître la consommation de celui-ci. C'est
donc exactement le contraire qu'il eût fallu
faire ; et le seul moyen de diminuer nos
dépenses en blé, consistait à développer l'u-
sage des aliments ne contenant pas de fa-
rine de froment, ou en contenant moins
que le pain, et susceptibles de jouer dans
ralimentation le même rôle que lui.
En s'inspirant de ce principe, en exami-
nant avec soin vers quel produit l'interdic-
tion d'un autre produit dirigera le consom-
mateur, le gouvernement aurait évité les
erreurs qu'il a commises ; et c'est en ba-
sant sur ce même principe an programme
d'ensemble qu'il substituera au système des
expédients une politique alimentaire Mié.
rente et féconde.
L'existence de ce programme, logique,
étudié, réfléchi, éviterait en même temps
ces mesures contradictoires et hésitantes,
annoncées, démenties, confirmées, prises,
rapportées et reprises, qui maintiennent la
population dans un état d'énervement pire
que les privations, et qui lui donnent cette
impression que les hommes qui la WJllwer..
nent sont désorientés et impuissants, qu'ils
agissent au hasard, et seulement pour mas-
quer leur impuissance.
Maître Jacques.
A LA CHAMBRE
Les Bénéfices de guerre
et
l'iiiMiiiiiM flumrtaiMs
Au début de la séance, le ministre des fi-
nanoes dépose un projet de loi portant ou-
verture de crédits seton les propositions vo-
tées avant-hier au sujet de la vie chère et
des allocations supplémentaires.
Puis la Chambre termine l'exament de la
proposition de loi de M. Mistral tendant
à introduire dans les usines de guerre le
régime de la régie intéressée.
La commission et le gouvernement pro-
pose de prélever 50 jusqu'aux 25 °L
de bénéfices ; quand Les bénéfices iront de
25 à 50 %, la part de l'Etat sera de 60 0/0
et au delà 75 0/0. Ces chiffres furent votés
Ils laissent supposer que certains indus-
triels purent réaliser de sérieux bénéfices !
Le régime nouveau s'appliquera aux mar-
chés d'au moins 200 000 francs pour rn
semestre.
FinaSement, la loi est votée à mains le-
vées.
L'INTERDICTION D'IMPORTATION
La Chambre a à connaître ensuite les in-
terpellations adressées à l'ineffable M. Clé-
mentel au sujet de son décret du 22 mars
portant interdiction des importations.
M. Georges Anoel déclare que les consé-
quences de ce décret sont incalculables et
menacent notre commerce de la ruine la
plus complète.
Le gouvernement, dit-il, s'est aperçu de la
gravité de son acte et a ajourné sa mise en
pratique. Il faut désormais qu'une telle mesure
ne soit annoncée qu'après en avoir examiné
toutes les répercussions.
M. Charles Leboucq demande quelques
précisions sur les conditions dans lesquel-
les a été pris et doit être appliqué !e décret
du 22 mars.
Il faut, dit M. Leboucq, que l'on interdise
l'entrée de certains produits fabriquée, mais
pour assurer la vie économique du pays, il
importe de ne pas fermer la porte aux matières
premières nécessaires à notre industrie.
M. Puech vient également critiquer le dé-
cret On aurait dû, déclare-t-il, prohiber
seulement certains articles, tandis qu'en
prenant une mesure générale pour la cor-
riger ensuite par des dérogations, on a
ouvert la porte à la spéculation et semé
l'alarme chez nos commerçants.
M. Stern, en bon terre-neuve, apporte, au
contraire, des arguments en faveur du dé-
cret « Le principal est, dit-il, notre situa-
tion financière ! »
UN PLAIDOYER u PRO DOMO »
M. Clémentel répond aux interpellateurs
Il fait l'historique de la situation corn
merciale et industrielle en France depuis
le commencement de la gwrre
« Un grand fait, dit le ministre du com-
merce, pèse sur notre situation et 4"st à la
source de toutes nos crises ; crise du blé ou
crise du charbon, c'est le manque de ton-
nage, et de pius en plus tya trois viennent
à manquer.
« C'est pourquoi nous sommes amenés iï
prohiber l'entrée de toutes les marchandi-
ses qui ne sont pas absolument indispen-
sables à la vie du pays.
« Les Anglais nous ont précédé dans cette
voie et nous avons eu beaucoup de peine
à obtenir certaines dérogations ; dans ces
conditions nous ne pouvions plus longtemps
persister dans la politiuue du laisser-faire
« Il est nécessaire d'organiser le com-
merce. C'est là un des buts du décret, ei
pour surveiller Jes cours, pour éviter um
hausse injustifiée, il faut que nous connais
sions les importations dans chaque article,
« On nous a reproché d'agir brutalement
Nous l'avons fait de propos délibéré et pour
mettre le monde en présence du fait ac-
compli. Il est faux de dire que nous ayons
hésité. Avant die rendre le décret public
nous avions prévenu nos agents diploma
tiques de maintenir le statu quo jusqu'au
moment où les dérogations semnt prises.
« Nui ne peut savoir si dans l'avenir nous
ne serons pas amenés à ajouter d'autres
prohibitions d'entrée à celles que nous éta-
blissons aujourd'hui Le décret nous or-
donne les moyens, nnus avons en mains.
par lui, un instrument souple et efficace.
« Noue ne manquerons pas, conclut M.
Clémentel, de favoriser dans Ja mesura dt
possible l'entrée des marchandises d'expor
tation, mais si des sacrifices devaient être
demandés encore à l'industrie française,
nous ne doutons pas qu'elle souscrive à no.
tre appel »
Deux ordres du jour sont déposés :
Le premier de M. Jules Siegfried :
« La Chambne, confiante dans le gouver-
nement pour faciliter, d'accord avec les or-
ganismes intéressés et dans toute la mesure
permise par les nécessités de la guerrc, la
mouvement industriel et commercial du
pays, l'invite à soumettre à sa ratification
le décret du 22 mars, avant son applica-
tion » ;
Le deuxième de M. Honnorat :
« La Chambre, confiante dans le gouver-
nement pour /poBirsunvro au point de vue
économique une politique 'fo guerre éner.
giiffuc, ¡PÜlJll' mnJnte-riM* l'activité commer.
ciale et industrielle du Dave dans la ma
5 cent. Le Numéro
RÉDACTION et ADMINlSTRATION
24, Boulevard Poissonnière, Paris (9*)
ADRESSE TÉLEGRAPHIQUE: LANTERNE-PARIS
TELEPHONE : GUTENBERG
01-99
43-93 (apres minuit)
PUBLICITE ANNONCES ;
24, Boulevard Poissonnière.
-
EDITION DU SOlR,
- -
Directeur-Rédacteur en Chef : FÉLIX HAUTFORT.
VENDREDI 6 AVRIL ~101
; A
5e** Le Numéro
ABONNEMENTS
Mun frais dans tous les bureaux de posta
1 AN 6 MOIS 3 MOIS f KOU
Paris
et Départements
18 fr. 9 fr. 4 50 t 50
Etranger
Union Postale
36 fr. 18 fr. 9 » 3 »
LA DÉFENSE
DU
"prohibitionniste"
On interpellait hier à IJ Chambre sur
le décret de M: Clémentel prohibant les
importations. Il y avait deux douzaines
de députés en séance, car il s agissait
simplement de la fortune industrielle de
la France, et on savait au surplus que la
succession du ministre du commerce
n'était point encore ouverte.
Le prohibilionniste Clémentel défendit
exécrablément la plus mauvaise des cau-
ses. Il n'apparut à aucun moment de son
Ion? plaidoyer, qu'il avait compris quoi
que ce fût aux conceptions géniales de
son conseiller intime le capitaine Bla-
saix créé comme on sait général des
sucres et raviteilleur en chef. Le quar-
teron de représentants du peuple consti-
tuant l'auditoire de l'interpellé reconnut
aisément que le gracieux secrétaire
d'Etat, capable de signer toutes les .ab-
surdités était décidément hors d'état de
le* justifier ; il se laissa aller au som-
meil, dans la douceur d'une atmosphère
favorable à la sieste..
Le seul M. Stern se dévoua pour vo-
ler au secours du joli cœur ministériel
dans l'embarras, mais son pauvre talent
trahit sa grande audace.
M. Clémentel élégant comme un ora-
teur de la Belle Jardimère, crût devoir
tenter l'apologie de sa politique de guer-
re dans un exposé en trois points.
Cherchant avec obstination, il trouva
d'abord quelques raisons dé se réjouir,
dans notre détresse économique, parce
qu'une augmentation de la population
d<' nos usines s'est proJ uite de 1915 à
1916. Certes nous reconnaissons au mi-
nistre du Commerce le droit de s'éton-
ner que l'activité industrielle de notre
pays ait pu se maintenir malgré ses per-
sévérants efforts pour la paralyser. il
est en effet prodigieux qu'avec des ré-
formateurs comme le capitaine Blaseix
et son élève Clémentel, i! y ait encore
apparence de vie dans le commerce fran-
fais.
Le ministre n'a pas osé soutenir qu'il
bloquait la France pou* empêcher la
sortie du métal jaune : la démonstration
récemment faite dans la presse lui in-
terdisait d'exprimer cette sottise à la tri-
bune de la Chambre. Il déclara tout bon-
nement que c'ost la pônn le du fret qui
12 rendit prohibitionniste. Devant cet ar-
gument la raison succombe : Puisqu'il
n'y a pas de bateaux, pourquoi diable
M. Clémentel prend-il la peine d'inter-
dire toute importation ? Ignore-t-il, que
nous ne pouvons importer que du côté
de la mer, et que l'absence de frèt ren-
drait. parfaitement inopérant son trop
fameux décret ?
En vérité, il était tout à fait inutile de
gaspiller du papier et même de convo-
quer quelques graves messieurs pour
apprécier la nécessité d'établir des dé-
rogations, si la rareté de s navires, ren-
dait chimérique toute tentative 'd'im-
portation. Visiblement M. Clémentel est
dans l'absurdité jusqu'au cou, et M. Bla-
saix ne peut même plius lui tendre une
gaffe pour l'en tirer.
Dans un élan de vertu tout à fait sur-
prenant. le ministre interpellé procla-
ma qu'il entendait faire obstacle à la
spéculation. Un comble ! A quelle spé-
culation peut-on se livrer puisqu'il n'y
a plus possibilité de rien accaparer,
l'Etat usant chaque jour (ln droit de tout
réquisitionner ? La plaisanterie eût ex-
cité sans doute un peu de gaîté sur une
assemblée qu'une éloquence moins sau-
mâtre n'eût point stupéfié.
Il y a tout de même quelque c.hose
.(J'a Hl i.g:eant. dans cette harangue, p(ar
tant de côtés bouffonne, et c'est une ca-
lomnie. M, Clémentel prétend avoir pui-
sé en Angleterre le secret de sa politi-
que probitionniste ; l'outrage est exces-
sif et il sera rudement ressenti de l'au-
tre côté du Détroit. Nos alliés ont en
effet pris trois décrets réglementant l'im-
portation, mois jamais l'idée fatale et
Saugrenue d'interdire « toute Il impor-
tation n'a germé dans la cervelle d'un
ministre britannique.
Notons pour finir un dernier trait :
M. Clémentel avait à peine signé son dé-
cret qu'il avertissait ses agents de le
fenir pour nul et non avenu ! Et c'est
ainsi que cette Excellence entend dé-
tnontrer qu'elle ne cèda pas à une cam-
pagne de presse en suspendant les ef-
fets d'une mesure qu'elle avaiti prise
vingt-quatre heures auparavant. Les
mots nous manquent pour apprécier
comme il faudrait l'ingéniosité de la
dialectique du redoutable prohibition-
niste Etienne Clémentel.
——————— „
L3S curés et la liberté de conscience
Les curés aux armées continuent, malgré
, toutes les circulaires du ministre de la
guerre, du sous-secrétaire d'Etat au service
de santé, leur propagande néfaste.
A Montceau-les-Mines, l'ordre du jour sui-
vant a été voté par la Libre Pensée et en-
voyé à M. Justin Godart ,:
La Société l'Union des libres-penseurs de
Montceau-les-Mines, dans sa dernière réunion,
sur le rapport de plusieurs de ses membres aux
armées, signalant les agissements de certains
membres du clergé qui n'hésitent pas à em-
ployer toutes les vexations, voire même les me-
naces pour imposer aux blessés, dans les for-
mations sanitaircs. leurs dogmes religieux,
Prie M. le sous-secrétaire d'Etat au service de
santé de. vouloir bien, par une nouvelle circu-
laire énergique assurer l'absolue liberté de
conscience dans toutes les formations sani-
taires du front comme à ral'rtèl'c.
Quand donc les curés du service armé
nettront-ils sac au dos ?
Le nouveau monde contre la barbarie
LE SÉNAT AMÉRICAIN
A VOTÉ LA GUERRE
1
Seuls six Sénateurs ont voté contre
WASHINGTON, 4 AVRIL. — LE SENAT
PAR QUATRE-VINGT-DEUX VOIX CON-
TRE SIX A VOTE LA RESOLUTION DE
GUERRE.
Les débats à la Chambre des représentants
Londres, 5 avril - On télégraphie de
New-York au Times :
(( On est généralement d'avis que la guer-
re sera officiellement déclarée à la fin de la
semaine du plus lard. Lorsque la résolution
aura été votée par le Sénat, elle sera en-
vouée à la Chambre des représentants où
l'on prévoit que les débats dureront un ou
deux jours. Mais il n'y a aucun doute que
la résolution sera votée à une énorme ma-
jorité. »
La séance du Congrès
New-York, 4 avril. — Le Congrès améri-
c.ain continue la discussion relative à la dé-
claration de l'état de guerre
Le .sénateur Lafollette et les autres mem-
bres dRi parti pacifiste conservent une atti-
tude réservée
Le vote n'est attendu que pour une heure
avancée de la soirée.
La censure des journaux
Londres, 5 avril. — Après avoir voté la
résolution concernant la déclaration de l'é-
tat die guerre, le Congrès s'occupera de la
question de la censure qui est d'une extrê-
me urgence.
On suggère que tous les journaux publiés
en d'autres langues étrangères que l'an-
glais, le français et l'italien soient suppri-
més pour la durée de lia guerre, mais aucune
décision n'a encore été prise.
On prévoit que toute tentative pour sup-
primer les journaux allemands ou autri-
chiens ou pour les soumettre à une censure
très dure rencontrera de l'opposition au
Congrès Le problème est extrêmement sé-
rieux et délicat.
Quinze milliards de crédits !
Londres, 5 avril. — On mande de Was-
hington :
« Les chefs du pairti démocrate à la Cham-
bre des représentants comptent obtenir des-
impôts supplémentaires et des crédits de
guerre pour un chiffre de 15 milliards,
avant la fin de l'année, tant pour le gou-
vernement américain que pour les Alliés.
« M. Wilson, les personnes attachées à
son cabinet, et d'autres fonctionnaires de
l'Etat, étudient, en ce moment, avec atten-
tion, les méthodes les plus efficaces en vue
de réunir cette somme formidable »
L'attitude des pro-germains
New-York, 5 avril. — Les Allemands et
les dupes qu'ils ont faites aux Etats-Unis
sont maintenant complètement domptés.
La Staats-Zeitung, dans cette heure de
gravité amère, conseille à ses lecteurs, d'ê-
tre avant tout des Américains,
De son côté, Hearst n'ayant pas réussi à
influencer le gouvernement de Washington
dans le sens des intérêts de Berlin, se con-
sole aujourd'hui en reprenant son ancien
rôle de chauvin.
«♦» ——
L'attitude du Mexique
New-York, 5 avril. — Une dépêche de
Mexico dit que le gouvernement de Carran-
za a informé les gouvernements d'Ecuador
et de Colombie qu'il adhère à l'idée d'une
conférence des Etats américains à Monte-
video, ayant pour but de discuter les moyens
susceptibles de mettre fin à la guerre euro-
péenne.
En dépit des dépêches de Mexico disant
que le général Carranza proclamerait la
neutralité du Mexique dans le cas où la
guerre éclaterait entre les Etats-Unis et
l'Allemagne, des bruits parvenant de di-
verses régions de la frontière disent que le
Mexique prendrait probablement part à la
guerre aux côtés de l'Allemagne.
Il est reconnu que deux courants se mani-
festent actuellement au Mexique : l'un com-
prenant les éléments civils est en faveur du
maintien de la neutralité, l'autre, militaire,
plaide sous l'influence des officiers alle-
ma,nds, la participation à la guerre contre
l'Amérique.
—————————— ) -.- ( ————————.
LES SOCIALISTES BOCHES
Ils ae veulent pas détrôner le kaiser
L'organe officiel de la sozialdémokratie
fillliemanibe, le Vorwærts, vient de publier,
à l'adresse des socialistes russes, un article
qui se trouve être comme une réponse anti-
cipée au président Wilson à l'invitation du
Comité mixte d'ouvriers et de soldats de
Pétrograd. Les sozialdemokrates, manifes-
tant une fois de plus leur zèle en faveur
de l'impérialisme et des Hohenzollern, af-
firmemt et proclament que l'Allemagne
n'entend pas être une république.
Voici le passage essentiel de l'article du
Vorwaerts :
Actuellement, la sozialdemokratie russe doit
être attelée au char de l'impérialisme bour-
geois, et on emploie avec beaucoup d'habileté,
comme honarchement, l'idéologie démocrati-
que. On du aux socialistes russes : « La lutte
soutenue par l'Entente est une lutte pour la
démocratie et cette lutte ne doiti pas cessel
avant que l'Allemagne soit devenue une répu-
blique. »
A ce sujet, nous ferons observer ce qui suit.
Tout d'abord, la demande d'une république
allemande ne peut être formulée que par les
Allemands, mais non point par les Russes et
les Français et non par les sujets du roi d'An-
gleterre ou du roi d'Italie. Aucun peuple n'a
le droit d'imposer à un autre, par la force, sa
forme de gouvernement. En outre, nous avons
quelques renseignements sérieux sur les vœux
du peuple allemand en ce qui concerne la for-
me du gouvernement. Aux dernières élections
du Reichstag, 12.188.000 suffrages ont été émis
au scrutin secret ; sur ce chiffre, 4.238.000 sont
allés à la sozialdemokratie. Que tous les élec-
teurs qui ont voté pour les socialistes aient été
des républicains convaincus, nous ne voudrions
nullement le prétendre. Mais que les 7 949.000
autres électeurs ne l'aient pas été, cela Oh
peut l'admeure uva& certitude. Au Reichstaf,
sur 397 députés, 286 sont des monarchistes dé-
clarés. On ne doit dionc pas méconnaître la
force do la monarchie en Allemagne.
La Situation militaire
1 > > ■
AUX PORTES
DE SAINT-QUENTIN
—————————— ) -.- (
Nos troupes sont parvenues aux faubourgs de la ville. - Les Anglais ont
avancé à l'Ouest. Au sud de l'Ailette, nous pénétrons dans Laffaux.
-- Attaques austro-allemandes en Russie.
Malgré la neige, qui tombe en raffale et
la résistance de l'ennemi, les Alliés resser-
rent leur étreinte autour de Saint-Quentin.
L'attaque dirigée par nos troupes, au sud-
ouest et sur un front de treize kilomètres,
s'est heureusement poursuivie au cours des
dernières vingt-quatre heuresr Au delà de
Dallon, nos reconnaissances ont poussé jus-
qu'au faubourg Saint-Martin, au sud-Ouest
de la ville. Nous avons enlevé d'assaut les
villages de Grugies, Urvillers et Moy, en re»
jetant l'ennemi de la position importante
jalonnée par ces trois villages. L'élan de
nos troupes était tel. qu'au nord de la ferme
de la Folie, qui se trouve sur la route de
Vendeuil à Saint-Quentin, les Allemands,
pris de panique abandonnèrent précipitam-
ment trois lignes de tranchées précédées de
réseaux de fils de fer, en laissant en arrière
des blessés et un important matériel. -
A l'ouest de la place, les troupes britanni-
ques, après avoir repoussé une violente
contre-attaque lancée contre eux, se sont
emparées du village de Metz-en-Couture, au
nord-ouest d'Epchy.
Au sur de l'Ailette, nos troupes ont at-
teint Laffaux, et pénétré dans le village
même, où l'ennemi se défend pied à pied. *
Il paraît difficile désormais que Saint-
Quentin puisse tenir longtemps ; et l'on si
gnale en effet, que les Allemands procèdent
aux préparatifs, pour eux ordinaire, d'un?
évacuation, c'est-à-dire qu'ils font sauter les
édifices et allument des incendies. D'autre
part, le major Moraht déclare que le recul
stratégique d'hindenburg n'est point fini
En tous cas, et en ce qui concerne les sec-
teurs de Saint-Quentin, il serait malaisé de
soutenir que ce repli sera cette fois spon-
tané. Il se trouvera imposé non par le com-
mandement allemand, mais par nos soldats.
On parle d'autant plus du fameux plan
du maréchal que l'on l'aperçoit moins te
dessiner. Les versions les plus diverses
continuent à circuler. On parle tour à tnu"
d'une attaque lancée contre l'Italie qu'en
cas de victoire l'on contraindrait à une paix
séparée. — Ou bien d'un grand effort di-
rigé contre la Russie, ou bien d'une vaste
tentative risquée contre la Champagne et le
centre de la France. A moins que Hinden
burg n'ait pas de plan du fOHt.\ et attende
tout simplement que les circonstances lui
offrent une occasion favorable pour en im-
proviser un.
Alors que, depuis quelque temps, un cal
me à peu près complet régnait sur le front
russe, voici que les Austro-Allemands vien-
nenl de déclancher une série d'attaques sur
divers points du front, près d'Illoukst, près
de la Dvina, sur le Stockod. et dans la ré
gion du Bas-Danube. La plus importante de
ces attaques fut celle dirigée contre le Stoc.
kod, et qui réussit à forcer le passage de la
rivière. Sans doute n'y a-t-il là que des ten-
tatives à portée locale ; mais ces essais de
sondage pourraient bien aboutir si les cir-
constances paraissaient favorables, à de
plus vastes opérations.
973" JOUR DE LA GUERRE
—-—— .,.
COMMUNIQUÉ OFFICIEL
DU JEUDI 5 AVRIL 1917
■ —1
Français.
1-4 heures. - De la Somme à l'Oise, l'ennemi n'a tenté aucune réaction sur le
nouveau iront conquis par nous hier.
Pendant la nuit, nos reconnaissances ont poussé au nord de Gauchy et au nord de
Moy jusqu'aux lignes allemandes qu'elles ont trouvées fortement occupées.
Canonnade intermittente à l'est et à l'ouest de la Somme.
Hier, en fin de journée, les tirs de nos batteries ont arrêté net une contre-attaque
allemande qui s'apprêtait à déboucher sur le front Laffaux-Margival. La lutte d'artil-
lerie continue dans ce secteur.
Au nord-ouest de Reims, les Allemands ont attaqué sans succès nos lignes entre
Sapigneul et la ferme du Godât.
Quelques fractions ennemies qui avaient pris pied dans un élément avancé en ont
été rejetés aussitôt par notre contre-attaque.
En Alsace, nous avons pris sous nos ieux et dispersé un groupe ennemi dans la
région d'Ammerzwiller.
Nuit calme partout ailleurs.
LA POLITIQUE BOCIIE
Orientation nouvelle
Zurich, 5 avril. — Suivant la « Schwae-
bische Tagwacht », il devient de jour en
jour plus évident que l'orientation nouvelle
n'est -plus une question de politique inté-
rieuire, mais devient de plus en plue une
question de politique extérieure. Tous les
peuples qui nous entourent, dit le journal,
ne voient plus d'ennemis et de dangers
que dans la Prusse et dans l'Allemagne
réactionnaire.
Certainement le chancelier a déclaré quie
l'Allemagne ne se mêlera pas des affaires
intérieures russes, mais on sait parfaite-
ment, en Russi'e, qu'en Allemagne les cham-
celiers passent et se succèdent et que, par
conséquent, ni les affirmations d'un chance-
lier ni les déclarations des partis au Reichs-
tag, ne peuvent être de sûres garanties
aussi longtemps qu'il existera en Allema-
gne un système politique laissant le pouvoir
gouvernemental indépendant de la volonté
des grandes masses du peuple.
L'opposition des Junkers
Zurich, 5 avril. — Voici un résumé, des
informations publiées par plusieurs jour-
naux allemands au sujet de la crise politi-
quie. On sait que le Reichstag a voté le
projet de création d'un comité constitua
tionnel de 28 membres destiné à obtenir la
démocratisation du Parlement et la respon-
sabilité du ministère. Le prince Schoenaich-
Oarolath a pris la tête du mouvement au-
quel des socialistes, le centre catholique et
les nationaux libéraux ont adhéré. Seuls les
junkers ont fait opposition. Les socialistes
travaillant avec le comité se proposent de
soumettre une proposition déclarant que la
guerre ne pourra, à l'avenir, être déclarée
sans le consentement du Reichstag. D'au-
tre part, il y a dans l'opinion publique, un
fort courant pour que la Diète prussienne
soit élue par Je suffrage universel : c'est,
en effet, la seule assemblée législative qui,
en Allemagne, ne soit pas nommée par ce
mode de scrutin.
Le Parlementarisme
Bâte, 5 avril. — D'après les « Basler
Nachrichten », le parti du parlementarisme
en Allemagne, quoique très attaqué par la
droite, semble avoir gagné du terrain.
-- > < —
Les offres de paix
des Empires Centraux
Zurich, 5 avril. - D'après le « Badische
Landies Zeitung », une nouvelle offne de paix
faite pair les enmpires centraux ne rencon-
trera pas en Allemagne une approbation
unanime. On en a déjà un avant-goût en
lisant la presse conservatrice.
La « Kreuz Zeitung » écrit :
« Personne en Allemagne n'aura pris le
dernier discours du chancelier comme une
nouvelle offre de paix adressée à la Russie.
On pouvait d'autant moins juger ce dis-
cours dans ce sens que l'état troublé dans
lequel la Russie se trouve actuellement ne
permet guère de s'adresser à un gouverne-
ment responsable -
LA RUSSIE NOUVELLE
Vers la République !
Petrograd, 5 avril. — Les révélations qui,
chaque jour, s'accumulent au sujet de la
vie privée des ex-souverains et ae rappor-
tant au scandale Raspouitine, ont amené un
changement radical dans l'opinion publique.
De moins en moins on envisage la possibi-
lité de rétablir la monarchie. Presque tous
les journaux admettent, maintenant, l'éven-
tualité de l'adoption d'un gouvernement de
forme républicaine.
La fortune de la famille impériale
On télégraphia de Petrograd au « Times »:
« M. Titaff, commissaire nommé par le
gouvernement provisoire, pour s'occuper
des affaires de l'ex-tsar et de sa famille,
vient de demander les fonds nécessaires
ipour couvrir leurs dépenses courantes.
« Suivant une évaluation approximative
de la fortune de la famille impériale, il sem-
ble que Nicolas II ne possède pas plus de
2 millions et demi de francs en argent, La
fortune personnelle de la tsarine se monte
à 2 millions 750.000 francs. Le jeuaie tsa-
rewitch est beaucoup plus riche. Il possède
environ 14 millions.
« Quant aux fortunes de ses sœurs, elles
sont estimées comme suit : princesse Olga
13 millions, princesse Tatiana 10 millions,
princesse Marie 9 millions, princesse Anas-
tasie 8 millions.
« La situation des grands-ducs et des au-
tres membres de la famille Romanoff sera
également examinée minutieusement par
M. Titoff. »
—— ) -+- (
L'Espagne va restreindre
l'exportation des métaux
Madrid, 4 avril. — On annonce qu'à la
suite de démarches des entrepreneurs de
construction, le conseil des ministres a dé-
cidé de restreindre l'exportation de certains
produits métallurgiques.
Une explosion rue de Rome
Ce matin, vers sept heures, un camion
automobile venant de la gare des Batignol-
les, passait rme de Rome, lorsqu'un fût, ren-
fermant du carbure de caiçium, croit-on, fit
subitement explosion.
Le soldat Lefèvre, conducteur du camion,
n'eut aucun mal, mais un commerçant, M.
Vinanger, établi débitant au numéro 133,
fut assez sérieusement blessé par des éclats
de vitres.
Tous les carreaux des immeubles voisins
ont été réduits en miettes.
Le Laboratoire municipal a été prévenu.
LA FOIRE AUX JAMBONS
Lé préfet de police a prolongé de deux
jours, sur la demande des marchands en
stationnement, la durée- de la Foire aux
Jambons et de la Foire à la Ferraille, qui
ont été contrariées par le mauvais temps.
La Résistance économique
■ t mttm » —
LE PROBLÈME
DE L'ALIMENTATION
..- ;) - .-ta - ——————————
Il faut le résoudre d'une façon méthodique et
sûre, par l'application d'une formule générale.
Il n'y a pas à vrai dire une question du
blé, une question de la viande, une ques-
tion des pommes de terre. Toutes ces ques-
tions ne sont que les différents aspects d'un
problème unique, celui de l'alimentation
générale, qui se 'pose de la sorte :
L'organisme humain réclame, pour faire
face à ses besoins, de calorique et d'énergé-
tique, et réparer l'usure de ses tissus, une
certaine quantité de matières plastiques et
dynamophores, qui peuvent lui être four-
nies par des aliments très divers et très
nombreux. Etant dortnée la situation de
notre production et de nos ressources, com-
ment déterminer la ration alimentaire suf-
fisante de chaque individu, de façon à re-
courir le moins possible à des achats à
l'étranger.
La solution de ce problème comporte trois
groupes d'opérations :
En premier, lieu, il conviendrait Je déter-
miner, avec un maximum de précision, no-
tre situation exacte, c'est-à-dire l'état quan-
titatif des produits divers servant, ou sus-
ceptibles de servir, à notre alimentation, et
die faire ensuiite connaître au pays, — de
la bonne volonté duquel on peut attendre
plus que ne le croient généralement les
Pouvoirs publics, — quels sont ceux de ces
produits qu'il faut économiser et ceux que
nous devons consommer de préférence.
Dans ce but, on avait envisagé naguère
la création d'un Conseil National des Eco-
nomies,mais on voulut faire ce Conseil telle-
ment somptueux et vaste que l'idée devint
inapplicable et fut abandonnée. Peut-être
pourrait-on utilement y revenir, mais à la
condition de rêver moins grand, et de se
contenter d'une commission moins brillan
te et plus technique, composée de personna-
lités compétentes et actives, qui, sans trop
de discours et de rapports, pourraient, en
quinze jours, dresser un bilan de nos res-
sources et de nos besoins, de notre actif et
de notre passif alimentaires, et à la surte
établiraient un programme rationnel d'éco-
nomies.
D'autre part. il serait utile, ainsi que
nous ravons souvent suggéré. tle faire un
appel général aux réserves alimentaires
oonstituées par la masse de ces produits,
désignés sous le nom de produits de rem-
placement ou succédanés, qui sont propres
à l'alimentation, mais que nous en avons
écartés par suite de considérations plus
économiques que hygiéniques, et en vue
d'éviter qu'ils ne fassent, à cause de leur
bas pris, une concurrence désastreuse aux
produits normaux. Le gouvernement, à la
vérité, a esquissé des tentatives dans ce
sens, mais qui restent encore à l'état de
projet.
C'est ainsi qu'il a proposé d'autoriser,
pour certaines préparations, J'emploi de la
saccharine, dont l'usage introduit plus tôt
aurait empêché la crise du sucre. Mais voi-
ci de longues semaines que le projet traîne
de commission en commission, et des mois
se passeront encore avant qu'il soit appli-
que. Que de milliers de' tonnes de sucre que
l'on eût pu réserver pour la consommation
familiale, auront été inutilement emp!oyées
par l'industrie.
De même, il a envisagé l'utilisation d'uqproportion déterminée de succédanés du
froment dans la panification, mais combien
de temps se passera-t-il avant qu'une déci.
sion ait été prise et appliquée à ce sujet.
On aurait, en outre, éviter la crise d-Jf
beurre en levant les entraves mises au
commerce de la margarine, et celle du yin
en permettait la circulation et la vente des
piquettes, des vins de raisins secs et des
vins de sucre Ces produits de substitution,
qui sont Jes plus connus, sont loin d'être
les seuls ; il en existe, et l'on pourrait eat
créer bien d'autres susceptibles de rendre
des services analogues.
Une fois notre actif alimentaire connu et
accru par les apports exceptionnels, aux.
quels je viens de faire allusion, il y aurait
lieu d'orienter, par des mesures appro-
priées, la consommation vers les produits
les plus abondante, et de la détourner de
ceux dont nous disposons en quantité in-
suffisante. Les efforts que le gouvernement
a jusqu'à ce jour faits à "33 point de vue
incohérents et illogiques, ont opéré à con-
tre sens. Pour diminuer la dépense de fa-
rine, il a interdit partiellement, et va, pa-
rait-il, inferdire complètement l'usage des
gâteaux ; par là, il a provoquk, et provo-
q.uera davantage, une -augmentation dans
la consommation du pain et, par buHë, une
dépense double de farine. Il a prohibé la
vente du pain tendre et imposé le pain ras,
sis, s-an-s la moindre raison scientifique Cil:
expérimentale sérieuse, et, de la seule, il a
infligé à la population une gêne inutile et,
dès lors, dangereuse. Il a défendu, deux
jours par semaine, l'usage du chocolat, et,
comme conséquences a accru, une fois de
plus, nos dépenses de pain Toutes ces me-
sures furent prises, au hasard de l'inspi-
ration, sans que l'on se soit préoccupé dIs
les rattacher à un plan d'ensemble, et su1:*
tout de prévoir leurs répercussions.
Le gouvernement a totalement oublié,
dans la circonstance, ce principe fonda-
mental, que l'on ne peut restreindre ou sup-
primer une consommation alimentaire, sans
provoquer une consommation correspon-
dante d'une nature différente, mais produi-
sant un même nombre de calories. Par con-
séquent, en prohibant Ja consommation de
produits, que l'on mange à la place du pain
om avec du pain, on devait neceasairemenf
accroître la consommation de celui-ci. C'est
donc exactement le contraire qu'il eût fallu
faire ; et le seul moyen de diminuer nos
dépenses en blé, consistait à développer l'u-
sage des aliments ne contenant pas de fa-
rine de froment, ou en contenant moins
que le pain, et susceptibles de jouer dans
ralimentation le même rôle que lui.
En s'inspirant de ce principe, en exami-
nant avec soin vers quel produit l'interdic-
tion d'un autre produit dirigera le consom-
mateur, le gouvernement aurait évité les
erreurs qu'il a commises ; et c'est en ba-
sant sur ce même principe an programme
d'ensemble qu'il substituera au système des
expédients une politique alimentaire Mié.
rente et féconde.
L'existence de ce programme, logique,
étudié, réfléchi, éviterait en même temps
ces mesures contradictoires et hésitantes,
annoncées, démenties, confirmées, prises,
rapportées et reprises, qui maintiennent la
population dans un état d'énervement pire
que les privations, et qui lui donnent cette
impression que les hommes qui la WJllwer..
nent sont désorientés et impuissants, qu'ils
agissent au hasard, et seulement pour mas-
quer leur impuissance.
Maître Jacques.
A LA CHAMBRE
Les Bénéfices de guerre
et
l'iiiMiiiiiM flumrtaiMs
Au début de la séance, le ministre des fi-
nanoes dépose un projet de loi portant ou-
verture de crédits seton les propositions vo-
tées avant-hier au sujet de la vie chère et
des allocations supplémentaires.
Puis la Chambre termine l'exament de la
proposition de loi de M. Mistral tendant
à introduire dans les usines de guerre le
régime de la régie intéressée.
La commission et le gouvernement pro-
pose de prélever 50 jusqu'aux 25 °L
de bénéfices ; quand Les bénéfices iront de
25 à 50 %, la part de l'Etat sera de 60 0/0
et au delà 75 0/0. Ces chiffres furent votés
Ils laissent supposer que certains indus-
triels purent réaliser de sérieux bénéfices !
Le régime nouveau s'appliquera aux mar-
chés d'au moins 200 000 francs pour rn
semestre.
FinaSement, la loi est votée à mains le-
vées.
L'INTERDICTION D'IMPORTATION
La Chambre a à connaître ensuite les in-
terpellations adressées à l'ineffable M. Clé-
mentel au sujet de son décret du 22 mars
portant interdiction des importations.
M. Georges Anoel déclare que les consé-
quences de ce décret sont incalculables et
menacent notre commerce de la ruine la
plus complète.
Le gouvernement, dit-il, s'est aperçu de la
gravité de son acte et a ajourné sa mise en
pratique. Il faut désormais qu'une telle mesure
ne soit annoncée qu'après en avoir examiné
toutes les répercussions.
M. Charles Leboucq demande quelques
précisions sur les conditions dans lesquel-
les a été pris et doit être appliqué !e décret
du 22 mars.
Il faut, dit M. Leboucq, que l'on interdise
l'entrée de certains produits fabriquée, mais
pour assurer la vie économique du pays, il
importe de ne pas fermer la porte aux matières
premières nécessaires à notre industrie.
M. Puech vient également critiquer le dé-
cret On aurait dû, déclare-t-il, prohiber
seulement certains articles, tandis qu'en
prenant une mesure générale pour la cor-
riger ensuite par des dérogations, on a
ouvert la porte à la spéculation et semé
l'alarme chez nos commerçants.
M. Stern, en bon terre-neuve, apporte, au
contraire, des arguments en faveur du dé-
cret « Le principal est, dit-il, notre situa-
tion financière ! »
UN PLAIDOYER u PRO DOMO »
M. Clémentel répond aux interpellateurs
Il fait l'historique de la situation corn
merciale et industrielle en France depuis
le commencement de la gwrre
« Un grand fait, dit le ministre du com-
merce, pèse sur notre situation et 4"st à la
source de toutes nos crises ; crise du blé ou
crise du charbon, c'est le manque de ton-
nage, et de pius en plus tya trois viennent
à manquer.
« C'est pourquoi nous sommes amenés iï
prohiber l'entrée de toutes les marchandi-
ses qui ne sont pas absolument indispen-
sables à la vie du pays.
« Les Anglais nous ont précédé dans cette
voie et nous avons eu beaucoup de peine
à obtenir certaines dérogations ; dans ces
conditions nous ne pouvions plus longtemps
persister dans la politiuue du laisser-faire
« Il est nécessaire d'organiser le com-
merce. C'est là un des buts du décret, ei
pour surveiller Jes cours, pour éviter um
hausse injustifiée, il faut que nous connais
sions les importations dans chaque article,
« On nous a reproché d'agir brutalement
Nous l'avons fait de propos délibéré et pour
mettre le monde en présence du fait ac-
compli. Il est faux de dire que nous ayons
hésité. Avant die rendre le décret public
nous avions prévenu nos agents diploma
tiques de maintenir le statu quo jusqu'au
moment où les dérogations semnt prises.
« Nui ne peut savoir si dans l'avenir nous
ne serons pas amenés à ajouter d'autres
prohibitions d'entrée à celles que nous éta-
blissons aujourd'hui Le décret nous or-
donne les moyens, nnus avons en mains.
par lui, un instrument souple et efficace.
« Noue ne manquerons pas, conclut M.
Clémentel, de favoriser dans Ja mesura dt
possible l'entrée des marchandises d'expor
tation, mais si des sacrifices devaient être
demandés encore à l'industrie française,
nous ne doutons pas qu'elle souscrive à no.
tre appel »
Deux ordres du jour sont déposés :
Le premier de M. Jules Siegfried :
« La Chambne, confiante dans le gouver-
nement pour faciliter, d'accord avec les or-
ganismes intéressés et dans toute la mesure
permise par les nécessités de la guerrc, la
mouvement industriel et commercial du
pays, l'invite à soumettre à sa ratification
le décret du 22 mars, avant son applica-
tion » ;
Le deuxième de M. Honnorat :
« La Chambre, confiante dans le gouver-
nement pour /poBirsunvro au point de vue
économique une politique 'fo guerre éner.
giiffuc, ¡PÜlJll' mnJnte-riM* l'activité commer.
ciale et industrielle du Dave dans la ma
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"Paris, Sèvres, Saint-Cloud, Versailles, Saint-Germain, Fontainebleau, Saint-Denis, Chantilly : avec la liste des rues de Paris / par Paul Joanne... /ark:/12148/bd6t5774757r.highres La comédie à la cour : les théâtres de société royale pendant le siècle dernier, la duchesse du Maine et les grandes nuits de Sceaux, Mme de Pompadour et le théâtre des petits cabinets, le théâtre de Marie-Antoinette à Trianon / Adolphe Jullien /ark:/12148/bd6t5773930r.highres
- Auteurs similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"Paris, Sèvres, Saint-Cloud, Versailles, Saint-Germain, Fontainebleau, Saint-Denis, Chantilly : avec la liste des rues de Paris / par Paul Joanne... /ark:/12148/bd6t5774757r.highres La comédie à la cour : les théâtres de société royale pendant le siècle dernier, la duchesse du Maine et les grandes nuits de Sceaux, Mme de Pompadour et le théâtre des petits cabinets, le théâtre de Marie-Antoinette à Trianon / Adolphe Jullien /ark:/12148/bd6t5773930r.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7516614v/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7516614v/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7516614v/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7516614v/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7516614v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7516614v
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7516614v/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest