Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1884-01-13
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1884 13 janvier 1884
Description : 1884/01/13 (N2458,A8). 1884/01/13 (N2458,A8).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7507140n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/07/2012
,. fi; ,
ADMINISTRATION. RÉDACTION & ANNONCES
A PARIS
18 — Bue Rielier - M
te.. el'ticlea non insérés ne seront p
abonnemkjmts
P A III S
TROIS MOIS. 5 PB.
SIX MOIS. g FR.
UN AN. 18 FR.'
JOURNAL POLITIQUE
, PUOTIDIEN
EN NUMERO : 5 CENTIMES
abonnements
DÉPARTEMENTS
TROIS MOIS. 6 a
SIX MOIS. 12 FR.
UN AN. « 24. FR,
HUITIÈME ANNÉE.—NUMÉRO 2T5&5
"1 1 ■ "»< *3
Dimanche 13 Janvier 1884
(27 nivôse an 91)
L'ÉV.A.SION
Qui donfi s'est évadé ? est-ce Louise
Michel ou le prince Krapotcnine ou tout
autre prisonnier du gouvernement de la
République ? Non. L'évadé d'aujour-
d'hui est un personnage d'une bien
autre importance. C'est son altesse
royale - on ne dit pas. encore sa ma-
jesté — Philippe VII, connu du vivant
du comte de Chambord sous le nom de
comte de Paris.
Ce prince infortuné — on ne saura ia-
mais ce que souffre ce malheureux titu-
laire de la couronne de France, tiraillé
entre ceux qui lui disent de parler et
d'agir, et ceux qui lui recommandent de
ne pas bouger et de se taire — vient de
franchir les Pyrénées, non pas pour se
soustraire aux persécutions de la Répu-
blique, laquelle est, on le sait, si bonne
personne à l'égard des prétendants,
mais pour échapper aux difficultés de la
situation et aux exigences contradictoi-
res de son entourage.
Ces difficultés, nul ne l'ignore, ne sont
pas petites et elles devraient s'accroître
dans le courant de ce mois-ci, à l'occa-
sion de la solennité du 21 janvier.
C'est, en effet, le 21 janvier, jour an-
niversaire de l'exécution de Louis XVI
que les ennemis de la Révolution ont
coutume de se livrer à une manifesta-
tion légitimiste, Cela se fait sous forme
de messe expiatoire du grand acte juri-
dique, par lequel a été accomplie, en
* rance, la séparation de la royauté et
de la nation.
Le petit-fils de Louis-Philippe, l'ar-
rière-petit-fils de Philippie-Egalrté, pren
drait-il part, cette année, à cette grande
manifestation légitimiste, ou s'abstien-
drait-il de venir à la susdite messe ? La
question était grave.
Si oui, c'était la condamnation de ses
ancêtres, de son grand-père et de son
arnère-grand-père, c'était le désaveu
de l'orléanisme au profit de la légitimi-
té, c'était un démenti infligé à ceux qui.
comme M. Edouard Hervé, déclarent
que la monarchie doit ?être démocrati-
que ou renoncer à être.
Si non, c'était s'aliéner à tout jamais
les anciens fidèles de M. le comte de
Chambord, les purs légitimistes, qui se
montrent déjà si peu disposés à recon-
naître, sans conditions, les droits du
descendant du régicide Philippe-Ega-
lité à hériter de la couronne au «roi
martyr ».
La situation, on le voit, était délicate.
> |ra-t-il, n'ira-t-il pas, on n'entendait
! due ces mots dans les c^n^clçs motnar-
'fhiques. - - - d -
S'il y va, c'est Philippe VII ; s'il n'y
va pas, c'est Louis-Philippe II, et. dans
l'un et l'autre cas, c'était la scission du
parti orléàno-légitimiste. Comment se
décider en présence de telles éventua-
lit'és ?
Mais, qui sait ce qui pourrait arriver à
cette manifestation du 21 janvier ? Qui
sait si ceux qui veulent pousser le
comte de Paris à agir, ne profiteraient
point de la circonstance pour l'engager,
pour le compromettre, par quelques
cris séditieux ?
Pour échapper à toutes ces difficultés
et à toutes ces éventualités, le prudent
prétendant a eu une de ces idées qui
ne viennent qu'aux hommes de génie. Il
a pensé que, pour ne mécontenter per-
sonne et pour s'éviter à lui-même une
situation fausse, ce qu'il avait de mieux
à faire, c'était de s'en aller.
Mais où aller? C'était là encore une
question délicate. En Allemagne, ce
n'était guère possible. En Angleterre,
c'est là où vont les rois exilés, quand
toute espérance est perdue, où sont al-
lés successivement après leur chûte,
Charles X, Louis-Philippe, Napoléon III.
Les Etats-Unis, c'est trop loin. La
Russie, c'est trop froid. Restait l'Es-
pagne, où l'on va et d'où l'on revient en
un clin d'œil, le temps de franchir la
Bidassoa. Le voyage offrait, en outre,
cet avantage de donner satisfaction à j
ceux qui veulent que le comte de Paris .¡
fasse acte de roi et à ceux qui veulent
qu'il se tienne coi.
Aller rendre visite au roi Alphonse
après la visite du Kronprinz, c'était vé-
ritablement se poser en souverain.
C'était permettre aux gens de dire que
Son Altesse allait en Espagne par souci
des intérêts de la France et pour oppo-
ser son influence et son action à celles
du prince prussien.
D'un autre côté, pour les timorés, le
comte de Paris .allait simplement em-
brasser son oncle, le duc de Montpen-
sier, ce qui n'avait en soi rien de com-
promettant.
Par toutes ces raisons, le voyage en
Espagne a été résolu. Seulement, pour
ne pas perdre les bénéfices de cette ha-
bile combinaison, il fallait éviter toute
esclandre au départ, il fallait s'échapper
à la sourdine, comme jadis Louis XVI
partant pour Varennes.
Tout fut, en conséquence, préparé
pour que les choses se passassent ainsi.
Mais, cette fuite incognito ne faisait pas
le compte de ceux qui veulent à toute
force faire sortir le comte de Paris de
sa prudente réserve,et ils ont distribué,
dans la journée d'hier,quantité de petits
billets ainsi conçus :
« Vous êtes invité à venir assister au
« départ de S. A. R. Philippe VII, ce
« soir, jeudi, 10 janvier 1884. Gare d'Or-
e léans, express de 8 heures. »
On pense quel a dû être le désespoir
du prétendant, en voyant ainsi éventé
le secret de son départ. Il fuyait la
France pour éviter une manifestation
compromettante, et voilà qu'on le me-
naçait d'une démonstration qui rendait
inutiles toutes ses combinaisons.
En cette occurence, le descendant de
Saint-Louis a pris vaillamment son par-
ti : il a laissé ses partisans se morfon-
dre à la porte de la gare, et il a filé dis-
crètement par une porte de derrière. Il
s'est introduit dans la gare par une
porte dérobée ; il est monté silencieuse-
ment dans son sleeping-car, dont il a
tiré les rideaux, et le train l'a emporté,
sans que personne l'ait vu, pendant que
les pieux légitimistes faisaient le pied
de grue au dehors.
Voilà où en est la royauté, elle joue à
cache-cache avec ses propres partisans.
Et on nous déclarait, il y a quelques
jours, que l'heure des révolutions viri-
les pour les royalistes était enfin arri-
vée, et crue le roi allait se montrer.
Il faut convenir que Philippe VII a
des façons de se montrer qui n'appar-
tiennent qu'à lui, il se montre comme
les autres se cachent.
Aussi lui donnerons-nous un bon con-
seil : puisqu'il a jugé bon d'aller en Es-
pagne, c'est d'y rester, jusqu'au jour du
moins où la monarchie espagnole aura
définitivement sombré dans l'inévitable
naufrage qui s'annonce pour elle.
LES COULISSES
DE LA POLITIQUE
Rien, moins que rien, à la Chambre ; évidem-
ment on se repose de tant de fatigues et l'on est
allé voir l'exposition des œuvres de Manet. Les
douze députes qui, par habitude, se sont rendus
au Palais-Bourbon, se tordent de rire en voyant
que le Sénat n'a pu arriver à terminer ses élec-
tions. Mais, c'est là un plaisir promptement usé ;
on fait son courrier et l'on se sauve.
*
♦ *
La commission du budget s'est réunie pour
entendre M. Waldeck-Rousseau justifier la de-
mande de crédit qu'entraîne son projet de rat-
tachement de la préfecture de police. Jusqu'ici,
en effet, ce qui ressort le plus clairement de ce
petit chef-d'œuvre, c'est une augmentation de
dépense de 400,000 fr.
Il va sans dire que les membres de la commis-
sion ont accepté l'augmentation, sans toutefois
se prononcer sur le principe. Un seul membre
a été récalcitrant.
*
* +
Un mot de commentaire à notre note d'hier
sur la réunion de l'extrême gauche : c'est bien le
texte meme de l'ancienne proposition Barodet,
qui a été maintenu dans sa rigidité constitution-
nelle : « Il y a lieu de reviser ». Une très légère
modification a été apportée dans l'exposé des
motifs qui pose le principe d'une Assemblée
constituante.
Aujourd'hui, la proposition sera présentée à la
signature des membres de la gauctie radicale, et
elle sera déposée lundi.
1 AU SÉNAT
Il y a progrès ; le Sénat est parvenu à nom-
mer 3 vice-présidents sur quatre ; il a par un1
! j effort héroïque accroché à deux voix près ses
six secrétaires et il a pu trouver sans trop da
peine ses trois questeurs.
Ont été nommés :
Vice-présidents.
MM. Humbert, 127 vol*
t Peyrot, 121 »
Teisserenc de Bort 94 »
Secrétaires.
MM. Millaud et Honoré, 120 voit
Barbey et Gayot, 119 »
Vivenot, 115 »
Clément, 69 »
Questeurs.
MM. Rampon, 129 voix
Pelletan, 124 »
Pélissier, 119 »
Le quatrième et dernier vice-président sera,
nommé aujourd'hui. si quelque catastrophe'
imprévue n'anéantit pas le palais du Luxem-
bourg.
*
* *
La commission relative à la loi municipale
a profité de l'intervalle des scrutins pour lire
les 35 premiers articles du projet qui sera dé"
posé vers le 26 janvier fort probablement,
*
* *
Pendant que tout cela se passe, le nouveau
groupe la Gauche radicale sénatoriale s'orga-
nise et rencontre des adhérents.
A l'heure qu'il est, se sont déjà fait Inscrire
les sénateurs suivants :
Laurent-Pichat (inamovible).
Labordère (Seine).
Massé (Nièvre).
De Régnier (Deux-Sèvres).
Goguet (Deux-Sèvres).
Combescnre (Hérault).
Forcioli (Constantine).
Naquet (Yaucluse).
Lelièvre (Oran).
Schœlcher (inamovible).
A. Savarus.'
PETITE BOURSE DU SOIR
3 0/0 76 65 Lots Turcs. 336 25
3 0/0 amortis Egypte
41/20/0. 10681 ttîoTinto
Italien 9105 Ext. 4 0/0. 56 1/8
Turc 8 97 Panama.
Suez 2.027 Phénix
Banque ottom.. 66ts 12 Foncier
.- Omo V
AUTONKIN
Les Tués et Blessés
Les noms des tués et blessés appartenant à l'armée
de terre devant être publiés par les soins du minis-
tére de la guerre, voici les noms des tués et blessés
appartenant à l'armée de mer et communiqués par
le ministère de la marine :
SONG-TAi
Tués
Infanterie de marine. — 10r régiment : Rassent :
2e régiment : Thomas, Frédéric, Clavet. lieutenants;
Riou, More ; 3' régiment : llhassebeuf ; 4* régiment ;
Brête.
Tirailleurs annamites. — Doucet, capitaine, et
trois soldats annamites.
Bataillon de marins. — Lebot, Favet. 1
Disparus. - 18 auxiliaires tonkinois.
Infanterie de marine. — 2* régiment : Bormot
(Jean), Sercheron (Emile), Bardon (Emile), Leboucher
(Albert), Lizeray.
Morts des suites de leurs blessures. — Infanterie
FEUILLETON DU 13 JANVIER 1884
71
Le Point Noir
PREMIÈRE PARTIS
LE TRONC DES PAUVRES
XLvn
Imbroglio.
(Suitet
A ce moment, un coup violent ébranla
la porte de la rue.
- Ah ! — balbutia Diane en se tordant
les mains. — On garde les deux issues.
- Ouvrez donc ! — répéta la voix as-
sourdie de Chambésy.- Je vous apporte
le salut.
— Que faire ? Que faire ? — sanglotait
presque le vicomte éperdu, cherchaut d'un
ceil hagard une fissure par où se faufiler,
un trou où se cacher, sans inquiétude du
danger dans lequel il abandonnerait Diane.
— Se taire et agir ! — répliqua Caus-
sade, avec jun sang-froid terrible et un air
si farouche que Paul de Richemond, pré-
voyant du sang versé, un nouveau meur-
tre, — celui-là en sa présence, — en sen.
tait encore augmenter sa lâche terreur.
— Allons, rangez-vous! —ajouta le frère
de lait de. la comtesse ; — j'ouvre 1
— Non ! non ! - N'ouvre pas ! — supplia
l'amant de Mme de Fernic, qui ne regar-
dait plus personne et paraissait absorbé
par quelque pensée secrète. ,
Un coup plus violent frappé à la porte
de la rue retentit à travers la petite
pièce.
— Il a raison 1 — fit Diane en redres-
sant la tête.
Ouvre, Antoine, et si. c'est. le comte.
laissez-moi agir !
Diane semblait reprendre quelque assu-
rance, en femme qui vient d'établir un
plan de conduite.
Antoine Caussade ne se le fit pas dire
deux fois.
Le couteau ouvert, bien assujetti dans
la main droite, — prêt à frapper celui qui
entrerait, si cela était nécessaire, — de la
main gauche, il ouvrit.
Chambésy entra comme une bombe, en
repoussant Caussade.
r A la vue de ce visage étranger, Diane
et Paul de Richemond reculèrent d'un pas.
— Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? —
demanda Diane. ,. ,
- Je veux vous sauver l répliqua
Jules Cbambésy qui, au premier coup
d'œil, avait reconnu dans le vicomte
l'homme qui rendait des visites à Antoine
Caussade, et qui. maintenant, dévisageait
la comtesse avec une sorte d'admiration
pour sa beauté, — afin de bien s'en graver
les traits dans la mémoire.
— Un homme est là, dans la rue, qui
vous guette, — poursuivit-il. — Le mari
de madame, sans doute.
Et il s'inclina devant Diane, avec une
certaine aisance d'homme jadis bien élevé.
— Comment le sais-tu ? - interrompit
Caussade menaçant.
— Ce serait trop long à expliquer. —
Mais il vous suit, vous, monsieur Antoine
Caussade, depuis la rue des Fossés-Saint-
Bernard. — Il vous a heureusement perdu
de vue, en arrivant rue du Puits-de-l'Her-
mite. U a, d'abord, examiné les maisons,
mite. Il a, à la porte qui donne dehors.
puis écouté à la porte qui donne dehors.
Il vient de ramasser un gant de femme
tombé sur le trottoir, près de cette porte.
Il a tiré un revolver de sa poche, en di-
sant :
« Je la tuerai !. Et, avec elle, le misé-
rable !. »
-r- Mais. — voulut dire Paul de Riche-
mond à qui l'excès de la terreur rendait
presque une apparence de sang-froid.
—Allons! ne discutons pas! — Je re-
présente la Providence, pour vous trois,
en ce moment.
D'où qu'elle vienne, sous quelque aspect
qu'elle sa manifeste, — elle est le salut.
L'homme qui attend, qui s'impatiente,
qui frappe là-bas, — fera un malheur, —*
C'est la mort!
Je suis la vie! .,
Comme pour donner plus de force à ces
paroles, les coups redoublèrent à la porte
de la rue.
— Vous entendez ? - poursuivit Cham-
bésy. - Il n'est que temps de prendre une
décision. Plus tard, il serait trop tard !
— Que faire, si nous acceptons votra
aide ? — demanda Diane, hésitante.
— Ce. que je dirai : — Sortir par cette
porte dissimulée, traverser la cour, et at-
tendre, près de la porte cochère, que j'ai
laissé ouverte, que celui qui guette dans
la rue soit entré ici, où je vais l'intro..
duire.
Alors, vous pourrez fuir, à votre aise,
— sans être vus par lui.
- Oui, oui, c'est cela, - s'écria Paul de
Richemond, qui, entrevoyant une chance
de salut, retrouvait des forces. pour se
sauver. — Venez. Diane, venez !
- Soit! - dIt-e le.
Chambésy les arrêta.
— Encore un mot, un seul ! — A quel
nom est ce logement?
- Au nom de M. Germain, - répondit
de Richemond.
— Cela suffit, partez !
Antoine Caussade voulut les suivre.
- Resfez, vous 1 — commanda Jules
Chambésy.
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JOURNAL POLITIQUE
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TROIS MOIS. 6 a
SIX MOIS. 12 FR.
UN AN. « 24. FR,
HUITIÈME ANNÉE.—NUMÉRO 2T5&5
"1 1 ■ "»< *3
Dimanche 13 Janvier 1884
(27 nivôse an 91)
L'ÉV.A.SION
Qui donfi s'est évadé ? est-ce Louise
Michel ou le prince Krapotcnine ou tout
autre prisonnier du gouvernement de la
République ? Non. L'évadé d'aujour-
d'hui est un personnage d'une bien
autre importance. C'est son altesse
royale - on ne dit pas. encore sa ma-
jesté — Philippe VII, connu du vivant
du comte de Chambord sous le nom de
comte de Paris.
Ce prince infortuné — on ne saura ia-
mais ce que souffre ce malheureux titu-
laire de la couronne de France, tiraillé
entre ceux qui lui disent de parler et
d'agir, et ceux qui lui recommandent de
ne pas bouger et de se taire — vient de
franchir les Pyrénées, non pas pour se
soustraire aux persécutions de la Répu-
blique, laquelle est, on le sait, si bonne
personne à l'égard des prétendants,
mais pour échapper aux difficultés de la
situation et aux exigences contradictoi-
res de son entourage.
Ces difficultés, nul ne l'ignore, ne sont
pas petites et elles devraient s'accroître
dans le courant de ce mois-ci, à l'occa-
sion de la solennité du 21 janvier.
C'est, en effet, le 21 janvier, jour an-
niversaire de l'exécution de Louis XVI
que les ennemis de la Révolution ont
coutume de se livrer à une manifesta-
tion légitimiste, Cela se fait sous forme
de messe expiatoire du grand acte juri-
dique, par lequel a été accomplie, en
* rance, la séparation de la royauté et
de la nation.
Le petit-fils de Louis-Philippe, l'ar-
rière-petit-fils de Philippie-Egalrté, pren
drait-il part, cette année, à cette grande
manifestation légitimiste, ou s'abstien-
drait-il de venir à la susdite messe ? La
question était grave.
Si oui, c'était la condamnation de ses
ancêtres, de son grand-père et de son
arnère-grand-père, c'était le désaveu
de l'orléanisme au profit de la légitimi-
té, c'était un démenti infligé à ceux qui.
comme M. Edouard Hervé, déclarent
que la monarchie doit ?être démocrati-
que ou renoncer à être.
Si non, c'était s'aliéner à tout jamais
les anciens fidèles de M. le comte de
Chambord, les purs légitimistes, qui se
montrent déjà si peu disposés à recon-
naître, sans conditions, les droits du
descendant du régicide Philippe-Ega-
lité à hériter de la couronne au «roi
martyr ».
La situation, on le voit, était délicate.
> |ra-t-il, n'ira-t-il pas, on n'entendait
! due ces mots dans les c^n^clçs motnar-
'fhiques. - - - d -
S'il y va, c'est Philippe VII ; s'il n'y
va pas, c'est Louis-Philippe II, et. dans
l'un et l'autre cas, c'était la scission du
parti orléàno-légitimiste. Comment se
décider en présence de telles éventua-
lit'és ?
Mais, qui sait ce qui pourrait arriver à
cette manifestation du 21 janvier ? Qui
sait si ceux qui veulent pousser le
comte de Paris à agir, ne profiteraient
point de la circonstance pour l'engager,
pour le compromettre, par quelques
cris séditieux ?
Pour échapper à toutes ces difficultés
et à toutes ces éventualités, le prudent
prétendant a eu une de ces idées qui
ne viennent qu'aux hommes de génie. Il
a pensé que, pour ne mécontenter per-
sonne et pour s'éviter à lui-même une
situation fausse, ce qu'il avait de mieux
à faire, c'était de s'en aller.
Mais où aller? C'était là encore une
question délicate. En Allemagne, ce
n'était guère possible. En Angleterre,
c'est là où vont les rois exilés, quand
toute espérance est perdue, où sont al-
lés successivement après leur chûte,
Charles X, Louis-Philippe, Napoléon III.
Les Etats-Unis, c'est trop loin. La
Russie, c'est trop froid. Restait l'Es-
pagne, où l'on va et d'où l'on revient en
un clin d'œil, le temps de franchir la
Bidassoa. Le voyage offrait, en outre,
cet avantage de donner satisfaction à j
ceux qui veulent que le comte de Paris .¡
fasse acte de roi et à ceux qui veulent
qu'il se tienne coi.
Aller rendre visite au roi Alphonse
après la visite du Kronprinz, c'était vé-
ritablement se poser en souverain.
C'était permettre aux gens de dire que
Son Altesse allait en Espagne par souci
des intérêts de la France et pour oppo-
ser son influence et son action à celles
du prince prussien.
D'un autre côté, pour les timorés, le
comte de Paris .allait simplement em-
brasser son oncle, le duc de Montpen-
sier, ce qui n'avait en soi rien de com-
promettant.
Par toutes ces raisons, le voyage en
Espagne a été résolu. Seulement, pour
ne pas perdre les bénéfices de cette ha-
bile combinaison, il fallait éviter toute
esclandre au départ, il fallait s'échapper
à la sourdine, comme jadis Louis XVI
partant pour Varennes.
Tout fut, en conséquence, préparé
pour que les choses se passassent ainsi.
Mais, cette fuite incognito ne faisait pas
le compte de ceux qui veulent à toute
force faire sortir le comte de Paris de
sa prudente réserve,et ils ont distribué,
dans la journée d'hier,quantité de petits
billets ainsi conçus :
« Vous êtes invité à venir assister au
« départ de S. A. R. Philippe VII, ce
« soir, jeudi, 10 janvier 1884. Gare d'Or-
e léans, express de 8 heures. »
On pense quel a dû être le désespoir
du prétendant, en voyant ainsi éventé
le secret de son départ. Il fuyait la
France pour éviter une manifestation
compromettante, et voilà qu'on le me-
naçait d'une démonstration qui rendait
inutiles toutes ses combinaisons.
En cette occurence, le descendant de
Saint-Louis a pris vaillamment son par-
ti : il a laissé ses partisans se morfon-
dre à la porte de la gare, et il a filé dis-
crètement par une porte de derrière. Il
s'est introduit dans la gare par une
porte dérobée ; il est monté silencieuse-
ment dans son sleeping-car, dont il a
tiré les rideaux, et le train l'a emporté,
sans que personne l'ait vu, pendant que
les pieux légitimistes faisaient le pied
de grue au dehors.
Voilà où en est la royauté, elle joue à
cache-cache avec ses propres partisans.
Et on nous déclarait, il y a quelques
jours, que l'heure des révolutions viri-
les pour les royalistes était enfin arri-
vée, et crue le roi allait se montrer.
Il faut convenir que Philippe VII a
des façons de se montrer qui n'appar-
tiennent qu'à lui, il se montre comme
les autres se cachent.
Aussi lui donnerons-nous un bon con-
seil : puisqu'il a jugé bon d'aller en Es-
pagne, c'est d'y rester, jusqu'au jour du
moins où la monarchie espagnole aura
définitivement sombré dans l'inévitable
naufrage qui s'annonce pour elle.
LES COULISSES
DE LA POLITIQUE
Rien, moins que rien, à la Chambre ; évidem-
ment on se repose de tant de fatigues et l'on est
allé voir l'exposition des œuvres de Manet. Les
douze députes qui, par habitude, se sont rendus
au Palais-Bourbon, se tordent de rire en voyant
que le Sénat n'a pu arriver à terminer ses élec-
tions. Mais, c'est là un plaisir promptement usé ;
on fait son courrier et l'on se sauve.
*
♦ *
La commission du budget s'est réunie pour
entendre M. Waldeck-Rousseau justifier la de-
mande de crédit qu'entraîne son projet de rat-
tachement de la préfecture de police. Jusqu'ici,
en effet, ce qui ressort le plus clairement de ce
petit chef-d'œuvre, c'est une augmentation de
dépense de 400,000 fr.
Il va sans dire que les membres de la commis-
sion ont accepté l'augmentation, sans toutefois
se prononcer sur le principe. Un seul membre
a été récalcitrant.
*
* +
Un mot de commentaire à notre note d'hier
sur la réunion de l'extrême gauche : c'est bien le
texte meme de l'ancienne proposition Barodet,
qui a été maintenu dans sa rigidité constitution-
nelle : « Il y a lieu de reviser ». Une très légère
modification a été apportée dans l'exposé des
motifs qui pose le principe d'une Assemblée
constituante.
Aujourd'hui, la proposition sera présentée à la
signature des membres de la gauctie radicale, et
elle sera déposée lundi.
1 AU SÉNAT
Il y a progrès ; le Sénat est parvenu à nom-
mer 3 vice-présidents sur quatre ; il a par un1
! j effort héroïque accroché à deux voix près ses
six secrétaires et il a pu trouver sans trop da
peine ses trois questeurs.
Ont été nommés :
Vice-présidents.
MM. Humbert, 127 vol*
t Peyrot, 121 »
Teisserenc de Bort 94 »
Secrétaires.
MM. Millaud et Honoré, 120 voit
Barbey et Gayot, 119 »
Vivenot, 115 »
Clément, 69 »
Questeurs.
MM. Rampon, 129 voix
Pelletan, 124 »
Pélissier, 119 »
Le quatrième et dernier vice-président sera,
nommé aujourd'hui. si quelque catastrophe'
imprévue n'anéantit pas le palais du Luxem-
bourg.
*
* *
La commission relative à la loi municipale
a profité de l'intervalle des scrutins pour lire
les 35 premiers articles du projet qui sera dé"
posé vers le 26 janvier fort probablement,
*
* *
Pendant que tout cela se passe, le nouveau
groupe la Gauche radicale sénatoriale s'orga-
nise et rencontre des adhérents.
A l'heure qu'il est, se sont déjà fait Inscrire
les sénateurs suivants :
Laurent-Pichat (inamovible).
Labordère (Seine).
Massé (Nièvre).
De Régnier (Deux-Sèvres).
Goguet (Deux-Sèvres).
Combescnre (Hérault).
Forcioli (Constantine).
Naquet (Yaucluse).
Lelièvre (Oran).
Schœlcher (inamovible).
A. Savarus.'
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.- Omo V
AUTONKIN
Les Tués et Blessés
Les noms des tués et blessés appartenant à l'armée
de terre devant être publiés par les soins du minis-
tére de la guerre, voici les noms des tués et blessés
appartenant à l'armée de mer et communiqués par
le ministère de la marine :
SONG-TAi
Tués
Infanterie de marine. — 10r régiment : Rassent :
2e régiment : Thomas, Frédéric, Clavet. lieutenants;
Riou, More ; 3' régiment : llhassebeuf ; 4* régiment ;
Brête.
Tirailleurs annamites. — Doucet, capitaine, et
trois soldats annamites.
Bataillon de marins. — Lebot, Favet. 1
Disparus. - 18 auxiliaires tonkinois.
Infanterie de marine. — 2* régiment : Bormot
(Jean), Sercheron (Emile), Bardon (Emile), Leboucher
(Albert), Lizeray.
Morts des suites de leurs blessures. — Infanterie
FEUILLETON DU 13 JANVIER 1884
71
Le Point Noir
PREMIÈRE PARTIS
LE TRONC DES PAUVRES
XLvn
Imbroglio.
(Suitet
A ce moment, un coup violent ébranla
la porte de la rue.
- Ah ! — balbutia Diane en se tordant
les mains. — On garde les deux issues.
- Ouvrez donc ! — répéta la voix as-
sourdie de Chambésy.- Je vous apporte
le salut.
— Que faire ? Que faire ? — sanglotait
presque le vicomte éperdu, cherchaut d'un
ceil hagard une fissure par où se faufiler,
un trou où se cacher, sans inquiétude du
danger dans lequel il abandonnerait Diane.
— Se taire et agir ! — répliqua Caus-
sade, avec jun sang-froid terrible et un air
si farouche que Paul de Richemond, pré-
voyant du sang versé, un nouveau meur-
tre, — celui-là en sa présence, — en sen.
tait encore augmenter sa lâche terreur.
— Allons, rangez-vous! —ajouta le frère
de lait de. la comtesse ; — j'ouvre 1
— Non ! non ! - N'ouvre pas ! — supplia
l'amant de Mme de Fernic, qui ne regar-
dait plus personne et paraissait absorbé
par quelque pensée secrète. ,
Un coup plus violent frappé à la porte
de la rue retentit à travers la petite
pièce.
— Il a raison 1 — fit Diane en redres-
sant la tête.
Ouvre, Antoine, et si. c'est. le comte.
laissez-moi agir !
Diane semblait reprendre quelque assu-
rance, en femme qui vient d'établir un
plan de conduite.
Antoine Caussade ne se le fit pas dire
deux fois.
Le couteau ouvert, bien assujetti dans
la main droite, — prêt à frapper celui qui
entrerait, si cela était nécessaire, — de la
main gauche, il ouvrit.
Chambésy entra comme une bombe, en
repoussant Caussade.
r A la vue de ce visage étranger, Diane
et Paul de Richemond reculèrent d'un pas.
— Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? —
demanda Diane. ,. ,
- Je veux vous sauver l répliqua
Jules Cbambésy qui, au premier coup
d'œil, avait reconnu dans le vicomte
l'homme qui rendait des visites à Antoine
Caussade, et qui. maintenant, dévisageait
la comtesse avec une sorte d'admiration
pour sa beauté, — afin de bien s'en graver
les traits dans la mémoire.
— Un homme est là, dans la rue, qui
vous guette, — poursuivit-il. — Le mari
de madame, sans doute.
Et il s'inclina devant Diane, avec une
certaine aisance d'homme jadis bien élevé.
— Comment le sais-tu ? - interrompit
Caussade menaçant.
— Ce serait trop long à expliquer. —
Mais il vous suit, vous, monsieur Antoine
Caussade, depuis la rue des Fossés-Saint-
Bernard. — Il vous a heureusement perdu
de vue, en arrivant rue du Puits-de-l'Her-
mite. U a, d'abord, examiné les maisons,
mite. Il a, à la porte qui donne dehors.
puis écouté à la porte qui donne dehors.
Il vient de ramasser un gant de femme
tombé sur le trottoir, près de cette porte.
Il a tiré un revolver de sa poche, en di-
sant :
« Je la tuerai !. Et, avec elle, le misé-
rable !. »
-r- Mais. — voulut dire Paul de Riche-
mond à qui l'excès de la terreur rendait
presque une apparence de sang-froid.
—Allons! ne discutons pas! — Je re-
présente la Providence, pour vous trois,
en ce moment.
D'où qu'elle vienne, sous quelque aspect
qu'elle sa manifeste, — elle est le salut.
L'homme qui attend, qui s'impatiente,
qui frappe là-bas, — fera un malheur, —*
C'est la mort!
Je suis la vie! .,
Comme pour donner plus de force à ces
paroles, les coups redoublèrent à la porte
de la rue.
— Vous entendez ? - poursuivit Cham-
bésy. - Il n'est que temps de prendre une
décision. Plus tard, il serait trop tard !
— Que faire, si nous acceptons votra
aide ? — demanda Diane, hésitante.
— Ce. que je dirai : — Sortir par cette
porte dissimulée, traverser la cour, et at-
tendre, près de la porte cochère, que j'ai
laissé ouverte, que celui qui guette dans
la rue soit entré ici, où je vais l'intro..
duire.
Alors, vous pourrez fuir, à votre aise,
— sans être vus par lui.
- Oui, oui, c'est cela, - s'écria Paul de
Richemond, qui, entrevoyant une chance
de salut, retrouvait des forces. pour se
sauver. — Venez. Diane, venez !
- Soit! - dIt-e le.
Chambésy les arrêta.
— Encore un mot, un seul ! — A quel
nom est ce logement?
- Au nom de M. Germain, - répondit
de Richemond.
— Cela suffit, partez !
Antoine Caussade voulut les suivre.
- Resfez, vous 1 — commanda Jules
Chambésy.
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