Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1884-01-03
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 janvier 1884 03 janvier 1884
Description : 1884/01/03 (N2448,A8). 1884/01/03 (N2448,A8).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75071308
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/07/2012
La Lanterne
ADMINISTRATION. RÉDACTION & ANNONCES
, A PARIS
1§ — Rue Bielle. - 18
ABONNEMENTS
PARIS
TROIS JIOIS. 5 HR.
SIX JIOIS. Q FR.
UX AN. 1% i-R.
JOURNAL POLI ViQUE
QUOTIDIEN
'-
UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
ABONNEMENTS
OIÎPABTKMEXTS
TROIS MOIS. 6 FR.
S!Xt<0!S. (2 FR
UN AN. 24 FR,
HUITIÈME ANNÉE.-NUMÉRO ÎUS
——,.,.n -q
Jeudi 3 Janvier 1884
U7 nivôse an 91)
ted tortiéleb non inst,réa ne setvntM*f'renâtt*r ,
RÉFORMES PRATIQUES
Les officieux, dont tout le programme
est d'applaudir — si bien qu'ils applau-
dissent quelquefois, à quinze jours d'in-
tervalle, le pour et le contre — nous re-
prochent parfois de tout critiquer de
parti-pris et de ne pas savoir ce que
nous voulons.
Avec la bonne foi qui leur est propre,
les officieux oublient que si nous criti-
quons leurs patrons, c'est précisément
parce que nous avons eu, jadis avec eux,
un programme commun auquel nous
sommes demeurés fidèles et qu'ils ont
déserté. « Ce que nous voulons » est
donc bien facile à dire ; c'est, tout bon-
nement, la mise en pratique de ce pro-
gramme, au bas duquel nous trouve-
rions sans chercher beaucoup les signa-
tures - et les serments d'honneur - de
ceux-là même qui nous traitent d'uto-
pistes et d'insatiables.
Et ce n'est pas tout ; en sus de ce pro-
gramme — qui n'est qu'un minimum
politique et ne touche guère qu'aux
lgrands principes, — nous voulons bien
des choses encore, et des choses toutes
réalisables, pratiques, nécessaires, ur-
gentes, qu'un gouvernement digne de
ce nom devrait avoir faites depuis long-
temps, mais que le gouvernement de
M. Ferry etsamajoritégne sont pas capa-
bles de réaliser ou même d'entre-
prendre.
Et nous disons que les gouvernements
n'ont pas. d'excuse de ne pas avoir, de-
puis longtemps, abordé ces réformes
qui ne sont pas politiques, mais qui sont
indispensables et sur lesquelles tous
les partis pourraient s'entendre si, fai-
sant trève aux navardages électoraux,
le Parlement essayait de véritablement
travailler.
1 Oui, nous sommes honteux que, dans
un pays de petite propriété, tout le code
de procédure et toute la législation fis-
cale soient encore ce qu'on les avaitfaits
sous le premier empire, alors que la
grande propriété seule existait en France
si que la fortune mobilière n'existait
aas.
Il est honteux, par exemple, que l'as-
siette des droits de mutation soit telle
que la propriété du pauvre paie à l'Etat
SA VALEUR ENTIÈRE EN MOINS PE
QUATORZE ANS, alors que la grande pro-
priété, dont les mutations sont rares,
ne paie guère que un et demi pour cent,
en moyenne, dans le même laps de
temps.
Il est épouvantable que les frais de
justice pour une vente judiciaire, pour
l'expropriation d'une parcelle au-des-
sous de 1,000 francs - ce qui repré-
sente plus de la moitié des expropria-
tions — puissent arriver à cent vingt-
huit pour cent !
Il est inique et ridicule qu'un fils, hé-
ritant des dettes de son père, paie le
droit de succession sur les dettes.
Il est monstrueux qu'un petit procès
de fossé mitoyen entre pauvres paysans
puisse durer trois ans et coûter quinze
ents francs de frais, lorsqu'un procès'
de plusieurs millions entre banquiers
peut se juger en trois semaines et ne
coûter qu'une centaine de francs de frais
de justice.
Oui, sans doute, les réformes politi^
ques sont indispensables et urgentes,
parce quelles rendent possibles les ré-
formes civiles et administratives.
Mais que dire d'un gouvernement qui
ne nous donne ni les unes, ni les au-
tres? Que penser d'un Parlement qui ne
veut pas faire les réformes politiques et
n'est pas capable d'entreprendre les au-
tres?
Cette incapacité, d'ailleurs, ne date
pas d'aujourd'hui. Depuis quinze ans,
nous avons vu trois fois les gouverne-
ments nous promettre une loi sur les
droits de mutation, une loi sur les ven-
tes judiciaires. Et pas un n'a jamais eu
le courage et la force d'achever la loi
qu'il présentait.
Ce sont des centaines de millions que
les pauvres ont payés — alors que les
riches en demeuraient à peu près exempts
-faute d'avoir fait ces réformes.
Ft, sachez-le bien, aucun gouverne..
ment ne les fera, si le régime parlemen..
taire n'est pas profondément modifié.
Car nous mettons le Parlement au défi
d'entreprendre une réforme d'ensemble
du Code de procédure) avec le régime
parlementaire actuel.
Voilà pourquoi nous sommes con-
datamés à critiquer toujours; c'est que
.nous voulons des actes et on nous don-
4,- des mots!
LA GT1TBRHJE3
Lea P,,"llIo.N'ob.
Un télégramme de Saigon en datEr du l" Jan-
vier nous annonce que d'après les avis, de
Haïphong, en date du 26 décembre, les Pavil-
Ions-Noirs ont massacré les prisonniers.
Cette nouvelle nous parais très grave, car
dans toutes les dépêc-hes communiquées jus-
qu'à présent par le gouvernement, il n'a jamais
été dit que des soldats français aient été faits
prisonniers.
La même dépêche nous apprend que le com.
mandant en chef des troupes françaises est
résolu de prendre des mesures en conséquen-
ce. On ne nous dit pas quelles mesures,
Lee pertes des pavillons-Noirs
Des avis de Haï-Phong annoncent égale-
ment que les pertes des ennemis s'élèvent à
3,000 tués. Rien ne confirme cette nouvelle,
puisque les troupes françaises n'ont trouvé,
lors de leur entrée à Son-Tay, ni morts, ni
blessés; si lé nombre des tués eût été réelle-
ment de 3,000, il nous semble qu'il eût été lm.
possible aux Pavillons-Noirs de les emporter
tous en fuyant ou même de les enterrer dans
une seule nuit.
Retour don Fronçais à Danol
, Las troupes qui ont pris part à l'affaire dé
Son-Tay, après avoir laissé dans cette place
une partie de leur effectif comme garnison,
sont rentrées à HanoÏ. L'attaque de Bac-Ninh
est ajournée.
L'amiral Courbet aurait jugé qu'il était plus
prudent d'attendre les nouveaux renforts.
Nous avions donc raison de mettre en doute
la dépêche que des spéculateurs de Bourse
s'étaient fait adresser de Berlin, annonçant
que les troupes françaises étaient devant Bac-
Ninh, et que la prise de cette place n'était
qu'une affaire d'heures.
Démission du résident français à Hué
M. Tricon est arrivé à Hué, M. de Cham.
peaux, notre résident dans cette ville, lui a, af-
tirmc-t-on, remis sa démission, par suite de
désaccords qui seraient intervenus entre lui et
M. Harmand.
Retour de M. Harmnnd
M. Harmand, après avoir été à Hué est re-
venu à Saïgon, d'où il partira pour la France
par le prochain paquebot.
M. Harmand, dont le moral est très affecté,
viendrait tout à la fois donner des explications
au gouvernement et prendre un repos qui
lui a été ordonné par les médecins.
DERNIERES NOUVELLES
La raite de deux artistes
Brest, janvier.
Le jeune premier du théâtre de Brest a pris
la fuite, en compagnie de sa femme, après
avoir touché des avances. Le parquet a été
saisi d'une plainte.
Grève d'accusés
Angoulème,1er janvier. ,
La dernière audience de la police correction-
nelle d'Angoulëme, n'a pas eu lieu faute d'af-
faires.
On ne pouvait mieux finir l'année; grève
d'accusés, n'est-ce pas la plus belle de toutes
les grèves.
Les Enfants sans Dieu
Firminy (Loire), 1" janvier.
La commune de Firminy est menacée d'un,
grand malheur. Pauvres enfants ! qui suppor-
tent la faute de leurs parents : ils vont être
privés du pain des âmes pures.
C'est très sérieux : le curé de Firminy a
prévenu le 24 décembre, les enfants dont les:
parents avaient assisté à l'enterrement civil
du citoyen Paul Ferrand, qu'ils ne pourraient
faire leur première communion.
C'est affreux, n'est-ce pas? On se demande
en frémissant ce que deviendront ces pauvres
êtres, frustrés ainsi du pain à cacheter bénit ?
Bah! ils feront comme tant d'autres, et ils
ne s'en porteront pas plus mal. Ça fera quel-
ques enfants de moins qui deviendront sacris-
tains ou bedeaux, et ça. fera peut-être quel-
ques libres-penseurs de plus.
Une bonne mesure
Valence, f janvier.
Aujourd'hui, pour la première fois, il n'y a
pas eu de réception officielle à la préfecture ni
a. l'éveché. Un grand nombre de fonctionnaires
sont vivement satisfaits. Il serait à désirer qut
cela se généralisât. Ces visites officielles con..
trarient la pluparthdu temps des fonctionnai-
res qui no peuvent se voir sans murmurer.
Quelle tête doit, en effet, faire un préfet ext
communié par un évêque, et obligé de lui ren-
dre visite.
L'éducation congréganiste
Yssengeaux, 1" janvier.
Après-demain jeudi, 3 janvier, les deux Mil.
ics du village de Maruhac, commune d'Yssin-
geaux, et celle du village de Verrines, com-
mune de Saint-Julien-du-Pinet, doivent pas-
ser en police correctionnelle pour ouverture
d'école en contravention aux prescriptions de
la loi.
Jusqu'à présent cet ordre religieux, spécial
au département de la Haute-Loire, complète-
ment dépourvu de toute instruction a formel-
lement refusé — dans la pratique - d'obéir à
la loi ; abusant ainsi de la trop grande tolé-
rance de l'administration, qui a eu le tort de
traiter son personnel comme directrices libres
de classes enfantines.
Ces femmes n'ont d'autre utilité que de four-
nir de merveilleux agents électoraux à la,
réaction.
A Bourg
Bourg, 1" janvier.
Une rixe, dont les suites ont été funestes, a
eu lieu, dans la nuit de samedi à dimanche,
entre deux soldats faisant partie du bataillon
désigné pour le Tonkin, tous deux volontaires
sortant du 54' de ligne.
A la suite d'une querelle futile, ils en sont
venus aux mains.
L'un d'eux a reçu des coups de crosse de
fusil qui lui ont fait de graves blessures.
Le malheureux a succombé dans la journée
d'hier.
FEUILLET JN DU 3 JANVIER 1884
61
Le Point Noir
PREMIÈRE PARTIS
LE TRONC DES PAUVRES
XL
Bertrand et Raton
(Suite)
- En effet, vous êtes tout pâle. vous
avez les traits tirés.
Je cours vous préparer quelque chose de
chaud.
« Mais, avez-vous réussi, cette fois?. Et
toutes ces excursions nocturnes sont-elles,
au moins, terminées ?
— Je te dirai cela, tout à l'heure. mon
enfant 1 — répliqua-t-il d'une voix éteinte.
Ne m'interroge pas, pour le moment, je
n'aurais pas la force de te répondre.
Prépare-moi un bouillon. une tranche
de pâté.
: Ah! n'oublie pas une bouteille de bor-
deaux.
Je sens que je vais me trouver mal !
Sophie s'élança au dehors!
C'était tout ce que voulait Jules Cham-
bésy.
A peine, la belle blonde eut-elle dis-
paru, qu'il était sur pied.
- Voyons ce que je rapporte, pendant
qu'elle est absente ! — murmura-t-il; et il
défit vivement le mouchoir noué qui en-
veloppait la cassette.
XLI
Ce qu'avait trouvé Jules Chambésy
Mais, avant d'aller plus loin, notre Ar-
gonaute, ainsi qu'il s'était nommé lui-
même, regarda autour de lui, afin de cons-
si rien ne s'opposait à la vérification
tater, l'idée seule lui donnait la fièvre.
dont
Les persiennes de la fenêtre étaient
closes, les rideaux tirés.
Nul du dehors ne pouvait donc l'aperce-
voir.
Quant au dedans, il avait éloigné So-
phie; — il savait qu'elle était assez loin
de là et qu'elle serait bien dix minutes
ou un quart d'heure avant de revenir.
Il avait le temps. - -
Le coffret qu'il venait de poser sur sa
table, à la pleine lumière d'une lampe,
était en acier, sans ornement, légèrement
oxydé par l'humidité,
— C'est là-deiiaiis, - se dit-il, — que je
dois trouver sans doute, — ou de l'argent
ou l'explication du mystère qu'il m'a été
donné de surprendre, et qui doit, selon
toute probabilité, me mener à la fortune.
Que va-t-il sortir de cette nouvelle boîte
de Pandore ?
Il examina la serrure. — L'entrée en
était extrêmement petite, et Chambésy
n'en avait pas la clef.
— Allons ! — se dit-il encore; — il va
falloir opérer par effraction ,
Le couvercle de la cassette ne paraissait
pas joindre très hermétiquement.
Visiblement, on en viendrait à bout, avec
une pesée quelque peu énergique.
Comment faire ?
Tout à coup, il sourit.
Il venait de se rappeler qu'en s'instal-
lant, quelques jours auparavant, il avait
dû fixer un porte-manteau dans sa chambre.
Le marteau et le tournevis, dont il s'é-
tait servi, devaient être restés.
Il alla à une petite armoire, l'ouvrit, et
trouva, en effet, ce qu'il cherchait, sur une
planche.
Alors, ramasssant la descente de lit
pour en faire une sorte de coussinet, qui
amortît le bruit, à cette heure avancée de
la nuit, il y posa le coffret sur le coté, la
serrure en Pair, introduisit le tournevis
dans la fente, donna trois coups de mar-
teau vigoureux
La serrure se brisa et le coffre s'ouvrit,
laissant s'échapper des papiers et quel-
ques louis d'or qui roulèrent sur le par-
quet.
L'intérieur contenait des rouleaux de
papiers soigneusement faits, tels qu'on en
voit chez les caissiers pour leurs paie-
ments en espèce, des liasses de billets de
banque, et d'autres papiers de diverses
couleurs, faciles à reconnaître pour des
obligations et des actions, et, enfin, tout au
fond, un petit registre.
L'œil de .Iules Chambésy étincelait de
joie, ses mains tremblaient de convoitise.
C'était un trésor.,, et qui paraissait con-
sidérable.
Tout à coup, il s'arrêta. Un nuage pas-
sa sur son front.
— Mais, puisque c'est de l'argent qu'il y
a là, non un secret, — venait-il de se
dire, - je suis un simple voleur.
Cette idée, nous devons le constater
troubla légèrement son triomphe pendant
quelques secondes.
Il avait déjà forcé le tronc des pauvres,
à la vérité : — mais, à cet instant, il mou-
rait littéralement de faim.
Puis, ce qu'il convoitait dans le tronc,
c'était non pas tant la faible somme qu'il
pouvait contenir et qu'il n'eût pas volée,
sous un prétexte quelconque, que les pa-
piers qu'il v avait vu mettre.
D'autre part, l'argent des pauvres,—
cela est anonyme.
Mais une grosse somme dans une cas-
sette.
— Hum ! — fit-il.
Il voulait bien surprendre un secret et
ADMINISTRATION. RÉDACTION & ANNONCES
, A PARIS
1§ — Rue Bielle. - 18
ABONNEMENTS
PARIS
TROIS JIOIS. 5 HR.
SIX JIOIS. Q FR.
UX AN. 1% i-R.
JOURNAL POLI ViQUE
QUOTIDIEN
'-
UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
ABONNEMENTS
OIÎPABTKMEXTS
TROIS MOIS. 6 FR.
S!Xt<0!S. (2 FR
UN AN. 24 FR,
HUITIÈME ANNÉE.-NUMÉRO ÎUS
——,.,.n -q
Jeudi 3 Janvier 1884
U7 nivôse an 91)
ted tortiéleb non inst,réa ne setvntM*f'renâtt*r ,
RÉFORMES PRATIQUES
Les officieux, dont tout le programme
est d'applaudir — si bien qu'ils applau-
dissent quelquefois, à quinze jours d'in-
tervalle, le pour et le contre — nous re-
prochent parfois de tout critiquer de
parti-pris et de ne pas savoir ce que
nous voulons.
Avec la bonne foi qui leur est propre,
les officieux oublient que si nous criti-
quons leurs patrons, c'est précisément
parce que nous avons eu, jadis avec eux,
un programme commun auquel nous
sommes demeurés fidèles et qu'ils ont
déserté. « Ce que nous voulons » est
donc bien facile à dire ; c'est, tout bon-
nement, la mise en pratique de ce pro-
gramme, au bas duquel nous trouve-
rions sans chercher beaucoup les signa-
tures - et les serments d'honneur - de
ceux-là même qui nous traitent d'uto-
pistes et d'insatiables.
Et ce n'est pas tout ; en sus de ce pro-
gramme — qui n'est qu'un minimum
politique et ne touche guère qu'aux
lgrands principes, — nous voulons bien
des choses encore, et des choses toutes
réalisables, pratiques, nécessaires, ur-
gentes, qu'un gouvernement digne de
ce nom devrait avoir faites depuis long-
temps, mais que le gouvernement de
M. Ferry etsamajoritégne sont pas capa-
bles de réaliser ou même d'entre-
prendre.
Et nous disons que les gouvernements
n'ont pas. d'excuse de ne pas avoir, de-
puis longtemps, abordé ces réformes
qui ne sont pas politiques, mais qui sont
indispensables et sur lesquelles tous
les partis pourraient s'entendre si, fai-
sant trève aux navardages électoraux,
le Parlement essayait de véritablement
travailler.
1 Oui, nous sommes honteux que, dans
un pays de petite propriété, tout le code
de procédure et toute la législation fis-
cale soient encore ce qu'on les avaitfaits
sous le premier empire, alors que la
grande propriété seule existait en France
si que la fortune mobilière n'existait
aas.
Il est honteux, par exemple, que l'as-
siette des droits de mutation soit telle
que la propriété du pauvre paie à l'Etat
SA VALEUR ENTIÈRE EN MOINS PE
QUATORZE ANS, alors que la grande pro-
priété, dont les mutations sont rares,
ne paie guère que un et demi pour cent,
en moyenne, dans le même laps de
temps.
Il est épouvantable que les frais de
justice pour une vente judiciaire, pour
l'expropriation d'une parcelle au-des-
sous de 1,000 francs - ce qui repré-
sente plus de la moitié des expropria-
tions — puissent arriver à cent vingt-
huit pour cent !
Il est inique et ridicule qu'un fils, hé-
ritant des dettes de son père, paie le
droit de succession sur les dettes.
Il est monstrueux qu'un petit procès
de fossé mitoyen entre pauvres paysans
puisse durer trois ans et coûter quinze
ents francs de frais, lorsqu'un procès'
de plusieurs millions entre banquiers
peut se juger en trois semaines et ne
coûter qu'une centaine de francs de frais
de justice.
Oui, sans doute, les réformes politi^
ques sont indispensables et urgentes,
parce quelles rendent possibles les ré-
formes civiles et administratives.
Mais que dire d'un gouvernement qui
ne nous donne ni les unes, ni les au-
tres? Que penser d'un Parlement qui ne
veut pas faire les réformes politiques et
n'est pas capable d'entreprendre les au-
tres?
Cette incapacité, d'ailleurs, ne date
pas d'aujourd'hui. Depuis quinze ans,
nous avons vu trois fois les gouverne-
ments nous promettre une loi sur les
droits de mutation, une loi sur les ven-
tes judiciaires. Et pas un n'a jamais eu
le courage et la force d'achever la loi
qu'il présentait.
Ce sont des centaines de millions que
les pauvres ont payés — alors que les
riches en demeuraient à peu près exempts
-faute d'avoir fait ces réformes.
Ft, sachez-le bien, aucun gouverne..
ment ne les fera, si le régime parlemen..
taire n'est pas profondément modifié.
Car nous mettons le Parlement au défi
d'entreprendre une réforme d'ensemble
du Code de procédure) avec le régime
parlementaire actuel.
Voilà pourquoi nous sommes con-
datamés à critiquer toujours; c'est que
.nous voulons des actes et on nous don-
4,- des mots!
LA GT1TBRHJE3
Lea P,,"llIo.N'ob.
Un télégramme de Saigon en datEr du l" Jan-
vier nous annonce que d'après les avis, de
Haïphong, en date du 26 décembre, les Pavil-
Ions-Noirs ont massacré les prisonniers.
Cette nouvelle nous parais très grave, car
dans toutes les dépêc-hes communiquées jus-
qu'à présent par le gouvernement, il n'a jamais
été dit que des soldats français aient été faits
prisonniers.
La même dépêche nous apprend que le com.
mandant en chef des troupes françaises est
résolu de prendre des mesures en conséquen-
ce. On ne nous dit pas quelles mesures,
Lee pertes des pavillons-Noirs
Des avis de Haï-Phong annoncent égale-
ment que les pertes des ennemis s'élèvent à
3,000 tués. Rien ne confirme cette nouvelle,
puisque les troupes françaises n'ont trouvé,
lors de leur entrée à Son-Tay, ni morts, ni
blessés; si lé nombre des tués eût été réelle-
ment de 3,000, il nous semble qu'il eût été lm.
possible aux Pavillons-Noirs de les emporter
tous en fuyant ou même de les enterrer dans
une seule nuit.
Retour don Fronçais à Danol
, Las troupes qui ont pris part à l'affaire dé
Son-Tay, après avoir laissé dans cette place
une partie de leur effectif comme garnison,
sont rentrées à HanoÏ. L'attaque de Bac-Ninh
est ajournée.
L'amiral Courbet aurait jugé qu'il était plus
prudent d'attendre les nouveaux renforts.
Nous avions donc raison de mettre en doute
la dépêche que des spéculateurs de Bourse
s'étaient fait adresser de Berlin, annonçant
que les troupes françaises étaient devant Bac-
Ninh, et que la prise de cette place n'était
qu'une affaire d'heures.
Démission du résident français à Hué
M. Tricon est arrivé à Hué, M. de Cham.
peaux, notre résident dans cette ville, lui a, af-
tirmc-t-on, remis sa démission, par suite de
désaccords qui seraient intervenus entre lui et
M. Harmand.
Retour de M. Harmnnd
M. Harmand, après avoir été à Hué est re-
venu à Saïgon, d'où il partira pour la France
par le prochain paquebot.
M. Harmand, dont le moral est très affecté,
viendrait tout à la fois donner des explications
au gouvernement et prendre un repos qui
lui a été ordonné par les médecins.
DERNIERES NOUVELLES
La raite de deux artistes
Brest, janvier.
Le jeune premier du théâtre de Brest a pris
la fuite, en compagnie de sa femme, après
avoir touché des avances. Le parquet a été
saisi d'une plainte.
Grève d'accusés
Angoulème,1er janvier. ,
La dernière audience de la police correction-
nelle d'Angoulëme, n'a pas eu lieu faute d'af-
faires.
On ne pouvait mieux finir l'année; grève
d'accusés, n'est-ce pas la plus belle de toutes
les grèves.
Les Enfants sans Dieu
Firminy (Loire), 1" janvier.
La commune de Firminy est menacée d'un,
grand malheur. Pauvres enfants ! qui suppor-
tent la faute de leurs parents : ils vont être
privés du pain des âmes pures.
C'est très sérieux : le curé de Firminy a
prévenu le 24 décembre, les enfants dont les:
parents avaient assisté à l'enterrement civil
du citoyen Paul Ferrand, qu'ils ne pourraient
faire leur première communion.
C'est affreux, n'est-ce pas? On se demande
en frémissant ce que deviendront ces pauvres
êtres, frustrés ainsi du pain à cacheter bénit ?
Bah! ils feront comme tant d'autres, et ils
ne s'en porteront pas plus mal. Ça fera quel-
ques enfants de moins qui deviendront sacris-
tains ou bedeaux, et ça. fera peut-être quel-
ques libres-penseurs de plus.
Une bonne mesure
Valence, f janvier.
Aujourd'hui, pour la première fois, il n'y a
pas eu de réception officielle à la préfecture ni
a. l'éveché. Un grand nombre de fonctionnaires
sont vivement satisfaits. Il serait à désirer qut
cela se généralisât. Ces visites officielles con..
trarient la pluparthdu temps des fonctionnai-
res qui no peuvent se voir sans murmurer.
Quelle tête doit, en effet, faire un préfet ext
communié par un évêque, et obligé de lui ren-
dre visite.
L'éducation congréganiste
Yssengeaux, 1" janvier.
Après-demain jeudi, 3 janvier, les deux Mil.
ics du village de Maruhac, commune d'Yssin-
geaux, et celle du village de Verrines, com-
mune de Saint-Julien-du-Pinet, doivent pas-
ser en police correctionnelle pour ouverture
d'école en contravention aux prescriptions de
la loi.
Jusqu'à présent cet ordre religieux, spécial
au département de la Haute-Loire, complète-
ment dépourvu de toute instruction a formel-
lement refusé — dans la pratique - d'obéir à
la loi ; abusant ainsi de la trop grande tolé-
rance de l'administration, qui a eu le tort de
traiter son personnel comme directrices libres
de classes enfantines.
Ces femmes n'ont d'autre utilité que de four-
nir de merveilleux agents électoraux à la,
réaction.
A Bourg
Bourg, 1" janvier.
Une rixe, dont les suites ont été funestes, a
eu lieu, dans la nuit de samedi à dimanche,
entre deux soldats faisant partie du bataillon
désigné pour le Tonkin, tous deux volontaires
sortant du 54' de ligne.
A la suite d'une querelle futile, ils en sont
venus aux mains.
L'un d'eux a reçu des coups de crosse de
fusil qui lui ont fait de graves blessures.
Le malheureux a succombé dans la journée
d'hier.
FEUILLET JN DU 3 JANVIER 1884
61
Le Point Noir
PREMIÈRE PARTIS
LE TRONC DES PAUVRES
XL
Bertrand et Raton
(Suite)
- En effet, vous êtes tout pâle. vous
avez les traits tirés.
Je cours vous préparer quelque chose de
chaud.
« Mais, avez-vous réussi, cette fois?. Et
toutes ces excursions nocturnes sont-elles,
au moins, terminées ?
— Je te dirai cela, tout à l'heure. mon
enfant 1 — répliqua-t-il d'une voix éteinte.
Ne m'interroge pas, pour le moment, je
n'aurais pas la force de te répondre.
Prépare-moi un bouillon. une tranche
de pâté.
: Ah! n'oublie pas une bouteille de bor-
deaux.
Je sens que je vais me trouver mal !
Sophie s'élança au dehors!
C'était tout ce que voulait Jules Cham-
bésy.
A peine, la belle blonde eut-elle dis-
paru, qu'il était sur pied.
- Voyons ce que je rapporte, pendant
qu'elle est absente ! — murmura-t-il; et il
défit vivement le mouchoir noué qui en-
veloppait la cassette.
XLI
Ce qu'avait trouvé Jules Chambésy
Mais, avant d'aller plus loin, notre Ar-
gonaute, ainsi qu'il s'était nommé lui-
même, regarda autour de lui, afin de cons-
si rien ne s'opposait à la vérification
tater, l'idée seule lui donnait la fièvre.
dont
Les persiennes de la fenêtre étaient
closes, les rideaux tirés.
Nul du dehors ne pouvait donc l'aperce-
voir.
Quant au dedans, il avait éloigné So-
phie; — il savait qu'elle était assez loin
de là et qu'elle serait bien dix minutes
ou un quart d'heure avant de revenir.
Il avait le temps. - -
Le coffret qu'il venait de poser sur sa
table, à la pleine lumière d'une lampe,
était en acier, sans ornement, légèrement
oxydé par l'humidité,
— C'est là-deiiaiis, - se dit-il, — que je
dois trouver sans doute, — ou de l'argent
ou l'explication du mystère qu'il m'a été
donné de surprendre, et qui doit, selon
toute probabilité, me mener à la fortune.
Que va-t-il sortir de cette nouvelle boîte
de Pandore ?
Il examina la serrure. — L'entrée en
était extrêmement petite, et Chambésy
n'en avait pas la clef.
— Allons ! — se dit-il encore; — il va
falloir opérer par effraction ,
Le couvercle de la cassette ne paraissait
pas joindre très hermétiquement.
Visiblement, on en viendrait à bout, avec
une pesée quelque peu énergique.
Comment faire ?
Tout à coup, il sourit.
Il venait de se rappeler qu'en s'instal-
lant, quelques jours auparavant, il avait
dû fixer un porte-manteau dans sa chambre.
Le marteau et le tournevis, dont il s'é-
tait servi, devaient être restés.
Il alla à une petite armoire, l'ouvrit, et
trouva, en effet, ce qu'il cherchait, sur une
planche.
Alors, ramasssant la descente de lit
pour en faire une sorte de coussinet, qui
amortît le bruit, à cette heure avancée de
la nuit, il y posa le coffret sur le coté, la
serrure en Pair, introduisit le tournevis
dans la fente, donna trois coups de mar-
teau vigoureux
La serrure se brisa et le coffre s'ouvrit,
laissant s'échapper des papiers et quel-
ques louis d'or qui roulèrent sur le par-
quet.
L'intérieur contenait des rouleaux de
papiers soigneusement faits, tels qu'on en
voit chez les caissiers pour leurs paie-
ments en espèce, des liasses de billets de
banque, et d'autres papiers de diverses
couleurs, faciles à reconnaître pour des
obligations et des actions, et, enfin, tout au
fond, un petit registre.
L'œil de .Iules Chambésy étincelait de
joie, ses mains tremblaient de convoitise.
C'était un trésor.,, et qui paraissait con-
sidérable.
Tout à coup, il s'arrêta. Un nuage pas-
sa sur son front.
— Mais, puisque c'est de l'argent qu'il y
a là, non un secret, — venait-il de se
dire, - je suis un simple voleur.
Cette idée, nous devons le constater
troubla légèrement son triomphe pendant
quelques secondes.
Il avait déjà forcé le tronc des pauvres,
à la vérité : — mais, à cet instant, il mou-
rait littéralement de faim.
Puis, ce qu'il convoitait dans le tronc,
c'était non pas tant la faible somme qu'il
pouvait contenir et qu'il n'eût pas volée,
sous un prétexte quelconque, que les pa-
piers qu'il v avait vu mettre.
D'autre part, l'argent des pauvres,—
cela est anonyme.
Mais une grosse somme dans une cas-
sette.
— Hum ! — fit-il.
Il voulait bien surprendre un secret et
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