Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1884-12-12
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 décembre 1884 12 décembre 1884
Description : 1884/12/12 (A8,N2792). 1884/12/12 (A8,N2792).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75013941
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
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r-..::
A PARIS
ADMINISTRATION, RÉDACTION & ANNONCES
A PARIS
18 — Bue nieller *
LeS articles mn insérés ne seront pas rendus
ABONNEMENTS
TROIS MOIS. 5, FR.
SIX MOIS 9 FR.
UN AN. 18 FR.
JOURNAL POLITIQUE
QUOTIDIEN
UN NUMÉRO : S CENTIMES
ABONNEMENTS-
DÉPARTEMENTS
TROIS MOIS. 6 FR.
SIX MOIS. 12 FR.
UN AN. 5 il. 24 FR.
HUITIÈME ANNÉE. - NUMÉRO 2792
Vendredi 12 décembre 1884
22 frimaire an '33
JDEMIAITST
PARAITRA LE 24- NUMERO OU
SUPPLÉMENT HEBDOMADAIRE
1 DE
La Lanterne
CE NUMÉRO SERA PARTICULIEREMENT INTÉRESSANT
UN ACTE DE JUSTICE
On annonce que ie président de la
République doit signer, à l'occasion du
jour de l'an, la grâce de Louise Michel.
Il y a longtemps que la chose devrait
être faite, car si jamais le droit de
grâce, ce legs des temps monarchiques,
pouvait trouver une application qui' jus-
tifie son existence, c'était bien assuré-
ment pour le cas de Louise Michel.
Quel a été le crime de cette femme?
Un sentiment exalté des souffrances
populaires, une surexcitation de tout
son être à la vue de tant de malheureux
que le manque de travail laissait sans
pain et sans abri, et elle est venue
avec eux dans la rue, non pour y dres-
ser des barricades et pousser à rémeute,
mais pour demander au gouvernement
de sortir de son apathie et de son indif-
férence à l'égard des travailleurs.
j C'est là un crime, soit, car les gouver-
nements qui' savent toujours trouver
des millions pour les plus folles aven-
tures et pour la création de sinécures à
distribuer à leurs amis, n'aiment pas
.qu'on les oblige à s'occuper de ceux qui
n'ont pas de pain.
Mais ce crime est, en somme, celui
de la pitié, du dévouement, de l'obstiné
sacriuce à la cause de ceux qui souf-
frent; c'est le crimé d'une tête ardente,
mais d'un cœur généreux, et où est le
Français, où est l'homme que n'a pas
abandonné tout sentiment d'humanité,
qui pourra dire : il n'y a pas de pardon
pour un tel crime.
Certes, lorsque Louise Michel s'est
associée à la manifestation des Invali-
des, elle n'obéissait à aucun mobile per-
sonnel. Elle n'était guidée par aucune
pensée d'ambition. Elle ne rêvait pas,
comme tant de politiciens que nous pour-
rions nommer, la députation, le pouvoir,
les places. ,.
Elle savait que personnellement il n'y
avait que des risques à courir dans la
participation à la manifestation sans au-
cun profit possible ni dans le présent,
ni dans l'avenir. Cela mérite bien d'être
pris en considération.
Puis, il ne faut pas l'oublier, cette
manifestation qui a valu une si sévère
condamnation à Louise Michel n'a coûté
la vie à personne. Pas une goutte de
sang n'a été répandue et on n'a euVau-
tre fait délictueux à constater que l'en-
trée de quelques affamés dans deux bou-
langeries et le détournement d'un cer-
tain nombre de pains. Lé dégât n'a pas
dépassé, en tout, deux cents francs.
d Nous n'excusons pas certainement de
pareils actes qui tournent toujours à l'a-
vantage de là réaction et au détriment
de la cause populaire, et nous admet-
tons que les tribunaux soient appelés à
les réprimer. Mais au moins convient-il
que la répression soit proportionnée à
la faute, et c'est ce qui n'a pas eu lieu,
certainement, pour Louise Michel.
On aurait compris une condamnation
à quinze jours de prison, à un mois au
maximum, mais une condamnation à
cinq ans, ce n'est plus de la justice,
c'est de la vengeance, c'est de la persé-
cution.
Et quelle faute de la part des gouver-
nants, qu'une semblable condamnation!
Louise - Michel condamnée à quelques
semaines d'emprisonnement demeurait
une exaltée, une hallucinée si l'on veut;
condamnée à cinq ans d'emprisonne
ment, elle est devenue, à juste titre,
une martyre.
Il faut en finir avec cette iniquité, et
le gouvernement y a plus d'intérêt que
Louise Michel elle-merne. Dans la crise
du travail que nous traversons, alors
que la misère s'accroît chaque jour, et
que les souffrances de la population ou-
vrière deviennent plus vives, tout ce
qui peut tendre à apaiser les esprits,
est d'une sage politique, et il est cer-
tain, à ce point de vue, que la remise
fàite à Louise Michel des trois années
de prison qui lui restent à faire pour
purger sa. condamnation, produira un
excellent effet.
Il est une autre grâce qui s'impose
également au gouvernement, pour peu
qu'il ait le sens de la situation, c'est
celle de Kropotkine.
On sait dans quel triste état de santé
se trouve ce malheureux. Le séjour de
la prison, tous les médecins l'ont cons-
taté, lui est mortel. Quelle belle affaire
pour le gouvernement le jour où on ap-
prendra que Kropotkine est mort dans
sa prison, et comme cela mettra en
bonne fortune MM. Ferry et Martin-
Feuillée devant la postérité !
Et quel crime a commis Kropotkine ?
Aucun. Son procès a été un procès de
tendance. Il a été condamné non pour
des actes, mais pour des paroles et des
écrits, et cela en un temps où le chef de
l'Etat a pris pour devise: « Tout laisser,
dire, ne rien laisser faire ! »
Quel démenti donné à cette devise
que la condamnation et l'emprisonne-
ment d'un des plus grands érudits de
l'Europe, du savant géographe Kropot-
kine !
La grâce de celui-ci s'impose donc au
même titre que celle de Louise Michel,
par les mêmes considérations d'huma-
nité, de justice et de sage politique.
Nous verrons si le gouvernement aura
l'intelligence de le comprendre.
.— --- - ■ ■ —————,
CH IN E
Rupture des négociations
..Les menaces de M. Jules Ferry n'ont pro-
duit qu'un faible effet d'intimidation sur kï
Chine. Voici l'information de l'Agence Havas :
Lord Granville a déclaré à l'ambassadeur de
France qu'il avait épuisa avec la Chine tous les
moyens de persuasion pour rendre la médiation
anglaise possible et que. voyant l'impossibilité de
faire aboutir cette médiation, il était obligé d'y
renoncer à son grand regret.
Lord Grand ville a adressé au marquis Tseng une
communication déclarant Qu'il renonçait à I-c. mé-
diation eu présence do l'impossibilité d'un accord.
Lord Granville avait travailla à la médiation avec
un réel désir d'arriver à la paix. Les nègociations
.ont continué jusqu'à hier, malgré la quasi-certitu-
de où l'on était depuis plusieurs jours que les Chi-
nois no présenteraient pas de conditions accep-
tables.
La conviction unanime ici est que les conditions
françaises étaient raisonnables et celles des Chi-
nois inadmissibles, etque l'obstacle à la médiation
vient uniquement de La Chine.
La proposition chinoise de l'uli possidetis consti-
tua; durant eus négociations, je maximum des
concessions chinoises. Maintenant, une nouvelle
phase militaire commence.
M. Jules Ferry a eu raison de se précaution-
ner de crédits jour les six premiers mois de
l'année 1885. Il est probable qu'ils seront
é, uisés longtemps avant lo 30 juin prochain.
Il a envoyé 10,000 hommes de l'Algérie au
lieu de 5,000, désignés tout d'abord.
D'un autre côté, les difficultés seront beau-
coup ) lus grandes qu'il y a six mois. Les Chi-
nois se sont fortifiés, ont préparé des mines,
ont batré leurs fleuves. Ils ont des navires
commandés par des officiers allemands, avec
des mécaniciens anglais et américains, qui
s'enhardissent jusqu'à Croiser actuellement
non loin de Formose.
M. Jules Ferry nous a amenés à cette situa-
tion qu'il étaiu si facile de proyoir :, une
guerre sans fin et sans résultat.
Les Alliés de la Chine
On télégraphie do Berlin au Standard que
l'empereur Guillaume-a conféré à Li-Phong-
Pao l'ordre de la couronne de première classe
et lui a adressé une lettre exprimant sa sa-
tisfaction et le remerciant cordialement pour
avoir contribué à resserrer lus liens d'amitié
entre l'Allemagna et lu Chine.
L'entente la plus cordiale, on le voit, ne
cesse de régner entre ces deux puissances.
M. de Bismarck ne s'est sensiblement rap-
proché de M. Jules Ferry que pour mieux se
jouer de lui.
Pendant qu'il rrotestait de ses bonnes in-
tentions envers la France, le Chancelier en-
courageait la Chine a la guerre.
En Chine
On mande de Londres :
Le biuit court, dans certains cercles de Londres,
où l'on est d'ordinaire bien informé de ce qui se
passe en Chine, que le gouvernement de Pékin a
donné l'ordre à la flotte chinoise d'aller au-de vaut
des navires de commerce qui transportent au Ton-
kiti les renforts des troupes françaises. Dans la
pensée de la Chine, ces navires qui sont pour la
plupart des paquebots loués à une Compagnie de
navigation, n'étant pas armés, ne sauraient offrir
aucune défense et pourraient être aisément cou-
lés.
Pour mieux détourner l'attention et atteindre
plus Sûrement son but, le gouvernement chinois a
fait répandre le bruit qu'il préparait une flotte
pour aller forcer le blocus de Formose ou faire
une démonstration sur les côtes du Tonkin.
149>-
PETITE BOURSE DU SOIR
3 0/0 .20
4 ½. 168 73
Banque 600 62
lfatlîlc
Egyptienne.. 322 87
Extérieure. O 23/32
Turc. 8 57
Rio-Tinto .., 318 75
LES COULISSES
DE LA POLITIQUE
LA SÉANCE
Je ne sais rien de triste et de navrant com-
me les lendemains de grandes batailles parle-
mentaires. On dirait la slle à manger où l'on
retrouvç dans le jour gris et sale d'une mati-
née d'hiver les restes du souper de la veille,
pâtés éventrés et femmes couchées sous la. -
table.
Il y a du pâteux dans les paroles des ora-
teurs, de la fatigue et du dégoût dans les at-
titudes.
Malgré tout, un reste de public qui vient
sans doute par habitude.
On lui sert comme entrée un vieux reste du
budget de la justice, quelque chose comme*
un amendement de M. Graziani et une pro-
position de M. Fauré, retour de la commis-
sion. En un tour de main, c'est expédié, et
l'on reprend le budget des cultes.
Le budget des cultes
C'est encore le plus intéressant. Il y aurait
même matière à se passionner si l'on ne sa-
vait 'd'avance qu'après avoir retranché, la
Chambre rétablira au bon moment, sur la.
prière d'un ministre ou la menace du Sénat.
Les chanoines
Viennent d'abord les chanoines. A leur su-
jet, nous assistons au spectacle attristant que
nous rencontrerons presque a chaque fois ; le
ministre fait les gestes pendant que l'évêque
fait le discours de protestation. Ce discours,
c'est toujours le même, engagements violés,
Concordât atteint, droits acquis. Malgré M.
ftiartiii-i^etiinée et M. Freppel, la Chambra
supprime par 350 voix contre 331.
Le Chapitre de Saint-Denis
Nouvel effort de' l'évêque. Ici, la note se
change un peu. M. Freppel entame la grande
symphonie patriotique. A l'entendre. Saint-
Denis est le dernier refuse de la patrie. mo-
narchique, c'est possible, mais républicaine,
jamais! •
La Chambra est de cet avis, et supprime
les émoluments du chapitre,
Les Bourses de» Séminaires
Nouvelle apparition de M. Martin-Feuillée
qui vient épiloguer sur la discussion de la
commission, concluant à la suppression to-
tale. Il était d'accord avec elle, maintenant,
il ne l'est plus. Pourquoi?, l'on ne sait. La
certain, c'est qu'il réclame le crédit pour la
dernière fois.
Si ce pouvait être également pour la. der-
nière fois que l'on entendra l'éveque! Mais
hélas! il faut renoncer à cette chimérique es-
pérance et subir pour la quatrième reprise Iii
mêmc discours.
Cette fois pour changer, l'évêque laïque de
Man succéda à son collègue eu soutune et'
exécute sou graud ait- sur la religion outra-
gée, terminé comme chacun sait par le petit
apnel aux armes, obligatoire.
Tout cela n'a pas grand chose à voir avec
les bourses cjt. le Concordat, comme le fait
remarquer M* Jules Roche,
Tout au plus pourrait-on hausser les épaules
et se rendormir en attendant le vote. mais
voilà que le rapporteur. M. de Douvile, a
pris feu et tient à rendre aux prélats réunis
coup pour coup, blessure pour blessure. Il
affirme nettement ses convictions philosophi-
ques et sa haine cordiale pour l'Egasc de
Rome et ses théories antisociales et antipa-
triotiques. La combattre voiià le mandat que
lui ont donné ses électeurs et, comme il le
dit, il s'y emploie avec acharnement.
Après quoi il déclare qu'il va rentrer dans
la peau du rapporteur, à la grande mais courte
joie de M. Brisson, car il recommence aussi-
tôt son voyage édifiant a travers lis règle-
ments des séminaires et les articles du byl-
lubus.
FEUILLETON DU 12 DÉCEMBRE 1834
45
UN DROLE
PAR
YVES GUYOT
DEUXIÈME PARTIE
X
Une Lettre et un biner
Florid était restée, écrasée, son papier à
la maiu. C'était donc là Tunique débris,
non-seulement de ses rêves d'ambition,
mais encore de sa petite fortune. Elle n'avait
même pas ces 150,000 fr., sur lesquels elle
avait toujours compté, ces six ou sept
mille livres de rentes qui faisaient la sécur
rité de son avenir. Elle qui avait toujours
tant admiré sa propre prudence ! Elle qui,
tant admiré sa propr(,
si souvent, s'était comparée à plus d'une de
>es collègues qui, après avoir remué des
millions, tombait dans la détresse ! Elle qui
s'était répété tant de fois, avec le senti-
ment de bien-être qu'éprouve l'individu à
l'abri des intempéries, en contemplant le
malheureux sort de ceux qui y sont ex-
posés : .1
— Je suis toujours sûre de ne pas mourir
sur la paille et de pouvoir mener sur mes
vieux jours la vie d'une honnête rentière à
Paris ou en province.
Et tout cela était disparu 1 Quel misérable
que ce Corbières! Elle savait qu'il était dur
dans ses rapports avec les auteurs; qu'il
avait des appétits de vampire; il lui avait
laissé souvent entrevoir de cyniques théo-
ries commerciales; mais l'acte qu'il avait
commis à son égard, c'était une escroque-
rie, un abus de confiance, un vol !.
Cette idée secouait son abattement, faisait
affluer le sang à son cerveau. Un pareil
méfait criait vengeance. Désormais, elle
s'acharnerait contre lui. Elle aurait voulu
pouvoir lui arracher les yeux de ses ongles,,,
- Je comprends.le vitriol!
Puis elle avait des retours d'incrédulité-
Tout était-il perdu ? Il s'était peut-être van-
té ? Cette simple modification dans une si-
gnature pouvait-elle suffire pour biffer une
dette ?. Qui consulter?
Elle parcourut, dans un instant, le cercle
de ses relations. Un nom se présenta aussi-
tôt à elle. Tout d'abord, elle le repoussa :
— Non, ce n'est pas possible!
Puis' le nom se représenta avec insistance
à son esprit.
- Et pourquoi pas? Qui pourrait la mieux
renseigner? qui pouvait mieux connaître la
loi que M. Gaillard de Rigaudon, un magis-
trat ? Il devait haïr Corbières ? n'était-il pas
aussi son commanditaire?. Et puis. qui
sait ?
Elle laissa longtemps errer sa pensée aU4
tour de ce point; d'interrogation sans oser le
préciser.
Elle en était à la litanie des reproches
contre elle-même et des imprécations con-
tre Corbières. Quelle sottise elle avait
faite !
Et ce Corbières qui, après avoir falsifié sa
signature, avait osé revenir chez elle, l'en-
gager à faire commanditer sa maison par
Gaillard de Rigaudou. Il avait peut-
être aussi commis un abu? de contiau-
ce à son égard ? Mais c'était un homme, un
magistrat, il avait tous les moyens de' dé-
fense que n'a pas la femme. Ou ne pouvait
pas invoquer contre lui cet odieux article
du Code. Mais quelle audace de la part de
ce monstre ! Au moment ou il lui apportait
ses titres, où il la reprenait, il savait qu'il
avait volé ses 150.000 fr.
Plus elle ruminait sa colère, plus elle le
trouvait coupable. Et en même temps, plus
violemment sa pensée se reportait vers M.
Gaillard de Rigaudon. Mais comment ac-
cueillerait-il un message sa part? Il devait
être froissé dans son amour-propre. Il avait
reçu une de ces blessures qui ne pardon-
nent pas. Mais était-ce d'elle ? Elle n'avait
été coupable que de faiblesse. Il n'y avait
qu'un misérable dans cette affaire : c'était
Corbiôres !
— Ah! le misérable ! le misérable ! s'é-
cria-t-elle en se tordant les mains jointes,
tout en regardant dans la glace l'expression
de son indignation.
Sa colère redoubla alors :
— Quel succès j'aurais eu au théâtre avec
ce geste et cette intonation ! C'est sa faute,
à ce drôle,, si je l'ai quitté ! Avec lui jo.
croyais que nous étions comme mari et
femme ! Je pensais que c'était pour la vie..,
et au dernier moment, il a profité de ma
confiance pour me voler mes quelques sous!,
Que les femmes sont donc bêtes !g
Certes, pour elle, comme pour beaucoup
d'autres, cette locution n'était pas neuve.
Elle éprouva cependant le besoin de la mé-
diter très longuement. Après s'être biea
convaincue, en évoquant à son souvenir
avec plus ou moins de précision, quantité
de faits empruntés à sa propre biographiez
ou à celle de ses connaissances féminines,
que cette phrase, si vieille qu'elle lut, était
toujours en situation, elle se décida à s'ins-
taller devant son petit bureau pour écrire/sa
lettre a Gaillard de Rigaudon. Dans sa/pa-
peterie de fantaisie, elle choisit un papier
anglais tout à fait sérieux, et après quel -
ques instants de réflexion, elle écrivit d'un
trait de plume :
« 20 janvier 1882.
» Monsieur,
» Je sais que j'ai été si coupable envers
vous que vous ne pourrez me pardonner. Nei
craignez donc point que je vienne solliciter
de votre bienveillance, sigrande qu'elle soit,
un pardon- impossible ; mais je suis telle-.
ment misérable, en ce mom-ent, que j'oso.
r-..::
A PARIS
ADMINISTRATION, RÉDACTION & ANNONCES
A PARIS
18 — Bue nieller *
LeS articles mn insérés ne seront pas rendus
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TROIS MOIS. 5, FR.
SIX MOIS 9 FR.
UN AN. 18 FR.
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UN NUMÉRO : S CENTIMES
ABONNEMENTS-
DÉPARTEMENTS
TROIS MOIS. 6 FR.
SIX MOIS. 12 FR.
UN AN. 5 il. 24 FR.
HUITIÈME ANNÉE. - NUMÉRO 2792
Vendredi 12 décembre 1884
22 frimaire an '33
JDEMIAITST
PARAITRA LE 24- NUMERO OU
SUPPLÉMENT HEBDOMADAIRE
1 DE
La Lanterne
CE NUMÉRO SERA PARTICULIEREMENT INTÉRESSANT
UN ACTE DE JUSTICE
On annonce que ie président de la
République doit signer, à l'occasion du
jour de l'an, la grâce de Louise Michel.
Il y a longtemps que la chose devrait
être faite, car si jamais le droit de
grâce, ce legs des temps monarchiques,
pouvait trouver une application qui' jus-
tifie son existence, c'était bien assuré-
ment pour le cas de Louise Michel.
Quel a été le crime de cette femme?
Un sentiment exalté des souffrances
populaires, une surexcitation de tout
son être à la vue de tant de malheureux
que le manque de travail laissait sans
pain et sans abri, et elle est venue
avec eux dans la rue, non pour y dres-
ser des barricades et pousser à rémeute,
mais pour demander au gouvernement
de sortir de son apathie et de son indif-
férence à l'égard des travailleurs.
j C'est là un crime, soit, car les gouver-
nements qui' savent toujours trouver
des millions pour les plus folles aven-
tures et pour la création de sinécures à
distribuer à leurs amis, n'aiment pas
.qu'on les oblige à s'occuper de ceux qui
n'ont pas de pain.
Mais ce crime est, en somme, celui
de la pitié, du dévouement, de l'obstiné
sacriuce à la cause de ceux qui souf-
frent; c'est le crimé d'une tête ardente,
mais d'un cœur généreux, et où est le
Français, où est l'homme que n'a pas
abandonné tout sentiment d'humanité,
qui pourra dire : il n'y a pas de pardon
pour un tel crime.
Certes, lorsque Louise Michel s'est
associée à la manifestation des Invali-
des, elle n'obéissait à aucun mobile per-
sonnel. Elle n'était guidée par aucune
pensée d'ambition. Elle ne rêvait pas,
comme tant de politiciens que nous pour-
rions nommer, la députation, le pouvoir,
les places. ,.
Elle savait que personnellement il n'y
avait que des risques à courir dans la
participation à la manifestation sans au-
cun profit possible ni dans le présent,
ni dans l'avenir. Cela mérite bien d'être
pris en considération.
Puis, il ne faut pas l'oublier, cette
manifestation qui a valu une si sévère
condamnation à Louise Michel n'a coûté
la vie à personne. Pas une goutte de
sang n'a été répandue et on n'a euVau-
tre fait délictueux à constater que l'en-
trée de quelques affamés dans deux bou-
langeries et le détournement d'un cer-
tain nombre de pains. Lé dégât n'a pas
dépassé, en tout, deux cents francs.
d Nous n'excusons pas certainement de
pareils actes qui tournent toujours à l'a-
vantage de là réaction et au détriment
de la cause populaire, et nous admet-
tons que les tribunaux soient appelés à
les réprimer. Mais au moins convient-il
que la répression soit proportionnée à
la faute, et c'est ce qui n'a pas eu lieu,
certainement, pour Louise Michel.
On aurait compris une condamnation
à quinze jours de prison, à un mois au
maximum, mais une condamnation à
cinq ans, ce n'est plus de la justice,
c'est de la vengeance, c'est de la persé-
cution.
Et quelle faute de la part des gouver-
nants, qu'une semblable condamnation!
Louise - Michel condamnée à quelques
semaines d'emprisonnement demeurait
une exaltée, une hallucinée si l'on veut;
condamnée à cinq ans d'emprisonne
ment, elle est devenue, à juste titre,
une martyre.
Il faut en finir avec cette iniquité, et
le gouvernement y a plus d'intérêt que
Louise Michel elle-merne. Dans la crise
du travail que nous traversons, alors
que la misère s'accroît chaque jour, et
que les souffrances de la population ou-
vrière deviennent plus vives, tout ce
qui peut tendre à apaiser les esprits,
est d'une sage politique, et il est cer-
tain, à ce point de vue, que la remise
fàite à Louise Michel des trois années
de prison qui lui restent à faire pour
purger sa. condamnation, produira un
excellent effet.
Il est une autre grâce qui s'impose
également au gouvernement, pour peu
qu'il ait le sens de la situation, c'est
celle de Kropotkine.
On sait dans quel triste état de santé
se trouve ce malheureux. Le séjour de
la prison, tous les médecins l'ont cons-
taté, lui est mortel. Quelle belle affaire
pour le gouvernement le jour où on ap-
prendra que Kropotkine est mort dans
sa prison, et comme cela mettra en
bonne fortune MM. Ferry et Martin-
Feuillée devant la postérité !
Et quel crime a commis Kropotkine ?
Aucun. Son procès a été un procès de
tendance. Il a été condamné non pour
des actes, mais pour des paroles et des
écrits, et cela en un temps où le chef de
l'Etat a pris pour devise: « Tout laisser,
dire, ne rien laisser faire ! »
Quel démenti donné à cette devise
que la condamnation et l'emprisonne-
ment d'un des plus grands érudits de
l'Europe, du savant géographe Kropot-
kine !
La grâce de celui-ci s'impose donc au
même titre que celle de Louise Michel,
par les mêmes considérations d'huma-
nité, de justice et de sage politique.
Nous verrons si le gouvernement aura
l'intelligence de le comprendre.
.— --- - ■ ■ —————,
CH IN E
Rupture des négociations
..Les menaces de M. Jules Ferry n'ont pro-
duit qu'un faible effet d'intimidation sur kï
Chine. Voici l'information de l'Agence Havas :
Lord Granville a déclaré à l'ambassadeur de
France qu'il avait épuisa avec la Chine tous les
moyens de persuasion pour rendre la médiation
anglaise possible et que. voyant l'impossibilité de
faire aboutir cette médiation, il était obligé d'y
renoncer à son grand regret.
Lord Grand ville a adressé au marquis Tseng une
communication déclarant Qu'il renonçait à I-c. mé-
diation eu présence do l'impossibilité d'un accord.
Lord Granville avait travailla à la médiation avec
un réel désir d'arriver à la paix. Les nègociations
.ont continué jusqu'à hier, malgré la quasi-certitu-
de où l'on était depuis plusieurs jours que les Chi-
nois no présenteraient pas de conditions accep-
tables.
La conviction unanime ici est que les conditions
françaises étaient raisonnables et celles des Chi-
nois inadmissibles, etque l'obstacle à la médiation
vient uniquement de La Chine.
La proposition chinoise de l'uli possidetis consti-
tua; durant eus négociations, je maximum des
concessions chinoises. Maintenant, une nouvelle
phase militaire commence.
M. Jules Ferry a eu raison de se précaution-
ner de crédits jour les six premiers mois de
l'année 1885. Il est probable qu'ils seront
é, uisés longtemps avant lo 30 juin prochain.
Il a envoyé 10,000 hommes de l'Algérie au
lieu de 5,000, désignés tout d'abord.
D'un autre côté, les difficultés seront beau-
coup ) lus grandes qu'il y a six mois. Les Chi-
nois se sont fortifiés, ont préparé des mines,
ont batré leurs fleuves. Ils ont des navires
commandés par des officiers allemands, avec
des mécaniciens anglais et américains, qui
s'enhardissent jusqu'à Croiser actuellement
non loin de Formose.
M. Jules Ferry nous a amenés à cette situa-
tion qu'il étaiu si facile de proyoir :, une
guerre sans fin et sans résultat.
Les Alliés de la Chine
On télégraphie do Berlin au Standard que
l'empereur Guillaume-a conféré à Li-Phong-
Pao l'ordre de la couronne de première classe
et lui a adressé une lettre exprimant sa sa-
tisfaction et le remerciant cordialement pour
avoir contribué à resserrer lus liens d'amitié
entre l'Allemagna et lu Chine.
L'entente la plus cordiale, on le voit, ne
cesse de régner entre ces deux puissances.
M. de Bismarck ne s'est sensiblement rap-
proché de M. Jules Ferry que pour mieux se
jouer de lui.
Pendant qu'il rrotestait de ses bonnes in-
tentions envers la France, le Chancelier en-
courageait la Chine a la guerre.
En Chine
On mande de Londres :
Le biuit court, dans certains cercles de Londres,
où l'on est d'ordinaire bien informé de ce qui se
passe en Chine, que le gouvernement de Pékin a
donné l'ordre à la flotte chinoise d'aller au-de vaut
des navires de commerce qui transportent au Ton-
kiti les renforts des troupes françaises. Dans la
pensée de la Chine, ces navires qui sont pour la
plupart des paquebots loués à une Compagnie de
navigation, n'étant pas armés, ne sauraient offrir
aucune défense et pourraient être aisément cou-
lés.
Pour mieux détourner l'attention et atteindre
plus Sûrement son but, le gouvernement chinois a
fait répandre le bruit qu'il préparait une flotte
pour aller forcer le blocus de Formose ou faire
une démonstration sur les côtes du Tonkin.
149>-
PETITE BOURSE DU SOIR
3 0/0 .20
4 ½. 168 73
Banque 600 62
lfatlîlc
Egyptienne.. 322 87
Extérieure. O 23/32
Turc. 8 57
Rio-Tinto .., 318 75
LES COULISSES
DE LA POLITIQUE
LA SÉANCE
Je ne sais rien de triste et de navrant com-
me les lendemains de grandes batailles parle-
mentaires. On dirait la slle à manger où l'on
retrouvç dans le jour gris et sale d'une mati-
née d'hiver les restes du souper de la veille,
pâtés éventrés et femmes couchées sous la. -
table.
Il y a du pâteux dans les paroles des ora-
teurs, de la fatigue et du dégoût dans les at-
titudes.
Malgré tout, un reste de public qui vient
sans doute par habitude.
On lui sert comme entrée un vieux reste du
budget de la justice, quelque chose comme*
un amendement de M. Graziani et une pro-
position de M. Fauré, retour de la commis-
sion. En un tour de main, c'est expédié, et
l'on reprend le budget des cultes.
Le budget des cultes
C'est encore le plus intéressant. Il y aurait
même matière à se passionner si l'on ne sa-
vait 'd'avance qu'après avoir retranché, la
Chambre rétablira au bon moment, sur la.
prière d'un ministre ou la menace du Sénat.
Les chanoines
Viennent d'abord les chanoines. A leur su-
jet, nous assistons au spectacle attristant que
nous rencontrerons presque a chaque fois ; le
ministre fait les gestes pendant que l'évêque
fait le discours de protestation. Ce discours,
c'est toujours le même, engagements violés,
Concordât atteint, droits acquis. Malgré M.
ftiartiii-i^etiinée et M. Freppel, la Chambra
supprime par 350 voix contre 331.
Le Chapitre de Saint-Denis
Nouvel effort de' l'évêque. Ici, la note se
change un peu. M. Freppel entame la grande
symphonie patriotique. A l'entendre. Saint-
Denis est le dernier refuse de la patrie. mo-
narchique, c'est possible, mais républicaine,
jamais! •
La Chambra est de cet avis, et supprime
les émoluments du chapitre,
Les Bourses de» Séminaires
Nouvelle apparition de M. Martin-Feuillée
qui vient épiloguer sur la discussion de la
commission, concluant à la suppression to-
tale. Il était d'accord avec elle, maintenant,
il ne l'est plus. Pourquoi?, l'on ne sait. La
certain, c'est qu'il réclame le crédit pour la
dernière fois.
Si ce pouvait être également pour la. der-
nière fois que l'on entendra l'éveque! Mais
hélas! il faut renoncer à cette chimérique es-
pérance et subir pour la quatrième reprise Iii
mêmc discours.
Cette fois pour changer, l'évêque laïque de
Man succéda à son collègue eu soutune et'
exécute sou graud ait- sur la religion outra-
gée, terminé comme chacun sait par le petit
apnel aux armes, obligatoire.
Tout cela n'a pas grand chose à voir avec
les bourses cjt. le Concordat, comme le fait
remarquer M* Jules Roche,
Tout au plus pourrait-on hausser les épaules
et se rendormir en attendant le vote. mais
voilà que le rapporteur. M. de Douvile, a
pris feu et tient à rendre aux prélats réunis
coup pour coup, blessure pour blessure. Il
affirme nettement ses convictions philosophi-
ques et sa haine cordiale pour l'Egasc de
Rome et ses théories antisociales et antipa-
triotiques. La combattre voiià le mandat que
lui ont donné ses électeurs et, comme il le
dit, il s'y emploie avec acharnement.
Après quoi il déclare qu'il va rentrer dans
la peau du rapporteur, à la grande mais courte
joie de M. Brisson, car il recommence aussi-
tôt son voyage édifiant a travers lis règle-
ments des séminaires et les articles du byl-
lubus.
FEUILLETON DU 12 DÉCEMBRE 1834
45
UN DROLE
PAR
YVES GUYOT
DEUXIÈME PARTIE
X
Une Lettre et un biner
Florid était restée, écrasée, son papier à
la maiu. C'était donc là Tunique débris,
non-seulement de ses rêves d'ambition,
mais encore de sa petite fortune. Elle n'avait
même pas ces 150,000 fr., sur lesquels elle
avait toujours compté, ces six ou sept
mille livres de rentes qui faisaient la sécur
rité de son avenir. Elle qui avait toujours
tant admiré sa propre prudence ! Elle qui,
tant admiré sa propr(,
si souvent, s'était comparée à plus d'une de
>es collègues qui, après avoir remué des
millions, tombait dans la détresse ! Elle qui
s'était répété tant de fois, avec le senti-
ment de bien-être qu'éprouve l'individu à
l'abri des intempéries, en contemplant le
malheureux sort de ceux qui y sont ex-
posés : .1
— Je suis toujours sûre de ne pas mourir
sur la paille et de pouvoir mener sur mes
vieux jours la vie d'une honnête rentière à
Paris ou en province.
Et tout cela était disparu 1 Quel misérable
que ce Corbières! Elle savait qu'il était dur
dans ses rapports avec les auteurs; qu'il
avait des appétits de vampire; il lui avait
laissé souvent entrevoir de cyniques théo-
ries commerciales; mais l'acte qu'il avait
commis à son égard, c'était une escroque-
rie, un abus de confiance, un vol !.
Cette idée secouait son abattement, faisait
affluer le sang à son cerveau. Un pareil
méfait criait vengeance. Désormais, elle
s'acharnerait contre lui. Elle aurait voulu
pouvoir lui arracher les yeux de ses ongles,,,
- Je comprends.le vitriol!
Puis elle avait des retours d'incrédulité-
Tout était-il perdu ? Il s'était peut-être van-
té ? Cette simple modification dans une si-
gnature pouvait-elle suffire pour biffer une
dette ?. Qui consulter?
Elle parcourut, dans un instant, le cercle
de ses relations. Un nom se présenta aussi-
tôt à elle. Tout d'abord, elle le repoussa :
— Non, ce n'est pas possible!
Puis' le nom se représenta avec insistance
à son esprit.
- Et pourquoi pas? Qui pourrait la mieux
renseigner? qui pouvait mieux connaître la
loi que M. Gaillard de Rigaudon, un magis-
trat ? Il devait haïr Corbières ? n'était-il pas
aussi son commanditaire?. Et puis. qui
sait ?
Elle laissa longtemps errer sa pensée aU4
tour de ce point; d'interrogation sans oser le
préciser.
Elle en était à la litanie des reproches
contre elle-même et des imprécations con-
tre Corbières. Quelle sottise elle avait
faite !
Et ce Corbières qui, après avoir falsifié sa
signature, avait osé revenir chez elle, l'en-
gager à faire commanditer sa maison par
Gaillard de Rigaudou. Il avait peut-
être aussi commis un abu? de contiau-
ce à son égard ? Mais c'était un homme, un
magistrat, il avait tous les moyens de' dé-
fense que n'a pas la femme. Ou ne pouvait
pas invoquer contre lui cet odieux article
du Code. Mais quelle audace de la part de
ce monstre ! Au moment ou il lui apportait
ses titres, où il la reprenait, il savait qu'il
avait volé ses 150.000 fr.
Plus elle ruminait sa colère, plus elle le
trouvait coupable. Et en même temps, plus
violemment sa pensée se reportait vers M.
Gaillard de Rigaudon. Mais comment ac-
cueillerait-il un message sa part? Il devait
être froissé dans son amour-propre. Il avait
reçu une de ces blessures qui ne pardon-
nent pas. Mais était-ce d'elle ? Elle n'avait
été coupable que de faiblesse. Il n'y avait
qu'un misérable dans cette affaire : c'était
Corbiôres !
— Ah! le misérable ! le misérable ! s'é-
cria-t-elle en se tordant les mains jointes,
tout en regardant dans la glace l'expression
de son indignation.
Sa colère redoubla alors :
— Quel succès j'aurais eu au théâtre avec
ce geste et cette intonation ! C'est sa faute,
à ce drôle,, si je l'ai quitté ! Avec lui jo.
croyais que nous étions comme mari et
femme ! Je pensais que c'était pour la vie..,
et au dernier moment, il a profité de ma
confiance pour me voler mes quelques sous!,
Que les femmes sont donc bêtes !g
Certes, pour elle, comme pour beaucoup
d'autres, cette locution n'était pas neuve.
Elle éprouva cependant le besoin de la mé-
diter très longuement. Après s'être biea
convaincue, en évoquant à son souvenir
avec plus ou moins de précision, quantité
de faits empruntés à sa propre biographiez
ou à celle de ses connaissances féminines,
que cette phrase, si vieille qu'elle lut, était
toujours en situation, elle se décida à s'ins-
taller devant son petit bureau pour écrire/sa
lettre a Gaillard de Rigaudon. Dans sa/pa-
peterie de fantaisie, elle choisit un papier
anglais tout à fait sérieux, et après quel -
ques instants de réflexion, elle écrivit d'un
trait de plume :
« 20 janvier 1882.
» Monsieur,
» Je sais que j'ai été si coupable envers
vous que vous ne pourrez me pardonner. Nei
craignez donc point que je vienne solliciter
de votre bienveillance, sigrande qu'elle soit,
un pardon- impossible ; mais je suis telle-.
ment misérable, en ce mom-ent, que j'oso.
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