Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1884-12-10
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 décembre 1884 10 décembre 1884
Description : 1884/12/10 (A8,N2790). 1884/12/10 (A8,N2790).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75013926
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
ADMINISTRATION. RÉDACTION & ANNONCES
A PARIS
18 — Mue Richer -, ilgà
- •.
Les articles non insérés ne seront pas rendus
ABONNEMENTS
P A II I S,
TROIS MOIS. 5 FR.
SIX MOIS 9 FR.
UN AN. 18 FR.
JOURNAL POLITIQUE
QUOTIDIEN
UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
TROIS MOIS. 6 FR.
SIX MOIS. 12 FR.
UN AN.::: 24 FR.
HUITIÈME ANNÉE - NUMÉRO 2799
Mercredi 10 décembre 1884
20 frimaire an 93
La Plate-Forme électorale
La séance d'hier au Sénat est un
entr'acte, entre la séance de samedi
et la séance de la Chambre d'aujour-
d'hui.
M. Léon Say a déposé un amende-
ment, qu'il a caractérisé par ces mots :
il y a en arithmétique plusieurs séries,
entre autres : la série pyramidale, et la
série naturelle. Le gouvernement pro-
pose maintenant la série pyramidale;
M. Léon Say propose la série naturelle,
dont se rapprochait davantage le pre-
mier projet du gouvernement.
Si M. Léon Say a voulu prouver une
fois de plus que le gouvernement avait
l'habitude de présenter des projets peu
étudiés, qu'il modifiait pour des motifs
politiques au cours des débats, il a
réussi : M. Waldeck-Rousseau l'a re-
connu lui-même. Mais, M. Léon Say eût
pu rester sur son discours de samedi.
M. Jules Ferry s'est montré de nou-
veau l'adversaire du suffrage universel.
M. Gambettaavaitprésentéjadisle Sénat
« comme un frein à la démocratie ». M.
Jules Ferry a repris cette thèse. « La
Chambre, a-t-il dit, a besoin d'être mo-
dérée » par le Sénat.
Le suffrage universel a besoin d'être
modéré par le suffrage restreint, les
députés d'avoir devant eux les sénateurs
pour les empêcher d'aller trop vite !
voilà la thèse d'un ministère qui se dit
républicain et démocrate !
Qui eût cru que les députés fussent
si fougueux? Nous les avions vus souples
jusqu'à la servilité, souples jusqu'à l'ef-
facement, timorés, indécis, M. Jules
Ferry les voit emportés.
— Si je n'étais pas là! semble-t-il
dire, pour les contenir, ils en feraient
de belles !
Et il ajoute, en ouvrant des yeux effa-
rés et en faisant des gestes d'épou-
vante :
— Et je suis obligé de l'avouer, mal-
gré toute mon autorité, toute mon habi-
leté, tout mon génie, si j'étais seul, je
serais incapable de contenir leurs em-
portements ! Il faut que je m'appuie sur
le Sénat, sur le suffrage restreint, sur
le produit des élections faites au chef-
lieu, sous l'œil du préfet !
Aujourd'hui que va faire la Chambre?
Touchée par ces raisons, flatteuses
pour les sénateurs, mais injurieuses
ipour elle, va-t-elle se déjuger? va-t-elle
revenir en arrière ?
Si un orateur, si M. Floquet dit au
gouvernement :
— Ce n'est pas le Sénat qui a repoussé
le suffrage universel, c'est vous qui
portez cette responsabilité, c'est vous
qui êtes l'adversaire du suffrage uni-
versel, c'est vous qui êtes l'auteur de
ce 31 mai, et tous ceux qui vous sui-
vront dans cette voie, partageront cette
responsabilité !
» Nul député votant avec vous n'aura
l'excuse de dire à ses électeurs : « J'ai
repoussé le suffrage universel, parce que
le Sénat l'eût repoussé. » Car immédia-
tement se dresse la réponse accablante :
« Il suffisait au gouvernement de ne
pas le combattre le samedi 6 décembre et
il était voté ! »
Que pourra répondre M. Jules Ferry?
Certes, nombre de députés s'occu-
pent peu des principes, M. Jules Ferry
les y a habitués ; mais cet ordre d'argu-
ments n'est-il pas propre à faire réflé-
chir tous ceux qui attachent quelque im-
portance à leur élection ?
M. Jules Ferry s'est pris dans ses pro-
pres intrigues et dans ses propres fines-
ses ; il a commis la faute de vouloir plus
protéger le Sénat que le Sénat ne vou-
lait être protégé lui-même.
Les responsabilités sont déplacées :
ce n'est plus le Sénat qui ne veut pas
de la iéforme la plus démocratique et
la plus progressive qui ait été présentée
au cours des discussions relatives à la
revision, en dehors de l'unité des Cham-
bres, c'est le gouvernement et c'est
lui qui fait voter, par la Chambre issue
du suffrage universel, contre le suffrage
universel !
Ira-t-elle jusque-là? c'est Ce que nous
saurons demain.
Si elle accepte cette responsabilité,
la majorité prépare une formidable
plate-forme électorale contre elle et le
gouvernement : car se dresseront de-
vant elle ces deux chefs d'accusation :
Le Tonkin;
Le rejet du suffrage universel !
DÉFECTIONS ATTENDUES
Parmi les 267 députés qui ont voté pour le
suffrage universel, voici ceux à qui le gou-
vernement fait l'honneur — ou l'injure — de
compter sur eux pour faire défection :
Union républicaine • P. Bert, Buyat, Ca-
rette, ChantemiUe, Couturier, Deniau, De-
thornas, Duvivier. Guyot, Lacôte, Maxime Le-
comto, Masures, Pénières, Pérgois, Peulevey,
de Sonnier, Tassin, Ténot, Tliomson, Treille.
Union démocratique: Forné, Langlois, Mal-
leviale, Rodât, Roudié, Sarrien.
Membres sans groupes : Dautresme, Dusso-
licr, Dethou, Dieu, Duchasseint, Giraud, A.
Picard, Fréry.
Abstenus : Bernard, Boucau, A. Dubost
Fouquet, Saint-Romme, Villain.
Absents : Franck - Chauveau, Danelle - Ber-
nardin, Develle, Garrigat, Plessier, J. Roche.
Nous reconnaissons que, pour la plupart de
ces noms la « confiance » du gouvernement
est parfaitement fondée.
Il est cependant quelques hésitants. Nous
ne prétendons pas sonder les cœurs et les
reins et ne voulons pénétrer dans le for inté-
rieur de personne, en attribuant cette hési-
tation à tel ou tel sentiment. Il est cer-
tain que les électeurs pardonneront difficile-
ment à ceux qui n'auront pas craint de renier
le suffrage universel ; il est possible aussi
que la conscience et les convictions anciennes
se reveillent chez quelques-uns de ceux qui
furent — jadis — des indépendants. Bref, nous
aimons à croire que le gouvernement aura des
d^eptions.
Ainsi nous croyons savoir que M. Langloiu
est résolu à ne pas déserter; et nous croyons
qu'on calomnie M. Fréry en comptant sur sa
voix. Il ne nous étonnerait pas que M. De-
thou trompât l'espérance du gouvernement et
quelques autres encore avec lui.
Mais nous serions bien surpris si MM. * A.
Picard, A. Dubost, Tassin, Ténot, Thomson,
Giraud, de Sonnier, Deniau, P. Bert, Danelle-
Bernardin, Saint-Romme, Fouquet, Bernard,
— et d'autres encore — ne justifiaient pas l'o-
pinion que M. Ferry veut bien avoir de leur
docilité à déserter.
LES COULISSES
DE LA POLITIQUE
AU ÉWAT
LA LOI ÉLECTORALE DU SÉNAT
(Suite)
Pour prendre langue
L'exactitude, qui est la politesse des rbis,
n'est pas celle des sénateurs, paraît-il, car
malgré l'importance de la discussion, la séance
s'ouvre devant les banquettes, et la lecture
du procès verbnl a lieu dans le désert.
Cependant aucun groupe, aucune commis-
Pion n'a été convoquée; il est donc difficile de
croire que nos honorables sont retenus par un
travail pressé. Renseignements pris, ils dé-
jeunent, et arrivent peu à peu par petites
bandes, plus ou moins en retard, suivant
qu'on .leur a servi le café plus ou moins
chaud,
Vers une heure et demie, M. Le Royer ju-
geant que les bancs sont assez fournis pour
commencer, donne le signal.
L'amendement de ltl. Bartlie
On continue à réciter le chapelet des
amendements.
C'est au tour de M. Marcel Barthc, un ra-
seur B. S. G. D. G., qui ne manque jamais
d'aiguiser son rasoir.
Aujourd'hui, il s'arrête avant de nous faire
la barbe et retire si proposition.
M. Barthe demandait dans son amendement
le scrutin de liste, par un collège électoral
composé des députés du département, des
conseillers généraux, des conseillers d'arron-
dissement et des conseillers municipaux, dans
une certaine proportion.
L'amendement Léon Say
Après avoir manifesté l'intention de re-
prendre l'amendement de M. Barthe comme
lui souriant davantage, il se décide à défen-
dre le sien, qui modifie le nombre des délé-
gués.
L'échelle choisie par le gouvernement et la
commission, a pour base la fantaisie. On a
créé une série pyramidale, il demande que
l'on emploie une série naturelle ainsi éta-
blie :
1 délégué pour un conseil de 10 membres.
2 délégués pour 12 membres, — 3 dél. pour
16 m. — 4 dél. pour 21 m. — 5 dél. pour 23 m.
— 6 dél. pour 27 m. — 7 dél. pour 30 m. — 8
dél. pour 32 m. — 9 dél. pour 34 m. — 10 dél.
pour 36 m. — et 20 délégués pour le conseil
municipal de Paris.
M. Demoio défend l'arithmétique du projet
qui nous paraît créer la « scène des intérêts
électoraux », mais qu'il trouve parfaite. — et
qui. de plus, a été, à titre de concession, ac-
ceptée par la Chambre.
M. Audren de Kerdrel avant fait obser.
ver qu'il l'tait assez difficile à'M. Demole et à
M. Waldeck-Rousseau, de s'entendre puis-
qu'ils avaient soutenu des chiffres différents
le ministre de l'intérieur explique que ler
gouvernement se trouve dans la situation.
d'un boutiquier qui ayant affiché un prix sur
sa marchandise, consent à faire un rabais, à un
client, mais qu'il ne fermera pas boutique si
le client demande une diminution nouvelle.
Le gouvernement a pressé un système, it
n'a point la prétention de le croire parfait ; il
veut bien le laisser modifier, mais ne veuÇ
pas que ce soit M. Léon Say qui fasse la mo-
dification. -
Telle est l'explication de M. Waldeck-Rous-
seau ; elle ne prouve qu'une chose, c'est
qu'ayant établi ses chiffres suivant son bon
plaisir, le gouvernement n'a aucune bonuei
raison pour le3 défendre. Aussi se rallie-t-il à*
ceux de la commission qui, sans être meil-,
leurs, sont plus défendables.
Inutile d'ajouter que M. Waldeclc-Rousseau
repousse l'amendement L. Say, qui sombre'
d'ailleurs sous un vote du Sénat à 153 voix,
contre 106.
La première partie de l'article O
Les amendements Naquet, de Larcinty, M.
Barthe et L. Say écartés, on vote sans phrase
la première partie de ce fameux article G,
ainsi conçu :
« Les sénateurs sont élus au scrutin de
liste quand il y a lieu, par un collège réuni
au chef-lieu du département ou de la colorai
et composé :
1° Des députes ;
2* Des conseillers généraux ;
3* Des conseillers d'arrondissement;
4° Des délégués élus parmi les électeurs dq
la commune par chaque conseil municipal. w
La proportionnalité
La seconde partie de l'article 6 établit la,
proport onnalité.
A signaler un effort assez mesquin,mais pro-
longé de M. clément pour fairj revenir la-
Sénat, aux chiffres adoptés par lui lors de lai
première discussion. Il avoue lui-même au
cours de sa démonstration qu'il n'est pas ln.
téressant.
C'est la seule vérité à retenir de cet insi-
pide verbiage.
Pendant ce temps, M. Ferry fait son tour da
promenade à travers les fauteuils, raccolaut
des poignées de mains et des bulletins blancs,
allant de l'un à l'autre le sourire aux lèvres,
excitant les uns, soutenant les autres, flattant
tout le monde. Il a évidemment dû apprendre
cette manœuvre aux Folies-Bergère.
Les chiffres proposés par M. Clément sont
repoussés par 147 voix contre 112, et ceux de
la .commission l'emportent définitivement.
Les conseils composés de 10 membres éliront
1 délégué — ceux de 12 membres éliront 2 dé-
légués - de 16 membres, 3 délégués — de 21
membres, 6 délégués — de 23 membres, 9 délé-
gués — de 27 membres, 12 délégués — de 30
membres, 15 délègues — de 32 membres, 18i
délégnés - de 34 membres, 21 délégués - de
36 membres et au-dessus, 24 délégués — la
conseil municipal de Paris, 30 délégués.
L'ensemble de l'article a
Surrensemble de l'article, M. Wallon prend
la parole pour répondre aux paroles aigres-
douces et médiocrement polies échappées hier
à M. Ferry sur le compte du Sénat, et brûler
une dernière cartouche en faveur des inamo-
vibles.
M. Wallon tient a lui prouver que, s'il a été
le père de h Constitution, ce n'est point par
accident, mais bienpirce qu'il l'a fait exprès.
Il trouve en outre que l'abandon des inamovi-
bles est de la part du Sénat une faiblesse ; si
les députés sont les conducteurs de l'omnibus'
législatif, les sénateurs qu'on veut réduire au
rôle de contrôleurs, ont une position tout.
aussi enviable, puisque nombre de députés
se font une gloire de quitte.' les guides pour
passer au contrôle.
(FEUILLETON DU 10 DÉCEMBRE 1884
43
u DROLE
PAR
YVES GUYOT
DEUXIÈME PARTIE
VIII
L'article 1133
(Suitel
Florid s'était jetée sur le canapé, la tête
penchée sur ses bras croisés, la main cris-
pée sur le papier, écrasée par cet écroule-
ment de sa fortune passée, qui constituait
pour elle l'independance, la sécurité de l'a-
venir Quel misérable que cet homme !
Comme les pauvres femmes se laissent vo-
ler, sont toujours les dupes de hommea ! Et
l'opinion les méprise, tandis que la loi les
persécute ! Pour elles aucun recours, aucun
moyen de défense? Elle avait passé tant
d'années avec lui, supportant ses bourras-
ques, son despotisme, ses mauvaises hu-
meurs, mais croyant trouver en lui la certi-
tude du lendemain ! Quand il l'avait quittée,
elle était convaincue qu'elle était comman-
ditaire de sa maison, et pas du tout ! par
une simple substitution d'une signature à
.une autre, en supprimant « Et Co ». il l'a-
vait transformée en créancière seulement
de M. Corbières, de manière qu'il pût invo-
quer l'article 1133!
Aurait-elle pu se douter d'un pareil tour ?
pouvait-elle avoir une telle méfiance? Etre
descendu à des moyens si bas, hypocrite-
ment lui dire : Régularisons, j'ajoute 20,000
francs ! en profiter pour changer sa signa-
ture qui, sur les reçus antérieurs, était ré-
gulière. elle se le rappelait très bien main-
tenant ?
Toutes ces pensées bouillonnaient dans
son cerveau, heurtaient les parois de son
crâne à le faire éclater. A la fin, elles firent
explosion dans un emportement furieux ;
elle bondit, les ongles en avant, comme pour
déchirer le visage de Corbières, et retrou-
vant au plus profond de ses souvenirs, un
vieux vocabulaire de gamine mal élevée et
de coulisses, elle lui cria :
— A la porte, entends-tu !. Je he veux
jamais revoir ta hideuse figure. Il n'y a
pas de voyou qui aurait fait ce que tu as
fait. Tu es au-dessous du dernier des ma-
queneaux. Va-t-en, entends-tu ! ne reparais
jamais ici !. Ah ! tu crois que c'est fini
comme ça, que tu m'auras volé ma vie, mon
argent, mon amant, et que je ne dirai rien ?
Non ! entends-tu, je te poursuivrai partout,
j'irai à la Chambre, et je crierai : Maque-
reau ! voleur!
— On t'arrêtera, voilà tout, et on verra à
tes expressions qui tu es, répondit avec un
beau sang-froid Corbières.
— Ça m'est égal! je n'ai plus rien à
perdre, moi ! je n'ai plus qu'une chose à
faire, ce sera désormais de te traîner dans
la boue, de t'y rouler, quitte à me salir avec
toi ! je m'attache à toi, comme une pieuvre,
entends-tu t tu me trouveras partout, de-
vant toi, derrière toi, pour te crier : lâche !
voleur ! tu iras t'asseoir sur les bancs de la
police correctionnelle, avec tes pareils, les
voleurs, les escrocs, les filous, les soute-
neurs!
Corbières haussa les épaules et resta
assis.
— Mais, Và-t-en donc ! contina-t-elle avec
une exaspération croissante, en le poussant
par l'épaule. ou je crie, j'appelle par la fe-
nêtre, j'envoie chercher la police pour te
jeter à la porte. Va-t-en.
— Non.
— Non ? ah ! tu vas voir si je ne Omets pas
mes menaces à exécution. Tu me pousses
à bout.
Elle sauta sur le cordon de là sonnette
et le tira violemment.
Corbières, debout, lui saisit le bras à le
meurtrir.
— Que fais-tu ?
— Oh ! ça m'est égal. tu peux me briser
le bras. tu peux me frapper. qu'est-ce que
ça mé fait? tue-moi, car maintenant qu'est-
ce que ma vie ? quel est mon avenir !. mon
sang criera vengeance ! tu iras en cour d'as-
sises !. Mais non, il ne faut pas que tu y
ailles seul, car alors on ne connaîtrait pas
toute ta turpitude.
La femme de chambra ouvrit la porte.
Corbières tenait toujours Florid par le bras.
— Te tairas-tu ! lui dit-il ; la main levée,
d'une voix sifflante.
— Non !
Il laissa retomber sa main sur son visage.
Elle poussa un cri.
- A l'a3sassin !. le lâche!. Mariette,
allez chercher la police.,* Misérable !. Vo-
leur.
La femme de chambre exclama :
— Oh! monsieur!
- Ouvrez la fenêtre 1 appelez. criait Flo*
rid.
Corbières regarda un moment le sang qui
coulait du nez de Florid, couvrait ses lèvres,
et dégouttait sur son corsage ; il resta hon-1'
teux et embarrassé.
— Allez-vous-en, monsieur, répéta la
femme de chambre.
H lâcha Florid, qui tomba sur un fauteuil,
en proie à une attaque de nerfs. Il enve-
loppa d'un long regard la pièce, les bibelots,
Florid; il se balança avec hésitation d'une.;
jambe sur l'autre, puis il sortit.
Il descendit machinalement l'escalier,'
sans penser à rien. Il gagna la rue de la'
Pais. Peu à peu, en S'avançant vers la
Jardin des Tuileries, il reprenait posses-
sion de ses idées. Il ruminait:
— J'ai fait un beau COUD! ça achève d'ar-
ranger mes affaires! je reprends Florid. et
mon premier acte est de la lâcher ! jamais,
maintenant, qu'elle le sait, elle ne me par-
donnera le tour que je lui ai^oué.
A PARIS
18 — Mue Richer -, ilgà
- •.
Les articles non insérés ne seront pas rendus
ABONNEMENTS
P A II I S,
TROIS MOIS. 5 FR.
SIX MOIS 9 FR.
UN AN. 18 FR.
JOURNAL POLITIQUE
QUOTIDIEN
UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
TROIS MOIS. 6 FR.
SIX MOIS. 12 FR.
UN AN.::: 24 FR.
HUITIÈME ANNÉE - NUMÉRO 2799
Mercredi 10 décembre 1884
20 frimaire an 93
La Plate-Forme électorale
La séance d'hier au Sénat est un
entr'acte, entre la séance de samedi
et la séance de la Chambre d'aujour-
d'hui.
M. Léon Say a déposé un amende-
ment, qu'il a caractérisé par ces mots :
il y a en arithmétique plusieurs séries,
entre autres : la série pyramidale, et la
série naturelle. Le gouvernement pro-
pose maintenant la série pyramidale;
M. Léon Say propose la série naturelle,
dont se rapprochait davantage le pre-
mier projet du gouvernement.
Si M. Léon Say a voulu prouver une
fois de plus que le gouvernement avait
l'habitude de présenter des projets peu
étudiés, qu'il modifiait pour des motifs
politiques au cours des débats, il a
réussi : M. Waldeck-Rousseau l'a re-
connu lui-même. Mais, M. Léon Say eût
pu rester sur son discours de samedi.
M. Jules Ferry s'est montré de nou-
veau l'adversaire du suffrage universel.
M. Gambettaavaitprésentéjadisle Sénat
« comme un frein à la démocratie ». M.
Jules Ferry a repris cette thèse. « La
Chambre, a-t-il dit, a besoin d'être mo-
dérée » par le Sénat.
Le suffrage universel a besoin d'être
modéré par le suffrage restreint, les
députés d'avoir devant eux les sénateurs
pour les empêcher d'aller trop vite !
voilà la thèse d'un ministère qui se dit
républicain et démocrate !
Qui eût cru que les députés fussent
si fougueux? Nous les avions vus souples
jusqu'à la servilité, souples jusqu'à l'ef-
facement, timorés, indécis, M. Jules
Ferry les voit emportés.
— Si je n'étais pas là! semble-t-il
dire, pour les contenir, ils en feraient
de belles !
Et il ajoute, en ouvrant des yeux effa-
rés et en faisant des gestes d'épou-
vante :
— Et je suis obligé de l'avouer, mal-
gré toute mon autorité, toute mon habi-
leté, tout mon génie, si j'étais seul, je
serais incapable de contenir leurs em-
portements ! Il faut que je m'appuie sur
le Sénat, sur le suffrage restreint, sur
le produit des élections faites au chef-
lieu, sous l'œil du préfet !
Aujourd'hui que va faire la Chambre?
Touchée par ces raisons, flatteuses
pour les sénateurs, mais injurieuses
ipour elle, va-t-elle se déjuger? va-t-elle
revenir en arrière ?
Si un orateur, si M. Floquet dit au
gouvernement :
— Ce n'est pas le Sénat qui a repoussé
le suffrage universel, c'est vous qui
portez cette responsabilité, c'est vous
qui êtes l'adversaire du suffrage uni-
versel, c'est vous qui êtes l'auteur de
ce 31 mai, et tous ceux qui vous sui-
vront dans cette voie, partageront cette
responsabilité !
» Nul député votant avec vous n'aura
l'excuse de dire à ses électeurs : « J'ai
repoussé le suffrage universel, parce que
le Sénat l'eût repoussé. » Car immédia-
tement se dresse la réponse accablante :
« Il suffisait au gouvernement de ne
pas le combattre le samedi 6 décembre et
il était voté ! »
Que pourra répondre M. Jules Ferry?
Certes, nombre de députés s'occu-
pent peu des principes, M. Jules Ferry
les y a habitués ; mais cet ordre d'argu-
ments n'est-il pas propre à faire réflé-
chir tous ceux qui attachent quelque im-
portance à leur élection ?
M. Jules Ferry s'est pris dans ses pro-
pres intrigues et dans ses propres fines-
ses ; il a commis la faute de vouloir plus
protéger le Sénat que le Sénat ne vou-
lait être protégé lui-même.
Les responsabilités sont déplacées :
ce n'est plus le Sénat qui ne veut pas
de la iéforme la plus démocratique et
la plus progressive qui ait été présentée
au cours des discussions relatives à la
revision, en dehors de l'unité des Cham-
bres, c'est le gouvernement et c'est
lui qui fait voter, par la Chambre issue
du suffrage universel, contre le suffrage
universel !
Ira-t-elle jusque-là? c'est Ce que nous
saurons demain.
Si elle accepte cette responsabilité,
la majorité prépare une formidable
plate-forme électorale contre elle et le
gouvernement : car se dresseront de-
vant elle ces deux chefs d'accusation :
Le Tonkin;
Le rejet du suffrage universel !
DÉFECTIONS ATTENDUES
Parmi les 267 députés qui ont voté pour le
suffrage universel, voici ceux à qui le gou-
vernement fait l'honneur — ou l'injure — de
compter sur eux pour faire défection :
Union républicaine • P. Bert, Buyat, Ca-
rette, ChantemiUe, Couturier, Deniau, De-
thornas, Duvivier. Guyot, Lacôte, Maxime Le-
comto, Masures, Pénières, Pérgois, Peulevey,
de Sonnier, Tassin, Ténot, Tliomson, Treille.
Union démocratique: Forné, Langlois, Mal-
leviale, Rodât, Roudié, Sarrien.
Membres sans groupes : Dautresme, Dusso-
licr, Dethou, Dieu, Duchasseint, Giraud, A.
Picard, Fréry.
Abstenus : Bernard, Boucau, A. Dubost
Fouquet, Saint-Romme, Villain.
Absents : Franck - Chauveau, Danelle - Ber-
nardin, Develle, Garrigat, Plessier, J. Roche.
Nous reconnaissons que, pour la plupart de
ces noms la « confiance » du gouvernement
est parfaitement fondée.
Il est cependant quelques hésitants. Nous
ne prétendons pas sonder les cœurs et les
reins et ne voulons pénétrer dans le for inté-
rieur de personne, en attribuant cette hési-
tation à tel ou tel sentiment. Il est cer-
tain que les électeurs pardonneront difficile-
ment à ceux qui n'auront pas craint de renier
le suffrage universel ; il est possible aussi
que la conscience et les convictions anciennes
se reveillent chez quelques-uns de ceux qui
furent — jadis — des indépendants. Bref, nous
aimons à croire que le gouvernement aura des
d^eptions.
Ainsi nous croyons savoir que M. Langloiu
est résolu à ne pas déserter; et nous croyons
qu'on calomnie M. Fréry en comptant sur sa
voix. Il ne nous étonnerait pas que M. De-
thou trompât l'espérance du gouvernement et
quelques autres encore avec lui.
Mais nous serions bien surpris si MM. * A.
Picard, A. Dubost, Tassin, Ténot, Thomson,
Giraud, de Sonnier, Deniau, P. Bert, Danelle-
Bernardin, Saint-Romme, Fouquet, Bernard,
— et d'autres encore — ne justifiaient pas l'o-
pinion que M. Ferry veut bien avoir de leur
docilité à déserter.
LES COULISSES
DE LA POLITIQUE
AU ÉWAT
LA LOI ÉLECTORALE DU SÉNAT
(Suite)
Pour prendre langue
L'exactitude, qui est la politesse des rbis,
n'est pas celle des sénateurs, paraît-il, car
malgré l'importance de la discussion, la séance
s'ouvre devant les banquettes, et la lecture
du procès verbnl a lieu dans le désert.
Cependant aucun groupe, aucune commis-
Pion n'a été convoquée; il est donc difficile de
croire que nos honorables sont retenus par un
travail pressé. Renseignements pris, ils dé-
jeunent, et arrivent peu à peu par petites
bandes, plus ou moins en retard, suivant
qu'on .leur a servi le café plus ou moins
chaud,
Vers une heure et demie, M. Le Royer ju-
geant que les bancs sont assez fournis pour
commencer, donne le signal.
L'amendement de ltl. Bartlie
On continue à réciter le chapelet des
amendements.
C'est au tour de M. Marcel Barthc, un ra-
seur B. S. G. D. G., qui ne manque jamais
d'aiguiser son rasoir.
Aujourd'hui, il s'arrête avant de nous faire
la barbe et retire si proposition.
M. Barthe demandait dans son amendement
le scrutin de liste, par un collège électoral
composé des députés du département, des
conseillers généraux, des conseillers d'arron-
dissement et des conseillers municipaux, dans
une certaine proportion.
L'amendement Léon Say
Après avoir manifesté l'intention de re-
prendre l'amendement de M. Barthe comme
lui souriant davantage, il se décide à défen-
dre le sien, qui modifie le nombre des délé-
gués.
L'échelle choisie par le gouvernement et la
commission, a pour base la fantaisie. On a
créé une série pyramidale, il demande que
l'on emploie une série naturelle ainsi éta-
blie :
1 délégué pour un conseil de 10 membres.
2 délégués pour 12 membres, — 3 dél. pour
16 m. — 4 dél. pour 21 m. — 5 dél. pour 23 m.
— 6 dél. pour 27 m. — 7 dél. pour 30 m. — 8
dél. pour 32 m. — 9 dél. pour 34 m. — 10 dél.
pour 36 m. — et 20 délégués pour le conseil
municipal de Paris.
M. Demoio défend l'arithmétique du projet
qui nous paraît créer la « scène des intérêts
électoraux », mais qu'il trouve parfaite. — et
qui. de plus, a été, à titre de concession, ac-
ceptée par la Chambre.
M. Audren de Kerdrel avant fait obser.
ver qu'il l'tait assez difficile à'M. Demole et à
M. Waldeck-Rousseau, de s'entendre puis-
qu'ils avaient soutenu des chiffres différents
le ministre de l'intérieur explique que ler
gouvernement se trouve dans la situation.
d'un boutiquier qui ayant affiché un prix sur
sa marchandise, consent à faire un rabais, à un
client, mais qu'il ne fermera pas boutique si
le client demande une diminution nouvelle.
Le gouvernement a pressé un système, it
n'a point la prétention de le croire parfait ; il
veut bien le laisser modifier, mais ne veuÇ
pas que ce soit M. Léon Say qui fasse la mo-
dification. -
Telle est l'explication de M. Waldeck-Rous-
seau ; elle ne prouve qu'une chose, c'est
qu'ayant établi ses chiffres suivant son bon
plaisir, le gouvernement n'a aucune bonuei
raison pour le3 défendre. Aussi se rallie-t-il à*
ceux de la commission qui, sans être meil-,
leurs, sont plus défendables.
Inutile d'ajouter que M. Waldeclc-Rousseau
repousse l'amendement L. Say, qui sombre'
d'ailleurs sous un vote du Sénat à 153 voix,
contre 106.
La première partie de l'article O
Les amendements Naquet, de Larcinty, M.
Barthe et L. Say écartés, on vote sans phrase
la première partie de ce fameux article G,
ainsi conçu :
« Les sénateurs sont élus au scrutin de
liste quand il y a lieu, par un collège réuni
au chef-lieu du département ou de la colorai
et composé :
1° Des députes ;
2* Des conseillers généraux ;
3* Des conseillers d'arrondissement;
4° Des délégués élus parmi les électeurs dq
la commune par chaque conseil municipal. w
La proportionnalité
La seconde partie de l'article 6 établit la,
proport onnalité.
A signaler un effort assez mesquin,mais pro-
longé de M. clément pour fairj revenir la-
Sénat, aux chiffres adoptés par lui lors de lai
première discussion. Il avoue lui-même au
cours de sa démonstration qu'il n'est pas ln.
téressant.
C'est la seule vérité à retenir de cet insi-
pide verbiage.
Pendant ce temps, M. Ferry fait son tour da
promenade à travers les fauteuils, raccolaut
des poignées de mains et des bulletins blancs,
allant de l'un à l'autre le sourire aux lèvres,
excitant les uns, soutenant les autres, flattant
tout le monde. Il a évidemment dû apprendre
cette manœuvre aux Folies-Bergère.
Les chiffres proposés par M. Clément sont
repoussés par 147 voix contre 112, et ceux de
la .commission l'emportent définitivement.
Les conseils composés de 10 membres éliront
1 délégué — ceux de 12 membres éliront 2 dé-
légués - de 16 membres, 3 délégués — de 21
membres, 6 délégués — de 23 membres, 9 délé-
gués — de 27 membres, 12 délégués — de 30
membres, 15 délègues — de 32 membres, 18i
délégnés - de 34 membres, 21 délégués - de
36 membres et au-dessus, 24 délégués — la
conseil municipal de Paris, 30 délégués.
L'ensemble de l'article a
Surrensemble de l'article, M. Wallon prend
la parole pour répondre aux paroles aigres-
douces et médiocrement polies échappées hier
à M. Ferry sur le compte du Sénat, et brûler
une dernière cartouche en faveur des inamo-
vibles.
M. Wallon tient a lui prouver que, s'il a été
le père de h Constitution, ce n'est point par
accident, mais bienpirce qu'il l'a fait exprès.
Il trouve en outre que l'abandon des inamovi-
bles est de la part du Sénat une faiblesse ; si
les députés sont les conducteurs de l'omnibus'
législatif, les sénateurs qu'on veut réduire au
rôle de contrôleurs, ont une position tout.
aussi enviable, puisque nombre de députés
se font une gloire de quitte.' les guides pour
passer au contrôle.
(FEUILLETON DU 10 DÉCEMBRE 1884
43
u DROLE
PAR
YVES GUYOT
DEUXIÈME PARTIE
VIII
L'article 1133
(Suitel
Florid s'était jetée sur le canapé, la tête
penchée sur ses bras croisés, la main cris-
pée sur le papier, écrasée par cet écroule-
ment de sa fortune passée, qui constituait
pour elle l'independance, la sécurité de l'a-
venir Quel misérable que cet homme !
Comme les pauvres femmes se laissent vo-
ler, sont toujours les dupes de hommea ! Et
l'opinion les méprise, tandis que la loi les
persécute ! Pour elles aucun recours, aucun
moyen de défense? Elle avait passé tant
d'années avec lui, supportant ses bourras-
ques, son despotisme, ses mauvaises hu-
meurs, mais croyant trouver en lui la certi-
tude du lendemain ! Quand il l'avait quittée,
elle était convaincue qu'elle était comman-
ditaire de sa maison, et pas du tout ! par
une simple substitution d'une signature à
.une autre, en supprimant « Et Co ». il l'a-
vait transformée en créancière seulement
de M. Corbières, de manière qu'il pût invo-
quer l'article 1133!
Aurait-elle pu se douter d'un pareil tour ?
pouvait-elle avoir une telle méfiance? Etre
descendu à des moyens si bas, hypocrite-
ment lui dire : Régularisons, j'ajoute 20,000
francs ! en profiter pour changer sa signa-
ture qui, sur les reçus antérieurs, était ré-
gulière. elle se le rappelait très bien main-
tenant ?
Toutes ces pensées bouillonnaient dans
son cerveau, heurtaient les parois de son
crâne à le faire éclater. A la fin, elles firent
explosion dans un emportement furieux ;
elle bondit, les ongles en avant, comme pour
déchirer le visage de Corbières, et retrou-
vant au plus profond de ses souvenirs, un
vieux vocabulaire de gamine mal élevée et
de coulisses, elle lui cria :
— A la porte, entends-tu !. Je he veux
jamais revoir ta hideuse figure. Il n'y a
pas de voyou qui aurait fait ce que tu as
fait. Tu es au-dessous du dernier des ma-
queneaux. Va-t-en, entends-tu ! ne reparais
jamais ici !. Ah ! tu crois que c'est fini
comme ça, que tu m'auras volé ma vie, mon
argent, mon amant, et que je ne dirai rien ?
Non ! entends-tu, je te poursuivrai partout,
j'irai à la Chambre, et je crierai : Maque-
reau ! voleur!
— On t'arrêtera, voilà tout, et on verra à
tes expressions qui tu es, répondit avec un
beau sang-froid Corbières.
— Ça m'est égal! je n'ai plus rien à
perdre, moi ! je n'ai plus qu'une chose à
faire, ce sera désormais de te traîner dans
la boue, de t'y rouler, quitte à me salir avec
toi ! je m'attache à toi, comme une pieuvre,
entends-tu t tu me trouveras partout, de-
vant toi, derrière toi, pour te crier : lâche !
voleur ! tu iras t'asseoir sur les bancs de la
police correctionnelle, avec tes pareils, les
voleurs, les escrocs, les filous, les soute-
neurs!
Corbières haussa les épaules et resta
assis.
— Mais, Và-t-en donc ! contina-t-elle avec
une exaspération croissante, en le poussant
par l'épaule. ou je crie, j'appelle par la fe-
nêtre, j'envoie chercher la police pour te
jeter à la porte. Va-t-en.
— Non.
— Non ? ah ! tu vas voir si je ne Omets pas
mes menaces à exécution. Tu me pousses
à bout.
Elle sauta sur le cordon de là sonnette
et le tira violemment.
Corbières, debout, lui saisit le bras à le
meurtrir.
— Que fais-tu ?
— Oh ! ça m'est égal. tu peux me briser
le bras. tu peux me frapper. qu'est-ce que
ça mé fait? tue-moi, car maintenant qu'est-
ce que ma vie ? quel est mon avenir !. mon
sang criera vengeance ! tu iras en cour d'as-
sises !. Mais non, il ne faut pas que tu y
ailles seul, car alors on ne connaîtrait pas
toute ta turpitude.
La femme de chambra ouvrit la porte.
Corbières tenait toujours Florid par le bras.
— Te tairas-tu ! lui dit-il ; la main levée,
d'une voix sifflante.
— Non !
Il laissa retomber sa main sur son visage.
Elle poussa un cri.
- A l'a3sassin !. le lâche!. Mariette,
allez chercher la police.,* Misérable !. Vo-
leur.
La femme de chambre exclama :
— Oh! monsieur!
- Ouvrez la fenêtre 1 appelez. criait Flo*
rid.
Corbières regarda un moment le sang qui
coulait du nez de Florid, couvrait ses lèvres,
et dégouttait sur son corsage ; il resta hon-1'
teux et embarrassé.
— Allez-vous-en, monsieur, répéta la
femme de chambre.
H lâcha Florid, qui tomba sur un fauteuil,
en proie à une attaque de nerfs. Il enve-
loppa d'un long regard la pièce, les bibelots,
Florid; il se balança avec hésitation d'une.;
jambe sur l'autre, puis il sortit.
Il descendit machinalement l'escalier,'
sans penser à rien. Il gagna la rue de la'
Pais. Peu à peu, en S'avançant vers la
Jardin des Tuileries, il reprenait posses-
sion de ses idées. Il ruminait:
— J'ai fait un beau COUD! ça achève d'ar-
ranger mes affaires! je reprends Florid. et
mon premier acte est de la lâcher ! jamais,
maintenant, qu'elle le sait, elle ne me par-
donnera le tour que je lui ai^oué.
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