Titre : L'Aurore : littéraire, artistique, sociale / dir. Ernest Vaughan ; réd. Georges Clemenceau
Éditeur : L'Aurore (Paris)
Date d'édition : 1906-10-16
Contributeur : Vaughan, Ernest (1841-1929). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 16 octobre 1906 16 octobre 1906
Description : 1906/10/16 (Numéro 3284). 1906/10/16 (Numéro 3284).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dixième annéa. â Numéro 3284.
Paris, Seine et Seine-et-Oîse : 5 centimes. â Départements î 10 centime»
MARDI 18 OCTOBRE 1900.
Rédacteur en Chef ;
Arthur RA1VC
IFEM MB k rmiMiutiui »i«nnl It P,thiU««
u Seer^Uin d« 1»
UrwMT tares et mandais à I. Fïtij I1LLBI
Secrétaire générai
HflJÉPHONB ; 16 2 » 5 B
Le$ manuscrit non intérêt ne tout pat rendat
L'AURORE
Politique, Littéraire, Soeiale
.uomrEHEMT* ijW-'ïgÊ
8SW* ET Ssm K-BT-OISB 5 î m 32R- 10 r» &U
X DÉPARTRVENTS. 1 ? Î 7 ... 36 - 1S - T »,
ÉTRANGER (UNION POSTALE). . 48 . 24-18 M
LES ANNONCES SONT REÇUES :
1 L'OFFICE B'ONONCRS, 10, place de la Borna
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL, 1*2, RUE KONTHMTRC
â ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE T AURORE-PARIS
K. de Vogué
ET LA
Religion Prussienne
M. de Vogué est parmi les gens 4e
droite un homme considérable Il a du
Sérieux et il a du poids. 11 a parlé poli'
tique lit, littérature toute sa viey avec
une grace majestueuse qui a décidé
l'Académie. ft rouler vers lui, une de
ces commodités de la conversation
qu'elle appelle un fauteuil : des per-
sonnes qui s'intéressent à la santé rte
ta REvue (les Veux-Mondes autant qu'à
telle île M. Brunetière, estiment que
dès que le champion de Bossuet sera
fatigué, M. de Vogué le relaiera et
d'une main exporte fera rouler le vieux
carrosse de la Revue. En attendait de
monter sur ce siège nouveau, M. d«
Vogué relit les .poètes. II n'y met plus
celte spontanéité qui lui permit d'ap-
prendre à. son passage eri Russie,
l'existence de Léon Tolstoï, de Dos-
toiewski et de Goutcharov, alors que
nos milieux officiels bouclaient l-'u :'s
manuels sur la mort de Pouchkine. Il
lw lit, on homme qui va ùtre obligé de
faire des réserves sur î art et peut-être
d'un oeil fatigué ; il a repris son Heine,
et n'y a -plus trouvé iO£ joies d'antan ;
aussi s'éleve-t-il contre cette idée, qui
circule en ce moment-ci en Allema.-
jçne : Heine devrait avoir sa statue en
Allemagne, malgré les préférence^ po-
litiques et lyriques de Guillaume II.
M. de Vogué pense comme . Guil-
laume II.
Ses raisons 111 en a une qui lui pa-
rait excellente. On ne voit pas de sta-
tues de Heine en Allemagne; il n'y a
donc pas de précédent ; de plus, toutes
les statues représentent en Allemagne
d'autres personnes, celles qu'il a criblé
de fléchettes et celles qu'il en aurait
lardé, Moltke, Roon, Bismarck I Donc
l'Allemagne n'a pas marché dans le
sens que lui indiquait Heine ; donc
Heine n'est pas un phénomène alle-
mand. tt n'a pas eu d'influence en Al-
lemagne ; la littérature allemande, sans
lui, ne compterait qu'une unité dis-
cordante de moins. Donc pas itô sta-
tue.
Que Heine n'ait pas eu S'influence
BUV Ui littérature allemande, c'est une
assertion fantaisiste. M. de Vogué n'est
pas au courant des nouveaux écrivains
d'Allemagne, Dehmal ou Wedekind.
M. de Vogué, lorsqu'il dit. pour prouver
que Heine n'a pas e', J'influence, iiue
les Allemands écoulent avec religion
le- lieder des ennemis de Heine, ou-
blie d'abord que les Allemands écou-
tent avec recueillement toute espèce de
musique, puis que le bon tiers des
lieder allemands est musique sur des
vers de Heine. Maie 1«k détails ne sont
rien ; la thèse de M. de Vogué est qu'il
faut surtout admirer la force, la vic-
toire. et le développement ethnique
propre d'un peuple.
S'il (allait admirer la force et la vic-
toire exclusivement, pourquoi M. de
.Vogué garde-t-il ses opinions et ses
fidélités à des -systèmes croulants ? Il
«si illogique. Si seul est bon, sérieux,
profitable, le développement ethnique
et, tranchons le mot, nationaliste, d'un
peuple, pourquoi M. de Vogûe admire-
t-il les Hohenzollern d« toute sa ma-
jestueuse candeur ï
Les électeurs de Brandebourg, n'eus-
sent point été de son avis, celui sur-
tout qui sitôt connue, cette mesure
bien nationale dl'edit de Nantes, fit offrir asile aux ré-
formés Français. 11 fit mieux, cet élec-
teur, pour bien marquer avec quelle
joie il accueillait chez lui des dévelop-
pements ethniques nouveaux : il «e
transporta à sa frontière pour y rece-
voir personnellement, et avec le maxi-
mum possible de courtoisie, un impor-
tant convoi de réfugiés. Les rois de
Prusse ont tenu à c« que cette démar-
che fut immortalisée à l'égal d'une vic-
toire, par un tableau aussi mauvais
qu'un tableau de bataille et qu'on peut
voir an musée de Berlin. Frédéric II
apportait une haute attention à la pen-
sée française. Tous les rois de Prusse
ont aimé mêler de réformés Français, le
mélange Slave et Allemand qui cons-
titue le Prussien ; ils ont donc été infi-
dèles aux lois du développement ethni-
que, ou M. de Vogué ne les a pas com-
pris, ce qui, api'te tout, est possible.
Ah ! si Heine avait été d'origine pro-
testante, M. de Vogûé lui concéderait
un médaillon sur un.e petite fontaine
ail un buste ; mais c'était un Juif. II
paie pour Karl Marx ; c'est pour cela
que M. de Vogûé se bâtit, à son pro-
pos, des obélisques d interogation.
ïr etait-il vraiment original 7 » Il y voit
tous les contrastes, l'anarchisme et
d'adoration de la force, de la force, car
Heine aimait Napoléon. Et c'est ici que
M. de Vogué, de l'Académie française,
Se met sa palme dans l'oeil. Heine a ra-
conté l'impression d'enfance qu'il eut
de Napoléon. Mais ce qu'il aimait, c'é-
tait Napoléon vaincu, romantique. 11
voyait dans sa vie victorieuse et ses
échecs finaux, un drame. 11 aimait
mieux, encore, le tambour Legrand, le
pauvre vieux tambour, que Napoléon.
11 les aimait pour leur misère et e:i
haine des Prussiens. Hugo ef Lamar-
tine ont été également hypnotisés de-
vant Napoléon sans avoir le culte de
la force, et Heine admirait en lui on
homme qui avait écarté du Rhin tran-
quille, avec ses burgs d'opéra-comique
cl ses bonnes vignes, M. le Sreù-
direktor prussien, et l'officier de hus-
sards, el le piétiste. Il tee a traités do
Tartufes guètrés et armés ; eh quoi !
M. de Vogûé, Guillaume II ne s'habil-
le-t-il pas en Lohengrin poui conclure
des traités do commrece ; le voyage en
Palestine n'a-t-il pas été une opération
biblico-commerciale ; les Hohenzollern
n'invoquent-ils pas le Dieu des armée»
pour piger du terrain et de l'argent au
plus faible ; le suum cuique des rois
de Prusse n'est-il pas le « tout pour
moi u ? Heine les connaissait, les a
décrits ; son influence, elle est visi-
ble dans les Tisserands, de Hauptmann,
brave développement dramatique d'un
de. ses petits poèmes,- et dans les votes
des trois millions d'électeurs socialis-
tes. Sang doute, Lassalle, Marx, Bebel,
Liebknecht, y 6ont pour quelque chose,
mais il faut beaucoup ds gens pour
abattre le trône et l'autel, 1« prédicants
militaires, et mettre la Jérusalem po-
pulaire, la Cité future, à la place du
donjon de Spandau.
L'histoire du. monde, pas comme la
raconte Bossuet, mais comme nous la.
voyons, tient compte de rencontres de
civilisations. Elie note l'influence heu-
reuse de l'Egypte sur la Grèce, de la
Grèce sur Rome, des Arabés sur nos
barbares féodaux. Elle note que les
provinces frontières d'un pays, à cause
des mélanges de race, produisent des
individualités remarquables ; la théorie
des nationalistes, du développement
ethnique, conclut qiie les Canaques,
dont l'art consiste à figurer les dieux
dans la poutre solide ou la tendre
noix de coco, mentiraient à. leur race,
à, leurs traditions, à leur glorieux passé,
ils fausseraient leur avenir, s'ils se dé-
cidaient à fabriquer des dieux de plâ-
tre ou de marbre ; ia tradition du dé-
veloppement ethnique défend au nègre
de passer- de la bamboula à la valse,
sous peine de déchéance morale ; au
Soudanais, de délaisser pour le chemin
de fer la lente allure de la caravane.
Sans doute, M. de Vogûé regrette-t-il, à
ses heures libres, le temps ou des féo-
daux du nom de Vogûé rançonnaient
le vilain et partaient en croisade contre
le Turc ou le Grec, et le Provençal et
le Lithuanien, un peu partout où il y
avait à pilier.
Que les temps sont changés ! Ils
changeront encore ; laissez le socia-
lisme allemand grouper quelques mil-
lions d'adhérents, laissez-lui vingt ans,
M, de Vogûé, il y aura plus de statues
de Heine, en Allemagne, à ce moment-
là, que de statues de Moltke. Les mé-
moires se seront succédés, pareils à
ceux de Hohenlohe, sans que l'auguste
froncement de sourcil et les Quos Ego,
vraiment tragiques de Guillaume 11,
aient pu les arrêter, el le Tartufe guê-
tré et militaire de Heine, le vrai Hohen-
zollern, ne sera plus considéré comme
une merveille de type ethnique que par
le seul M. de Vogue si la destinée veut
bien nous le conserver. L'Allemagne
ayant orienté diversement son dévelop-
pement aura besoin d'autres hommes
représentatifs que ceux dont les fré-
quentes statues paraissent à cet il-
lustre académicien une preuve cer-
taine d'immortalité triomphale ; il de-
meurera te dernier fidèle de !a religion
d'Etal prussienne,
GUSTAVE KAHN.
D'HIER
a aujourd'hui
Hier «
Le président de la République a reçu, à
quatre heures» dans la grande salle des fêtes
île l'Elysée, le lord-maire et la Corporation
do la Cité de Londres.
Le président de la République a visité l'ex-
position de l'art russe au Grand Palais.
Le ministre de la guerre s'est rendu à
Evreux, où il a assisté aux manoeuvres de
ravitaillement.
M. Clemenceau a prononcé un grand dis-
cours au banquet de Cogolin.
La municipalité de Paris a offert un ban-
quet au lord-maire et à la Corporation de
Londres.
A la gare Montparnasse sont arrivés, à 6
heures, les corps des victimes de la catas-
trophe d'Epernon.
Aujourd'hui a
Déjeuner offert au lord maîre par le Comité
français des expositions à l'étranger. â Visite
des abattoirs. â A 7 h, 30, banquet du Comité
républicain du commerce et de l'industrie,
au Grand Hôtel.
Courses à Saint-Ouen ; 2 h.
Notes Politiques
A la dernière élection municipale,
dane le quartier de Clignancourt, du
dix-huitième arrondissement, les natio-
nalistes, soutenus par les cléricaux, par
la clientèle du Sacré-Coeur, avaient mis
en ligne un candidat, le docteur Pierre,
qui avait été battu mais qui avait eu
une minorité respectable d'un peu plus
de sept mille voix.
C'est que le dix-huitième arrondisse-
ment était un des centres populaires
qui s'étaient laissés entamer par le bou-
langisane et où, depuis, le nationa-
lisme avait exercé ses fâcheux rava-
ges.
Dimanche 'dernier, nationalistes et
cléricaux, n'ont pas figuré au Scrutin.
Il y a ballottage, mais toutes les voix
du premier tour de scrutin se sont par-
tagées entre les radicaux et les radi-
caux-socialistes. La clientèle du Sacré-
Coeur n'a pas osé se montrer ; elle est
1 restée sous terre. Voilà donc le dix-
huitième arrondissement de Paris dé-
livré et purifié, La réaction cléricale et
militariste aura passé par là comme tin
mauvais rêve.
Ce n'est certes pas le bon juge qui
l'aurait rendu, ce mauvais jugement par
lequel lé chauffeur du duc de Mont-
pensier est condamné à deux mois de
prison sans sursis.
Sans surs» I Alors que trop souvent
IPS tribunaux accordent à tort et à tra-
vers'le bénéfice"de la loi Bérenger !
Je sais bien ^ue, dans l'espèce, . il y a
eu mort d'homme et que la magistra-
ture a raison de se montrer sévère en-
vers les fous, les emballés de la vi-
tesse, mais il résulte des -termes même
du jugement, que le chauffeur con-
damné; n'avait fait qu'obéir aux ordres
de son maître et que le principal, le
véritable coupable, c'était le duc de
Montpensier lui-même. Dans ces con-
ditions, on trouvera peut-être la con-
damnation un peu dure. Deux mois do
prison pour le mécanicien, un consi-
dérant désagréable pour le prince 1
C'est là une singulière justice distribu-
ée.
Qu'on y prenne garde I Ce sont des
jugements de cette sorte, qui permettent
de dire qu'il n'y a de répression que
pour les petits, que les gros échappent
toujours, qui font mal juger la magis-
trature et la justice elle-même.
RANG.
Echos
Leur Courtoisie.
Un détail fort remarqué, dimanche, à la
bagarre de Longchamp : lorsque M. Lépine
demanda à etre conduit auprès du prince
d'Arenberg et qu'il eût été introduit dans la
salle où se tenait le président de la Société
d'encouragement, il retira naturellement son
chapeau en interlocuteur correct. Le prince
d'Arenberg et ceux qui l'entouraient restè-
rent couverts, ce que voyant, M. Lépine se
couvrit à son tour.
On comprendrait peut-être que l'émotion
eût égaré d'autres gens 5 mais que des arbi-
tres en la courtoisie aient pu négliger tin
geste de politesse élémentaire, cela ne sup-
posent iL pas quelque préméditation ?
ww
Au Palais.
C'est aujourd'hui que les jeunes licenciés
en droit voués à porter la robe d'avocat vont
prêter serment devant la Cour, cérémonie
qui doit paraître à quelques-uns d'entre eux
un peu surannée et ridicule, mais dont rien
ne saurait les dispenser.
Parmi les stagiaires qui accompliront
cette formalité, eitons notre ancien collabo-
rateur et ami Georges Lhermitte, qui s'est
déjà fait remarquer, d'ailleurs, par quelques
études juridiques, notamment sur la Sépara-
tion et ses Conséquences.
«M*
Croix de Saint-Louis.
C'est avec le plus grand plaisir que nous
enregistrons la nomination de M. Lucien
Richard, l'un des directeurs de la manufac-
ture des Biscuits Pernot, au grade de che-
valier de la Légion d'honneur.
Cette croix est la récompense méritée du
grand industriel dont la haute valeur et les
efforts incessants ont élevé à la première
place la biscuiterie française.
M*
Un Marge des Mémoires.
A mesure que se déroulent les mémoires
du prince de Hohenlohe, de petites histoires
sortent de diverses parts sur les Hozenzol- â
lern et leur chancelier. j
C'est ainsi que, s'il faut en croire le \
Temps, interrogé par son ami et confident i
Maurice Busch sur ce qu'il aurait fait au
cas où l'empereur eût reculé en 1S70 devant
la guerre, Bismarck aurait répondu :
â Si le roi avait résisté ; s'iT n'avait pas
admis et mon but â l'unité de l'Allemagne
par la Prusse â et mes moyens â le suffrage
universel et la guerre â je n'eusse pas hésité
un seul Instant. Plutôt l'Allemagne que les
, Hohenzollern I J'aurais fait la République et
l'Allemagne par la République.
Les dynasties pesaient d'un poids léger
dans la main de fer du chancelier. Le jeune
empereur ne connaissait pas le danger qu'il
courait en congédiant Bismarck !
«w
Compensation.
On lit dans le Figaro :
Voici une nouvelle où lc-s catholiques qui,
depuis quelque temps, n'entendent plus par-
ler que de schisme, trouveront une diversion
de bon augure : l'abbé Soulier, curé de Saint-
Georges de Lyon, qui était depuis plusieurs
années en conflit aigu avec l'autorité reli-
gieuse et d'ailleurs avec ses paroissiens, au
point que le gouvernement dut à plusieurs
reprises mettre la force publique à son ser-
vice et qu'on put voir ledit curé, interdit par
son archevêque. célébré 1' la messe entre deux
gendarmes, vient de «'aire sa soumission au
cardinal Coullié, lequel l'a immédiatement
relevé des censures que le prêtre rebelle avait
encourues.
L'abbé Soulier» étant inamovible, ne pour-
rait légalement être dépossédé de «a cure, à
moins qu'il ne consentit à démissionner. Or,
il s'y refusait énergiquement. Il est vraisem-
blable que la dénonciation du Concordat, en
le privant de l'appui des pouvoirs publies, a
quelque peu contribué à l'engager sur le cUfr
min de Damas, d'autant plus que sa situa-
tion très particulière ne lut permettait même
pa3 de courir la chance d'une associaiton
cultuelle, dont son conseil rait certainement désintéressé.
Voilà donc un prêtre que la Séparation
aura moralement contraint de rentrer dans
la bonne vole. Ce fait, très inattendu, méri-
tait bien d'être signalé.
Il y a lieu, en effet, de signaler ce geste
de satisfaction que pour une fois provoque
dans le camp clérical U fameuse « loi cri-
minelle »,
LA CATASTROPHE D'EPERNON
Tragiques proportions de la catastropheâOnze morts
Nombreux blessés â Le chauffeur responsable
Deux arrestations â Réception douloureuse
des cadavres à la gare Montparnasse
La. réalité sur le douloureux événement
est autre et plus lamentable que les pre-
mières dépêches hâtives l'avaient présen-
tée tout d'abord. Dans l'après-midi d'hier,
il à fallu sut la liste trop longue des morts
enregistrer un nom nouveau.
L'état de beaucoup d'autres blessés lais-
se 4 craindre qu'on n'ait par la suite à
Clore le bilan funèbre, sur un chiffre de
cadavres grossi encore de quelques uni-
tés.
Les constatations de l'enquête &
L'enquête a démontré que l'accident s é-
tait exactement produit dans les condi-
tions suivantes ;
Le tamponnement a eu lieu à 5 h. 18. Le
train 510, qui doit régulièrement quitter
Chartres à 3 h. 50, avait subi vingt-deux
minutes de retard ; il n'était parti, par
conséquent, qu'à 4 h. 12. En raison de ce
retard, il se dirigea sur la voie de garage,
pour ne pas empêcher le passage de l'ex-
près 514, qui passe ù. Chartres à 4 h, 43,
pour ne s'arrêter qu'à Versailles, Lorsque
ïe train '514 entra en gare d'Epernon, le
chef de gare remarqua qu'il avait à l'ar-
riére un drapeau vert.
Le chef de gare décida que ai c'était un
signal destiné à le prévenir que le train
était dédoublé, il ne ferait pas partir im-
médiatement le train de voyageurs garé ;
s'il s'agissait au contraire d'une machine
Seule; il résolut de l'expédier tout de suite.
Il téléphona donc. On lui répondit qu'une
machiné seule suivait le train. En consé-
quence, il ordonna de fermer la voie der-
rière le train express et commanda la mar-
ché en avant sur la voie normale du train
garé. C'est à ce moment que ce train, qui
avait sa partie avant engagée sur la voie
normale et sa partie arrière encore enga-
gée sur la voie de garage, fut tamponné
par la machine qui allait à une vitesse de
80 kilomètres à l'heure.
Le responsable
La suite de l'enquête semble démon-
trer d'une façon absolument précise, que
la responsabilité de la catastrophe est en-
tièrement imputable au mécanicien Lou-
vet, de la machine « haut-le-pied », 980,
3ui suivait le train 510, en dédoublement
u train 514
En effet, d'après les derniers rapports ,
des fonctionnaires chargés de l'enquête, il |
er avéré que les signaux de la ga;j fl E- â¢
pernon avaient fonctionné régulirement it. j
Ces signaux étaient régulièrement en-
clenchés et, tandis que le signe carré
jaune de la voie de garage était Ktvfrt
derrière le train 510 qui quittait certe vue
i ' ai reprendre sa marc le. norm i e, 'e si-
gnal carré en damier rose et blanc de cette
voie principale se fermait derrière îe train
510.
En conséquence, il faut absolument dé-
gager la responsabilité du personnel dé la
gare d'Epernon.
Le récit «l'un témoin
Un agent de la compagnie, M. Georges
Piérard, qui se trouvait dans le train 510,
a fait un récit de ses émotions.
N'écoutant que son devoir, il se mit tout
de suite à la disposition de M. Oury, chef
de gare d'Epernon, et contribua au sauve-
tage des blessés.
â C'est miracle, dit-il, que j'aie échappé
moi-même à la catastrophe, car je me trou-
Vais, en effet, dans l'un des wagons broyés ;
par la machine 980, cause de l'accident.
C'est' au milieu d'un enchevêtrement inex-
tricable do matériaux de toutes sortes que
je me trouvais enfoui; et chose bizarre, une
valise que, j'avais placée dans le filet, au-
dessus de ma tête, &e trouvait devant moi,
dans le même Met qui n'avait nullement
souffert;
Des cris de douleur se faisaient, entendre
de toutes parts, et c'est au milieu de gémis-
sements épouvantables que les services de
sauvetage et de déblaiement furent établis.
Les corps des victimes étaient affreusement
mutilés ; les blessés portaient des plaies pro-
fondes ; les soins les plus empressés furent
prodigués aux plus dangereusement atteints,
esquels furent transportés par le premier
train £1 Chartres, et dirigé» Bur l'Hôtel Dieu
de cette ville.
Le brave homme, en proie à une émo-
tion bien compréhensible, tressaille encore
en donnant ces émouvants détails.
Visite de M. Barthou
M. Barthou, qui était parti dimanche
soir à onze heures, par train spécial, pour
Epernon, accompagné de MM. Lilaz, sous-
chef de cabinet, et de Carminat, directeur
de la compagnie de l'Ouest, est rentré hier
matin à Paris par le train Etat 80, à huit
heures quarante. Ce train doit entrer ré-
gulièrement en gare, le matin, à six heu-
res trente-cinq. ,
Un des fonctionnaires du ministère des
travaux publics, interrogé à sa descente
du train, a dit :
â Ce que je viens de voir est épouvantable ; ;
jamais je n'ai vu une chose aussi horrible j
que ces corps déchiquetés étendus dans La j
gare d'Epernon, sans vie.
11 est, a remarquer que toutes les victimes :
portent uiw> fracture assez forte du bassin,
ce qui semblerait indiquer que la secousse a
été excessivement violente. Peu d'entre les
victimes ont été atteintes à la poitrine ; pres-
?jue toutes ont des blessures a la tête et la
fracture du bassin.
Le petit garçon de M. Deschamps a été re-
trouvé à moitié écrasé dans le filet du wa-
gon. Comment expliquer cette horrible
chose?
M. Barthou est reptré au ministère où
il "a demandé qu'on lui fasse parvenir,
aussitôt que possible, la liste exacte des
morts et des blessés.
Pendant son séjour à Epernon et à Char-
tres M. Barthou a visité les morts et A con-
duit lui-même l'enquête entreprise par le
procureur de la République et l'ingénieur
en chef du contrôle.
Lee mort»
"Voici quelle est, à l'heure actuelle, la
liste des morts ,î
Mme Deschamps, mère, rue de Paris, à
Issy-les-Moulineaux.
Enfant Deschamps, huit mois.
M. Gaston Moujot, 20, rue de Picard!*,
à F y 1 *s
M Alfred Brissard, artiste peintre, A
L«i Cure (canton de Mortagne).
Mil* Jeanne M or eau, à Saint-Germala-
la Fouille.
M. le docteur Floquet. médecin légiste,
médecin du Palais de Justice, rue de la
Gaîté, IL
M. Georges Laurent, 20, rue Jean-Jac-
ques-Rousseau, Paris.
M. Prunier, cousin de M. le docteur Fîo-
quet,
M. Devienne, 24, rue Victor-Hugo.
Une femme inconnue. *
M. Davenne, retrouvé gravement blessé,
et qui a succombé dans la journée d'hier.
M, Camille Gorju, signalé comme étant
blessé des plus gravement, est au plus mal
à l'hôpital de Chartres et l'on ne pense
pas qu'impasse la journée.
Deux autres darnes, qui ont été égale-
ment transportées à l'hôpital de Chartres,
sont considérées comme perdues.
(Voir plus loin la liste complète des
noms et adresses des personnes blesséesâ )
Deux arrestations
M. Lepelletier, procureur de la Républi-
que, à Chartres, et M. Sée, juge suppléant,
s'étant transportés à Epernon, ont lancé
un télégramme au commissaire de sur-
veillance de la gare Montparnasse, pour
ïc prier d'arrêter le mécanicien et le chauf-
feur de la locomotive qui a tamponné le
train.
Quelques blessés
L'état de Janet, député du Doubs, qui
se trouvait dans le train tamponné, est
aussi satisfaisant que possible. Contraire-
ment aux informations pâmes. M. Janet
n'était pas accompagné de sa. fille.
Quatre victimes sont actuellement soi-
gnées à l'hôpital Neckei'.
M. Emile Hanou. blessé à la tête, et
traité dans la salle Melgaigne â Mm e Vinnot,
qui a des fractures à la jambe gauche et
des contusions se trouve dans la salle Le-
noir. Dans la même salle est soignée Mme
veuve d'Abanza, qui souffre de fractures à
la jambe et de blessures à la tète. Mme
Deschamps, fracture des deux jambes et
blessures à la tête est soignée dans la salle
Foucher ; elle a été ramenée à Paris ce
matin par le tTain 88.
M. Henri d'Abanza, âgé de 28 ans, a été
autorisé hier matin, à quitter l'hôpital,
Un certain nombre de blessés, amenés
dimanche à l'hôpital, ont pu rentrer chez
eux.
Le docteur Floquet
Le docteur Floquet qui a trouvé la mort
dans cet horrible accident, était très connu
à Paris et en particulier dans la presse
parisienne. Il était, depuis de longues an-
nées, médecin du Palais et de l'Association
des Journalistes judiciaires.
La famille de M. Floquet, sa femme et
ses deux fils, se sont aussitôt rendus I
Epernon.
A la gare Montparnasse â L'arrivée tfei
cadavres
Hier après-midi, sont arrivés à Paris, à
la gare Montparnasse, les corps de sepi
des dix victimes de la catastrophe d'Eper-
non. *
Sur le quai de la gare des messageries,
attendaient les parents des morts, anxieux
et tout en larmes. Auprès d'eux,so tenaient
M. Chautard, président du Conseil muni-
cipal, et son chef de cabinet, M. Ranson,
président du Conseil général, le colonel
Ebener, représentant le président de ïa
République, qui était un ami d'enfance du
docteur Floquet, avec qui il fit ses études
au collège de Wissembourg ; M. Fritsch,
chef-adjoint de l'exploitation de la Compa-
gnie de l'Ouest; Laurent, secrétaire géné-
ral de la préfecture de police ; le docteur
Chartin, directeur des services d'hygiène,
le docteur Socquet, qui était, lui aussi, un
ara i du docteur Floquet.
A six heures moins dix, arrive le train
lugubre qui contient les sept cercueils.
Deux fourgons sont amenés au quai où
nous attendons, le coeur serré... Seuls, quel-
ques parents ou quelques amis des blessés
ou dés disparus troublent le silence grave
qui règne dans ce coin à demi-obscur, en
venant demander un renseignement au
employés de la Compagnie de l'Ouest. Une
femmes, les yeux rouges de larmes, inter-
roge M, Fritsch à mes côtés : elle est sans
nouvelles de son mari,elle craint qu'il n'ait
été victime de l'accident. M. Fritsch véri-
fie sur sa. liste... C'est un moment d'inex-
primable angoisse, mais, heureusement, le
nom indiqué 11e se trouve pas sur la liste
lamentable.
On ouvre le premier fourgon : tout le
monde se découvre. Quatre agents y pé-
nètrent et en sortent portant un cercueil ;
c'est celui de Mlle Jeanne Moreau.
Ils vont le déposer dans une salle, réser-
vée d'ordinaire au service médical. Six fois
encore la lugubre promenade recommence
De trois autres fourgons, ils emportent les
cercueils du docteur Floquet, de M. Des-
champs et de son enfant, de M. Mougeot.
de M. Prunier.
Le dernier corps est celui d'une femme
inconnue : quelques personnes croyant,
d'après les indications données hier par
les journaux, que c'était une jeune fille de
leurs amis, étaient venus dans l'angoisse
terrible de la trouver morte : on ouvrit la
bière devant elles, elles ne reconnurent
pas le cadavre â qui fut transporté à la
Morgue hier soir.
Les familles pénètrent dans la salle fu-
nèbre où les cercueils ont été déposés à
terre : elles prennent leurs disposition*
pour reprendre leurs morts. Les dépouilles
mortelles du docteur Floquet et de M. Pru-
nier seront déposées ù l'église Saint-Pierre
de Montrouge, en attendant l'inhumation
qui aura lieu mercredi à midi ; les corps
de M. Deschamps et de son enfant.' seront
transportés à Meudon ; M. Mougeot sera
enterré mercredi au cimetière de Mont-
rouge;
M. CLEMENCEAU PANS LE VAR
LE BANQUET DE COGOLIN
Accueil chaleureux
Cogôlin, 15 octobre.
Toutes les dispositions ont été prises
pour recevoir dignement lo ministre à Co-
golin. Arcs de triomphe, pavois, pins déco-
rés de fleurs en papier, salves, rien ne
manque. Le conseil municipal et tous les
invités se" sont portés à sa rencontre, à
l'extrémité de là rue Gambetta, d'où ils
l'ont conduit à l'hôtel de ville. Dès son ar-
rivée devant la mairie. M. Galfard lui sou-
haite la bienvenue.
M. Clemenceau lui répond quelques
mots.
Deux jeunes filles lui offrent une gerbe
de fleurs. Les enfants des écoles chantent
la Marseillaise.
Ensuite a lieu la présentation des maires
des cantons avoisinants, notamment ceux
de Saint-Tropez, de Grimaud, de Rama-
tuelle, etc.
Le maire de Cogolin, en les présentant,
a salué dans M. Clemenceau le champion
infatigable des luttes républicaines.
M. Clemenceau lui a répondu qu'il était
venu en ami et que c'était en ami qu'il dé-
sirait être reçu, et il a ajouté ;
« Je reconnais parmi ceux qui vous en-
tourent beaucoup de ces amis. »
Interpellant l'un, d'eux qu'il salue de la
main, ii lui dit : « Vous souvenez-vous des
huées qui nous poursuivaient il y a quel-
ques années. Les cris de haine nous ren-
daient plus fiers que vous /ie pouvez le
supposer, ⢠parce que nous étions sûrs de
la victoire finale. Vous et moi, monsieur le
maire, nous avons posé les premières pier-
res de l'édifice, mais les meilleurs ouvriers
ne sont pas ceux qui posent les tuiles du
faîte de l'édifice ; ce sont ceux qui en ont
creusé les fondations. »
Le banquet
Cogolin, 15 octobre.
C'est dans un atelier de grainage appar-
tenant ù. l'un des ^habitants de la localité
qu'a lieu ïe ban au ministre de l'intérieur.
Sur les murs sont collées des affiches
manuscrites portant les noms des diffé-
rents cantons de l'arrondissement.
Des guirlandes de buis sont suspendues
au-dessus des tables.
Derrière la table d'honneur qui occupe
l'un des côtés de la salle, des drapeaux
tricolores encadrent un cartouche tricolore
portant au centre les lettres R. F,
â Les convives sont au nombre de 450 en-
viron, presque tous représentants élus de
l'arrondissement : les maires, les conseil-
lers généraux, les conseillers d'arrondisse-
ment sont présents;
Bien que M. Allard, député socialiste
unifié de 1a circonscription, ait publique-
ment lait savoir qu'il ne se rendrait pas
au banquet, les socialistes unifiés sont ve-
nus en très grand nombre.
Le ministre de l'intérieur a à sa droite !e
maire et à sa gauche le préfet.
Ont' également pris place à la table
d'honneur, MM. Albert Clemenceau, Wln-
ter, Raux, préfet, Clavier, maire de Dra-
guignan.
Lu préfet, M. Raux, prenant le premier
la parole, dit que les manifestations qui
sont produites sur le passage dti ministre
de l'intérieur, prouvent l'intensité des sen-
timents de fidélité, d'amitié, de dévoilement
et d'attachement que les population* du
Var professent pour leur éminent repré-
sentant au. Sénat. En terminant, le préfet
porte toast très applaudi au président
de la République.
Mv Galfard, maire de Cogolin, apmêfl
avoir remercié M. Clemenceau de sa visite
jJans un pays qui lui a toujours été entiè-
lemerrt dévoué, appelle son attention sar
quelques-unes des revendications de la po-
pulation.
11 lui demande notamment de se faire te
défenseur de l'agriculture. Il réclame le
vote des retraites ouvrières.
En terminant, il lève son verre en 3'hoa-
neujï-de M. Clemenceau
M, Slgallas, sénateur, a dit combien
étaient profonds les sentiments républi-
cains de Cogolin et des autres villes du
golfe.
H a continué ainsi : « Dans le golfe com-
me dans tout le Var, du reste, on est fon-
cièrement républicain. Comme partout,
chacun ne conçoit pas la Républiq' ïe avec
la même mentalité : les uns sont plus fou-
gueux, les autres plus réfléchis. Les pre-
miers, impatients de réaliser leurs idées,
n'hésitent pas à faire appel à la révolu-
tion ; les derniers, plus sages, croient que
c'est par l'évolution qu'on établit plus sû-
rement un état social.
Ceux-ci pensent que c'est par la vio-
lence qu'on impose les réformes ; ceux-là
prétendent que c'est par l'éducation du
peuple. Mais tous poursuivent le même
but. le même idéal : faire une Républiqxie
de fait, une République susceptible de réa-
liser tous les jwogrès, toutes les réformes,
tentes lip améliorations dans l'ordre éco-
nomique et politique.
M. Sigalîas félicite ensuite M. Cîemeaf-
ceau d'être resté toujours fidèle aux con-
victions républicaines de sa jeunese et
d'avoir donné un démenti à ses ennemis
qui ne voyaient en lui qu'un" démolisseur.
f L'homme, dit-il. qui, succombant aut
coups d'une coalition sans aveu, restaiî
sourd aux pressant J appels de la démo-
cratie de France pour s'enfermer dans son
cabinet de travail et y enfantait entre tant
d^autres^, le G at&t Pan et la. Mêlée. Sociale,
l'homme qui menait avec tant de verve, ae
logique, de courage, de succès, cette admi-
rable campagne contre la pibs grande ini-
quité du siècle, i'hoinme qui n'acceptait sa
réhabilitation que dans son département
d'adoption, l'homme assez fort pour dira
en plein Sénat : u Périsse la République
plutôt que la liberté, parce que la Répu-
blique ne peut vivre sans la liberté, et la
liberté sans la République >» ; cet horanaa
ne pouvait avoir le cerveau vide d'idées
généreuses et créatrices, »
M, $iga!las termine en exposant dans
leurs grandes lignes les projets importants
dont ïa région attend avec impatience la
réalisation. m
LE DISCOURS DU MINISTRE
« ⢠.
Draguignan, 15 octobre.
M. Clemenceau, au banquet de Cogolin^
a prononcé le discours suivant :
« Mes chers arais, je ne me souvins
pas d'avoir été pour prendre la parois
dans cet!j» rêunio». avisai erabarr&MiS
ipi'aujourd'hui, M faut que je réponde $
votre maire, à M. S'gallas, A M. Martin*
le ne peux pas les contredire, i!s ont ex*
primé nies pensées politiques et pour 1d
présent et pour l'avenir et pourtant je
Paris, Seine et Seine-et-Oîse : 5 centimes. â Départements î 10 centime»
MARDI 18 OCTOBRE 1900.
Rédacteur en Chef ;
Arthur RA1VC
IFEM MB k rmiMiutiui »i«nnl It P,thiU««
u Seer^Uin d« 1»
UrwMT tares et mandais à I. Fïtij I1LLBI
Secrétaire générai
HflJÉPHONB ; 16 2 » 5 B
Le$ manuscrit non intérêt ne tout pat rendat
L'AURORE
Politique, Littéraire, Soeiale
.uomrEHEMT* ijW-'ïgÊ
8SW* ET Ssm K-BT-OISB 5 î m 32R- 10 r» &U
X DÉPARTRVENTS. 1 ? Î 7 ... 36 - 1S - T »,
ÉTRANGER (UNION POSTALE). . 48 . 24-18 M
LES ANNONCES SONT REÇUES :
1 L'OFFICE B'ONONCRS, 10, place de la Borna
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL, 1*2, RUE KONTHMTRC
â ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE T AURORE-PARIS
K. de Vogué
ET LA
Religion Prussienne
M. de Vogué est parmi les gens 4e
droite un homme considérable Il a du
Sérieux et il a du poids. 11 a parlé poli'
tique lit, littérature toute sa viey avec
une grace majestueuse qui a décidé
l'Académie. ft rouler vers lui, une de
ces commodités de la conversation
qu'elle appelle un fauteuil : des per-
sonnes qui s'intéressent à la santé rte
ta REvue (les Veux-Mondes autant qu'à
telle île M. Brunetière, estiment que
dès que le champion de Bossuet sera
fatigué, M. de Vogué le relaiera et
d'une main exporte fera rouler le vieux
carrosse de la Revue. En attendait de
monter sur ce siège nouveau, M. d«
Vogué relit les .poètes. II n'y met plus
celte spontanéité qui lui permit d'ap-
prendre à. son passage eri Russie,
l'existence de Léon Tolstoï, de Dos-
toiewski et de Goutcharov, alors que
nos milieux officiels bouclaient l-'u :'s
manuels sur la mort de Pouchkine. Il
lw lit, on homme qui va ùtre obligé de
faire des réserves sur î art et peut-être
d'un oeil fatigué ; il a repris son Heine,
et n'y a -plus trouvé iO£ joies d'antan ;
aussi s'éleve-t-il contre cette idée, qui
circule en ce moment-ci en Allema.-
jçne : Heine devrait avoir sa statue en
Allemagne, malgré les préférence^ po-
litiques et lyriques de Guillaume II.
M. de Vogué pense comme . Guil-
laume II.
Ses raisons 111 en a une qui lui pa-
rait excellente. On ne voit pas de sta-
tues de Heine en Allemagne; il n'y a
donc pas de précédent ; de plus, toutes
les statues représentent en Allemagne
d'autres personnes, celles qu'il a criblé
de fléchettes et celles qu'il en aurait
lardé, Moltke, Roon, Bismarck I Donc
l'Allemagne n'a pas marché dans le
sens que lui indiquait Heine ; donc
Heine n'est pas un phénomène alle-
mand. tt n'a pas eu d'influence en Al-
lemagne ; la littérature allemande, sans
lui, ne compterait qu'une unité dis-
cordante de moins. Donc pas itô sta-
tue.
Que Heine n'ait pas eu S'influence
BUV Ui littérature allemande, c'est une
assertion fantaisiste. M. de Vogué n'est
pas au courant des nouveaux écrivains
d'Allemagne, Dehmal ou Wedekind.
M. de Vogué, lorsqu'il dit. pour prouver
que Heine n'a pas e', J'influence, iiue
les Allemands écoulent avec religion
le- lieder des ennemis de Heine, ou-
blie d'abord que les Allemands écou-
tent avec recueillement toute espèce de
musique, puis que le bon tiers des
lieder allemands est musique sur des
vers de Heine. Maie 1«k détails ne sont
rien ; la thèse de M. de Vogué est qu'il
faut surtout admirer la force, la vic-
toire. et le développement ethnique
propre d'un peuple.
S'il (allait admirer la force et la vic-
toire exclusivement, pourquoi M. de
.Vogué garde-t-il ses opinions et ses
fidélités à des -systèmes croulants ? Il
«si illogique. Si seul est bon, sérieux,
profitable, le développement ethnique
et, tranchons le mot, nationaliste, d'un
peuple, pourquoi M. de Vogûe admire-
t-il les Hohenzollern d« toute sa ma-
jestueuse candeur ï
Les électeurs de Brandebourg, n'eus-
sent point été de son avis, celui sur-
tout qui sitôt connue, cette mesure
bien nationale dl'edit de Nantes, fit offrir asile aux ré-
formés Français. 11 fit mieux, cet élec-
teur, pour bien marquer avec quelle
joie il accueillait chez lui des dévelop-
pements ethniques nouveaux : il «e
transporta à sa frontière pour y rece-
voir personnellement, et avec le maxi-
mum possible de courtoisie, un impor-
tant convoi de réfugiés. Les rois de
Prusse ont tenu à c« que cette démar-
che fut immortalisée à l'égal d'une vic-
toire, par un tableau aussi mauvais
qu'un tableau de bataille et qu'on peut
voir an musée de Berlin. Frédéric II
apportait une haute attention à la pen-
sée française. Tous les rois de Prusse
ont aimé mêler de réformés Français, le
mélange Slave et Allemand qui cons-
titue le Prussien ; ils ont donc été infi-
dèles aux lois du développement ethni-
que, ou M. de Vogué ne les a pas com-
pris, ce qui, api'te tout, est possible.
Ah ! si Heine avait été d'origine pro-
testante, M. de Vogûé lui concéderait
un médaillon sur un.e petite fontaine
ail un buste ; mais c'était un Juif. II
paie pour Karl Marx ; c'est pour cela
que M. de Vogûé se bâtit, à son pro-
pos, des obélisques d interogation.
ïr etait-il vraiment original 7 » Il y voit
tous les contrastes, l'anarchisme et
d'adoration de la force, de la force, car
Heine aimait Napoléon. Et c'est ici que
M. de Vogué, de l'Académie française,
Se met sa palme dans l'oeil. Heine a ra-
conté l'impression d'enfance qu'il eut
de Napoléon. Mais ce qu'il aimait, c'é-
tait Napoléon vaincu, romantique. 11
voyait dans sa vie victorieuse et ses
échecs finaux, un drame. 11 aimait
mieux, encore, le tambour Legrand, le
pauvre vieux tambour, que Napoléon.
11 les aimait pour leur misère et e:i
haine des Prussiens. Hugo ef Lamar-
tine ont été également hypnotisés de-
vant Napoléon sans avoir le culte de
la force, et Heine admirait en lui on
homme qui avait écarté du Rhin tran-
quille, avec ses burgs d'opéra-comique
cl ses bonnes vignes, M. le Sreù-
direktor prussien, et l'officier de hus-
sards, el le piétiste. Il tee a traités do
Tartufes guètrés et armés ; eh quoi !
M. de Vogûé, Guillaume II ne s'habil-
le-t-il pas en Lohengrin poui conclure
des traités do commrece ; le voyage en
Palestine n'a-t-il pas été une opération
biblico-commerciale ; les Hohenzollern
n'invoquent-ils pas le Dieu des armée»
pour piger du terrain et de l'argent au
plus faible ; le suum cuique des rois
de Prusse n'est-il pas le « tout pour
moi u ? Heine les connaissait, les a
décrits ; son influence, elle est visi-
ble dans les Tisserands, de Hauptmann,
brave développement dramatique d'un
de. ses petits poèmes,- et dans les votes
des trois millions d'électeurs socialis-
tes. Sang doute, Lassalle, Marx, Bebel,
Liebknecht, y 6ont pour quelque chose,
mais il faut beaucoup ds gens pour
abattre le trône et l'autel, 1« prédicants
militaires, et mettre la Jérusalem po-
pulaire, la Cité future, à la place du
donjon de Spandau.
L'histoire du. monde, pas comme la
raconte Bossuet, mais comme nous la.
voyons, tient compte de rencontres de
civilisations. Elie note l'influence heu-
reuse de l'Egypte sur la Grèce, de la
Grèce sur Rome, des Arabés sur nos
barbares féodaux. Elle note que les
provinces frontières d'un pays, à cause
des mélanges de race, produisent des
individualités remarquables ; la théorie
des nationalistes, du développement
ethnique, conclut qiie les Canaques,
dont l'art consiste à figurer les dieux
dans la poutre solide ou la tendre
noix de coco, mentiraient à. leur race,
à, leurs traditions, à leur glorieux passé,
ils fausseraient leur avenir, s'ils se dé-
cidaient à fabriquer des dieux de plâ-
tre ou de marbre ; ia tradition du dé-
veloppement ethnique défend au nègre
de passer- de la bamboula à la valse,
sous peine de déchéance morale ; au
Soudanais, de délaisser pour le chemin
de fer la lente allure de la caravane.
Sans doute, M. de Vogûé regrette-t-il, à
ses heures libres, le temps ou des féo-
daux du nom de Vogûé rançonnaient
le vilain et partaient en croisade contre
le Turc ou le Grec, et le Provençal et
le Lithuanien, un peu partout où il y
avait à pilier.
Que les temps sont changés ! Ils
changeront encore ; laissez le socia-
lisme allemand grouper quelques mil-
lions d'adhérents, laissez-lui vingt ans,
M, de Vogûé, il y aura plus de statues
de Heine, en Allemagne, à ce moment-
là, que de statues de Moltke. Les mé-
moires se seront succédés, pareils à
ceux de Hohenlohe, sans que l'auguste
froncement de sourcil et les Quos Ego,
vraiment tragiques de Guillaume 11,
aient pu les arrêter, el le Tartufe guê-
tré et militaire de Heine, le vrai Hohen-
zollern, ne sera plus considéré comme
une merveille de type ethnique que par
le seul M. de Vogue si la destinée veut
bien nous le conserver. L'Allemagne
ayant orienté diversement son dévelop-
pement aura besoin d'autres hommes
représentatifs que ceux dont les fré-
quentes statues paraissent à cet il-
lustre académicien une preuve cer-
taine d'immortalité triomphale ; il de-
meurera te dernier fidèle de !a religion
d'Etal prussienne,
GUSTAVE KAHN.
D'HIER
a aujourd'hui
Hier «
Le président de la République a reçu, à
quatre heures» dans la grande salle des fêtes
île l'Elysée, le lord-maire et la Corporation
do la Cité de Londres.
Le président de la République a visité l'ex-
position de l'art russe au Grand Palais.
Le ministre de la guerre s'est rendu à
Evreux, où il a assisté aux manoeuvres de
ravitaillement.
M. Clemenceau a prononcé un grand dis-
cours au banquet de Cogolin.
La municipalité de Paris a offert un ban-
quet au lord-maire et à la Corporation de
Londres.
A la gare Montparnasse sont arrivés, à 6
heures, les corps des victimes de la catas-
trophe d'Epernon.
Aujourd'hui a
Déjeuner offert au lord maîre par le Comité
français des expositions à l'étranger. â Visite
des abattoirs. â A 7 h, 30, banquet du Comité
républicain du commerce et de l'industrie,
au Grand Hôtel.
Courses à Saint-Ouen ; 2 h.
Notes Politiques
A la dernière élection municipale,
dane le quartier de Clignancourt, du
dix-huitième arrondissement, les natio-
nalistes, soutenus par les cléricaux, par
la clientèle du Sacré-Coeur, avaient mis
en ligne un candidat, le docteur Pierre,
qui avait été battu mais qui avait eu
une minorité respectable d'un peu plus
de sept mille voix.
C'est que le dix-huitième arrondisse-
ment était un des centres populaires
qui s'étaient laissés entamer par le bou-
langisane et où, depuis, le nationa-
lisme avait exercé ses fâcheux rava-
ges.
Dimanche 'dernier, nationalistes et
cléricaux, n'ont pas figuré au Scrutin.
Il y a ballottage, mais toutes les voix
du premier tour de scrutin se sont par-
tagées entre les radicaux et les radi-
caux-socialistes. La clientèle du Sacré-
Coeur n'a pas osé se montrer ; elle est
1 restée sous terre. Voilà donc le dix-
huitième arrondissement de Paris dé-
livré et purifié, La réaction cléricale et
militariste aura passé par là comme tin
mauvais rêve.
Ce n'est certes pas le bon juge qui
l'aurait rendu, ce mauvais jugement par
lequel lé chauffeur du duc de Mont-
pensier est condamné à deux mois de
prison sans sursis.
Sans surs» I Alors que trop souvent
IPS tribunaux accordent à tort et à tra-
vers'le bénéfice"de la loi Bérenger !
Je sais bien ^ue, dans l'espèce, . il y a
eu mort d'homme et que la magistra-
ture a raison de se montrer sévère en-
vers les fous, les emballés de la vi-
tesse, mais il résulte des -termes même
du jugement, que le chauffeur con-
damné; n'avait fait qu'obéir aux ordres
de son maître et que le principal, le
véritable coupable, c'était le duc de
Montpensier lui-même. Dans ces con-
ditions, on trouvera peut-être la con-
damnation un peu dure. Deux mois do
prison pour le mécanicien, un consi-
dérant désagréable pour le prince 1
C'est là une singulière justice distribu-
ée.
Qu'on y prenne garde I Ce sont des
jugements de cette sorte, qui permettent
de dire qu'il n'y a de répression que
pour les petits, que les gros échappent
toujours, qui font mal juger la magis-
trature et la justice elle-même.
RANG.
Echos
Leur Courtoisie.
Un détail fort remarqué, dimanche, à la
bagarre de Longchamp : lorsque M. Lépine
demanda à etre conduit auprès du prince
d'Arenberg et qu'il eût été introduit dans la
salle où se tenait le président de la Société
d'encouragement, il retira naturellement son
chapeau en interlocuteur correct. Le prince
d'Arenberg et ceux qui l'entouraient restè-
rent couverts, ce que voyant, M. Lépine se
couvrit à son tour.
On comprendrait peut-être que l'émotion
eût égaré d'autres gens 5 mais que des arbi-
tres en la courtoisie aient pu négliger tin
geste de politesse élémentaire, cela ne sup-
posent iL pas quelque préméditation ?
ww
Au Palais.
C'est aujourd'hui que les jeunes licenciés
en droit voués à porter la robe d'avocat vont
prêter serment devant la Cour, cérémonie
qui doit paraître à quelques-uns d'entre eux
un peu surannée et ridicule, mais dont rien
ne saurait les dispenser.
Parmi les stagiaires qui accompliront
cette formalité, eitons notre ancien collabo-
rateur et ami Georges Lhermitte, qui s'est
déjà fait remarquer, d'ailleurs, par quelques
études juridiques, notamment sur la Sépara-
tion et ses Conséquences.
«M*
Croix de Saint-Louis.
C'est avec le plus grand plaisir que nous
enregistrons la nomination de M. Lucien
Richard, l'un des directeurs de la manufac-
ture des Biscuits Pernot, au grade de che-
valier de la Légion d'honneur.
Cette croix est la récompense méritée du
grand industriel dont la haute valeur et les
efforts incessants ont élevé à la première
place la biscuiterie française.
M*
Un Marge des Mémoires.
A mesure que se déroulent les mémoires
du prince de Hohenlohe, de petites histoires
sortent de diverses parts sur les Hozenzol- â
lern et leur chancelier. j
C'est ainsi que, s'il faut en croire le \
Temps, interrogé par son ami et confident i
Maurice Busch sur ce qu'il aurait fait au
cas où l'empereur eût reculé en 1S70 devant
la guerre, Bismarck aurait répondu :
â Si le roi avait résisté ; s'iT n'avait pas
admis et mon but â l'unité de l'Allemagne
par la Prusse â et mes moyens â le suffrage
universel et la guerre â je n'eusse pas hésité
un seul Instant. Plutôt l'Allemagne que les
, Hohenzollern I J'aurais fait la République et
l'Allemagne par la République.
Les dynasties pesaient d'un poids léger
dans la main de fer du chancelier. Le jeune
empereur ne connaissait pas le danger qu'il
courait en congédiant Bismarck !
«w
Compensation.
On lit dans le Figaro :
Voici une nouvelle où lc-s catholiques qui,
depuis quelque temps, n'entendent plus par-
ler que de schisme, trouveront une diversion
de bon augure : l'abbé Soulier, curé de Saint-
Georges de Lyon, qui était depuis plusieurs
années en conflit aigu avec l'autorité reli-
gieuse et d'ailleurs avec ses paroissiens, au
point que le gouvernement dut à plusieurs
reprises mettre la force publique à son ser-
vice et qu'on put voir ledit curé, interdit par
son archevêque. célébré 1' la messe entre deux
gendarmes, vient de «'aire sa soumission au
cardinal Coullié, lequel l'a immédiatement
relevé des censures que le prêtre rebelle avait
encourues.
L'abbé Soulier» étant inamovible, ne pour-
rait légalement être dépossédé de «a cure, à
moins qu'il ne consentit à démissionner. Or,
il s'y refusait énergiquement. Il est vraisem-
blable que la dénonciation du Concordat, en
le privant de l'appui des pouvoirs publies, a
quelque peu contribué à l'engager sur le cUfr
min de Damas, d'autant plus que sa situa-
tion très particulière ne lut permettait même
pa3 de courir la chance d'une associaiton
cultuelle, dont son conseil
Voilà donc un prêtre que la Séparation
aura moralement contraint de rentrer dans
la bonne vole. Ce fait, très inattendu, méri-
tait bien d'être signalé.
Il y a lieu, en effet, de signaler ce geste
de satisfaction que pour une fois provoque
dans le camp clérical U fameuse « loi cri-
minelle »,
LA CATASTROPHE D'EPERNON
Tragiques proportions de la catastropheâOnze morts
Nombreux blessés â Le chauffeur responsable
Deux arrestations â Réception douloureuse
des cadavres à la gare Montparnasse
La. réalité sur le douloureux événement
est autre et plus lamentable que les pre-
mières dépêches hâtives l'avaient présen-
tée tout d'abord. Dans l'après-midi d'hier,
il à fallu sut la liste trop longue des morts
enregistrer un nom nouveau.
L'état de beaucoup d'autres blessés lais-
se 4 craindre qu'on n'ait par la suite à
Clore le bilan funèbre, sur un chiffre de
cadavres grossi encore de quelques uni-
tés.
Les constatations de l'enquête &
L'enquête a démontré que l'accident s é-
tait exactement produit dans les condi-
tions suivantes ;
Le tamponnement a eu lieu à 5 h. 18. Le
train 510, qui doit régulièrement quitter
Chartres à 3 h. 50, avait subi vingt-deux
minutes de retard ; il n'était parti, par
conséquent, qu'à 4 h. 12. En raison de ce
retard, il se dirigea sur la voie de garage,
pour ne pas empêcher le passage de l'ex-
près 514, qui passe ù. Chartres à 4 h, 43,
pour ne s'arrêter qu'à Versailles, Lorsque
ïe train '514 entra en gare d'Epernon, le
chef de gare remarqua qu'il avait à l'ar-
riére un drapeau vert.
Le chef de gare décida que ai c'était un
signal destiné à le prévenir que le train
était dédoublé, il ne ferait pas partir im-
médiatement le train de voyageurs garé ;
s'il s'agissait au contraire d'une machine
Seule; il résolut de l'expédier tout de suite.
Il téléphona donc. On lui répondit qu'une
machiné seule suivait le train. En consé-
quence, il ordonna de fermer la voie der-
rière le train express et commanda la mar-
ché en avant sur la voie normale du train
garé. C'est à ce moment que ce train, qui
avait sa partie avant engagée sur la voie
normale et sa partie arrière encore enga-
gée sur la voie de garage, fut tamponné
par la machine qui allait à une vitesse de
80 kilomètres à l'heure.
Le responsable
La suite de l'enquête semble démon-
trer d'une façon absolument précise, que
la responsabilité de la catastrophe est en-
tièrement imputable au mécanicien Lou-
vet, de la machine « haut-le-pied », 980,
3ui suivait le train 510, en dédoublement
u train 514
En effet, d'après les derniers rapports ,
des fonctionnaires chargés de l'enquête, il |
er avéré que les signaux de la ga;j fl E- â¢
pernon avaient fonctionné régulirement it. j
Ces signaux étaient régulièrement en-
clenchés et, tandis que le signe carré
jaune de la voie de garage était Ktvfrt
derrière le train 510 qui quittait certe vue
i ' ai reprendre sa marc le. norm i e, 'e si-
gnal carré en damier rose et blanc de cette
voie principale se fermait derrière îe train
510.
En conséquence, il faut absolument dé-
gager la responsabilité du personnel dé la
gare d'Epernon.
Le récit «l'un témoin
Un agent de la compagnie, M. Georges
Piérard, qui se trouvait dans le train 510,
a fait un récit de ses émotions.
N'écoutant que son devoir, il se mit tout
de suite à la disposition de M. Oury, chef
de gare d'Epernon, et contribua au sauve-
tage des blessés.
â C'est miracle, dit-il, que j'aie échappé
moi-même à la catastrophe, car je me trou-
Vais, en effet, dans l'un des wagons broyés ;
par la machine 980, cause de l'accident.
C'est' au milieu d'un enchevêtrement inex-
tricable do matériaux de toutes sortes que
je me trouvais enfoui; et chose bizarre, une
valise que, j'avais placée dans le filet, au-
dessus de ma tête, &e trouvait devant moi,
dans le même Met qui n'avait nullement
souffert;
Des cris de douleur se faisaient, entendre
de toutes parts, et c'est au milieu de gémis-
sements épouvantables que les services de
sauvetage et de déblaiement furent établis.
Les corps des victimes étaient affreusement
mutilés ; les blessés portaient des plaies pro-
fondes ; les soins les plus empressés furent
prodigués aux plus dangereusement atteints,
esquels furent transportés par le premier
train £1 Chartres, et dirigé» Bur l'Hôtel Dieu
de cette ville.
Le brave homme, en proie à une émo-
tion bien compréhensible, tressaille encore
en donnant ces émouvants détails.
Visite de M. Barthou
M. Barthou, qui était parti dimanche
soir à onze heures, par train spécial, pour
Epernon, accompagné de MM. Lilaz, sous-
chef de cabinet, et de Carminat, directeur
de la compagnie de l'Ouest, est rentré hier
matin à Paris par le train Etat 80, à huit
heures quarante. Ce train doit entrer ré-
gulièrement en gare, le matin, à six heu-
res trente-cinq. ,
Un des fonctionnaires du ministère des
travaux publics, interrogé à sa descente
du train, a dit :
â Ce que je viens de voir est épouvantable ; ;
jamais je n'ai vu une chose aussi horrible j
que ces corps déchiquetés étendus dans La j
gare d'Epernon, sans vie.
11 est, a remarquer que toutes les victimes :
portent uiw> fracture assez forte du bassin,
ce qui semblerait indiquer que la secousse a
été excessivement violente. Peu d'entre les
victimes ont été atteintes à la poitrine ; pres-
?jue toutes ont des blessures a la tête et la
fracture du bassin.
Le petit garçon de M. Deschamps a été re-
trouvé à moitié écrasé dans le filet du wa-
gon. Comment expliquer cette horrible
chose?
M. Barthou est reptré au ministère où
il "a demandé qu'on lui fasse parvenir,
aussitôt que possible, la liste exacte des
morts et des blessés.
Pendant son séjour à Epernon et à Char-
tres M. Barthou a visité les morts et A con-
duit lui-même l'enquête entreprise par le
procureur de la République et l'ingénieur
en chef du contrôle.
Lee mort»
"Voici quelle est, à l'heure actuelle, la
liste des morts ,î
Mme Deschamps, mère, rue de Paris, à
Issy-les-Moulineaux.
Enfant Deschamps, huit mois.
M. Gaston Moujot, 20, rue de Picard!*,
à F y 1 *s
M Alfred Brissard, artiste peintre, A
L«i Cure (canton de Mortagne).
Mil* Jeanne M or eau, à Saint-Germala-
la Fouille.
M. le docteur Floquet. médecin légiste,
médecin du Palais de Justice, rue de la
Gaîté, IL
M. Georges Laurent, 20, rue Jean-Jac-
ques-Rousseau, Paris.
M. Prunier, cousin de M. le docteur Fîo-
quet,
M. Devienne, 24, rue Victor-Hugo.
Une femme inconnue. *
M. Davenne, retrouvé gravement blessé,
et qui a succombé dans la journée d'hier.
M, Camille Gorju, signalé comme étant
blessé des plus gravement, est au plus mal
à l'hôpital de Chartres et l'on ne pense
pas qu'impasse la journée.
Deux autres darnes, qui ont été égale-
ment transportées à l'hôpital de Chartres,
sont considérées comme perdues.
(Voir plus loin la liste complète des
noms et adresses des personnes blesséesâ )
Deux arrestations
M. Lepelletier, procureur de la Républi-
que, à Chartres, et M. Sée, juge suppléant,
s'étant transportés à Epernon, ont lancé
un télégramme au commissaire de sur-
veillance de la gare Montparnasse, pour
ïc prier d'arrêter le mécanicien et le chauf-
feur de la locomotive qui a tamponné le
train.
Quelques blessés
L'état de Janet, député du Doubs, qui
se trouvait dans le train tamponné, est
aussi satisfaisant que possible. Contraire-
ment aux informations pâmes. M. Janet
n'était pas accompagné de sa. fille.
Quatre victimes sont actuellement soi-
gnées à l'hôpital Neckei'.
M. Emile Hanou. blessé à la tête, et
traité dans la salle Melgaigne â Mm e Vinnot,
qui a des fractures à la jambe gauche et
des contusions se trouve dans la salle Le-
noir. Dans la même salle est soignée Mme
veuve d'Abanza, qui souffre de fractures à
la jambe et de blessures à la tète. Mme
Deschamps, fracture des deux jambes et
blessures à la tête est soignée dans la salle
Foucher ; elle a été ramenée à Paris ce
matin par le tTain 88.
M. Henri d'Abanza, âgé de 28 ans, a été
autorisé hier matin, à quitter l'hôpital,
Un certain nombre de blessés, amenés
dimanche à l'hôpital, ont pu rentrer chez
eux.
Le docteur Floquet
Le docteur Floquet qui a trouvé la mort
dans cet horrible accident, était très connu
à Paris et en particulier dans la presse
parisienne. Il était, depuis de longues an-
nées, médecin du Palais et de l'Association
des Journalistes judiciaires.
La famille de M. Floquet, sa femme et
ses deux fils, se sont aussitôt rendus I
Epernon.
A la gare Montparnasse â L'arrivée tfei
cadavres
Hier après-midi, sont arrivés à Paris, à
la gare Montparnasse, les corps de sepi
des dix victimes de la catastrophe d'Eper-
non. *
Sur le quai de la gare des messageries,
attendaient les parents des morts, anxieux
et tout en larmes. Auprès d'eux,so tenaient
M. Chautard, président du Conseil muni-
cipal, et son chef de cabinet, M. Ranson,
président du Conseil général, le colonel
Ebener, représentant le président de ïa
République, qui était un ami d'enfance du
docteur Floquet, avec qui il fit ses études
au collège de Wissembourg ; M. Fritsch,
chef-adjoint de l'exploitation de la Compa-
gnie de l'Ouest; Laurent, secrétaire géné-
ral de la préfecture de police ; le docteur
Chartin, directeur des services d'hygiène,
le docteur Socquet, qui était, lui aussi, un
ara i du docteur Floquet.
A six heures moins dix, arrive le train
lugubre qui contient les sept cercueils.
Deux fourgons sont amenés au quai où
nous attendons, le coeur serré... Seuls, quel-
ques parents ou quelques amis des blessés
ou dés disparus troublent le silence grave
qui règne dans ce coin à demi-obscur, en
venant demander un renseignement au
employés de la Compagnie de l'Ouest. Une
femmes, les yeux rouges de larmes, inter-
roge M, Fritsch à mes côtés : elle est sans
nouvelles de son mari,elle craint qu'il n'ait
été victime de l'accident. M. Fritsch véri-
fie sur sa. liste... C'est un moment d'inex-
primable angoisse, mais, heureusement, le
nom indiqué 11e se trouve pas sur la liste
lamentable.
On ouvre le premier fourgon : tout le
monde se découvre. Quatre agents y pé-
nètrent et en sortent portant un cercueil ;
c'est celui de Mlle Jeanne Moreau.
Ils vont le déposer dans une salle, réser-
vée d'ordinaire au service médical. Six fois
encore la lugubre promenade recommence
De trois autres fourgons, ils emportent les
cercueils du docteur Floquet, de M. Des-
champs et de son enfant, de M. Mougeot.
de M. Prunier.
Le dernier corps est celui d'une femme
inconnue : quelques personnes croyant,
d'après les indications données hier par
les journaux, que c'était une jeune fille de
leurs amis, étaient venus dans l'angoisse
terrible de la trouver morte : on ouvrit la
bière devant elles, elles ne reconnurent
pas le cadavre â qui fut transporté à la
Morgue hier soir.
Les familles pénètrent dans la salle fu-
nèbre où les cercueils ont été déposés à
terre : elles prennent leurs disposition*
pour reprendre leurs morts. Les dépouilles
mortelles du docteur Floquet et de M. Pru-
nier seront déposées ù l'église Saint-Pierre
de Montrouge, en attendant l'inhumation
qui aura lieu mercredi à midi ; les corps
de M. Deschamps et de son enfant.' seront
transportés à Meudon ; M. Mougeot sera
enterré mercredi au cimetière de Mont-
rouge;
M. CLEMENCEAU PANS LE VAR
LE BANQUET DE COGOLIN
Accueil chaleureux
Cogôlin, 15 octobre.
Toutes les dispositions ont été prises
pour recevoir dignement lo ministre à Co-
golin. Arcs de triomphe, pavois, pins déco-
rés de fleurs en papier, salves, rien ne
manque. Le conseil municipal et tous les
invités se" sont portés à sa rencontre, à
l'extrémité de là rue Gambetta, d'où ils
l'ont conduit à l'hôtel de ville. Dès son ar-
rivée devant la mairie. M. Galfard lui sou-
haite la bienvenue.
M. Clemenceau lui répond quelques
mots.
Deux jeunes filles lui offrent une gerbe
de fleurs. Les enfants des écoles chantent
la Marseillaise.
Ensuite a lieu la présentation des maires
des cantons avoisinants, notamment ceux
de Saint-Tropez, de Grimaud, de Rama-
tuelle, etc.
Le maire de Cogolin, en les présentant,
a salué dans M. Clemenceau le champion
infatigable des luttes républicaines.
M. Clemenceau lui a répondu qu'il était
venu en ami et que c'était en ami qu'il dé-
sirait être reçu, et il a ajouté ;
« Je reconnais parmi ceux qui vous en-
tourent beaucoup de ces amis. »
Interpellant l'un, d'eux qu'il salue de la
main, ii lui dit : « Vous souvenez-vous des
huées qui nous poursuivaient il y a quel-
ques années. Les cris de haine nous ren-
daient plus fiers que vous /ie pouvez le
supposer, ⢠parce que nous étions sûrs de
la victoire finale. Vous et moi, monsieur le
maire, nous avons posé les premières pier-
res de l'édifice, mais les meilleurs ouvriers
ne sont pas ceux qui posent les tuiles du
faîte de l'édifice ; ce sont ceux qui en ont
creusé les fondations. »
Le banquet
Cogolin, 15 octobre.
C'est dans un atelier de grainage appar-
tenant ù. l'un des ^habitants de la localité
qu'a lieu ïe ban
Sur les murs sont collées des affiches
manuscrites portant les noms des diffé-
rents cantons de l'arrondissement.
Des guirlandes de buis sont suspendues
au-dessus des tables.
Derrière la table d'honneur qui occupe
l'un des côtés de la salle, des drapeaux
tricolores encadrent un cartouche tricolore
portant au centre les lettres R. F,
â Les convives sont au nombre de 450 en-
viron, presque tous représentants élus de
l'arrondissement : les maires, les conseil-
lers généraux, les conseillers d'arrondisse-
ment sont présents;
Bien que M. Allard, député socialiste
unifié de 1a circonscription, ait publique-
ment lait savoir qu'il ne se rendrait pas
au banquet, les socialistes unifiés sont ve-
nus en très grand nombre.
Le ministre de l'intérieur a à sa droite !e
maire et à sa gauche le préfet.
Ont' également pris place à la table
d'honneur, MM. Albert Clemenceau, Wln-
ter, Raux, préfet, Clavier, maire de Dra-
guignan.
Lu préfet, M. Raux, prenant le premier
la parole, dit que les manifestations qui
sont produites sur le passage dti ministre
de l'intérieur, prouvent l'intensité des sen-
timents de fidélité, d'amitié, de dévoilement
et d'attachement que les population* du
Var professent pour leur éminent repré-
sentant au. Sénat. En terminant, le préfet
porte toast très applaudi au président
de la République.
Mv Galfard, maire de Cogolin, apmêfl
avoir remercié M. Clemenceau de sa visite
jJans un pays qui lui a toujours été entiè-
lemerrt dévoué, appelle son attention sar
quelques-unes des revendications de la po-
pulation.
11 lui demande notamment de se faire te
défenseur de l'agriculture. Il réclame le
vote des retraites ouvrières.
En terminant, il lève son verre en 3'hoa-
neujï-de M. Clemenceau
M, Slgallas, sénateur, a dit combien
étaient profonds les sentiments républi-
cains de Cogolin et des autres villes du
golfe.
H a continué ainsi : « Dans le golfe com-
me dans tout le Var, du reste, on est fon-
cièrement républicain. Comme partout,
chacun ne conçoit pas la Républiq' ïe avec
la même mentalité : les uns sont plus fou-
gueux, les autres plus réfléchis. Les pre-
miers, impatients de réaliser leurs idées,
n'hésitent pas à faire appel à la révolu-
tion ; les derniers, plus sages, croient que
c'est par l'évolution qu'on établit plus sû-
rement un état social.
Ceux-ci pensent que c'est par la vio-
lence qu'on impose les réformes ; ceux-là
prétendent que c'est par l'éducation du
peuple. Mais tous poursuivent le même
but. le même idéal : faire une Républiqxie
de fait, une République susceptible de réa-
liser tous les jwogrès, toutes les réformes,
tentes lip améliorations dans l'ordre éco-
nomique et politique.
M. Sigalîas félicite ensuite M. Cîemeaf-
ceau d'être resté toujours fidèle aux con-
victions républicaines de sa jeunese et
d'avoir donné un démenti à ses ennemis
qui ne voyaient en lui qu'un" démolisseur.
f L'homme, dit-il. qui, succombant aut
coups d'une coalition sans aveu, restaiî
sourd aux pressant J appels de la démo-
cratie de France pour s'enfermer dans son
cabinet de travail et y enfantait entre tant
d^autres^, le G at&t Pan et la. Mêlée. Sociale,
l'homme qui menait avec tant de verve, ae
logique, de courage, de succès, cette admi-
rable campagne contre la pibs grande ini-
quité du siècle, i'hoinme qui n'acceptait sa
réhabilitation que dans son département
d'adoption, l'homme assez fort pour dira
en plein Sénat : u Périsse la République
plutôt que la liberté, parce que la Répu-
blique ne peut vivre sans la liberté, et la
liberté sans la République >» ; cet horanaa
ne pouvait avoir le cerveau vide d'idées
généreuses et créatrices, »
M, $iga!las termine en exposant dans
leurs grandes lignes les projets importants
dont ïa région attend avec impatience la
réalisation. m
LE DISCOURS DU MINISTRE
« ⢠.
Draguignan, 15 octobre.
M. Clemenceau, au banquet de Cogolin^
a prononcé le discours suivant :
« Mes chers arais, je ne me souvins
pas d'avoir été pour prendre la parois
dans cet!j» rêunio». avisai erabarr&MiS
ipi'aujourd'hui, M faut que je réponde $
votre maire, à M. S'gallas, A M. Martin*
le ne peux pas les contredire, i!s ont ex*
primé nies pensées politiques et pour 1d
présent et pour l'avenir et pourtant je
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