Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1867-09-03
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 septembre 1867 03 septembre 1867
Description : 1867/09/03 (Numéro 137). 1867/09/03 (Numéro 137).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 3 Septembre SëOT
437. — Ëdiii&j ^aeïM&ské
Mardi 2$ Septembre ISÔ?
- par I a
On ail . ;.......... 80
Sil B30ÎS. ........ Si
Tïote toola M
Le aùix.érn . 15 centime»
Paris ,'-10, rue ues : Saints-Pères .
On s'aopnne à Borna, au bureau do la Civiilà eattuitee
. vl» de] Qean, 6J
DEPARTEMENTS
On an . ;.. ; G6 fr
3ix mob 34
Trois mob.. t i8
Ùttlaa M»ul<4guatSUu an, 33fr. —Six mois, 19 fr. —Trois moÎH. iO fr.
t/Vniviri ne répond pas d^3 m-auscriî;; qui iul nons adrasl
Atr«reifflBmc2iai9j
ES." Ch. L16SAR6B k CËSÏ, 6, place de la Bosrti
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V -^A?US,-'S S^ypTEMBRE 1867
X •' P 1 - - '/—- ' '
V.. JfrïîMJETÏl»
Plusieurs journaux interrogent patiem
ment chacun des orateurs-présidents des
conseils généraux. Gomme ces présidents
sont tous plus ou moins des personnages offi-
. ciels, maréchaux, aides-de-camps, conseillers
d'Etat, sénatéurs, députés de la majorité,
ministres, les journaux s'imaginent volon
tiers que l'idée, s'il y en a une, qui inspire
leur discours est fille des déclarations d'A
miens, d'Arras ou de Lille. Ainsi, il devient
important de savoir quel toast a porté M. Ba-
roche au dîner qui a suivi la séànee du con
seil général, ce que pense le général Allard
des éventualités prochaines, quels secrets a
révélés M. de Moustier.
Malheureusement, ces divers personnages
et d'autres encore ont parlé, qui de la vigne,
qui des'chemins vicinaux, qui des fourrages
fil est vrai que ceci: est une.question militai
re), qui de l'Exposition, qui de la santé pu
blique. M. le baron David a célébré le suffra
ge universel en ce galimathias : « Le suffrage
universel plane sur ' la marche des affaires
pour dicter la volonté nationale. » Du reste,
nulle part, nul éclaircissement- sur rien, ce
qui n'empêihe pas l'éloquence officielle de
nous donner de beaux modèles du bien dire
et du bon goût. .
Le gouvernement espagnol a cessé de pu-
blier des bulletins de l'insurrection, qu'il con
sidère comme finie. Le général Prim redevient
donclibrede rentrer en son hô tel deBruxelles,
et d'y reprendre sa vie de plaisirs, après qu il
a fait tuer pour son compte des soldats et des
paysans, qui vraisemblablement seraient res
tés tranquilles sans ses excitations. Cette con
duits ressemble beaucoup à de la lâcheté.
Que sert-il d'invoquer la bonne lame de lo-
lède lorsqu'on se bat ainsi par procuration !
Cependant les révolutionnaires nous repré
sentent ce monsieur comme un homme de
.cœur. line faut que définir le courage et
l'honnêteté. ,
Vinternational de Londres nous revèle un
côté nouveau du bill de réforme qui réjouiPa
M. John Stuart Mill. On se rappelle que ce
gentilhomme proposait le droit au vo.te pour
les femmes. « Les feïQïïîes, avait-il dit, à la
vérité, ont déjà un grand pouvoir social,
mais elles n'en ont pas trop et ne sont pas
des enfants gâtés tels qu'on le suppose géné
ralement, Du reste, quel que soit leur pou
voir, ie veux qu'il soit responsable, et je leur
donnerai le moyen de faire connaître leurs
besoins et leurs sentiments. » Que M. John
Stuart Mill soit satisfait. De par le bill de
réforme, les femmes possèdent aujourd hui
ce moyen. En effet, le bill ne limite point
aux hommes le droit au vote. Or, 1 acte de
lord Brougham, accepté par les Chambres en
1850, déclare « qu'aûn d'alléger le langage
parlementaire de redites inutiles, il est dé
cidé que, dans tous les actes, les mots se rap
portant au genre masculin s étendront éga
lement aux femmes, à moins qu on ne dé-
-clare le contraire en termes exploites. »
Voici un résumé de la situation de 1 Irlan
de nar le lord -lieutenant de ce pays. et L Ir-
' lande n'a besoin que d'une bonne récolte
pour que sa population soit heureuse et con
tente. Depuis 1860, 500,000acres de terre ont
été retirés à l'agriculture, mais le nombre
des troupeaux et duiétail a augmenté dans
les six premiers mois de 1867 ; l'émigration
n'a enlevé que 48.000 âmes à la population
-irlandaise.» Ah! lord lieutenant : si les
lions savaient peindre et si>3 Irlandais pou
vaient parler, votre rapport ne tiendrait
SU Les'élections pour le Parlement du Nord
ont commencé en Allemagne. A Berlin ce
sont lesprogrësàistes qui 1 ont emporté, et les
conservateurs à Breslau, Magdebourg, Stet-
tin et Dantzig. Le général Vogel de Pal-
kenstein a été élu à Kœmgsberg. Il n est pas
douteux que les créatures de M. de Bismark
ne soient en majorité dans le nouveau Par-
^L^MomVeur publie un discours de M.
Trooloner, prononcé à Evreux pour la distri
bué dès prix aux instituteurs du départe
ment de l'Eure. Nous passons les éloges à
M DuruV. « ministre aussi éclairé qu ardent
ku bien • » mais nous recueillons les paro
les suivantes, où la question d'instruction est
traitée à un point de vue original et neuf.
Le Français a été gi richemant doiô parla na
ture, que, par son propre génie, il peut, à la ri
gueur, se passer plus que d autres de acquit
«m'emportent de l'école ceux qui la fréquentent.
Nous avons été un grand peuple dans la P^ et
dans la guerre, môme avant la diffusion. actuel
le de l'enseignement dans lés masses. Le Fran
çais grâce à ses qualités natives, à son adresse,
à sa' prftsence d'esprit, à_ la vivacité de son intel
ligence, n'était pas, quoique illettré, plus mau
vais soldat, plus mauvais laboureur, plus mau
vais ouvrier que ceux qui, ailleurs, savaient lire
couramment dans la Bible.
Aujourd 'hui, le soldat français, même quand
il ne sait rien, n'est pas moins le z&uave le
plus redoutable du monde, et il n'a pas besoin
id avoir été à l'école pour n'avoir pas peur des
sanglantes prouesses du fusil à aiguille.
Tout cela est vrai. Mais comment ce brave et
incomparable soldat trouverait-il dans sa giberne
son iâlon de maréchal de France, s il ne savait
ni lire ni écrire ? Vuilà la grande objection conti e
ICignorance. '
Rien de mieux. Mais, puisque la-grande ob-
iection contre l'ignorance est que le brave et
incomparable soldat ne peut trouver dans sa
hiberne son bâton de maréchal, s il ne sait
S lire, ni écrire, comment fera M.Troplong
•pour nous prouver que la diffusion de 1 en
seignement n'est pas une grande objection
contre l'armée? Tous les soldats, braves et
incomparables, seront maréchaux dès qu ils
sauront lire et écrire. Et pourtant on ne peut
pas supprimer les caporaux.^
ICO
l'espèce eî les splendeurs de la planète.
C 'est M. Antony Méray à qui M. Gué-
roult a confié le solo qute vont répéter
en chœur tous les adeptes de ce qu'on
•appelle la libre pensée. L'Eglise n'a qu'à
■se bien tenir : M. Méray la menace d'une
irrémédiable ruine, si elle ne chante pas
avec lui et comme lui'; le Concile œcu
ménique décrétera dans le vide, s'il ne
.sanctionne pas les vérités que M. Méray
vjsut bien chanter d'avance, afin d'éclai
rer la route.
En face se trouvent la religion et la
science. Sans nul doute, la science écra
sera la religion :.c'çst même, chose déjà
faitej comme l'a crié M. Sainte-Beuve,
un fort chanteur aussi, et qui s'emploie
en ce moment à construire une morale
nouvelle sur unç base à déterminer plus
tard, la ville de Néphélococcygie.
Nous savons ce qu'est la religion;
voyons donfr«©-q»'est la science, pour
les disciples de M. Guéroult, disciple
'du Père Enfantin, et voyons ce que ces
doctes disciples savent de la religion,
dont ils parlent avec un si superbe mé
pris. Nous avertissons que les italiques
sont de nous.
« Tant que la science, dit M. Méray, ne
nous a donné que des fruits verts, on fut
peut-être autorisé à en garantir nos dents en
pat rodant la salubrité de Vignorance ; tant
qu'elle n'eut pas étalé devant nos yeux la
splendide spectacle de l'activité infinie des
mondes, on put déifier la paresse; tant qu'elle
ne nous eut pas révélé les harmonies serei
nes des lois de la nature, on put déifier les
terreurs d'un arbitraire inconnu; tant que l'on
crut à l'isolement de la terre, qu'on regarda
la vie humaine cpmm'e une heure d'épreuve
furtivement glissée entre les deux moitiés de
l'éternité, comme un pont glissant jeté entre
deux abîmes, on eut à peu" près le droit de
contraindre ses semblables à ne pas agacer
l'Expérimentateur suprême, et à suivre la
seule voie qui pût les soustraire à ses impla
cables fantaisies de vengeance. Par bonheur,
il n'en est plus ainsi : la science a tellement
reculé les bornes de la nature vivante, que
tous les phénomènes de la vie y tiennent
désormais, même l'inconnu et l'inexpliqué. »
. Ainsi, pour M. Méray, la religion ca
tholique, le christianisme « patrone la
salubrité de l'ignorance ; » la preuve
s'en trouve dans les écoles qu'il a fondées
partout, dans l'impulsion qu'il adonnée
partout aux recherches scientifiques ,
dans la fondation des Universités, dans le
dévouement des prêtre® et des hommes
religieux, à l'éducation de l'enfance et
de la jeunesse, dans ces innombrables
légions de docteurs, de théologiens, de
philosophes, de savants en tout genre
qui lui forment une si glorieuse cou
ronne. C'est l'Eglise, ce sont les moines
qui nous ont conservé les trésors de la
science et de la littérature antique; c'est
l'Eglise qui a appelé tout le monde, les
petits comme les grands, les pauvres
comme les riches, à la connaissance des
lettres et des sciences, à la connaissance,
plus utile, plus sublime encore des éter-
! nelles vérités qui constituent la base la
plus solide des sociétés humaines et de
la civilisation. C'est ainsi qu'elle a pa-
troné la salubrité de l'ignorance. -
Elle a « déifié la paresse » en la pla
çant au nombre des sept péchés capi
taux, en la poursuivant sous toutes les
formes, en proclamant que celui qui ne
travaille pas ne doit pas manger, en
faisant des nations chrétiennes des so
ciétés éminemment actives et laborieu
ses, en promouvant les travaux de tou
tes sortes, et en proscrivant l'antique
cri du monde païen : Du pain et des jeux !
Mais M. Méray croit que les solitaires
d'Egypte étaient des paresseux, que le
bienheureux Labre était un paresseux ;
il ne connaît sans doute que le travail
des mains, que le travail forcé, lui qui
nous dit pourtant que le progrès mo
derne remplace peu à peu et finira par
remplacer tout à fait le travail des
mains, -et donnera aux hommes le
temps de penser, que l'Eglise avait as
suré par le repos du dimanche et des
fêtes, repos si vivement blâmé par l'é
cole saint-sirnonienne; et il ignore tout
ce que faisait pour ses frères, par ses
exemples, pàr sa charité, par ses con
seils, ce bienheureux Labre, dont la
glorification déconcerte si fort les libres
penseurs.
M. Méray, qui n'a sans doute pas cru
devoir étudier la religion dont il prédit
la chute, s'imagine que le christianisme
ne voit en Dieu que « l'arbitraire » et
« d'implacables fantaisies ». Tel n'est
pas le Dieu du Christianisme; M. Méray
veut parler du Fatum antique, qu'il au
rait raison de combattre, s'il n'en res
taurait pas le culte avec ses théories.
Après cela, nous ne pouvons qu'ad
mirer cette phrase naïve, où il glorifie
la science qui rend compte de « tous les
phénomènes de la vie, » quoiqu'il en
reste encore d'« inconnus » et d'« inex
pliqués. » Science qui ignore, qui ne
peut expliquer; voilà u«ae science qui
ressemble beaucoup à autre chose.
Au reste, le rédacteur de l' Opinion na
tionale est bonhomme; il veut bien don
ner quelques conseils, d'ami à « la théo
cratie romaine, » et il l'engage à « pro-
« fiter de la réunion du prochain Con
te cile œcuménique pour se faire ren
te seigner sérieusement sur les réalités
« divines , que les travaux et la civilisa-
« tion modernes ont dérobées au grand
« trésor ; a s'appuyer sur la part indis-
« eu table des révélations nouvelles , pour
« restaurer la part hypothétique de cel
te les de ses traditions que les conquê
te tes de l'expérience et de la conscience
ee collective ont si largement ébréchées.»
Un peu plus de clarté ne nuirait pas à
ces conseils. Quelles sont les te réalités
divines, les révélations nouvelles » dont
veut parler M. Méray, et qu'entend-il
fjar les te conquêtes de la conscience col-
ective ? » On voit des mots et des phra
ses ; est-ce que le progrès consiste à par
ler pour ne pas être entendu ? Il est vrai
qu'il s'agit d'un chant; peu importent
les paroles, la musique est "tout.
La strophe suivante est une impréca
tion « contre l'interminable épreuve du
moyen-âge, » pendant laquelle te les so
ciétés humaines semblèrent se débattre
dans un milieu halluciné. » Il est vrai
que c'est pendant cette ee interminable
épreuve» que, grâce à l'actiondel'Eglise,
l'ordre chrétien sortit du chaos de la
barbarie, que Charles-Martel écrasa les
Sarrasins, que Charlemagne organisa
l'Europe et conçut les Capitulaires , qu©
les nations > chrétiennes grandirent et se
mirent en'état de dominer le reste du
monde, que l'esclavage disparut _de
l'Occident, que l'agriculture fut remise
en honneur, que l'art éleva et enrichit
les cathédrales, que les croisades refou
lèrent en Asie l'islamisme, que la bous
sole fut appliquée à la navigation, que
l'imprimerie fut inventée et l'Amérique
découverte, - enfin qu'on vit briller ce^
grands noms qui ont à peine quelques
égaux dans les temps modernes, Char
lemagne, saint Louis, Christophe Co
lomb, saint Bernard, saint Thomas
d'Aquin, sans parler de ces Papes qu'ad
mirent les historiens protestants eux-
mêmes, les saint Grégoire VII, les
Alexandre III, les Innocent III, etc. .
Mais l' Opinion nationale ne sait rien
de tout cela. Elle ne voit, pendant le
moyen âge, que des alchimistes, qui,
pourtant, préparaient les progrès de la
chimie, que des ee astrologues, nécro
manciens, géomanciens, tireurs d'ho
roscopes, sorciers », que l'Eglise con
damnait, et surtout ee des miraculistes
et surnaturalistes de toute espèce », qui
gênent fort M. Méray, mais qu'il fau
drait combattre autrement qu'en les
nommant.
Les strophes succèdent aux strophes
et les mots aux mots, sans présenter
plus de sens ou plus de vérité. Voulons-
nous savoir pourquoi le moyen âge ne
pouvait rien pour le progrès, écoutons :
« En matière de sentiment, le moyen âgé
avait pour types de perfection la virginité du
prêtre, l'isolement du cénobite, l'oisiveté du
seigneur, la mendicité du moine, l'implaca-
bilité de la loi, l'inique répartition des dro its,
l'orgueil du prinoe, l'intolérance du croyant
et la foi à la possibilité du salut individuel.
Comment le dernier mot de la foi religieuse
et de l'espérance idéale eût-il pu sortir, im
muable et complet, d'un pareil mélange, où
entrait si peu de sens moral et de rectitude
intellectuelle?.-Qui ne voit, au contraire, com
bien le but ^'équité et de réciprocité géné
rales s'illumine devant les nouvelles acquisi
tions du sentiment et de la science; combien
la dignité et la moralité de l'homme grandis
sent, en se dégageant peu à peu des humi
liantes aberrations du passé? »
Reprenons tout cela. . -
La virginité du prêtre catholique of
fusque l'Opinion nationale : ne pourrait-
elle pas jeter un coup d'œil sur les pays
où la virginité du prêtre n'est pas regar
dée comme, un type de perfection et nous
dire ce qu'est le ministre protestant, ce
qu'est le pope russe pour le peuple qu'il
est chargé de conduire ; nous ne parlons
pas des qualités personnelles, des vertus
privées qui peuvent se rencontrer, nous
parlons de l'influence sociale, moralisa
trice, civilisatrice, si l'on veut bien nous
permettre l'emploi de ces affreux mots.
De l'aveu même de ses adversaires, le
prêtre catholique est supérieur à tout
autre : le célibat le rend le véritable père
des fidèles qui lui sont confiés, il en
fait le vrai pasteur de son troupeau, et
c'est surtout dans les calamités que cette
supériorité se manifeste avec un incon
testable éclat. Le célibat, qui est la gloi
re du prêtre, aux yeux même des popu
lations les plus grossières, est aussi sa
force; c'est pour cela, nous le savons
bien, que les ennemis du catholicisme
s'acharnent contre le célibat. En géné
ral, la virginité chrétienne leur est
odieuse; comment donc ne voient-ils.
pas que, lorsque la virginité s'en va, la
fécondité s'en va aussi ; vous n'avez plus
de vierges chastes, vous avez des filles
perdues qui ne sont pas mères, et dont
la multiplication est l'une des plus
puissantes causes de dépopulation
qui existe.
Ne parlons pas de ee l'isolement du cé
nobite, » singulière alliance de mots qui
nous présente comme isolé l'homme qui
vit en communauté ; nous savons que
les cénobites ont défriché l'Europe ; c'est
à eux que l'agriculture doit sa réhabi
litation et ses progrès, à eux que l'Eu
rope doit d'avoir conservé les trésors de
l'antiquité.
Ensuite,|s'il y avait au moyen âge plus
de seigneurs oisifs qu'il n'y a de riches
oisifs à notre époque, que YQpinionnatio-
tiale le prouve, mais elle ne prouvera
pas que l'oisiveté des seigneurs fût re
gardée comme un type de perfection ;
s'il y avait des moines mendiants, elle
ne doit pas ignorer que ces moines tra
vaillaient, prêchaient, écrivaient, ins
truisaient les enfants et les ignorants,
se contentaient de peu, et partageaient
avec les pauvres; de nos' jours, il y a
d'autres mendiants, et très-nombreux,
qui vivent aux dépens du public sans
rendre aucun service, et qui se gardent
bien de mener la vie austère des moi
nes. Mais alors la loi était implacable,
dit l'Opinion. Qui donc en a peu à peu
adouci les rigueurs? Est-ce la science
ou l'esprit chrétien? Et, si le christia
nisme s'en allait, comme la loi rede
viendrait bientôt et nécessairement im
placable ! La science a inventé la guil
lotine, invention très-philanthropique,
mais que les révolutionnaires de 93,
fort ennemis du christianisme et
grands admirateurs du progrès, ont
bien su utiliser avec une ee, implacabi-
lité » que le genre humain n'oubliera
jamais.
Il y avait ee une inique répartition des
droits ; >"> qui travaillait à réparer cette
iniquité, si ce n'est l'Eglise? Déjà elle
avait proclamé que tous les hommes
ont des droits égaux davant Dieu; 89 a
ajouté*: devant la loi; mais l'on ne voit
pas toujours que la proclamation de ces
droits ait rendù les petits et les pau
vres plus contents de leur sort.
Laissons maintenant te l'orgueil du
prince ; » il est peu de rois du moyen âge
qui n'aientété plus facilement accessibles
que le dernier des financiers enrichis de
nos jours. On sait ce qu'il faut penser de
te l'intolérance du croyant, » et l'on p^eut
se demander quelle morale apparaîtra
lorsque les hommes, cessant d'avoir ee la
foi à la possibilité du salut individuel, »
croiront que l'humanité se sauvera en
masse et nécessairement, en vertu du
progrès? Ce Sera la morale de M. Sainte-
Beuve. Nous en avons sous les yeux de
fort nombreux.ichantillons, qui ne sont
ni beaux ni rassurants.
L ' Opinion nationale, qui a. d'autres
yeux que le Commun des mortels, voit,
grâce à la science^ ee la dignité et la mo
ralité de l'homme grandir, en se déga
geant peu à peu des humiliantes aber
rations du passé. » Nous voyons, nous,
des milliers d'hommes qui s'abrutissent
au cabaret, qui travaillent, même le di
manche, comme des bêtës de somme
sans avoir d'autre jour de repos que
celui où ils oublient leur dignité d'hom
mes ; nous voyons les ouvriers de Shef-
field, les émeutiers de Roubaix, les
malheureux engloutis dans les houil
lères; nous voyons les progrès de l'ivro
gnerie et de la débauche. C'est là qu'a
boutissent ceux qui se dégagent des
humiliantes aberrations du passé; s'il
reste encore quelque part un peu de
vraie fierté, de dignité, de moralité,
c'est surtout parmi les hommes qui s'en
tiennent à ces humiliantes aberrations,
en bas, comme en haut, comme à tous
les degrés de l'échelle sociale.
Après les imprécations viennent les
chants de triomphe, dans l'hymne de
Y Opinion nationale.
Une strophe à l'astronomie, qui nous
empêche de croire que notre planète,
« grain modeste de la poussière des
mondes, » ait « des lois spéciales et des
dieux particuliers. » L'Opinion nationale
ignore sans doute que les chrétiens ado
rent dans leur-Dieu, le créateur du ciel
et de la terre, c'est-à-dire le créateur du
monde entier.
Une strophe à la géologie, qui nous
apprend que « des lois sagement coor
données font mûrir patiemment les
sphères, ces fruits naturels des champs
de l'infini; » ce qui renverse l'hypothèse
te d'une création arbitraire, faite de rien
par une volonté fantastique. » De sorte
que ces champs de l'infini ont des lois
sans législateur, que ces êtres muables,
et conséquemment contingents, non né
cessaires, existent sans cause. Le pro
grès ne permet plus de raisonner avec
la raison. *
Une strophe à la chimie, ee qui a fait
. évanouir le fantôme de l'anéantisse
ment, »-ce qui était d'autant moins dif
ficile que le christianisme n'enseigne
pas l'anéantissement, mais la transfor
mation de la matière; mais la chimie
fait mieux : elle empêche de croire à la
résurrection des corps, à ce que dit M.
Méray, qui prouve ainsi qu'il n'a aucu
ne idée de ce que les chrétiens enten
dent par la résurrection.
Une strophe à la mécanique, tt qui
vient renouveler l'outillage du monde,»'
ce qui ne nous semble pas du tout em
porter l'annulation des commandements
de Dieu et des vérités de la foi chré
tienne. Cette mécanique, à ce qu'il pa
raît, « jette déjà des torrents de vie au
sein des peuples naguère isolés et hos
tiles. « Nous ne voyons pas que les peu
ples soient moins disposés à s'ehtretuer
avec des fusils à aiguille ou des fusils
Chassepot, qu'autrefois avec des lances
et des arbalètes, et il nous semble que,
depuis le moyen âge, on. ne les a plus
guère vus unis et combattant à côte les
uns des. autres dans un même but, com
me on l'a vu à l'époque des croisades.
Là foi les rapprochait ; nous verrons ce
que fera la mécanique sans la foi. Mais
cette mécanique est merveilleuse ; te elle
te travaille à multiplier les possibilités du
ee bien-être qui rassérène l'esprit et
ee adoucit les mœurs. » Possibilité est
bien dit; nous aimerions mieux la réa
lité, qui s'obstine à ne pas venir pour
tant de millions de créatures humaines,
qui n'ont plus la foi et que la mécanique
n'a pas rendues plus heureuses, ce qui
fait, sans doute, que les mœurs ne s'a
doucissent pas à Sheffield et que les es
prits ne se rassénèrent nulle part.
Une strophe à l'histoire, et qui a reculé
l'origine des sociétés humaines bien au-
delà de la famille de Noé (la Bible en
fait autant), bien au-delà de l'époque
assignée au couple paradisiaque ;(nous
en attendons la preuve). » M. Méray s'i
magine que les. âges de pierre et de
bronze remontent au-delà d'Adam ; r
ignore-t-il que, maintenant encore,
l'âge de pierre et de bronze existe pour
plus d'une peuplade ; les instruments
en pierre, en bronze, devront- ils faire
conclure à nos neveux que ces peuples
ont existé des milliers d'années avant
nous? M. Méray croit à l'état sauvage
primitif, mieux que cela, à l'animalité
irrationnelle de l'homme, qui a dû
commencer par être un singe, lequel
avait été d'abord quelque autre animal,
dérivé lui-même d'un autre, qui doit
remonter à une plante, etc., le tout se
lon le degré de maturité de la planète.
Nous ne sommes pas au bout, car il y
a encore une strophé au sentiment, qui,
ee à la thèse égoïste ,du sentiment per
sonnel, a substitué la croyance au salut
universel ;»—à l'opinion publique, ee qui
s'est faite tolérante, » et qui « rend hom
mage à tous les dévouements, à toutes
les activités, à toutes les fécondités du
corps et de l'esprit ; » — à laloi, qui va
renoncer à la peine de mort et qui don
ne la liberté à tous les cultes, ee excepté
à la Mecque et à Rome,*» M. Méray ou
blie l'Irlande et la Pologne ;—aux gou
vernements, « qui se montrent de plus
en plus préoccupés -de la nécessité de
résoudre fcaternellement le douloureux
problème du pftupérisme, regardé jadis
comme une épreuve imposée providen
tiellement à certaines classes de la so
ciété. » C'est-à-dire, monsieur Méray,
que vous confondez la pauvreté avec
le paupérisme; vous ne vous doutez
pas même que le christianisme avait
vaincu" le paupérisme, que le progrès
moderne a produit, d'abord en Angle-
terr« . et qui grandit, si rapidement-,
nlr ".gré votre astronomie, votre chimie,
votre géologie, votre mécanique et vo
tre histoire, que les gouvernements ne
savent vraiment plus comment remé
dier à ce mal inconnu aux siècles chré
tiens. .-—;
Il y en a encore ; mais, vraiment,
c'est assez, et nous demandons pardon
à nos lecteurs de les avoir tenus si long
temps à propos d'un article où les mots
remplacent les choses, les phrases les
pensées, où la véritable portée des pro
grès scientifiques modernes est aussi
méconnue que le christianisme et ses
doctrines sont ignorées, et où l'on ne
peut voir que le triste effet de cette in-
fatuation qu'inspirent la demi-science
et la science incrédule (c'est tout un) à
ceux qui ne veulent pas de la science si
complète, si haute, si parfaitement
coordonnée, quand elle s'accorde avec
les vérités-de la révélation chrétienne.
J. C hantrel.
Lettres de Londres
Londres, 31 août 1867.
_ Mercredi, j'ai assisté à une cérémonie
bien imposante, non par le luxe et l'os
tentation, mais au contraire par sa sim
plicité qui constrastait vivement avec
le haut rang des personnes qui y assis
taient. A quelques lieues de Londres,
sur la route de Southampton et .de
Portsmouth , . se trouve la station de
Weybridge. Pour y arriver, on longe
le terrain sur lequel, tous les ans, les vo
lontaires anglais viennent se disputer
le prix du tir, et qui a servi de prétexte
cette année à la visité des volontaires
belges, qui n'ont cependant paru à
Wimbledon que pour y recevoir une
médaille commémorative des mains du
prinoe de Galles. Après avoir roulé pen
dant une heuro, le train s'arrête pour la
sixième fois, et le cri de : «Weybridge !
Weybridge !» se fait entendre. Je me
trouve au fond d'un immense ravin, et
je dois monter soixante-deux marches
pour sortir de la station. Arrivé au
sommet, je suis au milieu d'une vaste
bruyère, bordée à droite par des pins
d'une taille gigantesque, et à gauche
par des hêtres, des ormes et des chê
nes, également d'une belle venue." Là
bruyère, en ce moment en fleurs est
agréablement coupée çà et là par des
genêts d'Espagne, des mûriers avec
leurs fruits rouges ou noirs, suivant le
degré de maturité, et^de jeunes pins se
més par le vent et qui viennent au ha
sard. On dirait un paysage de Bretagne.
Mais j'ai beau chercher, je n'aperçois
point le village, à moins toutefois qu'il
ne se compose que de l'auberge qui do
mine la station et d'une autre maison
dont je vois à dix minutes de chemin
se détacher la façade de briques rouges
et bleues. Je me dirige de ce côté et je
vois que c'est à la fois la poste et- la sta
tion télégraphique; je distingue dès lors,
au milieu de la verdure des grands ar
bres, quelques carreau^ sur lesquels se
reflètent les rayons du soleil, et la fumée
qui monte légèrement vers le ciel m'in
dique clairement où sont les habita
tions.
C'est là qu'est la modeste chapelle,,
près du caveau où déjà cinq membres
de la famille d'Orléans reposent du som
meil éternel. Elle était pleine mercredi,
et cette foule compacte en grand deuil
assistait religieusement au- service so
lennel pour le repos de l'âme du feu roi
Louis-Philippe. Outre ses enfants, on
pouvait remarquer bon nombre de per
sonnages qui ont joué un rôle impor
tant sous son règne et qui étaient venus
exprès pour cette cérémonie. Je ne nom
merai point ces courtisans du malheur,
bien qu'en les voyant prier pour celui
dont ils avaient partagé la fortune, je
me rappelasse l'acharnement qu'ils
avaientmis, au temps de leur puissance,
à jeter la pierre à ceux qui étaient ve
nus à Londres présenter leurs homma
ges au chef de la race, et qu'ils avaient
dédaigneusement nommés « les flétris
de Belgrave-square, »
Je suis aorti en méditant sur l'étrange
destinée de ce prince qui, après avoir
été exilé par tous les partis, devait en
core trouver la mort sur la terre étran
gère. Je songeais à ses fils que j'avais
vus autrefois si jeunes, si brillants et si
glorieux de porter haut le drapeau de la
France, et que je venais de revoir vieil
lis plus encore par le chagrin que par
les années; je plaignais surtout ces
deux princes qui ont quitté si jeu
nes leur patrie que le mot de France
doit être pour eux une lettre morte.
Absorbé dans ces réflexions, je descen
dis une pente assez rapide qui conduit
au centré du village, et après quelques
détours, j'aperçus une église assez
grande pour contenir trois fois la popu
lation de Weybridge, et dont les cloches
sonnaient à toute volée.
Cela m'intrigua, car les églises angli
canes restent fermées toute la semaine
et on n'a le droit d'y prier que le di
manche et aux heures désignées. En
core à peine le ministre a-t-il dit les
derniers mots du service, que le bedeau
s'empresse de mettre à la porte tous les
membres de sa congrégation, tant il a
hâte de refermer les portes. Je m^infor-
"mai donc et j'appris que c'était une
église de rituaîistes. Encore un pays où
la foi anglicane est bien chancelante,
puisqu'il n'y a que deux Eglises, dont
l'une est catholique et. l'autré ritualiste!
En effet,-le ritualisme, ce premier
pas, selon Mgr Manning, vers le catho
licisme, est la plaie avouée qui doit tuer
la religion anglicane. Etabli, il y a quel
ques années seulement par le. docteur
Pusey, qui depuis s'est-rétracté, il ré
pondait si bien aux aspirations de la
généralité des Anglais pour la religion
de leurs'ancêtres, qu'il.a pris en peu de
temps l'extension la plus large. Les cho-
ses en sont arrivées à un tel point, que
la commission parlementaire n'a pas
osé se prononcer d'une manière posM
tive dans son rapport, qui a paru cette
semaine dans la Gazette officielle. Go
rapport déclare que l'innovation appor
tée dans lés'vêtements des ministres est
contraire à l'usage établi dans l'Eglise
anglicane , mais il ne dit pas qu'elle en
transgresse les lois. .
Il ajoute que l'on peut les tolérer, que
les paroissiens en sont satisfaits. Que de
réflexions ont dû faire les membres de
la commission pour en arriver à un
aussi piètre résultat ! Je vois d'ici le mi
nistre monter en chaire un surplis à la
main, et demander à ses paroissiens si
la forme leur convient. C'est pitoyable.
Mais que peut-on attendre des membres
du Parlement, quand il s'agit de 'traiter
des questions religieuses ? Ils n'ont pas
été élevés peur cela, et q*and ils veulent
s'en mêler, ce serait bien le cas. de leur
appliquer le fameux vers :
Soyez plutôt maçon, si c'est votre métier.
D'ailleurs, cette pauvre commission
se trouvait assez embarrassée par suite
de la prochaine assemblée desEvêques,
qui très-probablement va s'occuper de
cefte question. L'Eglise pan-anglicane
a voulu singer l'Eglise catholique, et
elle a appelé à grands renforts de tam-
tam ses Prélats coloniaux et américains
à venir former une conférence sous les
auspices de l'Archevêque de Canterbu-
ry. Seulement pour cette fois, s'écartant
de leur habitude de copier servilement
les traditions de la vraie religion, les
convocateurs ont eu la pudeur de ne pas
employer le motConcile, ils se sont con-
tenté de celui de Synode.
Ils seront peut-être vingt ou trente
Evêques parlant, il est vrai, la mémo
langue, mais différant singulièrement
sur 'les' principes, selon leur manière
d'interpréter la Bible. Aussi suis-je pro
fondément convaincu que ce Synode
feraun contraste frappant avec l'auguste
assemblée qui réunissait, il y a deux
mois, à Rome, les Prélats de toutes les
parties du monde, parlant tous un lan
gage différent, mais unis par les mêmes
liens d'amour et derespeetpour le trône
du successeur de saint Pierre.
Je serais assez curieux de savoir si le
docteur Colenso viendra assister au Sy
node pour y défendre sa théorie, ten
dant à prouver que le Pentateuque est
un livre apocryphe. En attendant qu'il
se décide à venir, M. Colenso défend
unguibus et rostris le siège de Natal, qui
lui a été retiré pour être confié à M.
Twells. La cathédrale de l'évêehé â eu
à soutenir un siège terrible, suivi le
lendemain d'une inondation. Quel spec
tacle édifiant pour la colonie du Cap, de
vpir deux Prélats, dont l'un se barricade
dans l'église et dont l'autre fait enfon
cer les portes par le sheriff !
Tous les journaux anglais se sont na
turellement' occupés des discours de
l'Empereur à Arras et à Lille, mais ce
J 4. 21- ' *
wv £sJL ujJUl O L/Uiitro
l'Abyssinie. Les chefs, les régiments
sont choisis et le service médical s'or
ganise en ce moment.
Des transports au nombre de seize
sont dirigés sur Bombay d'où partira
le corps expéditionnaire, fort de dix à
douze mille hommes. Mais ce chiffre
n'est rien à côté de celui des bêtes de
somme et des sportmen chargés de les
soigner, de veiller aux ambulances et
aux vivres "de l'armée. Les journaux
anglais, bons calculateurs, estiment', au
plus bas prix, à la somme de cent cin
quante millions de francs les déboursés
de l'expédition.
Je m'inquiète peu de la question de
capital et je songe plutôt à celle du
succès. Certes, je ne mets pas en doute
que le débarquement réussisse ; reste à
savoir si, comme le croient les Anglais,
le pays tout entier se soulèvera, a leur .
arrivée, contre la tyrannie de l'empe
reur Théodore. En tout cas, le bout de *
l'oreille commence déjà à percer, et les
journaux déclarent qu'il faut absolu
ment garder sur le littoral un point for
tifié, qui permette à l'avenir de recom
mencer cette expédition sans avoir les
mêmes obstacles à rencontrer.
Quelques-uns ajoutent même qu'on
aurait la faculté de s'y procurer des ci-
payes chrétiens desquels on n'aurait pas
a redouter les préjugés de la race hin
doue et de la religion musulmane. Heu
reusement pour le petit _ corps d'armée,
la direction de l'expédition, sous le rap
port matériel, a été confiée au gouver
nement des Indes, sans quoi on aurait pu
craindre devoir senenouveler les fautes
d'impéritie et de négligence qui avaient
réduit à la famine l'armée de Grimée,
et qui, dernièrement, encore, ont fait
jeûner toute uae journée les régiments
de cavalerie venus d'Aldershot à Lon
dres. . -
L'Angleterre vient de perdre, un de
ces hommes qui sont un exemple frap
pant de ce que peut la volonté soutenue
par un travail acharné. Le professeur
Faraday est mort à l'âge de soixante-
treize ans, à Hampton-Court, où la
reine lui avait accordé depuis neuf
ans une résidence. Fils d'un serrurier,
il avait été mis en apprentissage chez
un relieur;-mais, dès qu'il avait un in-
stant de loisir, c'était pour aller assister
aux leçons de chimie de sir Humphrey
Davy. Celui-ci, touché de cette persis
tance, prit son élève en affection, et bien
tôt le jeune Faraday entra à l'Institution
royale de Londres, où il resta jusqu'à la
fin de ses jours. - '
Il était officier de la Légion d'honneur
et porteur de plusieurs ordres de Prusse
et d'Italie. Un fait assez singulier, c'est
que, né aux environs de Londres, il fai
sait partie.d'une secte,religieuse, très-
peu nombreuse et surtout très-pou con
nue, et qui doit son nom de Sandma-
niens ou glassites- à ses deux fonda
teurs, MM. Sandman et Glass, tous deux
437. — Ëdiii&j ^aeïM&ské
Mardi 2$ Septembre ISÔ?
- par I a
On ail . ;.......... 80
Sil B30ÎS. ........ Si
Tïote toola M
Le aùix.érn . 15 centime»
Paris ,'-10, rue ues : Saints-Pères .
On s'aopnne à Borna, au bureau do la Civiilà eattuitee
. vl» de] Qean, 6J
DEPARTEMENTS
On an . ;.. ; G6 fr
3ix mob 34
Trois mob.. t i8
Ùttlaa M»ul<4guatS
t/Vniviri ne répond pas d^3 m-auscriî;; qui iul nons adrasl
Atr«reifflBmc2iai9j
ES." Ch. L16SAR6B k CËSÏ, 6, place de la Bosrti
. i-\ '? v ï'4 3ao ®
V -^A?US,-'S S^ypTEMBRE 1867
X •' P 1 - - '/—- ' '
V.. JfrïîMJETÏl»
Plusieurs journaux interrogent patiem
ment chacun des orateurs-présidents des
conseils généraux. Gomme ces présidents
sont tous plus ou moins des personnages offi-
. ciels, maréchaux, aides-de-camps, conseillers
d'Etat, sénatéurs, députés de la majorité,
ministres, les journaux s'imaginent volon
tiers que l'idée, s'il y en a une, qui inspire
leur discours est fille des déclarations d'A
miens, d'Arras ou de Lille. Ainsi, il devient
important de savoir quel toast a porté M. Ba-
roche au dîner qui a suivi la séànee du con
seil général, ce que pense le général Allard
des éventualités prochaines, quels secrets a
révélés M. de Moustier.
Malheureusement, ces divers personnages
et d'autres encore ont parlé, qui de la vigne,
qui des'chemins vicinaux, qui des fourrages
fil est vrai que ceci: est une.question militai
re), qui de l'Exposition, qui de la santé pu
blique. M. le baron David a célébré le suffra
ge universel en ce galimathias : « Le suffrage
universel plane sur ' la marche des affaires
pour dicter la volonté nationale. » Du reste,
nulle part, nul éclaircissement- sur rien, ce
qui n'empêihe pas l'éloquence officielle de
nous donner de beaux modèles du bien dire
et du bon goût. .
Le gouvernement espagnol a cessé de pu-
blier des bulletins de l'insurrection, qu'il con
sidère comme finie. Le général Prim redevient
donclibrede rentrer en son hô tel deBruxelles,
et d'y reprendre sa vie de plaisirs, après qu il
a fait tuer pour son compte des soldats et des
paysans, qui vraisemblablement seraient res
tés tranquilles sans ses excitations. Cette con
duits ressemble beaucoup à de la lâcheté.
Que sert-il d'invoquer la bonne lame de lo-
lède lorsqu'on se bat ainsi par procuration !
Cependant les révolutionnaires nous repré
sentent ce monsieur comme un homme de
.cœur. line faut que définir le courage et
l'honnêteté. ,
Vinternational de Londres nous revèle un
côté nouveau du bill de réforme qui réjouiPa
M. John Stuart Mill. On se rappelle que ce
gentilhomme proposait le droit au vo.te pour
les femmes. « Les feïQïïîes, avait-il dit, à la
vérité, ont déjà un grand pouvoir social,
mais elles n'en ont pas trop et ne sont pas
des enfants gâtés tels qu'on le suppose géné
ralement, Du reste, quel que soit leur pou
voir, ie veux qu'il soit responsable, et je leur
donnerai le moyen de faire connaître leurs
besoins et leurs sentiments. » Que M. John
Stuart Mill soit satisfait. De par le bill de
réforme, les femmes possèdent aujourd hui
ce moyen. En effet, le bill ne limite point
aux hommes le droit au vote. Or, 1 acte de
lord Brougham, accepté par les Chambres en
1850, déclare « qu'aûn d'alléger le langage
parlementaire de redites inutiles, il est dé
cidé que, dans tous les actes, les mots se rap
portant au genre masculin s étendront éga
lement aux femmes, à moins qu on ne dé-
-clare le contraire en termes exploites. »
Voici un résumé de la situation de 1 Irlan
de nar le lord -lieutenant de ce pays. et L Ir-
' lande n'a besoin que d'une bonne récolte
pour que sa population soit heureuse et con
tente. Depuis 1860, 500,000acres de terre ont
été retirés à l'agriculture, mais le nombre
des troupeaux et duiétail a augmenté dans
les six premiers mois de 1867 ; l'émigration
n'a enlevé que 48.000 âmes à la population
-irlandaise.» Ah! lord lieutenant : si les
lions savaient peindre et si>3 Irlandais pou
vaient parler, votre rapport ne tiendrait
SU Les'élections pour le Parlement du Nord
ont commencé en Allemagne. A Berlin ce
sont lesprogrësàistes qui 1 ont emporté, et les
conservateurs à Breslau, Magdebourg, Stet-
tin et Dantzig. Le général Vogel de Pal-
kenstein a été élu à Kœmgsberg. Il n est pas
douteux que les créatures de M. de Bismark
ne soient en majorité dans le nouveau Par-
^L^MomVeur publie un discours de M.
Trooloner, prononcé à Evreux pour la distri
bué dès prix aux instituteurs du départe
ment de l'Eure. Nous passons les éloges à
M DuruV. « ministre aussi éclairé qu ardent
ku bien • » mais nous recueillons les paro
les suivantes, où la question d'instruction est
traitée à un point de vue original et neuf.
Le Français a été gi richemant doiô parla na
ture, que, par son propre génie, il peut, à la ri
gueur, se passer plus que d autres de acquit
«m'emportent de l'école ceux qui la fréquentent.
Nous avons été un grand peuple dans la P^ et
dans la guerre, môme avant la diffusion. actuel
le de l'enseignement dans lés masses. Le Fran
çais grâce à ses qualités natives, à son adresse,
à sa' prftsence d'esprit, à_ la vivacité de son intel
ligence, n'était pas, quoique illettré, plus mau
vais soldat, plus mauvais laboureur, plus mau
vais ouvrier que ceux qui, ailleurs, savaient lire
couramment dans la Bible.
Aujourd 'hui, le soldat français, même quand
il ne sait rien, n'est pas moins le z&uave le
plus redoutable du monde, et il n'a pas besoin
id avoir été à l'école pour n'avoir pas peur des
sanglantes prouesses du fusil à aiguille.
Tout cela est vrai. Mais comment ce brave et
incomparable soldat trouverait-il dans sa giberne
son iâlon de maréchal de France, s il ne savait
ni lire ni écrire ? Vuilà la grande objection conti e
ICignorance. '
Rien de mieux. Mais, puisque la-grande ob-
iection contre l'ignorance est que le brave et
incomparable soldat ne peut trouver dans sa
hiberne son bâton de maréchal, s il ne sait
S lire, ni écrire, comment fera M.Troplong
•pour nous prouver que la diffusion de 1 en
seignement n'est pas une grande objection
contre l'armée? Tous les soldats, braves et
incomparables, seront maréchaux dès qu ils
sauront lire et écrire. Et pourtant on ne peut
pas supprimer les caporaux.^
ICO
l'espèce eî les splendeurs de la planète.
C 'est M. Antony Méray à qui M. Gué-
roult a confié le solo qute vont répéter
en chœur tous les adeptes de ce qu'on
•appelle la libre pensée. L'Eglise n'a qu'à
■se bien tenir : M. Méray la menace d'une
irrémédiable ruine, si elle ne chante pas
avec lui et comme lui'; le Concile œcu
ménique décrétera dans le vide, s'il ne
.sanctionne pas les vérités que M. Méray
vjsut bien chanter d'avance, afin d'éclai
rer la route.
En face se trouvent la religion et la
science. Sans nul doute, la science écra
sera la religion :.c'çst même, chose déjà
faitej comme l'a crié M. Sainte-Beuve,
un fort chanteur aussi, et qui s'emploie
en ce moment à construire une morale
nouvelle sur unç base à déterminer plus
tard, la ville de Néphélococcygie.
Nous savons ce qu'est la religion;
voyons donfr«©-q»'est la science, pour
les disciples de M. Guéroult, disciple
'du Père Enfantin, et voyons ce que ces
doctes disciples savent de la religion,
dont ils parlent avec un si superbe mé
pris. Nous avertissons que les italiques
sont de nous.
« Tant que la science, dit M. Méray, ne
nous a donné que des fruits verts, on fut
peut-être autorisé à en garantir nos dents en
pat rodant la salubrité de Vignorance ; tant
qu'elle n'eut pas étalé devant nos yeux la
splendide spectacle de l'activité infinie des
mondes, on put déifier la paresse; tant qu'elle
ne nous eut pas révélé les harmonies serei
nes des lois de la nature, on put déifier les
terreurs d'un arbitraire inconnu; tant que l'on
crut à l'isolement de la terre, qu'on regarda
la vie humaine cpmm'e une heure d'épreuve
furtivement glissée entre les deux moitiés de
l'éternité, comme un pont glissant jeté entre
deux abîmes, on eut à peu" près le droit de
contraindre ses semblables à ne pas agacer
l'Expérimentateur suprême, et à suivre la
seule voie qui pût les soustraire à ses impla
cables fantaisies de vengeance. Par bonheur,
il n'en est plus ainsi : la science a tellement
reculé les bornes de la nature vivante, que
tous les phénomènes de la vie y tiennent
désormais, même l'inconnu et l'inexpliqué. »
. Ainsi, pour M. Méray, la religion ca
tholique, le christianisme « patrone la
salubrité de l'ignorance ; » la preuve
s'en trouve dans les écoles qu'il a fondées
partout, dans l'impulsion qu'il adonnée
partout aux recherches scientifiques ,
dans la fondation des Universités, dans le
dévouement des prêtre® et des hommes
religieux, à l'éducation de l'enfance et
de la jeunesse, dans ces innombrables
légions de docteurs, de théologiens, de
philosophes, de savants en tout genre
qui lui forment une si glorieuse cou
ronne. C'est l'Eglise, ce sont les moines
qui nous ont conservé les trésors de la
science et de la littérature antique; c'est
l'Eglise qui a appelé tout le monde, les
petits comme les grands, les pauvres
comme les riches, à la connaissance des
lettres et des sciences, à la connaissance,
plus utile, plus sublime encore des éter-
! nelles vérités qui constituent la base la
plus solide des sociétés humaines et de
la civilisation. C'est ainsi qu'elle a pa-
troné la salubrité de l'ignorance. -
Elle a « déifié la paresse » en la pla
çant au nombre des sept péchés capi
taux, en la poursuivant sous toutes les
formes, en proclamant que celui qui ne
travaille pas ne doit pas manger, en
faisant des nations chrétiennes des so
ciétés éminemment actives et laborieu
ses, en promouvant les travaux de tou
tes sortes, et en proscrivant l'antique
cri du monde païen : Du pain et des jeux !
Mais M. Méray croit que les solitaires
d'Egypte étaient des paresseux, que le
bienheureux Labre était un paresseux ;
il ne connaît sans doute que le travail
des mains, que le travail forcé, lui qui
nous dit pourtant que le progrès mo
derne remplace peu à peu et finira par
remplacer tout à fait le travail des
mains, -et donnera aux hommes le
temps de penser, que l'Eglise avait as
suré par le repos du dimanche et des
fêtes, repos si vivement blâmé par l'é
cole saint-sirnonienne; et il ignore tout
ce que faisait pour ses frères, par ses
exemples, pàr sa charité, par ses con
seils, ce bienheureux Labre, dont la
glorification déconcerte si fort les libres
penseurs.
M. Méray, qui n'a sans doute pas cru
devoir étudier la religion dont il prédit
la chute, s'imagine que le christianisme
ne voit en Dieu que « l'arbitraire » et
« d'implacables fantaisies ». Tel n'est
pas le Dieu du Christianisme; M. Méray
veut parler du Fatum antique, qu'il au
rait raison de combattre, s'il n'en res
taurait pas le culte avec ses théories.
Après cela, nous ne pouvons qu'ad
mirer cette phrase naïve, où il glorifie
la science qui rend compte de « tous les
phénomènes de la vie, » quoiqu'il en
reste encore d'« inconnus » et d'« inex
pliqués. » Science qui ignore, qui ne
peut expliquer; voilà u«ae science qui
ressemble beaucoup à autre chose.
Au reste, le rédacteur de l' Opinion na
tionale est bonhomme; il veut bien don
ner quelques conseils, d'ami à « la théo
cratie romaine, » et il l'engage à « pro-
« fiter de la réunion du prochain Con
te cile œcuménique pour se faire ren
te seigner sérieusement sur les réalités
« divines , que les travaux et la civilisa-
« tion modernes ont dérobées au grand
« trésor ; a s'appuyer sur la part indis-
« eu table des révélations nouvelles , pour
« restaurer la part hypothétique de cel
te les de ses traditions que les conquê
te tes de l'expérience et de la conscience
ee collective ont si largement ébréchées.»
Un peu plus de clarté ne nuirait pas à
ces conseils. Quelles sont les te réalités
divines, les révélations nouvelles » dont
veut parler M. Méray, et qu'entend-il
fjar les te conquêtes de la conscience col-
ective ? » On voit des mots et des phra
ses ; est-ce que le progrès consiste à par
ler pour ne pas être entendu ? Il est vrai
qu'il s'agit d'un chant; peu importent
les paroles, la musique est "tout.
La strophe suivante est une impréca
tion « contre l'interminable épreuve du
moyen-âge, » pendant laquelle te les so
ciétés humaines semblèrent se débattre
dans un milieu halluciné. » Il est vrai
que c'est pendant cette ee interminable
épreuve» que, grâce à l'actiondel'Eglise,
l'ordre chrétien sortit du chaos de la
barbarie, que Charles-Martel écrasa les
Sarrasins, que Charlemagne organisa
l'Europe et conçut les Capitulaires , qu©
les nations > chrétiennes grandirent et se
mirent en'état de dominer le reste du
monde, que l'esclavage disparut _de
l'Occident, que l'agriculture fut remise
en honneur, que l'art éleva et enrichit
les cathédrales, que les croisades refou
lèrent en Asie l'islamisme, que la bous
sole fut appliquée à la navigation, que
l'imprimerie fut inventée et l'Amérique
découverte, - enfin qu'on vit briller ce^
grands noms qui ont à peine quelques
égaux dans les temps modernes, Char
lemagne, saint Louis, Christophe Co
lomb, saint Bernard, saint Thomas
d'Aquin, sans parler de ces Papes qu'ad
mirent les historiens protestants eux-
mêmes, les saint Grégoire VII, les
Alexandre III, les Innocent III, etc. .
Mais l' Opinion nationale ne sait rien
de tout cela. Elle ne voit, pendant le
moyen âge, que des alchimistes, qui,
pourtant, préparaient les progrès de la
chimie, que des ee astrologues, nécro
manciens, géomanciens, tireurs d'ho
roscopes, sorciers », que l'Eglise con
damnait, et surtout ee des miraculistes
et surnaturalistes de toute espèce », qui
gênent fort M. Méray, mais qu'il fau
drait combattre autrement qu'en les
nommant.
Les strophes succèdent aux strophes
et les mots aux mots, sans présenter
plus de sens ou plus de vérité. Voulons-
nous savoir pourquoi le moyen âge ne
pouvait rien pour le progrès, écoutons :
« En matière de sentiment, le moyen âgé
avait pour types de perfection la virginité du
prêtre, l'isolement du cénobite, l'oisiveté du
seigneur, la mendicité du moine, l'implaca-
bilité de la loi, l'inique répartition des dro its,
l'orgueil du prinoe, l'intolérance du croyant
et la foi à la possibilité du salut individuel.
Comment le dernier mot de la foi religieuse
et de l'espérance idéale eût-il pu sortir, im
muable et complet, d'un pareil mélange, où
entrait si peu de sens moral et de rectitude
intellectuelle?.-Qui ne voit, au contraire, com
bien le but ^'équité et de réciprocité géné
rales s'illumine devant les nouvelles acquisi
tions du sentiment et de la science; combien
la dignité et la moralité de l'homme grandis
sent, en se dégageant peu à peu des humi
liantes aberrations du passé? »
Reprenons tout cela. . -
La virginité du prêtre catholique of
fusque l'Opinion nationale : ne pourrait-
elle pas jeter un coup d'œil sur les pays
où la virginité du prêtre n'est pas regar
dée comme, un type de perfection et nous
dire ce qu'est le ministre protestant, ce
qu'est le pope russe pour le peuple qu'il
est chargé de conduire ; nous ne parlons
pas des qualités personnelles, des vertus
privées qui peuvent se rencontrer, nous
parlons de l'influence sociale, moralisa
trice, civilisatrice, si l'on veut bien nous
permettre l'emploi de ces affreux mots.
De l'aveu même de ses adversaires, le
prêtre catholique est supérieur à tout
autre : le célibat le rend le véritable père
des fidèles qui lui sont confiés, il en
fait le vrai pasteur de son troupeau, et
c'est surtout dans les calamités que cette
supériorité se manifeste avec un incon
testable éclat. Le célibat, qui est la gloi
re du prêtre, aux yeux même des popu
lations les plus grossières, est aussi sa
force; c'est pour cela, nous le savons
bien, que les ennemis du catholicisme
s'acharnent contre le célibat. En géné
ral, la virginité chrétienne leur est
odieuse; comment donc ne voient-ils.
pas que, lorsque la virginité s'en va, la
fécondité s'en va aussi ; vous n'avez plus
de vierges chastes, vous avez des filles
perdues qui ne sont pas mères, et dont
la multiplication est l'une des plus
puissantes causes de dépopulation
qui existe.
Ne parlons pas de ee l'isolement du cé
nobite, » singulière alliance de mots qui
nous présente comme isolé l'homme qui
vit en communauté ; nous savons que
les cénobites ont défriché l'Europe ; c'est
à eux que l'agriculture doit sa réhabi
litation et ses progrès, à eux que l'Eu
rope doit d'avoir conservé les trésors de
l'antiquité.
Ensuite,|s'il y avait au moyen âge plus
de seigneurs oisifs qu'il n'y a de riches
oisifs à notre époque, que YQpinionnatio-
tiale le prouve, mais elle ne prouvera
pas que l'oisiveté des seigneurs fût re
gardée comme un type de perfection ;
s'il y avait des moines mendiants, elle
ne doit pas ignorer que ces moines tra
vaillaient, prêchaient, écrivaient, ins
truisaient les enfants et les ignorants,
se contentaient de peu, et partageaient
avec les pauvres; de nos' jours, il y a
d'autres mendiants, et très-nombreux,
qui vivent aux dépens du public sans
rendre aucun service, et qui se gardent
bien de mener la vie austère des moi
nes. Mais alors la loi était implacable,
dit l'Opinion. Qui donc en a peu à peu
adouci les rigueurs? Est-ce la science
ou l'esprit chrétien? Et, si le christia
nisme s'en allait, comme la loi rede
viendrait bientôt et nécessairement im
placable ! La science a inventé la guil
lotine, invention très-philanthropique,
mais que les révolutionnaires de 93,
fort ennemis du christianisme et
grands admirateurs du progrès, ont
bien su utiliser avec une ee, implacabi-
lité » que le genre humain n'oubliera
jamais.
Il y avait ee une inique répartition des
droits ; >"> qui travaillait à réparer cette
iniquité, si ce n'est l'Eglise? Déjà elle
avait proclamé que tous les hommes
ont des droits égaux davant Dieu; 89 a
ajouté*: devant la loi; mais l'on ne voit
pas toujours que la proclamation de ces
droits ait rendù les petits et les pau
vres plus contents de leur sort.
Laissons maintenant te l'orgueil du
prince ; » il est peu de rois du moyen âge
qui n'aientété plus facilement accessibles
que le dernier des financiers enrichis de
nos jours. On sait ce qu'il faut penser de
te l'intolérance du croyant, » et l'on p^eut
se demander quelle morale apparaîtra
lorsque les hommes, cessant d'avoir ee la
foi à la possibilité du salut individuel, »
croiront que l'humanité se sauvera en
masse et nécessairement, en vertu du
progrès? Ce Sera la morale de M. Sainte-
Beuve. Nous en avons sous les yeux de
fort nombreux.ichantillons, qui ne sont
ni beaux ni rassurants.
L ' Opinion nationale, qui a. d'autres
yeux que le Commun des mortels, voit,
grâce à la science^ ee la dignité et la mo
ralité de l'homme grandir, en se déga
geant peu à peu des humiliantes aber
rations du passé. » Nous voyons, nous,
des milliers d'hommes qui s'abrutissent
au cabaret, qui travaillent, même le di
manche, comme des bêtës de somme
sans avoir d'autre jour de repos que
celui où ils oublient leur dignité d'hom
mes ; nous voyons les ouvriers de Shef-
field, les émeutiers de Roubaix, les
malheureux engloutis dans les houil
lères; nous voyons les progrès de l'ivro
gnerie et de la débauche. C'est là qu'a
boutissent ceux qui se dégagent des
humiliantes aberrations du passé; s'il
reste encore quelque part un peu de
vraie fierté, de dignité, de moralité,
c'est surtout parmi les hommes qui s'en
tiennent à ces humiliantes aberrations,
en bas, comme en haut, comme à tous
les degrés de l'échelle sociale.
Après les imprécations viennent les
chants de triomphe, dans l'hymne de
Y Opinion nationale.
Une strophe à l'astronomie, qui nous
empêche de croire que notre planète,
« grain modeste de la poussière des
mondes, » ait « des lois spéciales et des
dieux particuliers. » L'Opinion nationale
ignore sans doute que les chrétiens ado
rent dans leur-Dieu, le créateur du ciel
et de la terre, c'est-à-dire le créateur du
monde entier.
Une strophe à la géologie, qui nous
apprend que « des lois sagement coor
données font mûrir patiemment les
sphères, ces fruits naturels des champs
de l'infini; » ce qui renverse l'hypothèse
te d'une création arbitraire, faite de rien
par une volonté fantastique. » De sorte
que ces champs de l'infini ont des lois
sans législateur, que ces êtres muables,
et conséquemment contingents, non né
cessaires, existent sans cause. Le pro
grès ne permet plus de raisonner avec
la raison. *
Une strophe à la chimie, ee qui a fait
. évanouir le fantôme de l'anéantisse
ment, »-ce qui était d'autant moins dif
ficile que le christianisme n'enseigne
pas l'anéantissement, mais la transfor
mation de la matière; mais la chimie
fait mieux : elle empêche de croire à la
résurrection des corps, à ce que dit M.
Méray, qui prouve ainsi qu'il n'a aucu
ne idée de ce que les chrétiens enten
dent par la résurrection.
Une strophe à la mécanique, tt qui
vient renouveler l'outillage du monde,»'
ce qui ne nous semble pas du tout em
porter l'annulation des commandements
de Dieu et des vérités de la foi chré
tienne. Cette mécanique, à ce qu'il pa
raît, « jette déjà des torrents de vie au
sein des peuples naguère isolés et hos
tiles. « Nous ne voyons pas que les peu
ples soient moins disposés à s'ehtretuer
avec des fusils à aiguille ou des fusils
Chassepot, qu'autrefois avec des lances
et des arbalètes, et il nous semble que,
depuis le moyen âge, on. ne les a plus
guère vus unis et combattant à côte les
uns des. autres dans un même but, com
me on l'a vu à l'époque des croisades.
Là foi les rapprochait ; nous verrons ce
que fera la mécanique sans la foi. Mais
cette mécanique est merveilleuse ; te elle
te travaille à multiplier les possibilités du
ee bien-être qui rassérène l'esprit et
ee adoucit les mœurs. » Possibilité est
bien dit; nous aimerions mieux la réa
lité, qui s'obstine à ne pas venir pour
tant de millions de créatures humaines,
qui n'ont plus la foi et que la mécanique
n'a pas rendues plus heureuses, ce qui
fait, sans doute, que les mœurs ne s'a
doucissent pas à Sheffield et que les es
prits ne se rassénèrent nulle part.
Une strophe à l'histoire, et qui a reculé
l'origine des sociétés humaines bien au-
delà de la famille de Noé (la Bible en
fait autant), bien au-delà de l'époque
assignée au couple paradisiaque ;(nous
en attendons la preuve). » M. Méray s'i
magine que les. âges de pierre et de
bronze remontent au-delà d'Adam ; r
ignore-t-il que, maintenant encore,
l'âge de pierre et de bronze existe pour
plus d'une peuplade ; les instruments
en pierre, en bronze, devront- ils faire
conclure à nos neveux que ces peuples
ont existé des milliers d'années avant
nous? M. Méray croit à l'état sauvage
primitif, mieux que cela, à l'animalité
irrationnelle de l'homme, qui a dû
commencer par être un singe, lequel
avait été d'abord quelque autre animal,
dérivé lui-même d'un autre, qui doit
remonter à une plante, etc., le tout se
lon le degré de maturité de la planète.
Nous ne sommes pas au bout, car il y
a encore une strophé au sentiment, qui,
ee à la thèse égoïste ,du sentiment per
sonnel, a substitué la croyance au salut
universel ;»—à l'opinion publique, ee qui
s'est faite tolérante, » et qui « rend hom
mage à tous les dévouements, à toutes
les activités, à toutes les fécondités du
corps et de l'esprit ; » — à laloi, qui va
renoncer à la peine de mort et qui don
ne la liberté à tous les cultes, ee excepté
à la Mecque et à Rome,*» M. Méray ou
blie l'Irlande et la Pologne ;—aux gou
vernements, « qui se montrent de plus
en plus préoccupés -de la nécessité de
résoudre fcaternellement le douloureux
problème du pftupérisme, regardé jadis
comme une épreuve imposée providen
tiellement à certaines classes de la so
ciété. » C'est-à-dire, monsieur Méray,
que vous confondez la pauvreté avec
le paupérisme; vous ne vous doutez
pas même que le christianisme avait
vaincu" le paupérisme, que le progrès
moderne a produit, d'abord en Angle-
terr« . et qui grandit, si rapidement-,
nlr ".gré votre astronomie, votre chimie,
votre géologie, votre mécanique et vo
tre histoire, que les gouvernements ne
savent vraiment plus comment remé
dier à ce mal inconnu aux siècles chré
tiens. .-—;
Il y en a encore ; mais, vraiment,
c'est assez, et nous demandons pardon
à nos lecteurs de les avoir tenus si long
temps à propos d'un article où les mots
remplacent les choses, les phrases les
pensées, où la véritable portée des pro
grès scientifiques modernes est aussi
méconnue que le christianisme et ses
doctrines sont ignorées, et où l'on ne
peut voir que le triste effet de cette in-
fatuation qu'inspirent la demi-science
et la science incrédule (c'est tout un) à
ceux qui ne veulent pas de la science si
complète, si haute, si parfaitement
coordonnée, quand elle s'accorde avec
les vérités-de la révélation chrétienne.
J. C hantrel.
Lettres de Londres
Londres, 31 août 1867.
_ Mercredi, j'ai assisté à une cérémonie
bien imposante, non par le luxe et l'os
tentation, mais au contraire par sa sim
plicité qui constrastait vivement avec
le haut rang des personnes qui y assis
taient. A quelques lieues de Londres,
sur la route de Southampton et .de
Portsmouth , . se trouve la station de
Weybridge. Pour y arriver, on longe
le terrain sur lequel, tous les ans, les vo
lontaires anglais viennent se disputer
le prix du tir, et qui a servi de prétexte
cette année à la visité des volontaires
belges, qui n'ont cependant paru à
Wimbledon que pour y recevoir une
médaille commémorative des mains du
prinoe de Galles. Après avoir roulé pen
dant une heuro, le train s'arrête pour la
sixième fois, et le cri de : «Weybridge !
Weybridge !» se fait entendre. Je me
trouve au fond d'un immense ravin, et
je dois monter soixante-deux marches
pour sortir de la station. Arrivé au
sommet, je suis au milieu d'une vaste
bruyère, bordée à droite par des pins
d'une taille gigantesque, et à gauche
par des hêtres, des ormes et des chê
nes, également d'une belle venue." Là
bruyère, en ce moment en fleurs est
agréablement coupée çà et là par des
genêts d'Espagne, des mûriers avec
leurs fruits rouges ou noirs, suivant le
degré de maturité, et^de jeunes pins se
més par le vent et qui viennent au ha
sard. On dirait un paysage de Bretagne.
Mais j'ai beau chercher, je n'aperçois
point le village, à moins toutefois qu'il
ne se compose que de l'auberge qui do
mine la station et d'une autre maison
dont je vois à dix minutes de chemin
se détacher la façade de briques rouges
et bleues. Je me dirige de ce côté et je
vois que c'est à la fois la poste et- la sta
tion télégraphique; je distingue dès lors,
au milieu de la verdure des grands ar
bres, quelques carreau^ sur lesquels se
reflètent les rayons du soleil, et la fumée
qui monte légèrement vers le ciel m'in
dique clairement où sont les habita
tions.
C'est là qu'est la modeste chapelle,,
près du caveau où déjà cinq membres
de la famille d'Orléans reposent du som
meil éternel. Elle était pleine mercredi,
et cette foule compacte en grand deuil
assistait religieusement au- service so
lennel pour le repos de l'âme du feu roi
Louis-Philippe. Outre ses enfants, on
pouvait remarquer bon nombre de per
sonnages qui ont joué un rôle impor
tant sous son règne et qui étaient venus
exprès pour cette cérémonie. Je ne nom
merai point ces courtisans du malheur,
bien qu'en les voyant prier pour celui
dont ils avaient partagé la fortune, je
me rappelasse l'acharnement qu'ils
avaientmis, au temps de leur puissance,
à jeter la pierre à ceux qui étaient ve
nus à Londres présenter leurs homma
ges au chef de la race, et qu'ils avaient
dédaigneusement nommés « les flétris
de Belgrave-square, »
Je suis aorti en méditant sur l'étrange
destinée de ce prince qui, après avoir
été exilé par tous les partis, devait en
core trouver la mort sur la terre étran
gère. Je songeais à ses fils que j'avais
vus autrefois si jeunes, si brillants et si
glorieux de porter haut le drapeau de la
France, et que je venais de revoir vieil
lis plus encore par le chagrin que par
les années; je plaignais surtout ces
deux princes qui ont quitté si jeu
nes leur patrie que le mot de France
doit être pour eux une lettre morte.
Absorbé dans ces réflexions, je descen
dis une pente assez rapide qui conduit
au centré du village, et après quelques
détours, j'aperçus une église assez
grande pour contenir trois fois la popu
lation de Weybridge, et dont les cloches
sonnaient à toute volée.
Cela m'intrigua, car les églises angli
canes restent fermées toute la semaine
et on n'a le droit d'y prier que le di
manche et aux heures désignées. En
core à peine le ministre a-t-il dit les
derniers mots du service, que le bedeau
s'empresse de mettre à la porte tous les
membres de sa congrégation, tant il a
hâte de refermer les portes. Je m^infor-
"mai donc et j'appris que c'était une
église de rituaîistes. Encore un pays où
la foi anglicane est bien chancelante,
puisqu'il n'y a que deux Eglises, dont
l'une est catholique et. l'autré ritualiste!
En effet,-le ritualisme, ce premier
pas, selon Mgr Manning, vers le catho
licisme, est la plaie avouée qui doit tuer
la religion anglicane. Etabli, il y a quel
ques années seulement par le. docteur
Pusey, qui depuis s'est-rétracté, il ré
pondait si bien aux aspirations de la
généralité des Anglais pour la religion
de leurs'ancêtres, qu'il.a pris en peu de
temps l'extension la plus large. Les cho-
ses en sont arrivées à un tel point, que
la commission parlementaire n'a pas
osé se prononcer d'une manière posM
tive dans son rapport, qui a paru cette
semaine dans la Gazette officielle. Go
rapport déclare que l'innovation appor
tée dans lés'vêtements des ministres est
contraire à l'usage établi dans l'Eglise
anglicane , mais il ne dit pas qu'elle en
transgresse les lois. .
Il ajoute que l'on peut les tolérer, que
les paroissiens en sont satisfaits. Que de
réflexions ont dû faire les membres de
la commission pour en arriver à un
aussi piètre résultat ! Je vois d'ici le mi
nistre monter en chaire un surplis à la
main, et demander à ses paroissiens si
la forme leur convient. C'est pitoyable.
Mais que peut-on attendre des membres
du Parlement, quand il s'agit de 'traiter
des questions religieuses ? Ils n'ont pas
été élevés peur cela, et q*and ils veulent
s'en mêler, ce serait bien le cas. de leur
appliquer le fameux vers :
Soyez plutôt maçon, si c'est votre métier.
D'ailleurs, cette pauvre commission
se trouvait assez embarrassée par suite
de la prochaine assemblée desEvêques,
qui très-probablement va s'occuper de
cefte question. L'Eglise pan-anglicane
a voulu singer l'Eglise catholique, et
elle a appelé à grands renforts de tam-
tam ses Prélats coloniaux et américains
à venir former une conférence sous les
auspices de l'Archevêque de Canterbu-
ry. Seulement pour cette fois, s'écartant
de leur habitude de copier servilement
les traditions de la vraie religion, les
convocateurs ont eu la pudeur de ne pas
employer le motConcile, ils se sont con-
tenté de celui de Synode.
Ils seront peut-être vingt ou trente
Evêques parlant, il est vrai, la mémo
langue, mais différant singulièrement
sur 'les' principes, selon leur manière
d'interpréter la Bible. Aussi suis-je pro
fondément convaincu que ce Synode
feraun contraste frappant avec l'auguste
assemblée qui réunissait, il y a deux
mois, à Rome, les Prélats de toutes les
parties du monde, parlant tous un lan
gage différent, mais unis par les mêmes
liens d'amour et derespeetpour le trône
du successeur de saint Pierre.
Je serais assez curieux de savoir si le
docteur Colenso viendra assister au Sy
node pour y défendre sa théorie, ten
dant à prouver que le Pentateuque est
un livre apocryphe. En attendant qu'il
se décide à venir, M. Colenso défend
unguibus et rostris le siège de Natal, qui
lui a été retiré pour être confié à M.
Twells. La cathédrale de l'évêehé â eu
à soutenir un siège terrible, suivi le
lendemain d'une inondation. Quel spec
tacle édifiant pour la colonie du Cap, de
vpir deux Prélats, dont l'un se barricade
dans l'église et dont l'autre fait enfon
cer les portes par le sheriff !
Tous les journaux anglais se sont na
turellement' occupés des discours de
l'Empereur à Arras et à Lille, mais ce
J 4. 21- ' *
wv £sJL ujJUl O L/Uiitro
l'Abyssinie. Les chefs, les régiments
sont choisis et le service médical s'or
ganise en ce moment.
Des transports au nombre de seize
sont dirigés sur Bombay d'où partira
le corps expéditionnaire, fort de dix à
douze mille hommes. Mais ce chiffre
n'est rien à côté de celui des bêtes de
somme et des sportmen chargés de les
soigner, de veiller aux ambulances et
aux vivres "de l'armée. Les journaux
anglais, bons calculateurs, estiment', au
plus bas prix, à la somme de cent cin
quante millions de francs les déboursés
de l'expédition.
Je m'inquiète peu de la question de
capital et je songe plutôt à celle du
succès. Certes, je ne mets pas en doute
que le débarquement réussisse ; reste à
savoir si, comme le croient les Anglais,
le pays tout entier se soulèvera, a leur .
arrivée, contre la tyrannie de l'empe
reur Théodore. En tout cas, le bout de *
l'oreille commence déjà à percer, et les
journaux déclarent qu'il faut absolu
ment garder sur le littoral un point for
tifié, qui permette à l'avenir de recom
mencer cette expédition sans avoir les
mêmes obstacles à rencontrer.
Quelques-uns ajoutent même qu'on
aurait la faculté de s'y procurer des ci-
payes chrétiens desquels on n'aurait pas
a redouter les préjugés de la race hin
doue et de la religion musulmane. Heu
reusement pour le petit _ corps d'armée,
la direction de l'expédition, sous le rap
port matériel, a été confiée au gouver
nement des Indes, sans quoi on aurait pu
craindre devoir senenouveler les fautes
d'impéritie et de négligence qui avaient
réduit à la famine l'armée de Grimée,
et qui, dernièrement, encore, ont fait
jeûner toute uae journée les régiments
de cavalerie venus d'Aldershot à Lon
dres. . -
L'Angleterre vient de perdre, un de
ces hommes qui sont un exemple frap
pant de ce que peut la volonté soutenue
par un travail acharné. Le professeur
Faraday est mort à l'âge de soixante-
treize ans, à Hampton-Court, où la
reine lui avait accordé depuis neuf
ans une résidence. Fils d'un serrurier,
il avait été mis en apprentissage chez
un relieur;-mais, dès qu'il avait un in-
stant de loisir, c'était pour aller assister
aux leçons de chimie de sir Humphrey
Davy. Celui-ci, touché de cette persis
tance, prit son élève en affection, et bien
tôt le jeune Faraday entra à l'Institution
royale de Londres, où il resta jusqu'à la
fin de ses jours. - '
Il était officier de la Légion d'honneur
et porteur de plusieurs ordres de Prusse
et d'Italie. Un fait assez singulier, c'est
que, né aux environs de Londres, il fai
sait partie.d'une secte,religieuse, très-
peu nombreuse et surtout très-pou con
nue, et qui doit son nom de Sandma-
niens ou glassites- à ses deux fonda
teurs, MM. Sandman et Glass, tous deux
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