Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-02-11
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 février 1873 11 février 1873
Description : 1873/02/11 (Numéro 42). 1873/02/11 (Numéro 42).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
38«VANNEI
BUREAUXIÀ ^ARIS g rue de Yalois|(Pa)ais-Hoyal), n. 10.
MARDI 41 FEVRIER S 875,
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64 h,
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URNAi POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
«M MUBÉRO $0 CENTIMES.
! a , • . J ■ I . CJ - 1 ; . 1 , ;
Les Annonces sont reçues chez MM. Faudhey, Laffitaj Bullier, et C°, ~
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le r^nouyélQi t ^'w?>iie^^meîî.i,.s'î(s^Q sel
lent pas éprouver de yetàra* danslà.rp-
ception du journal. • ; v-
* « k k } (y i < ^ f \ , -
PARIS;* lO FEVUlERi
Nous disions tout récemment que pour
l'Assemblée, le meilleur, le.plus sage
"parti était de revenir purement et sim
plement au pacte de Bordeaux. Quelle
était la situation au moment où ce pacte
fut conclu?La même ex actement;qu' auj our-
d'hui. M. Thiers, redoutant, p©ûr i'cfiuvra
de reconstitution qui était' à'aGcoEriplir^
les riiralitëSj lés compétitions des*" partis,
les avait exhortés. à. faire trêve, et totis
s'y étaient généreusement prêtés. C'est à
cette abnégation patrioiiquÉ quesonkdus
les grands*'; Résultats obtenus- jusqu'ici 5
pourquoi, sôus l'^mpifé dfj' cette mê®e
abnégation, s'efiofecarait-oiLi pas ..4e
conduire l'œuvré jusqu'au-bout? 1 - 1
=.Lprs da la discussion de ,l# loi 'Rivet,
sans compter d'autres précédents, TAs-
sembléé-s'sest 'déclarée constituante. La
cenïmission des Trente" a jugêwtilè'de
renouveler; çetie déc-laratipp, jetde l'ins
crire aupf êaiilbule de«on pr^et; A-quoi
bon? Une déclar^tiennH/deyàleur qu'au
tant qu'elle peut se tradùiTp J .é g;g j-^ti que.
Or la commission, tout en consacrant ..en
ptincipé lé: pëuVoir constituant de*l'As
semblée,avoue formeïl^eat qu'elle n'qn
usera pas, qu'aile se bornera à.amàlior^r,
Mous ajoutafrông que'; 3 Voulût-elle 1 consti
tuer, elle se heurterait à'l'içapûssiftics. Jï^t-
ce que les partis ontdésarmé? esi^ce qu^ils
ne sont pas toUt : aussi- afrdents/tout aus
si inflexibles Qu'ils l'itaiefit'â BaMèaiM
Les aterihoiemei^s,, ^és^épeptiçns aux
quels ils ont été ^condamnés,, depuis , Ou
verture del'Asseaiblée,, n-'ent-aiême fait
que' les exciter; ÏJoçc^'sr'à Foraine 'l^s
prétentions "respectives des partis ët^ièajt
uji obstacle à -constituer, 0 à-plus forte
raisori le seraienfcelle's aujourd'hui! «•.
Nous n'ignoron? que le préambule
dctnt il s'agit yise directement Je messa
ge. .C'est une réplique. Mais -cette- 1 réplis-
que n'est au fond qu'un' aveu d'impuis-
Sanco; elle, no réfute -rien ;.elle ajoute
une liouvellç équivoque- & celles dont.
précises^testent débout jolies sontiseule-
■inent tenues en r'éséfve. Puîsqu'on -n'-en
voulait ; pds 3 J il- fall,k'it une, protestation
plus n^te,'piiis i^ûïué.' £' %'/, ; ■ J ;,; J (
Aussi .toute l'œuvre de la .commission
se 1 fessént-ellé dè ^son préambule. Ce:
préambulef la.gjêné/, clomime en se disant
constituante elle a .déelàré qu'elle,pe'voù-
laitriâs constituer, elle est' à'ce dernier
toute. propos'ittQQi '4u gouvernement' ; Iui
paraît infectée du virus constitutionnel
et elle
détourné les y,eux de 'Ip, propositionde
M. Diifaure7 relative à la créatiok d'un©
seconde Chambre* - et'à' l'a- 181' ' électoral.
Notons'.'«èpeijCdçtnj; que jpoûï/sbn pridpté
Compte elle a ienveloppé . ces deux : articles
dans safcompétençe.Maisilen est uh troi
sième qiû ^élïOrd,^ slxt les autres ej: qui
a réagi sur eux' pàr.';icontre-coup': nous
parlons ( ;dêY'Vorgknisatlofl d'un pouvoir
intérimaire, ^q^est-àr'dire; d'un "pouvoir,
préposé au géuvsrnémént dû pays,périr
dan^ l'intervalle qui séparera la Cham
bre actuelle de ..«jglle^qùi devra lui ' suc
céder. La seule idée d'organiser dès
maintenant un tel pouvoir s'est dressée
devant la commissiOnacomme-une tenta-
tivesubreptice de constitution.. t
• La'CommissionV-est évidemment exa
géré cette idée; il lui ..était bailleurs on
ne peut J ,plus,facile d,',en faire justice.
*Qu&vait-eHé à'dire? Elie avait'sà dire
ce# Quand l'Assemblée jugeta à pro
pos de ise 'dissoudre/e t qu'elleaura. con
voqué le corps électoral, elle n'en garde
ra pâs moins i sa- souveraineté pleine et
entière ; elle pèsera .comme .auparavant
sur Ja-nomination-et les ^actes- des minis-
tïesj',elle iontyôlerâ à son. gré l'exécutif et
donnera l'impulsion à sàpbliliqueïPasn'est
besoin, çarj conséquent-; id'un pouvoir^ in
térimaire quii en réalité, né serait qu'une
sùperfétation et'un.epibarïas.'
i Çeci posç,, la .cooiéÉjission aurait repris
vis-à-vis-de l'exécutif une liberté d'allu
re âutretîipnt Jarge que celle dont elle a
fait preuve jusqulçi. AuJlett de chercher
à l'amender -par des expédients, elle l'eût
réorganisé ^Yond.' .Car, ' alors, ell» l'eût
adàplé, -npn^pjus «eulêment, au présent j
mais-encorôy > et j cela ^ans^des' conditions
pgrfaiteQient léterpjine'es, à 4'avenif.'
Mais ^on^ jla, ciommission a dédaigné
cet^vantftge; ,éUe ^esthgurtéeÀ jiii:scru-
pule,'et par suite de la'résolution,quei.lui
in^pijf^^'jge, scTupùle,,, ï-jédoi^t^nt clé la
part deiM; Thiers, ©n imécontentement
gr,a,vS„elle a |J.é4i4 ) ivi?qu0 ^^^s'ies dépo
sitions sévères, mais justes^dont elle était
animée' feonlfe ldi. Aussi,' an lipu /dî'amér
liorer da'fioi iRivety idomme elle se ile^ro-
Pffsaik e]!;? 1^. eçip^rpp,, c;ç^t T ^di^'e qùe,
sauf quelques innovations de forme in^i-
gniflantés;' éïle a étendu plutôt' qué 1^-
té les prétentions de M. Thiers vis-à-vis
de l'Assemblée.
Quand donc ; l'Assemblép * sp souvien-
dra-t-§llgj®'^Je est souveraine et que
tout.dbitipliër sous sa volonté? Tan
dis qu'elle n'aurait qu'à 'se préoccuper
des ; pfjncipqsn elle, se lçiissa iri a^sor'||r
par utt. homme; elle lui .sacrifie tout
ety.-sé ' aïèt»A- sa merci. ■ Ce p'ept point
airisi 'qu'elle, relèvera son' îndépendanq^,
et fera prévaloir àon autorité.
( Les feuilles radicales ont influencé .la
commission. Nous 11e nous eii plaindrions
i>as si cette influence avait eu'un autre
résultat' 'résultat ; négatif, s'i eMe
lavait: polisse à. -l'action eL non à i'abs-r
■tentiorf. -Mais l'action est 'rayées 'ce -
se'inbl'^^è notte' VpcabulcQ^e pol^iqu^'. '
Ou parle,, on' pï:oÊesCe, ."on ' s'engage ■
puis plus rien ! En vain les feuijles'con-
sérvâtricé's .éperonnerit et l'Aésemblée et
lé gouvernement ils dempurent'ïnsensi-
blesj Les mesures les plus urgentes sont >
|ndi(^liô6S ; oh- lès'iiroàiet, oti ^s annôà-
ce jv 1q spipmeil n'fp, persiste,pfis 'moins,
t'épée deDamoôlès reste suspendue sur
la' tête des préfets' couiprëmis j' des
aires, des çonséils municipaux i^di-,
a®s, 1 : elle ne toïnbe pas ;; ety naturelle- -
ment, ' les < titulaires menacés" s'en mo-
qué'At;, : ; ; L J < 1 :
1 'A^quoi-bon, iquand ila société estenpé- :
ril, gaspiller son temps à des palliatifs im
puissants et qui, d'ailleurs, n'aboutissent
pas ?,Nb Conviendraitil pas' d ahordér'ùn .
ftravair.plus sérieux? .Revenons'dohç,' com
be nous lé disions: plus haut! auiç jours ;
iféçonds du pacte de Bordeaux. Puisque
jtdûs- les r effortsi paf-tiels ëchouenï 5 >: fàttbr
bhons-nous à l'œuvre générale. Cette
œuvrq avançait quand l'Assemblée,- s'insr
jiirant des vrais principes conservateurs;
ne se noyait point dans -une tactique de
détail ;, laissons-; donc «ce détails->©tv mar
chons rlargement ; souverainQtê oblige !
Comme Î1-fallait s'y. attendre, l'opinion
publique s'est assez-vivement émue de la
décision par laquelle la commission des
Trente a repoussé l'article relatif à la
transmission des pouvoirs, et la Bourse
d'aujourd'hui a Teflété cette impression
défavorable. 1 C'est en de telles circonstan
ces que le zèle d'amis peu adroits — à
moins qu'ils ne le soient trop, et plus en
core qu'amis— brille de .tout son lustre. Il
est, en eifet, à .no ter avec quelle inten-.
site. 4'indignation\ et (quel iempressement
pessimiste çer, tains jojirnaux,,qui^assent
pour «dévoués à. la. présidence^ ont affir
mé que, -tout était rompu entre le gou-
.vepement^t la commission., Il semble- .
rait que cètte rupture fût par-eux impa
tiemment attendue; ; et que les espérances
de ces'politiques pleinp de 1 'patriotisme. ;
. ( Si -tout est renxersé ne sauraient :sabsistsc.. • ■
• En tête de ce' cliosur sonnant les trom-
pettes desmalédicLions, il faut placer le
Jownuy des; Débats, qui résume, l'œuvre
dè'laconvais^oades Trente a^èc un;lacô-
nisme plein d'impartialité : « Toutes les
» propositions du gouvernement ont "été
» -rejetées par une. for te majorité^ dit'M.
» ^qhn Lemoin&é,. et la .coiamissi^n a,û-
» ni par choisir-pour rapporteur celui de
.» ses .membres'.qui passe' pour le plus
» J^qptïle a^. Président. $ Kçus pr oyons
superflu- dè; -relever Ja colossale )6rceur
de fait 1 contenue' dans la- première' de
çes . deux assertions ; ce, serait -faire
injure, & nos lecteurs qui -opt -suivi
jour par jour les travaux de , la com<-
missipn 1 ; e);,quant à la sec^de, elle cen-
tient, ^ l'adresg§ de l'honorable M. de
Broglie,' une imputation' aussi erronée
quemaivèillahtè; Nous , ne voulons pas
non plus la.^iisputPK ,uiais elle nous éton-
-ne à uni point que nous ne saurions-dire,
ayfirit eu l'oec^sisn plusieurs fois d'en
tendre lés adversaires de la conciliation
dansile Sens de la résistance s'exprimer
assez vivement sur les tfendances conci
liantes de îi. de Broglie. .
Le Journal des Débats, au moment où il
publiait.ce-matin ces -lignes empreintes
de tant d'amôrtuineVet de parti pris, ne
pouva/t ignorer,cependant.l'entrevue qui
avait-eu lieu la» veille entre- M. le. Prési
dent' dè la République et l'honorable rap.-
portèur de la^commissïon d^s Trente. Il
devait savoir que M. de Broglie s'était
efforcé de'pétsuàdér à M.' Thiers, dans le
langage le 'plus conciliant 1 et le plus
loyal,; que les dernières : résolutions de
la commission ' n'avaient été dictées- par
a'ucun sentiment d'hostilité contre le gou
vernement; ~I1 devait savoir, car cette
impression avait presque immédiatement
transpiré dan^ le public, que les assuràh-
ces données par M. de Broglie auraient
été cordialement accueillies par ; -M.
Thiers, qui,îe même soir, aurait dit à un
autre membre de la commission, M. De-
seilligny :« Je pourrais être plus -satis
fait; mais je ne'suis pas mécontent et ne
prends rien au tragique. »
L e J&u/rnal des Débats, à cette occasion,
a ! fait 'comme e§s mauvais joueurs 'qui,
mécontents d« ne pas voir les atouts af
fluer dans leur jeu, brouillent fiévreuse
ment les cartes. Ce sont ces-appréciations
quinteuses et brouillonnes, 1 ces démons
trations dè lâssitudéàmpatientée, ces-per
siflages amers de certains journauxîsé-
rieux qui agacent et déconcertent de la
façon la plus fâcheuse l'opinion du pays.
Nous n'hésitonspas à tenir cette polémique
pour malfaisante aumême degré sinon au
même titre que les articles des journaux
radicaux,r, et certes nous considérons
comme plus,inoffensifs les tonnerres- de
lerblanc que. la République française a fait
vibrer -hier matin dans ses colonnes; Le
journal de M. Gambetta, en effet, a si sou
vent et de tant de façons réédité l'ultima
tum.olympien dont,voici la dernière for
mule : Que,l?on craigne à la fin de trop
exciter l'impatience nationale, et, de bri
ser le ressort de l'opinion à force de le
tendre 1 » qu'on n'attache .plus- d'impor
tance à ces tragiques Tonronnements.
..Le rapport d.e M. JLe. duc de Broglie sera
soumis à,. M. le Président de là Républi
que jeudi-an plus-tard, et c'est seulement
après en avoir dionné'lecture à M. : Thiers
que M. de Broglie 1 le fera connaître-à la
commission. La-, chpse a été ainsi
çppvenue éntrp M. le Président de la.Rér
publique et. rho^orable'rapporteur, assu
ré d'avance ^ de, l'assentimênt < de. ,ses col
lègues. De cette façon,'la' commission
sera saisie en même temps du- travail de
-son rapporteur .et des observations de
M.'Thiers. iEt'jndn-seulement l'achève
ment j du - travail définitif' sera accéléré
d'autant ; mais il .est'.d'or.es. ,et déjà ad
mis que le rapport, tel qu'il arrivera
devant : l'Assemblée après cette dernière
élaboration, ns- 'comportera : aucun:sujet
de discussion passionnée, ne contien
dra -aucun, élémént .de dissentiment sé.- 1
rieux.' C'est du .moins .l'opinion, qui
prévaut davantage et d'instant en instant
à Versailles, et que nous sommes heureux
d'enregistrer. La visite que la gauche ré
publicaine a faite hier matin'à M. le-Pré
sident n'infirme en rien cette vue rassu
rante de là situation; elle la con|irmerait
au contraire.
L'épiscopat prussien a envoyé à la
Chambre des députés de Berlin une pro
testation contre les projets de loi ecclér
siastiques .qui viennent d'être proposés
par-le ministère et votés par la majorité
de cette Assemblée. ' . . '
.. « Si ces ^projets ,.-» dit l'adresse des
évêques,,u devaient être adoptés, au-
» cun chrétien catliolique, encore moins
» un évêque -ou ; un prêtre, ne pourrait
» les reconnaître ou s'y soumettre sans
» violer -i <3 d I us gravement sa, foi. » L'a
dresse' est signôb par ies archsvêques de
Cologne et de Posen, le prinoo-évêque de
Breslaii, ' les' evê^ués dé ïfulm,
bourg, Fylda, Trêves, Paderborn, Erm-
landj ' Osnabriick, ■ Munster, Hildesheim,
Fribourg,'et par' ' l'éVêque-aumônier de
l'armée. Les mêmes prélats ont fait pré
céder leur protestation' d'un mémoran
dum où ils < développent les. motifs de
leur acte. Ce dernier document, que sa
longueur nous empêché de reproduire
in extenso•, critique dans 1 la forme ! la plus
modérée et met à nu 1 les 1 dispositions ani-
çpès" et ânticatholiques des 1 nbuVeaux
projets de loi.
Pour c® qui concerne l'éducation et la
nomination 1 des prêtres , le -projet de
loi' 1 feconnaît, il est vrai, le droit des
évêques' de nômmfer aux : émplois ecclé
siastiques"; maté il restreinte© droit en
conférant à FEtat le droit, non-seulement
dé s'opposer'aûx'nominations^ mais mê
me de statuer, en dernière instance, sur
la légitimité de'son opposition. Il tombe
sous lé sens que, armé de ce droit,- l'E
tat peut- arbitrairement exclure les prê
tres qui lui déplaisent par un motif ou un
autije, Cette.: disposition viole les droits
consacrés en. faveur de l'Eglise par,,la
Charte prussienne. . , • ( . '.m
Quant à l'éducation des prêtres, de: tout
temps il a appartenu à l'Eglise et aux évê
ques ,de -former-le clergé. Le concile dè
Trente,, dent les (décrets sont reconnus
par le aroit prussien, a ordonné l'établis
sement de - séminaires dans chaque dio
cèse. L'es, .évêques prussiens, .'ont, il est
vrai, permis, aux. étudiants de théologie
defréquenter les (Universités de Bonn, -de
Breslau, de Munster et d'autres Ùniver-"
sites allemandes. s .mais ils, n'ont pas
entendu, par là, renoncer à leurs > droits
d'établir, des séminaires. De plus, ils
n'ont, pu donner cette. : permission qu ? à
la condition que le3 facultés de théologie
catholique'de ces Universités se subor
donneraient^ sous» le rapport théologique
et religieux, à l'autorité ecclésiastique.
0r; que s'est-il passé dans' ces derniers
temps? La majeure partie des professeurs
de. jvthéologie - de Bonn s'est révoltée
contre-l'Eglise' de Rome ; eh bien ! ces
professeurs ' sont: maintenus par l'État e,t
soutenus, par,:, les autres professeurs, -et
Renseignement qu j ils donnent aux futurs
prêtas, pourrait être accepté par Jes évê
ques ? Dé plus, le nouvBauiprojet de loi
impose aux prêtres des études étrangères
à leur profession, sous prétexta die lôjir
donner une éducation-soi-disant nationa
le, mais, en vérité, destinée à leur incul-
qu^jr ,des opinions anticatholiques, - ,
L'fîtat veut fermer les grands et les
petits séminaires-: lefprêtre ne devra pas
être[éle,vé,,dès son onfance, dans des éta
blissements spéciaux, ^alors que, l'Etat
fonde, des écoleg de cadets pour les offl-
ciecs et d'autres .peiisio-unats pour diffé
rentes carrières spéciales'.!
Le mémorandum passe ensuite au pro
jet de loi: relatif au- -pouvoir disciplinaire
qiie- l'Etat enlève,-en partie^ aux' évêques
pour se l'approprier ; il veut même favo
riser l'indiscipline des prêtres en leur fa
cilitant les -moyens d'appeler de l'évêque
non pas au Pape, mais à l'Etat. Le mé
morandum émet l'avis que la plupart des
prêtres qui -ont failli préféreront être
punis,paç4 ; ^yêq]ie,plu,tô,t que d'être gra
ciés par l'immixtion du, gouvernement.
Enfin,; quant au droit que la nouvelle r lé
gislation-confère à l'Etat, de]destituer les
évêques et les prêtres, il est certayi que
l'Etat s'arroge un droit qui ;ne saurait li^i
ay^antenir ; il jùe fait ni. l-é.yêquçi ni ^e
prêtre, commaat pourrait-il les Révoquer?
L'Eglise lès crée,, ce quj'ils sont,, i'Eglise
seule-, a le pouvoir de leur enlever 1 leurs
fonctions ecclésiastiques'. ^ . -
■Les évêques déclarent, 1 .en .terminant,
qu'ils ne réçonnaitr ont jamais la compé
tence d'une cour de justice de l'Etat-,en
matière religieuse, èt si undes leurs était
jamais traduit : devant une pareille cOur
de justice, ils éspèrent que « la force ne
lui manquerais d'y rendre témoî^nsige
de sa 1 foi et -de souffrir tdùt pour'lâ liber-
)té de rEglise."» 1 y ■ ', '
'■'Nous ajouterons qué ce mémorandum
a profondément irrité le gouvernement
d§ Berlin, à', t'el point ^ue la question à
été;agitée, de suppriçner les : traitements
de tous lès signataires de l'acte de-pro
testation.
LE ROI AMÉD£E
Madrid, il) février, midi.
L'intention d'abdiquer, manifestée par le
roi Amédée, a-été, dit-on, motivée par les
divergences, d'OTimoii qui se sont .produites
entrera Majesté,"et les ministres. - On pré
tend que le roi résistait aux projets du mi
nistres provoquer à ,çet ,é£ard: de vote du
Sénat et du Congrès de £§con à ,lui forcèr
en quelque , sorte la maip." - '
pourrait, etre: vaiaùfe ; crue
lorsqu'elle aurait été jicceptée par une loi
votée parles Gortès. v
...yt of n | 3{,n t amui -AI
Madrid, 10 février, 2 h.'SDir.'v
La Correspondencia croit que les séances^'
des Cortès'seront suspendues pendant ;deux
ou trois jours. 3 'La- - proposition (l'abdication
sera-pi^sëntée'si'le rpr.persiàte. , -
'-Où'croît que 'dans tJ ce cas les Cpftè's, ré
pondront par un 1 message-repoussant res
pectueusement la-propositidn; ! 1
Sr le-Wi insiste' les; Goûtés feront ,u
spêéialè 'pôiiT la'circonstance. 1 ' •
pdùdïa^leurs'^séànc'e^ '
.une loi
Ils éliront unë- régence: conformément .à
la Constitution. '' 0 1 - ■' • V, ,
^Ulmpafciàlccût aussi 1 qué la question se-
ra traitée' irfoitformément à la'Constitution;
Un grand n ombre de personnages influents
orit ^offert leur appui, ail gouvernement.
Toutesies autorités 1 continijent 'dp rester' à
leur poste.- La-tranq'uîlîifé'règne tâHiours ïi
Madrid/ 1 ^ ' 1 ^ ' '
ri.f'UJ.Ja : UWttJ K- j'. •-;-))> '>:• - -
D'autre part,; nous,recevons; de l'Agence
Lombard la dépêche suivante :
, ->Londres, 10 février,. .
' 2 h ; 10 m., soir.
Madrid. — Le roi exprime au président des
Cortès sa volonté d'abdiquer. :
M- Zorilla demandera a"ux 'Coûtés dé sus-
' l 'quelqUes
jours'pdiir'fairé'i'èveriir'ie' roi sur sa déte^-
mination. •
Si le roi persiste, les Cortès assumeront
tous les pouvoirs.
: -\i iij ■ " 1 M
On nous écrit',de Yprsailles, le 9 février
soir : ; ■
Le rejet du projet présenté à la commis-
.sion des Trente par M. Dufaure a donné
lieu hier-à une vive émotion parlementaire
qui a-eu sbn contre-coup dans le public.
Tout espoir de conciliation entre la com 1
mission et le gouvernement n'est peut-être
pas : perdu cepe'ndant, si l'on en jugé par le
langage-que tenaient hier, à l'issue de la
séauce ; de la commission des 1 Trente, quel-
q.ues'uns- des-' membres de la majorité de
cetpecommission.- 1 ■ -" ■ j -
Le garde des-'sceaux demandait que l'on
statuât à - bref 1 délai ' sur-un projet relatif à
une seconde'dhambre et que la commission
s'occupât 1 d'une loi-électorale. : ' '
- -Lë" projet^ de - la' coin-mission accepte ces '
deux principes ;< le "dissentiment ne;'porte
que sur une q-ùestion d^'forme résidant prin
cipalement dans 'ies^mots. à bref délai, que
le gouvernement Semblait disposé' à aban
donner.-."-^' -
• Dans la pensée du gouvernement, la,com-
mission'deVait s'occu per sans retard, une fois
que le projet actuellement soumis à ses dé
libérations serait voté par l'Assemblée, de
l'étude d'un projet de loi relatif à l'organisa
tion tf'unefSeconde>Qiaiabce^ s • - ^
Or, rien n'indique jusqu'ici que la com
mission veuille ajomrner "Getté étude àune
époqiue plus éloignée^ son; intention, à cet
égard, sera ^ans,doute, nattfiment formulée
dans le .rapportnat si-eile est- conforme aux
désirs du gouvernement, celui-ci se déclar,e-
liait.assurement satislait de la voir consigner
dans le rapport. - -n, , '
uQuant à :ia''transmission des pouvoirs du
Président,.la majorité-dé la commission re
pousse ce projet, non pas dans un sentiment
d'hostilité pbUr-M. -Thiersj mais parce qu'el
le ne,.lQ.trouve ni urgentj ni uliie. là Oriam-
bçe pouvant,-lorsque le moment séra yenù;
statuer-fiur.ee, point,. môme à'ila ! derriière
h^ure, et parce, qu'il implique > une idée' da
dissolution que la -majoiûté ne veut paslais-
FEUILLETON DU C0SSTITUT10SSKL,H EÉY^R,'.
1 1 IW( .ri ni ,*Jf(. r vfïfsr hi-fVu'M
; J]). ) 1
ILBACIOÎ
-aa
• Un soir—je m'étais donné jusqu'au len
demain pour allerme jeteriià ses pieds.;
j'avais allumé un grand feu, car je ne par»-
venaia pkts iàt r^Bljauffer jïion sang qui se
glaçait' dans'mesiveinesj'e -Vis entrer
cet i amî?tpàt qui.j'avais ^été -présenté -à
elle et par; qui,je l'avais connue. On
s'étonnait de ina diépantién'-et-ll venait
pîjen^r-e.dô ih^s.p.owel^s. J[e injs ma,ré
clusion sur le co"mpte4-UA§ipiwsgogitîQn,
de travaux à-flnir,;d'é^amens à prépàrer.
Enfin, ", iUme-parla d'«715p..: On,la v ( ojait
partout,-ytuijpois,- aux pousses,,) à I50péra.'>,
■Je hasardai-/quelques, quegtionp etr lui
demandai pourquoirellô|allalt à'cesibals>
à oes-sSbupôrsjftt MJqu'elle-y; faisait^. Que
sais-je encore ?-Càr-j ? étàis4'uie jal®usie
ridicule, insensée.
Et lui :
—. Elle-$y (vient en garçon, comme elle
dil.iDu-jfasteypersonne ne lui connalt d'a-
mant ■ et. cependant ce ne • sSnt ni les
occasions qui lui jaaaiaqueatj.inijJasirâf
cherches qui lui font «défaut* Mais, non,
sa porte con^me,SQp, cœur paraissent mu
rés. Au bal; et-'elleTi'en manque pas un,
aux soupers, et elle eo-est toujours, elle
payas son entrée^.-son icot, ; sa, toiture, et
jusqu'à «es te>uquBt§ t ^Ue-pasge-aift^j. tou
tes ,. ses:-nuits"©fcJaène use ^i^tgnçe ^
tueraitmn-oheval. /PwÊOiPi ,je n'yjr.ésis r ;
terai&'pas. Les femmes YQis-foyMeic }eur
apparance frêle,jjdéliea te* 1 >n$u% opterfe-
raiénJb», tous-quand elles s'y mfttjtentyr îust-
qa'Ma 1 moment. &àvéile$, tombent/à Jeur
tour» épuisées; et alocSieeuvont^our- ne
plus sejrelevec. » +u ■i .• •i.iun.n' -
.D'ailleuçs.-^ans quflipersonnBiàit iWi£a.
en pénitrerie secreJty^niui croit .un cha-!
Îfriajpro£ondjjet l'on prétend qu'elle veut
e tuer i«n^e ituant; elleimBûia ;t au ferpln
un traité avec la société (Jeg «ens de lettres.
dont ejîle va, çe J '^era bientôt^ fait ; d'au-
un an4vrysme«t qu'il auflirait dLune émo
tion un-peulforte pourl'emporter. : 1 1 t
1 Mon ami..* - j
i J'allais tout lui dire ; la parole expira
sur* mes; lèvres ; j'avais,/hente de moi-
même. '...' '
— Parbleu ! reprit-il, si tu le vçjix^ l'oc-
ca^iop estibelle ; il,y.a jbal .céiso^r ,à»lfQ-
péra.'.Viens avec nous, tu la verras. Elle
est bien-; changée, ; va. -Eh, bien 1 ; est-ce'
convenu? ■-■ ■>.
'-4 -Non,- non ? lis-je vivement; mais
puisque tu la 1 verras, toi, tu : peux me
ren4ffi| un service, un grand servicé.
. — Je m'y,ehgageà l'avance;' de-quoi
" ".-il? '
i .-- ■ ,1 ;j{!£
-îJQe.luijemettre une lettre. ^
-rr Bah ! tu-luiéeris.doqc?....Volontiers,
mais tu perdras ton temps.
1 Je ne l'écoutais déjà plus. Je pris une
feuille de papieret écrivis ces deux seuls
paots au milieu de la pagè,j • f '. ' ,,
- *1:11.?* Pardon T <
! » PIERRE, x
4 Je cachetai le billet'et"le remis à mon
ami. Il partit iejifiii ..vJe raçcompagnai
jusqu'à la rue et, avant de remonter, j'en
trai chez mon portier.
1 — Quelqu ! un ' viendra cette nuit, lui
dis-je,'je -iie sais à quelle heure, mais'on
viendra. 'Il faut-, entendez-moi, il faut
que la -porte -s'ouVre -au premier coup
de sonnette.' " %n -! #
Et je glissai cinq francs dans sa-main, ;
çe qui me valut cette réponse ; , - ,
i -^ Monsieur peut -être tranquille, on
il© fermera ni l'œil, mi J'oreille^
revoi'r^yait jçanimé toute -
de mes vingt ans, m!avait, feddu toute la
violence'de mon amour. Je^fisM^ teilette,
de ma. cha*hre ; rien ne ,me .semblait
assez-beau pour çlLe etf,pour, la première
fois, je regrettai de n'avoir - point un pa-1
lais pour îa recevoir, J'allais et je venais
copime, t 'uh fou ; la pendule'ne m'arenant'
pas assep Vite au'gré. de mon impatiè'nieé,
je,l'çivânçài., ' ' •• , ;J , ^
, JBll«jretardait...*sur fflon^çeur., A™i-
nuit, je descendis, pensant'que le con
cierge s'était endormi et qu'il .pourrait'la
faire attendre. ; ' - ji ' , '
Je prêtais'"ro'reilIe au moîndré'Bruit '; '
mais ies i passants étaient devenus rares
et l'es voitures ne s'arrêtaient point de
vant la maison. Une heure sonna à Saint-
Sulpice. .......
.— Il ^e l'aura point trouvée, pensai-je;
ellé,'ne'siéra pas'allçe à ce.l»!,-, {! \\ ......
Un moment, je songeai qu'elle pouvait,
être malade, et je me disposai à sortir pour
me Rendre chez eilé; Mais quoi 1 à cette
heure, au milieu de, la nuit? D'ailleurs, ne
po'uvait-élle parvenir dàn's l'intervalle ( ?
Et'j'attendis. Je ranimai le feu. Elle aura -
froid, me, disrje. Et puis, il y a-lçin d»
l'Opéra ici. , - :
l -J'arrêtai ; la ^pendule, dont l'aiguille ir
trop agile maintenant, indiquait deux
heures. Etje commençai à désespérer.
—Elle t neviendra plus! iJ est trop tard.
J'étais bipn fou 11 de croire , qu'un mot,
suffirait pour obtenir le pardon- d'une
aussi mortelle injure !, :, ■ _ ,
--JEt, les coudes.'sur mes gerioax,-la tête
entre mes paains,, je me pris à pleurer ;
mes larmes tombaient sur le tapis — len
tement. Ala Cn,- je m'endormis de las
situde et d'épuisement..:
Tout à coup,.'san^ ^ue. j'eusse entendu
ni le roulenlent d'uqe voiture, ni la son- -
nette retentir, ni la porté d'entrée s'ou
vrir et se refermer, un bruissemjen.t de
soie parvint à mes oreilles ; :je.me préci
pitai, jusqu'àl'escalier... C'était elle ! C'é
tait elle'! •
- 1 .~t\ j- ! l .?,■'• j.» : t , r -■ r : - t -•
Elle se jeta dans mes bras, et noys
nous embrassâmes longuement.
-Elle posa sur une chaise la pelisse qui
l'enveloppait, et .voyant qu'eue tremblait,
un peu, je la fis' asseoir devant la chemi
née : iè m'étais mis à ses genoux, et, tout
en J lui disant mille tendresses; je la con
templais,. ' •' ,
Son corsage et sa jupe,de taffetas bleu
dé ciel étaient garnis'' de fourrure blan
che, légère comme un duvet; sa coillure,-
dans le,goût polonais, et>ses bottjnes de
pareille,étoffe étaient bordées.de la mê
me garniture ; sa jambe aristocratique se
révélait jusqu'au genou. Elle avait pris
ma tête ^aàs'^es mains et ine regardait
comme Si ellô' 1 eût eu le pre'ssentirùeht
que c'était pour la dernière fois...: -t .t t,
„ .m Je savaisjbien ; ,41 tr.ells, ..qusio le, mi
verrais.' Tiens, voici ta lettre.' 1 j -
',Et,ieHeitira>de ison jcorsjigp un papier
frùiss'é par les battcmpntg, ,de son cœur.
— Quand ton ami me l'a présentée, je
m'étais arrêtée au milieu d'une danse
pour me reposer. Ah ! ce ne fut pas long 1
Je .congédiai naon cavalier,-et, avec lui,
tous les danseurs qui s'étaient Inscrits >
sur mes tablettes*
• En disant, ces mots, elle jeta.dans-1 atie
son cairnèt de bal, dont la nacre s'épar
pilla en crépitant au- milieu des flammes.
Je lui demandai^ enfin, slelle me par-
donnait,mes,odieux soupçons..,, .
— -Serais-je ici., si je ne te les pardon
nais pas? me répondit-elle simplement.
D'ailleurs, c'est ma" faute; ce qui m'est
arrivé-ressemble tellement aux aventu
res d,'une héroïne de roman que.tu.n'y
aurais pas ajouté,foi;,tu m'auraisconfon-i
due peut-être ayee ces.femmes qui ont.
toutes june histoire.,
Eh bien! à cette heure, je regrette; de r
ne t'avoir pas fait la confidence de ma
vie; tu m'aurais mieux jugée et nous n'au
rions pas tant souffert.
Et comme ;' "~~
je ne doutais"
n'avais jamais
Ba-Biaîn sur ma b'ouche et; continua :
— Ce n'est pas long... J'avais vingt ans '
quand mon pere, malgré son âge, mal
gré lé souvenir encore vivant de ma mè
re, 'contracta Un "nouveau mariage et ;
épousa' ma gouvernante. C'était une fem- 1
me ambitieuse qui, dans cette union, ne 1
convoitait que le nom" et la fortune de
mon'père. Toute'nfâpt, j'avais eu àsoufirir
de son çarabtère ; mais alors elle voulut
prendredarislamâisoii et sur nous'tous un
tel'eiapire que sa vue me devint odieuse et;
l'existence insupportable. Quant j'eus at
teint tna majorité, j'obtins, de' mon. père
qui! me laissât libre. Après avoir 'habité
quelque ^emps une maison de campagne,
qui m'appafrtiènt du" chef de ma mère, je,
suis venue" passer - l'hiver à Paris, f'àr- !
fois, je'reçevais des nouvelles ou une vi
site de njon père, qui déjà .déplorait ce
fatarniariâge; cette lettré que tii as .vue |
étalt'dë îui. Tu sais fôu£ mainténapt _ if
Assez riche pour vivre dans -uné coin-'
^ plète indépendance, j'ai 1 'véctl puré,' ( ,ch,as-i
,tp, sans désir comme ^an^* ^'aill^gQe^
> a'u 'milieu dé ce monde inconnu pour' moi
jet vers lequel m^attiraient invincible-
jment des lectures dangereuses ^t d'irré- 1
jsistibles aspirations: .
j Jè pris ses rriainS et les,couyris .de b^ii-
jsers, en murmurant cent fois ce mot .
j Pardon !:..',pardon !
, Cependant, par, mqpaexij;, elle portait:
jëo'n Haouchoir à'.ses lèvres, et chaque fois,
de s taches pourprées en rougissaient la,'
batiste! • ~ - ' ' ,,,, '
i Et ! coinme je m'inquiétais
, —Ce n!est,rien n va,'fit-qlle doucement
jmais d'une voix si faible que'j'avais" pei
ne à .1 entendre; ce n'est rien, c'est duj
;rouge qué j'avais mi^ —'et qui s'en va..
jCar tu ne sais .pas je voulais mourir, j
jOui. Est-ce quç j'aurais,pu vivre sans toi?
iAh! que j'ai souffert! Et rnainfanànt,j
'mon émotion, 1&plaisir d etr^'lâ, pfè^de
toi, semblent Vaviver toutes mes Çati-
jgues...'Je suis brisée... Qh ! qu,e je. voti- ,
idrais dormir ! v . .;
! 'Je la portai sur mon lit. UUe, f & laissa i
faire, comme un enfant qué soignerait, sa ;
Nourrice. La-pauvre fille était pi faible 1
qu'a tout instant elle était p^ès dp 's'éva
nouir. " , ' ; ', , !
Quand elle fut couchée, je. ïne' plaçai 1
au ch'evet du lit. ,
—Rçste là, me dit-elle, ta main dans la.
mienne..- Ah ! que j,e suis, bien, fit-elle i
encore.', ' '
Puis, sa tête se renversa en arrièrç, et
'elle demeura immobile et silencieuse', '
comm'e' dans le sommeil; mais moi, j'é
tais effrayé à ,1a, vue,de ses.yéux étran--
f ement" dilatés, fixant- la lumière,,,et f
ont les paupières n'av^ie^ij,. plus, de
clignotements: Je lui parlai, la suppliant
de merépondrè;elIèm'ent^ndàif,sapsdou-,
te, mais de sa poitrine, haletant sous une '
respiration bruyante, saccadée, de sa bou
che entr'ouvèrte' et qui semblait aspirer
l'air,, la vie, ne s échappait, qu'un faible
bruit, éteint ,'.comme,pu soupir,. sinistre r
comme un râle'.' Par intervalles, toutspn.
corps se raidissait ou se' contractait f^i-;
biement. Je dégageai '.ma'main
sienne, dont le pouls était dèvenuprés-j
que ^insensible, et. ; l'approchai de sbn
cœur. ' •''' ■
, Alors; ce^œyr quij m 'avait tant ai
mé'J rr—r classa de-bflt-tre ,iCOmme si la-piiu-
!vre enfant n'eût attendu que le contact
i d$ ma^mainpour cesser d J exister, comtpe
isijsa pauvre ■ âme 1 n'eût 1 attendu que ce
geste pour j s'étthapper j iie J r so r n enveloppe
meurtrie.-..
Quelques heures plus tard) on me trou
va, étendu au pied du lit$è,1a morte, i. -
Puand je revins à moi, quand je la vis
immobile et glacée, livide sous son rou-
fe,-,inanimée . sous son costume de -bal;..
ans;une crise-de désespoir, je heurtai de
ma tête les.'murs' s de nia chambre... Ma
douleur hurlait comme lalopve à qui l'on
a pris ses petits,, et se répandait en san-
iglots.déchirants.l. et sousimes fenêtres,
un orgue, ô u misère 1 se mit à-jouer II
IBacip !, ,
j -t-î^ ' ■
t On voit encore au Père-Lachaise une
tombe de marbre blanc, envahie par le.
lierreetque recouvrent des plantes grim
pantes ;,,sous, lej3 ( fleurs, ,on r , distingue à
ces mots,incrustés dansle marbre;
: ANNE-ÉGLANTI.VJE DE BOljuGYBAULT.
Deux- hommes-'viennent s'agenouiller
devant cette tombe : • •
L'un, jeune encore : il pleure';'l'autre,
couyej14,'âge, h il n'a plus de,larmes. ,,
1 illnijour, ais^se-sont-rencontrés.
! Vous connaissiez ma ille, Monsieur;
dit lé'.vieillà'rd tri^epiept...
-i .— Oui, répondit le jeune homme.
•Et il ajouta : oesmotS, ! mais si- bas que
personne,pfypu^p'jjçniire' :
—-Oui, etje l'ailueew.,1 „
— Vous l'aimiez..., merci,... fit le vieil
lard 'fenVéloighant. ..
fit ce jour=-là>-comme ils sortaient, pen
sifs, de l : asile;du dernier sommeil,l'orgue
se trouvait encore là et jouait la valse si
célèbre, d'Arditi r qui réveillait, dans "Jo
cœur de Pierre tout un douloureux p'oè-
e de Souvenirs déchirants et de larmes
râlantes. , . i ..."
iJ' t •- » U il'J - ■■ ■ f • i . ... "i , - . ■ :■ > , 1 ;
- , • Edouard BAUBY ■
FIN.
BUREAUXIÀ ^ARIS g rue de Yalois|(Pa)ais-Hoyal), n. 10.
MARDI 41 FEVRIER S 875,
TROIS MOIS
SIX MOIS
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16 **.■•
32 n<
64 h,
• /( I ;•
■il «1 «
URNAi POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
«M MUBÉRO $0 CENTIMES.
! a , • . J ■ I . CJ - 1 ; . 1 , ;
Les Annonces sont reçues chez MM. Faudhey, Laffitaj Bullier, et C°, ~
place de la Bourse, 8 ; chez M. Duport, 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
I H L •' iill
Lek Annonces ne sont reçues que sous la réserve d'examen, et, s'il y a lieu
de modification par l'administration du journal.
_ , , ■ 'Vi ' il -"Y i *t » i l i v
MM. les souscripteurs dontl'abonne-
ment expire Je tJ0 fé^igiy -sontpriés de-
le r^nouyélQi t ^'w?>iie^^meîî.i,.s'î(s^Q sel
lent pas éprouver de yetàra* danslà.rp-
ception du journal. • ; v-
* « k k } (y i < ^ f \ , -
PARIS;* lO FEVUlERi
Nous disions tout récemment que pour
l'Assemblée, le meilleur, le.plus sage
"parti était de revenir purement et sim
plement au pacte de Bordeaux. Quelle
était la situation au moment où ce pacte
fut conclu?La même ex actement;qu' auj our-
d'hui. M. Thiers, redoutant, p©ûr i'cfiuvra
de reconstitution qui était' à'aGcoEriplir^
les riiralitëSj lés compétitions des*" partis,
les avait exhortés. à. faire trêve, et totis
s'y étaient généreusement prêtés. C'est à
cette abnégation patrioiiquÉ quesonkdus
les grands*'; Résultats obtenus- jusqu'ici 5
pourquoi, sôus l'^mpifé dfj' cette mê®e
abnégation, s'efiofecarait-oiLi pas ..4e
conduire l'œuvré jusqu'au-bout? 1 - 1
=.Lprs da la discussion de ,l# loi 'Rivet,
sans compter d'autres précédents, TAs-
sembléé-s'sest 'déclarée constituante. La
cenïmission des Trente" a jugêwtilè'de
renouveler; çetie déc-laratipp, jetde l'ins
crire aupf êaiilbule de«on pr^et; A-quoi
bon? Une déclar^tiennH/deyàleur qu'au
tant qu'elle peut se tradùiTp J .é g;g j-^ti que.
Or la commission, tout en consacrant ..en
ptincipé lé: pëuVoir constituant de*l'As
semblée,avoue formeïl^eat qu'elle n'qn
usera pas, qu'aile se bornera à.amàlior^r,
Mous ajoutafrông que'; 3 Voulût-elle 1 consti
tuer, elle se heurterait à'l'içapûssiftics. Jï^t-
ce que les partis ontdésarmé? esi^ce qu^ils
ne sont pas toUt : aussi- afrdents/tout aus
si inflexibles Qu'ils l'itaiefit'â BaMèaiM
Les aterihoiemei^s,, ^és^épeptiçns aux
quels ils ont été ^condamnés,, depuis , Ou
verture del'Asseaiblée,, n-'ent-aiême fait
que' les exciter; ÏJoçc^'sr'à Foraine 'l^s
prétentions "respectives des partis ët^ièajt
uji obstacle à -constituer, 0 à-plus forte
raisori le seraienfcelle's aujourd'hui! «•.
Nous n'ignoron? que le préambule
dctnt il s'agit yise directement Je messa
ge. .C'est une réplique. Mais -cette- 1 réplis-
que n'est au fond qu'un' aveu d'impuis-
Sanco; elle, no réfute -rien ;.elle ajoute
une liouvellç équivoque- & celles dont.
précises^testent débout jolies sontiseule-
■inent tenues en r'éséfve. Puîsqu'on -n'-en
voulait ; pds 3 J il- fall,k'it une, protestation
plus n^te,'piiis i^ûïué.' £' %'/, ; ■ J ;,; J (
Aussi .toute l'œuvre de la .commission
se 1 fessént-ellé dè ^son préambule. Ce:
préambulef la.gjêné/, clomime en se disant
constituante elle a .déelàré qu'elle,pe'voù-
laitriâs constituer, elle est' à'ce dernier
toute. propos'ittQQi '4u gouvernement' ; Iui
paraît infectée du virus constitutionnel
et elle
détourné les y,eux de 'Ip, propositionde
M. Diifaure7 relative à la créatiok d'un©
seconde Chambre* - et'à' l'a- 181' ' électoral.
Notons'.'«èpeijCdçtnj; que jpoûï/sbn pridpté
Compte elle a ienveloppé . ces deux : articles
dans safcompétençe.Maisilen est uh troi
sième qiû ^élïOrd,^ slxt les autres ej: qui
a réagi sur eux' pàr.';icontre-coup': nous
parlons ( ;dêY'Vorgknisatlofl d'un pouvoir
intérimaire, ^q^est-àr'dire; d'un "pouvoir,
préposé au géuvsrnémént dû pays,périr
dan^ l'intervalle qui séparera la Cham
bre actuelle de ..«jglle^qùi devra lui ' suc
céder. La seule idée d'organiser dès
maintenant un tel pouvoir s'est dressée
devant la commissiOnacomme-une tenta-
tivesubreptice de constitution.. t
• La'CommissionV-est évidemment exa
géré cette idée; il lui ..était bailleurs on
ne peut J ,plus,facile d,',en faire justice.
*Qu&vait-eHé à'dire? Elie avait'sà dire
ce# Quand l'Assemblée jugeta à pro
pos de ise 'dissoudre/e t qu'elleaura. con
voqué le corps électoral, elle n'en garde
ra pâs moins i sa- souveraineté pleine et
entière ; elle pèsera .comme .auparavant
sur Ja-nomination-et les ^actes- des minis-
tïesj',elle iontyôlerâ à son. gré l'exécutif et
donnera l'impulsion à sàpbliliqueïPasn'est
besoin, çarj conséquent-; id'un pouvoir^ in
térimaire quii en réalité, né serait qu'une
sùperfétation et'un.epibarïas.'
i Çeci posç,, la .cooiéÉjission aurait repris
vis-à-vis-de l'exécutif une liberté d'allu
re âutretîipnt Jarge que celle dont elle a
fait preuve jusqulçi. AuJlett de chercher
à l'amender -par des expédients, elle l'eût
réorganisé ^Yond.' .Car, ' alors, ell» l'eût
adàplé, -npn^pjus «eulêment, au présent j
mais-encorôy > et j cela ^ans^des' conditions
pgrfaiteQient léterpjine'es, à 4'avenif.'
Mais ^on^ jla, ciommission a dédaigné
cet^vantftge; ,éUe ^esthgurtéeÀ jiii:scru-
pule,'et par suite de la'résolution,quei.lui
in^pijf^^'jge, scTupùle,,, ï-jédoi^t^nt clé la
part deiM; Thiers, ©n imécontentement
gr,a,vS„elle a |J.é4i4 ) ivi?qu0 ^^^s'ies dépo
sitions sévères, mais justes^dont elle était
animée' feonlfe ldi. Aussi,' an lipu /dî'amér
liorer da'fioi iRivety idomme elle se ile^ro-
Pffsaik e]!;? 1^. eçip^rpp,, c;ç^t T ^di^'e qùe,
sauf quelques innovations de forme in^i-
gniflantés;' éïle a étendu plutôt' qué 1^-
té les prétentions de M. Thiers vis-à-vis
de l'Assemblée.
Quand donc ; l'Assemblép * sp souvien-
dra-t-§llgj®'^Je est souveraine et que
tout.dbitipliër sous sa volonté? Tan
dis qu'elle n'aurait qu'à 'se préoccuper
des ; pfjncipqsn elle, se lçiissa iri a^sor'||r
par utt. homme; elle lui .sacrifie tout
ety.-sé ' aïèt»A- sa merci. ■ Ce p'ept point
airisi 'qu'elle, relèvera son' îndépendanq^,
et fera prévaloir àon autorité.
( Les feuilles radicales ont influencé .la
commission. Nous 11e nous eii plaindrions
i>as si cette influence avait eu'un autre
résultat' 'résultat ; négatif, s'i eMe
lavait: polisse à. -l'action eL non à i'abs-r
■tentiorf. -Mais l'action est 'rayées 'ce -
se'inbl'^^è notte' VpcabulcQ^e pol^iqu^'. '
Ou parle,, on' pï:oÊesCe, ."on ' s'engage ■
puis plus rien ! En vain les feuijles'con-
sérvâtricé's .éperonnerit et l'Aésemblée et
lé gouvernement ils dempurent'ïnsensi-
blesj Les mesures les plus urgentes sont >
|ndi(^liô6S ; oh- lès'iiroàiet, oti ^s annôà-
ce jv 1q spipmeil n'fp, persiste,pfis 'moins,
t'épée deDamoôlès reste suspendue sur
la' tête des préfets' couiprëmis j' des
aires, des çonséils municipaux i^di-,
a®s, 1 : elle ne toïnbe pas ;; ety naturelle- -
ment, ' les < titulaires menacés" s'en mo-
qué'At;, : ; ; L J < 1 :
1 'A^quoi-bon, iquand ila société estenpé- :
ril, gaspiller son temps à des palliatifs im
puissants et qui, d'ailleurs, n'aboutissent
pas ?,Nb Conviendraitil pas' d ahordér'ùn .
ftravair.plus sérieux? .Revenons'dohç,' com
be nous lé disions: plus haut! auiç jours ;
iféçonds du pacte de Bordeaux. Puisque
jtdûs- les r effortsi paf-tiels ëchouenï 5 >: fàttbr
bhons-nous à l'œuvre générale. Cette
œuvrq avançait quand l'Assemblée,- s'insr
jiirant des vrais principes conservateurs;
ne se noyait point dans -une tactique de
détail ;, laissons-; donc «ce détails->©tv mar
chons rlargement ; souverainQtê oblige !
Comme Î1-fallait s'y. attendre, l'opinion
publique s'est assez-vivement émue de la
décision par laquelle la commission des
Trente a repoussé l'article relatif à la
transmission des pouvoirs, et la Bourse
d'aujourd'hui a Teflété cette impression
défavorable. 1 C'est en de telles circonstan
ces que le zèle d'amis peu adroits — à
moins qu'ils ne le soient trop, et plus en
core qu'amis— brille de .tout son lustre. Il
est, en eifet, à .no ter avec quelle inten-.
site. 4'indignation\ et (quel iempressement
pessimiste çer, tains jojirnaux,,qui^assent
pour «dévoués à. la. présidence^ ont affir
mé que, -tout était rompu entre le gou-
.vepement^t la commission., Il semble- .
rait que cètte rupture fût par-eux impa
tiemment attendue; ; et que les espérances
de ces'politiques pleinp de 1 'patriotisme. ;
. ( Si -tout est renxersé ne sauraient :sabsistsc.. • ■
• En tête de ce' cliosur sonnant les trom-
pettes desmalédicLions, il faut placer le
Jownuy des; Débats, qui résume, l'œuvre
dè'laconvais^oades Trente a^èc un;lacô-
nisme plein d'impartialité : « Toutes les
» propositions du gouvernement ont "été
» -rejetées par une. for te majorité^ dit'M.
» ^qhn Lemoin&é,. et la .coiamissi^n a,û-
» ni par choisir-pour rapporteur celui de
.» ses .membres'.qui passe' pour le plus
» J^qptïle a^. Président. $ Kçus pr oyons
superflu- dè; -relever Ja colossale )6rceur
de fait 1 contenue' dans la- première' de
çes . deux assertions ; ce, serait -faire
injure, & nos lecteurs qui -opt -suivi
jour par jour les travaux de , la com<-
missipn 1 ; e);,quant à la sec^de, elle cen-
tient, ^ l'adresg§ de l'honorable M. de
Broglie,' une imputation' aussi erronée
quemaivèillahtè; Nous , ne voulons pas
non plus la.^iisputPK ,uiais elle nous éton-
-ne à uni point que nous ne saurions-dire,
ayfirit eu l'oec^sisn plusieurs fois d'en
tendre lés adversaires de la conciliation
dansile Sens de la résistance s'exprimer
assez vivement sur les tfendances conci
liantes de îi. de Broglie. .
Le Journal des Débats, au moment où il
publiait.ce-matin ces -lignes empreintes
de tant d'amôrtuineVet de parti pris, ne
pouva/t ignorer,cependant.l'entrevue qui
avait-eu lieu la» veille entre- M. le. Prési
dent' dè la République et l'honorable rap.-
portèur de la^commissïon d^s Trente. Il
devait savoir que M. de Broglie s'était
efforcé de'pétsuàdér à M.' Thiers, dans le
langage le 'plus conciliant 1 et le plus
loyal,; que les dernières : résolutions de
la commission ' n'avaient été dictées- par
a'ucun sentiment d'hostilité contre le gou
vernement; ~I1 devait savoir, car cette
impression avait presque immédiatement
transpiré dan^ le public, que les assuràh-
ces données par M. de Broglie auraient
été cordialement accueillies par ; -M.
Thiers, qui,îe même soir, aurait dit à un
autre membre de la commission, M. De-
seilligny :« Je pourrais être plus -satis
fait; mais je ne'suis pas mécontent et ne
prends rien au tragique. »
L e J&u/rnal des Débats, à cette occasion,
a ! fait 'comme e§s mauvais joueurs 'qui,
mécontents d« ne pas voir les atouts af
fluer dans leur jeu, brouillent fiévreuse
ment les cartes. Ce sont ces-appréciations
quinteuses et brouillonnes, 1 ces démons
trations dè lâssitudéàmpatientée, ces-per
siflages amers de certains journauxîsé-
rieux qui agacent et déconcertent de la
façon la plus fâcheuse l'opinion du pays.
Nous n'hésitonspas à tenir cette polémique
pour malfaisante aumême degré sinon au
même titre que les articles des journaux
radicaux,r, et certes nous considérons
comme plus,inoffensifs les tonnerres- de
lerblanc que. la République française a fait
vibrer -hier matin dans ses colonnes; Le
journal de M. Gambetta, en effet, a si sou
vent et de tant de façons réédité l'ultima
tum.olympien dont,voici la dernière for
mule : Que,l?on craigne à la fin de trop
exciter l'impatience nationale, et, de bri
ser le ressort de l'opinion à force de le
tendre 1 » qu'on n'attache .plus- d'impor
tance à ces tragiques Tonronnements.
..Le rapport d.e M. JLe. duc de Broglie sera
soumis à,. M. le Président de là Républi
que jeudi-an plus-tard, et c'est seulement
après en avoir dionné'lecture à M. : Thiers
que M. de Broglie 1 le fera connaître-à la
commission. La-, chpse a été ainsi
çppvenue éntrp M. le Président de la.Rér
publique et. rho^orable'rapporteur, assu
ré d'avance ^ de, l'assentimênt < de. ,ses col
lègues. De cette façon,'la' commission
sera saisie en même temps du- travail de
-son rapporteur .et des observations de
M.'Thiers. iEt'jndn-seulement l'achève
ment j du - travail définitif' sera accéléré
d'autant ; mais il .est'.d'or.es. ,et déjà ad
mis que le rapport, tel qu'il arrivera
devant : l'Assemblée après cette dernière
élaboration, ns- 'comportera : aucun:sujet
de discussion passionnée, ne contien
dra -aucun, élémént .de dissentiment sé.- 1
rieux.' C'est du .moins .l'opinion, qui
prévaut davantage et d'instant en instant
à Versailles, et que nous sommes heureux
d'enregistrer. La visite que la gauche ré
publicaine a faite hier matin'à M. le-Pré
sident n'infirme en rien cette vue rassu
rante de là situation; elle la con|irmerait
au contraire.
L'épiscopat prussien a envoyé à la
Chambre des députés de Berlin une pro
testation contre les projets de loi ecclér
siastiques .qui viennent d'être proposés
par-le ministère et votés par la majorité
de cette Assemblée. ' . . '
.. « Si ces ^projets ,.-» dit l'adresse des
évêques,,u devaient être adoptés, au-
» cun chrétien catliolique, encore moins
» un évêque -ou ; un prêtre, ne pourrait
» les reconnaître ou s'y soumettre sans
» violer -i <3 d I us gravement sa, foi. » L'a
dresse' est signôb par ies archsvêques de
Cologne et de Posen, le prinoo-évêque de
Breslaii, ' les' evê^ués dé ïfulm,
bourg, Fylda, Trêves, Paderborn, Erm-
landj ' Osnabriick, ■ Munster, Hildesheim,
Fribourg,'et par' ' l'éVêque-aumônier de
l'armée. Les mêmes prélats ont fait pré
céder leur protestation' d'un mémoran
dum où ils < développent les. motifs de
leur acte. Ce dernier document, que sa
longueur nous empêché de reproduire
in extenso•, critique dans 1 la forme ! la plus
modérée et met à nu 1 les 1 dispositions ani-
çpès" et ânticatholiques des 1 nbuVeaux
projets de loi.
Pour c® qui concerne l'éducation et la
nomination 1 des prêtres , le -projet de
loi' 1 feconnaît, il est vrai, le droit des
évêques' de nômmfer aux : émplois ecclé
siastiques"; maté il restreinte© droit en
conférant à FEtat le droit, non-seulement
dé s'opposer'aûx'nominations^ mais mê
me de statuer, en dernière instance, sur
la légitimité de'son opposition. Il tombe
sous lé sens que, armé de ce droit,- l'E
tat peut- arbitrairement exclure les prê
tres qui lui déplaisent par un motif ou un
autije, Cette.: disposition viole les droits
consacrés en. faveur de l'Eglise par,,la
Charte prussienne. . , • ( . '.m
Quant à l'éducation des prêtres, de: tout
temps il a appartenu à l'Eglise et aux évê
ques ,de -former-le clergé. Le concile dè
Trente,, dent les (décrets sont reconnus
par le aroit prussien, a ordonné l'établis
sement de - séminaires dans chaque dio
cèse. L'es, .évêques prussiens, .'ont, il est
vrai, permis, aux. étudiants de théologie
defréquenter les (Universités de Bonn, -de
Breslau, de Munster et d'autres Ùniver-"
sites allemandes. s .mais ils, n'ont pas
entendu, par là, renoncer à leurs > droits
d'établir, des séminaires. De plus, ils
n'ont, pu donner cette. : permission qu ? à
la condition que le3 facultés de théologie
catholique'de ces Universités se subor
donneraient^ sous» le rapport théologique
et religieux, à l'autorité ecclésiastique.
0r; que s'est-il passé dans' ces derniers
temps? La majeure partie des professeurs
de. jvthéologie - de Bonn s'est révoltée
contre-l'Eglise' de Rome ; eh bien ! ces
professeurs ' sont: maintenus par l'État e,t
soutenus, par,:, les autres professeurs, -et
Renseignement qu j ils donnent aux futurs
prêtas, pourrait être accepté par Jes évê
ques ? Dé plus, le nouvBauiprojet de loi
impose aux prêtres des études étrangères
à leur profession, sous prétexta die lôjir
donner une éducation-soi-disant nationa
le, mais, en vérité, destinée à leur incul-
qu^jr ,des opinions anticatholiques, - ,
L'fîtat veut fermer les grands et les
petits séminaires-: lefprêtre ne devra pas
être[éle,vé,,dès son onfance, dans des éta
blissements spéciaux, ^alors que, l'Etat
fonde, des écoleg de cadets pour les offl-
ciecs et d'autres .peiisio-unats pour diffé
rentes carrières spéciales'.!
Le mémorandum passe ensuite au pro
jet de loi: relatif au- -pouvoir disciplinaire
qiie- l'Etat enlève,-en partie^ aux' évêques
pour se l'approprier ; il veut même favo
riser l'indiscipline des prêtres en leur fa
cilitant les -moyens d'appeler de l'évêque
non pas au Pape, mais à l'Etat. Le mé
morandum émet l'avis que la plupart des
prêtres qui -ont failli préféreront être
punis,paç4 ; ^yêq]ie,plu,tô,t que d'être gra
ciés par l'immixtion du, gouvernement.
Enfin,; quant au droit que la nouvelle r lé
gislation-confère à l'Etat, de]destituer les
évêques et les prêtres, il est certayi que
l'Etat s'arroge un droit qui ;ne saurait li^i
ay^antenir ; il jùe fait ni. l-é.yêquçi ni ^e
prêtre, commaat pourrait-il les Révoquer?
L'Eglise lès crée,, ce quj'ils sont,, i'Eglise
seule-, a le pouvoir de leur enlever 1 leurs
fonctions ecclésiastiques'. ^ . -
■Les évêques déclarent, 1 .en .terminant,
qu'ils ne réçonnaitr ont jamais la compé
tence d'une cour de justice de l'Etat-,en
matière religieuse, èt si undes leurs était
jamais traduit : devant une pareille cOur
de justice, ils éspèrent que « la force ne
lui manquerais d'y rendre témoî^nsige
de sa 1 foi et -de souffrir tdùt pour'lâ liber-
)té de rEglise."» 1 y ■ ', '
'■'Nous ajouterons qué ce mémorandum
a profondément irrité le gouvernement
d§ Berlin, à', t'el point ^ue la question à
été;agitée, de suppriçner les : traitements
de tous lès signataires de l'acte de-pro
testation.
LE ROI AMÉD£E
Madrid, il) février, midi.
L'intention d'abdiquer, manifestée par le
roi Amédée, a-été, dit-on, motivée par les
divergences, d'OTimoii qui se sont .produites
entrera Majesté,"et les ministres. - On pré
tend que le roi résistait aux projets du mi
nistres provoquer à ,çet ,é£ard: de vote du
Sénat et du Congrès de £§con à ,lui forcèr
en quelque , sorte la maip." - '
pourrait, etre: vaiaùfe ; crue
lorsqu'elle aurait été jicceptée par une loi
votée parles Gortès. v
...yt of n | 3{,n t amui -AI
Madrid, 10 février, 2 h.'SDir.'v
La Correspondencia croit que les séances^'
des Cortès'seront suspendues pendant ;deux
ou trois jours. 3 'La- - proposition (l'abdication
sera-pi^sëntée'si'le rpr.persiàte. , -
'-Où'croît que 'dans tJ ce cas les Cpftè's, ré
pondront par un 1 message-repoussant res
pectueusement la-propositidn; ! 1
Sr le-Wi insiste' les; Goûtés feront ,u
spêéialè 'pôiiT la'circonstance. 1 ' •
pdùdïa^leurs'^séànc'e^ '
.une loi
Ils éliront unë- régence: conformément .à
la Constitution. '' 0 1 - ■' • V, ,
^Ulmpafciàlccût aussi 1 qué la question se-
ra traitée' irfoitformément à la'Constitution;
Un grand n ombre de personnages influents
orit ^offert leur appui, ail gouvernement.
Toutesies autorités 1 continijent 'dp rester' à
leur poste.- La-tranq'uîlîifé'règne tâHiours ïi
Madrid/ 1 ^ ' 1 ^ ' '
ri.f'UJ.Ja : UWttJ K- j'. •-;-))> '>:• - -
D'autre part,; nous,recevons; de l'Agence
Lombard la dépêche suivante :
, ->Londres, 10 février,. .
' 2 h ; 10 m., soir.
Madrid. — Le roi exprime au président des
Cortès sa volonté d'abdiquer. :
M- Zorilla demandera a"ux 'Coûtés dé sus-
' l 'quelqUes
jours'pdiir'fairé'i'èveriir'ie' roi sur sa déte^-
mination. •
Si le roi persiste, les Cortès assumeront
tous les pouvoirs.
: -\i iij ■ " 1 M
On nous écrit',de Yprsailles, le 9 février
soir : ; ■
Le rejet du projet présenté à la commis-
.sion des Trente par M. Dufaure a donné
lieu hier-à une vive émotion parlementaire
qui a-eu sbn contre-coup dans le public.
Tout espoir de conciliation entre la com 1
mission et le gouvernement n'est peut-être
pas : perdu cepe'ndant, si l'on en jugé par le
langage-que tenaient hier, à l'issue de la
séauce ; de la commission des 1 Trente, quel-
q.ues'uns- des-' membres de la majorité de
cetpecommission.- 1 ■ -" ■ j -
Le garde des-'sceaux demandait que l'on
statuât à - bref 1 délai ' sur-un projet relatif à
une seconde'dhambre et que la commission
s'occupât 1 d'une loi-électorale. : ' '
- -Lë" projet^ de - la' coin-mission accepte ces '
deux principes ;< le "dissentiment ne;'porte
que sur une q-ùestion d^'forme résidant prin
cipalement dans 'ies^mots. à bref délai, que
le gouvernement Semblait disposé' à aban
donner.-."-^' -
• Dans la pensée du gouvernement, la,com-
mission'deVait s'occu per sans retard, une fois
que le projet actuellement soumis à ses dé
libérations serait voté par l'Assemblée, de
l'étude d'un projet de loi relatif à l'organisa
tion tf'unefSeconde>Qiaiabce^ s • - ^
Or, rien n'indique jusqu'ici que la com
mission veuille ajomrner "Getté étude àune
époqiue plus éloignée^ son; intention, à cet
égard, sera ^ans,doute, nattfiment formulée
dans le .rapportnat si-eile est- conforme aux
désirs du gouvernement, celui-ci se déclar,e-
liait.assurement satislait de la voir consigner
dans le rapport. - -n, , '
uQuant à :ia''transmission des pouvoirs du
Président,.la majorité-dé la commission re
pousse ce projet, non pas dans un sentiment
d'hostilité pbUr-M. -Thiersj mais parce qu'el
le ne,.lQ.trouve ni urgentj ni uliie. là Oriam-
bçe pouvant,-lorsque le moment séra yenù;
statuer-fiur.ee, point,. môme à'ila ! derriière
h^ure, et parce, qu'il implique > une idée' da
dissolution que la -majoiûté ne veut paslais-
FEUILLETON DU C0SSTITUT10SSKL,H EÉY^R,'.
1 1 IW( .ri ni ,*Jf(. r vfïfsr hi-fVu'M
; J]). ) 1
ILBACIOÎ
-aa
• Un soir—je m'étais donné jusqu'au len
demain pour allerme jeteriià ses pieds.;
j'avais allumé un grand feu, car je ne par»-
venaia pkts iàt r^Bljauffer jïion sang qui se
glaçait' dans'mesiveinesj'e -Vis entrer
cet i amî?tpàt qui.j'avais ^été -présenté -à
elle et par; qui,je l'avais connue. On
s'étonnait de ina diépantién'-et-ll venait
pîjen^r-e.dô ih^s.p.owel^s. J[e injs ma,ré
clusion sur le co"mpte4-UA§ipiwsgogitîQn,
de travaux à-flnir,;d'é^amens à prépàrer.
Enfin, ", iUme-parla d'«715p..: On,la v ( ojait
partout,-ytuijpois,- aux pousses,,) à I50péra.'>,
■Je hasardai-/quelques, quegtionp etr lui
demandai pourquoirellô|allalt à'cesibals>
à oes-sSbupôrsjftt MJqu'elle-y; faisait^. Que
sais-je encore ?-Càr-j ? étàis4'uie jal®usie
ridicule, insensée.
Et lui :
—. Elle-$y (vient en garçon, comme elle
dil.iDu-jfasteypersonne ne lui connalt d'a-
mant ■ et. cependant ce ne • sSnt ni les
occasions qui lui jaaaiaqueatj.inijJasirâf
cherches qui lui font «défaut* Mais, non,
sa porte con^me,SQp, cœur paraissent mu
rés. Au bal; et-'elleTi'en manque pas un,
aux soupers, et elle eo-est toujours, elle
payas son entrée^.-son icot, ; sa, toiture, et
jusqu'à «es te>uquBt§ t ^Ue-pasge-aift^j. tou
tes ,. ses:-nuits"©fcJaène use ^i^tgnçe ^
tueraitmn-oheval. /PwÊOiPi ,je n'yjr.ésis r ;
terai&'pas. Les femmes YQis-foyMeic }eur
apparance frêle,jjdéliea te* 1 >n$u% opterfe-
raiénJb», tous-quand elles s'y mfttjtentyr îust-
qa'Ma 1 moment. &àvéile$, tombent/à Jeur
tour» épuisées; et alocSieeuvont^our- ne
plus sejrelevec. » +u ■i .• •i.iun.n' -
.D'ailleuçs.-^ans quflipersonnBiàit iWi£a.
en pénitrerie secreJty^niui croit .un cha-!
Îfriajpro£ondjjet l'on prétend qu'elle veut
e tuer i«n^e ituant; elleimBûia ;t au ferpln
un traité avec la société (Jeg «ens de lettres.
dont ejîle va, çe J '^era bientôt^ fait ; d'au-
un an4vrysme«t qu'il auflirait dLune émo
tion un-peulforte pourl'emporter. : 1 1 t
1 Mon ami..* - j
i J'allais tout lui dire ; la parole expira
sur* mes; lèvres ; j'avais,/hente de moi-
même. '...' '
— Parbleu ! reprit-il, si tu le vçjix^ l'oc-
ca^iop estibelle ; il,y.a jbal .céiso^r ,à»lfQ-
péra.'.Viens avec nous, tu la verras. Elle
est bien-; changée, ; va. -Eh, bien 1 ; est-ce'
convenu? ■-■ ■>.
'-4 -Non,- non ? lis-je vivement; mais
puisque tu la 1 verras, toi, tu : peux me
ren4ffi| un service, un grand servicé.
. — Je m'y,ehgageà l'avance;' de-quoi
" ".-il? '
i .-- ■ ,1 ;j{!£
-îJQe.luijemettre une lettre. ^
-rr Bah ! tu-luiéeris.doqc?....Volontiers,
mais tu perdras ton temps.
1 Je ne l'écoutais déjà plus. Je pris une
feuille de papieret écrivis ces deux seuls
paots au milieu de la pagè,j • f '. ' ,,
- *1:11.?* Pardon T <
! » PIERRE, x
4 Je cachetai le billet'et"le remis à mon
ami. Il partit iejifiii ..vJe raçcompagnai
jusqu'à la rue et, avant de remonter, j'en
trai chez mon portier.
1 — Quelqu ! un ' viendra cette nuit, lui
dis-je,'je -iie sais à quelle heure, mais'on
viendra. 'Il faut-, entendez-moi, il faut
que la -porte -s'ouVre -au premier coup
de sonnette.' " %n -! #
Et je glissai cinq francs dans sa-main, ;
çe qui me valut cette réponse ; , - ,
i -^ Monsieur peut -être tranquille, on
il© fermera ni l'œil, mi J'oreille^
revoi'r^yait jçanimé toute -
de mes vingt ans, m!avait, feddu toute la
violence'de mon amour. Je^fisM^ teilette,
de ma. cha*hre ; rien ne ,me .semblait
assez-beau pour çlLe etf,pour, la première
fois, je regrettai de n'avoir - point un pa-1
lais pour îa recevoir, J'allais et je venais
copime, t 'uh fou ; la pendule'ne m'arenant'
pas assep Vite au'gré. de mon impatiè'nieé,
je,l'çivânçài., ' ' •• , ;J , ^
, JBll«jretardait...*sur fflon^çeur., A™i-
nuit, je descendis, pensant'que le con
cierge s'était endormi et qu'il .pourrait'la
faire attendre. ; ' - ji ' , '
Je prêtais'"ro'reilIe au moîndré'Bruit '; '
mais ies i passants étaient devenus rares
et l'es voitures ne s'arrêtaient point de
vant la maison. Une heure sonna à Saint-
Sulpice. .......
.— Il ^e l'aura point trouvée, pensai-je;
ellé,'ne'siéra pas'allçe à ce.l»!,-, {! \\ ......
Un moment, je songeai qu'elle pouvait,
être malade, et je me disposai à sortir pour
me Rendre chez eilé; Mais quoi 1 à cette
heure, au milieu de, la nuit? D'ailleurs, ne
po'uvait-élle parvenir dàn's l'intervalle ( ?
Et'j'attendis. Je ranimai le feu. Elle aura -
froid, me, disrje. Et puis, il y a-lçin d»
l'Opéra ici. , - :
l -J'arrêtai ; la ^pendule, dont l'aiguille ir
trop agile maintenant, indiquait deux
heures. Etje commençai à désespérer.
—Elle t neviendra plus! iJ est trop tard.
J'étais bipn fou 11 de croire , qu'un mot,
suffirait pour obtenir le pardon- d'une
aussi mortelle injure !, :, ■ _ ,
--JEt, les coudes.'sur mes gerioax,-la tête
entre mes paains,, je me pris à pleurer ;
mes larmes tombaient sur le tapis — len
tement. Ala Cn,- je m'endormis de las
situde et d'épuisement..:
Tout à coup,.'san^ ^ue. j'eusse entendu
ni le roulenlent d'uqe voiture, ni la son- -
nette retentir, ni la porté d'entrée s'ou
vrir et se refermer, un bruissemjen.t de
soie parvint à mes oreilles ; :je.me préci
pitai, jusqu'àl'escalier... C'était elle ! C'é
tait elle'! •
- 1 .~t\ j- ! l .?,■'• j.» : t , r -■ r : - t -•
Elle se jeta dans mes bras, et noys
nous embrassâmes longuement.
-Elle posa sur une chaise la pelisse qui
l'enveloppait, et .voyant qu'eue tremblait,
un peu, je la fis' asseoir devant la chemi
née : iè m'étais mis à ses genoux, et, tout
en J lui disant mille tendresses; je la con
templais,. ' •' ,
Son corsage et sa jupe,de taffetas bleu
dé ciel étaient garnis'' de fourrure blan
che, légère comme un duvet; sa coillure,-
dans le,goût polonais, et>ses bottjnes de
pareille,étoffe étaient bordées.de la mê
me garniture ; sa jambe aristocratique se
révélait jusqu'au genou. Elle avait pris
ma tête ^aàs'^es mains et ine regardait
comme Si ellô' 1 eût eu le pre'ssentirùeht
que c'était pour la dernière fois...: -t .t t,
„ .m Je savaisjbien ; ,41 tr.ells, ..qusio le, mi
verrais.' Tiens, voici ta lettre.' 1 j -
',Et,ieHeitira>de ison jcorsjigp un papier
frùiss'é par les battcmpntg, ,de son cœur.
— Quand ton ami me l'a présentée, je
m'étais arrêtée au milieu d'une danse
pour me reposer. Ah ! ce ne fut pas long 1
Je .congédiai naon cavalier,-et, avec lui,
tous les danseurs qui s'étaient Inscrits >
sur mes tablettes*
• En disant, ces mots, elle jeta.dans-1 atie
son cairnèt de bal, dont la nacre s'épar
pilla en crépitant au- milieu des flammes.
Je lui demandai^ enfin, slelle me par-
donnait,mes,odieux soupçons..,, .
— -Serais-je ici., si je ne te les pardon
nais pas? me répondit-elle simplement.
D'ailleurs, c'est ma" faute; ce qui m'est
arrivé-ressemble tellement aux aventu
res d,'une héroïne de roman que.tu.n'y
aurais pas ajouté,foi;,tu m'auraisconfon-i
due peut-être ayee ces.femmes qui ont.
toutes june histoire.,
Eh bien! à cette heure, je regrette; de r
ne t'avoir pas fait la confidence de ma
vie; tu m'aurais mieux jugée et nous n'au
rions pas tant souffert.
Et comme ;' "~~
je ne doutais"
n'avais jamais
Ba-Biaîn sur ma b'ouche et; continua :
— Ce n'est pas long... J'avais vingt ans '
quand mon pere, malgré son âge, mal
gré lé souvenir encore vivant de ma mè
re, 'contracta Un "nouveau mariage et ;
épousa' ma gouvernante. C'était une fem- 1
me ambitieuse qui, dans cette union, ne 1
convoitait que le nom" et la fortune de
mon'père. Toute'nfâpt, j'avais eu àsoufirir
de son çarabtère ; mais alors elle voulut
prendredarislamâisoii et sur nous'tous un
tel'eiapire que sa vue me devint odieuse et;
l'existence insupportable. Quant j'eus at
teint tna majorité, j'obtins, de' mon. père
qui! me laissât libre. Après avoir 'habité
quelque ^emps une maison de campagne,
qui m'appafrtiènt du" chef de ma mère, je,
suis venue" passer - l'hiver à Paris, f'àr- !
fois, je'reçevais des nouvelles ou une vi
site de njon père, qui déjà .déplorait ce
fatarniariâge; cette lettré que tii as .vue |
étalt'dë îui. Tu sais fôu£ mainténapt _ if
Assez riche pour vivre dans -uné coin-'
^ plète indépendance, j'ai 1 'véctl puré,' ( ,ch,as-i
,tp, sans désir comme ^an^* ^'aill^gQe^
> a'u 'milieu dé ce monde inconnu pour' moi
jet vers lequel m^attiraient invincible-
jment des lectures dangereuses ^t d'irré- 1
jsistibles aspirations: .
j Jè pris ses rriainS et les,couyris .de b^ii-
jsers, en murmurant cent fois ce mot .
j Pardon !:..',pardon !
, Cependant, par, mqpaexij;, elle portait:
jëo'n Haouchoir à'.ses lèvres, et chaque fois,
de s taches pourprées en rougissaient la,'
batiste! • ~ - ' ' ,,,, '
i Et ! coinme je m'inquiétais
, —Ce n!est,rien n va,'fit-qlle doucement
jmais d'une voix si faible que'j'avais" pei
ne à .1 entendre; ce n'est rien, c'est duj
;rouge qué j'avais mi^ —'et qui s'en va..
jCar tu ne sais .pas je voulais mourir, j
jOui. Est-ce quç j'aurais,pu vivre sans toi?
iAh! que j'ai souffert! Et rnainfanànt,j
'mon émotion, 1&plaisir d etr^'lâ, pfè^de
toi, semblent Vaviver toutes mes Çati-
jgues...'Je suis brisée... Qh ! qu,e je. voti- ,
idrais dormir ! v . .;
! 'Je la portai sur mon lit. UUe, f & laissa i
faire, comme un enfant qué soignerait, sa ;
Nourrice. La-pauvre fille était pi faible 1
qu'a tout instant elle était p^ès dp 's'éva
nouir. " , ' ; ', , !
Quand elle fut couchée, je. ïne' plaçai 1
au ch'evet du lit. ,
—Rçste là, me dit-elle, ta main dans la.
mienne..- Ah ! que j,e suis, bien, fit-elle i
encore.', ' '
Puis, sa tête se renversa en arrièrç, et
'elle demeura immobile et silencieuse', '
comm'e' dans le sommeil; mais moi, j'é
tais effrayé à ,1a, vue,de ses.yéux étran--
f ement" dilatés, fixant- la lumière,,,et f
ont les paupières n'av^ie^ij,. plus, de
clignotements: Je lui parlai, la suppliant
de merépondrè;elIèm'ent^ndàif,sapsdou-,
te, mais de sa poitrine, haletant sous une '
respiration bruyante, saccadée, de sa bou
che entr'ouvèrte' et qui semblait aspirer
l'air,, la vie, ne s échappait, qu'un faible
bruit, éteint ,'.comme,pu soupir,. sinistre r
comme un râle'.' Par intervalles, toutspn.
corps se raidissait ou se' contractait f^i-;
biement. Je dégageai '.ma'main
sienne, dont le pouls était dèvenuprés-j
que ^insensible, et. ; l'approchai de sbn
cœur. ' •''' ■
, Alors; ce^œyr quij m 'avait tant ai
mé'J rr—r classa de-bflt-tre ,iCOmme si la-piiu-
!vre enfant n'eût attendu que le contact
i d$ ma^mainpour cesser d J exister, comtpe
isijsa pauvre ■ âme 1 n'eût 1 attendu que ce
geste pour j s'étthapper j iie J r so r n enveloppe
meurtrie.-..
Quelques heures plus tard) on me trou
va, étendu au pied du lit$è,1a morte, i. -
Puand je revins à moi, quand je la vis
immobile et glacée, livide sous son rou-
fe,-,inanimée . sous son costume de -bal;..
ans;une crise-de désespoir, je heurtai de
ma tête les.'murs' s de nia chambre... Ma
douleur hurlait comme lalopve à qui l'on
a pris ses petits,, et se répandait en san-
iglots.déchirants.l. et sousimes fenêtres,
un orgue, ô u misère 1 se mit à-jouer II
IBacip !, ,
j -t-î^ ' ■
t On voit encore au Père-Lachaise une
tombe de marbre blanc, envahie par le.
lierreetque recouvrent des plantes grim
pantes ;,,sous, lej3 ( fleurs, ,on r , distingue à
ces mots,incrustés dansle marbre;
: ANNE-ÉGLANTI.VJE DE BOljuGYBAULT.
Deux- hommes-'viennent s'agenouiller
devant cette tombe : • •
L'un, jeune encore : il pleure';'l'autre,
couyej14,'âge, h il n'a plus de,larmes. ,,
1 illnijour, ais^se-sont-rencontrés.
! Vous connaissiez ma ille, Monsieur;
dit lé'.vieillà'rd tri^epiept...
-i .— Oui, répondit le jeune homme.
•Et il ajouta : oesmotS, ! mais si- bas que
personne,pfypu^p'jjçniire' :
—-Oui, etje l'ailueew.,1 „
— Vous l'aimiez..., merci,... fit le vieil
lard 'fenVéloighant. ..
fit ce jour=-là>-comme ils sortaient, pen
sifs, de l : asile;du dernier sommeil,l'orgue
se trouvait encore là et jouait la valse si
célèbre, d'Arditi r qui réveillait, dans "Jo
cœur de Pierre tout un douloureux p'oè-
e de Souvenirs déchirants et de larmes
râlantes. , . i ..."
iJ' t •- » U il'J - ■■ ■ f • i . ... "i , - . ■ :■ > , 1 ;
- , • Edouard BAUBY ■
FIN.
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