/ £/t,
n& AmÉE. ~—N*
, BUREAUX A PARIS : M -DE ÏALOIS (MAÏS-RÔYAL-)/Mf.
B
ABONNEMENS DE PARIS
. k 1.3 FB.
« . 8© FB.
TROIS HOiS..
SIX MOIS. .
UN AN. .
pour les pats étrangers ; voir le tableau
publié les 5 et 20 de chaque mois.
E. GIBIÀT, directeur pôlitique.
Les lettres ou envois d'argent non affranchis son^reTasés.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
OUMAL POLITIQUE, -LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
mois mois.. .
SIX MOIS. .
UN AN. '
UN NUMÉRO 2® CE2XTDSES.
*
Jjes abonnemens datent des 1 er et 16
de chaque mois. .
Les Annonces sont reçues chez MM. Fauchey, Laffîte, Bullier et C",
place de la Bourse, 8; àM.'Duport, 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
.Les Annonces ne sont reçues çpie sous la réserve d'examen, et,
de modification par l'administration du journal. ,
â lies»'
m-
PARIS, il MAI.
Nous avons le profond regret de cons
tater que la troupe de malfaiteurs qui
avait essayé sans succès, lundi soir, de
troubler l'ordre dans quelques" rues de
Paris, a renouvelé sa tentative dans la
soirée de mardi.
L'inexcusable curiosité de la population
parisienne avait été malheureusement
excitée par les récits des faits de la veille
très exagérés par quelques journaux ; de
sorte- qu ? une foule considérable s'était
portée à Belleville et dans le quartier
avoisinant la caserne du Prince-Eugène.
Ainsi qu'il arrive toujours, les perturba
teurs se sont trouvés protégés par la pré
sence de cette foule. Le tumulte et le dé
sordre se sont accrus. Quelques barrica
des un peu plus sérieuses que celles de
la veille ont été élevées. Il y a eu des
blessés, et même trois ou quatre morts.
On trouvera plus loin le'récit de ces
tristes faits, qui n'ont pas d'importance
sérieuse, mais qui n'en sont pas moins
profondément déplorables.
Suivant leur odieuse tactique tous les
journaux radicaux, depuis l'Avenir natio
nal jusqu'à la Marseillaise, ne manquent-
pas d'insinuer -que ces,.; désordres, sont
l'œuvre de la police,, des blouses ' blanches,
des agents provocateurs, pour employer
leurs expressions. Ils affirment énergi-
quoment, et l'on doit'les en croire, que le
parti républicain el les ouvriers, bien loin
de s'associer a eux, « se seraient chargés
de corriger ces drôles, si la force publique
eût fait défaut. »
Il faut prendre note de cette excellente
déclaration. Si les émeutiers suspects à
toute la*population et désavoués par tous
les partis troublent de nouveau la paix
publiqueet se font infliger une énergique
répression, le gouvernement doit pouvoir
compter sur l'approbation de la Marseil
laise, du Rappel', de l'Avenir noMonal , du
Réveil et de tous les journaux qui dénon
cent avec tant d'indignation les blouses
blanches.
Quant aux citoyens paisibles, ils doi
vent comprendre enfin que leur curiosité
devient coupable et qu'elle les peut expo
ser à un sérieux danger. Il n'est pas pos
sible de tolérer indéfiniment dans Paris
. des semblants de barricades et d'émeu
tes. ■ •
Les journaux étrangers sont ■d'accord
av.ee -la presque unanimité de la presse
française pour reconnaître que le vote
sur le plébiscite prouve que l'immense
majjorité de la France repousse à la fois
les -idép^épublicaines et tous projets
réactionrfraiBps. ' •
Le Times, 16 Morning Post, le Gfbbe, le
Dail>/ Telegraph constatent que le vote du
8 mai « a produit le meilleur effet à la
Bourse de Londres-sur les fonds publics.»
L 'Evening Standard s'exprime ainsi :
« La France a fait une réponse décisive,
et il en résulte pour l'Empereur un pres
tige, et une autorité qui;, nous l'espérons,
lui permettront .d'établir*«ur des fonde
ments indestructibles la nouvelle souve
raineté constitutionnelle napoléonienne
qui, pouMa France, sera la plus sûrega-
papier dans le genre des chèques de
banquier ; l'électeur se retirerait dans
jiJi^jmaib^fidtee-;-fà^--^firaît*'le nom'
de son candidat, puis il remettrait son
bulletin plié au président qui le dépose
rait dans l'urne.
A la fin de la journée on enfermerait les
bulletins dans des paquets cachetés, on
les donnerait au rapporteur de l'élection,
qui, après les avoir ouverts, ferait connaî
tre aux assistants, et ensuite au public,
par la voie des journaux, le résultat des
élections.
D'autres dispositions du nouveau bill
tendent à limiter les dépenses faites par
les candidats et à corriger la corruption
électorale.
Au nom- du gouvernement, M. Glad
stone s'est associé à la pensée de ce bill,
en déclarant que pour ce qui regarde les
universités on ne changera rien ' à leur
façon de procéder en matière électorale.
Une dépèche de Berlin assure que les
grandes puissances se sont entendues
pour demander au gouvernement hellé
nique qu'une enquête soit ouverte sur tous
les faits se rattachant à l'affaire do Ma
rathon.
On mande de Madrid que la majorité
des Cortès est décidée à aborder très pro
chainement la question du choix d'un
monarque.
c. barbe.
COURS DE LA. BOURSE.
cours de clôture , le 10 le 11 Hausse Baisse
3 0/0aucompt. 74.80.74.70 » » » 10
— fin du fhois. 74.92 74.'90 "» » »
4 l/2aucomp_t. 102.90 103. » » 10 »
02
TÉLÉGBAPHIE PRIVÉE..
AGKJfCE IIAVAS.
Angleterre.
pour
et de
rantie de l'ordre et de la liberté.
l'Europe lé meilleur gage *,de paix
progi*<$£. ^
La .Chambre des communes a autorisé
danssa séance de lundi soir la présen
tation d'un bill important destiné à amen
der la loi qui régit les élections parlemen
taires.-
L'auteur de ce bill, le marquis de Har-
tington, propose de substituer le scrutin
secret au vote public. •
On remettrait à, chaque électeur un
Londres, 10 mai soir.
Chambre des communes. — M'. Otway, sous-
secrétaire aux all'aires étrangères, répon
dant à M. Ilerbort, dit que le gouvernement
anglais a envoyé des instructions à M. Ers-
kine demandant crue l'exécution des bri
gands soit suspendue jusqu'à ce que l'en-
quete sur les massacres de Marathon soit
termiaée d'une manière satisfaisante. ■ '
: . . Londres, 11 mai.
Les avis de Cuba portent que les insurgés
ont disparu du district .de, Garnagney.
Ilier, à Londres, a eu lieu un meeting des
actionnaires doda Submarine telegraph Com
pany, dans lequel on a adopté la proposi
tion de poser un nouveau câble entre TAn
gleterre et la France,'vers la fin de juillet.
, Prusse. -
Berlin, 10 mai, soir. i
On assure que les grandes puissances se
sont entendues pour demander au gouver
nement hellénique qu'une enquête soit ou
verte sur tous les faits- se- rattachant à l'af
faire de Marathon. ,-
Le comte de Bismark sera de retour ici, le
13 mai, jour, de l'arrivée de l'empereur de
Russie.
Vurquie. 7
Marseille, .10 m'ai. :
Les lettres de Gonstantinople, du 4 mai,
rendant compte: du service funèbre célébré
à l'ambassade d'Angleterre, en l'honneur
4 des victimes de Marathon, portent que, dans
un discours prononcé à cette occasion, le
chapelain de l'ambassade a dégagé la res
ponsabilité de la nation hellénique eii pré
sence d'un fait qui n'a ' pas d 'autre portée
que celle d'un acte isolé. ■
Grèce.
Athènes, le 8 mai. ■ ■
(Dépêche arrivée seulement le 11 au matin.-)
Dans sa réponse au premier ministre grec,
M. Erskine, ministre 'd'Angleterre en Grè
ce, dit: « Je n'hésite pas à déclarer que, dans:
ma dernière note', je ne faisais pas allusion
aux chefs actuels de l'opposition. Ceux qui
connaissent la langue anglaise ne peuvent
douter que les mots « by some of tlie lea-
ding- membérs of tlie opposition » n'indi
quent pas les chefs mêmes. Quand les An
glais veulent indiquer M. Disraeli, -ils ne
disent pas : A leading member ol' tlie oppo
sition, mais : the leader, ou : aleader of tlie
opposition.
Lesxhefs de l'opposition oQ'f envoyé à M.
Za'jmisune députation, pour lm,demander.
--deS explications"sur Tes "paroles mises dans
sa bouche par M, Erskine.
M. Zaïmis a répondu par écrit qu'il n'a-
vaït jamais tenu fe propos que M. Erskine
lui attribuait.
Espagne.
Madrid, 10 mai, soir.
Les Cortès discutent ies lois municipales.
La junte directrice de la majorité .discute
les bases des résolutions qu'elle doit sou
mettre demain à-la majorité. On assure
qu'elle abordera la question du choix d'un
monarque. >
Les républicains ont tenu aussi leur réu
nion. *
Italie.
Florence, 10 mai, soir.
Depuis l'affaire de Filadelfia, bon nom
bre, d'insurgés sont retournés dans leurs,
•foyers. ...
- Hier soir, on craignait une grève séditieu
se des ouvriers:employés aux travaux du tun
nel du chemin.de fer de Stallati (GalaCre) ;
mais les derniers avis assurent que toute
crainte à cet égard s'est évanouie>$l£entre-
preneur des travaux s'étaiit procuré de l'ar
gent pour payer les ouvriers.
Chambéry, 10 mai soir.
On mande de Gagliari, 7 mai :
Dans là nuit du 4 mai, une "bande de
80 individus a assassiné et volé le caissier
communal du village de Silano, malgré la
résistance qui leur a été opposée par les ca
rabiniers et par les habitants.
» Une dépêche de Naples, du 8 mai, ap
porte les détails suivants sur l'alfaire ae
Gatanzaro ; • "
» Hier, une bande de 300 hommes armés,
dont on ne connaît pas la provenance, a dé
barqué sur la côte de Gatanzaro; elle a. bi
vouaqué sur les-h auteurs de Maïda. Cette
nuit, deux bataillons du 65° et le 43 e batail
lon de be'rsaglierssont arrivés par le bateau
à vapeur le Plébiscite. Le préfet de Gantan-
zaro a interrogé Menotti Garibaldi sur la
provenance et le but de cette invasion ar
mée. Menotti a répondu qu'il ne savait
rien.
. » On assure que les insurgés ont montré
aux gardes des douanes ,en faction sur la
côte, de prétendus passeports de libre pas
sage sur les territoires de la République
universelle,
» Leur chef est un nommé Foglia, dont
le nom était complètement inconnu jusqu'à
présent.
» Le bruit court qu'une partie des insur
gés sont des ouvriers du chemin de fer sans
travail. »
> Notre ; corres'pondant particulier nous té-
légraphie'de la frontière romaine :
Rome, 10 mai.
Le dépouillement des votes militaires de
la .division française n'a donné que 540 non
et un peu plus cle'100 abstentions sur tout
l'effectif, qui est d'environ 5,000 hommes.
La Correspondance du Nord-Est publie
les dépêches suivantes :
Berlin, ICUnai, 1 h. après-midi;
(Arrivée en retard.)
Répondant à un député-qui disait que-les
petits Etats sont incapables de supporter
les charges que leur impose la Confédéra
tion et son t condamnés a disparaître, le mi
nistre Delbriick a déclaré que la Prusse a
fai-t-assez de sacrifices pour l'Allemagne et
qu'elle ne peut pas agir parce que la Con
stitution fédérale a - pour principe et pour
règle de protéger les constitutions particu
lières.
Pesth, 11 mai, 8 li'. 30, matin.
L'impression produite ici par le discours
du prince Gzartorvski est excellente.
La plupart des journaux approuvent ses
vues sur l'organisation constitutionnelle de
l'Autriche.^
SERVICE DE NUIT. -
Angleterre.
• - Londres, 11 mai.
Aujourd'hui a été couru le prix de Ches-
ter Gup.
Our-Mary-Ann est arrivé premier; For-
mosa, deuxième; Sabinus, troisième.
Autriche.
Vienne, limai, i
M. le comte de Beust, chancelier Me l'em
pire, est nomme chancelier de l'ordre mili
taire de Marie-Thérèse.
Suède.
Stockholm, limai.
Le Rigsdag a* voté l'emprunt de 40 millions
de thaïers suédois pour les chemins de fer.
Cet emprunt aura lieu par l'émission d'o
bligations au taux maximum de 5 0/0, les
quelles devront être amorties dans le délai
de 40 années. En 1870 et 1871, il sera émis
obligations jusqu'à
i dé tnalei
des „
raiîîïîflis et demi
concurrence do 8
L'ordre général suivant a été adressé à
l'armée de'Paris :
ordre général.
Le maréchal de France, commandant
le l or corps d'armée ,et la 1" division mili
taire, s'empresse dè porter à la-connais
sance des officiers et dés troupes la lettre
que l'Empereur vient de lui adresser :,
«Mon cher maréchal,
» On a répandu sur le vote de l'armée
» de Paris des bruits si ridicules et si
» exagérés, que je suis bien aise de vous
» prier de dire aux généraux, officiers et
■ » soldats qui sont sous vos ordres, que
» ma confiance en eux n'a jamais été
» ébranlée.
» Je vous prie, en outre, de dire parti-
» culiêrement au général Lebrùn que je
»*le félicite, ainsi que les troupes qu'il
, » commande,.de la fermeté et du sang-
» froid qu'ils ont montrés ces jours der-
. » niers dans la répression des troubles
» qui affligent la capitale. . ■
, » Croyez, mon cher général, à mon
» -amitié. » - •••
» NAFOLÉON. »
Officiers et soldats,,. -
Nous accueillerons avec un sentiment
: de.profonde reconnaissance ce témoigna-
: ge de la confiance et de la satisfaction de
d'Empereur. '
Au quartier général,' à Paris,
• le 11 mai 1870.
L. M 1 C ankobeut.
Si nous sommes bien informés, le cabi
net qui a présenté à là ratification du peu
ple le plébiscite qui vient d'être . voté à
une si immense majorité, attendrait pour
se "compléter les'"discussions auxquelles
pourrait donner lieu devant les Chambres
la constatation légale des résultais du vo
te du 8 mai.
Les bruits de modifications ministé
rielles seraient donc prématurés.
- Depuis deux jours la première circons
cription s'agite, se démène, brise les kios
ques, défonce les omnibus, et, à.l'occa-
: sion, détourne quelques montres de leur
destination légitime.
Les bonnôtes gens s'inquiètent, les bou
tiques-se ferment, la Bourse baisse, et
nous voilà tenus on échec par une bande
• de filous et d'émeutiers coalisés dansl'in-
; térêt des grands principes.
Il va sans dire que selon la Marseillaise
■ et les autres organes du parti Beaury-Bu-
daille, c'est la police qui fait et défait les
barricades; c'est la police qui lance des
pavés sur la tête des sergents de ville ;
c'est, la police qui jette des pierres à la
: troupe et tire des coups de revolver aux
. officiers de service.
Les lecteurs de ces honorables jour-
; naux sont vraiment de bonne composi
tion.- ' ■■■■■■'..
Si nous avions la gloire de figurer sur
les registres d'abonnements de la Marseil
laise, nous irions trouver le directeur de
cette feuille sérieuse et nous lui dirions :
« Citoyen X..., voilà-bientôt un an que
vous semblez me considérer comme un
imbécile .mystiliable à merci. J'ai laissé
passer, sans mot dire, vos gros menson
ges, -vos larges infamies et vos lourdes ca
lembredaines; mais il ne me plaît point
que vous rééditiez à mon profit toutes ces
vieilles plaisanteries de la Restaûration,
que l'exportation même juge insuffi
santes.
\ «L'histoire de la police qui fait les émeu
tes et des sergents de ville qui s'amusent
à s'entretuer dans l'unique but de procu
rer des distractions, à la bourgeoisie, a
déjà paru dans plusieurs recueils de «bons
vmots et anecdotes plaisantes,.» et'-jô rie
vous donne pas 54 francs par an pour me
servir en petites tranches des facéties
dont je pepx, me procurer la collection
complète moyennant 25 centimes.' »
; Le gérant de la Marseillaise nous ré
pondrait sans doute que la rédaction fait
ce'qu'elle peut, et, à cela, nous n'aurions
rien à, dire. ■
Ce journal enfantin a découvert dans
une collection d'amateur un vieux cliché
qu'il a fait remettre à neuf pour ses lec
teurs habituels : 1
; « Is fecit cui prodest. Laissons à l'opi
nion publique le soin de.se prononcer et
de deviner à qui ces agitations stériles, ces
semblants de barricades, peuvent profiter: »
> Nous répondrons sans hésiter : au gou
vernement, comme les réunions .publi
ques, comme le Rappel,- comme le Réveil,
comme la Marseillaise, comme la famille
Ilugo, M. Delescluze et M. Rochefort. , ■
Tout ce qui déconsidère la-cause révo
lutionnaire sert à la cause conservatrice;
et puisque l'occasion s'en présente, nous
voulons offrir nos remercîments empres
sés à, "MM. les irréconciliables de toutes
nuances.- - ' ' ■ '
Par leurs soins, le parti Je l'ordre s'est
réveillé ; les honnêtes gens ont commen
cé à se préoccuper des affaires de leur
pays. . ■
La majorité dynastique qui dominait
s'est relevée et atteint à peu de voix près
le chiffre ;de 1851. ' "
Ils ont présenté l'idée républicaine sous
une forme si odieuse que les gens tran
quilles la repoussent avec horreur, si ri
dicule que les gens d'esprit rougiraient
de s'y associer.
i Nous n'avons qu'une crainte, c'est que
ceux d'entre eux (et c'est le plus grand
nombre) qui ont' été à la solde de l'Empi
re rie se découragent et ne cherchent à
•rentrer dans leurs anciennes administra
tions. .
Allez, continuez votre œuvre; vous êtes
nos meilleurs collaborateurs !
S'il est vrai que celui qui Jfofite, d'un
acte en est réputé l'auteuj (is fecit : cui pro
dest), passez à la caisse de l'Empire, vous
avez bien gagné votre mois.
■ ROBERT SIITCIIErX.
. Le vote du 8 mai, comme toutes les ba
tailles, a laissé .des vainqueurs et des
vaincus. S'il ne convient pas que- les pre
miers abusent;,de leur triomphe, on peut
aussi demander av& seconds de ne ppint
abuser de leur-défaite. Sans se donner
aucun mal, par ' lu seule vertu des sept
millions de voix qui ' les repoussent, les
victimes du plébiscite ' sont suffisamment
intéressantes ; après leurs châteaux en Es
pagne détruits j après tout,ce qu'ilsavaient
annoncé, après les défis fièrement jetés au
parti de l'ordre et de la liberté; tomber à
quatorze cent'mille voix, c'est avoir des
droits incontestables à la sympathie pu
blique.On sera d'autant plus généreux avec
les partisans de la République démocrati
que et sociale que l'épreuve d'où elle sort
ne lui laisse 1 que de lointaines espéran
ces de retour. Ils doivent donc se tenir
modestement et ne point perdre les avan
tages d'une déroute aussi complète par
des récriminations injustes ou des inter
prétations illusoires.
Ils ont d'ailleurs assez fortement altéré
la vérité avant le vote pour la ménager
un peu quand le scrutin a prononcé. Ils
ont affirmé quo le oui sollicité par le gou
vernement replongerait le pays dans les
dangers du pouvoir personnel,. le ramè
nerait au régime des proscriptions et des
oppressions de toute sorte, qu'il ouvri
rait l'ère des révolutions, qu'il ramè
nerait Sadowa et le Mexique, et que la,
liberté serait à jamais bannie dnsolfôar^ ^ .
çais. N'ont-ils pas dit encore que la pô.UG^' !
avait inventé le complot contre la vi\df , 'U 'V
l'Empereur, la tentative de boulevers%^4;,";.:
ment que leurs propres amis avaient orga- ' j
nisée: et les barricades de la" dernière :
nuit? Ces tentatives d'une loyauté con
testable peuvent, à la rigueur, être tolérées ,
comme armes de guerre; mais quand on ■
les a vues se briser contre lebonsens public ...
et qu'on n'en peut plus-rien, attendre, il
les faut mettre de côté et chercher d'au- , ,
très revanches.-N'est-ce pas, pourle vain- .,
eu; une conduite plus digne et plus patrio- s
tique que celle qui consiste à diffamer le ,
vainquéur? • .
; Au lendemain d'une si imposante ma- «
nifestation de la:souveraineté populaire, \
il est triste d'entendre les journaux qui, •
jusqu'à présent, en on fait le plus de cas ■
parler'avec leur , emphase habituelle de
« l'immorale oppression administratif» -3
exercéSipar, les fonctionnaires, ; attribuer »
leur déroule à la défense légale qu'il^ont ',
subie, comme ^t°ut le monde, de'--cou
vrir les murs de" picards incendiaires, i
Tout ce'qu'on peut leur . accorder, c'est
que la découverte du .complot ne leur a ,
guère été favorable ; mais l'autorité n'an- •,
. raifr¥»iat^u le tort de découvrir un com
plot si,-la démagogie n'avait pas eu;d 'ar
bord le tort de le préparer et la sim-< ;
plicité de le faire éclore quatre jours -t
avant l'ouverture du scrutin.' Il va de -soi' ,
que l'on tire avantage des maladresses de
ses ennemis', le gouvernement a profité
des : sottises des irréconciliables < tout ,
comme les irréconciliables ne se sont >
point fait faute de profiter des sottises de ;
l'administration. _ .
Tout le mondé sait biçn que la liberté ,
n'a jamais été plus complète',' que celle ,
desclubs etdes journaux a été poussée jus- ;
qu'à la licence, que les, fonctionnaires se»
sonttenus à l'écart de la lutte etquelegou- ;
vernement a eu contre lui les lois mêmes ;
que ses adversaires : lui reprochaient et .
dont ils ne manquaient point d'user large- ,
ment. Il faut considérer d'ailleurs que •
toutes ces doléances du parti démocrati
que atteignent directement je ; peuple ,*
muni de tous ses droi ts, de tous les moyens :
de con trôle et.de résistance s qui. sont en- ,.
tre. ses mains,^éclairé chaque- jour, par ; >
les écrivains de la Marseillaise, averti par ,
M. Joùrdan, par M. Rochefqrtr et par M. ,
Victor Hugo lui-même, qui n'a point dé
daigné de lui parler sans ses truche- ,
ments; le peuple ne serait point ex- ,
cusable de s'être laissé tromper ou op
primer par lés fonctionnaires de l'Em
pire
M" ^T" si
Parmi les gens dont, le vote ^plébiscitai- ,
re ne comble point les vœux, il y a ceux ,
qui s'en désolent comme d'un- .vrai mal- ,
heur arrivé à l'Empire.,C'est- une manié- :
r e aussi nouvelle qu'originale d'envisager ,
la question. « Rien ne ressemble mieux à. •
la.vive persuasion que le mauvais entête
ment, a dit La .Bruyère.; de là les partis,
les cabales, les hérésies. » En fait d'en- ■
tètement, nous n'en connaissons pas un ,
plus frappant exemple que ces écrivains :
à qui le désir de ne pas avoir tort suggère
des raisonnements comme celui-ci :
« L'Empire est fort à plaindre d'avoir ,
obtenu sept millions- de suffrages j- -cette
victoire le rend si' fort qu'il va cesser -
d'être libéral et par conséquent-se.nuire. r
à lui-même. » On bien encore : « Ce-plé
biscite qui n'a été fait que pour consacrer, ;
les libertés récemment, acquises nous ,
rejette fort loin du gouvernement libre.?» j
C'est par de telles raisons que certaine
école parlementaire ennemie de l'appel
au peuple essaie d'empoisonner le succès, - t
qu'il vient d'obtenir ; elle excelle à mêler •
une pointe d'ariiertume à tous les breu
vages qu'elle n'a point elle-même,pré- 3
parés, et se montre .plus désolée pour ses
FEUILLETON DU COXSTITITiÔSEL, 12 M\î.
LA MAUDITE
En la terrible année de 1793, à la fin du
mois de'novembre, au moment où la nuit
tombait et où les gens . fermaient leurs
portes,qu'ils n'ouvraient en plein jour qu'a
vec crainte," au petit village de Laroque-
des-Arts, s'abattait, comme une troupe
d'oisèaux chassés par une tempête, toute
une tribu de gitanos.
Laroque-des-Arts est un tout petit vil
lage,accroché aux lianes d'une haute mon
tagne, dans ce vieux Quercy qui a des
phénomènes sans pareils et d'une adora
ble étrangeté. '
Ainsi, la montagne au?: lianes de. la-
quèlle se trouvent bâties les maisons de
Laroqùe-des-Arts, comme des nids d'hi
rondelles aux corniches d'un gigantesque
monument, était, à l'époque dont nous
parlons, au mois -de novembre, sombre,
triste, noire, semblable à un roc inabor
dable, rebelle à, toute ascension, impro
pre à toute culture et ne pouvant nourrir
le plus mincé brin d'herbe, le plus exigu
des lichens.
Mais que la saison nouvelle reparût, et
la robe vferte et fleurie revêtait, des pieds
à la tête, le colosse de pierre qui ressem
blait alors à un monstrueux bouquet.
Laroque-des-Arts n'est qu'à quatre ki
lomètres environ de Cahors ; c est, com
me nous l'avons dit, un tout petit village
assez étrangement posé et situé. La mon
tagne à laquelle il est pour ainsi dire ac
croché comme un nid ,d'aigle s'appelle le
pic des Anges.
Le pic se dresse haut, fier et superbe,
mouillant ses pieds dans les eaux claires,
fraîches et capricieuses du Lot, qui vien
nent le battre de leurs vagues argentées.
• Les piétons, pour continuer le chemin
qui aboutit au socle de granit, mi-parti
rouge, mi-parti noire, qui forme la base
"du pic des Anges, ont taillé, tout contre
: la rivière, dans la pierrebrune, un sentier
étroit, inégal et tortueux qui suit les'
méandres de l'eau transparente. De loin
en loin on a fait, par entailles, des espè
ces de niches pour que "si deux personnes
viennent à se rencontrer, elles puissent se
croiser i&ns accident.
Dans presque toutes ces cellules, prises
dans le roc, 011 rencontre quelque pieuse
image: la Vierge, l'enfant.Jésus ou saint
Rourthoumy lou bravé, le saint en grande
vénération'dans tout le pays..'
Ces ex voto sont les reconnaissants sou
venirs de quelque voyageur en péril, qui,
par une prière à son saint patron, en a été
retiré miraculeusement. Ces imagos sont
assez grossièrement sculptées dans du bois
de houx ou dans quelque nosud/le châtai
gnier, et l'artiste, pour les signer, y a fait
religieusement sa croix profonde, â l'aide
de deux traits de son rustique couteau, ne
sachant point-écrire autrement son nom.
Le fait est qu'à certains moments de
l'année, le Lot est loin d'être pacifique ; à
la descente des neiges surtout, il grossit
et roule bruyamment comme un torrent,
interrompant la circulation^ par le chemin
d'en bas, et couvrant, de 1 autre côté du
pic des Anges, toute la- plaine, qu'il fé
conde en jetant sur elle un épais limon,
dépôt de riehesse nour l'avenir.
Alors le petit village de Laroque-des-
Arts n'a plus d'autre moyen do communi
cation avtëc, la ville qu un chemin pres
que aérien, praticable tout au plus pour
des chèvres, où le pied .seul du monta
gnard peut se hasarder. Ce petit .che
min, fait d'escaliers taillés dans le roc,
quand le roc lui-même ne fournit pas
d'anfractuosités naturelles, tourne la mas
se énorme du pic et va en. descendant
jusqu'à la ville.
Làroque-des-Arts est le plus modeste,
mais le plus coquet des villages ; il est
perché presque au tiers de la monta
gne, et l'on se demande; quand on le
voit au printemps , tout fleuri et écla
tant avec ses tuiles rouges sur la pierre
brune du vieux pic, comme un. bouquet
joyeux-au côté d'une femme en deuil,
quel est le miracle qui l'y retient, car la
descente des grandes neiges .est tei'rible
dans le Quercy, et à certains moments la
rivière est encombrée de blocs énormes
qui se sont détachés des monts voisins,
a'arbres déracinés, d'entraves de toute.
sorte qui ont suivi le torrent. ■
Malgré les menaces et , les secousses
que les hivers font subir à la, surface de
la montagne, le village reste immuable,
malgré son apparente fragilité, et chaque
printemps le r.etrouve "frais, pimpant,
souriant et babillard : vrai nid de pinson
attaché aux anfractuosités du grand roc.
Le village est composé touf au plus de
cent feux, et néanmoins la population y
est aussi diverse:que peu nombreuse. Il
y a d'abord le curé qui loge dans une mai
sonnette tout contre l'Eglise, et jamais il
no nous a été donné de' voir une maison
de Dieu aussi humble, aussi restreinte
et si peu parée que celle-là; non que les
habitants de Laroque-des-Arts soient ir
réligieux, bien loin de là ! -
Dans le midi il n'y a pas de discussions
avec la Providence," 011 croit à elle parce
que le soleil qui vient .de ses largesses
est superbe, parce que les plantes, que
Dieu protège, y viennent belles, parce
que la vie est bonne dans ce pays \
demi sauvage, et que les vices de la civi
lisation n'y ont pas encore , introduit les
manifestations hostiles envers le ciel, en
vers la croyance et à l'encontre de ses mo
destes et dévoués ministres. •
On n'accuse Dieu nî du mauvais temps
ni-dQSmauvaises heures; on ne lui mon
tre pas le poing, en ce sens que la haine
n'ilabite point, les cœurs simples qui n'en
veulent à personne, n'ayant eux-mêmes,
_ par aucun coup de Bourse ou de traîtrise,
' pris la place d'autrui au soleil de ce monde.
Dieu.n'est point le même pour tous les
hommes, et selon les latitudes que la
créature habite, il change d'aspect, d'es
prit, de visage et de nature. ; ■
Dans, le midi, la Divinité n'est pas re
présentée par une'figure austère et terri-
. ble : le ciel derrière lequel elle s'abrite
est si rayonnant et si bleu que l'on ne peut
croire à une puissance malveillante à l'a
bri d'un si joyeux rideau.
Dieu est bon, là-bas, on l'aime, mais
on l'aime avec plus de tendresse que de
crainte ; on lui porte le dimanche un bou
quet de fleurs; à la moisson on lui donne-
la-première gerbe; .aux vendanges les
plus belles grappes; le premier rayon de
miel est aussi pour lui. Dieu, là-bas, n'est
point armé d'une foudre vengeresse, il ne
menace pas ses enfants, il leur sourit - , et
quand il étend les mains vers eux, c'est
que ces mains sont pleines de bénédic
tions, de dons divers qu'il répand géné
reusement et avec amour sur eux tous.
Donc, si la maison de Dieu est, pauvre ,
c'est que les habitants du -village le sont
aussi et qu'ils ne connaissent d'autre luxe
que celui des champs, d'autre parure que
celle dont se revet la terre, cette fille
bien aimée de la Providence.
Laroque-des-Arts est habité par tous
les petits propriétaires de la plaine quis e-
' tend, en face, de l'autre côté delà rivière,
et par des bergers qui conduisent les trou
peaux sur la montagne pendant la saison
où les lichens y fleurissent, attachés jus
qu'à la cime du^ic des Anges. Les mou
tons qui passent la saison entière dans les
pacages sur lesv hauteurs ne sont rame
nés dans la plaine que pour être vendus,
au.commencement de l'hiver; et pendant
toute la belle saison, qui est longue dans
le Quercy, ils ressemblent à des flocons
de neige oubliés sur la -montagne brune,
ou à des fleurs d'amandier tombées des
arbres sur le soc sombre.
Laroque-des-Arts n'a pas de terre au
tour de ses constructions, pas la moindre
étendue fertile, sauf de microscopiques,
jardins, dont les plus spacieux,' grands
comme un drap de lit, sont cachés par ci,
par là, dans quelque pli du roc.
Dans les fentes qui sillonnent la mori-
tagiie, les. figuiers poussent vigoureux,
drus, et leurs fruits abondants nourris-,
sent les oiseaux du cieL,en même temps,
que les enfants, qui viennent du village,
en s'attachant aux angles des-pierres, aux
racines, aux branches de vigne folle "et
aux touffes de buissons qui poussent on ne
sait comment, et qui vivent là comme, à
miracle, tant la terre est en maigre quan
tité dans les fissures du pic qui les étale
au soleil éclatant du midi.
Dans le bas du villagê habile le pas
sager. ■ ,
Le passager est un homme que nul n'ose
braver, car il s'attache à sa venue-dans
le pays une légende mystérieuse qui étend
une ombre épaisse sur son passé, et le
mystère a toujours quelque chose qui ms- "
pire la. crainte et le respect aux esprits
simples des gens du Quercy.
Le passager a sur le Lot trois petits ba
teaux qui sillonnent la rivière du matin
au soir, et dont il se sert pour conduire à
leurs travaux les habitants de Laroque-
des-Arts, et pour les en ramener le soir.
Pour traverser les charrettes,les bestiaux,
les instruments aratoires, il a un. grand
bac, lourd à conduire et lent à faire un
chemin qui n'est même pas toujours sans ,
danger les jours de tourmente.
Le passager est un- grand vieillard de
, soixante ans, à la.figure sèche, à la char
pente osseuse j solide et puissante; sa tête
■ est restée fière ethàutemàlgré les années
qui ont passé sur elle;-son regard est pro
fond, sa .parole est rare et ses cheveux "
crépus, épais" et durs, n'ont point blanchi
avec l'âge.
Il y a près de trente ans qu'il vint dans
le.pays, on ne sut jamais par quel che-'
min; nul ne le vit jamais s'installer; mais
le matin, quand les femmes arrivèrent à
la petite fontaine qui touche la rivière,
elles le trouvèrent assis au bord de l'eau,
traçant des signes sur le sable avec "un
bâtonde houx noueux et jetant dés cail
loux, dans les cercles qui- restaient sur le
SOI., v ' ... ' : ,
Le lendemain, il avait un bateau ame
né là aussi mystérieusement que lui T
même; deux rames solides, légères, faites
en bois inconnu dans le pays, lui'ser
vaient à le manœuvrer sur 1 eau profonde
et claire. -
11 passa de l'autre" côté les premières
femmes qui se présentèrent, puis quand
elles, eurent . fait leurs provisions de '
fruits, de légumes.et de -fourrages, il vint
de lui-même s'offrir à les Reconduire, à.
Laroque-des-Arts. Les femmes lui donnè
rent une légère dîme en, nature, pour le -
remercier de -ses bons services..
Cet homme parlait une langue étran- ;
gère, gutturale, cadencée, mais il eut
vite appris le patois du Quercy qu'il par
la depuis avec un accent tout particulier
et musieal qui fut longtemps l'étonne-
ment des'£5ens|du'pays.
Quand'#.arriva il était jeune et beau
»
n& AmÉE. ~—N*
, BUREAUX A PARIS : M -DE ÏALOIS (MAÏS-RÔYAL-)/Mf.
B
ABONNEMENS DE PARIS
. k 1.3 FB.
« . 8© FB.
TROIS HOiS..
SIX MOIS. .
UN AN. .
pour les pats étrangers ; voir le tableau
publié les 5 et 20 de chaque mois.
E. GIBIÀT, directeur pôlitique.
Les lettres ou envois d'argent non affranchis son^reTasés.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
OUMAL POLITIQUE, -LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
mois mois.. .
SIX MOIS. .
UN AN. '
UN NUMÉRO 2® CE2XTDSES.
*
Jjes abonnemens datent des 1 er et 16
de chaque mois. .
Les Annonces sont reçues chez MM. Fauchey, Laffîte, Bullier et C",
place de la Bourse, 8; àM.'Duport, 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
.Les Annonces ne sont reçues çpie sous la réserve d'examen, et,
de modification par l'administration du journal. ,
â lies»'
m-
PARIS, il MAI.
Nous avons le profond regret de cons
tater que la troupe de malfaiteurs qui
avait essayé sans succès, lundi soir, de
troubler l'ordre dans quelques" rues de
Paris, a renouvelé sa tentative dans la
soirée de mardi.
L'inexcusable curiosité de la population
parisienne avait été malheureusement
excitée par les récits des faits de la veille
très exagérés par quelques journaux ; de
sorte- qu ? une foule considérable s'était
portée à Belleville et dans le quartier
avoisinant la caserne du Prince-Eugène.
Ainsi qu'il arrive toujours, les perturba
teurs se sont trouvés protégés par la pré
sence de cette foule. Le tumulte et le dé
sordre se sont accrus. Quelques barrica
des un peu plus sérieuses que celles de
la veille ont été élevées. Il y a eu des
blessés, et même trois ou quatre morts.
On trouvera plus loin le'récit de ces
tristes faits, qui n'ont pas d'importance
sérieuse, mais qui n'en sont pas moins
profondément déplorables.
Suivant leur odieuse tactique tous les
journaux radicaux, depuis l'Avenir natio
nal jusqu'à la Marseillaise, ne manquent-
pas d'insinuer -que ces,.; désordres, sont
l'œuvre de la police,, des blouses ' blanches,
des agents provocateurs, pour employer
leurs expressions. Ils affirment énergi-
quoment, et l'on doit'les en croire, que le
parti républicain el les ouvriers, bien loin
de s'associer a eux, « se seraient chargés
de corriger ces drôles, si la force publique
eût fait défaut. »
Il faut prendre note de cette excellente
déclaration. Si les émeutiers suspects à
toute la*population et désavoués par tous
les partis troublent de nouveau la paix
publiqueet se font infliger une énergique
répression, le gouvernement doit pouvoir
compter sur l'approbation de la Marseil
laise, du Rappel', de l'Avenir noMonal , du
Réveil et de tous les journaux qui dénon
cent avec tant d'indignation les blouses
blanches.
Quant aux citoyens paisibles, ils doi
vent comprendre enfin que leur curiosité
devient coupable et qu'elle les peut expo
ser à un sérieux danger. Il n'est pas pos
sible de tolérer indéfiniment dans Paris
. des semblants de barricades et d'émeu
tes. ■ •
Les journaux étrangers sont ■d'accord
av.ee -la presque unanimité de la presse
française pour reconnaître que le vote
sur le plébiscite prouve que l'immense
majjorité de la France repousse à la fois
les -idép^épublicaines et tous projets
réactionrfraiBps. ' •
Le Times, 16 Morning Post, le Gfbbe, le
Dail>/ Telegraph constatent que le vote du
8 mai « a produit le meilleur effet à la
Bourse de Londres-sur les fonds publics.»
L 'Evening Standard s'exprime ainsi :
« La France a fait une réponse décisive,
et il en résulte pour l'Empereur un pres
tige, et une autorité qui;, nous l'espérons,
lui permettront .d'établir*«ur des fonde
ments indestructibles la nouvelle souve
raineté constitutionnelle napoléonienne
qui, pouMa France, sera la plus sûrega-
papier dans le genre des chèques de
banquier ; l'électeur se retirerait dans
jiJi^jmaib^fidtee-;-fà^--^firaît*'le nom'
de son candidat, puis il remettrait son
bulletin plié au président qui le dépose
rait dans l'urne.
A la fin de la journée on enfermerait les
bulletins dans des paquets cachetés, on
les donnerait au rapporteur de l'élection,
qui, après les avoir ouverts, ferait connaî
tre aux assistants, et ensuite au public,
par la voie des journaux, le résultat des
élections.
D'autres dispositions du nouveau bill
tendent à limiter les dépenses faites par
les candidats et à corriger la corruption
électorale.
Au nom- du gouvernement, M. Glad
stone s'est associé à la pensée de ce bill,
en déclarant que pour ce qui regarde les
universités on ne changera rien ' à leur
façon de procéder en matière électorale.
Une dépèche de Berlin assure que les
grandes puissances se sont entendues
pour demander au gouvernement hellé
nique qu'une enquête soit ouverte sur tous
les faits se rattachant à l'affaire do Ma
rathon.
On mande de Madrid que la majorité
des Cortès est décidée à aborder très pro
chainement la question du choix d'un
monarque.
c. barbe.
COURS DE LA. BOURSE.
cours de clôture , le 10 le 11 Hausse Baisse
3 0/0aucompt. 74.80.74.70 » » » 10
— fin du fhois. 74.92 74.'90 "» » »
4 l/2aucomp_t. 102.90 103. » » 10 »
02
TÉLÉGBAPHIE PRIVÉE..
AGKJfCE IIAVAS.
Angleterre.
pour
et de
rantie de l'ordre et de la liberté.
l'Europe lé meilleur gage *,de paix
progi*<$£. ^
La .Chambre des communes a autorisé
danssa séance de lundi soir la présen
tation d'un bill important destiné à amen
der la loi qui régit les élections parlemen
taires.-
L'auteur de ce bill, le marquis de Har-
tington, propose de substituer le scrutin
secret au vote public. •
On remettrait à, chaque électeur un
Londres, 10 mai soir.
Chambre des communes. — M'. Otway, sous-
secrétaire aux all'aires étrangères, répon
dant à M. Ilerbort, dit que le gouvernement
anglais a envoyé des instructions à M. Ers-
kine demandant crue l'exécution des bri
gands soit suspendue jusqu'à ce que l'en-
quete sur les massacres de Marathon soit
termiaée d'une manière satisfaisante. ■ '
: . . Londres, 11 mai.
Les avis de Cuba portent que les insurgés
ont disparu du district .de, Garnagney.
Ilier, à Londres, a eu lieu un meeting des
actionnaires doda Submarine telegraph Com
pany, dans lequel on a adopté la proposi
tion de poser un nouveau câble entre TAn
gleterre et la France,'vers la fin de juillet.
, Prusse. -
Berlin, 10 mai, soir. i
On assure que les grandes puissances se
sont entendues pour demander au gouver
nement hellénique qu'une enquête soit ou
verte sur tous les faits- se- rattachant à l'af
faire de Marathon. ,-
Le comte de Bismark sera de retour ici, le
13 mai, jour, de l'arrivée de l'empereur de
Russie.
Vurquie. 7
Marseille, .10 m'ai. :
Les lettres de Gonstantinople, du 4 mai,
rendant compte: du service funèbre célébré
à l'ambassade d'Angleterre, en l'honneur
4 des victimes de Marathon, portent que, dans
un discours prononcé à cette occasion, le
chapelain de l'ambassade a dégagé la res
ponsabilité de la nation hellénique eii pré
sence d'un fait qui n'a ' pas d 'autre portée
que celle d'un acte isolé. ■
Grèce.
Athènes, le 8 mai. ■ ■
(Dépêche arrivée seulement le 11 au matin.-)
Dans sa réponse au premier ministre grec,
M. Erskine, ministre 'd'Angleterre en Grè
ce, dit: « Je n'hésite pas à déclarer que, dans:
ma dernière note', je ne faisais pas allusion
aux chefs actuels de l'opposition. Ceux qui
connaissent la langue anglaise ne peuvent
douter que les mots « by some of tlie lea-
ding- membérs of tlie opposition » n'indi
quent pas les chefs mêmes. Quand les An
glais veulent indiquer M. Disraeli, -ils ne
disent pas : A leading member ol' tlie oppo
sition, mais : the leader, ou : aleader of tlie
opposition.
Lesxhefs de l'opposition oQ'f envoyé à M.
Za'jmisune députation, pour lm,demander.
--deS explications"sur Tes "paroles mises dans
sa bouche par M, Erskine.
M. Zaïmis a répondu par écrit qu'il n'a-
vaït jamais tenu fe propos que M. Erskine
lui attribuait.
Espagne.
Madrid, 10 mai, soir.
Les Cortès discutent ies lois municipales.
La junte directrice de la majorité .discute
les bases des résolutions qu'elle doit sou
mettre demain à-la majorité. On assure
qu'elle abordera la question du choix d'un
monarque. >
Les républicains ont tenu aussi leur réu
nion. *
Italie.
Florence, 10 mai, soir.
Depuis l'affaire de Filadelfia, bon nom
bre, d'insurgés sont retournés dans leurs,
•foyers. ...
- Hier soir, on craignait une grève séditieu
se des ouvriers:employés aux travaux du tun
nel du chemin.de fer de Stallati (GalaCre) ;
mais les derniers avis assurent que toute
crainte à cet égard s'est évanouie>$l£entre-
preneur des travaux s'étaiit procuré de l'ar
gent pour payer les ouvriers.
Chambéry, 10 mai soir.
On mande de Gagliari, 7 mai :
Dans là nuit du 4 mai, une "bande de
80 individus a assassiné et volé le caissier
communal du village de Silano, malgré la
résistance qui leur a été opposée par les ca
rabiniers et par les habitants.
» Une dépêche de Naples, du 8 mai, ap
porte les détails suivants sur l'alfaire ae
Gatanzaro ; • "
» Hier, une bande de 300 hommes armés,
dont on ne connaît pas la provenance, a dé
barqué sur la côte de Gatanzaro; elle a. bi
vouaqué sur les-h auteurs de Maïda. Cette
nuit, deux bataillons du 65° et le 43 e batail
lon de be'rsaglierssont arrivés par le bateau
à vapeur le Plébiscite. Le préfet de Gantan-
zaro a interrogé Menotti Garibaldi sur la
provenance et le but de cette invasion ar
mée. Menotti a répondu qu'il ne savait
rien.
. » On assure que les insurgés ont montré
aux gardes des douanes ,en faction sur la
côte, de prétendus passeports de libre pas
sage sur les territoires de la République
universelle,
» Leur chef est un nommé Foglia, dont
le nom était complètement inconnu jusqu'à
présent.
» Le bruit court qu'une partie des insur
gés sont des ouvriers du chemin de fer sans
travail. »
> Notre ; corres'pondant particulier nous té-
légraphie'de la frontière romaine :
Rome, 10 mai.
Le dépouillement des votes militaires de
la .division française n'a donné que 540 non
et un peu plus cle'100 abstentions sur tout
l'effectif, qui est d'environ 5,000 hommes.
La Correspondance du Nord-Est publie
les dépêches suivantes :
Berlin, ICUnai, 1 h. après-midi;
(Arrivée en retard.)
Répondant à un député-qui disait que-les
petits Etats sont incapables de supporter
les charges que leur impose la Confédéra
tion et son t condamnés a disparaître, le mi
nistre Delbriick a déclaré que la Prusse a
fai-t-assez de sacrifices pour l'Allemagne et
qu'elle ne peut pas agir parce que la Con
stitution fédérale a - pour principe et pour
règle de protéger les constitutions particu
lières.
Pesth, 11 mai, 8 li'. 30, matin.
L'impression produite ici par le discours
du prince Gzartorvski est excellente.
La plupart des journaux approuvent ses
vues sur l'organisation constitutionnelle de
l'Autriche.^
SERVICE DE NUIT. -
Angleterre.
• - Londres, 11 mai.
Aujourd'hui a été couru le prix de Ches-
ter Gup.
Our-Mary-Ann est arrivé premier; For-
mosa, deuxième; Sabinus, troisième.
Autriche.
Vienne, limai, i
M. le comte de Beust, chancelier Me l'em
pire, est nomme chancelier de l'ordre mili
taire de Marie-Thérèse.
Suède.
Stockholm, limai.
Le Rigsdag a* voté l'emprunt de 40 millions
de thaïers suédois pour les chemins de fer.
Cet emprunt aura lieu par l'émission d'o
bligations au taux maximum de 5 0/0, les
quelles devront être amorties dans le délai
de 40 années. En 1870 et 1871, il sera émis
obligations jusqu'à
i dé tnalei
des „
raiîîïîflis et demi
concurrence do 8
L'ordre général suivant a été adressé à
l'armée de'Paris :
ordre général.
Le maréchal de France, commandant
le l or corps d'armée ,et la 1" division mili
taire, s'empresse dè porter à la-connais
sance des officiers et dés troupes la lettre
que l'Empereur vient de lui adresser :,
«Mon cher maréchal,
» On a répandu sur le vote de l'armée
» de Paris des bruits si ridicules et si
» exagérés, que je suis bien aise de vous
» prier de dire aux généraux, officiers et
■ » soldats qui sont sous vos ordres, que
» ma confiance en eux n'a jamais été
» ébranlée.
» Je vous prie, en outre, de dire parti-
» culiêrement au général Lebrùn que je
»*le félicite, ainsi que les troupes qu'il
, » commande,.de la fermeté et du sang-
» froid qu'ils ont montrés ces jours der-
. » niers dans la répression des troubles
» qui affligent la capitale. . ■
, » Croyez, mon cher général, à mon
» -amitié. » - •••
» NAFOLÉON. »
Officiers et soldats,,. -
Nous accueillerons avec un sentiment
: de.profonde reconnaissance ce témoigna-
: ge de la confiance et de la satisfaction de
d'Empereur. '
Au quartier général,' à Paris,
• le 11 mai 1870.
L. M 1 C ankobeut.
Si nous sommes bien informés, le cabi
net qui a présenté à là ratification du peu
ple le plébiscite qui vient d'être . voté à
une si immense majorité, attendrait pour
se "compléter les'"discussions auxquelles
pourrait donner lieu devant les Chambres
la constatation légale des résultais du vo
te du 8 mai.
Les bruits de modifications ministé
rielles seraient donc prématurés.
- Depuis deux jours la première circons
cription s'agite, se démène, brise les kios
ques, défonce les omnibus, et, à.l'occa-
: sion, détourne quelques montres de leur
destination légitime.
Les bonnôtes gens s'inquiètent, les bou
tiques-se ferment, la Bourse baisse, et
nous voilà tenus on échec par une bande
• de filous et d'émeutiers coalisés dansl'in-
; térêt des grands principes.
Il va sans dire que selon la Marseillaise
■ et les autres organes du parti Beaury-Bu-
daille, c'est la police qui fait et défait les
barricades; c'est la police qui lance des
pavés sur la tête des sergents de ville ;
c'est, la police qui jette des pierres à la
: troupe et tire des coups de revolver aux
. officiers de service.
Les lecteurs de ces honorables jour-
; naux sont vraiment de bonne composi
tion.- ' ■■■■■■'..
Si nous avions la gloire de figurer sur
les registres d'abonnements de la Marseil
laise, nous irions trouver le directeur de
cette feuille sérieuse et nous lui dirions :
« Citoyen X..., voilà-bientôt un an que
vous semblez me considérer comme un
imbécile .mystiliable à merci. J'ai laissé
passer, sans mot dire, vos gros menson
ges, -vos larges infamies et vos lourdes ca
lembredaines; mais il ne me plaît point
que vous rééditiez à mon profit toutes ces
vieilles plaisanteries de la Restaûration,
que l'exportation même juge insuffi
santes.
\ «L'histoire de la police qui fait les émeu
tes et des sergents de ville qui s'amusent
à s'entretuer dans l'unique but de procu
rer des distractions, à la bourgeoisie, a
déjà paru dans plusieurs recueils de «bons
vmots et anecdotes plaisantes,.» et'-jô rie
vous donne pas 54 francs par an pour me
servir en petites tranches des facéties
dont je pepx, me procurer la collection
complète moyennant 25 centimes.' »
; Le gérant de la Marseillaise nous ré
pondrait sans doute que la rédaction fait
ce'qu'elle peut, et, à cela, nous n'aurions
rien à, dire. ■
Ce journal enfantin a découvert dans
une collection d'amateur un vieux cliché
qu'il a fait remettre à neuf pour ses lec
teurs habituels : 1
; « Is fecit cui prodest. Laissons à l'opi
nion publique le soin de.se prononcer et
de deviner à qui ces agitations stériles, ces
semblants de barricades, peuvent profiter: »
> Nous répondrons sans hésiter : au gou
vernement, comme les réunions .publi
ques, comme le Rappel,- comme le Réveil,
comme la Marseillaise, comme la famille
Ilugo, M. Delescluze et M. Rochefort. , ■
Tout ce qui déconsidère la-cause révo
lutionnaire sert à la cause conservatrice;
et puisque l'occasion s'en présente, nous
voulons offrir nos remercîments empres
sés à, "MM. les irréconciliables de toutes
nuances.- - ' ' ■ '
Par leurs soins, le parti Je l'ordre s'est
réveillé ; les honnêtes gens ont commen
cé à se préoccuper des affaires de leur
pays. . ■
La majorité dynastique qui dominait
s'est relevée et atteint à peu de voix près
le chiffre ;de 1851. ' "
Ils ont présenté l'idée républicaine sous
une forme si odieuse que les gens tran
quilles la repoussent avec horreur, si ri
dicule que les gens d'esprit rougiraient
de s'y associer.
i Nous n'avons qu'une crainte, c'est que
ceux d'entre eux (et c'est le plus grand
nombre) qui ont' été à la solde de l'Empi
re rie se découragent et ne cherchent à
•rentrer dans leurs anciennes administra
tions. .
Allez, continuez votre œuvre; vous êtes
nos meilleurs collaborateurs !
S'il est vrai que celui qui Jfofite, d'un
acte en est réputé l'auteuj (is fecit : cui pro
dest), passez à la caisse de l'Empire, vous
avez bien gagné votre mois.
■ ROBERT SIITCIIErX.
. Le vote du 8 mai, comme toutes les ba
tailles, a laissé .des vainqueurs et des
vaincus. S'il ne convient pas que- les pre
miers abusent;,de leur triomphe, on peut
aussi demander av& seconds de ne ppint
abuser de leur-défaite. Sans se donner
aucun mal, par ' lu seule vertu des sept
millions de voix qui ' les repoussent, les
victimes du plébiscite ' sont suffisamment
intéressantes ; après leurs châteaux en Es
pagne détruits j après tout,ce qu'ilsavaient
annoncé, après les défis fièrement jetés au
parti de l'ordre et de la liberté; tomber à
quatorze cent'mille voix, c'est avoir des
droits incontestables à la sympathie pu
blique.On sera d'autant plus généreux avec
les partisans de la République démocrati
que et sociale que l'épreuve d'où elle sort
ne lui laisse 1 que de lointaines espéran
ces de retour. Ils doivent donc se tenir
modestement et ne point perdre les avan
tages d'une déroute aussi complète par
des récriminations injustes ou des inter
prétations illusoires.
Ils ont d'ailleurs assez fortement altéré
la vérité avant le vote pour la ménager
un peu quand le scrutin a prononcé. Ils
ont affirmé quo le oui sollicité par le gou
vernement replongerait le pays dans les
dangers du pouvoir personnel,. le ramè
nerait au régime des proscriptions et des
oppressions de toute sorte, qu'il ouvri
rait l'ère des révolutions, qu'il ramè
nerait Sadowa et le Mexique, et que la,
liberté serait à jamais bannie dnsolfôar^ ^ .
çais. N'ont-ils pas dit encore que la pô.UG^' !
avait inventé le complot contre la vi\df , 'U 'V
l'Empereur, la tentative de boulevers%^4;,";.:
ment que leurs propres amis avaient orga- ' j
nisée: et les barricades de la" dernière :
nuit? Ces tentatives d'une loyauté con
testable peuvent, à la rigueur, être tolérées ,
comme armes de guerre; mais quand on ■
les a vues se briser contre lebonsens public ...
et qu'on n'en peut plus-rien, attendre, il
les faut mettre de côté et chercher d'au- , ,
très revanches.-N'est-ce pas, pourle vain- .,
eu; une conduite plus digne et plus patrio- s
tique que celle qui consiste à diffamer le ,
vainquéur? • .
; Au lendemain d'une si imposante ma- «
nifestation de la:souveraineté populaire, \
il est triste d'entendre les journaux qui, •
jusqu'à présent, en on fait le plus de cas ■
parler'avec leur , emphase habituelle de
« l'immorale oppression administratif» -3
exercéSipar, les fonctionnaires, ; attribuer »
leur déroule à la défense légale qu'il^ont ',
subie, comme ^t°ut le monde, de'--cou
vrir les murs de" picards incendiaires, i
Tout ce'qu'on peut leur . accorder, c'est
que la découverte du .complot ne leur a ,
guère été favorable ; mais l'autorité n'an- •,
. raifr¥»iat^u le tort de découvrir un com
plot si,-la démagogie n'avait pas eu;d 'ar
bord le tort de le préparer et la sim-< ;
plicité de le faire éclore quatre jours -t
avant l'ouverture du scrutin.' Il va de -soi' ,
que l'on tire avantage des maladresses de
ses ennemis', le gouvernement a profité
des : sottises des irréconciliables < tout ,
comme les irréconciliables ne se sont >
point fait faute de profiter des sottises de ;
l'administration. _ .
Tout le mondé sait biçn que la liberté ,
n'a jamais été plus complète',' que celle ,
desclubs etdes journaux a été poussée jus- ;
qu'à la licence, que les, fonctionnaires se»
sonttenus à l'écart de la lutte etquelegou- ;
vernement a eu contre lui les lois mêmes ;
que ses adversaires : lui reprochaient et .
dont ils ne manquaient point d'user large- ,
ment. Il faut considérer d'ailleurs que •
toutes ces doléances du parti démocrati
que atteignent directement je ; peuple ,*
muni de tous ses droi ts, de tous les moyens :
de con trôle et.de résistance s qui. sont en- ,.
tre. ses mains,^éclairé chaque- jour, par ; >
les écrivains de la Marseillaise, averti par ,
M. Joùrdan, par M. Rochefqrtr et par M. ,
Victor Hugo lui-même, qui n'a point dé
daigné de lui parler sans ses truche- ,
ments; le peuple ne serait point ex- ,
cusable de s'être laissé tromper ou op
primer par lés fonctionnaires de l'Em
pire
M" ^T" si
Parmi les gens dont, le vote ^plébiscitai- ,
re ne comble point les vœux, il y a ceux ,
qui s'en désolent comme d'un- .vrai mal- ,
heur arrivé à l'Empire.,C'est- une manié- :
r e aussi nouvelle qu'originale d'envisager ,
la question. « Rien ne ressemble mieux à. •
la.vive persuasion que le mauvais entête
ment, a dit La .Bruyère.; de là les partis,
les cabales, les hérésies. » En fait d'en- ■
tètement, nous n'en connaissons pas un ,
plus frappant exemple que ces écrivains :
à qui le désir de ne pas avoir tort suggère
des raisonnements comme celui-ci :
« L'Empire est fort à plaindre d'avoir ,
obtenu sept millions- de suffrages j- -cette
victoire le rend si' fort qu'il va cesser -
d'être libéral et par conséquent-se.nuire. r
à lui-même. » On bien encore : « Ce-plé
biscite qui n'a été fait que pour consacrer, ;
les libertés récemment, acquises nous ,
rejette fort loin du gouvernement libre.?» j
C'est par de telles raisons que certaine
école parlementaire ennemie de l'appel
au peuple essaie d'empoisonner le succès, - t
qu'il vient d'obtenir ; elle excelle à mêler •
une pointe d'ariiertume à tous les breu
vages qu'elle n'a point elle-même,pré- 3
parés, et se montre .plus désolée pour ses
FEUILLETON DU COXSTITITiÔSEL, 12 M\î.
LA MAUDITE
En la terrible année de 1793, à la fin du
mois de'novembre, au moment où la nuit
tombait et où les gens . fermaient leurs
portes,qu'ils n'ouvraient en plein jour qu'a
vec crainte," au petit village de Laroque-
des-Arts, s'abattait, comme une troupe
d'oisèaux chassés par une tempête, toute
une tribu de gitanos.
Laroque-des-Arts est un tout petit vil
lage,accroché aux lianes d'une haute mon
tagne, dans ce vieux Quercy qui a des
phénomènes sans pareils et d'une adora
ble étrangeté. '
Ainsi, la montagne au?: lianes de. la-
quèlle se trouvent bâties les maisons de
Laroqùe-des-Arts, comme des nids d'hi
rondelles aux corniches d'un gigantesque
monument, était, à l'époque dont nous
parlons, au mois -de novembre, sombre,
triste, noire, semblable à un roc inabor
dable, rebelle à, toute ascension, impro
pre à toute culture et ne pouvant nourrir
le plus mincé brin d'herbe, le plus exigu
des lichens.
Mais que la saison nouvelle reparût, et
la robe vferte et fleurie revêtait, des pieds
à la tête, le colosse de pierre qui ressem
blait alors à un monstrueux bouquet.
Laroque-des-Arts n'est qu'à quatre ki
lomètres environ de Cahors ; c est, com
me nous l'avons dit, un tout petit village
assez étrangement posé et situé. La mon
tagne à laquelle il est pour ainsi dire ac
croché comme un nid ,d'aigle s'appelle le
pic des Anges.
Le pic se dresse haut, fier et superbe,
mouillant ses pieds dans les eaux claires,
fraîches et capricieuses du Lot, qui vien
nent le battre de leurs vagues argentées.
• Les piétons, pour continuer le chemin
qui aboutit au socle de granit, mi-parti
rouge, mi-parti noire, qui forme la base
"du pic des Anges, ont taillé, tout contre
: la rivière, dans la pierrebrune, un sentier
étroit, inégal et tortueux qui suit les'
méandres de l'eau transparente. De loin
en loin on a fait, par entailles, des espè
ces de niches pour que "si deux personnes
viennent à se rencontrer, elles puissent se
croiser i&ns accident.
Dans presque toutes ces cellules, prises
dans le roc, 011 rencontre quelque pieuse
image: la Vierge, l'enfant.Jésus ou saint
Rourthoumy lou bravé, le saint en grande
vénération'dans tout le pays..'
Ces ex voto sont les reconnaissants sou
venirs de quelque voyageur en péril, qui,
par une prière à son saint patron, en a été
retiré miraculeusement. Ces imagos sont
assez grossièrement sculptées dans du bois
de houx ou dans quelque nosud/le châtai
gnier, et l'artiste, pour les signer, y a fait
religieusement sa croix profonde, â l'aide
de deux traits de son rustique couteau, ne
sachant point-écrire autrement son nom.
Le fait est qu'à certains moments de
l'année, le Lot est loin d'être pacifique ; à
la descente des neiges surtout, il grossit
et roule bruyamment comme un torrent,
interrompant la circulation^ par le chemin
d'en bas, et couvrant, de 1 autre côté du
pic des Anges, toute la- plaine, qu'il fé
conde en jetant sur elle un épais limon,
dépôt de riehesse nour l'avenir.
Alors le petit village de Laroque-des-
Arts n'a plus d'autre moyen do communi
cation avtëc, la ville qu un chemin pres
que aérien, praticable tout au plus pour
des chèvres, où le pied .seul du monta
gnard peut se hasarder. Ce petit .che
min, fait d'escaliers taillés dans le roc,
quand le roc lui-même ne fournit pas
d'anfractuosités naturelles, tourne la mas
se énorme du pic et va en. descendant
jusqu'à la ville.
Làroque-des-Arts est le plus modeste,
mais le plus coquet des villages ; il est
perché presque au tiers de la monta
gne, et l'on se demande; quand on le
voit au printemps , tout fleuri et écla
tant avec ses tuiles rouges sur la pierre
brune du vieux pic, comme un. bouquet
joyeux-au côté d'une femme en deuil,
quel est le miracle qui l'y retient, car la
descente des grandes neiges .est tei'rible
dans le Quercy, et à certains moments la
rivière est encombrée de blocs énormes
qui se sont détachés des monts voisins,
a'arbres déracinés, d'entraves de toute.
sorte qui ont suivi le torrent. ■
Malgré les menaces et , les secousses
que les hivers font subir à la, surface de
la montagne, le village reste immuable,
malgré son apparente fragilité, et chaque
printemps le r.etrouve "frais, pimpant,
souriant et babillard : vrai nid de pinson
attaché aux anfractuosités du grand roc.
Le village est composé touf au plus de
cent feux, et néanmoins la population y
est aussi diverse:que peu nombreuse. Il
y a d'abord le curé qui loge dans une mai
sonnette tout contre l'Eglise, et jamais il
no nous a été donné de' voir une maison
de Dieu aussi humble, aussi restreinte
et si peu parée que celle-là; non que les
habitants de Laroque-des-Arts soient ir
réligieux, bien loin de là ! -
Dans le midi il n'y a pas de discussions
avec la Providence," 011 croit à elle parce
que le soleil qui vient .de ses largesses
est superbe, parce que les plantes, que
Dieu protège, y viennent belles, parce
que la vie est bonne dans ce pays \
demi sauvage, et que les vices de la civi
lisation n'y ont pas encore , introduit les
manifestations hostiles envers le ciel, en
vers la croyance et à l'encontre de ses mo
destes et dévoués ministres. •
On n'accuse Dieu nî du mauvais temps
ni-dQSmauvaises heures; on ne lui mon
tre pas le poing, en ce sens que la haine
n'ilabite point, les cœurs simples qui n'en
veulent à personne, n'ayant eux-mêmes,
_ par aucun coup de Bourse ou de traîtrise,
' pris la place d'autrui au soleil de ce monde.
Dieu.n'est point le même pour tous les
hommes, et selon les latitudes que la
créature habite, il change d'aspect, d'es
prit, de visage et de nature. ; ■
Dans, le midi, la Divinité n'est pas re
présentée par une'figure austère et terri-
. ble : le ciel derrière lequel elle s'abrite
est si rayonnant et si bleu que l'on ne peut
croire à une puissance malveillante à l'a
bri d'un si joyeux rideau.
Dieu est bon, là-bas, on l'aime, mais
on l'aime avec plus de tendresse que de
crainte ; on lui porte le dimanche un bou
quet de fleurs; à la moisson on lui donne-
la-première gerbe; .aux vendanges les
plus belles grappes; le premier rayon de
miel est aussi pour lui. Dieu, là-bas, n'est
point armé d'une foudre vengeresse, il ne
menace pas ses enfants, il leur sourit - , et
quand il étend les mains vers eux, c'est
que ces mains sont pleines de bénédic
tions, de dons divers qu'il répand géné
reusement et avec amour sur eux tous.
Donc, si la maison de Dieu est, pauvre ,
c'est que les habitants du -village le sont
aussi et qu'ils ne connaissent d'autre luxe
que celui des champs, d'autre parure que
celle dont se revet la terre, cette fille
bien aimée de la Providence.
Laroque-des-Arts est habité par tous
les petits propriétaires de la plaine quis e-
' tend, en face, de l'autre côté delà rivière,
et par des bergers qui conduisent les trou
peaux sur la montagne pendant la saison
où les lichens y fleurissent, attachés jus
qu'à la cime du^ic des Anges. Les mou
tons qui passent la saison entière dans les
pacages sur lesv hauteurs ne sont rame
nés dans la plaine que pour être vendus,
au.commencement de l'hiver; et pendant
toute la belle saison, qui est longue dans
le Quercy, ils ressemblent à des flocons
de neige oubliés sur la -montagne brune,
ou à des fleurs d'amandier tombées des
arbres sur le soc sombre.
Laroque-des-Arts n'a pas de terre au
tour de ses constructions, pas la moindre
étendue fertile, sauf de microscopiques,
jardins, dont les plus spacieux,' grands
comme un drap de lit, sont cachés par ci,
par là, dans quelque pli du roc.
Dans les fentes qui sillonnent la mori-
tagiie, les. figuiers poussent vigoureux,
drus, et leurs fruits abondants nourris-,
sent les oiseaux du cieL,en même temps,
que les enfants, qui viennent du village,
en s'attachant aux angles des-pierres, aux
racines, aux branches de vigne folle "et
aux touffes de buissons qui poussent on ne
sait comment, et qui vivent là comme, à
miracle, tant la terre est en maigre quan
tité dans les fissures du pic qui les étale
au soleil éclatant du midi.
Dans le bas du villagê habile le pas
sager. ■ ,
Le passager est un homme que nul n'ose
braver, car il s'attache à sa venue-dans
le pays une légende mystérieuse qui étend
une ombre épaisse sur son passé, et le
mystère a toujours quelque chose qui ms- "
pire la. crainte et le respect aux esprits
simples des gens du Quercy.
Le passager a sur le Lot trois petits ba
teaux qui sillonnent la rivière du matin
au soir, et dont il se sert pour conduire à
leurs travaux les habitants de Laroque-
des-Arts, et pour les en ramener le soir.
Pour traverser les charrettes,les bestiaux,
les instruments aratoires, il a un. grand
bac, lourd à conduire et lent à faire un
chemin qui n'est même pas toujours sans ,
danger les jours de tourmente.
Le passager est un- grand vieillard de
, soixante ans, à la.figure sèche, à la char
pente osseuse j solide et puissante; sa tête
■ est restée fière ethàutemàlgré les années
qui ont passé sur elle;-son regard est pro
fond, sa .parole est rare et ses cheveux "
crépus, épais" et durs, n'ont point blanchi
avec l'âge.
Il y a près de trente ans qu'il vint dans
le.pays, on ne sut jamais par quel che-'
min; nul ne le vit jamais s'installer; mais
le matin, quand les femmes arrivèrent à
la petite fontaine qui touche la rivière,
elles le trouvèrent assis au bord de l'eau,
traçant des signes sur le sable avec "un
bâtonde houx noueux et jetant dés cail
loux, dans les cercles qui- restaient sur le
SOI., v ' ... ' : ,
Le lendemain, il avait un bateau ame
né là aussi mystérieusement que lui T
même; deux rames solides, légères, faites
en bois inconnu dans le pays, lui'ser
vaient à le manœuvrer sur 1 eau profonde
et claire. -
11 passa de l'autre" côté les premières
femmes qui se présentèrent, puis quand
elles, eurent . fait leurs provisions de '
fruits, de légumes.et de -fourrages, il vint
de lui-même s'offrir à les Reconduire, à.
Laroque-des-Arts. Les femmes lui donnè
rent une légère dîme en, nature, pour le -
remercier de -ses bons services..
Cet homme parlait une langue étran- ;
gère, gutturale, cadencée, mais il eut
vite appris le patois du Quercy qu'il par
la depuis avec un accent tout particulier
et musieal qui fut longtemps l'étonne-
ment des'£5ens|du'pays.
Quand'#.arriva il était jeune et beau
»
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.5%.
- Collections numériques similaires Aulard Alphonse Aulard Alphonse /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Aulard Alphonse" or dc.contributor adj "Aulard Alphonse")
- Auteurs similaires Aulard Alphonse Aulard Alphonse /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Aulard Alphonse" or dc.contributor adj "Aulard Alphonse")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k675708g/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k675708g/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k675708g/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k675708g/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k675708g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k675708g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k675708g/f1.image × Aide