Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-09-22
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 septembre 1869 22 septembre 1869
Description : 1869/09/22 (Numéro 265). 1869/09/22 (Numéro 265).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
ANNEE.—W 26S,
BUREAUX * PARIS « nie dè Valois (Palais-Royal); n. W
Jb
MERCREDI 22 SEPTEMBRE 1869.
ÀBONNEMENS DES D&PARTEMENSL
TROIS MOIS........ 16 FR.
SIX MOIS.... 32 fr.
UN AN 64 FR.
pats ÉTRANGERS, Voir le tableau
publié les s et 20 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. G ibiat et G",
rue des Bona-Enfans, 19.
W
m
ABONNEMENS DE PABIS.
TROIS MOIS....... 13 F»:
SIX MOIS..... ; 26 FR.
UN AN.....il S2 FR. 1
UN NUMERO 20 CENTIMES/
JOURNAL POtrriQtJE LITTERAIRE} VERSET,
Le mode d' abonnement le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un effet
sur Paris, à l'ordre de l'administrateur du journal, r. de Valois, n. 10.
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' place de la Çourse, 8, à M. Duport , 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve d'examen,, et, s'il y a lieu, de modification par l'administration
* du journal. •
PARIS, 21 SEPTEMBRE
Le prétendu Congrès de lai paix tie Lau*
sanne, dont nous publions «tus loin 'lés
séances de clôture, a . réponâu"' ju^qifqu
bout à ce qu'on devait s'attendre
semblée présidée par le vaniteux châtelain
de Guernesoy. Ces amis de la paix ont dé
claré la guerre aux gouvernemens, aux peu
ples et à la société,: aux gouvernemens
qu'ils aceusent d'attiser les haines de race ;
aux peuples qu'ils excitent les uns contre
les autres, en pesant des problèmes qui
n'exiatent que dans les cerveaux des me
neurs démagogues; à la société dont ils
veulent renverser les bases, qui sont la fa
mille, la propriété et la religion.
Mais aussi qu'est-il résulté de tous ces dis
cours ? Le Congrès a-t-il pu résoudre, dans
le sens de leurs auteurs, une seule des ques
tions à l'ordre du jour? Non : autant d'ora
teurs, autant d'opinions, et les votes ne si
gnifient absolument rien dans une assem
blée dont les membres ne sont responsables,
envers personne.
Et, comme s'ils voulaient se donner un
démenti à eux-mêmes, les orateurs de cha
que nationalité ont protesté contre l'inter
vention du Congrès dans leurs démêlés de
race. Les Allemands ont décliné la compé
tence du Congrès dans l'affaire tchèque ; un
orateur — c'était le plus sensé — a mêiôe '
déclaré-qu'il n'y avait pas de question tchè
que, que cette question était surtout d'in
vention prussienne.
Les agitateurs de Prague ne seront pas de
cet avis; mais ils ne seront pas davantage de
l'avis de MM. Victor Hugo et Quinet, qui pré
tendent que l'empereur d'Autriche a inven
té, pour son agrément, la querelle entre Al
lemands et Tchèques.
Il nous en coûte de le* dire, mais il e?t
malheureusement vrai que, parmi tous, les
orateurs français, -à Lausanne, se sont signa
lés par un manque absolu de patriotisme.
Les Allemands ont vaillamment défendu
leur patrie, et,— chose risible, pour ce con
grès de paix,—ont proclamé hautement que
l'Allemagne ne désarmera pas, de crainte
d'être envahie par la France.'
Cette déclaration avait son à-propos en
présence deM. Victor Hugo. On sait, en effet,
que, dans ses meilleurs temps, M. Hugo prê
chait la conquête de la rive gauche du Rhin,
et qu'il considérait la possession des pro
vinces rhénanes par la Prusse comme une
cause de hiine éternelle entre U France et
l'Allemagne. Un orateur de Francfort a
évidemment voulu répondre à M. Vic
tor Ilugo , président du"Congrès, en dé
clarant que l'Allemagne voulait garder ses
frontières^ Eh bien I tous ces réfugiés, tous
ces radicaux-allemands n'ont pas manqué
un seul instant de respect au-sentiment
national de leur pays ; , les orateurs français
n'ont su que lancer l'insulte aux hommes
et aux institutions de leur''patrie. Voilà la
seule impression que l'on emporte de ces
débats de Lausanne.
Depuis quelque temps, nous -n'avons pas
parlé de l'Espagne; il n'y avait en effet qu'à
répéter ce que nous avons dû constater
tant d® fois et ce que rapportent encore
aujourd'hui toutes les correspondances.
La misère et l'inquiétude dominent la
situation. Pour la première fois, peut-
être, depuis qu'il existe une, civilisation
chrétienne, nous voyons un pays, avide
de posséder un roi, chercher en vain uni
prince qui veuille assumer le fardeau du
pouvoir. Et comment s'en étonner? quel,
prince voudra aller régner dans un pays
financièrement ruiné et où les généraux
et les pronundamientos font la loi? ©n
parle, en ce moment; de la candidature
du duc de Gênes. Qi^ant à nous, nous
croyons que les dictateurs actuels ne cher
chent qu'à retenir le pouvoir le plus long-
ps possible, et que toutes ces candida
ts dont on parle ne sont mises"en avant,
qu'on nous pardonne l'expression, —
pour amuser la galerie.
L'insurrectien cubaine vient augmenter
tous ces embarras. Les 30,000 soldats régu
liers et Ips 30,000 volontaires de la Liberté
sont impuissans à étouffer une insurrection
qui se maintient depuis bientôt un aà et à
laquelle les Américains du continent prê
tent un appui des plus efficaces. Les radi
caux de Madrid se trouvent pris dans leurs
propres filets : la population cubaine proteste
contre une'Constitution qui leur çst imposée
par une, Chambre où l'île de Cuba n'a pas
été représentée. Ces mêmes radicaux trou
vent déshonorant pour l'Espagne de céder
Cuba moyennant finances; mais nous allons
voir, le jour où le semestre de la dette ne
pourra être payé, comment ils feront pour
sauver l'honneur d6 leur pays.
On vefra par les dépêches télégraphiques
que l'armée brésilienne a remporté une vic
toire brillante et décisive sur l'armée de Lo-
pez. Tout porte à croire que cette bataille
mettra fin à la longue guerre entre le Brésil
et le Paraguay.
. Edouard Simon.
télégraphie PRIVÉE.
/ - ■
agence havas.
Angleterre.
Londres, 20 septembre, soir.
Le Pape a écrit à Mgr Manriing, archevêque
de Westminster, une lettre déclarant que le Con
cile œcuménique n'est pas ouvert aux non ca
tholiques. < .
Etats-Unis.
Washington, 20 septembre.
(Par le câble français.)
Le président Grant reviendra mercredi à Wa
shington. Tous les membres du cabinet sont
déjà de retour.
New-York, 20 septembre.
(par le câble atlantique français).
Le duc d'Edimbourg est arrivé a New-York.
Des avis de Yotido (Japon), en date du 29
août, vecus.par la voie da San-Francisco, por-
teut qu'un grand ■ nombre de ■ prêtres japonais
ont adressé au gouvernement une pétition con-'
tre les chrétiens., .
L'ambassade d'Autriche en Chine est arrivée
à Pékin le u août.
SERVICE DE NUIT.
AHstHeBse.
•' "• Lemberg, 21 septembre.
■Séunce :d& la Diéle. —r Aujourd'hui a eu lieu
la.première lecture d'une motion deM. Smoik,a,
portant qu'il: n'y a. pas lieu d'envojer dos re-
presenlans au Reichsrath.
La proposition de renvoyer cette motion à une
commission a été rejetée.
■ La nrotion elle-même a été par le fait ro-
poussée. ' ■" ■'
! TESJ»^6Ï'5«. '
Marseille, 21 septembre.
Los lettres de Cot stantinoplo sont du 15 sep
tembre.
' Elles.disent que les dernières difficultés entre
le sulian.et le khédive portent sur le budget et
les emprunts à l'étranger. Le khédive revendi
quait l'autonomie, administrative qui lui a été
concédée en 1841. La situation, bien que tendue
encore, semblait toucher à une solution amia
ble. '
L'Impératrice des Français était attendue seu
lement le 13 à ConstftRtinople.
La nouvelle combinaison relative aux che)-
mins de,fer de Roumélie vient d'être approuvée
en conseil,des ministres.
Espagne.
Madrid, 20 septembre. !
Hier, à l'occasion de l'arrivée de M. E. Caste- 1
lar, une manifestation républicaine a eu'lieu à
Sara gosse.
M&1. Castelar, Soler et Luis Blanc ont pro
noncé des discours protestant contre l'idée
d'appeler, en Espagne un souverain étranger.
Chacun do cas discours a été accueilli par le
cri de : « Vive la République ! » -
L'ordre n'a pas été troublé.
Nous savions bien que la droiture d'esprit
du rédacteur en chef du Temps l'empêche-
tait de persister dans la fausse interpréta»
tion donnés à l'article 46 de la Constitution
par un do ses collaborateurs et par l'Avenir
national et le Siècle. Après avoir reproduit
le commentaire par lequel nous avons pré
cisé le sens de cet article, M. Nefftzer ajoute:
«Nous interpréterons l'article 46 de la Cons
titution comme M Constitutionnel.' Nous ad
mettons, par conséquent, que cet article
veut simplement dire que le pays né doit
pas rester plus de six mois privé d'un Corps
Législatif en état de fonctionner. Nous ajou
terons que celte interprétation a le mérite
de s'accorder parfaitement avec l'article 33
de la Constitution.
» ... Urçè fois Ja Chambre constituée et
mise eo état, le gouvernement peut, s'il le
juge convenable, la proroger de nouveau,
mais sous sa responsabilité et sous la ré
serve du jugement public et du ressentiment
du suffrage universel. La question constitu
tionnelle disparaît alors, et il ne reste que
la question dé convenance et d'opportunité.»
Plus loin, M. Nefflzer dit encore t
a L'Avenir national nous semble se trom
per s'ur la question constitutionnelle. Il
pense que le gouvernement ne peut jamais
demeurer six mois sans réunir les Cham
bres ; en d'autres termes, qu'il doit y avoir
tous les ans au moins six mois dë session
parlementaire. C'est là uae erreur évidente.
La Constitution veut .simple ment q ue le
pays ne resta pas six mois sans Chambra
prête à fonctionner. »
Tout ce que dit le Temps contre la thèse
dè l'Avenir national réfute également, com
me on voit, l'argumentation fantaisiste du
Siècle. *
Mais si le Temps interprète comme nous
la Constitution, il n'en persiste pas moins
à soutenir qu'elle se trouverait violée si le
Corps Législatif n'était pas réuni .avant le
26 octobre. Il raisonne ainsi :
a Le Constitutionnel voit à quel point nous
abondons dans-son sens. Mais reste à savoir
si nous avons actuellement, au moment où
les six mois vont expirer, une Chambre
constituée et en état de fonctionner.
» Nous disons que nous n'eh avons pas ;
nous disons qu'aujourd'hui, 19 septembre,
le Corps Législatif est moins en état de fonc
tionner qu'il ne l'était le 28 juin, au mo
ment de sa première entrée en session : nous
le disons et nous le prouvons. ;
» Le 28 juin, en effet, le Corps Législatif
était constitué plus qu'à moitié, avant même
de commencer ses opérations : il avait son
président, ses vice-présidens, ses questeurs
nommés par l'Empereur, et il avait un rè
glement tout fait, auquel il n'avait- qu'à se
conformer. s
... j ». Aujourd'hui, toute cette organisation a
disparu par l'effet du nouveau sénatus-con-
sulte : plus de'président, plus de viee-pré-
sidens, plus de questeurs, plus de règle
ment. Depuis le commencement do l'Em
pire, le Corps Législatif n'a, jamais moins
existôiqu'il n'existe en ce moment. Cet état
fie choses ne peut se prolonger que jusqu'au
26 octobre, parce que cette date met fin au
délai de six mois pendant lesquels l'Em
pire peut,.d'une législature à l'autre, se pas
ser du Corps Législatif. »
Voilà une argumentation qui a au moins
le mérite de la noùveauté.
Les.raisonnemens de ses collaborateurs,
ceux de l'Avenir national et du Siècle, lui
paraissant également insoutenables ,< M.
Neffrçer en présente d'autres. Lorsque ceux-
ci auront été réfutés, nous verrons sans
doute arriver un quatrième docteur en droit
constitutionnel qui trouvera une thèse nou
velle.
D'après le rédacteur en chef du Temps, si
le séiiatus-consulte n'avait pas donné au
Cerps Législatif le droit d'élire sou bureau
et de faire son règlement, les choses seraient
parfaitement en règle. La petite session,
commencée le 28 juin et terminée'le 12 juil
let, aurait rempli le vosu"de la Constitution.
M. Nefftzer reconnaît, en effet, que les
" prescriptions de l'article 46 étaient observées
et que le Corps Législatif était régulière-
constitué,, au moment où il a été pro
rogé. Mais, -dit-il, le" sénatus-consulte est
survenu, et le Corps Législatif, très bien
constitué avant le vote du Sénat, a cessé de
l'être par l'effet de ce vote.
Voilà certes qui est subtil et bizarre.
Ainsi, le Corps Législatif qui aurait pu
voter régulièrement une loi, du 12 juillet au 6
septembre, sous la présidence de M. Schnei
der et dans les formes de son ancien règle
ment, ne le pourrait plus aujourd'hui? Il
ne pourrait émettre aucun vote valable avant
d'avoir élu un nouveau bureau et s'être don
né un nouveau règlement?
Mais'c'est là une erreur évidente! Ni les
pouvoirs de l'ancien bureau, ni la validité
de l'ancien règlement ne sont entamés par.
le sénatus-consulte. Ils subsisteront jusqu'à
ce qu'ils aient été remplacés.
Supposons qu'une loi décide que les ju
ges des tribunaux de commerce, au-lieu
d'être nommés, comme aujourd'hui, par un
pe'it nombre de notables, seront désormais
élus p|r tous les négocians patentés : est-ce
qué cette loi aurait pour effet d'infirmer
les pouvoirs des mègistrats consulaires ac
tuels ? M. Nefftzer n'oserait pas le soutenir.
Il reconnaîtra que, jusqu'après l'élection de
juges nouveaux, ceux qui étaient en fonc
tions le jour de la promulgation de la loi
continuefaieiu valablement, et même néces
sairement, à rendre la justice.
La situation est identique pour le bureau
de la Chambre. Il ne sera déssaisi que lors
qu'il aura été remplacé.
Da même pour le règlement: il reste plei
nement en vigueur.
On en verra bien la preuve lorsque le
Corps Législatif se réunira. Il ne viendra
Certainement alors à l'esprit de personne de
contester à la Chambre le droit de voter sur
toutes sortes de questions, sous le prétexte
qu'elle n'aura pas adopté un règlement
nouveau.
Complètement constitué dans la session
de juilletj le Corps Législatif n'a ças cessé
et n'a pas pu cesser de l'être. Du jour mê
me! de'sa prochaine. réunion, il sera en état
d'exercer, toutes ses prérogatives, et il les
exercera, on peut en être sûr, sans.se croire
nullement tenu d'attendre que le règlement
actuel ait été remplacé. '
La nouvelle thèse du Temps, à laquelle le
Siècle et d'autres journaux se raccrochent
comme à une branche de salut, ne supporte
pas mieux l'examen que les précédentes.
Elle est contraire aux règles législatives les
plus élémentaires.
Il serait convenable de no pas prolonger
plus longtemps ces discussions stériles et ir
ritantes .sur une question de droit constitu
tionnel qui Sexiste pas. .
La Constitution n'est pas en jeu, et quant
à la Chambre, si elle est convoquée seule
ment en novembre,elle n'en aura pas m> lus
tout le temps nécessaire pour se livrer à de
féconds et utiles travaux.
G. B arbe.
Ce matin, M. Piétri est venu, comme il le fait
les mardi et vendredi^de chaque semaine, tra
vailler avec Sa Majesté.
, Contrairement a ce que disent plusieurs do
nos confrères; il y aura donc démain conseil
des ministres, malgré l'absence momentanée de
la plupart des Excellence».
Il est fortement question maintenant pour
le Prince Impérial d'une excursion sur les
bords du Rhin ; elle aurait lieu immédiate
ment après la rentrée du gouverneur dn
Prince, qui est en congé. Cette idée, d'ail
leurs, appartient au général Frossard, qui
veut faire visiter aussi à son élève les prin
cipales places fortes da l'Allemagne.
M. Alfred Le Roux, ministre de l'agricul
ture et du commerce, vient d'adresser aux
chambres de commerce un projet de loi
concernant l'importante question des des
sins et modèles de fabrique, et revisant la
loi du 18 mars 1806 sur cette matière. Les
chambres da commerce sont priées de ren
voyer le projet après l'avoir revêtu de leurs
observations. Les principales innovations du
prejet sont celles-ci : le dépôt devra avoir
lieu désormais au greffe du tribunal civil,
ou, à son défaut, au juge de paix, pour or
donner la saisie en-cas de contrefaçon.
M. Ozeane, conseiller d'Etat, secrétaire
général du ministère de l'agriculture et du
commerce, parcourt en ce moment les ré
gions du nord et du nord-ouest pour se li
vrer à une enquête au sujet des résultats pro
duits par l'application du traité de commer
ce avec l'Angleterre, dont la dénonciation
doit être demandée par un certain nombre
de députés.
am. matagrin.
COURS DE LA BOURSE. ^
cours de clôture . i«* 20 se 21 ' Hausse. Baisse.
30/0au comph 70 70 71. » » 30 » »
—Fin du mois. 70 57 70 90 » 32 » »
41/2au compt. 101 75 101.70 » » » 05
NOUVELLES POLITIQUES.
Nous lisons dans la Moniteur universel ;
-, Ainsi que nous le disions hier, on a repris à
Saint-Cloud toutes les habitudes.
L'Empereur est complètement rétabli, et per
cette raison 1 es actes de sa vie privée n'ont
plus de raison d'intéresser le public.
'M. de Metternich a été reçu hier, à deux heu
res et demie, en. audience particulière. u .
On nous assure que M. le général Lebœuf,
poursuivant les réformes dans l'administra
tion centrale du ministère de la guerre, se-
' rait à la veille d'y confier un poste important
à un officier général d'infanterie. Nous ne
saurions trop louer le ministre de la guerre
de prendre une mesure qui donnerait enfin
satisfaction aux réclamations réitérées de
l'infanterie, justétnent blessée de n'être pas
représentée auprès du chef de l'armée. Le
Constitutionnel a le premier fait remarquer
ce qu'il y avait de singulier à confier la di-,
reetion de l'arme principale^ de celle qui
constitue les trois quarts des forces natio
nales, à des officiers d'état-major ou à des
fonctionnaires civils.* Cette exclusion, qui
dure depuis plus de dix ans, est inexplica
ble surtout dans une période, de réorganisa
tion pendant laquelle on a expédié aux
commandans des divisions un certain nom
bre de circulaires qui n'étaient pas précisé
ment marquées au cachet de l'expérience
pratique. ;
Ou nous objectera que-l'infanterie à ssn
comité. Nous serions curieux de sayoir sur
quoi l'on consulte ce comité consultatif. Ce
n'est évidemment pas sur la tenue, sans quoi
nous n'aurions pas assisté depuis la campa
gne d'Italie à la série de travestissemens qui
(léfilent sous les yeux du public inquiet de
l'emploi de son argent..... .
Le mot uniforme pourrait être rayé de la
_ laneue française, car la bigarrure semble
1 érigée en priucipe dans l'armée. Eu fait de
haut-de-ebausses, nous les avons tous, de
puis la culcftte du carabinier et du gen larme,
jusqu'au pantalon à la turquo Jes zouaces
et des turcos. Les coiffures sont encore en
plus grand nombre; il y a les casques des
dragons, des carabiniers et des cuirassiers
de la garde; les casques des dragons et
des cuirassiers de la ligne; il y a les bon
nets de policé qui sont tantôt à visière,
tantôt sans visière ? il y a enfin les coiffu
res à poil, dont nous possédons un assorti
ment complet, depuis le monumental bon
net des grenadiers jusqu'au microscopique
talpack des chasseurs à cheval. Il ©n est de :
même pour les tuniques, les vestes, les ca
potes, les manteaux. Nous comptons bien
que M. le général Lebœuf mettra un frein
à cette manie de changement, nuisible à
l'uniformité de l'armée et ruineuse pour nos
finances.
Le comité n'a guère été consulté non plus
sur les nouvelles théories de manœuvres
dont la rédaction a été confiée à une com
mission pour ainsi dire clandestine, car
dans aucun document officiel on ne trouve
les noms des membres qui la composaient*
C'étaient, nous lë savons par hasard, des of
ficiers du plus grand mérite; mais ils nous
permettront de leur dire que ni leur âge, ni,,
leur grade, ni leur expérience ne donnent à, ,
leur travail l'autorité indispensable ! line
«tuvre-de-ce genre. _ •:
Nous le répétons : dp même que£tou(fâr
bonne machine gouvernementale est «punie
d'une Chambre haute qui fait l'offfe^.
modérateur, il est temps d'instituer unsxo-^
mité supérieur ûe la guerre, composé osa;
maféchaux et des délégués des divers comi
tés d'armes. Ce comité prononcerait en der
nier ressort sur les questions relatives à l'oï»
ganisation et à l'administration de l'armée,
et tiendrait lieu de ce pouvoir, pondérateur.
Comme nous le disait, il y à peu de mois,
un de nos bons officiers supérieurs, un des
plus graves reproches qu'on puisse adresser
à notre armée, celui que formulent sans
cesse et avec raison les étrangers, c'est le
défaut de suite et de contimiité dans ses
progrès organiques et techniques. •
Toutes les innovations, dans l'armée
française, ont en effet le caractère révolu
tionnaire de la nation, et il semble même
que nous attendions que des circonstances
graves et urgentes se produisent pour nous
y décider. C'est afnsi que notre infanterie,
après de longuès et infructueuses discus
sions, a pris, en face de l'ennemi, l'impor
tante décision de combattre sur deux rangs.
C'est ainsi encore que nous avons commen
cé le formidable siège de Sébastopol en
plein? réorganisation d'artillerie, et, cinq ans '
plus tard, la campagne d'Italie avec un
matériel absolument inconnu. On se tire
d'affaire, grâce au savoir de nos officiers,
grâce à l'intelligence et à l'aptitude merveil
leuses de nos soldats ; mais il y a là un dé
testable système d'improvisation.
Il importe de rendre sans délai aux co
mités les prérogatives dont on les a dépouil
lés peu à peu et d'instituer le comité supé
rieur, qui seul nous paraît capable de faire
disparaître les abus que nous venons de si
gnaler. Cette création n'entraînerait aucune
dépense, car les maréchaux et les membres
des comités touchent déjà leur traitement
d'activité, et ces travaux spéciaux ne don
nent droit à aucune indemnité.
A. W achter.
Nous lisons dans la Presse :
La nouvelle levée do boucliers contre la pro
rogation du Corps L<'ç'slatif ne réussira pas à
agiter lo pays ; les'efforts qu'on a- vainement
tentés au mois de juillet ne seront pas plus heu
reux aujourd'hui. L'evidenco eatlà qui s'imposa
à tous les esprits non prévenus.
Qu'il y ait une question politique, engageant
la responsabilité des ministres, cela est évident.
Le calme du pay3 donne raiwm au gouverne
ment; et nous verrous si la Chambfti lui don
nera tort. Ce que nous ne pouvons admettre,
c'ost qu'on pretonde soulover une question, de
légalité, uno question constitutionnelle.
Los défenseurs de colto opinion ont chacun
leur argument. Suivant las uns, la session a été
trop courto ; suivant les autres, il reste trop
d'élections en suspens ; d'autres es liaient que
!o Corps Législatif éUnt t--na d-j légiférer, l'ini
tiative individuelle dût-elle suppléer aux pro
jets q io le gouvernons nt ne présentait pas.
Rien de tout & de tout cela ne reposo ni sur la lettre ni sur
l'esprit de la Constitution. •
Le Corps Législatif a été convoqué • dans la
dëlài iéiî'd : il s'est réuni, il a prononcé sur la
trèS gr.jddo majorité nés élection-» ; il a accordé
lé droit d» voter à ceux do ses ir.embivs dont
les pouvoirs n'étaient' pas encore vérifiés; il a
élu ses secrétaires-, on fi î il s'est déelaié consti
tué par l'organe do son président. Avis a été
donné de cette constitution au çrouveriiement;
et,.à la suite et en raison do cetïo constitution,
le Corps Législatif a reçu du chaf 'de l'Kiat uue
communication, lo message du 12 juillet, qui
ne posait être faite qu'à uno assemblée régu
lièrement constituée.
Le Corps Législatif a donc franchi la période
de transition ; il a une existence régulière, il a
fait acte d'assemblée législative, et, m le besoin
l'exigeait, il pourrait être réuni demain et être
immédiatement saisi d'un projet, de loi. Nous
avons donc un Corps Législatif valablement
constitué et en état de fonctionner ; par consé-
quent, il a été complètement satisfait aux exi
gences de la Constitution.
Cos doetrinos, égjU nient soutenues par le
Constitutionnel, sont aujourd'hui celles de
tous les journaux qui veulent bien D 'appor
ter dans ces débats ni passion, ni parti pris.
On peut dire aujourd'hui que là question
est vidée, et cette fois encore, c'est le bon
bse
Feuilleton du Constitutionnel^ 22 sept.
LA DESTINÉE
Deuxième partie.
MEDJÉ.
Depuis bien longtemps déjà,Medjé n'avait
plus de mère. Tout enfant, elle avait perdu
là sienne dans les circonstances tragique
ment cruelles que nous avons racontées au
début de cette histoire. Si grande qu'eût
été l'affection du colonel, et nous savons si
elle avait été grabde, plus d'une fois, sans
oser le lui dire, elle avait regretté tout bas
cette tendresse à part, unique dans la vie,
que Dieu, si prodigue qu'il soit envers ses
on fan s ; ne nous donne jamais deux feis, —
que rien ne remplace, et dont rien ne con
sole quand on ne l'a plus, — la tendresse
d'une mère l
Elle fut donc un peu choquée, intérieure^
ment et sans en rien laisser voir, de la légèreté
avec laquelle Andrée venait de parler de sa
mère. Il est vrai qu'elle se dit, pour excuser
un peu sdn amie, que tous les caractères ne
se ressemblent point; que Mlle de Meillan ne
prenait jamais les choses au sérieux, et que
tout prétoxte était bon à sa verve malicieu
se. Mais elle avait beau faire, la faute at-
téauéo n'en laissait pas moiqs chez elle une
impression pénible. "
— Je veux bien voir ta mère, répondit-
elle un peu tristement.
■ (Voir le Constitutionnel du 21 septembre.)
—r Ahl fit Andrée, tu n'as pas besoin de
prendre un air lugubre pour me dire cela!
rassure-toi, ma mère est bonne à voir, et
elle ne te mangera pas I
— Tu ne m'as pas comprise, répliqua
Medjé: quand tu as parlé de ta mère, j'ai
pensé à la mieané... c'est ce qui m'a rendue
triste...
Deux jours plus tard la marquise de Meil
lan faisait appeler Medjé au parloir.
La pupille de M. d'Ambleuse s'avoua tout
bas qu'elle n'avait jamais vu de femme plus
élégante. - Sa toilette, d'une simplicité ex
trême, n'en était pas moins un chef-d'ceu- '
vre longuement médité, et discuté minu
tieusement avec un des plus habiles faiseurs
de Paris. Depuis longtemps la marquise
dédaignait la couturière comme une institu
tion surannée. La jolie taille d'Antoinette
avait conservé toute la sveltesse et toute la
fleïibilité des jeunes années ; l'ovale de son
visage était toujours d'une correction, et ses
traits d'une pureté de lignes irréprochables.
Si quelques détails légers accusaient çà et
■là ces ravages des ans que l'on retarde par
fois, mais que l'on n'évite jamais tout à
fait, c'est ce qu'il ne fut point possible à
la jeune fille de savoir, caria mère d'Andrée
ne releva pas sa voilette, qui.pourêtre blan
che, n'en était pas moins discrète.
Antoinette était passée maîtresse én l'art-
de plaire; nul mieux qu'elle ne savait trou
ver le mot qui portait juste ; elle versait la
louange d'une main légère et délicate, et
vous la présentait dans une coupe (l'or.
Comment une jeune fille aussi peu expéri
mentée que Medjé, prompte à croire parce
qu'elle était incapable de mentir, facile à
tromper parce qu'il ne lui serait pas venu à
l'esprit de tromper les autres, aurait-elle eu
l'idée de se défier?'
Toutes les protestations qu'en lui faisait
étaient acceptées par elle comme la vérité
même. Elle crut donc tout ce qu'il plut à la
marquise de lui dire, et elle se laissa "fasci
ner par la mère, comme elle l'avait été par
la fille. .
Après avoir beaucoup parlé d'elle, de son
passé, de son présent, de son avemr, après
lui avoir demandé quels étaient ses projets,
ses désirs, ses espérances, Antoinette, qui
avait regardé la jeune Arabe avec une atten
tion singulièrement persistante, amena fort
habilement la conversation sur M. d'Am
bleuse.
Il n'y avait point un sujet au monde qui
fût plus sympathique à Medjé. Elle en eût
parlé volontiers deux jours et deux nuits.
Au seul nom du colonel, son visage s'il
lumina : ce fut comme un rayon de soleil
qui la transfigura tout à coup. L& mar
quise n'eut pas besoin d'une grande ha
bileté pour luj faire dire sur Jacques tout
ce qu'elle voulut savoir. La jeane fille
était si contente de répondre qu'elle al
lait d'elle-même au-devant des ques
tions. La marquise s'informa adroitement
de mille choses sur lesquelles, jusque-là,
personne n'avait songé à interroger la
jeune fille : elle voulut savoir ses goûts,
ses habitudes, ses occupations, et jusqu'aux
caprices de son humeur. Etait-il habituelle
ment triste ou gai? Yoyait-il beaucoup de
monde, et quel monda? * ;
Medjé, avec la vivacité confiante.de son
âge, sè laissa aisément entraîner par le
charme du sujet; tout ce qu'elle savait, elle
le dit, et introduisit en quelque sorte Mme
de'Meillan dans la vie intime de Jacques';
elle lui ouvrit la porte de la petite maison
d'Alger, lui fit place entre elle et lui, et,
sans même s'en apercevoir, dévoila les mys
tères de leur douce intimité.
Mme de Meillan parut enchantée du gen
til babil de Medjé, et, au moment de partir,
l'embrassa presque tendrement.
— Petite mère, dit Andrée, après avoir
reconduit son amie jusqu'à la porte du par
loir, invile-.la donc à venir chez nous le di
manche. Cela me fait de-la peine de la lais-:
ser avec les autres. Et puis, songe donc
comme nous serons gentilles au Bois sur le
devant de la grande calèche, toi au fond 1
Nous tâcherons de lui faire prendre quelque
fois son costume arabe ; elle doit èb avoir
un : tout le monde nous regardera ! -tu veux,
n'est-ce pas ? Dis tout do suite que tu
veux ?
— Eh I sans doute, je veux 1 Rien ne sau
rait m'être plus agréable que de nous faire
plaisir à toutes trois; mais, mon enfant, tu
me" demandes uûa chose qui ne dépend pas
de nous seules. Ta petite anïie à un tuteur,
et M. d'Ambleuse. a certainement donné à
Mme de Norville des instructions qu'elle
doit suivre. Tout ce que je puis te promét^-
tre c'est de m'informer de tout cela aujour
d'hui même, et si la permission, que je dé
sire autant que toi, nous est accordée, je
viendrai moi-même vous chercher toutes
deux dimanche. •
— Ah ! maman, que tu es donc gentille,
fit Andrée, en embrassant Mme de Meillan,
sans toutefois lui relever son voile, qui ca
chait peut-être quelque préparation savante,
mais inférieure à l'émail inaltérable, qui
n'était pas encore découvert.
La marquise, avant de quitter l'établisse
ment, passa chez la directrice pour lui pré
senter sa petite requête. Mais elle apprit,
non sans quelque contrariété, que le colo
nel avait donné, au sujet d® sa pupille, des
ordres très nets et très précis, qu'il n'était
pas possible d 'enfreindre.
Medjé, jusqu'à son retour, ne devait point
franchir la grille du pensionnat. C'était une
consigne donnée en termes si formels que
Mme de Norville n'eût osé la violer sous au
cun prétexte. La marquise parut regretter
cette décision; mais elle eut, dû moins, le
bon goût de ne rien tenter pour la faire flé
chir. Il lui eût semblé assez piquant d'être
à Paris la correspondante „ comme disent le's
élèves, de là pupille de Jacques, et de le voir
ainsi ramené près d'elle par la main de cette
jeune et belle créature. Mais du moment où la
chose présentait tant de difficultés, Mme de
Meillan fut d'avis que ce .qu'il y avait de
mieux à faire, c'était de n'y plus penser.
Elle fit donc prévenir sa fille du mauvais ré
sultat de sa démarche, et alla montrer sa
fraîche toilette dans une demi-douzaine de
salons. ;
Cette rencontre inattendue avec la pupille
d© Jacques avait fatalement reporté la pensée
d'Antoinette vers une autre époque de
sa vie; elle songea à l'ardente passioR
du jeune homme si cruellement trahie par
elle, aux tortures sans merci 'de la folle ja
lousie qu'elle lui avait si profondément ins
pirée ; elle se rappela aussi — non sans un
frémissement d'horreur, car elle était femme
et elle avait des nerfs, — la terrible catastro
phe qui avait si tragiquement mis fin à la
rivalité du baron d'Ambleuse et du prince
Hermiloff. Elle avait pleuré sincèrement la
mort d'Elim, et maudit le souvenir du com
mandant. Tant qu'elle était restéesous l'em
pire de cette douleur et de cet amour, elle
n'avait pus» résoudre à pardonuerà Jacques.
Entre elle et lui, elle avait toujours vu comme
une tache de sang. Cette taché d© sang gran
dissait. C'était comme un abîme qui les sé
parait à jamais... Elle le croyait, du moins.
Mais quand le cours du temps eut amené .
pour ' elle l'adoucissement d'abord à- Sa
douleur vive, puis, plus "tard, cet oubli
par lequel, fatalement, tout finit en ce
monde, ellç avait vu les choses sous un as
pect plus favorable au baron et lui avait
trouvé des excuses. A mesure que le regret
d'Hermiloff étaitdevenumoins amer dans son
âme, l'irritation 'contre le baron d'Ambleu
se s'était aussi peu à peu calmée. Il y avait
déjà longtemps qu'elle ne se sentait plus
envers lui que l'envie d'êlro juste : elle
comprenait pe qu'il avait souffert ; elle se
rendait compte des entraînemens auxquels
il avait pu s'abandonner sous l'influence,
de sa folle passion et de son âpra jalou
sie, quand, après une si longue attente
et une si vive poursuite, il avait- ap
pris tout à coup que l'homme qu'il
haïssait le plus au monde était son rival
préféré. Les femmes ont-elles, après tout,
le droit de se montrer inexorables à ceux
dont le crime a sa pause dans l'amour qu'el
les inspirent 11l y avait déjà longtemps que
la marquise était disposée à recevoir M.
d'Ambleuse à merci, et Je passé lui inspi
rait assez de confiance pour qu'elle s'atten
dît à recevoir ses soumissions, dès qu'il au-*
rait l'occasion de les faire.
C'était là, et non pas ailleurs, qu'il fallait
chercher le secret do l'aimable accueil que
Medjé avait trouvé près de la marquise. Med
jé, dans sa pensée, devait être le trait d'u-
*ion entre elle et M. d'Ambleuse. La volon
té de M. d' Ambleuse rendait tous ces projets
impraticables.
— Tu sais, dit Andrée à son amie, pen
dant la récréation^ùi suivit la visite au par
loir, tu sais que Mme de Nervilie ne veut
pas que tu sortes chez nous. Maman vient
de me le faire dire. Mais, console-toi, cet
échec n'est qu'un retard ; notre sort est en
tre tes mains; Tu vas écrire immédiatement
à ton tuteur; il paraît qu'en ce moment
nous avons trois départs par semaine pour
la Crimée. Ta lettre n'attendra pas long
temps. Tu vas lui dire, à ce bon colonel
Jaeques, que c'est moi, sa petiie An
drée d'autrefois, celle qu'il gâtait tant .et
qu'il embrassait si fort, que e'est moi qui
le supplie de te laisser «sortir à la maison*
•Imoossible qu'il nous résiste à toutes deux,
vois-tu ! Dis-lui qu'il me fera beaucoup d#
peine "s'il refuse, et que jo ne t'aimerai
plus!... Oh! si cela t© gêne, n'écris pas..,
je le ferai'moi-mênie... •
— Mais non! mais non ! répondit Medjé
en souriant; je t'assure que cela ne me gêne
pas le moins du monde, et que je vais écrira
aujourd'hui même.
- — Alors, laisse-moi la place du ppst-
scriplum. *
— Fille de peu de foi !
— Tu te trompes, je crois beaucoup...
— Oui, en toi !
Louis W1ULT.
(L'i s à un prochain numéro.)
BUREAUX * PARIS « nie dè Valois (Palais-Royal); n. W
Jb
MERCREDI 22 SEPTEMBRE 1869.
ÀBONNEMENS DES D&PARTEMENSL
TROIS MOIS........ 16 FR.
SIX MOIS.... 32 fr.
UN AN 64 FR.
pats ÉTRANGERS, Voir le tableau
publié les s et 20 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. G ibiat et G",
rue des Bona-Enfans, 19.
W
m
ABONNEMENS DE PABIS.
TROIS MOIS....... 13 F»:
SIX MOIS..... ; 26 FR.
UN AN.....il S2 FR. 1
UN NUMERO 20 CENTIMES/
JOURNAL POtrriQtJE LITTERAIRE} VERSET,
Le mode d' abonnement le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un effet
sur Paris, à l'ordre de l'administrateur du journal, r. de Valois, n. 10.
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tes abonnemens datent dès 1" 0t U
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S'adresser pour les Annonces à MM. Fatjchey, Laffite, Bblijer, et C«,
' place de la Çourse, 8, à M. Duport , 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve d'examen,, et, s'il y a lieu, de modification par l'administration
* du journal. •
PARIS, 21 SEPTEMBRE
Le prétendu Congrès de lai paix tie Lau*
sanne, dont nous publions «tus loin 'lés
séances de clôture, a . réponâu"' ju^qifqu
bout à ce qu'on devait s'attendre
semblée présidée par le vaniteux châtelain
de Guernesoy. Ces amis de la paix ont dé
claré la guerre aux gouvernemens, aux peu
ples et à la société,: aux gouvernemens
qu'ils aceusent d'attiser les haines de race ;
aux peuples qu'ils excitent les uns contre
les autres, en pesant des problèmes qui
n'exiatent que dans les cerveaux des me
neurs démagogues; à la société dont ils
veulent renverser les bases, qui sont la fa
mille, la propriété et la religion.
Mais aussi qu'est-il résulté de tous ces dis
cours ? Le Congrès a-t-il pu résoudre, dans
le sens de leurs auteurs, une seule des ques
tions à l'ordre du jour? Non : autant d'ora
teurs, autant d'opinions, et les votes ne si
gnifient absolument rien dans une assem
blée dont les membres ne sont responsables,
envers personne.
Et, comme s'ils voulaient se donner un
démenti à eux-mêmes, les orateurs de cha
que nationalité ont protesté contre l'inter
vention du Congrès dans leurs démêlés de
race. Les Allemands ont décliné la compé
tence du Congrès dans l'affaire tchèque ; un
orateur — c'était le plus sensé — a mêiôe '
déclaré-qu'il n'y avait pas de question tchè
que, que cette question était surtout d'in
vention prussienne.
Les agitateurs de Prague ne seront pas de
cet avis; mais ils ne seront pas davantage de
l'avis de MM. Victor Hugo et Quinet, qui pré
tendent que l'empereur d'Autriche a inven
té, pour son agrément, la querelle entre Al
lemands et Tchèques.
Il nous en coûte de le* dire, mais il e?t
malheureusement vrai que, parmi tous, les
orateurs français, -à Lausanne, se sont signa
lés par un manque absolu de patriotisme.
Les Allemands ont vaillamment défendu
leur patrie, et,— chose risible, pour ce con
grès de paix,—ont proclamé hautement que
l'Allemagne ne désarmera pas, de crainte
d'être envahie par la France.'
Cette déclaration avait son à-propos en
présence deM. Victor Hugo. On sait, en effet,
que, dans ses meilleurs temps, M. Hugo prê
chait la conquête de la rive gauche du Rhin,
et qu'il considérait la possession des pro
vinces rhénanes par la Prusse comme une
cause de hiine éternelle entre U France et
l'Allemagne. Un orateur de Francfort a
évidemment voulu répondre à M. Vic
tor Ilugo , président du"Congrès, en dé
clarant que l'Allemagne voulait garder ses
frontières^ Eh bien I tous ces réfugiés, tous
ces radicaux-allemands n'ont pas manqué
un seul instant de respect au-sentiment
national de leur pays ; , les orateurs français
n'ont su que lancer l'insulte aux hommes
et aux institutions de leur''patrie. Voilà la
seule impression que l'on emporte de ces
débats de Lausanne.
Depuis quelque temps, nous -n'avons pas
parlé de l'Espagne; il n'y avait en effet qu'à
répéter ce que nous avons dû constater
tant d® fois et ce que rapportent encore
aujourd'hui toutes les correspondances.
La misère et l'inquiétude dominent la
situation. Pour la première fois, peut-
être, depuis qu'il existe une, civilisation
chrétienne, nous voyons un pays, avide
de posséder un roi, chercher en vain uni
prince qui veuille assumer le fardeau du
pouvoir. Et comment s'en étonner? quel,
prince voudra aller régner dans un pays
financièrement ruiné et où les généraux
et les pronundamientos font la loi? ©n
parle, en ce moment; de la candidature
du duc de Gênes. Qi^ant à nous, nous
croyons que les dictateurs actuels ne cher
chent qu'à retenir le pouvoir le plus long-
ps possible, et que toutes ces candida
ts dont on parle ne sont mises"en avant,
qu'on nous pardonne l'expression, —
pour amuser la galerie.
L'insurrectien cubaine vient augmenter
tous ces embarras. Les 30,000 soldats régu
liers et Ips 30,000 volontaires de la Liberté
sont impuissans à étouffer une insurrection
qui se maintient depuis bientôt un aà et à
laquelle les Américains du continent prê
tent un appui des plus efficaces. Les radi
caux de Madrid se trouvent pris dans leurs
propres filets : la population cubaine proteste
contre une'Constitution qui leur çst imposée
par une, Chambre où l'île de Cuba n'a pas
été représentée. Ces mêmes radicaux trou
vent déshonorant pour l'Espagne de céder
Cuba moyennant finances; mais nous allons
voir, le jour où le semestre de la dette ne
pourra être payé, comment ils feront pour
sauver l'honneur d6 leur pays.
On vefra par les dépêches télégraphiques
que l'armée brésilienne a remporté une vic
toire brillante et décisive sur l'armée de Lo-
pez. Tout porte à croire que cette bataille
mettra fin à la longue guerre entre le Brésil
et le Paraguay.
. Edouard Simon.
télégraphie PRIVÉE.
/ - ■
agence havas.
Angleterre.
Londres, 20 septembre, soir.
Le Pape a écrit à Mgr Manriing, archevêque
de Westminster, une lettre déclarant que le Con
cile œcuménique n'est pas ouvert aux non ca
tholiques. < .
Etats-Unis.
Washington, 20 septembre.
(Par le câble français.)
Le président Grant reviendra mercredi à Wa
shington. Tous les membres du cabinet sont
déjà de retour.
New-York, 20 septembre.
(par le câble atlantique français).
Le duc d'Edimbourg est arrivé a New-York.
Des avis de Yotido (Japon), en date du 29
août, vecus.par la voie da San-Francisco, por-
teut qu'un grand ■ nombre de ■ prêtres japonais
ont adressé au gouvernement une pétition con-'
tre les chrétiens., .
L'ambassade d'Autriche en Chine est arrivée
à Pékin le u août.
SERVICE DE NUIT.
AHstHeBse.
•' "• Lemberg, 21 septembre.
■Séunce :d& la Diéle. —r Aujourd'hui a eu lieu
la.première lecture d'une motion deM. Smoik,a,
portant qu'il: n'y a. pas lieu d'envojer dos re-
presenlans au Reichsrath.
La proposition de renvoyer cette motion à une
commission a été rejetée.
■ La nrotion elle-même a été par le fait ro-
poussée. ' ■" ■'
! TESJ»^6Ï'5«. '
Marseille, 21 septembre.
Los lettres de Cot stantinoplo sont du 15 sep
tembre.
' Elles.disent que les dernières difficultés entre
le sulian.et le khédive portent sur le budget et
les emprunts à l'étranger. Le khédive revendi
quait l'autonomie, administrative qui lui a été
concédée en 1841. La situation, bien que tendue
encore, semblait toucher à une solution amia
ble. '
L'Impératrice des Français était attendue seu
lement le 13 à ConstftRtinople.
La nouvelle combinaison relative aux che)-
mins de,fer de Roumélie vient d'être approuvée
en conseil,des ministres.
Espagne.
Madrid, 20 septembre. !
Hier, à l'occasion de l'arrivée de M. E. Caste- 1
lar, une manifestation républicaine a eu'lieu à
Sara gosse.
M&1. Castelar, Soler et Luis Blanc ont pro
noncé des discours protestant contre l'idée
d'appeler, en Espagne un souverain étranger.
Chacun do cas discours a été accueilli par le
cri de : « Vive la République ! » -
L'ordre n'a pas été troublé.
Nous savions bien que la droiture d'esprit
du rédacteur en chef du Temps l'empêche-
tait de persister dans la fausse interpréta»
tion donnés à l'article 46 de la Constitution
par un do ses collaborateurs et par l'Avenir
national et le Siècle. Après avoir reproduit
le commentaire par lequel nous avons pré
cisé le sens de cet article, M. Nefftzer ajoute:
«Nous interpréterons l'article 46 de la Cons
titution comme M Constitutionnel.' Nous ad
mettons, par conséquent, que cet article
veut simplement dire que le pays né doit
pas rester plus de six mois privé d'un Corps
Législatif en état de fonctionner. Nous ajou
terons que celte interprétation a le mérite
de s'accorder parfaitement avec l'article 33
de la Constitution.
» ... Urçè fois Ja Chambre constituée et
mise eo état, le gouvernement peut, s'il le
juge convenable, la proroger de nouveau,
mais sous sa responsabilité et sous la ré
serve du jugement public et du ressentiment
du suffrage universel. La question constitu
tionnelle disparaît alors, et il ne reste que
la question dé convenance et d'opportunité.»
Plus loin, M. Nefflzer dit encore t
a L'Avenir national nous semble se trom
per s'ur la question constitutionnelle. Il
pense que le gouvernement ne peut jamais
demeurer six mois sans réunir les Cham
bres ; en d'autres termes, qu'il doit y avoir
tous les ans au moins six mois dë session
parlementaire. C'est là uae erreur évidente.
La Constitution veut .simple ment q ue le
pays ne resta pas six mois sans Chambra
prête à fonctionner. »
Tout ce que dit le Temps contre la thèse
dè l'Avenir national réfute également, com
me on voit, l'argumentation fantaisiste du
Siècle. *
Mais si le Temps interprète comme nous
la Constitution, il n'en persiste pas moins
à soutenir qu'elle se trouverait violée si le
Corps Législatif n'était pas réuni .avant le
26 octobre. Il raisonne ainsi :
a Le Constitutionnel voit à quel point nous
abondons dans-son sens. Mais reste à savoir
si nous avons actuellement, au moment où
les six mois vont expirer, une Chambre
constituée et en état de fonctionner.
» Nous disons que nous n'eh avons pas ;
nous disons qu'aujourd'hui, 19 septembre,
le Corps Législatif est moins en état de fonc
tionner qu'il ne l'était le 28 juin, au mo
ment de sa première entrée en session : nous
le disons et nous le prouvons. ;
» Le 28 juin, en effet, le Corps Législatif
était constitué plus qu'à moitié, avant même
de commencer ses opérations : il avait son
président, ses vice-présidens, ses questeurs
nommés par l'Empereur, et il avait un rè
glement tout fait, auquel il n'avait- qu'à se
conformer. s
... j ». Aujourd'hui, toute cette organisation a
disparu par l'effet du nouveau sénatus-con-
sulte : plus de'président, plus de viee-pré-
sidens, plus de questeurs, plus de règle
ment. Depuis le commencement do l'Em
pire, le Corps Législatif n'a, jamais moins
existôiqu'il n'existe en ce moment. Cet état
fie choses ne peut se prolonger que jusqu'au
26 octobre, parce que cette date met fin au
délai de six mois pendant lesquels l'Em
pire peut,.d'une législature à l'autre, se pas
ser du Corps Législatif. »
Voilà une argumentation qui a au moins
le mérite de la noùveauté.
Les.raisonnemens de ses collaborateurs,
ceux de l'Avenir national et du Siècle, lui
paraissant également insoutenables ,< M.
Neffrçer en présente d'autres. Lorsque ceux-
ci auront été réfutés, nous verrons sans
doute arriver un quatrième docteur en droit
constitutionnel qui trouvera une thèse nou
velle.
D'après le rédacteur en chef du Temps, si
le séiiatus-consulte n'avait pas donné au
Cerps Législatif le droit d'élire sou bureau
et de faire son règlement, les choses seraient
parfaitement en règle. La petite session,
commencée le 28 juin et terminée'le 12 juil
let, aurait rempli le vosu"de la Constitution.
M. Nefftzer reconnaît, en effet, que les
" prescriptions de l'article 46 étaient observées
et que le Corps Législatif était régulière-
constitué,, au moment où il a été pro
rogé. Mais, -dit-il, le" sénatus-consulte est
survenu, et le Corps Législatif, très bien
constitué avant le vote du Sénat, a cessé de
l'être par l'effet de ce vote.
Voilà certes qui est subtil et bizarre.
Ainsi, le Corps Législatif qui aurait pu
voter régulièrement une loi, du 12 juillet au 6
septembre, sous la présidence de M. Schnei
der et dans les formes de son ancien règle
ment, ne le pourrait plus aujourd'hui? Il
ne pourrait émettre aucun vote valable avant
d'avoir élu un nouveau bureau et s'être don
né un nouveau règlement?
Mais'c'est là une erreur évidente! Ni les
pouvoirs de l'ancien bureau, ni la validité
de l'ancien règlement ne sont entamés par.
le sénatus-consulte. Ils subsisteront jusqu'à
ce qu'ils aient été remplacés.
Supposons qu'une loi décide que les ju
ges des tribunaux de commerce, au-lieu
d'être nommés, comme aujourd'hui, par un
pe'it nombre de notables, seront désormais
élus p|r tous les négocians patentés : est-ce
qué cette loi aurait pour effet d'infirmer
les pouvoirs des mègistrats consulaires ac
tuels ? M. Nefftzer n'oserait pas le soutenir.
Il reconnaîtra que, jusqu'après l'élection de
juges nouveaux, ceux qui étaient en fonc
tions le jour de la promulgation de la loi
continuefaieiu valablement, et même néces
sairement, à rendre la justice.
La situation est identique pour le bureau
de la Chambre. Il ne sera déssaisi que lors
qu'il aura été remplacé.
Da même pour le règlement: il reste plei
nement en vigueur.
On en verra bien la preuve lorsque le
Corps Législatif se réunira. Il ne viendra
Certainement alors à l'esprit de personne de
contester à la Chambre le droit de voter sur
toutes sortes de questions, sous le prétexte
qu'elle n'aura pas adopté un règlement
nouveau.
Complètement constitué dans la session
de juilletj le Corps Législatif n'a ças cessé
et n'a pas pu cesser de l'être. Du jour mê
me! de'sa prochaine. réunion, il sera en état
d'exercer, toutes ses prérogatives, et il les
exercera, on peut en être sûr, sans.se croire
nullement tenu d'attendre que le règlement
actuel ait été remplacé. '
La nouvelle thèse du Temps, à laquelle le
Siècle et d'autres journaux se raccrochent
comme à une branche de salut, ne supporte
pas mieux l'examen que les précédentes.
Elle est contraire aux règles législatives les
plus élémentaires.
Il serait convenable de no pas prolonger
plus longtemps ces discussions stériles et ir
ritantes .sur une question de droit constitu
tionnel qui Sexiste pas. .
La Constitution n'est pas en jeu, et quant
à la Chambre, si elle est convoquée seule
ment en novembre,elle n'en aura pas m> lus
tout le temps nécessaire pour se livrer à de
féconds et utiles travaux.
G. B arbe.
Ce matin, M. Piétri est venu, comme il le fait
les mardi et vendredi^de chaque semaine, tra
vailler avec Sa Majesté.
, Contrairement a ce que disent plusieurs do
nos confrères; il y aura donc démain conseil
des ministres, malgré l'absence momentanée de
la plupart des Excellence».
Il est fortement question maintenant pour
le Prince Impérial d'une excursion sur les
bords du Rhin ; elle aurait lieu immédiate
ment après la rentrée du gouverneur dn
Prince, qui est en congé. Cette idée, d'ail
leurs, appartient au général Frossard, qui
veut faire visiter aussi à son élève les prin
cipales places fortes da l'Allemagne.
M. Alfred Le Roux, ministre de l'agricul
ture et du commerce, vient d'adresser aux
chambres de commerce un projet de loi
concernant l'importante question des des
sins et modèles de fabrique, et revisant la
loi du 18 mars 1806 sur cette matière. Les
chambres da commerce sont priées de ren
voyer le projet après l'avoir revêtu de leurs
observations. Les principales innovations du
prejet sont celles-ci : le dépôt devra avoir
lieu désormais au greffe du tribunal civil,
ou, à son défaut, au juge de paix, pour or
donner la saisie en-cas de contrefaçon.
M. Ozeane, conseiller d'Etat, secrétaire
général du ministère de l'agriculture et du
commerce, parcourt en ce moment les ré
gions du nord et du nord-ouest pour se li
vrer à une enquête au sujet des résultats pro
duits par l'application du traité de commer
ce avec l'Angleterre, dont la dénonciation
doit être demandée par un certain nombre
de députés.
am. matagrin.
COURS DE LA BOURSE. ^
cours de clôture . i«* 20 se 21 ' Hausse. Baisse.
30/0au comph 70 70 71. » » 30 » »
—Fin du mois. 70 57 70 90 » 32 » »
41/2au compt. 101 75 101.70 » » » 05
NOUVELLES POLITIQUES.
Nous lisons dans la Moniteur universel ;
-, Ainsi que nous le disions hier, on a repris à
Saint-Cloud toutes les habitudes.
L'Empereur est complètement rétabli, et per
cette raison 1 es actes de sa vie privée n'ont
plus de raison d'intéresser le public.
'M. de Metternich a été reçu hier, à deux heu
res et demie, en. audience particulière. u .
On nous assure que M. le général Lebœuf,
poursuivant les réformes dans l'administra
tion centrale du ministère de la guerre, se-
' rait à la veille d'y confier un poste important
à un officier général d'infanterie. Nous ne
saurions trop louer le ministre de la guerre
de prendre une mesure qui donnerait enfin
satisfaction aux réclamations réitérées de
l'infanterie, justétnent blessée de n'être pas
représentée auprès du chef de l'armée. Le
Constitutionnel a le premier fait remarquer
ce qu'il y avait de singulier à confier la di-,
reetion de l'arme principale^ de celle qui
constitue les trois quarts des forces natio
nales, à des officiers d'état-major ou à des
fonctionnaires civils.* Cette exclusion, qui
dure depuis plus de dix ans, est inexplica
ble surtout dans une période, de réorganisa
tion pendant laquelle on a expédié aux
commandans des divisions un certain nom
bre de circulaires qui n'étaient pas précisé
ment marquées au cachet de l'expérience
pratique. ;
Ou nous objectera que-l'infanterie à ssn
comité. Nous serions curieux de sayoir sur
quoi l'on consulte ce comité consultatif. Ce
n'est évidemment pas sur la tenue, sans quoi
nous n'aurions pas assisté depuis la campa
gne d'Italie à la série de travestissemens qui
(léfilent sous les yeux du public inquiet de
l'emploi de son argent..... .
Le mot uniforme pourrait être rayé de la
_ laneue française, car la bigarrure semble
1 érigée en priucipe dans l'armée. Eu fait de
haut-de-ebausses, nous les avons tous, de
puis la culcftte du carabinier et du gen larme,
jusqu'au pantalon à la turquo Jes zouaces
et des turcos. Les coiffures sont encore en
plus grand nombre; il y a les casques des
dragons, des carabiniers et des cuirassiers
de la garde; les casques des dragons et
des cuirassiers de la ligne; il y a les bon
nets de policé qui sont tantôt à visière,
tantôt sans visière ? il y a enfin les coiffu
res à poil, dont nous possédons un assorti
ment complet, depuis le monumental bon
net des grenadiers jusqu'au microscopique
talpack des chasseurs à cheval. Il ©n est de :
même pour les tuniques, les vestes, les ca
potes, les manteaux. Nous comptons bien
que M. le général Lebœuf mettra un frein
à cette manie de changement, nuisible à
l'uniformité de l'armée et ruineuse pour nos
finances.
Le comité n'a guère été consulté non plus
sur les nouvelles théories de manœuvres
dont la rédaction a été confiée à une com
mission pour ainsi dire clandestine, car
dans aucun document officiel on ne trouve
les noms des membres qui la composaient*
C'étaient, nous lë savons par hasard, des of
ficiers du plus grand mérite; mais ils nous
permettront de leur dire que ni leur âge, ni,,
leur grade, ni leur expérience ne donnent à, ,
leur travail l'autorité indispensable ! line
«tuvre-de-ce genre. _ •:
Nous le répétons : dp même que£tou(fâr
bonne machine gouvernementale est «punie
d'une Chambre haute qui fait l'offfe^.
modérateur, il est temps d'instituer unsxo-^
mité supérieur ûe la guerre, composé osa;
maféchaux et des délégués des divers comi
tés d'armes. Ce comité prononcerait en der
nier ressort sur les questions relatives à l'oï»
ganisation et à l'administration de l'armée,
et tiendrait lieu de ce pouvoir, pondérateur.
Comme nous le disait, il y à peu de mois,
un de nos bons officiers supérieurs, un des
plus graves reproches qu'on puisse adresser
à notre armée, celui que formulent sans
cesse et avec raison les étrangers, c'est le
défaut de suite et de contimiité dans ses
progrès organiques et techniques. •
Toutes les innovations, dans l'armée
française, ont en effet le caractère révolu
tionnaire de la nation, et il semble même
que nous attendions que des circonstances
graves et urgentes se produisent pour nous
y décider. C'est afnsi que notre infanterie,
après de longuès et infructueuses discus
sions, a pris, en face de l'ennemi, l'impor
tante décision de combattre sur deux rangs.
C'est ainsi encore que nous avons commen
cé le formidable siège de Sébastopol en
plein? réorganisation d'artillerie, et, cinq ans '
plus tard, la campagne d'Italie avec un
matériel absolument inconnu. On se tire
d'affaire, grâce au savoir de nos officiers,
grâce à l'intelligence et à l'aptitude merveil
leuses de nos soldats ; mais il y a là un dé
testable système d'improvisation.
Il importe de rendre sans délai aux co
mités les prérogatives dont on les a dépouil
lés peu à peu et d'instituer le comité supé
rieur, qui seul nous paraît capable de faire
disparaître les abus que nous venons de si
gnaler. Cette création n'entraînerait aucune
dépense, car les maréchaux et les membres
des comités touchent déjà leur traitement
d'activité, et ces travaux spéciaux ne don
nent droit à aucune indemnité.
A. W achter.
Nous lisons dans la Presse :
La nouvelle levée do boucliers contre la pro
rogation du Corps L<'ç'slatif ne réussira pas à
agiter lo pays ; les'efforts qu'on a- vainement
tentés au mois de juillet ne seront pas plus heu
reux aujourd'hui. L'evidenco eatlà qui s'imposa
à tous les esprits non prévenus.
Qu'il y ait une question politique, engageant
la responsabilité des ministres, cela est évident.
Le calme du pay3 donne raiwm au gouverne
ment; et nous verrous si la Chambfti lui don
nera tort. Ce que nous ne pouvons admettre,
c'ost qu'on pretonde soulover une question, de
légalité, uno question constitutionnelle.
Los défenseurs de colto opinion ont chacun
leur argument. Suivant las uns, la session a été
trop courto ; suivant les autres, il reste trop
d'élections en suspens ; d'autres es liaient que
!o Corps Législatif éUnt t--na d-j légiférer, l'ini
tiative individuelle dût-elle suppléer aux pro
jets q io le gouvernons nt ne présentait pas.
Rien de tout &
l'esprit de la Constitution. •
Le Corps Législatif a été convoqué • dans la
dëlài iéiî'd : il s'est réuni, il a prononcé sur la
trèS gr.jddo majorité nés élection-» ; il a accordé
lé droit d» voter à ceux do ses ir.embivs dont
les pouvoirs n'étaient' pas encore vérifiés; il a
élu ses secrétaires-, on fi î il s'est déelaié consti
tué par l'organe do son président. Avis a été
donné de cette constitution au çrouveriiement;
et,.à la suite et en raison do cetïo constitution,
le Corps Législatif a reçu du chaf 'de l'Kiat uue
communication, lo message du 12 juillet, qui
ne posait être faite qu'à uno assemblée régu
lièrement constituée.
Le Corps Législatif a donc franchi la période
de transition ; il a une existence régulière, il a
fait acte d'assemblée législative, et, m le besoin
l'exigeait, il pourrait être réuni demain et être
immédiatement saisi d'un projet, de loi. Nous
avons donc un Corps Législatif valablement
constitué et en état de fonctionner ; par consé-
quent, il a été complètement satisfait aux exi
gences de la Constitution.
Cos doetrinos, égjU nient soutenues par le
Constitutionnel, sont aujourd'hui celles de
tous les journaux qui veulent bien D 'appor
ter dans ces débats ni passion, ni parti pris.
On peut dire aujourd'hui que là question
est vidée, et cette fois encore, c'est le bon
bse
Feuilleton du Constitutionnel^ 22 sept.
LA DESTINÉE
Deuxième partie.
MEDJÉ.
Depuis bien longtemps déjà,Medjé n'avait
plus de mère. Tout enfant, elle avait perdu
là sienne dans les circonstances tragique
ment cruelles que nous avons racontées au
début de cette histoire. Si grande qu'eût
été l'affection du colonel, et nous savons si
elle avait été grabde, plus d'une fois, sans
oser le lui dire, elle avait regretté tout bas
cette tendresse à part, unique dans la vie,
que Dieu, si prodigue qu'il soit envers ses
on fan s ; ne nous donne jamais deux feis, —
que rien ne remplace, et dont rien ne con
sole quand on ne l'a plus, — la tendresse
d'une mère l
Elle fut donc un peu choquée, intérieure^
ment et sans en rien laisser voir, de la légèreté
avec laquelle Andrée venait de parler de sa
mère. Il est vrai qu'elle se dit, pour excuser
un peu sdn amie, que tous les caractères ne
se ressemblent point; que Mlle de Meillan ne
prenait jamais les choses au sérieux, et que
tout prétoxte était bon à sa verve malicieu
se. Mais elle avait beau faire, la faute at-
téauéo n'en laissait pas moiqs chez elle une
impression pénible. "
— Je veux bien voir ta mère, répondit-
elle un peu tristement.
■ (Voir le Constitutionnel du 21 septembre.)
—r Ahl fit Andrée, tu n'as pas besoin de
prendre un air lugubre pour me dire cela!
rassure-toi, ma mère est bonne à voir, et
elle ne te mangera pas I
— Tu ne m'as pas comprise, répliqua
Medjé: quand tu as parlé de ta mère, j'ai
pensé à la mieané... c'est ce qui m'a rendue
triste...
Deux jours plus tard la marquise de Meil
lan faisait appeler Medjé au parloir.
La pupille de M. d'Ambleuse s'avoua tout
bas qu'elle n'avait jamais vu de femme plus
élégante. - Sa toilette, d'une simplicité ex
trême, n'en était pas moins un chef-d'ceu- '
vre longuement médité, et discuté minu
tieusement avec un des plus habiles faiseurs
de Paris. Depuis longtemps la marquise
dédaignait la couturière comme une institu
tion surannée. La jolie taille d'Antoinette
avait conservé toute la sveltesse et toute la
fleïibilité des jeunes années ; l'ovale de son
visage était toujours d'une correction, et ses
traits d'une pureté de lignes irréprochables.
Si quelques détails légers accusaient çà et
■là ces ravages des ans que l'on retarde par
fois, mais que l'on n'évite jamais tout à
fait, c'est ce qu'il ne fut point possible à
la jeune fille de savoir, caria mère d'Andrée
ne releva pas sa voilette, qui.pourêtre blan
che, n'en était pas moins discrète.
Antoinette était passée maîtresse én l'art-
de plaire; nul mieux qu'elle ne savait trou
ver le mot qui portait juste ; elle versait la
louange d'une main légère et délicate, et
vous la présentait dans une coupe (l'or.
Comment une jeune fille aussi peu expéri
mentée que Medjé, prompte à croire parce
qu'elle était incapable de mentir, facile à
tromper parce qu'il ne lui serait pas venu à
l'esprit de tromper les autres, aurait-elle eu
l'idée de se défier?'
Toutes les protestations qu'en lui faisait
étaient acceptées par elle comme la vérité
même. Elle crut donc tout ce qu'il plut à la
marquise de lui dire, et elle se laissa "fasci
ner par la mère, comme elle l'avait été par
la fille. .
Après avoir beaucoup parlé d'elle, de son
passé, de son présent, de son avemr, après
lui avoir demandé quels étaient ses projets,
ses désirs, ses espérances, Antoinette, qui
avait regardé la jeune Arabe avec une atten
tion singulièrement persistante, amena fort
habilement la conversation sur M. d'Am
bleuse.
Il n'y avait point un sujet au monde qui
fût plus sympathique à Medjé. Elle en eût
parlé volontiers deux jours et deux nuits.
Au seul nom du colonel, son visage s'il
lumina : ce fut comme un rayon de soleil
qui la transfigura tout à coup. L& mar
quise n'eut pas besoin d'une grande ha
bileté pour luj faire dire sur Jacques tout
ce qu'elle voulut savoir. La jeane fille
était si contente de répondre qu'elle al
lait d'elle-même au-devant des ques
tions. La marquise s'informa adroitement
de mille choses sur lesquelles, jusque-là,
personne n'avait songé à interroger la
jeune fille : elle voulut savoir ses goûts,
ses habitudes, ses occupations, et jusqu'aux
caprices de son humeur. Etait-il habituelle
ment triste ou gai? Yoyait-il beaucoup de
monde, et quel monda? * ;
Medjé, avec la vivacité confiante.de son
âge, sè laissa aisément entraîner par le
charme du sujet; tout ce qu'elle savait, elle
le dit, et introduisit en quelque sorte Mme
de'Meillan dans la vie intime de Jacques';
elle lui ouvrit la porte de la petite maison
d'Alger, lui fit place entre elle et lui, et,
sans même s'en apercevoir, dévoila les mys
tères de leur douce intimité.
Mme de Meillan parut enchantée du gen
til babil de Medjé, et, au moment de partir,
l'embrassa presque tendrement.
— Petite mère, dit Andrée, après avoir
reconduit son amie jusqu'à la porte du par
loir, invile-.la donc à venir chez nous le di
manche. Cela me fait de-la peine de la lais-:
ser avec les autres. Et puis, songe donc
comme nous serons gentilles au Bois sur le
devant de la grande calèche, toi au fond 1
Nous tâcherons de lui faire prendre quelque
fois son costume arabe ; elle doit èb avoir
un : tout le monde nous regardera ! -tu veux,
n'est-ce pas ? Dis tout do suite que tu
veux ?
— Eh I sans doute, je veux 1 Rien ne sau
rait m'être plus agréable que de nous faire
plaisir à toutes trois; mais, mon enfant, tu
me" demandes uûa chose qui ne dépend pas
de nous seules. Ta petite anïie à un tuteur,
et M. d'Ambleuse. a certainement donné à
Mme de Norville des instructions qu'elle
doit suivre. Tout ce que je puis te promét^-
tre c'est de m'informer de tout cela aujour
d'hui même, et si la permission, que je dé
sire autant que toi, nous est accordée, je
viendrai moi-même vous chercher toutes
deux dimanche. •
— Ah ! maman, que tu es donc gentille,
fit Andrée, en embrassant Mme de Meillan,
sans toutefois lui relever son voile, qui ca
chait peut-être quelque préparation savante,
mais inférieure à l'émail inaltérable, qui
n'était pas encore découvert.
La marquise, avant de quitter l'établisse
ment, passa chez la directrice pour lui pré
senter sa petite requête. Mais elle apprit,
non sans quelque contrariété, que le colo
nel avait donné, au sujet d® sa pupille, des
ordres très nets et très précis, qu'il n'était
pas possible d 'enfreindre.
Medjé, jusqu'à son retour, ne devait point
franchir la grille du pensionnat. C'était une
consigne donnée en termes si formels que
Mme de Norville n'eût osé la violer sous au
cun prétexte. La marquise parut regretter
cette décision; mais elle eut, dû moins, le
bon goût de ne rien tenter pour la faire flé
chir. Il lui eût semblé assez piquant d'être
à Paris la correspondante „ comme disent le's
élèves, de là pupille de Jacques, et de le voir
ainsi ramené près d'elle par la main de cette
jeune et belle créature. Mais du moment où la
chose présentait tant de difficultés, Mme de
Meillan fut d'avis que ce .qu'il y avait de
mieux à faire, c'était de n'y plus penser.
Elle fit donc prévenir sa fille du mauvais ré
sultat de sa démarche, et alla montrer sa
fraîche toilette dans une demi-douzaine de
salons. ;
Cette rencontre inattendue avec la pupille
d© Jacques avait fatalement reporté la pensée
d'Antoinette vers une autre époque de
sa vie; elle songea à l'ardente passioR
du jeune homme si cruellement trahie par
elle, aux tortures sans merci 'de la folle ja
lousie qu'elle lui avait si profondément ins
pirée ; elle se rappela aussi — non sans un
frémissement d'horreur, car elle était femme
et elle avait des nerfs, — la terrible catastro
phe qui avait si tragiquement mis fin à la
rivalité du baron d'Ambleuse et du prince
Hermiloff. Elle avait pleuré sincèrement la
mort d'Elim, et maudit le souvenir du com
mandant. Tant qu'elle était restéesous l'em
pire de cette douleur et de cet amour, elle
n'avait pus» résoudre à pardonuerà Jacques.
Entre elle et lui, elle avait toujours vu comme
une tache de sang. Cette taché d© sang gran
dissait. C'était comme un abîme qui les sé
parait à jamais... Elle le croyait, du moins.
Mais quand le cours du temps eut amené .
pour ' elle l'adoucissement d'abord à- Sa
douleur vive, puis, plus "tard, cet oubli
par lequel, fatalement, tout finit en ce
monde, ellç avait vu les choses sous un as
pect plus favorable au baron et lui avait
trouvé des excuses. A mesure que le regret
d'Hermiloff étaitdevenumoins amer dans son
âme, l'irritation 'contre le baron d'Ambleu
se s'était aussi peu à peu calmée. Il y avait
déjà longtemps qu'elle ne se sentait plus
envers lui que l'envie d'êlro juste : elle
comprenait pe qu'il avait souffert ; elle se
rendait compte des entraînemens auxquels
il avait pu s'abandonner sous l'influence,
de sa folle passion et de son âpra jalou
sie, quand, après une si longue attente
et une si vive poursuite, il avait- ap
pris tout à coup que l'homme qu'il
haïssait le plus au monde était son rival
préféré. Les femmes ont-elles, après tout,
le droit de se montrer inexorables à ceux
dont le crime a sa pause dans l'amour qu'el
les inspirent 11l y avait déjà longtemps que
la marquise était disposée à recevoir M.
d'Ambleuse à merci, et Je passé lui inspi
rait assez de confiance pour qu'elle s'atten
dît à recevoir ses soumissions, dès qu'il au-*
rait l'occasion de les faire.
C'était là, et non pas ailleurs, qu'il fallait
chercher le secret do l'aimable accueil que
Medjé avait trouvé près de la marquise. Med
jé, dans sa pensée, devait être le trait d'u-
*ion entre elle et M. d'Ambleuse. La volon
té de M. d' Ambleuse rendait tous ces projets
impraticables.
— Tu sais, dit Andrée à son amie, pen
dant la récréation^ùi suivit la visite au par
loir, tu sais que Mme de Nervilie ne veut
pas que tu sortes chez nous. Maman vient
de me le faire dire. Mais, console-toi, cet
échec n'est qu'un retard ; notre sort est en
tre tes mains; Tu vas écrire immédiatement
à ton tuteur; il paraît qu'en ce moment
nous avons trois départs par semaine pour
la Crimée. Ta lettre n'attendra pas long
temps. Tu vas lui dire, à ce bon colonel
Jaeques, que c'est moi, sa petiie An
drée d'autrefois, celle qu'il gâtait tant .et
qu'il embrassait si fort, que e'est moi qui
le supplie de te laisser «sortir à la maison*
•Imoossible qu'il nous résiste à toutes deux,
vois-tu ! Dis-lui qu'il me fera beaucoup d#
peine "s'il refuse, et que jo ne t'aimerai
plus!... Oh! si cela t© gêne, n'écris pas..,
je le ferai'moi-mênie... •
— Mais non! mais non ! répondit Medjé
en souriant; je t'assure que cela ne me gêne
pas le moins du monde, et que je vais écrira
aujourd'hui même.
- — Alors, laisse-moi la place du ppst-
scriplum. *
— Fille de peu de foi !
— Tu te trompes, je crois beaucoup...
— Oui, en toi !
Louis W1ULT.
(L'i s à un prochain numéro.)
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