Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-01-13
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1867 13 janvier 1867
Description : 1867/01/13 (Numéro 13). 1867/01/13 (Numéro 13).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
52e ANNEE.—BT 15.
ABONNEMENS DES DEPARTEMENS«
"«V :
DIMANCHE 15 JA NVIER 1867,
TROIS MOIS.;....;
SIX MOIS....
•UN AN.
16 FK^
32 Fa .
64 fr.
'•us lbs pats fctaaîfgkfiâ, vofir .fe taMsai
publié les S et so de ehaquei mois.
Cap. Li B ohifacï , raedajBcns-Enfa&ï,
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# «îy • »*. •** .*> '
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LITTÉRAIRE
',Ui. --A,
v . f -mr-.
Le mode d'ABONiSTEMEivr le plus simple est l'envoi d'un bots d&-p6fefê-oj^'un effet
sur Paris, à l'ordre de t'AnsuNiSTRATEna du journal) r. dè NS ?aioisf&. 10;
Lès/lettres ou envois^ chargent non affranchis sont refusés.
V Les^articlés déposés &e sont pas rendus. -
_ABQNNEMEN^DÇ PARIS<
« ' : • h
TROIS:MOIS».Ui.i 13 v*3
SIX MOIS. .... ; ; ;.. 26 F»?
. uif 4Nm . , . , .i.> .v ; $2 ; *e.S >
UN NUMÉRO m CENTIMES .1
;Les aLbanaerneM datent dès i" et 18
Les Annonces
PARIS, m JANVIER
* t,
,. Il a été question, dansces derniers temps,
d'une note quo le minis tre des affaires étran
gères de Turquie aurait adressée aux puisr
• sances protectrices de la .Grèce, c'est-à-dire à
la France, à l'Angleterre et à la Russie. La Ga
zette 4h Levant nous donne quelques ânfort-
malions sur le contenu (]fi*n frdnr,uqiçq L La
Pprt« sq plaindrait-de ^ratlitede-'bestileUu
gouvernement grec prise à son égard en favo
risant l'insurrection crétoiseet en provoquant
les populations dé la Thessalie à la révolte".
La Porte protesterait de son vif désir d'évi
ter tout ce qui pourrait amener une lutte en
tre les deux Etats, mais elle déclarerait en
même temps décliner la responsabilité des
événemens qui seraient la conséquence d'u
ne telle situation, si elle devait se prolonger.
En conséquence, «lie réclamerait l'interven
tion officieuse des puissances protectrices
pour-y mettre un terme et rappeler le gou
vernement grée à la modération.
L'affaire du Principerlommasso n'est pas
encore termiriéej malgré rechange de notes
qui a eu lieu entre le chargé d'affaires d'Ita
lie, Mi Délia Groce, et Àali-Pacha, ministre
des affaires étrangères de Turquie. On pré*
tend à Gonslantinople que les ' faits ont élé
inexactement rapportés par le commandant
du bateau postal italien et qu'il y a lieU de
procéder à une enquête. Cetlo proposition
n'aurait pas élé, dit-on, acceptée et le gou
vernement italien insisterait pour obtenir
une réponse catégorique à la demande de rc-
' para lion qu'il a adressée,
v Une correspondance particulière de Lon-
•dres assure quo, dès le début de Ja session,
la situation de l'Irlande'sera l'objet d'un
examen sérieux dans lo Parlement. Le mi
nistère présentera divers plans d'amélio
ration, sur 1e" mérite desquels la Cham
bre-des communes aura , à se prononcer'.
Quoique la conspiration des fénians ait
été réprimée, on ne pense pas que l'état de
l'Irlande permette encore de lui rendre le
privilège àe YIiabeas corpus. > ,
Parmi les mesurés qui seront proposées
au Parlement, on citeiîcello qui aura pour
objet d'augmenter, dans une proportion con
sidérable, les forces militaires. On obtien
drait co résultat par l'élargissement des ca
dres do l'armée active, par un accroissement
considérable des réserves et par la distribu
tion aux troupes d'armes perfectionnées". f Ges
ebangemons importans no nécessiteraient
pas, assure t'onï une augmentation des bud
gets.
On doute îi Berlin quo le Parlement du
Nord puisse être convoqué pô'ur le 24' février^
"mais sa réunion, rns sérail,retardée que de
quelques jours. Dans la séance du 9 de ce
mois, une fraction du parti progressiste a
présenté à la Chambre des députés prus
sienne une proppsition tendante à faire al
louer aux membres élus en Prusse au
Parlement du Nord une indemnité et
le remboursement des frais do voyage. Les
auteurs'de cette proposition s'appuyent sur
ce fait, qtie dans différens Etats de l'Alle
magne du Nord, une indemnité et> des frais de
voyage sont accordés aux députés du Parle
ment, et ils font observer qu'il ne doit exister
aucune inégalité entre les membres appelés
à délibérer sur la Constitution de la nouvel
le confédération. Il est probable que si la
proposition obtient la majorité au sein de la
Chapibrê des députés lo gouvernement y
donneraNaussi son adhésion, mais on prévoit
une'énergique opposition dans la Chambre
des seigneurs. k
Oiï sait que la Prusse demande que l'ad-
et ! de Meckleribourg. Ces Etats font va
loir les pertes que celle mesure leusrocca-
sionnerait, et ils réclament unftjlédommage-
inent. Lecâbinet de Berlin'serait, dit-on,
passez disposé à faire droit à leurs récla
mations. , ■ ■ '
- Nous publions plus loin la réponse adres
sée par le duc d'Augustenbourg 4 la. com
munication qui lui avait
,£jttur&~hafekans du SfëSAv
"pétition envoyée par eux .
fendreses droits. On connaît du même prince
une autre lettre ou proclamation datée de Ba
de 2 janvier, et dans laquelle il déclare délier
ses partisans du serment qu'ils lui avaient
prêté. Un avis du président supérieur rési
dant à KM défend la publication "et le col
portage de cette pièce et il en ordonne lasai-,
sie. Le motif de cette mesure serait, d'après
l'avis, le titre que se donne le prince d'Au
gustenbourg, titre aussi inadmissible que
le langage de la lottre en question..
. . - - . J oscièues. r
| — - - - - i-'
ministratjoïi des postes dans tout le territoire
de la Confédération du Nord soit confiée
aux autorités prussiennes. Ce projet paraît
rencontrer une assez yive résistance de là
paçt do plusieurs gouverhemens, nôtamment
de la Saxe, des grands duchés d'Oldenbourg
TÉLÉGRAPHIE PRIVEE.
agence havas-bullîer.
Londres. 12 janvier.
Consolida anglais, Dtl/4; bons américains
1882, 72 3/4, italien !5 0/0 1801-, Îi3.
. New-.Yor'k, l or janvier ...
. (par le Javm).
Le New-.York-Herald dit quo M. Campbell a
reçu l'ordre do fairo.ur.o nouvelle tentative pour
parvenir au siése du gouvernement do Juarcz,.
Un steamer, ayant à bord lo secrétaire do M.
Seward et d'autres fonctionnaires, ; est sur lo
point'do, partir pour uno .mission secrète. On
assure qu il a pour destination lo, Méxiquo. Lo
général Grant doit faire partie do celle mission.
La Tribune constate quo lo chc't des fijnians;
Stephons, so trouve actuellement à New-York.
New-York, 11 janvier.
Les législatures des Etats de Virginie et du
Kcntuuky ont rejeté l'amondomcnt a la Cons
titution. ■ ■ - ■
Bruxelles, 12 janvier.
On mando do Vienne à \'Indépendance belge
quo MM. do Beust et Belcredi ont eu do nom
breuses conférences avec MAL Andrassy, Son-
nyoi rt Majlath et qu'un rapprochement s'est
effectué sur dos points essentiels.
t .* Yienno, 11 janvier.
.La Gazelle de Yienne publie une résolution
impériale, du 10 janvier, par iaijud'o les coiir
séquences légales do leurs.peine:.-* sont remises
à tous ceux qui ont élé amnistiés on Galiicie et
à Cracovio par les résolutions du lw novembre ;
et du l» r décembre isoa ainsi qu'a, ceux qui ont ;
déjà si 1)L leur peino ou qui ont élé renvoyés ■■
provisoirement des'fins de la plainte pour in-
suffisanfco do preuves.
Constantiro^Io, 11 janvier.
En présence dos éventualités auxquelles peut
donneHieu-tn situation on Orient et au nord do
l'Europe, la Porto a'l'intention do rappeler pro
visoirement iso,000 rédifs sou» les 'drapeaux.
I.oi'conuna'ndant. 'des troupes ottomanes dans
TEpInîet la Tliossalie, muoliir Abdul-Korim-l'a-
' eba^ est arrivé ici. Il a de fréquentes conforen-
cos au,lfiinislèro de la guerre. : i
Voici les dépêches que nous recevons ce
SOir : • . '.
; Londres, ;12.janvier, soir; •
, Consolidés anglais, 91 1/8; d° Turcs, 32 1/4.
Bons américains 1882 : 72 y/8- Mexicain, .3-O/O
ancien, 18 1/8; d° 3 0/0 nouveau, 121/2. Espa
gnol 30/0 diiréréo,.3i; d° 3 0/0 passive, 221/8.
italien SO/O IStf l, Ji31/4. Portugais30/0/43.1/2,
..... ^ » vu vv vu uv j J/IAJ. JU illW
tif qu'une modification, à la Constitution serait
oh ce moment inoppôrtune. Lp comité propo
sera par contro l'abolition do la cour d'Etat pour
les crimes potitiquos,' qui fut instituée pou de
teqjps après la révolutîôn do 1848. ' '
Saint-Pétersbourg, 12 janvier. ,
La Compagnio du chemin de fer de Kollon à
Woromesch a été autorisée à. émettre des. obli
gations pour 5 millions de thalers. Là garantie
d'intérêt est do 5 0/0, et la garantie d'amortisse
ment de 1 0/0. Le système do contrôlo russe a
été introduit en Pologne.
v. ' YiitHine,'12 janvier., ■
Le Journal de, Vienne se prononce également
contre lés ,ultra-magyars et: contro les partisans
de la charte do février. JJ ajoute que.lo gouver
nement, convaincu de la nécessite de la déter
mination qu'il a prisOj ne reculera pas.-
•» - [Marseille, 12 janvior.
On mande de Rome, lo 9, quo le Pape a reçu
de l'Empereur une dépâchoAnnonçant la nomi
nation du Pôre Rogio, général de's trapistes do
Staouéli au,nouvel évêché de Constantino.
On assure quo la Franco insiste pour l'établis
sement entre Rome et l'Italie d'une union des
douanes, des.pestes et des banques.
Madrid, 12 janvier,11 h. lis m. dirmatin
La tranquillité la plus complète règno à Ma
drid et dans toute la Péninsule.
publics seraient désormais ; condamnés à
une dépréciation permanente en présence
de la cbnpûrrencequiteùr était fai/e par tant
Je placemens, plu,s fructueux. On avait mê
me fixé à 7 0/0 eri moyenne l'intérêt de l'A
venir,. et l'on sait quo maintes sociétés, de
finance ont de beaucoup dépassé co chiffre.
Un prospectus itait alors bien modeste s'il
ne promettait pas 10 0/0 au moins aux ac-
IftowwhrtMiir ' - *
ClOUllS DISvLA BOWHSJS.
couKst>jsa.OTï®a. le n ' le 12 Hausse. Baissa.
G9.50 69 70 » 20
3 0/9 au uompt.
—Fin du mois.
4 l/â&uoompt.
69 65
98 85
69 72
99. »
07
lo
»
»
»
La Presse n'a trouvé qu'un argument à
opposer à notre arlicle sur la. législation qai
régit les journaux. Cet argument consiste
dans un mot qu'elle nous a prêté.
« L'affermissement do l'Empire, nous a-t-
elle fait «lire, a eu une cause unique : le dé
cret du 17 février. »'
La Presse qualifie de ridicule l'argument
ainsi arrangé. Le mot est trop doux; après
l'addition imaginée* par ce journal, il fallait
diro : grolosquo.
• FONV1LLE.
. • Marsaillo, 11 janvier, soir.
Los lottros d'Athènes apportent l'exposé poli
tique fait lo 19 décembre, par lo président du
conseil, devant la Chambro hellénique. Lo mi
nistre a reconnu la gravité dos eirconstancesac-
tuolles. Il a constaté l'épuisement des finances et
la mauvaise situation "de l'armée qui manquo
presque do fout ot qui n est pourvue que d'ar
mes aujourd'hui insignifiantes. Il a dit qu'il
était nécessaire dé recourir à, un emprunt ot à
Yîft nnnvMiiY imnAfc Hn1 J ^*
ovait. uuuuaacuie uo xuuuuiir ci ( un empruill 01 a \ «wuu t{uo uua uunaunutîîj, pui tîxyilipiti,
de nouveaux impôts, do réorganiser l'armement / aient été sî longtemps à se relever et qu'ils
des troup6s et.do former uno garde natiorwiln. i n'en soient. ftnf-nrft filial! fnitrc Hn 019
LE STOCIÎ-EXCIÏANGE.
Londres, il janvier,
ëauf quelques llucluations et réactions
inévitables, lj^ marché financier continue à
s'améliorer.Néanmoins, les prix de nos'fonds
d'Etat et de n.os plus sérieuses valours res
tent encore au-iiessous du taux, qu'ils çlè-
v'raient atteindre eu'égard à l'énorme quâii-
tilé de capital disponible. Nos statistiques
commerciales, la' situation do' notre, reve-'
nu intérieur, démontrent que, malgré la
crise dont les conséquences morales pè
sent-encore sur nous, malgré les pertes in
dividuelles qu'elle a entraînées, la richesse
nationale n'a fait que s'accroître ot les béné
fices s'accumuler. Lo numéraire est plus
abondant que jamais, ainsi que l'atteste l'en
caisse de la Banque d'Angleterre aussi bien
que celui do la Banque de France." D'où
\ vient donc que nos consolidés, par exemple,
/ niftnf ï^ffVQÎ Innnrtomne ?» crv
Pendant deux ans' et plus, ces idées pré
valurent, et l'on' iie peut dire' trophe de l'mnéè écoulée les ait" complète
ment effacées. Sans clouté on veut bien sè
rappeler, grâce à ;cette nouvelle: leçon, que
trop souvent un,intérêt élevé; signifie mau
vais placement sous le rapport de la sécuri
té, mais on ne consent pas volontiers à sa
crifier l'intérêt lui-même. Voilà pourquoi
l'empruatrusse qui combinaitles deux "avan
tages d'un intérêt fort accepta 151e et d'une
sécurité éprouvée: a rencontré ici un acéueil
si ehi pressé ; voila' pourquoi aussi nos con
solidés ne sont pas rech'ercliés autant qu'ils
devraienM'être, vu l'abondance du capital
coïncidant avec la défiance qu'inspirent.non-
seulement les.sociétés da finance, .mais aussi
nos chemins de fer dont la comptabilité
laisse généralement beaucoup à désirer, On
dirait que'l'argert't sè recueille et reste en
sus^én^ 'guettant le moment oîi il pour
ra se lancer ,' et : àttèndartv' le genre d'af
faires qui se présentera à lui avec un presti
ge et dans des conditions capables de Ip sé
duire: .: ' ,
Si nos consolidés ne sont pas au taux où
on les a vus longtemps se maintenir et qu'ils
auraient recouvré dans les circonstances ac
tuelles sans les causés toutes spéciales; que
jô viens d'exposer, ils "n'en ont pas moins
progressé depuis quelques semaines d'une
manière très satisfaisante. Ils" ont regagné en
peu de jours jusqu'il 1 1 /2„0/0.,-
- r'Les événemens d'Amérique ne sont pas
non plus sans exercer une certaine influence
sur les dispositions de notre public finan
cier: Il y a de ce côté uno incertitude qui
ne peut être que défavorable ! aux affaires
dans un pays qui a, comme lé nôtre, des re :
lations de commerce si étroites avec l'Union
américaine. 4
' On a beaucoup remarqué en Angleterre
les passages du rapport annuel du secrétaire
du trésor américain relatifs & la décadence
de la marine commerciale aux Etats-tJnis.
Ce haut fonctionnaire n'hésite pas à attri
buer ce fait aux droits élevés d'importation
dont certaines matières premières ont élé
frappées par le tarif protecteur, que le
Congrès parafl plutôt disposé à aggraver
qu'à atténuer. Le' secrétaire du trésor dé
montre que les Etats-Unis, qui étaient naT
guère une puissance commerciale dé. pre
mier ordre et qui semblaient destinés à tenir
la tôle pour la marine marchande, so sont
laissé considérablement distancer depuis six
aus pir la Grande-Bretagne. Il ajoute que
si la construction des navires et le transport
des marchandises sous pavillon américain
continuent à décroître da'ns la même propos
tion, c'est-à-dire à raison de 50:0/0' en six
années, les.Etats-Ùnis^auront bientôt cessé
d'avoir aucune importance comme nation
commerciale..
'A l'appui de ces prévisions, le secrétaire
du trésor cite les chiffres suivans. Le ton-
r da'ns rie pays; et que,-j>ar exetnple, 'ce : n'est
plus à New-Nork,- -maiS" en Angleterre; que
l'Amériqué dù'Sdd ënvoiç ses ' comma'n-,
des de màcliines. Saris d'outè; la guer
re a porté'le premier coup a la mari-,
no.américaine'; la guerre «vèc les,,croiseurs 1
du Sud qu'elle a immédiatement 'fait'sur-
fir.' Mais, aujo'ûVd'huu ce * sont' les - tarifs
ouàniers' établis £ar-4aJtégÎ9Îation améri
caine elle-même qûi aclièvent le mal com
mencé ptàr% guerre' et les c'ôrsairés iiu
Sud. Qu^'les navires aràéricains* aient'été
transférés à des propriétaires an&lais -tant
que'les hostilités ont duré, rien de pMs nâ-
turel; m,afe on croyait généralement qu'avec
lë Tetour f de to paix la marine marchande des
Etats-Unis prendrait tin nouvel essor. Cest
le contraiYe'^uî arri^ et'ï'oh vieiiï "do 1 Voir
que léâ' Atfiéiiçains eui'nifiiîièè ! én' recon
naissent la-cause. Les 1 cons'tructéuTS.de':na
vires au^. 11 Etats-Unis' tiè péuveht'pliis lutter
de bon marché à.veé les icons tructètirs étran
gers. Les impôts qui' Mppent à l'entrée le
fer, le cuivre^ l'acier, le bois,' le charbon, les
outils, puis le' renchérissement de tous les ob
jets'dent se servent'ou qup conéommeht' les
ouvrier^ 'to^t céiff.iï'^iftihkiiVé'eiV Amérique
letfrixde conètruction'aés hdVirejs.La'eolonie
anglaise de la-Nouvelld-Ecosse construit au
jourd'hui, dit-on, à elle seure; : ^lds âé navï-
r'es tiu'M n'èn voit sur chantigt dans^tous
lés Etats-Unis l avec*' ; Te,ur' immehsé ; é'téndue
de 1, 'côtes, 'et la'proportion" des cargiiiSons
transporlées" 1 d'Amérique ou en Amérique
par navires étrangers va toujours en augmen
tant.
De tels'Faits tois ëri lumière pàr ! ud'raj)-
port -officiel'du gouvernement 1 îëdéral^rie
vont'ils pas otlvrir les yeUx- aU [ièUple amé-
ricâili SIIT' les "fneonwriîAnc Wirn 'axMihmir.
tes les éventualités, malgré le concours cj
gique de,nos esca'dres et les voies abrégéesfpaF >
lesquelles on fërait? passer les garnisons colc
lés.'On sait que, v par-l'isthme do Panama,wu
peut atteindre rapidement la Nouvelle-Zélaiiae
et l'Australie, et que; dès le commencement cr
• lîété, un service Tégulièr de steamers station
nant h Alexandrie et à>Suéz transportera, à l'al
ler et au retour, no? régimeos des Indes-Orien-
tates. La aarifé de nos soldats et le trésor gagner
ront à l'exécution de ce^ 1 mesures. '
uilt ^st- vrai qu'au l or ' janvier de cette année; 1
nous avons, à la mer, dabs les différentes par--
ties du monde, 202 navires de toute espèce, 1 dë-
puiSt les vaisseaux de ligne jusqu'aux simples
canonnières, et qu'un rapport officiel dos lords
de l'amirauté porte à «79 io qombçe. dos b'â't^-
mens de tout échantillon qui composent lavet
te, auxquels ilifaùt;'joindre 24 navires on cons
truction sur les chantiers de l'Età^ ou deman
dés à l'industrie .privée. -Parmi ces 'derniers, on
doit remarquer-deux, bitimens cuirassés à tou-
rfilleijtnois irégates blindées, div bélier ot 'doux
vaisseaux do ligbe. Tous ceâ vaisseaux portent
dos canons du plus fort calibro ; ils ont des mo
teurs do 800 à..1,200 chevaux do vapeur, ot jau
gent de 3,QQQ, à.p^lus do.vi î OOQ,>topneauxj v
II'n'osrpas moiris'éxatt'quo"tè corps royal du
génio dispose d'allocations" considérables appli
cables à -nos principaux ports do guerre. L'ar-
sonal, do Chatliama deigapdé 1.71>8S0: livres
storlinfir.*' iOrtnrvr» lî
^ .w •• u Jtu liliv
anglaise d» sé pldindre de l'orrdur commise
pa r' les Etats-Unis ;ï leur détriment. Nos jour
naux rie; sé font pas 'fairté de sermonner ! nos
cousins transatlantiques et de leur prêcher le
libre-échange; en mémo temps, nos arma
teurs récoltent les bénéfices que le pavillon
américain abandonne; chacun, vous le voyez,
fait son métier. - ' " ' "
•W illiam H iix.
On écrit dé Londres, le 9 janvier : ■
Au moment pù toutes les nations européen
nes 's'occupent do- la réorganisation "de. lotirsàt'-
méos et du renouyollemont de leur matériel de
Ruerroy co serait ùno grave erreur do'èr'oiro quo
l'Angloterro ne donne ses soins qu'u- la transfor
mation do satloUo. Sans parlor désossais compa
ra tifs entrepris depuis plusieurs annéeg pour deçi-
dorquel est celui 1 des systèmosd'artilleri,o de Pcr-
kins, d'Armstrông,,do Whi(,worth,,de llodman,
de Cunningham ou. do Pallisor qu'il faut'.âddp"-
tûT enns îr»«îefnf e»* l»> * l - '
long
cours
Etats-
des troupfs et.do former uno garde nationale.
« La Grèce, a-t-il ajouté, n'est pas responsable
46s troubles qui ont éclaté dans dos contrées li
mitrophes ; niais, en présence do ces faits, lo
peuple hellène doit-il rester impassible ? »
Ces paroles ont-été accueillies par les applau-
dissomens de la Chambre et des tribunes.,
< Lo ministre a ensuite remercié les puissances
protectrices d'avoir amené de Crète les familles
mofl&nsivos. H a promis de secourir les réfu-
riés, mais on mémo temps de respecter les
droits internationaux. Il a annoncé enfin qu'en
présence, do la possibilité do troubles dans d'au
tres provinces turquos ; la Grèce enverrait des
missions extraordinaires chargées' d'éclairer
l'Europe sur ses intérêts.
Florence, 11 janvier., 1 •
La Chambre, dos députés a adopté sans'.dis-
cussion le pi'ojot d'Adresse?" -
La discussion du projet relatiT aux incompa-
i tibiiités parlementaires a coisinoncé. Plusieurs
J orateurs ont été entendus.
n'en soient encore qu'au cours de 91?
C'est que lç public peut difficilement se
résigner à ne recevoir de son argent qu'un
faible intérêt, après avoir goûté la dange
reuse satisfaction des gros dividendes que
promettaient et qu'ont donnés pendant quel
que temps nos compagnies; de, finance. On
estrevonu de l'illusion quia fait croire à
beaucoup que l'argent pouvait, en toute sé
curité, valoir 30 0/0 ; mais on ne peut se
persuader encore qu'il ne vaille que 3 0/0.
Depuis l'adoption du principe de la res
ponsabilité limitée et son application aux
banques et aux compagnies financières ,
les fonds d'Etat ont" été négligés en propor
tion de l'engouement qui portait lés capi
taux, et en particulier les petites épargnes,
vers ces élablissemens nouveaux. 11 n'a pas
sétens et ordinairement
lire alors que les fonds
nage des navires américains au L
qui sont entrés dans les ports des
Unis a été :
En 1860, de 5,921,285 tonn.
I86t>, de 2,943,661 —
1866, de 3,372,060- —
Le tonnage des navires de la même caté
gorie, qui ont quitté les ports des Etats-
Unis a été : . -
En 18é0, de 6,165,924 tonn.
1865, de 3,025,134 —
' 1866, de 3,383,176 — '
Le tonnage des navires étrangers qui sont
entrés dans les ports des Etats-Unis a été :
En 1860, de 2,353,911 tonn. '
1865, de 3,216,967 —
1866, dë 4,410,424 — ■
Le tonnage, des- navires étrangers sortis
.des ports des États-Unis a été :
En 1860, de 2,624,005 tonn.
. 1865, dé 3,595,123 —
1866, de 4,438,384 —
La cause de cette décadence de la marine
marchande des Etats-Unis est la même qui
fait que la fabrication des machines diminué
. , _ UJ^iuiuiu, naïUilO-UUU'
do diro qu'il n'y â point dans les trois royau
mes un.offleierj' un homme d'Jitat qui no,sôngo
do la manière la plus sériouso à l'indispensable
ivécossité d'augmenter immédiatement l'arméo
régulière et éo faciliter les enrdtomens on abais
sant lo minimum do la taillo encore exigée au
jourd'hui.
Cotte thèso est chaudement défendue par un
de nos offlciors géuéraux los plus distingués,
l'honorable sir Edward Cùst, et l'on doit recon
naître avec lui quo. sauf pour lo service des bou
ches à fou. la. haute staturo quidonnouno si bollo
apparence aux troupes tmtaimi iu«s est devenue
completeftient înutitoA l'infanterie pourvue d'ar
mes de precisionà lçngue portée, ot mémo h la
eavaterio, qui no doit plus se composer que de"
corps legors ot de chevaux svoitos et rapides.
En ce moment mémo, les événemens du Canada
ot l'agitation de-l'Irlande viennent, commo pon
dant ks soulèvemons de l'Inde, prouver une
ue plus cjue. malgré la nair -ivoc les puis-
l'armée do la
--"■"j i uMAa, UUA, jUOVOÏîpOriy
èf au^'40,p'qùr Keyhain, ^9,^})0f. aostirtéés à ; Pgrtsmouth, ;; dp,nt l'aclièr
coT
mO 4 t - . j . w . - u>j UV4I' I £tV]V] llaj
tomme 'nécessaire au commencement do cette
anhéé'-ci. ■ • '; " v
,^.Ajddtons çju'ot^utréçemment l'amirauté yi'énJt
do tràUer'/pour tornajricr l'ortçmouth en quatre
ans, .'ov'eà doux riches.entrepreneurs de travaux
pùblip : l'ingénieur civil M. Loather et M. G oqf -
ge Smiih. Le:promior a déjà construit le. brise-
lames et les forts do Portla'nd et jeté los fonda
tions sous-marines dos ouvragés militaires do
Spithciid. . ,ji (Moniteur.)
S. Exc. M. le ministre de l'intérieur vient
d'adresser à MM. les préfets la circulaire sui
vante-: . *- '■ '' i: '
.. . m prise pat certains titulaires do médailles d 'honf
neur, soit;do su^titwer u'n ruban do fanlaisio
au ruban officio'l, sqit .de disposer les couleurs
de céluirci do mariïéro à no laisser voir que la
partie rouge qui simulo lo ruban do la Légion-
d' onnour.
Cet abus -paraît exister encore, et lo tribunal
ifpn/riînnnnf Irln %
fois plus que, malgré la paix'avoc les
sances étrangères,,.^'effectif de
...„.. 0 v^ ;i ,iyuwt.>l.U UD Ul) Ja
roino n'est point suffisant, dans l'hypothèse par
faitement admissible qu'un déploiement de for
ces serait sur-lo-cha,mp. nécessaire.
Les dernières nouvelles de Céylan semblent
confirmer notre" opinion. « A Colombo, ot sur
d'autres points, des placards mena ça ns ont été
affichés, des cris séditieux ontiété poussés par
les indigènes, et, dans une île où, l'autorité an
glaise laisse vendre publiquement do la poudre
et dos armes, ' et dont la population s'elèvo à
doux millions ot demi d'habitans, nous n'entre
tenons quo la faible garnison do huit conts
hommes d'infanlorio européenne.
Lorsque l'on considère le nombre, la distan
ce, lés climats divers et l'étendue dos posses
sions britanniques, et quo l'on sait combien
les non-valeurs réduisent les chiffres of
ficiels, on demeure aisément convaincu que les
138,000 hommes pôrtés aù budget do l'exercice
1860-1867 sont insuffisans pour parer à tou-
1er,a cotte . oqïasiqb les. dispositions qui réglo-
pjpntont la matière.
»• iiVous devez donc tenir la ,: main. Monsieur lef
préfet, à co quo toute personno. titulaire d'une
médaille d'honneur no porte d'autre ruban que.
lo ruban .tricolore officiel ot-sans que la mé
daille elle-mêrno n'y soit suspenduo. Ceux qui
négligeraient do so conformer à cette règle s'ox-
posoraiont il êtro ïpoursuivis correctionnelle-
mont pour port illégal de décoration. " ■ .
llocevcz, etc. '
Lo ministre de l'intérieur,
Signé : r.A V alette.
-La Gironde a reçu le (iommuniqué suivant:
« Dans son numéro du 4 janvier, le journal la Gi
ronde prétend que l'administration de la viiJede Pa
ris ferait vendre dans les halles et marches du pain
au-dessous du cours, et signale les elîets pernicieux
qu'aurait cette vente pour l'industrie de ja boulan
gerie. . : ~ : ' ;
» Le journal la Gtrom/e csl mal'informé.
» Ce n'est pas la ville de Paris, mais l'administra
tion de l'assistance publique, qui fait /aire dans sa
boulangerie centrale le pain dont il s'agit.
» La liberté de fabrication et de vente de pain exis-,
tant pour tout le monde, il est fort légitime que '
l'administration de l'assistance publique en use pour
fabriquer elle-même à cette boulangerie le pain
nécessaire à la consommation de ses etablissemèns
hospitaliers, et pour écouler dans le commerce
l'excédant de sa, fabrication.il ne lui est pasposr
siblé, en effet, de la restreindre "au chiffre exact
ime manutention que sur une grande échelle, et la
modération des, frais généraux ne saurait ôtre obte
nue qu'à la condition dé lés répartir sur une ceiy
laine quantité de produits. . : -
» il est vrai'qûe le pain de l'assistance publique
est débité à un prix inférieur au prix de la plupart
'des boulangeries.privées de Paris; mais les dépôts
"que ies.bouTangers de la banlieueont dans les halles et
marchés, vendent aussi le pain au-dessous de ce prix.
Toutefois, il est inexact que l'assistance publique don
ne son pain au-dessous de ce qu'il lui coûte; on n'est
donc pas fondé "î se plaindre de la concurrence que
ses débits (où la vente a lieu d'ailleurs au comptant)
peut faire à l'industrie particulière.
•• » Le journal la Gironde îsnore sans doute que
le pain de la 'boulangerie centrale est différent
de celui 1 du commerce, quoique, dans, la convie-
Feuilleton du Constilut ouac 1 , 13 janvier
H*»
LE CIIYTCAU DE KEBMV01IR
OD
LA PARTIE DE QUILLES
C'était au temps où la Bretagne, gouver
née par ses ducs, n'était pas encore réunie
à la France. Au milieu du diocèse de Tré-
guier, de vastes landes, connues sous le nom
de landes^ de Boloï (nom qu'elles portent en
core), commençaient aux bords du Trieux
et s'étendaient fort avant .dans les terres.
Mémë. lorsqu'elle est égayée par les fleurs
des ajoncs et des bruyères,' la lande a tou
jours quelque chose de triste et de désolé.
Sa terre grise ou jaunâtre apparaît à chaque
instant dans les espaces dénudés, comme le
corps amaigri d'un pauvre par les trous de
ses haillons. Rien he rompt la monotonie
du^coup d'oeil. Pas unarbre, pas un champ.
Partout, à perte de vue, le vert sombre des
bruyères et des ajoncs épineux dont les tiges
rabougries n'ondulent mémo pas au soufflé
du vent qui gémit dans la campagne. Tout
paraît mort autour do vous. Il semblé que
des fantômes, des spectres, des poulpiquets
et des kqmgans doivent ôtre les seuls èaTai-
tans de ces solitudes. ■
Au milieu de la lande s'élevait cependant
autrefois un vieux château dont les murs;
noircis par le temps, étaient en parfaite har
monie avec le terrain qui les entourait..
On l'appelait le château de Kemavohr,
Depuis bien des années il n'était plus ha T
bité. Ses murs épais et ses grandes tours à
l'aspect menaçant avaient résisté à l'action
desjorages. En -revanche, les boiseries-de
l'intérieur avaient craqué en maints en
droits. Presque toutes- los croisées avaient
perdu les petits carreaux verdàtres de leurs
vitra_ges de plomb. ' -
Bien qu'inhabité depuis longtemps, Ker-
navohr avait conservé son riche mobilier.
Les tableaux même et les armures étaient
encore suspendues aux murailles. Une ter
reur superstitieuse protégeait le manoir con
tre les uéprédations des* malandrins et des
pillards. Les fantômes qui apparaissaient,
chaque nuit - sur la plate-forme et qu'on
voyait se promener sur les murs, défen
daient Kern'avohr mieux que les gardiens les
plus vfgilans.
Que do fois les pâtres attardés et les pilla-
vuêrs'(chiffonniers nomades), qui se surpre
naient bien malgré eux à traverser la lande
sur le coup de minuit, n'avaient-ils pas
aperçu sur les créneaux lointains de Kerna-
vohr éclairés par la" lune, deux spectre#
blancs qui marchaient les bras enlacés com
mo de nouveaux époux. Puis, derrière eux,
surgissait un troisième fantôme qui les me
naçait du gestfc et devant lesquels ils s'en
fuyaient en poussant des cris étranges qu'on
entendait à plusieurs lieues de distance et
qui glaçaient le sang dans ! les veines des
voyageurs. :
, C'était une terrible histoire que celle du
château de Kernavorhr.
Le dernier baron de ce nom était un rude-
guerrier. Il avait pris la croix pour expier,
disait-on, certains péchés de jeunesse, et sa
bonne lancç avait été fatale à plus d'un Sar-
razin.
En revenant de la Terre-Sainte, il rame
na avec lui une jeuno femme d'une mer-
veilleuse beautéiq u'il avait épousée en Orient;
•Elle lui donna un fils qui reçut le nom
d'Alain..-Il promettait de réunir à la beauté
merveilleuse de sa mère la ! haute taille et la
force herculéenne des sires de Kernavohr.
Le baron avait aussi ramené d'Orient une
enfant de deux ans qu'on disait filleule son
frère-le chevalier de Kernavohr. mort en
Terre-Sainte, et d'une Sarrazine-. On-l'appe
lait Zora.
• Le baron se montrait très lier tle ses en-
fans, mais ceux-ci étaient loin de lui témoi
gner le'respect qu'ils auraient dû lui mon
trer. Toute leur affection semblait être con-,
centrée sur la baronne et sur eux - mêmes.
Ils ne se quittaient jamais, Alain partageait
les amusemens de Zora, et celle-ci • prenait
part aux exercices de son cousin.
Malgré leur intelligence extraordinaire, le
chapelain du château ne put jamais leur
rien apprendre. Ils lui riaient au nez et se
réfugiaient auprès do leur mère, car tous
deux l'appelaient ainsi. Elle recevait fort
mal les plaintes du vieil abbé. Lorsque le
pauvre prêtre mourut, le baron ne trouva
personne pour le remplacer.
Au bout d'une dizaine d'années de séjour
à Kernavohr, la baronne disparut tout à coup.
Beaucoup de Conjectures coururent dans le
pays à ce sujet. Les uns disaient que, ne
pouvant résister à l'ennui que lui causaient le
ciel brumeux de la Bretagne et le triste sé
jour du château-, elle avait profité d'une ab
sence de son mari pour s'enfuir dans son
pays. D'autres assuraient quelle avait été
enlevée par Satan, avec lequel elle était en
communication depuis longtemps.,
Lorsque Zora entra dans sa dix-huitième
armée, son oncle là maria à l ; un do ses com
pagnons d'armes, le comte Louis de Plougo-
meuT, qui habitait un magnifique château du
côté de Châtelaudrèn. Le comte avait alors
quarante-huit ans. C'était un époux un peu
âgé pour la belle Zorà. Elle avait déjà refu
sé de fort beaux partis et repoussé les re
cherches des'plus brillans gentilshommes du
pays. Celte fois, son oncle, irrité de ses re
fus réitérés, imposa sa volonté. La jeune
fille dut se soumettre. Son cousin Alain,qui
avait voulu la soutenir contre le baron, fut
enfermé dans la tour de Kernavolir. -Il y
passa deux mois sans avoir voulu demander
grâce à son père, qui mettait cette condition
à la liberté .du jeune homme.
Quelques mois après le mariage de sa niè
ce, le baron repartit pour la Terre-Sainte.
Avant de se mettre en route, il retira son,
fils de sa prison et le plaça comme page chez
le comte de Plougomeur. ' -
L'absence du baron dura deux ans.
En arrivant en Bretagne, il courut au châ
teau de Plougomeur où il espérait retrouver
ses deux enfans. Au moment où il entrait
dans la cour du château, lé châtelain parut
sur le perron. Il était vêtu de noir et les sou
cis avaient gravé leur empreinte sur sa m<5Hp
figure. ^ •'
— Où est votre femme ? demanda Kerna-
velir, inquiet de cet accueil lugubre. ' , >■
— Elle a fui mon foyer, répondit Plou
gomeur.
— Le nom du ravisseur t
— Alain de Kernavohr. ■
— Mon fils 1
— Votre fils. •
Le malheureux père se cacha la figure dan s
ses deuxmains, - 1
— Honte et malheur, sur moi 1 s'écria-t-tf.
0 sang maudit de leurs mères ! \
— Que sont-ils devenus! reprits-il après
un instant de silence. -
Ils habitent Kernavohr, -répondit le
comte, Alain, qui sèmo l'orà pleines mains,
a rassemblé dans son château îles soudards,
ou plutôt des bandits qui sont l'effroi do la
contrée. Zora et lui mènent une vie de cri
mes et d'orgies que favorise, dit-on, l'esprit
des ténèbres auquel ils ont vendu leur âme.
— Et lu ne les as pas poursuivis? s'écria
le vieux baron.
— En approchant de Kèmavohr, une sorte
de panique s'est emparéo de mes gens u'ar-
mes qui ont tous pris la fuite. Quant à ittôi,
tu m'as vu souvent combattre près de toi,
et tu sais si le comte de Plougomeur est un
lâche, un homme sans force et sans énergie?
Eh bien! trois fois, ton tils m'a frappé de
son épée, trois fois j'ai roulé à terre comme
un enfant sous la main d'un géant. La va
leur d'un homme#ie peut lutter contre les
forces de l'enfer.
Des larmes de honte et de rage brillèrent
dans les yeux du comte, l'un des plus bra
ves et des pluS .robustes guerriers de son
époque. -
— Le saint ermite du Mené-Brez, reprit-il,
'm'a dit que je devais attendre ton retour
pour tirer vengeance de l'insulte faite à mon
nom. J'ai atttendu. "
Dès le lendemain, les deux gentilshom
mes partirent pour KernavohT, à la, tête de
nombreux soldats.
Mais Satan veillait sur le château, lès as-
siégeans furent repôussés avec de grandes
pertes. Dans cette extrémité, le baron en-
voya un messager au Mené-Brez pour sup
plier Noël le saint ermite qui passait sa vie
sur le sommet de la montagne, de venir au
secours du père et de l'époux outragés.
A peine le messager était-il parti que l'er
mite arrivait auprès du baron.
— Dieu m'a prévenu cette nuit que tu
me demanderais, lui dit-il. Mo voici tout
prêt à exaucer tes vœux ; mais je crains pour
toi le résultat de la journée. Es-tu prêt à
mourir en chrétien, te résignant à la* volon
té de Dieu et regrettant tes erreurs dont tu
vois maintenant les suites terribles. ,
v— Je suis prêt, répondit le. baron qui,
comprenant qu'il ne verrait pas se lever un
nouveau soleil, s'agenouilla pieusement aux
pieds du solitaire.
- Au moment où il sé relevait, le front cal
me et l'œil serein, agrès avoir obtenu l'ab
solution de ses fautes, un paysan des envi
rons lui annonça qu'il connaissait un sou-.
terrain ignoré des habitans de Kernavohr et
conduisant dans l'intérieur du château. *
— Suivez cet homme, dit l'ermite en dé
signant le berger aux deux gentilshommes.
Ils obéirent. Vingt hommes d'armes mar
chèrent derrière eux. fc
L'ermite les accompagna.
Arffvés à l'endroit où lo passage qui, con
tinuant le souterrain, débouchait sur la
grande salle, l'ermite lit signe de s'arrêter.
Les deux gentilshommes regardèrent alors à
travers dés trous pratiquées dans la tapisse
rie. Ils virent un spectacle étrange.
Au milieu de la salle, neuf hommespres-
qUe nus placés à un pied de distance l'un
de l'autre, fermaient un carré comprenant -
trois hommes de chaque côté avec* un neu
vième au milieu, Us étaient enfin rangés
ABONNEMENS DES DEPARTEMENS«
"«V :
DIMANCHE 15 JA NVIER 1867,
TROIS MOIS.;....;
SIX MOIS....
•UN AN.
16 FK^
32 Fa .
64 fr.
'•us lbs pats fctaaîfgkfiâ, vofir .fe taMsai
publié les S et so de ehaquei mois.
Cap. Li B ohifacï , raedajBcns-Enfa&ï,
//y ' '-: T \
# «îy • »*. •** .*> '
i'-i ' :r 1
LITTÉRAIRE
',Ui. --A,
v . f -mr-.
Le mode d'ABONiSTEMEivr le plus simple est l'envoi d'un bots d&-p6fefê-oj^'un effet
sur Paris, à l'ordre de t'AnsuNiSTRATEna du journal) r. dè NS ?aioisf&. 10;
Lès/lettres ou envois^ chargent non affranchis sont refusés.
V Les^articlés déposés &e sont pas rendus. -
_ABQNNEMEN^DÇ PARIS<
« ' : • h
TROIS:MOIS».Ui.i 13 v*3
SIX MOIS. .... ; ; ;.. 26 F»?
. uif 4Nm . , . , .i.> .v ; $2 ; *e.S >
UN NUMÉRO m CENTIMES .1
;Les aLbanaerneM datent dès i" et 18
Les Annonces
PARIS, m JANVIER
* t,
,. Il a été question, dansces derniers temps,
d'une note quo le minis tre des affaires étran
gères de Turquie aurait adressée aux puisr
• sances protectrices de la .Grèce, c'est-à-dire à
la France, à l'Angleterre et à la Russie. La Ga
zette 4h Levant nous donne quelques ânfort-
malions sur le contenu (]fi*n frdnr,uqiçq L La
Pprt« sq plaindrait-de ^ratlitede-'bestileUu
gouvernement grec prise à son égard en favo
risant l'insurrection crétoiseet en provoquant
les populations dé la Thessalie à la révolte".
La Porte protesterait de son vif désir d'évi
ter tout ce qui pourrait amener une lutte en
tre les deux Etats, mais elle déclarerait en
même temps décliner la responsabilité des
événemens qui seraient la conséquence d'u
ne telle situation, si elle devait se prolonger.
En conséquence, «lie réclamerait l'interven
tion officieuse des puissances protectrices
pour-y mettre un terme et rappeler le gou
vernement grée à la modération.
L'affaire du Principerlommasso n'est pas
encore termiriéej malgré rechange de notes
qui a eu lieu entre le chargé d'affaires d'Ita
lie, Mi Délia Groce, et Àali-Pacha, ministre
des affaires étrangères de Turquie. On pré*
tend à Gonslantinople que les ' faits ont élé
inexactement rapportés par le commandant
du bateau postal italien et qu'il y a lieU de
procéder à une enquête. Cetlo proposition
n'aurait pas élé, dit-on, acceptée et le gou
vernement italien insisterait pour obtenir
une réponse catégorique à la demande de rc-
' para lion qu'il a adressée,
v Une correspondance particulière de Lon-
•dres assure quo, dès le début de Ja session,
la situation de l'Irlande'sera l'objet d'un
examen sérieux dans lo Parlement. Le mi
nistère présentera divers plans d'amélio
ration, sur 1e" mérite desquels la Cham
bre-des communes aura , à se prononcer'.
Quoique la conspiration des fénians ait
été réprimée, on ne pense pas que l'état de
l'Irlande permette encore de lui rendre le
privilège àe YIiabeas corpus. > ,
Parmi les mesurés qui seront proposées
au Parlement, on citeiîcello qui aura pour
objet d'augmenter, dans une proportion con
sidérable, les forces militaires. On obtien
drait co résultat par l'élargissement des ca
dres do l'armée active, par un accroissement
considérable des réserves et par la distribu
tion aux troupes d'armes perfectionnées". f Ges
ebangemons importans no nécessiteraient
pas, assure t'onï une augmentation des bud
gets.
On doute îi Berlin quo le Parlement du
Nord puisse être convoqué pô'ur le 24' février^
"mais sa réunion, rns sérail,retardée que de
quelques jours. Dans la séance du 9 de ce
mois, une fraction du parti progressiste a
présenté à la Chambre des députés prus
sienne une proppsition tendante à faire al
louer aux membres élus en Prusse au
Parlement du Nord une indemnité et
le remboursement des frais do voyage. Les
auteurs'de cette proposition s'appuyent sur
ce fait, qtie dans différens Etats de l'Alle
magne du Nord, une indemnité et> des frais de
voyage sont accordés aux députés du Parle
ment, et ils font observer qu'il ne doit exister
aucune inégalité entre les membres appelés
à délibérer sur la Constitution de la nouvel
le confédération. Il est probable que si la
proposition obtient la majorité au sein de la
Chapibrê des députés lo gouvernement y
donneraNaussi son adhésion, mais on prévoit
une'énergique opposition dans la Chambre
des seigneurs. k
Oiï sait que la Prusse demande que l'ad-
et ! de Meckleribourg. Ces Etats font va
loir les pertes que celle mesure leusrocca-
sionnerait, et ils réclament unftjlédommage-
inent. Lecâbinet de Berlin'serait, dit-on,
passez disposé à faire droit à leurs récla
mations. , ■ ■ '
- Nous publions plus loin la réponse adres
sée par le duc d'Augustenbourg 4 la. com
munication qui lui avait
,£jttur&~hafekans du SfëSAv
"pétition envoyée par eux .
fendreses droits. On connaît du même prince
une autre lettre ou proclamation datée de Ba
de 2 janvier, et dans laquelle il déclare délier
ses partisans du serment qu'ils lui avaient
prêté. Un avis du président supérieur rési
dant à KM défend la publication "et le col
portage de cette pièce et il en ordonne lasai-,
sie. Le motif de cette mesure serait, d'après
l'avis, le titre que se donne le prince d'Au
gustenbourg, titre aussi inadmissible que
le langage de la lottre en question..
. . - - . J oscièues. r
| — - - - - i-'
ministratjoïi des postes dans tout le territoire
de la Confédération du Nord soit confiée
aux autorités prussiennes. Ce projet paraît
rencontrer une assez yive résistance de là
paçt do plusieurs gouverhemens, nôtamment
de la Saxe, des grands duchés d'Oldenbourg
TÉLÉGRAPHIE PRIVEE.
agence havas-bullîer.
Londres. 12 janvier.
Consolida anglais, Dtl/4; bons américains
1882, 72 3/4, italien !5 0/0 1801-, Îi3.
. New-.Yor'k, l or janvier ...
. (par le Javm).
Le New-.York-Herald dit quo M. Campbell a
reçu l'ordre do fairo.ur.o nouvelle tentative pour
parvenir au siése du gouvernement do Juarcz,.
Un steamer, ayant à bord lo secrétaire do M.
Seward et d'autres fonctionnaires, ; est sur lo
point'do, partir pour uno .mission secrète. On
assure qu il a pour destination lo, Méxiquo. Lo
général Grant doit faire partie do celle mission.
La Tribune constate quo lo chc't des fijnians;
Stephons, so trouve actuellement à New-York.
New-York, 11 janvier.
Les législatures des Etats de Virginie et du
Kcntuuky ont rejeté l'amondomcnt a la Cons
titution. ■ ■ - ■
Bruxelles, 12 janvier.
On mando do Vienne à \'Indépendance belge
quo MM. do Beust et Belcredi ont eu do nom
breuses conférences avec MAL Andrassy, Son-
nyoi rt Majlath et qu'un rapprochement s'est
effectué sur dos points essentiels.
t .* Yienno, 11 janvier.
.La Gazelle de Yienne publie une résolution
impériale, du 10 janvier, par iaijud'o les coiir
séquences légales do leurs.peine:.-* sont remises
à tous ceux qui ont élé amnistiés on Galiicie et
à Cracovio par les résolutions du lw novembre ;
et du l» r décembre isoa ainsi qu'a, ceux qui ont ;
déjà si 1)L leur peino ou qui ont élé renvoyés ■■
provisoirement des'fins de la plainte pour in-
suffisanfco do preuves.
Constantiro^Io, 11 janvier.
En présence dos éventualités auxquelles peut
donneHieu-tn situation on Orient et au nord do
l'Europe, la Porto a'l'intention do rappeler pro
visoirement iso,000 rédifs sou» les 'drapeaux.
I.oi'conuna'ndant. 'des troupes ottomanes dans
TEpInîet la Tliossalie, muoliir Abdul-Korim-l'a-
' eba^ est arrivé ici. Il a de fréquentes conforen-
cos au,lfiinislèro de la guerre. : i
Voici les dépêches que nous recevons ce
SOir : • . '.
; Londres, ;12.janvier, soir; •
, Consolidés anglais, 91 1/8; d° Turcs, 32 1/4.
Bons américains 1882 : 72 y/8- Mexicain, .3-O/O
ancien, 18 1/8; d° 3 0/0 nouveau, 121/2. Espa
gnol 30/0 diiréréo,.3i; d° 3 0/0 passive, 221/8.
italien SO/O IStf l, Ji31/4. Portugais30/0/43.1/2,
..... ^ » vu vv vu uv j J/IAJ. JU illW
tif qu'une modification, à la Constitution serait
oh ce moment inoppôrtune. Lp comité propo
sera par contro l'abolition do la cour d'Etat pour
les crimes potitiquos,' qui fut instituée pou de
teqjps après la révolutîôn do 1848. ' '
Saint-Pétersbourg, 12 janvier. ,
La Compagnio du chemin de fer de Kollon à
Woromesch a été autorisée à. émettre des. obli
gations pour 5 millions de thalers. Là garantie
d'intérêt est do 5 0/0, et la garantie d'amortisse
ment de 1 0/0. Le système do contrôlo russe a
été introduit en Pologne.
v. ' YiitHine,'12 janvier., ■
Le Journal de, Vienne se prononce également
contre lés ,ultra-magyars et: contro les partisans
de la charte do février. JJ ajoute que.lo gouver
nement, convaincu de la nécessite de la déter
mination qu'il a prisOj ne reculera pas.-
•» - [Marseille, 12 janvior.
On mande de Rome, lo 9, quo le Pape a reçu
de l'Empereur une dépâchoAnnonçant la nomi
nation du Pôre Rogio, général de's trapistes do
Staouéli au,nouvel évêché de Constantino.
On assure quo la Franco insiste pour l'établis
sement entre Rome et l'Italie d'une union des
douanes, des.pestes et des banques.
Madrid, 12 janvier,11 h. lis m. dirmatin
La tranquillité la plus complète règno à Ma
drid et dans toute la Péninsule.
publics seraient désormais ; condamnés à
une dépréciation permanente en présence
de la cbnpûrrencequiteùr était fai/e par tant
Je placemens, plu,s fructueux. On avait mê
me fixé à 7 0/0 eri moyenne l'intérêt de l'A
venir,. et l'on sait quo maintes sociétés, de
finance ont de beaucoup dépassé co chiffre.
Un prospectus itait alors bien modeste s'il
ne promettait pas 10 0/0 au moins aux ac-
IftowwhrtMiir ' - *
ClOUllS DISvLA BOWHSJS.
couKst>jsa.OTï®a. le n ' le 12 Hausse. Baissa.
G9.50 69 70 » 20
3 0/9 au uompt.
—Fin du mois.
4 l/â&uoompt.
69 65
98 85
69 72
99. »
07
lo
»
»
»
La Presse n'a trouvé qu'un argument à
opposer à notre arlicle sur la. législation qai
régit les journaux. Cet argument consiste
dans un mot qu'elle nous a prêté.
« L'affermissement do l'Empire, nous a-t-
elle fait «lire, a eu une cause unique : le dé
cret du 17 février. »'
La Presse qualifie de ridicule l'argument
ainsi arrangé. Le mot est trop doux; après
l'addition imaginée* par ce journal, il fallait
diro : grolosquo.
• FONV1LLE.
. • Marsaillo, 11 janvier, soir.
Los lottros d'Athènes apportent l'exposé poli
tique fait lo 19 décembre, par lo président du
conseil, devant la Chambro hellénique. Lo mi
nistre a reconnu la gravité dos eirconstancesac-
tuolles. Il a constaté l'épuisement des finances et
la mauvaise situation "de l'armée qui manquo
presque do fout ot qui n est pourvue que d'ar
mes aujourd'hui insignifiantes. Il a dit qu'il
était nécessaire dé recourir à, un emprunt ot à
Yîft nnnvMiiY imnAfc Hn1 J ^*
ovait. uuuuaacuie uo xuuuuiir ci ( un empruill 01 a \ «wuu t{uo uua uunaunutîîj, pui tîxyilipiti,
de nouveaux impôts, do réorganiser l'armement / aient été sî longtemps à se relever et qu'ils
des troup6s et.do former uno garde natiorwiln. i n'en soient. ftnf-nrft filial! fnitrc Hn 019
LE STOCIÎ-EXCIÏANGE.
Londres, il janvier,
ëauf quelques llucluations et réactions
inévitables, lj^ marché financier continue à
s'améliorer.Néanmoins, les prix de nos'fonds
d'Etat et de n.os plus sérieuses valours res
tent encore au-iiessous du taux, qu'ils çlè-
v'raient atteindre eu'égard à l'énorme quâii-
tilé de capital disponible. Nos statistiques
commerciales, la' situation do' notre, reve-'
nu intérieur, démontrent que, malgré la
crise dont les conséquences morales pè
sent-encore sur nous, malgré les pertes in
dividuelles qu'elle a entraînées, la richesse
nationale n'a fait que s'accroître ot les béné
fices s'accumuler. Lo numéraire est plus
abondant que jamais, ainsi que l'atteste l'en
caisse de la Banque d'Angleterre aussi bien
que celui do la Banque de France." D'où
\ vient donc que nos consolidés, par exemple,
/ niftnf ï^ffVQÎ Innnrtomne ?» crv
Pendant deux ans' et plus, ces idées pré
valurent, et l'on' iie peut dire'
ment effacées. Sans clouté on veut bien sè
rappeler, grâce à ;cette nouvelle: leçon, que
trop souvent un,intérêt élevé; signifie mau
vais placement sous le rapport de la sécuri
té, mais on ne consent pas volontiers à sa
crifier l'intérêt lui-même. Voilà pourquoi
l'empruatrusse qui combinaitles deux "avan
tages d'un intérêt fort accepta 151e et d'une
sécurité éprouvée: a rencontré ici un acéueil
si ehi pressé ; voila' pourquoi aussi nos con
solidés ne sont pas rech'ercliés autant qu'ils
devraienM'être, vu l'abondance du capital
coïncidant avec la défiance qu'inspirent.non-
seulement les.sociétés da finance, .mais aussi
nos chemins de fer dont la comptabilité
laisse généralement beaucoup à désirer, On
dirait que'l'argert't sè recueille et reste en
sus^én^ 'guettant le moment oîi il pour
ra se lancer ,' et : àttèndartv' le genre d'af
faires qui se présentera à lui avec un presti
ge et dans des conditions capables de Ip sé
duire: .: ' ,
Si nos consolidés ne sont pas au taux où
on les a vus longtemps se maintenir et qu'ils
auraient recouvré dans les circonstances ac
tuelles sans les causés toutes spéciales; que
jô viens d'exposer, ils "n'en ont pas moins
progressé depuis quelques semaines d'une
manière très satisfaisante. Ils" ont regagné en
peu de jours jusqu'il 1 1 /2„0/0.,-
- r'Les événemens d'Amérique ne sont pas
non plus sans exercer une certaine influence
sur les dispositions de notre public finan
cier: Il y a de ce côté uno incertitude qui
ne peut être que défavorable ! aux affaires
dans un pays qui a, comme lé nôtre, des re :
lations de commerce si étroites avec l'Union
américaine. 4
' On a beaucoup remarqué en Angleterre
les passages du rapport annuel du secrétaire
du trésor américain relatifs & la décadence
de la marine commerciale aux Etats-tJnis.
Ce haut fonctionnaire n'hésite pas à attri
buer ce fait aux droits élevés d'importation
dont certaines matières premières ont élé
frappées par le tarif protecteur, que le
Congrès parafl plutôt disposé à aggraver
qu'à atténuer. Le' secrétaire du trésor dé
montre que les Etats-Unis, qui étaient naT
guère une puissance commerciale dé. pre
mier ordre et qui semblaient destinés à tenir
la tôle pour la marine marchande, so sont
laissé considérablement distancer depuis six
aus pir la Grande-Bretagne. Il ajoute que
si la construction des navires et le transport
des marchandises sous pavillon américain
continuent à décroître da'ns la même propos
tion, c'est-à-dire à raison de 50:0/0' en six
années, les.Etats-Ùnis^auront bientôt cessé
d'avoir aucune importance comme nation
commerciale..
'A l'appui de ces prévisions, le secrétaire
du trésor cite les chiffres suivans. Le ton-
r da'ns rie pays; et que,-j>ar exetnple, 'ce : n'est
plus à New-Nork,- -maiS" en Angleterre; que
l'Amériqué dù'Sdd ënvoiç ses ' comma'n-,
des de màcliines. Saris d'outè; la guer
re a porté'le premier coup a la mari-,
no.américaine'; la guerre «vèc les,,croiseurs 1
du Sud qu'elle a immédiatement 'fait'sur-
fir.' Mais, aujo'ûVd'huu ce * sont' les - tarifs
ouàniers' établis £ar-4aJtégÎ9Îation améri
caine elle-même qûi aclièvent le mal com
mencé ptàr% guerre' et les c'ôrsairés iiu
Sud. Qu^'les navires aràéricains* aient'été
transférés à des propriétaires an&lais -tant
que'les hostilités ont duré, rien de pMs nâ-
turel; m,afe on croyait généralement qu'avec
lë Tetour f de to paix la marine marchande des
Etats-Unis prendrait tin nouvel essor. Cest
le contraiYe'^uî arri^ et'ï'oh vieiiï "do 1 Voir
que léâ' Atfiéiiçains eui'nifiiîièè ! én' recon
naissent la-cause. Les 1 cons'tructéuTS.de':na
vires au^. 11 Etats-Unis' tiè péuveht'pliis lutter
de bon marché à.veé les icons tructètirs étran
gers. Les impôts qui' Mppent à l'entrée le
fer, le cuivre^ l'acier, le bois,' le charbon, les
outils, puis le' renchérissement de tous les ob
jets'dent se servent'ou qup conéommeht' les
ouvrier^ 'to^t céiff.iï'^iftihkiiVé'eiV Amérique
letfrixde conètruction'aés hdVirejs.La'eolonie
anglaise de la-Nouvelld-Ecosse construit au
jourd'hui, dit-on, à elle seure; : ^lds âé navï-
r'es tiu'M n'èn voit sur chantigt dans^tous
lés Etats-Unis l avec*' ; Te,ur' immehsé ; é'téndue
de 1, 'côtes, 'et la'proportion" des cargiiiSons
transporlées" 1 d'Amérique ou en Amérique
par navires étrangers va toujours en augmen
tant.
De tels'Faits tois ëri lumière pàr ! ud'raj)-
port -officiel'du gouvernement 1 îëdéral^rie
vont'ils pas otlvrir les yeUx- aU [ièUple amé-
ricâili SIIT' les "fneonwriîAnc Wirn 'axMihmir.
tes les éventualités, malgré le concours cj
gique de,nos esca'dres et les voies abrégéesfpaF >
lesquelles on fërait? passer les garnisons colc
lés.'On sait que, v par-l'isthme do Panama,wu
peut atteindre rapidement la Nouvelle-Zélaiiae
et l'Australie, et que; dès le commencement cr
• lîété, un service Tégulièr de steamers station
nant h Alexandrie et à>Suéz transportera, à l'al
ler et au retour, no? régimeos des Indes-Orien-
tates. La aarifé de nos soldats et le trésor gagner
ront à l'exécution de ce^ 1 mesures. '
uilt ^st- vrai qu'au l or ' janvier de cette année; 1
nous avons, à la mer, dabs les différentes par--
ties du monde, 202 navires de toute espèce, 1 dë-
puiSt les vaisseaux de ligne jusqu'aux simples
canonnières, et qu'un rapport officiel dos lords
de l'amirauté porte à «79 io qombçe. dos b'â't^-
mens de tout échantillon qui composent lavet
te, auxquels ilifaùt;'joindre 24 navires on cons
truction sur les chantiers de l'Età^ ou deman
dés à l'industrie .privée. -Parmi ces 'derniers, on
doit remarquer-deux, bitimens cuirassés à tou-
rfilleijtnois irégates blindées, div bélier ot 'doux
vaisseaux do ligbe. Tous ceâ vaisseaux portent
dos canons du plus fort calibro ; ils ont des mo
teurs do 800 à..1,200 chevaux do vapeur, ot jau
gent de 3,QQQ, à.p^lus do.vi î OOQ,>topneauxj v
II'n'osrpas moiris'éxatt'quo"tè corps royal du
génio dispose d'allocations" considérables appli
cables à -nos principaux ports do guerre. L'ar-
sonal, do Chatliama deigapdé 1.71>8S0: livres
storlinfir.*' iOrtnrvr» lî
^ .w •• u Jtu liliv
anglaise d» sé pldindre de l'orrdur commise
pa r' les Etats-Unis ;ï leur détriment. Nos jour
naux rie; sé font pas 'fairté de sermonner ! nos
cousins transatlantiques et de leur prêcher le
libre-échange; en mémo temps, nos arma
teurs récoltent les bénéfices que le pavillon
américain abandonne; chacun, vous le voyez,
fait son métier. - ' " ' "
•W illiam H iix.
On écrit dé Londres, le 9 janvier : ■
Au moment pù toutes les nations européen
nes 's'occupent do- la réorganisation "de. lotirsàt'-
méos et du renouyollemont de leur matériel de
Ruerroy co serait ùno grave erreur do'èr'oiro quo
l'Angloterro ne donne ses soins qu'u- la transfor
mation do satloUo. Sans parlor désossais compa
ra tifs entrepris depuis plusieurs annéeg pour deçi-
dorquel est celui 1 des systèmosd'artilleri,o de Pcr-
kins, d'Armstrông,,do Whi(,worth,,de llodman,
de Cunningham ou. do Pallisor qu'il faut'.âddp"-
tûT enns îr»«îefnf e»* l»> * l - '
long
cours
Etats-
des troupfs et.do former uno garde nationale.
« La Grèce, a-t-il ajouté, n'est pas responsable
46s troubles qui ont éclaté dans dos contrées li
mitrophes ; niais, en présence do ces faits, lo
peuple hellène doit-il rester impassible ? »
Ces paroles ont-été accueillies par les applau-
dissomens de la Chambre et des tribunes.,
< Lo ministre a ensuite remercié les puissances
protectrices d'avoir amené de Crète les familles
mofl&nsivos. H a promis de secourir les réfu-
riés, mais on mémo temps de respecter les
droits internationaux. Il a annoncé enfin qu'en
présence, do la possibilité do troubles dans d'au
tres provinces turquos ; la Grèce enverrait des
missions extraordinaires chargées' d'éclairer
l'Europe sur ses intérêts.
Florence, 11 janvier., 1 •
La Chambre, dos députés a adopté sans'.dis-
cussion le pi'ojot d'Adresse?" -
La discussion du projet relatiT aux incompa-
i tibiiités parlementaires a coisinoncé. Plusieurs
J orateurs ont été entendus.
n'en soient encore qu'au cours de 91?
C'est que lç public peut difficilement se
résigner à ne recevoir de son argent qu'un
faible intérêt, après avoir goûté la dange
reuse satisfaction des gros dividendes que
promettaient et qu'ont donnés pendant quel
que temps nos compagnies; de, finance. On
estrevonu de l'illusion quia fait croire à
beaucoup que l'argent pouvait, en toute sé
curité, valoir 30 0/0 ; mais on ne peut se
persuader encore qu'il ne vaille que 3 0/0.
Depuis l'adoption du principe de la res
ponsabilité limitée et son application aux
banques et aux compagnies financières ,
les fonds d'Etat ont" été négligés en propor
tion de l'engouement qui portait lés capi
taux, et en particulier les petites épargnes,
vers ces élablissemens nouveaux. 11 n'a pas
sétens et ordinairement
lire alors que les fonds
nage des navires américains au L
qui sont entrés dans les ports des
Unis a été :
En 1860, de 5,921,285 tonn.
I86t>, de 2,943,661 —
1866, de 3,372,060- —
Le tonnage des navires de la même caté
gorie, qui ont quitté les ports des Etats-
Unis a été : . -
En 18é0, de 6,165,924 tonn.
1865, de 3,025,134 —
' 1866, de 3,383,176 — '
Le tonnage des navires étrangers qui sont
entrés dans les ports des Etats-Unis a été :
En 1860, de 2,353,911 tonn. '
1865, de 3,216,967 —
1866, dë 4,410,424 — ■
Le tonnage, des- navires étrangers sortis
.des ports des États-Unis a été :
En 1860, de 2,624,005 tonn.
. 1865, dé 3,595,123 —
1866, de 4,438,384 —
La cause de cette décadence de la marine
marchande des Etats-Unis est la même qui
fait que la fabrication des machines diminué
. , _ UJ^iuiuiu, naïUilO-UUU'
do diro qu'il n'y â point dans les trois royau
mes un.offleierj' un homme d'Jitat qui no,sôngo
do la manière la plus sériouso à l'indispensable
ivécossité d'augmenter immédiatement l'arméo
régulière et éo faciliter les enrdtomens on abais
sant lo minimum do la taillo encore exigée au
jourd'hui.
Cotte thèso est chaudement défendue par un
de nos offlciors géuéraux los plus distingués,
l'honorable sir Edward Cùst, et l'on doit recon
naître avec lui quo. sauf pour lo service des bou
ches à fou. la. haute staturo quidonnouno si bollo
apparence aux troupes tmtaimi iu«s est devenue
completeftient înutitoA l'infanterie pourvue d'ar
mes de precisionà lçngue portée, ot mémo h la
eavaterio, qui no doit plus se composer que de"
corps legors ot de chevaux svoitos et rapides.
En ce moment mémo, les événemens du Canada
ot l'agitation de-l'Irlande viennent, commo pon
dant ks soulèvemons de l'Inde, prouver une
ue plus cjue. malgré la nair -ivoc les puis-
l'armée do la
--"■"j i uMAa, UUA, jUOVOÏîpOriy
èf au^'40,p'qùr Keyhain,
coT
mO 4 t - . j . w . - u>j UV4I' I £tV]V] llaj
tomme 'nécessaire au commencement do cette
anhéé'-ci. ■ • '; " v
,^.Ajddtons çju'ot^utréçemment l'amirauté yi'énJt
do tràUer'/pour tornajricr l'ortçmouth en quatre
ans, .'ov'eà doux riches.entrepreneurs de travaux
pùblip : l'ingénieur civil M. Loather et M. G oqf -
ge Smiih. Le:promior a déjà construit le. brise-
lames et les forts do Portla'nd et jeté los fonda
tions sous-marines dos ouvragés militaires do
Spithciid. . ,ji (Moniteur.)
S. Exc. M. le ministre de l'intérieur vient
d'adresser à MM. les préfets la circulaire sui
vante-: . *- '■ '' i: '
.. . m prise pat certains titulaires do médailles d 'honf
neur, soit;do su^titwer u'n ruban do fanlaisio
au ruban officio'l, sqit .de disposer les couleurs
de céluirci do mariïéro à no laisser voir que la
partie rouge qui simulo lo ruban do la Légion-
d' onnour.
Cet abus -paraît exister encore, et lo tribunal
ifpn/riînnnnf Irln %
fois plus que, malgré la paix'avoc les
sances étrangères,,.^'effectif de
...„.. 0 v^ ;i ,iyuwt.>l.U UD Ul) Ja
roino n'est point suffisant, dans l'hypothèse par
faitement admissible qu'un déploiement de for
ces serait sur-lo-cha,mp. nécessaire.
Les dernières nouvelles de Céylan semblent
confirmer notre" opinion. « A Colombo, ot sur
d'autres points, des placards mena ça ns ont été
affichés, des cris séditieux ontiété poussés par
les indigènes, et, dans une île où, l'autorité an
glaise laisse vendre publiquement do la poudre
et dos armes, ' et dont la population s'elèvo à
doux millions ot demi d'habitans, nous n'entre
tenons quo la faible garnison do huit conts
hommes d'infanlorio européenne.
Lorsque l'on considère le nombre, la distan
ce, lés climats divers et l'étendue dos posses
sions britanniques, et quo l'on sait combien
les non-valeurs réduisent les chiffres of
ficiels, on demeure aisément convaincu que les
138,000 hommes pôrtés aù budget do l'exercice
1860-1867 sont insuffisans pour parer à tou-
1er,a cotte . oqïasiqb les. dispositions qui réglo-
pjpntont la matière.
»• iiVous devez donc tenir la ,: main. Monsieur lef
préfet, à co quo toute personno. titulaire d'une
médaille d'honneur no porte d'autre ruban que.
lo ruban .tricolore officiel ot-sans que la mé
daille elle-mêrno n'y soit suspenduo. Ceux qui
négligeraient do so conformer à cette règle s'ox-
posoraiont il êtro ïpoursuivis correctionnelle-
mont pour port illégal de décoration. " ■ .
llocevcz, etc. '
Lo ministre de l'intérieur,
Signé : r.A V alette.
-La Gironde a reçu le (iommuniqué suivant:
« Dans son numéro du 4 janvier, le journal la Gi
ronde prétend que l'administration de la viiJede Pa
ris ferait vendre dans les halles et marches du pain
au-dessous du cours, et signale les elîets pernicieux
qu'aurait cette vente pour l'industrie de ja boulan
gerie. . : ~ : ' ;
» Le journal la Gtrom/e csl mal'informé.
» Ce n'est pas la ville de Paris, mais l'administra
tion de l'assistance publique, qui fait /aire dans sa
boulangerie centrale le pain dont il s'agit.
» La liberté de fabrication et de vente de pain exis-,
tant pour tout le monde, il est fort légitime que '
l'administration de l'assistance publique en use pour
fabriquer elle-même à cette boulangerie le pain
nécessaire à la consommation de ses etablissemèns
hospitaliers, et pour écouler dans le commerce
l'excédant de sa, fabrication.il ne lui est pasposr
siblé, en effet, de la restreindre "au chiffre exact
modération des, frais généraux ne saurait ôtre obte
nue qu'à la condition dé lés répartir sur une ceiy
laine quantité de produits. . : -
» il est vrai'qûe le pain de l'assistance publique
est débité à un prix inférieur au prix de la plupart
'des boulangeries.privées de Paris; mais les dépôts
"que ies.bouTangers de la banlieueont dans les halles et
marchés, vendent aussi le pain au-dessous de ce prix.
Toutefois, il est inexact que l'assistance publique don
ne son pain au-dessous de ce qu'il lui coûte; on n'est
donc pas fondé "î se plaindre de la concurrence que
ses débits (où la vente a lieu d'ailleurs au comptant)
peut faire à l'industrie particulière.
•• » Le journal la Gironde îsnore sans doute que
le pain de la 'boulangerie centrale est différent
de celui 1 du commerce, quoique, dans, la convie-
Feuilleton du Constilut ouac 1 , 13 janvier
H*»
LE CIIYTCAU DE KEBMV01IR
OD
LA PARTIE DE QUILLES
C'était au temps où la Bretagne, gouver
née par ses ducs, n'était pas encore réunie
à la France. Au milieu du diocèse de Tré-
guier, de vastes landes, connues sous le nom
de landes^ de Boloï (nom qu'elles portent en
core), commençaient aux bords du Trieux
et s'étendaient fort avant .dans les terres.
Mémë. lorsqu'elle est égayée par les fleurs
des ajoncs et des bruyères,' la lande a tou
jours quelque chose de triste et de désolé.
Sa terre grise ou jaunâtre apparaît à chaque
instant dans les espaces dénudés, comme le
corps amaigri d'un pauvre par les trous de
ses haillons. Rien he rompt la monotonie
du^coup d'oeil. Pas unarbre, pas un champ.
Partout, à perte de vue, le vert sombre des
bruyères et des ajoncs épineux dont les tiges
rabougries n'ondulent mémo pas au soufflé
du vent qui gémit dans la campagne. Tout
paraît mort autour do vous. Il semblé que
des fantômes, des spectres, des poulpiquets
et des kqmgans doivent ôtre les seuls èaTai-
tans de ces solitudes. ■
Au milieu de la lande s'élevait cependant
autrefois un vieux château dont les murs;
noircis par le temps, étaient en parfaite har
monie avec le terrain qui les entourait..
On l'appelait le château de Kemavohr,
Depuis bien des années il n'était plus ha T
bité. Ses murs épais et ses grandes tours à
l'aspect menaçant avaient résisté à l'action
desjorages. En -revanche, les boiseries-de
l'intérieur avaient craqué en maints en
droits. Presque toutes- los croisées avaient
perdu les petits carreaux verdàtres de leurs
vitra_ges de plomb. ' -
Bien qu'inhabité depuis longtemps, Ker-
navohr avait conservé son riche mobilier.
Les tableaux même et les armures étaient
encore suspendues aux murailles. Une ter
reur superstitieuse protégeait le manoir con
tre les uéprédations des* malandrins et des
pillards. Les fantômes qui apparaissaient,
chaque nuit - sur la plate-forme et qu'on
voyait se promener sur les murs, défen
daient Kern'avohr mieux que les gardiens les
plus vfgilans.
Que do fois les pâtres attardés et les pilla-
vuêrs'(chiffonniers nomades), qui se surpre
naient bien malgré eux à traverser la lande
sur le coup de minuit, n'avaient-ils pas
aperçu sur les créneaux lointains de Kerna-
vohr éclairés par la" lune, deux spectre#
blancs qui marchaient les bras enlacés com
mo de nouveaux époux. Puis, derrière eux,
surgissait un troisième fantôme qui les me
naçait du gestfc et devant lesquels ils s'en
fuyaient en poussant des cris étranges qu'on
entendait à plusieurs lieues de distance et
qui glaçaient le sang dans ! les veines des
voyageurs. :
, C'était une terrible histoire que celle du
château de Kernavorhr.
Le dernier baron de ce nom était un rude-
guerrier. Il avait pris la croix pour expier,
disait-on, certains péchés de jeunesse, et sa
bonne lancç avait été fatale à plus d'un Sar-
razin.
En revenant de la Terre-Sainte, il rame
na avec lui une jeuno femme d'une mer-
veilleuse beautéiq u'il avait épousée en Orient;
•Elle lui donna un fils qui reçut le nom
d'Alain..-Il promettait de réunir à la beauté
merveilleuse de sa mère la ! haute taille et la
force herculéenne des sires de Kernavohr.
Le baron avait aussi ramené d'Orient une
enfant de deux ans qu'on disait filleule son
frère-le chevalier de Kernavohr. mort en
Terre-Sainte, et d'une Sarrazine-. On-l'appe
lait Zora.
• Le baron se montrait très lier tle ses en-
fans, mais ceux-ci étaient loin de lui témoi
gner le'respect qu'ils auraient dû lui mon
trer. Toute leur affection semblait être con-,
centrée sur la baronne et sur eux - mêmes.
Ils ne se quittaient jamais, Alain partageait
les amusemens de Zora, et celle-ci • prenait
part aux exercices de son cousin.
Malgré leur intelligence extraordinaire, le
chapelain du château ne put jamais leur
rien apprendre. Ils lui riaient au nez et se
réfugiaient auprès do leur mère, car tous
deux l'appelaient ainsi. Elle recevait fort
mal les plaintes du vieil abbé. Lorsque le
pauvre prêtre mourut, le baron ne trouva
personne pour le remplacer.
Au bout d'une dizaine d'années de séjour
à Kernavohr, la baronne disparut tout à coup.
Beaucoup de Conjectures coururent dans le
pays à ce sujet. Les uns disaient que, ne
pouvant résister à l'ennui que lui causaient le
ciel brumeux de la Bretagne et le triste sé
jour du château-, elle avait profité d'une ab
sence de son mari pour s'enfuir dans son
pays. D'autres assuraient quelle avait été
enlevée par Satan, avec lequel elle était en
communication depuis longtemps.,
Lorsque Zora entra dans sa dix-huitième
armée, son oncle là maria à l ; un do ses com
pagnons d'armes, le comte Louis de Plougo-
meuT, qui habitait un magnifique château du
côté de Châtelaudrèn. Le comte avait alors
quarante-huit ans. C'était un époux un peu
âgé pour la belle Zorà. Elle avait déjà refu
sé de fort beaux partis et repoussé les re
cherches des'plus brillans gentilshommes du
pays. Celte fois, son oncle, irrité de ses re
fus réitérés, imposa sa volonté. La jeune
fille dut se soumettre. Son cousin Alain,qui
avait voulu la soutenir contre le baron, fut
enfermé dans la tour de Kernavolir. -Il y
passa deux mois sans avoir voulu demander
grâce à son père, qui mettait cette condition
à la liberté .du jeune homme.
Quelques mois après le mariage de sa niè
ce, le baron repartit pour la Terre-Sainte.
Avant de se mettre en route, il retira son,
fils de sa prison et le plaça comme page chez
le comte de Plougomeur. ' -
L'absence du baron dura deux ans.
En arrivant en Bretagne, il courut au châ
teau de Plougomeur où il espérait retrouver
ses deux enfans. Au moment où il entrait
dans la cour du château, lé châtelain parut
sur le perron. Il était vêtu de noir et les sou
cis avaient gravé leur empreinte sur sa m<5Hp
figure. ^ •'
— Où est votre femme ? demanda Kerna-
velir, inquiet de cet accueil lugubre. ' , >■
— Elle a fui mon foyer, répondit Plou
gomeur.
— Le nom du ravisseur t
— Alain de Kernavohr. ■
— Mon fils 1
— Votre fils. •
Le malheureux père se cacha la figure dan s
ses deuxmains, - 1
— Honte et malheur, sur moi 1 s'écria-t-tf.
0 sang maudit de leurs mères ! \
— Que sont-ils devenus! reprits-il après
un instant de silence. -
Ils habitent Kernavohr, -répondit le
comte, Alain, qui sèmo l'orà pleines mains,
a rassemblé dans son château îles soudards,
ou plutôt des bandits qui sont l'effroi do la
contrée. Zora et lui mènent une vie de cri
mes et d'orgies que favorise, dit-on, l'esprit
des ténèbres auquel ils ont vendu leur âme.
— Et lu ne les as pas poursuivis? s'écria
le vieux baron.
— En approchant de Kèmavohr, une sorte
de panique s'est emparéo de mes gens u'ar-
mes qui ont tous pris la fuite. Quant à ittôi,
tu m'as vu souvent combattre près de toi,
et tu sais si le comte de Plougomeur est un
lâche, un homme sans force et sans énergie?
Eh bien! trois fois, ton tils m'a frappé de
son épée, trois fois j'ai roulé à terre comme
un enfant sous la main d'un géant. La va
leur d'un homme#ie peut lutter contre les
forces de l'enfer.
Des larmes de honte et de rage brillèrent
dans les yeux du comte, l'un des plus bra
ves et des pluS .robustes guerriers de son
époque. -
— Le saint ermite du Mené-Brez, reprit-il,
'm'a dit que je devais attendre ton retour
pour tirer vengeance de l'insulte faite à mon
nom. J'ai atttendu. "
Dès le lendemain, les deux gentilshom
mes partirent pour KernavohT, à la, tête de
nombreux soldats.
Mais Satan veillait sur le château, lès as-
siégeans furent repôussés avec de grandes
pertes. Dans cette extrémité, le baron en-
voya un messager au Mené-Brez pour sup
plier Noël le saint ermite qui passait sa vie
sur le sommet de la montagne, de venir au
secours du père et de l'époux outragés.
A peine le messager était-il parti que l'er
mite arrivait auprès du baron.
— Dieu m'a prévenu cette nuit que tu
me demanderais, lui dit-il. Mo voici tout
prêt à exaucer tes vœux ; mais je crains pour
toi le résultat de la journée. Es-tu prêt à
mourir en chrétien, te résignant à la* volon
té de Dieu et regrettant tes erreurs dont tu
vois maintenant les suites terribles. ,
v— Je suis prêt, répondit le. baron qui,
comprenant qu'il ne verrait pas se lever un
nouveau soleil, s'agenouilla pieusement aux
pieds du solitaire.
- Au moment où il sé relevait, le front cal
me et l'œil serein, agrès avoir obtenu l'ab
solution de ses fautes, un paysan des envi
rons lui annonça qu'il connaissait un sou-.
terrain ignoré des habitans de Kernavohr et
conduisant dans l'intérieur du château. *
— Suivez cet homme, dit l'ermite en dé
signant le berger aux deux gentilshommes.
Ils obéirent. Vingt hommes d'armes mar
chèrent derrière eux. fc
L'ermite les accompagna.
Arffvés à l'endroit où lo passage qui, con
tinuant le souterrain, débouchait sur la
grande salle, l'ermite lit signe de s'arrêter.
Les deux gentilshommes regardèrent alors à
travers dés trous pratiquées dans la tapisse
rie. Ils virent un spectacle étrange.
Au milieu de la salle, neuf hommespres-
qUe nus placés à un pied de distance l'un
de l'autre, fermaient un carré comprenant -
trois hommes de chaque côté avec* un neu
vième au milieu, Us étaient enfin rangés
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