Titre : Le Moniteur parisien : télégraphe des départements : chronique des tribunaux, de la politique, de la littérature et de l'industrie
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1848-02-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328195432
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 février 1848 21 février 1848
Description : 1848/02/21 (N52,A18). 1848/02/21 (N52,A18).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6725015f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-1276
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/02/2016
citrens, soufre, etc., à destination du port d’Anvers,
a touché sur une roche près de celle nommée la Ju-
ment, dans l‘O.-S.-0. de HleOueaMnl. Par le choc,
1c gouvernails été démonté. Le navire faisant brau-
coup d’rau, et la brume étant très épais e, lecapi-
taine, l’équipage et le passager se sontrendus dany la
chaloupe, à Ouessant ,Poù lis ont'pl débarquer le'
même jour, à sept heures du matin.
• Le syndic des gens de mer de celte Ile a immé-
diatement fait armer six ou sept embarcations avec
lesquelles on s’est mis à la recherche du batiment,
qu'on a été assez heureux de rencontrer et de con-
duire dans l’anse de Porspol, où on a pu, malgré
l'intensité d'une brume continuelle, mouiller la goë-
Jette en sûreté. Le syndic a laissé à bord dix hom
mes de Plie pour aider l’équipage à servir les pom
pes. Ce bâtiment fait quarante centimètres d’eau à
l’heure. Le capitaine, arrivé hier au Conquct, s’est
rendu ce matin à Brest, près de M. le consul anglais,
pour aviser aux moyens de réparer son navire. M. le
préfet maritime, instruit de ce fait, a ordonné au va
peur le Flambeau d'aller prendre le Dexterous à la
remorque pour le conduire à Brest, où il pourra être
réparé et remis en état de continuer son voyage. »
— Un abominable attentat vient d’avoir lieu sur le
chemin de fer de Marseille à Avignon. Des misérables
avaient placé en travers de la voie une énorme barre
de fer qui, déviée au passage du convoi par un ha
sard providentiel, n’a eu d’autres résultats que d'im
primer une forte secousse aux wagons. On frémit,
quand on songe à l’épouvant able désastre que pou
vait produire cette noire machination. Il est à désirer
que les coupables soient découverts, afin qu’un exem
ple sévère prévienne le retour de ces criminelles
tentatives.
— Des voleurs se sont introduits pendant la nuit du
16 au 17 dans les bureaux de la recette particulière
de Savenay (Loire-Inférieure), et ont emporté une
somme de 56,000 fr. en espèces. Ils sont d’abord en
trés dans un jardin adjacent aux bureaux, et à l’aide
de leviers en fer, ils ont fait dans le mur un trou
qui est venu aboutir à la pièce où étaient déposés les
fonds. Ils ont allumé des papiers pour s’éclairer, et
après avoir forcé et vidé la caisse, ils se sont iétirés
sans être entend us de personne. La somme volée pro
venait d’un versement opéré la veille à la recette par
ticulière, par le receveur des douanes de Guérande.
— Un banquier de Bayonne faisait venir d’Espazne
500,000 f. partie en oi et partieen argent. Le 15, à l’ar
rivée du courrier chargé de les transporter, on vou
lut faire vérification de la somme, mais il manquait
80,000 fr en or, et cependant un des associés de
«'cite maison de banque se trouvait dans le courier
et ne l’avait pas quitté pour mieux surveiller sans
doute le précieux colis.
Sur la plainte de la partie intéressée, le majorai a
été arrêté, et une perquisition a été faite dans son
habitation à Bayonne; on y a trouvé 5,000 fr. en ar-
gentqui ne sauraient provenir, comme de raison, des
80,000 fr. en or soustraits ou perdus. Il a offert en
meme temps un billet de 46,000 fr. sur une tierce
personne. Que sont devenus les quatre-vingt mille
francs? Sont-ils en France ou en Espagne ? Se retrou
veront-ils 1
AU HEDACTEUR.
• Paris, le 19 février 1818.
Monsieur te rédacteur.
Dans votre numéro du 15 de ce mois, en rendant compte
«‘une séance publique tenue à l’Hôtel-de-Villc le 13 février,
par la société protectrice des animaux, sous la présidence de
M. Paganel, secrétaire général du ministère du commerce et de
l’agriculture, vous ajoutez cette phrase : « Avec lui ont pris
place au bureau, MM. le marquis de Faudoat-Rochechouart,
président de la société, etc., etc. «
Sans entrer dans qucon détails généalogiques qui prendraient
beaucoup trop de place ici, nous nous bornons à vous prier de
vouloir bien insérer dans votre plus prochain numéro la ré
clamation suivante : .
« Les soussignés, comme chefs des branches qui seules ont
« le droit de porter le nom de Rochechouart, déclarent ne re-
- connaître en aucune façon M. le marquis de Faudoas pour
" être de leur maison, et que c’est par erreur qu’il a ajouté à
« son nom de famille celui de la nôtre, auquel, nous le répé-
« tons. il n’a et ne peut avoir aucun droit. »
Agréez, monsieur le rédacteur, l'assurance de notre considé
ration la plus distinguée.
Le général COMTE de ROCHECHOUART ; Dire de
MORTEMART, pair de France ; MARQUIS de
MORTEMART, membre de la chambre des dé
putés.
TRIBUNAUX.
Le sieur Warnery, condamné par jugement du
tribunal de police correctionnelle de la Seine (8 e
chambre), en date du 7 février, comme coupable de
dénonciation calomnieuse, a un an d’emprisonne
ment, à 1,000 fr. d’amende et 1,000 fr. de dommages,
intérêts envers chacune des huit parties civiles, n’a
pas interjeté appel de ce jugement, qui est aujour-
d’hui definitif.
— Deux frères étaient assis sur les bancs de la
sixième chambre. Les faits qui amenaient là ces deux
hommes sont de la nature la plus odieuse et la plus
révoltante. Une malheureuse jeune fille, qu'à son ex
térieur on ne pourrait croire tombée si bas, raconte
en pleurant celle lameutable histoire. Accablée de
mulsere, ells avait consenti à partager l’existence de
ces deux hommes, qui bientôt la forcèrent à se livrer
à la plus honteuse industrie. Chaque jour la pauvre
fille était battue par ces misérables, quand elle es-
savai t je s oustraire à leur basse erpidité une partie
du triste salaire que lui jetait le libertinage.'*.
Un-kamme généreux, témoin par hasard Ve ces
scènes odieuses, vint au secours de crtte malheu
reuse créature, et appela sur les mystères de cette
existence abandonnée l’attention de l’autorité et de la
justice. Ces deux frères, qui déclarent s’appeler An
toine et Louis Naudin, démentent le récit de leur
malheureuse victime et les dépositions des témoins
avec un sang-froid qui excite dans l’auditoire une vive
émotion. z
En entendant le jugement qui les condamne à trois
ans de prison, Louis Naudin monte sur la balustrade
qui sépare le banc des prévenus du reste de l’audi
toire, et se précipite la tête la première sur le par
quet. Il est immédiatement relevé par les gendar
mes, et parait n’êlre point blessé. Cet incident cause
dans l’audience une vive émotion, que les magistrats
eux-mêmes paraissent partager. On se demande si
cet homme a voulu se donner la mort, ou s’il a cher
ché à fuir en franchissant la balustrade.
Deux femmes, la mère et la sœur des prévenus, se
sont précipitées dans les bras de Louis, et co n'est
qu’avec peine que les gardes municipaux ont pu les
détacher de lui pour emmener les deux condamnés,
qui ont protesté de leur innocence. « La loi vous donne
les moyens de faire réformer la sentence du tribu
nal, leur a dit M. le président, si vous la trouvez trop
sévère. »
— La cour d’assises de la Seine-Inférieure juge en
ce moment le nommé Neveu, accusé d’avoir tué à
coups de pied, à coups de poing et à coups de cou
teau, sa femme, à peine âgée de vingt ans. Voici
quelques-uns des faits révélés par les débats.
L’accusé, qui, par ses mauvais exemples et par l’a
bus de son autorité, avait, autant qu’il était en son
pouvoir, fait contracter à sa femme le goût des li
queurs fortes, voulut néanmoins réprimer par la vio
lence les habitudes vicieuses qu'il lui avait fait pren
dre.
Souvent ivre lui-même et dans un état tel qu’il ne
pouvait savoir si sa femme avait ou non profité de
son absence pour boire, il la frappait impitoyable
ment à son retour. Armé tantôt d’un fouet, tantôt
d’un martinet à battre les habits, il la dépouillait de
ses vêtemens et la maltraitait ensuite jusqu’à ce que
son corps fût couvert de contusions et déchiré de
coups.
Un témoin chargé de la coiffer a déclaré que bien
des fois il n’avait pu le faire, tant elle avait reçu de
blessures sur la tête. Ce qui prouve encore combien
de pareilles scènes étaient nombreuses et graves, et
à quels dangers la dame Neveu était chaque jour ex
posée, c’est que, dans une perquisition faite après sa
mort, on a retrouvé, brisés en plusieurs morceaux,
des peignes dont elle a fait usage.
Cette malheureuse fut enfin tuée. Les coups que
son mari lui donnait ébranlèrent tout l’appartement.
On procéda à l'autopsie. Les médecins constatè
rent cent dix blessures, ecchymoses, excoriatons ou
plaies. La surface de 1 peau, en raison de ces nom
breuses lésions, offrait un aspect tigré d’un effet
horrible. Deux coups portés, l’un à l’épaule, l’autre à
la poitrine, avaient dû être faits avec un instrument
tel qu’un petit couteau.
Toutes ces blessures avaient occasionné des dés
ordres considérables. Les unes auraient pu être se
condairement mortelles; les autres avaient dû pro
duire instantanément la mort. Il y avait eu fracture
du sternum et lésions dans le foie et dans le cœur.
Cesaccidens avaient dû être causés par une pression
très forte exercée sur la dame Neveu pendant qu’elle
était étendue sur le parquet. Elle avait été littérale
ment écrasée.
Enfin, les hommes de l’art ajoutèrent que la multi
plicité des blessures annonçait, de la part du meur
trier, une cruauté inouie, de même qu’elle faisait
croire à l’existence d’une lutte assez prolongée.
Nous ne connaissons pas encore le verdict du
jury.
— Les deux condamnés Rosseel et Vandenplas ont
été exécutés avant-hier à Bruxelles
COUR D’ASSISES DE LA HAUTE-GARONNE.
Présidence de M. de La Baume.—Audience du 16 février.
AFFAIRE CÉCILE COMBETTES.
I /audience est ouverte a dix heures.
Le frère Lorien est ramené.
M. le président. — Nous avons entendu hier un témoin que
vous avez dû entendre aussi. La femme Bay lac a dit que le di
recteur avait envojé son argent à la femme Conte le jeudi 15,
par un frère... Etait-ce vous qui portiez cet argent?
Lorien. — C’était moi.
B. A quelle heure? — R. Peut-être vers les deux heures du
soir.
1). Vous avez dit qu’il y avait long-temps que vous aviez
quitté le jardin. — R. il y avait à peu près une heure.
D. Vous n’y è es plus rentre? — Non, monsieur le pré
sident.
M.te-président.—Faites venir la femme Baylac.
La femme Baylac se présente.
M. le président, à la femme Baylac. — Quelle heure était-il
lorsque vous allates à la Communauté et que le frère qui avait
des sabots porta l’argent à 3me Conte ?
La femme Baylac: =A peu prés quatre heures;
M. le président, à Lorien. — Vous venez de dire que voua
aviez quitté le jardin, et que vous n’y rentrâtes plus.
Lorien. - Monsieur le président, je me rappelle que je suis
rentré à l’orangerie.... , .
M. le président, sévèrement.—Retirez-vous....Vous venez de
dire le contraire de ce que vous alliez soutenir de nouveau.
। (MouverJent prolongé.) Gendarmes, Vconduisc» ce témoin en
prison ; sa presence est désormais inutile.... ( Profonde sen-
sation.)
Jean Rudel, coiffeur à Lavaur, dépose qu'il était venu à
Toulouse, parce qu'il n’avait pas d’ouvrage à Lavaur. Il se
présenta à l’établissement porteur d’une lettre des parens du
frère Navarre ; le portier le fit entrer au parloir et lui dit qu'il
allait prévenir le frère Navarre : ce dernier arriva bientôt, et
le témoin causa avec lui quelque temps.
D. Avez-vous vu, pendant que vous étiez au parloir, qu’un
homme soit entré dans la Communauté avec des femme» por
tant des livres ? — R. Je ne me le rappelle pas.
D. Quand vous vous en êtes allé, vous êtes passé par le
vestibule, y avait-il d'autres personnes dans ce vestibule? —
R. Je ne me le rappelle pas, je n’ai vu personne.
D. N’avez-vous pas reçu un billet le lendemain? — R. Oui,
monsieur.
D. Eh bien! il faut le dire! — R. J’ai reçu un billet du frère
Floride, qui m’écrivait pour me dire d’aller à l’établissement des
frères, et j’y suis allé. On m'a demandé, à moi et à Vidal, si
pendant que nous étions dans le parloir ou dans le vestibule,
nous n'avions vu personne dans le parloir; nous avons ré
pondu que non.
M. le président. — Allez vous asseoir. Je vous engage à vous
tenir près de la cour, parce que nous aurons sans doute besoin
de vous.
Marius Vidal, imprimeur à Lavaur, dépose ainsi :
Lorsque je fus appelé par le juge d’instruction , je dis qu’il
m’avait semblé voir cette jeune fille dans les environs; mais
quelques jours après, je vis bien, et je fus persuadé que cela
m’avait été impossible. (Vive émotion.)
M. le président. - La révélation que vous faites aujourd'hui
est bien grave et est aussi bien tardive. Nous sommes à nous
demander comment vous avez pu dire que vous aviez vu cette
jeune fille, quand vous n’aviez rien vu qui lui ressemblât.
Aviez-vous vu une femme ou une jeune fille?
Le témoin. — Non, monsieur le président.
M. le président. — Votre déposition était un grand scan
dale Aujourd’hui, il est moindre, grâce aux modifications
que vous y apportez. Mais vous avez, aujourd’hui, une autre
tâche à remplir Comment avez-vous été appelé à dire ce
que vous avez dit au juge d’instruction?
Le témoin. — Nous avons été appelés par les frères pour
savoir si nous n’avions pas vu une jeune fille mais j’ai dé
posé au juge d’instruction la même chose que les frères m’a
vaient dit. (Mouvement indescriptible.)
M. le président — Voyons Dites à la cour quelles sont
les démarches qui ont été faites auprès de vous pour vous dé
terminer à faire la déclaration que vous avez faite?
Le témoin. — On nous a dit : Vous êtes presque sûrs.d’a-
voir vu la jeune fille et de l’avoir vu sortir Puisque vous
en êtes presque sûrs, vous devez le dire, alors. (Sensation.)
M. le président — Puis-je bien croire que, aujourd’hui,
vous disiez toute la vérité? — R. Oui, monsieur le prési
dent.
D. Vous n’avez pas vu une petite fille? — R. Non.
D. Vous ne l’avez pas vue appuyée sûr le montant de la
porte? — R. Non.
D. Pourquoi avez-vous dit que vous l’aviez vue? — R.Par
ce que les frères m’ayant dit que je l'avais vue, je croyais que
je l’avais vue. (Sensation.)
M. le président. — Il ne faut pas être sincère à demi aujour
d’hui. — R. Je sais bien que je ne l’ai pas vue. Le lendemain,
le frète Floride m’envoya chercher. Je m’y rendis. Il futques-
tion de l’événement et de la jeune fille... On ne me poussait
pas encore... c’est à Lavaur qu’on me décida à dire que j’avais
vu la jeune fille... Cependant, un dimanche après l’événement,
j’en avais déjà parlé à Toulouse. J’avais dit que la jeune fille
était habillée de telle et telle manière, parce que c’est comme
ça que les frères m’avaient dit de dire. (Vive émotion.)
D. Pourquoi le dimanche avez-vous dit que vous aviez vu
passer une femme derrière vous par la porte de sortie? — R.
Je le croyais... parce qu’on m'avait fait croire que je le croyais.
(Bruit.)
Navarre, frère Liéther, âgé de 19 ans, professeur dans l’éta-
blissement de Toulouse, dépose. — Le 15 avril, à hiit heures
trente ou quarante minutes, je fus au parloir. En entrant, j’a
perçus Rudel et Vidal et fus m’asseoir auprès d’eux. J’étais
tourné de manière à voir les deux portes, et pouvais voir ce qui
se passa t dans les deux parloirs. Je vis venir le frère Jubrien
qui parla à deux hommes ; il en toucha un sur le bras, puis il
emmena ces deux hommes dans la direction de la cour. Rudel
et Vidal m'avaient demandé à voir les frères de Lavaur. J’allai
demander au f ère Liéfroy la permission de le» conduire à Ru
del et à Vidal. I e frère Liéfroy me l’accorda, et je conduisis
les frères Laphien et Janissien. Lorsque nous fûmes arrivés, je
me mis sur la porte du parloir. J’aperçus Conte qui posait ses
corbeilles. Je me tournai pour le regarder et le saluer. Je vis
près de lui deux personnes du sexe, mais je ne les ai point
fixées... je baissais les yeux. Un moment après, je via Conte
qui prenait des basanes et les donnait à l’une des deux femmes,
en lui disant deux ou trois paroles. Peu après, j’entendis sor-
ner a la porte ; je retournai la tête. Conte entrait dans la cour,
et je ne vis plus les personnes qui l’accompagnaient sous le
vestibule. Lorsque Vidal et Rudel eurent causé et regardé les
dessins, j'allai sonner la clochette pour qu’on leur ouvrit la
porte. Ils continuaient à parler des dessins. Le frère portier ar
riva et ouvrit la porte. À ce moment, Vidal changea de place,
et te trouva a côte de moi, au heu d’être derrière. Je lui de
mandai si quelques connaissances de Lavaur avaient eu beau
coup d'avancement. Le cher frère portier, voyant qu’ils cau-
talent toujours et ne sortaient pas, repoussa la porte sans la
fermer a clé, puis rentra à la loge.
D. Le lendemain de l’événeme nt, n’a-t-on pas appelé Vidal
et Rudel à la communauté?— R. Je n’en sais rien.
Vidal est rappelé.
M. le président, à Vidal. — Il est bien convenu qu’aujour-
d’hui nous disons la vérité, n‘est-ce pas?
Vidal. — Oui, monsieur le président.
M. le président. — Eh bien, dites ce qui s’est passé lorsque,
huit jouis après, on vous fit venir chez les frères.
Vidal. — On me fit conduire dans une chambre où étaient
pinsieure frères, auxquels on fit répéter ce qu'ils «avalent sut
!‘événement, ains! qu'à moi... (Vive eensation.
M. le président.—Le témoin Navarr
Vidal.—Oui, monsieur le président.
M. te président, à Navarre.—Vous de
prendre la gravité de votre aituation...
Il n’a pas tenu parole ; il vient de nous
Navarre.—Il a bien fait de dire la vé
M. le préaident.—Vous devriez faire t
Navarre. — Je le fais. (Humeurs.)
M. le président. — La parole est à
ral.
M. le procureur-général requiert qu'
dent de constater par écrit les dissiden
de se manifester entre la déposition
témoin Vidal.
Le frère IrlIde est introduit.
M. le président. — Dites-nous pour
changé de lit, et à quelle époque ce ch
R. Le changement a eu lieu le samedi
ce changement, le voici : Le frère Lu
procure, était venu me dire le samedi
pu dormir par suite des craintes qu’il
dans un endroit auquel on peut si fai
jardin, et qu’il demandait à monter coi
Pensionnat. Ce qu’il me demandait él
leurs le droit de me le demander ; je le
que le frère Léotade a été reprendre le
ravant dans la chambre longue située d
Louis de Gonzague.
D. Avos-vous entendu dire à un jet
que Cécile était sortie du Noviciat ? —
dire à lui-même, dans le vestibule, ou
D. L’avez-vous vu ailleurs que dans
cour? — R. Je ne me le rappelle pas.
D. N’aurait-on pas amené là ce jeun
entendre les dépositi ns que devaient
communauté? — R. Je ne me le rappt
D. En êtes-vous sûr? — R. (Après u
Je crois effectivement que oui.
D. Ne serait-ce pas autre chose qu
qui vous l’aurait fait oublier d’abord? •
mémoire.
Le témoin Vidal, rappelé, déclare qi
sisté à la conversation qui a eu lieu au
lui qui adressait les questions au tén
l’auditoire.)
M. le président. — Vous avez promi
rité : ne craignez rien ici de la justice, i
abuser de votre jeunesse. Quelles éta
l’on vous faisait? — R. Je ne me les r
Le témoin Irlide. — Je n’ai qu’une
que je n’étais pas le supérieur : il y a
ce que nous désirons tous d’ailleurs, c
fasse.
Le frère Floride est appelé.
Le témoin rend compte des diverses
la justice dans l’établissement des frèr
avril : il entre dans des détails assez él
faites relativement aux empreintes de 1
M. le président interrompt le témoin p
de détails déjà connus par les procès-ve
lement de faits dont il aurait une conni
Le témoin.—Lorsque la justice fit ui
M. le procureur-général m’annonça q
coupable, dans le cas où il se trouvera
que nous fussions soumis à une visite
d'ailleurs le seul moyen de découvrir k
A cette nouvelle, j’avoue que je ne fi
mier sentiment que je tâchai bientôt de
tous les frères, et leur dis: Mes-chers f
d’hui vous demander le plus grand sac
faire. Il faut vous soumettre à une in
mes frères, soumettons-nous; je vous
passerai le premier. (Mouvement.) A c
nos frères se cachèrent le visage ave
versèrent des larmes... (Sensation.) Ma
mimes tous, sans exception ; et pour q
soustraire à celte visite, les divers dil
chacun à celle des frères qui étaient i
M. le président. — N’avez-vous pas é
Lavaur au sujet de cette affaire? — R.
dent. M. le procureur du roi nous ava
les renseignemens possibles ; je leur ai
ai demandé s’ils se rappelaient avoir v
blissement.
Le frère Irlide est rappelé pour ter
déclare que rien, dans l’investigation à
sur les ordres du juge d’instruction, n
ner qu’une jeune fille eût accompli, le
Noviciat au Pensionnat. Il raconte ensi
Léotade dans la journée du 15 avril. C
avril, vers neuf heures, sa lettre d’exai
quelques instans après, il l’envoya à 1
un enfant qui était malade.
Depuis 1840, ajoute le témoin, le frè
conduit avec une parfaite régularité; i
par la nature de ses fonctions, en rappt
les mères et les sœurs des pensionnai n
toujours conduit envers les personne
conspection qui ne nous a jamais périr
trouvé étrange qu’il fut sorti le 16 a
achats et des paiemens ; c’est moi qu
préventions se manifestèrent, j’interr
rogeai avec le plus grand soin, j’interro
et tes domestiques, et j’acquis bientôt I
était complètement innocent.
L’audience est levce a cinq heure;.
AUPILNCS DO 1
(Nous extrayons ce qui suit d’ur
jonrd’hui par la Gazette des Tribunal
par voie extraordinaire, et dont les ce
mandent tout à la fois par leurs dévelo
exactitude.)
A dix heures et demie, l’audience e:
M. le président.—Appelez un témoir
Blanc (frère Dignières). — Je sais de
demis dans le parloir, où je n ai rien
D. N’y êtes-vous pas allé une sec
deux heures moins ve quart. lé n’y è
. — >4 1 ai
a touché sur une roche près de celle nommée la Ju-
ment, dans l‘O.-S.-0. de HleOueaMnl. Par le choc,
1c gouvernails été démonté. Le navire faisant brau-
coup d’rau, et la brume étant très épais e, lecapi-
taine, l’équipage et le passager se sontrendus dany la
chaloupe, à Ouessant ,Poù lis ont'pl débarquer le'
même jour, à sept heures du matin.
• Le syndic des gens de mer de celte Ile a immé-
diatement fait armer six ou sept embarcations avec
lesquelles on s’est mis à la recherche du batiment,
qu'on a été assez heureux de rencontrer et de con-
duire dans l’anse de Porspol, où on a pu, malgré
l'intensité d'une brume continuelle, mouiller la goë-
Jette en sûreté. Le syndic a laissé à bord dix hom
mes de Plie pour aider l’équipage à servir les pom
pes. Ce bâtiment fait quarante centimètres d’eau à
l’heure. Le capitaine, arrivé hier au Conquct, s’est
rendu ce matin à Brest, près de M. le consul anglais,
pour aviser aux moyens de réparer son navire. M. le
préfet maritime, instruit de ce fait, a ordonné au va
peur le Flambeau d'aller prendre le Dexterous à la
remorque pour le conduire à Brest, où il pourra être
réparé et remis en état de continuer son voyage. »
— Un abominable attentat vient d’avoir lieu sur le
chemin de fer de Marseille à Avignon. Des misérables
avaient placé en travers de la voie une énorme barre
de fer qui, déviée au passage du convoi par un ha
sard providentiel, n’a eu d’autres résultats que d'im
primer une forte secousse aux wagons. On frémit,
quand on songe à l’épouvant able désastre que pou
vait produire cette noire machination. Il est à désirer
que les coupables soient découverts, afin qu’un exem
ple sévère prévienne le retour de ces criminelles
tentatives.
— Des voleurs se sont introduits pendant la nuit du
16 au 17 dans les bureaux de la recette particulière
de Savenay (Loire-Inférieure), et ont emporté une
somme de 56,000 fr. en espèces. Ils sont d’abord en
trés dans un jardin adjacent aux bureaux, et à l’aide
de leviers en fer, ils ont fait dans le mur un trou
qui est venu aboutir à la pièce où étaient déposés les
fonds. Ils ont allumé des papiers pour s’éclairer, et
après avoir forcé et vidé la caisse, ils se sont iétirés
sans être entend us de personne. La somme volée pro
venait d’un versement opéré la veille à la recette par
ticulière, par le receveur des douanes de Guérande.
— Un banquier de Bayonne faisait venir d’Espazne
500,000 f. partie en oi et partieen argent. Le 15, à l’ar
rivée du courrier chargé de les transporter, on vou
lut faire vérification de la somme, mais il manquait
80,000 fr en or, et cependant un des associés de
«'cite maison de banque se trouvait dans le courier
et ne l’avait pas quitté pour mieux surveiller sans
doute le précieux colis.
Sur la plainte de la partie intéressée, le majorai a
été arrêté, et une perquisition a été faite dans son
habitation à Bayonne; on y a trouvé 5,000 fr. en ar-
gentqui ne sauraient provenir, comme de raison, des
80,000 fr. en or soustraits ou perdus. Il a offert en
meme temps un billet de 46,000 fr. sur une tierce
personne. Que sont devenus les quatre-vingt mille
francs? Sont-ils en France ou en Espagne ? Se retrou
veront-ils 1
AU HEDACTEUR.
• Paris, le 19 février 1818.
Monsieur te rédacteur.
Dans votre numéro du 15 de ce mois, en rendant compte
«‘une séance publique tenue à l’Hôtel-de-Villc le 13 février,
par la société protectrice des animaux, sous la présidence de
M. Paganel, secrétaire général du ministère du commerce et de
l’agriculture, vous ajoutez cette phrase : « Avec lui ont pris
place au bureau, MM. le marquis de Faudoat-Rochechouart,
président de la société, etc., etc. «
Sans entrer dans qucon détails généalogiques qui prendraient
beaucoup trop de place ici, nous nous bornons à vous prier de
vouloir bien insérer dans votre plus prochain numéro la ré
clamation suivante : .
« Les soussignés, comme chefs des branches qui seules ont
« le droit de porter le nom de Rochechouart, déclarent ne re-
- connaître en aucune façon M. le marquis de Faudoas pour
" être de leur maison, et que c’est par erreur qu’il a ajouté à
« son nom de famille celui de la nôtre, auquel, nous le répé-
« tons. il n’a et ne peut avoir aucun droit. »
Agréez, monsieur le rédacteur, l'assurance de notre considé
ration la plus distinguée.
Le général COMTE de ROCHECHOUART ; Dire de
MORTEMART, pair de France ; MARQUIS de
MORTEMART, membre de la chambre des dé
putés.
TRIBUNAUX.
Le sieur Warnery, condamné par jugement du
tribunal de police correctionnelle de la Seine (8 e
chambre), en date du 7 février, comme coupable de
dénonciation calomnieuse, a un an d’emprisonne
ment, à 1,000 fr. d’amende et 1,000 fr. de dommages,
intérêts envers chacune des huit parties civiles, n’a
pas interjeté appel de ce jugement, qui est aujour-
d’hui definitif.
— Deux frères étaient assis sur les bancs de la
sixième chambre. Les faits qui amenaient là ces deux
hommes sont de la nature la plus odieuse et la plus
révoltante. Une malheureuse jeune fille, qu'à son ex
térieur on ne pourrait croire tombée si bas, raconte
en pleurant celle lameutable histoire. Accablée de
mulsere, ells avait consenti à partager l’existence de
ces deux hommes, qui bientôt la forcèrent à se livrer
à la plus honteuse industrie. Chaque jour la pauvre
fille était battue par ces misérables, quand elle es-
savai t je s oustraire à leur basse erpidité une partie
du triste salaire que lui jetait le libertinage.'*.
Un-kamme généreux, témoin par hasard Ve ces
scènes odieuses, vint au secours de crtte malheu
reuse créature, et appela sur les mystères de cette
existence abandonnée l’attention de l’autorité et de la
justice. Ces deux frères, qui déclarent s’appeler An
toine et Louis Naudin, démentent le récit de leur
malheureuse victime et les dépositions des témoins
avec un sang-froid qui excite dans l’auditoire une vive
émotion. z
En entendant le jugement qui les condamne à trois
ans de prison, Louis Naudin monte sur la balustrade
qui sépare le banc des prévenus du reste de l’audi
toire, et se précipite la tête la première sur le par
quet. Il est immédiatement relevé par les gendar
mes, et parait n’êlre point blessé. Cet incident cause
dans l’audience une vive émotion, que les magistrats
eux-mêmes paraissent partager. On se demande si
cet homme a voulu se donner la mort, ou s’il a cher
ché à fuir en franchissant la balustrade.
Deux femmes, la mère et la sœur des prévenus, se
sont précipitées dans les bras de Louis, et co n'est
qu’avec peine que les gardes municipaux ont pu les
détacher de lui pour emmener les deux condamnés,
qui ont protesté de leur innocence. « La loi vous donne
les moyens de faire réformer la sentence du tribu
nal, leur a dit M. le président, si vous la trouvez trop
sévère. »
— La cour d’assises de la Seine-Inférieure juge en
ce moment le nommé Neveu, accusé d’avoir tué à
coups de pied, à coups de poing et à coups de cou
teau, sa femme, à peine âgée de vingt ans. Voici
quelques-uns des faits révélés par les débats.
L’accusé, qui, par ses mauvais exemples et par l’a
bus de son autorité, avait, autant qu’il était en son
pouvoir, fait contracter à sa femme le goût des li
queurs fortes, voulut néanmoins réprimer par la vio
lence les habitudes vicieuses qu'il lui avait fait pren
dre.
Souvent ivre lui-même et dans un état tel qu’il ne
pouvait savoir si sa femme avait ou non profité de
son absence pour boire, il la frappait impitoyable
ment à son retour. Armé tantôt d’un fouet, tantôt
d’un martinet à battre les habits, il la dépouillait de
ses vêtemens et la maltraitait ensuite jusqu’à ce que
son corps fût couvert de contusions et déchiré de
coups.
Un témoin chargé de la coiffer a déclaré que bien
des fois il n’avait pu le faire, tant elle avait reçu de
blessures sur la tête. Ce qui prouve encore combien
de pareilles scènes étaient nombreuses et graves, et
à quels dangers la dame Neveu était chaque jour ex
posée, c’est que, dans une perquisition faite après sa
mort, on a retrouvé, brisés en plusieurs morceaux,
des peignes dont elle a fait usage.
Cette malheureuse fut enfin tuée. Les coups que
son mari lui donnait ébranlèrent tout l’appartement.
On procéda à l'autopsie. Les médecins constatè
rent cent dix blessures, ecchymoses, excoriatons ou
plaies. La surface de 1 peau, en raison de ces nom
breuses lésions, offrait un aspect tigré d’un effet
horrible. Deux coups portés, l’un à l’épaule, l’autre à
la poitrine, avaient dû être faits avec un instrument
tel qu’un petit couteau.
Toutes ces blessures avaient occasionné des dés
ordres considérables. Les unes auraient pu être se
condairement mortelles; les autres avaient dû pro
duire instantanément la mort. Il y avait eu fracture
du sternum et lésions dans le foie et dans le cœur.
Cesaccidens avaient dû être causés par une pression
très forte exercée sur la dame Neveu pendant qu’elle
était étendue sur le parquet. Elle avait été littérale
ment écrasée.
Enfin, les hommes de l’art ajoutèrent que la multi
plicité des blessures annonçait, de la part du meur
trier, une cruauté inouie, de même qu’elle faisait
croire à l’existence d’une lutte assez prolongée.
Nous ne connaissons pas encore le verdict du
jury.
— Les deux condamnés Rosseel et Vandenplas ont
été exécutés avant-hier à Bruxelles
COUR D’ASSISES DE LA HAUTE-GARONNE.
Présidence de M. de La Baume.—Audience du 16 février.
AFFAIRE CÉCILE COMBETTES.
I /audience est ouverte a dix heures.
Le frère Lorien est ramené.
M. le président. — Nous avons entendu hier un témoin que
vous avez dû entendre aussi. La femme Bay lac a dit que le di
recteur avait envojé son argent à la femme Conte le jeudi 15,
par un frère... Etait-ce vous qui portiez cet argent?
Lorien. — C’était moi.
B. A quelle heure? — R. Peut-être vers les deux heures du
soir.
1). Vous avez dit qu’il y avait long-temps que vous aviez
quitté le jardin. — R. il y avait à peu près une heure.
D. Vous n’y è es plus rentre? — Non, monsieur le pré
sident.
M.te-président.—Faites venir la femme Baylac.
La femme Baylac se présente.
M. le président, à la femme Baylac. — Quelle heure était-il
lorsque vous allates à la Communauté et que le frère qui avait
des sabots porta l’argent à 3me Conte ?
La femme Baylac: =A peu prés quatre heures;
M. le président, à Lorien. — Vous venez de dire que voua
aviez quitté le jardin, et que vous n’y rentrâtes plus.
Lorien. - Monsieur le président, je me rappelle que je suis
rentré à l’orangerie.... , .
M. le président, sévèrement.—Retirez-vous....Vous venez de
dire le contraire de ce que vous alliez soutenir de nouveau.
। (MouverJent prolongé.) Gendarmes, Vconduisc» ce témoin en
prison ; sa presence est désormais inutile.... ( Profonde sen-
sation.)
Jean Rudel, coiffeur à Lavaur, dépose qu'il était venu à
Toulouse, parce qu'il n’avait pas d’ouvrage à Lavaur. Il se
présenta à l’établissement porteur d’une lettre des parens du
frère Navarre ; le portier le fit entrer au parloir et lui dit qu'il
allait prévenir le frère Navarre : ce dernier arriva bientôt, et
le témoin causa avec lui quelque temps.
D. Avez-vous vu, pendant que vous étiez au parloir, qu’un
homme soit entré dans la Communauté avec des femme» por
tant des livres ? — R. Je ne me le rappelle pas.
D. Quand vous vous en êtes allé, vous êtes passé par le
vestibule, y avait-il d'autres personnes dans ce vestibule? —
R. Je ne me le rappelle pas, je n’ai vu personne.
D. N’avez-vous pas reçu un billet le lendemain? — R. Oui,
monsieur.
D. Eh bien! il faut le dire! — R. J’ai reçu un billet du frère
Floride, qui m’écrivait pour me dire d’aller à l’établissement des
frères, et j’y suis allé. On m'a demandé, à moi et à Vidal, si
pendant que nous étions dans le parloir ou dans le vestibule,
nous n'avions vu personne dans le parloir; nous avons ré
pondu que non.
M. le président. — Allez vous asseoir. Je vous engage à vous
tenir près de la cour, parce que nous aurons sans doute besoin
de vous.
Marius Vidal, imprimeur à Lavaur, dépose ainsi :
Lorsque je fus appelé par le juge d’instruction , je dis qu’il
m’avait semblé voir cette jeune fille dans les environs; mais
quelques jours après, je vis bien, et je fus persuadé que cela
m’avait été impossible. (Vive émotion.)
M. le président. - La révélation que vous faites aujourd'hui
est bien grave et est aussi bien tardive. Nous sommes à nous
demander comment vous avez pu dire que vous aviez vu cette
jeune fille, quand vous n’aviez rien vu qui lui ressemblât.
Aviez-vous vu une femme ou une jeune fille?
Le témoin. — Non, monsieur le président.
M. le président. — Votre déposition était un grand scan
dale Aujourd’hui, il est moindre, grâce aux modifications
que vous y apportez. Mais vous avez, aujourd’hui, une autre
tâche à remplir Comment avez-vous été appelé à dire ce
que vous avez dit au juge d’instruction?
Le témoin. — Nous avons été appelés par les frères pour
savoir si nous n’avions pas vu une jeune fille mais j’ai dé
posé au juge d’instruction la même chose que les frères m’a
vaient dit. (Mouvement indescriptible.)
M. le président — Voyons Dites à la cour quelles sont
les démarches qui ont été faites auprès de vous pour vous dé
terminer à faire la déclaration que vous avez faite?
Le témoin. — On nous a dit : Vous êtes presque sûrs.d’a-
voir vu la jeune fille et de l’avoir vu sortir Puisque vous
en êtes presque sûrs, vous devez le dire, alors. (Sensation.)
M. le président — Puis-je bien croire que, aujourd’hui,
vous disiez toute la vérité? — R. Oui, monsieur le prési
dent.
D. Vous n’avez pas vu une petite fille? — R. Non.
D. Vous ne l’avez pas vue appuyée sûr le montant de la
porte? — R. Non.
D. Pourquoi avez-vous dit que vous l’aviez vue? — R.Par
ce que les frères m’ayant dit que je l'avais vue, je croyais que
je l’avais vue. (Sensation.)
M. le président. — Il ne faut pas être sincère à demi aujour
d’hui. — R. Je sais bien que je ne l’ai pas vue. Le lendemain,
le frète Floride m’envoya chercher. Je m’y rendis. Il futques-
tion de l’événement et de la jeune fille... On ne me poussait
pas encore... c’est à Lavaur qu’on me décida à dire que j’avais
vu la jeune fille... Cependant, un dimanche après l’événement,
j’en avais déjà parlé à Toulouse. J’avais dit que la jeune fille
était habillée de telle et telle manière, parce que c’est comme
ça que les frères m’avaient dit de dire. (Vive émotion.)
D. Pourquoi le dimanche avez-vous dit que vous aviez vu
passer une femme derrière vous par la porte de sortie? — R.
Je le croyais... parce qu’on m'avait fait croire que je le croyais.
(Bruit.)
Navarre, frère Liéther, âgé de 19 ans, professeur dans l’éta-
blissement de Toulouse, dépose. — Le 15 avril, à hiit heures
trente ou quarante minutes, je fus au parloir. En entrant, j’a
perçus Rudel et Vidal et fus m’asseoir auprès d’eux. J’étais
tourné de manière à voir les deux portes, et pouvais voir ce qui
se passa t dans les deux parloirs. Je vis venir le frère Jubrien
qui parla à deux hommes ; il en toucha un sur le bras, puis il
emmena ces deux hommes dans la direction de la cour. Rudel
et Vidal m'avaient demandé à voir les frères de Lavaur. J’allai
demander au f ère Liéfroy la permission de le» conduire à Ru
del et à Vidal. I e frère Liéfroy me l’accorda, et je conduisis
les frères Laphien et Janissien. Lorsque nous fûmes arrivés, je
me mis sur la porte du parloir. J’aperçus Conte qui posait ses
corbeilles. Je me tournai pour le regarder et le saluer. Je vis
près de lui deux personnes du sexe, mais je ne les ai point
fixées... je baissais les yeux. Un moment après, je via Conte
qui prenait des basanes et les donnait à l’une des deux femmes,
en lui disant deux ou trois paroles. Peu après, j’entendis sor-
ner a la porte ; je retournai la tête. Conte entrait dans la cour,
et je ne vis plus les personnes qui l’accompagnaient sous le
vestibule. Lorsque Vidal et Rudel eurent causé et regardé les
dessins, j'allai sonner la clochette pour qu’on leur ouvrit la
porte. Ils continuaient à parler des dessins. Le frère portier ar
riva et ouvrit la porte. À ce moment, Vidal changea de place,
et te trouva a côte de moi, au heu d’être derrière. Je lui de
mandai si quelques connaissances de Lavaur avaient eu beau
coup d'avancement. Le cher frère portier, voyant qu’ils cau-
talent toujours et ne sortaient pas, repoussa la porte sans la
fermer a clé, puis rentra à la loge.
D. Le lendemain de l’événeme nt, n’a-t-on pas appelé Vidal
et Rudel à la communauté?— R. Je n’en sais rien.
Vidal est rappelé.
M. le président, à Vidal. — Il est bien convenu qu’aujour-
d’hui nous disons la vérité, n‘est-ce pas?
Vidal. — Oui, monsieur le président.
M. le président. — Eh bien, dites ce qui s’est passé lorsque,
huit jouis après, on vous fit venir chez les frères.
Vidal. — On me fit conduire dans une chambre où étaient
pinsieure frères, auxquels on fit répéter ce qu'ils «avalent sut
!‘événement, ains! qu'à moi... (Vive eensation.
M. le président.—Le témoin Navarr
Vidal.—Oui, monsieur le président.
M. te président, à Navarre.—Vous de
prendre la gravité de votre aituation...
Il n’a pas tenu parole ; il vient de nous
Navarre.—Il a bien fait de dire la vé
M. le préaident.—Vous devriez faire t
Navarre. — Je le fais. (Humeurs.)
M. le président. — La parole est à
ral.
M. le procureur-général requiert qu'
dent de constater par écrit les dissiden
de se manifester entre la déposition
témoin Vidal.
Le frère IrlIde est introduit.
M. le président. — Dites-nous pour
changé de lit, et à quelle époque ce ch
R. Le changement a eu lieu le samedi
ce changement, le voici : Le frère Lu
procure, était venu me dire le samedi
pu dormir par suite des craintes qu’il
dans un endroit auquel on peut si fai
jardin, et qu’il demandait à monter coi
Pensionnat. Ce qu’il me demandait él
leurs le droit de me le demander ; je le
que le frère Léotade a été reprendre le
ravant dans la chambre longue située d
Louis de Gonzague.
D. Avos-vous entendu dire à un jet
que Cécile était sortie du Noviciat ? —
dire à lui-même, dans le vestibule, ou
D. L’avez-vous vu ailleurs que dans
cour? — R. Je ne me le rappelle pas.
D. N’aurait-on pas amené là ce jeun
entendre les dépositi ns que devaient
communauté? — R. Je ne me le rappt
D. En êtes-vous sûr? — R. (Après u
Je crois effectivement que oui.
D. Ne serait-ce pas autre chose qu
qui vous l’aurait fait oublier d’abord? •
mémoire.
Le témoin Vidal, rappelé, déclare qi
sisté à la conversation qui a eu lieu au
lui qui adressait les questions au tén
l’auditoire.)
M. le président. — Vous avez promi
rité : ne craignez rien ici de la justice, i
abuser de votre jeunesse. Quelles éta
l’on vous faisait? — R. Je ne me les r
Le témoin Irlide. — Je n’ai qu’une
que je n’étais pas le supérieur : il y a
ce que nous désirons tous d’ailleurs, c
fasse.
Le frère Floride est appelé.
Le témoin rend compte des diverses
la justice dans l’établissement des frèr
avril : il entre dans des détails assez él
faites relativement aux empreintes de 1
M. le président interrompt le témoin p
de détails déjà connus par les procès-ve
lement de faits dont il aurait une conni
Le témoin.—Lorsque la justice fit ui
M. le procureur-général m’annonça q
coupable, dans le cas où il se trouvera
que nous fussions soumis à une visite
d'ailleurs le seul moyen de découvrir k
A cette nouvelle, j’avoue que je ne fi
mier sentiment que je tâchai bientôt de
tous les frères, et leur dis: Mes-chers f
d’hui vous demander le plus grand sac
faire. Il faut vous soumettre à une in
mes frères, soumettons-nous; je vous
passerai le premier. (Mouvement.) A c
nos frères se cachèrent le visage ave
versèrent des larmes... (Sensation.) Ma
mimes tous, sans exception ; et pour q
soustraire à celte visite, les divers dil
chacun à celle des frères qui étaient i
M. le président. — N’avez-vous pas é
Lavaur au sujet de cette affaire? — R.
dent. M. le procureur du roi nous ava
les renseignemens possibles ; je leur ai
ai demandé s’ils se rappelaient avoir v
blissement.
Le frère Irlide est rappelé pour ter
déclare que rien, dans l’investigation à
sur les ordres du juge d’instruction, n
ner qu’une jeune fille eût accompli, le
Noviciat au Pensionnat. Il raconte ensi
Léotade dans la journée du 15 avril. C
avril, vers neuf heures, sa lettre d’exai
quelques instans après, il l’envoya à 1
un enfant qui était malade.
Depuis 1840, ajoute le témoin, le frè
conduit avec une parfaite régularité; i
par la nature de ses fonctions, en rappt
les mères et les sœurs des pensionnai n
toujours conduit envers les personne
conspection qui ne nous a jamais périr
trouvé étrange qu’il fut sorti le 16 a
achats et des paiemens ; c’est moi qu
préventions se manifestèrent, j’interr
rogeai avec le plus grand soin, j’interro
et tes domestiques, et j’acquis bientôt I
était complètement innocent.
L’audience est levce a cinq heure;.
AUPILNCS DO 1
(Nous extrayons ce qui suit d’ur
jonrd’hui par la Gazette des Tribunal
par voie extraordinaire, et dont les ce
mandent tout à la fois par leurs dévelo
exactitude.)
A dix heures et demie, l’audience e:
M. le président.—Appelez un témoir
Blanc (frère Dignières). — Je sais de
demis dans le parloir, où je n ai rien
D. N’y êtes-vous pas allé une sec
deux heures moins ve quart. lé n’y è
. — >4 1 ai
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.79%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.79%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6725015f/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6725015f/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6725015f/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6725015f/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6725015f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6725015f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6725015f/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest