Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-08-08
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 août 1900 08 août 1900
Description : 1900/08/08 (A4,N973). 1900/08/08 (A4,N973).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6704092c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Mort
du roi Humbert
Les funérailles
Le parcours, à Rome, du cortège des fu-
alèrallles,a été définitivement arrêtécomme
suit : Place Termini, rue Nazionale, place
de Venise, Corso Humbert I-, Fontanella
Borghèse, rue Ripetta, delta Scrofa, place
Samt-Louis-des-Français, rue dei Cr,sconzi,
Panthéon.
Le cercueil du roi sera enveloppé dans
un drapeau de la marine royale. Le maire
de Home a demandé que ce drapeau fût
celui du cuirassé Roma.
Délégations aux
funérailles
Le secrétaire du conseil municipal, le
lynfJic,quatre assesseurs etquatre ofticiers
municipaux partiront ce soir pour repré-
senter la commune de Milan aux funérailles
du roi Humbert à Rotne.
Le voyage de la famille
royale
Voici la note officielle qui vient d'être
communiquée à la presse relativement au
voyage de la famille royale :
Le roi Viclor-Emmanuel et la reine Hé-
lène partirout mardi soir à 10 heuves.
Mercredi matin partiront par train spé-
cial la ruine Marguerite, la reine Maria Pia
de Fortuit, la duchesse Isabelle Laetitia,
la duchesse Hélène d Aoste, les ducs de
Gênes, d'Oporto, les princes Ferdinand et
Victor Napoléon.
C'est mercredi à 6 h. 27 que les restes du
roi Humuert seront transportés à Rome. Le
cortège traversera toute la ville : les trou-
pes feront la haie sur tout le parcours S.
rendront les honneurs. Le duc d'Aoste et
le comt»» de Turin commanderont l'escorte
de cuirassiers qui accompagnera le corps.
Chapelle ardente
Le personnel du Palai» Royal de Monza a
été admis à visiter la chapelle ardente. Ce
pieux pèlerinage s'est accompli au milieu
des larmes.
Le pui'itc n'a pas encore été admis à
cette visite, mais on pense que des ins-
tructions vont être données incessamment
dans ce sens.
IF*r*estation de serment
Après que le Roi aura prêté serment de-
vant le Parlement, les sénateurs et ensuite
les députés seront invités à jurer collecti-
vement.
On s'attend à des incidents de la part des
députés républicains.
Bresci
Les arrestations de Lorenzo Bresci, frère
de l'assassin, d'Auguste Marocci, son beau-
frères, et celles des anarchistes Gahriello
Livi et Emilio Braga sout maintenues par
ordre.
Tous ces individus sont de Prato. Il sem-
ble qu'ils connaissaient le projet de Bresci
de tuer le Roi.
Lorenzo Bresci a avoué que son frère
s'exerçait au tir au revolver dans les champs
voisins.
La Tribii?ja assure que l'autorité judi-
ciaire connait déjà toute l'organisation du
complot.
Tous les individus arrêtés en faisaient
partie.
Si on avait pu arrêter l'individu qui était
à Mon/a avec Bresci, l'instruction du procès
serait close en une semaine. Tous ceux qui
ont élu arrêtés gardent le secret, mais on
espère que tout sera découvert.
On conl;rme que Malatesla était le chef
du complot.
Arrestation d'anarchistes
D'après le résultat des recherches pour-
suivies par la police l'anarchiste Lanner,
arrêté à Ivrea, avait été désigné pour tuer
la reine Marguerite. Bresci et Lanner ont
avoué qu'il y a beaucoup d'anarchistes ita-
liens à Londres dont chacun est chargé
d'une mission pareille à la leur. Trois
anarchistes ont été arrêtés au moment où
ils allaient franchir la frontière. La police
croit que l'un d'eux est le compagnon de
Bresci à Monza.
Un Russe nommé Yerlinsky a été arrêté
à Milan. Dans la perquisition faite à son
domicile on a trouvé des brochures anar-
chistes.
On mande de Sienne, 4 courant, à la Na-
zione, l'll'l'estaLoD de 10 individus accusés
de faire partie d'une association anarchiste
et qui, dit-on, l'avant-veille, auraient fêté
dans un banquet le meurtre tragique de
Monza.
Rixe à Chicago
Aussitôt la nouvelle de Monza connue,
des invitations ont été lancées parmi les
anarchistes pour une assemblée où devait
être fêtée l'exécution du roi d'Italie. Mme
Parsons, qui devait prononcer le discours
principal, arrivant hier soir trouva l'édifice
Turner Hall fermé et barré par la police.
Elle se dirigea vers la porte cochère d'à
côté, et la foule se massa autour d'elle. La
police chargea les manifestants qui oppo-
sèrent de la résistance. Elle demanda des
renforts et une bagarre générale s'ensuivit.
La police chargea la foule.
On fil, sans pitié usage de bâtons et de
cannes et bon nombre de manifestants du
sexe masculin furent assommés. Les fem-
mes ne se trouvèrent guère en meilleure
posture.
Après une rixe longue et sauvage les
rouges se retirèrent écœurés. Mme Parsons
fut arrêtée portant une cocarde teinte d'un
rouge très vif. On a opéré encore cinq au-
tres arrestations, et vingt-cinq blessés ont
été transportés à l'hôPItal.
Dernière Création PERNOT
PJ!R.IS£TT,e
Exquise Gaufrette fondante)
Le Shah de Perse
A PARIS
Au Trocadéro
Le shah de Perse a consenti hier matin
à se soumettre au programme fixé. Avec
son escorte de cuirassiers il a quitté &
neuf heures un quart le palais des Souve-
rains et il s'est rendu par l'avenue Mala-
koff au Trooadéro où l'attendaient MM. Pi-
card, commissaire général; Chardon, secré-
taire général; Chartes Roux, directeur de
la section coloniale, etc.
Le service d'ordre était dirigé par MM.
Touny, directeur de la police municipale,
et Noriot, commissaire divisionnaire.
Les tirailleurs sénégalais qui faisaient
la haie ont porté les armes tandis que la
musique de Madagascar jouait l'hymne
persan.
Le Shah portait un pardessus noir et
s'appuyait sur une canne; il paraissait un
peu soutirant.
Après avoir admiré pendant une demi-
heure l'exposition de Madagascar et no-
tamment le panorama de Tananarive, le
souverain et sa suite ont gagné les jardins
du Troca(léro par la passerelle.
Au moment où le Shah descendait le
£ranfoule a as curieux et. s'avançant vers le
souverain, lui a offert une rose superbe.
Le Shah a accepté la fleur et prenant l'en-
fant dan': ses bras, l'a embrassé aux ap-
plaudissement sdu public, et lui a fait rs
mettre e't souvenir une pièce de 10 francs
à son effigie.
Le prir ce Tenisehef a conduit le cortège
au pavillon de l'Asie russe, où la musique
du Kroulin exécutait elle aussi l'hymne
persan. D'ailleurs, dès que le souverain ,
asiatique passe en quelque endroit, & mille
mètres à la ronde toutes les musiques
font entendre l'hymne persan. Cet hymne
n'a que quatre mesures qui recommencent
tout le temps. Aussi les personnes de la
suite du Shah peuvent-elles se vanter de
l avoir quelquefois entendu.
Le souverain admire la salle du couron-
Qement daires du tsar, examine les travaux lapi-
aircs qu'on exécute en Sibérie et qui sont
montrés dans le pavillon des apanages
royaux, puis on monte dans le Transsibé-
rien Le Shah se déclare satisfait du voyage,
félicite les auteurs du panorama et tra-
verse le pavillon chinois, où M. Vapereau
le conduit.
Enfin, le Shah s'arrête à l'exposition sud-
africaine, où parait surtout l'intéresser l'ex-
ploitation des mines d'or, qu'on lui ex-
plique longuement.
Malgré sa fatigue visible, le Shah a con-
senti à visiter encore le pavillon officiel du
Transvaal où, sur sa demande, une des
personnes de sa suite lui a présenté un
verre d'eau fraîche. Remarquant un petit
félin empaillé, le souverain l'a désigné au
préfet de police en disant :
« Il est gros comme un chat If.
M. Lépine n'a pu s'empêcher de sou-
rire.
Les spahis faisaient la haie devant le pa-
villon officiel de l'Algérie, mais le souverain
préfère rentrer au palais et remonte en
voiture à onze heures un quart. Dix minu-
tes après il avait regagné l'hôtel de l'avenue
du Bois.
Le service d'ordre avait été rendu plus
sévère qu'aux visites précédentes, où le
Shah avait été librement approché des
promeneurs de l'Exposition. M. Paoli, com-
missaire spécial changé de la direction des
services de sureeillance, et M. Descaves,
officier de paix avaient habilement organisé
le service d'ordre et le souverain en a mar-
qué sa satisfaction.
Le Shah est resté jusqu'à quatre heures
et demie au palais des Souverains, où il
s'est fait montrer un grand nombre de pho-
tographies de sa personne et de ses minis-
tres, prises à Contrexéville et à Paris.
Le Shah est ensuite monté en landau et
s'est rendu par les Champs-Elysées et les
quais de la rive gauche à la Monnaie, où il
a été reçu par M. Caillaux, ministre des
finances, et par le haut personnel de l'éta-
blissement.
Sous la direction de M. Arnauné, direc-
teur de la Monnaie, le souverain a visité
successivement les divers ateliers de fabri-
cation des monnaies, demandant fréquem-
ment des éclaircissements au ministre et à
M. Arnauné.
Puis il est monté dans la salle d'exposi-
tion des médailles où il a trouvé à la place
d'honneur une collection très complète,pa-
rait-il, des monnaies persanes.
Le minstre a oirert à Sa Majesté un cof-
fret contenant une série de jetons frappés
en l'honneur de Marie-Antoinette ainsi
qu'un exemplaire de la médaille frappée
en commémoration de la visite du shah
Nassr-ed-Dine, père du souverain actuel à
l'Hôtel des Monnaies.
Enfin. M. Caillaux a remis au Shah, au
nom du Président de la République,la mé-
daille d'or frappée en souvenir de sa vi-
site.
Cette médaille mesure 36 milimètres de
diamètre, pèse 31 grammes et a une valeur
de 110 francs. Elle est à l'effigie de Mozaf-
fer et-Dine et porte au revers autour des
armes de la Perse, une inscription en lan-
gue persane dont voici la traduction :
« L'illustre et grand Mozatrer-ed-Dine,
chef de la tribu des Kadjar, a visité la
Monnaie le 7 août 1900. >>
Le Shah a quitté l'hôtel des Monnaies à
5 h. 112, et est rentré directement au palais
des Souverains où il est arrivé à 6 heures.
Dans la soirée, il a été passer quelques
instants au Nouveau-Cirque.
Aujourd'hui, vers 9 h., le Shah ira visiter
la caserne des pompiers de la rue Malar.
L'après-midi, il se rendra sans doute à la
manufacture des Gobelins. Il assistera le
soir à la représentation de gala à l'Opéra.
L'attentat
M. de Vallee, juge d'instruction, a inter-
rogé, hier, Saison et Valette. Ce dernier
était assisté de M' Le Duc, désigné par le
bâtonnier pour le défendre.
Ainsi que nous le faisions prévoir,le jour
même de l'attentat, Saison est un déséqui-
libré, sujet à des troubles morbides. Un
correspondant du Petit Parisien, envoie sur
la famille de l'assassin, les renseignements
suivants que nous reproduisons sous toutes
réserves.
Saison n'est pas le seul de sa famille qui soit
plus ou moin:- déséquilibré : son p. re fut un
jour extrait manu militari d'une maison qu'il
prétendait être sa propriété, cc qui était inexact;
d'autre part, sa mère a eu des troubles céré-
braux d'un caractère extrêmement grave ; une
nuit elle est sortie dans la rue eu chemise'
poussant des cris aigus et brandissant un cou-
teau; on voulut la maintenir et la désarmer, et
dans cette lutte elle blessa une femme nom-
mée Cœurveille.
La famille Saison habitait à ce moment Ré-
bourguil; la pauvre femme fut conduite à Va-
bres dans la famille de ses parents; on espérait
ainsi la faire soigner plus commodément par les
médecins de Saint-Allrique, mais à peine arri-
vée à Vabres, son état empira tellement qu'on
dut lui mettre la camisole de force. qu'elle
garda pendant une dizaine de jours. Ce fut le
docteur Mouly, de Saint-Affrique, qui la soi-
gna.
Une autre fois, la famille habitant le Moulin-
Neuf, Mme Saison pénétra, armée d'une hache,
dans une maison qu elle prétendait être à elle ;
on fut obligé de prendre mille précautions pour
l'expulser de l'immeuble sans trop de dommages
pour personne. La scèae se passait près de
Montlaur.
Les époux Saison ont cependant toujours été
des gens très sobres, et il est impossible d'attri-
buer ces crises à d'autres causes qu'à un état
morbide, à un déséiiuilibroment térobral ou à
une nervosité maladive dont François Saison
leur tUs, a bien pu hériter.
A la suite de l'attentat contre le shah de,
Perse plusieurs enquêtes ont été faites en
banlieue parmi les groupes d'anarchistes
connus, notamment à Aubervilliers et à
Saint-Ouen.
Nous croyons savoir qu'à la suite des re-
oherches de la police trois arrestatians se-
ront opérées : celles de deux compagnons
de nationalité français et d'un étranger.
Ces espèces de petites terreurs sont bien
ridicules et ne paraisseut nullement moti-
vées parl'acte d'un fou.
JEANNE BRÉMOND.
LES CONGRÈS
SOCIOLOGIE COLONIALE
« Les devoirs que l'expansion coloniale
impose aux puissances colonisatrices, dans
les colonies proprement dites, à l'égard des
populations indigènes n, telle est la ques-
tion que se propose de discuter le Congrès
international de sociologie coloniale. Il
n'en est point de plus actuelle, de plus im-
portante, au point de vue matériel comme
au point de vue moral.
L expérience a démontré quels résultats
négatifs donne cette « méthode Il brutale,
féroce, ces procédés de conquête et d'as-
servissement, ces cruautés inouïes que
Vigné d'Octon a si éloquemment flétries ;
une colonie, tenue sous le régime de la ter-
reur, ne saurait prospérer.
Organiser.d'après les prinoipes de justice
et d'humanité, le régime juridique des po-
pulations indi^èi es, améliorer leurs condi-
tions morales et matérielles d'existence,
c'est le meilleur moyen d'assurer l'autorité
de la métropole et de donner aux colons
toutes les garanties d'ordre et de sécurité
nécessaires à leurs entreprises.
Et c'est plus encore : la seule excuse que
trice, puisse invoquer une puissance colonisa- i
rice, lonqu elle dépossède de leur terrii- i
toire les légitimes propriétaires. En les pr-
vant contre leur gré de leur gouverne-
ment, de leurs lois, de leurs coutumes, «
elle s'engage par cela même h leur donner (
plus de justice et plus de bien-être. Pour <
ne parler que de nous, notre pays a-t-il
toujours tenu ses engagements ? Il est per-
mis d'en douter; notre oivilisation a sou-
vent fait plus de mal que de bien aux po-
pulations indigènes... Les discussions de ce
Congrès réussiront-elles à éclairer les co-
lonisateurs sur leurs devoirs envers les
races dites inférieures?
,.
C'est dans la salle de la Société de Géo-
graphie, une grande salle, froide et solen-
nelle, austèrement décorée de cartes et de
tableaux noirs, que s'est ouvert le Congrès
de Sociologie coloniale, sous la présidence
d'honneur de M. Decrais, ministre des co-
lonies.
Au bureau : M. Le Myre de Vilers, prési-
dent, MM. le prince Roland Bonaparte,
Descours-Desacres, Flaudin, député, vice-
présidents; Leseur, professeur à la Faculté
de droit, secrétaire général ; Grodet, gou-
verneur des colonies, Bouland, de l'Escale,
publiciste, Cordonnier, rédacteur au mi-
nistère de la Justice, Dufourcq, Dubois,
secrétaires; M. Lepel-Cointet, agent de
change, trésorier.
En quelques paroles simples, émues, M.
Decrais remercie le Congrès au nom du
gouvernement. A l'heure où l'œuvre de la
colonisation suscite tant de problèmes Il qui
intéressent à la fois la prospérité colon;ale
et l'honneur de l'Europe chrétienne et civi-
lisée )t, c'est une chance inespérée que
d'être aidé dans cette tâche par tant d'hom-
mes éminents. Leurs conseils, les vœux
qui seront votés à ce Congrès et dont on
prévoit la générosité et l'élévation, aideront
le gouvernement à réaliser l'idéal qu'il se
propose : un idéal de justice et d'humanilé.
M. Decrais observe que les deux divi-
sions, celle d'économie coloniale qui vient
de terminer ses travaux et celle'de la so-
ciologie coloniale qui tes inaugure, sont
étroitement solidaires, et s'inspirent du
même souci : assurer aux indigènes les
bienfaits de la domination.
Œuvre féconde, œuvre nécessaire, car
cf au milieu des obstacles qui s opposent à
la libre action des pouvoirs, il importe
qu'une étoile, celle de l'équité et de la tolé-
rance, éclaire la route et montre le port. »
— J'aime à croire, me dit quelqu'un, que
(f l'Europe chrétienne JI n'est ici qu'une
expression géographique.
— Et que dites-vous des « bienfaits de la
domination » ?
MM. le Myre de Vilers et Bouquet de la
Grye remercient le ministre de sa sollici-
tude, et la séance est levée.
L'alcoolisme ehez les noirs
On s'occupe aujourd'hui, dans la seconde
section, présidée par M. Gaulhiol, secré-
taire général de la Société de Géographie
commerciale, des Il mesures propres à as-
surer la conservation de la race chez les
indigènes ».
Mgr Froisse nous parle tout d'abord des
indigènes océaniens ; d'après lui, ils sont
très perfectibles. Mais ils ont un sentiment
très net de leur indépendance, et o'est en
la respectant qu'on les amènera à respec-
ter nos lois et nos coutumes. « Sauvage ! »
disait un jour un Européen à un Océanien.
« Sauvage, oui, répondit-il, mais libre. »
Cette fierté n'est-elle pas une preuve que
ces indigènes sont mùrs pour la civilisa-
tion » "i
Par malheur, — et ici Mgr Freisse se ren-
contre à la fois avec M. Georges Treille et
avec le docteur Battersby dont on lit les
rapports si documentés — les indigènes no
prennent souvent de la civilisation que ses
vices; et le plus dangereux, sans contredit,
celui qu il importe de combattre, sous
peine de voir disparaître les races indigènes
et de compromettre par cela môme, la
prospérité des colonies, c'est l'alcoolisme.
C'est nous, en effet, qui avons introduit
l'alcoolisme dans les colonies, c'est nous
qui sommes responsables de ses ravages.
Avant la conquête, les noirs avaient bien
des boissons alcooliques qu'ils fabriquaient
eux-mêmes avec du millet. de la banane,
du maïs ou de la sève de palmier; mais, à
peine fermentées, ces boissons étaient moi-
fensives (Voir Paul et Virginie). Noue leur
avons donné le goùt de l'eau-de-vic, la ter-
rible Il eau de feu n, d'autant plus terrible
que le climat est plus chaud.
C'est un fait connu que là 011 les indi-
gènes sont en contact avec les Européens,
sans distinction de nationalité, le vioe de
l'ivrognerie se répand parmi eux et leur
apporte du même coup la dégradation
physique et morale. Et c'est à nos escales
qu on observe le plus de morbidité et de
mortalité chez les indigènes.
Les vœux déposés par le rapporteur, M.
Treille, tendaient à interdire l'importation
des alcools sous les tropiques.
C'est trop demander, déclare avec beau-
coup de bon sens, M. Chailley-Bort, L'im-
portation de l'alcool aux colonies est une
ressource considérable pour le budget.
S'il taisait tout son devoir, l'Etat n'hésite-
rait pas à y renoncer. Mais il ne faut pat,
qu'on se leurre d'un pareil espoir. Pris
entre 50-.' devoir et son intérêt, le gouver-
nement sacrifiera le devoir à l'intérêt. Lu
problème, o'est de faire coïncider ici l'in-
térêt et le devoir. Il ne faut pas que le gou-
vernement promulgue à contre-cœur des
mesures antialcooliques; il importe de bien
le convaincre, que, s'il ne prend pas ces
mesures, c'est la mort des colonies.
Pourtant M. Chailloy-Bert, de même que
M. Lescure, estime que les conclusions dé-
posées doivent souffrir quelques restric-
tions, sous peine de rester platoniques. Et
l'on se met d'accord sur le texte suivant,
qui n'elfarouchera personne, pas même les
distillateurs :
« Etant donné que la prospérité des co-
lonies tropicales est liée au maintien et au
développement de la population indigène,
le Congrès émet le vœu que les accords
pris dans les actes de 1890 et 1899 pour res-
treindre le commerce des spiritueux, dans
lo continent africain soit généralisé, et
qu'un accord diplomatique vienne les éten-
dre à toutes les colonies où il existe une
population indigène.
2- Que les gouvernements fassent com-
prendre aux pouvoirs locaux les dangers
de la consommation intensive de i'al-
cool. »
ANDRÉE TÉRY.
ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
Le Congrès, qui s'est terminé par le ban-
quet le plus nombreux, le plus vivant et le
plus cordial auquel j'aie jamais assisté, a
voté au cours de deux assemblées plénières
des résolutions en si grand nombre que
nous nous demandons encore par quel pro-
dige — même en ce siècle de l'électricité,
— nous avons pu aller si vite.
Il est vrai que sur certains sujets tout le
mondre s'entend, et que si,parfois,il y adis-
cussion, ce ne peut être que sur une ques-
tion de mince détail.
Pour la morale, au contraire, les diver-
gences sont plus profondes et la question
aurait pu dévorer le Congrès tout en-
tier.
A mon avis, elle est loin d'être réglée; il
y faudra revenir; peut-être, après y avoir
plus sérieusement réfléchi, on comprendra
que la leçon de morale devra être aussi
rare que substantielle.car les enfants n'ont
pas plus que les hommes faits la faculté de
s'imprégner d'idées graves et profondes
comme l'éponge de s'imbiber d'eau... cons-
tamlnenl.
Mais ce qui est bien réglé, bien net et
absolument indiscutable, c'est l'unanimité
des sentiments anticléricaux des institu-
teurs réunis à la Sorbonne. Instituteurs,
inspecteurs, directeurs, ont affirmé leur
volonté d'être affranchis de la tyrannie
morale du dogme comme ils entendent
l'être, aussi, de la tyrannie morale du
clergé.
Le Congrès nous a vraiment réconfortés.
L'oeuvre post-scolatre a donné lieu à des
votes intéressants dont les principaux sont i
a) en ce qui concerne les cours d'idoles- <
;eQts et d adultes i i
1. Que l'enseignement donné eux adultes
se divise en cours et conférences.
Les cours, orientés dans un sens pratique
en tenant compte des milieux, devront, au
peint de vue général, s'occuper surtout
d'histoire contemporaine et d'enseignement
eivique.
L'ensemble des conférences devra, au-
tant que possible, présenter un caractère
méthodique.
Pour les uns et pour les autres un appel
sera fait aux personnes compétentes,amies
de l'école laïque.
II.Qu'un livret post-scolaire soit remis aux
jeunes gens pour leur permettre de justi-
fier de leur assiduité aux cours, de la sortie
de l'école jusqu'au régiment, et que des
efforts soient tentés pour que l'armée, les
administrations diverses, les commerçants,
les industriels, tiennent compte de ce li-
vret.
Que les bibliothèques scolaires,plus abon-
damment dotées, puissent échanger entre
elles leurs volumes après avis de l'autorité
compétente.
IV. Que des notices explicatives accom-
pagnent toutes les séries de vues envoyées
par le musée pédagogique.
V. Qu'une indemnité soit accordée aux
instituteurs qui dirigent des cours d'a-
dultes.
(b) En ce qui concerne la mutualité sco-
laire.
1. — Que les éducateurs de tous les pays
s'appliquent à propager les sociétés de
mutualité scolaire, afin de déveiopper les
sentiments de solidarité entre les établis-
sements d'instruction de toute catégorie,
et conséquemment que les lycées et collè-
ges, les écoles primaires et primaires su-
périeures fassent partie des mêmes mutua-
lites.
Il. — Que des mutualités départementa-
les, puis des fédérations de mutualités sco-
laires se constituent.
III. — Que toute facilité soit donnée aux
mutualistes scolaires pour leur admission
dans une autre société de secours mutuels,
avec le maintien des avantages acquis dans
la société iniliale.
c) En ce qui les Association. et patronages,
qu'ils se donnent pour but :
l' L'aide mutuelle, morale et maternelle,
comme par exemple les placements gra-
tuits et les secours.
II. — L'institution de cours d'art (musi-
que, dessin); de cour d apprentissage (mé-
nagers pour les filles, professionnels pour
les garçons).
Ill. — L organisation de fêtes ayant un
caractère moral, nettement éducatif et en
dehors do toute idée politique et reli-
gieuse.
Partant do ce principe que « 1 union fait
la forco l' le Congrès émet le vœu sui-
vant :
l' Que des rapports s'établissent entre
les associations d anciens élèves, les patro-
nages, les sociétés de tir, de musique, etc.
3- Que des réunions départementales et
régionales se constituent.
3' Que les associations et patronages de
garçons reçoivent, par une commune ell-
tente les soldatsdèsa'eux de lire et de s'ins-
truire, etc,, etc.
4- Que par l'entremise soit de 1 école in-
ternationale de l'Exposition, soit du jury
international de l'enseignement, il y ait
échange existant entre les différentes na-
ttons de documents intéressant, l'éducation
populaire, dans toutes ses formes.
En somme, nous dirons que ce Congrès a
voté toutes les formes de la solidarité
laïque.
PAULINE KERGOMARD.
LES ÉTUDIANTS
Les étudiants, en ver'u de leur jeunesse,
font autant de bruit lorsqu'ils travaillent
que lorsqu'ils s'amusent. C'est au milieu
d'un bruit épouvantable qu'ils ont discuté
hier la question de toutes les nationalités
et qu'ils ont tenté d'établir si le Congrès
est un Congrès d'étudiants en général ou
seulement uno assemblée de la Go rd,). /ra-
tres, la fédération internationale des éco-
les.
M. Bellemère, délégué de Paris, estime
que la première question ne saurait avoir
de solution et il propose l'ordre du jour
suivant :
« Le Congrès des étudiants décide qu'il se
consacrera aux intérêts matériels et intel-
lectuels des étudiants et qu'il n'essaiera
pas de remanier la carte d'Europe. Il Il n'en
faut pas plus pour déchainer l'indignation
de la majorité de l'auditoire, qui rejette la
motion. Les Polonais, les Finlandais et les
Transylvaniens sont donc appelés à élire
respectivement trois délégués qui prennent
place à la tribune avec les autres vice-
présidents. Pour la deuxièmo question, la
discussion est aussi vive. Tour à tour MM.
Augier (de Paris), Model (de la Belgique),
Giglio-Tos, président de la Curda fratres ont
pris la parole, celui-ci prétendant que le
Congrès n'était qu'une assemblée générale
de la fédération, ceux-là appuyant M. Bel-
lemère estimant que tous les étudiants
inscrits, même ne faisant pas partie de la
Corda fratres, devaient avoir le droit de
prendre part aux délibérations du Congrès.
Malgré l'intervention de M. le docteur Paul
Tissier, ancien président de l'A. de Paris,
le débat ne reçoit qu'une solution provi-
soire et la séance est renvoyés & ce matin.
Elle promet d'être chaude.
Les fêtes universitaires organisées par
l'Association de Paris continuent à être des
plus suivies. Les étudiants ont assisté, hier
dans l'après-midi, au troisième concert
philharmonique donné au Trocadéro, sous
le patronage du roi de Suède etde Norvège,
par les Sociétés chorales de Christiania. Ils
ont fait une ovation à leurs chefs, MM. A, O.
Grandahl, Johan Svendsen et J. Holter, qui
les en ont récompensés en faisant terminer
le programme par la Marseillaise.
Le soir, pour remplacer la réception que
devait leur offrir M. le Président 'de la Ré-
publique et Mme Loubet,une soirée de gala
a été organisée à 1 Exposition.
: Aujourd'hui, après la séance du matin,
les congressistes qui se sont donné rendez-
vous à une heure à la gare Saint-Lazare,
où un tram spécial les attendra, partiront
| pour Saint-Germain. Après une réception
par la munioipahté, une visite du musée,
ils assisteront à un grand assaut interna-
tional d'escrime qui sera suivi d'une
excursion en voiture, dans la forêt de
Saint-Germain. A sept heures et demie, un
grand banquet les réunira sous la prési-
dence de M. Georges Leygues, ministre de
l'instruction publique. Une retraite aux
flambeaux à laquelle ils prendront part en
costume national, avec leurs insignes et
les bannières déployées, clôturera le bal
qui suivra le banquet. Et à minuit, après
une belle tournée de folle ioie. ils rega-
gncront. Paris par train spécial.
J. B.
LA MÉDECINE
Après l'assemblée générale tenue lundi
dans l'après-midi, les membres du Con-
grès de la médecine ont repris hier leurs
travaux par section. Il y a un peu moias
d'assistants dans les salles qu'au cours des
premières séances, mais l'intérêt ne languit
pas un instant et même le nombre des ora-
teurs qui prennent part aux discussions cit
teile'nent considérable, que le temps assi-
gné à chaque communication est do dix
minutes.
Une des sections les plus fréquentées est
celle de la neurologie, présidée par M. le
professeur Raymond.
M. Pierre Marie, qui en est le très dé-
voué et le très avisé secrétaire général, a
eu l'idée de réunir dans les salles de la
Sorbonne. voisines de l'amphithéâtre Ri-
chelieu, les cas les plus intéressants et les
plus rares de maladies nerveuses obser-
vées dans les divers hôpitaux et hospices
lde Paris. On n'amène, bien entendu, que
es malades pour qui le transport n'est pas
une fatigue; et cela constitue pour les mé-
decins de l'étranger, de la province et de
Paris, une incomparable leçon de choses.
quelque ehose lomm. un musée vivant du
plus grand intérêt. On ne saurait trop féh-
citer M. le professeur agrégé Pierre Marie
de oette remarquable organisation.
A la section de médecine infantile, on
s'est occupé, hier, de la tuberculose infan-
tile et de diverses formes sous lesquelles
elle peut se produire.
M. le docteur d'Espine a fait une commu-
nication très intéressante au point de vue
de la contagion de cette maladie, et il ter-
mine par les recommandations suivantes
que nous croyons utile et intéressant de re-
produire :
1- Ne donner aux enfants que du lait bouilli
ou le lait cru de vaches saines, reconnues com-
me telles, par l'épreuvt de la tuberculine.
2' Exiger que les nourrices et les bonnes char-
gées d'élever les enfants soient exemptes de
tuberculose.
3- Si la mère est phtisique, il faut élever l'en-
fant au sein d'une nourrice saine et éviter, au-
tant que possible, tout contact dangereux avec
la mère.
4- Dans un milieu familial tuberculeux, il faut
obtenir l'observation des règles prophylactiques
générales, recommandées par l'Académie de
médecine, et en particulier l'usage de crachoirs
spéciaux pour les phtisiqups, la proscription
absolue du balayage des chambres, qui doit être
remplacé par le lavage à la serpillière mouillée
avec un liquide désinfectant.
5' A l'école, il faut obtenir des pouvoirs pu-
blics l'interdiction des fonctions d'instituteur
ou d'institutrice à toute personne atteinte de
phtisie et l'éloignoment des enfants tubercu-
leux.
Ce soir à 10 heures, M. le professeur
Grancher et Mme Grancher recevront les
membres de la section de médecine infan-
tile ainsi que leurs familles.
Dans la journée, M. le professeur Filhol
invite les congressistes à visiter les gale-
ries d'anatomie du Muséum.
.-.
La doctoresse de Przedniewicz(dePched-
niévitcll) vient de soumettre un intéres-
sant mémoire à la section de thérapeuti-
que du Congrès de médecine sur la désor-
ganisation du corps humain.
Après avoir passé en revue les causes de
dénutrition chez les plantes et chez les
animaux, elle en conclut que les mêmes
phénomènes se produisent également chez
nous.
Comme en agrioulture pour les plantes,
elle remarque que c'est le phosphore qui
fait défaut dans notre alimentation. Elle
cite à l'appui de sa théorie de nomhreuses
analyses chimiques faites en collaboration
avec le chimiste Thézard, directeur de la
Société générale de recherches scienlifi-
ques, et elle en arrive à prescrire simple-
ment l'acide phosphorique dans de certains
cas.
C'est ainsi qu'elle a obtenu les meilleurs
résultats dans les maladies d'estomac, l'al-
buminurie, le diabète, la neurasthénie, la
tuberculose, la fièvre typhoïde, la rougeole
etc... Elle ajoute que le traitement ne
peut donner de bons résultats qu'autant
que l'on aura eu recours à des analyses
chimiques faites d'après une nouvelle mé-
thode qu'elle indique.
Cette étude est appelée à rendre quel-
ques services au point de vue scientifique
et & éclairer certaines questions qui jus-
qu'alors étaient restées inconnues.
SIMONE DARELLE.
PHARMACIE
Inauguration du monument
Pelletier-Caventon
Des 9 Il 1[2 du matin, les membres du
Congrès se pressaient, hier, dans les cou-
loirs de l'Ecole supérieure de Pharmacie ;
les professeurs do Paris sortaient bientôt
de leurs laboratoires, vêtus de leurs lon-
gues robes de soie noire, avec ornements
de salin cerise, et coiffés de la haute
toque.
A dix heures moins cinq, le cortège se
forme : le massier de l'Ecole, puis M. le
professeur Guignard, dans son costume
d'académicien (il représente M. le ministre
de l Instruction publique) ; M. le professeur
Moissan, qui a revêtu pour la dernière fois
le costume de professeur de l'Ecole de
Pharmacie (il vient d'être nommé en Sor-
bouDe); les autres professeurs suivent,
puis tous les membres du Congrès interna-
tional.
Le cortège se rend à pied boulevard Saint-
Michel, où une estrade est dressée devant
le monument. A son arrivée, le voile tombe,
et nous voyons apparaître deux figures de
bronze, drapées dans le costume des pro-
fesseurs de l'Ecole, et qui semblent causer
entre elles d'une expérience entrain.
C'est le premier monument de ce genre
élevé à Paris et il se distingue par son ori-
ginalité et son air de vie.
M. le professeur Moissan, l'illustre chi-
miste français, président de la cérémonie,
rappelle alors la vie de ces deux savants,
Pelletier et Caventou, dont nous fêtons au-
jourd'hui la mémoire. Il remet te monu-
ment à la Ville de Paris.
Un des conseillers municipaux du V* ar-
rondissement reçoit le monument ; M. de
Manières, pharmacien, secrétaire du Co-
mité de souscription, vient ensuite faire
l'histoire du monument montrant les sous-
criptions venues de tous les coins du
monde pour fêter les inventeurs du sulfate
de quinine.
C'est le tour de M. Rièthe (remplacé par
M. Pelisse), qui parle au nom des Pharma-
ciens français. Enfin, M. Léon Guignard, le
sympathique directeur de l'Ecole de Paris,
vient, au nom de M. le ministre de l'Ins-
truction publique; après avoir insisté sur
les nombreux travaux de Pelletier et de
Caventou, il dit qub le monument élevé è
leur gloire devrait porter sur le socle :
« A la gloire de la pharmaoie française »
et que, devant do tels savants, successeurs
des Balard, des Vauquelin, précurseurs de
tant de; noms illustres, parmi lesquels il
faut uiter M. Berthelot, on comprend que
l'Ecole supérieure de pharmacie de Paris
est l'égale d'une Faculté.
Ces dernières paroles sont couvertes par
des applaudissements de tous les congres-
sistes ; on se sépare en se donnant rendez-
vons pour aujourd'hui, au palais des Con-
grès, où a lieu la séance de clôture.
BLANCHE GALIEN.
L'ART PUBLIC
Le Palais des examens est loin d etre ter-
miné, mais à la hâte quelques salles ont
été achevées pour permettre au Congrès
de l'Art public d'y tenir ses séances et d'y
organiser son exposition.
Dans la séance du matin la bureau a été
nommé ; M. Bernaert, ministre d'Etat de
Belgique, a été nommé président d'hon-
neur; M. John Labusquière a été maintenu
dans ses fonctions de président, et les vice-
présidents ont été choisis parmi les délé-
gués étrangers; les sections ont été consti-
tuées et MM. Ch. Normand, Ch. Lucas et
Hallays ont présenté leurs rapports sur les
questions inscrites à l'ordre du jour des
3 sections du Congrès.
L'inauguration de l'Exposition qui devait
avoir lieu hier à 2 h. 112 a été remise à au-
jourd'hui 9 h. 112.
Les [sections se sont réunies simultané*
ment de 2 h. 112 à 4 heures, elles ont élu
!eur bureau et émis plusieurs vœux dont
la discussion viendra en séance générale.
1" section. — Histoire
Président : M. Eug. Miintz, de l'Institut;
vice-président : M. Le Breton, directeur des
musées de Rouen ; secrétaire général : M.
de Geymuller; secrétaires: MM. Charles
Normand et de Souza.
On y a étudié les questions du respect des
servitudes imposées pour les édifices clas-
sés et de la conservation intégrale de quar-
tiers anciens; puis M. de Souza a vivement
pris la défense de Venise, très menacée il
y a quelque temps, on ne parlait de rien
moins que de combler ses canaux pour en
faire des routes carrossables, la Société vé-
nitienne de l'art public a protesté contre
cet acte de vandalisme et la municipalité
lui a donné raison.
S* Seetlea. — Esthétique
et tesfcaiqae
(•résident : M. de Suzor ; vice-présidents :
MM. Angels (de Bruxelles) et Georges Gain,
conservateur du musée Carnavalet; secré.
taira général : M. Ch. Lucas , secrétaires :
Mlle Blanche Chauveau, institutrice à Paris,
et M. Paul Robiquet.
Voici les propositions qui y ont été faites :
par M. du Suzor, qu'une définition de l'art
fiublic soit donnée; par M. Angels, que
esdoouments envoyés à l'administration
soient conservés afin qu'on en puisse faire
un musée permanent; par différents mem.
bres, que les fragments provenant des
monuments soient conservés à l'abri auprès
de ceux-oi ; que la polyohromiesoit conser*
vée dans les monuments et couvres d'art
A cette époque de statuomanie, il est bon
de prendre certaines garanties, c'est pour-
quoi dent les membres de la 2- section deman-
ent que les statues ne puissent être éle-
vées sur les places publiques que lorsqu'un
modèle aura été soumis à une commission
et accepté par elle.
3* section. — Lois et règlements
Président : M. Carton de Wiart (Belgique);
vice-présidents : MM. Victor Grez (Chili) et
André Dubois; secrétaire général : M. Hal-
lays; secrétaires : MM. Harmand et Cler-
bois.
Les membres de cette section ont émis
des vœux sur les questions suivantes : con-
servation des sites pittoresques; propor-
tionnalité de la hauteur des maisons aveo
la largeur des rues; classement obligatoire
des édifices présentant un caractère artis-
tique ou historique; modification de la le-
gislation sur les façades des maisons, né-
cessité des pénalités contre les propriétai-
res qui porleraient atteinte à la beauté de
leurs propres immeubles.
tfiscoiiifion générale
Sur la proposilion de M. le comte de
Suzor, les travaux se poursuivront à l'ave-
nir en séance générale et non plus en réu-
nions de sections.
Le travail en commun est en effet de
beaucoup préférable, il donne plus d'am.
pleur à la discussion et présente plus d'm.
térêt pour les congressistes
M. de Suzor est I auteur de deux. voeux
qui, nous l'espérons, seront adoptés dans
une prochaine sèance, Il demande que les
fêtes populaires prennent un caractère
plus artisque et il réclame la création de
musées populaires. Pour vulgariser l'art,
dit-il, il n'y a qu'un moyen, c'est de mettre
l'art dans la rue, à la porlée de tous que
i on organise dans les faubourgs de& mu-
sées populaires en plein air, dans la bonne
saison, sous un abri vitre en hiver, les ou-
vriers en se rendant à leur travail pourront
contempler sans dérangement et sans perte
de temps les chefs-d'œuvre des maîtres.
Ainsi se formera la sens du beau chez
le peuple et se développera l'art indus-
triel...
Les routiniers — et l'Administration —
vont crier que c'est là chose absolument
impossible, mais quand on sait que tes
musées sont trop petits pour contenir tou-
tes les merveilles artistiques que possèdent
les gouvernements et les villes,quïl y en a
des quantités d'entassées dans desgreniers,
on se demande s'il ne serait pas mieux de
s'en servir pour ces musées que réclame,
aveo raison, M. de Suzor!
La discussion générale a commencé sur
les vœux émis par la v section. Le Congrès
a décidé de demander aux pouvoirs publics
— gouvernements ou municipalités — de
conserver autant que possible l'aspect, ar-
tistique et archéologique d'ensemble dos
villes ou de quartiers de villes.
Il existe actuellement des servitudes,
mais la plupart du temps elles ne sont pas
respectées, une sanction pénale s'impose ;
cela existe d'ail!eurs en Hongrie et en Tu-
nisie, mais pour n'effrayer personne, les
membres du Congrès n'ont pas voulu indi-
quer en quoi pourrait consister cette sanc-
tion pénale.
Les congressistes ont ensuite adopté un
vœu de la 3- section demandant le classe-
ment obligatoire des monuments du passé,
et une proposition de M. Harmand tendant
à la modification de l'art. 1" de la loi fran-
çaise de 1887 qui ne vise que les édifices
isolés alors qu'il devrait comprendre éga-
lement les ensembles décoratifs.
M. Labusquièrb a prévenu les membres
dn Congrès que le compte rendu des tra-
vaux serait fait de façon attrayante, que
des illustrations orneraient le volume, le-
quel pourrait être donné en prix dans les
écoles de la Ville, et même, il l'espère,
dans les lycées.
Ce serait là, en effet, un excellent moyen
de vulgarisation auprès des parents qui ne
manqueraient pas de lire cet ouvrag-c,etAiu-
près des jeunes gens qui formeront la gé-
néralion de demain.
MARIA VÉRONE.
ASSOCIATIONS DE PRESSE
Une journée à Versailles
Les organisateurs du congrès de la presse
ont conduit hier les journalistes français
et étrangers,à Versailles où les attendait la
traditionnelle mais intéressante promenade
que tous les Parisiens connaissent bien, &
travers les salons du château, les grands
et petits appartements, la galerie des Gla-
ces, celle des batailles, I'CEil de boeuf et le
reste.
Le conservateur du musée s'était fort
aimablement mis à la disposition des con.
gressistes pour leur montrer en détail tou-
tesles merveilles entassées dans l'ancienne
demeure royale et la visite a été ainsi très
instruotive.
A une heure, M. Dupuy ministre de l'a-
griculture est venu présider le déjeuner
qu'il offrait à près de quatre cents tourna-
listes et qui a été servi dans l'Orangerie.
Au dessert, le ministre a prononcé un
très beau discours dans lequel il a rappelé
en finissant les grands sentiments de fra*
ternité qui devaient unir les membres de
la presse nationale et internationale.
Plusieurs autres toasts ont été portés
par M. Taunay d'abord et par quelques
confrères étrangers qui ont remercié du
bon accueil qui leur était fait.
Une surprise nous était réservée : le?
grandes eaux ont marché en notre honneur.
La caravane s'est ensuite dirigée vers le pe-
tit et le grand Trianon. On a visité le thé&*
tre de Marie-Antoinette.
Quelques confrères en s'éloignant s'éton-
nent qu'on'ait oublié l'obligatoire station à
la salle du Jeu de Paume, qui a été rayée
du programme, et plusieurs délaissant un
instant la caravane des congressistes, vont
sous la conduite d'un confrère de la presse
parisienne rendre visite à la salle histori-
que qui est comme le berceau en quelque
sorte de notre révolution.
Le retour s'effectue comme pour l'aller.
par un train chauffé exprès par la Compa-
gnie de l'Ouest, et à la gare Saint-Lazare on
se sépare joyeux de ce bel après-midi
passé au milieu des splendeurs et des cu-
riosités historiaue. de l'ancienno demeure
de nos rois.
M.-L.-N.
Obsèques d'Ary Renan
C'est au milieu d'une affluence énorme
de personnalités appartenant au monde
lilt\ aire et artistique qu'ont été célébrées
hie? tes obsèques de M. Ary Renan.
L'atelier de l'artiste situé au nO 6 de la
rue du Val-de-Gr&ce avait été transformé
en ohapelle ardente et le corps du défunt y
était exposé, sous un amoncellement de
fleurs, de gerbes, de couronnes.
Au moment de la levée du corps, M.
Bréal, membre de l'Institut a prononcé,
comme ami de la famille, quelques mots
sur le jeune artiste; il rappela les œuvres
qu'Ary Renan laisse, soit comme écrivain,
soit comme peintre.
Derrière le char funèbre,viennent M. Psi-
chari beau-frère du défunt, et ses petits
cousins Henri Renan et Devauchelle, con<
duisant la deuil.
Parmi l'assistance, nous remarquons Mlle
du roi Humbert
Les funérailles
Le parcours, à Rome, du cortège des fu-
alèrallles,a été définitivement arrêtécomme
suit : Place Termini, rue Nazionale, place
de Venise, Corso Humbert I-, Fontanella
Borghèse, rue Ripetta, delta Scrofa, place
Samt-Louis-des-Français, rue dei Cr,sconzi,
Panthéon.
Le cercueil du roi sera enveloppé dans
un drapeau de la marine royale. Le maire
de Home a demandé que ce drapeau fût
celui du cuirassé Roma.
Délégations aux
funérailles
Le secrétaire du conseil municipal, le
lynfJic,quatre assesseurs etquatre ofticiers
municipaux partiront ce soir pour repré-
senter la commune de Milan aux funérailles
du roi Humbert à Rotne.
Le voyage de la famille
royale
Voici la note officielle qui vient d'être
communiquée à la presse relativement au
voyage de la famille royale :
Le roi Viclor-Emmanuel et la reine Hé-
lène partirout mardi soir à 10 heuves.
Mercredi matin partiront par train spé-
cial la ruine Marguerite, la reine Maria Pia
de Fortuit, la duchesse Isabelle Laetitia,
la duchesse Hélène d Aoste, les ducs de
Gênes, d'Oporto, les princes Ferdinand et
Victor Napoléon.
C'est mercredi à 6 h. 27 que les restes du
roi Humuert seront transportés à Rome. Le
cortège traversera toute la ville : les trou-
pes feront la haie sur tout le parcours S.
rendront les honneurs. Le duc d'Aoste et
le comt»» de Turin commanderont l'escorte
de cuirassiers qui accompagnera le corps.
Chapelle ardente
Le personnel du Palai» Royal de Monza a
été admis à visiter la chapelle ardente. Ce
pieux pèlerinage s'est accompli au milieu
des larmes.
Le pui'itc n'a pas encore été admis à
cette visite, mais on pense que des ins-
tructions vont être données incessamment
dans ce sens.
IF*r*estation de serment
Après que le Roi aura prêté serment de-
vant le Parlement, les sénateurs et ensuite
les députés seront invités à jurer collecti-
vement.
On s'attend à des incidents de la part des
députés républicains.
Bresci
Les arrestations de Lorenzo Bresci, frère
de l'assassin, d'Auguste Marocci, son beau-
frères, et celles des anarchistes Gahriello
Livi et Emilio Braga sout maintenues par
ordre.
Tous ces individus sont de Prato. Il sem-
ble qu'ils connaissaient le projet de Bresci
de tuer le Roi.
Lorenzo Bresci a avoué que son frère
s'exerçait au tir au revolver dans les champs
voisins.
La Tribii?ja assure que l'autorité judi-
ciaire connait déjà toute l'organisation du
complot.
Tous les individus arrêtés en faisaient
partie.
Si on avait pu arrêter l'individu qui était
à Mon/a avec Bresci, l'instruction du procès
serait close en une semaine. Tous ceux qui
ont élu arrêtés gardent le secret, mais on
espère que tout sera découvert.
On conl;rme que Malatesla était le chef
du complot.
Arrestation d'anarchistes
D'après le résultat des recherches pour-
suivies par la police l'anarchiste Lanner,
arrêté à Ivrea, avait été désigné pour tuer
la reine Marguerite. Bresci et Lanner ont
avoué qu'il y a beaucoup d'anarchistes ita-
liens à Londres dont chacun est chargé
d'une mission pareille à la leur. Trois
anarchistes ont été arrêtés au moment où
ils allaient franchir la frontière. La police
croit que l'un d'eux est le compagnon de
Bresci à Monza.
Un Russe nommé Yerlinsky a été arrêté
à Milan. Dans la perquisition faite à son
domicile on a trouvé des brochures anar-
chistes.
On mande de Sienne, 4 courant, à la Na-
zione, l'll'l'estaLoD de 10 individus accusés
de faire partie d'une association anarchiste
et qui, dit-on, l'avant-veille, auraient fêté
dans un banquet le meurtre tragique de
Monza.
Rixe à Chicago
Aussitôt la nouvelle de Monza connue,
des invitations ont été lancées parmi les
anarchistes pour une assemblée où devait
être fêtée l'exécution du roi d'Italie. Mme
Parsons, qui devait prononcer le discours
principal, arrivant hier soir trouva l'édifice
Turner Hall fermé et barré par la police.
Elle se dirigea vers la porte cochère d'à
côté, et la foule se massa autour d'elle. La
police chargea les manifestants qui oppo-
sèrent de la résistance. Elle demanda des
renforts et une bagarre générale s'ensuivit.
La police chargea la foule.
On fil, sans pitié usage de bâtons et de
cannes et bon nombre de manifestants du
sexe masculin furent assommés. Les fem-
mes ne se trouvèrent guère en meilleure
posture.
Après une rixe longue et sauvage les
rouges se retirèrent écœurés. Mme Parsons
fut arrêtée portant une cocarde teinte d'un
rouge très vif. On a opéré encore cinq au-
tres arrestations, et vingt-cinq blessés ont
été transportés à l'hôPItal.
Dernière Création PERNOT
PJ!R.IS£TT,e
Exquise Gaufrette fondante)
Le Shah de Perse
A PARIS
Au Trocadéro
Le shah de Perse a consenti hier matin
à se soumettre au programme fixé. Avec
son escorte de cuirassiers il a quitté &
neuf heures un quart le palais des Souve-
rains et il s'est rendu par l'avenue Mala-
koff au Trooadéro où l'attendaient MM. Pi-
card, commissaire général; Chardon, secré-
taire général; Chartes Roux, directeur de
la section coloniale, etc.
Le service d'ordre était dirigé par MM.
Touny, directeur de la police municipale,
et Noriot, commissaire divisionnaire.
Les tirailleurs sénégalais qui faisaient
la haie ont porté les armes tandis que la
musique de Madagascar jouait l'hymne
persan.
Le Shah portait un pardessus noir et
s'appuyait sur une canne; il paraissait un
peu soutirant.
Après avoir admiré pendant une demi-
heure l'exposition de Madagascar et no-
tamment le panorama de Tananarive, le
souverain et sa suite ont gagné les jardins
du Troca(léro par la passerelle.
Au moment où le Shah descendait le
£ranfoule a as curieux et. s'avançant vers le
souverain, lui a offert une rose superbe.
Le Shah a accepté la fleur et prenant l'en-
fant dan': ses bras, l'a embrassé aux ap-
plaudissement sdu public, et lui a fait rs
mettre e't souvenir une pièce de 10 francs
à son effigie.
Le prir ce Tenisehef a conduit le cortège
au pavillon de l'Asie russe, où la musique
du Kroulin exécutait elle aussi l'hymne
persan. D'ailleurs, dès que le souverain ,
asiatique passe en quelque endroit, & mille
mètres à la ronde toutes les musiques
font entendre l'hymne persan. Cet hymne
n'a que quatre mesures qui recommencent
tout le temps. Aussi les personnes de la
suite du Shah peuvent-elles se vanter de
l avoir quelquefois entendu.
Le souverain admire la salle du couron-
Qement daires du tsar, examine les travaux lapi-
aircs qu'on exécute en Sibérie et qui sont
montrés dans le pavillon des apanages
royaux, puis on monte dans le Transsibé-
rien Le Shah se déclare satisfait du voyage,
félicite les auteurs du panorama et tra-
verse le pavillon chinois, où M. Vapereau
le conduit.
Enfin, le Shah s'arrête à l'exposition sud-
africaine, où parait surtout l'intéresser l'ex-
ploitation des mines d'or, qu'on lui ex-
plique longuement.
Malgré sa fatigue visible, le Shah a con-
senti à visiter encore le pavillon officiel du
Transvaal où, sur sa demande, une des
personnes de sa suite lui a présenté un
verre d'eau fraîche. Remarquant un petit
félin empaillé, le souverain l'a désigné au
préfet de police en disant :
« Il est gros comme un chat If.
M. Lépine n'a pu s'empêcher de sou-
rire.
Les spahis faisaient la haie devant le pa-
villon officiel de l'Algérie, mais le souverain
préfère rentrer au palais et remonte en
voiture à onze heures un quart. Dix minu-
tes après il avait regagné l'hôtel de l'avenue
du Bois.
Le service d'ordre avait été rendu plus
sévère qu'aux visites précédentes, où le
Shah avait été librement approché des
promeneurs de l'Exposition. M. Paoli, com-
missaire spécial changé de la direction des
services de sureeillance, et M. Descaves,
officier de paix avaient habilement organisé
le service d'ordre et le souverain en a mar-
qué sa satisfaction.
Le Shah est resté jusqu'à quatre heures
et demie au palais des Souverains, où il
s'est fait montrer un grand nombre de pho-
tographies de sa personne et de ses minis-
tres, prises à Contrexéville et à Paris.
Le Shah est ensuite monté en landau et
s'est rendu par les Champs-Elysées et les
quais de la rive gauche à la Monnaie, où il
a été reçu par M. Caillaux, ministre des
finances, et par le haut personnel de l'éta-
blissement.
Sous la direction de M. Arnauné, direc-
teur de la Monnaie, le souverain a visité
successivement les divers ateliers de fabri-
cation des monnaies, demandant fréquem-
ment des éclaircissements au ministre et à
M. Arnauné.
Puis il est monté dans la salle d'exposi-
tion des médailles où il a trouvé à la place
d'honneur une collection très complète,pa-
rait-il, des monnaies persanes.
Le minstre a oirert à Sa Majesté un cof-
fret contenant une série de jetons frappés
en l'honneur de Marie-Antoinette ainsi
qu'un exemplaire de la médaille frappée
en commémoration de la visite du shah
Nassr-ed-Dine, père du souverain actuel à
l'Hôtel des Monnaies.
Enfin. M. Caillaux a remis au Shah, au
nom du Président de la République,la mé-
daille d'or frappée en souvenir de sa vi-
site.
Cette médaille mesure 36 milimètres de
diamètre, pèse 31 grammes et a une valeur
de 110 francs. Elle est à l'effigie de Mozaf-
fer et-Dine et porte au revers autour des
armes de la Perse, une inscription en lan-
gue persane dont voici la traduction :
« L'illustre et grand Mozatrer-ed-Dine,
chef de la tribu des Kadjar, a visité la
Monnaie le 7 août 1900. >>
Le Shah a quitté l'hôtel des Monnaies à
5 h. 112, et est rentré directement au palais
des Souverains où il est arrivé à 6 heures.
Dans la soirée, il a été passer quelques
instants au Nouveau-Cirque.
Aujourd'hui, vers 9 h., le Shah ira visiter
la caserne des pompiers de la rue Malar.
L'après-midi, il se rendra sans doute à la
manufacture des Gobelins. Il assistera le
soir à la représentation de gala à l'Opéra.
L'attentat
M. de Vallee, juge d'instruction, a inter-
rogé, hier, Saison et Valette. Ce dernier
était assisté de M' Le Duc, désigné par le
bâtonnier pour le défendre.
Ainsi que nous le faisions prévoir,le jour
même de l'attentat, Saison est un déséqui-
libré, sujet à des troubles morbides. Un
correspondant du Petit Parisien, envoie sur
la famille de l'assassin, les renseignements
suivants que nous reproduisons sous toutes
réserves.
Saison n'est pas le seul de sa famille qui soit
plus ou moin:- déséquilibré : son p. re fut un
jour extrait manu militari d'une maison qu'il
prétendait être sa propriété, cc qui était inexact;
d'autre part, sa mère a eu des troubles céré-
braux d'un caractère extrêmement grave ; une
nuit elle est sortie dans la rue eu chemise'
poussant des cris aigus et brandissant un cou-
teau; on voulut la maintenir et la désarmer, et
dans cette lutte elle blessa une femme nom-
mée Cœurveille.
La famille Saison habitait à ce moment Ré-
bourguil; la pauvre femme fut conduite à Va-
bres dans la famille de ses parents; on espérait
ainsi la faire soigner plus commodément par les
médecins de Saint-Allrique, mais à peine arri-
vée à Vabres, son état empira tellement qu'on
dut lui mettre la camisole de force. qu'elle
garda pendant une dizaine de jours. Ce fut le
docteur Mouly, de Saint-Affrique, qui la soi-
gna.
Une autre fois, la famille habitant le Moulin-
Neuf, Mme Saison pénétra, armée d'une hache,
dans une maison qu elle prétendait être à elle ;
on fut obligé de prendre mille précautions pour
l'expulser de l'immeuble sans trop de dommages
pour personne. La scèae se passait près de
Montlaur.
Les époux Saison ont cependant toujours été
des gens très sobres, et il est impossible d'attri-
buer ces crises à d'autres causes qu'à un état
morbide, à un déséiiuilibroment térobral ou à
une nervosité maladive dont François Saison
leur tUs, a bien pu hériter.
A la suite de l'attentat contre le shah de,
Perse plusieurs enquêtes ont été faites en
banlieue parmi les groupes d'anarchistes
connus, notamment à Aubervilliers et à
Saint-Ouen.
Nous croyons savoir qu'à la suite des re-
oherches de la police trois arrestatians se-
ront opérées : celles de deux compagnons
de nationalité français et d'un étranger.
Ces espèces de petites terreurs sont bien
ridicules et ne paraisseut nullement moti-
vées parl'acte d'un fou.
JEANNE BRÉMOND.
LES CONGRÈS
SOCIOLOGIE COLONIALE
« Les devoirs que l'expansion coloniale
impose aux puissances colonisatrices, dans
les colonies proprement dites, à l'égard des
populations indigènes n, telle est la ques-
tion que se propose de discuter le Congrès
international de sociologie coloniale. Il
n'en est point de plus actuelle, de plus im-
portante, au point de vue matériel comme
au point de vue moral.
L expérience a démontré quels résultats
négatifs donne cette « méthode Il brutale,
féroce, ces procédés de conquête et d'as-
servissement, ces cruautés inouïes que
Vigné d'Octon a si éloquemment flétries ;
une colonie, tenue sous le régime de la ter-
reur, ne saurait prospérer.
Organiser.d'après les prinoipes de justice
et d'humanité, le régime juridique des po-
pulations indi^èi es, améliorer leurs condi-
tions morales et matérielles d'existence,
c'est le meilleur moyen d'assurer l'autorité
de la métropole et de donner aux colons
toutes les garanties d'ordre et de sécurité
nécessaires à leurs entreprises.
Et c'est plus encore : la seule excuse que
trice, puisse invoquer une puissance colonisa- i
rice, lonqu elle dépossède de leur terrii- i
toire les légitimes propriétaires. En les pr-
vant contre leur gré de leur gouverne-
ment, de leurs lois, de leurs coutumes, «
elle s'engage par cela même h leur donner (
plus de justice et plus de bien-être. Pour <
ne parler que de nous, notre pays a-t-il
toujours tenu ses engagements ? Il est per-
mis d'en douter; notre oivilisation a sou-
vent fait plus de mal que de bien aux po-
pulations indigènes... Les discussions de ce
Congrès réussiront-elles à éclairer les co-
lonisateurs sur leurs devoirs envers les
races dites inférieures?
,.
C'est dans la salle de la Société de Géo-
graphie, une grande salle, froide et solen-
nelle, austèrement décorée de cartes et de
tableaux noirs, que s'est ouvert le Congrès
de Sociologie coloniale, sous la présidence
d'honneur de M. Decrais, ministre des co-
lonies.
Au bureau : M. Le Myre de Vilers, prési-
dent, MM. le prince Roland Bonaparte,
Descours-Desacres, Flaudin, député, vice-
présidents; Leseur, professeur à la Faculté
de droit, secrétaire général ; Grodet, gou-
verneur des colonies, Bouland, de l'Escale,
publiciste, Cordonnier, rédacteur au mi-
nistère de la Justice, Dufourcq, Dubois,
secrétaires; M. Lepel-Cointet, agent de
change, trésorier.
En quelques paroles simples, émues, M.
Decrais remercie le Congrès au nom du
gouvernement. A l'heure où l'œuvre de la
colonisation suscite tant de problèmes Il qui
intéressent à la fois la prospérité colon;ale
et l'honneur de l'Europe chrétienne et civi-
lisée )t, c'est une chance inespérée que
d'être aidé dans cette tâche par tant d'hom-
mes éminents. Leurs conseils, les vœux
qui seront votés à ce Congrès et dont on
prévoit la générosité et l'élévation, aideront
le gouvernement à réaliser l'idéal qu'il se
propose : un idéal de justice et d'humanilé.
M. Decrais observe que les deux divi-
sions, celle d'économie coloniale qui vient
de terminer ses travaux et celle'de la so-
ciologie coloniale qui tes inaugure, sont
étroitement solidaires, et s'inspirent du
même souci : assurer aux indigènes les
bienfaits de la domination.
Œuvre féconde, œuvre nécessaire, car
cf au milieu des obstacles qui s opposent à
la libre action des pouvoirs, il importe
qu'une étoile, celle de l'équité et de la tolé-
rance, éclaire la route et montre le port. »
— J'aime à croire, me dit quelqu'un, que
(f l'Europe chrétienne JI n'est ici qu'une
expression géographique.
— Et que dites-vous des « bienfaits de la
domination » ?
MM. le Myre de Vilers et Bouquet de la
Grye remercient le ministre de sa sollici-
tude, et la séance est levée.
L'alcoolisme ehez les noirs
On s'occupe aujourd'hui, dans la seconde
section, présidée par M. Gaulhiol, secré-
taire général de la Société de Géographie
commerciale, des Il mesures propres à as-
surer la conservation de la race chez les
indigènes ».
Mgr Froisse nous parle tout d'abord des
indigènes océaniens ; d'après lui, ils sont
très perfectibles. Mais ils ont un sentiment
très net de leur indépendance, et o'est en
la respectant qu'on les amènera à respec-
ter nos lois et nos coutumes. « Sauvage ! »
disait un jour un Européen à un Océanien.
« Sauvage, oui, répondit-il, mais libre. »
Cette fierté n'est-elle pas une preuve que
ces indigènes sont mùrs pour la civilisa-
tion » "i
Par malheur, — et ici Mgr Freisse se ren-
contre à la fois avec M. Georges Treille et
avec le docteur Battersby dont on lit les
rapports si documentés — les indigènes no
prennent souvent de la civilisation que ses
vices; et le plus dangereux, sans contredit,
celui qu il importe de combattre, sous
peine de voir disparaître les races indigènes
et de compromettre par cela môme, la
prospérité des colonies, c'est l'alcoolisme.
C'est nous, en effet, qui avons introduit
l'alcoolisme dans les colonies, c'est nous
qui sommes responsables de ses ravages.
Avant la conquête, les noirs avaient bien
des boissons alcooliques qu'ils fabriquaient
eux-mêmes avec du millet. de la banane,
du maïs ou de la sève de palmier; mais, à
peine fermentées, ces boissons étaient moi-
fensives (Voir Paul et Virginie). Noue leur
avons donné le goùt de l'eau-de-vic, la ter-
rible Il eau de feu n, d'autant plus terrible
que le climat est plus chaud.
C'est un fait connu que là 011 les indi-
gènes sont en contact avec les Européens,
sans distinction de nationalité, le vioe de
l'ivrognerie se répand parmi eux et leur
apporte du même coup la dégradation
physique et morale. Et c'est à nos escales
qu on observe le plus de morbidité et de
mortalité chez les indigènes.
Les vœux déposés par le rapporteur, M.
Treille, tendaient à interdire l'importation
des alcools sous les tropiques.
C'est trop demander, déclare avec beau-
coup de bon sens, M. Chailley-Bort, L'im-
portation de l'alcool aux colonies est une
ressource considérable pour le budget.
S'il taisait tout son devoir, l'Etat n'hésite-
rait pas à y renoncer. Mais il ne faut pat,
qu'on se leurre d'un pareil espoir. Pris
entre 50-.' devoir et son intérêt, le gouver-
nement sacrifiera le devoir à l'intérêt. Lu
problème, o'est de faire coïncider ici l'in-
térêt et le devoir. Il ne faut pas que le gou-
vernement promulgue à contre-cœur des
mesures antialcooliques; il importe de bien
le convaincre, que, s'il ne prend pas ces
mesures, c'est la mort des colonies.
Pourtant M. Chailloy-Bert, de même que
M. Lescure, estime que les conclusions dé-
posées doivent souffrir quelques restric-
tions, sous peine de rester platoniques. Et
l'on se met d'accord sur le texte suivant,
qui n'elfarouchera personne, pas même les
distillateurs :
« Etant donné que la prospérité des co-
lonies tropicales est liée au maintien et au
développement de la population indigène,
le Congrès émet le vœu que les accords
pris dans les actes de 1890 et 1899 pour res-
treindre le commerce des spiritueux, dans
lo continent africain soit généralisé, et
qu'un accord diplomatique vienne les éten-
dre à toutes les colonies où il existe une
population indigène.
2- Que les gouvernements fassent com-
prendre aux pouvoirs locaux les dangers
de la consommation intensive de i'al-
cool. »
ANDRÉE TÉRY.
ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
Le Congrès, qui s'est terminé par le ban-
quet le plus nombreux, le plus vivant et le
plus cordial auquel j'aie jamais assisté, a
voté au cours de deux assemblées plénières
des résolutions en si grand nombre que
nous nous demandons encore par quel pro-
dige — même en ce siècle de l'électricité,
— nous avons pu aller si vite.
Il est vrai que sur certains sujets tout le
mondre s'entend, et que si,parfois,il y adis-
cussion, ce ne peut être que sur une ques-
tion de mince détail.
Pour la morale, au contraire, les diver-
gences sont plus profondes et la question
aurait pu dévorer le Congrès tout en-
tier.
A mon avis, elle est loin d'être réglée; il
y faudra revenir; peut-être, après y avoir
plus sérieusement réfléchi, on comprendra
que la leçon de morale devra être aussi
rare que substantielle.car les enfants n'ont
pas plus que les hommes faits la faculté de
s'imprégner d'idées graves et profondes
comme l'éponge de s'imbiber d'eau... cons-
tamlnenl.
Mais ce qui est bien réglé, bien net et
absolument indiscutable, c'est l'unanimité
des sentiments anticléricaux des institu-
teurs réunis à la Sorbonne. Instituteurs,
inspecteurs, directeurs, ont affirmé leur
volonté d'être affranchis de la tyrannie
morale du dogme comme ils entendent
l'être, aussi, de la tyrannie morale du
clergé.
Le Congrès nous a vraiment réconfortés.
L'oeuvre post-scolatre a donné lieu à des
votes intéressants dont les principaux sont i
a) en ce qui concerne les cours d'idoles- <
;eQts et d adultes i i
1. Que l'enseignement donné eux adultes
se divise en cours et conférences.
Les cours, orientés dans un sens pratique
en tenant compte des milieux, devront, au
peint de vue général, s'occuper surtout
d'histoire contemporaine et d'enseignement
eivique.
L'ensemble des conférences devra, au-
tant que possible, présenter un caractère
méthodique.
Pour les uns et pour les autres un appel
sera fait aux personnes compétentes,amies
de l'école laïque.
II.Qu'un livret post-scolaire soit remis aux
jeunes gens pour leur permettre de justi-
fier de leur assiduité aux cours, de la sortie
de l'école jusqu'au régiment, et que des
efforts soient tentés pour que l'armée, les
administrations diverses, les commerçants,
les industriels, tiennent compte de ce li-
vret.
Que les bibliothèques scolaires,plus abon-
damment dotées, puissent échanger entre
elles leurs volumes après avis de l'autorité
compétente.
IV. Que des notices explicatives accom-
pagnent toutes les séries de vues envoyées
par le musée pédagogique.
V. Qu'une indemnité soit accordée aux
instituteurs qui dirigent des cours d'a-
dultes.
(b) En ce qui concerne la mutualité sco-
laire.
1. — Que les éducateurs de tous les pays
s'appliquent à propager les sociétés de
mutualité scolaire, afin de déveiopper les
sentiments de solidarité entre les établis-
sements d'instruction de toute catégorie,
et conséquemment que les lycées et collè-
ges, les écoles primaires et primaires su-
périeures fassent partie des mêmes mutua-
lites.
Il. — Que des mutualités départementa-
les, puis des fédérations de mutualités sco-
laires se constituent.
III. — Que toute facilité soit donnée aux
mutualistes scolaires pour leur admission
dans une autre société de secours mutuels,
avec le maintien des avantages acquis dans
la société iniliale.
c) En ce qui les Association. et patronages,
qu'ils se donnent pour but :
l' L'aide mutuelle, morale et maternelle,
comme par exemple les placements gra-
tuits et les secours.
II. — L'institution de cours d'art (musi-
que, dessin); de cour d apprentissage (mé-
nagers pour les filles, professionnels pour
les garçons).
Ill. — L organisation de fêtes ayant un
caractère moral, nettement éducatif et en
dehors do toute idée politique et reli-
gieuse.
Partant do ce principe que « 1 union fait
la forco l' le Congrès émet le vœu sui-
vant :
l' Que des rapports s'établissent entre
les associations d anciens élèves, les patro-
nages, les sociétés de tir, de musique, etc.
3- Que des réunions départementales et
régionales se constituent.
3' Que les associations et patronages de
garçons reçoivent, par une commune ell-
tente les soldatsdèsa'eux de lire et de s'ins-
truire, etc,, etc.
4- Que par l'entremise soit de 1 école in-
ternationale de l'Exposition, soit du jury
international de l'enseignement, il y ait
échange existant entre les différentes na-
ttons de documents intéressant, l'éducation
populaire, dans toutes ses formes.
En somme, nous dirons que ce Congrès a
voté toutes les formes de la solidarité
laïque.
PAULINE KERGOMARD.
LES ÉTUDIANTS
Les étudiants, en ver'u de leur jeunesse,
font autant de bruit lorsqu'ils travaillent
que lorsqu'ils s'amusent. C'est au milieu
d'un bruit épouvantable qu'ils ont discuté
hier la question de toutes les nationalités
et qu'ils ont tenté d'établir si le Congrès
est un Congrès d'étudiants en général ou
seulement uno assemblée de la Go rd,). /ra-
tres, la fédération internationale des éco-
les.
M. Bellemère, délégué de Paris, estime
que la première question ne saurait avoir
de solution et il propose l'ordre du jour
suivant :
« Le Congrès des étudiants décide qu'il se
consacrera aux intérêts matériels et intel-
lectuels des étudiants et qu'il n'essaiera
pas de remanier la carte d'Europe. Il Il n'en
faut pas plus pour déchainer l'indignation
de la majorité de l'auditoire, qui rejette la
motion. Les Polonais, les Finlandais et les
Transylvaniens sont donc appelés à élire
respectivement trois délégués qui prennent
place à la tribune avec les autres vice-
présidents. Pour la deuxièmo question, la
discussion est aussi vive. Tour à tour MM.
Augier (de Paris), Model (de la Belgique),
Giglio-Tos, président de la Curda fratres ont
pris la parole, celui-ci prétendant que le
Congrès n'était qu'une assemblée générale
de la fédération, ceux-là appuyant M. Bel-
lemère estimant que tous les étudiants
inscrits, même ne faisant pas partie de la
Corda fratres, devaient avoir le droit de
prendre part aux délibérations du Congrès.
Malgré l'intervention de M. le docteur Paul
Tissier, ancien président de l'A. de Paris,
le débat ne reçoit qu'une solution provi-
soire et la séance est renvoyés & ce matin.
Elle promet d'être chaude.
Les fêtes universitaires organisées par
l'Association de Paris continuent à être des
plus suivies. Les étudiants ont assisté, hier
dans l'après-midi, au troisième concert
philharmonique donné au Trocadéro, sous
le patronage du roi de Suède etde Norvège,
par les Sociétés chorales de Christiania. Ils
ont fait une ovation à leurs chefs, MM. A, O.
Grandahl, Johan Svendsen et J. Holter, qui
les en ont récompensés en faisant terminer
le programme par la Marseillaise.
Le soir, pour remplacer la réception que
devait leur offrir M. le Président 'de la Ré-
publique et Mme Loubet,une soirée de gala
a été organisée à 1 Exposition.
: Aujourd'hui, après la séance du matin,
les congressistes qui se sont donné rendez-
vous à une heure à la gare Saint-Lazare,
où un tram spécial les attendra, partiront
| pour Saint-Germain. Après une réception
par la munioipahté, une visite du musée,
ils assisteront à un grand assaut interna-
tional d'escrime qui sera suivi d'une
excursion en voiture, dans la forêt de
Saint-Germain. A sept heures et demie, un
grand banquet les réunira sous la prési-
dence de M. Georges Leygues, ministre de
l'instruction publique. Une retraite aux
flambeaux à laquelle ils prendront part en
costume national, avec leurs insignes et
les bannières déployées, clôturera le bal
qui suivra le banquet. Et à minuit, après
une belle tournée de folle ioie. ils rega-
gncront. Paris par train spécial.
J. B.
LA MÉDECINE
Après l'assemblée générale tenue lundi
dans l'après-midi, les membres du Con-
grès de la médecine ont repris hier leurs
travaux par section. Il y a un peu moias
d'assistants dans les salles qu'au cours des
premières séances, mais l'intérêt ne languit
pas un instant et même le nombre des ora-
teurs qui prennent part aux discussions cit
teile'nent considérable, que le temps assi-
gné à chaque communication est do dix
minutes.
Une des sections les plus fréquentées est
celle de la neurologie, présidée par M. le
professeur Raymond.
M. Pierre Marie, qui en est le très dé-
voué et le très avisé secrétaire général, a
eu l'idée de réunir dans les salles de la
Sorbonne. voisines de l'amphithéâtre Ri-
chelieu, les cas les plus intéressants et les
plus rares de maladies nerveuses obser-
vées dans les divers hôpitaux et hospices
lde Paris. On n'amène, bien entendu, que
es malades pour qui le transport n'est pas
une fatigue; et cela constitue pour les mé-
decins de l'étranger, de la province et de
Paris, une incomparable leçon de choses.
quelque ehose lomm. un musée vivant du
plus grand intérêt. On ne saurait trop féh-
citer M. le professeur agrégé Pierre Marie
de oette remarquable organisation.
A la section de médecine infantile, on
s'est occupé, hier, de la tuberculose infan-
tile et de diverses formes sous lesquelles
elle peut se produire.
M. le docteur d'Espine a fait une commu-
nication très intéressante au point de vue
de la contagion de cette maladie, et il ter-
mine par les recommandations suivantes
que nous croyons utile et intéressant de re-
produire :
1- Ne donner aux enfants que du lait bouilli
ou le lait cru de vaches saines, reconnues com-
me telles, par l'épreuvt de la tuberculine.
2' Exiger que les nourrices et les bonnes char-
gées d'élever les enfants soient exemptes de
tuberculose.
3- Si la mère est phtisique, il faut élever l'en-
fant au sein d'une nourrice saine et éviter, au-
tant que possible, tout contact dangereux avec
la mère.
4- Dans un milieu familial tuberculeux, il faut
obtenir l'observation des règles prophylactiques
générales, recommandées par l'Académie de
médecine, et en particulier l'usage de crachoirs
spéciaux pour les phtisiqups, la proscription
absolue du balayage des chambres, qui doit être
remplacé par le lavage à la serpillière mouillée
avec un liquide désinfectant.
5' A l'école, il faut obtenir des pouvoirs pu-
blics l'interdiction des fonctions d'instituteur
ou d'institutrice à toute personne atteinte de
phtisie et l'éloignoment des enfants tubercu-
leux.
Ce soir à 10 heures, M. le professeur
Grancher et Mme Grancher recevront les
membres de la section de médecine infan-
tile ainsi que leurs familles.
Dans la journée, M. le professeur Filhol
invite les congressistes à visiter les gale-
ries d'anatomie du Muséum.
.-.
La doctoresse de Przedniewicz(dePched-
niévitcll) vient de soumettre un intéres-
sant mémoire à la section de thérapeuti-
que du Congrès de médecine sur la désor-
ganisation du corps humain.
Après avoir passé en revue les causes de
dénutrition chez les plantes et chez les
animaux, elle en conclut que les mêmes
phénomènes se produisent également chez
nous.
Comme en agrioulture pour les plantes,
elle remarque que c'est le phosphore qui
fait défaut dans notre alimentation. Elle
cite à l'appui de sa théorie de nomhreuses
analyses chimiques faites en collaboration
avec le chimiste Thézard, directeur de la
Société générale de recherches scienlifi-
ques, et elle en arrive à prescrire simple-
ment l'acide phosphorique dans de certains
cas.
C'est ainsi qu'elle a obtenu les meilleurs
résultats dans les maladies d'estomac, l'al-
buminurie, le diabète, la neurasthénie, la
tuberculose, la fièvre typhoïde, la rougeole
etc... Elle ajoute que le traitement ne
peut donner de bons résultats qu'autant
que l'on aura eu recours à des analyses
chimiques faites d'après une nouvelle mé-
thode qu'elle indique.
Cette étude est appelée à rendre quel-
ques services au point de vue scientifique
et & éclairer certaines questions qui jus-
qu'alors étaient restées inconnues.
SIMONE DARELLE.
PHARMACIE
Inauguration du monument
Pelletier-Caventon
Des 9 Il 1[2 du matin, les membres du
Congrès se pressaient, hier, dans les cou-
loirs de l'Ecole supérieure de Pharmacie ;
les professeurs do Paris sortaient bientôt
de leurs laboratoires, vêtus de leurs lon-
gues robes de soie noire, avec ornements
de salin cerise, et coiffés de la haute
toque.
A dix heures moins cinq, le cortège se
forme : le massier de l'Ecole, puis M. le
professeur Guignard, dans son costume
d'académicien (il représente M. le ministre
de l Instruction publique) ; M. le professeur
Moissan, qui a revêtu pour la dernière fois
le costume de professeur de l'Ecole de
Pharmacie (il vient d'être nommé en Sor-
bouDe); les autres professeurs suivent,
puis tous les membres du Congrès interna-
tional.
Le cortège se rend à pied boulevard Saint-
Michel, où une estrade est dressée devant
le monument. A son arrivée, le voile tombe,
et nous voyons apparaître deux figures de
bronze, drapées dans le costume des pro-
fesseurs de l'Ecole, et qui semblent causer
entre elles d'une expérience entrain.
C'est le premier monument de ce genre
élevé à Paris et il se distingue par son ori-
ginalité et son air de vie.
M. le professeur Moissan, l'illustre chi-
miste français, président de la cérémonie,
rappelle alors la vie de ces deux savants,
Pelletier et Caventou, dont nous fêtons au-
jourd'hui la mémoire. Il remet te monu-
ment à la Ville de Paris.
Un des conseillers municipaux du V* ar-
rondissement reçoit le monument ; M. de
Manières, pharmacien, secrétaire du Co-
mité de souscription, vient ensuite faire
l'histoire du monument montrant les sous-
criptions venues de tous les coins du
monde pour fêter les inventeurs du sulfate
de quinine.
C'est le tour de M. Rièthe (remplacé par
M. Pelisse), qui parle au nom des Pharma-
ciens français. Enfin, M. Léon Guignard, le
sympathique directeur de l'Ecole de Paris,
vient, au nom de M. le ministre de l'Ins-
truction publique; après avoir insisté sur
les nombreux travaux de Pelletier et de
Caventou, il dit qub le monument élevé è
leur gloire devrait porter sur le socle :
« A la gloire de la pharmaoie française »
et que, devant do tels savants, successeurs
des Balard, des Vauquelin, précurseurs de
tant de; noms illustres, parmi lesquels il
faut uiter M. Berthelot, on comprend que
l'Ecole supérieure de pharmacie de Paris
est l'égale d'une Faculté.
Ces dernières paroles sont couvertes par
des applaudissements de tous les congres-
sistes ; on se sépare en se donnant rendez-
vons pour aujourd'hui, au palais des Con-
grès, où a lieu la séance de clôture.
BLANCHE GALIEN.
L'ART PUBLIC
Le Palais des examens est loin d etre ter-
miné, mais à la hâte quelques salles ont
été achevées pour permettre au Congrès
de l'Art public d'y tenir ses séances et d'y
organiser son exposition.
Dans la séance du matin la bureau a été
nommé ; M. Bernaert, ministre d'Etat de
Belgique, a été nommé président d'hon-
neur; M. John Labusquière a été maintenu
dans ses fonctions de président, et les vice-
présidents ont été choisis parmi les délé-
gués étrangers; les sections ont été consti-
tuées et MM. Ch. Normand, Ch. Lucas et
Hallays ont présenté leurs rapports sur les
questions inscrites à l'ordre du jour des
3 sections du Congrès.
L'inauguration de l'Exposition qui devait
avoir lieu hier à 2 h. 112 a été remise à au-
jourd'hui 9 h. 112.
Les [sections se sont réunies simultané*
ment de 2 h. 112 à 4 heures, elles ont élu
!eur bureau et émis plusieurs vœux dont
la discussion viendra en séance générale.
1" section. — Histoire
Président : M. Eug. Miintz, de l'Institut;
vice-président : M. Le Breton, directeur des
musées de Rouen ; secrétaire général : M.
de Geymuller; secrétaires: MM. Charles
Normand et de Souza.
On y a étudié les questions du respect des
servitudes imposées pour les édifices clas-
sés et de la conservation intégrale de quar-
tiers anciens; puis M. de Souza a vivement
pris la défense de Venise, très menacée il
y a quelque temps, on ne parlait de rien
moins que de combler ses canaux pour en
faire des routes carrossables, la Société vé-
nitienne de l'art public a protesté contre
cet acte de vandalisme et la municipalité
lui a donné raison.
S* Seetlea. — Esthétique
et tesfcaiqae
(•résident : M. de Suzor ; vice-présidents :
MM. Angels (de Bruxelles) et Georges Gain,
conservateur du musée Carnavalet; secré.
taira général : M. Ch. Lucas , secrétaires :
Mlle Blanche Chauveau, institutrice à Paris,
et M. Paul Robiquet.
Voici les propositions qui y ont été faites :
par M. du Suzor, qu'une définition de l'art
fiublic soit donnée; par M. Angels, que
esdoouments envoyés à l'administration
soient conservés afin qu'on en puisse faire
un musée permanent; par différents mem.
bres, que les fragments provenant des
monuments soient conservés à l'abri auprès
de ceux-oi ; que la polyohromiesoit conser*
vée dans les monuments et couvres d'art
A cette époque de statuomanie, il est bon
de prendre certaines garanties, c'est pour-
quoi dent les membres de la 2- section deman-
ent que les statues ne puissent être éle-
vées sur les places publiques que lorsqu'un
modèle aura été soumis à une commission
et accepté par elle.
3* section. — Lois et règlements
Président : M. Carton de Wiart (Belgique);
vice-présidents : MM. Victor Grez (Chili) et
André Dubois; secrétaire général : M. Hal-
lays; secrétaires : MM. Harmand et Cler-
bois.
Les membres de cette section ont émis
des vœux sur les questions suivantes : con-
servation des sites pittoresques; propor-
tionnalité de la hauteur des maisons aveo
la largeur des rues; classement obligatoire
des édifices présentant un caractère artis-
tique ou historique; modification de la le-
gislation sur les façades des maisons, né-
cessité des pénalités contre les propriétai-
res qui porleraient atteinte à la beauté de
leurs propres immeubles.
tfiscoiiifion générale
Sur la proposilion de M. le comte de
Suzor, les travaux se poursuivront à l'ave-
nir en séance générale et non plus en réu-
nions de sections.
Le travail en commun est en effet de
beaucoup préférable, il donne plus d'am.
pleur à la discussion et présente plus d'm.
térêt pour les congressistes
M. de Suzor est I auteur de deux. voeux
qui, nous l'espérons, seront adoptés dans
une prochaine sèance, Il demande que les
fêtes populaires prennent un caractère
plus artisque et il réclame la création de
musées populaires. Pour vulgariser l'art,
dit-il, il n'y a qu'un moyen, c'est de mettre
l'art dans la rue, à la porlée de tous que
i on organise dans les faubourgs de& mu-
sées populaires en plein air, dans la bonne
saison, sous un abri vitre en hiver, les ou-
vriers en se rendant à leur travail pourront
contempler sans dérangement et sans perte
de temps les chefs-d'œuvre des maîtres.
Ainsi se formera la sens du beau chez
le peuple et se développera l'art indus-
triel...
Les routiniers — et l'Administration —
vont crier que c'est là chose absolument
impossible, mais quand on sait que tes
musées sont trop petits pour contenir tou-
tes les merveilles artistiques que possèdent
les gouvernements et les villes,quïl y en a
des quantités d'entassées dans desgreniers,
on se demande s'il ne serait pas mieux de
s'en servir pour ces musées que réclame,
aveo raison, M. de Suzor!
La discussion générale a commencé sur
les vœux émis par la v section. Le Congrès
a décidé de demander aux pouvoirs publics
— gouvernements ou municipalités — de
conserver autant que possible l'aspect, ar-
tistique et archéologique d'ensemble dos
villes ou de quartiers de villes.
Il existe actuellement des servitudes,
mais la plupart du temps elles ne sont pas
respectées, une sanction pénale s'impose ;
cela existe d'ail!eurs en Hongrie et en Tu-
nisie, mais pour n'effrayer personne, les
membres du Congrès n'ont pas voulu indi-
quer en quoi pourrait consister cette sanc-
tion pénale.
Les congressistes ont ensuite adopté un
vœu de la 3- section demandant le classe-
ment obligatoire des monuments du passé,
et une proposition de M. Harmand tendant
à la modification de l'art. 1" de la loi fran-
çaise de 1887 qui ne vise que les édifices
isolés alors qu'il devrait comprendre éga-
lement les ensembles décoratifs.
M. Labusquièrb a prévenu les membres
dn Congrès que le compte rendu des tra-
vaux serait fait de façon attrayante, que
des illustrations orneraient le volume, le-
quel pourrait être donné en prix dans les
écoles de la Ville, et même, il l'espère,
dans les lycées.
Ce serait là, en effet, un excellent moyen
de vulgarisation auprès des parents qui ne
manqueraient pas de lire cet ouvrag-c,etAiu-
près des jeunes gens qui formeront la gé-
néralion de demain.
MARIA VÉRONE.
ASSOCIATIONS DE PRESSE
Une journée à Versailles
Les organisateurs du congrès de la presse
ont conduit hier les journalistes français
et étrangers,à Versailles où les attendait la
traditionnelle mais intéressante promenade
que tous les Parisiens connaissent bien, &
travers les salons du château, les grands
et petits appartements, la galerie des Gla-
ces, celle des batailles, I'CEil de boeuf et le
reste.
Le conservateur du musée s'était fort
aimablement mis à la disposition des con.
gressistes pour leur montrer en détail tou-
tesles merveilles entassées dans l'ancienne
demeure royale et la visite a été ainsi très
instruotive.
A une heure, M. Dupuy ministre de l'a-
griculture est venu présider le déjeuner
qu'il offrait à près de quatre cents tourna-
listes et qui a été servi dans l'Orangerie.
Au dessert, le ministre a prononcé un
très beau discours dans lequel il a rappelé
en finissant les grands sentiments de fra*
ternité qui devaient unir les membres de
la presse nationale et internationale.
Plusieurs autres toasts ont été portés
par M. Taunay d'abord et par quelques
confrères étrangers qui ont remercié du
bon accueil qui leur était fait.
Une surprise nous était réservée : le?
grandes eaux ont marché en notre honneur.
La caravane s'est ensuite dirigée vers le pe-
tit et le grand Trianon. On a visité le thé&*
tre de Marie-Antoinette.
Quelques confrères en s'éloignant s'éton-
nent qu'on'ait oublié l'obligatoire station à
la salle du Jeu de Paume, qui a été rayée
du programme, et plusieurs délaissant un
instant la caravane des congressistes, vont
sous la conduite d'un confrère de la presse
parisienne rendre visite à la salle histori-
que qui est comme le berceau en quelque
sorte de notre révolution.
Le retour s'effectue comme pour l'aller.
par un train chauffé exprès par la Compa-
gnie de l'Ouest, et à la gare Saint-Lazare on
se sépare joyeux de ce bel après-midi
passé au milieu des splendeurs et des cu-
riosités historiaue. de l'ancienno demeure
de nos rois.
M.-L.-N.
Obsèques d'Ary Renan
C'est au milieu d'une affluence énorme
de personnalités appartenant au monde
lilt\ aire et artistique qu'ont été célébrées
hie? tes obsèques de M. Ary Renan.
L'atelier de l'artiste situé au nO 6 de la
rue du Val-de-Gr&ce avait été transformé
en ohapelle ardente et le corps du défunt y
était exposé, sous un amoncellement de
fleurs, de gerbes, de couronnes.
Au moment de la levée du corps, M.
Bréal, membre de l'Institut a prononcé,
comme ami de la famille, quelques mots
sur le jeune artiste; il rappela les œuvres
qu'Ary Renan laisse, soit comme écrivain,
soit comme peintre.
Derrière le char funèbre,viennent M. Psi-
chari beau-frère du défunt, et ses petits
cousins Henri Renan et Devauchelle, con<
duisant la deuil.
Parmi l'assistance, nous remarquons Mlle
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