Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-08-02
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 août 1900 02 août 1900
Description : 1900/08/02 (A4,N967). 1900/08/02 (A4,N967).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6704086n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Fronde
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CALENDRIER PROTESTAIT
Passage de la Bible à lire et à méditer
ACTES V. 29-33
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CALENDRIER RUSSE
0) JUILLET 1000
Ob % 16. % i
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f AB, ANNÉE 5600
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les Associations de pr^se, de l'Enseignement
des sciences sociales, d,-s Architectes, de l'Ensei-
gnement supérieur, de la H';KlelJleut;l!io'l doua-
nière, d'Assistance publique et rie bienfaisance
privée, des Colonies, de Droit compare, de l'En-
seignement secondaire, pour 1 majoration du
sort des aveugles, ouverture dus congrès d,;
l'Enseignement primaire, de Philosophie de,
Phrraiacie, de Médecine.
A 2 h heures. euUrM'S à Maisons-Laffltte.
Bzposal IcJU,( : A La tilldiniere, 18, rue St La-
tare, exposition des oeuvres de L. Carrier Bel-
leuse de lh. à 6 h.
g(treh(.,'s aux Fleurs : Place de la République,
1>lace St-Sulpice, I)uuievai-j deClichy. boulevard
llaapail.
Au Trocadéro: Matinee consacrée & Molière
donnée par laComn-ik- irançaise.
Au Conseï v(iloi? e : 11 a ni à tion des prix à 1 h.
Nous la présidence de M. Larroumet.
A l'Hôtel de Ville : li, "-cepLion à 5 h des mem-
bres du Congrès international des Associations
de
A Venantes et (1 Sèvres : Le ministre ei le di-
recteur des beaU.,-.lrls acc •rnpagneront le shah
de Partie dans ces d, ux villes.
rhecitres : Reprise du Çiumineau, à 8 h. 3/4 au
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Conférences : Ecole internationale de l'Expo-
sition :
M. Hauser : Les Colonies Portugaises à l'Ex-
{•osition. (Rendtoz-%Ous: Salle de l'Administrat-
ion des Colonies, près la porte Deleesert, à
10 h. li4 du matin.)
Lightliouses : Their Lighting and Electrio
Communication wit!i Lan'). Mr J. T. Morris.
(bureau de l'Ecole If}:erll,ttÍonall, Classe 1.
Champde Mars, 10 h. 1/4 du matin )
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tings) Mr. G. B. Zug.
(Heudezvous at Saint Gauden's Statue of Oe.
neral Slierman, just insi de entrauce of Grand
Palais à 10 h. 1/2 du iii,,Lttu .
V)t!tu tothe Exposition Annexe at Vincennes.
Leader : Mr. T. R. Marr.
(Meet at Sttambo,iL Pier on South aide of
Pont des Invalides at 2. <0 p. m. Go by boat to
Chareuton, and theuce to the Annexe by Elec-
jric Tramway.)
La Coopération des Idées, 157, faubourg Saint-
Ultoine. à 8 h. 112, Mine Jeanue LJrômond :
v'œuvre de Courteliue.
Du Régicide
Tu peux tuer ua homme avec tranquillité.
Victor HUGO.
(Les Châtiments).
Ah ! Lorenzo, Lorenzaccio, Lorenzino,
in quel trouble tu nous jettes, toi, tes
ancêtres, te. héritiers, — toute la pâle
théorie aux mains rouges, aux yeux
caves, des Tueurs de rois 1
Lorsque Brutus abat Tarquin, parce
que le pavot dépasse trop arrogamment
ta multitude, parce que son calice dé-
verse trop de poisons mortels, de som-
nolences perverses,au cœur des citoyens,
il n'est lui-même qu'un imitateur : il
continue le geste des héros grecs, hé-
breux, égyptiens, glorifiés dans les pa-
pyrus, ou s'érigeant en marbre sous le
ciel pur d'Athènes.
Si haut que l'on remonte, dedans la
nuit des âges, en face du porteur de dia-
dème surgit le porteur de poignard.
Qu'inspire-t-il?
Ici, le problème se pose, s'embrouillo
dans l'écheveau de la casuistique.
L'Evangile, lui-même, en a pour tous le9
goûts. Il dit bien : « Tu ne tueras pas »
— et ceci nous apparaît, à nous,femmes,
comme la suprême morale — mais,
presque aussitôt, il ajoute le correctif
qu'a formulé le poète :
Qui du glaive a frappé, périra par le glaive
Alors ?
Judith est vénérée par son peuple,
Charlotte reste « L'ange de l'assassinat ».
Pour peu que le régime change, celui-là
dont la tète fut tranchée en grand appa-
reil est justifié d'abord, puis statufié.
Des recherches sont faites, des livres
sont écrits, d'où apparaît le désintéres-
sement personnel qui guida son acte.
Les enfants lisent, écoutent, se font une i
âme « romaine ", comme on disait autre- 1
fois... et, s'ils ne ramassent le couteau, :
du moins ils envisagent sans étonne- <
ment qui le recueille et le lève — du 1
même mouvement automatique, profi-
lant la même ombre sur le mur de l'His- (
toire 1 (
Hache du bourreau qui décapite Char-
les I", couperet de l'échafaud qui guil- >
totine Louis XVI, stylet qui brille au c
poing des « justiciers 1), la forme seule c
diffère. Et ce fut symbolique que l'arme 1
de Martin Mermo (qui tenta d'occire, ;
voici un demi-siècle Isabelle d'Espagne)
ne pouvant être réduite par la lime dut
fttre fondue dans un bain d'acide !
Mais, quand même, le fer demeura au l
fond — et c'est de ce fer-là que fut forgé '
l'outil du meurtre d'après.
***
J'ai mi3 en exergue, au présent article,
le vers fameux dont Hugo conviait (ayons li
la franchise du mot) à l'exécution de d
Napoléon III. t<
Une autre opinion sera curieuse à u
mettre en parallèle : celle de Mme Cavai- l'
gnac, la veuve du conventionnel, la a
mère du général si implacable aux insur-
gés de juin et du républicain Godefroid. p
Dans ses Mémoires, curieux à plus d
d'un titre, voici, en effet, ce qu'on pou- n
vait lire. F
« On s'efforce vainement de faire du e
« régicide un homicide à part, comme d
« mille fois plus criminel, tandis qu'il g
« n'est à part que comme le seul recours CI
« possible du droit contre l'oppression, dl
« Il me semble assez rationnel que M
« ceux qui se placent au-dessus des lois L
« soient- car gala seul, mis hors (a toi et CI
a, « qu'on rentre vis-à-vis d'eux dans le
i, « droit de se faire justice soi-même,
r « puisque la société s'y refuse.
« Celui qui eût frappé Charles IX prêt
■ « à ordonner la Saint-Barthélemy et qui
. « l'eût frappé sachant bien qu'il donnait
à « sa vie, on l'eût conduit à l'échafaud
f « dans l'appareil réservé aux parricides.
m Mais en eût-il moins été un martyr
ts (f dévoué à son pays, à l'humanité? »
La Elle se rencontrait là-dessus avec Louis
XVIII, si miséricordieux aux régicides
— contre son frère pourtant 1 — qui lui
avaient procuré un trône. Et, de leur école
précisément était la victime d'aujour-
d'hui : ce roi Humbert qui, philosophe,
5> traitait ledit péril d' « aléa de la profes-
■; sion ».
i- C'est que mattre de l'Italie, il était imbu
c de la tradition latine; que chaque dalle
des palais, chaque parvis de cathédrale,
(J chaque degré d'autel, lui rappelait le
tyrannicide ayant contribué par la fédé-
ration des colères, la complicité des
représailles, à créer cette unité dont il se
- trouvait le bénéficiaire.
Pour ciment à ses bases, le Quirinal
, avait tout le sang versé des principicules
1 despotiques, des Farnèse, des Borgia,
; des Médicis! ;
•ut * j
*
Il se rappelait aussi la proclamation <
, mazzinienne, que son ministre Crispi,
alors conspirateur, avait contribué à ré-
- diger et à répondre.
1 I! s'agissait alors du roi de Naples.
i « Considérant que l'homicide politi-
« que n'est pas un délit et encore moins
« quand il s'agit de se défaire d'un eu-
le nemi qui a en main des moyens puis-
. « sauts et qui peut, en quelque sorte,
^ « rendre impossible l'émancipation d'un
( « grand et généreux peuple ; considé-
« rant que Ferdinand de Naples est
« l'ennemi le plus acharné de l'indépen-
« dance italienne et de la liberté de son
« peuple.
« Est approuvée la résolution sui-
« vante, pour être publiée par tous les
« moyens possibles dans le royaume de
« Naples : « Une récompense de cent
« mille ducats est offerte à celui ou à
« ceux qui délivreront l'Italie du susdit
« tyran ; et comme il n'y a dans la caisse
(t du comité que 63,000 ducats, les au-
« tres 35,000 seront fournis par sous-
* cription ».
Il se souvenait qu'Argésilas Milano —
le premier qui s'était dévoué à exaucer
ledit vœu, échoua — mourut — connut
en mémoire et en effigie, la plus com-
plète réhabilitation; que Crispi encore,
a la tribune du Parlement, put dire,
parlant de cette tentative de régicide :
« Cet acte audacieux, aucun patriote ne
« peut le lui reprocher »; que le Trésor
italien servira une pension à la féimille
de l'exécuté.
Il pouvait évoquer aussi, Humbert de
Savoie, l'inscription que porte glorieu-
sement sur son cœur, une maison de
P!aisance.
Elle y fut gravée, voici quatre ans,
inaugurée avec toute la ferveur offi-
cielle, pour l'édification du populaire.
En voici le texte :
« En traversant Plaisance, avant de
« toucher le libre sol piémontais, Félix
* Orsini passa la nuit du 5 avril 1850 dans
< cette maison d'Edouard Gughelmitti,
« asile sûr des réfugiés italiens, pour
« aller de là accomplir sur les rives de ,
« la Seine, ce serment terrible qu'il expia
« sur l'échafaud, condamné par l'his-
« toire, mais sanctifié par l'amour de la :
« Patrie. » j
L'acquittement récent d'Arredondo — ,
avec félicitations — devait hanter son •
âme. i
Enfin, pénétrant plus avant dans les <
areanes du Destiu ; illuminé de ces clar-
tés que le ciel accorde quelquefois à ceux i
qui vont disparaître, peut-être aussi, en j
prononçant ce mot de vérité profonde — (
« l'alea de la profession » — le roi d'ita- j
lie avait-il mesuré le poids, le prix de c
ses prérogatives opposées aux devoirs, c
aux obligations de la masse. Que de pri- [
vilèges ! Que de responsabilités aussi 1 s
C'est vers lui, au-dessus de 3on front a
que devait s'accumuler la foudre ! C'est g
lui qui devait, parce que roi, payer pour r
la famine, le sang versé, les tortures du d
bagne, les larmes des veuves, les impré- I
cations des captifs. Et pour le cri des t
belles seigncuresses de Milan, penchées
sur les balustrades, désignant, de leurs i;
doigts fins, annelés de bagues, les poi- (]
trines décharnées des plébéiens, des ré- d
voltés de misère et criant aux soldats, ti
dans un sourire jeté comme une fleur : n
« Visez juste ; et tirez bien 1 » s
« Tu ne tueras point Oui, c'est la
vraie morale, la seule. Mais ne pourrait- "
on souhaiter aussi qu'envers la chair à
canon, à travail, à plaisir, tout le bétail
humain rangé sous leur houlette de fer,
MM. les souverains commencent ! c,
SÉVERINE.
L'Inauguration
du buste de Félix Pécaut
Peu de temps après la mort de M. Fé-
lix Pécaut, les membres de l'association
des anciennes élèves de l'Ecole de Fon-
tenay-aux-Roses ouvrirent, entre elles,
une souscription, en vue d'ériger, dans
l'école même, le buste de celui qui en
avait été le fondateur et l'âme vivante.
Ce buste a été inaug'iré hier matin, en
présence des anciennes élèves, aujour-
d'hui professeurs ou directrices d'école
normale venues de tous les pointa de la
France pour accomplir cet acte pieux ;
en présence des professeurs de l'Ecole ; 1
de M. Buisson ex-directeur de l'Ensei-
gnement primaire — à qui l'on doit la
création de cet établissement — le joyau
de notre enseignement féminin — de
M. Compayré recteur de l'Académie de
Lyon, de M. Gréard, vice-recteur de l'A-
cad*EQie de i'ttriSi do M. iiiyet directeur
i de l'Enseignement primaire, remplaçant
, le ministre de l'instruction publique.
M. Leygues avait promis de venir ce-
t pendant, et de donner par sa présence
i un caractère national à cette fête, mais
t tous les ministres ont pris l'engagement
1 de n'assister à aucune cérémonie publi-
. que, tant que durera la période de deuil
* que le gouvernement de la République a
prescrite, à l'occasion de la mort drama-
i tique du roi d'Italie. Cet engagement
: commun l'a privé d'accomplir ce qu'il
i regardait comme un devoir.
5 Essayer de reproduire, à l'aide de do-
■ cuments, les traits de Félix Pécaut, pa-
, raissait une œuvre extrêmement diffi-
eile ; les illuminer de la flamme qui brû-
lait en lui avait été déclaré impossible, et
i cependant, ce que les Fontenaisiennes
i ont voulu, le oiseau de M. Damps l'a réa-
lisé. Aussi lorsque Mme Robert, répéti-
i trice dans l'établissement, a découvert
< le marbre, une émotion indicible a étreint
les cœurs. C'étaient bien ces traits si
fièrement accusés, cette bouche bienveil-
lante et spirituelle, ces yeux perçants,
qui pénétraient jusque dans la moelle de
l'interlocuteur ; cette physionomie de
penseur austère « qui aurait été trop
dure si elle n'avait été si bonne )1; le
grand vestibule en a été réellement illu-
miné.
Après un discours très sobre, très
bien composé et très bien pensé de Mme
Dejean de la Bâtie, directrice actuelle de
l'Ecole de Fontenay, après quelques pa-
roles très nettes de Mme Robert, expli-
quant pourquoi l'Association des ancien-
nes élèves de Fontenay avait voulu être
représentée par M. Ferdinand Buisson à
l'exclusion île tout autre, ce dernier a
la parole. Mais M. Buisson était un des
disciples les plus respectueux de M.
Pécaut, en même temps que son ami le
plus attaché; aussi avons-nous craint,
un moment, que l'orateur ne parvînt pas
à maîtriser son émotion, ce que eût été
bien regrettable, car nous aurions été
privés d'une de ces émanations de son
âme qui réconfortent, élèvent et font en-
trevoir un avenir lumineux à travers les
nuages du présent.
M. Buisson, interprète des anciennes
élèves, a dit de quoi les Fontenaisiennes
étaient reconnaissantes à Félix Pécaut.
C'est d'avoir (t labouré » leur esprit;
C'est de leur avoir communiqué son
amour pour le peuple ; C'est de leur
avoir enseigné à s'affranchir de toute tu-
telle morale, même de la sienne ; C'est
de leur avoir fait comprendre que rien ne
saurait être trop bon pour les petits ;
C'est de les avoir persuadées que sans
morale, il n'y a pa.. d'éducation, et sans
liberté de conscience, il n'est pas de mo-
rale ; C'est enfin que pour que la France
soit sauvée par le suffrage universel, la
pensée de la femme doit être en har-
munie avec celle de l'homme ; C'est sur-
tout de les avoir pénétrées de l'amour de 1
leur pays, d'un « Saint 1) amour pour
leur pays. i
Je considère presque comme une pro- 1
fanation de toucher ainsi brutalement J
— parce que je suis trop pressée — à ce .
beau discours ; et je demande à ceux qui 1
l'ont entendu, comme à celui qui l'a pro- j
noncé de me pardonner cette triste au-
dace. 1
Mais il faut que la Fronde puisse dire i
à ses lecteurs que les institutrices de 1
France savent honorer leurs morts, et !
qu'elles savent aussi se faire représenter
par les meilleurs parmi les vivants. l
M. Darlu, doyen des professeurs de (
Fontenay, a lu des pages vibrantes de t
la foi démocratique qui animait M. Pé-
caut, il a dit que les professeurs de- i
vaient à l'ancien directeur autant que r
les élèves car « il les faisait toujours Il
voir plus loin, penser plus haut ». ]
Enfin M. Bayet, au nom du ministre,
nous a dit en son style lapidaire qui e
laisse toujours transpercer t'émotion, Q
que s'il avait connu trop tard M. Pécaut
pour devenir son ami, il connaissait son r
œuvre; que tous les jours depuis quel- a
ques années il en appréciait davantage 9
les résultats et que c'était dans toute la *
sincérité de son âme qu'il s'était associé
au deuil des Fontenaisiennes et des
amis de Félix Pécaut; deuil vraiment
national puisque Félix Pécaut a été un *
des plus ardents collaborateurs du re- ^
lèvement de la France après ses désas-
tres. ii
On à chanté de beaux chœurs sous
la direction de M. Bourgault-Ducoudray 1'1
(M. Pécaut pensait que le chaat est un
des plus précieux éléments d'éducation,
trop négligé jusqu'ici) et quand nous
nous sommes séparés, chacun de nous
se sentait meilleur. o,
PAULINE KERGOMARD.
Après l'attentat
Dans la nuit de mardi à mercredi, la train
spéoial venant de Reggio de Calabre avec
le nouveau roi Victor-Emmanuel III et la
reine Hélène.es' arrivé à Naples à une heure
quarante-cinq.
! Le préfet, le général commandant le
corps d'armée et M. Crispi, très ému, s'é-
taient rendus à la gare pour rendre hom-
mage au roi et à la reine.
Ils sont repartis avec le duc de Gènes, à
deux heures du matin.
Le roi Viclor-Emmanuel a été de passage
en gare de Rome, hier matin, à six heures
trente. Sur le désir exprimé par lui qu'il
n'y ait aucune réception officielle, les mi-
nistres se sont bornés à se rendre à la gare
pour faire acte de présence.
Quand le train spécial, composé de quel-
ques wagons-salons, est entré en gare, les
ministres se sont dirigés vers le dernier
wagon et ont fait demander s'ils pourraient
présenter tours hommages au nouveau sou-
verain. Le roi les a fait monter et s'est en-
tretenu avec eux quelques minutes. M. Ru-
dini, ministre des finances, au nom de ses
collègues, a exprimé toute l'horreur ressen-
tie par le pays à la nouvelle de l'exécrable
attentat et a présenté à Viclor-Emmanuel
les condoléances du gouvernement et du
pays. Le roi a remercié en termes émus,
ajoutant qu'il avait été heureux de voir
1 explosion de sentiments de sympathie de
IfA iiiilioa pour su maison,
En débarquant à Reggio di Calabria, le
t roi a adressé la dépêche suivante à M. Sa-
racco :
. < J'approuve les mesures prises par Vo-
, ' tre Excellence et je oonfirme au cabinet la
confiance qu'avait en lui mon regretté
1 père ».
Le train royal arrivé à 6 h. t6 à Milan
1 s'est arrêté peu de moments.
i Une foule considérable était massée hors
de la gare, l'entrée était rigoureusement
^ défendue.
Les autorités se trouvaient à la gare,
mais personne n'est monté dans le train.
Le roi Victor-Emmanuel III et la reine
Hélène sont arrivés hier à 6 h. 40 du soir à
Monza.
Sur le quai de la gare,attendaient le sou-
verain : le duo d'Aoste, le due de Gênes, le
comte de Turin, M. Saraoco, président du
oonseil, le général Ponsa Vaglia, le syndic
de Monza, M. Corbetta, etc., etc.
La réception, sur la volonté expressément
manifestée par Victor-Emmanuel 111, n'avait
aucun caractère officiel.
Le roi après avoir embrassé les princes
qui pleuraient et serré la main du syndic,
est monté avec la reine Hélène, dans un
landau qui s'est immédiatement rendu au
château.
Là s'est produite une scène émouvante.
Le roi a sauté de voiture sans attendre
qu'on vienne lui ouvrir la portière et il
s'est précipité dans les bras de sa mère, la
rein* Marguerite qui l'attendait au haut du
perron, entourée de toutes les princesses
et des dames d'honneur.
Pendant un moment la reine et le roi se
sont tenus embrassé., mêlant leurs larmes,
tandis qu'autour d'eux tout le monde san-
glotait. Puis le roi se dégageant, a attiré la
reine Hélène qu'il a poussée dans les bras
de sa mère, tandis que lui-même, sans
songer à l'étiquette des la cour, se précipi-
tait vers la chambre où repose le roi Hum-
bert.
Victor Emmanuel III s'est littéralement
jeté sur le corps de sonpère qu'à plusieurs
reprises il a baisé au front, tandis qu'il
était secoué par les sanglots qu'il ne pou-
vait retenir
Puis il s'est jeté à genoux au pied du ht
et s'est absorbé daas une longue prière, à
laquelle sont venues se joindre les reines
Hélène et Marguerite ainsi que les princes-
ses et les princes de la famille royale.
Le nouveau roi d'Italie a exprimé le désir
de veiller pendant toute la nuit le corps de
son père.
Aujourd'hni seulement Sa Majesté s'oc-
cupera des affaires de l'Etat et des der-
nières dispositions à prendre dans le con-
seil des ministres, qui aura lieu à 10 heures
dès l'arrivée du train amenant à Monza
tous les ministres et les sous-secrétaires
d'Etat.
Rien n'a été changé à l'ordonnance de la
Chambre mortuaire, pour permettre au roi
Victor Emmanuel 111, de voir une der-
nière fois son père, sur son lit de mort.
Pendant toute la journée, la reine Mar-
guerite, qui, dans les douloureuses cir-
constances qu'elle traverse, fait preuve
d'un courage qu'admirent tous ceux qui
sont admis au palais, la reine a voulu
elle-même remplacer les fleurs déposées
sur le lit de son auguste époux. A cet effet
les serres du château de Monza ont été
dévastées.
On a dit que les médecins avaient renoncé
à embaumer le corps du roi Humbert et
qu'ils avaient décidé de se contenter d'in-
jections chimiques.
C'est une erreur. L'embaumement a été
tenté, mais l'opération n'a pas réussi à
cause de la forte hémorragie, oonséeutive
à sa blessure au cceur.
Dans la matinée d'hier, on a constaté une
partielle décomposition du cadavre et les
médecins, pour éviter qu'elle ne s'étende,
ont proposé à la famille royale de métalli-
ser le cadavre d'après le système GorillÍ.
Il est probable que l'exposition publique
du corps du roi aura lien aujourd'hui dans
la chapolle privée du château, qui vient
d'être, dans ce bUl,lranlformée en chapelle
ardente.
La mise en bière aura lieu ensuite, en
présence du roi, des princes de la famille
royale, du président du conseil et du pré-
sident du Sénat, qui dresseront le proeès-
verbal de cette cérémonie, dont l'original
sera déposé aux archives du royaume.
Hier matin, à ta cathédrale de Monza, une
cérémonie funèbre a été célébrée à la mé-
moire du roi Humbert.
Le maître des cérémonies de la Cour,
représentant la maison du roi, toutes les
autorités, les officiers et les troupes de la
garnison, ainsi qu'une foule considérable
assistaient à celte cérémonie.
L'interrogatoire
de l'assassin
Dans la cellule que depuis hier Il ocoupe
à la maison de justice de Monn, fe régicide
continue à faire preuve du plus grand sang-
froid et d'un calme surprenant.
A toutes les questions qui lui sont posées
il fait la même réponse.
— J'ai commis le crime. Je l'avoue, je
l'ai commis paroe que je suis anarohiste.
Je n'ai auoun complice. L'ami qu'on a vu
avec moi, et que je refuse de nommer pour
ne pas lui attirer des ennuis, ne savait
absolument rien de mes intentions.
Et après avoir fait ces déclarations,
Bressi s'enferme dans un mutisme absolu.
Il passe la plus grande partie de son
temps sur sa couchette et n'adresse jamais
la parole aux deux gardiens enfermés avec
lui.
Bressi, contrairement à l'opinion géné-
rale ne sera pas condamné à mort.
Le code pénal, en effet, a aboli la peine
de mort pour les régicides. L'article 117 de
la loi actuellement en vigueur, porte que
les régicides seront condamnés aux tra-
vaux forcés à perpétuité et que, pendant
les sept premières années de leur peine,
ils seront enfermés en cellule et maintenus
dans le seoret le plus absolu.
, Les années suivantes le régicide est ad-
mis au travail en commun.
Bressi est justiciable de la cour d'assises
de Milan et c'est le substitut de la cour
d'appel de oette ville qui est chargé de la
direction de l'enquête.
D'autre part, on assure que Bressi, dans
son interrogatoire d'hier, n'aurait pas nié
avoir reçu mandat d'assassiner le roi, et
on croit que le crime avait été décidé à Pa-
terson.
Bressi avoue avoir été à Paris, mais il
nie y avoir eu des entrevues avec les anar-
chistes.
Un certain Salvatore Quintavalli, qui -re-
vint d'Amérique avec Bressi et qui alla à
Paris avec lui à des réunions anarchistes,
a été arrêté hier à Riomarina (ile d'Elbe).
On assure que l'on a saisi sur lui plu-
sieurs lettres et des photographies de cinq
anarchistes portant le mot (c orime o, ainsi
qu'une carte postale donnant rendez-vous
à Quintavalli le 8 juillet à Florence. Quia-
tavàli/, en ctfel, se rendit d4as cette ville,
Quintavalli a été conduit à la prison de
Porto-Ferrajo.
Un certain Antonio Lanner, âgé de trente
ans, qui revint d'Amérique avec Bressi et
unt femme, a été arrêté hier à Ivrea.
Les motifs du séjour de Lanner à Ivrea
sont inconnus. Les soupçons qu'un com-
plot existait augmentent à la suite de ces
arrestations.
Le lieutenant Bressi, frère de l'assassin,
a dit que l'attentat de son frère était la plus
lâche action du siècle.
Depuis longtemps, le lieutenant n'avait
pas de nouvelles de son frère qu'il croyait
encore en Amérique.
Il a ajouté que s'il est appelé à déposer
devant les juges, il exposera nettement sa
censée.
Interview de Mme Bressi
un a rait une perquisition, à West-UDo-
kon, chez Mme Sophie Bressi, qu'on sup-
Bose être la femtne de l'assassin du roi
Humbert. Cotte femme était très intimidée,
mais on n'a rien trouvé chez elle qui éta-
blit que son mari et elle fussent mêlés à
un complot.
Elle s'est mise à pleurer et s'est éva-
nouie.
Elle a déclaré ensuite que Gaetano était
un mari modèle et que jamais elle ne
l'avait entendu dire qu'il était anar-
chiste.
Au commencement de cette année il
avait reçu la nouvelle de la mort de sa
mère lui laissant un petit héritage et c'est
pour régler la succession qu'il quitta New-
York pour l'Italie le 17 mai.
La femme de Bressi croit que le méfait
est dû à une impulsion soudaine, et que
les anarchistes lui ont fait tourner la
tête.
La femme de Bressi, affirme que Il pré
nom de son mari est GaêLano. Il serait
parti le 17 mai en 2' classe à bord de la
Gascogne, disant qu'il allait règler la suc-
cession de sa mère en Italie.
Son frère aîné est un grand marchand de
chaussures à Florence.
Télégrammes
de condoléances
L'empereur d'Allemagne a exprimé dans
les termes suivants ses condoléances au
roi Victor-Emmanuel :
« Profondément ému par la mort de ton
noble père, mon très affectionné et fidèle
ami et allié, je t'envoie avec l'expression de
mon chagrin, les vœux sincères et chaleu-
reux que je fais pour ton règne.
« Puisse l'amitié qui a uni nos maisons
et nos peuples, pendant le règne de ton
père, exister à jamais ! Le souvenir du roi
Humbert restera éternellement gravé dans
mon cœur! »
D'aprèti la Gazette de l'Allemagne du Nord,
l'empereur a adressé à la reine Marguerite
le télégramme suivant :
« Extrêmement ému parla mort de votre
époux royal, mon cher ami et allié, je vous
envoie, de ma part et de celle de l'Impéra-
trice, l'expression de notre douleur la plus
profonde et la plus sincère.
« D une bonté, d une bravoure et d'une
fidélité sans bornes, le roi Humbert est
tombé comme le soldat sur le champ de
bataille, victime de ces tentatives diaboli-
ques que les lois humaines aspirent à
briser.
« Que Dieu vous console en votre dou-
leur sans nom! qu'il fortifie le bras de vo-
tre fils, afin qu'il puisse tenir et le sceptre
et l'épée, pour le bien de son peuple, pour
la gloire et la prospérité de l'Italie.
« Le souvenir de votre époux vivra éter-
nellement dans notre oœur. »
Le Quirinal et le Vatican
Le correspondant du Daily Mail à Rome
dit que le Pape est encore très vivement
impressionné par le crime de Bressi à la
suite duquel il aurait décidé à envoyer sa
bénédiction apostolique au nouveau roi.
Ce serait, en fait, la réconciliation du Qui-
rinal et du Vatican.
Le Pape estimerait que l'union des pou-
voirs spirituel et temporel serait nécessaire
pour combattre l'anarohie.
A l'ambassade d'Italie
L'ambassade d'Italie à Paris fera oélébrer
un service solennel, le jour des funérailles
du roi d'Italie à Romé.
Selon toutes les probabilités, ce service
aura lieu à la Madeleine, y seront convo-
qués les membres du corps diplomatique
de la colonie italienne et les corps consti-
tués.
Il n'y a eneore rien de décidé au sujet
du voyage du comte Tornielli. On attend à
l'ambassade d'Italie les ordres du roi Vic-
tor Emmanuel 11, relatifs aux funérailles,
et lorsque ces ordres seront connus, c'est
alors seulement que le comte Tornielli
prendra une décision.
A l'Etranger
Bruxelles, 31 juillet.
Le roi des Belges a appris la mort du roi
d'Italie à Bergen (Norvège) où il fait une
croisière sur son yacht. 11 a envoyé immé-
diatement des dépêches de condoléances à
la reine Marguerite et au roi Victor-Emma-
nuel.
La cour de Belgique prend le deuil pour
un mois.
Buenel-Ayres. 31 juillet.
Les bureaux du gouvernement, ceux des
banques et la Bourse ont été fermés pour
rendre hommage au roi Humbert.
Les Italiens organisent une procession
civique.
On dit...
INTÉRESSANTE DÉCOUVERTE
Le service de la boulangerie en campa-
gne semble devoir subir à bref délai une
transformation complète par suite de la
découverte que vient de faire un officier
du 105, régiment de l'infanterie française,
le capitaine Pilbon.
Cet officier a trouvé la composition d'un
levain spécial, qui fait lever la pâte en
quelques minutes, alors qu'actuellement
ce phénomène de fermentation ne se pro-
duit que plusieurs heures après le pétris-
sage.
Le ministre de la guerre a fait inviter
le oapitaine Pilbon, en garnison à Riom, à
se rendre à Paris pour procéder à des ex-
périences devant les personnalités compé-
tentes.
Si cette invention est reconnue applica-
ble dans la pratique, le véritable pain de
guerre sera trouvé. Il deviendra possible,
en effet, de fournir constamment du pain
frais aux coros d'armée 'Q campagne, ré-
sultat que l'intendance militaire craignait,
jusqu'à présent, de ne pouvoir atteindre.
Attendons et espérons toujours !
PETITE RECETTE
Le beurre en été, fait, non sans raison, la
désespoir des ménagères. Comment le con-
server frais, comment l'empêcher de se li-
quéfier?
Prenez un simple pot de fleur vide. En-
veloppez-le d'une flanelle mouillée. Mettez
votre beurre dans une assiette avec un peu
d'eau ; puis coiffez-le du pot de fleur.
L *évaporation de l'eau crée à l'intérieur
une température assez basse pour que le
beurre se maintienne dans les conditions
où il se trouve, en hiver.
C'est simple n'est-ce pas? et c'est infailli.
ble.
LE VIEUX PARIS
La température étant enfin redevenue
normale, le Vieux Paris reprend son pro-
gramme de spectacles en plein veni. : pa-
rades, chants, exhibitions, etc., si goûtés
des visiteurs et qui donnent à ses rues et à
ses places un aspect si curieux et si
animé.
Le Vieux Paris est toujours l'importante,
artistique, intéressante et amusante attrac-
tion qu'on ne peut se dispenser d'avoir vue
au moins une fois, et d'un bon marché
dont on trouverait difficilement l'équiva-
lent.
NÉCROLOGIE
On annonce la mort de M. Fousset, séna-
teur du Loiret, qui s'est suicidé, hier, à Vi.
chy, en se jetant sous les roues d'un train
en marche. La mort a été instantanée.
M. Fousset était né, à Orléans, le 24 juillet
1830; il était donc âgé de soixante-dix
ans.
Ancien négociant, ancien juge au tribunal
de commerce, ancien adjoint d'Orléans,
eonseiller général, M. Fousset avait été
élu, en 1879, député de la première cir-
conscription d'Orléans. Réélu, en 1881 et
en 1885, il avait été nommé sénateur le S
janvier 1888, et réélu en 1897.
LES CONGRÈS
ASSISTANCE PUBLIQUE
ET BIENFAISANCE PRIVÉE
ts Qu'il s'agisse de la mutualité, des assu-
n rances sociales, du patronage de la jeu-
)i nesse ouvrière, des œuvres d'institutions
is féminines, des associations ouvrières, —
en somme, à des points de vue différents,
1, Cb sont toujours le Il mêmes problèmes qui
•,q restent posés ; et chacun de ces Congrès
qui se suivent et se ressemblent, repré-
'e sente un nouvel effort pour les résoudre.
is Aucun ne fut plus net, plus direct que
L- celui-ci. Il suffit, pour s'en rendre oompte,
s de se reporter a la rubrique ci-dessus.
Assistance publique, bienfaisance privée, ce
e sont là deux termes, deux tendances donl
it il faut d'abord marquer l'opposition et me-
e surer la divergenoe. Puis. — entreprise
- plus délioate — il s'agit de les concilier.
& Combien de difficultés surgissent! c'est
d'abord, d'une façon générale, la vieille
- antithèse de l'individu et de l'Etat. Que doit
- faire la société ? Que peut faire l'initiative
i privée ?
Ce sont ensuite les deux idées de charité
et de solidarité que nous retrouvons aux
• prises. Et il ne serait pas besoin d'insister
beaucoup, pour montrer que la lutte en-
gagée ici, c'est surtout la lutte de l'esprit
chrétien et de l'esprit laïque. Deux systè-
, mes de morale sont en présence, la morale
l spiritualiste et la morale utilitaire. Si l'on
i va au fond des choses, ce sont les princi-
L pes de l'une ou de l'autre qui inspirent les
divers orateurs, et qui donnent à leurs pa.
roles tout leur intérêt et tout leur sens.
Si l'on considère le détail, les questions
. se multiplient.
i « Bonté, voilà pour la bienfaisance pri.
vée ; justice, voilà pour l'assistance publi.
que, /1 disait l'autre jour dans son éloquente
allocution M. Henri Monod. Mais justice et
, bonté, ce sont deux choses différentes : tout
dépend de la signification que l'on attribue
à ces deux mots. (1 Nous avons assez, diront
; quelques-uns, de votre bonté orgueilleuse,
souvent maladroite et presque toujours
inefficace. Tout ce que nous voulons, c'est
qu'on introduise plus de justice dans les
rapports sociaux. )1
On répond : « Vous ne pouvez réaliser
immédiatement votre idéal de justice;
peut-être n'est-oe qu'une chimère. En at-
tendant, laissez la bonté poursuivre son
œuvre, laissez-là soulager des misères que
vous êtes impuissants à prévenir. H
Ce n'est pas tout. Le mot d' « assistance »
est équivoque. Dans quel sens faut-il en-
tendre l'assistance publique? S'agit-il d'un
ensemble d'aumônes, que l'Etat accorda
aux nécessiteux? Si oui, c'est de la charité.
Et il n'y a plus entre la bienfaisance publi-
que et la bienfaisance privée d'opposition
irréductible.
Mais si le mot d'assistance signifie soli.
darité, si l'on admet que l'Etat doit subve-
nir aux besoins de tous les misérables qui
ne sont pas ou ne sont plus capables de
gagner leur vie, que le secours n'est plus
une aumône, mais une chose due, plus une
faveur, mais un droit, alors ce sont deux
conceptions sociales contradictoires entre
lesquelles il faut choisir. A moins que l'on
ne se contente, Gomme il arrive toujours
en rait. d'une solution bâtarde et provi-
soire, qui, si elle ne satisfait pas tous les
théoriciens, répondra du moins dans la
mesure du possible aux exigences de la
réalité. N'est-ce pas une telle solution, mo-
deste mais pratique, que nos congressistes
s'appliquent à découvrir ?
Du caractère des oeuvres d'assistance par le
travail. Ne #ont-elles pas par essence des œu»
très d initiative privée ?
Cette façon de poser la question semble
un peu trop préjuger la réponse ; elle nous
laisse du moins prévoir quelles seront les
conclusions du rapporteur général, M. Fer-
dinand Dreyfus.
Il résume les trois rapports de MM. Ma.
rais, Massow et Lundell. Quelle en est l'i-
dée commune ? C'est que l'assistance par le
travail, telle qu'elle est pratiquée par les
sociétés privées peut se définir la substitu-
tion à l'aumône en argent, banale et ineffi-
cace, d'un secours modique et prolongé
subordonné à l'exécution d'une tâche dé-
terminée.
L'assistance par le travail étant ainsi d4.
finie, l'orateur ne juge pas nécessaire d'en.
trer dans le détail de chaque œuvre. Leut
variété même est une preuve de leur uli..
lité : elle atteste en même temps la néces-
sité de respecter en elles l'eftlorescenci de
la charité privée. Elle seule est o.s;;ez féK
oonde pour les multiplier, assez ingénieuse
pour les calquer sur l'infinie cgiopleâ'kte
OUATRlltB ARMa. - N* on
> I
—* fgtJftK t »M* i». — SAUT ALPRON811
tz NUItSuO : ODrQ oe&tlmei
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LA FRONDE, journal quotidien,
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Toutes lois communications relatives à
la rédaction doivent être envoyées à
M'et Emaiy Fournier, rédactrice en chef
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Les manuscrits non insérés ne seront vasrendus
Aujourd'hui
2 (flJtlt.
A l'Elysée, Conseil des ministres.
Pèlerinage au tombeau du curé d'Ars.
Congrès : de la Navigation, de Chronomètrie,
les Associations de pr^se, de l'Enseignement
des sciences sociales, d,-s Architectes, de l'Ensei-
gnement supérieur, de la H';KlelJleut;l!io'l doua-
nière, d'Assistance publique et rie bienfaisance
privée, des Colonies, de Droit compare, de l'En-
seignement secondaire, pour 1 majoration du
sort des aveugles, ouverture dus congrès d,;
l'Enseignement primaire, de Philosophie de,
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A 2 h heures. euUrM'S à Maisons-Laffltte.
Bzposal IcJU,( : A La tilldiniere, 18, rue St La-
tare, exposition des oeuvres de L. Carrier Bel-
leuse de lh. à 6 h.
g(treh(.,'s aux Fleurs : Place de la République,
1>lace St-Sulpice, I)uuievai-j deClichy. boulevard
llaapail.
Au Trocadéro: Matinee consacrée & Molière
donnée par laComn-ik- irançaise.
Au Conseï v(iloi? e : 11 a ni à tion des prix à 1 h.
Nous la présidence de M. Larroumet.
A l'Hôtel de Ville : li, "-cepLion à 5 h des mem-
bres du Congrès international des Associations
de
A Venantes et (1 Sèvres : Le ministre ei le di-
recteur des beaU.,-.lrls acc •rnpagneront le shah
de Partie dans ces d, ux villes.
rhecitres : Reprise du Çiumineau, à 8 h. 3/4 au
Gymnase.
Conférences : Ecole internationale de l'Expo-
sition :
M. Hauser : Les Colonies Portugaises à l'Ex-
{•osition. (Rendtoz-%Ous: Salle de l'Administrat-
ion des Colonies, près la porte Deleesert, à
10 h. li4 du matin.)
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Champde Mars, 10 h. 1/4 du matin )
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neral Slierman, just insi de entrauce of Grand
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V)t!tu tothe Exposition Annexe at Vincennes.
Leader : Mr. T. R. Marr.
(Meet at Sttambo,iL Pier on South aide of
Pont des Invalides at 2. <0 p. m. Go by boat to
Chareuton, and theuce to the Annexe by Elec-
jric Tramway.)
La Coopération des Idées, 157, faubourg Saint-
Ultoine. à 8 h. 112, Mine Jeanue LJrômond :
v'œuvre de Courteliue.
Du Régicide
Tu peux tuer ua homme avec tranquillité.
Victor HUGO.
(Les Châtiments).
Ah ! Lorenzo, Lorenzaccio, Lorenzino,
in quel trouble tu nous jettes, toi, tes
ancêtres, te. héritiers, — toute la pâle
théorie aux mains rouges, aux yeux
caves, des Tueurs de rois 1
Lorsque Brutus abat Tarquin, parce
que le pavot dépasse trop arrogamment
ta multitude, parce que son calice dé-
verse trop de poisons mortels, de som-
nolences perverses,au cœur des citoyens,
il n'est lui-même qu'un imitateur : il
continue le geste des héros grecs, hé-
breux, égyptiens, glorifiés dans les pa-
pyrus, ou s'érigeant en marbre sous le
ciel pur d'Athènes.
Si haut que l'on remonte, dedans la
nuit des âges, en face du porteur de dia-
dème surgit le porteur de poignard.
Qu'inspire-t-il?
Ici, le problème se pose, s'embrouillo
dans l'écheveau de la casuistique.
L'Evangile, lui-même, en a pour tous le9
goûts. Il dit bien : « Tu ne tueras pas »
— et ceci nous apparaît, à nous,femmes,
comme la suprême morale — mais,
presque aussitôt, il ajoute le correctif
qu'a formulé le poète :
Qui du glaive a frappé, périra par le glaive
Alors ?
Judith est vénérée par son peuple,
Charlotte reste « L'ange de l'assassinat ».
Pour peu que le régime change, celui-là
dont la tète fut tranchée en grand appa-
reil est justifié d'abord, puis statufié.
Des recherches sont faites, des livres
sont écrits, d'où apparaît le désintéres-
sement personnel qui guida son acte.
Les enfants lisent, écoutent, se font une i
âme « romaine ", comme on disait autre- 1
fois... et, s'ils ne ramassent le couteau, :
du moins ils envisagent sans étonne- <
ment qui le recueille et le lève — du 1
même mouvement automatique, profi-
lant la même ombre sur le mur de l'His- (
toire 1 (
Hache du bourreau qui décapite Char-
les I", couperet de l'échafaud qui guil- >
totine Louis XVI, stylet qui brille au c
poing des « justiciers 1), la forme seule c
diffère. Et ce fut symbolique que l'arme 1
de Martin Mermo (qui tenta d'occire, ;
voici un demi-siècle Isabelle d'Espagne)
ne pouvant être réduite par la lime dut
fttre fondue dans un bain d'acide !
Mais, quand même, le fer demeura au l
fond — et c'est de ce fer-là que fut forgé '
l'outil du meurtre d'après.
***
J'ai mi3 en exergue, au présent article,
le vers fameux dont Hugo conviait (ayons li
la franchise du mot) à l'exécution de d
Napoléon III. t<
Une autre opinion sera curieuse à u
mettre en parallèle : celle de Mme Cavai- l'
gnac, la veuve du conventionnel, la a
mère du général si implacable aux insur-
gés de juin et du républicain Godefroid. p
Dans ses Mémoires, curieux à plus d
d'un titre, voici, en effet, ce qu'on pou- n
vait lire. F
« On s'efforce vainement de faire du e
« régicide un homicide à part, comme d
« mille fois plus criminel, tandis qu'il g
« n'est à part que comme le seul recours CI
« possible du droit contre l'oppression, dl
« Il me semble assez rationnel que M
« ceux qui se placent au-dessus des lois L
« soient- car gala seul, mis hors (a toi et CI
a, « qu'on rentre vis-à-vis d'eux dans le
i, « droit de se faire justice soi-même,
r « puisque la société s'y refuse.
« Celui qui eût frappé Charles IX prêt
■ « à ordonner la Saint-Barthélemy et qui
. « l'eût frappé sachant bien qu'il donnait
à « sa vie, on l'eût conduit à l'échafaud
f « dans l'appareil réservé aux parricides.
m Mais en eût-il moins été un martyr
ts (f dévoué à son pays, à l'humanité? »
La Elle se rencontrait là-dessus avec Louis
XVIII, si miséricordieux aux régicides
— contre son frère pourtant 1 — qui lui
avaient procuré un trône. Et, de leur école
précisément était la victime d'aujour-
d'hui : ce roi Humbert qui, philosophe,
5> traitait ledit péril d' « aléa de la profes-
■; sion ».
i- C'est que mattre de l'Italie, il était imbu
c de la tradition latine; que chaque dalle
des palais, chaque parvis de cathédrale,
(J chaque degré d'autel, lui rappelait le
tyrannicide ayant contribué par la fédé-
ration des colères, la complicité des
représailles, à créer cette unité dont il se
- trouvait le bénéficiaire.
Pour ciment à ses bases, le Quirinal
, avait tout le sang versé des principicules
1 despotiques, des Farnèse, des Borgia,
; des Médicis! ;
•ut * j
*
Il se rappelait aussi la proclamation <
, mazzinienne, que son ministre Crispi,
alors conspirateur, avait contribué à ré-
- diger et à répondre.
1 I! s'agissait alors du roi de Naples.
i « Considérant que l'homicide politi-
« que n'est pas un délit et encore moins
« quand il s'agit de se défaire d'un eu-
le nemi qui a en main des moyens puis-
. « sauts et qui peut, en quelque sorte,
^ « rendre impossible l'émancipation d'un
( « grand et généreux peuple ; considé-
« rant que Ferdinand de Naples est
« l'ennemi le plus acharné de l'indépen-
« dance italienne et de la liberté de son
« peuple.
« Est approuvée la résolution sui-
« vante, pour être publiée par tous les
« moyens possibles dans le royaume de
« Naples : « Une récompense de cent
« mille ducats est offerte à celui ou à
« ceux qui délivreront l'Italie du susdit
« tyran ; et comme il n'y a dans la caisse
(t du comité que 63,000 ducats, les au-
« tres 35,000 seront fournis par sous-
* cription ».
Il se souvenait qu'Argésilas Milano —
le premier qui s'était dévoué à exaucer
ledit vœu, échoua — mourut — connut
en mémoire et en effigie, la plus com-
plète réhabilitation; que Crispi encore,
a la tribune du Parlement, put dire,
parlant de cette tentative de régicide :
« Cet acte audacieux, aucun patriote ne
« peut le lui reprocher »; que le Trésor
italien servira une pension à la féimille
de l'exécuté.
Il pouvait évoquer aussi, Humbert de
Savoie, l'inscription que porte glorieu-
sement sur son cœur, une maison de
P!aisance.
Elle y fut gravée, voici quatre ans,
inaugurée avec toute la ferveur offi-
cielle, pour l'édification du populaire.
En voici le texte :
« En traversant Plaisance, avant de
« toucher le libre sol piémontais, Félix
* Orsini passa la nuit du 5 avril 1850 dans
< cette maison d'Edouard Gughelmitti,
« asile sûr des réfugiés italiens, pour
« aller de là accomplir sur les rives de ,
« la Seine, ce serment terrible qu'il expia
« sur l'échafaud, condamné par l'his-
« toire, mais sanctifié par l'amour de la :
« Patrie. » j
L'acquittement récent d'Arredondo — ,
avec félicitations — devait hanter son •
âme. i
Enfin, pénétrant plus avant dans les <
areanes du Destiu ; illuminé de ces clar-
tés que le ciel accorde quelquefois à ceux i
qui vont disparaître, peut-être aussi, en j
prononçant ce mot de vérité profonde — (
« l'alea de la profession » — le roi d'ita- j
lie avait-il mesuré le poids, le prix de c
ses prérogatives opposées aux devoirs, c
aux obligations de la masse. Que de pri- [
vilèges ! Que de responsabilités aussi 1 s
C'est vers lui, au-dessus de 3on front a
que devait s'accumuler la foudre ! C'est g
lui qui devait, parce que roi, payer pour r
la famine, le sang versé, les tortures du d
bagne, les larmes des veuves, les impré- I
cations des captifs. Et pour le cri des t
belles seigncuresses de Milan, penchées
sur les balustrades, désignant, de leurs i;
doigts fins, annelés de bagues, les poi- (]
trines décharnées des plébéiens, des ré- d
voltés de misère et criant aux soldats, ti
dans un sourire jeté comme une fleur : n
« Visez juste ; et tirez bien 1 » s
« Tu ne tueras point Oui, c'est la
vraie morale, la seule. Mais ne pourrait- "
on souhaiter aussi qu'envers la chair à
canon, à travail, à plaisir, tout le bétail
humain rangé sous leur houlette de fer,
MM. les souverains commencent ! c,
SÉVERINE.
L'Inauguration
du buste de Félix Pécaut
Peu de temps après la mort de M. Fé-
lix Pécaut, les membres de l'association
des anciennes élèves de l'Ecole de Fon-
tenay-aux-Roses ouvrirent, entre elles,
une souscription, en vue d'ériger, dans
l'école même, le buste de celui qui en
avait été le fondateur et l'âme vivante.
Ce buste a été inaug'iré hier matin, en
présence des anciennes élèves, aujour-
d'hui professeurs ou directrices d'école
normale venues de tous les pointa de la
France pour accomplir cet acte pieux ;
en présence des professeurs de l'Ecole ; 1
de M. Buisson ex-directeur de l'Ensei-
gnement primaire — à qui l'on doit la
création de cet établissement — le joyau
de notre enseignement féminin — de
M. Compayré recteur de l'Académie de
Lyon, de M. Gréard, vice-recteur de l'A-
cad*EQie de i'ttriSi do M. iiiyet directeur
i de l'Enseignement primaire, remplaçant
, le ministre de l'instruction publique.
M. Leygues avait promis de venir ce-
t pendant, et de donner par sa présence
i un caractère national à cette fête, mais
t tous les ministres ont pris l'engagement
1 de n'assister à aucune cérémonie publi-
. que, tant que durera la période de deuil
* que le gouvernement de la République a
prescrite, à l'occasion de la mort drama-
i tique du roi d'Italie. Cet engagement
: commun l'a privé d'accomplir ce qu'il
i regardait comme un devoir.
5 Essayer de reproduire, à l'aide de do-
■ cuments, les traits de Félix Pécaut, pa-
, raissait une œuvre extrêmement diffi-
eile ; les illuminer de la flamme qui brû-
lait en lui avait été déclaré impossible, et
i cependant, ce que les Fontenaisiennes
i ont voulu, le oiseau de M. Damps l'a réa-
lisé. Aussi lorsque Mme Robert, répéti-
i trice dans l'établissement, a découvert
< le marbre, une émotion indicible a étreint
les cœurs. C'étaient bien ces traits si
fièrement accusés, cette bouche bienveil-
lante et spirituelle, ces yeux perçants,
qui pénétraient jusque dans la moelle de
l'interlocuteur ; cette physionomie de
penseur austère « qui aurait été trop
dure si elle n'avait été si bonne )1; le
grand vestibule en a été réellement illu-
miné.
Après un discours très sobre, très
bien composé et très bien pensé de Mme
Dejean de la Bâtie, directrice actuelle de
l'Ecole de Fontenay, après quelques pa-
roles très nettes de Mme Robert, expli-
quant pourquoi l'Association des ancien-
nes élèves de Fontenay avait voulu être
représentée par M. Ferdinand Buisson à
l'exclusion île tout autre, ce dernier a
la parole. Mais M. Buisson était un des
disciples les plus respectueux de M.
Pécaut, en même temps que son ami le
plus attaché; aussi avons-nous craint,
un moment, que l'orateur ne parvînt pas
à maîtriser son émotion, ce que eût été
bien regrettable, car nous aurions été
privés d'une de ces émanations de son
âme qui réconfortent, élèvent et font en-
trevoir un avenir lumineux à travers les
nuages du présent.
M. Buisson, interprète des anciennes
élèves, a dit de quoi les Fontenaisiennes
étaient reconnaissantes à Félix Pécaut.
C'est d'avoir (t labouré » leur esprit;
C'est de leur avoir communiqué son
amour pour le peuple ; C'est de leur
avoir enseigné à s'affranchir de toute tu-
telle morale, même de la sienne ; C'est
de leur avoir fait comprendre que rien ne
saurait être trop bon pour les petits ;
C'est de les avoir persuadées que sans
morale, il n'y a pa.. d'éducation, et sans
liberté de conscience, il n'est pas de mo-
rale ; C'est enfin que pour que la France
soit sauvée par le suffrage universel, la
pensée de la femme doit être en har-
munie avec celle de l'homme ; C'est sur-
tout de les avoir pénétrées de l'amour de 1
leur pays, d'un « Saint 1) amour pour
leur pays. i
Je considère presque comme une pro- 1
fanation de toucher ainsi brutalement J
— parce que je suis trop pressée — à ce .
beau discours ; et je demande à ceux qui 1
l'ont entendu, comme à celui qui l'a pro- j
noncé de me pardonner cette triste au-
dace. 1
Mais il faut que la Fronde puisse dire i
à ses lecteurs que les institutrices de 1
France savent honorer leurs morts, et !
qu'elles savent aussi se faire représenter
par les meilleurs parmi les vivants. l
M. Darlu, doyen des professeurs de (
Fontenay, a lu des pages vibrantes de t
la foi démocratique qui animait M. Pé-
caut, il a dit que les professeurs de- i
vaient à l'ancien directeur autant que r
les élèves car « il les faisait toujours Il
voir plus loin, penser plus haut ». ]
Enfin M. Bayet, au nom du ministre,
nous a dit en son style lapidaire qui e
laisse toujours transpercer t'émotion, Q
que s'il avait connu trop tard M. Pécaut
pour devenir son ami, il connaissait son r
œuvre; que tous les jours depuis quel- a
ques années il en appréciait davantage 9
les résultats et que c'était dans toute la *
sincérité de son âme qu'il s'était associé
au deuil des Fontenaisiennes et des
amis de Félix Pécaut; deuil vraiment
national puisque Félix Pécaut a été un *
des plus ardents collaborateurs du re- ^
lèvement de la France après ses désas-
tres. ii
On à chanté de beaux chœurs sous
la direction de M. Bourgault-Ducoudray 1'1
(M. Pécaut pensait que le chaat est un
des plus précieux éléments d'éducation,
trop négligé jusqu'ici) et quand nous
nous sommes séparés, chacun de nous
se sentait meilleur. o,
PAULINE KERGOMARD.
Après l'attentat
Dans la nuit de mardi à mercredi, la train
spéoial venant de Reggio de Calabre avec
le nouveau roi Victor-Emmanuel III et la
reine Hélène.es' arrivé à Naples à une heure
quarante-cinq.
! Le préfet, le général commandant le
corps d'armée et M. Crispi, très ému, s'é-
taient rendus à la gare pour rendre hom-
mage au roi et à la reine.
Ils sont repartis avec le duc de Gènes, à
deux heures du matin.
Le roi Viclor-Emmanuel a été de passage
en gare de Rome, hier matin, à six heures
trente. Sur le désir exprimé par lui qu'il
n'y ait aucune réception officielle, les mi-
nistres se sont bornés à se rendre à la gare
pour faire acte de présence.
Quand le train spécial, composé de quel-
ques wagons-salons, est entré en gare, les
ministres se sont dirigés vers le dernier
wagon et ont fait demander s'ils pourraient
présenter tours hommages au nouveau sou-
verain. Le roi les a fait monter et s'est en-
tretenu avec eux quelques minutes. M. Ru-
dini, ministre des finances, au nom de ses
collègues, a exprimé toute l'horreur ressen-
tie par le pays à la nouvelle de l'exécrable
attentat et a présenté à Viclor-Emmanuel
les condoléances du gouvernement et du
pays. Le roi a remercié en termes émus,
ajoutant qu'il avait été heureux de voir
1 explosion de sentiments de sympathie de
IfA iiiilioa pour su maison,
En débarquant à Reggio di Calabria, le
t roi a adressé la dépêche suivante à M. Sa-
racco :
. < J'approuve les mesures prises par Vo-
, ' tre Excellence et je oonfirme au cabinet la
confiance qu'avait en lui mon regretté
1 père ».
Le train royal arrivé à 6 h. t6 à Milan
1 s'est arrêté peu de moments.
i Une foule considérable était massée hors
de la gare, l'entrée était rigoureusement
^ défendue.
Les autorités se trouvaient à la gare,
mais personne n'est monté dans le train.
Le roi Victor-Emmanuel III et la reine
Hélène sont arrivés hier à 6 h. 40 du soir à
Monza.
Sur le quai de la gare,attendaient le sou-
verain : le duo d'Aoste, le due de Gênes, le
comte de Turin, M. Saraoco, président du
oonseil, le général Ponsa Vaglia, le syndic
de Monza, M. Corbetta, etc., etc.
La réception, sur la volonté expressément
manifestée par Victor-Emmanuel 111, n'avait
aucun caractère officiel.
Le roi après avoir embrassé les princes
qui pleuraient et serré la main du syndic,
est monté avec la reine Hélène, dans un
landau qui s'est immédiatement rendu au
château.
Là s'est produite une scène émouvante.
Le roi a sauté de voiture sans attendre
qu'on vienne lui ouvrir la portière et il
s'est précipité dans les bras de sa mère, la
rein* Marguerite qui l'attendait au haut du
perron, entourée de toutes les princesses
et des dames d'honneur.
Pendant un moment la reine et le roi se
sont tenus embrassé., mêlant leurs larmes,
tandis qu'autour d'eux tout le monde san-
glotait. Puis le roi se dégageant, a attiré la
reine Hélène qu'il a poussée dans les bras
de sa mère, tandis que lui-même, sans
songer à l'étiquette des la cour, se précipi-
tait vers la chambre où repose le roi Hum-
bert.
Victor Emmanuel III s'est littéralement
jeté sur le corps de sonpère qu'à plusieurs
reprises il a baisé au front, tandis qu'il
était secoué par les sanglots qu'il ne pou-
vait retenir
Puis il s'est jeté à genoux au pied du ht
et s'est absorbé daas une longue prière, à
laquelle sont venues se joindre les reines
Hélène et Marguerite ainsi que les princes-
ses et les princes de la famille royale.
Le nouveau roi d'Italie a exprimé le désir
de veiller pendant toute la nuit le corps de
son père.
Aujourd'hni seulement Sa Majesté s'oc-
cupera des affaires de l'Etat et des der-
nières dispositions à prendre dans le con-
seil des ministres, qui aura lieu à 10 heures
dès l'arrivée du train amenant à Monza
tous les ministres et les sous-secrétaires
d'Etat.
Rien n'a été changé à l'ordonnance de la
Chambre mortuaire, pour permettre au roi
Victor Emmanuel 111, de voir une der-
nière fois son père, sur son lit de mort.
Pendant toute la journée, la reine Mar-
guerite, qui, dans les douloureuses cir-
constances qu'elle traverse, fait preuve
d'un courage qu'admirent tous ceux qui
sont admis au palais, la reine a voulu
elle-même remplacer les fleurs déposées
sur le lit de son auguste époux. A cet effet
les serres du château de Monza ont été
dévastées.
On a dit que les médecins avaient renoncé
à embaumer le corps du roi Humbert et
qu'ils avaient décidé de se contenter d'in-
jections chimiques.
C'est une erreur. L'embaumement a été
tenté, mais l'opération n'a pas réussi à
cause de la forte hémorragie, oonséeutive
à sa blessure au cceur.
Dans la matinée d'hier, on a constaté une
partielle décomposition du cadavre et les
médecins, pour éviter qu'elle ne s'étende,
ont proposé à la famille royale de métalli-
ser le cadavre d'après le système GorillÍ.
Il est probable que l'exposition publique
du corps du roi aura lien aujourd'hui dans
la chapolle privée du château, qui vient
d'être, dans ce bUl,lranlformée en chapelle
ardente.
La mise en bière aura lieu ensuite, en
présence du roi, des princes de la famille
royale, du président du conseil et du pré-
sident du Sénat, qui dresseront le proeès-
verbal de cette cérémonie, dont l'original
sera déposé aux archives du royaume.
Hier matin, à ta cathédrale de Monza, une
cérémonie funèbre a été célébrée à la mé-
moire du roi Humbert.
Le maître des cérémonies de la Cour,
représentant la maison du roi, toutes les
autorités, les officiers et les troupes de la
garnison, ainsi qu'une foule considérable
assistaient à celte cérémonie.
L'interrogatoire
de l'assassin
Dans la cellule que depuis hier Il ocoupe
à la maison de justice de Monn, fe régicide
continue à faire preuve du plus grand sang-
froid et d'un calme surprenant.
A toutes les questions qui lui sont posées
il fait la même réponse.
— J'ai commis le crime. Je l'avoue, je
l'ai commis paroe que je suis anarohiste.
Je n'ai auoun complice. L'ami qu'on a vu
avec moi, et que je refuse de nommer pour
ne pas lui attirer des ennuis, ne savait
absolument rien de mes intentions.
Et après avoir fait ces déclarations,
Bressi s'enferme dans un mutisme absolu.
Il passe la plus grande partie de son
temps sur sa couchette et n'adresse jamais
la parole aux deux gardiens enfermés avec
lui.
Bressi, contrairement à l'opinion géné-
rale ne sera pas condamné à mort.
Le code pénal, en effet, a aboli la peine
de mort pour les régicides. L'article 117 de
la loi actuellement en vigueur, porte que
les régicides seront condamnés aux tra-
vaux forcés à perpétuité et que, pendant
les sept premières années de leur peine,
ils seront enfermés en cellule et maintenus
dans le seoret le plus absolu.
, Les années suivantes le régicide est ad-
mis au travail en commun.
Bressi est justiciable de la cour d'assises
de Milan et c'est le substitut de la cour
d'appel de oette ville qui est chargé de la
direction de l'enquête.
D'autre part, on assure que Bressi, dans
son interrogatoire d'hier, n'aurait pas nié
avoir reçu mandat d'assassiner le roi, et
on croit que le crime avait été décidé à Pa-
terson.
Bressi avoue avoir été à Paris, mais il
nie y avoir eu des entrevues avec les anar-
chistes.
Un certain Salvatore Quintavalli, qui -re-
vint d'Amérique avec Bressi et qui alla à
Paris avec lui à des réunions anarchistes,
a été arrêté hier à Riomarina (ile d'Elbe).
On assure que l'on a saisi sur lui plu-
sieurs lettres et des photographies de cinq
anarchistes portant le mot (c orime o, ainsi
qu'une carte postale donnant rendez-vous
à Quintavalli le 8 juillet à Florence. Quia-
tavàli/, en ctfel, se rendit d4as cette ville,
Quintavalli a été conduit à la prison de
Porto-Ferrajo.
Un certain Antonio Lanner, âgé de trente
ans, qui revint d'Amérique avec Bressi et
unt femme, a été arrêté hier à Ivrea.
Les motifs du séjour de Lanner à Ivrea
sont inconnus. Les soupçons qu'un com-
plot existait augmentent à la suite de ces
arrestations.
Le lieutenant Bressi, frère de l'assassin,
a dit que l'attentat de son frère était la plus
lâche action du siècle.
Depuis longtemps, le lieutenant n'avait
pas de nouvelles de son frère qu'il croyait
encore en Amérique.
Il a ajouté que s'il est appelé à déposer
devant les juges, il exposera nettement sa
censée.
Interview de Mme Bressi
un a rait une perquisition, à West-UDo-
kon, chez Mme Sophie Bressi, qu'on sup-
Bose être la femtne de l'assassin du roi
Humbert. Cotte femme était très intimidée,
mais on n'a rien trouvé chez elle qui éta-
blit que son mari et elle fussent mêlés à
un complot.
Elle s'est mise à pleurer et s'est éva-
nouie.
Elle a déclaré ensuite que Gaetano était
un mari modèle et que jamais elle ne
l'avait entendu dire qu'il était anar-
chiste.
Au commencement de cette année il
avait reçu la nouvelle de la mort de sa
mère lui laissant un petit héritage et c'est
pour régler la succession qu'il quitta New-
York pour l'Italie le 17 mai.
La femme de Bressi croit que le méfait
est dû à une impulsion soudaine, et que
les anarchistes lui ont fait tourner la
tête.
La femme de Bressi, affirme que Il pré
nom de son mari est GaêLano. Il serait
parti le 17 mai en 2' classe à bord de la
Gascogne, disant qu'il allait règler la suc-
cession de sa mère en Italie.
Son frère aîné est un grand marchand de
chaussures à Florence.
Télégrammes
de condoléances
L'empereur d'Allemagne a exprimé dans
les termes suivants ses condoléances au
roi Victor-Emmanuel :
« Profondément ému par la mort de ton
noble père, mon très affectionné et fidèle
ami et allié, je t'envoie avec l'expression de
mon chagrin, les vœux sincères et chaleu-
reux que je fais pour ton règne.
« Puisse l'amitié qui a uni nos maisons
et nos peuples, pendant le règne de ton
père, exister à jamais ! Le souvenir du roi
Humbert restera éternellement gravé dans
mon cœur! »
D'aprèti la Gazette de l'Allemagne du Nord,
l'empereur a adressé à la reine Marguerite
le télégramme suivant :
« Extrêmement ému parla mort de votre
époux royal, mon cher ami et allié, je vous
envoie, de ma part et de celle de l'Impéra-
trice, l'expression de notre douleur la plus
profonde et la plus sincère.
« D une bonté, d une bravoure et d'une
fidélité sans bornes, le roi Humbert est
tombé comme le soldat sur le champ de
bataille, victime de ces tentatives diaboli-
ques que les lois humaines aspirent à
briser.
« Que Dieu vous console en votre dou-
leur sans nom! qu'il fortifie le bras de vo-
tre fils, afin qu'il puisse tenir et le sceptre
et l'épée, pour le bien de son peuple, pour
la gloire et la prospérité de l'Italie.
« Le souvenir de votre époux vivra éter-
nellement dans notre oœur. »
Le Quirinal et le Vatican
Le correspondant du Daily Mail à Rome
dit que le Pape est encore très vivement
impressionné par le crime de Bressi à la
suite duquel il aurait décidé à envoyer sa
bénédiction apostolique au nouveau roi.
Ce serait, en fait, la réconciliation du Qui-
rinal et du Vatican.
Le Pape estimerait que l'union des pou-
voirs spirituel et temporel serait nécessaire
pour combattre l'anarohie.
A l'ambassade d'Italie
L'ambassade d'Italie à Paris fera oélébrer
un service solennel, le jour des funérailles
du roi d'Italie à Romé.
Selon toutes les probabilités, ce service
aura lieu à la Madeleine, y seront convo-
qués les membres du corps diplomatique
de la colonie italienne et les corps consti-
tués.
Il n'y a eneore rien de décidé au sujet
du voyage du comte Tornielli. On attend à
l'ambassade d'Italie les ordres du roi Vic-
tor Emmanuel 11, relatifs aux funérailles,
et lorsque ces ordres seront connus, c'est
alors seulement que le comte Tornielli
prendra une décision.
A l'Etranger
Bruxelles, 31 juillet.
Le roi des Belges a appris la mort du roi
d'Italie à Bergen (Norvège) où il fait une
croisière sur son yacht. 11 a envoyé immé-
diatement des dépêches de condoléances à
la reine Marguerite et au roi Victor-Emma-
nuel.
La cour de Belgique prend le deuil pour
un mois.
Buenel-Ayres. 31 juillet.
Les bureaux du gouvernement, ceux des
banques et la Bourse ont été fermés pour
rendre hommage au roi Humbert.
Les Italiens organisent une procession
civique.
On dit...
INTÉRESSANTE DÉCOUVERTE
Le service de la boulangerie en campa-
gne semble devoir subir à bref délai une
transformation complète par suite de la
découverte que vient de faire un officier
du 105, régiment de l'infanterie française,
le capitaine Pilbon.
Cet officier a trouvé la composition d'un
levain spécial, qui fait lever la pâte en
quelques minutes, alors qu'actuellement
ce phénomène de fermentation ne se pro-
duit que plusieurs heures après le pétris-
sage.
Le ministre de la guerre a fait inviter
le oapitaine Pilbon, en garnison à Riom, à
se rendre à Paris pour procéder à des ex-
périences devant les personnalités compé-
tentes.
Si cette invention est reconnue applica-
ble dans la pratique, le véritable pain de
guerre sera trouvé. Il deviendra possible,
en effet, de fournir constamment du pain
frais aux coros d'armée 'Q campagne, ré-
sultat que l'intendance militaire craignait,
jusqu'à présent, de ne pouvoir atteindre.
Attendons et espérons toujours !
PETITE RECETTE
Le beurre en été, fait, non sans raison, la
désespoir des ménagères. Comment le con-
server frais, comment l'empêcher de se li-
quéfier?
Prenez un simple pot de fleur vide. En-
veloppez-le d'une flanelle mouillée. Mettez
votre beurre dans une assiette avec un peu
d'eau ; puis coiffez-le du pot de fleur.
L *évaporation de l'eau crée à l'intérieur
une température assez basse pour que le
beurre se maintienne dans les conditions
où il se trouve, en hiver.
C'est simple n'est-ce pas? et c'est infailli.
ble.
LE VIEUX PARIS
La température étant enfin redevenue
normale, le Vieux Paris reprend son pro-
gramme de spectacles en plein veni. : pa-
rades, chants, exhibitions, etc., si goûtés
des visiteurs et qui donnent à ses rues et à
ses places un aspect si curieux et si
animé.
Le Vieux Paris est toujours l'importante,
artistique, intéressante et amusante attrac-
tion qu'on ne peut se dispenser d'avoir vue
au moins une fois, et d'un bon marché
dont on trouverait difficilement l'équiva-
lent.
NÉCROLOGIE
On annonce la mort de M. Fousset, séna-
teur du Loiret, qui s'est suicidé, hier, à Vi.
chy, en se jetant sous les roues d'un train
en marche. La mort a été instantanée.
M. Fousset était né, à Orléans, le 24 juillet
1830; il était donc âgé de soixante-dix
ans.
Ancien négociant, ancien juge au tribunal
de commerce, ancien adjoint d'Orléans,
eonseiller général, M. Fousset avait été
élu, en 1879, député de la première cir-
conscription d'Orléans. Réélu, en 1881 et
en 1885, il avait été nommé sénateur le S
janvier 1888, et réélu en 1897.
LES CONGRÈS
ASSISTANCE PUBLIQUE
ET BIENFAISANCE PRIVÉE
ts Qu'il s'agisse de la mutualité, des assu-
n rances sociales, du patronage de la jeu-
)i nesse ouvrière, des œuvres d'institutions
is féminines, des associations ouvrières, —
en somme, à des points de vue différents,
1, Cb sont toujours le Il mêmes problèmes qui
•,q restent posés ; et chacun de ces Congrès
qui se suivent et se ressemblent, repré-
'e sente un nouvel effort pour les résoudre.
is Aucun ne fut plus net, plus direct que
L- celui-ci. Il suffit, pour s'en rendre oompte,
s de se reporter a la rubrique ci-dessus.
Assistance publique, bienfaisance privée, ce
e sont là deux termes, deux tendances donl
it il faut d'abord marquer l'opposition et me-
e surer la divergenoe. Puis. — entreprise
- plus délioate — il s'agit de les concilier.
& Combien de difficultés surgissent! c'est
d'abord, d'une façon générale, la vieille
- antithèse de l'individu et de l'Etat. Que doit
- faire la société ? Que peut faire l'initiative
i privée ?
Ce sont ensuite les deux idées de charité
et de solidarité que nous retrouvons aux
• prises. Et il ne serait pas besoin d'insister
beaucoup, pour montrer que la lutte en-
gagée ici, c'est surtout la lutte de l'esprit
chrétien et de l'esprit laïque. Deux systè-
, mes de morale sont en présence, la morale
l spiritualiste et la morale utilitaire. Si l'on
i va au fond des choses, ce sont les princi-
L pes de l'une ou de l'autre qui inspirent les
divers orateurs, et qui donnent à leurs pa.
roles tout leur intérêt et tout leur sens.
Si l'on considère le détail, les questions
. se multiplient.
i « Bonté, voilà pour la bienfaisance pri.
vée ; justice, voilà pour l'assistance publi.
que, /1 disait l'autre jour dans son éloquente
allocution M. Henri Monod. Mais justice et
, bonté, ce sont deux choses différentes : tout
dépend de la signification que l'on attribue
à ces deux mots. (1 Nous avons assez, diront
; quelques-uns, de votre bonté orgueilleuse,
souvent maladroite et presque toujours
inefficace. Tout ce que nous voulons, c'est
qu'on introduise plus de justice dans les
rapports sociaux. )1
On répond : « Vous ne pouvez réaliser
immédiatement votre idéal de justice;
peut-être n'est-oe qu'une chimère. En at-
tendant, laissez la bonté poursuivre son
œuvre, laissez-là soulager des misères que
vous êtes impuissants à prévenir. H
Ce n'est pas tout. Le mot d' « assistance »
est équivoque. Dans quel sens faut-il en-
tendre l'assistance publique? S'agit-il d'un
ensemble d'aumônes, que l'Etat accorda
aux nécessiteux? Si oui, c'est de la charité.
Et il n'y a plus entre la bienfaisance publi-
que et la bienfaisance privée d'opposition
irréductible.
Mais si le mot d'assistance signifie soli.
darité, si l'on admet que l'Etat doit subve-
nir aux besoins de tous les misérables qui
ne sont pas ou ne sont plus capables de
gagner leur vie, que le secours n'est plus
une aumône, mais une chose due, plus une
faveur, mais un droit, alors ce sont deux
conceptions sociales contradictoires entre
lesquelles il faut choisir. A moins que l'on
ne se contente, Gomme il arrive toujours
en rait. d'une solution bâtarde et provi-
soire, qui, si elle ne satisfait pas tous les
théoriciens, répondra du moins dans la
mesure du possible aux exigences de la
réalité. N'est-ce pas une telle solution, mo-
deste mais pratique, que nos congressistes
s'appliquent à découvrir ?
Du caractère des oeuvres d'assistance par le
travail. Ne #ont-elles pas par essence des œu»
très d initiative privée ?
Cette façon de poser la question semble
un peu trop préjuger la réponse ; elle nous
laisse du moins prévoir quelles seront les
conclusions du rapporteur général, M. Fer-
dinand Dreyfus.
Il résume les trois rapports de MM. Ma.
rais, Massow et Lundell. Quelle en est l'i-
dée commune ? C'est que l'assistance par le
travail, telle qu'elle est pratiquée par les
sociétés privées peut se définir la substitu-
tion à l'aumône en argent, banale et ineffi-
cace, d'un secours modique et prolongé
subordonné à l'exécution d'une tâche dé-
terminée.
L'assistance par le travail étant ainsi d4.
finie, l'orateur ne juge pas nécessaire d'en.
trer dans le détail de chaque œuvre. Leut
variété même est une preuve de leur uli..
lité : elle atteste en même temps la néces-
sité de respecter en elles l'eftlorescenci de
la charité privée. Elle seule est o.s;;ez féK
oonde pour les multiplier, assez ingénieuse
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