Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-07-17
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 juillet 1900 17 juillet 1900
Description : 1900/07/17 (A4,N951). 1900/07/17 (A4,N951).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6704070s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Fronde
finvraiEMlE ANNEE. - N* vn .. MARDI D-JtJILLft 1000. - SAINT ALEXIS LE NUMfiRO : CINQ oentlmé.
CALENDRIER RÉFUSUCAIR
»7 MESSIDOR AN CVII1
CALENDRIER PROTESTaiT
Passage de la Bible & lire et & médites
ROM. VIII, 25-28
CALENDRIER RUSSE
8 JUILLET 1900
% y \
CALENDRIER ISRAEUTy
20 TAMOUZ, ANNÉE 5000
Prix des Abonnements :
Parts Un An 20 fr. Six Mois 10 fr. 50 Trois Mois 5 fr. 50.
- 24 fr. - }| rr.. - 6 r ; 1
ETRANGER (UNION POSTALE) — 35 fr. — 18 fr. e "
- DIRECTRI.(::S : MARGUERITE DURAND
Direction et Administration : 14, rue Saint-Georges.
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6, place de la Bourse, Paris.
LA. FRONDE, Journal quotidien, j
poli tique, littéraire, est dirigé,
administré, rédigé, composé par
de*
Toutes les communications relatives à
la rédaction doivent etre envoyées à
Mm. Emray Fournier, rédactrice en chef
de la FRONDE.
Les manuscrits non insérés ne seront vasrenaus.
~~
Aujourd'hui
17 juillet.
Concours entre les élèves de toutes les Fa-
cultés de droit.
Anniversaire du commencement de la guerre
franco-prussienne 1870-71.
Anniversaire Congres : Des Sociétés coopératives de consom-
mation, de la Participation aux bénéfices, de
Surveillance et de sécurité en matières d'appa-
reils à vapeur, de la Boulangerie, de la Pro-
priété littéraire et artistique, du Commerce des
vins, spiritueux et liqueurs; ouverture du Con-
grès 'lu Sauvetage.
Expositions : Galerie Georges Petit, rue de
5eze. exposition des œuvres de M. VVassili Ve-
restchagin.
La Hoilinière, 19, rue St-Lazare, exposition des
jeuvres de Louis Carrier Bellense, le 1 h. à 6 h.
L'Institut Pasteur : visite publique de 5 h. à
l h. du soir, 25 rue Oulot.
Conférences : A a h. 112, à la Coopération
les Idées, 157, faubourg Saint-Antoine, M. Lu-
:ien Lefoyer : La Liberté du Travail cbez la
femme.
Le Héveil, Université populaire des tu et t.
irrnndissements, H. rue Marie Stuart.a 9 h.
D Bertrand : Causes sociales de l'Alcoolisme.
Après l'incinération
de Nelly Lieutier
La Fronde et une lettre bordée de noir
m'ont apporté en même temps la nou-
velle de la mort de Fanny Lieutier.
Retenue à la campagne par des devoirs
auxquels je ne puis me soustraire (je
suis gardienne de deux petits fils dont
la mère est alitée), et n'ayant pas été de
ceux qui ont accompagné son cercueil
au four crématoire, je demande comme
une faveur à Mme Marguerite Durand,
l'autorisation d'ajouter quelques mots à
l'article nécrologique de Mme M.-L.
Néron, paru dans le numéro du 14 juil-
let.
C'est l'amie qui tient la plume, une
amie de plus de trente-cinq ans, que des
occupations dévorantes, seules, ont te-
nue trop longtemps éloignée du fauteuil
où Nelly Lieutier était clouée par des
étouffements horriblement douloureux.
Nelly Lieutier était un écrivain qui
respect%it sa plume, et dont la plume
était le serviteur loyal de la pensée gé-
néret:se.
Elle était aussi, et dans toute fa force
du terme, une raison, une conscience.
J'ai rarement rencontré une femme
ayant aussi nettement rompu avec les
sentiments « bourgeois », c est-à-dire
avec le qu'en dira-t-on et le convenu.
Libre-penseuse, n'ayant jamais peur
de la pensée d'autrui, quand même elle
eût dépassé la sienne propre, elle allait
jusqu'au bout de ses convictions, qui ne
l'effrayaient point, et c'était vraiment
une fête que de se sentir en sympathie
avec cet esprit ai loyalement et si sim-
plement affranchi. En philosophie, en
politique il eût peut-être été difficile de
l'enrégimenter, de la classer; l'on était
seulement certain de la trouver tou-
jours du côté où l'on pense, du côté où
!'on cherche le mieux.
A la pensée loyale et libre de Nelly
Licutier répondait un cœur généreux ;
sa générosité ne se dépensait pas en
théories, elle se répandait en faits : elle
était serviable avec grâce et, le service
rendu,elle vivait avec ses obligés comme
si elle l'avait oublié. C'était une femme
de bien.
Indépendante, aussi ; n'admettant
comme doctrine que celle dont j'ai re-
cueilli les éléments au-dedans de moi.
aux heures où j'étais digne de trouver,
puisque je cherchais, je salue sérieuse-
ment le souvenir de Nelly Lieutier. Son
corps est réduit en cendres, n'importe !
Elle vit dans l'âme de celles qui l'ont
connue, respectée, aimée. Celles-ci s'ins-
pirant de sa loyauté, de sa crânerie, de
sa bonté lui donneront la seule immor-
talité réellement enviable : elles la con-
tinueront.
PAULINE KERGOMARD.
FLUCTUAT NEC MERGITUR
Le vaisseau de la République est sorti
de la zone des sables mouvants de la ses-
sion parlementaire. Il a doublé, sans
avaries, le cap des tempêtes annuelles
du 14 jnillet et de son incombrante re-
vue, cette antique cérémonie liturgique
du fétichisme militaire, qu'on suppri-
mera dès qu'on sera devenu un peu rai-
sonnable, puisque ce n'est jamais qu'un
prétexte pour certaines gens de crier
vive certains généraux et à bas les au-
très, réciproquement, selon la couleur
des esprits.
Pour cette fois encore, il n'y a eu que
quelques têtes fêlées, qui d'ailleurs
l'étaient déjà, et un certain nombre d'in-
solations pour nos petits soldats qui s'en
seraient bien passés, et auxquels on eût
mieux fait de donner un jour de congé
pour aller visiter l'Exposition, voir les
illuminations et danser daus tous les car-
refours.
Si l'on eût fait cela, il n'y aurait pas eu
jusque dans l'escorte du Président de la
République une demi-douzaine de cui-
rassiers s'affaissant sur leurs chevaux, à
moitié cuits à l'étuvée sous leur cui-
rasse ; chose vraiment inutile à la gloire
de notre armée et qui ne peut en aucune
façon démontrer sa force conquérante.
Espérons que le progrès du bon sens
public, quand il aura été guéri de cer-
taines manies traditionnelles qui l'obs-
curcissent si Di'ofondéuent. mus amé.
nera tout doucement et sans trop gran-
aes catastrophes, à supprimer cette pré-
tendue fête de l'armée où c'est certaine
ment l'armée qui c amuse le moins.
Pour le moment, en dépit ues vagues
mouvantes et déferlantes des parti,. ia
république continue de yogu*r. Malgré
les vents contraires et les raoussoa%o pé-
riodiques qui la font si souvent rouler et
tanguer, au point de /aire craindre poar
la stabilité de son équilibre dlle scmDle
pouvoir prendre la devise duvaisseau de
l Paris . Fluctuât nec mergitur 1
CLÉMENCE ROYER.
L'ÉGALITÉ POLITIOUE DES SEXES
dans l'Idaho (Etats-Unis)
L'adoption de la toi de i896 a donné aux
femmes de l'Etat d'Idaho (Etats-Unis) des
droits politiques égaux à ceux des hommes
de cette région. Comment pendant le!-
quelques années qui se sont écoulees de-
puis ont elles usé de leurs nouvelles capa-
cités et quels résultats ont déjà produits leur
participation officielle aux affaires publi-
ques?
L'honorable Franck Steunenberg gouver-
neur de l'Idaho donne sur ces points dans
le flarpe?- s Bazar du 26 mai son opinion in-
téressar.te à connaître parce qu'elle est
celle de la plupart des hommes politiques
et d'une bonne moyenne de la population
susceplible de s'intéresser à ces questions.
« Envisagée du point de vue le plus gé-
néral, écrit le gouverneur d'Idaho, la par-
ticipation des femmes aux affaires publi-
ques améliore à la fois les .tonditions de
vote et leurs résultats. Chaque parti sent
la nécessité de nommer le3^idividus les
plus aptes à défendre son programme de
revendication, et les femmes sont naturel-
lement portées dans leur choix, à considé-
rer le bien commun et protéger les condi-
tions de la vie sociale les plus élevées. Ces
préoccupations contribuent à rendre 10
choix des candidats et des élus plus ri-
goureux et meilleur..
« Les femmes, ajoute l'honorable frank
Steunenberg, n'adoptent pas les opinions
extrêmes, ainsi qu'on aurait pu le croire ;
dans l'intérêt de leur maison et de leurs
enfants, elles sentent le besoin de sauve.
garder une administration stable et se con-
tentent d'appuyer saus secousse les modi-
fications qui leur paraissent urgentes. »
a En résumé, conclut-il, les objections
qui out accueilli aux Etats-Unis les reven-
dications suffragistes des femmes tombent
devant l'application du principe des droits
politiques égaux pour tous qui est faite
dans Udaho depuis le vole de la loi de
1896. -
.-.
La toi de 1896 n'a pas seulement donné
aux femmes do l'Idaho la capacité de voter
aux élections de toute nature : qu'il s'agisse
des représentants au Congrès de Washing-
ton, des députés df> t'Etat ou des électeurs
,prë:tldenllels, alto permet aux habitantes
de d'y remplir toutes les ('onctions
publiques, »aos jxcepttou, que .;e.. fouc-
tion* soient électives, ce qui est générale-
ment le cas ou qu'elles ne le soient pas.
C'est ainsi que dès la première élection
générale qui eut lieu en 1898, une femme,
Miss Permeal Fronch, fut élue ministre de
l'instruction publique et que trois (autres
femmes : une démocrate, une populiste et
une républicaine furent élues membres de
l'Assemblée législative.
La situation occupée par Miss French est
d'importance exceptionnelle à cause de
1 initiative laissée aux titulaires de cette
fonction. C'est elle qui est chargée de la
rédaction des programmes de tous les éta-
blissements d'instruction de i'ifiaho, do
l'exécution des lois scolaires, du choix des
livres fournis gratuitement par i'Etat à ses
écoles publiques, etc.
De mème que les trois femmes députées,
Miss French a su faire preuve de capaoités
très réelles et d'une grande compétence.
Parmi les femmes élues à d'autres fonc-
tions, il est & noter aue certaines ont été
régulièrement élues d'avance par conven-
tions réciproques des partis politiques aux-
quels elles appartenaient.
Pour beaucoup d'autres : celles qui s'é-
taient simplement fait inscrire comme can-
didates, le fait d'être femme n'a eu aucune
importance devant le scrutin et ne leur a
donné ni plus grande chance de succès ni
plus grande chance de défaite. Les ques-
tions de galanterie et de rivalité se sont
contrebalancé en l'espèce et seules les
questions de valeur personnelle ou de par-
tis ont été examinées.
Les élections mixtes de l'Idaho ont eu lieu
dans un calme parfait, et la présence des
femmes dansles salles de scrutin n'a amené
aucun des troubles prévus par les adver-
saires de l'Egalité des droits.
L'objection, habituellement faite, que les
femmes se préoccuperaient peu d'exercer
leurs droits politiques si elles les avaient,
ne s'est pas vérifiée dans les élections de
l'Idaho.
Le nombre de. femmes qui ont pris part
à ces élections a été d'environ 16,000 sur
40,000 votants, c'est-à-dire une proportion
de 40 pour cent qui est, à peu près, la pro-
portion moyenne habituelle des hommes
votants relativement aux électeurs inscrits,
Ces 16,000 électrices appartenaient à toutes
les classes sociales, et les votantes n'ont pas
été sensiblement plus nombreuses dans les
villes que dans les campagnes bien que la
tendance des femmes habitant les villes à
user des droits de suffrage semble un peu
Dlus accentués.
MAXIMILIENNE BLAIS.
On dit...
FOSSE DE NER0Y
En ces temps de canicule, il est doux de
parler de la mer et de ses profondeurs.
Contons donc la découverte que vient de
faire un célèbre un célèbre Américain. M.
Hodges capitaine du Nero, de la marine
des Etats-Unis a découvert dans l'Océan
Pacifique, une fosse dont la profondeur est
bien supérieure à toutes celles jusqu'ici
connues.
Cette dépression, que l'on a nommée
ci fosse de Nero », a donné, aux sondages,
9,635 mètres comme résultat moyen.
C'est déjà bien, n'est-ce pas?
LES SECRETS DE L'ÉLÉGENCE
Partant pour la campagne, la mer ou les
montagnes, la femme élégante emporte ]
nombre de toilettes exquisement légères,
mais elle a soîq de glisser aussi dans ses
malles un ou deux costumes tailleurs d'une
coupe irréprochable.
En drap fin ou en belle et rorte toile,
foncé ou clair, le costume tailleur, agré-
tuenté d'unt, fraîche chemisette, forme tou-
jours une toilette charmante autant que
distingude.
L. grande maison John Saudt et Laborde,
h, boulevard Malesherbes livre chaque
Jours des ces délicieux costumes tailleurs
'au* .emmet les plus élégantes de Paris.
MENU CHINOIS
La Chine :ag nélas ! beaucoup parler
d'elle en ce moment. Et l'actualité qui ne
perd jamais ses droite juge à propos de
présenter aux gourmets le menu d'un repas
d'apparat chinois que Voici :
Ailerons de requin, avec bouillon ;
Jeunes pousses de bambou;
Ecre visses ;
Graines de nénuphar avec bouillon;
Canard, avec boubou ,
Poulpes, avec bouillon ;
Champignons, avec bouillon;
Nouilles ;
Poisson rôti ;
Riz cuit à l'eau ;
Petits gâteaux de riz et sucre;
Gâteaux de navets ;
Bon nombre d'Européens ne resteraient
peut-être cas indifférents devant un tel
menu, à condition bien entendu qu 'on le
leur serve en un lieu agréable et surtout
pacifique.
LE PORTRAIT DU COLONEL DE VILLE-
BOIS-MARBUIL
Un heureux hasard nous a fait rendre
visite, ces jours derniers, au peintre.Edouard
Chantalat, l'évocateur bien connu de Pald
Verlaine ; — Musée du Luxembourg ; — de
Félix Pyat, — musée Carnavalet; — de
Balzac, — œuvre qui va prendre place, très
prochainement, au Musée de Versailles, et
de quelques autres figures dont plusieurs
parent certains musées étrangers.
Edouard Chantalat, on le voit, a le don
d'évoquer les morts et de nous rendre, en
effigies concentrées et souveraines, tout le
resplendissement des gloires disparues.
Nous avons trouvé le jeune artiste en
plein travail devant une toile, où se préci-
sait, forte et fière, déjà, la mélancolique
mais mâle figure du colonel de Villebois-
Mareuil..
Edouard Chantalat, grand admirateur du
héros, a conçu le projet, digne du Français
et de l'artiste, d'offrir au vaillant peuple
boer, le portrait de celui qui sut si bien
mourir en combattant pour son indépen-
dance.
L'œuvre promet d'être fort helle, et nous
en reparlerons au bon moment. ,
Ajoutons que le distingué poète, Ogier
d'Ivry, a ciselé sur le cadre un de ses son-
nets dont sa plume vibrante et émue pos-
sède le secret.
Nos félicitations à 1 artiste qui met la der-
nière main à ce nouveau chef-d œuvre,
tannât ne sera cas le dernier...
UNE NOUVELLE DÉCORATION
Oui l'esprit humain, l'esprit ¡rançals sur-
tout est assez ingéniéux et subtil pour in-
venter encore une nouvelle décoration qui
s'ajoutera à la liste déjà longue des ancien-
nes.
Cette décoration instituée par une récent
décret, est une médaille d'honneur en fa-
veur des ouvriers des Halles et marchés de
Parie, dont le Journal officiel énumère ainsi
les catégories : (1 forts, compteurs, mireurs
d'œufs, découpeurs de viande ».
Pour avoir droit à cette médaille, il fau-
dra non seulement compter trente années
de service, mais aussi être un Il ouvrier
officiel ), c'est-à-dire « commissionné par
le prélet de police >1.
Veut-on maintenant savoir de quelle cou-
leur sera le ruban du nouvel ins)gne? Blanc
et vert ce ruban s'enorgueillira d'un petit
filet rouge.
UN CONCOURS ORIGINAL
Il s'agit d'un concours de « fenêtres et
balcons ffeuris ».
Ce concours, qui ne manquera pas d une
certaine originalité, est organisé par la
chambre syndicale professionnelle des hor-
ticulteurs et maraîchers d'Amiens. Il aura
lieu le dimanche 5 août. Des prix doivent
être décernés aux lauréats.
UN AUTOGRAPHE MUSICAL DE GUIL-
LAUME II
M.Malherbe, le conservateur de la biblio-
thèque de l'Opéra a eu l'idée, à l'occasion
de la réunion du prochain Congrès de l'his-
toire de la musique, de demander un auto-
graphe aux musiciens les plus célèbres.
Il s'est d'abord adressé à l'Empereur
Guillaume — à tout seigneur, tout hon-
neur! — qui ne se fit pas prier pour en-
voyer à l'aimable archiviste de l'Opéra sa
petite page de musique.
M. Malherbe, en dehors de l'autographe
de l'Empereur d'Allemagne, a réuni envi-
ron cinquante pages, écrites de la main de
nos musiciens les plus connus.
Ces pages seront placées, sous verre,
dans dix grands cadres que l'on exposera
au palais des Congrès, d abord, et ensuite
à la bibliothèque de l'Opéra.
LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE
L'ALLEMAGNE
Il est foudroyant, stupéfiant, depuis quel-
ques années.
On vient de publier les résultats d'une
enquête ouverte par le gouvernement aile
mand, il y a deux ans, sur la diffusion des
capitaux et sur l'importance des intérêts
allemands engagés dans les entreprises
exotiques ; cette enquête établit de façon
indiscutable l'extraordinaire développe-
ment économique de l'Empire.
Le commerce entre l'Allemagne et la
Turquie dépasse un chilfre d'affaires de
100 millions de marks.
En Afrique, plus de 1.000 millions sont
employés. Les intérêts allemands en Chine
sont estimés à 300 millions. Mais c'est dans
les deux Amériques surtout que les capi-
taux se sont portés. Us s'élèvent à 5 mil-
liards.
Quelques erreurs de détail ont bien pu
se glisser dans una statistique aussi déli-
cate; mais il n'en reste pas moins démon-
tré que l'Allemagne a engagé dans les pays
en dehors de l'Europe et des Etats-Unisprès
de 8 milliards.
LA DAME D. VOILÉE.
Le service de la FRONCE sera
fait gratuitement pendant an an
à toutes les institutrices ayant
amené au journal trois aftonae»
ment. d'an que
LES CONGRÈS
ŒUVRES POST-SCOLAIRES
Lorsqu'il y a près de vingt ans, nos légis-
lateurs proclamaient l'instruction gratuite,
laïque et obligatoire, ils estimaient avec
Platon que la vertu o'est la science, qu'il y
aurait moins de malhonnêtes gens si l'ins-
truction était plus répandue, et que le plus
sûr moyen d'elever le niveau moral d un
Je peuple ne est d'élever son niveau intellectuel.
e ne sais plus qui disait alors : c4 Ouvrir
une école, c'est fermer une prison. »
Or, une aftligeante statistique ne tarda
pas à démontrer, —fût-ce une simple coïn-
cidence? — que la criminalité depuis le
vote des lois scolaires s'était accrue dans
d'effrayantes proportions : elle avait triplé.
Les adversaires de l'instruction obliga-
toire en tirèrent argument. Certains en vin-
rent à soutenir qu'apprendre à lire aux en-
fants du peuple, c'était fournir un nouvel
aliment au crime, et qu'il était dangereux
pour un apprenti d'avoir son certificat d'é-
tudes. Par bonheur, la statistique est aussi
menteuse que l'histoire. Elle n'est pas moins
complaisante. Des mêmes chiffres, on tira
bientôt des conclusions absolument con-
traires.
On opposa d'abord la statistique à elle-
même. Si les lois scolaires sont de 1882, il
ne faut pas oublier que deux ans aupara-
vant une loi décrétait la liberté des débits
de boissons! «Ce n'est pas l'école qui est
cause do tout le mal, s'écria-t-on, c'est le
cabaret! »
D'autres firent valoir un argument plus
décisif encore. Si la criminalité augmente,
ce n'est point parce que l'on apprend trop
de choses au peuple, c'est qu'on ne lui en
apprend pas assez. L'enfant quitte l'école à
treize ans; à cet âge critique où s'éveille
sa sensibilité, où se développe son carac-
tère, il se trouve soumis aux influences les
plus pernicieuses; il manque d'une direc-
tion morale â l'heure même où il en aurait
le plus besoin. Il y a dansl sa vie une brus-
que solution de continuité. En sorte qu'il
ne tarde pas à oublier tout ce qu'il a ap-
pris, et qu'il apprend trop vite ce qu'il ne
devrait pas savoir.
Pour que l'instruction reçue à l'école por-
tât ses fruits, il ne fallait pas abandonner
l'enfant après l'école, mais entretenir en
lui le goût de l'étude, le cultiver, intellec-
tuellement et moralement, jusqu'à l'âge
d'homme, poursuivre le plus longtemps
possible l'œuvre commencée par l'institu-
teur, lui donner en un mot une éducation
post-scolaire.
Il Tout le monde en France, écrivait na-
guère M. Buisson, reconnaît la nécessité de
compléter l'éducation de l'enfant par celle
de l'adolescent et de l'adulte... Deux con-
grès, celui du Havre et celui de Bordeaux,
viennent coup sur coup d'adresser à la
conscience publique un pressant appel en
lui demandant d'accepter ce nouveau
« devoir social » et d'essayer de le rem-
plir.'»
La conscience publique s'est émue; pour
les adultes on a créé ces admirables
universités populaires, pleines de vi-
gueur et de promesses; pour les adoles-
cents on a organisé.de nombreuses œu-
vres qui leur servent de transition entre
l'école et l'université populaire, oeuvres
aussi variées que fécondes, et d'une impor-
tance sociale indiscutable.
.-.
Ce sont ces œuvres post-scolaires que
doit examiner et étudier le Congrès qui a
commencé ses travaux hier matin à la
Sorbonne, sous la présidence d'honneur de
M. le ministre de l'Instruction publique.
M. Seignelte, président, souhaite la bien-
venue aux congressistes accourus en si
grand nombre qu'il n'est point de départe-
ment qui ne soit représenté au Congrès et
il les remercie de leur empressement dont
il augure les plus heureux résultats.
M. Edouard Petit, inspecteur général de
l'Université, délégué de M. le Ministre dA
l'Instruction publique, l'un des promoteurs
do l'éducation populaire et l'un de ses plus
fermes soutiens, vient faire l'historique des
œuvres post-scolaires en France depuis
1886. On comptait à cette époque environ
soixante associations ou patronages : il y
en a maintenant plus de quatre mille, et
leur prospérité, matérielle et morale, ne le
cède en rien à leur nombe. Ce rapport est
un véritable bulletin de victoire, et, plus
que d'en personne, M. Edouard Petit a le droit
en être fier.
On procède ônsuiteàl'éleclion du bureau.
Sont nommés :
Président : M. SeigneUe, du I( Journal des
instituteurs ».
Vice présidents : MM. Beurdeley, maire
du VIII* arrondissement, Bizet, Bonhoure,
inspecteur primaire, Brun, Deum, Lefèvro,
président do la Mutualité scolaire do Cour-
bevoie, Louvel, Schneider, directeur du
journal la Fédération, Mmes Barthélémy,
présidente du patronage des jeunes filles
de Belleville, Laurent,présidemc de la Mu-
tualité scolaire, Vivier, présidente de l'As-
sociation des normaliennes de la Seine,
Roger, de Bône. , ,
Secrétaire général : M. Legrand, président
des CI Amis de l'école laïque *.
Secrétaires : MM. Berquier, Lefort, Paul
Moussard, Mme Chôme!.
.*.
Les congressistes, répartis en cinq sec-
tions, se sont réunis à deux heures, dans
leurs salles respectives.
La troisième section s'est occupée spé-
cialement des associations et des patro-
nages de jeunes filles.
Les associations se proposent de recueil-
lir les enfants à la sortie de l'école, de res-
serrer entre elles les liens de camaraderie
fraternelle, et de leur enseigner le senti-
ment de la solidarité en leur fournissant
les moyens de se venir en aide les unes
aux autres. Ces associations comprennent
toutes les anciennes élèves des écoles, quel
que soit leur âge.
Les patronages sont, au contraire, desti-
nés aux fillettes dont la plupart sont en-
core à l'école; elles y trouvent une direc-
tion morale, des secours matériels et, aux
heures où leurs parents ne peuvent s'occu-
per d'elles un asile et un abri.
Quels sont les meilleurs moyens d'ame-
ner les jeunes filles à faire partie de ces
Associations et de ces patronages?
Mmes Troche, Fouriau, Barthélemy, Sar-
razin, Fredel, Bastide, Béguin, d'autres en-
core, nous en donnent un grand nombre,
tous excellents. L'une après l'autre, simple-
ment, modestement, elles viennent nous
conter ce qu'elles font dans leur patro-
nage.
Ici on donne aux jeunes filles des leçons
de chant, de mandoline ou de violon; là on
leur fait des lectures, des conférences, on
leur apprend la cuisine, t'hyg'èno, la danse;
on organise des matinées dramatiques en
hiver, en été, des excursions et même des
voyages ; on leur enseigne la couture, on
leur fait confectionner leurs trousseaux, il
n'est point de moyen qu'on n'invente pour
les attirer et les retenir. Songez maintenant
que la plupart des présidentes de patrona-
ges appartiennent à l'enseignement pri-
maire, que, leur journée finîe, à l'heure du
repos, elles consacrent à ces patronages
leurs uniques loisirs, et dites-moi si leur
dénuement n'est oas aussi admirable Que
leur oeuvre ?
ANDRÉE TÉRY.
LES SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES DE
CONSOMMATION
L'Union générale
Le Congrès des Sociétés coopératives de
consommation qui tient en ce moment ses
séances au Palais des Congrès, est d'un in-
térêt primordial pour tous les travailleurs,
car il en sortira de nombreuses décisions
propres à contribuer à l'ae rcoisseiuent du
bien-être dans la classe ouvrière.
Ici, on ne se contente pas de mots et l'on
agite des idées, ce qui vaut infiniment
mieux. Pour une œuvre commune, des re-
présentants de tous les partis se trouvent
réunis dans un mémo élan de solidarité
qui ne peut manquer de produire d'excel-
lent résultats.
Nous avons eu la joie d'entendre des ou-
vriers, membres administrateurs de So-
ciétés coopératives, venir exprimer leurs
opinions et cela d'une manière qu'envie-
raient beaucoup d'orateurs professionnels.
Ce sont ces belles intelligences du peu-
ple, si spontanées, si audacieuses, qui as-
sureront le triomphe du prolétariat et sau-
ront faire des associations ouvrières les
puissants moyens d'action qu'elles peuvent
être •
Des délégués venus de tous les points de
la France et des pays étrangers ont tenu à
apporte!* au Congrès les comptes-rendus de
leurs travaux et de leurs expérience et à
exposer les résultats qu'ils ont obtenus de-
puis lin certain nombre d'années.
C'est ce qu'ils ont fait dans la séance qui
s'est tenue dans l'après-midi de dimanche
et qui a été présidée, comme nous le disions
hier, par M. Gide.
Le programme du Congrès étant des plus
chargés et le temps très limité, on est
obligé de travailler ferme pour avoir fini
ce soir, c est pourquoi il y a deux réunions
chaque jour : une le matin et une l'après-
midi.
Dans la matinée d'hier, on a agité une
question des plus importantes pour tes So-
ciétés coopératives « celle de l'uuion inter-
nationale. C'est sous le, présidano* do 11.
Fitsch qu'ont eu lieu les di&cuss:oas con-
cernant cette question.
M. Jean Jaurès, dan3 un éloquent dis-
cours, a fait remarquer que l'union fédé-
rale de toutes les coopératives ne saurait
etre pour l'instant mise à exécution, les
diiférentes Sociétés professant des opinions
trop diverses, trop contraire*, même pour
que leurs intérêts puissent être fondus,
i Cependant, il ne faudrait pas que la di-
i vergence des idées puisse (aire perdre aux
1 coopératives le bénéfice qui naîtrait d'un
très grand nombre de consommateurs, et
c'est pourquoi M Jaurès a préconisé l'idée
d'un magasin central, sorte d'agence géné-
rale chargée des achats et des ventes pour
toutes les Sociétés, quelle que soit l'opinion
ou la confession à laquelle elles appar-
tiennent.
Plus tard, lorsque l'évolution sociale se
sera accentuée, on pourra songer de nou-
veau à une vaste association de toutes les
[ coopératives, qui parait impossible pour le
moment.
1 M. Gide se r&llie à l'opinion de M. Jaurès
et propose un ordre du jour destiné à ral-
lier tous les suffrages.
i M' Anseele, députe de Gand, et membre
; d'une deg plus importantes coopératives
belges, déclare que les associations socia-
liste:. de son pays, qui sont admirablement
organisées ne pourraient en aucun cas
faire- partie d'une lédératiop internationale,
car avec leurc fonds de réserves, elles sou-
tiennent les grèves et favorisent le mouve-
men? ouvrier ce qu'on no saurait exiger
der, coopératives bourgeoises.
Il faut donc Se contenter, pour l'instant,
d'unir seulement les intérêt matériels des
coopérateurs et créer des agences géné-
rales chargées de mettre les consomma-
teurs en relation directe avec les produc-
teurs et particulièrement avec les syndi-
cats de production, ce qui suppnm< l'in-
termédiaire et augmente, par là-même,
l'action coopérativa :
En fin de discussion on a décidé d'adop-
ter l'ordre du jour de M. Gide qui est ainsi
conçu -
Le Congrès désireux et' laisser chaque
Société libre dans la rédaction de ses sta-
tuts et dais l'emplpi de !Zee; bonis.
Mais convaincu aussi de lu nécessité
d'une entête commun, sur certains points
pour que le mouvement coopératif puisse
devenir un facteur décisil de l'évolution so-
ci&lô *
Invite les Soaiétés i organiser en com-
mun uno agence de l'enselgnemonlr com-
merciaux, d'achats, ou tout au moins, pour
commencer, à établir une entente cordiaie
entre les agences qui seraient créées sépa-
rément.
L'emploi des fonds de réserve
La séance de l'après-midi a été présidée
par M. Léopuld Mabilleau, directeur du
Musée social.
La discussion a porté sur le rapport de
M. Fitsch, qui traite « de l'utilité d'un
fonds de réserve «collectif et de son em-
ploi ».
Le rapporteur a démontré que le fonds
de réserve collectif est utile pour assurer
la marche sûre et progressive des Sociétés
coopératives de consommation et, ensuite
qu'il est indispensable pour que la coopé-
ration atteigne et réalise tous les progrès
économiques que l'on attend d'elle.
MM. Brunet, Hamelin, Léglise, Seltzer.
Guillemin, Cluaisse et Juticn.représcntants
de diverses Sociétés coopératives sont ve-
nus expliquer comment ils entendaient
l'emploi du fonds de réserve. Presque tous
sont d'avis que les bonis doivent être con-
sacrés à la création d'œuvres similaires
aux Sociétés coopératives, tels qu'ateliers
d'appprenlissage, écoles et Sociétés nou-
velles de coopération.
Un orateur ayant exprimé la crainte que
si l'on supprimait la participation aux bé-
néfices, ou même si on la diminuait, tes
ménagères ne viennent plus s'approvision-
ner aux coopératives, M. Jean Jaurès dans
une de ces improvisations vibrantes, dont
lui seul est capable a proclamé la condam-
nation de régime et le triomphe de la
solidarité.
Toute la salle était debout pour l'enten.
dre et ses paroles ont été accueillies cav
d'mniûmçs applaudissement^
Il est impossible de ne pas reconnaître
en cet orateur admirable, l'« apôtt'e du
socialisme ". Sa figure énergique adoucie
par un clair regard qui révèle sou imineusa
bonté, sa parole éloquente et sincère, sont
faites pour convaincre les masses et les en-
traîner; on sent eo lui une foi ardente,qu'au*
cun échec,aucun insuccès passager ne sau-
rait altérer et qui se communique à tous
ceux qui l'entourent.
Avec infiniment de justesse il a fait re-
marquer que si l'on cède toujours à ré..
goïsme, on ne parviendra jamais à le faire
disparaître.
» Certes, a-t-il dit, nous ne sommes pas
des illuminés et des rêveurs, nous voulons
bien faire la part de ce qu'il y a de mauvais
dans la nature humaine, mais nous savons
aussi que la solidarité n'est pas un vain
mot et que nous devons la pratiquer dans
la plus large mesure possible.
« A la suite des coopératives de consom-
mation, créons donc des ateliers de produc-
tion où l'ouvrier ne soit plus l'esclavage
mais son propre maître et nous arriverons
ainsi à la suppression progressive du sala-
riat ».
Après le discours de M. Jaurès, la discus-
s on a repris plus vive que jamais. Quel-
ques personnes proposaient l'adoption pure
et simple des conclusions du rapport de
M. Fltsch qui sont les suivantes :
« Toute société coopérative de consom-
mation doit inscrire dans ses statuts, qu'en
dehors du fonds de réserve légal rembour-
sable, il sera constitué un fonds de réserva
collectif assez important pour lui permet-
tre : r D'assurer son existence et de don-
ner à ses opérations toute l'extension possi-
ble ; 2- d'apporter son concours dans tous
les plans ayant pour objet de réaliser un
progrès économique par la coopération. >»
Mais une grande partie des congressistes
désirait ajouter à ces conclusions un amen-
dement.
C estencoreM. Gide qui a trouvé un ter-
rain de transition sur lequel on et pu, sinon
s'entendre, uu moins voter.
Nous devons reconnaître pour resterdans
j la vérité que ce vote n'a pas été des plus
calmes. La chaleur insupportablede la jour-
née, l'atmosphère orageuse avaient un
peu échauffe les têtes et il y a eu quelques
contestations ; cependant l'ordre de M.Gida
a été finalement adopté; il est ainsi conçu
« Le Congrès engage les SociéLés coopé-
ratives de consommation en ce qui con-
cerne l'emploi de leurs bonis, à ne consa-
crer à la répartition individuelle que le mi-
nimum indispensable pour retenir leurs
adhérents; et à en réserver la plus grande
part possible pour la création ou la com-
manúite d'ateliers industriels et agricoles
et hâter t évolution dans le sens de l *abOlit
tion du salariat.
SIMONE DARBLLlf.
PARTICIPATION AUX BÉNÉFICES
Séance dw matin
Le fauteuil présidentiel est occupé par
M. Goffinon et le premier rapport à l'ordre
du jour est celui dt M Lyon-Caen sur :
La convention librement consentie, par la-
quelle l'ouvrier ou ''einployé reçoit une part
déterminée d'avance des bénéfices, est con-
forme à l'équité e aux principe essentiels
du droit positif.
Le rapporteur envisage la question au
point de vue du droit; il définit le contrdt
de louage de services ou le contrat de tra-
vail 011 l ouvrier ou l'employé reçoit un sa-
laire. Ce salaire peut être fixe ou variable.
La participation aux bénéfices rend le sa-
laire variable, et cela également aveo les
bénéfices du patron. Il pourrait en être
ainsi pour la totalité du salaire, niais le
plus souvent l'ouvrier ou remployé rece-
vant, outre un salaire fixe, un salaire éven-
tuel, a une part dans les bénéfices réalisés,
part qui constitue la participation.
L importance des sommes à toucher no
dépend pas du caprice du patron, 'nais du
ré&uitat de ses opérations qui eât illùépen-
dant de sa volonté.
M. Lyon-Caen constate que la participa-
tion aux bénéfices est consacrée par nos
lois et pratiquée dans l'usage. L'engage-
ment des gens de mer n'est, en fait, pas
autre chose qu'une participation, aveccetto
distinction toutefois que l'engagement des
gens de mer ne stipule, généralement, au-
cun salaire fixe, mais seulement un éven-
tuel..
Enfin, en droit, la participation n , a rien
de contraire aux principes ; elle est con-
forme à l'équité.et la conclusion de M.Lyon-
Caeo est
Ainsi la loi ne condamne pas la parti.
cipation aux bénéfices, elle ne peut y voir
qu'un mode de rémunération, une forme
spéciale de salaire, et l'équité peut parfois
la recommander. "
Là-dessus une intéressante discussion
s'engage, d'abord lente, hésitante, ensuite
très vive. M. Paul Delombre, tout en étant
d'accord avec le rapporteur, plaide le faux,
fait l'avocat du Diable, afin de for'er M.
Lyon Caen a répondre, à développer soa
suje~
M Delombre constate qu 'on est d'avis,
aujourd'hui, que le salaire n'est plus la ré-
partition exaote du travail de l'ouvrier. 11
faut donc que l'on y parvienne par unI)
évolution naturelle, par la participation qui
sera une plus grande équité. A côté du sa-
laire il y aura pour ainsi dire un sUt'la-
laire.
M. Lvon-Caen explique qu'il s'est tenu,
dans son rapport, à la question posée. La
participation est un mode de rémunération
de service, un contrat de louage et non un
contrat de société et cela par suite d'iné-
galité de charges et de protits, et l'émineut
professeur se demande si la participation
aux bénéfices ne constituerait pas un con-
trat de passage du salariat à un autre état dii
choses et ne serait pas un pas vers la suppres-
sion du salaire.
M. Beudin fait remarquer que la conclu-
sion du rapport de M. Lyon-Caen peut être
considérée comme molle, car l'équité doit
parfois recommander la participation.
Suivant le rapporteur la participation
doit surtout avoir lieu là où le salaire n'est
pas suffisant. Ce à quoi répond M. Beudin
en disant que le salaire n'est jamais suffi-
sant aux yeux de l'ouvrier. Or. comme ici
on doit principalement s'occuper de l'ou-
vrier, il faut donc chercher le résultat du
problème.
En établissant la participation, il faut en.
core faire une différence entre patron et
ouvrier. L'ouvrier est et sera toujours su-
bordonné au patron. M. Lyon-Caen va
même plus loin. Il dit que, politiquement
parlant, l'ouvrier vaut le patron, mais
dans la vie il n'en est pas ainsi. L'ouvrier
n'étant ni l'égal, ni le supérieur du patron
est forcément son inférieur, et M. Beudin
a un autre mot heureux en constatant que
c'est son collaboratèur.
On discute encore sur la forme du vosu
■ à émettre , M. Chaumelin donna son appré-
ciaUoa très iuste et M. Maure la sienne:
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LA. FRONDE, Journal quotidien, j
poli tique, littéraire, est dirigé,
administré, rédigé, composé par
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Toutes les communications relatives à
la rédaction doivent etre envoyées à
Mm. Emray Fournier, rédactrice en chef
de la FRONDE.
Les manuscrits non insérés ne seront vasrenaus.
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franco-prussienne 1870-71.
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Expositions : Galerie Georges Petit, rue de
5eze. exposition des œuvres de M. VVassili Ve-
restchagin.
La Hoilinière, 19, rue St-Lazare, exposition des
jeuvres de Louis Carrier Bellense, le 1 h. à 6 h.
L'Institut Pasteur : visite publique de 5 h. à
l h. du soir, 25 rue Oulot.
Conférences : A a h. 112, à la Coopération
les Idées, 157, faubourg Saint-Antoine, M. Lu-
:ien Lefoyer : La Liberté du Travail cbez la
femme.
Le Héveil, Université populaire des tu et t.
irrnndissements, H. rue Marie Stuart.a 9 h.
D Bertrand : Causes sociales de l'Alcoolisme.
Après l'incinération
de Nelly Lieutier
La Fronde et une lettre bordée de noir
m'ont apporté en même temps la nou-
velle de la mort de Fanny Lieutier.
Retenue à la campagne par des devoirs
auxquels je ne puis me soustraire (je
suis gardienne de deux petits fils dont
la mère est alitée), et n'ayant pas été de
ceux qui ont accompagné son cercueil
au four crématoire, je demande comme
une faveur à Mme Marguerite Durand,
l'autorisation d'ajouter quelques mots à
l'article nécrologique de Mme M.-L.
Néron, paru dans le numéro du 14 juil-
let.
C'est l'amie qui tient la plume, une
amie de plus de trente-cinq ans, que des
occupations dévorantes, seules, ont te-
nue trop longtemps éloignée du fauteuil
où Nelly Lieutier était clouée par des
étouffements horriblement douloureux.
Nelly Lieutier était un écrivain qui
respect%it sa plume, et dont la plume
était le serviteur loyal de la pensée gé-
néret:se.
Elle était aussi, et dans toute fa force
du terme, une raison, une conscience.
J'ai rarement rencontré une femme
ayant aussi nettement rompu avec les
sentiments « bourgeois », c est-à-dire
avec le qu'en dira-t-on et le convenu.
Libre-penseuse, n'ayant jamais peur
de la pensée d'autrui, quand même elle
eût dépassé la sienne propre, elle allait
jusqu'au bout de ses convictions, qui ne
l'effrayaient point, et c'était vraiment
une fête que de se sentir en sympathie
avec cet esprit ai loyalement et si sim-
plement affranchi. En philosophie, en
politique il eût peut-être été difficile de
l'enrégimenter, de la classer; l'on était
seulement certain de la trouver tou-
jours du côté où l'on pense, du côté où
!'on cherche le mieux.
A la pensée loyale et libre de Nelly
Licutier répondait un cœur généreux ;
sa générosité ne se dépensait pas en
théories, elle se répandait en faits : elle
était serviable avec grâce et, le service
rendu,elle vivait avec ses obligés comme
si elle l'avait oublié. C'était une femme
de bien.
Indépendante, aussi ; n'admettant
comme doctrine que celle dont j'ai re-
cueilli les éléments au-dedans de moi.
aux heures où j'étais digne de trouver,
puisque je cherchais, je salue sérieuse-
ment le souvenir de Nelly Lieutier. Son
corps est réduit en cendres, n'importe !
Elle vit dans l'âme de celles qui l'ont
connue, respectée, aimée. Celles-ci s'ins-
pirant de sa loyauté, de sa crânerie, de
sa bonté lui donneront la seule immor-
talité réellement enviable : elles la con-
tinueront.
PAULINE KERGOMARD.
FLUCTUAT NEC MERGITUR
Le vaisseau de la République est sorti
de la zone des sables mouvants de la ses-
sion parlementaire. Il a doublé, sans
avaries, le cap des tempêtes annuelles
du 14 jnillet et de son incombrante re-
vue, cette antique cérémonie liturgique
du fétichisme militaire, qu'on suppri-
mera dès qu'on sera devenu un peu rai-
sonnable, puisque ce n'est jamais qu'un
prétexte pour certaines gens de crier
vive certains généraux et à bas les au-
très, réciproquement, selon la couleur
des esprits.
Pour cette fois encore, il n'y a eu que
quelques têtes fêlées, qui d'ailleurs
l'étaient déjà, et un certain nombre d'in-
solations pour nos petits soldats qui s'en
seraient bien passés, et auxquels on eût
mieux fait de donner un jour de congé
pour aller visiter l'Exposition, voir les
illuminations et danser daus tous les car-
refours.
Si l'on eût fait cela, il n'y aurait pas eu
jusque dans l'escorte du Président de la
République une demi-douzaine de cui-
rassiers s'affaissant sur leurs chevaux, à
moitié cuits à l'étuvée sous leur cui-
rasse ; chose vraiment inutile à la gloire
de notre armée et qui ne peut en aucune
façon démontrer sa force conquérante.
Espérons que le progrès du bon sens
public, quand il aura été guéri de cer-
taines manies traditionnelles qui l'obs-
curcissent si Di'ofondéuent. mus amé.
nera tout doucement et sans trop gran-
aes catastrophes, à supprimer cette pré-
tendue fête de l'armée où c'est certaine
ment l'armée qui c amuse le moins.
Pour le moment, en dépit ues vagues
mouvantes et déferlantes des parti,. ia
république continue de yogu*r. Malgré
les vents contraires et les raoussoa%o pé-
riodiques qui la font si souvent rouler et
tanguer, au point de /aire craindre poar
la stabilité de son équilibre dlle scmDle
pouvoir prendre la devise duvaisseau de
l Paris . Fluctuât nec mergitur 1
CLÉMENCE ROYER.
L'ÉGALITÉ POLITIOUE DES SEXES
dans l'Idaho (Etats-Unis)
L'adoption de la toi de i896 a donné aux
femmes de l'Etat d'Idaho (Etats-Unis) des
droits politiques égaux à ceux des hommes
de cette région. Comment pendant le!-
quelques années qui se sont écoulees de-
puis ont elles usé de leurs nouvelles capa-
cités et quels résultats ont déjà produits leur
participation officielle aux affaires publi-
ques?
L'honorable Franck Steunenberg gouver-
neur de l'Idaho donne sur ces points dans
le flarpe?- s Bazar du 26 mai son opinion in-
téressar.te à connaître parce qu'elle est
celle de la plupart des hommes politiques
et d'une bonne moyenne de la population
susceplible de s'intéresser à ces questions.
« Envisagée du point de vue le plus gé-
néral, écrit le gouverneur d'Idaho, la par-
ticipation des femmes aux affaires publi-
ques améliore à la fois les .tonditions de
vote et leurs résultats. Chaque parti sent
la nécessité de nommer le3^idividus les
plus aptes à défendre son programme de
revendication, et les femmes sont naturel-
lement portées dans leur choix, à considé-
rer le bien commun et protéger les condi-
tions de la vie sociale les plus élevées. Ces
préoccupations contribuent à rendre 10
choix des candidats et des élus plus ri-
goureux et meilleur..
« Les femmes, ajoute l'honorable frank
Steunenberg, n'adoptent pas les opinions
extrêmes, ainsi qu'on aurait pu le croire ;
dans l'intérêt de leur maison et de leurs
enfants, elles sentent le besoin de sauve.
garder une administration stable et se con-
tentent d'appuyer saus secousse les modi-
fications qui leur paraissent urgentes. »
a En résumé, conclut-il, les objections
qui out accueilli aux Etats-Unis les reven-
dications suffragistes des femmes tombent
devant l'application du principe des droits
politiques égaux pour tous qui est faite
dans Udaho depuis le vole de la loi de
1896. -
.-.
La toi de 1896 n'a pas seulement donné
aux femmes do l'Idaho la capacité de voter
aux élections de toute nature : qu'il s'agisse
des représentants au Congrès de Washing-
ton, des députés df> t'Etat ou des électeurs
,prë:tldenllels, alto permet aux habitantes
de d'y remplir toutes les ('onctions
publiques, »aos jxcepttou, que .;e.. fouc-
tion* soient électives, ce qui est générale-
ment le cas ou qu'elles ne le soient pas.
C'est ainsi que dès la première élection
générale qui eut lieu en 1898, une femme,
Miss Permeal Fronch, fut élue ministre de
l'instruction publique et que trois (autres
femmes : une démocrate, une populiste et
une républicaine furent élues membres de
l'Assemblée législative.
La situation occupée par Miss French est
d'importance exceptionnelle à cause de
1 initiative laissée aux titulaires de cette
fonction. C'est elle qui est chargée de la
rédaction des programmes de tous les éta-
blissements d'instruction de i'ifiaho, do
l'exécution des lois scolaires, du choix des
livres fournis gratuitement par i'Etat à ses
écoles publiques, etc.
De mème que les trois femmes députées,
Miss French a su faire preuve de capaoités
très réelles et d'une grande compétence.
Parmi les femmes élues à d'autres fonc-
tions, il est & noter aue certaines ont été
régulièrement élues d'avance par conven-
tions réciproques des partis politiques aux-
quels elles appartenaient.
Pour beaucoup d'autres : celles qui s'é-
taient simplement fait inscrire comme can-
didates, le fait d'être femme n'a eu aucune
importance devant le scrutin et ne leur a
donné ni plus grande chance de succès ni
plus grande chance de défaite. Les ques-
tions de galanterie et de rivalité se sont
contrebalancé en l'espèce et seules les
questions de valeur personnelle ou de par-
tis ont été examinées.
Les élections mixtes de l'Idaho ont eu lieu
dans un calme parfait, et la présence des
femmes dansles salles de scrutin n'a amené
aucun des troubles prévus par les adver-
saires de l'Egalité des droits.
L'objection, habituellement faite, que les
femmes se préoccuperaient peu d'exercer
leurs droits politiques si elles les avaient,
ne s'est pas vérifiée dans les élections de
l'Idaho.
Le nombre de. femmes qui ont pris part
à ces élections a été d'environ 16,000 sur
40,000 votants, c'est-à-dire une proportion
de 40 pour cent qui est, à peu près, la pro-
portion moyenne habituelle des hommes
votants relativement aux électeurs inscrits,
Ces 16,000 électrices appartenaient à toutes
les classes sociales, et les votantes n'ont pas
été sensiblement plus nombreuses dans les
villes que dans les campagnes bien que la
tendance des femmes habitant les villes à
user des droits de suffrage semble un peu
Dlus accentués.
MAXIMILIENNE BLAIS.
On dit...
FOSSE DE NER0Y
En ces temps de canicule, il est doux de
parler de la mer et de ses profondeurs.
Contons donc la découverte que vient de
faire un célèbre un célèbre Américain. M.
Hodges capitaine du Nero, de la marine
des Etats-Unis a découvert dans l'Océan
Pacifique, une fosse dont la profondeur est
bien supérieure à toutes celles jusqu'ici
connues.
Cette dépression, que l'on a nommée
ci fosse de Nero », a donné, aux sondages,
9,635 mètres comme résultat moyen.
C'est déjà bien, n'est-ce pas?
LES SECRETS DE L'ÉLÉGENCE
Partant pour la campagne, la mer ou les
montagnes, la femme élégante emporte ]
nombre de toilettes exquisement légères,
mais elle a soîq de glisser aussi dans ses
malles un ou deux costumes tailleurs d'une
coupe irréprochable.
En drap fin ou en belle et rorte toile,
foncé ou clair, le costume tailleur, agré-
tuenté d'unt, fraîche chemisette, forme tou-
jours une toilette charmante autant que
distingude.
L. grande maison John Saudt et Laborde,
h, boulevard Malesherbes livre chaque
Jours des ces délicieux costumes tailleurs
'au* .emmet les plus élégantes de Paris.
MENU CHINOIS
La Chine :ag nélas ! beaucoup parler
d'elle en ce moment. Et l'actualité qui ne
perd jamais ses droite juge à propos de
présenter aux gourmets le menu d'un repas
d'apparat chinois que Voici :
Ailerons de requin, avec bouillon ;
Jeunes pousses de bambou;
Ecre visses ;
Graines de nénuphar avec bouillon;
Canard, avec boubou ,
Poulpes, avec bouillon ;
Champignons, avec bouillon;
Nouilles ;
Poisson rôti ;
Riz cuit à l'eau ;
Petits gâteaux de riz et sucre;
Gâteaux de navets ;
Bon nombre d'Européens ne resteraient
peut-être cas indifférents devant un tel
menu, à condition bien entendu qu 'on le
leur serve en un lieu agréable et surtout
pacifique.
LE PORTRAIT DU COLONEL DE VILLE-
BOIS-MARBUIL
Un heureux hasard nous a fait rendre
visite, ces jours derniers, au peintre.Edouard
Chantalat, l'évocateur bien connu de Pald
Verlaine ; — Musée du Luxembourg ; — de
Félix Pyat, — musée Carnavalet; — de
Balzac, — œuvre qui va prendre place, très
prochainement, au Musée de Versailles, et
de quelques autres figures dont plusieurs
parent certains musées étrangers.
Edouard Chantalat, on le voit, a le don
d'évoquer les morts et de nous rendre, en
effigies concentrées et souveraines, tout le
resplendissement des gloires disparues.
Nous avons trouvé le jeune artiste en
plein travail devant une toile, où se préci-
sait, forte et fière, déjà, la mélancolique
mais mâle figure du colonel de Villebois-
Mareuil..
Edouard Chantalat, grand admirateur du
héros, a conçu le projet, digne du Français
et de l'artiste, d'offrir au vaillant peuple
boer, le portrait de celui qui sut si bien
mourir en combattant pour son indépen-
dance.
L'œuvre promet d'être fort helle, et nous
en reparlerons au bon moment. ,
Ajoutons que le distingué poète, Ogier
d'Ivry, a ciselé sur le cadre un de ses son-
nets dont sa plume vibrante et émue pos-
sède le secret.
Nos félicitations à 1 artiste qui met la der-
nière main à ce nouveau chef-d œuvre,
tannât ne sera cas le dernier...
UNE NOUVELLE DÉCORATION
Oui l'esprit humain, l'esprit ¡rançals sur-
tout est assez ingéniéux et subtil pour in-
venter encore une nouvelle décoration qui
s'ajoutera à la liste déjà longue des ancien-
nes.
Cette décoration instituée par une récent
décret, est une médaille d'honneur en fa-
veur des ouvriers des Halles et marchés de
Parie, dont le Journal officiel énumère ainsi
les catégories : (1 forts, compteurs, mireurs
d'œufs, découpeurs de viande ».
Pour avoir droit à cette médaille, il fau-
dra non seulement compter trente années
de service, mais aussi être un Il ouvrier
officiel ), c'est-à-dire « commissionné par
le prélet de police >1.
Veut-on maintenant savoir de quelle cou-
leur sera le ruban du nouvel ins)gne? Blanc
et vert ce ruban s'enorgueillira d'un petit
filet rouge.
UN CONCOURS ORIGINAL
Il s'agit d'un concours de « fenêtres et
balcons ffeuris ».
Ce concours, qui ne manquera pas d une
certaine originalité, est organisé par la
chambre syndicale professionnelle des hor-
ticulteurs et maraîchers d'Amiens. Il aura
lieu le dimanche 5 août. Des prix doivent
être décernés aux lauréats.
UN AUTOGRAPHE MUSICAL DE GUIL-
LAUME II
M.Malherbe, le conservateur de la biblio-
thèque de l'Opéra a eu l'idée, à l'occasion
de la réunion du prochain Congrès de l'his-
toire de la musique, de demander un auto-
graphe aux musiciens les plus célèbres.
Il s'est d'abord adressé à l'Empereur
Guillaume — à tout seigneur, tout hon-
neur! — qui ne se fit pas prier pour en-
voyer à l'aimable archiviste de l'Opéra sa
petite page de musique.
M. Malherbe, en dehors de l'autographe
de l'Empereur d'Allemagne, a réuni envi-
ron cinquante pages, écrites de la main de
nos musiciens les plus connus.
Ces pages seront placées, sous verre,
dans dix grands cadres que l'on exposera
au palais des Congrès, d abord, et ensuite
à la bibliothèque de l'Opéra.
LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE
L'ALLEMAGNE
Il est foudroyant, stupéfiant, depuis quel-
ques années.
On vient de publier les résultats d'une
enquête ouverte par le gouvernement aile
mand, il y a deux ans, sur la diffusion des
capitaux et sur l'importance des intérêts
allemands engagés dans les entreprises
exotiques ; cette enquête établit de façon
indiscutable l'extraordinaire développe-
ment économique de l'Empire.
Le commerce entre l'Allemagne et la
Turquie dépasse un chilfre d'affaires de
100 millions de marks.
En Afrique, plus de 1.000 millions sont
employés. Les intérêts allemands en Chine
sont estimés à 300 millions. Mais c'est dans
les deux Amériques surtout que les capi-
taux se sont portés. Us s'élèvent à 5 mil-
liards.
Quelques erreurs de détail ont bien pu
se glisser dans una statistique aussi déli-
cate; mais il n'en reste pas moins démon-
tré que l'Allemagne a engagé dans les pays
en dehors de l'Europe et des Etats-Unisprès
de 8 milliards.
LA DAME D. VOILÉE.
Le service de la FRONCE sera
fait gratuitement pendant an an
à toutes les institutrices ayant
amené au journal trois aftonae»
ment. d'an que
LES CONGRÈS
ŒUVRES POST-SCOLAIRES
Lorsqu'il y a près de vingt ans, nos légis-
lateurs proclamaient l'instruction gratuite,
laïque et obligatoire, ils estimaient avec
Platon que la vertu o'est la science, qu'il y
aurait moins de malhonnêtes gens si l'ins-
truction était plus répandue, et que le plus
sûr moyen d'elever le niveau moral d un
Je peuple ne est d'élever son niveau intellectuel.
e ne sais plus qui disait alors : c4 Ouvrir
une école, c'est fermer une prison. »
Or, une aftligeante statistique ne tarda
pas à démontrer, —fût-ce une simple coïn-
cidence? — que la criminalité depuis le
vote des lois scolaires s'était accrue dans
d'effrayantes proportions : elle avait triplé.
Les adversaires de l'instruction obliga-
toire en tirèrent argument. Certains en vin-
rent à soutenir qu'apprendre à lire aux en-
fants du peuple, c'était fournir un nouvel
aliment au crime, et qu'il était dangereux
pour un apprenti d'avoir son certificat d'é-
tudes. Par bonheur, la statistique est aussi
menteuse que l'histoire. Elle n'est pas moins
complaisante. Des mêmes chiffres, on tira
bientôt des conclusions absolument con-
traires.
On opposa d'abord la statistique à elle-
même. Si les lois scolaires sont de 1882, il
ne faut pas oublier que deux ans aupara-
vant une loi décrétait la liberté des débits
de boissons! «Ce n'est pas l'école qui est
cause do tout le mal, s'écria-t-on, c'est le
cabaret! »
D'autres firent valoir un argument plus
décisif encore. Si la criminalité augmente,
ce n'est point parce que l'on apprend trop
de choses au peuple, c'est qu'on ne lui en
apprend pas assez. L'enfant quitte l'école à
treize ans; à cet âge critique où s'éveille
sa sensibilité, où se développe son carac-
tère, il se trouve soumis aux influences les
plus pernicieuses; il manque d'une direc-
tion morale â l'heure même où il en aurait
le plus besoin. Il y a dansl sa vie une brus-
que solution de continuité. En sorte qu'il
ne tarde pas à oublier tout ce qu'il a ap-
pris, et qu'il apprend trop vite ce qu'il ne
devrait pas savoir.
Pour que l'instruction reçue à l'école por-
tât ses fruits, il ne fallait pas abandonner
l'enfant après l'école, mais entretenir en
lui le goût de l'étude, le cultiver, intellec-
tuellement et moralement, jusqu'à l'âge
d'homme, poursuivre le plus longtemps
possible l'œuvre commencée par l'institu-
teur, lui donner en un mot une éducation
post-scolaire.
Il Tout le monde en France, écrivait na-
guère M. Buisson, reconnaît la nécessité de
compléter l'éducation de l'enfant par celle
de l'adolescent et de l'adulte... Deux con-
grès, celui du Havre et celui de Bordeaux,
viennent coup sur coup d'adresser à la
conscience publique un pressant appel en
lui demandant d'accepter ce nouveau
« devoir social » et d'essayer de le rem-
plir.'»
La conscience publique s'est émue; pour
les adultes on a créé ces admirables
universités populaires, pleines de vi-
gueur et de promesses; pour les adoles-
cents on a organisé.de nombreuses œu-
vres qui leur servent de transition entre
l'école et l'université populaire, oeuvres
aussi variées que fécondes, et d'une impor-
tance sociale indiscutable.
.-.
Ce sont ces œuvres post-scolaires que
doit examiner et étudier le Congrès qui a
commencé ses travaux hier matin à la
Sorbonne, sous la présidence d'honneur de
M. le ministre de l'Instruction publique.
M. Seignelte, président, souhaite la bien-
venue aux congressistes accourus en si
grand nombre qu'il n'est point de départe-
ment qui ne soit représenté au Congrès et
il les remercie de leur empressement dont
il augure les plus heureux résultats.
M. Edouard Petit, inspecteur général de
l'Université, délégué de M. le Ministre dA
l'Instruction publique, l'un des promoteurs
do l'éducation populaire et l'un de ses plus
fermes soutiens, vient faire l'historique des
œuvres post-scolaires en France depuis
1886. On comptait à cette époque environ
soixante associations ou patronages : il y
en a maintenant plus de quatre mille, et
leur prospérité, matérielle et morale, ne le
cède en rien à leur nombe. Ce rapport est
un véritable bulletin de victoire, et, plus
que d'en personne, M. Edouard Petit a le droit
en être fier.
On procède ônsuiteàl'éleclion du bureau.
Sont nommés :
Président : M. SeigneUe, du I( Journal des
instituteurs ».
Vice présidents : MM. Beurdeley, maire
du VIII* arrondissement, Bizet, Bonhoure,
inspecteur primaire, Brun, Deum, Lefèvro,
président do la Mutualité scolaire do Cour-
bevoie, Louvel, Schneider, directeur du
journal la Fédération, Mmes Barthélémy,
présidente du patronage des jeunes filles
de Belleville, Laurent,présidemc de la Mu-
tualité scolaire, Vivier, présidente de l'As-
sociation des normaliennes de la Seine,
Roger, de Bône. , ,
Secrétaire général : M. Legrand, président
des CI Amis de l'école laïque *.
Secrétaires : MM. Berquier, Lefort, Paul
Moussard, Mme Chôme!.
.*.
Les congressistes, répartis en cinq sec-
tions, se sont réunis à deux heures, dans
leurs salles respectives.
La troisième section s'est occupée spé-
cialement des associations et des patro-
nages de jeunes filles.
Les associations se proposent de recueil-
lir les enfants à la sortie de l'école, de res-
serrer entre elles les liens de camaraderie
fraternelle, et de leur enseigner le senti-
ment de la solidarité en leur fournissant
les moyens de se venir en aide les unes
aux autres. Ces associations comprennent
toutes les anciennes élèves des écoles, quel
que soit leur âge.
Les patronages sont, au contraire, desti-
nés aux fillettes dont la plupart sont en-
core à l'école; elles y trouvent une direc-
tion morale, des secours matériels et, aux
heures où leurs parents ne peuvent s'occu-
per d'elles un asile et un abri.
Quels sont les meilleurs moyens d'ame-
ner les jeunes filles à faire partie de ces
Associations et de ces patronages?
Mmes Troche, Fouriau, Barthélemy, Sar-
razin, Fredel, Bastide, Béguin, d'autres en-
core, nous en donnent un grand nombre,
tous excellents. L'une après l'autre, simple-
ment, modestement, elles viennent nous
conter ce qu'elles font dans leur patro-
nage.
Ici on donne aux jeunes filles des leçons
de chant, de mandoline ou de violon; là on
leur fait des lectures, des conférences, on
leur apprend la cuisine, t'hyg'èno, la danse;
on organise des matinées dramatiques en
hiver, en été, des excursions et même des
voyages ; on leur enseigne la couture, on
leur fait confectionner leurs trousseaux, il
n'est point de moyen qu'on n'invente pour
les attirer et les retenir. Songez maintenant
que la plupart des présidentes de patrona-
ges appartiennent à l'enseignement pri-
maire, que, leur journée finîe, à l'heure du
repos, elles consacrent à ces patronages
leurs uniques loisirs, et dites-moi si leur
dénuement n'est oas aussi admirable Que
leur oeuvre ?
ANDRÉE TÉRY.
LES SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES DE
CONSOMMATION
L'Union générale
Le Congrès des Sociétés coopératives de
consommation qui tient en ce moment ses
séances au Palais des Congrès, est d'un in-
térêt primordial pour tous les travailleurs,
car il en sortira de nombreuses décisions
propres à contribuer à l'ae rcoisseiuent du
bien-être dans la classe ouvrière.
Ici, on ne se contente pas de mots et l'on
agite des idées, ce qui vaut infiniment
mieux. Pour une œuvre commune, des re-
présentants de tous les partis se trouvent
réunis dans un mémo élan de solidarité
qui ne peut manquer de produire d'excel-
lent résultats.
Nous avons eu la joie d'entendre des ou-
vriers, membres administrateurs de So-
ciétés coopératives, venir exprimer leurs
opinions et cela d'une manière qu'envie-
raient beaucoup d'orateurs professionnels.
Ce sont ces belles intelligences du peu-
ple, si spontanées, si audacieuses, qui as-
sureront le triomphe du prolétariat et sau-
ront faire des associations ouvrières les
puissants moyens d'action qu'elles peuvent
être •
Des délégués venus de tous les points de
la France et des pays étrangers ont tenu à
apporte!* au Congrès les comptes-rendus de
leurs travaux et de leurs expérience et à
exposer les résultats qu'ils ont obtenus de-
puis lin certain nombre d'années.
C'est ce qu'ils ont fait dans la séance qui
s'est tenue dans l'après-midi de dimanche
et qui a été présidée, comme nous le disions
hier, par M. Gide.
Le programme du Congrès étant des plus
chargés et le temps très limité, on est
obligé de travailler ferme pour avoir fini
ce soir, c est pourquoi il y a deux réunions
chaque jour : une le matin et une l'après-
midi.
Dans la matinée d'hier, on a agité une
question des plus importantes pour tes So-
ciétés coopératives « celle de l'uuion inter-
nationale. C'est sous le, présidano* do 11.
Fitsch qu'ont eu lieu les di&cuss:oas con-
cernant cette question.
M. Jean Jaurès, dan3 un éloquent dis-
cours, a fait remarquer que l'union fédé-
rale de toutes les coopératives ne saurait
etre pour l'instant mise à exécution, les
diiférentes Sociétés professant des opinions
trop diverses, trop contraire*, même pour
que leurs intérêts puissent être fondus,
i Cependant, il ne faudrait pas que la di-
i vergence des idées puisse (aire perdre aux
1 coopératives le bénéfice qui naîtrait d'un
très grand nombre de consommateurs, et
c'est pourquoi M Jaurès a préconisé l'idée
d'un magasin central, sorte d'agence géné-
rale chargée des achats et des ventes pour
toutes les Sociétés, quelle que soit l'opinion
ou la confession à laquelle elles appar-
tiennent.
Plus tard, lorsque l'évolution sociale se
sera accentuée, on pourra songer de nou-
veau à une vaste association de toutes les
[ coopératives, qui parait impossible pour le
moment.
1 M. Gide se r&llie à l'opinion de M. Jaurès
et propose un ordre du jour destiné à ral-
lier tous les suffrages.
i M' Anseele, députe de Gand, et membre
; d'une deg plus importantes coopératives
belges, déclare que les associations socia-
liste:. de son pays, qui sont admirablement
organisées ne pourraient en aucun cas
faire- partie d'une lédératiop internationale,
car avec leurc fonds de réserves, elles sou-
tiennent les grèves et favorisent le mouve-
men? ouvrier ce qu'on no saurait exiger
der, coopératives bourgeoises.
Il faut donc Se contenter, pour l'instant,
d'unir seulement les intérêt matériels des
coopérateurs et créer des agences géné-
rales chargées de mettre les consomma-
teurs en relation directe avec les produc-
teurs et particulièrement avec les syndi-
cats de production, ce qui suppnm< l'in-
termédiaire et augmente, par là-même,
l'action coopérativa :
En fin de discussion on a décidé d'adop-
ter l'ordre du jour de M. Gide qui est ainsi
conçu -
Le Congrès désireux et' laisser chaque
Société libre dans la rédaction de ses sta-
tuts et dais l'emplpi de !Zee; bonis.
Mais convaincu aussi de lu nécessité
d'une entête commun, sur certains points
pour que le mouvement coopératif puisse
devenir un facteur décisil de l'évolution so-
ci&lô *
Invite les Soaiétés i organiser en com-
mun uno agence de l'enselgnemonlr com-
merciaux, d'achats, ou tout au moins, pour
commencer, à établir une entente cordiaie
entre les agences qui seraient créées sépa-
rément.
L'emploi des fonds de réserve
La séance de l'après-midi a été présidée
par M. Léopuld Mabilleau, directeur du
Musée social.
La discussion a porté sur le rapport de
M. Fitsch, qui traite « de l'utilité d'un
fonds de réserve «collectif et de son em-
ploi ».
Le rapporteur a démontré que le fonds
de réserve collectif est utile pour assurer
la marche sûre et progressive des Sociétés
coopératives de consommation et, ensuite
qu'il est indispensable pour que la coopé-
ration atteigne et réalise tous les progrès
économiques que l'on attend d'elle.
MM. Brunet, Hamelin, Léglise, Seltzer.
Guillemin, Cluaisse et Juticn.représcntants
de diverses Sociétés coopératives sont ve-
nus expliquer comment ils entendaient
l'emploi du fonds de réserve. Presque tous
sont d'avis que les bonis doivent être con-
sacrés à la création d'œuvres similaires
aux Sociétés coopératives, tels qu'ateliers
d'appprenlissage, écoles et Sociétés nou-
velles de coopération.
Un orateur ayant exprimé la crainte que
si l'on supprimait la participation aux bé-
néfices, ou même si on la diminuait, tes
ménagères ne viennent plus s'approvision-
ner aux coopératives, M. Jean Jaurès dans
une de ces improvisations vibrantes, dont
lui seul est capable a proclamé la condam-
nation de régime et le triomphe de la
solidarité.
Toute la salle était debout pour l'enten.
dre et ses paroles ont été accueillies cav
d'mniûmçs applaudissement^
Il est impossible de ne pas reconnaître
en cet orateur admirable, l'« apôtt'e du
socialisme ". Sa figure énergique adoucie
par un clair regard qui révèle sou imineusa
bonté, sa parole éloquente et sincère, sont
faites pour convaincre les masses et les en-
traîner; on sent eo lui une foi ardente,qu'au*
cun échec,aucun insuccès passager ne sau-
rait altérer et qui se communique à tous
ceux qui l'entourent.
Avec infiniment de justesse il a fait re-
marquer que si l'on cède toujours à ré..
goïsme, on ne parviendra jamais à le faire
disparaître.
» Certes, a-t-il dit, nous ne sommes pas
des illuminés et des rêveurs, nous voulons
bien faire la part de ce qu'il y a de mauvais
dans la nature humaine, mais nous savons
aussi que la solidarité n'est pas un vain
mot et que nous devons la pratiquer dans
la plus large mesure possible.
« A la suite des coopératives de consom-
mation, créons donc des ateliers de produc-
tion où l'ouvrier ne soit plus l'esclavage
mais son propre maître et nous arriverons
ainsi à la suppression progressive du sala-
riat ».
Après le discours de M. Jaurès, la discus-
s on a repris plus vive que jamais. Quel-
ques personnes proposaient l'adoption pure
et simple des conclusions du rapport de
M. Fltsch qui sont les suivantes :
« Toute société coopérative de consom-
mation doit inscrire dans ses statuts, qu'en
dehors du fonds de réserve légal rembour-
sable, il sera constitué un fonds de réserva
collectif assez important pour lui permet-
tre : r D'assurer son existence et de don-
ner à ses opérations toute l'extension possi-
ble ; 2- d'apporter son concours dans tous
les plans ayant pour objet de réaliser un
progrès économique par la coopération. >»
Mais une grande partie des congressistes
désirait ajouter à ces conclusions un amen-
dement.
C estencoreM. Gide qui a trouvé un ter-
rain de transition sur lequel on et pu, sinon
s'entendre, uu moins voter.
Nous devons reconnaître pour resterdans
j la vérité que ce vote n'a pas été des plus
calmes. La chaleur insupportablede la jour-
née, l'atmosphère orageuse avaient un
peu échauffe les têtes et il y a eu quelques
contestations ; cependant l'ordre de M.Gida
a été finalement adopté; il est ainsi conçu
« Le Congrès engage les SociéLés coopé-
ratives de consommation en ce qui con-
cerne l'emploi de leurs bonis, à ne consa-
crer à la répartition individuelle que le mi-
nimum indispensable pour retenir leurs
adhérents; et à en réserver la plus grande
part possible pour la création ou la com-
manúite d'ateliers industriels et agricoles
et hâter t évolution dans le sens de l *abOlit
tion du salariat.
SIMONE DARBLLlf.
PARTICIPATION AUX BÉNÉFICES
Séance dw matin
Le fauteuil présidentiel est occupé par
M. Goffinon et le premier rapport à l'ordre
du jour est celui dt M Lyon-Caen sur :
La convention librement consentie, par la-
quelle l'ouvrier ou ''einployé reçoit une part
déterminée d'avance des bénéfices, est con-
forme à l'équité e aux principe essentiels
du droit positif.
Le rapporteur envisage la question au
point de vue du droit; il définit le contrdt
de louage de services ou le contrat de tra-
vail 011 l ouvrier ou l'employé reçoit un sa-
laire. Ce salaire peut être fixe ou variable.
La participation aux bénéfices rend le sa-
laire variable, et cela également aveo les
bénéfices du patron. Il pourrait en être
ainsi pour la totalité du salaire, niais le
plus souvent l'ouvrier ou remployé rece-
vant, outre un salaire fixe, un salaire éven-
tuel, a une part dans les bénéfices réalisés,
part qui constitue la participation.
L importance des sommes à toucher no
dépend pas du caprice du patron, 'nais du
ré&uitat de ses opérations qui eât illùépen-
dant de sa volonté.
M. Lyon-Caen constate que la participa-
tion aux bénéfices est consacrée par nos
lois et pratiquée dans l'usage. L'engage-
ment des gens de mer n'est, en fait, pas
autre chose qu'une participation, aveccetto
distinction toutefois que l'engagement des
gens de mer ne stipule, généralement, au-
cun salaire fixe, mais seulement un éven-
tuel..
Enfin, en droit, la participation n , a rien
de contraire aux principes ; elle est con-
forme à l'équité.et la conclusion de M.Lyon-
Caeo est
Ainsi la loi ne condamne pas la parti.
cipation aux bénéfices, elle ne peut y voir
qu'un mode de rémunération, une forme
spéciale de salaire, et l'équité peut parfois
la recommander. "
Là-dessus une intéressante discussion
s'engage, d'abord lente, hésitante, ensuite
très vive. M. Paul Delombre, tout en étant
d'accord avec le rapporteur, plaide le faux,
fait l'avocat du Diable, afin de for'er M.
Lyon Caen a répondre, à développer soa
suje~
M Delombre constate qu 'on est d'avis,
aujourd'hui, que le salaire n'est plus la ré-
partition exaote du travail de l'ouvrier. 11
faut donc que l'on y parvienne par unI)
évolution naturelle, par la participation qui
sera une plus grande équité. A côté du sa-
laire il y aura pour ainsi dire un sUt'la-
laire.
M. Lvon-Caen explique qu'il s'est tenu,
dans son rapport, à la question posée. La
participation est un mode de rémunération
de service, un contrat de louage et non un
contrat de société et cela par suite d'iné-
galité de charges et de protits, et l'émineut
professeur se demande si la participation
aux bénéfices ne constituerait pas un con-
trat de passage du salariat à un autre état dii
choses et ne serait pas un pas vers la suppres-
sion du salaire.
M. Beudin fait remarquer que la conclu-
sion du rapport de M. Lyon-Caen peut être
considérée comme molle, car l'équité doit
parfois recommander la participation.
Suivant le rapporteur la participation
doit surtout avoir lieu là où le salaire n'est
pas suffisant. Ce à quoi répond M. Beudin
en disant que le salaire n'est jamais suffi-
sant aux yeux de l'ouvrier. Or. comme ici
on doit principalement s'occuper de l'ou-
vrier, il faut donc chercher le résultat du
problème.
En établissant la participation, il faut en.
core faire une différence entre patron et
ouvrier. L'ouvrier est et sera toujours su-
bordonné au patron. M. Lyon-Caen va
même plus loin. Il dit que, politiquement
parlant, l'ouvrier vaut le patron, mais
dans la vie il n'en est pas ainsi. L'ouvrier
n'étant ni l'égal, ni le supérieur du patron
est forcément son inférieur, et M. Beudin
a un autre mot heureux en constatant que
c'est son collaboratèur.
On discute encore sur la forme du vosu
■ à émettre , M. Chaumelin donna son appré-
ciaUoa très iuste et M. Maure la sienne:
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