Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-04-24
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 avril 1900 24 avril 1900
Description : 1900/04/24 (A4,N867). 1900/04/24 (A4,N867).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703986f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Fronde
MARDI 24 AVRIL - IlÙt - <*MT GASTON ■ MÏÏUUSRO- Q£NQ ootxtiagfr
CTTATnîK^T?'. ANNÉE. - lf 9b» - - -- -1 mmÊÊmÊtm^—,^^j————i■g^ggg—gsggggg=BSH^^^^^^ ,JJ
CALENDRIER BÉPUBLICâŒ
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4 FLORÉAL AN cvra
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feseages de la Bible & lira et à ai i&ta
JÊRÉ.\IIFI XXXI, 1&-20
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12 AVRIL 1900
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4 SfriOTifM^Vs Vr 'Au-.^RiK - Z 18 tri - e — 10 Er. -
;i K!!
direotricb : marguerite ~ DURAND
r LA FRONDE iown»l qmetidiel4
politique, Utiéralre, ea*
administré, redite» eeml-- Pm
ÉM te....
Toutes les communications ^elafaTe» à
la rédaction doivent être enTOJ*f* f
gouf Fournier, rédactrice 811 chef de la
nOffDB.flIQllttscrits non insères ne seront pasrendus_
Aujourd'hui
S3 a¡;n'.
Dernier jour d'inscription peur l'Ecole navale
de Brest et pour 1 -Ecole des mécaniciens des
équipages de la flotte de Toulon e. de Brest.
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maire des soldats et n:arins morts pour la
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.de 9 h. à 5 b.; Cluny. de il h. à 5 h.; aedmel et
Galbera. de midi à 5 n ; palais de justice, de 11 b,
à 4 h ; llôtel -(Ic- Ville, de 2 à 3 h.; Monnaie, de
midi à 3 h.: Trésor de Notre-Dame, Samte-ChapeUe
et peilheon, de 10 h. à 4 h.; Invalides, musee et
tombeau, de midi à 3 h.; Jardin des Plantes, la
Ménagerie, de 1 h. à 5 h.; galerie ^ histoire na-
turelle. de Il h. à 3 h.; Aquarium du Irocadero,
de 9 . Il h. et de 1 à 3 h.; Palau de Saint-Ger-
main de 10 h. 1;2 à 4 h.; Palais de Fontaine-
bleau, de 11 h. à 5 h ; Versailus : le PalaIs et les
Trianons, de Il à 5 h.; Le Jeu de Paume, de raidi
à 4 heures. Mu>et Carnavalet de 11 h. a 4 h.
ÉLECTIONS
au Conseil Supérieur
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Scrutin du 26 avril
Vous savez où j'en suis pour ma can-
didature : les amies qui l'ont posée s'en
occupent ; elles envoient la circulaire
que leur ont inspirée leurs sentiments de
sympathie et de respect pour la «Moyen-
ne »' cette circulaire est arrivée trop
lard aux journaux pédagogiques hebdo-
madaires: je u ai pas écrit une lettre ;
je n'ai pas envoyé de bulletins de vote, il
est lonc imposaii)lc — quand on ne croit
pas aux miraclcs- d espérer un succès;
mais le nombre de voix ainsi recueilli
sera très intéressant et très suggestif.
Nott3 en causerons on temps et lieu.
Mais ce qui est intéressant aussi, c'est
que l'esprit de revendication féminine
n'est pas « en sommeil comme on au-
rait pu le craindre JO. La preuve, c est
que je viens de recevoir de Saint-Etienne
une circulaire signée de Mme Garrigues,
directrice de l'école primaire supérieure.
« Le temps qui nous sépare des élec-
tions. dit-elle, est trop court pour me
permettre de rédiger une profession de
foi profondément étudiée. Laissez-moi
vous dire, seulement, que j aime beau-
coup nos écoles et que je crois connattre
leurs besoins. Mon père et ma mère,
instituteurs de lx.6 à 1882, m'ont appris,
tout enfant, à les vénérer. Je dois à leur
vaillance, qui n a jamais faibli, en une
carrière de «M» ans, à leur foi dans
I\J'uv¡'c de l'édnration nationale, au sou-
venir te leur? luttes et de leurs souf-
frances dan- une période pénible et in-
grate pour l'enseignement, et, par des-
sus tout, le respect infini de nos lois
scolaires.
« Dans ma modeste carrière, , qui date
de lM:!, et au cours de laquelle j'ai été
successivement institutrice adjointe, di-
rectrice d'école primaire élémentaire,
élève à l'Ecole Pape-Carpentier, direc-
trice d'école annexe, professeur de let-
tres dans les écoles normales, directrice
d'écolo primaire supérieure, j'ai acquis
l'intime conviction que nos divers degrés
d'enseignement primaire sont si étroite-
ment liés entre eux que négliger l'un
serait diminuer la vitalité des autres:
que les services qu'ils nous rendent,
pour être différents, n'en sont pas moins
nécessaires et précieux, et qu'en toute
circonstance nos efforts doivent s'unir
pour rester féconds.
« C'est pourquoi je souhaite qu'à l'ave-
n# le Conseil fasse une large place à la
représentation primaire, afin qu'elle
{misse au moins comprendre, avec un
inspecteur général et un inspecteur d'A-
eadémic, deux inspecteurs primaires,
deux représentants des écoles normales,
deux délégués des écoles supérieures,
deux représentants des membres élus
des conseils départementaux. Je sou-
liaite aussi qu'un de ces membres soit
8pelé dans la section permanente du
nseil dont les attributions sont si im-
portantes.
c Teltes sont, entre les réformes urgen-
€M que je me ferais un devoir d'étudier,
celles dont je m'occuperais tout d'abord,
si vous vouliez bien m'honorer de vos
Mirages. »
La série des vœux de Mme Garrigues
t bride m ment trop courte, je regrette
miment qu'elle ne nous ait pas dit, au
COurant de la plume, ce qu'elle pense du
jretrutement mes instituteurs et des insti-
tutrices en dehors des écoles normales,
C'est-à-dire de l'intrusion incessante
dans le corps enseignant de l'élément
«léncal; (or, M. Jost, inspecteur géné-
ral, conseiller sortant et candidat aux
élections du 26 mars, nous apprend que
la |10 de nos instituteurs et 4Î10 de nos
Institutrices ont été élevés ai leurs que
tke z nous.) J'aurais aimé trouver dans sa I
circulaire J'expression de sa pensée pour
ou contre la création des directeurs dépar-
tementaux de linstmetion frimaire pour
on contre la fusion Amentanéedes éco-
leeyrmal^^ilec {m trmo failles ;#ur
ou contre la loi qui a donné nos écoles
professionnelles au ministère du com-
merce ; l'expression de la pensée sur la
direction à donner aux études dans les
écoles primaires supérieures de filles ;
sur la neutralité scolaire, sur les exa-
mens de tout ordre, sur les devoirs
écrits, en étude ou dans la famille, sur
les écoles mixtes, sur la maladie des ré-
compenses qui sévit avec autant de vio-
lence que celle des examens, sur 1 ins-
pection féminine ; autant de questions
dont la solution peut avoir une impor-
tance inéaluctable sur notre enseigne-
ment populaire.
Mais Mme Garrigues nous le dit elle-
même, sa décision a été subite; je me
figure qu'elle a été, comme mes amies et
moi, indignée de voir les femmes exclues
des listes élaborées en comité, et que son
indignation s'est traduite en un acte
courageux..
Pour cela, et pour « son respect infini
de nos lois scolaires ". je suis heureuse
de lui donner mon vote, et j espère que
mes amis en feront autant au premier
tour. Il sera ensuite facile de s'entendre
entre candidates, pour que les moins fa-
vorisées se désistent en faveur de celle
qui aura le plus de voix.
Je dis a les moins favorisées » et non
la moins favorisée, car au moment où
j'écris ces lignes,je sais qu'il y a une hui-
tième candidate qui n'a même pas eu le
temps d'adresser une lettre, si courte
fùt-elle, au corps électoral, mais dont
l'acte—tes littéraires diraient sans doute
« le geste », se recommande toujours
par sa crânerie. Elle a expédié une
feuille de papier partagée en deux dan s
le sens de la largeur, par un pointillé.
La moitié supérieure se présente ainsi :
ELECTIONS
AU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'INSTRUCTION
PUBLIQUE DU 26 AVRIL 1900
Candidature de protestation contre le
Comité qui après l'avoir suscitée l'a mise
simplement de côté après longue ré-
flexion.
La partie inférieure a à détacher ») est
un bulletin de vote au nom de Mme
Bourret-Combarnons, directrice de pre-
mière classe de l'école primaire supé-
rieure de Montpellier, officier d'acadé-
mie, déléguée au conseil départemental
de l'Hérault.
La nouvelle candidate ne me parait
pas imprégnée d'humilité chrétienne;
mais il est temps que la femme renonce
à ce ferment de lâcheté. Si, depuis le
longtemps où elle accepte de ne pas
penser et de ne pas vouloir, elle avait ee
des institutrices résolues à faire respecter
leur conscience Mme Bourrel-Combar-
nons, n'aurait pas été forcée de s'armer
de pied en cap et de se jeter dans la ba-
taille.
Je lui envoie mon salut sympathique,
en attendant de mettre son nom sur
mon « bulletin ».
PAULINE KERGOMARD.
Marianne reçoit.
C'est un sénateur qui parle. Ce n'est
pas M. Bérenger. Ce n'est pas non plus
M.Labosse:
« En entendant chanter publiquement
à Paris certaines infamies qu'on n'oserait
pas publier ailleurs dans des recueils
spéciaux réservés aux « vieux mes-
sieurs », nos visiteurs se méprendront
singulièrement sur notre vie de famille
qui reste, grâce au ciel, bien au-dessus
de sa mauvaise réputation. L'Exposition
de 1867 nous a valu un renom de So-
dome Européenne ; celle de 1878 et sur-
tout celle de 1889 n'ont fait que le con-
firmer. On chuchote déjà que l'admi-
nistration de M. Picard se serait laissé
surprendre par certains divertissements
rappelant par trop certaines danses du
ventre. Or, il ne faudrait pas que la ville
de Paris ressemblât trop à une « ville
des mœurs libres. 9
Désireux de se rendre compte par lui-
même des spectacles que nous allons
offrir aux étrangers, cet honorable sé-
nateur a consacré quinze jours à faire
méthodiquement l'ascension de ce qu'il
appelle « la colline Montmartre » ; et il
nous conte ses impressions dans la Re-
vue des Revues.
« Je résumerai en deux mots, dit-il, le
sentiment qui m'a dominé : c'est un
sentiment de dégoût profond...Dans une
promenade plutôt rapide, j ai cueilli de
déplorables avanies à l'adresse du chef
de l'Etat, des couplets et des répliques
ordurières, une pièce de pleine licence
graveleuse et des étalages de nudité...
La bêtise n'est pas seule à régner. Il y a
l'érotomanie, le bas chauvinisme et la
scatologie... »
— (Je goûte cette façon d'encadrer le
a bas chauvinisme »).
« Voilà ce que nous montrerons aux
peuples de l'Univers qui s'apprêtent à(
débarquer chez nous pour y admirer les
merveilles des Arts, de l'Industrie et des
Sciences. »
Objectera-t-on que les cabarets de
Montmartre, et autres mauvais lieux, at-
tirent les peuples de l'Univers beaucoup
plus peut-être que les merveilles de l'Art,
de la Science et de l'Industrie ? Le séna-
teur répondrait sans doute que Paris ne
doit point nécessairement battre le re-
cord de la lubricité. Je suis de son avis.
J'ajouterai même que ce censeur ano-
nyme n'a pas signas tous les spectacles
qu'il convient de ne pas offrir aux étran-
gers. Et j'attire tout spécialement son
attention sur certains étalages de librai-
rie (?), certains kiosques de nos boule-
vards.
Je ne parle pas seulement des volu-
mes libidineux, des gravures obscènes,
des photographies suggestives (que peut-
il leur rester encore à « suggérer » T)
représentant de jeunes personnes aux
ajustements immodestes. Je songe sur-
tout à cette collection de portraits peu
flattâf, qui, sous cet aimable Cire :
Gr ,eulerie , contemporaine '., puie..'
revue les divers souverains d'Europe
auxquels nous venons de souhaiter la
bienvenue.....
Est-ce pour leur montrer ces iajurieu-
ses et grotesques images, que nous les
invitons à nous rendre visite, et que Ma-
rianne leur prépare, aux portes du Bois
de Boulogne,unpompeux caravansérail?
Est-ce bien là le moyen d'entretenir, au-
delà des frontières, notre réputation de
courtoisie?
Si nos royaux visiteurs n'ont pas l oc-
casion de se reconnaître en ces médio-
cres caricatures, du moins leurs sujets,
nos hôtes, ne manqueront point de les
voir.En seront-ils charmés? Ne risquons-
nous pas de les froisser dans leurs sen-
timents les plus respectables ?
Il ne s'agit ici ni de pudeur, ni de pu-
dibonderie, ni de licence démocratique,
— mais de politesse internationale. On
se hâte lentement de nettoyer nos places
et nos rues, de dessécher les marécages
et de combler les fondrières.La propreté
matérielle n'est pas tout : achevons, je
ne dis pas la toilette, mais le nettoyage
ae fans.
ANDRÉE TÉRY.
La Potinière
Une foule cosmopolite mais fort élégante se presse
maintenant chaque jour, dans les serres de la
grande maison d'horticulture Delavigne, 10 et 12 rue
Brémontier..
C'est que là on admire tout à loisir, les plus belles
et les plus fraîches fleurs qu'il soit possible de voir,
en ce moment à Paris. Une atmosphère ,fou ce et em-
baumée y règne... On pourrait chez Delavigne, se
croire en quelque délicieux jardin du Midi.
Il vient de paraître à Vienne, sous le titre de Bribes
de pensée (souvenirs, impressions), un volume de
mélanges, prose et vers, écrits en allemand, en fran-
çais, en anglais, L'auteur, qui signe J. Liesen, ne se-
rait autre, s'il faut en croire le journal Bohemia, que
l'ex archiduchesse Stéphanie.
L'ouvrage serait un extrait de son journal intime
pendant les années de son veuvage, jusqu 'au moment
où la connaissance qu'elle fit du comte Lonyay fit luire
en elle l'espérance d'une vie nouvelle.
Tout cela n'est, bien entendu, qu'un potin.
LES OBSÈQUES
D'Alexandre Falguière
Ce sont de véritables funérailles qu'a
faites hier au sculpteur Falguière&le
Tout Paris artistique, tant l'atlluence a
été grande et le cortège pieusement re-
cueilli.
Dès onze heures on se pressait rue
d'Assas devant le coquet petit hôtel ha-
bité par la famille Falguière.
Le cercueil entouré de cierges dispa-
raissait sous les fleurs; les roses, les
violettes, les lilas, les muguets aux sua-
ves parfums, tes arums aux corolles
élancées, les lilas mauves, les grands lys
rouges, transformaient la chapelle ar-
dente en un merveilleux jardin.
A midi précis on vient faire la levée du
corps et lentement le cortège s'ébranle.
Des élèves du maître, très émus, ont
grand peine à écraser sous leurs pau-
pières des larmes qu'on sent prêtes à
jaillir. !
Le temps est très doux ; un soleil
radieux, printanier, baigne de lumière la
voiture funèbre dont les broderies d ar-1
gent scintillent, et il nous semble que |
ces chevauchées macabres ont par de
telles journées, un aspect plus tristement
douloureux.
Un char de fleurs marche en tête, et
provoque l'admiration des passants.
Il y a en effet de splendides gerbes,
et de merveilleuses couronnes offertes
par des amis, des admirateurs, des ar-
tistes. Tous les ateliers de peinture et de
sculpture sont représentés. On remar-
que particulièrement les envois de la lé-
gation de l'Equateur, de l'Association
toulousaine, des Cadets de Gascogne et
des Beaux-Arts de Toulouse, une énorme
couronne toute en violettes doubles, de
ces violettes qui sont la culture du pays
et qui par les soirs d'été embaument les
campagnes échelonnées sur les bords de
la Garonne.
La couronne de l'Ecole des Beaux-
Arts de Paris est portée par une déléga-
tion du personnel, il en est de même
pour celle des artistes français.
Le char funèbre vient ensuite traîné
par quatre chevaux. Les côtés de la voi-
ture mortuaire sont décorés par deux
immenses couronnes, à droite celle de
la ville de Toulouse, à gauche celle de
la ville de Nîmes.
Les cordons du poêle sont tenus, par
MM. Leygues, Roujon, Saint Saens,Lar-
roumet, J.-P. Laurens, Marqueste, Paul
Dubois et Calvinhac.
Le deuil est conduit par les fils du
sculpteur. Le Président de la Républi-
que s'est fait représenté par le colonel
Meaux Saint-Marc, et le ministre de la
marine par le capitaine Charbonnel.
Suivent lIes membres de l'Institut, col-
lègues du défunt, puis le Paris littéraire,
et toutes les notoriétés de l'art.
Le maire de Toulouse, M. Serres, s'é-
tait rendu tout exprès pour assister à la
cérémonie.
Par la rue d'Assas, lentement on se di-
rige vers l'église Notre - Dame - des -
Champs, richement endeuillée.
De lourdes draperies noires, palmées
d'argent et rehaussées d'écussons aux
chiffres du sculpteur, voilent toute la
nef et remontent vers la voûte pour for-
mer un large dôme au-dessus du cata-
falque. Des cierges et des torchères pro-
jettent leurs lueurs tremblotantes, les
vapeurs d'encens montent, et là haut,
dans la tribune, un orchestre de 150
exécutants attaque une marche fu-
nèbre.
L'effet est imposant. -
Le maître de chapelle, M. Michclet,
conduisait l'orchestre, et MM. Andlauer
et Andrès tenaient l'orgue. L'abbé Mahai
a dit la messe et le cbanoil\lt
curé de la paroisse, A .donne 1 absûú\e.
A It sortie de l'office, le boulevard
Montparnasse est noir de monde. Ce j
;ont des ouvriers rentrant aux chan- j
lier s, des femmes, allant reprendre la
besogne, quelques flâneurs, petits bour-
geois, minces rentiers, qui se décou- J
(rent respectueux.
Les uns chuchotent :
— C'était un grand sculpteur.
D'autres, les bien informés, donnent
les détails, parlent des œuvres connues
le Falguière, de celles que le commerce
t plus particulièrement popularisées :
e Vainqueur du combat de coqs,la Diane,
a Danseuse.
C'est au Père-Lachaise qu'a lieu l'in-
itumation ; le cortège s'achemine lente-
ment par les rues mangées de soleil, jus-
lu'à la grande nécropole.
Sur la tombe, M. Leygues, ministre de
'instruction publique et des beaux-arts,
)arle le premier au nom du gouverne-
ment.
La mort de Falguière, dit-il, est un deuil
îational...
L'art français a perdu un de ses représentants
es plus illustres.......
Le gouvernement de la République a tenu a
apporter ici son témoignage d'admiration et de
regrets, et moi j'apporte mon hommage doulou-
reux à l'un de mes amis les plus chers.
Falguière tombe frappé en pleine force.
Mais il laisse assez de chefs-d'œuvre pour que
son nom ne périsse pas.
Après avoir parlé des travaux du maî:
tre rappelant, les grandes créations du
sculpteur : Le vainqueur au combat de
coqs, le Martyr Chrélien,Opl"élie, si belle
et si touchante avec des yeux douce-
ment fous, Saint- Vincent-de-Paul, La-
martine, Larochejaquelin, Lavigerie et
Déjanire une de ses filles immortelles,
M. Leygues termine par ces mots :
Ce grand homme Ignorait sa renommée. C'é-
tait un modeste, un être simple et bon, un cœur
d'entant.. , .
S'il est vrai, comme je le crois fermement,
que l'art ennoblit les nations, développe 1 in-
fluence morale qu eUes exercent dans le monde
et accroît leur patrimoine de gloire,
Falguière est l'un des Français qui ont le
mieux servi la France.
_
M. Gustave Larroumet, secrétaire'per-
pétuel de l'Acadéœie des beaux-arts,
prononce le discours suivant :
Messieurs,
L'Académie des beaux-arts ressent avec d au-
tant plus de douleur la perte d'Alexandre Fal-
guière que son affection pour l'homme égalait
son admiration pour l'artiste. Elle était 0*?re de
le compter parmi ses membres, mais, en même
temps que son illustration, il lui avait apporté
ce don d'inspirer comme de ressentir l'aflection
3ui, au dehors, lui a fait tant d'amis fidèles et
d'élèves reconnaissants. Il était parfaitement
simple dans sa gloire et l'un des pins beaux ta-
lents qu'ait produits l'école française s'unissait
en lui à l'humeur joveuse qu'il tenait de son
pays,è. la ronde franchise des mœurs populaires,
a cette vivacité d'impressions et de sentiment
qui est commune chez les artistes, mais qu'il
offrait à un rare et charmant degré.
Il nous appartenait depuis 1882, où il avait
succédé à son maître Jouffroy. En lui donnant
le fauteuil de celui qui avait appliqué et en-
seigné si honorablement les doctrines clas-
ques, l'Académie adoptait en Falguière un
talent à la fois traditionnel et original, un de
ceux qui augmentent le patrimoine national en
le conservant et qui vont plus avant dans la
voie ouverte par leurs devanciers, un de ces
artistes qui prétendent Otre eux-mêmes sans re-
nier leurs origines et qui ne croient pas se gran-
dir en se déclarant sans reconnaissance ni obli-
gation envers le passé.
Falguière devait cet heureux équilibre non
seulement à son caractère, mais à son origine
et à son éducation. 11 était né à Toulouse, la
ville de lumière et d'harmonie, où le génie
latin a laissé son besoin d'énergie disciplinée,
où l'ardeur se possède et s'analyse, où la 11nes8e
met son grain salutaire et piquaut où surtout
l'amour de la vie et de la nature est un instinct
dont tout favorise le développement. Nous de-
vons à Toulouse une école d'art librement va-
riée dans l'unité de l'école française. Non seu-
lement Falguière devait se placer au premier
rang de cette école, mais pour la sculpture, il
allait en devenir le chef.
Prix de Rome en 1859, il trouvait à la villa
Médicis comme une seconde patrie. Par une
habitude trop commune chez nous envers tout
ce qui est grand et fécond, l'Ecole de Rome est
en butte à des attaques passionnées, que mè-
nent pour une grande part, tantôt ly parti 'pris
ou l'ignorance, tantôt hélas: la vanité ou 1 en-
vie, L exemple de Falguière, après ou avant
beaucoup d'autres, répond victorieusement à
ces attaques. Il apportait à Rome l'originalité
sans laquelle il n y a point d'artistes, et il y
trouvait 1 exempte des maîtres indispensable à
qui prétend faire non seulement aussi bien,
mais autrement. Sa faculté maîtresse, le besoin
de la vie et l'admiration de la nature s'y trou-
vait guidée par la raison et la science, dominée
par l'admiration intelligente et libre de la
beauté réalisée et consacrée. Devant les Ro-
mains, élèves des Grecs, devant les Italiens
élèves des Romains et des Grecs, il fortifia la
claire notion qu'il avait de la tradition fran-
çaise. Il comprit que cette tradition est riche et
forte d'abord parce qu'elle est fidèle à son pro-
pre génie et ensuite parce qu'elle y a joint l 'hé-
ritage grec et romain, procurant ainsi a notre
pays l'honneur d'être, surtout .en sculpture, la
troisième patrie de l'art.
Dès le retour de Fulguière à Paris, l instinct
français et l'éducation gréco-romaine s'attestent
chez lui par une série d'oeuvres où ils s'unissent
toujours, avec la prédominance alternée de cha-
cun d'eux. Il rapporta de Rome le Vainqueur au
combat de coqs et le Martyr chrétien, c 'est-à-
dire deux des plus gracieuses et des plus pures
inspirations que les deux antiquités, païenne et
chrétienne,ont values au génie français. La joie
de vivre et l'épanouissement d'une jeune force
aui s'unissaient chez le !'atn?MeMr à l'énergie ai-
lée du mouvement et à la vérité nerveuse dumo-
Jelélavaient trouvé des exemples dans les bronzes
ie Pompéi. La jeunesse fauchée en sa Heur et
la vie donnée pour la foi, l'héroïsme dans l'hu-
milité, et l'espérance d'une patrie céleste que le
Martyr représentait avec une émotion, une déli-
catesse et une pureté dignes d un ttel sujet
ivaient été admirés par le cœur de l'artiste,
Évoqués par son esprit et réalisés par sa main
sur la terre même qui a bu le premier sang
versé pour le Christ.
La production de Falguiere se déroule ensuite
ivec une fécondité croissante. Il travaille avec
passion et avec joie, frémissant d'admiration
levant la nature et la tète toujours en travail
pour assurer au degré nécessaire de précision et
de justice l'idé#que sa main réalisera dans le
marbre et le bronze. Il est profondément artiste,
c'est à dire que pour lui la forme prime tout.
Nul n'admire avec plus de sincérité et n adore
ivec plus de ferveur la beauté naturelle. Il exé-
cute le morceau avec une maîtrise suprême,
l'une main vigoureuse et caressante. Mais il est
bien français en ceci que, sans tomber jamais
dans l 'allegorie et 1 anecdote, sans confondre la
littérature et l'art, dans toute forme il met une
pensée..
Je ne puis que mentionner l'admirable série
de bustes qu'il a groupés jusqu'à la fin autour
de ses grandes figures. Tous révèlent un carac-
tère et reflètent une intelligence ; ils parlent
comme l'on dit. Parmi ces figures elles-rrK'mes,
je dois me borner à signaler le rare doa de sjui;
thèse qui fait de chacune un type en même
temps qu'un individn.
Tantôt il évoque un être de rêve, croe par
l'imagination humaine, comme l'antique déesse
de la chasse et des bois. Après tant de reprises
consacrées an même type, il égale par la justesse
et la plénitude la force et 1 élégance de sa con-
ception propre, les plus célèbres images de
Dilef, depoMla* malw. grecs jugeai notre
fIoudon, Reprenant le vieux mythe de l'orgueil
nspiré par la beauté, tL place le paon
lunon et cesdeuxcor^Htversement admirables
le la femme et de l'oiseau, forment un groupe
>ù le sentiment de la vie moderne et de la forme
pétrie par elle marquent aussi fidèlement une
spoque et une race que les femmes grecques ou
romaines qui perpétuent dans nos musées la
beauté d utrefois,
Puis vient la série des êtres concrets, de ceux
lont le corps et l'âme ont été vus et pénétrés
par l'œil et l'intelligence de l'homme et qui,
poètes ou orateurs, incarnations de l'héroïsme
ju de la bonté, ont laissé leur image dans nos
souvenirs et la reconnaissance dans nos cœurs.
Par un mérite inverse à celui que je signalais
tout à l'heure, de ces individus il fait des types.
Son Saint Vincent de Paul, en même temps que
la tournure rustique naïve du pâtre landais,
nous offre l'image de la charité elle-même. Son
La Rochejacquelin, c'est le jeune et chevaleres-
que héros de la Vendée royaliste, c'est aussi a
une élégance et la dédaigneuse fierté de la
vieille noblesse. Son Lamartine, c'est le poète du
Lac, partageant Ra gloire avec sa ville natale;
c'est aussi la poésie même, la lyre universelle
où chantent les voix de l'âme, de la nature et
de Dieu. Son Gambetta, c'est le tribun et le pa-
triote de 1870 ; c'est aussi l'éloquence lançant le
courage à la défense du sol envahi.
Pour suffire à cette production qui devenait
de plus en plus active et passionnée, voire fié-
vreuse et hâtive, il tallai un labeur incessant.
Ce labeur a épuisé prématurément les forces de
Falguière, et il est tombé. au pied d'une dernière
œuvre, la figure douloureuse et charmante d'Al-
phonse Daudet, l'outil à la main, au seuil de la
vieillesse, en pleine gloire. sans avoir jamais
connu le repos. Cette flamme l'a dévoré d'au-
tant plus vite que cet artiste était passionnement
sensible à toutes les expressions de la beauté,
peignant des toiles qui lui auraientfait une répu-
tation de peintre, s'il n'avait été. un si grand
grand le scupleur, enthousiaste de la musique, qui
e remuait jusqu'au fond de l'âme, à la fois po-
pulaire et mondain.
Messieurs, tant d'oeuvres expressives et belles
assurent à Falguière une place éminente parmi
les maîtres de l'école française, Son nom est de
ceux qui dureront aussi longtemps que notre
art et que l'art universel. A nous tous ses con-
frères il laisse les plus attectueux regrets et une
douleur que peut seul alléger le charme cordial
de son souvenir.
M. Jean-Paul Laurens fait, au nom de
la Société des artistes français, dont
Falguières fut, pendant vingt années,
une des gloires, l'éloge du sculpteur. Il
s'exprime ainsi :
L'œuvre vivante 'et passionnée de celui que
nous accompagnons aujourd'hui, pour la der-
nière fois, sera dite et chantée longuement par
d'autres que moi.
Un rgrand artiste vient de nous quitter; sa
féconde carrière fut une longue traînée lumi-
neuse que l'avenir n'éteindra pas. Falguière fut
un généreux et un spontané; il s'est traîné jus-
qu'au bout, tout entier, animant tout ce qu il
touchait. Obéissant toujours à son capricieux
génie, jamais il ne connut de barrières. Toute
son œuvre fut l'éclosion, vivace et joyeuse, de
la sève qui débordait en lui.
C'est fini, les dernières paroles égren-
nées près de la bière de ce grand artiste,
la foule des amis, des admirateurs et
des indifférents s'écoule à travers les
allées de la ville des morts, toute riante
de la jeune parure printanière, les ar-
bres estompés d'un frottis vert, les
fleurs faisant craquer leurs fins corse-
lets, la vie prenant sa revanche près des
1 tombes.
MARIE-LOUISE NÉRON.
A La Fronde
RÉUNIONS, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES
de la Semaine
I Tou3 les jours, Exposition d'Aquarel-
les et d'Eventails, de Mme Elisabeth
IBELS (Entrée gratuite).
~ Conférences à 9 heures du soir :
Mme Souley-Darqué qui devait ce soir
faire une conférence sur la Philosophie
de Tolstoï, nous prévient télégraphique-
ment que souffrant d'un très violent mal
de gorge, à son grand regret sa confé-
rence n'aura pas lieu.
Mercredi 25 avril, à 9 heures — La Loi
d'Amour, par Mme BRÉMONTIER.
Jeudi 26 avril. — Conférences et Con-
férenciers, Causerie gaie par Mme THÉ-
NARD.
Vendredi 27 avril. — Le Féminisme
dans Victor Hugo, par M. Lucien LE-
FOYER.
Samedi 28 avril. — Etudiantes d'Ox-
ford, par Mme Andrée TÉRY.
Prix des places pour les conférences, 1 fr.
Places réservées, 2 fr.
On dit...
A L'ELYSÉE
Le Président de la République a recu hier
matin M. Hostains et le capitaine d'Ol-
lonne, de retour d'une mission k la Côte
d'Ivoire.
Il a reçu en outre, M. COcPordan, minis-
tre plénipotentiaire ; le général Passerieu;
M. Stéhelin, trésorier général; le colonel
Percin; M. le docteur Ollier, doyen de la
ti'anu)t& da médecine de Lvon. et M. Abby.
L'ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION
DE ROME
Le 21 avril au matin, sous les auspices
du ministre de l'instruction publique, a été
célébré en grande pompe, au Forum Ro-
main. en présence du roi et de la reine
l'anniversaire ae la fondation de Rome.
Les souverains ont inspecté les récentes
fouilles qui ont remis en lumière des mor-
ceaux précieux de la Rome antique.
L'ingénieur Boni, sousladirection duquel
se sont faites les excavations du Forum
Romain, a été nommé commandeur.
UNE BONNE NOUVELLE
Aux arènes de Barcelone, dimanche
après-midi,de nombreux spectateurs outrés
et écœurés ont fait des manifestations hos-
tiles contre les toréadors qui se retirèrent
par une porte dérobée. Ils ne durent leur
salut qu'à la gendarmerie qui les protégea
avec un soin extrême.
Des groupes attendaient les toréadors aux
alentours des arènes. Trois personnes ont
même été arrêtées.
Enfin le publio demande la fermeture a
Barcelonne des Arènes. Enfin'
Le Midi se lasse donc lui-même de3
courses "e taureaux, de ces jeux sangui-
naires, jeux de décadence où 1 homme
montre seulement qu'il est plus fort que le
plus robuste animal, grâce à un fer cruel. !
UN GRAIN DE BLÉ DANS LA JOUE
Les médecins de l'hôpital de Trenton
(New-Jersey) viennent de faire, sur un en-
fant de 5 ans, une opération rare et deî
plus curieuses.
Ce petit garçon, habitant avec ses parents
dans un village près de Trenton, souffrait
depuis quelque temps d'une tumeur à la
joue. Il se plaignait de ressentir des pico.
tements fort aigus semblables à des Pl.
qùres d'insecte marchant sous la peau.
La tumeur avait atteint la grosseur d'uns
noix. Les médecins ont décidé de faire l'o-
pération. Quelle ne fut pas leur surprise
après avoir ouvert la tumeur, d'y trouver
un grain de blé germé d'où sortaient des
jets se dirigeant de divers côtés et pous.
sant rapidement sous la peau. L'opération
chirurgicale a prouvé d'une façon péremp-
toire qu'un grain de blé avait germé et
poussait dans la tumeur sous la joue.
Mais il reste maintenant à expliquer com.
ment ce grain a pu pénétrer en cet endroit,
ce qui est plus difficile.
Un médecin est d'avis que le grain de
blé a dû pénétrer dans l orbite de l'oeil et
descendre graduellement et d'une façon
insensible jusqu'à l'os de la pommette Ju
petit garçon.
Tout arrive.
MIEUX, MEILLEUR MARCHÉ
C'est -aux établissements Allez, frères
t, rue Saint-Martin, que s'adressent toutes
les personnes désireuses de monter ou de
remonter économiquement leur ménage,
d'installer ou de reinstaller aux meilleu-
res conditions leurs maisons de campagne.
ETUDIANTES
Il y a dix ans,les universités suisses comp*
taient 184 élèves du sexe féminin. L'an.
née dernière, elles en avaient 555. En neuf
ans l'effectif à triplé.
C'est Genève qui avait en 1899 la plus
d'étudiantes, à savoir 184, autant que toutes
les Universités suisses, d'il y a deux lus-
tres. Berne attire plutôt les représentants
de l'autre sexe et tient sur ce point le re.
cord avec 776 étudiants. L'Université de la
ville fédérale n'a eu en revanche que 117
étudiantes. Zurich en abrite 166, Lausanna
67, Neuehâtel, 19, Bâle seulement 2.
Des gracieuses personnes assises dans les
auditoires suisses, les cinq sixièmes sont
étrangères. Il n'y a que 82 Suissesses, tan-
dis que la statistique signale 473 ressor.
tissantes d'autres pays.
Et parmi les Suisssesses,qui prédominent,
Romandes ou Allemandes? Le zèle stu-
dieux parait à peu près égal dans les deux
races. Bàle, Zurich et Berne ont 52 étu-
diantes indigènes. Lausanne, Genève et
Neuehâtel en comptent 17. C'est le tiers.
Ce rapport correspond à celui existant
entre les chiffres des populations de laa.
gue allemande et de langue française.
Ajoutons que la répartition des étudian-
tes entre les facultés est la suivante : théo.
logie 0, jurisprudence 7, médecine 3jâ
sciences et lettres 193.
DEUX INAUGURATIONS A L'EXPOSI-
TION.
Deux des attractions les plus intéressan-
tes de l'Exposition ont été inaugurées hier,
l'une le Panorama de la Mission Marchand,
dans l'après-midi, l'autre Venise à Paris, le
soir, par une grande fête de nuit.
i Un public très nombreux, dès cette pre-
mière journée, s'est porté au Trocadéroet
s'est vivement intéressé aux toiles de M.
Castellani, qui a très fidèlement reproduit
i les principales étapes de la Mission du
Congo-Nil. Le succès de cette vivante page
d'histoire, qui fait l'admiration du monde
entier, a été des plus grands et des plus
légitimes.
Le soir même, un diner de cent couverts
1 réunissait dans le palais des Doges à Ve-
nise les promoteurs et les principaux colla-
borateurs du Panorama Marchand, de Ve-
nise à Paris et du Globe céleste. Parmi les
invités, le colonel Marchand et les mem-
bres de sa mission. Mais, c'est la fête de
nuit, surtout, qui a, dès l'inauguration,
consacré le succès de cette curieuse et fidèle
reconstitution de la Piazelta à Venise. Tout
ce que Paris compte de notabilités s'était,
en elret, donné rendez-vous, hier, avenue
Suirren, et rarement il fut donné de voir
évoluer dans un cadre aussi féerique autant
de gracieuses et jolies Parisiennes.
Plus de deux mille personnes ont detile
à Venise dans cette soirée qui comptera
dans les joyeuses annales de Paris-Exposi-
tion. Rien ne saurait traduire la gaieté et
l'entrain de cette élégante cohue évoluant
dans les gondoles, bercée par des flots
d'harmonie ininterrompus, les mllndolInls-
tes succédant aux guitaristes et l'orchestra
de Venise, sous la direction de M. '%Iicli ets,
à l'orchestre du Grand Globe céleste, sous
l'habile direction de M. Achille Kernon.
Mais voici encore d'autres attractions :
c'est le professeur Tolrom, dans ses expe-
riences fantastiques, et dans le palais Du-
cal un concert qui réunit les noms de Mines
Daubroy, Rachel Launay, Elise de \ ère el
Delvair, du Théâtre-Français, MM. Baldein,
Barnolt, de l'Opéra-Comique, Dieudonne,
Dauvillier, Lucien Boyer, Gonnot et les
chansonniers Mendrol, Teulet, Ferny, Tler-
cy, qui se sont tous montrés dignes des
Doges.., non, d'éloges, et que le pubuct
ohaleureusement fêtés.
Voilà qui assure aux très prochaines ie-
tes de nuit de Venise à Parts, un succès
certain.
NECROLOGIE
M. G. Hartmann. chevalier de la
d'honneur, ancien éditeur de mu.sl<ï~®'
membre de la Société des auteurs et com-
positeurs dramatiques et de la Société aes
auteurs, compositeurs et éditeurs de nm_
sique, est décédé subitement &\'ant-tue'
soir en son domicile, t, rue Caumarun.
M. Georges Hartmann a succombe aux
suites d'un accès de goutte remont1e
cœur. Il était âgé de cinquante-sept ans.
Il avait été l'un des premiers à compren-vert
dre le mouvement qui s'accomplit v
1870 dans l'école musicale française, Ati
temps où l'on était peu disposé à a\
confiance en leur avenir, il publia »e
œuvres de Bizet, d'Edouard Lalo, de •
Saint-Saëns, de M. Reyer, de M. Massene l.
C'est d'ailleurs, à ce dernier qu 'ailaira
ses prc férences ; toutes les partitions tu
portants de M. Massenet ont paru c liez lulo
Il y a une dizaine d'années, il avait ven
son fonds, qui fut acquis par M. Heuç •
Depuis lors, il s'occupait d'œuvres wag" -
riennes: il était en France le représenta
des intérêts de la famille .* dB
que MM.'Schott, les éditeurs allemands a
Ring et de Parsifal. Georges Hartmann e
chevalier de la Légion d'honneur.
Conformément à la volonté souve nt
exprimée du défunt, il ne sera fait aucune
invitation Dour son enterrement.
LA DAME D. VOILÉE.
MARDI 24 AVRIL - IlÙt - <*MT GASTON ■ MÏÏUUSRO- Q£NQ ootxtiagfr
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Toutes les communications ^elafaTe» à
la rédaction doivent être enTOJ*f* f
gouf Fournier, rédactrice 811 chef de la
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Dernier jour d'inscription peur l'Ecole navale
de Brest et pour 1 -Ecole des mécaniciens des
équipages de la flotte de Toulon e. de Brest.
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Galerie Georges l'élit, rue de Sèze, les
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L'Enseigne ment mutuef, 41, rue de la Cha-
KUa, à 8 h. 1/2 conférence par M. Maxime
roy : Le Droit ouvriei II..
Visites aux Musées du Louvrt. du Luxembourg,
.de 9 h. à 5 b.; Cluny. de il h. à 5 h.; aedmel et
Galbera. de midi à 5 n ; palais de justice, de 11 b,
à 4 h ; llôtel -(Ic- Ville, de 2 à 3 h.; Monnaie, de
midi à 3 h.: Trésor de Notre-Dame, Samte-ChapeUe
et peilheon, de 10 h. à 4 h.; Invalides, musee et
tombeau, de midi à 3 h.; Jardin des Plantes, la
Ménagerie, de 1 h. à 5 h.; galerie ^ histoire na-
turelle. de Il h. à 3 h.; Aquarium du Irocadero,
de 9 . Il h. et de 1 à 3 h.; Palau de Saint-Ger-
main de 10 h. 1;2 à 4 h.; Palais de Fontaine-
bleau, de 11 h. à 5 h ; Versailus : le PalaIs et les
Trianons, de Il à 5 h.; Le Jeu de Paume, de raidi
à 4 heures. Mu>et Carnavalet de 11 h. a 4 h.
ÉLECTIONS
au Conseil Supérieur
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Scrutin du 26 avril
Vous savez où j'en suis pour ma can-
didature : les amies qui l'ont posée s'en
occupent ; elles envoient la circulaire
que leur ont inspirée leurs sentiments de
sympathie et de respect pour la «Moyen-
ne »' cette circulaire est arrivée trop
lard aux journaux pédagogiques hebdo-
madaires: je u ai pas écrit une lettre ;
je n'ai pas envoyé de bulletins de vote, il
est lonc imposaii)lc — quand on ne croit
pas aux miraclcs- d espérer un succès;
mais le nombre de voix ainsi recueilli
sera très intéressant et très suggestif.
Nott3 en causerons on temps et lieu.
Mais ce qui est intéressant aussi, c'est
que l'esprit de revendication féminine
n'est pas « en sommeil comme on au-
rait pu le craindre JO. La preuve, c est
que je viens de recevoir de Saint-Etienne
une circulaire signée de Mme Garrigues,
directrice de l'école primaire supérieure.
« Le temps qui nous sépare des élec-
tions. dit-elle, est trop court pour me
permettre de rédiger une profession de
foi profondément étudiée. Laissez-moi
vous dire, seulement, que j aime beau-
coup nos écoles et que je crois connattre
leurs besoins. Mon père et ma mère,
instituteurs de lx.6 à 1882, m'ont appris,
tout enfant, à les vénérer. Je dois à leur
vaillance, qui n a jamais faibli, en une
carrière de «M» ans, à leur foi dans
I\J'uv¡'c de l'édnration nationale, au sou-
venir te leur? luttes et de leurs souf-
frances dan- une période pénible et in-
grate pour l'enseignement, et, par des-
sus tout, le respect infini de nos lois
scolaires.
« Dans ma modeste carrière, , qui date
de lM:!, et au cours de laquelle j'ai été
successivement institutrice adjointe, di-
rectrice d'école primaire élémentaire,
élève à l'Ecole Pape-Carpentier, direc-
trice d'école annexe, professeur de let-
tres dans les écoles normales, directrice
d'écolo primaire supérieure, j'ai acquis
l'intime conviction que nos divers degrés
d'enseignement primaire sont si étroite-
ment liés entre eux que négliger l'un
serait diminuer la vitalité des autres:
que les services qu'ils nous rendent,
pour être différents, n'en sont pas moins
nécessaires et précieux, et qu'en toute
circonstance nos efforts doivent s'unir
pour rester féconds.
« C'est pourquoi je souhaite qu'à l'ave-
n# le Conseil fasse une large place à la
représentation primaire, afin qu'elle
{misse au moins comprendre, avec un
inspecteur général et un inspecteur d'A-
eadémic, deux inspecteurs primaires,
deux représentants des écoles normales,
deux délégués des écoles supérieures,
deux représentants des membres élus
des conseils départementaux. Je sou-
liaite aussi qu'un de ces membres soit
8pelé dans la section permanente du
nseil dont les attributions sont si im-
portantes.
c Teltes sont, entre les réformes urgen-
€M que je me ferais un devoir d'étudier,
celles dont je m'occuperais tout d'abord,
si vous vouliez bien m'honorer de vos
Mirages. »
La série des vœux de Mme Garrigues
t
miment qu'elle ne nous ait pas dit, au
COurant de la plume, ce qu'elle pense du
jretrutement mes instituteurs et des insti-
tutrices en dehors des écoles normales,
C'est-à-dire de l'intrusion incessante
dans le corps enseignant de l'élément
«léncal; (or, M. Jost, inspecteur géné-
ral, conseiller sortant et candidat aux
élections du 26 mars, nous apprend que
la |10 de nos instituteurs et 4Î10 de nos
Institutrices ont été élevés ai leurs que
tke z nous.) J'aurais aimé trouver dans sa I
circulaire J'expression de sa pensée pour
ou contre la création des directeurs dépar-
tementaux de linstmetion frimaire pour
on contre la fusion Amentanéedes éco-
leeyrmal^^ilec {m trmo failles ;#ur
ou contre la loi qui a donné nos écoles
professionnelles au ministère du com-
merce ; l'expression de la pensée sur la
direction à donner aux études dans les
écoles primaires supérieures de filles ;
sur la neutralité scolaire, sur les exa-
mens de tout ordre, sur les devoirs
écrits, en étude ou dans la famille, sur
les écoles mixtes, sur la maladie des ré-
compenses qui sévit avec autant de vio-
lence que celle des examens, sur 1 ins-
pection féminine ; autant de questions
dont la solution peut avoir une impor-
tance inéaluctable sur notre enseigne-
ment populaire.
Mais Mme Garrigues nous le dit elle-
même, sa décision a été subite; je me
figure qu'elle a été, comme mes amies et
moi, indignée de voir les femmes exclues
des listes élaborées en comité, et que son
indignation s'est traduite en un acte
courageux..
Pour cela, et pour « son respect infini
de nos lois scolaires ". je suis heureuse
de lui donner mon vote, et j espère que
mes amis en feront autant au premier
tour. Il sera ensuite facile de s'entendre
entre candidates, pour que les moins fa-
vorisées se désistent en faveur de celle
qui aura le plus de voix.
Je dis a les moins favorisées » et non
la moins favorisée, car au moment où
j'écris ces lignes,je sais qu'il y a une hui-
tième candidate qui n'a même pas eu le
temps d'adresser une lettre, si courte
fùt-elle, au corps électoral, mais dont
l'acte—tes littéraires diraient sans doute
« le geste », se recommande toujours
par sa crânerie. Elle a expédié une
feuille de papier partagée en deux dan s
le sens de la largeur, par un pointillé.
La moitié supérieure se présente ainsi :
ELECTIONS
AU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'INSTRUCTION
PUBLIQUE DU 26 AVRIL 1900
Candidature de protestation contre le
Comité qui après l'avoir suscitée l'a mise
simplement de côté après longue ré-
flexion.
La partie inférieure a à détacher ») est
un bulletin de vote au nom de Mme
Bourret-Combarnons, directrice de pre-
mière classe de l'école primaire supé-
rieure de Montpellier, officier d'acadé-
mie, déléguée au conseil départemental
de l'Hérault.
La nouvelle candidate ne me parait
pas imprégnée d'humilité chrétienne;
mais il est temps que la femme renonce
à ce ferment de lâcheté. Si, depuis le
longtemps où elle accepte de ne pas
penser et de ne pas vouloir, elle avait ee
des institutrices résolues à faire respecter
leur conscience Mme Bourrel-Combar-
nons, n'aurait pas été forcée de s'armer
de pied en cap et de se jeter dans la ba-
taille.
Je lui envoie mon salut sympathique,
en attendant de mettre son nom sur
mon « bulletin ».
PAULINE KERGOMARD.
Marianne reçoit.
C'est un sénateur qui parle. Ce n'est
pas M. Bérenger. Ce n'est pas non plus
M.Labosse:
« En entendant chanter publiquement
à Paris certaines infamies qu'on n'oserait
pas publier ailleurs dans des recueils
spéciaux réservés aux « vieux mes-
sieurs », nos visiteurs se méprendront
singulièrement sur notre vie de famille
qui reste, grâce au ciel, bien au-dessus
de sa mauvaise réputation. L'Exposition
de 1867 nous a valu un renom de So-
dome Européenne ; celle de 1878 et sur-
tout celle de 1889 n'ont fait que le con-
firmer. On chuchote déjà que l'admi-
nistration de M. Picard se serait laissé
surprendre par certains divertissements
rappelant par trop certaines danses du
ventre. Or, il ne faudrait pas que la ville
de Paris ressemblât trop à une « ville
des mœurs libres. 9
Désireux de se rendre compte par lui-
même des spectacles que nous allons
offrir aux étrangers, cet honorable sé-
nateur a consacré quinze jours à faire
méthodiquement l'ascension de ce qu'il
appelle « la colline Montmartre » ; et il
nous conte ses impressions dans la Re-
vue des Revues.
« Je résumerai en deux mots, dit-il, le
sentiment qui m'a dominé : c'est un
sentiment de dégoût profond...Dans une
promenade plutôt rapide, j ai cueilli de
déplorables avanies à l'adresse du chef
de l'Etat, des couplets et des répliques
ordurières, une pièce de pleine licence
graveleuse et des étalages de nudité...
La bêtise n'est pas seule à régner. Il y a
l'érotomanie, le bas chauvinisme et la
scatologie... »
— (Je goûte cette façon d'encadrer le
a bas chauvinisme »).
« Voilà ce que nous montrerons aux
peuples de l'Univers qui s'apprêtent à(
débarquer chez nous pour y admirer les
merveilles des Arts, de l'Industrie et des
Sciences. »
Objectera-t-on que les cabarets de
Montmartre, et autres mauvais lieux, at-
tirent les peuples de l'Univers beaucoup
plus peut-être que les merveilles de l'Art,
de la Science et de l'Industrie ? Le séna-
teur répondrait sans doute que Paris ne
doit point nécessairement battre le re-
cord de la lubricité. Je suis de son avis.
J'ajouterai même que ce censeur ano-
nyme n'a pas signas tous les spectacles
qu'il convient de ne pas offrir aux étran-
gers. Et j'attire tout spécialement son
attention sur certains étalages de librai-
rie (?), certains kiosques de nos boule-
vards.
Je ne parle pas seulement des volu-
mes libidineux, des gravures obscènes,
des photographies suggestives (que peut-
il leur rester encore à « suggérer » T)
représentant de jeunes personnes aux
ajustements immodestes. Je songe sur-
tout à cette collection de portraits peu
flattâf, qui, sous cet aimable Cire :
Gr ,eulerie , contemporaine '., puie..'
revue les divers souverains d'Europe
auxquels nous venons de souhaiter la
bienvenue.....
Est-ce pour leur montrer ces iajurieu-
ses et grotesques images, que nous les
invitons à nous rendre visite, et que Ma-
rianne leur prépare, aux portes du Bois
de Boulogne,unpompeux caravansérail?
Est-ce bien là le moyen d'entretenir, au-
delà des frontières, notre réputation de
courtoisie?
Si nos royaux visiteurs n'ont pas l oc-
casion de se reconnaître en ces médio-
cres caricatures, du moins leurs sujets,
nos hôtes, ne manqueront point de les
voir.En seront-ils charmés? Ne risquons-
nous pas de les froisser dans leurs sen-
timents les plus respectables ?
Il ne s'agit ici ni de pudeur, ni de pu-
dibonderie, ni de licence démocratique,
— mais de politesse internationale. On
se hâte lentement de nettoyer nos places
et nos rues, de dessécher les marécages
et de combler les fondrières.La propreté
matérielle n'est pas tout : achevons, je
ne dis pas la toilette, mais le nettoyage
ae fans.
ANDRÉE TÉRY.
La Potinière
Une foule cosmopolite mais fort élégante se presse
maintenant chaque jour, dans les serres de la
grande maison d'horticulture Delavigne, 10 et 12 rue
Brémontier..
C'est que là on admire tout à loisir, les plus belles
et les plus fraîches fleurs qu'il soit possible de voir,
en ce moment à Paris. Une atmosphère ,fou ce et em-
baumée y règne... On pourrait chez Delavigne, se
croire en quelque délicieux jardin du Midi.
Il vient de paraître à Vienne, sous le titre de Bribes
de pensée (souvenirs, impressions), un volume de
mélanges, prose et vers, écrits en allemand, en fran-
çais, en anglais, L'auteur, qui signe J. Liesen, ne se-
rait autre, s'il faut en croire le journal Bohemia, que
l'ex archiduchesse Stéphanie.
L'ouvrage serait un extrait de son journal intime
pendant les années de son veuvage, jusqu 'au moment
où la connaissance qu'elle fit du comte Lonyay fit luire
en elle l'espérance d'une vie nouvelle.
Tout cela n'est, bien entendu, qu'un potin.
LES OBSÈQUES
D'Alexandre Falguière
Ce sont de véritables funérailles qu'a
faites hier au sculpteur Falguière&le
Tout Paris artistique, tant l'atlluence a
été grande et le cortège pieusement re-
cueilli.
Dès onze heures on se pressait rue
d'Assas devant le coquet petit hôtel ha-
bité par la famille Falguière.
Le cercueil entouré de cierges dispa-
raissait sous les fleurs; les roses, les
violettes, les lilas, les muguets aux sua-
ves parfums, tes arums aux corolles
élancées, les lilas mauves, les grands lys
rouges, transformaient la chapelle ar-
dente en un merveilleux jardin.
A midi précis on vient faire la levée du
corps et lentement le cortège s'ébranle.
Des élèves du maître, très émus, ont
grand peine à écraser sous leurs pau-
pières des larmes qu'on sent prêtes à
jaillir. !
Le temps est très doux ; un soleil
radieux, printanier, baigne de lumière la
voiture funèbre dont les broderies d ar-1
gent scintillent, et il nous semble que |
ces chevauchées macabres ont par de
telles journées, un aspect plus tristement
douloureux.
Un char de fleurs marche en tête, et
provoque l'admiration des passants.
Il y a en effet de splendides gerbes,
et de merveilleuses couronnes offertes
par des amis, des admirateurs, des ar-
tistes. Tous les ateliers de peinture et de
sculpture sont représentés. On remar-
que particulièrement les envois de la lé-
gation de l'Equateur, de l'Association
toulousaine, des Cadets de Gascogne et
des Beaux-Arts de Toulouse, une énorme
couronne toute en violettes doubles, de
ces violettes qui sont la culture du pays
et qui par les soirs d'été embaument les
campagnes échelonnées sur les bords de
la Garonne.
La couronne de l'Ecole des Beaux-
Arts de Paris est portée par une déléga-
tion du personnel, il en est de même
pour celle des artistes français.
Le char funèbre vient ensuite traîné
par quatre chevaux. Les côtés de la voi-
ture mortuaire sont décorés par deux
immenses couronnes, à droite celle de
la ville de Toulouse, à gauche celle de
la ville de Nîmes.
Les cordons du poêle sont tenus, par
MM. Leygues, Roujon, Saint Saens,Lar-
roumet, J.-P. Laurens, Marqueste, Paul
Dubois et Calvinhac.
Le deuil est conduit par les fils du
sculpteur. Le Président de la Républi-
que s'est fait représenté par le colonel
Meaux Saint-Marc, et le ministre de la
marine par le capitaine Charbonnel.
Suivent lIes membres de l'Institut, col-
lègues du défunt, puis le Paris littéraire,
et toutes les notoriétés de l'art.
Le maire de Toulouse, M. Serres, s'é-
tait rendu tout exprès pour assister à la
cérémonie.
Par la rue d'Assas, lentement on se di-
rige vers l'église Notre - Dame - des -
Champs, richement endeuillée.
De lourdes draperies noires, palmées
d'argent et rehaussées d'écussons aux
chiffres du sculpteur, voilent toute la
nef et remontent vers la voûte pour for-
mer un large dôme au-dessus du cata-
falque. Des cierges et des torchères pro-
jettent leurs lueurs tremblotantes, les
vapeurs d'encens montent, et là haut,
dans la tribune, un orchestre de 150
exécutants attaque une marche fu-
nèbre.
L'effet est imposant. -
Le maître de chapelle, M. Michclet,
conduisait l'orchestre, et MM. Andlauer
et Andrès tenaient l'orgue. L'abbé Mahai
a dit la messe et le cbanoil\lt
curé de la paroisse, A .donne 1 absûú\e.
A It sortie de l'office, le boulevard
Montparnasse est noir de monde. Ce j
;ont des ouvriers rentrant aux chan- j
lier s, des femmes, allant reprendre la
besogne, quelques flâneurs, petits bour-
geois, minces rentiers, qui se décou- J
(rent respectueux.
Les uns chuchotent :
— C'était un grand sculpteur.
D'autres, les bien informés, donnent
les détails, parlent des œuvres connues
le Falguière, de celles que le commerce
t plus particulièrement popularisées :
e Vainqueur du combat de coqs,la Diane,
a Danseuse.
C'est au Père-Lachaise qu'a lieu l'in-
itumation ; le cortège s'achemine lente-
ment par les rues mangées de soleil, jus-
lu'à la grande nécropole.
Sur la tombe, M. Leygues, ministre de
'instruction publique et des beaux-arts,
)arle le premier au nom du gouverne-
ment.
La mort de Falguière, dit-il, est un deuil
îational...
L'art français a perdu un de ses représentants
es plus illustres.......
Le gouvernement de la République a tenu a
apporter ici son témoignage d'admiration et de
regrets, et moi j'apporte mon hommage doulou-
reux à l'un de mes amis les plus chers.
Falguière tombe frappé en pleine force.
Mais il laisse assez de chefs-d'œuvre pour que
son nom ne périsse pas.
Après avoir parlé des travaux du maî:
tre rappelant, les grandes créations du
sculpteur : Le vainqueur au combat de
coqs, le Martyr Chrélien,Opl"élie, si belle
et si touchante avec des yeux douce-
ment fous, Saint- Vincent-de-Paul, La-
martine, Larochejaquelin, Lavigerie et
Déjanire une de ses filles immortelles,
M. Leygues termine par ces mots :
Ce grand homme Ignorait sa renommée. C'é-
tait un modeste, un être simple et bon, un cœur
d'entant.. , .
S'il est vrai, comme je le crois fermement,
que l'art ennoblit les nations, développe 1 in-
fluence morale qu eUes exercent dans le monde
et accroît leur patrimoine de gloire,
Falguière est l'un des Français qui ont le
mieux servi la France.
_
M. Gustave Larroumet, secrétaire'per-
pétuel de l'Acadéœie des beaux-arts,
prononce le discours suivant :
Messieurs,
L'Académie des beaux-arts ressent avec d au-
tant plus de douleur la perte d'Alexandre Fal-
guière que son affection pour l'homme égalait
son admiration pour l'artiste. Elle était 0*?re de
le compter parmi ses membres, mais, en même
temps que son illustration, il lui avait apporté
ce don d'inspirer comme de ressentir l'aflection
3ui, au dehors, lui a fait tant d'amis fidèles et
d'élèves reconnaissants. Il était parfaitement
simple dans sa gloire et l'un des pins beaux ta-
lents qu'ait produits l'école française s'unissait
en lui à l'humeur joveuse qu'il tenait de son
pays,è. la ronde franchise des mœurs populaires,
a cette vivacité d'impressions et de sentiment
qui est commune chez les artistes, mais qu'il
offrait à un rare et charmant degré.
Il nous appartenait depuis 1882, où il avait
succédé à son maître Jouffroy. En lui donnant
le fauteuil de celui qui avait appliqué et en-
seigné si honorablement les doctrines clas-
ques, l'Académie adoptait en Falguière un
talent à la fois traditionnel et original, un de
ceux qui augmentent le patrimoine national en
le conservant et qui vont plus avant dans la
voie ouverte par leurs devanciers, un de ces
artistes qui prétendent Otre eux-mêmes sans re-
nier leurs origines et qui ne croient pas se gran-
dir en se déclarant sans reconnaissance ni obli-
gation envers le passé.
Falguière devait cet heureux équilibre non
seulement à son caractère, mais à son origine
et à son éducation. 11 était né à Toulouse, la
ville de lumière et d'harmonie, où le génie
latin a laissé son besoin d'énergie disciplinée,
où l'ardeur se possède et s'analyse, où la 11nes8e
met son grain salutaire et piquaut où surtout
l'amour de la vie et de la nature est un instinct
dont tout favorise le développement. Nous de-
vons à Toulouse une école d'art librement va-
riée dans l'unité de l'école française. Non seu-
lement Falguière devait se placer au premier
rang de cette école, mais pour la sculpture, il
allait en devenir le chef.
Prix de Rome en 1859, il trouvait à la villa
Médicis comme une seconde patrie. Par une
habitude trop commune chez nous envers tout
ce qui est grand et fécond, l'Ecole de Rome est
en butte à des attaques passionnées, que mè-
nent pour une grande part, tantôt ly parti 'pris
ou l'ignorance, tantôt hélas: la vanité ou 1 en-
vie, L exemple de Falguière, après ou avant
beaucoup d'autres, répond victorieusement à
ces attaques. Il apportait à Rome l'originalité
sans laquelle il n y a point d'artistes, et il y
trouvait 1 exempte des maîtres indispensable à
qui prétend faire non seulement aussi bien,
mais autrement. Sa faculté maîtresse, le besoin
de la vie et l'admiration de la nature s'y trou-
vait guidée par la raison et la science, dominée
par l'admiration intelligente et libre de la
beauté réalisée et consacrée. Devant les Ro-
mains, élèves des Grecs, devant les Italiens
élèves des Romains et des Grecs, il fortifia la
claire notion qu'il avait de la tradition fran-
çaise. Il comprit que cette tradition est riche et
forte d'abord parce qu'elle est fidèle à son pro-
pre génie et ensuite parce qu'elle y a joint l 'hé-
ritage grec et romain, procurant ainsi a notre
pays l'honneur d'être, surtout .en sculpture, la
troisième patrie de l'art.
Dès le retour de Fulguière à Paris, l instinct
français et l'éducation gréco-romaine s'attestent
chez lui par une série d'oeuvres où ils s'unissent
toujours, avec la prédominance alternée de cha-
cun d'eux. Il rapporta de Rome le Vainqueur au
combat de coqs et le Martyr chrétien, c 'est-à-
dire deux des plus gracieuses et des plus pures
inspirations que les deux antiquités, païenne et
chrétienne,ont values au génie français. La joie
de vivre et l'épanouissement d'une jeune force
aui s'unissaient chez le !'atn?MeMr à l'énergie ai-
lée du mouvement et à la vérité nerveuse dumo-
Jelélavaient trouvé des exemples dans les bronzes
ie Pompéi. La jeunesse fauchée en sa Heur et
la vie donnée pour la foi, l'héroïsme dans l'hu-
milité, et l'espérance d'une patrie céleste que le
Martyr représentait avec une émotion, une déli-
catesse et une pureté dignes d un ttel sujet
ivaient été admirés par le cœur de l'artiste,
Évoqués par son esprit et réalisés par sa main
sur la terre même qui a bu le premier sang
versé pour le Christ.
La production de Falguiere se déroule ensuite
ivec une fécondité croissante. Il travaille avec
passion et avec joie, frémissant d'admiration
levant la nature et la tète toujours en travail
pour assurer au degré nécessaire de précision et
de justice l'idé#que sa main réalisera dans le
marbre et le bronze. Il est profondément artiste,
c'est à dire que pour lui la forme prime tout.
Nul n'admire avec plus de sincérité et n adore
ivec plus de ferveur la beauté naturelle. Il exé-
cute le morceau avec une maîtrise suprême,
l'une main vigoureuse et caressante. Mais il est
bien français en ceci que, sans tomber jamais
dans l 'allegorie et 1 anecdote, sans confondre la
littérature et l'art, dans toute forme il met une
pensée..
Je ne puis que mentionner l'admirable série
de bustes qu'il a groupés jusqu'à la fin autour
de ses grandes figures. Tous révèlent un carac-
tère et reflètent une intelligence ; ils parlent
comme l'on dit. Parmi ces figures elles-rrK'mes,
je dois me borner à signaler le rare doa de sjui;
thèse qui fait de chacune un type en même
temps qu'un individn.
Tantôt il évoque un être de rêve, croe par
l'imagination humaine, comme l'antique déesse
de la chasse et des bois. Après tant de reprises
consacrées an même type, il égale par la justesse
et la plénitude la force et 1 élégance de sa con-
ception propre, les plus célèbres images de
Dilef, depoMla* malw. grecs jugeai notre
fIoudon, Reprenant le vieux mythe de l'orgueil
nspiré par la beauté, tL place le paon
lunon et cesdeuxcor^Htversement admirables
le la femme et de l'oiseau, forment un groupe
>ù le sentiment de la vie moderne et de la forme
pétrie par elle marquent aussi fidèlement une
spoque et une race que les femmes grecques ou
romaines qui perpétuent dans nos musées la
beauté d utrefois,
Puis vient la série des êtres concrets, de ceux
lont le corps et l'âme ont été vus et pénétrés
par l'œil et l'intelligence de l'homme et qui,
poètes ou orateurs, incarnations de l'héroïsme
ju de la bonté, ont laissé leur image dans nos
souvenirs et la reconnaissance dans nos cœurs.
Par un mérite inverse à celui que je signalais
tout à l'heure, de ces individus il fait des types.
Son Saint Vincent de Paul, en même temps que
la tournure rustique naïve du pâtre landais,
nous offre l'image de la charité elle-même. Son
La Rochejacquelin, c'est le jeune et chevaleres-
que héros de la Vendée royaliste, c'est aussi a
une élégance et la dédaigneuse fierté de la
vieille noblesse. Son Lamartine, c'est le poète du
Lac, partageant Ra gloire avec sa ville natale;
c'est aussi la poésie même, la lyre universelle
où chantent les voix de l'âme, de la nature et
de Dieu. Son Gambetta, c'est le tribun et le pa-
triote de 1870 ; c'est aussi l'éloquence lançant le
courage à la défense du sol envahi.
Pour suffire à cette production qui devenait
de plus en plus active et passionnée, voire fié-
vreuse et hâtive, il tallai un labeur incessant.
Ce labeur a épuisé prématurément les forces de
Falguière, et il est tombé. au pied d'une dernière
œuvre, la figure douloureuse et charmante d'Al-
phonse Daudet, l'outil à la main, au seuil de la
vieillesse, en pleine gloire. sans avoir jamais
connu le repos. Cette flamme l'a dévoré d'au-
tant plus vite que cet artiste était passionnement
sensible à toutes les expressions de la beauté,
peignant des toiles qui lui auraientfait une répu-
tation de peintre, s'il n'avait été. un si grand
grand le scupleur, enthousiaste de la musique, qui
e remuait jusqu'au fond de l'âme, à la fois po-
pulaire et mondain.
Messieurs, tant d'oeuvres expressives et belles
assurent à Falguière une place éminente parmi
les maîtres de l'école française, Son nom est de
ceux qui dureront aussi longtemps que notre
art et que l'art universel. A nous tous ses con-
frères il laisse les plus attectueux regrets et une
douleur que peut seul alléger le charme cordial
de son souvenir.
M. Jean-Paul Laurens fait, au nom de
la Société des artistes français, dont
Falguières fut, pendant vingt années,
une des gloires, l'éloge du sculpteur. Il
s'exprime ainsi :
L'œuvre vivante 'et passionnée de celui que
nous accompagnons aujourd'hui, pour la der-
nière fois, sera dite et chantée longuement par
d'autres que moi.
Un rgrand artiste vient de nous quitter; sa
féconde carrière fut une longue traînée lumi-
neuse que l'avenir n'éteindra pas. Falguière fut
un généreux et un spontané; il s'est traîné jus-
qu'au bout, tout entier, animant tout ce qu il
touchait. Obéissant toujours à son capricieux
génie, jamais il ne connut de barrières. Toute
son œuvre fut l'éclosion, vivace et joyeuse, de
la sève qui débordait en lui.
C'est fini, les dernières paroles égren-
nées près de la bière de ce grand artiste,
la foule des amis, des admirateurs et
des indifférents s'écoule à travers les
allées de la ville des morts, toute riante
de la jeune parure printanière, les ar-
bres estompés d'un frottis vert, les
fleurs faisant craquer leurs fins corse-
lets, la vie prenant sa revanche près des
1 tombes.
MARIE-LOUISE NÉRON.
A La Fronde
RÉUNIONS, EXPOSITIONS, CONFÉRENCES
de la Semaine
I Tou3 les jours, Exposition d'Aquarel-
les et d'Eventails, de Mme Elisabeth
IBELS (Entrée gratuite).
~ Conférences à 9 heures du soir :
Mme Souley-Darqué qui devait ce soir
faire une conférence sur la Philosophie
de Tolstoï, nous prévient télégraphique-
ment que souffrant d'un très violent mal
de gorge, à son grand regret sa confé-
rence n'aura pas lieu.
Mercredi 25 avril, à 9 heures — La Loi
d'Amour, par Mme BRÉMONTIER.
Jeudi 26 avril. — Conférences et Con-
férenciers, Causerie gaie par Mme THÉ-
NARD.
Vendredi 27 avril. — Le Féminisme
dans Victor Hugo, par M. Lucien LE-
FOYER.
Samedi 28 avril. — Etudiantes d'Ox-
ford, par Mme Andrée TÉRY.
Prix des places pour les conférences, 1 fr.
Places réservées, 2 fr.
On dit...
A L'ELYSÉE
Le Président de la République a recu hier
matin M. Hostains et le capitaine d'Ol-
lonne, de retour d'une mission k la Côte
d'Ivoire.
Il a reçu en outre, M. COcPordan, minis-
tre plénipotentiaire ; le général Passerieu;
M. Stéhelin, trésorier général; le colonel
Percin; M. le docteur Ollier, doyen de la
ti'anu)t& da médecine de Lvon. et M. Abby.
L'ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION
DE ROME
Le 21 avril au matin, sous les auspices
du ministre de l'instruction publique, a été
célébré en grande pompe, au Forum Ro-
main. en présence du roi et de la reine
l'anniversaire ae la fondation de Rome.
Les souverains ont inspecté les récentes
fouilles qui ont remis en lumière des mor-
ceaux précieux de la Rome antique.
L'ingénieur Boni, sousladirection duquel
se sont faites les excavations du Forum
Romain, a été nommé commandeur.
UNE BONNE NOUVELLE
Aux arènes de Barcelone, dimanche
après-midi,de nombreux spectateurs outrés
et écœurés ont fait des manifestations hos-
tiles contre les toréadors qui se retirèrent
par une porte dérobée. Ils ne durent leur
salut qu'à la gendarmerie qui les protégea
avec un soin extrême.
Des groupes attendaient les toréadors aux
alentours des arènes. Trois personnes ont
même été arrêtées.
Enfin le publio demande la fermeture a
Barcelonne des Arènes. Enfin'
Le Midi se lasse donc lui-même de3
courses "e taureaux, de ces jeux sangui-
naires, jeux de décadence où 1 homme
montre seulement qu'il est plus fort que le
plus robuste animal, grâce à un fer cruel. !
UN GRAIN DE BLÉ DANS LA JOUE
Les médecins de l'hôpital de Trenton
(New-Jersey) viennent de faire, sur un en-
fant de 5 ans, une opération rare et deî
plus curieuses.
Ce petit garçon, habitant avec ses parents
dans un village près de Trenton, souffrait
depuis quelque temps d'une tumeur à la
joue. Il se plaignait de ressentir des pico.
tements fort aigus semblables à des Pl.
qùres d'insecte marchant sous la peau.
La tumeur avait atteint la grosseur d'uns
noix. Les médecins ont décidé de faire l'o-
pération. Quelle ne fut pas leur surprise
après avoir ouvert la tumeur, d'y trouver
un grain de blé germé d'où sortaient des
jets se dirigeant de divers côtés et pous.
sant rapidement sous la peau. L'opération
chirurgicale a prouvé d'une façon péremp-
toire qu'un grain de blé avait germé et
poussait dans la tumeur sous la joue.
Mais il reste maintenant à expliquer com.
ment ce grain a pu pénétrer en cet endroit,
ce qui est plus difficile.
Un médecin est d'avis que le grain de
blé a dû pénétrer dans l orbite de l'oeil et
descendre graduellement et d'une façon
insensible jusqu'à l'os de la pommette Ju
petit garçon.
Tout arrive.
MIEUX, MEILLEUR MARCHÉ
C'est -aux établissements Allez, frères
t, rue Saint-Martin, que s'adressent toutes
les personnes désireuses de monter ou de
remonter économiquement leur ménage,
d'installer ou de reinstaller aux meilleu-
res conditions leurs maisons de campagne.
ETUDIANTES
Il y a dix ans,les universités suisses comp*
taient 184 élèves du sexe féminin. L'an.
née dernière, elles en avaient 555. En neuf
ans l'effectif à triplé.
C'est Genève qui avait en 1899 la plus
d'étudiantes, à savoir 184, autant que toutes
les Universités suisses, d'il y a deux lus-
tres. Berne attire plutôt les représentants
de l'autre sexe et tient sur ce point le re.
cord avec 776 étudiants. L'Université de la
ville fédérale n'a eu en revanche que 117
étudiantes. Zurich en abrite 166, Lausanna
67, Neuehâtel, 19, Bâle seulement 2.
Des gracieuses personnes assises dans les
auditoires suisses, les cinq sixièmes sont
étrangères. Il n'y a que 82 Suissesses, tan-
dis que la statistique signale 473 ressor.
tissantes d'autres pays.
Et parmi les Suisssesses,qui prédominent,
Romandes ou Allemandes? Le zèle stu-
dieux parait à peu près égal dans les deux
races. Bàle, Zurich et Berne ont 52 étu-
diantes indigènes. Lausanne, Genève et
Neuehâtel en comptent 17. C'est le tiers.
Ce rapport correspond à celui existant
entre les chiffres des populations de laa.
gue allemande et de langue française.
Ajoutons que la répartition des étudian-
tes entre les facultés est la suivante : théo.
logie 0, jurisprudence 7, médecine 3jâ
sciences et lettres 193.
DEUX INAUGURATIONS A L'EXPOSI-
TION.
Deux des attractions les plus intéressan-
tes de l'Exposition ont été inaugurées hier,
l'une le Panorama de la Mission Marchand,
dans l'après-midi, l'autre Venise à Paris, le
soir, par une grande fête de nuit.
i Un public très nombreux, dès cette pre-
mière journée, s'est porté au Trocadéroet
s'est vivement intéressé aux toiles de M.
Castellani, qui a très fidèlement reproduit
i les principales étapes de la Mission du
Congo-Nil. Le succès de cette vivante page
d'histoire, qui fait l'admiration du monde
entier, a été des plus grands et des plus
légitimes.
Le soir même, un diner de cent couverts
1 réunissait dans le palais des Doges à Ve-
nise les promoteurs et les principaux colla-
borateurs du Panorama Marchand, de Ve-
nise à Paris et du Globe céleste. Parmi les
invités, le colonel Marchand et les mem-
bres de sa mission. Mais, c'est la fête de
nuit, surtout, qui a, dès l'inauguration,
consacré le succès de cette curieuse et fidèle
reconstitution de la Piazelta à Venise. Tout
ce que Paris compte de notabilités s'était,
en elret, donné rendez-vous, hier, avenue
Suirren, et rarement il fut donné de voir
évoluer dans un cadre aussi féerique autant
de gracieuses et jolies Parisiennes.
Plus de deux mille personnes ont detile
à Venise dans cette soirée qui comptera
dans les joyeuses annales de Paris-Exposi-
tion. Rien ne saurait traduire la gaieté et
l'entrain de cette élégante cohue évoluant
dans les gondoles, bercée par des flots
d'harmonie ininterrompus, les mllndolInls-
tes succédant aux guitaristes et l'orchestra
de Venise, sous la direction de M. '%Iicli ets,
à l'orchestre du Grand Globe céleste, sous
l'habile direction de M. Achille Kernon.
Mais voici encore d'autres attractions :
c'est le professeur Tolrom, dans ses expe-
riences fantastiques, et dans le palais Du-
cal un concert qui réunit les noms de Mines
Daubroy, Rachel Launay, Elise de \ ère el
Delvair, du Théâtre-Français, MM. Baldein,
Barnolt, de l'Opéra-Comique, Dieudonne,
Dauvillier, Lucien Boyer, Gonnot et les
chansonniers Mendrol, Teulet, Ferny, Tler-
cy, qui se sont tous montrés dignes des
Doges.., non, d'éloges, et que le pubuct
ohaleureusement fêtés.
Voilà qui assure aux très prochaines ie-
tes de nuit de Venise à Parts, un succès
certain.
NECROLOGIE
M. G. Hartmann. chevalier de la
d'honneur, ancien éditeur de mu.sl<ï~®'
membre de la Société des auteurs et com-
positeurs dramatiques et de la Société aes
auteurs, compositeurs et éditeurs de nm_
sique, est décédé subitement &\'ant-tue'
soir en son domicile, t, rue Caumarun.
M. Georges Hartmann a succombe aux
suites d'un accès de goutte remont1e
cœur. Il était âgé de cinquante-sept ans.
Il avait été l'un des premiers à compren-vert
dre le mouvement qui s'accomplit v
1870 dans l'école musicale française, Ati
temps où l'on était peu disposé à a\
confiance en leur avenir, il publia »e
œuvres de Bizet, d'Edouard Lalo, de •
Saint-Saëns, de M. Reyer, de M. Massene l.
C'est d'ailleurs, à ce dernier qu 'ailaira
ses prc férences ; toutes les partitions tu
portants de M. Massenet ont paru c liez lulo
Il y a une dizaine d'années, il avait ven
son fonds, qui fut acquis par M. Heuç •
Depuis lors, il s'occupait d'œuvres wag" -
riennes: il était en France le représenta
des intérêts de la famille .* dB
que MM.'Schott, les éditeurs allemands a
Ring et de Parsifal. Georges Hartmann e
chevalier de la Légion d'honneur.
Conformément à la volonté souve nt
exprimée du défunt, il ne sera fait aucune
invitation Dour son enterrement.
LA DAME D. VOILÉE.
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