Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-04-16
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 avril 1900 16 avril 1900
Description : 1900/04/16 (A4,N859). 1900/04/16 (A4,N859).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703978w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Fronde
QUATRIÈME ANNEE. — N" WO ^
LUNDI t8 AW& JW- rr TOUR FERIB
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CALEROMU itrsBucia
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CALEVMIII PBOTISTUTI
...ac- de la Bible à lira et I iitfMi
JÉRÉM1E XXXI. 18-20
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4 AVRIL 1901
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la rédaction doivent être envoyées & Mme
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RONOB.
Lei manuscrits mon insères ne serotUpa^reruxu^
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Expositions : A la Fronde Exposition d Aqua-
relies et d'Eventails, de Mme Elisabeth Ibels,
(Bntrt'e gratuite .
Salon de 1900. avenue de Breteuil.
Galerie Georges Petit, rue ae Sèze, les
Pastellistes
A 1 Elysée grande fête à propos de l'inaugura-
tion de rExpoaittOQ : grand dîner de 250 cou-
verts, suivi de réception et de bal.
Ouverture du congrès de la Fédération de la
Libre Pensée..
Anniversaire de la naissance du prince Mirko
de Munténégro.
L'Enseignement Mutuel. 41, rue de la Cha-
pelle, à 8 h. 112, réunion amicale, causerie.
Le,i Musées sont Ici mt:s le lundi.
L'École de
l'Imagination
Dialogue funambulesque
Prologue
- Justement émus par mon dernier arti-
ele. le Prince Bengali, la belle Indienne,
les Dames Moresques, les Hommes de
Plâtre, la Femme « Hémigyne n, le Sca-
phandrier. le Directeur du Musée Anato-
mique.le Pasteur des Lapins blancs et le
Derviche des Autruches tournantes, sont
venus me voir, en députation. Ma sur-
prise et ma joie surpassèrent l'indignation
de ma concierge. J 'offris des sièges variés
& mes hôtes, et seule, devant cet aréo-
page multicolore, j 'écoutai le réquisitoire
prononcé sur un mode lyrique, par cou-
plets alternés,
Le Directeur du Musée Anatomique.
« Homme grave, répugnant aux exhibi-
tions frivoles, prêtre populaire de la
Science, je commence ma plainte qu'ont
répétée les échos sonores du boulevard
consacrés à Pasteur. Là, depuis l'antique
gare Montparnasse, antre des locomoti-
ves redoutables et aventureuses, jusqu'au
puits aérien de Grenelle, entre deux ave-
nues de toiles peintes, la foule grisâtre
du jeudi, la foule bariolée du dimanche
piétine comme un long troupeau. Ce lieu
n'est point habité par les Muses aux
sandales d'or, mais la déesse Persuasion
s'y complaît. Sa puissance aimable donne
nn accent pathétique à la voix enrouée
du pitre, et les porte-monnaie ouverts
laissent couler un flot de bronze. Là,
l'appel parmi le ronflement des tambours, et
appel strident des cuivres, vous êtes
venue, ô Rédactricedela Fronde. Et vous
avez annoncé à toute la terre que la lai-
deur régnait sur Vaugirard !
« Femme imprudente ! Il ne convient
pas aux mortels de franchir l'enceinte
éclatante de nos murs fragiles, s'ils n'ont
S>u garder leurs yeux et leurs âmes d'en-
tant. Le Peuple, enfant éternel, nous
contemple avec piété. Indifférent à la
qualité des satins, à la sincérité des ors,
toutes choses lui apparaissent merveil-
leuses. Il ignore la loi des rythmes et la
loi des couleurs complémentaires, mais
Il nousdemande précisément ce que nous
pouvons lui offrir : l'occasion du Rêve.
« Nous entr ouvrons pour lui, les por-
tes de la Réalité, et l'Imagination, dépas-
sant nos tréteaux et nos décors, s'élance
à travers les champs du mystère.
« Ecoutez.
« Je suis le fil3 bâtard d'Esculape —
an fils non reconnu et même désavoué
par le dieu. Je le sers. pourtant. Au flanc
de cire des mannequins, je dévoile le
réseau violet des artères et des veines,
l'harmonie interne des organes, leur
fonction, leur place et leur beauté parti-
culière, beauté un peu effrayante et ré-
Mis. pugnante dont 1 avenir reconnaîtra les
ois. Quand les maçons et les fruitières
aortent de mon Musée, ils n'osent plus
regarder leur propre thorax. Et d'avoir,
an peu, si peu ! considéré la Nature dans
non chef-d'œuvre, ils gardent un frisson
sacré — pour la plus grande gloire des
médecins, mes frères ainés, charlatans
qui ont eu de la chance ! »
Ainsi parla le Directeur. Et la Femme
Hémigyne et le Prince Bengali s'écriè-
rent :
La Femme Hémigyne
, « On m'a baptisée l'Ilémigyne. Je
porte, sans le bien comprendre, ce nom
grec et mystérieux. Mon père me nom-
mait Eugénie. Le mot d'Hémigyne, par
une analogie euphonique, m'est devenu
familier et doux. Je suis faite comme
tout le monde, et bonne épouse, bonne
mère, je ne me distinguerais en rien des
autres mortelles, si quelques grains de
beauté un peu sombres, n'étoilaient ma
gorge nourricière et mes bras puissants.
Mon époux,auseuil de la baraque,chante
ma gloire : « Depuis la tête jusqu'à la
ceinture, cette personne appartient au
sexe féminin, et depuis la ceinture jus-
qu'aux pieds, elle appartient au cheval-
pie. » Ces paroles ailées, jettent l'incer-
wude et le désir dans le cœur des fou-
lox, et les gens au-dessu de seize ans se
pressent pour me contempler. Ils ne
croient rien, qu'un buste moins décolleté
que celui d'une duchesse au bal,des jam-
lies chastement voilées d'un jupon gris.
Et cela déçoit les militaires qui ont payé
dem.-place. Qu'importe!... Ils ont rêvé
le ne sais quels aspects d'une humanité
nouvelle. Ma pudeur les guérit d'une
malsaine curiosité. »
Le Prince Bengali j
« Haut de soixante-dix centimètres, je i
gagne six sous par jour pour troubler de
compassion le cœur sensible des dames, 1
Q ■ *
et réveiller l'orgueil des messieurs bien
bâtis et bien portants. Au spectacle de
ma déchéance, les ordinaires petits hom-
mes goûtent la douceur de se croire
géants, et un immense espoir emplit
leur âme quand une jolie tille les re-
garde après m'avoir regardé. Il
La belle Indienne
«Je ne suis ni belle, ni Indienne. Je
ne suis même pas une femme. Né à
Batignolles, je uanomme Arthur.Mais,
quelques plume"e coq dans mes che-
veux, un maillot café au lait sur mon
corps d'éphèbe et les spectateurs revi-
vent les aventures de Bas-de-Cuir et des
Mohicans. Ils respipent l'odeur des sa-
vanes, et le relent des calumets de paix.
Les plus naïfs songent à Fenimore Coo-
Îer, et les plus lettrés à Chateaubriand.
J'inspire aux écoliers un vif amour pour
la géographie. >♦
1 Les Moresques
| « Nous sommes les Houris des contes
'arabes. Nous excitons la jeunesse à co-
loniser. Et le fard de nos pommettes,
le khol de nos cils, les grelots de nos
tambourins, l'ampleur de nos hanches
font surgir dans un mirage toute une
Algérie d'opérette et de bazar. Les goua-
pes les plus réfractaires rêvent de se
faire zouaves pour nous voir de plus
près..
Le Scaphandrier
« Je ressemble, sous mon vêtement de
caoutchouc et mes cuivres étincelants
aux Marsiens de la Guerre des Mondes.
J'ouvre, à la pensée populaire, les abîmes
d'émeraude, fleuris de coraux, hantés
de monstres bizarres et silencieux. Je
suis héroïque et scientifique comme les
romans de Jules Verne. »
Les Hommes de Plâtre.
« La rougeur de nos nez, piqués par la
bise d'un aigre printemps, transparait
sous la farine qui nous couvre. Lourdes
sur nos chevilles; comiques nos profils
sous le casque ciselé. Nos draperies de
flanelle se plissent sur des corps un peu
las. Mais nous sommes trouvés beaux j
par les gens qui ne font pas attention
aux statues. On ne nous regarderait pas
si nous étions en marbre et si Phidias
nous avait sculptés. »
Le Pasteur des Lapins.
« Les chevaux de bois ont vécu. Je suis
le Pasteur des Lapins, non pour leur
inoculer des sérums foudroyants, comme
mon illustre homonyme, mais pour offrir
le siège confortable de leur dos imma-
culé aux loustics, amateurs de plaisante-
ries faciles. Je sers à la fois le Symbo-
lisme et la vieille gaîté française. »
Le Derviche des Autruches tournantes.
a Ils ont vécu, les chevaux de bois!
Mes autruches emportent les amants, les
enfants, les bonnes et les militaires, vers
le grand Sahara mélancolique, terre du
soleil et de la soif. Je suggère à mes
clients les émotions des caravanes en
détresse, et je fais la fortune des mar-
chands de coco. »
En choeur.
« Notre laideur est un moyen de créer
du Rêve, et le Rêve crée de la Beauté.
Voilà ce qu'il faut dire dans la Fronde,
pour qu'on n'accuse pas Mme Marcelle
Tinayre de faire tort au pauvre monde
des forains. »
Je m'inclinai, je promis et je recon-
duisis humblement mes hôtes jusqu'au
bas de l'escalier. Peut-être allaient-ils
chez Mme Andrée Téry, ma voisine. Le
directeur du Musée Anatomique n'a pas
pardonné à notre chère camarade d'avoir
peu goûté l'exhibition des victimes de
Jack l'Eventreur.
Maintenant, j'ai la conscience tran-
quille.
MARCELLE TINAYRE.
EN AMÉRIQUE
Tandis que tous les regards sont fixés
sur l'Exposition et tous les esprits hyp-
notisés par elle, jetons un coup d'œil
vers l'Amérique. Ce qui s'y passe, en ce
moment, pourrait changer l'avenir du
monde.
La crise de l'élection présidentielle y
est commencée. On peut môme dire
qu'elle n'a pas cessé depuis l'arrivée au
pouvoir du président actuel, M. Mac-
Kinley. Depuis trois ans, en effet, M.
Bryan, le candidat favori du parti démo-
crate qui a été vaincu, n'a pas cessé sa
campagne de revanche. Il a promené
dans tous les états et dans les petites
comme dans les grandes villes, les tor-
rents entrainants de son éloquence tri-
bunitienne.
La guerre du Transvaal est venue lui
fournir un terrain nouveau d'attaque
contre son vainqueur. M. Bryan a pris,
contre l'Angleterre, le parti des Boers.
Laréponse froide et presque dédaigneuse
du président Mac-Kinley à la demande
de médiation des présidents des deux
républiques africaines, et sa manière in-
différente de la transmettre au gouver- (
nement anglais, sont venues fournir à
son rival une plate-forme politique nou-
velle. Mais si M. Bryan a pris cette atti-
tude, c'est évidemmeut parce qu'il a re-
connu qu'elle pouvait lui attirer les
sympathies des populations américaines
et renforcer son parti dans les divers
états.
Son attitude est donc symptomatique
des progrès de l'opinion en faveur des
Boers et contre l'Angleterre.
Mais M. Bryan et M. Mac-Kinley ne
sont pas les seuls candidats en présence.
Il y en a trois autres.
M. Clevelaud, asteien président égale-
ment démocrate, se prononce aussi éner-
giquement dt tendant à imposer aux Anglais une paix
qui assure l'indépendance des deux ré-
publiques sud-africaines.
M. Harrisson, également ancien pré-
sident, mais du parti républicain, comme
M. Bryan et M. Cleveland, reproche à
M. Mac-Kinley son refus d'intervenir
Jans le connïranglo-transyaalien...
Enfin, ternirai Dewey, le héros de
Cavité, qui décidément a aocepté la caa-
• •
didature à la présidence, se défend aussi
d'être impérialiste et proteste de toutes
ses forces qu'il veut la paix et fera tout
ce qu'il faut pour l'imposer.
Devant cette unanimité de ses concur-
rents, M. Mac-Kinley, s'il n'ose se déju-
ger, du moins se tait, reconnaissant la
nécessité de ne pas prendre l'opinion
publique à rebrousse-poil sur un point
où, bien évidemment, elle ne lui est plus
favorable, supposant qu'elle l'ait jamais
été. En sorte que, même dans la suppo-
sition qu'il fût réélu, il aurait, en quel-
que sorte, les mains liées sur cette ques-
tion qui semble devoir s'imposer comme
la véritable plate-forme politique de
l'élection présidentielle.
Jusqu'ici, l'attitude M. Mac-Kinley, si
évidemment contraire aux Boers, pou-
vait faire supposer qu'en Amérique, les
sympathies allaient de préférence à l'An-
gleterre. Il pouvaiten être ainsi dans une
certaine classe, qui constitue déjà une
sorte d'aristocratie américaine, où l'on
se glorifie d'une pure descendance an-
glaise, où l'on imite servilement les
mœurs, les usages de la noblesse, ou
tout au moins de la gentry anglaise.
Naturellement, le président Mac-Kinley,
plus spécialement entouré par cette
petite caste qui tient le premier rang
dans les grandes villes, comme New-
York, Philadelphie, Washington, Bos-
ton, c'est-à-dire dans les anciennes pro-
vinces peuplées par la race anglaise, a
pu se tromper quelque temps sur l'état
de l'opinion dans toute la Confédération,
et croire que ses propres sentiments sur
cette question quasi-ethnique, étaient en
majorité ceux de la nation américaine,
où cependant un fort élément irlandais
est loin d'avoir pour l'Angleterre les
mêmes sympathies. L'élément germani-
que lui-même n'a aucune raison d'être
attaché à l'Angleterre, et l'attitude éva-
sive de l'Allemagne, dans la question,
ne saurait l'encourager.
Mais, avant tout, les Américains ont
leur tradition historique. Ils ne peuvent
oublier qu'ils sont d'anciens colons ré-
voltés contre l'Angleterre. A cet égard,
la cause des Boers ne peut que leur être
sympathique.
Quoi qu il arrive, et quel que soit le
résultat de la lutte électorale, il est à peu
près certain que le candidat qui en sor-
tira vainqueur sera contraint d'agir plus
ou moins énergiquement pour imposer à
l'Angleterre une médiation tendant à lui
imposer l'obligation avec les Boers une
paix honorable.
Mais si le gouvernement anglais, per-
sistantdans son attitude actuelle, repous-
se cette médiation, on ne voit pas d'autre
moyen de le forcer à la subir que de lui
déclarer la guerre, et alors !...
C'est la guerre étendue entre les deux
mondes.
Peut-on croire que l'Europe en res-
tera simple spectatrice?
CLÉMENCE ROYER.
Vers la Cité future
« Un jour viendra ou le monde ne con-
Mitra plus que Les rivalités fécondes de
la paix et les luttes glorieuses du tra-
vail ! •
(MILLERAND.)
« Bientôt peut-être,nous aurons franchi
un stade important dans la lente évolu-
tion du gravait vers le bonheur et di
l'homme vers l'humanité. -
(EMILE LOUBET.)
Une violente canonnade annonçait
avant-hier à la Ville attentive le com-
mencement de la fête, la grande fête de
la Paix. Car les fêtes de la Paix, ça com-
mence toujours par des coups de canon.
Sivispacem... Clairons,tambours, sabres
et cuirasses ! Des chœurs entonnèrent la
Marseillaise : « Aux armes,citoyens ! » Puis
M. Millerand parla. Il dit les paroles at-
tendues, les paroles d'espoir et de con-
corde. Il rappela la conférence de la
Haye. « Un jour viendra où le monde ne
connaîtra plus que les rivalités fécondes
de la paix et les luttes glorieuses du tra-
vail. »
Et M. Loubet lui répondit sur le même
ton, avec la même éloquence : « OEuvre
d'harmonie, de paix et de progrès...
I Bientôt peut-être, nous aurons franchi
i un stade important dans la lente évolu-
tion du travail vers le bonheur, et de
l'homme vers l'humanité. »
Et là-dessus, les troupes en armes re-
gagnèrent la caserne, où elles continuent
à préparer la paix.
•
• *
Ne fut-ce pas aussi comme un discours
inaugural, celui qu'avait prononcé la
veille M. Anatole France à la représenta-
tion du Théâtre civique? Oui, ses pa-
roles, comme celles de M. Jaurès, seront
entendues des artisans et des artistes,
dont la collaboration féconde a produit
les merveilles que le monde entier se
prépare à venir contempler...
M. France affirma l'unité de l'art.
Que signifie la distinction, aussi fâ-
cheuse que classique, des beaux-arts et
des arts industriels? Il faut plaindre l'ar-
tiste qui n'est pas un artisan, l'artisan
qui n'est pas un artiste.
« Effaçons, dit M. France, ces distinc-
tions inintelligentes, renversons cette
méchante barrière, et considérons l'invi-
sible unité de l'art dans ses manifesta-
tions infinies. Non 1 Il n'y a pas deux
sortes d'arts, les industriels etles beaux:
il n'y a qu'un art, qui est tout ensemble
industrie et beauté et qui s'emploie à
charmer la vie en multipliant autour de
nous de belles formes, exprimant de
belles pensées. »
Et au nom de l'Art, qu'il est à cette
heure le plus digne de représenter,
M. Anatole France tend aux travailleurs
une main fraternelle :
« Venez donc, vous par qui les objets
usuels sont revêtus de beauté, venez en
foule harmonieuse, venez, graveurs et
lithographes, mouleurs du métal, de
l'argile et du plâtre, fondeurs de carac-
tères et topographes, imprimeurs sur
étoffe et sur papier, peintre,. 4e décors,
bijoutiers, orfèvres, potiers, verriers,
I tablettiers, brodeurs, tapissiers, gal-
niers, relieurs, artisans, artistes, conso-
i lateurs, qui nous donnez la joie des
; formes heureuses et des couleurs, char-
mantes, bienfaiteurs des hommes, venez
avec les peintres, les sculpteurs et les
architectes. Avec eux la main dans la
main, acheminez-vous vers la cité fu-
ture. »
N'est-ce pas simple et pur comme un
chant d'Homère, ou comme une fresque
de Puvis ?
I Oui, cette fête du Travail auquel la
République vient de convier l'univers,
c'est bien la fête de l'Art, de cet art mul-
tiple et un, tel que France l'a défini, tel
! que doit le concevoir une véritable dé-
1 mocratie. Et par là l'Exposition, dans un
éblouissant et gigantesque racccourci,
neus révèle tout ce que peut accomplir
le génie humain pour nous donner du
bonheur et de la beauté, tout ce qu'il
pourra faire un jour, affranchi de ses
entraves, pour édifier cette « cité fu-
I ture Il, magnifique œuvre d'art, œuvre
de tous, dont tous seront appelés à
jouir...
| Il est un « art » pourtant qui reste in-
I férieur et méprisable, art indigne de ce
! nom, puisqu'il tue au lieu de créer : l'art
! de la guerre. Celui-là seul n'aura point
sa place marquée dans la société neuve,
1 dont rêvent les poètes et les sages ; et,
aux portes de la cité bienheureuse, on
n'entendra plus, comme ce soir, les ca-
nons ironiques chanter la paix et la joie
f de vivre...
ANDRÉE TÉRY.
La Potinière
Hier, grande affluence à Auteuil où devaient se
! courir le prix du Président de la République et le prix
Le Gourzv. Ce fut une belle journée — la première
belle journée de la saison.
Enfin en a pu s'habiller!
Les élégantes se montrèrent en leurs plus jolies et
plus fraiches toilettes; les grands couturiers avaient
sorti leurs modèles les plus séduisants. Ceux de Red-
.feru ont fuit sensation. On a admiré comme toujours
sa coupe impeccable et la beauté sans cesse renou-
velée de ses créations.
i Où les choses se compliquent.
1 C'est toujours de ce grand scandale provoqué par
Sapho aux Etats-Unis qu'il s'agit. La Commission
i des postes de la Chambre des représentants, à Was-
hington, va s'amuser aux frais de l'Etat. Elle est ap-
pelée à examiner le roman d'Alphonse Daudet Sapho
et à se prononcer sur la moralité ou l'immoralité de
l'œuvre. La semaine passée, le représentant Fitzgerald
a présenté, à la Chambre des représentants, une réso-
lution proposant d'interdire le transport du livre par
la poste.
L'affaire a été renvoyée à la commission des postes,
qui doit faire son rapport après examen du livre.
Malheureusement, aucun des membres n'avait en-
core lu Sapho, personne ne pouvait donc dire si l'ac-
cusation d'immoralité portée contre la pièce extraite
de l'œuvre d'Alphonse Daudet était réellement fondée.
La Commission a donc décidé que chacun de ses mem-
bres serait pourvu aux frais de l'Etat d'un exemplaire
de Sapho, qu'il en prendrait connaissance et ferait
ensuite un rapport sur l'opinion qu'il s'en formait. Si
la majorité des membres est d'avis que Sapho est une
œuvre immorale, il .est probable que son transport par
la posle sera défendu.
Mais sans plus tarder, un marchand de journaux
d'Ann-Arbor (Michigan) Francis Stofflet s'apprête à
brûler en public tous les exemplaires de la traduction
de Sapho qu'il a en magasin et engage les habitants
de la ville qui ont des exemplaires de ce livre et qui
désirent s'en débarrasser, à se joindre à lui pour cet
autodafé : « Je n'avais pas idée que j'avais un pareil
livre en magasin. J'ai beaucoup entendu parler de
cette oeuvre et la vente eu était fort active, mais je ne
l'avais jamais lue. L'autre soir, j'ai parcouru le livre et
j'ai dû me fermer les yeux. Si j'avais connu exacte-
ment la moralité du livre, je n'en aurais jamais vendu
un exemplaire. »
Ainsi parla l'honnête et prude commerçant cour-
roucé à un reporter de la localité.
LES SOMMELIÈRES ALLEMANDES
Deux grandes réunions viennent d'avoir
lieu, l'une à Munich, l'autre à Berlin, dans
le but d'arriver à l'organisation syndicale
des sommelières.
Munich compte 2.900, Berlin 4.000 som-
melières, employées à servir dans les bras-
series et les cafés. A Munich, la bière fait
partie de l'alimentation nationale, les bras-
series sont fréquentées par toutes les so-
ciétés, au Hofbrau (brasserie royale), le
haut fonctionnaire s'assied à la même table
de que l'ouvrier. Les femmes ont l'habitude
e la brasserie, elles y vont et viennent le
plus naturellement du monde, boivent leur
chope, lisent leur journal, et des familles
entières vont prendre leurs repas dans les
brasseries. Le type moyen de la brasserie
munichoise a donc quelque chose de fami-
lial et d'honnête.
Le type de la servante de brasserie s'en
ressent. C'est, le plus souvent, une brave
et jolie fille, qui ne demande qu'à honnê-
tement gagner sa vie.
Cette tâche ne lui est pas rendue facile.
Les jeunes femmes qui ont pris la parole
dans la réunion munichoise, se plaignaient
d'une façon générale de l'insuftisance des
salaires. La sommelière n'obtient pas de
salaire fixe, elle n'a droit que sur une partie
des pourboires qu'on lui donne, les pa-
trons, souvent d anciens garçons d'hôtel,
les traitent sans égards, la nourriture
qu'on leur donne est souvent mauvaise ou
insuffisante, et la pire des exploitations
pèse sur elles sous la forme des bureaux
de placement privés.
Les patrons'n'engagent une sommelière
que présentée par une placeuse. Or la pla-
ceuse demande de 10 a 50 marks de com-
mission.
Contre le terrorisme des placeuses, la
brutalité des patrons, l'absence d'un salaire
5xe, et l'octroi du pourboire, le nouveau
syndicat compte entreprendre la lutte. Il
iébutera par la création d'un bureau de
placement et la fondation d'une caisse de
secours.
L'initiative pour l'organisation des som-
nelières vient du côté des bourgeoises
nodérées. C'est la Société des Femmes
)avaroises, sous la présidence de Mlle
freudenberg qui a provoqué le mouvement.
Berlin a suivi de près la capitale bava-
'oise. Ici, l'éveil a été donné par un comité
le femmes appartenant au groupe socia-
iste, au groupe radical et au groupe mo-
léré, Mmes lfarer, Pappritz et Salomon.
Dans une récente réunion des employés
les restaurants, hôtels, été., les hommes
avaient, en partie, passé condamnation sur
es sommelières contre lesquelles un som-
nelier avait rtolamft, en bloo, la mise en 1
►•rte (ij
La vertueuse indignation de ces mes- !
sieurs, ont répondu les trois rapporteurs,
cache une peur très grande de la concur- j
rence. Ici comme ailleurs,l'homme voudrait
chasser la femme d'un domaine qu'il désire j
garder seul.
Cette prétention est inadmissible. Les
sommelières doivent se syndiquer pour se
maintenir sur leur terrain et pour amélio-
rer les conditions de leur travail. Ici, comme
à Munich, la sommelière n'a pas de salaire
fixe, elle est mal nourrie, elle doit pousser
à la consommation, ce qui la rend alcoo-
lique ou, pour le moins, lui détraque l'es-
tomac, elle est mal nourrie, surmenée (jus-
qu'à 18 heures de service) et les placeuses
la grugent.
Pour réagir contre cette exploitation, J'as-
semblée a chargé le bureau d'adresser au
Reichstag, une pétition portant sur les
points suivants :
t. L'obligation des patrons de donner aux
sommelières un salaire fixe, car le pour-
boire implique pour la femme obligée de
l'accepter pour vivre, un danger moral.
2. Création d'agences de placement mu-
nicipales ou de l'Etat.
3. 10 heures de repos ininterrompu par
jour.
4. Extension de l'inspection du travail
aux localités servant à. l'exercice des indus-
tries de l'alimentation, y compris les loge-
ments des emDlovées.
KAETHE SCHIRMACHER.
TRISTE FIN DE RÈVE
L'Exposition! Que de projets de fêtes, de
plaisir ce mot aura évoqués et évoquera
encore pendant de longs mois. dans le
monde entier.
Est-ce cette pensée qui nous fait trouver
plus triste le terrible accident arrivé à un
malheureux voyageur grec, entre Montbard
et Aisy à la tranchée de Bufton (Côte-d'Or),
dans 1 express de Marseille à Paris.
Banale histoire de chaque jour, simple
négligence d'employé. La portière mal fer-
mée s'est ouverte et, le voyageur, qui peut-
être admirait le paysage si pittoresque de
la Côte-d'Or, a roulé sur la voie. Ramassé
par une équipe d'ouvriers-poseurs il a été
transporté sur un wagonnet jusqu'en gare
de Montbard et de là à l'hôpital de cette
ville où son état est considéré comme dé-
sespéré.
Quelle triste fin de rêve ! Partir de là-bas
pour venir à Paris y vivre quelques jours,
quelques heures inoubliables.
Le départ, nous le connaissons tous :
les parents, les amis vous accompagnent,
vous font force souhaits de plaisir, et vous
font faire la promesse de tout voir pour
leur bien tout raconter.
La plus longue partie du voyage s'accom-
plit gaiement, allègrement. L'espérance, la
jolie espérance de l'inconnu entrevu, est
au bout de la route ; puis, crac, au détour
du chemin, un atoma, un rien arrête notre
route et... finie la joie, éteints les rires; la
douleur et en le cas présent, peut-être la
mort, nous arrivent.
Comme nous le disions en commençant
ce fait banal et qui en d'autre temps eût
passé presque inaperçu, laisse songeur
devant la fatalité qui bêtement, stupide-
ment fait qu'à ce malheureux venu, nous
demander une hospitalité joyeuse et
bruyante, nous serons peut-être obligés
d'offrir le repos d'une tombe; et que là-bas,
dans sa famille, les rires à peine éteints se
Rhanc'erftnt. en santrloLs.
J. DE MAGUERIE.
Élections au Conseil Supérieur
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Scrutin du 26 avril
Mes prévisions (voir la Fronde du
14 avril), se sont réalisées. Mlle Saffray
remercie « une fois encore, les électeurs
de l'honneur qu'ils lui ont fait en la
chargeant spécialement de représenter
les femmes au Conseil supérieur de
l'instruction publique, et les prie de
faire passer son mandat en d'autres
mains ».
Quelque limité que soit le temps qui
nous sépare du jour des élections, je
veux espérer que ce siège — qui fut le
mien — ne sera pas perdu pour les fem-
mes ; que le corps enseignant primaire
tout entier voudra encore confier à l'une
d'elles les intérêts de l'éducation fémi-
nine et que les institutrices de tout
ordre tiendront à honneur de conserver
le fruit des efforts tentés depuis 1886.
Mais il faut se hâter.
Je m'adresse aujourd'hui directement
aux deux inspectrices que j'ai nommées
hier : Mmes Rauber et Merlet ; aux di-
rectrices des Ecoles Normales les plus
importantes : à MmeBourguet.de Paris,
à Mlle Kieffer de Douai ; à Mme Menat
de Rouen ; à Mlle March de Nancy ; à
quelques institutrices membres des con-
seils départementaux, entre autres à
Mmes Baslaire et Beauparlan (Seine) et
je les conjure de s'entendre sur un nom,
au moins, et de lancer des circulaires.
C'est plus vite fait qu'on ne croit, sur-
tout si la candidate veut bien dire ce
qu'elle est, et ne pas se perdre dans les
petits détails, toujours les mêmes, d'ail-
leurs.
Ce qu'elle est d'abord :
Dévouée, sans réticence aux institu-
tions démocratiques ;
Laïque... irréductiblement.
Persuadée que la prospérité morale du
pays dépend de l'éducation de IlLfemme,
autant que de celle de l'homme, et que
cette éducation doit avoir pour but d'é-
clairer la raison, d'affranchir la cons-
cience, de fortifier la volonté, et par con-
séquent le sentiment de la dignité hu-
maine.
Ce qu'elle fera ensuite.
Eh bien ! elle agira toujours pour se
rapprocher du but qu'elle se propose :
Elle votera toutes les mesures tendant à
simplifier les programmes d'enseigne-
ment, à remplacer la préparation aux
examens par un travail méthodique et
soutenu pendant tout le temps de la
scolarité ;
Elle voudra que l'intérêt moral du
personnel, dorénavant bien compris,
consiste plutôt en une situation maté-
rielle indépendantequ'en des récompen-
ses et des distinctions puériles.
Elle fera... Mais ce n'est pas à moi de
lui dicter sa circulaire. Je ne lui demande
1 que de se hâter.
PAULINE KERGOMARD.
On dit...
COURSES A LONCHAMPS
Nos pronostics :
Prix du Parc des Princes. — Mouaro
Prix des Cars. — MyosoLis il.
Prix Biennal. — Codoman.
Prix de la Coupe. — Fourire.
Prix de lEtoile. — Talisman Il.
Prix d Auteuil. — Maeistral.
DANS LES EGLISES
Hier, fête de Pâques, d'imposantes céré-
monies ont eu lieu dans la plupart deS
églises de Paris.
A l'église métropolitaine, Notre-Dame. no.
tamment, les offices solennels ont été pré.
aidés par Mgr Richard, cardinal-archevê-
que, qui, après la grand'messe chantée par
la maîtrise sous la direction de M. l'abbé
Gespitz, a donné la bénédiction pontificale.
Un peu avant cette solennité, une messe
avait été dite devant une nombreuse assis.
tanco, exclusivement composée d'hommes
auxquels le R. P. Etourneau avait adressé
un éloquent discours.
Presque partout dans les églises, par les
soins des maîtres de chapelle, les cérémo-
nies ont eu lieu avec accompagnement de
choeurs, orchestre et orgues. Les œuvres
des maîtres de la musique sacrée ont été
interprétées. A la Madeleine, à Saint-Roch,
à Saint-Pierre de Challlot,à Saint-François-
de-Sales et à Saint-Germain-des-Près, c'est
Chérubini qui figurait au programme;
Gounod avait les honneurs à Saint-Louis
d'Antin, Saint-Paul, Saint-Louis, Saint-Via-
cent-de-Paul, Saint-Ferdinand des Ternes,
Saint-Sulpice, Saint-Jean, Saint-François,
etc., ote. M. Samuel Rousseau à Sainte.
Clotilde, a dirigé une de ses compositions,
Pâques, qui a été exécutée également à
Saint-Roch, à Saint-Médard et à Saint-Am-
broise. Enfin Beethoven, Paladilhe, César
Franck, Niedermeyer et Casemajor avaient
les honneurs des nroerammfts.
AU LADIES' CLUB
Très charmante soirée au Ladies' Club du
boulevard Malesherbes. La présidente, Mme
Février de Marsy, avait organisé une inle.
ressante conférence de Kismet, le chiro-
mancier anglais. Parmi les attractions da
cette conférence, signalons une suite da
projections représentant les divers carac-
tères que prennent les mains dans les
diverses maladies. C'est une série fort
curieuse.
Après la conférence, et devant les quel-
ques intimes du club, une jeune, jolie — et
ingénieuse — chiromancienne, que nos lec-
trices verront sans doute à l'œuvre à la
Fronde même, et qu'elles pourront appré-
cier, Mme Fraya, a reconstitué, d'après
leur main, la psychologie et le caractère da
quelques personnes présentes. Ce sont là
des divinations d'un contrôle plus facile et
nlll!l immédiat aue la. Drévision de l'avenir.
LE COLONEL OLCOTT A PARIS.
Président de la Société théosophiqua
dont il fut le fondateur avec Mme Blat-
wasky, le colonel Olcott vient de traverser
Paris se rendant en Angleterre et de là en
Amérique, car son intention, en quittant
l'Inde, a été de venir visiter tous les cen-
tre3 d'activité de la Société et de se rendre
compte des travaux qui s'y sont accom.
plis.
Le colonel Olcott n'est resté qu'un seul
jour à Paris où il repassera à son retour ;
il a présidé, samedi, une Il séance .. des
théosonhes parisiens et il a principalement
entretenu son auditoire des Mahatmas ces
« Filles de Thibet » dont l'existence est si
violemment contestée par les adversaires
du mouvement théosophique. M. Olcott a
exposé, d'une façon tout particulièrement
intéressante, les raisons pour lesquelles
l'existence de ces êtres supérieurs ne peut
être niée non plus que leur influence cons-
tante et hautement bienfaisante sur le dà«
veloonement de l'humanité.
MIEX, MEILLEUR MARCHÉ
C'est aux Etablissements AlLez treres, i,
rue SL-Martm, que s'adressent toutes les
personnes désireuses de monter ou de re-
monter économiquement leur ménage.
COURS CLINIQUE POUR LES FEMMES
Le ministère de 1 ltisn'uct.tuti puu.uiue.u-
sons-nous dans le Journal de Xdiiit-Pélcrs*
bourg, a informé la délégation municipale,
qu'à partir de ta prochaine année scolaire,
des cours cliniques seront ouverts à l'ins-
titut de médecine pour les femmes,et qu il
serait dès lors désirable qu'une section cli.
nique spéciale flil aménagée à l hôpital^ da
Saint-Pierre et Saint-Paul. La délégation
municipale a autorisé l'institut de méde-
cine pour les femmes à aménager à ses
frais des sections cliniques pour 130 lits i-
l'hôpital sus-mentionné.
LA SANTÉ DE M. ROSTAND
L'état de M. Edouard Rostand ne s est pas
amélioré : Le malade a eu samedi une nutt
très agitée et le docteur Grancher qui le
soigne n'a pas constaté hier matin uns
diminution de fièvre.
Le dernier bulletin porte : Etat station*
naipd
LES FEMMES DE CHAMBRE A PHILA-
DELPHIE
Les femmes de chambre et en geiu-ral
toutes les domestiques sont, on le sait,
fort heureuses en Amérique. Pour un tra-
vail beaucoup moindre que celui exige dans
les autres pays, elles sont payées mimi-
ment plus.
Une revue étrangère nous cite, dans uns
étude sur les conditions des llomesllquL'S,
une dame qui, à Philadelphie,possède à sori
service trois négresses.Jont une cuisiniere,
auxquelles elle donne 2,jJ-0 francs de sa£C.i
tixes.
En outre de ce traitement, chaque ser-
vante reçoit au moins 00 dollars d étrennes
et de cadeaux par an.
La cuisinière s'est récemment pays un
piano dont elle joue tous les dimanches e
souvent le soir. Les deux autres bonn^ s,
logées à part (chambres à coucher, CID i-
nets de toilette et salon commun ) sor-
tent à tour de rôle deax fois par I
vont souvent au bal, au théâtre, et fo
partie d'un club littéraire de jeune4
« LA COLONNE DE LA VICTOIRE » RES-
TAUREE
La colonne de la Victoire "PacO au ^
tp-lel', érigée en 180S, pour commomoren*
campagne d'Egypte, vient d'être restaureo,
remise à neuf et apparaît aujourd
même, toute différente de l'aspect pitoy
ble où on l'avait laissée jusqu .ici-
La Victoire en plomb doré qui surmon
la colonne va resplendir d'on éclat nous
QUATRIÈME ANNEE. — N" WO ^
LUNDI t8 AW& JW- rr TOUR FERIB
YIlUMBRO: CEMQ oénûttk
CALEROMU itrsBucia
t7 GERMINAL AN CY18
-
OL
1
CALEVMIII PBOTISTUTI
...ac- de la Bible à lira et I iitfMi
JÉRÉM1E XXXI. 18-20
ClLEIOBlil If ssi
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Tontes les communications reiatrras m
la rédaction doivent être envoyées & Mme
Bbubt Pournier, rédactrice en chef de la
RONOB.
Lei manuscrits mon insères ne serotUpa^reruxu^
Aujourd'hui
16 avril.
Lundi de pa48U"
Courses à Lcéfrhamp.
Expositions : A la Fronde Exposition d Aqua-
relies et d'Eventails, de Mme Elisabeth Ibels,
(Bntrt'e gratuite .
Salon de 1900. avenue de Breteuil.
Galerie Georges Petit, rue ae Sèze, les
Pastellistes
A 1 Elysée grande fête à propos de l'inaugura-
tion de rExpoaittOQ : grand dîner de 250 cou-
verts, suivi de réception et de bal.
Ouverture du congrès de la Fédération de la
Libre Pensée..
Anniversaire de la naissance du prince Mirko
de Munténégro.
L'Enseignement Mutuel. 41, rue de la Cha-
pelle, à 8 h. 112, réunion amicale, causerie.
Le,i Musées sont Ici mt:s le lundi.
L'École de
l'Imagination
Dialogue funambulesque
Prologue
- Justement émus par mon dernier arti-
ele. le Prince Bengali, la belle Indienne,
les Dames Moresques, les Hommes de
Plâtre, la Femme « Hémigyne n, le Sca-
phandrier. le Directeur du Musée Anato-
mique.le Pasteur des Lapins blancs et le
Derviche des Autruches tournantes, sont
venus me voir, en députation. Ma sur-
prise et ma joie surpassèrent l'indignation
de ma concierge. J 'offris des sièges variés
& mes hôtes, et seule, devant cet aréo-
page multicolore, j 'écoutai le réquisitoire
prononcé sur un mode lyrique, par cou-
plets alternés,
Le Directeur du Musée Anatomique.
« Homme grave, répugnant aux exhibi-
tions frivoles, prêtre populaire de la
Science, je commence ma plainte qu'ont
répétée les échos sonores du boulevard
consacrés à Pasteur. Là, depuis l'antique
gare Montparnasse, antre des locomoti-
ves redoutables et aventureuses, jusqu'au
puits aérien de Grenelle, entre deux ave-
nues de toiles peintes, la foule grisâtre
du jeudi, la foule bariolée du dimanche
piétine comme un long troupeau. Ce lieu
n'est point habité par les Muses aux
sandales d'or, mais la déesse Persuasion
s'y complaît. Sa puissance aimable donne
nn accent pathétique à la voix enrouée
du pitre, et les porte-monnaie ouverts
laissent couler un flot de bronze. Là,
l'appel parmi le ronflement des tambours, et
appel strident des cuivres, vous êtes
venue, ô Rédactricedela Fronde. Et vous
avez annoncé à toute la terre que la lai-
deur régnait sur Vaugirard !
« Femme imprudente ! Il ne convient
pas aux mortels de franchir l'enceinte
éclatante de nos murs fragiles, s'ils n'ont
S>u garder leurs yeux et leurs âmes d'en-
tant. Le Peuple, enfant éternel, nous
contemple avec piété. Indifférent à la
qualité des satins, à la sincérité des ors,
toutes choses lui apparaissent merveil-
leuses. Il ignore la loi des rythmes et la
loi des couleurs complémentaires, mais
Il nousdemande précisément ce que nous
pouvons lui offrir : l'occasion du Rêve.
« Nous entr ouvrons pour lui, les por-
tes de la Réalité, et l'Imagination, dépas-
sant nos tréteaux et nos décors, s'élance
à travers les champs du mystère.
« Ecoutez.
« Je suis le fil3 bâtard d'Esculape —
an fils non reconnu et même désavoué
par le dieu. Je le sers. pourtant. Au flanc
de cire des mannequins, je dévoile le
réseau violet des artères et des veines,
l'harmonie interne des organes, leur
fonction, leur place et leur beauté parti-
culière, beauté un peu effrayante et ré-
Mis. pugnante dont 1 avenir reconnaîtra les
ois. Quand les maçons et les fruitières
aortent de mon Musée, ils n'osent plus
regarder leur propre thorax. Et d'avoir,
an peu, si peu ! considéré la Nature dans
non chef-d'œuvre, ils gardent un frisson
sacré — pour la plus grande gloire des
médecins, mes frères ainés, charlatans
qui ont eu de la chance ! »
Ainsi parla le Directeur. Et la Femme
Hémigyne et le Prince Bengali s'écriè-
rent :
La Femme Hémigyne
, « On m'a baptisée l'Ilémigyne. Je
porte, sans le bien comprendre, ce nom
grec et mystérieux. Mon père me nom-
mait Eugénie. Le mot d'Hémigyne, par
une analogie euphonique, m'est devenu
familier et doux. Je suis faite comme
tout le monde, et bonne épouse, bonne
mère, je ne me distinguerais en rien des
autres mortelles, si quelques grains de
beauté un peu sombres, n'étoilaient ma
gorge nourricière et mes bras puissants.
Mon époux,auseuil de la baraque,chante
ma gloire : « Depuis la tête jusqu'à la
ceinture, cette personne appartient au
sexe féminin, et depuis la ceinture jus-
qu'aux pieds, elle appartient au cheval-
pie. » Ces paroles ailées, jettent l'incer-
wude et le désir dans le cœur des fou-
lox, et les gens au-dessu de seize ans se
pressent pour me contempler. Ils ne
croient rien, qu'un buste moins décolleté
que celui d'une duchesse au bal,des jam-
lies chastement voilées d'un jupon gris.
Et cela déçoit les militaires qui ont payé
dem.-place. Qu'importe!... Ils ont rêvé
le ne sais quels aspects d'une humanité
nouvelle. Ma pudeur les guérit d'une
malsaine curiosité. »
Le Prince Bengali j
« Haut de soixante-dix centimètres, je i
gagne six sous par jour pour troubler de
compassion le cœur sensible des dames, 1
Q ■ *
et réveiller l'orgueil des messieurs bien
bâtis et bien portants. Au spectacle de
ma déchéance, les ordinaires petits hom-
mes goûtent la douceur de se croire
géants, et un immense espoir emplit
leur âme quand une jolie tille les re-
garde après m'avoir regardé. Il
La belle Indienne
«Je ne suis ni belle, ni Indienne. Je
ne suis même pas une femme. Né à
Batignolles, je uanomme Arthur.Mais,
quelques plume"e coq dans mes che-
veux, un maillot café au lait sur mon
corps d'éphèbe et les spectateurs revi-
vent les aventures de Bas-de-Cuir et des
Mohicans. Ils respipent l'odeur des sa-
vanes, et le relent des calumets de paix.
Les plus naïfs songent à Fenimore Coo-
Îer, et les plus lettrés à Chateaubriand.
J'inspire aux écoliers un vif amour pour
la géographie. >♦
1 Les Moresques
| « Nous sommes les Houris des contes
'arabes. Nous excitons la jeunesse à co-
loniser. Et le fard de nos pommettes,
le khol de nos cils, les grelots de nos
tambourins, l'ampleur de nos hanches
font surgir dans un mirage toute une
Algérie d'opérette et de bazar. Les goua-
pes les plus réfractaires rêvent de se
faire zouaves pour nous voir de plus
près..
Le Scaphandrier
« Je ressemble, sous mon vêtement de
caoutchouc et mes cuivres étincelants
aux Marsiens de la Guerre des Mondes.
J'ouvre, à la pensée populaire, les abîmes
d'émeraude, fleuris de coraux, hantés
de monstres bizarres et silencieux. Je
suis héroïque et scientifique comme les
romans de Jules Verne. »
Les Hommes de Plâtre.
« La rougeur de nos nez, piqués par la
bise d'un aigre printemps, transparait
sous la farine qui nous couvre. Lourdes
sur nos chevilles; comiques nos profils
sous le casque ciselé. Nos draperies de
flanelle se plissent sur des corps un peu
las. Mais nous sommes trouvés beaux j
par les gens qui ne font pas attention
aux statues. On ne nous regarderait pas
si nous étions en marbre et si Phidias
nous avait sculptés. »
Le Pasteur des Lapins.
« Les chevaux de bois ont vécu. Je suis
le Pasteur des Lapins, non pour leur
inoculer des sérums foudroyants, comme
mon illustre homonyme, mais pour offrir
le siège confortable de leur dos imma-
culé aux loustics, amateurs de plaisante-
ries faciles. Je sers à la fois le Symbo-
lisme et la vieille gaîté française. »
Le Derviche des Autruches tournantes.
a Ils ont vécu, les chevaux de bois!
Mes autruches emportent les amants, les
enfants, les bonnes et les militaires, vers
le grand Sahara mélancolique, terre du
soleil et de la soif. Je suggère à mes
clients les émotions des caravanes en
détresse, et je fais la fortune des mar-
chands de coco. »
En choeur.
« Notre laideur est un moyen de créer
du Rêve, et le Rêve crée de la Beauté.
Voilà ce qu'il faut dire dans la Fronde,
pour qu'on n'accuse pas Mme Marcelle
Tinayre de faire tort au pauvre monde
des forains. »
Je m'inclinai, je promis et je recon-
duisis humblement mes hôtes jusqu'au
bas de l'escalier. Peut-être allaient-ils
chez Mme Andrée Téry, ma voisine. Le
directeur du Musée Anatomique n'a pas
pardonné à notre chère camarade d'avoir
peu goûté l'exhibition des victimes de
Jack l'Eventreur.
Maintenant, j'ai la conscience tran-
quille.
MARCELLE TINAYRE.
EN AMÉRIQUE
Tandis que tous les regards sont fixés
sur l'Exposition et tous les esprits hyp-
notisés par elle, jetons un coup d'œil
vers l'Amérique. Ce qui s'y passe, en ce
moment, pourrait changer l'avenir du
monde.
La crise de l'élection présidentielle y
est commencée. On peut môme dire
qu'elle n'a pas cessé depuis l'arrivée au
pouvoir du président actuel, M. Mac-
Kinley. Depuis trois ans, en effet, M.
Bryan, le candidat favori du parti démo-
crate qui a été vaincu, n'a pas cessé sa
campagne de revanche. Il a promené
dans tous les états et dans les petites
comme dans les grandes villes, les tor-
rents entrainants de son éloquence tri-
bunitienne.
La guerre du Transvaal est venue lui
fournir un terrain nouveau d'attaque
contre son vainqueur. M. Bryan a pris,
contre l'Angleterre, le parti des Boers.
Laréponse froide et presque dédaigneuse
du président Mac-Kinley à la demande
de médiation des présidents des deux
républiques africaines, et sa manière in-
différente de la transmettre au gouver- (
nement anglais, sont venues fournir à
son rival une plate-forme politique nou-
velle. Mais si M. Bryan a pris cette atti-
tude, c'est évidemmeut parce qu'il a re-
connu qu'elle pouvait lui attirer les
sympathies des populations américaines
et renforcer son parti dans les divers
états.
Son attitude est donc symptomatique
des progrès de l'opinion en faveur des
Boers et contre l'Angleterre.
Mais M. Bryan et M. Mac-Kinley ne
sont pas les seuls candidats en présence.
Il y en a trois autres.
M. Clevelaud, asteien président égale-
ment démocrate, se prononce aussi éner-
giquement dt
qui assure l'indépendance des deux ré-
publiques sud-africaines.
M. Harrisson, également ancien pré-
sident, mais du parti républicain, comme
M. Bryan et M. Cleveland, reproche à
M. Mac-Kinley son refus d'intervenir
Jans le connïranglo-transyaalien...
Enfin, ternirai Dewey, le héros de
Cavité, qui décidément a aocepté la caa-
• •
didature à la présidence, se défend aussi
d'être impérialiste et proteste de toutes
ses forces qu'il veut la paix et fera tout
ce qu'il faut pour l'imposer.
Devant cette unanimité de ses concur-
rents, M. Mac-Kinley, s'il n'ose se déju-
ger, du moins se tait, reconnaissant la
nécessité de ne pas prendre l'opinion
publique à rebrousse-poil sur un point
où, bien évidemment, elle ne lui est plus
favorable, supposant qu'elle l'ait jamais
été. En sorte que, même dans la suppo-
sition qu'il fût réélu, il aurait, en quel-
que sorte, les mains liées sur cette ques-
tion qui semble devoir s'imposer comme
la véritable plate-forme politique de
l'élection présidentielle.
Jusqu'ici, l'attitude M. Mac-Kinley, si
évidemment contraire aux Boers, pou-
vait faire supposer qu'en Amérique, les
sympathies allaient de préférence à l'An-
gleterre. Il pouvaiten être ainsi dans une
certaine classe, qui constitue déjà une
sorte d'aristocratie américaine, où l'on
se glorifie d'une pure descendance an-
glaise, où l'on imite servilement les
mœurs, les usages de la noblesse, ou
tout au moins de la gentry anglaise.
Naturellement, le président Mac-Kinley,
plus spécialement entouré par cette
petite caste qui tient le premier rang
dans les grandes villes, comme New-
York, Philadelphie, Washington, Bos-
ton, c'est-à-dire dans les anciennes pro-
vinces peuplées par la race anglaise, a
pu se tromper quelque temps sur l'état
de l'opinion dans toute la Confédération,
et croire que ses propres sentiments sur
cette question quasi-ethnique, étaient en
majorité ceux de la nation américaine,
où cependant un fort élément irlandais
est loin d'avoir pour l'Angleterre les
mêmes sympathies. L'élément germani-
que lui-même n'a aucune raison d'être
attaché à l'Angleterre, et l'attitude éva-
sive de l'Allemagne, dans la question,
ne saurait l'encourager.
Mais, avant tout, les Américains ont
leur tradition historique. Ils ne peuvent
oublier qu'ils sont d'anciens colons ré-
voltés contre l'Angleterre. A cet égard,
la cause des Boers ne peut que leur être
sympathique.
Quoi qu il arrive, et quel que soit le
résultat de la lutte électorale, il est à peu
près certain que le candidat qui en sor-
tira vainqueur sera contraint d'agir plus
ou moins énergiquement pour imposer à
l'Angleterre une médiation tendant à lui
imposer l'obligation avec les Boers une
paix honorable.
Mais si le gouvernement anglais, per-
sistantdans son attitude actuelle, repous-
se cette médiation, on ne voit pas d'autre
moyen de le forcer à la subir que de lui
déclarer la guerre, et alors !...
C'est la guerre étendue entre les deux
mondes.
Peut-on croire que l'Europe en res-
tera simple spectatrice?
CLÉMENCE ROYER.
Vers la Cité future
« Un jour viendra ou le monde ne con-
Mitra plus que Les rivalités fécondes de
la paix et les luttes glorieuses du tra-
vail ! •
(MILLERAND.)
« Bientôt peut-être,nous aurons franchi
un stade important dans la lente évolu-
tion du gravait vers le bonheur et di
l'homme vers l'humanité. -
(EMILE LOUBET.)
Une violente canonnade annonçait
avant-hier à la Ville attentive le com-
mencement de la fête, la grande fête de
la Paix. Car les fêtes de la Paix, ça com-
mence toujours par des coups de canon.
Sivispacem... Clairons,tambours, sabres
et cuirasses ! Des chœurs entonnèrent la
Marseillaise : « Aux armes,citoyens ! » Puis
M. Millerand parla. Il dit les paroles at-
tendues, les paroles d'espoir et de con-
corde. Il rappela la conférence de la
Haye. « Un jour viendra où le monde ne
connaîtra plus que les rivalités fécondes
de la paix et les luttes glorieuses du tra-
vail. »
Et M. Loubet lui répondit sur le même
ton, avec la même éloquence : « OEuvre
d'harmonie, de paix et de progrès...
I Bientôt peut-être, nous aurons franchi
i un stade important dans la lente évolu-
tion du travail vers le bonheur, et de
l'homme vers l'humanité. »
Et là-dessus, les troupes en armes re-
gagnèrent la caserne, où elles continuent
à préparer la paix.
•
• *
Ne fut-ce pas aussi comme un discours
inaugural, celui qu'avait prononcé la
veille M. Anatole France à la représenta-
tion du Théâtre civique? Oui, ses pa-
roles, comme celles de M. Jaurès, seront
entendues des artisans et des artistes,
dont la collaboration féconde a produit
les merveilles que le monde entier se
prépare à venir contempler...
M. France affirma l'unité de l'art.
Que signifie la distinction, aussi fâ-
cheuse que classique, des beaux-arts et
des arts industriels? Il faut plaindre l'ar-
tiste qui n'est pas un artisan, l'artisan
qui n'est pas un artiste.
« Effaçons, dit M. France, ces distinc-
tions inintelligentes, renversons cette
méchante barrière, et considérons l'invi-
sible unité de l'art dans ses manifesta-
tions infinies. Non 1 Il n'y a pas deux
sortes d'arts, les industriels etles beaux:
il n'y a qu'un art, qui est tout ensemble
industrie et beauté et qui s'emploie à
charmer la vie en multipliant autour de
nous de belles formes, exprimant de
belles pensées. »
Et au nom de l'Art, qu'il est à cette
heure le plus digne de représenter,
M. Anatole France tend aux travailleurs
une main fraternelle :
« Venez donc, vous par qui les objets
usuels sont revêtus de beauté, venez en
foule harmonieuse, venez, graveurs et
lithographes, mouleurs du métal, de
l'argile et du plâtre, fondeurs de carac-
tères et topographes, imprimeurs sur
étoffe et sur papier, peintre,. 4e décors,
bijoutiers, orfèvres, potiers, verriers,
I tablettiers, brodeurs, tapissiers, gal-
niers, relieurs, artisans, artistes, conso-
i lateurs, qui nous donnez la joie des
; formes heureuses et des couleurs, char-
mantes, bienfaiteurs des hommes, venez
avec les peintres, les sculpteurs et les
architectes. Avec eux la main dans la
main, acheminez-vous vers la cité fu-
ture. »
N'est-ce pas simple et pur comme un
chant d'Homère, ou comme une fresque
de Puvis ?
I Oui, cette fête du Travail auquel la
République vient de convier l'univers,
c'est bien la fête de l'Art, de cet art mul-
tiple et un, tel que France l'a défini, tel
! que doit le concevoir une véritable dé-
1 mocratie. Et par là l'Exposition, dans un
éblouissant et gigantesque racccourci,
neus révèle tout ce que peut accomplir
le génie humain pour nous donner du
bonheur et de la beauté, tout ce qu'il
pourra faire un jour, affranchi de ses
entraves, pour édifier cette « cité fu-
I ture Il, magnifique œuvre d'art, œuvre
de tous, dont tous seront appelés à
jouir...
| Il est un « art » pourtant qui reste in-
I férieur et méprisable, art indigne de ce
! nom, puisqu'il tue au lieu de créer : l'art
! de la guerre. Celui-là seul n'aura point
sa place marquée dans la société neuve,
1 dont rêvent les poètes et les sages ; et,
aux portes de la cité bienheureuse, on
n'entendra plus, comme ce soir, les ca-
nons ironiques chanter la paix et la joie
f de vivre...
ANDRÉE TÉRY.
La Potinière
Hier, grande affluence à Auteuil où devaient se
! courir le prix du Président de la République et le prix
Le Gourzv. Ce fut une belle journée — la première
belle journée de la saison.
Enfin en a pu s'habiller!
Les élégantes se montrèrent en leurs plus jolies et
plus fraiches toilettes; les grands couturiers avaient
sorti leurs modèles les plus séduisants. Ceux de Red-
.feru ont fuit sensation. On a admiré comme toujours
sa coupe impeccable et la beauté sans cesse renou-
velée de ses créations.
i Où les choses se compliquent.
1 C'est toujours de ce grand scandale provoqué par
Sapho aux Etats-Unis qu'il s'agit. La Commission
i des postes de la Chambre des représentants, à Was-
hington, va s'amuser aux frais de l'Etat. Elle est ap-
pelée à examiner le roman d'Alphonse Daudet Sapho
et à se prononcer sur la moralité ou l'immoralité de
l'œuvre. La semaine passée, le représentant Fitzgerald
a présenté, à la Chambre des représentants, une réso-
lution proposant d'interdire le transport du livre par
la poste.
L'affaire a été renvoyée à la commission des postes,
qui doit faire son rapport après examen du livre.
Malheureusement, aucun des membres n'avait en-
core lu Sapho, personne ne pouvait donc dire si l'ac-
cusation d'immoralité portée contre la pièce extraite
de l'œuvre d'Alphonse Daudet était réellement fondée.
La Commission a donc décidé que chacun de ses mem-
bres serait pourvu aux frais de l'Etat d'un exemplaire
de Sapho, qu'il en prendrait connaissance et ferait
ensuite un rapport sur l'opinion qu'il s'en formait. Si
la majorité des membres est d'avis que Sapho est une
œuvre immorale, il .est probable que son transport par
la posle sera défendu.
Mais sans plus tarder, un marchand de journaux
d'Ann-Arbor (Michigan) Francis Stofflet s'apprête à
brûler en public tous les exemplaires de la traduction
de Sapho qu'il a en magasin et engage les habitants
de la ville qui ont des exemplaires de ce livre et qui
désirent s'en débarrasser, à se joindre à lui pour cet
autodafé : « Je n'avais pas idée que j'avais un pareil
livre en magasin. J'ai beaucoup entendu parler de
cette oeuvre et la vente eu était fort active, mais je ne
l'avais jamais lue. L'autre soir, j'ai parcouru le livre et
j'ai dû me fermer les yeux. Si j'avais connu exacte-
ment la moralité du livre, je n'en aurais jamais vendu
un exemplaire. »
Ainsi parla l'honnête et prude commerçant cour-
roucé à un reporter de la localité.
LES SOMMELIÈRES ALLEMANDES
Deux grandes réunions viennent d'avoir
lieu, l'une à Munich, l'autre à Berlin, dans
le but d'arriver à l'organisation syndicale
des sommelières.
Munich compte 2.900, Berlin 4.000 som-
melières, employées à servir dans les bras-
series et les cafés. A Munich, la bière fait
partie de l'alimentation nationale, les bras-
series sont fréquentées par toutes les so-
ciétés, au Hofbrau (brasserie royale), le
haut fonctionnaire s'assied à la même table
de que l'ouvrier. Les femmes ont l'habitude
e la brasserie, elles y vont et viennent le
plus naturellement du monde, boivent leur
chope, lisent leur journal, et des familles
entières vont prendre leurs repas dans les
brasseries. Le type moyen de la brasserie
munichoise a donc quelque chose de fami-
lial et d'honnête.
Le type de la servante de brasserie s'en
ressent. C'est, le plus souvent, une brave
et jolie fille, qui ne demande qu'à honnê-
tement gagner sa vie.
Cette tâche ne lui est pas rendue facile.
Les jeunes femmes qui ont pris la parole
dans la réunion munichoise, se plaignaient
d'une façon générale de l'insuftisance des
salaires. La sommelière n'obtient pas de
salaire fixe, elle n'a droit que sur une partie
des pourboires qu'on lui donne, les pa-
trons, souvent d anciens garçons d'hôtel,
les traitent sans égards, la nourriture
qu'on leur donne est souvent mauvaise ou
insuffisante, et la pire des exploitations
pèse sur elles sous la forme des bureaux
de placement privés.
Les patrons'n'engagent une sommelière
que présentée par une placeuse. Or la pla-
ceuse demande de 10 a 50 marks de com-
mission.
Contre le terrorisme des placeuses, la
brutalité des patrons, l'absence d'un salaire
5xe, et l'octroi du pourboire, le nouveau
syndicat compte entreprendre la lutte. Il
iébutera par la création d'un bureau de
placement et la fondation d'une caisse de
secours.
L'initiative pour l'organisation des som-
nelières vient du côté des bourgeoises
nodérées. C'est la Société des Femmes
)avaroises, sous la présidence de Mlle
freudenberg qui a provoqué le mouvement.
Berlin a suivi de près la capitale bava-
'oise. Ici, l'éveil a été donné par un comité
le femmes appartenant au groupe socia-
iste, au groupe radical et au groupe mo-
léré, Mmes lfarer, Pappritz et Salomon.
Dans une récente réunion des employés
les restaurants, hôtels, été., les hommes
avaient, en partie, passé condamnation sur
es sommelières contre lesquelles un som-
nelier avait rtolamft, en bloo, la mise en 1
►•rte (ij
La vertueuse indignation de ces mes- !
sieurs, ont répondu les trois rapporteurs,
cache une peur très grande de la concur- j
rence. Ici comme ailleurs,l'homme voudrait
chasser la femme d'un domaine qu'il désire j
garder seul.
Cette prétention est inadmissible. Les
sommelières doivent se syndiquer pour se
maintenir sur leur terrain et pour amélio-
rer les conditions de leur travail. Ici, comme
à Munich, la sommelière n'a pas de salaire
fixe, elle est mal nourrie, elle doit pousser
à la consommation, ce qui la rend alcoo-
lique ou, pour le moins, lui détraque l'es-
tomac, elle est mal nourrie, surmenée (jus-
qu'à 18 heures de service) et les placeuses
la grugent.
Pour réagir contre cette exploitation, J'as-
semblée a chargé le bureau d'adresser au
Reichstag, une pétition portant sur les
points suivants :
t. L'obligation des patrons de donner aux
sommelières un salaire fixe, car le pour-
boire implique pour la femme obligée de
l'accepter pour vivre, un danger moral.
2. Création d'agences de placement mu-
nicipales ou de l'Etat.
3. 10 heures de repos ininterrompu par
jour.
4. Extension de l'inspection du travail
aux localités servant à. l'exercice des indus-
tries de l'alimentation, y compris les loge-
ments des emDlovées.
KAETHE SCHIRMACHER.
TRISTE FIN DE RÈVE
L'Exposition! Que de projets de fêtes, de
plaisir ce mot aura évoqués et évoquera
encore pendant de longs mois. dans le
monde entier.
Est-ce cette pensée qui nous fait trouver
plus triste le terrible accident arrivé à un
malheureux voyageur grec, entre Montbard
et Aisy à la tranchée de Bufton (Côte-d'Or),
dans 1 express de Marseille à Paris.
Banale histoire de chaque jour, simple
négligence d'employé. La portière mal fer-
mée s'est ouverte et, le voyageur, qui peut-
être admirait le paysage si pittoresque de
la Côte-d'Or, a roulé sur la voie. Ramassé
par une équipe d'ouvriers-poseurs il a été
transporté sur un wagonnet jusqu'en gare
de Montbard et de là à l'hôpital de cette
ville où son état est considéré comme dé-
sespéré.
Quelle triste fin de rêve ! Partir de là-bas
pour venir à Paris y vivre quelques jours,
quelques heures inoubliables.
Le départ, nous le connaissons tous :
les parents, les amis vous accompagnent,
vous font force souhaits de plaisir, et vous
font faire la promesse de tout voir pour
leur bien tout raconter.
La plus longue partie du voyage s'accom-
plit gaiement, allègrement. L'espérance, la
jolie espérance de l'inconnu entrevu, est
au bout de la route ; puis, crac, au détour
du chemin, un atoma, un rien arrête notre
route et... finie la joie, éteints les rires; la
douleur et en le cas présent, peut-être la
mort, nous arrivent.
Comme nous le disions en commençant
ce fait banal et qui en d'autre temps eût
passé presque inaperçu, laisse songeur
devant la fatalité qui bêtement, stupide-
ment fait qu'à ce malheureux venu, nous
demander une hospitalité joyeuse et
bruyante, nous serons peut-être obligés
d'offrir le repos d'une tombe; et que là-bas,
dans sa famille, les rires à peine éteints se
Rhanc'erftnt. en santrloLs.
J. DE MAGUERIE.
Élections au Conseil Supérieur
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Scrutin du 26 avril
Mes prévisions (voir la Fronde du
14 avril), se sont réalisées. Mlle Saffray
remercie « une fois encore, les électeurs
de l'honneur qu'ils lui ont fait en la
chargeant spécialement de représenter
les femmes au Conseil supérieur de
l'instruction publique, et les prie de
faire passer son mandat en d'autres
mains ».
Quelque limité que soit le temps qui
nous sépare du jour des élections, je
veux espérer que ce siège — qui fut le
mien — ne sera pas perdu pour les fem-
mes ; que le corps enseignant primaire
tout entier voudra encore confier à l'une
d'elles les intérêts de l'éducation fémi-
nine et que les institutrices de tout
ordre tiendront à honneur de conserver
le fruit des efforts tentés depuis 1886.
Mais il faut se hâter.
Je m'adresse aujourd'hui directement
aux deux inspectrices que j'ai nommées
hier : Mmes Rauber et Merlet ; aux di-
rectrices des Ecoles Normales les plus
importantes : à MmeBourguet.de Paris,
à Mlle Kieffer de Douai ; à Mme Menat
de Rouen ; à Mlle March de Nancy ; à
quelques institutrices membres des con-
seils départementaux, entre autres à
Mmes Baslaire et Beauparlan (Seine) et
je les conjure de s'entendre sur un nom,
au moins, et de lancer des circulaires.
C'est plus vite fait qu'on ne croit, sur-
tout si la candidate veut bien dire ce
qu'elle est, et ne pas se perdre dans les
petits détails, toujours les mêmes, d'ail-
leurs.
Ce qu'elle est d'abord :
Dévouée, sans réticence aux institu-
tions démocratiques ;
Laïque... irréductiblement.
Persuadée que la prospérité morale du
pays dépend de l'éducation de IlLfemme,
autant que de celle de l'homme, et que
cette éducation doit avoir pour but d'é-
clairer la raison, d'affranchir la cons-
cience, de fortifier la volonté, et par con-
séquent le sentiment de la dignité hu-
maine.
Ce qu'elle fera ensuite.
Eh bien ! elle agira toujours pour se
rapprocher du but qu'elle se propose :
Elle votera toutes les mesures tendant à
simplifier les programmes d'enseigne-
ment, à remplacer la préparation aux
examens par un travail méthodique et
soutenu pendant tout le temps de la
scolarité ;
Elle voudra que l'intérêt moral du
personnel, dorénavant bien compris,
consiste plutôt en une situation maté-
rielle indépendantequ'en des récompen-
ses et des distinctions puériles.
Elle fera... Mais ce n'est pas à moi de
lui dicter sa circulaire. Je ne lui demande
1 que de se hâter.
PAULINE KERGOMARD.
On dit...
COURSES A LONCHAMPS
Nos pronostics :
Prix du Parc des Princes. — Mouaro
Prix des Cars. — MyosoLis il.
Prix Biennal. — Codoman.
Prix de la Coupe. — Fourire.
Prix de lEtoile. — Talisman Il.
Prix d Auteuil. — Maeistral.
DANS LES EGLISES
Hier, fête de Pâques, d'imposantes céré-
monies ont eu lieu dans la plupart deS
églises de Paris.
A l'église métropolitaine, Notre-Dame. no.
tamment, les offices solennels ont été pré.
aidés par Mgr Richard, cardinal-archevê-
que, qui, après la grand'messe chantée par
la maîtrise sous la direction de M. l'abbé
Gespitz, a donné la bénédiction pontificale.
Un peu avant cette solennité, une messe
avait été dite devant une nombreuse assis.
tanco, exclusivement composée d'hommes
auxquels le R. P. Etourneau avait adressé
un éloquent discours.
Presque partout dans les églises, par les
soins des maîtres de chapelle, les cérémo-
nies ont eu lieu avec accompagnement de
choeurs, orchestre et orgues. Les œuvres
des maîtres de la musique sacrée ont été
interprétées. A la Madeleine, à Saint-Roch,
à Saint-Pierre de Challlot,à Saint-François-
de-Sales et à Saint-Germain-des-Près, c'est
Chérubini qui figurait au programme;
Gounod avait les honneurs à Saint-Louis
d'Antin, Saint-Paul, Saint-Louis, Saint-Via-
cent-de-Paul, Saint-Ferdinand des Ternes,
Saint-Sulpice, Saint-Jean, Saint-François,
etc., ote. M. Samuel Rousseau à Sainte.
Clotilde, a dirigé une de ses compositions,
Pâques, qui a été exécutée également à
Saint-Roch, à Saint-Médard et à Saint-Am-
broise. Enfin Beethoven, Paladilhe, César
Franck, Niedermeyer et Casemajor avaient
les honneurs des nroerammfts.
AU LADIES' CLUB
Très charmante soirée au Ladies' Club du
boulevard Malesherbes. La présidente, Mme
Février de Marsy, avait organisé une inle.
ressante conférence de Kismet, le chiro-
mancier anglais. Parmi les attractions da
cette conférence, signalons une suite da
projections représentant les divers carac-
tères que prennent les mains dans les
diverses maladies. C'est une série fort
curieuse.
Après la conférence, et devant les quel-
ques intimes du club, une jeune, jolie — et
ingénieuse — chiromancienne, que nos lec-
trices verront sans doute à l'œuvre à la
Fronde même, et qu'elles pourront appré-
cier, Mme Fraya, a reconstitué, d'après
leur main, la psychologie et le caractère da
quelques personnes présentes. Ce sont là
des divinations d'un contrôle plus facile et
nlll!l immédiat aue la. Drévision de l'avenir.
LE COLONEL OLCOTT A PARIS.
Président de la Société théosophiqua
dont il fut le fondateur avec Mme Blat-
wasky, le colonel Olcott vient de traverser
Paris se rendant en Angleterre et de là en
Amérique, car son intention, en quittant
l'Inde, a été de venir visiter tous les cen-
tre3 d'activité de la Société et de se rendre
compte des travaux qui s'y sont accom.
plis.
Le colonel Olcott n'est resté qu'un seul
jour à Paris où il repassera à son retour ;
il a présidé, samedi, une Il séance .. des
théosonhes parisiens et il a principalement
entretenu son auditoire des Mahatmas ces
« Filles de Thibet » dont l'existence est si
violemment contestée par les adversaires
du mouvement théosophique. M. Olcott a
exposé, d'une façon tout particulièrement
intéressante, les raisons pour lesquelles
l'existence de ces êtres supérieurs ne peut
être niée non plus que leur influence cons-
tante et hautement bienfaisante sur le dà«
veloonement de l'humanité.
MIEX, MEILLEUR MARCHÉ
C'est aux Etablissements AlLez treres, i,
rue SL-Martm, que s'adressent toutes les
personnes désireuses de monter ou de re-
monter économiquement leur ménage.
COURS CLINIQUE POUR LES FEMMES
Le ministère de 1 ltisn'uct.tuti puu.uiue.u-
sons-nous dans le Journal de Xdiiit-Pélcrs*
bourg, a informé la délégation municipale,
qu'à partir de ta prochaine année scolaire,
des cours cliniques seront ouverts à l'ins-
titut de médecine pour les femmes,et qu il
serait dès lors désirable qu'une section cli.
nique spéciale flil aménagée à l hôpital^ da
Saint-Pierre et Saint-Paul. La délégation
municipale a autorisé l'institut de méde-
cine pour les femmes à aménager à ses
frais des sections cliniques pour 130 lits i-
l'hôpital sus-mentionné.
LA SANTÉ DE M. ROSTAND
L'état de M. Edouard Rostand ne s est pas
amélioré : Le malade a eu samedi une nutt
très agitée et le docteur Grancher qui le
soigne n'a pas constaté hier matin uns
diminution de fièvre.
Le dernier bulletin porte : Etat station*
naipd
LES FEMMES DE CHAMBRE A PHILA-
DELPHIE
Les femmes de chambre et en geiu-ral
toutes les domestiques sont, on le sait,
fort heureuses en Amérique. Pour un tra-
vail beaucoup moindre que celui exige dans
les autres pays, elles sont payées mimi-
ment plus.
Une revue étrangère nous cite, dans uns
étude sur les conditions des llomesllquL'S,
une dame qui, à Philadelphie,possède à sori
service trois négresses.Jont une cuisiniere,
auxquelles elle donne 2,jJ-0 francs de sa£C.i
tixes.
En outre de ce traitement, chaque ser-
vante reçoit au moins 00 dollars d étrennes
et de cadeaux par an.
La cuisinière s'est récemment pays un
piano dont elle joue tous les dimanches e
souvent le soir. Les deux autres bonn^ s,
logées à part (chambres à coucher, CID i-
nets de toilette et salon commun ) sor-
tent à tour de rôle deax fois par I
vont souvent au bal, au théâtre, et fo
partie d'un club littéraire de jeune4
« LA COLONNE DE LA VICTOIRE » RES-
TAUREE
La colonne de la Victoire "PacO au ^
tp-lel', érigée en 180S, pour commomoren*
campagne d'Egypte, vient d'être restaureo,
remise à neuf et apparaît aujourd
même, toute différente de l'aspect pitoy
ble où on l'avait laissée jusqu .ici-
La Victoire en plomb doré qui surmon
la colonne va resplendir d'on éclat nous
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