Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-04-11
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 avril 1900 11 avril 1900
Description : 1900/04/11 (A4,N854). 1900/04/11 (A4,N854).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703973t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
WOMM« à •
STEltoi'd» ISK, MiT les confions, la du-
des
.. ..lisl.mentl 81 da salaire l'interdiction eD ..tot"e; de des la ameD- loi de
S Ear ies accidtnta de travail. ,
Révision de la loi da 27 octobre 1890
Mr la rupture du contrat de travail fixant.
tes délais-congés à observer et les indemni- ,
tés à payer..
Capacité oivile universelle des syndicats |
et oafiaeité juridique étendue aux travail-
leurs de toute la corporation ; exemptioa
des droits de timbre et d'enregistrement
jpoor les actes des syndicats ; conciliation
et arbitrage obligatoires en cas de diffé-
mode collectifs ; abolition des bureaux de
{riacement privés. Insaisissabilitti des e&-
aires et appointements : privilège intégral
en première ligne, au cas de décès, faillite,
cession ou cessation de commerce, sinis-
tre, etc., avec adjonction, en pareil cas,
d'indemnité à fixer.
Enfin, la délégation a exprimé le vœu
que la population professionnelle de chaque
catégorie de salariés serve à l'avenir de
base unique à la représentation propor-
tionnelle de chaque groupe au Conseil su-
périeur du Travail.
Le Ministre a écouté avec sympathie
l'exposé des revendications du Congrès des
Employés; il a noté les faits saillants qui
lui ont été signalés et il a donné à la délé-
gation l'assurance que les vœux des em-
ployés seraient examinés avec l'attention la
plus bienveillante et le plus grand désir d'y
donner satisfaction.
Les Conférences
Capricieux, tâtonnant, impulsif, passion-
né, d'aborj aveuglé par une foi absolue,
puis tourmenté par le doute puis plongé
dans la négation extrême, superbe, génial,
charmeur tel fut Nietzsche, dont Mme Sou-
ley-Darqué exposait la philosophie, hier, à
la Fropide.
Avec beaucoup d'autorité et une grande
compétence, Mme Souley-Darqué nous
palle des deux découvertes que Nietz(,,he
fit ou crut faire et sur lesquelles repose
toute sa doctrine. L'une, c'est la théorie du
tuperhamme eu surhumain ; l'autre, c'est
l'hypothèse du retour éternel.
Nietzsche eut comme initiateur et long-
temps comme maître Schopenhauer. Or, ,
Schopenhauer ramène le monLlc,c'est-à-dirc
la force .tamatière, l'esprita un seul principe
qu'il appelle Volonté. Celle Volonté, elle
est la Vie obscure des végétaux et des êtres
inférieurs, elle est aussi le mot conscient
de l'homme. Mais elle n'est jamais satis-
faite, toujours elle aspire à quelque chose
de plus. Et dit la conférencière en une
image précise et frappante : » Elle s 'a-
gite, elle oscille comme un pendule fa-
tal entre la dou!eur et l'ennui Il. De
sorte que Schopenhauer ne peut nous
offrir que le Nirvana. Nietzsche, son dis-
ciple trouve entre la douleur et l'inaction
une issue : la surhtimanité. Il est. lui, opti-
miste. Il cntrcvoiti'infinie perfection de
l'humanité.
C'est ici-bas que l'on doit travailler a
augmenter tout son être, à se surélever.
Mais comment?
Il faut tf ut démolir, hr:iler, saccager, et
rebâtir une cité nouvelle oii les hommes
vivront en trois castes définies. Ils seront
agriculteurs ouvriers, c'est-à-dire esclaves,
ou bien guerriers c'est-à-dire défenseurs
de l'ordre, ou bien les sages, les maîtres
c'est-à-dire les surhumains. Nietzsche ne
craint pas de déclarer : il y a une morale
de maitres et une morale d'esclaves.
Le superhomme peut sacrifier ceux qui
l'entourent, c'est justice, car il possède le
moyen de créer désœuvrés supérieures. Le
troupeau des mortels ne doit travailler que
pour lui seul.
Mme Fouley-Darqué réfute scientifique-
ment Nietzsche. Elle démontre que tout
dans la nature agit pour l'espèce et néglige
l'unité. Kl le a été vivement applaudie par
' un public nombreux et enthousiaste.
Elle ne dit ensuite quequelques mots sur
le retour éternel qui n'est qu'une hypo-
thèse — la moins probable des hypothèses.
Selon Nietzsche parce que le temps est in-
tini et les forces limitées, nous devrons re-
venir pareils à ce que nous sommes pour
le triomphe du surhumain. Puis elle con-
clut : «Je hais les théories du philosophe,
mais j'admire profondément le charme de
I *écrivain, la riche beauté de son s! vie. »
Malgré la magie de ses phrases, Nietzsche
l1e peut avoir raison, car enfin les grands
hommes ne valent beaucoup que parce que
la masse dont ils sont issus vaut elle-même j
miAlntiA rhriQf»
RENÉE RAMBAUD.
TRIBUNE DU TRAVAIL
LES GRÈVES
CARMAUX
La situation s aggrave de plus en plus à
C&rmaux.
Les grévistes, sans un instant de décou-
ragement, luttent avec une vaillance admi-
rable pour la défense de leurs revendica-
tions. lis ont fait preuve, jusqu'à présent,
d'un calme et d'une sagesse dont on devrait
leur savoir gré.
Or, c'est par l'intervention de la gendar-
merie que l'on répond à leurs tentatives
de leurs camarades inconscients qui re-
priment le travail. Voici les graves non-
velles qui nous arrivent :
M. CaJvignac, ancien maire de Carmaux,
vient d'être arrêté dans les circonstances
suivantes :
Hier matin, à 4 benres, les grévistes étaient
allés occuper les routes conduisant aux
3 puils. h. sur lesquelles circulaient depuis
h. 112 des patrouilles de gendarmes.
L'effort principal s'était porté sur le pas-
sage à niveau de la gare où M. Calvignac
avait essayé de disposer un groupe impor-
tant de grévistes.
Le commandant de gendarmerie, M. Si-
mon, s'avança vers M. Cahignac et le pré-
vint qu'il le ferait arrêter s'il portait une
atteinte quelconque à la liberté du tra-
vail.
L'ancien maire n'ayant tenu aucun compte
de' l'avis qui venait de lui être donné, il fut
arrêté el conduit par une escorte de quinze
gendarmes à l'hôtel Tisseyre où le préfet
se tient en permanence.
M. Calvignac a été arrêté sous 1 inculpa-
tion de provocation à l'émeute et d'atteinte
à la liberté du travail.
Quant aux malheureux qui, contre leur
propre intérêt, rompent toute leur solida-
rité avec leurs camarades, ils se font ac-
compaguer par les gendarme jusqu'à la
commune de Moneslier, d'où ils viennent
pour la plupart.
Les grévistes ont tenu ensuite une réu-
nion dans laquelle ils ont décidé de mani-
fester au moment de la sortie du puits.
Après avoir été interrogé par le procu-
reur de la République, M. Calvignac, an-
cien maire de Carmaux,a été mis en liber te
le délit pour lequel il avait été arrête,
n'ayant pas été jugé suffisamment carac-
térisé.
Une lettre du Ministre du Commerce
M. Millerand vient d'adresser à M. Bri-
doux, président de la Chambre syndicale
de la confection et la couture la lettre sui-
vante :
m Monsieur,
« Vous m'avez l'honneur de m'adresser
une demande en vue d'obtenir que, en rai-
son du développement d'alraires ¡¡,uquel'Va
donner lieu l'Exposition, les maisons de
couture et de confection soient autorisées
à faire travailler leurs ouvrières douze
heures par jour pendant neuf mois consé-
cUllfs,aveo faculté de faire des journées de
treize heures pendant soixante jours. L oc-
troi do cette double tolérance serait subor-
donné à la double condition qu'il y aurait
une interruption de travail d'une heure et
demie pour les repas, et que la journée ne
pourrait pas se prolonger au delà de onze
heures du soir.
.< J'ai tenu, avant de vous répondre, à
procéder à une enquête approfondie qui
me mit à même de me prononcer en pleine
connaissance de cause. J'ai le regret de
vous informer que les résultats auxquels
cette enquête a abouti ne me permettent
pas de prendre votre demande en considé-
ration. .
« Le législateur a très nettement , indi-
qué sa volonté que le travail de la femme,
même avec les dérogations que la loi du
2 novembre 1892 autorise, ne dépasse pas
le maximum de douze heures, déjà fixé par
la loi de 1818, pour le travail des adultes
dans les usines et manufactures. 11 berait
donc nécessaire, pour conférer aux coutu-
riers les tolérances qu ils sollicitent, de
déposer un projet de loi, dont je ne croi-
rais pas devoir prendre 1 initiative, surtout
quand le Parlement vient de voter une loi
tendant à abaisser la durée du travail à
dix heures dans un délai de quatre ans.
« Permettez-moi, d'ailleurs, de vous faire
remarquer que l'Exposition n'est pas un
événement imprévu. Les maisons de cou-
ture et de confection ont eu tout le temps
de s'y préparer et en multipliant le nom-
bre de leurs ateliers et en augmentant l'eflec-
tif de leur personnel, ce qui aura le grand
avantage de diminuer le nombre des ou-
vrières sans travail.
« Ces maisons n'auraient qu'à s en prendre
i à elles-mêmes si, voulant accroître leurs
chiffres d'affaires sans élever proportion-
nellement leurs frais généraux, elles
avaient escompté des tolérances qui ne
sont pas inscrites dans la loi.
t' Il est une autre considération qui ne
permet pas d'accueillir votre demande ;
c'est que si on faisait à la couture et à la
confection un régime d'exception qu'elle
est seule à réclamer (ce qui n'indique pas
que la mesure soit bien justifiée . les au-
tres industries du vêtement (modes, bro-
deries, tteurs, plumes) ne manqueraient
pas d'en revendiquer le bénéfice, ce qui
équivaudrait à la suspension de la règle.
mentation protectrice du travail de la
femme..
« J'ajouterai en terminant que les indus-
tries que vous représentez sont au nombre
de celles qui sont les mieux partagées, au
poiut loi, de vue des exceptions prévues par la
oi, puisqu'elles peuvent : t. faire veiller
leurs ouvrières jusqu'à 11 heures du soir
pendant 00 jours par an ; 2* les occuper
temporairement sept jours par semaine
pendant 12 heures par jour, sans repos heb-
domadaire, avec l'autorisation de l 'inspec-
teur divisionnaire.
« Je ne doute pas qn'en combinant les
facultés que vous confère la loi et les tolé-
rances réglementaires dont le service vous
permettra d'user d'autant plus largement
que les heures supplémentaires seront
mieux rétribuées, vousne parveniez comme
toutes les autres industries de luxe ou de
saison qui se préparent pour l'Exposition, a
taÏn. face aux exigences de votre cllen-1
tè!e.
Recevez, etc. '
— Sons tppltoditMas des deux mains à
cette réponse..
Que MM. les patrons prennent des ou-,
vrières supplémentaires, s'il y * "«JJ»
travail sera ainsi mieux réparti. C'est
d'ailleurs le désir de celles qui sont en
atelier, désir qu'elles ont manifesté plus'
d'une fois dans la Fronde, et c'est tout à
leur louange, de penser à celles qui man-
quent de travail.
Permanence ouvrière tous les mercredis
à la Fronde, de 8 à 10 b du soir.
MARIE BONNEVIAL.
LES JOURNAUX
DE CE MATIN
SANS DISTINCTION D'OPINIONS
M. René Viviani dans la Lanftrnt! parle
des mineurs de Carmaux et de la soi-disant
victoire remportée par les patrons :
Les journaux modérés nagent dans la joie et
annoncent la rentrée des mineurs de Camaux
avec dei cris de triomphe oii se cache mal .-î
dépit dune si mesquine et si pJrticl:e vic-
toire.
Il parait qu'on n'est plus en grève à Carmaux.
A lire les détails des statistiques on ne s en dou
te rai t pas
I.e quart à peine des mineurs ent , rentre ...et.
dans ce quart, il faut compter les non-grévistes
qui. dès la première heure, voulaient revenir au
chemin de la mine.....
Mais il importe peu. Et quand m< me la vic-
toire serait complète, serait elle dural,le? Seules
durent, en dépit des atteintes qui leur sont por-
tées, les conquêtes du droit.
Celle détestable prédominance île la force sur
le droit et de I arpent sur la misère errasora
momentanément. Mais la haine demeure vi
vac..
Chaque occasion semble amener la revanche.
Les bouches demeurent silencieuses et le cœur
un jour éclate.
De sorte que ce qu'il a de plus meurtrier pour
le capitalisme mème, c'est son succis fait de sa
force acquise.
L'article de M. Henry Maret, d anse Ra-
dical prouve que le cabinet Waldeck-
Rousseau peut être maintenant considéré
comme ayant franchi son cap des lcmp:'-
tes :
Si jamais vaisseau portant un cabinet et sa
fortune a été battu par les orages, c'est bien ce-
lui-ci.
Il ne s'est pas écoulé une semaine depuis son
départ sans qu'il ait subi un ou plusieurs as-
Il Ii. résisté à tous, à la stupéfaction toujours
croissante de ses ennemis, qui jarna:s ne l'au-
raient cru aussi solidement construit.
Le Matin déclare que la Chambre a tran-
sigé avec les principes en autorisant la
perception d'une taxe sur une voie navi-
gable qui est le canal de la Marne.
Bien entendu, la taxe ne commencera à
être perçue que quand le canal sera termine ;
mais le fait seul que cette taxe sera établie
va permettre dl' trouver une partie des capitaux
nécessaires pour continuer les travaux, l'Etat
s'engageant à f, u 'nir le complément, de façon
à ce que la nouv. t)e voie de navigation soit
achevée dans un délai maximum de six ans.
Thé de la « Fronde »
DANS LE HALL OU JOURNAL
Tous les jours de 2 h. à T heures pour
tout le monde.
Le thé 50 cent, par personne.
Sandwichs et petits gâteaux: 20 cent.
Bière Karcher et Limonade
Chocolat et vins fins.
FAITS DIVERS
Paris
Uole affaire d'espionnage
Le service de la Sûreté a arrêté dimanche
soir un nommé Léon Ga/.ct, âgé de 25 ans,
inculpé d'espionnage avec l'Allemagne.
Cet individu a été mis à la disposition de
M. Baffrov, juçe d'instruction.
Dans les milieux judiciaires on se refuse
à tout renseignement sur celle aflaire.
La bande des rapins
Les agents de la Sûreté viennent de cap-
turer une bande de cambrioleurs qui, en
quelques mois ont commis plus de cent
vols avec effraction dans les villas, les pro-
priétés et les maisons inhabitées de la ban-
lieue de Paris.
Ces individus au nombre de cinq, vêtus
j de costumes de velours, coiffés de bérets
ou de chapeaux de feutre à larges bords,
I portaient à la main et sous le bras une i
boîte a conteur, un châssis et un pliant. lit
avaient l'apparence de jeunes artistes en
Buftle d'un paysage intéressant. Mais leur
boîte au lien de contenir des couleurs ser-
vait de remise à un outillage complet de
cambrioleurs: pince monseigneur se divi-
sant en plusieurs parties, ciseaux à froid,
tenailles, coins de bois, etc.
Ces malfaiteurs s'installaient paisiblement
aux environs de la propriété sur laquelle
ils avaient jeté leur devo!u. Puis, dès qu ils
étaient certains que la maison n'était pas
gardée, ils pénétraient dans les apparte-
ments, faisaient main basse sur tous les
objets de valeur, les groupaient en paquets
et revenaienl tranquillement à Paris par le
chemins de fer en se faisant suivre de leurs
C°Leûr attirail et leur costume d'artistes
peintres les faisaient se désigner entre eux
sous le nom de fi rapins » .
rne surveillance des plus t'trieuses faite
ces jours derniers par les agents de la Sû-
reté a permis de pincer toute la bande d un
seul coup de filet.
Lest rupins»» s'étaient rendus aux abords
de la propriété de M. Pariset, 27, rue des
Villarraains, à Saint-Cloud. Comme de cou-
tume, ils s'étaient introduits dans les appar-
tements à l'aide d'effraction et après avmr I
fait plusieurs colis des objets précieux, ils ]
regagnaient Paris, suivis de près par les j
inspecteurs do la Sûreté, qui avaient .nte- |
rèl il connaître ce qu'ils faisaient des objets
volés.
Arrivés à la gare Sainl-Lazarre, ils se
partagèrent lescoli® et prirentdes voitures
pour se faire conduire à leur domicile où
ils ont été aussitôt arrêtés.
Ces cambrioleurs, tous des jeunes gens,
se nomment René Dubois, 23 ans, lii, rue
Mllrcadcl; Victor Barbcyrcux, 24 ans, 90,
boulevard Victor-Hugo. à Clichy ; Joseph
Gas'atd', !6 ans, ri8, rue Mazarine ; Edouard
Jalahert, 21 ans, 12, rue Cadet, et Etienno
touque, 28 ans, il, faubourg Saint-DcntS.
Il n'a pas fallu moins de deux grandes
voitures de déménagement pour amener au
g relié du Palais, tous les objets provenant
de vols, saisis iiu domicile des inculpés. On
a trouvé notamment des pendules, des ob-
jets d'arl, des tableaux, des armes anciennes
et des bijoux de prix.
Brûlée vive
Mme Eugénie Tattem, blanchisseuse, de-
meurant 30, passage Vaucouieurs. a été
grièvement brùlée hier matin sur diverses
parties du corps par du pétrole en llam-
mes provenant d'une lampe qu'elle avait
renversée accidentellement sur elle.
Celte malheureuse a été transportée
mourante à l'hôpital Saint-Louis.
Les affiches de 1' « Intransigeant M
L' Intransigeant faisait annoncer hier
par des affiches illustrées qu'il publie-
rait chaque jour, à dater du 20 avril, un
dessin satirique de H. Somm, J. Belon,
Guydo, Dépaquit, etc...
Ces affiches portaient une composition
de J. Belon, inspirée par l'Affaire, et dans
laquelle on pouvait reconnaître le Prési-
dent de la République.
La maison d'affichage Riche et Cie devait,
faire circuler hier dix voitures-annonces
recouvertes de cette affiche.
Mais les voitures ont été, les unes place
de la Bastille, d'autres rue Saint-Antoine,
d'autres rue Damrémont, arrêtées par de
nombreux agents en bourgeois accompa-
gnés de gardiens de la paix, qui ont intimé
aux conducteurs l'ordre de rentrer, faute
de quoi les véhicules seraient conduits à la
fourrière.
D'autre part, les affiches de l'Intransi-
geant apposées dans ! intérieur de Paris ont
été lacérées.
La banc e de Milo
M. de Vallès, juge d'instruction a inter-
rogé hier dans l'après-midi un nommé Pel-
tier poursuivi pour un vol qualifié commis
à Saint-Ouen.
l'ciller était assisté de son deienseur M'
Paul Iiuguet.....
A la prison de la Santé, Pcltier avait été
placé dans la même cellule que Werbeck
qui naturellement l'a fI cuisiné « et « ma-
riné >1 consciencieusement.
Au cours de cette insirnetion d'un nou-
veau genre, Pellier aurait fait des confiden-
ces qui, pa.rait-il,fcront avancer d'un grand
pas. I instruction de l'affaire de la rue de
Malle.
Accident mortel
Un ouvrier, employé à la construction
d'un bâtiment de 1 'Hxposîtion, au Cliampde
Mars, est tombé du toit sur lequel il tra-
vaillait et s est tué sur le coup.
Le vitriol
M. Flory, juge d'instruction, a confronté
hier, après-midi, dans son cabinet, en pré-
sence de M. Rergouhnioux de Waillr, la
jeune Marie Désert qui, dimanche dernier,
tenla quai de Béthune, de vitrioler son
amant, Camille Fouquet. Comme le juge
demandait à la jeune fille pourquoi elle
n'avait pas complètement vidé la tasse
qu'elle tenait entre les mains.
— Je me suis arrêtée, a-t-elle répondu
au magistrat, parce que j'ai vu que je lui
faisais trop de mal et je rai ensuite em-
brassé.
Malgré l'attitude de la jeune fille qui
paraît très digne d'intérêt,Camille Fouquet
ne s est pas laissé attendrir et a maintenu
sa plainte.
Sa rancune ne lui portera pas bonheur
car le parquet va le poursuivre pour dé-
tournement de mineure, Marie Desert
n'ayant que 17 ans.
Une affaire mystérieuse 1
M. de Valles, juge jjjjJ J
d'êtreeha»** pRie d'uDe ...ir.
sur laquelle on refuse jusqu à nouvel orare
tout renseignement..
Il y aurait, parait-il, plusieurs arresta-
tion M. s.de Vallès s'estrendu hier dans la soirée
dans un 4es quartiers de MOfttmartre pour
procéder aux premières investigations.
Départements
Un crime
MAtSKtLLR. — Hier matin au quartier de
la Vieille Chapelle, banlieue de Marseille,on
a trouvé le cadavre d'un laitier
nomméMigliorero, Domenico,âge de 28 wtts,
étendu sur le seuil de sa porte.
L'examen médical a établi qu il avait été
assommé.Le vol parait avoir été le mobile du
crime. On a arrêté le nommé Macario
FrancescO sur qui pèsent de graves soup-
Ç0IlS' Enfant abandonnée
Hier après-midi, on a trouvé dans la cour
de l'hôpital, cachée sous un arbuste, une
petite tille de six ou sept jours abandon-
née. L*enfant était bien vivant, mais le froid
commençait à le gagner. GrAce aux soins
empressés qui] lui onl été donnés, on es-
père le sauver.
Les parents coupables sont recherchés.
Une remise de 25 OjO sur le prix
de l'abonnement sers faite à toutes
les Institutrices et employées de
l'Administration.
SPOSTING-NOTES
Paris-Roubaix
Les engagements de la course Paris-Rou-
baix qui aura lieu dimanche prochain vien-
nent d'être clos. 23 engagés sont inscrits
pour la catégorie des cyclistes et 52 pour
des motocvcles. -
Course du Premier Pas
Cette épreuve originale réservée à tous
les chauffeurs n'ayant jamais pris part à
aucune épreuve automobile se disputera
sur le parcours &1inl-licrmaUl-Houen et j
retour. ,, !
La Vis au Grand air qui organise cette
course le 29 avril prochain, l a divisée en
5 catégories :
A. Motocycles il une place.
B. Quadricycles à deux places.
C. Voiturettes au-dessous de 2,~>0 kilos.
D. Voilurellos de ?r»0 à 400 kilos.
E. Voitures au dessus de 400 kilos.
Aérostation
La Commission d aeros&io SClcnulIqut:
vient de se réunir sous la présidence du
prince iloland Bonaparte.......
Sur la proposition qui lui a été raite par
le Comité de l'Aero-Club, la Commission a
accepté d'organiser le concours et de dé-
cerner au vainoueur le Grand Prix de
cent mille francs'offcrt à la Société.
Le fondateur du Grand Prix, M. Henri
Deutsch (de la Meurthe), M. Deslandres,
astronome de l'observatoire de Meudon, et
M. le docteur Olivier ont été élus à 1 'unani-
milé membres de la Commission d *aéres-
talion scientifique.
Le Meeting de Pâques
Au vélodrome du Parc des Princes, deux
réunions intéressantes auront lieu le di-
manche et le lundi de Pâques.
Jacquelin. TomaseHI. Pasini, Banker, !Iu-
ber sont engages.
RENÉE DE VÉRIANE
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Rèsultats du pari mutuel
Mardi 10 avril
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Mirai place l, 50 Io •*)
Mclnik gagnant lWi
- rlacc 1 50 22 »•>
Isûrc placé 13 50 G 50
Barberousi:-, H rlac^ 43 " » 24 ""
Directoire gagnant 31 50 14 50
place 23 50 9 elo
Formaliste Il placé 28 rI) 18 50
Céladon gagnant 37 ■ 22 lin
place 14 50 < 50
Hardi Placé VI 50 6 »
Jaca • placé 16 .. 8 50
ïsmùnë gapnanl 19 18 50
— placé 16 50 8 ào
Alhambra III placé li 50 7 a)
ÏÏobërsart gagnant 37 50 16 50
placé 19 50 5U
Séducteur placé 30 -- 15 50
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LA FINANCE
On «l'affirme que certains financiers
pectables - par leur nombre - son,<.,£?:
de M. Lé pins leur admission de M.
leur admission dans le corps des sard::
plongeurs récemment créé. Leur gr»»ï
habitude dans ce genre d exercice ett «
rente d'un succès qui pourra égaler cet!»
des Deux Aveugles où br:!ta d'un si viféfu,
le fameux 14* Plongeurs à. cheval. plu% he..
reux que les régiments de cavalerie
glaise, cet illustre U" avait — dit-on - r.
chevaux et des chevaux nullement atteint
d hydropisie comme ceux du Transvaal,
Toutefois on m InJOl'me à la dcrn'u»*
heure, que les dits:chevaux hydronuS!
viennent d'être expédies à M. Lépioe. u»
puisqu'ils sont hydropiques de la léiè ils
seront de précieux auxiliaires pourries btt
ves gardiens plongeurs, a moins que l'éu
motogie ne soit qu un mythe ; hvdropwinÀ
ne pouvant vouloir dire — s; je ne m aC.!
— que : qui-pi-gue-une-l^tc-daïu-l'eau':
Ah ! ma tète !
Malheureusement en Bourse plus que ca
change, plus c'est la même chose.
Les Rentes françaises n'accusent nu« variations insignifiantes. Le Perpétuel vaut
101 30 et toi 55 ; l'Amortissable finit à
au comptant et à 99 à terme; le n jf».,{
à 103 05 et 103 32, perdant "c. au C011J.,l&n,
mais en gagnant 7, à terme.
Faiblesse presque générale des Pirin.
gers. L'Extérieure descend à 73 u7; i Italien
progresse à 91 55. Les Brésiliens n'enregis-
trent que des fluctuations sans linpc,rtinre.
; l'ne meilleure tendance peut se c-a-tAUc
sur quelques Etabllssemenls de Crc'i.t.
Banque de Paris clôture à 1,168; le Comp-
toir d'I'scompte se tient à G'TO, la *Gciti#
Générale se raffermit à 60S et la banque
Internationale se négocie àGOT.
Toujours la. fermeté des Chemins de fer
français et cspngnois. Les Wugoas-Lus
sont fermes à. ï;)L
(Juant a'jx Industrielles, elles suHssem
surtout des réalisations, y compris !c IMO,
ce qui signifie : mauvais état du Marché.
En Banque, on d.:p:o.c une activité de
meilleur aloi. On y co'e Jollaia-i'.rccka à
t:rJj Compagnie Urbaine du gaz ac.clyiène 1
140, ex-coupon de 12 fr. OS détache hier,
Les Lots Turcs s'inscrivent à 125 25.
TOIBOULETIE
LE HOME
Mesdames et Messieurs, vous connaissez
tous The Gentleman, 14 et 11 bÜ, boulevard
Poissonnière, ch bien, j'ai le plaisir de vcus
annoncer, que demain jeudi, à l 'occasica
des fcles de Pâques,cette ancienne et bonne
maison fera une vente extraordinaire de
cravates, d'un bon goût, d'une fraicheur,
et d'un bon marché, tout à lait exception-
nel... qu on le dise aux amis. Vo^cz. donc
aussi les chaussettes.
Si le temps vous le permet, passez donc
Maison Bataille, 65, rue Illlm/juteail. prendre
ou com mander, un de ces exi -el lent s jo ml ons
dont je vous ai souvent parlé.Vous auiezle
temps de le faire dessaier à froid et de le
cuire pour le servir froid ou chaud, ce fci
jour de Pâques, soit à la notée ou avec des
nouilles ou bien des épinards, ou encore
tiède masqué d'un bon velouté au ma.
dère.
GOURMANDISE
Nouvelles Théâtrales
Aujourd'hui mercredi :
A 4 heures précises, fdans la salle des
Fêtes du Journal, 100, rue 1tlchelicu, a""em.
bléc générale extraordinaire de r.\""CCI3-
tion générale des Artistes dramatiques et
lyriques de France.
La deuxième séance de musique intime
de l'éminent violoniste Wc:ngacrlncr aura
lieu à 9 h. du soir, dans la salle PieyH. AIJ
programme : Mlie Duet d Arbel, Mlle Marie
Weingaertner, M. Feuillard. dans des œu-
vres de Bach, Liszt, Mand:. Missa. La "':'lnrt)
se terminera par l'audition d'un sostuot
inédit pour 0 violons du jeune composdcui
Bourdon.
• •
Ce soir :
A l'Opéra. Patrie. op}ra en cinq actes et
six tableaux de MM. Victorien baniou et
Louis Gallet. musique de M. Paladill.e.
Mmes L. Bréval, Doiorès; Bosman, Ra-
f&c!e.
MM. Alvarez. Karloo ; Delmas. cercle de
rtysoor; Vaguet. La Tré.-noiile ; Chamton,
dUG d'Alhe: Bartet, Jonas: l'aly,:"(I;rc\lrmes;'
Douaillicr, Rincon ; Gallois. Vargas; Dcnoye,
Delrio ; civette, officier d*tionneur ; Haudm,
Miguel; Cancelier, un officier; Lacomc, Ga.
Iéna.
Danse au deuxième acte.
Mlle Sandrini, M N'a--q-iez.
Mlles Torri. Yansrccthen, H. Régner, J.
Régnier, Yiollat, Galiay. Beauvais, li, (ouat,
J Charr.er. Mourct, S. Mante, Mv:t;us,
, Morlci. Boos. 1
MM. Moquante. Baron, Revmond.
PAVANt:
Mlles Rnbin. Ixart, Soubrier, L. Mante.
MM. Stilb, Girodier, Hanter, Javoo.
i A rOpéra-Comiquc.Z.c lui! polonais, rente
I populaire en trois actes et six tat!cauxi
NOUVELLE DE LA FRONDE
11 AVRIL 1900
(4)
LEUR FILS
A présent sa curiosité eût dû être sa-
tisfaite, il savait ce qu ii avait désiré sa-
voir et pourtant il ne partait pas, ass is-
tant à la cérémonie qui s'accomplissait
lentement; il voulait la revoir encore au
défilé de la sortie, la revoir au bras de
son mari appelé à de fâcheuses découver-
tes si tant est qu'il fût ignorant du passé.
L'église se désemplissait, les curieux
s'en allaient, les invités se pressaient
dans la sacristie pour offrir leurs félicita-
tions Tout à coup,un remous se produi-
sit, tout le monde renuait précipitam-
ment dans l'église; deux messieurs à
l'air inquiet semblaient chercher quel-
qu'un et Paul entendit : — Voyez donc,
vite, Dellvarenne,l'ami des Kernouët était
là, tout à l'heure, il a signé un des pre-
miers, ce serait une fière malechance s'il
avait déjà tilé...
Ce nom, celui d'un Maître, était bien
connu de Champel, il s'était même sou-
vent entretenu avec le célèbre docteur
durant ses innées d'internat dans les hô-
pitaux.
Machinalement,il sortit de l'église,sui-
vant ces messieurs, inspectant les équi-
pages afin de reconnaître le coupé du
docteur, mais renseignements pris, ce-
lui-ci vcnait. de partir. 11 avait fallu tous
les liens d une ancienne amitié pour lui
faire dérober quelques instants à ses
multiples occupations afin d'assister à
ce mariage. Après avoir embrassé la
mariée, qu'il avait au reste mise au
monde, il s'était éclipsé.
Paul se disposait à faire de même ;
tans doute dans l'étouffement de la sa-
cristie une femme s'était trouvé mal, il
M peu fit enrit Il risque d'être eMre-
fccftdé par quelqu'un le rteomttest* et
entraîné pour donner des soins ; aussi,
afin de se dérober plus vite, monta-t-il à
la hâte dans une Urbaine qui passait et
s'accota dans le fond pour se dissimuler.
Malheureusement sa voiture, prise
dans l'encombrement des nombreux
équipages, dut s'arrêter au premier tour-
nant, au même instant une voix le héla
et sa portière fut vivement ouverte.
— Champel, descendez donc vite, on
m'a lancé à la recherche d'un médecin et
par bonheur je vous aperçois , j'as-
sistais au mariage de Kerfous avec
Mlle de Kernouët, celle-ci vient de s'a-
vanir dans la sacristie et tout le monde
perd la tète.
Contrairement à ses habitudes d'obli-
geance et d'empressement, le docteur ne
bougeait pas, il connaissait en effet celui
qui le sollicitait et maudissait la ren-
contre.
— Laissez, mon cher, fit-il, je suis
horriblement pressé... cherchez des sels
à la première pharmacie... qu'est-ce
qu'une syncope due à un peu de chaleur
et d'émotion, les soins de la famille suf-
firont amplement, permettez-moi de
m'échapper...
Mais comme il essayait de se débar-
rasser ainsi de son interlocuteur et de
refermer sa voiture, M. de Kcrnoui -t
lui-même apparut sur le trottoir avec ce
visage bouleversé que Paul lui connais-
sait bien.
— Eh bien, eh bien, avez-vous trouvé
un médecin? demanda-t-il sans dévi-
sager Champel.
— Justement, un heureux hasard, ré-
pondit le jeune homme, j'ai aperçu mon
ami Champcl. au moment où sa voiture
était prise dans un embarras et j'implo-
rais son assistance qu'il prétend être
inutile; à vous, comte, de le décider...
Ce disant il reculait pour laisser ap-
procher M. de Kernouët qui s'avançant
sur le marchepied se trouva face à face
avec Paul.
— Devrez-vous que je vienne, mon-
ttoar. ftt tilBKt Me lu.
— W*t «a* pas,
1
[faire... enfin, venez, donnez seulement
un conseil, une ordonnance... elle ne
peut vous reconnaître et pour ce qui est
i de nous, vous ne nous connaissez pas...
Ces derniers mots contenaient à la fois
un ordre et une prière, Paul s'inclina et
descendit. Il n'aurait pas voulu s'imposer
mais puisqu'on l'y forçait, il acceptait.
inconsciemment satisfait peut-être de ce
rapprochement.
Mme de Kerfous avait été laissée
étendue raide sur le parquet de la sa-
cristie où elle était tombée ; seuls sa
mère et son mari se tenaient auprès
d'elle. D'une main tremblante, recélant
un geste d'hostilité, Mme de Kernouët
lui bassinait les tempes avec un peu de
vinaigre trouvé on ne sait où; M. de
Kerfous immobile, inutile, comme le
sont les hommes en pareil cas,paraissait
à la fois irrité et inquiet.
— Voici, débita M. de Kernouët en
pénétrant, suivi de Champcl, Marannes
a arrêté Monsieur, qu'il connaît et qui
passait précisément en voiture, au mo-
ment où nous réclamions un docteur,
monsieur veut bien nous donner son
conseil...
Le pauvre homme haletait,coUe petite
explication lui coûtait un pénible effort;
Mme de Kernouët s'était brusquement
retournée, mais c'était une femme maî-
tresse de ses impressions et pas un mus-
cle de son visage ne trahit son trouble
en apercevant le docteur. Celui-ci s était
agenouillé, avait pris le pouls de la ma-
lade, puis avait appuyé sa tète contre la
poitrine pour écouter le cœur. Il se re-
leva.
—AvanH tout de !'air,fH-il en désignant
une fenêtre que M. de Kerfous s'em-
pressa d'ouvrir, ensuite coupez ce cor-
.sage, madame étouffe... puis avisant une
plume, il arracha une feuille à son cale-
pin et se mit en devoir de tracer l'ordon-
nance demandée.
Ceci fait il allait se reliwp" quand M.de
I Kertbus l'uréU. *
— Je veos en prie, mensieor, vous
m'obligeriez infinimenten restant encore
quelques instants...
Champel qui avait hâte de s'en aller
cherchait à se dégager et entassait les
prétextes : présence complètement inu-
tile, accident sans nulle gravité, la ma-
lade allait revenir à elle et ne réclamerait
qu'un peu de repos, etc. i
Pendant ce colloque, M. de Kernouët
s'était saisi de l'ordonnance et sa femme
l'avait suivi dans l'église pour lui intimer 1
l'ordre de rappeler le docteur et de le j
faire disparaître au plus vite. !
Mais M. de Kerfous le retenait. le con-
traignant ainsi à ne pas s'éloigner. Cer-
taine expression de physionomie, sur- j
prise sur le visage de Champel, son désir '
trop manifeste de se dérober avant le ré-
veil de la jeune femme, l'embarras visi-
ble de son beau-père en introduisant le
docteur, avaient suffi pour raviver en
son esprit une anxiété déjà causée par |
un ensemble de petits faits ayant éveii'é |
son ombrageuse susceptibilité de fiancé. !
En réalité, il n'avait point encore senti
vraiment sienne de cœur celle qui, de-
puis quelques heures, lui appartenait of-1
liciellement. Mlle de Kernouët ne lui
avait cependant point fait attendre sa
réponse. A peine présentée par un inter-
médiaire, ami des deux familles, la re-
quête de Gérard avait été agréée. Mais,
di's les premiers jours, l'attitude un peu
guindée, presque froide d'Yvonne le fai-
sait ré!lérhir,car cette réserve ne cadrait
guère avec les allures nullement timides
de la jeune fille. Cependant il était visi-
ble qu'en présence de sa mère surtout,
Yvonne semblait comme paralysée. Gé-
rard avait demandé à s'entretenir seul
avec elle, s'était doucement plaint de son
indifférence, sans réussir à obtenir un
peu plus d'expansion.
Les heures, les jours avaient passé,
amenant celui du mariage et augmen-
tant chez M. de Kerfous un indéfinissa-
ble malaise moral devant le mystérieux '
embarras d'Yvonne. Ce matin-là, parti-
culièrement. il I'av*A mtosetfvée, Oeve-
tiarrt à chaque instant pfas nerveuse,
impuissante à maîtriser un trouble gran-
dissant, avec dans le regard ce vague
effroi de ceux qui se sentent sous le coup
d'une menace.
Comme Champel allait enfin gagner
la porte, Gérard le retint encore, lui de-
mandant sa carte après lui avoir offert
la sienne, se disant très désireux de
pouvoir aller dans quelques jours le re-
mercier en personne d'avoir bien voulu
s'arrêter et se déranger pour donner ses
soins à Mme de Kerfous. Juste au même
instant Yvonne ouvrit les yeux, les fixa
sur le docteur qui se trouvait en face
d'elle et, demi-inconsciente, la mémoire
encore vide des événements présents,
murmura comme en rêve, soulevant ses
bras : — Vous! vous... dites-moi...
Puis elle retomba inerte, plus blême
si possible, les yeux clos à nouveau.
V
Malgré l'étonnement habilement si-
mulé par Champel en entendant ces mots
et sa présence d'esprit à manifester des
craintes que la malade ne fut prise de
délire — ce qui lui semblait au reste
assez vraisemblable — M. de Kerfous
cut l'immédiate conviction qu'un lien
quelconque existait entre Yvonne et celui
qui par une malechance avait été arrêté
pour lui donner ses soins.
Mme de Kernoui-,t étant restée au-
près de sa fille il avait escorté le docteur
dans l'église et soudain l'arrêtant d'un
geste :
— Monsieur, UQ mot.je vous prie,
connaissiez-vous mademoiselle de Ker-
nouët !
— J'ignorais son nom il y a encore un
instant... répondit Paul trouvant fort à
point cette réponse véridique, et dési-
reux de parer à toute éventualité il
ajouta :
Il Votre jeune malade subilsans doute un
trouble de mémoire, dû à une émotion
trop intense ; il ne faut nullement vous
en préoccuper,ces phénomènes sont fré-
auents, surtout chez les natures superla-
tivemcn1 nerveuses, avant tout elle aura:
berotn de ctfnft, titurieawtudra, qusonl
elle reprendra conscience, éviter toute
allusion à des paroles incoliérentes ( t dont
elle aura sans doute perdu souvenir : Au
reste, sitôt chez vous, fuites chercher le
médecin de la famille qui seul peut el
doit vous bien conseiller.
Puis s'étant incliné, il traversa rapide
ment le perron et se jeta dans la pre-
mière voiture libre.
Quelle fatalité t'avait donc poussé »
vouloir assistera ce mariage !
Sa curiosité lui créait maintenant
des remords ! car il ne se dissimulait pas
que M. dCTverfous n'avait guère 31 "t'pté
ses dénégations; sa présence inoppor-
tune avait donc apporté une complication
de plus dans i'existence de celle qu'»
avait voulu revoir.
Or ce désir même était coupable. »
n'aurait jamais dû chercher à savc'r. a
mettre un nom sur le visage de (dIe
dont sa mémoire était souvent hanUe.
Ces mots qu'elle lui avait criés : dites-
moi... avaient pour lui une suprême 51.
gnification. Oui, dites-moi ce qui est
advenu de l'enfant ? Il revoyait ces yeux
fixes, ces bras tendus vers lui tandis^®
la pens:e, ne subissant plus la nia.tf^®
du raisonnement, s envolait libl'rl'C, al.
lait droit vers celui qui seul détcaait
réponse. Cette réponse il n'avait
donner, et il avait presque dec!a'c
teinte de délire cette malheureuse suc-
combant sous le faix de son itenic-
dissimulation.
Un autre tourment s'ajoutait peur >
à ceux-ci, un autre plus iM"lt.iltat. i
touchant de plus près : il ne pourrait rt
dre compte à Suzanne de tout lc:UP
de cette journée, elle n'était Pas 1
tionneusc,c'esl vrai, mais il devinait
vent ce que cachait cette discivu,
serve.
MATHILDE DE SAINT-VIDAL
(A suivre.)
I
STEltoi'd» ISK, MiT les confions, la du-
des
.. ..lisl.mentl 81 da salaire l'interdiction eD ..tot"e; de des la ameD- loi de
S Ear ies accidtnta de travail. ,
Révision de la loi da 27 octobre 1890
Mr la rupture du contrat de travail fixant.
tes délais-congés à observer et les indemni- ,
tés à payer..
Capacité oivile universelle des syndicats |
et oafiaeité juridique étendue aux travail-
leurs de toute la corporation ; exemptioa
des droits de timbre et d'enregistrement
jpoor les actes des syndicats ; conciliation
et arbitrage obligatoires en cas de diffé-
mode collectifs ; abolition des bureaux de
{riacement privés. Insaisissabilitti des e&-
aires et appointements : privilège intégral
en première ligne, au cas de décès, faillite,
cession ou cessation de commerce, sinis-
tre, etc., avec adjonction, en pareil cas,
d'indemnité à fixer.
Enfin, la délégation a exprimé le vœu
que la population professionnelle de chaque
catégorie de salariés serve à l'avenir de
base unique à la représentation propor-
tionnelle de chaque groupe au Conseil su-
périeur du Travail.
Le Ministre a écouté avec sympathie
l'exposé des revendications du Congrès des
Employés; il a noté les faits saillants qui
lui ont été signalés et il a donné à la délé-
gation l'assurance que les vœux des em-
ployés seraient examinés avec l'attention la
plus bienveillante et le plus grand désir d'y
donner satisfaction.
Les Conférences
Capricieux, tâtonnant, impulsif, passion-
né, d'aborj aveuglé par une foi absolue,
puis tourmenté par le doute puis plongé
dans la négation extrême, superbe, génial,
charmeur tel fut Nietzsche, dont Mme Sou-
ley-Darqué exposait la philosophie, hier, à
la Fropide.
Avec beaucoup d'autorité et une grande
compétence, Mme Souley-Darqué nous
palle des deux découvertes que Nietz(,,he
fit ou crut faire et sur lesquelles repose
toute sa doctrine. L'une, c'est la théorie du
tuperhamme eu surhumain ; l'autre, c'est
l'hypothèse du retour éternel.
Nietzsche eut comme initiateur et long-
temps comme maître Schopenhauer. Or, ,
Schopenhauer ramène le monLlc,c'est-à-dirc
la force .tamatière, l'esprita un seul principe
qu'il appelle Volonté. Celle Volonté, elle
est la Vie obscure des végétaux et des êtres
inférieurs, elle est aussi le mot conscient
de l'homme. Mais elle n'est jamais satis-
faite, toujours elle aspire à quelque chose
de plus. Et dit la conférencière en une
image précise et frappante : » Elle s 'a-
gite, elle oscille comme un pendule fa-
tal entre la dou!eur et l'ennui Il. De
sorte que Schopenhauer ne peut nous
offrir que le Nirvana. Nietzsche, son dis-
ciple trouve entre la douleur et l'inaction
une issue : la surhtimanité. Il est. lui, opti-
miste. Il cntrcvoiti'infinie perfection de
l'humanité.
C'est ici-bas que l'on doit travailler a
augmenter tout son être, à se surélever.
Mais comment?
Il faut tf ut démolir, hr:iler, saccager, et
rebâtir une cité nouvelle oii les hommes
vivront en trois castes définies. Ils seront
agriculteurs ouvriers, c'est-à-dire esclaves,
ou bien guerriers c'est-à-dire défenseurs
de l'ordre, ou bien les sages, les maîtres
c'est-à-dire les surhumains. Nietzsche ne
craint pas de déclarer : il y a une morale
de maitres et une morale d'esclaves.
Le superhomme peut sacrifier ceux qui
l'entourent, c'est justice, car il possède le
moyen de créer désœuvrés supérieures. Le
troupeau des mortels ne doit travailler que
pour lui seul.
Mme Fouley-Darqué réfute scientifique-
ment Nietzsche. Elle démontre que tout
dans la nature agit pour l'espèce et néglige
l'unité. Kl le a été vivement applaudie par
' un public nombreux et enthousiaste.
Elle ne dit ensuite quequelques mots sur
le retour éternel qui n'est qu'une hypo-
thèse — la moins probable des hypothèses.
Selon Nietzsche parce que le temps est in-
tini et les forces limitées, nous devrons re-
venir pareils à ce que nous sommes pour
le triomphe du surhumain. Puis elle con-
clut : «Je hais les théories du philosophe,
mais j'admire profondément le charme de
I *écrivain, la riche beauté de son s! vie. »
Malgré la magie de ses phrases, Nietzsche
l1e peut avoir raison, car enfin les grands
hommes ne valent beaucoup que parce que
la masse dont ils sont issus vaut elle-même j
miAlntiA rhriQf»
RENÉE RAMBAUD.
TRIBUNE DU TRAVAIL
LES GRÈVES
CARMAUX
La situation s aggrave de plus en plus à
C&rmaux.
Les grévistes, sans un instant de décou-
ragement, luttent avec une vaillance admi-
rable pour la défense de leurs revendica-
tions. lis ont fait preuve, jusqu'à présent,
d'un calme et d'une sagesse dont on devrait
leur savoir gré.
Or, c'est par l'intervention de la gendar-
merie que l'on répond à leurs tentatives
priment le travail. Voici les graves non-
velles qui nous arrivent :
M. CaJvignac, ancien maire de Carmaux,
vient d'être arrêté dans les circonstances
suivantes :
Hier matin, à 4 benres, les grévistes étaient
allés occuper les routes conduisant aux
3 puils. h. sur lesquelles circulaient depuis
h. 112 des patrouilles de gendarmes.
L'effort principal s'était porté sur le pas-
sage à niveau de la gare où M. Calvignac
avait essayé de disposer un groupe impor-
tant de grévistes.
Le commandant de gendarmerie, M. Si-
mon, s'avança vers M. Cahignac et le pré-
vint qu'il le ferait arrêter s'il portait une
atteinte quelconque à la liberté du tra-
vail.
L'ancien maire n'ayant tenu aucun compte
de' l'avis qui venait de lui être donné, il fut
arrêté el conduit par une escorte de quinze
gendarmes à l'hôtel Tisseyre où le préfet
se tient en permanence.
M. Calvignac a été arrêté sous 1 inculpa-
tion de provocation à l'émeute et d'atteinte
à la liberté du travail.
Quant aux malheureux qui, contre leur
propre intérêt, rompent toute leur solida-
rité avec leurs camarades, ils se font ac-
compaguer par les gendarme jusqu'à la
commune de Moneslier, d'où ils viennent
pour la plupart.
Les grévistes ont tenu ensuite une réu-
nion dans laquelle ils ont décidé de mani-
fester au moment de la sortie du puits.
Après avoir été interrogé par le procu-
reur de la République, M. Calvignac, an-
cien maire de Carmaux,a été mis en liber te
le délit pour lequel il avait été arrête,
n'ayant pas été jugé suffisamment carac-
térisé.
Une lettre du Ministre du Commerce
M. Millerand vient d'adresser à M. Bri-
doux, président de la Chambre syndicale
de la confection et la couture la lettre sui-
vante :
m Monsieur,
« Vous m'avez l'honneur de m'adresser
une demande en vue d'obtenir que, en rai-
son du développement d'alraires ¡¡,uquel'Va
donner lieu l'Exposition, les maisons de
couture et de confection soient autorisées
à faire travailler leurs ouvrières douze
heures par jour pendant neuf mois consé-
cUllfs,aveo faculté de faire des journées de
treize heures pendant soixante jours. L oc-
troi do cette double tolérance serait subor-
donné à la double condition qu'il y aurait
une interruption de travail d'une heure et
demie pour les repas, et que la journée ne
pourrait pas se prolonger au delà de onze
heures du soir.
.< J'ai tenu, avant de vous répondre, à
procéder à une enquête approfondie qui
me mit à même de me prononcer en pleine
connaissance de cause. J'ai le regret de
vous informer que les résultats auxquels
cette enquête a abouti ne me permettent
pas de prendre votre demande en considé-
ration. .
« Le législateur a très nettement , indi-
qué sa volonté que le travail de la femme,
même avec les dérogations que la loi du
2 novembre 1892 autorise, ne dépasse pas
le maximum de douze heures, déjà fixé par
la loi de 1818, pour le travail des adultes
dans les usines et manufactures. 11 berait
donc nécessaire, pour conférer aux coutu-
riers les tolérances qu ils sollicitent, de
déposer un projet de loi, dont je ne croi-
rais pas devoir prendre 1 initiative, surtout
quand le Parlement vient de voter une loi
tendant à abaisser la durée du travail à
dix heures dans un délai de quatre ans.
« Permettez-moi, d'ailleurs, de vous faire
remarquer que l'Exposition n'est pas un
événement imprévu. Les maisons de cou-
ture et de confection ont eu tout le temps
de s'y préparer et en multipliant le nom-
bre de leurs ateliers et en augmentant l'eflec-
tif de leur personnel, ce qui aura le grand
avantage de diminuer le nombre des ou-
vrières sans travail.
« Ces maisons n'auraient qu'à s en prendre
i à elles-mêmes si, voulant accroître leurs
chiffres d'affaires sans élever proportion-
nellement leurs frais généraux, elles
avaient escompté des tolérances qui ne
sont pas inscrites dans la loi.
t' Il est une autre considération qui ne
permet pas d'accueillir votre demande ;
c'est que si on faisait à la couture et à la
confection un régime d'exception qu'elle
est seule à réclamer (ce qui n'indique pas
que la mesure soit bien justifiée . les au-
tres industries du vêtement (modes, bro-
deries, tteurs, plumes) ne manqueraient
pas d'en revendiquer le bénéfice, ce qui
équivaudrait à la suspension de la règle.
mentation protectrice du travail de la
femme..
« J'ajouterai en terminant que les indus-
tries que vous représentez sont au nombre
de celles qui sont les mieux partagées, au
poiut loi, de vue des exceptions prévues par la
oi, puisqu'elles peuvent : t. faire veiller
leurs ouvrières jusqu'à 11 heures du soir
pendant 00 jours par an ; 2* les occuper
temporairement sept jours par semaine
pendant 12 heures par jour, sans repos heb-
domadaire, avec l'autorisation de l 'inspec-
teur divisionnaire.
« Je ne doute pas qn'en combinant les
facultés que vous confère la loi et les tolé-
rances réglementaires dont le service vous
permettra d'user d'autant plus largement
que les heures supplémentaires seront
mieux rétribuées, vousne parveniez comme
toutes les autres industries de luxe ou de
saison qui se préparent pour l'Exposition, a
taÏn. face aux exigences de votre cllen-1
tè!e.
Recevez, etc. '
— Sons tppltoditMas des deux mains à
cette réponse..
Que MM. les patrons prennent des ou-,
vrières supplémentaires, s'il y * "«JJ»
travail sera ainsi mieux réparti. C'est
d'ailleurs le désir de celles qui sont en
atelier, désir qu'elles ont manifesté plus'
d'une fois dans la Fronde, et c'est tout à
leur louange, de penser à celles qui man-
quent de travail.
Permanence ouvrière tous les mercredis
à la Fronde, de 8 à 10 b du soir.
MARIE BONNEVIAL.
LES JOURNAUX
DE CE MATIN
SANS DISTINCTION D'OPINIONS
M. René Viviani dans la Lanftrnt! parle
des mineurs de Carmaux et de la soi-disant
victoire remportée par les patrons :
Les journaux modérés nagent dans la joie et
annoncent la rentrée des mineurs de Camaux
avec dei cris de triomphe oii se cache mal .-î
dépit dune si mesquine et si pJrticl:e vic-
toire.
Il parait qu'on n'est plus en grève à Carmaux.
A lire les détails des statistiques on ne s en dou
te rai t pas
I.e quart à peine des mineurs ent , rentre ...et.
dans ce quart, il faut compter les non-grévistes
qui. dès la première heure, voulaient revenir au
chemin de la mine.....
Mais il importe peu. Et quand m< me la vic-
toire serait complète, serait elle dural,le? Seules
durent, en dépit des atteintes qui leur sont por-
tées, les conquêtes du droit.
Celle détestable prédominance île la force sur
le droit et de I arpent sur la misère errasora
momentanément. Mais la haine demeure vi
vac..
Chaque occasion semble amener la revanche.
Les bouches demeurent silencieuses et le cœur
un jour éclate.
De sorte que ce qu'il a de plus meurtrier pour
le capitalisme mème, c'est son succis fait de sa
force acquise.
L'article de M. Henry Maret, d anse Ra-
dical prouve que le cabinet Waldeck-
Rousseau peut être maintenant considéré
comme ayant franchi son cap des lcmp:'-
tes :
Si jamais vaisseau portant un cabinet et sa
fortune a été battu par les orages, c'est bien ce-
lui-ci.
Il ne s'est pas écoulé une semaine depuis son
départ sans qu'il ait subi un ou plusieurs as-
Il Ii. résisté à tous, à la stupéfaction toujours
croissante de ses ennemis, qui jarna:s ne l'au-
raient cru aussi solidement construit.
Le Matin déclare que la Chambre a tran-
sigé avec les principes en autorisant la
perception d'une taxe sur une voie navi-
gable qui est le canal de la Marne.
Bien entendu, la taxe ne commencera à
être perçue que quand le canal sera termine ;
mais le fait seul que cette taxe sera établie
va permettre dl' trouver une partie des capitaux
nécessaires pour continuer les travaux, l'Etat
s'engageant à f, u 'nir le complément, de façon
à ce que la nouv. t)e voie de navigation soit
achevée dans un délai maximum de six ans.
Thé de la « Fronde »
DANS LE HALL OU JOURNAL
Tous les jours de 2 h. à T heures pour
tout le monde.
Le thé 50 cent, par personne.
Sandwichs et petits gâteaux: 20 cent.
Bière Karcher et Limonade
Chocolat et vins fins.
FAITS DIVERS
Paris
Uole affaire d'espionnage
Le service de la Sûreté a arrêté dimanche
soir un nommé Léon Ga/.ct, âgé de 25 ans,
inculpé d'espionnage avec l'Allemagne.
Cet individu a été mis à la disposition de
M. Baffrov, juçe d'instruction.
Dans les milieux judiciaires on se refuse
à tout renseignement sur celle aflaire.
La bande des rapins
Les agents de la Sûreté viennent de cap-
turer une bande de cambrioleurs qui, en
quelques mois ont commis plus de cent
vols avec effraction dans les villas, les pro-
priétés et les maisons inhabitées de la ban-
lieue de Paris.
Ces individus au nombre de cinq, vêtus
j de costumes de velours, coiffés de bérets
ou de chapeaux de feutre à larges bords,
I portaient à la main et sous le bras une i
boîte a conteur, un châssis et un pliant. lit
avaient l'apparence de jeunes artistes en
Buftle d'un paysage intéressant. Mais leur
boîte au lien de contenir des couleurs ser-
vait de remise à un outillage complet de
cambrioleurs: pince monseigneur se divi-
sant en plusieurs parties, ciseaux à froid,
tenailles, coins de bois, etc.
Ces malfaiteurs s'installaient paisiblement
aux environs de la propriété sur laquelle
ils avaient jeté leur devo!u. Puis, dès qu ils
étaient certains que la maison n'était pas
gardée, ils pénétraient dans les apparte-
ments, faisaient main basse sur tous les
objets de valeur, les groupaient en paquets
et revenaienl tranquillement à Paris par le
chemins de fer en se faisant suivre de leurs
C°Leûr attirail et leur costume d'artistes
peintres les faisaient se désigner entre eux
sous le nom de fi rapins » .
rne surveillance des plus t'trieuses faite
ces jours derniers par les agents de la Sû-
reté a permis de pincer toute la bande d un
seul coup de filet.
Lest rupins»» s'étaient rendus aux abords
de la propriété de M. Pariset, 27, rue des
Villarraains, à Saint-Cloud. Comme de cou-
tume, ils s'étaient introduits dans les appar-
tements à l'aide d'effraction et après avmr I
fait plusieurs colis des objets précieux, ils ]
regagnaient Paris, suivis de près par les j
inspecteurs do la Sûreté, qui avaient .nte- |
rèl il connaître ce qu'ils faisaient des objets
volés.
Arrivés à la gare Sainl-Lazarre, ils se
partagèrent lescoli® et prirentdes voitures
pour se faire conduire à leur domicile où
ils ont été aussitôt arrêtés.
Ces cambrioleurs, tous des jeunes gens,
se nomment René Dubois, 23 ans, lii, rue
Mllrcadcl; Victor Barbcyrcux, 24 ans, 90,
boulevard Victor-Hugo. à Clichy ; Joseph
Gas'atd', !6 ans, ri8, rue Mazarine ; Edouard
Jalahert, 21 ans, 12, rue Cadet, et Etienno
touque, 28 ans, il, faubourg Saint-DcntS.
Il n'a pas fallu moins de deux grandes
voitures de déménagement pour amener au
g relié du Palais, tous les objets provenant
de vols, saisis iiu domicile des inculpés. On
a trouvé notamment des pendules, des ob-
jets d'arl, des tableaux, des armes anciennes
et des bijoux de prix.
Brûlée vive
Mme Eugénie Tattem, blanchisseuse, de-
meurant 30, passage Vaucouieurs. a été
grièvement brùlée hier matin sur diverses
parties du corps par du pétrole en llam-
mes provenant d'une lampe qu'elle avait
renversée accidentellement sur elle.
Celte malheureuse a été transportée
mourante à l'hôpital Saint-Louis.
Les affiches de 1' « Intransigeant M
L' Intransigeant faisait annoncer hier
par des affiches illustrées qu'il publie-
rait chaque jour, à dater du 20 avril, un
dessin satirique de H. Somm, J. Belon,
Guydo, Dépaquit, etc...
Ces affiches portaient une composition
de J. Belon, inspirée par l'Affaire, et dans
laquelle on pouvait reconnaître le Prési-
dent de la République.
La maison d'affichage Riche et Cie devait,
faire circuler hier dix voitures-annonces
recouvertes de cette affiche.
Mais les voitures ont été, les unes place
de la Bastille, d'autres rue Saint-Antoine,
d'autres rue Damrémont, arrêtées par de
nombreux agents en bourgeois accompa-
gnés de gardiens de la paix, qui ont intimé
aux conducteurs l'ordre de rentrer, faute
de quoi les véhicules seraient conduits à la
fourrière.
D'autre part, les affiches de l'Intransi-
geant apposées dans ! intérieur de Paris ont
été lacérées.
La banc e de Milo
M. de Vallès, juge d'instruction a inter-
rogé hier dans l'après-midi un nommé Pel-
tier poursuivi pour un vol qualifié commis
à Saint-Ouen.
l'ciller était assisté de son deienseur M'
Paul Iiuguet.....
A la prison de la Santé, Pcltier avait été
placé dans la même cellule que Werbeck
qui naturellement l'a fI cuisiné « et « ma-
riné >1 consciencieusement.
Au cours de cette insirnetion d'un nou-
veau genre, Pellier aurait fait des confiden-
ces qui, pa.rait-il,fcront avancer d'un grand
pas. I instruction de l'affaire de la rue de
Malle.
Accident mortel
Un ouvrier, employé à la construction
d'un bâtiment de 1 'Hxposîtion, au Cliampde
Mars, est tombé du toit sur lequel il tra-
vaillait et s est tué sur le coup.
Le vitriol
M. Flory, juge d'instruction, a confronté
hier, après-midi, dans son cabinet, en pré-
sence de M. Rergouhnioux de Waillr, la
jeune Marie Désert qui, dimanche dernier,
tenla quai de Béthune, de vitrioler son
amant, Camille Fouquet. Comme le juge
demandait à la jeune fille pourquoi elle
n'avait pas complètement vidé la tasse
qu'elle tenait entre les mains.
— Je me suis arrêtée, a-t-elle répondu
au magistrat, parce que j'ai vu que je lui
faisais trop de mal et je rai ensuite em-
brassé.
Malgré l'attitude de la jeune fille qui
paraît très digne d'intérêt,Camille Fouquet
ne s est pas laissé attendrir et a maintenu
sa plainte.
Sa rancune ne lui portera pas bonheur
car le parquet va le poursuivre pour dé-
tournement de mineure, Marie Desert
n'ayant que 17 ans.
Une affaire mystérieuse 1
M. de Valles, juge jjjjJ J
d'êtreeha»** pRie d'uDe ...ir.
sur laquelle on refuse jusqu à nouvel orare
tout renseignement..
Il y aurait, parait-il, plusieurs arresta-
tion M. s.de Vallès s'estrendu hier dans la soirée
dans un 4es quartiers de MOfttmartre pour
procéder aux premières investigations.
Départements
Un crime
MAtSKtLLR. — Hier matin au quartier de
la Vieille Chapelle, banlieue de Marseille,on
a trouvé le cadavre d'un laitier
nomméMigliorero, Domenico,âge de 28 wtts,
étendu sur le seuil de sa porte.
L'examen médical a établi qu il avait été
assommé.Le vol parait avoir été le mobile du
crime. On a arrêté le nommé Macario
FrancescO sur qui pèsent de graves soup-
Ç0IlS' Enfant abandonnée
Hier après-midi, on a trouvé dans la cour
de l'hôpital, cachée sous un arbuste, une
petite tille de six ou sept jours abandon-
née. L*enfant était bien vivant, mais le froid
commençait à le gagner. GrAce aux soins
empressés qui] lui onl été donnés, on es-
père le sauver.
Les parents coupables sont recherchés.
Une remise de 25 OjO sur le prix
de l'abonnement sers faite à toutes
les Institutrices et employées de
l'Administration.
SPOSTING-NOTES
Paris-Roubaix
Les engagements de la course Paris-Rou-
baix qui aura lieu dimanche prochain vien-
nent d'être clos. 23 engagés sont inscrits
pour la catégorie des cyclistes et 52 pour
des motocvcles. -
Course du Premier Pas
Cette épreuve originale réservée à tous
les chauffeurs n'ayant jamais pris part à
aucune épreuve automobile se disputera
sur le parcours &1inl-licrmaUl-Houen et j
retour. ,, !
La Vis au Grand air qui organise cette
course le 29 avril prochain, l a divisée en
5 catégories :
A. Motocycles il une place.
B. Quadricycles à deux places.
C. Voiturettes au-dessous de 2,~>0 kilos.
D. Voilurellos de ?r»0 à 400 kilos.
E. Voitures au dessus de 400 kilos.
Aérostation
La Commission d aeros&io SClcnulIqut:
vient de se réunir sous la présidence du
prince iloland Bonaparte.......
Sur la proposition qui lui a été raite par
le Comité de l'Aero-Club, la Commission a
accepté d'organiser le concours et de dé-
cerner au vainoueur le Grand Prix de
cent mille francs'offcrt à la Société.
Le fondateur du Grand Prix, M. Henri
Deutsch (de la Meurthe), M. Deslandres,
astronome de l'observatoire de Meudon, et
M. le docteur Olivier ont été élus à 1 'unani-
milé membres de la Commission d *aéres-
talion scientifique.
Le Meeting de Pâques
Au vélodrome du Parc des Princes, deux
réunions intéressantes auront lieu le di-
manche et le lundi de Pâques.
Jacquelin. TomaseHI. Pasini, Banker, !Iu-
ber sont engages.
RENÉE DE VÉRIANE
Courses à Maisons-Laffitte
Rèsultats du pari mutuel
Mardi 10 avril
Chevaux Pcs.
10 5
Fée l'rgèle gagnant 55 •• 26 50
— l'lacé 17 .. 9 50
Arak l'lacé 1- 70 10 50
Mirai place l, 50 Io •*)
Mclnik gagnant lWi
- rlacc 1 50 22 »•>
Isûrc placé 13 50 G 50
Barberousi:-, H rlac^ 43 " » 24 ""
Directoire gagnant 31 50 14 50
place 23 50 9 elo
Formaliste Il placé 28 rI) 18 50
Céladon gagnant 37 ■ 22 lin
place 14 50 < 50
Hardi Placé VI 50 6 »
Jaca • placé 16 .. 8 50
ïsmùnë gapnanl 19 18 50
— placé 16 50 8 ào
Alhambra III placé li 50 7 a)
ÏÏobërsart gagnant 37 50 16 50
placé 19 50 5U
Séducteur placé 30 -- 15 50
Fumiste Il placé 26 »» Il »•
Aujourd'hui Mercredi 11 avril
A 2 heures
Courses à Colombes
• Ti,,qÉnRsusE.
PIANOS A.BORD
14 bit, boulevard Poissonnière
SUMO CROIX DE PIIIOS NEUFS ET D'OCC&SIOR
FACILITÉS DB PAUMENT tarot franCO da Catalof Ue7 j
LA FINANCE
On «l'affirme que certains financiers
pectables - par leur nombre - son,<.,£?:
de M. Lé pins leur admission de M.
leur admission dans le corps des sard::
plongeurs récemment créé. Leur gr»»ï
habitude dans ce genre d exercice ett «
rente d'un succès qui pourra égaler cet!»
des Deux Aveugles où br:!ta d'un si viféfu,
le fameux 14* Plongeurs à. cheval. plu% he..
reux que les régiments de cavalerie
glaise, cet illustre U" avait — dit-on - r.
chevaux et des chevaux nullement atteint
d hydropisie comme ceux du Transvaal,
Toutefois on m InJOl'me à la dcrn'u»*
heure, que les dits:chevaux hydronuS!
viennent d'être expédies à M. Lépioe. u»
puisqu'ils sont hydropiques de la léiè ils
seront de précieux auxiliaires pourries btt
ves gardiens plongeurs, a moins que l'éu
motogie ne soit qu un mythe ; hvdropwinÀ
ne pouvant vouloir dire — s; je ne m aC.!
— que : qui-pi-gue-une-l^tc-daïu-l'eau':
Ah ! ma tète !
Malheureusement en Bourse plus que ca
change, plus c'est la même chose.
Les Rentes françaises n'accusent nu«
101 30 et toi 55 ; l'Amortissable finit à
au comptant et à 99 à terme; le n jf».,{
à 103 05 et 103 32, perdant "c. au C011J.,l&n,
mais en gagnant 7, à terme.
Faiblesse presque générale des Pirin.
gers. L'Extérieure descend à 73 u7; i Italien
progresse à 91 55. Les Brésiliens n'enregis-
trent que des fluctuations sans linpc,rtinre.
; l'ne meilleure tendance peut se c-a-tAUc
sur quelques Etabllssemenls de Crc'i.t.
Banque de Paris clôture à 1,168; le Comp-
toir d'I'scompte se tient à G'TO, la *Gciti#
Générale se raffermit à 60S et la banque
Internationale se négocie àGOT.
Toujours la. fermeté des Chemins de fer
français et cspngnois. Les Wugoas-Lus
sont fermes à. ï;)L
(Juant a'jx Industrielles, elles suHssem
surtout des réalisations, y compris !c IMO,
ce qui signifie : mauvais état du Marché.
En Banque, on d.:p:o.c une activité de
meilleur aloi. On y co'e Jollaia-i'.rccka à
t:rJj Compagnie Urbaine du gaz ac.clyiène 1
140, ex-coupon de 12 fr. OS détache hier,
Les Lots Turcs s'inscrivent à 125 25.
TOIBOULETIE
LE HOME
Mesdames et Messieurs, vous connaissez
tous The Gentleman, 14 et 11 bÜ, boulevard
Poissonnière, ch bien, j'ai le plaisir de vcus
annoncer, que demain jeudi, à l 'occasica
des fcles de Pâques,cette ancienne et bonne
maison fera une vente extraordinaire de
cravates, d'un bon goût, d'une fraicheur,
et d'un bon marché, tout à lait exception-
nel... qu on le dise aux amis. Vo^cz. donc
aussi les chaussettes.
Si le temps vous le permet, passez donc
Maison Bataille, 65, rue Illlm/juteail. prendre
ou com mander, un de ces exi -el lent s jo ml ons
dont je vous ai souvent parlé.Vous auiezle
temps de le faire dessaier à froid et de le
cuire pour le servir froid ou chaud, ce fci
jour de Pâques, soit à la notée ou avec des
nouilles ou bien des épinards, ou encore
tiède masqué d'un bon velouté au ma.
dère.
GOURMANDISE
Nouvelles Théâtrales
Aujourd'hui mercredi :
A 4 heures précises, fdans la salle des
Fêtes du Journal, 100, rue 1tlchelicu, a""em.
bléc générale extraordinaire de r.\""CCI3-
tion générale des Artistes dramatiques et
lyriques de France.
La deuxième séance de musique intime
de l'éminent violoniste Wc:ngacrlncr aura
lieu à 9 h. du soir, dans la salle PieyH. AIJ
programme : Mlie Duet d Arbel, Mlle Marie
Weingaertner, M. Feuillard. dans des œu-
vres de Bach, Liszt, Mand:. Missa. La "':'lnrt)
se terminera par l'audition d'un sostuot
inédit pour 0 violons du jeune composdcui
Bourdon.
• •
Ce soir :
A l'Opéra. Patrie. op}ra en cinq actes et
six tableaux de MM. Victorien baniou et
Louis Gallet. musique de M. Paladill.e.
Mmes L. Bréval, Doiorès; Bosman, Ra-
f&c!e.
MM. Alvarez. Karloo ; Delmas. cercle de
rtysoor; Vaguet. La Tré.-noiile ; Chamton,
dUG d'Alhe: Bartet, Jonas: l'aly,:"(I;rc\lrmes;'
Douaillicr, Rincon ; Gallois. Vargas; Dcnoye,
Delrio ; civette, officier d*tionneur ; Haudm,
Miguel; Cancelier, un officier; Lacomc, Ga.
Iéna.
Danse au deuxième acte.
Mlle Sandrini, M N'a--q-iez.
Mlles Torri. Yansrccthen, H. Régner, J.
Régnier, Yiollat, Galiay. Beauvais, li, (ouat,
J Charr.er. Mourct, S. Mante, Mv:t;us,
, Morlci. Boos. 1
MM. Moquante. Baron, Revmond.
PAVANt:
Mlles Rnbin. Ixart, Soubrier, L. Mante.
MM. Stilb, Girodier, Hanter, Javoo.
i A rOpéra-Comiquc.Z.c lui! polonais, rente
I populaire en trois actes et six tat!cauxi
NOUVELLE DE LA FRONDE
11 AVRIL 1900
(4)
LEUR FILS
A présent sa curiosité eût dû être sa-
tisfaite, il savait ce qu ii avait désiré sa-
voir et pourtant il ne partait pas, ass is-
tant à la cérémonie qui s'accomplissait
lentement; il voulait la revoir encore au
défilé de la sortie, la revoir au bras de
son mari appelé à de fâcheuses découver-
tes si tant est qu'il fût ignorant du passé.
L'église se désemplissait, les curieux
s'en allaient, les invités se pressaient
dans la sacristie pour offrir leurs félicita-
tions Tout à coup,un remous se produi-
sit, tout le monde renuait précipitam-
ment dans l'église; deux messieurs à
l'air inquiet semblaient chercher quel-
qu'un et Paul entendit : — Voyez donc,
vite, Dellvarenne,l'ami des Kernouët était
là, tout à l'heure, il a signé un des pre-
miers, ce serait une fière malechance s'il
avait déjà tilé...
Ce nom, celui d'un Maître, était bien
connu de Champel, il s'était même sou-
vent entretenu avec le célèbre docteur
durant ses innées d'internat dans les hô-
pitaux.
Machinalement,il sortit de l'église,sui-
vant ces messieurs, inspectant les équi-
pages afin de reconnaître le coupé du
docteur, mais renseignements pris, ce-
lui-ci vcnait. de partir. 11 avait fallu tous
les liens d une ancienne amitié pour lui
faire dérober quelques instants à ses
multiples occupations afin d'assister à
ce mariage. Après avoir embrassé la
mariée, qu'il avait au reste mise au
monde, il s'était éclipsé.
Paul se disposait à faire de même ;
tans doute dans l'étouffement de la sa-
cristie une femme s'était trouvé mal, il
M peu fit enrit Il risque d'être eMre-
fccftdé par quelqu'un le rteomttest* et
entraîné pour donner des soins ; aussi,
afin de se dérober plus vite, monta-t-il à
la hâte dans une Urbaine qui passait et
s'accota dans le fond pour se dissimuler.
Malheureusement sa voiture, prise
dans l'encombrement des nombreux
équipages, dut s'arrêter au premier tour-
nant, au même instant une voix le héla
et sa portière fut vivement ouverte.
— Champel, descendez donc vite, on
m'a lancé à la recherche d'un médecin et
par bonheur je vous aperçois , j'as-
sistais au mariage de Kerfous avec
Mlle de Kernouët, celle-ci vient de s'a-
vanir dans la sacristie et tout le monde
perd la tète.
Contrairement à ses habitudes d'obli-
geance et d'empressement, le docteur ne
bougeait pas, il connaissait en effet celui
qui le sollicitait et maudissait la ren-
contre.
— Laissez, mon cher, fit-il, je suis
horriblement pressé... cherchez des sels
à la première pharmacie... qu'est-ce
qu'une syncope due à un peu de chaleur
et d'émotion, les soins de la famille suf-
firont amplement, permettez-moi de
m'échapper...
Mais comme il essayait de se débar-
rasser ainsi de son interlocuteur et de
refermer sa voiture, M. de Kcrnoui -t
lui-même apparut sur le trottoir avec ce
visage bouleversé que Paul lui connais-
sait bien.
— Eh bien, eh bien, avez-vous trouvé
un médecin? demanda-t-il sans dévi-
sager Champel.
— Justement, un heureux hasard, ré-
pondit le jeune homme, j'ai aperçu mon
ami Champcl. au moment où sa voiture
était prise dans un embarras et j'implo-
rais son assistance qu'il prétend être
inutile; à vous, comte, de le décider...
Ce disant il reculait pour laisser ap-
procher M. de Kernouët qui s'avançant
sur le marchepied se trouva face à face
avec Paul.
— Devrez-vous que je vienne, mon-
ttoar. ftt tilBKt Me lu.
— W*t «a* pas,
1
[faire... enfin, venez, donnez seulement
un conseil, une ordonnance... elle ne
peut vous reconnaître et pour ce qui est
i de nous, vous ne nous connaissez pas...
Ces derniers mots contenaient à la fois
un ordre et une prière, Paul s'inclina et
descendit. Il n'aurait pas voulu s'imposer
mais puisqu'on l'y forçait, il acceptait.
inconsciemment satisfait peut-être de ce
rapprochement.
Mme de Kerfous avait été laissée
étendue raide sur le parquet de la sa-
cristie où elle était tombée ; seuls sa
mère et son mari se tenaient auprès
d'elle. D'une main tremblante, recélant
un geste d'hostilité, Mme de Kernouët
lui bassinait les tempes avec un peu de
vinaigre trouvé on ne sait où; M. de
Kerfous immobile, inutile, comme le
sont les hommes en pareil cas,paraissait
à la fois irrité et inquiet.
— Voici, débita M. de Kernouët en
pénétrant, suivi de Champcl, Marannes
a arrêté Monsieur, qu'il connaît et qui
passait précisément en voiture, au mo-
ment où nous réclamions un docteur,
monsieur veut bien nous donner son
conseil...
Le pauvre homme haletait,coUe petite
explication lui coûtait un pénible effort;
Mme de Kernouët s'était brusquement
retournée, mais c'était une femme maî-
tresse de ses impressions et pas un mus-
cle de son visage ne trahit son trouble
en apercevant le docteur. Celui-ci s était
agenouillé, avait pris le pouls de la ma-
lade, puis avait appuyé sa tète contre la
poitrine pour écouter le cœur. Il se re-
leva.
—AvanH tout de !'air,fH-il en désignant
une fenêtre que M. de Kerfous s'em-
pressa d'ouvrir, ensuite coupez ce cor-
.sage, madame étouffe... puis avisant une
plume, il arracha une feuille à son cale-
pin et se mit en devoir de tracer l'ordon-
nance demandée.
Ceci fait il allait se reliwp" quand M.de
I Kertbus l'uréU. *
— Je veos en prie, mensieor, vous
m'obligeriez infinimenten restant encore
quelques instants...
Champel qui avait hâte de s'en aller
cherchait à se dégager et entassait les
prétextes : présence complètement inu-
tile, accident sans nulle gravité, la ma-
lade allait revenir à elle et ne réclamerait
qu'un peu de repos, etc. i
Pendant ce colloque, M. de Kernouët
s'était saisi de l'ordonnance et sa femme
l'avait suivi dans l'église pour lui intimer 1
l'ordre de rappeler le docteur et de le j
faire disparaître au plus vite. !
Mais M. de Kerfous le retenait. le con-
traignant ainsi à ne pas s'éloigner. Cer-
taine expression de physionomie, sur- j
prise sur le visage de Champel, son désir '
trop manifeste de se dérober avant le ré-
veil de la jeune femme, l'embarras visi-
ble de son beau-père en introduisant le
docteur, avaient suffi pour raviver en
son esprit une anxiété déjà causée par |
un ensemble de petits faits ayant éveii'é |
son ombrageuse susceptibilité de fiancé. !
En réalité, il n'avait point encore senti
vraiment sienne de cœur celle qui, de-
puis quelques heures, lui appartenait of-1
liciellement. Mlle de Kernouët ne lui
avait cependant point fait attendre sa
réponse. A peine présentée par un inter-
médiaire, ami des deux familles, la re-
quête de Gérard avait été agréée. Mais,
di's les premiers jours, l'attitude un peu
guindée, presque froide d'Yvonne le fai-
sait ré!lérhir,car cette réserve ne cadrait
guère avec les allures nullement timides
de la jeune fille. Cependant il était visi-
ble qu'en présence de sa mère surtout,
Yvonne semblait comme paralysée. Gé-
rard avait demandé à s'entretenir seul
avec elle, s'était doucement plaint de son
indifférence, sans réussir à obtenir un
peu plus d'expansion.
Les heures, les jours avaient passé,
amenant celui du mariage et augmen-
tant chez M. de Kerfous un indéfinissa-
ble malaise moral devant le mystérieux '
embarras d'Yvonne. Ce matin-là, parti-
culièrement. il I'av*A mtosetfvée, Oeve-
tiarrt à chaque instant pfas nerveuse,
impuissante à maîtriser un trouble gran-
dissant, avec dans le regard ce vague
effroi de ceux qui se sentent sous le coup
d'une menace.
Comme Champel allait enfin gagner
la porte, Gérard le retint encore, lui de-
mandant sa carte après lui avoir offert
la sienne, se disant très désireux de
pouvoir aller dans quelques jours le re-
mercier en personne d'avoir bien voulu
s'arrêter et se déranger pour donner ses
soins à Mme de Kerfous. Juste au même
instant Yvonne ouvrit les yeux, les fixa
sur le docteur qui se trouvait en face
d'elle et, demi-inconsciente, la mémoire
encore vide des événements présents,
murmura comme en rêve, soulevant ses
bras : — Vous! vous... dites-moi...
Puis elle retomba inerte, plus blême
si possible, les yeux clos à nouveau.
V
Malgré l'étonnement habilement si-
mulé par Champel en entendant ces mots
et sa présence d'esprit à manifester des
craintes que la malade ne fut prise de
délire — ce qui lui semblait au reste
assez vraisemblable — M. de Kerfous
cut l'immédiate conviction qu'un lien
quelconque existait entre Yvonne et celui
qui par une malechance avait été arrêté
pour lui donner ses soins.
Mme de Kernoui-,t étant restée au-
près de sa fille il avait escorté le docteur
dans l'église et soudain l'arrêtant d'un
geste :
— Monsieur, UQ mot.je vous prie,
connaissiez-vous mademoiselle de Ker-
nouët !
— J'ignorais son nom il y a encore un
instant... répondit Paul trouvant fort à
point cette réponse véridique, et dési-
reux de parer à toute éventualité il
ajouta :
Il Votre jeune malade subilsans doute un
trouble de mémoire, dû à une émotion
trop intense ; il ne faut nullement vous
en préoccuper,ces phénomènes sont fré-
auents, surtout chez les natures superla-
tivemcn1 nerveuses, avant tout elle aura:
berotn de ctfnft, titurieawtudra, qusonl
elle reprendra conscience, éviter toute
allusion à des paroles incoliérentes ( t dont
elle aura sans doute perdu souvenir : Au
reste, sitôt chez vous, fuites chercher le
médecin de la famille qui seul peut el
doit vous bien conseiller.
Puis s'étant incliné, il traversa rapide
ment le perron et se jeta dans la pre-
mière voiture libre.
Quelle fatalité t'avait donc poussé »
vouloir assistera ce mariage !
Sa curiosité lui créait maintenant
des remords ! car il ne se dissimulait pas
que M. dCTverfous n'avait guère 31 "t'pté
ses dénégations; sa présence inoppor-
tune avait donc apporté une complication
de plus dans i'existence de celle qu'»
avait voulu revoir.
Or ce désir même était coupable. »
n'aurait jamais dû chercher à savc'r. a
mettre un nom sur le visage de (dIe
dont sa mémoire était souvent hanUe.
Ces mots qu'elle lui avait criés : dites-
moi... avaient pour lui une suprême 51.
gnification. Oui, dites-moi ce qui est
advenu de l'enfant ? Il revoyait ces yeux
fixes, ces bras tendus vers lui tandis^®
la pens:e, ne subissant plus la nia.tf^®
du raisonnement, s envolait libl'rl'C, al.
lait droit vers celui qui seul détcaait
réponse. Cette réponse il n'avait
donner, et il avait presque dec!a'c
teinte de délire cette malheureuse suc-
combant sous le faix de son itenic-
dissimulation.
Un autre tourment s'ajoutait peur >
à ceux-ci, un autre plus iM"lt.iltat. i
touchant de plus près : il ne pourrait rt
dre compte à Suzanne de tout lc:UP
de cette journée, elle n'était Pas 1
tionneusc,c'esl vrai, mais il devinait
vent ce que cachait cette discivu,
serve.
MATHILDE DE SAINT-VIDAL
(A suivre.)
I
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