Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-09-22
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 septembre 1899 22 septembre 1899
Description : 1899/09/22 (A3,N653). 1899/09/22 (A3,N653).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703772q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
tony Mars l'a fail avec one maWce heureuse
qui pique juste et reste légère. Boa dialo-
gue est tout plein de traita qui ont fait la
joie de laseHe.
— On ne nous trompe pas* dit en aa ren-
gorgeant Bricard.
Et Margency riposte :
— Vous vous trompez assez vous-méme&
C'est Boisselot qui, rendu libre par la fer-
meture du Gymnase, est passé au Palais-
Royal, qui prête à Bricard sa dignité gogue-
narde.
Le second tableau qui continue l'exposi-
tion, reste dans cette note plaisante de
l'observation de mœurs. Il nous montre
Mme Jane Marsan, une nouvelle recrue de
la maison aussi, d'une physionomie drôle-
ment effarée, en acrobate qui accourt au
chef de police pour qu'il la préserve d'un
danger. Elle sait que Paolo, son partenaire
le soir à. la représentation, soudoyé par un
grand seigneur russe, son ancien protec-
teur qu'elle a te lâché Il, doit la !anher à son
tour. Au moment où il la tient par les
dents à 40 mètres au-dessus du soi, il s'é-
criera : Vive la Russie 1 Et elle sera préci-
. pitée. Elle supplie Bricard de faire arrêter
Paolo et Bricard répond :
— Mais je ne puis. Il n'a encore rien fait.
Tombez d abord. Vous porterez plainte en-
suite.
Au deuxième acte, chez Cabassol, le res-
taurateur champêtre de Ville d'Avray où se
trouve précisément le rendez-vous de Mar-
frency et de Mme Bricard que nous y re-
trouvons filés par Pidouxqui se transforme
sans cesse et où, par une série de coïnci-
dences, tous les personnages se retrouvent,
Je ne vous y conterai point leurs aventures;
il partir de ce moment nous sommes en
plein vaudeville à ficelles et à ficelles con-
nues, telles que le sauvetage des femmes
infidèles par leur propre mari, qui croit
protéger la femmed un ami et dont les Trois
Epiciers, le premier des vaudevilles A ficel-
les, offrait déjà le modèle. M. Antony Mars
nui depuis ses débuts aux côtés de Bisson,
dans les Surprises dtt Divorce, ne compte
plus ses succès do vaudevilliste, a le tour
de main nécessaire pour que ces scènes
soient habiles et amusantes. Nous leur pn'-
férons celles «l'observation qui font atten-
dre maintenant de l'auteur une vraie co-
médie.
La troupe du Palais-Royal, outre les noms
3ne nous avons déjà cités, s'est enrichie
es très jolies Mmes Méllal et Grimault,
dont l'une faisait Mme Bricard et l'autre
Mme Pitoysol, et de Mme Berthe Legrand,
l'excellente duègne d'un si franc comique
qui a pittoresquement représenté une ti-
reuse de cartes. M. Raimond a joué Mar-
gency avec son autorité et st verve habi-
tuelles. M. C. La m y a composé avec une
savante cocasserie le personnage à trans-
formations do Pidoux. C'est une <• inmielic»
qui avant d'être de la police. a n■>- •> ir le
régiment et en a gardé des m. i • ^paya-
bles à la Dumanet. Parmi les ii Il i r. > noms
trop nombreux, je ne cite plus qUt; relui de
M. Hamilton, le comique de Cluny, encore
JANE MISME.
M fi P P j Fermes â la ML"gt". gg a p pg
Tai!?'i?!'?!;iÊi, IABG1 lq PO" ~
Choses de
l'Enseignement
Une directrice d'ccotc maternelle, exer-
ynnt ses fondions dans un département du
Nord-Ouest, qpi a fait le voyage de Paris
pendant les vacances, est venue chez moi,
pour me demander quelques renseigne-
ments et, ne m'uyanl pas rencontrée, puis-
que je suis encore à la campagne, m'a
écrit uno lettre dont j'entrais quelques
lignes intéressantes :
" Si j'avais eu la bonno fortune de vous
rencontrer à Paris, je vous aurais conseil- i
léo sur les meilleurs moyens à employer
pour fonder un vestiaire à l'usage des en-
fants pauvres, comme cela se pratique à
l'école congréganistc. J'en ai parlé vaine-
ment h la femme du député et à quelques
grandes danws; elles ne veulent ni se gêner
ni se COUl"H'ùIIlCUI'O. 11 faut dire que la
ville est essentiellement cléricalo et, qu';.
naLurc))ct)h'nt. toute la partie féminine est
aux ordres de M. le curé. Celui-ci peut se
peut se vanter de tenir toutes les femmes
dans sa main. Si je vous donne ce détail,
c'est pour vous bien montrer au milieu de
quelles difficultés les laïques ont à se cJé-
battre.
"Je 1110 permets de vous envoyer un arti-
cle qui vient de paraitre dans le journal lo-
cal, suus le pseudonyme du seul défenseur
des écoles laïques qui y ait dans la ville.
Il vous édifiera sur la situation. JI
La • situation ", je la connais; elle est la
m i* -iii,,- du Nord au Sud, de l'Oucslà. l'Est.
Ce qui se passe pour le recrutement de
l'enseignement secondaire en France n'est
fias spécial à cet orllre d'enseignement; la
lutte existe partout, et partout dans les
mêmes conditions; toute personne ayant
« rang Il dans la société s'occupe de l'école
congréganiste; les pauvres bères,s'inLérês-
sont à l'autre. Résultat : l'argent afflue
dans les caisses des « Bons Pères » et des
« Bonnes Sœurs ", oelle de l'école laïque
reste vide ou à peu près.
Le coupablo on l'espèce, est une coupa-
use f ble. tC C'est la femme », s'écrie-t-on de tou
ilo- I côtés? Ainsi : tt la mère aimante et vani
t la I teusedit l'auteur de l'article qui m'a été en
I voyé, a rêvé pour sa fine ane situation brï
larite.
en- I Telle école où le luxe -W étale en dépit de
I principes de simplicité et de modestie a se:
I préférences. Elle serait si heureuse de voîi
t&Sm I son enfant sur les mêmes bancs que la fllli
er- ds- I de son propriétaire ou de son armateur, ei
ue- I compagnie d'enfants comme il faut]...
| « Le père, plus sage, et qui sait combien h
| pain quotidien est dur à gagner, conseille
isi- I de se contenter de l'école du peuple. Il citE
de I telles fillettes qui y ont été élevées, don!
tre I l'instruction et l'éducation ne laissent rien
de à désirer... Mais la ffemme dans son entête-
,le. I ment orgueilleux, ne veut rien entendre,
1yn au | etc. etc. »
ire I C'est vrai. Je pourrais citer 0110 quantité
un I de villes où il a été impossible de fonder
3C_ I des patronages en faveur des écoles laïques,
on [ d'une part, parce que « la laïque Il n'est pas
les I " comme il faut », d'autre part, parce que
'é- I l'ordre de ne pas s'occuper de cette œuvre
0i_ I diabolique autrement que pour lui nuire
I est parti du conressionnal.
1er , I C'est vrai,je le répète,mais à qui la faute?
I Combien y a-t-il d'hommes sur mille, com-
il I bien sur cent, combien sur dix qui, avant de
ai | se marier ont causé de choses sérieuses
I avec leur fiancée ? D'abord, dans notre pays
!S_ se I catholique, parler à une jeune fille, môme
Lr- I la veille do son mariage,des enfants qu'elle
pourra mettre au monde... fi donc!
•e-1 I Ensuite, il est tout naturel de remettro à
nc I plus tard les choses sérieuses ; puis, une
'i- I femme qui penserait par elle même, qui se
I serait fait des convictions personnelles,
m' !S! | qui trouverait, par exemple, la confession
I contraire au sentiment de sa dignité, cotto
n- I femme serait-elle suffisamment malléable;
I ses convictions ne nuiraient-elles pas à son
I charme, à sa beauté ?
j Enfin, l'homme se sent à la fois si intel-
1- I ligeut et si séduisant, si irrésistiblement...
rs I autoritaire qu'il ne doute pas do convertir
, I sa. femme à ses idées. Un peu plus tard,
ç I liluiiic*, la famille une rois fondée, les pra-
ir 1 tiques religieuses de la mère de ses cn-
's I fants seront loin d'être contraires aux in-
1 térêts du ménage.
. I lit c'est ainsi que, très souvent, le ma-
j. " | riage au lieu de cousacrer lindépondance
1 morale do la femmo et de la famille, les
|S I enchaîne plus solidement à 1 Eglise.
g I L'homme aurait donc tort de se plaindre
t I do ce qui esL en partie son œuvre; mais il
I n'est pas le seul coupable, et l'école laïque
1 è ! elle-même a sa part de responsabilité : elle
! s'est fait un devoir do ne pas réagir direc-
! liment contro le confession al et contre le
i- e I catéchisme et elle agit comme si elle
ignorait l'erreur; elle espère arriver à son
j_ I but : éclairer les conscieuces, et armer les
I esprits, par le soin avec lequel elie sème
^ I des idées justes, et enseigne le vrai. Mais
~ _ | cette méthode est lente à donnerdes résul-
| lals, elle conviendrait pour des hommes
e I et non pour des enfants, pour des enfants
I que l'on nous confie à peine sortis des lan-
Q I ges (écoles rnaternelle., : deux ans ; écoles
j primaires six ans) et qui nous échappent i
I l'âge 0"1 les problèmes de la vie intérieure
. - I n'ont pas encore préoccupé leur esprit.
j | Or leur esprit, on le déforme, il laut
3 | pourtant s'en rendre compte.
g. I Tenez! il y a tantôt un an; c'était en oc-
I tobre dernier, le hasard do mes courses
» J dans Paris m'ayant l'ait passer devant une
- I école populaire libre créée pour des en-
I tants de nomades, école que la prosse de
j toutes nuances couvre de Heurs, ( innova-
I lion le mérilei, je suis entrée, et j'ai assisté
L J à une leçon sur les sacrements, donnée
[ I par un prêtre de la paroisse ; de cette leçon
| qui i la.it plutùl. une n':c.'pit.u!at.ion, je ne
L voux aujourd'hui retenir que ceei — et je
- [ reproduis presque littéralement.
1 I D. Quel est le sacrement qui nous lave de
> I tous nos péchés ?
R. m
■ I D. Voyons, mes enfants, quand vous
• I allez mettre vos péchés dans le petit trou ?
II Il. La confession.
; I D. La confession n'est pas un sacrement.
| C'est la Pénitence.
i I D. Quand faut-il se confesser?
| R. Une fois par an.
j D. liue fois par an! QuanJ vous lavez-
I vous ?
| Il. Le matin.
I D. — Et si vous êtes malpropres dans la
I journée est-ce que vous ne vous lavez pas? Il
I faut se laver toutes les fois qu'on est sale
J pour redevenir propre, De même, ill'autse
ct>iifess(-r IOLIte,,S les lois que l'till a péehé
pour redevenir pur.
L'enfant, logique de sa nature, d'une lo-
gique renversante pour qui ne les pratique j
pas, conclut in petto qu'il serait bien... naif
de ne pas " pécher » puisque le péché et sa
trace mémo scttacent. si facilemcnt. il
«• pêche Il donc, et va déposer son péché j
<• dans le petit trou ". Pour la jeune li 1 le, 1
souvent oisive, l'habitude prise devient 4
comme une seconde nature, et 1 inllueuct;) '
du prêtre, irréductible. (
Mais ce n'est pas tout, au sacrement du
mariage les enfants apprirent et répétèrent ;
ce qui suit :
D. — i)îi va-t-on pour se marier? J
R. — A la mairie. !
D. — On ne t'a pas à Ici mairie pnur se ma- 1
rier, on y l'a pour promettre que l'on si- ma- *
riera. Quand opi sort iie la mairie, il n'y a '
rien de fait. 1
Cette leçon n'avait pas été préparée pour
que je l'entendisse, mais je l'a, entendue, I
elle n'est pas une leçon <• en l'air ,,, elle fait 1
partie d'un système et depuis que j'y ai as-
sisté, j'ai pensé quo la neutralité, en l'es- 1
pèce, était bien coupable.
Deux adversaires sont en présence dont
4 un est armé et l'autre, sans armes, dont
1 un a la jambe leste et l'autre les deux
jambes entraînées; dont l'un parle et !'aa-
tre reste muet ; la victoire du premier sur
le second ne peut faire aucun doute.
Il n'est que temps de réagir, et d'élever
le® enfants dans une idée, par exempl.e,que
chaque infraction à la loi morale laisse en
nous une trace que nous seuls pouvons at-
ténuer, puis effacer; que chaque infraotion
nouvel le agi t sur notre conscience, commeub,
corrosif sur le métal, et que l'habitude de
l infraction produit totalement l'incons-
cience. On a menti pour éviter une eorrec-
tion; on s'est fait un masque séduisant
pour obtenir une chose désirée ; on a laissé
accuser un camarade innocent d'une faute
que l'on avait commise soi-même ou dont
on connaissait l'auteur ; on a pris l'habi-
tude des demi-vérités, des faux-fuyant, et,
presque sans s'en douter ont est devenu
faux témoin, l'on a envoyé un innocent au
bagne!...
De la neutralité, nous mourons : or nous
voulons vivre.
Nous sommes loin du vestiaire. Amenez
a vous une femme de cœur, une. seule ; ello
vous donnera ce qu'elle pourra : letf vête- !
monts trop courts de ses enfants; une de
ses robes A demi-usée, un pardessus trop
démodé; failes les transformer et mettre à la
mesure par les fillettes de l'écolo primaire.
Votre néophyte sera ravie, elle suivra vo-
tre exemple, fera peut-être une disciple
qui en fera elle-même une troisième. Es-
sayez ne fùl-ce que pour votre joie irt»
:ime.
PAULINE KERGOMARD.
Soirée Parisienne
Réouverture du Palais-Royal
LA MOUCHE
Jusqu'à présent le public n'avait pas pu
s'apercevoir du changement de direction au
théâtre du Palais-Royal.
M. Chariot avait été obligé, l'an dernier,
pour finir la saison théâtrale, de prendre la
maigre succession que lui avaient léguée ses
prédécesseurs. Donc, c'est aujourd'hui seule-
ment que commence la nouvelle direction
avec la Mouchl!; espérons que ce ne sera pas
la Mouche du Coche! Cette direction saura
donner les œuvres nouvelles de vieux ou de
jeunes auteurs si œuvres de talent.
Léon Gandillot, Hennequia, Bisson et Jelm
Gascogne, Pierre Weber et Cottens verront
le feu de la rampe, cet hiver, et puis d'autres
encore, parait-il. Voilà du rire sur la planche,
non, sur les planches.
La pièce de MM. Weber et Cottenp, dont le
titre est inconnu, même du Directeur, doit
entrer bientôt en répétition. Décidément, le
divorce Cottens et Gavaut semble irrémé-
diable. Regrettons-le, cette union littéraire
avait donné de bons fruits.
Kn dehors de la troupe jouant dans La
Mouche, les autres engagements sont : Chei-
rel (toujours une bonne recrue" Marcelle
Bardo, Dickson, Melzer, Auffray. Du côté
masculin, Froment et Gorby, dont l'éloge n'est
plus a. faire.
Mais laissons tous ces détails et revenons à
l'évolution de notre Mouche. Evolution pas
désagréable au point de vue décoration et qui
nous transporte, successivement, dans un co-
quet intérieur de chef adjoint de la préfecture
de police — intérieur moderne avec téléphone.
Précaution prise pour ne jamais être prévenu
des événement'! sensationnels. Mais ne disons
pas de mal de la police par le temps qui court,
(comme dit ma conrierp-eï. peut-on jamais
savoir si l'on se trouvera dans les cogneurs ou
dan* les cognés.
Maintenant nous voici chez Cabassol (ville
d'Avray). A cette époque, le petit voyage n'est
pas désagréable, d'autant plus que nous y
retrouverons de jolies femmes : Cyprienne,
(Mme Médal); Alice (Mme Grimault); Er-
nesta (Mme fane Marsantoutes trois artistes
pas maladroites et fort élégantes, peut-être
un peu trop pour un déjeuner à la campagne.
Mlle Médal a une robe blanche en brode lie
anglaise, ceinture de satin bleu de ciel, cravate
Lavallière pareille. TJnng- mrnteau l'n drap
mauve parme rosé, avec grands revers et cra-
vate de mousse line de soie blanche. Joli cha-
peau forme amazone avec couteaux joliment
posés.
Mme Grimauit, robe de taffetas bleu de
ci» I, jupe pli!-''',\(, l'n long Pt en forme, ("orange
boléro en taffetas garni dr dentelle. Chapeau
renouer avec ailes Manches.
Mme Jane Marsan, robe de cr.'pr: de chine
roug." découpée jours sur transparent blanc.
Oh ! les descriptions de robes !
Mais comme j" ne désire pas que cet excel-
lent L:1Iny m'cn vfui!)' de nI' pas parler de se?-
pt-tib. cinpleis d»1 mouchard. je les signale à
!';)'hnir.)ît il en change, sur présentation de cart", avec
l11]1' rapidité di;..;!!" d" t-irn: t,log.', Il montre
:artc blanche t't crac ça y est: le troc de
vêtements a lieu. Il faut vraiment avoir un
itroc de garde robe, non, un stock.
Au dernier acte, le chef de la police adr
joiat, Bricard Hois«e)ot , fait irruption dans
les salons où il donne une fête. Sa toilette est
IIdescriptibic de désordre ; il a été arrête par
ses agents (oh police ! voiki bien de tes coups !)
Pour être relâché, il a fallu l'attestation d'un
voleur qui l'a reconnu !
Flair et déduction ! C'est la devise de la
îièce. C'est une comédie policière; la Mouche
irolera-t-elle longtemps ?
Il faudrait être bien fine mouche pour ré-
pondre.
BERTHE MENDÈS.
TRIBUNAUX
Drame de l'ivresse
La 9* chambre correctionnelle a eu à
juger, hier, une femme Hardy, ménagère,
Agie de trente-trois ans et mère de deux
enfants, qui comparaissait devant le tribu-
nal sous l'inculpation de violenccte et de
voies de fait.
Cette malheureuse, qui habite Malakoff,
est mariée depuis douze ans avec un hon-
nête ouvrier qui l'a rendue mère de deux
enfants actuellement âgés, l'un de neuf
ans, J'autre de quatre; depuis quelques
années elle avait contracté la funeste
habitude de se livrer à la boisson et son
étal d'ivresse détermina dans Le ménage
des scènes violente».
Le 20 avril deritier,. Hardy sortait de chez
lui la matin pour se. rendre comme de aou-
I tumo à son travail.
Lorsqu'il rentra le soir, il trouva la porte
I de son logement fermée à clef, et ce fut en
i vain qu'il frappa, personne ne lui répondit.
1 Comme le logement était situé au rez-de-
chaussée, Hardy se décida à entrer par la
i fenêtre et un affreux spectacle s'offrit à ses
yeux.
Sur le lit, sa femme et ses onfants gi-
saient. & demi-asphyxiés.
Déjà la veille, la femme Hardy avait tenté
de so suicider alors qu'elle était en état
d'ivresse.
Grâce à des soins prompts, la mère et les
enfants purent être sauves, mais la femme
Barliy fut poursuivie pour tentative de vio-
lences et voies do faits sur la personne de
se8t enfants.
L'inculpée déclare à l'audience qu'elle a
voulu se suicider pour échapper aux mau-
vais traitements ne son mari.
Le tribunal, après plaidoirie de MIMas-
son, l'a condamnée a deux mois de pri-
son.
J. B.
Le Oninqnin» RrniiA composé, Qui-
na, Kola, Coca, Glycéro-Phosphates, aux
vieux Vins d'Espagne, est un médicament
héroïque dans toutes les anémies, la chlo-
rose, les névropathies, les troubles fonc-
tionnels du système circulatoire, les affec-
tions débilitantes chez l'homme et chez la
femme; la dyspepsie, l'intoxication palu-
déenne, l'affaiblissement progressif des
forces et de la mémoire; Ips convalescences
longues et pénibles, tonique et régulateur
du cœur par excellence.
Sous sa puissante influence, il se fait dans
l'organisme une véritable revitication des
i eellules nerveuses, une réparation com-
plète du sang appauvri ; uno reconstitution
de la fibre musculaire. Hnvoi franco. Toutes
les pharmacies.
LES GRÈVES
Au Creusot
nuus munn IJU uukKiur 'ju»:njur.*< ruiJseiK'lo
ments au sujet de la grève générale qui vient
d'éclater chez les ouvriers du Creuset.
Les motifs de la grève sont des plus futiles,
dit-on. Deux ouvriers qui ont l'habitude de faire
maintes libations avaient apporté du vin avec
eux pour boire au cours de leur travail. Le con-
tremattrc leur en fit l'observation et fut à sa
sortie des ateliers hué par les ouvriers. La di-
rection lit appeler les deux ouvriers, cause do
tumulte, et prononça leur renvoi. Des protesta
Wons. énergiqiMis furent faites par te Syndicat
ouvrier auprès des directeurs Ilui promirent de
s'occuper de l'affaire et de voir si la peine pro-
noncée tout d'abord contre les délinquants n était
1 pas excessive.
Ces faits se passaient mercredi. Hier matin, à
t Ifheure dd la rentrée des ateliers, aucun ouvrier
ne se présentait au travail.
Des attroupements se formaient autour «le
Ftwino et les ouvriers qui auraient voulu tra-
vailler en étaient dissuadés par leurs cama-
rades.
A l'heure actnelle, la fçrève est générale, le
travail est comp'ètement arrêté dans les usines
vides de tout ouvrier. On a «Hé obtint: de faire
venir les troupes pour maintenir l'ordre, mais
jusqu'ici les grévistes ne se sont livrés à aucune
violence. Nous espérons que ce conllit cessera
bientôt, car il nst des plus préjudiciables aux
tntânAfeK str* tnnQ
Saint-Etienne
La grève générale a été décidée. 2,500 mi- ■1
neur.-\ appart' nnnt altx concessions W-ronnière,
Plat-de-tirer, Hati-LafavcrKC, aux houillières de
Rive dc-f:h'r. ont cessé le lranul. Les ouvriers
mineurs nont pas encoro formulé formelle-
ment leurs revendications.
Une j-Trvr. jrénéraîe des mineurs a l'elalé hi.,'L' ,
maLTn & Grand' Croix.
f e • ouvriers earmls Iff' l'nsine Giron ont rt'pri"
lie frtvnil hier soir. Ils n'obtrennenl qu'une partie
des augmentations qu ils d<«iiandaienl. Les In-
trg)ii,, unt rctu.c le pai-inent do la mise ci;
train.
FAITS DIVERS
Bulletin météorologique
! tic zone «le pression faible '-''(''nd toujours
des lies Uritalluiqum; A la ltussie Stockholm
74u Ill/ua) UU" dypression secondaire s.tv.mcu
vers rentrée de la Manche où le baromètre onn-
mciicc baisser. Les fortes [tressions du sud
Ouest de n:U('°p'\' se prolongent jusque! sur le
centre de la France !(J!''nm'nL m/m . Le
vent est ass'z fort du N. \V. sur la Manche, fai-
ble l'tl Provence. Il souille avec force du N. W.
àOucsmnt. i'cs pluies sont siK" 'lé| S dans le
nord et l'ouest du continent, eu France ou a re-
cueilli III !Il lj't',LIl a Servant -e, 6 au llàvre, 2 à
Paris, Lyon
La teutpér&ture monte en Irlande.
Ce matin le thermomètre marquail : 2S à
Thields et au Mans, Il à Paris,SM 2m à Alger.
On notait 5 à l'Aigoual, \ au Puy de Dénie, i au
Pic du Midi; Kn France, des ondées sont encore
probables dans le nord, ailleurs le temps va
rester nuageux avec température normale. A
Paris, hier l'après-midi très nuageux. Moyenne
d'hier 20 septembre, K.16plel' ta R«mais. De.
puis hier midi température mare. 18.2; mJllim. de
ce matin 8.9.
A la teur Eiffel> raax. ts.5 ; miaim. 9.1. Bw»-
mètreà 7 h. du matin 762 m/m 6: stationnaire i
midi-
8....... paHkvHèra 88S fi-t»
La mer est houleuse sur la Manefie, Ooéaa ;
mer heJJe à Brest peu agitée à Lorient. M'éditer-
ra n née mer agitée à Marseille, peu agitée à
Nice, Sicié et aux lies Sanguibnaires.
sumona Temps vont Etat du eiaL
Paris il S. S. 0 . tr. faible p.na&g
Dunkerque 12 O. N. O. ass. fort p. nuag
Le Havre 14 0. modéré couvert
Brest 15 S. 0. tr .faible —
Limoges 12 0. calme brum.
Bordeaux 13 N. 0. tr. faible p.nuag.
1 Biarritz 16 E. — couvert
: Marseille 13 N. 0. — nuag.
t Alger 28 a calme —
i Naples
; Rome
Constanûnople
Valeatia 12 calme couver
Copenhague 11 0. S. 0. faible t.nuag.
Berlin
Slockholm 10 S. S.O. faible couvert
St-Pétersbourtr
Paris
Désagréable méprise
, M. Jacques Dupre, voyageur de com-
merce, demeurant rue do Bercy, 42, se
, trouvait, hier matin vers onze heures, sur
l'impériale de l'omnibus Bastille-Madeleine
quand, arrixé à la station du boulevard
Saint-Denis, un individu qui s'y trouvait
manifesta en le voyant une grande agita-
. Lion.
— Un gardien de la paix, cria-t-il, appe-
lez un gardien do la paix !
Et désignant le voyageur.
— C'est un voleur! arretcx-tc ! Empôohcz-
le de so sauver, Canaille, Fripon, enfin je
te trouve.
Comme on le pense, la foule s'était ameu-
tée et M. Dupre,malgré ses éncrtriques pro-
testations, fut obligé de descendre d'omni-
bus 01'1 les gardiens de la paix qui étaient
arrivés curent beaucoup de peine le pré-
server des violences de la foule. M. Dupré
reçut même un coup -le poing qui lui mit
te visage en sang. Conduit avec l'individu
qui l'avait fait arrêter au commissariat do la
rue Notre-Dame de Nazarette, M. Jacques
Dupré put sans aucune difficulté établir son
identité et prouver il M. Doray, commis-
saire de police, qu'il était victime d'une dé-
plorable erreur.
L'individu qui l'avait fait arrêter, un
nommé Louis Mathieu, demeurant rue
Saint-Charles, <9, avait été victime au mois
de février dernier d'un vol de :! 1,000 fran;)!;
de la part d'ud coulissier et il avait cru re-
connaitrc son voleur en M. Dupré. 11 vou-
lut s'excusep, mais le voyageur do com-
merce, pas content, exigea qu'un proces-
verbal fut dressé par le commissaire de
police et il va poursuivre M. Mathieu en
nnlir.p. rnprpr.tionnpllft
Les désespérés
Hier matin, à huit heures, un garçon de
magasin nommé Jean-Baptiste Grange, âgé
de quarante-cinq ans, demeurant 7, passage
de la Forme Saint-Lazare, se voyant sans
place et ayant épuisé tontes ses économies,
s'est suicidé dans sa chambre en se cou-
pant la gorge avec un couteau de cuisine.
M. Maurice, commissaire de police,a pro-
cédé aux constatations ordinaires.
— Le concierge du 63 de la rue Traver-
sière a trouvé, hier matin, à six heures,
étendue sans vie au milieu de la cour de la
maison, une de ses locataires, Mme Vve Le-
roux, âgée de soixante-dix ans.
M. Bouleneau, commissaire de police, a
procédé aussitôt ft lIne> enqu'*'te de laquelle
.1 résulte que celle malheureuse se trou-
vait dans une misère noire et que, po-ir y
•chapper, elle s'est jetée vers trois heures
iu matin par la fenêtre de sa chambre
-, nu !"t* àirxcra
Usine assiégée
Les forges et les laminoirs d Atfort.v'He
établies quai de Morviilc, ont été atLaqués,
avant-hier, par une bande de mauvais su-
jets.
Vers dix heures du soir, le contremaître
de l'usine renvoyait un nommé Alfred Pé-
lissier, âgé de 18 ans, employé à l'équipe
de nuit, qui ne cessait depuis une heure de
causer du scandale dans les ateliers.
Pâtissier refusa de se retirer et le contre-
maître aidé du concierge du la forse, M.
Trihout,dut employer la. force pour lo faire
sortir tle rÚLaltiisscmonl.
Pélisaier se rendit dans les cabarets d'AL.
fortvifle où il recruta une dizaine- de con«
pajaMa.
A la bande arrivai! qutt de flfoi*-
viJte devant f8 pavtiloa habile par M. Ttt»
bout ûâatr»lequel la bande laaça des projet
tilea divers.
Bientôt la porte et les persienoes des fe-
nêtres du bâtiment volèrent en éclats et tof
projectiles dont se servaient les assiégeants,
blocs de fonte et de ref", tombèrent dans
l'intérieur des pièces, brisant tont CI,) qui
s'y trouvait.
M. Tribodt, sa femme et ses quatre jeu.
nes enfants, déjà hlessés, dorent s'enfuit
par une porte de derrière.
PC-lissier et se&complices,(Iébo,.ilonuèren#
alors un rail de 12 mètres do la voie indus<
trielle et a'antTaisant un bélier enfonçaient
la porte de f usitte, Luaient un chien degard«
et mettaient le pavillon au pillage.
Une bataifte-s ongagela entre assiégeante
et assiégés, qui ne sic Cermina< que par l'an
rivée de M. Cuvillier,commissaire de police,
qui put arrêter cinq de ces bandits.
Départements
Accident mortel
ROUEN. — Un terrible accident, dans le.
quel un homme a trouvé la mort, s'est pro-
duit, hier matin, dans des circonstances
dramatiques.
M. Chartes Durand, propriétaire du mou-
fin à tan, dépendant do (iisors, revenait de
conduire son gendre à la gare de Trye-
Château (Oise) au train allant sur Paris, à
9 h. ir». Il traversait lo passade à niveau de
la ligne du Nord qui est parallèle il la ligno
de l'Ouest, mais en contrebas, quand sa
voiture a été prise en écharpe. Les bran-
cards ont été rotnpus et le reste de la voi-
ture mis en miettes.
Quant au pauvre M. Durand, if a été ar4
freusement broyé. La mort avait été im-
médiate.
Le cheval, qui n'avait pas été atteint,
s'est trouvé dételé et s'est sauvé à travers
les champs.
Tentative d'assassinat
A.-;NE.,ssiÈitb,.s. — La nuit dernière, entre
une heure et deux heures du malin, une
tentative d'assassinat a élé commise dans
la commune de Paiiucssiùrcs.
llu malfaiteur s'est inll',)luil,à l'aitlu Ires.
calade et d'elfraclion, dans le domicile de
Mme veuve Amy, proprtetaire, Agée de
6:1 ans, et, pendant qu elle était endormie,
il lui a assené un violent coup de massue
sur la tète.
Mme Amy fut atteinte au-dessus de l'ar-
cade sourcillière gaucho : le saug jaillit,
mais Mme Amy, encore robuste, put iit'l-ati-
moins se défendre.
L'(lg-rc!=seur, voyant que sa victime pou-
vait lui opposer une certaine résistance, la
SaiSit à la gorge, cherchant à rél r'au:..;lcr.
Mme Amy se défendit du mieux qu elle put,
et uue véritable lutte s'engagea.
A un moment donne, Mme Amy tomba en
bas du lit; elfrayée, elle supplia sor meur-
trier de lui laisser la vie sauve, lui olfraiU
tic lui donner l'argent qu'elle avait à la
maison.
— Kh bicn' donnez-moi dix francs, répon-
dit le malfaiteur, et jo vous laisserai Iran*
quille.
Mme Amy se dirigea alors vers une ar-
moire placée dans ie fond dl) la chambre,
faisant mine d'aller chercher de l'argent,
mais elle put aiteiiidm> une porto de sortie
qui se trouvait à côté.
Elle s'empressa d'ouvrir et de prendre la
fuite.
Une foisdehors elle appela du secours;
les voisins accoururent à aca'cpis. Pendant
co temps, le malfaiteur avait disparu, lais-
sant sur le lit, l'a massue dont il s'était,
servi et qui a été saisie comme pièce a con-
viction.
Le parquet, prévenu, s'est aussitôt traM"
porté à Paanessières" avec la gendarmerie
de Lons-le-Saunier.
Incendie
CANNES. — L'incendie de l'Esiérel s est
développé sur une étendue de plusieurs
kilomètres dans le territoire flo la com-
mune des Adrets. )'no grande partie des
collines du quartier do Maurovielle est en-
tièrement brùlee.
Le baleau de plaisance A fine ayant à
bord !e vicomte Pamagua et un marin, a
chaviré dans la baie ouesl de la Croisette.
Les naufragés ont été sauves par le ba-
teau Marie.
ICCXTTOM LÇCJTI0N-VEKT6. JL
âwpjjjs Sic»* ** 20!" par mois H
Pois~
|... -JR (GIUM CHOU»« PF«03'WAJFG ».OccftSMW I
l ^ t AQÏLITÊ^ fg'MACMKrti I
V Tflfr fe&Kiafii; ttf£ feii fimnet du c*ti#9ga9! J
FEUILLETON DE LA FRONDE
22 SEPTEMBRE 1899
(24)
L'Article 340
— Mes capitaux ? mais je n en possède
point de disponibles, s'écria Zoé,dont se
réveilla la prudence normande.
— Vous n'en avez pas ? Hé bien t... et
la part de Narcisse.
— Ça c'est sacré, jamais je n'y touche-
rai.
Lenoir haussa les épaules.
Puis d'un ton qu'il s efforçait de rendre
Insidieux.
— Ce que je vous demande ce n'est pas
de me confier ces capitaux, c'est d'en ti-
rer un profit plus considérable. Vous
n'en capitalisez pas les intérêts T
—Non, je m'en sers-pour les frais et les
dépenses occasionnés par l'hôteL
— Alors, si par moi cet argent vous
rapportait le double, le triple môme de
ce qu'il vous rapporte actuellement, au-
riez-vous là sujet de vous plaindre?
— Vous voulez jouer à la Bourse ?
— Non pas.
— Aux courses ?
Encore bien moins. Je n'ai aucune
confiance dans la continuité des béné-
fices dus au hasard.
Mais trois coups de cloche résonnè-
rent dans l'escalier.
C'était la bonne de l'hôtel qui priait la
patronne bureau. de descendre tout de suite au
ureau.
Elle sortit en disant :
— Je cours savoir ce qu'on me veut,
et je remonte, M. Lenoir.
Un quart d'heure plus lard ils re-
vouaient l'entretien interrompu.
Tout de suite Lenoir entama la ques-
tion.
— C'est b'en moins compliqué que
vous ne l'imaginez, Mlle Zoé. On m'a
M«posé diveraea places depuis que l'ba-
piUi chex vous ; gérances d'immeubles à
Paris, gérances et gardes de propriétés a
la campagne. Rien de cela ne m'agrée.
Je veux être libre. Je voudrais ouvrir un
cabinet d'affaires.
— Ah 1 fit Zoé.
— Modeste au début, naturellement.
Dans cette partie-là, je suis certain d'ar-
river vite à une situation satisfaisante.
I Contentieux, recouvrement cie créances,
paiement de rentes, procte, recherches
dans l'intérêt des familles pour affaires
, de succession et toutes autres, je trou-
! verais à tout cela grand attrait d'abord,
! facile bénéfice par surcroît. Que vous en
^ semble?
\ — C'est vrai, murmura Zoé presque
vaincue; cependant...
! — Cependant?
— Vous allez me trouver bien niaise :
mais il me semble que... J'ai peur, oui,
que de toucher à la part de mon malheu-
reux frère me soit néfaste.
— Quelle idée 1 s'écria Lenoir 1 Vous
n'aliénez pas ces vingt-cinq mille francs.
Vous les placerez autrement, voilà tout.
Je vous en donnerai un reçu en bonne et
due forme.
Une question vint aux lèvres de la de-
moiselle.
— Et quelle sera ma garantie ?
Mais Lenoir lui en imposait, ou plu-
tôt elle l'aimait déjà trop vivement pour
oser la formuler.
Mais elle hasarda, non sans une cer-
taine timidité, et avec un brin de coquet-
terie, qui eut pour effet d'enlaidir encore
son disgracieux visage.
- Il Y aurait un moyen de vaincre mes
scrupules. Ecoutez-moi, M. Lenoir, nous
sommes libres tous les deux, épousez-
moi.
Lenoir s'attendait un peu au coup. Il
ne sourcilla point. Ce n'était pas le mo-
ment de rebuter Zoé. S'il lui fallait pas-
ser par le mariage, il se dédommagerait
amplement.
Paris est plein de jolies femmes.
Il répondit, sans enthousiasme, ce-
pendant.
—Votre Offre me flatte énorméomt,ina
clièiv amie..Je vous demanderai toute-
fois une quinzaine, un mois peut-être,
pour rompre certaine liaison.
—Comment donc... Vous êtes trop déli-
cat pour nf pas user des formes voulues
dans une semblable conjecture. Pauvre
petite! Qui ne vous aimerait?
Elle s'éclipsa en s'essuyant les yeux.
Demeuré seul dans sa chambre, Mo-
ranval commença par rire des mines de
Zoé. Où diable la sentimentalité allait-
elle se nicher? L'invention de la mal-
tresse imaginaire lui donnait quelque
répit. Quand même, il faudrait en arri-
ver à partager la couche de la vieille Bi-
gorneau. Sans cela pas d'argent, et, par-
tant, pas de cabiuet d'affaires, ce cabinet
objetdesconvoitises de l'ex-pensionnaire
de Poissy, depuis le jour de sa libéra.-
tion. Et il cessa de rire, devenu brus-
quement sérieux, maudissant le gui-
gnon qui s'acharnait depuis si longtemps
après sa personne. Pourtant il fallait
prendre une détermination. La petite
somme retrouvée à Meudon diminuait à
vue d'œil, et comme depuis son arrivée
passage du Désir, Moranval n'avait ni
cherche, ni trouvé aucun emploi, le jour
se rapprochait où il se trouverait totale-
ment dénué de ressources.
La nuit tombait; la chambre s'emplis-
sait de ténèbres.
Moranval se garda d'allumer sa lampe.
L'obscurité est propice aux méditations
fructueuses.
Mais il avait beau cette fois, chercher,
:ombiner des plans, se dire: « Voyons,
le quelle façon pourrai-je bien avoir de
'argent sans être obligé d'épouser Zoé
Bigorneau » il ne trouvait riân.
Une heure, deux peut-être s'écouleront
lans cette abstruse méditation..
A la fin, découragé, impatienté, Le-
loir s' appr: tait à sortir, pour se rendre
m petit restaurant où il avait coutume
te prendre ses repas, quand il frappa
io!emment le plancher du pied, s'éctia:
« IttJbêcile. Je n'ai donc plus cSe oaé-
toire r Mais, je puis posséder 46 lôf,
eaucou» d'or et d'ici très pùd dé ietttps,,
et je ne songeais pas à cela, il la chose la
plus simple et la plus facile du monde.
Mais d'abord allumons, car il s'agit de
voir clair. Et au lieu de dîner dehors, ce
qui me coûterait trente sous, je deman-
derai à Zoé place à sa table, elle aura
ainsi le plaisir, et moi l'économie.
La lampe aHuméc et posée sur la table,
il prit dans le tiroir d'icelle du papier à
lettre, des enveloppes, une bouteille
d'encre et un porteplume, puis il écrivit
la missive suivante :
i « Cher M. Delabroise.
« Vous devez me trouver bien ingrat et
bien oublieux. Voici bientôt deux mois
que j'ai quitté votre toit hospitalier, et
je n ai pas encore trouvé un instant pour
vous donner signe de via. Mais vous
m'excuserez j'en suis sûr, quand vous
saurez que je suis tenu à ma comptabi-
lité dans la maison dont je vous ai parlé
à Argenteuil, de 7 heures du matin jus-
pu'à dix heures du soir, et certains soirs
plus tard encore.
« Je ne me plains pas pourtant. Il faut
bien travailler si l'on veut s'assurer le
gîte et le couvert. J'espère que votre
charmante et bonne femme est en boune
santé ainsi que vos enfants. Je me pro- :
pose, dès que le printemps sera revenu.
d'aller passer un dimanche auprès de
vous. !
« Et vos locataires de la Villa Joyeuse,
que dcviennent-ita? La jeune femme est-
elle accouchée ? Le mari s'est-il décidé à
i devenir plus abordable ? Vous allez trou-
ver que je suis bien curieux et bien ba-
vard,mais j'ai conservé un si bon souve-
nir des quelques jours que j'ai passés
au Bon Marinier ! Les moindres cho-
ses en ont revêtu dans mes pensées une
importance capitale.
« J'ose espérer recevoir promptement
de vos, nouvelles, et vous prie de croire,
cher Monsieur et chère Madame Dela-
braise à toute la reconnaissance de votre
dévoué pour la vie.
E. Lenoir.
« Passage du Désir 16. Paris. »
Cette besogne accomplie, Lenoir revê-
tit son pardessus, le pardessus du brave
homme auquel il adressait cette falla-
cieuse épitre, et descendit pour la jeter
à la boite la plus proche.
En passant devant le bureau où Zoé
causait snus un bec de gaz.
— Je dîne avec vous, Mlle Zoé,à moins
que ça ne vous dérange.
— Comment donc . Mais j'aU&is vous le
proposer. Nous avons un ragoût de veau
aux carottes.
— Vous sortez faire une course ? Dépê-
i chez-vous,voità que le fricot va être cuit.
[ Je mets la table en vous attendant.
, I.Æ surlendemain Lenoir reçut la ré-
1 ponse de Delabroise.
Entre autre chose Delabroise écrivait
que les Bertier n'avaient pas encore
quitté le pays, bien qu'ils fussent sur
leur départ, que la jeune femme a.vait
mis une petite fille au monde, el que le
ménage semblait très heureux et très
uni.
Le jour même Lenoir adressait à Ger-
main Bertiar la lettre anonyme dont il
a été parlé au chapitre pr . cèdent.
A l'heure même, où gare de l'Est, s'é-
branlait après un long et strident coup
de sifflet le rapide de Baie emportant hors
de France Germain Bertier, Lin a, Made-
leine et la nourrice, Marthe Firmin, où
sur le quai Mme lluberL, les paupières
gonflées de larmes retenues avec peine
saluait de la main les amis qu'clle ne
reverrait pas avant bien longtemps, à
l'un des guichets du bureau de poste de
la place de la Bourse, l'étrange dialogue
suivant s'échangeait entre un client ap-
puyé sur la tablette et le commis préposé
au service du dit guichet.
Celui-ci venait pour la troisième fois
de lire les suscriptions d'une longue pile
de lettres écroulée devant lui et s'écriait,
la voix rauque, avec l'aménité d'un
homme qui ne voit pas quand il pourra
reprende son repas interrompu:
— Mais monsieur, puisque je vous
affirme et je vous répète n'avoir rien au
nom de Damoclès, ça devrait vous suf-
fire.
— Vous avez regardé trop vite, vous
avez mal vu.
- J'ai l'habitude démon. métit'r,mon..
sieur. Je vous dis à nouveau que je n'ai
pas de courrier au nom indiqua. Vous
me faites perdre mon temps et celui du
public, qui attend son tour derrière vous.
— Soyez poli, au moins, boulonnais
réclamant, sans quitter le guichet.
— Poii ! Je le suis, je le suis trop
inî,me. L'administration nous paie pour
servir le public, mais non pour suppor-
ter les plaisanteries des fumistes.
— Fumiste f je me pteindrai ;tti direc-
teur du bureau.
Des grognements, ck»s chut, de- récla-
mations s'élevaient derrière le quidam.
L'employé se sentant soutenu conti-
nua :
— thii m'est avis que depuis trois
jours vous me montez une scie avea
votre Damoclès.
Ce n'est plus l'épée, c'eet la seie de
Damoclès, hasarda q uelqu 'u...
Le mot eut un succès feu. On se toiv
dait derrière te réclamant.
I Alors lo bureaucrate conclut :
— Réclamez à votre correspondant. A
1 qui le tour?
Mais soudain, tandis que l'homme
confus et fUrieux s'éloignait du bureau,
la physionomie de l'employé se détendit,
prit une expression joyeuse, tandis
qu'un sourire d'intelligence retroussant
sa 1 !*,vre, accueillait la jOlie femme 'l la-
quelle Lenoir Moranval, dit Damoclès,
venait de céder sa place, bon gré, mal
gré.
—Mlle Armande,murmura la jolie fe'u"
me,tandia que l'employé loi tendait deux
plis scellés.
ANNE D'AURAY
(A
qui pique juste et reste légère. Boa dialo-
gue est tout plein de traita qui ont fait la
joie de laseHe.
— On ne nous trompe pas* dit en aa ren-
gorgeant Bricard.
Et Margency riposte :
— Vous vous trompez assez vous-méme&
C'est Boisselot qui, rendu libre par la fer-
meture du Gymnase, est passé au Palais-
Royal, qui prête à Bricard sa dignité gogue-
narde.
Le second tableau qui continue l'exposi-
tion, reste dans cette note plaisante de
l'observation de mœurs. Il nous montre
Mme Jane Marsan, une nouvelle recrue de
la maison aussi, d'une physionomie drôle-
ment effarée, en acrobate qui accourt au
chef de police pour qu'il la préserve d'un
danger. Elle sait que Paolo, son partenaire
le soir à. la représentation, soudoyé par un
grand seigneur russe, son ancien protec-
teur qu'elle a te lâché Il, doit la !anher à son
tour. Au moment où il la tient par les
dents à 40 mètres au-dessus du soi, il s'é-
criera : Vive la Russie 1 Et elle sera préci-
. pitée. Elle supplie Bricard de faire arrêter
Paolo et Bricard répond :
— Mais je ne puis. Il n'a encore rien fait.
Tombez d abord. Vous porterez plainte en-
suite.
Au deuxième acte, chez Cabassol, le res-
taurateur champêtre de Ville d'Avray où se
trouve précisément le rendez-vous de Mar-
frency et de Mme Bricard que nous y re-
trouvons filés par Pidouxqui se transforme
sans cesse et où, par une série de coïnci-
dences, tous les personnages se retrouvent,
Je ne vous y conterai point leurs aventures;
il partir de ce moment nous sommes en
plein vaudeville à ficelles et à ficelles con-
nues, telles que le sauvetage des femmes
infidèles par leur propre mari, qui croit
protéger la femmed un ami et dont les Trois
Epiciers, le premier des vaudevilles A ficel-
les, offrait déjà le modèle. M. Antony Mars
nui depuis ses débuts aux côtés de Bisson,
dans les Surprises dtt Divorce, ne compte
plus ses succès do vaudevilliste, a le tour
de main nécessaire pour que ces scènes
soient habiles et amusantes. Nous leur pn'-
férons celles «l'observation qui font atten-
dre maintenant de l'auteur une vraie co-
médie.
La troupe du Palais-Royal, outre les noms
3ne nous avons déjà cités, s'est enrichie
es très jolies Mmes Méllal et Grimault,
dont l'une faisait Mme Bricard et l'autre
Mme Pitoysol, et de Mme Berthe Legrand,
l'excellente duègne d'un si franc comique
qui a pittoresquement représenté une ti-
reuse de cartes. M. Raimond a joué Mar-
gency avec son autorité et st verve habi-
tuelles. M. C. La m y a composé avec une
savante cocasserie le personnage à trans-
formations do Pidoux. C'est une <• inmielic»
qui avant d'être de la police. a n■>- •> ir le
régiment et en a gardé des m. i • ^paya-
bles à la Dumanet. Parmi les ii Il i r. > noms
trop nombreux, je ne cite plus qUt; relui de
M. Hamilton, le comique de Cluny, encore
JANE MISME.
M fi P P j Fermes â la ML"gt". gg a p pg
Tai!?'i?!'?!;iÊi, IABG1 lq PO" ~
Choses de
l'Enseignement
Une directrice d'ccotc maternelle, exer-
ynnt ses fondions dans un département du
Nord-Ouest, qpi a fait le voyage de Paris
pendant les vacances, est venue chez moi,
pour me demander quelques renseigne-
ments et, ne m'uyanl pas rencontrée, puis-
que je suis encore à la campagne, m'a
écrit uno lettre dont j'entrais quelques
lignes intéressantes :
" Si j'avais eu la bonno fortune de vous
rencontrer à Paris, je vous aurais conseil- i
léo sur les meilleurs moyens à employer
pour fonder un vestiaire à l'usage des en-
fants pauvres, comme cela se pratique à
l'école congréganistc. J'en ai parlé vaine-
ment h la femme du député et à quelques
grandes danws; elles ne veulent ni se gêner
ni se COUl"H'ùIIlCUI'O. 11 faut dire que la
ville est essentiellement cléricalo et, qu';.
naLurc))ct)h'nt. toute la partie féminine est
aux ordres de M. le curé. Celui-ci peut se
peut se vanter de tenir toutes les femmes
dans sa main. Si je vous donne ce détail,
c'est pour vous bien montrer au milieu de
quelles difficultés les laïques ont à se cJé-
battre.
"Je 1110 permets de vous envoyer un arti-
cle qui vient de paraitre dans le journal lo-
cal, suus le pseudonyme du seul défenseur
des écoles laïques qui y ait dans la ville.
Il vous édifiera sur la situation. JI
La • situation ", je la connais; elle est la
m i* -iii,,- du Nord au Sud, de l'Oucslà. l'Est.
Ce qui se passe pour le recrutement de
l'enseignement secondaire en France n'est
fias spécial à cet orllre d'enseignement; la
lutte existe partout, et partout dans les
mêmes conditions; toute personne ayant
« rang Il dans la société s'occupe de l'école
congréganiste; les pauvres bères,s'inLérês-
sont à l'autre. Résultat : l'argent afflue
dans les caisses des « Bons Pères » et des
« Bonnes Sœurs ", oelle de l'école laïque
reste vide ou à peu près.
Le coupablo on l'espèce, est une coupa-
use f ble. tC C'est la femme », s'écrie-t-on de tou
ilo- I côtés? Ainsi : tt la mère aimante et vani
t la I teusedit l'auteur de l'article qui m'a été en
I voyé, a rêvé pour sa fine ane situation brï
larite.
en- I Telle école où le luxe -W étale en dépit de
I principes de simplicité et de modestie a se:
I préférences. Elle serait si heureuse de voîi
t&Sm I son enfant sur les mêmes bancs que la fllli
er- ds- I de son propriétaire ou de son armateur, ei
ue- I compagnie d'enfants comme il faut]...
| « Le père, plus sage, et qui sait combien h
| pain quotidien est dur à gagner, conseille
isi- I de se contenter de l'école du peuple. Il citE
de I telles fillettes qui y ont été élevées, don!
tre I l'instruction et l'éducation ne laissent rien
de à désirer... Mais la ffemme dans son entête-
,le. I ment orgueilleux, ne veut rien entendre,
1yn au | etc. etc. »
ire I C'est vrai. Je pourrais citer 0110 quantité
un I de villes où il a été impossible de fonder
3C_ I des patronages en faveur des écoles laïques,
on [ d'une part, parce que « la laïque Il n'est pas
les I " comme il faut », d'autre part, parce que
'é- I l'ordre de ne pas s'occuper de cette œuvre
0i_ I diabolique autrement que pour lui nuire
I est parti du conressionnal.
1er , I C'est vrai,je le répète,mais à qui la faute?
I Combien y a-t-il d'hommes sur mille, com-
il I bien sur cent, combien sur dix qui, avant de
ai | se marier ont causé de choses sérieuses
I avec leur fiancée ? D'abord, dans notre pays
!S_ se I catholique, parler à une jeune fille, môme
Lr- I la veille do son mariage,des enfants qu'elle
pourra mettre au monde... fi donc!
•e-1 I Ensuite, il est tout naturel de remettro à
nc I plus tard les choses sérieuses ; puis, une
'i- I femme qui penserait par elle même, qui se
I serait fait des convictions personnelles,
m' !S! | qui trouverait, par exemple, la confession
I contraire au sentiment de sa dignité, cotto
n- I femme serait-elle suffisamment malléable;
I ses convictions ne nuiraient-elles pas à son
I charme, à sa beauté ?
j Enfin, l'homme se sent à la fois si intel-
1- I ligeut et si séduisant, si irrésistiblement...
rs I autoritaire qu'il ne doute pas do convertir
, I sa. femme à ses idées. Un peu plus tard,
ç I liluiiic*, la famille une rois fondée, les pra-
ir 1 tiques religieuses de la mère de ses cn-
's I fants seront loin d'être contraires aux in-
1 térêts du ménage.
. I lit c'est ainsi que, très souvent, le ma-
j. " | riage au lieu de cousacrer lindépondance
1 morale do la femmo et de la famille, les
|S I enchaîne plus solidement à 1 Eglise.
g I L'homme aurait donc tort de se plaindre
t I do ce qui esL en partie son œuvre; mais il
I n'est pas le seul coupable, et l'école laïque
1 è ! elle-même a sa part de responsabilité : elle
! s'est fait un devoir do ne pas réagir direc-
! liment contro le confession al et contre le
i- e I catéchisme et elle agit comme si elle
ignorait l'erreur; elle espère arriver à son
j_ I but : éclairer les conscieuces, et armer les
I esprits, par le soin avec lequel elie sème
^ I des idées justes, et enseigne le vrai. Mais
~ _ | cette méthode est lente à donnerdes résul-
| lals, elle conviendrait pour des hommes
e I et non pour des enfants, pour des enfants
I que l'on nous confie à peine sortis des lan-
Q I ges (écoles rnaternelle., : deux ans ; écoles
j primaires six ans) et qui nous échappent i
I l'âge 0"1 les problèmes de la vie intérieure
. - I n'ont pas encore préoccupé leur esprit.
j | Or leur esprit, on le déforme, il laut
3 | pourtant s'en rendre compte.
g. I Tenez! il y a tantôt un an; c'était en oc-
I tobre dernier, le hasard do mes courses
» J dans Paris m'ayant l'ait passer devant une
- I école populaire libre créée pour des en-
I tants de nomades, école que la prosse de
j toutes nuances couvre de Heurs, ( innova-
I lion le mérilei, je suis entrée, et j'ai assisté
L J à une leçon sur les sacrements, donnée
[ I par un prêtre de la paroisse ; de cette leçon
| qui i la.it plutùl. une n':c.'pit.u!at.ion, je ne
L voux aujourd'hui retenir que ceei — et je
- [ reproduis presque littéralement.
1 I D. Quel est le sacrement qui nous lave de
> I tous nos péchés ?
R. m
■ I D. Voyons, mes enfants, quand vous
• I allez mettre vos péchés dans le petit trou ?
II Il. La confession.
; I D. La confession n'est pas un sacrement.
| C'est la Pénitence.
i I D. Quand faut-il se confesser?
| R. Une fois par an.
j D. liue fois par an! QuanJ vous lavez-
I vous ?
| Il. Le matin.
I D. — Et si vous êtes malpropres dans la
I journée est-ce que vous ne vous lavez pas? Il
I faut se laver toutes les fois qu'on est sale
J pour redevenir propre, De même, ill'autse
ct>iifess(-r IOLIte,,S les lois que l'till a péehé
pour redevenir pur.
L'enfant, logique de sa nature, d'une lo-
gique renversante pour qui ne les pratique j
pas, conclut in petto qu'il serait bien... naif
de ne pas " pécher » puisque le péché et sa
trace mémo scttacent. si facilemcnt. il
«• pêche Il donc, et va déposer son péché j
<• dans le petit trou ". Pour la jeune li 1 le, 1
souvent oisive, l'habitude prise devient 4
comme une seconde nature, et 1 inllueuct;) '
du prêtre, irréductible. (
Mais ce n'est pas tout, au sacrement du
mariage les enfants apprirent et répétèrent ;
ce qui suit :
D. — i)îi va-t-on pour se marier? J
R. — A la mairie. !
D. — On ne t'a pas à Ici mairie pnur se ma- 1
rier, on y l'a pour promettre que l'on si- ma- *
riera. Quand opi sort iie la mairie, il n'y a '
rien de fait. 1
Cette leçon n'avait pas été préparée pour
que je l'entendisse, mais je l'a, entendue, I
elle n'est pas une leçon <• en l'air ,,, elle fait 1
partie d'un système et depuis que j'y ai as-
sisté, j'ai pensé quo la neutralité, en l'es- 1
pèce, était bien coupable.
Deux adversaires sont en présence dont
4 un est armé et l'autre, sans armes, dont
1 un a la jambe leste et l'autre les deux
jambes entraînées; dont l'un parle et !'aa-
tre reste muet ; la victoire du premier sur
le second ne peut faire aucun doute.
Il n'est que temps de réagir, et d'élever
le® enfants dans une idée, par exempl.e,que
chaque infraction à la loi morale laisse en
nous une trace que nous seuls pouvons at-
ténuer, puis effacer; que chaque infraotion
nouvel le agi t sur notre conscience, commeub,
corrosif sur le métal, et que l'habitude de
l infraction produit totalement l'incons-
cience. On a menti pour éviter une eorrec-
tion; on s'est fait un masque séduisant
pour obtenir une chose désirée ; on a laissé
accuser un camarade innocent d'une faute
que l'on avait commise soi-même ou dont
on connaissait l'auteur ; on a pris l'habi-
tude des demi-vérités, des faux-fuyant, et,
presque sans s'en douter ont est devenu
faux témoin, l'on a envoyé un innocent au
bagne!...
De la neutralité, nous mourons : or nous
voulons vivre.
Nous sommes loin du vestiaire. Amenez
a vous une femme de cœur, une. seule ; ello
vous donnera ce qu'elle pourra : letf vête- !
monts trop courts de ses enfants; une de
ses robes A demi-usée, un pardessus trop
démodé; failes les transformer et mettre à la
mesure par les fillettes de l'écolo primaire.
Votre néophyte sera ravie, elle suivra vo-
tre exemple, fera peut-être une disciple
qui en fera elle-même une troisième. Es-
sayez ne fùl-ce que pour votre joie irt»
:ime.
PAULINE KERGOMARD.
Soirée Parisienne
Réouverture du Palais-Royal
LA MOUCHE
Jusqu'à présent le public n'avait pas pu
s'apercevoir du changement de direction au
théâtre du Palais-Royal.
M. Chariot avait été obligé, l'an dernier,
pour finir la saison théâtrale, de prendre la
maigre succession que lui avaient léguée ses
prédécesseurs. Donc, c'est aujourd'hui seule-
ment que commence la nouvelle direction
avec la Mouchl!; espérons que ce ne sera pas
la Mouche du Coche! Cette direction saura
donner les œuvres nouvelles de vieux ou de
jeunes auteurs si œuvres de talent.
Léon Gandillot, Hennequia, Bisson et Jelm
Gascogne, Pierre Weber et Cottens verront
le feu de la rampe, cet hiver, et puis d'autres
encore, parait-il. Voilà du rire sur la planche,
non, sur les planches.
La pièce de MM. Weber et Cottenp, dont le
titre est inconnu, même du Directeur, doit
entrer bientôt en répétition. Décidément, le
divorce Cottens et Gavaut semble irrémé-
diable. Regrettons-le, cette union littéraire
avait donné de bons fruits.
Kn dehors de la troupe jouant dans La
Mouche, les autres engagements sont : Chei-
rel (toujours une bonne recrue" Marcelle
Bardo, Dickson, Melzer, Auffray. Du côté
masculin, Froment et Gorby, dont l'éloge n'est
plus a. faire.
Mais laissons tous ces détails et revenons à
l'évolution de notre Mouche. Evolution pas
désagréable au point de vue décoration et qui
nous transporte, successivement, dans un co-
quet intérieur de chef adjoint de la préfecture
de police — intérieur moderne avec téléphone.
Précaution prise pour ne jamais être prévenu
des événement'! sensationnels. Mais ne disons
pas de mal de la police par le temps qui court,
(comme dit ma conrierp-eï. peut-on jamais
savoir si l'on se trouvera dans les cogneurs ou
dan* les cognés.
Maintenant nous voici chez Cabassol (ville
d'Avray). A cette époque, le petit voyage n'est
pas désagréable, d'autant plus que nous y
retrouverons de jolies femmes : Cyprienne,
(Mme Médal); Alice (Mme Grimault); Er-
nesta (Mme fane Marsantoutes trois artistes
pas maladroites et fort élégantes, peut-être
un peu trop pour un déjeuner à la campagne.
Mlle Médal a une robe blanche en brode lie
anglaise, ceinture de satin bleu de ciel, cravate
Lavallière pareille. TJnng- mrnteau l'n drap
mauve parme rosé, avec grands revers et cra-
vate de mousse line de soie blanche. Joli cha-
peau forme amazone avec couteaux joliment
posés.
Mme Grimauit, robe de taffetas bleu de
ci» I, jupe pli!-''',\(, l'n long Pt en forme, ("orange
boléro en taffetas garni dr dentelle. Chapeau
renouer avec ailes Manches.
Mme Jane Marsan, robe de cr.'pr: de chine
roug." découpée jours sur transparent blanc.
Oh ! les descriptions de robes !
Mais comme j" ne désire pas que cet excel-
lent L:1Iny m'cn vfui!)' de nI' pas parler de se?-
pt-tib. cinpleis d»1 mouchard. je les signale à
!';)'hnir.)ît il en change, sur présentation de cart", avec
l11]1' rapidité di;..;!!" d" t-irn: t,log.', Il montre
:artc blanche t't crac ça y est: le troc de
vêtements a lieu. Il faut vraiment avoir un
itroc de garde robe, non, un stock.
Au dernier acte, le chef de la police adr
joiat, Bricard Hois«e)ot , fait irruption dans
les salons où il donne une fête. Sa toilette est
IIdescriptibic de désordre ; il a été arrête par
ses agents (oh police ! voiki bien de tes coups !)
Pour être relâché, il a fallu l'attestation d'un
voleur qui l'a reconnu !
Flair et déduction ! C'est la devise de la
îièce. C'est une comédie policière; la Mouche
irolera-t-elle longtemps ?
Il faudrait être bien fine mouche pour ré-
pondre.
BERTHE MENDÈS.
TRIBUNAUX
Drame de l'ivresse
La 9* chambre correctionnelle a eu à
juger, hier, une femme Hardy, ménagère,
Agie de trente-trois ans et mère de deux
enfants, qui comparaissait devant le tribu-
nal sous l'inculpation de violenccte et de
voies de fait.
Cette malheureuse, qui habite Malakoff,
est mariée depuis douze ans avec un hon-
nête ouvrier qui l'a rendue mère de deux
enfants actuellement âgés, l'un de neuf
ans, J'autre de quatre; depuis quelques
années elle avait contracté la funeste
habitude de se livrer à la boisson et son
étal d'ivresse détermina dans Le ménage
des scènes violente».
Le 20 avril deritier,. Hardy sortait de chez
lui la matin pour se. rendre comme de aou-
I tumo à son travail.
Lorsqu'il rentra le soir, il trouva la porte
I de son logement fermée à clef, et ce fut en
i vain qu'il frappa, personne ne lui répondit.
1 Comme le logement était situé au rez-de-
chaussée, Hardy se décida à entrer par la
i fenêtre et un affreux spectacle s'offrit à ses
yeux.
Sur le lit, sa femme et ses onfants gi-
saient. & demi-asphyxiés.
Déjà la veille, la femme Hardy avait tenté
de so suicider alors qu'elle était en état
d'ivresse.
Grâce à des soins prompts, la mère et les
enfants purent être sauves, mais la femme
Barliy fut poursuivie pour tentative de vio-
lences et voies do faits sur la personne de
se8t enfants.
L'inculpée déclare à l'audience qu'elle a
voulu se suicider pour échapper aux mau-
vais traitements ne son mari.
Le tribunal, après plaidoirie de MIMas-
son, l'a condamnée a deux mois de pri-
son.
J. B.
Le Oninqnin» RrniiA composé, Qui-
na, Kola, Coca, Glycéro-Phosphates, aux
vieux Vins d'Espagne, est un médicament
héroïque dans toutes les anémies, la chlo-
rose, les névropathies, les troubles fonc-
tionnels du système circulatoire, les affec-
tions débilitantes chez l'homme et chez la
femme; la dyspepsie, l'intoxication palu-
déenne, l'affaiblissement progressif des
forces et de la mémoire; Ips convalescences
longues et pénibles, tonique et régulateur
du cœur par excellence.
Sous sa puissante influence, il se fait dans
l'organisme une véritable revitication des
i eellules nerveuses, une réparation com-
plète du sang appauvri ; uno reconstitution
de la fibre musculaire. Hnvoi franco. Toutes
les pharmacies.
LES GRÈVES
Au Creusot
nuus munn IJU uukKiur 'ju»:njur.*< ruiJseiK'lo
ments au sujet de la grève générale qui vient
d'éclater chez les ouvriers du Creuset.
Les motifs de la grève sont des plus futiles,
dit-on. Deux ouvriers qui ont l'habitude de faire
maintes libations avaient apporté du vin avec
eux pour boire au cours de leur travail. Le con-
tremattrc leur en fit l'observation et fut à sa
sortie des ateliers hué par les ouvriers. La di-
rection lit appeler les deux ouvriers, cause do
tumulte, et prononça leur renvoi. Des protesta
Wons. énergiqiMis furent faites par te Syndicat
ouvrier auprès des directeurs Ilui promirent de
s'occuper de l'affaire et de voir si la peine pro-
noncée tout d'abord contre les délinquants n était
1 pas excessive.
Ces faits se passaient mercredi. Hier matin, à
t Ifheure dd la rentrée des ateliers, aucun ouvrier
ne se présentait au travail.
Des attroupements se formaient autour «le
Ftwino et les ouvriers qui auraient voulu tra-
vailler en étaient dissuadés par leurs cama-
rades.
A l'heure actnelle, la fçrève est générale, le
travail est comp'ètement arrêté dans les usines
vides de tout ouvrier. On a «Hé obtint: de faire
venir les troupes pour maintenir l'ordre, mais
jusqu'ici les grévistes ne se sont livrés à aucune
violence. Nous espérons que ce conllit cessera
bientôt, car il nst des plus préjudiciables aux
tntânAfeK str* tnnQ
Saint-Etienne
La grève générale a été décidée. 2,500 mi- ■1
neur.-\ appart' nnnt altx concessions W-ronnière,
Plat-de-tirer, Hati-LafavcrKC, aux houillières de
Rive dc-f:h'r. ont cessé le lranul. Les ouvriers
mineurs nont pas encoro formulé formelle-
ment leurs revendications.
Une j-Trvr. jrénéraîe des mineurs a l'elalé hi.,'L' ,
maLTn & Grand' Croix.
f e • ouvriers earmls Iff' l'nsine Giron ont rt'pri"
lie frtvnil hier soir. Ils n'obtrennenl qu'une partie
des augmentations qu ils d<«iiandaienl. Les In-
trg)ii,, unt rctu.c le pai-inent do la mise ci;
train.
FAITS DIVERS
Bulletin météorologique
! tic zone «le pression faible '-''(''nd toujours
des lies Uritalluiqum; A la ltussie Stockholm
74u Ill/ua) UU" dypression secondaire s.tv.mcu
vers rentrée de la Manche où le baromètre onn-
mciicc baisser. Les fortes [tressions du sud
Ouest de n:U('°p'\' se prolongent jusque! sur le
centre de la France !(J!''nm'nL m/m . Le
vent est ass'z fort du N. \V. sur la Manche, fai-
ble l'tl Provence. Il souille avec force du N. W.
àOucsmnt. i'cs pluies sont siK" 'lé| S dans le
nord et l'ouest du continent, eu France ou a re-
cueilli III !Il lj't',LIl a Servant -e, 6 au llàvre, 2 à
Paris, Lyon
La teutpér&ture monte en Irlande.
Ce matin le thermomètre marquail : 2S à
Thields et au Mans, Il à Paris,SM 2m à Alger.
On notait 5 à l'Aigoual, \ au Puy de Dénie, i au
Pic du Midi; Kn France, des ondées sont encore
probables dans le nord, ailleurs le temps va
rester nuageux avec température normale. A
Paris, hier l'après-midi très nuageux. Moyenne
d'hier 20 septembre, K.16plel' ta R«mais. De.
puis hier midi température mare. 18.2; mJllim. de
ce matin 8.9.
A la teur Eiffel> raax. ts.5 ; miaim. 9.1. Bw»-
mètreà 7 h. du matin 762 m/m 6: stationnaire i
midi-
8....... paHkvHèra 88S fi-t»
La mer est houleuse sur la Manefie, Ooéaa ;
mer heJJe à Brest peu agitée à Lorient. M'éditer-
ra n née mer agitée à Marseille, peu agitée à
Nice, Sicié et aux lies Sanguibnaires.
sumona Temps vont Etat du eiaL
Paris il S. S. 0 . tr. faible p.na&g
Dunkerque 12 O. N. O. ass. fort p. nuag
Le Havre 14 0. modéré couvert
Brest 15 S. 0. tr .faible —
Limoges 12 0. calme brum.
Bordeaux 13 N. 0. tr. faible p.nuag.
1 Biarritz 16 E. — couvert
: Marseille 13 N. 0. — nuag.
t Alger 28 a calme —
i Naples
; Rome
Constanûnople
Valeatia 12 calme couver
Copenhague 11 0. S. 0. faible t.nuag.
Berlin
Slockholm 10 S. S.O. faible couvert
St-Pétersbourtr
Paris
Désagréable méprise
, M. Jacques Dupre, voyageur de com-
merce, demeurant rue do Bercy, 42, se
, trouvait, hier matin vers onze heures, sur
l'impériale de l'omnibus Bastille-Madeleine
quand, arrixé à la station du boulevard
Saint-Denis, un individu qui s'y trouvait
manifesta en le voyant une grande agita-
. Lion.
— Un gardien de la paix, cria-t-il, appe-
lez un gardien do la paix !
Et désignant le voyageur.
— C'est un voleur! arretcx-tc ! Empôohcz-
le de so sauver, Canaille, Fripon, enfin je
te trouve.
Comme on le pense, la foule s'était ameu-
tée et M. Dupre,malgré ses éncrtriques pro-
testations, fut obligé de descendre d'omni-
bus 01'1 les gardiens de la paix qui étaient
arrivés curent beaucoup de peine le pré-
server des violences de la foule. M. Dupré
reçut même un coup -le poing qui lui mit
te visage en sang. Conduit avec l'individu
qui l'avait fait arrêter au commissariat do la
rue Notre-Dame de Nazarette, M. Jacques
Dupré put sans aucune difficulté établir son
identité et prouver il M. Doray, commis-
saire de police, qu'il était victime d'une dé-
plorable erreur.
L'individu qui l'avait fait arrêter, un
nommé Louis Mathieu, demeurant rue
Saint-Charles, <9, avait été victime au mois
de février dernier d'un vol de :! 1,000 fran;)!;
de la part d'ud coulissier et il avait cru re-
connaitrc son voleur en M. Dupré. 11 vou-
lut s'excusep, mais le voyageur do com-
merce, pas content, exigea qu'un proces-
verbal fut dressé par le commissaire de
police et il va poursuivre M. Mathieu en
nnlir.p. rnprpr.tionnpllft
Les désespérés
Hier matin, à huit heures, un garçon de
magasin nommé Jean-Baptiste Grange, âgé
de quarante-cinq ans, demeurant 7, passage
de la Forme Saint-Lazare, se voyant sans
place et ayant épuisé tontes ses économies,
s'est suicidé dans sa chambre en se cou-
pant la gorge avec un couteau de cuisine.
M. Maurice, commissaire de police,a pro-
cédé aux constatations ordinaires.
— Le concierge du 63 de la rue Traver-
sière a trouvé, hier matin, à six heures,
étendue sans vie au milieu de la cour de la
maison, une de ses locataires, Mme Vve Le-
roux, âgée de soixante-dix ans.
M. Bouleneau, commissaire de police, a
procédé aussitôt ft lIne> enqu'*'te de laquelle
.1 résulte que celle malheureuse se trou-
vait dans une misère noire et que, po-ir y
•chapper, elle s'est jetée vers trois heures
iu matin par la fenêtre de sa chambre
-, nu !"t* àirxcra
Usine assiégée
Les forges et les laminoirs d Atfort.v'He
établies quai de Morviilc, ont été atLaqués,
avant-hier, par une bande de mauvais su-
jets.
Vers dix heures du soir, le contremaître
de l'usine renvoyait un nommé Alfred Pé-
lissier, âgé de 18 ans, employé à l'équipe
de nuit, qui ne cessait depuis une heure de
causer du scandale dans les ateliers.
Pâtissier refusa de se retirer et le contre-
maître aidé du concierge du la forse, M.
Trihout,dut employer la. force pour lo faire
sortir tle rÚLaltiisscmonl.
Pélisaier se rendit dans les cabarets d'AL.
fortvifle où il recruta une dizaine- de con«
pajaMa.
A la bande arrivai! qutt de flfoi*-
viJte devant f8 pavtiloa habile par M. Ttt»
bout ûâatr»lequel la bande laaça des projet
tilea divers.
Bientôt la porte et les persienoes des fe-
nêtres du bâtiment volèrent en éclats et tof
projectiles dont se servaient les assiégeants,
blocs de fonte et de ref", tombèrent dans
l'intérieur des pièces, brisant tont CI,) qui
s'y trouvait.
M. Tribodt, sa femme et ses quatre jeu.
nes enfants, déjà hlessés, dorent s'enfuit
par une porte de derrière.
PC-lissier et se&complices,(Iébo,.ilonuèren#
alors un rail de 12 mètres do la voie indus<
trielle et a'antTaisant un bélier enfonçaient
la porte de f usitte, Luaient un chien degard«
et mettaient le pavillon au pillage.
Une bataifte-s ongagela entre assiégeante
et assiégés, qui ne sic Cermina< que par l'an
rivée de M. Cuvillier,commissaire de police,
qui put arrêter cinq de ces bandits.
Départements
Accident mortel
ROUEN. — Un terrible accident, dans le.
quel un homme a trouvé la mort, s'est pro-
duit, hier matin, dans des circonstances
dramatiques.
M. Chartes Durand, propriétaire du mou-
fin à tan, dépendant do (iisors, revenait de
conduire son gendre à la gare de Trye-
Château (Oise) au train allant sur Paris, à
9 h. ir». Il traversait lo passade à niveau de
la ligne du Nord qui est parallèle il la ligno
de l'Ouest, mais en contrebas, quand sa
voiture a été prise en écharpe. Les bran-
cards ont été rotnpus et le reste de la voi-
ture mis en miettes.
Quant au pauvre M. Durand, if a été ar4
freusement broyé. La mort avait été im-
médiate.
Le cheval, qui n'avait pas été atteint,
s'est trouvé dételé et s'est sauvé à travers
les champs.
Tentative d'assassinat
A.-;NE.,ssiÈitb,.s. — La nuit dernière, entre
une heure et deux heures du malin, une
tentative d'assassinat a élé commise dans
la commune de Paiiucssiùrcs.
llu malfaiteur s'est inll',)luil,à l'aitlu Ires.
calade et d'elfraclion, dans le domicile de
Mme veuve Amy, proprtetaire, Agée de
6:1 ans, et, pendant qu elle était endormie,
il lui a assené un violent coup de massue
sur la tète.
Mme Amy fut atteinte au-dessus de l'ar-
cade sourcillière gaucho : le saug jaillit,
mais Mme Amy, encore robuste, put iit'l-ati-
moins se défendre.
L'(lg-rc!=seur, voyant que sa victime pou-
vait lui opposer une certaine résistance, la
SaiSit à la gorge, cherchant à rél r'au:..;lcr.
Mme Amy se défendit du mieux qu elle put,
et uue véritable lutte s'engagea.
A un moment donne, Mme Amy tomba en
bas du lit; elfrayée, elle supplia sor meur-
trier de lui laisser la vie sauve, lui olfraiU
tic lui donner l'argent qu'elle avait à la
maison.
— Kh bicn' donnez-moi dix francs, répon-
dit le malfaiteur, et jo vous laisserai Iran*
quille.
Mme Amy se dirigea alors vers une ar-
moire placée dans ie fond dl) la chambre,
faisant mine d'aller chercher de l'argent,
mais elle put aiteiiidm> une porto de sortie
qui se trouvait à côté.
Elle s'empressa d'ouvrir et de prendre la
fuite.
Une foisdehors elle appela du secours;
les voisins accoururent à aca'cpis. Pendant
co temps, le malfaiteur avait disparu, lais-
sant sur le lit, l'a massue dont il s'était,
servi et qui a été saisie comme pièce a con-
viction.
Le parquet, prévenu, s'est aussitôt traM"
porté à Paanessières" avec la gendarmerie
de Lons-le-Saunier.
Incendie
CANNES. — L'incendie de l'Esiérel s est
développé sur une étendue de plusieurs
kilomètres dans le territoire flo la com-
mune des Adrets. )'no grande partie des
collines du quartier do Maurovielle est en-
tièrement brùlee.
Le baleau de plaisance A fine ayant à
bord !e vicomte Pamagua et un marin, a
chaviré dans la baie ouesl de la Croisette.
Les naufragés ont été sauves par le ba-
teau Marie.
ICCXTTOM LÇCJTI0N-VEKT6. JL
âwpjjjs Sic»* ** 20!" par mois H
Pois~
|... -JR (GIUM CHOU»« PF«03'WAJFG ».OccftSMW I
l ^ t AQÏLITÊ^ fg'MACMKrti I
V Tflfr fe&Kiafii; ttf£ feii fimnet du c*ti#9ga9! J
FEUILLETON DE LA FRONDE
22 SEPTEMBRE 1899
(24)
L'Article 340
— Mes capitaux ? mais je n en possède
point de disponibles, s'écria Zoé,dont se
réveilla la prudence normande.
— Vous n'en avez pas ? Hé bien t... et
la part de Narcisse.
— Ça c'est sacré, jamais je n'y touche-
rai.
Lenoir haussa les épaules.
Puis d'un ton qu'il s efforçait de rendre
Insidieux.
— Ce que je vous demande ce n'est pas
de me confier ces capitaux, c'est d'en ti-
rer un profit plus considérable. Vous
n'en capitalisez pas les intérêts T
—Non, je m'en sers-pour les frais et les
dépenses occasionnés par l'hôteL
— Alors, si par moi cet argent vous
rapportait le double, le triple môme de
ce qu'il vous rapporte actuellement, au-
riez-vous là sujet de vous plaindre?
— Vous voulez jouer à la Bourse ?
— Non pas.
— Aux courses ?
Encore bien moins. Je n'ai aucune
confiance dans la continuité des béné-
fices dus au hasard.
Mais trois coups de cloche résonnè-
rent dans l'escalier.
C'était la bonne de l'hôtel qui priait la
patronne bureau. de descendre tout de suite au
ureau.
Elle sortit en disant :
— Je cours savoir ce qu'on me veut,
et je remonte, M. Lenoir.
Un quart d'heure plus lard ils re-
vouaient l'entretien interrompu.
Tout de suite Lenoir entama la ques-
tion.
— C'est b'en moins compliqué que
vous ne l'imaginez, Mlle Zoé. On m'a
M«posé diveraea places depuis que l'ba-
piUi chex vous ; gérances d'immeubles à
Paris, gérances et gardes de propriétés a
la campagne. Rien de cela ne m'agrée.
Je veux être libre. Je voudrais ouvrir un
cabinet d'affaires.
— Ah 1 fit Zoé.
— Modeste au début, naturellement.
Dans cette partie-là, je suis certain d'ar-
river vite à une situation satisfaisante.
I Contentieux, recouvrement cie créances,
paiement de rentes, procte, recherches
dans l'intérêt des familles pour affaires
, de succession et toutes autres, je trou-
! verais à tout cela grand attrait d'abord,
! facile bénéfice par surcroît. Que vous en
^ semble?
\ — C'est vrai, murmura Zoé presque
vaincue; cependant...
! — Cependant?
— Vous allez me trouver bien niaise :
mais il me semble que... J'ai peur, oui,
que de toucher à la part de mon malheu-
reux frère me soit néfaste.
— Quelle idée 1 s'écria Lenoir 1 Vous
n'aliénez pas ces vingt-cinq mille francs.
Vous les placerez autrement, voilà tout.
Je vous en donnerai un reçu en bonne et
due forme.
Une question vint aux lèvres de la de-
moiselle.
— Et quelle sera ma garantie ?
Mais Lenoir lui en imposait, ou plu-
tôt elle l'aimait déjà trop vivement pour
oser la formuler.
Mais elle hasarda, non sans une cer-
taine timidité, et avec un brin de coquet-
terie, qui eut pour effet d'enlaidir encore
son disgracieux visage.
- Il Y aurait un moyen de vaincre mes
scrupules. Ecoutez-moi, M. Lenoir, nous
sommes libres tous les deux, épousez-
moi.
Lenoir s'attendait un peu au coup. Il
ne sourcilla point. Ce n'était pas le mo-
ment de rebuter Zoé. S'il lui fallait pas-
ser par le mariage, il se dédommagerait
amplement.
Paris est plein de jolies femmes.
Il répondit, sans enthousiasme, ce-
pendant.
—Votre Offre me flatte énorméomt,ina
clièiv amie..Je vous demanderai toute-
fois une quinzaine, un mois peut-être,
pour rompre certaine liaison.
—Comment donc... Vous êtes trop déli-
cat pour nf pas user des formes voulues
dans une semblable conjecture. Pauvre
petite! Qui ne vous aimerait?
Elle s'éclipsa en s'essuyant les yeux.
Demeuré seul dans sa chambre, Mo-
ranval commença par rire des mines de
Zoé. Où diable la sentimentalité allait-
elle se nicher? L'invention de la mal-
tresse imaginaire lui donnait quelque
répit. Quand même, il faudrait en arri-
ver à partager la couche de la vieille Bi-
gorneau. Sans cela pas d'argent, et, par-
tant, pas de cabiuet d'affaires, ce cabinet
objetdesconvoitises de l'ex-pensionnaire
de Poissy, depuis le jour de sa libéra.-
tion. Et il cessa de rire, devenu brus-
quement sérieux, maudissant le gui-
gnon qui s'acharnait depuis si longtemps
après sa personne. Pourtant il fallait
prendre une détermination. La petite
somme retrouvée à Meudon diminuait à
vue d'œil, et comme depuis son arrivée
passage du Désir, Moranval n'avait ni
cherche, ni trouvé aucun emploi, le jour
se rapprochait où il se trouverait totale-
ment dénué de ressources.
La nuit tombait; la chambre s'emplis-
sait de ténèbres.
Moranval se garda d'allumer sa lampe.
L'obscurité est propice aux méditations
fructueuses.
Mais il avait beau cette fois, chercher,
:ombiner des plans, se dire: « Voyons,
le quelle façon pourrai-je bien avoir de
'argent sans être obligé d'épouser Zoé
Bigorneau » il ne trouvait riân.
Une heure, deux peut-être s'écouleront
lans cette abstruse méditation..
A la fin, découragé, impatienté, Le-
loir s' appr: tait à sortir, pour se rendre
m petit restaurant où il avait coutume
te prendre ses repas, quand il frappa
io!emment le plancher du pied, s'éctia:
« IttJbêcile. Je n'ai donc plus cSe oaé-
toire r Mais, je puis posséder 46 lôf,
eaucou» d'or et d'ici très pùd dé ietttps,,
et je ne songeais pas à cela, il la chose la
plus simple et la plus facile du monde.
Mais d'abord allumons, car il s'agit de
voir clair. Et au lieu de dîner dehors, ce
qui me coûterait trente sous, je deman-
derai à Zoé place à sa table, elle aura
ainsi le plaisir, et moi l'économie.
La lampe aHuméc et posée sur la table,
il prit dans le tiroir d'icelle du papier à
lettre, des enveloppes, une bouteille
d'encre et un porteplume, puis il écrivit
la missive suivante :
i « Cher M. Delabroise.
« Vous devez me trouver bien ingrat et
bien oublieux. Voici bientôt deux mois
que j'ai quitté votre toit hospitalier, et
je n ai pas encore trouvé un instant pour
vous donner signe de via. Mais vous
m'excuserez j'en suis sûr, quand vous
saurez que je suis tenu à ma comptabi-
lité dans la maison dont je vous ai parlé
à Argenteuil, de 7 heures du matin jus-
pu'à dix heures du soir, et certains soirs
plus tard encore.
« Je ne me plains pas pourtant. Il faut
bien travailler si l'on veut s'assurer le
gîte et le couvert. J'espère que votre
charmante et bonne femme est en boune
santé ainsi que vos enfants. Je me pro- :
pose, dès que le printemps sera revenu.
d'aller passer un dimanche auprès de
vous. !
« Et vos locataires de la Villa Joyeuse,
que dcviennent-ita? La jeune femme est-
elle accouchée ? Le mari s'est-il décidé à
i devenir plus abordable ? Vous allez trou-
ver que je suis bien curieux et bien ba-
vard,mais j'ai conservé un si bon souve-
nir des quelques jours que j'ai passés
au Bon Marinier ! Les moindres cho-
ses en ont revêtu dans mes pensées une
importance capitale.
« J'ose espérer recevoir promptement
de vos, nouvelles, et vous prie de croire,
cher Monsieur et chère Madame Dela-
braise à toute la reconnaissance de votre
dévoué pour la vie.
E. Lenoir.
« Passage du Désir 16. Paris. »
Cette besogne accomplie, Lenoir revê-
tit son pardessus, le pardessus du brave
homme auquel il adressait cette falla-
cieuse épitre, et descendit pour la jeter
à la boite la plus proche.
En passant devant le bureau où Zoé
causait snus un bec de gaz.
— Je dîne avec vous, Mlle Zoé,à moins
que ça ne vous dérange.
— Comment donc . Mais j'aU&is vous le
proposer. Nous avons un ragoût de veau
aux carottes.
— Vous sortez faire une course ? Dépê-
i chez-vous,voità que le fricot va être cuit.
[ Je mets la table en vous attendant.
, I.Æ surlendemain Lenoir reçut la ré-
1 ponse de Delabroise.
Entre autre chose Delabroise écrivait
que les Bertier n'avaient pas encore
quitté le pays, bien qu'ils fussent sur
leur départ, que la jeune femme a.vait
mis une petite fille au monde, el que le
ménage semblait très heureux et très
uni.
Le jour même Lenoir adressait à Ger-
main Bertiar la lettre anonyme dont il
a été parlé au chapitre pr . cèdent.
A l'heure même, où gare de l'Est, s'é-
branlait après un long et strident coup
de sifflet le rapide de Baie emportant hors
de France Germain Bertier, Lin a, Made-
leine et la nourrice, Marthe Firmin, où
sur le quai Mme lluberL, les paupières
gonflées de larmes retenues avec peine
saluait de la main les amis qu'clle ne
reverrait pas avant bien longtemps, à
l'un des guichets du bureau de poste de
la place de la Bourse, l'étrange dialogue
suivant s'échangeait entre un client ap-
puyé sur la tablette et le commis préposé
au service du dit guichet.
Celui-ci venait pour la troisième fois
de lire les suscriptions d'une longue pile
de lettres écroulée devant lui et s'écriait,
la voix rauque, avec l'aménité d'un
homme qui ne voit pas quand il pourra
reprende son repas interrompu:
— Mais monsieur, puisque je vous
affirme et je vous répète n'avoir rien au
nom de Damoclès, ça devrait vous suf-
fire.
— Vous avez regardé trop vite, vous
avez mal vu.
- J'ai l'habitude démon. métit'r,mon..
sieur. Je vous dis à nouveau que je n'ai
pas de courrier au nom indiqua. Vous
me faites perdre mon temps et celui du
public, qui attend son tour derrière vous.
— Soyez poli, au moins, boulonnais
réclamant, sans quitter le guichet.
— Poii ! Je le suis, je le suis trop
inî,me. L'administration nous paie pour
servir le public, mais non pour suppor-
ter les plaisanteries des fumistes.
— Fumiste f je me pteindrai ;tti direc-
teur du bureau.
Des grognements, ck»s chut, de- récla-
mations s'élevaient derrière le quidam.
L'employé se sentant soutenu conti-
nua :
— thii m'est avis que depuis trois
jours vous me montez une scie avea
votre Damoclès.
Ce n'est plus l'épée, c'eet la seie de
Damoclès, hasarda q uelqu 'u...
Le mot eut un succès feu. On se toiv
dait derrière te réclamant.
I Alors lo bureaucrate conclut :
— Réclamez à votre correspondant. A
1 qui le tour?
Mais soudain, tandis que l'homme
confus et fUrieux s'éloignait du bureau,
la physionomie de l'employé se détendit,
prit une expression joyeuse, tandis
qu'un sourire d'intelligence retroussant
sa 1 !*,vre, accueillait la jOlie femme 'l la-
quelle Lenoir Moranval, dit Damoclès,
venait de céder sa place, bon gré, mal
gré.
—Mlle Armande,murmura la jolie fe'u"
me,tandia que l'employé loi tendait deux
plis scellés.
ANNE D'AURAY
(A
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