Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-09-12
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 septembre 1899 12 septembre 1899
Description : 1899/09/12 (A3,N643). 1899/09/12 (A3,N643).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703762b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
,irp>t. Tls voudraient arriver à ea etracer
tarnic* les «onséooeoees matérielles et que
Dreyfus pures© demain reprendre la
•ie fiberte, -voilà h» vwa. 11 Testas «ocal»lé
3088 l'arrêt qui le condamne, légalement chanté
du eMt.m te plais odieux. Mais qu'importe à ces
tùeàw.kitcml Pour elles, sans doute. la peine
matérielle est tout. 1-a peine morale in7est rien.
St ce sont des juges !
Oue ©feyfus sort oa noc gracié, — l'^awre do i
IWflot('o a-en continuera pas notas. Ce qu'il lu
aot, c'est la réhabilitation légalt suivant la
^habilitation morale que le mnjd< entier lui a (
lupuis longtemps arcordt..
\,;'C:it à cette œuvre que se doivent attacher
ics citoyens qui veulent que la France conserve
devant rtiamanilé son glorieux renom. i
Causerie Littéraire
Pierre Nozière. par Anatole Franoe
(Lemerre, éditeur.)
L'aoleur de Sylvestre Bonnard possède
'art dl: découper ses romans en chroniques
IUL,quoiqueWs complètes en elles-mêmes,
sont liées aux suivantes de façon à former,
réunies, un volume très homogène, et inté-
ressant, maJgre la ténuité du sujet, grâce à
:a langue souple, élégante, concise, et dou-
cement ironique ïoni si parfaitement il se
sert.. C'est une suavité qui va jusqu'au ra-
*vis!se,,-ient que de 1% suivre ces récits di-
i'ers, et conciliants, d'une précision si cor-
recte. et pourtant d une allure si légère.
Il y a dans le uotiveau volume de M. Ana-
to1e Fraucc des souvenirs d'ee. ,.",noo, et des
portraits qui sont de petit» chefs-d'œuvre.
Parmi cenvei je citerai celci de M. De bas,
èovqnimste \1Õ quai Malitquals,qai est d'un
réalwrac savant et !'.impl8 -
« Jurant plus -t'un tlemi-sièc:e, il posa
ses boites Air le parapet du quai Malaquais,
vis-à-vis de l'iHWcl de Chimav. Au déclin de
son humble vie, travailla du venl, de la
plu e, du sote:!, il ressemblait à ces statues
de pierre que le temps ronge sous le por- .
che de!" églises. Il se tenait debout encore,
mais il se fai-sait chaque jour p(us menu et 1
plus semblable à cette poussière en laquelle
loutej formes lorrcstrcs se perdent li sur-
vivait h tout ce lui l'avait approché et
connu Son étalage, comme un verger dé-
sert, refonrnait à la nature. Les feuilles des
arbres s'y mClaient aux feuilles de papier, J
et les oiseaux du ciel y laissaient tomber J
ce qui fit perdre la vue au vieillard Tobie. j
cndnt mi dans son jardin. tt
CI L'on craignait que le vent d'automne, [
qui fait tourbillonner sur le quai Ie.:; se J
tnenocs des platanes avec les grains d'a.. J
voinc échappes aux musettes .-je:. chevaux, 1
un jour, n'emportât dans la Scie*'* les bou-
quins et le bouquiniste. Pou. :l il ne
mourut point dans l'air vif et riant du quai
où il avait vécu, on le trouva mort, un {
matin, dans la soupente où chaque nuit il
allait dormir ".
Ce petit M. Dc bas que vous voyez, tout r
comme je le vois, grelottant près de ses J'
livres effeuillés par le vent, avait une 11
grande âme, et un ewur compatissant. Ce I1
pauvre était un dévoué, et de plus un pa L
trioie. 0
« f ,a grandeur et la félicité de sa patrie
faisaient le souci de toutes ses heures. -
L'Empereur, en vingt ans de règne ne put
le contenter une fois » Et comme - son éta- /
lage était voisin du palais des Tuilcric!-', il ^
se ci oyait, ajoute M. Anatole France, sur
un pied d intimité avec celui qui l'occupait
— intimité qui lui permettait tio se mon-
trer carrément hostile au souverain, et de
dire à ceux qui lui demandaient des nou-
velles de ses affaires personnelles :
fC Elle vout doucement. C'est la sécurité à
qui manque. Le faute en est au régime. 5t
M Et il montrait d'un grand geste le palais Ci
des Tuiierics. Il di
Pierre jyo:ière, abonde en ces détails si b(
minutieusement étudiés. 11 y a une grâce ^
extrême en eux, et je m'arrete court pour pi
ne pas ine laisser entraîner à citer teutc £c
cette première partie du volume qui en il
contient trois. cc
La seconde est consacrée aux Noies écrites la
jtar Pierre Nozière en marge de son gros j0
Piutarque et le troisième livre relate les i
Promenades de Pierre Nozirre en France.
Le tout exquis, n'en doute/, point.
Marionnettes par Marie-Anne de navet ' dt
(Le-mcrrc, éditeur). 1 fa
.l'ai souvent dit. ici même, en quelle haute ! v{.
estime je tenais le talent de l'auteur des ! a
Confessions d'une fille dt trente ans, ce talent j U!
d'alJure très personnelle qui me la lait j
reconnaître à la fin de la première phrase, ' 0
où qu'elle écrive, et sous les pseudonymes I)a
les plus voilés. Kilo n'imite personne --
chose rare à celte bearc — et dangereux Pr
serait de chercher à l'imiter KHe a des sc
audaces qui étonnant, une franchise qui dr
déconcerte, un tact qui remet tout en place fr
juste au moment voulu, et l'art, tout en lt
demeurant extrêmement femme, d'avoir la S('
cràr.fcrio d'un genlilhomme sans peur et nl
sans reproches.
Les Marionnettes se composent ;le nou-
velle.» déjà parues, mais qui se lisent et se
relisent, car il se trouve toujours au fond
de ces histoires d'apparences exclusivement 1,11'10
mondaines et légères, UI1 fond des psycho-
loçrie subtile, une philosophie 1ft) bon aloi, 511
et un sens critique.qui pour être voilé, n'en
est pis moins aIgu. l)'ordinaire, on ne met tei
point tant (le sérieuses qualités en ces ré- rj
cils de vie Parisienne, et il appartenait à I1
Marie Anne de Bovet de lui donner, par ce f 1
nouvel appoint, une valeur durable et sé-
rieuse. bc
r... remettre & Franck, Arnaull. là
(Paul Ollendorff, éditeur.) la,
Deux frères vivaient ensemble et s'ai- III 1
* m aloist; le mariage de l'aîné ne troubla
j® point leur affection ; co ne fut qu'au boni
J da trois années que la plus jeune reconnut
^ qu'il aimait la femme de Franck, son frère, {
:a et cela lui fut découvert, un soir où celle-
ie ci avait mis une rose rouge à sa ceinture
i. — et croisé sur ses genoux ses mains non-
oh&knte».
j® Peu après, Laura meurt, subitement,
" oomma s'éteint une flamme, c'est alors que
l'amour prend dans le oœur du jeune homme
a une intensité qui va jusqu'au délire. Il aura
r des hallucinations ; il fera revenir la jeune
c morte des inondes de l'au-delà par ses sup-
plications passionnées; etil sera à tel point
- envahi par elle, qu'il vivra dans la solitude,
l'absolue chasteté, dans l'ardeur .de ses
a souvenirs et de ses espérances, sans s'in-
.J téresser à quoique ce soil en dehors de son
absorbante passion.
9 Pour remettre à Frallck est le récit de
cette passion que le frère cadet laisserai
3 son frère aîné en le quittant pour ne plus
5 revenir. Car, ayant cédé aux sollicitations
, de ses amis qui J'ont conjuré de refaire un
f foyer à son frère veuf, il s'est laissé aller
- à épouser une belle fille, très animée, très
i vivante, très amoureuse, tout le contraire
- de la délicate et rêveuse Laura; et cette
> belle fille si vivante se lassera bientôt de
. cet homme qui aime une morte d'un amour
. absolu. Franck, de nature moins éthérée
. que 3on frère, sentira aussi son cœur s'à-
mouvoir pour elle... et voyant se former
. cette union, afin qu'elle s'éfTfctuo daus
i toute sa plénitude, telle qu'elle convient à.
des êtres de chairs et d os, le jeune époux
s'éioigno, S'il ne se tue pas, c'est alin de j
ne pas ternir d'un remords, ou d'un cha- 4
grin, la vie nouvelle qui s'ouvre devant eux; ,
Unissant sa triste histoire, l'amoureux do
Laura donne à son frère co dernier con- i
seil à propos do sa femme qu'il lui laisso : t
» Ne détourne pas tes yeux dos siens j
torsqu otto cherche ton regard, ne baisse t
jamais la tète, Franck, tout amour est légi- ^
tune. les conventions seules le font crlml- t
nel; nous respecterons les lois,mais rccon- t
naissant la vérité, nous pouvons éviter le t
faux semblant parce que nous sommes J
forts ",
Le roman finit là. (l
C'est une œuvre étrange, monotone aussi, {.'
enroula it sur une seule émotion, y reve-
nant sa îs cesse, ambiguë, contournée, p
hixarr';, tuais qui mérite d'être lue. L'écri- u
ture en est soignée, d'une évidente distinc- p
tion, av 'c souvent de jolis tours do phrases. I'
Est-ee ie premier ouvrage de M. Arnautt? a
Je lifînore. Eu ce cas: Pour remettre à
Franck me paraît un excellent début. c
Les Amantes par Gasfoll Dcrys, it!us-
! trations do M.G. Lami. (Simonis Empis édi- CI
leur).
Histoires d'amour... de toutes les cou- v
leurs, et si charmantes, d'ailleurs brèves, j,'
racontées comme on le fait dans un dîner
d'lutIID,!S, aii dessert, les coudes sur la ,
table et la cigarette aux lèvres . Très joli- ,
ment illustré, ce joli volume, par M. G. __
Lami, dont j'estime fort lo talent élégant
et délicat. ,., 1
MANOEL DE GRANDFORT
Choses de
l'Enseignement
Il existe depuis quelques semaines, grâce
à t initiative de M. Buisson (tor'sque nous
serons il mille, je ferai une croix), une So-
cldû libre d'études psychologiques, c'est-à-
dire que nous 'allons, enlin, mettre les
bœufs devant la rharrcltc, OIJ, si vous pré-
férez, e'est-à-dire que nous allons faire,
pour t enfant que nous entendons élever,
ce que le cultivateur fait pour la terre dont
il attend son pain : pénétrer en lui, pour
connaître sa nature, ses besoins; chercher
la métho le et les procédés propres à déve-
lopper ses qualités, à combler ses lacunes,
à extirper les j>arasites stérilisants.
Comment n'y a-t-on pas pensé plus tôt?
Comment n'a-t-on pas cherché à se ren-
dre compte de ce qu'est l'enfant avant d'en
1 faire un ccoHcr? Comment n'a-t-on pas de-
I viné quii l'école ne vaudrait que par ses
i affinités avec celui dont elle entendait faire
; un homme.puis un ''itoyen?
! 11 n'y a eu ni lacune ni défaillance; mais
l'on a judicieusement pensé que, dans un
pays de suffrage universel, il faut d abord
— et coûte que coûte — que le peuple ap-
prenne il lire; que — coûte que coûte — il
se rende compte de ses devoirs et de ses
droits, et sans perdre une minute, l'Etal a
créé des écoles, il les a pourvues d'inslitu-
teurs, et il a promulgué la loi d'obligation
scolaire. (;r;'lcP à cette loi, la grande majo-
rité des enfants du peuple est en posses-
sion des << outils intellectuels », et s'il y a
des lacunes dans la pratique, du moins les
rélrac'airesbles -- ce uni est important et ceux à qui
incombe le'devoir d'en diminuer le nombre
font-ils «".c; ,,¡forls pour le réduire à sa plus
simple c\ pression.
On a donc couru au plus pressé, et, main-
tenant (tue: l'organisation est complète, les
meilleurs esprits, qui n'ont jamais oublié
que l'édiîicc resterait à la merci des vents,
s'il n'était repris par sa hase môme, vont
travailler il la mettre en rapport avec les
besoins de ceux .711 il abrite.
Ce qu'il faut noter, c'est que c'est celui-
là mèmo qui a fondé renseignement popu-
laire en France qui, préoccupé d>\mière heure des lacune inévitables de son
ïbt& l œftVt"e,'S.oftns bravement pour les eonWer,
HJnt j appelant à lui, pour rester fidèle It lui-
inut même, le savoir, l'initiative et la bonne vo-
ère, j lonté d'un groupe de gens de bien.
Ile- J La Société des éludes psychologiques
,ure J pourrait prendre pour devise : « L'on peut,
Ion. J en quelques mois, préparer, discuter, voter
| ane loi d'éducation populaire et l'appliquer
înt, J dans une certaine mesure; mais pour con-
que I naître 4'Ame de l'enfant, une vie d'homme
me 1 est trop courte. »
ura I La première réunion du Comité a été ce
une j qu'elle devait être : fort intéressante, et j'ai
up- J enragé de n'y pouvoir assister — les fètes
nnt de l'esprit sont si rares ! — mais cela ne
de, J veut pas dire que j'eusse toujours été de
ses j l'avis des plus autorisés, des meilleutS,et 1
m- | même de celui pour qui tous les bons Fran-
son çais devraient avoir un oulte : de M. Buis-
I son. Je lis, en effet, ceci dans le Manuel
de J général : « Principales opinions émises sur
a a | les méthodes à employer pour c on naître
lus I l'enfant:
I Pour M. Mari"'er» le meilleur moyen d'arriver
un x des résultats certains et à des conclusions
.Of 1 fermes, c est d'emprunter aux Américains lnurs
res I questionnaires. Ces questionnaires, parce qu ils
ire seront uniformes, nous permettront de comparer
tte I réponses obtenues, et les réponsea, parcs
de [ qu'elles seront nombreuses, nous permettront à
ur | leur tour de tirer des conclusions générales et
•ôe v;tiables. Co qui importe en effet, dit M. Maril-
•X I lier, c est le grand nombre d'observations com-
0- arables, de valeur moyenne sans doute, mais
1er de valeur sûre, précisément parce qu'elles sont
us de valeur moyenne. Sans nier absolument l'effl-
t à. cacité de l'observation directe, qui porte sur un
ux s?ul é)ève. ()ui varie avec les diverses natures,
do I ^ qui a, par suite, quelque chose de moins uni-
j tonnes utile plus pittoresque, M. Mariltier pense
que c'est là une méthode peu sûre, et scientifi-
x, j que ment impuissante.
le M. Th:unin. au contraire, voudrait que l'on fit
n- une part, et une large part à l'observation indi-
i ; J manette. Les questionnaires tout préparés ont
is I pour lui le défaut de limiter l'initiative du mat-
se I tr'', et ils risquent aussi de déformer en les cm-
rî. I pnsonnaut dans des cadres rigides les faits psy-
chologillues si mouvants et si fuyants. 11 faut
observer directement l'en r.,int, dans sa vie de
, I fous les jours, de tous les instants, il faut profi-
le I ter de toutes les circonstances, de tous les
:S hasards pour l'étudier; il ne faut pas se défier
J du pittoresque, car le pittoresque c'est ce qui
I dilferencic, ce qui sépare, c'est l'individuel, et -
: I par suite c'est, en psychologie et surtout en psy-
» [ chologie infantile, la vérité.
I M. Buisson croit possible de concilier les deux
}t I points de vue, et par une citation empruntée à 1
1- I un journal américain, il montre que les enqu 'tos ,
I par questionnaires, à résultats comparables,
i, | peuvent cependant laisser place à l'imprévu et
? J au pittoresque.
à Je commence par écarter la conc lusion... <
conciliante do M.Buisson, parce que je n'ac- 1
I cepto, pour le début des études de la Société,
ni les propositions de M. Marinier, ni môme <
celle de M. Thamin, et je ne les accepte 1
pas parce que les unes et les autres ont, si s
j'ai bien compris, pour premier objectif J
r " l'âme de Y écolter. I
Or, rien ne ressemble moins à une âme '
a. d'enfant qu'une âme d'écolier. Une âme 1
_ d'écolier c'est une âmo d'enfant qui perd f
f — momentanément — dans un moule, sa r
I forme primitive. C'est, fatalement, une
I âmo artificielle. D'où il résulte, pour moi, a
I la conviction profonde que, faire exclsive- I
- I ment la psychologie de 1 écolier, autrement
I que pour déclarer que l'école, telle qu'elle E
j est, entrave le développement de l'Ame en. fi
i fantine. C'est éterniser le système que nous P
I déplorons tous. C'est retarder la réalisation d
f- de notre, idéal : l'école se modelant sur
11 l'enfant. Il
Les questionnaires adressés aux écoliers, c
I nous les connaissons trop! Un écolier que r<
l'on questionne ne se demande pas ce
qu'il pense, mais ce qu'il faut répondre ii
pour être un « bon écolier ", et remarquez r<
I qu'il n'y a là. aucune arrière-pensée de a
I tromperie; il y a simplement qu à l'école il
I n'est pas un individu, mais une espèce. r<
I » Si ros parents vous donnent cinquante
, I centimes pour récompenser votre bonne con- pi
[ I duite, qu'en ferez-vous ? 4*
• j Et tous, comme un seul homme, répon- l'j
• j dent : 1 une bonne action !... ou bien;, je les p<
I mettrai à la caise d'épargne (je parle de
I choses vécues par moi-môme). m
I « Quell'! est la matière du programme que fli
I vous préférez ? fu
I Et la majorité des enfants de 10 à 13 ans Si:
préfère la morale! De Ja géographie qui a
tant d'attrait pour les jeunes imaginations,
, des problèmes qui tentent certains esprits vi
chercheurs, du dessin presque inséparable tè
de l'esprit d'observation, les enfants par- lu
lent à peine. Si bien que leurs réponses
prouvent en faveur de l'instituteur, qui a Ai
I fait à la morale une plage prépondérante,
I niais no m'apprennent pas grand'chose sur gr
l'état d'esprit des écoliers.
(Juanl aux observations faites sur un éco- or
lier pr:s isolément, elles présentent, si ta
c'est par elles que débutent les éludes de
l'éducation, les mêmes inconvénients.L'éco- cc
lier est-il de la pâte dont on fait les bons re
I élèves? il marche dans le rang, observe la m
discipline, aspire à être premier... Est-il
réfractaire? Il montre ce qu'il a de plus de
mauvais. le
Ce qu'il faut donc imposer à l'éducateur it
comme base des études psychologiques, pa
c'est t'entant tel qu'il est, vivant de la vie
réelle de l'enfant de la vie du peuple trime pc
et qui souffre :lie l'enfant aux prisesavec ses
mille difficultés, avec ses tentations, avec se
ses joies, avec ses larmes. C'est l'enfant m
soumis à la discipline naturelle : celle de lie
la famille ; relevant de ses guides naturels : di
son père et sa mère ; vivant avec ses vrais ôt
é^aux : ses frères et ses sœurs. C'est, pour lij
tout dire, un être en chair et en os, dont le
sang est chaud, qui a ses passions bonnes lu
ou mauvaises; c'est un être en vie, qui ne
ressemble ni à son frère, ni à son cousin, a
J pî à son vorsin de droite, ni & son voisin de
gauche, tout en ayant des points de oontaet
avec chacun: c'est, en tout cas. un être
dont la vie en dehors de l'école, n'a aucune
similitude avec la vie fatalement conven-
tionnelle de l'école.
premier champ d'expériences c'est
l'enfant. Ce premier champ « creusé, bêché,
fouillé M, l'éducateur doit entreprendre le
second par les procédés de M. Marinier,
par ceux de M. Thamin, par tous les pro-
cédés que nous indiqueront les amis de
notre œuvre. Mais ne continuez pas à pécher
Far la base, car c'est pour avoir regardé
écolier et non l'enfant que nous sommes
en train de faire fausse route.
La Société libre des études psychologiques
doit, je le répète, étudier l'enfant d'abord.
pour faire profiler de ses études l'écolier
et l'école.
PAULINE KERGOMARD.
BIBLIOTHEQUE
De la « Fronde »
Nous avons eu le plaisir de recevoir pour
notre bibliothèque :
OFFERTS PAR LRURS AUTEURS
Contes exotiques, par Mme N. Sierra
Education pratique, selon la science, pour
les deux sexes, par M. ilaina.
Nadinc, par Mme de Lys.
Crouumcd with the lmmortals, par Mme
Hy!Lun Dale.
Pour la Paix et pour r Humanité, par A.
de Lima.
Simples Poèmes, par Mme Hoger de Nes-
1ns.
L'INCENDIE DE LA RUE DARBOY
Un terrible incendie a éclaté, hier soir, à
six heures, 7, rue Darboy, dans une cité
le ouvrière.
I- Le feu a pris naissance chez MM. Levy et
is Willars, marchands de crins, laines et
îp plumes,qui occupent les 51 et 6" étages,ainsi
que le rez-de-chaussée, le 1er et le 2* étage
" de l'immeuble qui mesure trente mètres de
' longueur sur dix mètres de profondeur.
x C'est dans une chambre du sixième étage
à que le feu s'est déclaré.etil prenait rapi-
'3 dément une extension considérable gagnant
tous les étages inférieurs jusqu'au premier
îl étage.
Les ateliers de M. Bloch, couturier, qui
occupent l^s 3-el étmps, ont été entière-
5- ment la proie des flammes.
f Les pompiers des casernes de la rue Cha-
0 ligny, de la rue du Cnateau-d'Eau, de l'ave-
Ï nue Parmentier et de la rue de la Mare,
ii sous les ordres du colonel des sapeurs-
f pompiers ont combattu énergiquement le
feu et ont pu l empêcher de gagner les
5 maisons voisines, dont l'une est occupée
3 par la Société française de cycles et d'auto-
1 mobiles, qui ont eu leurs toitures forte-
L ment endommagées par les flammes.
s Les locataires de ces maisons, affolés,
avaient commencé à enlever leurs objets
. les plus précieux.
Une foule énorme se pressait dans la rue
Darboy et le service d'ordre a été très dif-
ficile à organiser, carM. Bordes l'officier de
1 paix, n'avait pas sous la main le nombre
de gardiens de la paix suffisant.
Il a été obligé de dégager à deux reprises
les abords de l'église Saint-Joseph, car on
, craignait qu'on ne profitât du désordre qui
régnait pour la piller à nouveau.
Au cours de cette opé'-alionde police, un
individu a tiré sur M. Bordes un coup de
revolver qui, heureusement, ne l'a pas
atteint.
On a eu de nombreuses victimes à déplo-
rer.
Un jeune homme de 20 ans, dont on n'a
pu encore établir l'identité, est tombé du
4* etage dans la rue et a été transporté à
l'hôpital Saint-Louis dans un état déses-
péré.
Une voisine, Mme Laporte, masseuse, de-
meurant 4, rue Anthony, effrayée par les
flammes,. été prise d'une attaque de folie
furieuse et a dû ôtre conduite à l'hôpital
Saint-Louis où l'on a transporté également :
MM. Contlans, pompier, grièvement brûlé;
Jules Piel, 17 ans, garçon marchand de
vins,92, boulevard Magenta, qui a eu l'ar-
tère de la main droite coupée et des brti-
lures nombreuses;
Daniel, ouvrier maçon, demeurant 2, rue
Anthony, graves brûlures ;
Edouard i'ig&lle, 18 ans, 11, rue Chapon,
graves brûlures;
Deux autres pompiers, également brûlés,
ont été transportés à l'infirmerie régimen-
taires.
A 8 h. 112, seulement, les pompiers ont
commencé à être maîtres du feu,mais ii ne
reste du premier étage au sixième de l'im-
meuble, que les quatre murs.
Cette maison avait été construite avec
des matériaux provenant de démolitions et
le feu avait trouvé ià avec les malières
inflammables qu'elle contenait un aliment
particulièrement favorable.
Une pompe à vapeur est restée sur place
pour noyer les décombres.
MM. Lêpine. préfet de police; Laurent,
secrétaire général; Touny, chef Je la police
municipale ; Ballroff, commissaire de po-
lice, étaient sur le théâtre du sinistre et
dirigeaient le service d'ordre qui avait dû
être renforcé par une compagnie du 131e de
ligne.
Les pertes, qu'on ne peut encore éva-
luer, sont considérables.
Ajoutons que le concierge de l'immeuble
a été complètement dévalisé.
OFFERT PAR LES ÉDITEURS
I PetUs PrÙICUle, par Henry Grériïle. édité
chez Pion, 10, rue Garaaclôra.
For a God Dishonoured, èdilft par John
Long à Londres.
Nous adressons nos bien sincères remer-
oiements à nos aimables donateurs.
MATHILDE POGNON.
Chronique féministe
Une question
Un féministe déterminé, intelligent, d'une
culture extrêmement vaste m'écrit, sous
une forme légèrement cavalière, mais si
sincère, si drôle, une sorte de confession :
« Je ae suis pas féministe par généro-
sité; mais dans l'état actuel, il il n'y a de
femmes que pour les imbéciles et les êro-
tomanes; (J'est un tourment insupportable,
pour l'homme do mérite, de traînée dans
sa vie une femme telle que la font les pré-
jugés actuels; vous ôtes deux, et cepen- 1
.hnL vous êtes seul ; vous auriez besoin i
d'une femme de forte culture, d'individua- j
lité puissante, dage trentenaire, une com- '
pagne qui soit votre égale., s'occupe de
grands problèmes, avec qui vous puissiez
partager touLos vos pensées et vos aspira-
tions, qui puisse vous encourager ou vous
combattre avec autorité. El vous êtes
pourvu d'un charmant. petit animal, co-
quet, maniéré, vivant pour « le monde »
ayant horreur de la pensée ; une espèce do
propriété qui appelle la surveillance pour
ceux qui trouvent que 1.'..1. en vaut la
peine, et qui ne rend de service que pour
assurer la satisfaction des sens. Il
Et mon féministe ajoute «n est-ce pas
travailler dans notre seul et exclusif inté-
rêt, que de nous débarrasser (Je cette es-
pace, et de nous faire trouver dans la
femme nouvelle quelqu'un qui puisse nous
assurer le bonheur et qui soit capable de
| le goûter avec nous ? Il
Il désirerait avoir sur ce sujet l'opinion
des aimables lectrices de la Fronde, uu en-
core celle de ses nombreux lecteurs. Je fais
des vœux pour qu'il reçoive entière satis-
faction.
CLOTILDR DISSARD.
P. S. — Prière d'adresser les réponses à
la rédactrice de la Chronique féministe de
la Fronde. j
TRIBUNE DU TRAVAIL
A la Bourse du Travail
Un certain nombre d'ouvrières brocheu-
ses, margeuses, pointeuses, s'étaient ren-
dues,dimllDchc,à la réunion organisée à la
Bourse du Travail, pour engager les inté-
ressées à se grouper en syndicat.
Le syndicat des Ilcuristes, le tout jeune
syndical des ouvrières en cols-cravates, et
!c syndicat des membres de l'Enseignement
étaient représentes.
Après avoir entendu les citoyens De-
lande, Dangin; les citoyennes IJouvard, Hci-
mein, Bonnevial, les ouvrières brocheuses,
tnargeuses, pointeuses, présentes à la réu-
nion ont décidé de faire une active propa-
gande auprès de leurs camarades d'atelier
m faveur des syndicats.
Une réunion, qui aura pour but la consti-
ution définitive du syndicat, aura lieu le
limanche, ter octobre,à 9 heures du matin,
L III Bourse du Travail.
CetLe réunion sera l'occasion d'une fête
âmiliale, dont nous donnerons le pro-
gramme.
Pavillon syndical ot Coopératif
Nous avons annoncé déjà que les plans
lu Palais du Tra/ait sont exposés à la
lourse du Travail.
Il sont par eux-mêmes tout un enseigne-
nent, et suggèrent l'idée d'un vaste grou-
'ement d'œuvres industrielles, conçues,
troduiles, classées par des travailleurs
onsciemment et puissamment organisés.
Ce sera certainement une des conslrue-
ions les plus intéressantes de cette gigan-
esque manifestation de l'activité humaine,
lue sera I'F,'xposition de 1900
Pour aider, à l'édification de l'œuvre,
ne grande fêle s Ta donnée, dimanche
irocliain, 17 eO'Jr:ulI. n i Trocadéro.
lJii'e que l'orateur aimé du prolétariat.
l'a,dmirable avocat de tous les opprimés
3. Jaurès, prendra la parole à celte fêlo:
o'est dire qne le snooés en est certain. Des
artistes de nos premières scènes viendront
aussi apporter leur concours.
NOUs donnerons en temes utile le pro.
gramme détaillé de cette fête, qui aura cer-
tainement un très vif éclat.
La grève des imprimeurs
La distribution des sooours aux grévistes
s est faite avec la plus grande régularité;
aussi o'a-t-el&e doaue lieu à aucune réela.
mation. La résistance, puur les ouvriers
des maisons réfractaire» aux conditions
syndicales, obi d'ailleurs d'autant plus fa-
elle que ceux-ai sool moins nombreux, vu
l'admirable solidarité pratiquée par 'ios
travailleurs qui out obtenu gain de cause
U n'y a d'ailleurs, plus que deux maisons'
Paul Dupont et Labure, qui l'Of'il)cnL les
conditions des grévistes.
Mais il faudra bien qu il viennent a rési-
piscence, car les victimes de leur egoismo
ne scnt POUH du tout décidées à céder.
Cette greva a. dailleurs, été admirable
d entente, de calme, de d.-nité, tt le succès
s 'imosaît.
MARIE BONNEVIAL.
MUSICIENS 111
Auriez-vous jamais cru qu'il fût possible
un jour do donner une page de musique
pour piano pour un centime, soit 5 patres
pour un sou ! Tel est pourtant le lourde
force qu un éditeur parisien vient rte, réali-
ser. ^ l'air tUu: amJI)"ce.. i
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FEUILLETON DE LA FRONDE
12 SEPTEMBRE 1899
(14)
L'Article 340
La vieille dame s'était dressée, elle
cria :
- Germain !
Une voix douce et forte lui répondit :
— Oui, maman, sue voilà-
Devançant le domestique demi les pas
faisaient crisser les galets fin de l'allée,
elle s'élança wrs la grille en criant :
— Père, père, descends, voilà notre
fUs,
Cette scène dura moins de temps qu'il
ne faut pour vous la raconter.
Déjà Germain ffeerticr approclMi L entre
sa mère etaoa père desoeadm quatre à
quatre du cabinet dans lequel il travail-
lait.
On nous présenta l'ou à fs.atre.
Je vouflns me retirer, trouvant plus
convenable de laisser la famille, sans la
présence d'une titraagèrc, toute à ia joie
da revoir.
Les Bertier s'y opposèrent et me rc-.
ttarrent ra&me à dJJler-
— Nous vous avons tant parié de lui, (
disait la vieille dame.
— Hé, ajoutait rondement M. Bertier,
Germain est 50M nMw"Ucrncn t désigné,
, ma chère enfant, pour vous accompa-,
, s-et" en sainte, à la promenade, au Ca-
sino, tout comme son mai, Delescaut,
s'il était a.. Il faut donc que vous fassiez
connaissance ensemble. Et pourquoi pas
dès nje8ftl'hu¡'
•Ou'.'ivais-je à répondre?...
Germain 1 mon Germain! Pourquoi la
fatalité voulut-elle que je fusse là, chez
les parents, le jour même de son arri-
vée. Aht vous no savez pas combien
nous sommes fatalistes, naos istiw
créoles, fié bien, Madame llubed, dès
ce -oir-ia, je sus, vous m'entendez, je
sus que nous devions être l'un à l'au-
tre.
Il m'aima.
Le jour vint Lien vite où je n'eus plus
la force de lui refuser le don de mes lè-
vres qu'il implorait avec tant de ferveur
passionnée.
Puis son congé expira. Il lui fallut re-
tourner à Maubouge olt était son usine.
Oh ! le crève-cœur de la première sépa-
ration, la souffrance de l'exil dont on ne
prévoit pas le terme, le supplice de ren-
foncer sanglots et larmes devant les pa-
rents qui ne devaient pas savoir!
Germain parti, je repris auprès des
Bertier la vie sédentaire et retirée que je
menais avant son séjour. A quoi bon les
soirées, les raouts, les parties de yacht,
les représentations théâtrales, mainte-
nant que je je n'avais plus son cher bras
sur lequel m'appuyer, maintenant que
je n'avais plus à jouir de sa joie à me
voir fêtée et admirée.
Dès le commencement de mai, je revins
à Paris, tout éperdue à la pensée que
j'allais revoir mon amant auquel j'avais
écrit.
En gare, à peine hors du wagon, un
cr<:Lina! Deux bras puissants et doux
qui m'enlevèrent me déposèrent sur le
quai. !
Où nous alIâmes?Chez lui? Chez moi,
je ne sais plus. Il me sembla pendant les
premiers jours, vivre emportée dans un j
rêve chimérique tout de griserie physi-
que et sentimentale. ;
Bientôt nos relations prirent une épo- '
que fixe, une durée déterminée. <
Les affaires de l'usine obligeant Ger- |
main à passer chaque mois quatre ou
cinq jours à Paris, ce temps là m'ap-
partenait exclusivement. Son secrétaire I
qui l'accompagnait, s'occupait avec les E
pleins pouvoirs de M. Bertier des in té- t
rt'U' de la raffinerie... (
Mme Hubert, hasarda. c
— Votre mari vous écrivait alors, et c
va= iiu répondiez? c
- Oiè» M
I — F,'t vo us n'éprouviez ni remords ni
tristesse?
— Non!
Et dans cc«nonnvibrait l'cntil!fc,l'abso-
lue, la tyranique passion cruelle à tout
ce qui ne la touche ni ne l'émeut.
Lina repartit :
Quelquefois, j'étais inquiète quand
mon ami m'avait quittée, quand je me
retrouvais seule avec une domesticité in-
différente dans l'appartement conjugal,
plein de choses laissées par c l'autre ». Je
l'exécrais cet appartement dans lequel,
je m'en souviens maintenant, Germain
eut la délicatesse de ne jamais entrer.
Bien que le retour deM. Delescaut m'ap-
parût comme un accident inévitable,
mais d'une vision lointaine et très effacée,
cette inquiétude se précisa, augmenta
pendant les premiers mois de ma gros-
sesse. Mais elle disparut tout à fait lors-
qu'ayant appris à mon ami l'événement
nouveau surgissant dans nos deux exis-
tences, il me jura solennellement qu'il .
m'emmènerait à l'étranger plutôt que de
me perdre, plutôt que de me savoir mal. .
heureuse et déshonorée. (
J'avais noué, de retour à Paris, quel- j
ques relations parmi des familles d'ori-
gine créole ; mais le moment vint vite «
où il me fallut les quitter pour dissimu. j
1er les preuves matérielles de mon état. «
Moi, j'aurais bravé le scandale. Germain <
m'adorait, j'éprouvais non pas de la
honte mais de la fierté qu'il m'eût rendue j
mère. Lui,. toujours sage, blâma ce qu'il i
appelait mon héroïque démence, et je t
quittai mon logis de la rue de Surêne
pour un pavillon sis en plein bois de {
verrières. (
Tout de suite, j'abominai ce coin, i
)ourtant si joli, de la campagne pari- c
sienne, que des bandes de faubouriens
apageurs envahissaicntet déshonoraient c
iliaque dimanche. "Mon ordinaire mélan. d
:olic reparut. La tristesse des horizons g
le cuivre et de sang dont l'automne f
commençait à revi tir les bois m'opprett- r
iait.Je m'efforçais d'y découvrir les U»ti (
I ces d'une agitation nerveuse chaque jour
! grandissante.
Il eût été plus sage d'attribuer cette
inquiétude et cette tristesse à des causes
d'un caractère plus tangible et plus ma-
tériel. Coup sur coup, les courriers d'Ex-
trème-Orienl m'avaient apporté d'alar-
mantes nouvelles de M. Delcscaut.
Il me mandait être gravement atteint
par les fièvres, me parlait de ses fatigues
parvenues à un excès qui exige le repos.
S'il n'avait crairt, disait-il, de compro-
mettre son avancement et de retarder
l'obtention de la rosette d'officier de la
Légion d'honneur, pour laquelle ses
chefs l'avaient proposé, il serait tout de
suite revenu en France sans attendre la
fin de la campagne, laquelle, d'après
l'estime générale, serait terminée dans
un délai de quatre à cinq mois.
Dans quatre à cinq mois ! à peine si je
relèverais alors de mes couches!
J'aurais voulu avoir Germain près de
moi, pour lui faire partde mes angoisses,
pour prendre une détermination avec
[ni, J en étais arrivée à trouver tout na-
Lurel ce projet d'enlèvement dont il avait
été question pendant nos heures d'abso-
lue passion et de total égarement.
Malheureusement, une indisposition
sans gravité, mais longueet douloureuse,
retenait à Maubeuge celui dont la pré-
;enre et l'énergie m'eussent été si né-
jessaires.
Aller dans le Nord, je n'y devais pas
tonger. C'eût été nous compromettre
n utilement tous les deux. 11 fallait donc
Lttendre.
Cependant mon dégoût de Verrières
ie diminuait pas, loin de là, J'avais pris
m horreur les gardiens du pavilloo qui
ne servaient de compagnons aux faces
obséquieuses et sournoises.
Au bout de trois semaines,je m'enfuis
:omme une voleuse, laissant sur la table
le la salle à manger,sous enveloppe, les
rages courants de l'homme et de la i
emme dont la seule présence m'exaspé- <
ait ou me terrifiait tour à tour.
N'ayant aYCrU personne de mon d4- .
part à la campagne, car les quelques fa-
milles où je fréquentais, se trouvaient
encore di-séminées en province, les
unes dans leurs propriétés, les autres au
bord do la Manche ou de l'Océan, je n'a-
vais à redouter aucune visite impor-
tune.
Par là même toute crainte d'indiscré-
tions ultérieures était écartée.
Je ne m'arrêtai rue de Surêne que
pour y prendre ma correspondance ot
donner aux domestiques — il va sans
dire que j'avais fait maison nette depuis
le départ de M. Deleseaut-avis que je
m'absentais encore quelques jours, igno-
rant où j'allais, et qu'aussitôt fixée dans
ma résidence nouvelle, j'enverrais mon
adresse afin qu'on m'envoyàt lettres et
dépêches.
Dans le courrier reçu cc jour-là, je ne
trouvais pas de lettre de mon mari.
Vous pensez bien où j'allai.
Dans le nid d'amour, dans le nid par-
fumé de la rue Pasquier que Germain
avait meublé, orné, embelli, pour y ca-
cher nos tendresses et nos journées
d'intimité.
De me retrouver dans ce log-is tout
rempli de son souvenir, avec ma fidèle
Lalie, la vieille servante qui me croit
dans sa simplicité d'âme u le jeune fille
que son amant n'épouse pas encore à
cause de difficultés passagères que le
temps aplanira, je vécus une semaine,
rassurée, presque heureuse.
La convalescence de Germain, qui
m'écrivait quotidiennement, suivait son
cours régulier.
J'étais en droit d'espérer le bientôt
revoir.
Il fallait revenir rue de Surêne,
d'autant plus que pendant cette nouvelle
absence, avaient dû m'arriver des
nouvelles du Tonkin.
.Je voulais savoir.
Je trouvai une missive de mon mari,
missive laconique où je lus seulement
cette phrase :
«Je m'embarquerai pour laFrancc dans
les derniers jours de janvier. 1)
AiTolée j'écrivis à Bertier.
Deux jtfurs su passèrent sans réponse.
Je télégraphiai au directeur de l'usine.
Et je reçus cette horrible réponse :
— Rechute très grave. Parents de M.
Hf'rti'.'r auprès de lui. Craignons com-
plications et dénouement fatal. »
Vit • je n'avais jamais compris comme
je ie compris alors quelles angoisses,
quelles inquiétudes expiatrices les liai-
sous défendues eutraîneut avec elles!
Ainsi la présence de ces vieilles ;;ells,
qui cependant me chérissaient de tout
leur cu ur m'interdisait le chevet du
cher malade.
Le droit de voler auprès de lui, de !c
soigner, de le disputer à la mort, je n'y
pouvais pas prétendre.
Cntle agonie morale se prolongea pen-
dant six semaines, au bout desquelles le
i secrétaire de Germain qui me télégra-
phiait chaque soir l'état du malade, la
chassa eniln par ce court mais béutifi-
que billet.
« JI est sauve : les médecins répondent
de lui. »
L'automne s'achevait quaud ii me re-
vint; combien pâle, combien amaigri!
Tout de suite, il me sembla que son es-
prit comme son corps avait subi une
secousse évolutive
Germain m'aimait moins
Quand nous étions ensemblc, il de-
meurait de longues heures silencieux,
écrivant ou li;a:,t des lettres.
Il s'absentait éj,us::i I.:C3 journées entiè-
res. et quand ;c lui eu demandai» le
motif, il me répondait avec une certaine
impatience :
v Je te le dira;.mais plus tard,m:J. ché-
vie. a
Entin, pourquoi me refuse-l-il systé-
matiquement la lecture des lettres de
mon mari?
Pourquoi m'UlstaUcr ici, tout près de
Paris, au lieu de m'emmener tout de
suite il l'étranger comme il me 1 a pro-
mis.
ANNE D'AURAY.
(A suivre.)
tarnic* les «onséooeoees matérielles et que
Dreyfus pures© demain reprendre la
•ie fiberte, -voilà h» vwa. 11 Testas «ocal»lé
3088 l'arrêt qui le condamne, légalement chanté
du eMt.m te plais odieux. Mais qu'importe à ces
tùeàw.kitcml Pour elles, sans doute. la peine
matérielle est tout. 1-a peine morale in7est rien.
St ce sont des juges !
Oue ©feyfus sort oa noc gracié, — l'^awre do i
IWflot('o a-en continuera pas notas. Ce qu'il lu
aot, c'est la réhabilitation légalt suivant la
^habilitation morale que le mnjd< entier lui a (
lupuis longtemps arcordt..
\,;'C:it à cette œuvre que se doivent attacher
ics citoyens qui veulent que la France conserve
devant rtiamanilé son glorieux renom. i
Causerie Littéraire
Pierre Nozière. par Anatole Franoe
(Lemerre, éditeur.)
L'aoleur de Sylvestre Bonnard possède
'art dl: découper ses romans en chroniques
IUL,quoiqueWs complètes en elles-mêmes,
sont liées aux suivantes de façon à former,
réunies, un volume très homogène, et inté-
ressant, maJgre la ténuité du sujet, grâce à
:a langue souple, élégante, concise, et dou-
cement ironique ïoni si parfaitement il se
sert.. C'est une suavité qui va jusqu'au ra-
*vis!se,,-ient que de 1% suivre ces récits di-
i'ers, et conciliants, d'une précision si cor-
recte. et pourtant d une allure si légère.
Il y a dans le uotiveau volume de M. Ana-
to1e Fraucc des souvenirs d'ee. ,.",noo, et des
portraits qui sont de petit» chefs-d'œuvre.
Parmi cenvei je citerai celci de M. De bas,
èovqnimste \1Õ quai Malitquals,qai est d'un
réalwrac savant et !'.impl8 -
« Jurant plus -t'un tlemi-sièc:e, il posa
ses boites Air le parapet du quai Malaquais,
vis-à-vis de l'iHWcl de Chimav. Au déclin de
son humble vie, travailla du venl, de la
plu e, du sote:!, il ressemblait à ces statues
de pierre que le temps ronge sous le por- .
che de!" églises. Il se tenait debout encore,
mais il se fai-sait chaque jour p(us menu et 1
plus semblable à cette poussière en laquelle
loutej formes lorrcstrcs se perdent li sur-
vivait h tout ce lui l'avait approché et
connu Son étalage, comme un verger dé-
sert, refonrnait à la nature. Les feuilles des
arbres s'y mClaient aux feuilles de papier, J
et les oiseaux du ciel y laissaient tomber J
ce qui fit perdre la vue au vieillard Tobie. j
cndnt mi dans son jardin. tt
CI L'on craignait que le vent d'automne, [
qui fait tourbillonner sur le quai Ie.:; se J
tnenocs des platanes avec les grains d'a.. J
voinc échappes aux musettes .-je:. chevaux, 1
un jour, n'emportât dans la Scie*'* les bou-
quins et le bouquiniste. Pou. :l il ne
mourut point dans l'air vif et riant du quai
où il avait vécu, on le trouva mort, un {
matin, dans la soupente où chaque nuit il
allait dormir ".
Ce petit M. Dc bas que vous voyez, tout r
comme je le vois, grelottant près de ses J'
livres effeuillés par le vent, avait une 11
grande âme, et un ewur compatissant. Ce I1
pauvre était un dévoué, et de plus un pa L
trioie. 0
« f ,a grandeur et la félicité de sa patrie
faisaient le souci de toutes ses heures. -
L'Empereur, en vingt ans de règne ne put
le contenter une fois » Et comme - son éta- /
lage était voisin du palais des Tuilcric!-', il ^
se ci oyait, ajoute M. Anatole France, sur
un pied d intimité avec celui qui l'occupait
— intimité qui lui permettait tio se mon-
trer carrément hostile au souverain, et de
dire à ceux qui lui demandaient des nou-
velles de ses affaires personnelles :
fC Elle vout doucement. C'est la sécurité à
qui manque. Le faute en est au régime. 5t
M Et il montrait d'un grand geste le palais Ci
des Tuiierics. Il di
Pierre jyo:ière, abonde en ces détails si b(
minutieusement étudiés. 11 y a une grâce ^
extrême en eux, et je m'arrete court pour pi
ne pas ine laisser entraîner à citer teutc £c
cette première partie du volume qui en il
contient trois. cc
La seconde est consacrée aux Noies écrites la
jtar Pierre Nozière en marge de son gros j0
Piutarque et le troisième livre relate les i
Promenades de Pierre Nozirre en France.
Le tout exquis, n'en doute/, point.
Marionnettes par Marie-Anne de navet ' dt
(Le-mcrrc, éditeur). 1 fa
.l'ai souvent dit. ici même, en quelle haute ! v{.
estime je tenais le talent de l'auteur des ! a
Confessions d'une fille dt trente ans, ce talent j U!
d'alJure très personnelle qui me la lait j
reconnaître à la fin de la première phrase, ' 0
où qu'elle écrive, et sous les pseudonymes I)a
les plus voilés. Kilo n'imite personne --
chose rare à celte bearc — et dangereux Pr
serait de chercher à l'imiter KHe a des sc
audaces qui étonnant, une franchise qui dr
déconcerte, un tact qui remet tout en place fr
juste au moment voulu, et l'art, tout en lt
demeurant extrêmement femme, d'avoir la S('
cràr.fcrio d'un genlilhomme sans peur et nl
sans reproches.
Les Marionnettes se composent ;le nou-
velle.» déjà parues, mais qui se lisent et se
relisent, car il se trouve toujours au fond
de ces histoires d'apparences exclusivement 1,11'10
mondaines et légères, UI1 fond des psycho-
loçrie subtile, une philosophie 1ft) bon aloi, 511
et un sens critique.qui pour être voilé, n'en
est pis moins aIgu. l)'ordinaire, on ne met tei
point tant (le sérieuses qualités en ces ré- rj
cils de vie Parisienne, et il appartenait à I1
Marie Anne de Bovet de lui donner, par ce f 1
nouvel appoint, une valeur durable et sé-
rieuse. bc
r... remettre & Franck, Arnaull. là
(Paul Ollendorff, éditeur.) la,
Deux frères vivaient ensemble et s'ai- III 1
* m aloist; le mariage de l'aîné ne troubla
j® point leur affection ; co ne fut qu'au boni
J da trois années que la plus jeune reconnut
^ qu'il aimait la femme de Franck, son frère, {
:a et cela lui fut découvert, un soir où celle-
ie ci avait mis une rose rouge à sa ceinture
i. — et croisé sur ses genoux ses mains non-
oh&knte».
j® Peu après, Laura meurt, subitement,
" oomma s'éteint une flamme, c'est alors que
l'amour prend dans le oœur du jeune homme
a une intensité qui va jusqu'au délire. Il aura
r des hallucinations ; il fera revenir la jeune
c morte des inondes de l'au-delà par ses sup-
plications passionnées; etil sera à tel point
- envahi par elle, qu'il vivra dans la solitude,
l'absolue chasteté, dans l'ardeur .de ses
a souvenirs et de ses espérances, sans s'in-
.J téresser à quoique ce soil en dehors de son
absorbante passion.
9 Pour remettre à Frallck est le récit de
cette passion que le frère cadet laisserai
3 son frère aîné en le quittant pour ne plus
5 revenir. Car, ayant cédé aux sollicitations
, de ses amis qui J'ont conjuré de refaire un
f foyer à son frère veuf, il s'est laissé aller
- à épouser une belle fille, très animée, très
i vivante, très amoureuse, tout le contraire
- de la délicate et rêveuse Laura; et cette
> belle fille si vivante se lassera bientôt de
. cet homme qui aime une morte d'un amour
. absolu. Franck, de nature moins éthérée
. que 3on frère, sentira aussi son cœur s'à-
mouvoir pour elle... et voyant se former
. cette union, afin qu'elle s'éfTfctuo daus
i toute sa plénitude, telle qu'elle convient à.
des êtres de chairs et d os, le jeune époux
s'éioigno, S'il ne se tue pas, c'est alin de j
ne pas ternir d'un remords, ou d'un cha- 4
grin, la vie nouvelle qui s'ouvre devant eux; ,
Unissant sa triste histoire, l'amoureux do
Laura donne à son frère co dernier con- i
seil à propos do sa femme qu'il lui laisso : t
» Ne détourne pas tes yeux dos siens j
torsqu otto cherche ton regard, ne baisse t
jamais la tète, Franck, tout amour est légi- ^
tune. les conventions seules le font crlml- t
nel; nous respecterons les lois,mais rccon- t
naissant la vérité, nous pouvons éviter le t
faux semblant parce que nous sommes J
forts ",
Le roman finit là. (l
C'est une œuvre étrange, monotone aussi, {.'
enroula it sur une seule émotion, y reve-
nant sa îs cesse, ambiguë, contournée, p
hixarr';, tuais qui mérite d'être lue. L'écri- u
ture en est soignée, d'une évidente distinc- p
tion, av 'c souvent de jolis tours do phrases. I'
Est-ee ie premier ouvrage de M. Arnautt? a
Je lifînore. Eu ce cas: Pour remettre à
Franck me paraît un excellent début. c
Les Amantes par Gasfoll Dcrys, it!us-
! trations do M.G. Lami. (Simonis Empis édi- CI
leur).
Histoires d'amour... de toutes les cou- v
leurs, et si charmantes, d'ailleurs brèves, j,'
racontées comme on le fait dans un dîner
d'lutIID,!S, aii dessert, les coudes sur la ,
table et la cigarette aux lèvres . Très joli- ,
ment illustré, ce joli volume, par M. G. __
Lami, dont j'estime fort lo talent élégant
et délicat. ,., 1
MANOEL DE GRANDFORT
Choses de
l'Enseignement
Il existe depuis quelques semaines, grâce
à t initiative de M. Buisson (tor'sque nous
serons il mille, je ferai une croix), une So-
cldû libre d'études psychologiques, c'est-à-
dire que nous 'allons, enlin, mettre les
bœufs devant la rharrcltc, OIJ, si vous pré-
férez, e'est-à-dire que nous allons faire,
pour t enfant que nous entendons élever,
ce que le cultivateur fait pour la terre dont
il attend son pain : pénétrer en lui, pour
connaître sa nature, ses besoins; chercher
la métho le et les procédés propres à déve-
lopper ses qualités, à combler ses lacunes,
à extirper les j>arasites stérilisants.
Comment n'y a-t-on pas pensé plus tôt?
Comment n'a-t-on pas cherché à se ren-
dre compte de ce qu'est l'enfant avant d'en
1 faire un ccoHcr? Comment n'a-t-on pas de-
I viné quii l'école ne vaudrait que par ses
i affinités avec celui dont elle entendait faire
; un homme.puis un ''itoyen?
! 11 n'y a eu ni lacune ni défaillance; mais
l'on a judicieusement pensé que, dans un
pays de suffrage universel, il faut d abord
— et coûte que coûte — que le peuple ap-
prenne il lire; que — coûte que coûte — il
se rende compte de ses devoirs et de ses
droits, et sans perdre une minute, l'Etal a
créé des écoles, il les a pourvues d'inslitu-
teurs, et il a promulgué la loi d'obligation
scolaire. (;r;'lcP à cette loi, la grande majo-
rité des enfants du peuple est en posses-
sion des << outils intellectuels », et s'il y a
des lacunes dans la pratique, du moins les
rélrac'aires
incombe le'devoir d'en diminuer le nombre
font-ils «".c; ,,¡forls pour le réduire à sa plus
simple c\ pression.
On a donc couru au plus pressé, et, main-
tenant (tue: l'organisation est complète, les
meilleurs esprits, qui n'ont jamais oublié
que l'édiîicc resterait à la merci des vents,
s'il n'était repris par sa hase môme, vont
travailler il la mettre en rapport avec les
besoins de ceux .711 il abrite.
Ce qu'il faut noter, c'est que c'est celui-
là mèmo qui a fondé renseignement popu-
laire en France qui, préoccupé d>\mière heure des lacune inévitables de son
ïbt& l œftVt"e,'S.oftns bravement pour les eonWer,
HJnt j appelant à lui, pour rester fidèle It lui-
inut même, le savoir, l'initiative et la bonne vo-
ère, j lonté d'un groupe de gens de bien.
Ile- J La Société des éludes psychologiques
,ure J pourrait prendre pour devise : « L'on peut,
Ion. J en quelques mois, préparer, discuter, voter
| ane loi d'éducation populaire et l'appliquer
înt, J dans une certaine mesure; mais pour con-
que I naître 4'Ame de l'enfant, une vie d'homme
me 1 est trop courte. »
ura I La première réunion du Comité a été ce
une j qu'elle devait être : fort intéressante, et j'ai
up- J enragé de n'y pouvoir assister — les fètes
nnt de l'esprit sont si rares ! — mais cela ne
de, J veut pas dire que j'eusse toujours été de
ses j l'avis des plus autorisés, des meilleutS,et 1
m- | même de celui pour qui tous les bons Fran-
son çais devraient avoir un oulte : de M. Buis-
I son. Je lis, en effet, ceci dans le Manuel
de J général : « Principales opinions émises sur
a a | les méthodes à employer pour c on naître
lus I l'enfant:
I Pour M. Mari"'er» le meilleur moyen d'arriver
un x des résultats certains et à des conclusions
.Of 1 fermes, c est d'emprunter aux Américains lnurs
res I questionnaires. Ces questionnaires, parce qu ils
ire seront uniformes, nous permettront de comparer
tte I réponses obtenues, et les réponsea, parcs
de [ qu'elles seront nombreuses, nous permettront à
ur | leur tour de tirer des conclusions générales et
•ôe v;tiables. Co qui importe en effet, dit M. Maril-
•X I lier, c est le grand nombre d'observations com-
0- arables, de valeur moyenne sans doute, mais
1er de valeur sûre, précisément parce qu'elles sont
us de valeur moyenne. Sans nier absolument l'effl-
t à. cacité de l'observation directe, qui porte sur un
ux s?ul é)ève. ()ui varie avec les diverses natures,
do I ^ qui a, par suite, quelque chose de moins uni-
j tonnes utile plus pittoresque, M. Mariltier pense
que c'est là une méthode peu sûre, et scientifi-
x, j que ment impuissante.
le M. Th:unin. au contraire, voudrait que l'on fit
n- une part, et une large part à l'observation indi-
i ; J manette. Les questionnaires tout préparés ont
is I pour lui le défaut de limiter l'initiative du mat-
se I tr'', et ils risquent aussi de déformer en les cm-
rî. I pnsonnaut dans des cadres rigides les faits psy-
chologillues si mouvants et si fuyants. 11 faut
observer directement l'en r.,int, dans sa vie de
, I fous les jours, de tous les instants, il faut profi-
le I ter de toutes les circonstances, de tous les
:S hasards pour l'étudier; il ne faut pas se défier
J du pittoresque, car le pittoresque c'est ce qui
I dilferencic, ce qui sépare, c'est l'individuel, et -
: I par suite c'est, en psychologie et surtout en psy-
» [ chologie infantile, la vérité.
I M. Buisson croit possible de concilier les deux
}t I points de vue, et par une citation empruntée à 1
1- I un journal américain, il montre que les enqu 'tos ,
I par questionnaires, à résultats comparables,
i, | peuvent cependant laisser place à l'imprévu et
? J au pittoresque.
à Je commence par écarter la conc lusion... <
conciliante do M.Buisson, parce que je n'ac- 1
I cepto, pour le début des études de la Société,
ni les propositions de M. Marinier, ni môme <
celle de M. Thamin, et je ne les accepte 1
pas parce que les unes et les autres ont, si s
j'ai bien compris, pour premier objectif J
r " l'âme de Y écolter. I
Or, rien ne ressemble moins à une âme '
a. d'enfant qu'une âme d'écolier. Une âme 1
_ d'écolier c'est une âmo d'enfant qui perd f
f — momentanément — dans un moule, sa r
I forme primitive. C'est, fatalement, une
I âmo artificielle. D'où il résulte, pour moi, a
I la conviction profonde que, faire exclsive- I
- I ment la psychologie de 1 écolier, autrement
I que pour déclarer que l'école, telle qu'elle E
j est, entrave le développement de l'Ame en. fi
i fantine. C'est éterniser le système que nous P
I déplorons tous. C'est retarder la réalisation d
f- de notre, idéal : l'école se modelant sur
11 l'enfant. Il
Les questionnaires adressés aux écoliers, c
I nous les connaissons trop! Un écolier que r<
l'on questionne ne se demande pas ce
qu'il pense, mais ce qu'il faut répondre ii
pour être un « bon écolier ", et remarquez r<
I qu'il n'y a là. aucune arrière-pensée de a
I tromperie; il y a simplement qu à l'école il
I n'est pas un individu, mais une espèce. r<
I » Si ros parents vous donnent cinquante
, I centimes pour récompenser votre bonne con- pi
[ I duite, qu'en ferez-vous ? 4*
• j Et tous, comme un seul homme, répon- l'j
• j dent : 1 une bonne action !... ou bien;, je les p<
I mettrai à la caise d'épargne (je parle de
I choses vécues par moi-môme). m
I « Quell'! est la matière du programme que fli
I vous préférez ? fu
I Et la majorité des enfants de 10 à 13 ans Si:
préfère la morale! De Ja géographie qui a
tant d'attrait pour les jeunes imaginations,
, des problèmes qui tentent certains esprits vi
chercheurs, du dessin presque inséparable tè
de l'esprit d'observation, les enfants par- lu
lent à peine. Si bien que leurs réponses
prouvent en faveur de l'instituteur, qui a Ai
I fait à la morale une plage prépondérante,
I niais no m'apprennent pas grand'chose sur gr
l'état d'esprit des écoliers.
(Juanl aux observations faites sur un éco- or
lier pr:s isolément, elles présentent, si ta
c'est par elles que débutent les éludes de
l'éducation, les mêmes inconvénients.L'éco- cc
lier est-il de la pâte dont on fait les bons re
I élèves? il marche dans le rang, observe la m
discipline, aspire à être premier... Est-il
réfractaire? Il montre ce qu'il a de plus de
mauvais. le
Ce qu'il faut donc imposer à l'éducateur it
comme base des études psychologiques, pa
c'est t'entant tel qu'il est, vivant de la vie
réelle de l'enfant de la vie du peuple trime pc
et qui souffre :lie l'enfant aux prisesavec ses
mille difficultés, avec ses tentations, avec se
ses joies, avec ses larmes. C'est l'enfant m
soumis à la discipline naturelle : celle de lie
la famille ; relevant de ses guides naturels : di
son père et sa mère ; vivant avec ses vrais ôt
é^aux : ses frères et ses sœurs. C'est, pour lij
tout dire, un être en chair et en os, dont le
sang est chaud, qui a ses passions bonnes lu
ou mauvaises; c'est un être en vie, qui ne
ressemble ni à son frère, ni à son cousin, a
J pî à son vorsin de droite, ni & son voisin de
gauche, tout en ayant des points de oontaet
avec chacun: c'est, en tout cas. un être
dont la vie en dehors de l'école, n'a aucune
similitude avec la vie fatalement conven-
tionnelle de l'école.
premier champ d'expériences c'est
l'enfant. Ce premier champ « creusé, bêché,
fouillé M, l'éducateur doit entreprendre le
second par les procédés de M. Marinier,
par ceux de M. Thamin, par tous les pro-
cédés que nous indiqueront les amis de
notre œuvre. Mais ne continuez pas à pécher
Far la base, car c'est pour avoir regardé
écolier et non l'enfant que nous sommes
en train de faire fausse route.
La Société libre des études psychologiques
doit, je le répète, étudier l'enfant d'abord.
pour faire profiler de ses études l'écolier
et l'école.
PAULINE KERGOMARD.
BIBLIOTHEQUE
De la « Fronde »
Nous avons eu le plaisir de recevoir pour
notre bibliothèque :
OFFERTS PAR LRURS AUTEURS
Contes exotiques, par Mme N. Sierra
Education pratique, selon la science, pour
les deux sexes, par M. ilaina.
Nadinc, par Mme de Lys.
Crouumcd with the lmmortals, par Mme
Hy!Lun Dale.
Pour la Paix et pour r Humanité, par A.
de Lima.
Simples Poèmes, par Mme Hoger de Nes-
1ns.
L'INCENDIE DE LA RUE DARBOY
Un terrible incendie a éclaté, hier soir, à
six heures, 7, rue Darboy, dans une cité
le ouvrière.
I- Le feu a pris naissance chez MM. Levy et
is Willars, marchands de crins, laines et
îp plumes,qui occupent les 51 et 6" étages,ainsi
que le rez-de-chaussée, le 1er et le 2* étage
" de l'immeuble qui mesure trente mètres de
' longueur sur dix mètres de profondeur.
x C'est dans une chambre du sixième étage
à que le feu s'est déclaré.etil prenait rapi-
'3 dément une extension considérable gagnant
tous les étages inférieurs jusqu'au premier
îl étage.
Les ateliers de M. Bloch, couturier, qui
occupent l^s 3-el étmps, ont été entière-
5- ment la proie des flammes.
f Les pompiers des casernes de la rue Cha-
0 ligny, de la rue du Cnateau-d'Eau, de l'ave-
Ï nue Parmentier et de la rue de la Mare,
ii sous les ordres du colonel des sapeurs-
f pompiers ont combattu énergiquement le
feu et ont pu l empêcher de gagner les
5 maisons voisines, dont l'une est occupée
3 par la Société française de cycles et d'auto-
1 mobiles, qui ont eu leurs toitures forte-
L ment endommagées par les flammes.
s Les locataires de ces maisons, affolés,
avaient commencé à enlever leurs objets
. les plus précieux.
Une foule énorme se pressait dans la rue
Darboy et le service d'ordre a été très dif-
ficile à organiser, carM. Bordes l'officier de
1 paix, n'avait pas sous la main le nombre
de gardiens de la paix suffisant.
Il a été obligé de dégager à deux reprises
les abords de l'église Saint-Joseph, car on
, craignait qu'on ne profitât du désordre qui
régnait pour la piller à nouveau.
Au cours de cette opé'-alionde police, un
individu a tiré sur M. Bordes un coup de
revolver qui, heureusement, ne l'a pas
atteint.
On a eu de nombreuses victimes à déplo-
rer.
Un jeune homme de 20 ans, dont on n'a
pu encore établir l'identité, est tombé du
4* etage dans la rue et a été transporté à
l'hôpital Saint-Louis dans un état déses-
péré.
Une voisine, Mme Laporte, masseuse, de-
meurant 4, rue Anthony, effrayée par les
flammes,. été prise d'une attaque de folie
furieuse et a dû ôtre conduite à l'hôpital
Saint-Louis où l'on a transporté également :
MM. Contlans, pompier, grièvement brûlé;
Jules Piel, 17 ans, garçon marchand de
vins,92, boulevard Magenta, qui a eu l'ar-
tère de la main droite coupée et des brti-
lures nombreuses;
Daniel, ouvrier maçon, demeurant 2, rue
Anthony, graves brûlures ;
Edouard i'ig&lle, 18 ans, 11, rue Chapon,
graves brûlures;
Deux autres pompiers, également brûlés,
ont été transportés à l'infirmerie régimen-
taires.
A 8 h. 112, seulement, les pompiers ont
commencé à être maîtres du feu,mais ii ne
reste du premier étage au sixième de l'im-
meuble, que les quatre murs.
Cette maison avait été construite avec
des matériaux provenant de démolitions et
le feu avait trouvé ià avec les malières
inflammables qu'elle contenait un aliment
particulièrement favorable.
Une pompe à vapeur est restée sur place
pour noyer les décombres.
MM. Lêpine. préfet de police; Laurent,
secrétaire général; Touny, chef Je la police
municipale ; Ballroff, commissaire de po-
lice, étaient sur le théâtre du sinistre et
dirigeaient le service d'ordre qui avait dû
être renforcé par une compagnie du 131e de
ligne.
Les pertes, qu'on ne peut encore éva-
luer, sont considérables.
Ajoutons que le concierge de l'immeuble
a été complètement dévalisé.
OFFERT PAR LES ÉDITEURS
I PetUs PrÙICUle, par Henry Grériïle. édité
chez Pion, 10, rue Garaaclôra.
For a God Dishonoured, èdilft par John
Long à Londres.
Nous adressons nos bien sincères remer-
oiements à nos aimables donateurs.
MATHILDE POGNON.
Chronique féministe
Une question
Un féministe déterminé, intelligent, d'une
culture extrêmement vaste m'écrit, sous
une forme légèrement cavalière, mais si
sincère, si drôle, une sorte de confession :
« Je ae suis pas féministe par généro-
sité; mais dans l'état actuel, il il n'y a de
femmes que pour les imbéciles et les êro-
tomanes; (J'est un tourment insupportable,
pour l'homme do mérite, de traînée dans
sa vie une femme telle que la font les pré-
jugés actuels; vous ôtes deux, et cepen- 1
.hnL vous êtes seul ; vous auriez besoin i
d'une femme de forte culture, d'individua- j
lité puissante, dage trentenaire, une com- '
pagne qui soit votre égale., s'occupe de
grands problèmes, avec qui vous puissiez
partager touLos vos pensées et vos aspira-
tions, qui puisse vous encourager ou vous
combattre avec autorité. El vous êtes
pourvu d'un charmant. petit animal, co-
quet, maniéré, vivant pour « le monde »
ayant horreur de la pensée ; une espèce do
propriété qui appelle la surveillance pour
ceux qui trouvent que 1.'..1. en vaut la
peine, et qui ne rend de service que pour
assurer la satisfaction des sens. Il
Et mon féministe ajoute «n est-ce pas
travailler dans notre seul et exclusif inté-
rêt, que de nous débarrasser (Je cette es-
pace, et de nous faire trouver dans la
femme nouvelle quelqu'un qui puisse nous
assurer le bonheur et qui soit capable de
| le goûter avec nous ? Il
Il désirerait avoir sur ce sujet l'opinion
des aimables lectrices de la Fronde, uu en-
core celle de ses nombreux lecteurs. Je fais
des vœux pour qu'il reçoive entière satis-
faction.
CLOTILDR DISSARD.
P. S. — Prière d'adresser les réponses à
la rédactrice de la Chronique féministe de
la Fronde. j
TRIBUNE DU TRAVAIL
A la Bourse du Travail
Un certain nombre d'ouvrières brocheu-
ses, margeuses, pointeuses, s'étaient ren-
dues,dimllDchc,à la réunion organisée à la
Bourse du Travail, pour engager les inté-
ressées à se grouper en syndicat.
Le syndicat des Ilcuristes, le tout jeune
syndical des ouvrières en cols-cravates, et
!c syndicat des membres de l'Enseignement
étaient représentes.
Après avoir entendu les citoyens De-
lande, Dangin; les citoyennes IJouvard, Hci-
mein, Bonnevial, les ouvrières brocheuses,
tnargeuses, pointeuses, présentes à la réu-
nion ont décidé de faire une active propa-
gande auprès de leurs camarades d'atelier
m faveur des syndicats.
Une réunion, qui aura pour but la consti-
ution définitive du syndicat, aura lieu le
limanche, ter octobre,à 9 heures du matin,
L III Bourse du Travail.
CetLe réunion sera l'occasion d'une fête
âmiliale, dont nous donnerons le pro-
gramme.
Pavillon syndical ot Coopératif
Nous avons annoncé déjà que les plans
lu Palais du Tra/ait sont exposés à la
lourse du Travail.
Il sont par eux-mêmes tout un enseigne-
nent, et suggèrent l'idée d'un vaste grou-
'ement d'œuvres industrielles, conçues,
troduiles, classées par des travailleurs
onsciemment et puissamment organisés.
Ce sera certainement une des conslrue-
ions les plus intéressantes de cette gigan-
esque manifestation de l'activité humaine,
lue sera I'F,'xposition de 1900
Pour aider, à l'édification de l'œuvre,
ne grande fêle s Ta donnée, dimanche
irocliain, 17 eO'Jr:ulI. n i Trocadéro.
lJii'e que l'orateur aimé du prolétariat.
l'a,dmirable avocat de tous les opprimés
3. Jaurès, prendra la parole à celte fêlo:
o'est dire qne le snooés en est certain. Des
artistes de nos premières scènes viendront
aussi apporter leur concours.
NOUs donnerons en temes utile le pro.
gramme détaillé de cette fête, qui aura cer-
tainement un très vif éclat.
La grève des imprimeurs
La distribution des sooours aux grévistes
s est faite avec la plus grande régularité;
aussi o'a-t-el&e doaue lieu à aucune réela.
mation. La résistance, puur les ouvriers
des maisons réfractaire» aux conditions
syndicales, obi d'ailleurs d'autant plus fa-
elle que ceux-ai sool moins nombreux, vu
l'admirable solidarité pratiquée par 'ios
travailleurs qui out obtenu gain de cause
U n'y a d'ailleurs, plus que deux maisons'
Paul Dupont et Labure, qui l'Of'il)cnL les
conditions des grévistes.
Mais il faudra bien qu il viennent a rési-
piscence, car les victimes de leur egoismo
ne scnt POUH du tout décidées à céder.
Cette greva a. dailleurs, été admirable
d entente, de calme, de d.-nité, tt le succès
s 'imosaît.
MARIE BONNEVIAL.
MUSICIENS 111
Auriez-vous jamais cru qu'il fût possible
un jour do donner une page de musique
pour piano pour un centime, soit 5 patres
pour un sou ! Tel est pourtant le lourde
force qu un éditeur parisien vient rte, réali-
ser. ^ l'air tUu: amJI)"ce.. i
B DENTIFRICES M 3
pijisjy
H Modèle du Flacon. I P g| B F
K2
SPORTING-NOTES
Courses à Longchamp
Lundi 11 septembre
Résltuts du pari mutuel
Mie vaux pes. Fel.
10 5.
Voyageuse gagnant 218 60 12s7>o
, , — placé 80 50 23 50
Indien placé 20 .0 11 n
Camille II placé 36 u 22 --
Sans Escompte gagnant 42 50 20 50
— placé 12 50 7 »-
Solon pincé 12 a- 6 50
Adichad placé 13 50 7 50
Ginevra traînant 36 »• 1!) >■
— placé 15 50 7 50
Kinrara placé 13 .. 7 50
M&y Quccn placé 15 •» 8 50
ingénue gagnant 117... 51 5a
— placé 74 50 16 ».
Cainpina placé 30 -- t; ■>
Bardane placé J6 50 18 50
Patte de velours gagnant 79 -. 33 ••
— plac(! 47 50 17 «»
Barba n('f)rc plarc 27»» 18 50
Aujourd'hui Mardi 12 septembre
A 2 heures
Courses à Knsliieii
TH!tf.n)tK<:SR.
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Le pneumatique Oury-Labrarlor, 127, rue
du Bois, à Levallois-Perret est le plus sou-
nlp. 1P ntim rémsf a ni aI In nlue vili»
MALADIE DAMES coMde. 2 ',5, g®. Péles
rnal.d. datn :s. M-' VR!UL.LAC. de la P. do mé i.
1", r. Mintyon. Corr. Mais. d'acc. à la camp.
B1Iglish tpoken.
FEUILLETON DE LA FRONDE
12 SEPTEMBRE 1899
(14)
L'Article 340
La vieille dame s'était dressée, elle
cria :
- Germain !
Une voix douce et forte lui répondit :
— Oui, maman, sue voilà-
Devançant le domestique demi les pas
faisaient crisser les galets fin de l'allée,
elle s'élança wrs la grille en criant :
— Père, père, descends, voilà notre
fUs,
Cette scène dura moins de temps qu'il
ne faut pour vous la raconter.
Déjà Germain ffeerticr approclMi L entre
sa mère etaoa père desoeadm quatre à
quatre du cabinet dans lequel il travail-
lait.
On nous présenta l'ou à fs.atre.
Je vouflns me retirer, trouvant plus
convenable de laisser la famille, sans la
présence d'une titraagèrc, toute à ia joie
da revoir.
Les Bertier s'y opposèrent et me rc-.
ttarrent ra&me à dJJler-
— Nous vous avons tant parié de lui, (
disait la vieille dame.
— Hé, ajoutait rondement M. Bertier,
Germain est 50M nMw"Ucrncn t désigné,
, ma chère enfant, pour vous accompa-,
, s-et" en sainte, à la promenade, au Ca-
sino, tout comme son mai, Delescaut,
s'il était a.. Il faut donc que vous fassiez
connaissance ensemble. Et pourquoi pas
dès nje8ftl'hu¡'
•Ou'.'ivais-je à répondre?...
Germain 1 mon Germain! Pourquoi la
fatalité voulut-elle que je fusse là, chez
les parents, le jour même de son arri-
vée. Aht vous no savez pas combien
nous sommes fatalistes, naos istiw
créoles, fié bien, Madame llubed, dès
ce -oir-ia, je sus, vous m'entendez, je
sus que nous devions être l'un à l'au-
tre.
Il m'aima.
Le jour vint Lien vite où je n'eus plus
la force de lui refuser le don de mes lè-
vres qu'il implorait avec tant de ferveur
passionnée.
Puis son congé expira. Il lui fallut re-
tourner à Maubouge olt était son usine.
Oh ! le crève-cœur de la première sépa-
ration, la souffrance de l'exil dont on ne
prévoit pas le terme, le supplice de ren-
foncer sanglots et larmes devant les pa-
rents qui ne devaient pas savoir!
Germain parti, je repris auprès des
Bertier la vie sédentaire et retirée que je
menais avant son séjour. A quoi bon les
soirées, les raouts, les parties de yacht,
les représentations théâtrales, mainte-
nant que je je n'avais plus son cher bras
sur lequel m'appuyer, maintenant que
je n'avais plus à jouir de sa joie à me
voir fêtée et admirée.
Dès le commencement de mai, je revins
à Paris, tout éperdue à la pensée que
j'allais revoir mon amant auquel j'avais
écrit.
En gare, à peine hors du wagon, un
cr<:Lina! Deux bras puissants et doux
qui m'enlevèrent me déposèrent sur le
quai. !
Où nous alIâmes?Chez lui? Chez moi,
je ne sais plus. Il me sembla pendant les
premiers jours, vivre emportée dans un j
rêve chimérique tout de griserie physi-
que et sentimentale. ;
Bientôt nos relations prirent une épo- '
que fixe, une durée déterminée. <
Les affaires de l'usine obligeant Ger- |
main à passer chaque mois quatre ou
cinq jours à Paris, ce temps là m'ap-
partenait exclusivement. Son secrétaire I
qui l'accompagnait, s'occupait avec les E
pleins pouvoirs de M. Bertier des in té- t
rt'U' de la raffinerie... (
Mme Hubert, hasarda. c
— Votre mari vous écrivait alors, et c
va= iiu répondiez? c
- Oiè» M
I — F,'t vo us n'éprouviez ni remords ni
tristesse?
— Non!
Et dans cc«nonnvibrait l'cntil!fc,l'abso-
lue, la tyranique passion cruelle à tout
ce qui ne la touche ni ne l'émeut.
Lina repartit :
Quelquefois, j'étais inquiète quand
mon ami m'avait quittée, quand je me
retrouvais seule avec une domesticité in-
différente dans l'appartement conjugal,
plein de choses laissées par c l'autre ». Je
l'exécrais cet appartement dans lequel,
je m'en souviens maintenant, Germain
eut la délicatesse de ne jamais entrer.
Bien que le retour deM. Delescaut m'ap-
parût comme un accident inévitable,
mais d'une vision lointaine et très effacée,
cette inquiétude se précisa, augmenta
pendant les premiers mois de ma gros-
sesse. Mais elle disparut tout à fait lors-
qu'ayant appris à mon ami l'événement
nouveau surgissant dans nos deux exis-
tences, il me jura solennellement qu'il .
m'emmènerait à l'étranger plutôt que de
me perdre, plutôt que de me savoir mal. .
heureuse et déshonorée. (
J'avais noué, de retour à Paris, quel- j
ques relations parmi des familles d'ori-
gine créole ; mais le moment vint vite «
où il me fallut les quitter pour dissimu. j
1er les preuves matérielles de mon état. «
Moi, j'aurais bravé le scandale. Germain <
m'adorait, j'éprouvais non pas de la
honte mais de la fierté qu'il m'eût rendue j
mère. Lui,. toujours sage, blâma ce qu'il i
appelait mon héroïque démence, et je t
quittai mon logis de la rue de Surêne
pour un pavillon sis en plein bois de {
verrières. (
Tout de suite, j'abominai ce coin, i
)ourtant si joli, de la campagne pari- c
sienne, que des bandes de faubouriens
apageurs envahissaicntet déshonoraient c
iliaque dimanche. "Mon ordinaire mélan. d
:olic reparut. La tristesse des horizons g
le cuivre et de sang dont l'automne f
commençait à revi tir les bois m'opprett- r
iait.Je m'efforçais d'y découvrir les U»ti (
I ces d'une agitation nerveuse chaque jour
! grandissante.
Il eût été plus sage d'attribuer cette
inquiétude et cette tristesse à des causes
d'un caractère plus tangible et plus ma-
tériel. Coup sur coup, les courriers d'Ex-
trème-Orienl m'avaient apporté d'alar-
mantes nouvelles de M. Delcscaut.
Il me mandait être gravement atteint
par les fièvres, me parlait de ses fatigues
parvenues à un excès qui exige le repos.
S'il n'avait crairt, disait-il, de compro-
mettre son avancement et de retarder
l'obtention de la rosette d'officier de la
Légion d'honneur, pour laquelle ses
chefs l'avaient proposé, il serait tout de
suite revenu en France sans attendre la
fin de la campagne, laquelle, d'après
l'estime générale, serait terminée dans
un délai de quatre à cinq mois.
Dans quatre à cinq mois ! à peine si je
relèverais alors de mes couches!
J'aurais voulu avoir Germain près de
moi, pour lui faire partde mes angoisses,
pour prendre une détermination avec
[ni, J en étais arrivée à trouver tout na-
Lurel ce projet d'enlèvement dont il avait
été question pendant nos heures d'abso-
lue passion et de total égarement.
Malheureusement, une indisposition
sans gravité, mais longueet douloureuse,
retenait à Maubeuge celui dont la pré-
;enre et l'énergie m'eussent été si né-
jessaires.
Aller dans le Nord, je n'y devais pas
tonger. C'eût été nous compromettre
n utilement tous les deux. 11 fallait donc
Lttendre.
Cependant mon dégoût de Verrières
ie diminuait pas, loin de là, J'avais pris
m horreur les gardiens du pavilloo qui
ne servaient de compagnons aux faces
obséquieuses et sournoises.
Au bout de trois semaines,je m'enfuis
:omme une voleuse, laissant sur la table
le la salle à manger,sous enveloppe, les
rages courants de l'homme et de la i
emme dont la seule présence m'exaspé- <
ait ou me terrifiait tour à tour.
N'ayant aYCrU personne de mon d4- .
part à la campagne, car les quelques fa-
milles où je fréquentais, se trouvaient
encore di-séminées en province, les
unes dans leurs propriétés, les autres au
bord do la Manche ou de l'Océan, je n'a-
vais à redouter aucune visite impor-
tune.
Par là même toute crainte d'indiscré-
tions ultérieures était écartée.
Je ne m'arrêtai rue de Surêne que
pour y prendre ma correspondance ot
donner aux domestiques — il va sans
dire que j'avais fait maison nette depuis
le départ de M. Deleseaut-avis que je
m'absentais encore quelques jours, igno-
rant où j'allais, et qu'aussitôt fixée dans
ma résidence nouvelle, j'enverrais mon
adresse afin qu'on m'envoyàt lettres et
dépêches.
Dans le courrier reçu cc jour-là, je ne
trouvais pas de lettre de mon mari.
Vous pensez bien où j'allai.
Dans le nid d'amour, dans le nid par-
fumé de la rue Pasquier que Germain
avait meublé, orné, embelli, pour y ca-
cher nos tendresses et nos journées
d'intimité.
De me retrouver dans ce log-is tout
rempli de son souvenir, avec ma fidèle
Lalie, la vieille servante qui me croit
dans sa simplicité d'âme u le jeune fille
que son amant n'épouse pas encore à
cause de difficultés passagères que le
temps aplanira, je vécus une semaine,
rassurée, presque heureuse.
La convalescence de Germain, qui
m'écrivait quotidiennement, suivait son
cours régulier.
J'étais en droit d'espérer le bientôt
revoir.
Il fallait revenir rue de Surêne,
d'autant plus que pendant cette nouvelle
absence, avaient dû m'arriver des
nouvelles du Tonkin.
.Je voulais savoir.
Je trouvai une missive de mon mari,
missive laconique où je lus seulement
cette phrase :
«Je m'embarquerai pour laFrancc dans
les derniers jours de janvier. 1)
AiTolée j'écrivis à Bertier.
Deux jtfurs su passèrent sans réponse.
Je télégraphiai au directeur de l'usine.
Et je reçus cette horrible réponse :
— Rechute très grave. Parents de M.
Hf'rti'.'r auprès de lui. Craignons com-
plications et dénouement fatal. »
Vit • je n'avais jamais compris comme
je ie compris alors quelles angoisses,
quelles inquiétudes expiatrices les liai-
sous défendues eutraîneut avec elles!
Ainsi la présence de ces vieilles ;;ells,
qui cependant me chérissaient de tout
leur cu ur m'interdisait le chevet du
cher malade.
Le droit de voler auprès de lui, de !c
soigner, de le disputer à la mort, je n'y
pouvais pas prétendre.
Cntle agonie morale se prolongea pen-
dant six semaines, au bout desquelles le
i secrétaire de Germain qui me télégra-
phiait chaque soir l'état du malade, la
chassa eniln par ce court mais béutifi-
que billet.
« JI est sauve : les médecins répondent
de lui. »
L'automne s'achevait quaud ii me re-
vint; combien pâle, combien amaigri!
Tout de suite, il me sembla que son es-
prit comme son corps avait subi une
secousse évolutive
Germain m'aimait moins
Quand nous étions ensemblc, il de-
meurait de longues heures silencieux,
écrivant ou li;a:,t des lettres.
Il s'absentait éj,us::i I.:C3 journées entiè-
res. et quand ;c lui eu demandai» le
motif, il me répondait avec une certaine
impatience :
v Je te le dira;.mais plus tard,m:J. ché-
vie. a
Entin, pourquoi me refuse-l-il systé-
matiquement la lecture des lettres de
mon mari?
Pourquoi m'UlstaUcr ici, tout près de
Paris, au lieu de m'emmener tout de
suite il l'étranger comme il me 1 a pro-
mis.
ANNE D'AURAY.
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