Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-08-05
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 août 1899 05 août 1899
Description : 1899/08/05 (A3,N605). 1899/08/05 (A3,N605).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703724n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Choses de
L'Enseignement
Nos lecteurs savent ce que l'on entend par les
. conférences fermées - de la Sorbonne. Ce sont
■C3 réunions d'étudiants et d'étudiantes qui,
jiunis» de leurs eartes d'identité, viennent tra-
- ailier ensemble sous la direction du professeur,
ju expliquo des auteurs — aux diverses exa-
naos eu perspective; —on élucide un point de
<',ctrine resté obcur ; on commente un ouvrage
lui vicut de paraître ; on met une question à
Vtude...
chacune de ces conférences est on milieu vi-
'a:Jt, dunt l'organisation dépend essentiellement
Ju professeur, et où l'initiative de chaeun est
'aà;tatit plus large que le professeur est plus
l>* - conférence fermée de pédagogie •,dirigée
sae M. Buisson est, sous le rapport de 1101-
ifalsve laissée à chacune, le modèle du genre.
UUi3S011 supplie ses élèves de fournir eux-
rènics :a niatiore des entretiens et des dUJeus-
iîixm ; de soumettre à lui, professeur, et aux
:*:.tnaraJcà les questious qui les intéressent, les
n/Ctutt -3 qu'ils ont rencontrées dans leurs Jee-
,lIN.S depuis la dernière réunion et lusqu à leurs
,-upu les, et leurs cas de conscicnc® pedagog*-
ruts. Ht cummo il remercie chaudement les
l'juces volontés, comme il applaudit !es au-
IdC 53 • *
G tel rna «te hebdomadaire durant t'Mvcr ;
•Va; par la même raison un des regrets -Its plus
tifs que j emporte de Paris, iorsqiu; je pffl
«)kr u)tt tuuture annuelle.
«Faire vivre la pédagogie,y faire pénétrer nm-
n<}:c ut ment M. liuisaou.
or, eu ruori auaence, l'éparpillement et tahu-
-isectriunt de l'esprit qui résultait de la sur-
.Iiarge des programmes, a été mis k l'ordre du
tour par Mlle Marte Baertsclii, uue qui pense et
qui oi)»ervc ; une qui ne ooaiouil paa les idées
nte les mots; une qui sait beaucoup, et qui
îail bieu ce qu'elle sait; une qui croit que ce
JU4 UOUlf apprenons doit pénétrer jusqu'à notre
moelle pour la fortitier ; une enfin qui a reçu,
t'al' surcruit le don de persuader ceux qui i'é-
eoutent, et M. Buisson s'est hâté de donner la
parole aux approbateurs et aux contradicteurs
Je Mlle UMt'tNctu. 11 a fait plus enoore; il leur
1 ouvert les colonnes du Manuel Général de nAoS-
'.motion primaire dont il est rédacteur en chef
tepuis qu il n'est plus directeur au ministère de
riustruetiou publique.
Y aura-t-il des contradicteurs ? j'en doute;
rar il suffit de connaître à la fois les facultés
satellcctudles de l'eufapt et le programme en
question, pour être persuadé qu un enseigne-
ment aU:L:i1 touffu est condamné à la stérilité ;
!e temps matériel fait défaut pour emmagasiner
même les mots !
Doue, peu de conlraditeurs ; les approbateurs,
tu contraire, seront très nombreux, et co scra
un honneur pour notre corps enseignant. Voici
par exemple ce que Mlle Kiellcr, directrice de
l'école normale de Deuai, la plus importante
Jo Kraiioj, écrit au Mat me l General 1
Je suis entièrement de l'avis de Mlle Baertschi:
nos programmes sont beaucoup trop chargés,
aussi bien ceux des écoles élémentaires que
reux des écoles supérieures et normales : d'ail-
leurs tes uns entraincntlea autres.
Le:) résultats que l'un obtient du haut en bas
de 1 échelle sont bien ceux qu indique Mlle B.
Nos élèves août fourbues ; leur esprit est telle-
ment alTaiusé sous le poidd de nouons indiges-
tes, qu'il leur Unie da sortir de l'école pour
u avoir plus rien à faire avec les livres ni surtout
avec tes idées. Elles ont entendu parler de tant
de choses qu'elles se croient des puits de geience,
st pourtant interrogez-les (je dis les meilleures,,
c'est un amas infirme de mots qu'elles vous
débitent à la b;Uc, mais de pensées person-
nelles, aucune. Elles n'ont pas eu le temps de
penser. LIllos ont couru, sans trêve, d'une leçon
& une étude, d une lecture à un devoir, s'etfor-
çact de retenir tout ce qu'on leur disait sans
pouvoir a'..rrèt.er pour y rél:¿chir.
Les plus intelligentes laissent passer quelques
etinues, se reposent, puis refont leur éducation
elles-mêmes par des lectures et par laréllexion.
&lajs elles sont rares celles qui pensent vrai-
ment après leursartiede 1 'école; la plupart con-
tinuent à prendre le u)ut d'ordre ailleurs qu'en
rUes-mèmes, dans les journaux pédagogiques,
dans les conférences, chez la voî6iuc...
Comment ne p.ts être cifraje, quand on songe
quc ces élèves-maîtresses saturées do sciences
mal digérée, dégoûtées de l'étude sous touiesses
formes, vont cultiver à leur tour de jeunes es-
prits et leur apprtradre à peuser. Copiaient lu
poui -raient-elles faire ?
Mlle-Buortschi a encore raison di1 demander
qu on s'inquiète de préparer des projets de ré-
forme prétàâ.
Pour ma part, il y a longtemps que je suis
fixée sur ce qu'il conviendrait de supprimer des
programmes d école normale : toute l'histoire
ancienne, une grande partie des sciences physi-
ques et natuiellea — je voudrais voir l'anglais,
la nv.isi<,uo et le dessin, matières facultatives
avec. m'.'ntlou a. brevet supérieur.
r.ti retouche, le vuedrai2 beaucoup plus de
français soas toutes Wb formes Ion réduisant
cependant 1 histoire littéraire) — beaucoup plus
^'histoire de Franc;, surtout d'histoire contem-
poraine. — Des explications, à propos des évé-
nements nationaux., suffiraient à donner une
édée de ce qui se puse chez nos voisins. — Des
applications pratiques des sciences à l'économie
do!:tMti.,ue. — Kt beaucoup plus de pédagogie
raisonnée et appiiquce.
be3 tMtur tives, suniraiirut pour ouvrir à nos élèves le
monde antiiec. Kt iii même il était impossible,
vu leur culture première et l'état de leur esprit,
de les initier aux civilisations anciennes, je sa-
crilierais volonuers i'autiquite pourvu que nos
lu turc 3 institutrices sachent bien daus quel
monde elles vivent, quels sont tes besoins de
leur trolue, comment nous en sommes arrivés
là et oit nuas pouvons essayer d atteindre.
Je lnkise à a es gens plus compéteuta que moi
le soin de dire ce qu'il y aurait a faire dans les
cl uses primaires. Mais Je pense qu'il faudrait
s'en tenir, ou plutôt rc\eoir, comme à un prin-
cipe fondamental, à cette idée de Pestalozxi:
• Ln bot principal de 1 enseignement élémen-
taire n'est point de faire acquérir à l'enfant des
/ttacaïAsances et des talents : c est de dévclop-
per et d'accroître tes forces de aor. intelli-
gence. •
Dès lors, je ne me préoccuperais pu d'ap-
prendre aux enfants de 7 à 11 ans tout ce dont
Ui pourront avar besoin plus tard dans toutes
tes situations possibles ;,travan du fer et du bois,
dessin, de tons genres jusque et y ramons t&
composition décorative — . pbysiqae, chimie,
agrkmlture, navigation - voire 11141118 le métier
de citoyen !) Mais je M lefforceraà • 1° de leur
douer les instruments iadispeasabtea à la vie
de Tesprit: lecture, écriture, calcul, français;
2* de cultiver leur jugement à rai de dira très
petit nombre de connaissamces bien comprises.
différentes peut-être selon les régions et uw be-
soins des populations ; S* mais avaat tout, je
voudrais eouaerer da temps. beaucoup de
temps, à la réflexion et à l'éducation mo-
rale. -
C'est de bon sens plutôt que d encre que I en-
crier de Mlle Kieffer est rempli; et son témoi-
gnage est d'autant plus précieux, qu'elle est en
pleine bataiUe.Ses élèves lui arrivent sauf excep-
tions, et comme chez ses collègues — sans tra-
ditions intellectuelles ; elle n a devant elle que
trois années pour les préparer à leur tâche si
difficile et ist délicate; en ces conditions, l'on j
peut dire que l'Ecole Normale dresse plutôt
qu'elle n'élève les éducateurs ; car ce n'est pas
en pâlissant sur les livres, en prenant des notes
aux cours, et en faisant à la hâte des devoirs
que l'on prend l'habitude de penser.
Il faudra donc se résigner à faire passer de
l'air dans le programme, il faudra en môme
temps exiger des futurs éducateurs un minimum
d'habitudes intellectuelles dont le brevet est une
caution tout à fait insuffisante ; il faudra, en lin,
se rendre à l'évidence : A vingt ans, on ne peut
tout savoir ; mais À vingt ans, sn ne peut avoir
des habitudes qui perinettentd'apprendre... peu
pouNocL* remercions Mlle Baertschi d'avoir donné
ce bon coup de cloche — d alarme — à la confé-
renr-e Buisson et nOat; espérons pouvoir enre-
pistfer de bonnes lettres à l'appui de celle de
JI directrice de l'Ecole Normale de Douai.
m
m •
Au moment où nous déplorons l'encombre-
ment du programme primaire, une de mes cor
respondantes reproche à « l'enseignement pri-
maire, pourtant si répandu. de n'avoir encore
transformé ni la basse-cour, ni laiterie, ni le
jardin » et elle demande la création de fermes-
écoles . qui formeront des ménagères en même
temps que des fermières ». Elle espère enrayer,
ainsi l'émigration des jeunes filles vers les
villes.
L'enseignement primaire ne peut cependant
pas répondre à tous les besoins, il ne peut faire
1 faire 1 apprentissage de toutes les carrières. Ce
de qu'il faut raisonnablement ici domander, c'est
e fournir aux divers apprentissages dos esprits
ouverts et disposés à apprendre. L'agriculture
figure cependant au programme primaire ; m0me
pour en rehausser la dignité auprès des enfants
et des familles, l'administration la fait figurer
au certificat d'études primaires sou ' forme de
rédaction, mais les notions acquises sont, par la
force des choses, assez superficielles, puisque la
plupart des éeolss manquent de champ d'expé-
riences et puisque les enfants sont encore trop
jeunes. En somme, l'Ecole soulève un coin du
voile qui recouvre l'histoire et la géographie, et
nous sommes injustes de lui demander davan
tage.
En l'espèce, et pour répondre à la lettre que
j'ai reçue, l'école essaie, malgré les difficultés
multiples, d inculquer aux entants l'amour du
sol natal. Pour que cet amour ne soit pas un
leurro, il faudra créer des fermes-écoles pour
les jeunes filles, comme l'on en a créé en petit
nombre pour les garçons.
Mais ma correspondante ne croit pas à l'initia-
tive privée; elle demande, * pour la République
l'honneur de l'entreprise qui ne coûterait pas
grand ferme chose à 1 Etat. « Oïl placerait dans une
erme école — à l'instar des communautés les
orphelines ou les abandonnées. Biles aideraient
à la prospérité de la ferme, tout en s instrui-
sant, et puisque ii ferme couvrirait ses frais
avec ses produits, il n y aurait d autres dépenses
à la charge de l'Etat que le parsonnel chargé de
la direction. "... Il faudrait cependant acheter
tes terres, le bétail, faire construire, se procurer
tout le matériel uéceitsairo à l'exploitation ;
avoir des surveillants instructeurs aussi nom-
breux que sont nombreuses lrir à la ferme... Certes, P4 n'est pas pour dé-
courager l'Etat que je donne, ici, un aperçu très
sommaire, des exigences d'une telle entreprise
que je trouve nécessaire ; mais il faut être pra-
tique, surtout lorsquon se permet de donner
des conseils.
En attendant que le parlement — car c'e::t.
toujours à lui qu'il faut en revenir — vote le
crédit nécessaire, il serait très intéressant de
voir quelques propriétaires ruraux s'associer
pour réaliser la voeu 11d ma correspondante.
Cest à l'initiative privée dl) montrer la route,
& l'EUt d.) la suivre. Voyez ce qui est arrivé
r't'isa les écoies provisionnelles de filles : Mme
hsa Lcmonnier et quelques amies ont créé
une écolfl; puis une autre, puis une autre encan
à mesure qu'cHea réunissaient les sommes né-
cessaires. Ces écoles ont servi de modèles à la
Ville de Paris, puis à l'Etat. Cet exemple n'est
pas assez 8uiyj.. .
*
• *
Avec une autre correspondante, l'initiative
privée remonte à sa bonne place, et je remercie,
d'aTwrd, 01.. corrôspondauto de Chadl y de sa
bonne lettre...ce qui ne m'engage pas à abonder
absolument dans son sens.
Voilà l'idéti qu'elle IIlC soumet; idée extrême-
ment coinplc\a. trop complexe à mon avis.
Ijl création d'UD établissement qui réuni-
rait :
l- Une sectiun maternelle, instillée - d'après
les règles de I hygiène et d'après une méthode
éLudiootn vue d élever des enfants sains et vi-
goureux au point de vue physique et au point
(le vue moral ».
Cet « institut maternel prendrait l'enfant à sa
naissance, garderait les garçons jusqu'à douze
ans, et les filles jusqu'à leur mariage on leur
entrée d^ns UOI) carrière quelconque (saus dis-
tinction d'''rigiile'.
2' Une école pour les enfants débiles.
3- Un home hospitalier pour les vacances « en
vue des jeunes flilt's dont la sollicitude des mères
ne peut s'accommoder des rares moyens mis à
leur disposition ..
4' Une s >rte d'école ménagère et familiale
e qui deviendrait à un moment donné le refuge
des mauvais jours, aux heures de doute, de -dé-
sespoir -.
5. Un liCI1 de repos, de reconstitution pour les
santés délabrées.
Le projet est bien intéressant et bien com-
plexe, je le répète; il mérite une étude appro-
fondie, et comme il relèvo autant de Insistance
que de l'Education je pense qu'il devrait ôtre
iMiumis à mon amie et collaboratrice « Made-
leine ».
En principe, il faut cependant que je le dise, I
mes efforts tendraient à procurer à la mère tes
moyens de nourrir son enfant, soit au sein, soit
au biberon stérilisé.
En JWÍlUipe, je suis plutôt l'ennemie des ag-
dei glomèn.ü0G8 de bébés et le jour où l'inspection
es enfants placés en nourrice sera fortement et
normalement organisée, je la préférerai cent
fois aux - pouponnières » les mieux organi-
sées.
En principe, le sum peu portée vers les éta-
blls»M « les mieux organisés mème » qui,
fatalement, laissent les enfants étrangers t la
vie réelle — à celle que l'on vit dans la vie, c est
pour cela que nous envoyons nos pupilles du
Sauvetage de VEnfance dans des familles, à
moins de circonstances exceptionnelles et que
nous tenons expressément à ce qu'ils fréquen-
tent l'école publique.
Mais tous mes « principes . ne feront pas que
des milliers d'enfants et de jeunes gens ne soient
dans des conditions exceptionnelles, et que,pour
eux,des établissements spéciaux ne soient créés.
Je donne donc à ma correspondante le concours
de publicité qu'elle me demande en l'engageant
à s'attacher (f abord à l'une des branches de son
« Institut - elfe annexera les autres à mesure.
PAULINE KERGOMARD.
Il y a quelques semaines, rendant compte du
rapport d'un professeur anglais sur notre ensei-
Snement primaire et sur nos lycées de jeunes
lies, je mettais au point certain éloge que nous
aurions mérité en « conilant à des hommes
des cours supérieurs où leur compétence ne
fait aucun doute. » Je disais qu'il faillit attri-
buer cette compétence indubitable, disons le
mot: Cette supériorité à leur éducation classique,
éducation classique quasiment refusée aux pro-
fesseurs féminins
Mme Crouzet-Uenaben, ancienne élève de
l'école de Sèvres, ancien professeur au lycée de
Heu en 1ces deux anciennetés prouvent une fois
de plus que :
« Dans les âmes bien nées la valeur n'attend pas
le nombre des années. »
Mme Crouzet-Beuaben réfute ceux qui pré-
tendent que l'étude des traductions peut donner
une culture gréco-latine suffisante.
. 11 est possible, remarque-t-elle finement,
3ue nod éleves fassent illusion, sur la qualité
e leur science, à MM. les Inspecteurs (qu ils me
pardonnent cette supposition!) par quelques
réponses bien lancées, quelques noms heureu-
sement rappelés, quelques idées mémo, récol-
tées çà et la dans les manuels et... réimprovi-
sées » pour la circonstance, avec une dose
d'hésitation suffisante pour rendra l'improvisa-
tion vraisemblable : on ne sait pas ce qui se
cache de hardiesse sous la très véritablo timi-
midité des jeunes filles, et d'aptitude naturelle a
parler sous leur réserve coutumière. Et puis,
même dans notre siècle de progrès et de fémi-
nisme, on est encore si étonne d'entendre les
noms comme ceux de Thucydide ou de Xéno-
phon prononcés par la voix d'une jeune fille,
qu'il semble que C8 soit pour elle déjà assez
que de les savoir, ne fît-elle d'ailleurs que les
répéter comme un perroquet. Si à cela elle
ajoute le titre d'une pièce ou d'une œuvre
comme 1 Anaba&e ou 1 >Iteautontitnortiriien)s, oh
alors, l'auditeur se déclare ravi, et part en ne
ménageant pas ses compliments à la jeune sa-
vante, qui n'est le plus souvent qu'un écho in-
conscient. »
» Presque toujours, la traduction, ou f.iussc le
sens de l'oriA'inal, on lui enlève toute sa saveur
particulière pour en faire quelque chose de pâle
et de vague qui pourrait appartenir également
bien à tous les pays, à toutes les époques, et
qui par conséquent n'apprend rien sur l'anti-
quité.
« Aussi l'antiquité ne peut-elle intéresser nos
élèves autant qu'elle le devrait. Elles passent à
chaque instant sans s'ea douter sur des expres-
sions charmantes, pleines da poésie, mais déco-
lorées par la traduction; et par contre, ce que
la traduction laisse entrevoir d'originalité les
déconcerte. Ne pouvant saisir d'Homère, par
exemple, que le récit des faits, elles le trouvent
ridiculement enfantin. J'ai vu 'que Dieu leur
pardonne M, j'ai vu îles élèves rire de la naïve et
sublime poésie de l'Iliade. Elles pensaient cer-
tainement déchoir à cette lecture, et l'idée
qu'elles n'osaient formuler était celle-ci : " Com-
ment se fait-il que dans une classe aussi élevée
que la quatrième année, on nous raconte encore
ces absurdes histoires d'enfants, quand dans les
classes précédentes on nous a entretenues de
choses beaucoup plus sérieuses ? •
« Après tout, ce n'était pas tout à fait leur
faute. Je ne leur en voulais pas, J essayais seu-
lem ent de combattre, en m aidant de mes mo-
destes connaissances en latin ou en grec, les
méfaits de traductions. Hélas! j'étais presque
chaque fois découragée par l'immensité de 1 ef-
fort à faire. Qu'est-ce donc, alors, quand le pro-
fesseur lui -mème, n'ayant jamais lu les textes
originaux, ne soullrè pas de l'insuffisance d'une
traduction ? Comment peut-il y suppléer, et rec-
tifier les idées de ses élèves, quand les siennes
propres, ne sont pas bien justes? Comment
peut-il même choisir entre deux traductions et
dire aux élèves : « Lisez celle-ci plutôt que
cette autre? » — C'est ici la grave, la véritable
lacune. Car supposez qu'une jeune fille qui se
prépare à l'enseignement ait pris tous les
moyens pour se donner de l'antiquité une con-
naissance sûre, complète et profonde, qu'elle
ait étudié lés institutions, fouillé la vie pu-
blique et privée des Latins et des Grecs : elle
sera capable, à coup sûr, de faire de bonnes
leçons d histoire ancienne, de donner m?me aux
personnages et aux événements leur couleur
locale; mais tint qu'elle n'aura pas ajouté à
ces connaissances celle des mots. et par les
mots des pensées, quelque chose lui échappera
toujours, qui sera ce que justement l'antiquité
a de plus intime et de plus spécial ; car I histoire
paut bien apprendre commenl un Grec du temps
de Périclès était habillé, comment il passait ses
journées, comment il rendait la justice et fai-
sait la guerre; mais ce que l'histoire ne dit pas,
c'est comment il sentait et pensait, comment
ses yeux réfléchissaient l'univers. Et cela, c'est
l'ftme même de l'antiquité, que seule peut faire
connaître la littérature, et la littérature étudiée
dans la langue.
« Voilà pourquoi les professeurs femmes les
mieux autorisées par leurs études à enseigner
l'antiquité ne se sentent jamais entièrement
sûres d'elles-mêmes, et marchent comme à
tUons quand elles sont privées de cette lumière
qni est I intelligence directe des textes. Le sens
littéraire le plus délicat, le plus pénétrant, ne
leur sert qu à mieux mesurer la distance où
elles sont d'une compréhension parfaite, et & dé-
plorer de n'y pouvoir atteindre. Bien souvent
même, il lenr fait regretter, et ceci, je l'ai en-
tendu dire à plus d'une, de ne pas connaître les
langues anciennes pour mitai *nsei(ft»er Mur
propre langue. a
Si les programmes ne comportent Plus, m
effet, de eottre spécial de grammaire bis turique.
une certaine ooonaissanee. qui sans notions de
latin ne peut être sérieuse, on -te cependant né-
cessaire aux professeurs qui ont à faire expli-
quer des textes comme la Chalucm de Maimntl.
. Et notre littérature elaasique, quel profes-
seur peut se flatter d'en sentir la beaute dans
toute sa plénitude, sang s'être marri de l'anti-
quité? Je ne parle même pas des auteurs qui
sont latine au point d'en ressembler à une tra-
duction, de Calvin ou Deseartes. Mata Corueille.
Racine, et par-dessus tout Bessuet? Je ne mis
pas la première, tant s'en faut, à remarquer que
dans une phrase de Bossuet est contenu tout le
génie de la presse latine, et qu'à ceux qui ne
peuvent le seutir manquera toujours quelque
chose pour oomprendre et faire comprendre le
dix-septième siècle français dans sa plus haute
et véritable expression.
« Si je voulais divulguer plu« encore des con-
Wsnces de mes collègues, j'ajouterats que piu-
sieurs attribuaient ce qu'elles pensaient être la
faiblesse de leur propre stylo à l'insufilsanoe de
leuroulture classique. Mais ce serait de l'indis-
crétion. Je me bornerai donc à dire en concluant
3ue j'ai toujours vu les plus consciencieuses
e mes eollegues regretter comme une lacune
dans leur éducation 1 absence du grec et du
latin; et les plus zélées et les' plus intelligentes
de mes élèves chercher à acquérir, en dehors
des cours du lycée, cette connaissance qu'elles
devinaient pr«écieusc. Une fois qu'elles en avaient
goûté, elle-; confessaient que tout ce qu'elles
avaient cru comprendre jusqu'alors de l'antiquité
n'était qu'à peu près, erreurs, ou insuffisance.
Je souhaite, dit Mme Crouzet-Benaben, à la
fin de son article (Revue Universitaire) que l'on
fasse mieux dans l'enseignement secondaire des
garçons réformé.
On a, d'ailleurs, do quoi faire mieux. Mais que
l'on me permette d'avoir dit, pent-ôtre un peu
trop sincerement, que noua ne faisons rien de
bon avec des traductions au lieu de textes. Et
qu'on veuille bien excuser chez une femme
celte défense du latin et du grec tentée avec une
foi de néophyte. •
J'applaudis des deux mains.
P. K.
Enseignement Supérieur
Par arrêté du ministre de l'instruction publi-
3ue et des beaux arts, en date du 29 juillet 1899.
es concours s'ouvriront la 3<>janvier 1900 devant
la faculté de médecine de l'université de Paris
pour les emplois de suppléants des chaires de :
1* Pathologie et clinique médicales;
2* Pathologie et clinique chirurgicale et clini-
que obstétricale;
A 1 école de plein exercice de médecine et de
pharmacie de Hennés.
Les registres, d'inscriptions seront clos un
mois avant l'ouverture desdits concoure.
Enseignement Secondaire
Le Président de la République française.
Sur le rapport du ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts,
Vu le décret du 27 décembre 1831:
Vu le décret du 31 décembre 1891;
Vu la loi du 27 février HBO;
VuJa loi du 10 juillet 18L#6;
Le conseil supérieur de l'instruction publique
entendu,
Décrète:
Article premier : — Les candidats à la licence
ès lettres, mention « Langues vivantes - peuvent
à 1 'ur gré subir séparément et dans l'ordre choi-
si par eux, devant la même faculté, les épreuves
communes et les épreuves spéciales déterminées
par les articles 1 et 3 du décret du 31 décembre
180 i.
Art. 2. — Pour être admis aux épreuves com-
munes ou aux éprouvés spéciales, les candidats
doivent avoir obtenu la moitié du maximum des
p.jints afférents à chaque groupe d'épreuves.
Art. 3. — Sont abrogées les dispositions con-
traires du décret du 31 décembre 1894.
Art. 4. — Le ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts est chargé de l'exécution du
présent décret.
Fait à Paris, leii juillet 1899.
Emile Lolbet.
Par le Président de la République :
Le ministre de l'instruction publique
et des ben"x-arts.
GEORGES LEYGUES.
Le Président de la République française,
Sur le rapport du ministre do l'instruction pu-
blique et des beaux arts,
\ u les décret et arrêté du 8 août 1898, relatifs
au baccalauréat de renseignement secondaire
classique;
Vu la loi du 27 février 18ffl;
Vu la loi du 10 juillet 1800:
„ Le conseil supérieur de l'instruction publique
entendu,
Décrète :
Article premier. — L'interrogation de langue
vivante à la première partie du baccalauréat de
l'enseignement secondaire classique peut porter
au gré des candidats, soit sur l'anglais ou l'alle-
mand, soit, devant les facultés des lettres des
universités où l'enseignement de l'italien et de
l'espagnol est organise, sur l'italien ou l'espa-
gnol.
Art. 2. — Ces dispositions seront mises à exé-
cution à partir de la session de juillet-août 19U0.
Art. 3. — Sont abrogées les dispositions con-
traires du décret dû 8 août 18LK).
Art. 4. — Le ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts est chargé de l'exécution du
présent décret.
Fait à Paris, le 21 juillet 1899.
EMILE LOt.'B8T,
Par lo Président de la République :
Le ministre de ) instruction publique
et des beaux-arts,
GEORGES LEYGUES.
Par arrêté du ministre de l'instruotion publi-
que et des beaux arts, en date du 29 juillet 1899,
sont nommés élèves de l'école normale supé-
rieure (section des lettres,, dans l'ordre de mé-
rite su ivant:
MM.
i Albertini (Eugène-François'.
2 Berthod (Adrien-Maxime-Aimé
3 Maurette (Fernand).
r (HsswWeaaîkr • rf " * • -
| i Mon (Juins»....
i 6 SchulhofifciQ-Paul).
7 Massan Wiérre-AlexaQdre,.Mallrioe}.
8 Martino (Pierre). ^ - , .
9 Nouattho (Jos0ptv>Mite4H>il»mJft-Aatollie).,
10 llazard | Paol-Oustave-Matto-Caimlle}.
Il tt*y (Mareel-Jewtin).
12 Dimofl (Paol-Ooorges-Edinonda
13 Bai!) y fAngcl-Au:;ruste-tharlea-Gaston).
14 M.tvuat (Jean-Kdouard).
15 Frossard (Armand-Eugène).
16 Bu tard ( Marte-Léopold-Henri-MaiTôl).
ri Laqua... (Mane-A loJpb^^Jeani..
18 Leguadre (LOuis-Félix-Gabriei-Maurice),
r 19 l.eroux (Gabriôl-PauW/t»uis).
10 Morand ( Mare-il u be rt-A le xis).
Par arrèté du ministre de l'instruction publi-
qua et des beaux-arts, en date du 2) juillet 1899,
sont nommés élèves de l'école normale supé-
rieure tecettoa des sciences) dans l'ordre de m&-
rite suivant :
MM.
1 Zoretti (Ludovic).
2 Gambier (Bertrand-Olivier),
3 Hemmerdinger (Armand),
4 Dégrève (Joseph-Maric-Hégis-Hippolyte),
5 Frantzen (Paul-Horrmann;!
fi Henoit (Josep-Alexandre-justin-Blzéar).
7 Lery (Georges-Marie-Benjamin).
8 Lazird rPierrc-Eliézer\.
9 Boullay (Charles-Louis-Joseph).
10 Chaulard-Jean-liaptiste-lsiduroj.
11 Villat Ilh;nrj.Rcné-Pierre;.
12 Fréohet (René-Maurice).
13 Vernis (Jcan-l\armond-Louis'.
CERTIFICAT D'APTITUDE A L'ENSEIGNEMENT SECON-
DAIRE DES JEUNES FILLES
(Lettres).
Concours de 1899
Liste des aspirantes déctarées admissibles
aux épreuves orales.
Miles Allant. Mlles Guilliermino
liaudeuf. Guitlarti,
Berthod. Landr / (Madc-
Briguel. Iclne)".
Burgard. Langgaesser.
Carmes. Lefèvre
Cazanave. Lévy.
Charpiu-Artaud. Mabire.
Cou Ion. Mauran.
Dadolle. Nepveu
Dessart. Pouget.
Dudon. Sarrazin.
Ferrand. Treille.
Franc. Trouchet.
Gavard. Worrnssr.
Gcnty. Yiîonin.
Les examens oraux ont commence le !undi
81 juillet, à huit heures et demie, au lycée Mon-
taigne (entrée rue d'Assas).
MAISON LION
Fleurs de deuil, livraison immédiate de
4 couronnes et une croix ou un coussin,prix
100 francs. Une remise de 10 010 est faite
aux Sociétés.
Expé dition franco et garantie en pro-
vince. Télén. 247-89. Adrcs. Télôg. Lion
Oeufs Madeleine, Paris.
MALADIE DES DISES %rTÂ. Pé-les
m&t.d. dauni. M-' VËh.tLLàC, de la K. de méd.
ti, r. Montyon. Corr. Mais. d'acc. à la camp.
Knglith tpoken.
FAITS DIVERS
UN INCENDIE RUE DE LA FOL!E-MÉ!UCOURT.
— Un violent incendie a éclaté Iût après-
midi, à une heure, rue de la Polie-Méri-
court, 16, dans une cité occupée par un
certain nombre d'industriels, notamment
par M. Louyot, lamineur-rondeur ; Mound,
tailleur de diamants, et Petitecllin, fabrÍ.
cant de peignes en celluloïd.
Le feu a pris, quelqnes instants après la
rentrée des ouvriers, chez M. Petitcollin,
dans un tas de déchets surchauffés par les
rayons de soleil.
Il &ecommuûiqua rapidement aux ateliers
voisins.
Les ouvriers, en't'ayés, se sauvèrent, mais
pas assez vile cependant, car deux d'entre
eux furent blessés par des éclats Je verre;
:ce sont les nommés François Dot, coulrc-
maitre, et Queridpt, ouvrier de 1 atelier de
M. Louyot. Ils ont reçu des soins chez des
commerçants de la rue Folie-MericourL
Une femme qui avait été légèrement hlîs-
séeetqui était sortie par l'avenue I'armea-
ier, a été soignée dans une pharmacie.
Cependant, l'alarme dormee, leâ pom-
piors arrivèrent de la caserne Chaligny, de
la rue de Sévigné, de l'avenue Parmeatler
et de la caserne du Cluîlcau-d'F.al1,
Les pompes furent mises en battcrie,rrais
l'eau manquait. Ce n'est qu'au bout de vingt
toutes que hPress'on fut sumsanic ' rOHfUf
que rot pÙt attaquer le feu.
Dès le début de l'int\('ndie.J)lu!>lellr!l
piers ont été blessés, soit par des écaK?"
verre, soit par la obuls stu plafond 1
Ce sont le sergent Uomango.dti laf9
Sevigné ; l«;s sapeurs Deshrangcs, «inU*
Savarin et Denis»*, les irois jircmlrrs dserne Chalign%,, lo quatrième Jean-Jacaucs Houssc&u en detachenn-n. âJ
Chàteau-d'Kau.
Les sapeurs ont reçu sur place les so'r«
du majurCollinct.pui!" usoatetc rccooduii!
en voiture à leurs casernes n.-spcetiv.-s
A cinq heures, ''mendie était ébini m
tes pompiers continuaient a monder icsbl
timents sinistrés.
Une foule nuornie avait envahi i i racd*
la Polie-Méi-icourt et les rues voisines ot
était maintenue à distante par les a^ônî*
du 11 - arrondissement, dirigés par l'ofticlar
de paix M. Hordes.
M. Lépine, préfet de police s'était rtndu
& trois heures &ur ie lieu du sinistre.
Départements
LILLE. — .L'A(TfJÎve SdW:SnlfJfU: — ,\3u.
avons cnrugislré 1 arrestation opérée ivam
hier s air à \ ateccicnncs.d'un jeune hû-nruta
blond soupçouaé d'étro l'assassin de M
i>ciiotsirans.
La suitç de J'cnoul!te a Io.-oLNù' crue et
jeu ie homme soupçonne 11 toit n'a été ca
aucune façon tn.'ile à l'aifa:rc Scholsnuns
Le t""di 21 juillet alors."ju'il habitait en.
core i Fives et qu'il travaillait Ci". Cjuanté
de chaudronnier chu? MM. Crespci oons-
tracteur à Ia Madeleiue, s! «luit travailler
chez M. Gormall. d asséur à Fi ves et lu Ion.
duriiatn ,nô:lfC il parlait se fatr? eni.,jaurner
à ^lUMiCie.jr.es.
C'fc*î ,un.i celte ville qu'il se vantait d'j.
voir avjiî.té au transport du cada\re de M.
Paul arn -t->niaas
Dp on renseignements, il rôsûltc .p18 1%
chaa tTvnnier n a pu être môié eu aucuab
façon ou crirni Schotsmans.
M \1. Brt igne, commissaire aux déléga-
tiens ;udicia:re3, et Cubcck, secrétaire, qui
avaient reçu orar«« c'Ha parquel de Lille,
avisé par va.ei'Oieuncs, se sont. icn-ius
vers six hcur«. à Pives et unt pu établit
qu'il n'y avait pas ueu de poursuivre cetia
piste
L'enquête a étabii d'une façon péremp.
toire que le crime ,t été commis cn'.ro
Douai et Seclin
On peut se dem^nier pourquoi l'assassin
aurait choisi, pour accomplir sun forfait,
le moment de i arl'\éf' du uain eu Rare de
Seclin, c'est --à-dirL- lo m-.uTioiit où il avait
toutes les chances 1 eire surpris.
Peu! être le drame !fa-t-Il été que le oé.
aouement d'une violente o.scussion.
Peut-être aussi, 1" meurtrier aura-l-i!
protité d'un rnome.it Il a^avipicsctnctit du
vo ageur et aura-t-Il fr.npé. sar.s se i,re-
ocC'up'" auparavant de l'endroit ùil it se
trou ait. Co ne sont là que Jus itypolhhc3.
!'teule, 1", découverte du nicurtr.er pourra
Imsiper cet!* enigme,
S.vint-Etiknnb. — Trenle-ûeu.\ mineurs
seulement se soat t.rebl'l.lùS, hier ma; n,
pour travailler 4ux mlues du Crus. Lo uu:n.
bre dos grévistes a ,t:usîdérablé.,ttitiit aug.
mente députa hier. Il:» sont actuellement
cent quaire-vingt-scpt.
On craint que la grive ne a'éteaae su
personnel d autres Coinpujiti'cs.
La situation est calme.
IlOMOnAN'T'IN, — Hier matin, le nommé
Girartt Loui«, 4é de J8 uns, traversait la
rue de !a Varenne, lorsqu'il fut assailli
par la nommée No-il, Mathiidc, qui lui
lança le contenu d'un bot de vitriol au "i.
sage
Les orfluireii sur toute la face sont très
graves et tout craindre que Gtr.fd ne p.::rJe
la vue.
Ce drame a pour cause le relus deG.rjrd
d épouser la fille Nol-I.
Vo ». og 2i»,000 niAxas niJ duovk. — Le*
journaux (io Jneppo rapportent que dans la
nuit de u'-jrered) àjou:J: un vol de 2ÂtX< i fr.
de Iiiioux a été commis MÛ j««fju famille qui était descendus
dans un hAî jl d'à f}i::;;l'o.
C.." personnes élaie.U re.Mrc^s dans !e.!r
appartenant situe au prc?nicr ctn;l' et
S étaient endormies en laissant leur rcaôire
ouverte.
C'est pendant leur somme:', que le \ .:>i .\
eié comfaitem'n!. cocaueà jus-iuc-là.
FEUILLETON DE LA FRONDE
5 AOUT 1899
L'Article 340
L'aubergiste s'assit en face de M. Le-
noir.
— Elles sont arrivées,dit-il sans préara-
buies.
— Arrivées? qui donc?
— Mais ces personnes de Paris.
Du ton le plus naturel du monde, Le-
noir, qui savait à quoi s'en tenir, car il
avait, debout derrière le rideau soulevé
de la porte d'entrée, épié la descente des
voyagouaea, répliqua :
— Oui, c'est vrai. J'avais.oublié déjà.
Quand on a des soucis, n'est-ce pas, on
y pense plutôt qu'à autre chose.
— Celle qui m'a l'air de la patronne
est bigrement jolie !
Moranval choqua son verre contre
celui de son interlocuteur, puis avec un
rire finaud :
— Voilà une conlidcnce et une remar-
que dont vous vous abstiendriez si vous
parliez à Mme Delabroise.
— Pour sur; ma femme est la jalousie
.iicarnée.
Kt presque aussitôt, il ajouta :
— Et pt¡.is, à chatte pareille, matou pa-
/cil. Les aubergistes, du temps qui court,
De voient pas. souvent des comtesses
tomber amoureuses d'eux.
— Une comtesse, vous m'en direz tant.
Et tenez, si j'étais curieux, je vous de-
manderais pour quel motif, une com-
tesse — le titre implique richesse, grand
train de maison, amour de ses aises et
bien d'autres choses encore — est prise
du c,1price de quitter son chez soi,et de...
— S'installer dans une chambre d'hô-
tel, interrompit Delabroise. *
— Précisément.
-Bé,iI n'y a aucun mystère à cela.Cette,
dame, qui est sur lq point d'accoucher,
i fuit Paris où sévit en ce moment, paraît-
! il, une épidémie de fièvre puerpérale.
La personne qui l'accompagne est une
sage-femme dont la clientèle appartient
toute au grand monde des Champs-
Elysécs et du faubourg Saint-Germain.
C'est vous dire si la comtesse est riche
et que sa compagne va ôtre grassement
payée.
— Et ça ne vous ennuie pas un peu,cet
accouchement chez vous ?
— Mais il n'aura pas lieu ici; le mari
doit louer une villa tout près, avenue
Neuve du Petit Marly. Tapissiers, élec-
triciens, poèliers y travaillent pour l'ins-
tant, et d'ici le courant de la semaine
prochaine, le ménage sera confortable-
ment installé chez lui.
— Vous êtes bien renseigné, maître
Delabroise.
Moranval Lenoir prononça cette phrase
avec la solennité qui lui était habituelle
autrefois quand il s'entretenait avec un
collègue, et l'épithète de maitre fut mo-
dulée sur un ton d'onction toute bazo-
chienne.
— Hé,vous comprenez que l'arrivée de
mes clientes m'a été annoncée àl'avance,
fit Delabroise en se rengorgeant. C'est
moi qu'on a chargé du soin de trouver
la villa et de traiter avec le propriétaire,
chose très facile, du reste, car ce pro-
priétaire n'est autre que moi-même.
ELla villaJoyeuseest une belle habitation.
— De sorte que la naissance de l'en-
fant de cette dame sera tout avantage
pour vous.
— C'est cela même.
U y eut un instant de silence.
N'empêche, pensait tout bas Lenoir,
les comtesses du faubourg Saint-Ger-
main, n'ont pas coutume de quitter leur
chez soi, la proximité des meilleurs pra-
ticiens pour venir en plein hiver accou-
cher dans une petite ville de la banlieue
parisienne. Il y a du mystère là-dessous.
Ou l'aubergiste le sait, et ne croit pas
avoir affaire à Nicolas MoraDvaJ, ou bien
il ne sait rien, et nous le .ferons jacasser.
A finaud, finaud et demi. Et ce mari qui
laisse sa femme courir les chemins en
fiacre avec une sage-femme. Voilà une
aventure qu'il faudrd élucider.
Moranval s'était levé. -
— Je suis bien fatigué, dit-'l, et je suis
heureux de dormir maintenant, car de-
main matin, je commencerai mes cour-
ses de bonne heure.
Delabroise répondit :
— Mais je vais vous conduire à votre
chambre.
Tous deux sortirent.
Au 'bureau.Df;}labroise prit une clé,une
bougie allumée, s'engagea dans l'esca-
lier suivi par l'ex-notaire.
Au troisième étage il s'arrêta, ouvrit
une porte et dit :
— Vous êtes chez vous, monsieur Le-
noir.
— Merci et bonsoir, répondit Moran-
val en prenant le bougeoir.
Il pénétra dans la chambre et Dela-
broise, comme il redescendait, l'entendit
qui fermait ia porte à double tour.
II
lil-haut, dans la vaste chambre à
peine tiède, malgré l'embrasement des
souches entassées sur les larges landiers
de l'immense cheminée, Mme Hubert
ayant deshabillé sa cliente avec les soins
délicats que la profession et l'habitude
apprennent, venait de la mettre au
lit.
Les persiennes closes, les rideaux soi-
gneusement tirés noyaient d'ombre los
parties de la pièce éloignées du guéri-
don, sur lequel, auprès de l'alcôve, la
sage-femme avait posé la lampe.
Dehors, les bourrasques accrues avec
la nuit tournoyaient et gémissaient lu-
gubrement.
A l'intérieur, aucun bruit. La maison
semblait ensevelie dans l'ombre et le
sommeil.
C'était l'heure de9 épancliements pré-
vus et des inévitables confidences.
Accoudée dans les oreillers, sa belle
face pile éclairant le flot sombre de sa
chevelure roulée le long de ses épaules.
Lina Delescaut regardait Mme Hubert
raquant aux préparatifs de la nuit,allant
et venant par la chambre d'un pas sou-
ple et presque silencieux. Droite et fine
dans sa robe noire simple et sans orne-
ments, Mme Hubert apparaissait à l'in-
dolente créole comme une créature d'in-
telligence et d'énergie, une compagne
loyale et forte à laquelle on peut se fier
et se confier.
Mais déjà Mme Hubert ayant allumé la
lampe de nuit revenait vers l'alcôve.
Elle demanda gaiement.
— Hé bien, chère madame, vous allez
vous reposer des fatigues du voyage.
Voulez-vous que je me retire, pour vous
laisser prendre un peu de sommeil ?
Lina avec un refus de la t4e :
— Pourquoi? Il est à peine neuf
heures, et je n'ai point sommeil, répli-
qua-t-elle, mais aussitôt elle ajouta: A
moins que vous ne soyez fatiguée voua-
nt.'me.
Mme Hubert rit d'un bon rire jovial et
clair.
— Nous dormons nous autres une
nuit sur trois, et nous n'avons guère le
temps de songer à la fatigue. Je roule-
rai donc ce fauteuil auprès de votre lit,
et nous causerons, voulez-vous?
— Bien volontiers et je pourrai vous
dire combien je vous suis reconnaissante j
de vos attentions, murmura Lina dont
la voix infléchit vers le sanglot.
— Allons! allons! s'écria Mme Hubert.
Il ne faut pas pleurer. Les larmes ren-
dent vilaine et énervent. Soyez coura-
rageuse. Songez que l'accouchement est
une fonction toute naturelle, passagère-
ment douloureuse, mais apaisée par une
suprême joie.
Lina soupira douloureusement.
— Et puis, continua Mme Hubert,votre
mari ne doit-il pas vous rejoindre bien-
tôt pour ne plus vous quitter. Il vous
adore, votre mari. Enfin le ciel ne refuse
aucune joie à votre ménage, puisque
voici venir l'enfant, ce lien nouveau en-
tre les époux, l'enfant qui complète la
famille et par lequel l'avenir est àiaçgi.
f Ces dernières paroles,Mme Hubert les
avait prononcées simplement mais avec
une émotion si commuriicative,qu\? Lina
emportée par sa nature primesautière ne
put s'empecher de dire :
— Oui, je suis injuste, je me plains à
tort. Et pourtant si vous saviez ! Mdis
vous saurez. Vous r.'avez pas éto tou-
jours heureuse Mme Hubert?
La sage-femme répliqua ;
— Hé ! qui n'a ses chagrins dans la
vie ? Qui m'eût dit, lorsque j'avais vingt-
cinq ans, votre Are,que jl"' serais un jour
une sage-femme^déjà près JI e illustre au
toul'nant 8de la trcll taillt', m 'H.U rait profon-
dément surprise.Mon histoire est simple,
la voulez-vous écouter?
— Mais bien vo!ontiers.répondit Lina,
Mme Hubert s'étant installée dans le ,
fauteuil, après avoir consolidé l'édillce
du foyer commença ainsi :
Ma mère étant morte peu après ma
naissance, je fus élevée par mon père,
commandant en retraite, brave et digne
homme qui me donna une instruction
fort incomp!t'te mais apparemment suf-
flsante pour la modeste sphère en la-
quelle j'étais destinée à évoluer.
Pour ce qui est de l'éducation, traitée
en garçon plutôt qu'en fille,j'appris sur-
tout l'importance de l'ordre, de la ponc-
tualité, de la droiture en les moindres
détails de la vie, toutes choses, que certes
ne développe guère la mièvrerie coutu-
mière aux jeunes, personnes de notre
temps, mais qui, par contre, contribuent
à l'affermissement de la santé physique
„t morale.
Mon père fut récompensé de son dé-
vouement envers moi, car avant de dis-
paraître tion de à tout jamais, il out la satisfac-
ion de me marier, sans dot, à un em-
ployé dî la manutention.
Mon mari était un de ces êtros bons
mais insignifiants lesquels n'inspirent à
une honnête femmo que tout juste le
respect de ses devoirs. Aussi puis-je dire
que J'ai vécu jusqu'ici sans connaître ces
grandes passions dont, à mon avis, il j
n'est guère parlé , que dans io$ livres. [
Après quelques années d'une union lerne
et tranquille. M. Hubert mourut n"*
laissant comme tout avoir une enfant en
bas âge à élever.
Quoi faire.? lionncrdespossédais aurun des brevets «*onfor.»nt
le droit de professer l'cnsc;gncmr.n! offi-
ciel ou libre. L,' travail indispcnsab»*
pour les obtenir m'aur lit pris au moifis
plusieurs années ; et c e:':m tout 'ic sa te
qu'il me fallait trouver !es ressources
nécessaires à notre existence et à re!le
de mon enfant.
Et puisse travail m'effrayait lorsque jo
songeais à ses conséquences Combien
I de malheureuses végètent épuisées Par
la lamentable courte au cachet dérisoire.
Les professeras des lyeees, les inst't'i*
triées communales ::ont tes rare, privilé-
giées dans !A foule sans cesse croissante
des diplômé»» san? emploi et il y avait
plus le de chance pour que j'au5moniale
e nombre des prcrnièi-es qu* ceiui des
secondes.
J'essay.ii d'enircr dans le commerce.
Mes démarches n'obtinrent aucun résul-
t-,it. I'élais t:'op âgée pour devenir du
jour au lendemain la petite apprentie
d'atelier, et mes connaissances ne me
permettaient point de passer d'emblée,
ouvri re.
Certes, je possédais quelque habitude
de la couture, n'ais mon habileté suffi-
sante en co qui concernait la wflf,'diol
de mes simples toilettes restait i/lfa.
rieurc au J exigences de h proit-jsio»-
Telle robe, toi manteau, trou.es trM
réussis sur moi, m'auraient :>i4 impie
toyablement refuséi» pat une client*, el
encore plus aigrement pur hae *'nier
auxquelles m'etniâ parfois fait un ptoi-
sir do ronfecliooTici- une juj&c oiidfl
former ,III chapeau s'ti s'était agi ds
tirer IIU b"h¡';N os ccs travaux.
[illisible]ANNE D'A
(A «uivritl
L'Enseignement
Nos lecteurs savent ce que l'on entend par les
. conférences fermées - de la Sorbonne. Ce sont
■C3 réunions d'étudiants et d'étudiantes qui,
jiunis» de leurs eartes d'identité, viennent tra-
- ailier ensemble sous la direction du professeur,
ju expliquo des auteurs — aux diverses exa-
naos eu perspective; —on élucide un point de
<',ctrine resté obcur ; on commente un ouvrage
lui vicut de paraître ; on met une question à
Vtude...
chacune de ces conférences est on milieu vi-
'a:Jt, dunt l'organisation dépend essentiellement
Ju professeur, et où l'initiative de chaeun est
'aà;tatit plus large que le professeur est plus
l>* - conférence fermée de pédagogie •,dirigée
sae M. Buisson est, sous le rapport de 1101-
ifalsve laissée à chacune, le modèle du genre.
UUi3S011 supplie ses élèves de fournir eux-
rènics :a niatiore des entretiens et des dUJeus-
iîixm ; de soumettre à lui, professeur, et aux
:*:.tnaraJcà les questious qui les intéressent, les
n/Ctutt -3 qu'ils ont rencontrées dans leurs Jee-
,lIN.S depuis la dernière réunion et lusqu à leurs
,-upu les, et leurs cas de conscicnc® pedagog*-
ruts. Ht cummo il remercie chaudement les
l'juces volontés, comme il applaudit !es au-
IdC 53 • *
G tel rna «te hebdomadaire durant t'Mvcr ;
•Va; par la même raison un des regrets -Its plus
tifs que j emporte de Paris, iorsqiu; je pffl
«)kr u)tt tuuture annuelle.
«Faire vivre la pédagogie,y faire pénétrer nm-
n<}
or, eu ruori auaence, l'éparpillement et tahu-
-isectriunt de l'esprit qui résultait de la sur-
.Iiarge des programmes, a été mis k l'ordre du
tour par Mlle Marte Baertsclii, uue qui pense et
qui oi)»ervc ; une qui ne ooaiouil paa les idées
nte les mots; une qui sait beaucoup, et qui
îail bieu ce qu'elle sait; une qui croit que ce
JU4 UOUlf apprenons doit pénétrer jusqu'à notre
moelle pour la fortitier ; une enfin qui a reçu,
t'al' surcruit le don de persuader ceux qui i'é-
eoutent, et M. Buisson s'est hâté de donner la
parole aux approbateurs et aux contradicteurs
Je Mlle UMt'tNctu. 11 a fait plus enoore; il leur
1 ouvert les colonnes du Manuel Général de nAoS-
'.motion primaire dont il est rédacteur en chef
tepuis qu il n'est plus directeur au ministère de
riustruetiou publique.
Y aura-t-il des contradicteurs ? j'en doute;
rar il suffit de connaître à la fois les facultés
satellcctudles de l'eufapt et le programme en
question, pour être persuadé qu un enseigne-
ment aU:L:i1 touffu est condamné à la stérilité ;
!e temps matériel fait défaut pour emmagasiner
même les mots !
Doue, peu de conlraditeurs ; les approbateurs,
tu contraire, seront très nombreux, et co scra
un honneur pour notre corps enseignant. Voici
par exemple ce que Mlle Kiellcr, directrice de
l'école normale de Deuai, la plus importante
Jo Kraiioj, écrit au Mat me l General 1
Je suis entièrement de l'avis de Mlle Baertschi:
nos programmes sont beaucoup trop chargés,
aussi bien ceux des écoles élémentaires que
reux des écoles supérieures et normales : d'ail-
leurs tes uns entraincntlea autres.
Le:) résultats que l'un obtient du haut en bas
de 1 échelle sont bien ceux qu indique Mlle B.
Nos élèves août fourbues ; leur esprit est telle-
ment alTaiusé sous le poidd de nouons indiges-
tes, qu'il leur Unie da sortir de l'école pour
u avoir plus rien à faire avec les livres ni surtout
avec tes idées. Elles ont entendu parler de tant
de choses qu'elles se croient des puits de geience,
st pourtant interrogez-les (je dis les meilleures,,
c'est un amas infirme de mots qu'elles vous
débitent à la b;Uc, mais de pensées person-
nelles, aucune. Elles n'ont pas eu le temps de
penser. LIllos ont couru, sans trêve, d'une leçon
& une étude, d une lecture à un devoir, s'etfor-
çact de retenir tout ce qu'on leur disait sans
pouvoir a'..rrèt.er pour y rél:¿chir.
Les plus intelligentes laissent passer quelques
etinues, se reposent, puis refont leur éducation
elles-mêmes par des lectures et par laréllexion.
&lajs elles sont rares celles qui pensent vrai-
ment après leursartiede 1 'école; la plupart con-
tinuent à prendre le u)ut d'ordre ailleurs qu'en
rUes-mèmes, dans les journaux pédagogiques,
dans les conférences, chez la voî6iuc...
Comment ne p.ts être cifraje, quand on songe
quc ces élèves-maîtresses saturées do sciences
mal digérée, dégoûtées de l'étude sous touiesses
formes, vont cultiver à leur tour de jeunes es-
prits et leur apprtradre à peuser. Copiaient lu
poui -raient-elles faire ?
Mlle-Buortschi a encore raison di1 demander
qu on s'inquiète de préparer des projets de ré-
forme prétàâ.
Pour ma part, il y a longtemps que je suis
fixée sur ce qu'il conviendrait de supprimer des
programmes d école normale : toute l'histoire
ancienne, une grande partie des sciences physi-
ques et natuiellea — je voudrais voir l'anglais,
la nv.isi<,uo et le dessin, matières facultatives
avec. m'.'ntlou a. brevet supérieur.
r.ti retouche, le vuedrai2 beaucoup plus de
français soas toutes Wb formes Ion réduisant
cependant 1 histoire littéraire) — beaucoup plus
^'histoire de Franc;, surtout d'histoire contem-
poraine. — Des explications, à propos des évé-
nements nationaux., suffiraient à donner une
édée de ce qui se puse chez nos voisins. — Des
applications pratiques des sciences à l'économie
do!:tMti.,ue. — Kt beaucoup plus de pédagogie
raisonnée et appiiquce.
be3 tMtur
monde antiiec. Kt iii même il était impossible,
vu leur culture première et l'état de leur esprit,
de les initier aux civilisations anciennes, je sa-
crilierais volonuers i'autiquite pourvu que nos
lu turc 3 institutrices sachent bien daus quel
monde elles vivent, quels sont tes besoins de
leur trolue, comment nous en sommes arrivés
là et oit nuas pouvons essayer d atteindre.
Je lnkise à a es gens plus compéteuta que moi
le soin de dire ce qu'il y aurait a faire dans les
cl uses primaires. Mais Je pense qu'il faudrait
s'en tenir, ou plutôt rc\eoir, comme à un prin-
cipe fondamental, à cette idée de Pestalozxi:
• Ln bot principal de 1 enseignement élémen-
taire n'est point de faire acquérir à l'enfant des
/ttacaïAsances et des talents : c est de dévclop-
per et d'accroître tes forces de aor. intelli-
gence. •
Dès lors, je ne me préoccuperais pu d'ap-
prendre aux enfants de 7 à 11 ans tout ce dont
Ui pourront avar besoin plus tard dans toutes
tes situations possibles ;,travan du fer et du bois,
dessin, de tons genres jusque et y ramons t&
composition décorative — . pbysiqae, chimie,
agrkmlture, navigation - voire 11141118 le métier
de citoyen !) Mais je M lefforceraà • 1° de leur
douer les instruments iadispeasabtea à la vie
de Tesprit: lecture, écriture, calcul, français;
2* de cultiver leur jugement à rai de dira très
petit nombre de connaissamces bien comprises.
différentes peut-être selon les régions et uw be-
soins des populations ; S* mais avaat tout, je
voudrais eouaerer da temps. beaucoup de
temps, à la réflexion et à l'éducation mo-
rale. -
C'est de bon sens plutôt que d encre que I en-
crier de Mlle Kieffer est rempli; et son témoi-
gnage est d'autant plus précieux, qu'elle est en
pleine bataiUe.Ses élèves lui arrivent sauf excep-
tions, et comme chez ses collègues — sans tra-
ditions intellectuelles ; elle n a devant elle que
trois années pour les préparer à leur tâche si
difficile et ist délicate; en ces conditions, l'on j
peut dire que l'Ecole Normale dresse plutôt
qu'elle n'élève les éducateurs ; car ce n'est pas
en pâlissant sur les livres, en prenant des notes
aux cours, et en faisant à la hâte des devoirs
que l'on prend l'habitude de penser.
Il faudra donc se résigner à faire passer de
l'air dans le programme, il faudra en môme
temps exiger des futurs éducateurs un minimum
d'habitudes intellectuelles dont le brevet est une
caution tout à fait insuffisante ; il faudra, en lin,
se rendre à l'évidence : A vingt ans, on ne peut
tout savoir ; mais À vingt ans, sn ne peut avoir
des habitudes qui perinettentd'apprendre... peu
pouNocL* remercions Mlle Baertschi d'avoir donné
ce bon coup de cloche — d alarme — à la confé-
renr-e Buisson et nOat; espérons pouvoir enre-
pistfer de bonnes lettres à l'appui de celle de
JI directrice de l'Ecole Normale de Douai.
m
m •
Au moment où nous déplorons l'encombre-
ment du programme primaire, une de mes cor
respondantes reproche à « l'enseignement pri-
maire, pourtant si répandu. de n'avoir encore
transformé ni la basse-cour, ni laiterie, ni le
jardin » et elle demande la création de fermes-
écoles . qui formeront des ménagères en même
temps que des fermières ». Elle espère enrayer,
ainsi l'émigration des jeunes filles vers les
villes.
L'enseignement primaire ne peut cependant
pas répondre à tous les besoins, il ne peut faire
1 faire 1 apprentissage de toutes les carrières. Ce
de qu'il faut raisonnablement ici domander, c'est
e fournir aux divers apprentissages dos esprits
ouverts et disposés à apprendre. L'agriculture
figure cependant au programme primaire ; m0me
pour en rehausser la dignité auprès des enfants
et des familles, l'administration la fait figurer
au certificat d'études primaires sou ' forme de
rédaction, mais les notions acquises sont, par la
force des choses, assez superficielles, puisque la
plupart des éeolss manquent de champ d'expé-
riences et puisque les enfants sont encore trop
jeunes. En somme, l'Ecole soulève un coin du
voile qui recouvre l'histoire et la géographie, et
nous sommes injustes de lui demander davan
tage.
En l'espèce, et pour répondre à la lettre que
j'ai reçue, l'école essaie, malgré les difficultés
multiples, d inculquer aux entants l'amour du
sol natal. Pour que cet amour ne soit pas un
leurro, il faudra créer des fermes-écoles pour
les jeunes filles, comme l'on en a créé en petit
nombre pour les garçons.
Mais ma correspondante ne croit pas à l'initia-
tive privée; elle demande, * pour la République
l'honneur de l'entreprise qui ne coûterait pas
grand ferme chose à 1 Etat. « Oïl placerait dans une
erme école — à l'instar des communautés les
orphelines ou les abandonnées. Biles aideraient
à la prospérité de la ferme, tout en s instrui-
sant, et puisque ii ferme couvrirait ses frais
avec ses produits, il n y aurait d autres dépenses
à la charge de l'Etat que le parsonnel chargé de
la direction. "... Il faudrait cependant acheter
tes terres, le bétail, faire construire, se procurer
tout le matériel uéceitsairo à l'exploitation ;
avoir des surveillants instructeurs aussi nom-
breux que sont nombreuses lrir à la ferme... Certes, P4 n'est pas pour dé-
courager l'Etat que je donne, ici, un aperçu très
sommaire, des exigences d'une telle entreprise
que je trouve nécessaire ; mais il faut être pra-
tique, surtout lorsquon se permet de donner
des conseils.
En attendant que le parlement — car c'e::t.
toujours à lui qu'il faut en revenir — vote le
crédit nécessaire, il serait très intéressant de
voir quelques propriétaires ruraux s'associer
pour réaliser la voeu 11d ma correspondante.
Cest à l'initiative privée dl) montrer la route,
& l'EUt d.) la suivre. Voyez ce qui est arrivé
r't'isa les écoies provisionnelles de filles : Mme
hsa Lcmonnier et quelques amies ont créé
une écolfl; puis une autre, puis une autre encan
à mesure qu'cHea réunissaient les sommes né-
cessaires. Ces écoles ont servi de modèles à la
Ville de Paris, puis à l'Etat. Cet exemple n'est
pas assez 8uiyj.. .
*
• *
Avec une autre correspondante, l'initiative
privée remonte à sa bonne place, et je remercie,
d'aTwrd, 01.. corrôspondauto de Chadl y de sa
bonne lettre...ce qui ne m'engage pas à abonder
absolument dans son sens.
Voilà l'idéti qu'elle IIlC soumet; idée extrême-
ment coinplc\a. trop complexe à mon avis.
Ijl création d'UD établissement qui réuni-
rait :
l- Une sectiun maternelle, instillée - d'après
les règles de I hygiène et d'après une méthode
éLudiootn vue d élever des enfants sains et vi-
goureux au point de vue physique et au point
(le vue moral ».
Cet « institut maternel prendrait l'enfant à sa
naissance, garderait les garçons jusqu'à douze
ans, et les filles jusqu'à leur mariage on leur
entrée d^ns UOI) carrière quelconque (saus dis-
tinction d'''rigiile'.
2' Une école pour les enfants débiles.
3- Un home hospitalier pour les vacances « en
vue des jeunes flilt's dont la sollicitude des mères
ne peut s'accommoder des rares moyens mis à
leur disposition ..
4' Une s >rte d'école ménagère et familiale
e qui deviendrait à un moment donné le refuge
des mauvais jours, aux heures de doute, de -dé-
sespoir -.
5. Un liCI1 de repos, de reconstitution pour les
santés délabrées.
Le projet est bien intéressant et bien com-
plexe, je le répète; il mérite une étude appro-
fondie, et comme il relèvo autant de Insistance
que de l'Education je pense qu'il devrait ôtre
iMiumis à mon amie et collaboratrice « Made-
leine ».
En principe, il faut cependant que je le dise, I
mes efforts tendraient à procurer à la mère tes
moyens de nourrir son enfant, soit au sein, soit
au biberon stérilisé.
En JWÍlUipe, je suis plutôt l'ennemie des ag-
dei glomèn.ü0G8 de bébés et le jour où l'inspection
es enfants placés en nourrice sera fortement et
normalement organisée, je la préférerai cent
fois aux - pouponnières » les mieux organi-
sées.
En principe, le sum peu portée vers les éta-
blls»M « les mieux organisés mème » qui,
fatalement, laissent les enfants étrangers t la
vie réelle — à celle que l'on vit dans la vie, c est
pour cela que nous envoyons nos pupilles du
Sauvetage de VEnfance dans des familles, à
moins de circonstances exceptionnelles et que
nous tenons expressément à ce qu'ils fréquen-
tent l'école publique.
Mais tous mes « principes . ne feront pas que
des milliers d'enfants et de jeunes gens ne soient
dans des conditions exceptionnelles, et que,pour
eux,des établissements spéciaux ne soient créés.
Je donne donc à ma correspondante le concours
de publicité qu'elle me demande en l'engageant
à s'attacher (f abord à l'une des branches de son
« Institut - elfe annexera les autres à mesure.
PAULINE KERGOMARD.
Il y a quelques semaines, rendant compte du
rapport d'un professeur anglais sur notre ensei-
Snement primaire et sur nos lycées de jeunes
lies, je mettais au point certain éloge que nous
aurions mérité en « conilant à des hommes
des cours supérieurs où leur compétence ne
fait aucun doute. » Je disais qu'il faillit attri-
buer cette compétence indubitable, disons le
mot: Cette supériorité à leur éducation classique,
éducation classique quasiment refusée aux pro-
fesseurs féminins
Mme Crouzet-Uenaben, ancienne élève de
l'école de Sèvres, ancien professeur au lycée de
Heu en 1ces deux anciennetés prouvent une fois
de plus que :
« Dans les âmes bien nées la valeur n'attend pas
le nombre des années. »
Mme Crouzet-Beuaben réfute ceux qui pré-
tendent que l'étude des traductions peut donner
une culture gréco-latine suffisante.
. 11 est possible, remarque-t-elle finement,
3ue nod éleves fassent illusion, sur la qualité
e leur science, à MM. les Inspecteurs (qu ils me
pardonnent cette supposition!) par quelques
réponses bien lancées, quelques noms heureu-
sement rappelés, quelques idées mémo, récol-
tées çà et la dans les manuels et... réimprovi-
sées » pour la circonstance, avec une dose
d'hésitation suffisante pour rendra l'improvisa-
tion vraisemblable : on ne sait pas ce qui se
cache de hardiesse sous la très véritablo timi-
midité des jeunes filles, et d'aptitude naturelle a
parler sous leur réserve coutumière. Et puis,
même dans notre siècle de progrès et de fémi-
nisme, on est encore si étonne d'entendre les
noms comme ceux de Thucydide ou de Xéno-
phon prononcés par la voix d'une jeune fille,
qu'il semble que C8 soit pour elle déjà assez
que de les savoir, ne fît-elle d'ailleurs que les
répéter comme un perroquet. Si à cela elle
ajoute le titre d'une pièce ou d'une œuvre
comme 1 Anaba&e ou 1 >Iteautontitnortiriien)s, oh
alors, l'auditeur se déclare ravi, et part en ne
ménageant pas ses compliments à la jeune sa-
vante, qui n'est le plus souvent qu'un écho in-
conscient. »
» Presque toujours, la traduction, ou f.iussc le
sens de l'oriA'inal, on lui enlève toute sa saveur
particulière pour en faire quelque chose de pâle
et de vague qui pourrait appartenir également
bien à tous les pays, à toutes les époques, et
qui par conséquent n'apprend rien sur l'anti-
quité.
« Aussi l'antiquité ne peut-elle intéresser nos
élèves autant qu'elle le devrait. Elles passent à
chaque instant sans s'ea douter sur des expres-
sions charmantes, pleines da poésie, mais déco-
lorées par la traduction; et par contre, ce que
la traduction laisse entrevoir d'originalité les
déconcerte. Ne pouvant saisir d'Homère, par
exemple, que le récit des faits, elles le trouvent
ridiculement enfantin. J'ai vu 'que Dieu leur
pardonne M, j'ai vu îles élèves rire de la naïve et
sublime poésie de l'Iliade. Elles pensaient cer-
tainement déchoir à cette lecture, et l'idée
qu'elles n'osaient formuler était celle-ci : " Com-
ment se fait-il que dans une classe aussi élevée
que la quatrième année, on nous raconte encore
ces absurdes histoires d'enfants, quand dans les
classes précédentes on nous a entretenues de
choses beaucoup plus sérieuses ? •
« Après tout, ce n'était pas tout à fait leur
faute. Je ne leur en voulais pas, J essayais seu-
lem ent de combattre, en m aidant de mes mo-
destes connaissances en latin ou en grec, les
méfaits de traductions. Hélas! j'étais presque
chaque fois découragée par l'immensité de 1 ef-
fort à faire. Qu'est-ce donc, alors, quand le pro-
fesseur lui -mème, n'ayant jamais lu les textes
originaux, ne soullrè pas de l'insuffisance d'une
traduction ? Comment peut-il y suppléer, et rec-
tifier les idées de ses élèves, quand les siennes
propres, ne sont pas bien justes? Comment
peut-il même choisir entre deux traductions et
dire aux élèves : « Lisez celle-ci plutôt que
cette autre? » — C'est ici la grave, la véritable
lacune. Car supposez qu'une jeune fille qui se
prépare à l'enseignement ait pris tous les
moyens pour se donner de l'antiquité une con-
naissance sûre, complète et profonde, qu'elle
ait étudié lés institutions, fouillé la vie pu-
blique et privée des Latins et des Grecs : elle
sera capable, à coup sûr, de faire de bonnes
leçons d histoire ancienne, de donner m?me aux
personnages et aux événements leur couleur
locale; mais tint qu'elle n'aura pas ajouté à
ces connaissances celle des mots. et par les
mots des pensées, quelque chose lui échappera
toujours, qui sera ce que justement l'antiquité
a de plus intime et de plus spécial ; car I histoire
paut bien apprendre commenl un Grec du temps
de Périclès était habillé, comment il passait ses
journées, comment il rendait la justice et fai-
sait la guerre; mais ce que l'histoire ne dit pas,
c'est comment il sentait et pensait, comment
ses yeux réfléchissaient l'univers. Et cela, c'est
l'ftme même de l'antiquité, que seule peut faire
connaître la littérature, et la littérature étudiée
dans la langue.
« Voilà pourquoi les professeurs femmes les
mieux autorisées par leurs études à enseigner
l'antiquité ne se sentent jamais entièrement
sûres d'elles-mêmes, et marchent comme à
tUons quand elles sont privées de cette lumière
qni est I intelligence directe des textes. Le sens
littéraire le plus délicat, le plus pénétrant, ne
leur sert qu à mieux mesurer la distance où
elles sont d'une compréhension parfaite, et & dé-
plorer de n'y pouvoir atteindre. Bien souvent
même, il lenr fait regretter, et ceci, je l'ai en-
tendu dire à plus d'une, de ne pas connaître les
langues anciennes pour mitai *nsei(ft»er Mur
propre langue. a
Si les programmes ne comportent Plus, m
effet, de eottre spécial de grammaire bis turique.
une certaine ooonaissanee. qui sans notions de
latin ne peut être sérieuse, on -te cependant né-
cessaire aux professeurs qui ont à faire expli-
quer des textes comme la Chalucm de Maimntl.
. Et notre littérature elaasique, quel profes-
seur peut se flatter d'en sentir la beaute dans
toute sa plénitude, sang s'être marri de l'anti-
quité? Je ne parle même pas des auteurs qui
sont latine au point d'en ressembler à une tra-
duction, de Calvin ou Deseartes. Mata Corueille.
Racine, et par-dessus tout Bessuet? Je ne mis
pas la première, tant s'en faut, à remarquer que
dans une phrase de Bossuet est contenu tout le
génie de la presse latine, et qu'à ceux qui ne
peuvent le seutir manquera toujours quelque
chose pour oomprendre et faire comprendre le
dix-septième siècle français dans sa plus haute
et véritable expression.
« Si je voulais divulguer plu« encore des con-
Wsnces de mes collègues, j'ajouterats que piu-
sieurs attribuaient ce qu'elles pensaient être la
faiblesse de leur propre stylo à l'insufilsanoe de
leuroulture classique. Mais ce serait de l'indis-
crétion. Je me bornerai donc à dire en concluant
3ue j'ai toujours vu les plus consciencieuses
e mes eollegues regretter comme une lacune
dans leur éducation 1 absence du grec et du
latin; et les plus zélées et les' plus intelligentes
de mes élèves chercher à acquérir, en dehors
des cours du lycée, cette connaissance qu'elles
devinaient pr«écieusc. Une fois qu'elles en avaient
goûté, elle-; confessaient que tout ce qu'elles
avaient cru comprendre jusqu'alors de l'antiquité
n'était qu'à peu près, erreurs, ou insuffisance.
Je souhaite, dit Mme Crouzet-Benaben, à la
fin de son article (Revue Universitaire) que l'on
fasse mieux dans l'enseignement secondaire des
garçons réformé.
On a, d'ailleurs, do quoi faire mieux. Mais que
l'on me permette d'avoir dit, pent-ôtre un peu
trop sincerement, que noua ne faisons rien de
bon avec des traductions au lieu de textes. Et
qu'on veuille bien excuser chez une femme
celte défense du latin et du grec tentée avec une
foi de néophyte. •
J'applaudis des deux mains.
P. K.
Enseignement Supérieur
Par arrêté du ministre de l'instruction publi-
3ue et des beaux arts, en date du 29 juillet 1899.
es concours s'ouvriront la 3<>janvier 1900 devant
la faculté de médecine de l'université de Paris
pour les emplois de suppléants des chaires de :
1* Pathologie et clinique médicales;
2* Pathologie et clinique chirurgicale et clini-
que obstétricale;
A 1 école de plein exercice de médecine et de
pharmacie de Hennés.
Les registres, d'inscriptions seront clos un
mois avant l'ouverture desdits concoure.
Enseignement Secondaire
Le Président de la République française.
Sur le rapport du ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts,
Vu le décret du 27 décembre 1831:
Vu le décret du 31 décembre 1891;
Vu la loi du 27 février HBO;
VuJa loi du 10 juillet 18L#6;
Le conseil supérieur de l'instruction publique
entendu,
Décrète:
Article premier : — Les candidats à la licence
ès lettres, mention « Langues vivantes - peuvent
à 1 'ur gré subir séparément et dans l'ordre choi-
si par eux, devant la même faculté, les épreuves
communes et les épreuves spéciales déterminées
par les articles 1 et 3 du décret du 31 décembre
180 i.
Art. 2. — Pour être admis aux épreuves com-
munes ou aux éprouvés spéciales, les candidats
doivent avoir obtenu la moitié du maximum des
p.jints afférents à chaque groupe d'épreuves.
Art. 3. — Sont abrogées les dispositions con-
traires du décret du 31 décembre 1894.
Art. 4. — Le ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts est chargé de l'exécution du
présent décret.
Fait à Paris, leii juillet 1899.
Emile Lolbet.
Par le Président de la République :
Le ministre de l'instruction publique
et des ben"x-arts.
GEORGES LEYGUES.
Le Président de la République française,
Sur le rapport du ministre do l'instruction pu-
blique et des beaux arts,
\ u les décret et arrêté du 8 août 1898, relatifs
au baccalauréat de renseignement secondaire
classique;
Vu la loi du 27 février 18ffl;
Vu la loi du 10 juillet 1800:
„ Le conseil supérieur de l'instruction publique
entendu,
Décrète :
Article premier. — L'interrogation de langue
vivante à la première partie du baccalauréat de
l'enseignement secondaire classique peut porter
au gré des candidats, soit sur l'anglais ou l'alle-
mand, soit, devant les facultés des lettres des
universités où l'enseignement de l'italien et de
l'espagnol est organise, sur l'italien ou l'espa-
gnol.
Art. 2. — Ces dispositions seront mises à exé-
cution à partir de la session de juillet-août 19U0.
Art. 3. — Sont abrogées les dispositions con-
traires du décret dû 8 août 18LK).
Art. 4. — Le ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts est chargé de l'exécution du
présent décret.
Fait à Paris, le 21 juillet 1899.
EMILE LOt.'B8T,
Par lo Président de la République :
Le ministre de ) instruction publique
et des beaux-arts,
GEORGES LEYGUES.
Par arrêté du ministre de l'instruotion publi-
que et des beaux arts, en date du 29 juillet 1899,
sont nommés élèves de l'école normale supé-
rieure (section des lettres,, dans l'ordre de mé-
rite su ivant:
MM.
i Albertini (Eugène-François'.
2 Berthod (Adrien-Maxime-Aimé
3 Maurette (Fernand).
r (HsswWeaaîkr • rf " * • -
| i Mon (Juins»....
i 6 SchulhofifciQ-Paul).
7 Massan Wiérre-AlexaQdre,.Mallrioe}.
8 Martino (Pierre). ^ - , .
9 Nouattho (Jos0ptv>Mite4H>il»mJft-Aatollie).,
10 llazard | Paol-Oustave-Matto-Caimlle}.
Il tt*y (Mareel-Jewtin).
12 Dimofl (Paol-Ooorges-Edinonda
13 Bai!) y fAngcl-Au:;ruste-tharlea-Gaston).
14 M.tvuat (Jean-Kdouard).
15 Frossard (Armand-Eugène).
16 Bu tard ( Marte-Léopold-Henri-MaiTôl).
ri Laqua... (Mane-A loJpb^^Jeani..
18 Leguadre (LOuis-Félix-Gabriei-Maurice),
r 19 l.eroux (Gabriôl-PauW/t»uis).
10 Morand ( Mare-il u be rt-A le xis).
Par arrèté du ministre de l'instruction publi-
qua et des beaux-arts, en date du 2) juillet 1899,
sont nommés élèves de l'école normale supé-
rieure tecettoa des sciences) dans l'ordre de m&-
rite suivant :
MM.
1 Zoretti (Ludovic).
2 Gambier (Bertrand-Olivier),
3 Hemmerdinger (Armand),
4 Dégrève (Joseph-Maric-Hégis-Hippolyte),
5 Frantzen (Paul-Horrmann;!
fi Henoit (Josep-Alexandre-justin-Blzéar).
7 Lery (Georges-Marie-Benjamin).
8 Lazird rPierrc-Eliézer\.
9 Boullay (Charles-Louis-Joseph).
10 Chaulard-Jean-liaptiste-lsiduroj.
11 Villat Ilh;nrj.Rcné-Pierre;.
12 Fréohet (René-Maurice).
13 Vernis (Jcan-l\armond-Louis'.
CERTIFICAT D'APTITUDE A L'ENSEIGNEMENT SECON-
DAIRE DES JEUNES FILLES
(Lettres).
Concours de 1899
Liste des aspirantes déctarées admissibles
aux épreuves orales.
Miles Allant. Mlles Guilliermino
liaudeuf. Guitlarti,
Berthod. Landr / (Madc-
Briguel. Iclne)".
Burgard. Langgaesser.
Carmes. Lefèvre
Cazanave. Lévy.
Charpiu-Artaud. Mabire.
Cou Ion. Mauran.
Dadolle. Nepveu
Dessart. Pouget.
Dudon. Sarrazin.
Ferrand. Treille.
Franc. Trouchet.
Gavard. Worrnssr.
Gcnty. Yiîonin.
Les examens oraux ont commence le !undi
81 juillet, à huit heures et demie, au lycée Mon-
taigne (entrée rue d'Assas).
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Knglith tpoken.
FAITS DIVERS
UN INCENDIE RUE DE LA FOL!E-MÉ!UCOURT.
— Un violent incendie a éclaté Iût après-
midi, à une heure, rue de la Polie-Méri-
court, 16, dans une cité occupée par un
certain nombre d'industriels, notamment
par M. Louyot, lamineur-rondeur ; Mound,
tailleur de diamants, et Petitecllin, fabrÍ.
cant de peignes en celluloïd.
Le feu a pris, quelqnes instants après la
rentrée des ouvriers, chez M. Petitcollin,
dans un tas de déchets surchauffés par les
rayons de soleil.
Il &ecommuûiqua rapidement aux ateliers
voisins.
Les ouvriers, en't'ayés, se sauvèrent, mais
pas assez vile cependant, car deux d'entre
eux furent blessés par des éclats Je verre;
:ce sont les nommés François Dot, coulrc-
maitre, et Queridpt, ouvrier de 1 atelier de
M. Louyot. Ils ont reçu des soins chez des
commerçants de la rue Folie-MericourL
Une femme qui avait été légèrement hlîs-
séeetqui était sortie par l'avenue I'armea-
ier, a été soignée dans une pharmacie.
Cependant, l'alarme dormee, leâ pom-
piors arrivèrent de la caserne Chaligny, de
la rue de Sévigné, de l'avenue Parmeatler
et de la caserne du Cluîlcau-d'F.al1,
Les pompes furent mises en battcrie,rrais
l'eau manquait. Ce n'est qu'au bout de vingt
toutes que hPress'on fut sumsanic ' rOHfUf
que rot pÙt attaquer le feu.
Dès le début de l'int\('ndie.J)lu!>lellr!l
piers ont été blessés, soit par des écaK?"
verre, soit par la obuls stu plafond 1
Ce sont le sergent Uomango.dti laf9
Sevigné ; l«;s sapeurs Deshrangcs, «inU*
Savarin et Denis»*, les irois jircmlrrs dserne Chalign%,, lo quatrième Jean-Jacaucs Houssc&u en detachenn-n. âJ
Chàteau-d'Kau.
Les sapeurs ont reçu sur place les so'r«
du majurCollinct.pui!" usoatetc rccooduii!
en voiture à leurs casernes n.-spcetiv.-s
A cinq heures, ''mendie était ébini m
tes pompiers continuaient a monder icsbl
timents sinistrés.
Une foule nuornie avait envahi i i racd*
la Polie-Méi-icourt et les rues voisines ot
était maintenue à distante par les a^ônî*
du 11 - arrondissement, dirigés par l'ofticlar
de paix M. Hordes.
M. Lépine, préfet de police s'était rtndu
& trois heures &ur ie lieu du sinistre.
Départements
LILLE. — .L'A(TfJÎve SdW:SnlfJfU: — ,\3u.
avons cnrugislré 1 arrestation opérée ivam
hier s air à \ ateccicnncs.d'un jeune hû-nruta
blond soupçouaé d'étro l'assassin de M
i>ciiotsirans.
La suitç de J'cnoul!te a Io.-oLNù' crue et
jeu ie homme soupçonne 11 toit n'a été ca
aucune façon tn.'ile à l'aifa:rc Scholsnuns
Le t""di 21 juillet alors."ju'il habitait en.
core i Fives et qu'il travaillait Ci". Cjuanté
de chaudronnier chu? MM. Crespci oons-
tracteur à Ia Madeleiue, s! «luit travailler
chez M. Gormall. d asséur à Fi ves et lu Ion.
duriiatn ,nô:lfC il parlait se fatr? eni.,jaurner
à ^lUMiCie.jr.es.
C'fc*î ,un.i celte ville qu'il se vantait d'j.
voir avjiî.té au transport du cada\re de M.
Paul arn -t->niaas
Dp on renseignements, il rôsûltc .p18 1%
chaa tTvnnier n a pu être môié eu aucuab
façon ou crirni Schotsmans.
M \1. Brt igne, commissaire aux déléga-
tiens ;udicia:re3, et Cubcck, secrétaire, qui
avaient reçu orar«« c'Ha parquel de Lille,
avisé par va.ei'Oieuncs, se sont. icn-ius
vers six hcur«. à Pives et unt pu établit
qu'il n'y avait pas ueu de poursuivre cetia
piste
L'enquête a étabii d'une façon péremp.
toire que le crime ,t été commis cn'.ro
Douai et Seclin
On peut se dem^nier pourquoi l'assassin
aurait choisi, pour accomplir sun forfait,
le moment de i arl'\éf' du uain eu Rare de
Seclin, c'est --à-dirL- lo m-.uTioiit où il avait
toutes les chances 1 eire surpris.
Peu! être le drame !fa-t-Il été que le oé.
aouement d'une violente o.scussion.
Peut-être aussi, 1" meurtrier aura-l-i!
protité d'un rnome.it Il a^avipicsctnctit du
vo ageur et aura-t-Il fr.npé. sar.s se i,re-
ocC'up'" auparavant de l'endroit ùil it se
trou ait. Co ne sont là que Jus itypolhhc3.
!'teule, 1", découverte du nicurtr.er pourra
Imsiper cet!* enigme,
S.vint-Etiknnb. — Trenle-ûeu.\ mineurs
seulement se soat t.rebl'l.lùS, hier ma; n,
pour travailler 4ux mlues du Crus. Lo uu:n.
bre dos grévistes a ,t:usîdérablé.,ttitiit aug.
mente députa hier. Il:» sont actuellement
cent quaire-vingt-scpt.
On craint que la grive ne a'éteaae su
personnel d autres Coinpujiti'cs.
La situation est calme.
IlOMOnAN'T'IN, — Hier matin, le nommé
Girartt Loui«, 4é de J8 uns, traversait la
rue de !a Varenne, lorsqu'il fut assailli
par la nommée No-il, Mathiidc, qui lui
lança le contenu d'un bot de vitriol au "i.
sage
Les orfluireii sur toute la face sont très
graves et tout craindre que Gtr.fd ne p.::rJe
la vue.
Ce drame a pour cause le relus deG.rjrd
d épouser la fille Nol-I.
Vo ». og 2i»,000 niAxas niJ duovk. — Le*
journaux (io Jneppo rapportent que dans la
nuit de u'-jrered) àjou:J: un vol de 2ÂtX< i fr.
de Iiiioux a été commis MÛ j««fju
dans un hAî jl d'à f}i::;;l'o.
C.." personnes élaie.U re.Mrc^s dans !e.!r
appartenant situe au prc?nicr ctn;l' et
S étaient endormies en laissant leur rcaôire
ouverte.
C'est pendant leur somme:', que le \ .:>i .\
eié com
FEUILLETON DE LA FRONDE
5 AOUT 1899
L'Article 340
L'aubergiste s'assit en face de M. Le-
noir.
— Elles sont arrivées,dit-il sans préara-
buies.
— Arrivées? qui donc?
— Mais ces personnes de Paris.
Du ton le plus naturel du monde, Le-
noir, qui savait à quoi s'en tenir, car il
avait, debout derrière le rideau soulevé
de la porte d'entrée, épié la descente des
voyagouaea, répliqua :
— Oui, c'est vrai. J'avais.oublié déjà.
Quand on a des soucis, n'est-ce pas, on
y pense plutôt qu'à autre chose.
— Celle qui m'a l'air de la patronne
est bigrement jolie !
Moranval choqua son verre contre
celui de son interlocuteur, puis avec un
rire finaud :
— Voilà une conlidcnce et une remar-
que dont vous vous abstiendriez si vous
parliez à Mme Delabroise.
— Pour sur; ma femme est la jalousie
.iicarnée.
Kt presque aussitôt, il ajouta :
— Et pt¡.is, à chatte pareille, matou pa-
/cil. Les aubergistes, du temps qui court,
De voient pas. souvent des comtesses
tomber amoureuses d'eux.
— Une comtesse, vous m'en direz tant.
Et tenez, si j'étais curieux, je vous de-
manderais pour quel motif, une com-
tesse — le titre implique richesse, grand
train de maison, amour de ses aises et
bien d'autres choses encore — est prise
du c,1price de quitter son chez soi,et de...
— S'installer dans une chambre d'hô-
tel, interrompit Delabroise. *
— Précisément.
-Bé,iI n'y a aucun mystère à cela.Cette,
dame, qui est sur lq point d'accoucher,
i fuit Paris où sévit en ce moment, paraît-
! il, une épidémie de fièvre puerpérale.
La personne qui l'accompagne est une
sage-femme dont la clientèle appartient
toute au grand monde des Champs-
Elysécs et du faubourg Saint-Germain.
C'est vous dire si la comtesse est riche
et que sa compagne va ôtre grassement
payée.
— Et ça ne vous ennuie pas un peu,cet
accouchement chez vous ?
— Mais il n'aura pas lieu ici; le mari
doit louer une villa tout près, avenue
Neuve du Petit Marly. Tapissiers, élec-
triciens, poèliers y travaillent pour l'ins-
tant, et d'ici le courant de la semaine
prochaine, le ménage sera confortable-
ment installé chez lui.
— Vous êtes bien renseigné, maître
Delabroise.
Moranval Lenoir prononça cette phrase
avec la solennité qui lui était habituelle
autrefois quand il s'entretenait avec un
collègue, et l'épithète de maitre fut mo-
dulée sur un ton d'onction toute bazo-
chienne.
— Hé,vous comprenez que l'arrivée de
mes clientes m'a été annoncée àl'avance,
fit Delabroise en se rengorgeant. C'est
moi qu'on a chargé du soin de trouver
la villa et de traiter avec le propriétaire,
chose très facile, du reste, car ce pro-
priétaire n'est autre que moi-même.
ELla villaJoyeuseest une belle habitation.
— De sorte que la naissance de l'en-
fant de cette dame sera tout avantage
pour vous.
— C'est cela même.
U y eut un instant de silence.
N'empêche, pensait tout bas Lenoir,
les comtesses du faubourg Saint-Ger-
main, n'ont pas coutume de quitter leur
chez soi, la proximité des meilleurs pra-
ticiens pour venir en plein hiver accou-
cher dans une petite ville de la banlieue
parisienne. Il y a du mystère là-dessous.
Ou l'aubergiste le sait, et ne croit pas
avoir affaire à Nicolas MoraDvaJ, ou bien
il ne sait rien, et nous le .ferons jacasser.
A finaud, finaud et demi. Et ce mari qui
laisse sa femme courir les chemins en
fiacre avec une sage-femme. Voilà une
aventure qu'il faudrd élucider.
Moranval s'était levé. -
— Je suis bien fatigué, dit-'l, et je suis
heureux de dormir maintenant, car de-
main matin, je commencerai mes cour-
ses de bonne heure.
Delabroise répondit :
— Mais je vais vous conduire à votre
chambre.
Tous deux sortirent.
Au 'bureau.Df;}labroise prit une clé,une
bougie allumée, s'engagea dans l'esca-
lier suivi par l'ex-notaire.
Au troisième étage il s'arrêta, ouvrit
une porte et dit :
— Vous êtes chez vous, monsieur Le-
noir.
— Merci et bonsoir, répondit Moran-
val en prenant le bougeoir.
Il pénétra dans la chambre et Dela-
broise, comme il redescendait, l'entendit
qui fermait ia porte à double tour.
II
lil-haut, dans la vaste chambre à
peine tiède, malgré l'embrasement des
souches entassées sur les larges landiers
de l'immense cheminée, Mme Hubert
ayant deshabillé sa cliente avec les soins
délicats que la profession et l'habitude
apprennent, venait de la mettre au
lit.
Les persiennes closes, les rideaux soi-
gneusement tirés noyaient d'ombre los
parties de la pièce éloignées du guéri-
don, sur lequel, auprès de l'alcôve, la
sage-femme avait posé la lampe.
Dehors, les bourrasques accrues avec
la nuit tournoyaient et gémissaient lu-
gubrement.
A l'intérieur, aucun bruit. La maison
semblait ensevelie dans l'ombre et le
sommeil.
C'était l'heure de9 épancliements pré-
vus et des inévitables confidences.
Accoudée dans les oreillers, sa belle
face pile éclairant le flot sombre de sa
chevelure roulée le long de ses épaules.
Lina Delescaut regardait Mme Hubert
raquant aux préparatifs de la nuit,allant
et venant par la chambre d'un pas sou-
ple et presque silencieux. Droite et fine
dans sa robe noire simple et sans orne-
ments, Mme Hubert apparaissait à l'in-
dolente créole comme une créature d'in-
telligence et d'énergie, une compagne
loyale et forte à laquelle on peut se fier
et se confier.
Mais déjà Mme Hubert ayant allumé la
lampe de nuit revenait vers l'alcôve.
Elle demanda gaiement.
— Hé bien, chère madame, vous allez
vous reposer des fatigues du voyage.
Voulez-vous que je me retire, pour vous
laisser prendre un peu de sommeil ?
Lina avec un refus de la t4e :
— Pourquoi? Il est à peine neuf
heures, et je n'ai point sommeil, répli-
qua-t-elle, mais aussitôt elle ajouta: A
moins que vous ne soyez fatiguée voua-
nt.'me.
Mme Hubert rit d'un bon rire jovial et
clair.
— Nous dormons nous autres une
nuit sur trois, et nous n'avons guère le
temps de songer à la fatigue. Je roule-
rai donc ce fauteuil auprès de votre lit,
et nous causerons, voulez-vous?
— Bien volontiers et je pourrai vous
dire combien je vous suis reconnaissante j
de vos attentions, murmura Lina dont
la voix infléchit vers le sanglot.
— Allons! allons! s'écria Mme Hubert.
Il ne faut pas pleurer. Les larmes ren-
dent vilaine et énervent. Soyez coura-
rageuse. Songez que l'accouchement est
une fonction toute naturelle, passagère-
ment douloureuse, mais apaisée par une
suprême joie.
Lina soupira douloureusement.
— Et puis, continua Mme Hubert,votre
mari ne doit-il pas vous rejoindre bien-
tôt pour ne plus vous quitter. Il vous
adore, votre mari. Enfin le ciel ne refuse
aucune joie à votre ménage, puisque
voici venir l'enfant, ce lien nouveau en-
tre les époux, l'enfant qui complète la
famille et par lequel l'avenir est àiaçgi.
f Ces dernières paroles,Mme Hubert les
avait prononcées simplement mais avec
une émotion si commuriicative,qu\? Lina
emportée par sa nature primesautière ne
put s'empecher de dire :
— Oui, je suis injuste, je me plains à
tort. Et pourtant si vous saviez ! Mdis
vous saurez. Vous r.'avez pas éto tou-
jours heureuse Mme Hubert?
La sage-femme répliqua ;
— Hé ! qui n'a ses chagrins dans la
vie ? Qui m'eût dit, lorsque j'avais vingt-
cinq ans, votre Are,que jl"' serais un jour
une sage-femme^déjà près JI e illustre au
toul'nant 8de la trcll taillt', m 'H.U rait profon-
dément surprise.Mon histoire est simple,
la voulez-vous écouter?
— Mais bien vo!ontiers.répondit Lina,
Mme Hubert s'étant installée dans le ,
fauteuil, après avoir consolidé l'édillce
du foyer commença ainsi :
Ma mère étant morte peu après ma
naissance, je fus élevée par mon père,
commandant en retraite, brave et digne
homme qui me donna une instruction
fort incomp!t'te mais apparemment suf-
flsante pour la modeste sphère en la-
quelle j'étais destinée à évoluer.
Pour ce qui est de l'éducation, traitée
en garçon plutôt qu'en fille,j'appris sur-
tout l'importance de l'ordre, de la ponc-
tualité, de la droiture en les moindres
détails de la vie, toutes choses, que certes
ne développe guère la mièvrerie coutu-
mière aux jeunes, personnes de notre
temps, mais qui, par contre, contribuent
à l'affermissement de la santé physique
„t morale.
Mon père fut récompensé de son dé-
vouement envers moi, car avant de dis-
paraître tion de à tout jamais, il out la satisfac-
ion de me marier, sans dot, à un em-
ployé dî la manutention.
Mon mari était un de ces êtros bons
mais insignifiants lesquels n'inspirent à
une honnête femmo que tout juste le
respect de ses devoirs. Aussi puis-je dire
que J'ai vécu jusqu'ici sans connaître ces
grandes passions dont, à mon avis, il j
n'est guère parlé , que dans io$ livres. [
Après quelques années d'une union lerne
et tranquille. M. Hubert mourut n"*
laissant comme tout avoir une enfant en
bas âge à élever.
Quoi faire.? lionncrdes
le droit de professer l'cnsc;gncmr.n! offi-
ciel ou libre. L,' travail indispcnsab»*
pour les obtenir m'aur lit pris au moifis
plusieurs années ; et c e:':m tout 'ic sa te
qu'il me fallait trouver !es ressources
nécessaires à notre existence et à re!le
de mon enfant.
Et puisse travail m'effrayait lorsque jo
songeais à ses conséquences Combien
I de malheureuses végètent épuisées Par
la lamentable courte au cachet dérisoire.
Les professeras des lyeees, les inst't'i*
triées communales ::ont tes rare, privilé-
giées dans !A foule sans cesse croissante
des diplômé»» san? emploi et il y avait
plus le de chance pour que j'au5moniale
e nombre des prcrnièi-es qu* ceiui des
secondes.
J'essay.ii d'enircr dans le commerce.
Mes démarches n'obtinrent aucun résul-
t-,it. I'élais t:'op âgée pour devenir du
jour au lendemain la petite apprentie
d'atelier, et mes connaissances ne me
permettaient point de passer d'emblée,
ouvri re.
Certes, je possédais quelque habitude
de la couture, n'ais mon habileté suffi-
sante en co qui concernait la wflf,'diol
de mes simples toilettes restait i/lfa.
rieurc au J exigences de h proit-jsio»-
Telle robe, toi manteau, trou.es trM
réussis sur moi, m'auraient :>i4 impie
toyablement refuséi» pat une client*, el
encore plus aigrement pur hae *'nier
auxquelles m'etniâ parfois fait un ptoi-
sir do ronfecliooTici- une juj&c oiidfl
former ,III chapeau s'ti s'était agi ds
tirer IIU b"h¡';N os ccs travaux.
[illisible]ANNE D'A
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