Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-06-03
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 juin 1899 03 juin 1899
Description : 1899/06/03 (A3,N542). 1899/06/03 (A3,N542).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703661k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Course de tandems
t- * Mmes G. Dargy et Aline ha....
2- Mme Lemoine-Puget.
i** tour fait ea 6 m. 6 a. 215.
Défilé automobile fleuri
C est en somme le ClOU ae ta ion mew.
Tons les théâtres y sont représentes. Après
s'être un peu fait désirer, voici enfin les
voitures oui arrivent, précédées par Mme
Alice Dcbray. de la Comédie-Française, ou-
vrant la marche sur une bicyclette fleurie
de bluets et de marguerites.
L'Opéra vient ensuite dans deux breaks
carnis Sircde, de roses rouges avec Mmes Morlaix,
irède, Meunier, Guillemin, Souplet, Mante,
Polly, Melzer, Vinchelin, Alice Gillet.
L'Ùdéon, une victoria électrique, toute
parée de roses blanches et bluets ; à 1 in-
térieur, Mmes Mylo d'Arcylle, Jeanne Kesly,
Vanne, Béryl, Page, Froment, Chapelas,
Grimbacb.
Puis viennent les Variétés, les Nouveau-
tés. Décoré délicieusement, un mail-
coach du dernier smart pour Déjazet.
De charmantes voilurelles Decauville éga-
lement fort bien décorées sont aussi très
admiréc!.
Des bannières sont distribuées par la
charmante Rachel Boyer,de la Comédie
Française et Mme Jeanne Granier. Au mo-
ment de la distribution un incident qui a
causé plus d'émotion que do mal est venu
interrompre la gaieté et l'entrain de la
bataille de fleurs.
Une sociable,deux bicyclettes accouplées,
avec le père, la mère,un jeune enfant entre
eux deux et, derrière, une petite fille, sont
tamponnées et poussées par une énorme voi-
ture automobile que le conducteur ne peut
arrêter aux cris poussés par la panvre pe-
tite fille et par les parents épouvantés; ^ les
spectateurs se précipitentpourreculer l'au-
tomobile, et toute la famille est retirée de
sa dangereuse situation sans aucun mal,
heureusement.
îjt bataille commence alors, elle est des
plus animas. Les spectateurs s'acharnent
aux voitures qui répondent avec le mème
entrain.
Enfin vers 6 heures,peu à peu les tribunes
se vident, spectateurs et chauffeurs se ré-
pandent dans les allées du Bois; mais une
grande partie se dirige aux Ch&!ctsdu Cycle
pour y festoyer gaiement. Un bal cham-
pêtre qui a duré jusqu'à une heure avancée
de la nuit a clôturé cette fète magnifique
qu'on peut appeler le triomphe de 1 auto-
mobile.
RENÉS DE VÉRIANE
Courses à Maisons-Laffitte
Résultats du pari mutuel
Vendredi 2 juin
Chevaux f^l-
10 5.
Abyssinie Panant 180 »- 69 50
- place 57 •» 22 ».
La Mn:-:Ïtlue placé 27». 16 50
Daïmis placé 6'J 50 31 ..
Hulotte gagnant 1'3 -- 10 ».
Hulotte placé 1?
Zouzou Placé 20 8 u
Haut-Nil gagnant 21 »» 10 ».
placé 1* 50 7 »»
Gardénia II placé 45 « 19 .»
Mazeppa saunant 121 50 43 ..
- place 44 aw 18 50
Marinier placé 111 30 50
Barbanégre II placé 38 50 18 50
Herse gagnant 26 .- 12 50
Hersé place 15 50 9 »»
Irkoust gagnant 24 ^ 13 50
ismène pagnant 128 50 79 «»
lmttne place 38 50 28 »»
Souris Il P lacé 20 50 41 50
Rossignol placé 29 50 11 »»
Courses à Saint-Ouen
Aujourd'hui Samedi 3 juin
A 2 heures
NOS FAVORIS
Prix de 1.1 Vienne. — Jongleur, iserapntnc.
Prix ili tAunis. — Sytv.un. Cloîtrée.
; Prix d.' la Corréze. — Hut.il, Irisée.
Prix du Gers. — Çorwood,,Newcastle.
Uri v l'ill l imousin. — Carau-d'Ache. Grelot.
STICK.
A L'Etranger
Politique
ta commission anglo-américaine a dû
s'ajourner encore en présence des difficul-
tés qui surgissent sans cesse pour la ques-
tion canadienne. Les diplomates se sont ef-
forcés do trouver des transactions,mais un
dillérend inconciliable s'était I)r.-, lait au su
des frontières de l'Alaska et du Canada ;
l'arbitrage se négociait à Londres, à Was-
hington, a Ottavia. Le Canada réclamait la
cession d'un port, tandis que les Américains
ndésignés la question diplomatique qui fai-
sait l'ohjet du litige. Il y eut donc une rup-
ture et la commission ne siégera plus.
L'alliance anglo-saxonne se trouve par con-
séquent menacée si l'accord entre les deux
puissances n'est pas rétabli au plus vite, et
tout porte à croiro qu'il y aura la guerre
prochainement.
Ce qu'il y a de plus étrange, c'est que les
Américains sont en train de mettre à La
Haye la dernière main à un projet d'arbi-
trage entre nations. Or, ce projet, très dé-
veloppé, traite, au fond, la thèse de l'arbi-
trage t-ur les bases énoncées par la Russie ;
il va mème jusqu'à définir le rôle d'un tri-
bunal permanent de conciliation interna-
tionale dans ses moindres détails. En con-
séquence, il y a lieu de s'étonner que les
propositions des Etats-Unis ne puissent
s'harmoniser avec celles de la Grande-
Bretagne.
MADEMOISELLE.
Choses de
l'enseignement
Le rapport de M. Evellin sur l'enseigne-
ment de la morale dans les écoles pri-
maires de l'Académie de Paris est repro-
duit et commenté dans la plupart des jour-
naux pédagogiques. Nos lecteurs en trou-
veront ci-dessous quelques extraits.
Quelques-uns estiment, peut-être, que
la question s'éternise dans la presse et
dans les conférences ; tel n'est pas notre
avis, les penseurs ne l'auront assez étudiée
Sue lorsqu'ils l'auront résolue, or les
euves rouleront sans doute, pendant des
siècles, leurs eaux vers la mer, avant que
le résultat ne soit obtenu : d'abord parce
3ue la morale est perfectible — puisqu elle
oit réaliser l'idéal qui est infini — ensuite
parce que trop de facteurs étrangers et
dissolvants détruisent l'œuvre à mesure
qu'elle s'édifie.
Il faut donc persévérer, il faut donc être
avides de lumières et déblayer le terrain
de tous les parti-pris, de toutes les ren-
gaines, à commencer par celle :de « l'école
sans Dieu » dont on a tant parlé depuis
quelques années que beaucoup ont fini par
y croire.
Admettons que ce monstre — que per-
sonne n'a jamais vu puisqu'il n'existe pas -
existe, et reportons-nous aux années qui
ont précédé cette nouveauté aussi diaboh
que pour les gens de mauvaise foi, quelle
est chimérique pour nous, reportons-nous,
par exemple, aux dernières années de l Em-
pire, et celte époque, j'ai fait un voyage
dans la dévote Bretagne, et,j affirme y avoir
vu en quinze jours, plus d ivrognes que je
n'en avais vu en quinze ans dans la grande
Babylone ; que, par conséquent, je fus spec-
tatrice de plus de rixes, j 'entendis plus de
cris de douleur et de rage que je n en avais
entendu et vu pendant cette période de
quinze années passées à Pans. J ai même le
souvenir vivant de scènes de sauvagerie
entre ivrognes, et j'ai quitté le pays, con-
vaincu que le dimanche n avait été inventé
par Moïse (car il ne faut pas oublier oue les
pauvres diables, surmenés - autrefois-
par des maîtres sans pitié, lui ont dû cette
invention philanthropique) que pour per-
mettre aux amateurs d'alcool de donner des
entorses à la loi de tempérance. J entends
même encore le curé de l 'endroit, a qui
j'exprimais mon douloureux étonnement
des habitudes d'ivrognerie de ses ouailles,
me répondre : « Ce n'est pas moi que cette
question regarde. C'est la police. »
Or, en ce temps-là, Dieu était dans toutes
les écoles, ii y était mème sous toutes
sortes de déguisements, dont quelques-uns
étaient peu propres à développer dans les
âmes le sentiment de la piété.
Ces affreux mécréants de républicains
l'ont respectueusement remis à sa vraie
place : dans l'Eglise, ils ont rendu 1 ensei-
gnement religieux à celui qui, seul, avait
qualité pour le donner, et, si je retournais
dans le charmant petit bourg breton dont
je parlais tout à l'heure... J'y retrouverais
à peu près le même nombre de pochards...
puisque le chiffre de la population est resté
quasiment stationnaire, la responsabilité
seule de cette situation lamentable se serait
déplacée : j'en entendrais accuser « 1 école
sans Dieu ».
Il faut cependant renoncer à se payer de
mots; il faut se servir de son bon sens et
se dire, entre autres choses, que même en
mettant les choses au pire, l 'école actuelle
ne peut être un centre de démoralisation,
puisqu'elle est plutôt positiviste. Or, je de-
mande à toute personne qui ne s est pas
laissé égarer par la passion, si un enseigne-
ment basé sur la recherche scientifique
des causes et des effets peut, en quoi que
soit, être subversif de la morale.
11 vaudrait mieux se convaincre — parce
que c'est la vérité — que lorsque 1 entant
quitte l'école à douze ans, il n'est encore
qu'un enfant, absolument ignorant de la
vie ; que les leçons de l'école n'ont pu I ar-
mer que contre ses passions d enfanL; et
que le devoir de la société est de continuer
oeuvre de l'école. C'est d'ailleurs ce que
nous tentons aujourd'hui, et avec un suc-
cès tout à fait réconfortant.
Certes, la démoralisation sous la forme
de l'alcoolisme surtout — exerce des rava-
ges effrayants. Mais quels sont donc parmi
ces malheureux qui encombrent les caba-
rets, ceux qui n'ont pas reçu du prêtre
l'instruction religieuse ? Quels sont ceux
qui n'ont pas fait leur première commu-
nion ? Il n'y en a pas un sur dix mille!
Et cependant nous n'accusons pas 1 'En-li--e
d'avoir poussé à l'alcoolisme!
Mais se vanter de ne point se montrer
odieusement injuste est vraiment puéril.
Revenons à l'école ; à sa bonne volonté in-
contestable, à ses erreurs de détail, et a ses
pires ennemis.
Sa bonne volonté, elle la prouve par le
soin qu'apporte le corps enseignant tout
! entier à meltre l'enseignement moral a la
, portée des écoliers,iL éviter le dogmatisme,
' à faire jaillir des consciences des solutions
vivantes que les livres trouvent rarement ;
à faire — malgré toutes les objections des
esprits utilitaires — aimer la bien pour sa
seule beauté. r .
« Nos enfants peuvent aimer, nos enfants
savent aimer, s'écrie M. Evellin, nous ne
demandons rien de plus, pour fonder une
morale vivante, et il ajoute : « Il ne s'agit
plus, comme autrefois de dresser le catalo-
gue des devoirs, de citer Aristote, de faire
retentir avec une solennité ennuyeuse de
grands mots stériles. il faut parler avec
tendresse et simplicité à des coeurs jeunes
et naïfs; il faut faire vibrer ces coeurs pour
la justice, et pour la bonté plus encore. La
morale scolaire doit être tout amour, comme
la morale de la vie! »
(f La jeunesse — c'est encore M. Evellin
qui dre parie, et qui parle d'or — doit appren-
re à distinguer C honneur vrai de V hônneu)-
faux, la solidarité bien entendue de l'esprit de
corps, le patriotisme généreux d'un fanatisme
qui le rendrait haïssable, le courage raisonné
et héroïque de la force qui s'exalte et de la
violence qui déshonore. »
Relisez ces lignes, je vous en prie, je les
ai soulignées exprès, et dites-moi — si vo-
tre esprit de droiture vous lepermet - par
quelles machinations menteuses on peut
raltacher de tels préceptes au relâchement
des mœurs, à la déloyauté, sans compter
aux progrès effrayants de l'alcolisme 1
Mais j'ai parlé « d'erreurs de détails ».
Elles peuvent presque se ramener à une
seule: l'exagération. Il faudrait ne parler
de morale qu'au bon moment ; il faudrait
se garder d'y revenir sans cesse. A mon
avis, les leçons devraient être rares eteour-
tes. L'air ambiant—celui de l'école, bien
entendu — ferait le reste.
Quant aux « ennemis » qui sapent l edi-
fice à mesure que l'école essaie de l'édifier,
ils pourraient a la rigueur ôtre réduits à
deux : la misère et la famille ; et l 'accusa-
tion paraît si grave en ce qui concerne la
famille qu'il faut donner des preuves, citer
des exemples.
Ils seront de deux ordres.
Nous essayons de donner aux enfants du
peuple le respect de soi, et quand il s'agit
des filles, on insiste toujours sur cette ma-
nifestation du respect de soi que l'on ap-
pelle la pudeur, (pourquoi îles garçons ne
doivent-ils pas connaître au même degré
cette délicatesse? Je ne l'ai jamais com-
pris).
Quoi qu'il en soit,visitez les logements de
la plupart des quartiers pauvres dans les
grandes villes, et les chaumières des
champs, et les lits clos de nos départements
de l'Ouest, et vous penserez avec moi que
si les êtres qui habitent ici et là entraient
dans nos vues, ils ne pourraient supporter
l'existence dans les conditions que la pau-
vreté leur impose.
La pauvreté, la vraie,est donc un ennemi
de notre enseignement moral.
A la famille, maintenant.
La campagne contre l'alcoolisme se pour-
suit avec une persévérance digne de toutes
nos sympathies; si elle avait un défaut, co
serait presque l'exagération, — car il faut
craindre de blesser ceux que l'on veut per-
suader. — Eh bien! que pouvons-nous, en
ce qui concerne l'écolier de6 à 12 ans,lors-
que la famille crée et entretient le vice
contre lequel tant de braves gens sont par-
tis en guerre ?
Voici deux exemples tout vus :
Un instituteur demande à un de ses eie-
ves chétif, jaunâtre, nerveux et souvent
puni pour ses incartades, s il a été content
des cadeaux qu'il a reçus pour sa Tête.
« Oh oui! M'sieur.
— Que t'a t-on donné?
— Un litre d'eau-de-vie!
— Un litre d'eau-de-vie! Qui te 1 a donne?,
— Un monsieur.
— Qu'en as-tu fait?
— Je l'ai bu..
— Tout seul?
— Oh! non! avec ma mère, ma sœur, et
celui qui me l'avait donné. (Puis s animant)
Ma mère boit l'alcool comme ça (par oeli-
tes gorgées) elle dit que ça la brûle; moi
j'avale tout d'un trait.
Que dire au pauvre petit? Que sa mère
est un monstre ?...
Tout récemment, dans une Ecole mater-
nelle (vous entendez bien; les enfants aux-
quels s'adressaient la maîtresse avaient de
4 à G ans) on fait une leçon de choses sur
le café, et l'on arrive à cetté question :
« Que met-on dans le café?
— Du sucre, répondent quelques en-
fants.-- De l'eau-de-vie, ajoutent les autres.
— Il ne faut pas mettre d'eau-de-vie dans
le café.
— Moi ! s'écrie un petiot, d'un air fier, je
ne la mets pas dans le café ; je la bois toute
seule dans ma tasse quand j'ai fini mon
café. >>
J'essayai Je surmonter mon émotion dou-
loureuse car je tenais à savoir la vérité :
Il Ah! tu bois l'eau-de-vie dans ta tasse;
est-ce qu'il y a d'autres enfants qui boivent
aussi l'eau-de-vie dans leur t&ssc?
Cinq petits bras se levèrent...
Mais regardez donc tout ce qui travaille
contre l'école! Quand vous aurez vu, vous
aurez encore plus de reconnaissance pour
elle, en même temps que plus de mépris
Dour ses calomniateurs.
PAULINE KERGOMARD.
TRIBUNE DU TRAVAIL
A propos de la loi sur les conseils
de prud'hommes
Tous les travailleurs, à quelques corpora-
tions qu'ils appartiennent, ne peuvent évi-
demment se désintéresser de tout ce qui
concerne le travail, tel que l'élaboration
des lois ouvrières parmi lesquelles se
trouve la loi sur les conseils de prud'hom-
mes.
Les travailleurs lyonnais, dans une réu-
nion tenue à la Bourse du Travail le
13 mai dernier, ont manifesté leur desi-
deratum en faveur du projet Dutreix
qui permettrait à tous les salariés de béné-
ficier de la juridiction de la prud'homie. Il
est bien évident que par tous les salariés
nous devons comprendre tous ceux qui
vivent du produit de leur travail, quel que
soit le sexe.
Ainsi plusieurs corporations très impor-
tantes de travailleurs hommes ne peuvent
bénéficier de la jurisprudence des Pru-
d'hommes, tels sont par exemple les em-
ployés de commerce et de bureaux, les
garçons de café, quantité de travailleurs
sans profession; naturellement la revendi-
cation est pour eux comme pour les fem-
mes.L'étant pour tous,hommes ou femmes,
il faudraitque les travailleurs soient incon-
séquent avec eux-mêmes, s'ils ne deman-
daient pas que cette égalité s'étende jusqu'à
l'électoral et l'éligibilité.
Paris, le 30 mai 1899.
Dans sa dernière réunion trîmestrielle, le syn-
dicat des coupeurs en cols-cravates a décidé de
convoquer les ouvrières confectionneuses de
leur partie, dans une réunion générale qui aura
lieu le dimanche 4 juin à 2 heures précises,
salle des conférences, Bourse du Travail, 3, rue
du Château d'Eau.
Syndicat des fleuristes.
Réunion mensuelle à la Bourse du travail
à 8 b. 112 du soir.
FAITS DIVERS
Lic succès du roman de Tristan Bernard.
Les Mémoires d'un jeune homme range gran-
dit de jour en jour. C'est un livre aussi
amusant que profond. ( Voir aux annonces).
MORT SUBITE.— M. Frédéric Noguès, pro-
fesseur, qui donnait, jeudi soir, une confé-
rence à la salle du Centenaire, rue des En-
trepreneurs, pour exposer un système
d'assurances contre les accidents du travail,
est mort subitement pendant qu'il parlait.
Un médecin a constaté que le défunt avait
succombé aux suites d'une alleclion cardia-
que. Le corps a été ramené dans ia famille,
boulevard de la Saussave, à Neuilly.
LES CYCLES sont vendus avec un premier
versement de 10 francs pour 100 francs, les
machines à coudre avec un premier versc-
mentde 3 francs à l'Administration Dufayel.
Exposition de motocycles. voiturettes, arti-
cles de sport, de jardinage, sellerie, carros-
serie, photographie. Seule maison dont 1 or-
ganisation permet de vendre uniformé-
ment bon marché. Envoi franco d 'embal-
lage dans toute la France quels que soient
le poids ou le volume. Demain de 9 h. 1K «
midi le cinématographe Lumière, les
rayons X, le téléphone haut parleur Dus-
saud et le Stentor. Exposition.
LES ARRESTATIONS. — Sur les nombreu-
ses arrestations faites hier dans la soirée,
cinquante-trois seulement ont été mainte-
nues. Les personnes arrêtées ont été con-
~ duites hier dans l'après-midi au Petit Par-
quet et après avoir été interrogées par M.
François, substitut, elles ont été mises en
liberté. Elles passeront devant le tribunal
de simple police sous la prévention de cris
séditieux et de tapage nocturne.
Départements
CHALON-Sl1R-SAONB. — Les mineurs tra-
vaillant dans la concession appartenant à
la Compagnie Schneider du Creusot, à
Monlchanin-les-Mincs. ont décidé hier la
grève générale.
LA FINANCE
L'arrestation tardive d'un bonnet à faux
poil d'une très haute couverture n'a aucu-
nement inlluencé les Boursiers, et pas du
tout arrêté l'Extérieure. En voilà une qui
court le grand prix ! qui tient la corde et
sert d'entraîneuse aux autres valeurs. On
annonce que la Reine doit signer le décret
permettant de payer le coupon... et de le
payer en or encore. Là dessus toutes les
tendances sont plus fermes.
Les Rentes françaises reprennent de
nouveau; le Perpétuel plus faible, au comp-
tant, gagne 18 cent. à terme, à 102 40;
l'Amortissable enregistre deux petits sous,
à terme, à 100 65 et le 3 1{2 progresse à
102 76, au comptant et à 102 97, à terme.
Donc l'Extérieure avance à 66 32, en béné-
fice de 67 c.; l'Italien monte de 96 45 à 96 50,
beau bénéfice, tandis que le Portugais en-
caisse 10 c. à 27 25. Peu de changements
sur les Brésiliens , le 4 010 finit à 66 25 et le
4 1j2à 68 25. Les Turcs consolident leurs
cours, notamment les séries; la B monte à
47 80. soit une hausse de 40; la C fait 27 40
et la D 23 47 contre 23 27. L'obligation
Douane encaisse un franc à 508, mais la
Priorité estcalme,à 190. Le Bulgare 5 OiO 1896
clôture à 427; les Russes restent absolu-
ment inactifs.
Les établissements de crédit redevien-
nent fermes. La Vieille Dame gagne 60, à
4.085; la Banque de Paris cote 1.132; le
Comptoir d'Escompte fait 61 î; le Lyonnais
vaut 965. Le Crédit foncier est plein d'en-
train à 744 ; la Banque internationale clô-
ture à 660 ; la Banque des valeurs indus-
trielles est en progres à 226 et la Négresse
se tient bien à 107.
Les affaires sont absentes du groupe des
Chemins de fer.
Quant aux Industrielles, elles gardent
purement bien et simplement leurs positions à
ien peu de choses près.
La Traction est demandée à312 et l'Oural-
Volga à 670.
Après avoir beaucoup discuté les Cuivres
on arrive à fermer au même point qu'hier.
I Dans le groupe des Mines d'Or quelques
Olus-values marquées sont à enregistrer.
TRIBOULETTE.
LE HOME
CAUSERIE
Pour ce qui est de talcool de Menthe de
Ricqlès, il provoque et entretien la respira-
tion, préserve des maladies épidémiques
et les amoindrit si elle sont déclarees ;
une ou deux cuillerées à café mises dans
une infusion de mauve, de bourrache, de
violette ou de sureau, bue chaude à petites
gorgées est d'un effet des plus salutaires.
Maintenant à table.
DINER POUR QUATRE PERSONNES
Potage gras printanier
Truite froide sauce verte
Poulet à la reine
Filet de bœuf gelée madère j
Asperges mousseline
Charlotte l1I5Se aux fraises
Cigarettes et langues de chat
2 assiettes à pied de fruits
2 de fours assortis
Sauterne, Merciirey, Saiut-Emilion
Bénédictine ile Fécamp.
GOURMANDISE.
Nouvelles Théâtrales
Ce soir, à 1 Opéra, Joseph, opéra en cinq actes,
d'Alexandre Duval, Musique de Méhul.
On commencera par Briséïs.
•
• •
La Comédie-Française donnera demain, eu
matinée, le Dépit amoureux et le Monde Otl ton
s'ennuie.
• •
A ajouter à la liste des matinées de demain.
la Poudre de Pertînpinpin au Ghàlclct,à 1 h. 314.
•
• •
Aujourd'hui à la Bodinière :
A 3 h. — Les « Œuvres de Mme Amélie Per-
ronnet ". Conférence de Mme Frédérique II u-
chcr. Auditions par Mlle Manche Laurianne.
A i h. lit. — Les Cantiques de volupté, confé-
rence de M. Julos Buis " la Première rencontre.»
poèmes dits par Mlle Blanche Dufrene.
» +
On avait annoncé la mise on répétition simul-
tanée du Roi d')f et de la Prise de Troie. Cette
nouvelle est inexacte, c'est le Lancelot de Victo-
rin Joiieii.Ires dont l'Op(n a s'occupe parallèle-
ment à la Prise de Troie.
. Déjà, pour ( es deux ouvrages, les décors smit
cornniandéset les chœurs sont en répétition. La
première prête de ces œuvres sera Q'abord re-
présentée.
• •
Au Conservatoire :
Voici les résultats des examens d'harmonie
qui ont eu lieu jeudi. Sont admis à concourir :
Hommes. — Classe de M l'espard : MM. Gou-
pil, Jouanncau, Hébrard, Milanakis, Mazcllicr,
Larmanjat.
Classe de M. Ton don : MM. Ladmirault, Ilou-
dière, Fauchet, Jourdain, Motte Lacroix, Phi-
lippe.
Classe de M. Lavign ic : MM. Fricntz. Grovlez,
Louis Masïou, Flament, Lazare Lévy, Victor Si- I
gneret. Crimail.
Classe de M. Leroux : MM. Wagner, Leclercq,
Gallais, Sorel, Gaubert, Philipp, aulnacret.
Femmes. — Classe de M. Chapuis : Mlles
Chené, Juliette, Toutain. Loutil, Sotard, Mar-
guerite Debric, Boulanger, Pair.
Ciasse de M. Samuel Rousseau : MIles Journal, -
Victorine Lhôte, Lucie Joutfroy, Abraham,
Meudt, Demarne, Berthe Deparis.
•
• »
¡'e théâtre de la République annonce pour
mercredi prochain, 7 juin. la première représen-
tation de : le Roi des Gascons, pièce nouvelle en
5 actes et G tableaux df> MM. Paul Fournier et
Rodolphe Cringer. dont voici la distribution :
MM Gilbert l)aleu, Henri IV; Hégnier, le duc
de Marevil; Darnoll, Cantalou: Guivaud, Hugues
(je Mcursault; Fabre, U"bain de Chantcmay:
Villa, Lambin ; Chalande, Brisemiche Fernand
Rosny ; Ferrai, Gaspard ; Vidal, Arsène; Large,
Frisquet; Bernav, Lalouclte. — Mmes Emma
Villars, Colette; l'raxine, Blanche d liscombcs ;
Lcmercier, La marquise.
I Les Deux Orpltclincs,dont le succès. ne s'est pas
démenti, n'auront donc plus que quelques re-
1 présentations.
j LA DAME DE L'ORCHESTRE.
SPECTACLES
du 3 Juin
8 11. »f». — (1p:::n.\. — Joseph. Brisais.
8 h. 1/2. — FRANÇAIS. — Le Torrent.
8 h. "Í Il, — Op¡::l:.\-COY.IQt.:E. — Cendrillon.
8 h. »/». — ODKHN — L'Amour quand même.
— Ma Dru.
8 h. 1,4. — THÈATIU: S.\R\!t BERMIANDT (NA-
TIOSS). — !!am!(t. — Prince de Da-
nemark.
8 h. ,,/.., — GYMSASH. — Clôture annuelle.
» h. pl", — VAI DEMLLK. — Amoureuse.
8 h. 1 i2. — THÉÂTRE ASTOISE. — La. Parisienne.
— Los Gaités dt t'Escadron.
8 h 1/2. — DÉJAZLT. — Joh-SpOtt i
,m h. 1/2. - HP'';AI.SS,ASCE. — Le duc de Ferrare.
8 b. Iii. — \'AntHTÈs. — Le Vieux Marcheur. 1
8 h. 1 4. — PALAI5-HoYAL. — Ménages pari-
i siens. — Le Maître d'école,
8 h. 114. — PORTE-SAINT-MARTIN. — Plus que
Heine.
8 h. 3/4. — CRIATOBT. — La Poudre de Perlin-
pinpin.
8 h. 1/2. — AMEICU. — La Légion étrangère.
8 h. 112. — GAITÉ. — Les 28 jours de Clairette.
8 h. "/-, — NOUVEAUTÉS. — La Dame de chez
Maxim.
8 h. 1,2. — FOLIKS-DRAMATIQUES. — Le Voyage
de Corbillon.
. b. "/P. — Bot KFKS-PAKISIE.SS. — Clôture an-
nuelle.
» h. "I". — Nouveau THÉÂTRE. — Relâche.
H Il. i/4. — Comédie PAHIKIKKNK. — Les Amantt
légitimes. — L'Anglais tel qu on le
parle.
8 h. 1/2. — THÉÂTRE DE LA RÉPUBLIQUE. — Lea
Deux Orphelines.
8 h. i/?. — C^u.vr. — La Culotte.
8 h. -/.. — BOUFFES DU NORD. — Victimes.
8 h. 1/t. — THÉÂTRE Mo-%cry. — Itelà( he.
8 h. 1/.1. — Tite-,ATitu MONTMARTRE. — Le Crime
de Jean MoreJ.
8 h. L/i. — THÉÂTRE t'HS BATICXOLLES. — L Ls-
pion du Hoi.
8 h. 1/4. — THÉÂTRE DE Gac?:EU,K. — Ruy Blas.
8 h. 1/4. — THÉÂTRE MO::-iTI'Alt:'\ASSB,- Le Petit
Gars. - a
8 h. t/4. — THÉÂTRE DES GOBT:jjn3.— Mme 1 ., Ar-
ch'duc. ' .
8 h. l/i. — THÉÂTRE DE BELLEVILI^:. — Paris la
nuit
CASIKO DE PAms. — Clôture annuelle.
9 h. 1/2. — FOLIES-BERGÈRE. — Les Grandes
courtisanes.
8 h. -I". — ELDORADO. — Spectacle-i' oncert., ■
8 h. 1/2. — SCALA. — Spectacle Concert.
PARISIA!CA. - Le Nouveau vieux Jeu.
8 h. 1/4. — EUROPÉEN. — Concert-Spectacle.
Il h. »/». — TIUANON. — La Mariée récalcitrante,
,V AGJ}.¡t!'J¡CDsCF.RT. - Spectacle-Concert
9 h. 1/2. — TRÉTEAU DK TABARIN. — La Jte\uc
chez la Portière.
BA-TA-C .AN. - Y a pas d'erreur.
LE DIVAX JAPONAIS — Tous tes^oirs.Il pleul de s
Auvergnats.
8 h. 1/4. — LE» CAPUCINES. — Silwic: Pauvra
JUrai: Artiste! Odette Dul.»c.
9 h aie. — LA CIGALE. — Ohé Vénus!
8 h. -1». — LEGUA.ND GUlGYOL. - Tous les a)tr:
Le Droit de tuer.
8 h. 1/8. — Mot-ti,.ç ROCOE. — TOU3 les «ire,
S pGCladeconcert-hal.
< h. 1/2. — P,)BERT IIOUDIN. - Illusions et at-
tractions nouvelles. — Matinées di-
manches, jeudis et fêtes, a 2 h. tf?.
MCStEQRtvIN. - - Le Crime deKremlm-Bicotrj.
FOLIES MARIGXY.— La Funt.un" tlt-s 1'1'11;0:, An-
gèle Héraud de Pibrac, les Dix frùr-s KrernScheherazade,danseuse ja\'anaifc, les Sch\vat,iz
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(23)
VOIE DOULOUREUSE
3 JUIN 1899
XIII
— Plus encore que vous ne le pensez,
répondit sans embarras et très sérieuse-
ment Jarnon, dans quelque temps vous
en aurez des nouvelles. Mais ce maître
peintre, pourquoi ne serait-ce pas vous?
— Impossible 1 J'ai mal aux yeux d 'a-
bord, et ensuite des travaux pressés pour
je ne sais combien de temps.
Il mentait, le malheureux; mais son
orgueil, sa dignité d'artiste ne lui per-
mettaient point d'avouer sa pénurie et
d'accepter un marché qu'il jugeait indi-
gne.
— Qui lui conseillez-vous?
— Je chercherai.
— C'est qu'elle est pressée. Les fem-
mes ne savent pas attendre. Quand pour-
rez-vous me renseigner? le plus promp- j
Icment possible, n'est-ce pas?
— Dans quarante-huit heures; mais
l'il faut à la baronne un artiste de ta-
lent, ayant acquis de la notoriété, elle
;aura ce que cela lui coûtera. Pourquoi j
[le va-t-elle pas tout bonnement dans un
itelier connu?
— Une telle proposition lui ferait jeter
des cris de paon. Elle préférera mille
rois payer un prix fou... et si vous reve-
niez sur votre refus...
— Jamais de la vie! s'écria étourdi-
ment Marchai.
Et craignant de s'être trop découvert,
et par sa rudessse de nuire à Brunier, il
continua avec plus de calme et de modé-
ration :
— Non, je vous l'ai dit, j ai des enga-
gements.
XIV
Héloïse Pernet, pseudo-baronne Isaure
de Ménil, habitait, avenue de Villiers, un
ravissant petit hôtel, contigu à celui de
Jarnon. On passait de l'un dans l'autre,
par une communication intérieure, eten
demeurant parfaitement indépendants,
on pouvait se voir à toute heure et sans
dérangement. Les relations d'amitié
plus ou moins platonique avaient,depuis
longtemps, remplacé entre les deux voi-
sins un caprice ou des sentiments plus
vifs, et l'on s'accordait à merveille.
Jarnon était le conseil et le protecteur
avoué et discret d'Isaure. Dès qu'il pou-
vait soupçonner qu'il gênait, il ne rep-tï
raissait point sans être appelé. Lorsqu'il
ne savait comment employer sa soirée,
il faisait demander à la baronne s'il lui
convenait de le recevoir, et si elle con-
sentait, il accourait en veston d'apparte-
ment. On causait alora, à cœur ouvert,
pendant deux ou trois heures, et les
propos croustillants, le récit des scan-
dales de la veille, la prévision de ceux du
lendemain, défrayaient la conversation.
Richissime, tétée par une foule de
courtisans, écrivains, journalistes, artis-
tes, hommes du monde et de la haute
finance qui se rencontraient chez elle,
Isaure, piquée de la tarentule qui at-
teint bon nombre de femmes, aspirait
à une notoriété universelle.
Indifférente aux arts, que sa nature
peu élevée ne lui permettait guère de
comprendre et d'apprécier, elle se po-
sait en connaisseuse enthousiaste, elle
voulait passer pour manier délicatement
les fins pinceaux d'aquarelliste, les bros-
ses du peintre, l'ébauchoirdu sculpteur.
Son ambition ne s'arrêtait point là,
c'était bien joli cependant, mais insuffi-
sant pour sa vanité folle ; elle aspirait par
dessus tout à la notoriété littéraire :
— Une plume exercée, disait-elle quel-
quefois pensive, est un véritable scep-
tre, le plus enviable de tous, et il me
manque.
Mal élevée, sans instruction première,
mais non sans intelligence, afin d'en im-
poser aux niais, elle s'était créé un cabi-
net de travail à faire envie au lettré le
plus délicat. Les revues, les journaux
abondaient chez elle; les chefs-d'œuvre
de la littérature française, classique et
romantique, les meilleures traductions
des écrivains étrangers, vêtus de splen-
dides reliures au chiffre I. M., surmonté
d'un tortil, reposaient, sans être déran-
gés jamais, sur les larges rayons de
somptueuses bibliothèques d'ébène, dans
ce cabinet, 0\1 la baronne qui ne soup-
çonnait point ce qu'est le travail, bar-
bouillait à ses moments Derdus des ra-
mes entières du plus beau papier de fil,
fabriqué à la Haye, d'élucubrations infor-
mes, incohérentes, absurdes, dénuées de
toute orthographe.
Malgré s& vanité et sa haute opinion
de soi-même, s'il lui arrivait de se relire,
elle s'avouait son incapacité littéraire,
entrait en de furieuses colères, se pro-
mettait d'apprendre la grammaire, et,
une demi-heure après, n'y pensait plus.
La veille du jour où Marchai avait
reçu de Jarnon l'annonce de la visite de
celui-ci, s'étant avisée que, si elle pou-
vait mettre la main sur un secrétaire in-
telligent, « il lui arrangerait cela », la
baronne pensa qu'il ne manque point de
gens de lettres pauvres et que Jarnon
lui trouverait l'homme indispensable.
Elle fit aussitôt prier son voisin de
passer chez elle, et, après l'avoir gour-
mandé de ne point s'être occupé encore
de lui chercher le professeur de peinture
qu'elle lui réclamait depuis longtemps,
elle lui déclara qu'il n'eut point à remet-
tre les pieds chez elle sans lui amener le
maître peintre, ainsi qu'un secrétaire as-
sez versé dans l'art d'écrire pour l'aider
de ses conseils et mettre sa prose en état
d'être imprimée.
— L'imagination ne me manque point,
dit-elle en manière de péroraison, la
forme seule me fait défaut, je veux l'ac-
quérir.
Jarnon ne fut nullement dupe de cette
façon de s'exprimer et comprit ce que
voulait Isaure; aussi prit-il la balle au
bond lorsque Marchai lui parla de Bru-
nier.
En quittant le peintre, il donna ordre
à son cocher de toucher à la banque
Trollet, où Marcel l'avait précédé de
quelques instants, et où l'accueil glacial
de M. Leboucher et les sourires nar-
quois des employés lui prouvèrent la
justesse de ses appréhensions.
Le méchant loustic de la bande, campé
devant lui, s'appliquait à mimer avec
deux règles croisées les mouvements
d'un violoniste et raclait avec frénésie,
en guise d'archet, et de la main droite,
une de ces règles contre celle qui, ap-
puyée contre l'épaule gauche, un peu au-
dessous du menton, simulait l'instru-
ment.
A ce spectacle, les autres commis se
pinçaient les lèvres pour ne point écla-
ter de rire, et M. Leboucber, subitement
indulgent, feignait d'être absorbé par le
calcul d'une formidable ligne de chiffres
et de ne rien voir, tandis que Brunier,
hors de lui, jouait le même jeu et se con-
tenait, résistant à l'envie d'appliquer une
correction effective au polisson.
Encouragé par la gaité muette de ses
collègues et par l'impunité, le mauvais
garnement se posta presque contre la
table de Marcel, en se livrant 'à des gri-
maces plus effrénées. Quand tout à coup
la porte s'ouvrit brusquement pour li-
vrer passage iL Jarnon, auquel un garçon
de bureau, avec mille témoignages de
respect désignait Brunier.
On rentra immédiatement dans l'ordre
et M. Lcbouchcr, ôtant sa calotte de ve-
lours noir, s'avança avec déférence au-
devant de Jarnon, qu'il connaissait de
vue :
— Vous désirez parler à M. Trollet.
M. Jarnon ? dit-il obséquieusement, per-
mettez-moi d'avoir l'honneur de vous
introduire dans son cabinet.
— Pas du tout, pas du tout, monsieur,
ne vous dérangez pas, répondit avec une
froideur hautaine Jarnon ennuyé de
tant de prévenances, je vous enlève sim-
plement M. Brunier, que j'emmf' ne dé-
jeuner avec moi. S'il ne revient pas de la
journée, c'est que je l'aurai retenu, et
s'il ne reparaît plus, c'est qu'il aura ac-
cepté ce que je vais lui proposer.
Et, sans plus d'explications, sans s'ex-
cuser de soustraire le jeune homme à
son travail, il continua d'un ton tout
autre, enjoué, presque caresssant :
— Allons, M. Brunier, venez. Ma voi-
ture nous attend. Nous causerons entre
la poire et le fromage.
Marcel était largement vengé. Ses col-
lègues stupéfiés, l'examinaient avec e.Ta-
rement. Il prenait, à leurs yeux, les pro-
portions d'un personnage. Il se Ic\Oa, ten-
dit la main à Dabert qui la lui serra en
ami, et le front haut, sans prononcer une
parole, sans daigner jeter un regard sur
ses persécuteurs, il suivit le puissant ca-
pitaliste.
— Cc Brunier, lié avec M. Jarnon!
murmurait dans un étonnement stupide
l'agent principal, qui l'aurait cru, c'est
inconcevable !
— Vrai, c'est épatant! dit 1L demi-voix 1
en se grattant l'oreille le tousUc.Ah !ben,
si j'avais su...
— Tu t'es mis dans de beaux draps,
répliqua un des eommis, il va, « pour
sûr » te faire casser aux gages par lu
patron.
— Aussi vous m'avez pousse, fallait
pas rire, tiens.
— Silence, messieurs ! s'écria d'une
voix tonnante M. Leboucher.
Et il continua, sous forme de mono-
logue :
— n faut que j'aie l'honneur d'infor-
mer M. Trollel
Puis, d'un pas hâtif, l'allure alTairéc, il
passa dans le cabinet du banquier.
C. D'AMBRE.
(Lasuite à demain.)
: - . \
t- * Mmes G. Dargy et Aline ha....
2- Mme Lemoine-Puget.
i** tour fait ea 6 m. 6 a. 215.
Défilé automobile fleuri
C est en somme le ClOU ae ta ion mew.
Tons les théâtres y sont représentes. Après
s'être un peu fait désirer, voici enfin les
voitures oui arrivent, précédées par Mme
Alice Dcbray. de la Comédie-Française, ou-
vrant la marche sur une bicyclette fleurie
de bluets et de marguerites.
L'Opéra vient ensuite dans deux breaks
carnis Sircde, de roses rouges avec Mmes Morlaix,
irède, Meunier, Guillemin, Souplet, Mante,
Polly, Melzer, Vinchelin, Alice Gillet.
L'Ùdéon, une victoria électrique, toute
parée de roses blanches et bluets ; à 1 in-
térieur, Mmes Mylo d'Arcylle, Jeanne Kesly,
Vanne, Béryl, Page, Froment, Chapelas,
Grimbacb.
Puis viennent les Variétés, les Nouveau-
tés. Décoré délicieusement, un mail-
coach du dernier smart pour Déjazet.
De charmantes voilurelles Decauville éga-
lement fort bien décorées sont aussi très
admiréc!.
Des bannières sont distribuées par la
charmante Rachel Boyer,de la Comédie
Française et Mme Jeanne Granier. Au mo-
ment de la distribution un incident qui a
causé plus d'émotion que do mal est venu
interrompre la gaieté et l'entrain de la
bataille de fleurs.
Une sociable,deux bicyclettes accouplées,
avec le père, la mère,un jeune enfant entre
eux deux et, derrière, une petite fille, sont
tamponnées et poussées par une énorme voi-
ture automobile que le conducteur ne peut
arrêter aux cris poussés par la panvre pe-
tite fille et par les parents épouvantés; ^ les
spectateurs se précipitentpourreculer l'au-
tomobile, et toute la famille est retirée de
sa dangereuse situation sans aucun mal,
heureusement.
îjt bataille commence alors, elle est des
plus animas. Les spectateurs s'acharnent
aux voitures qui répondent avec le mème
entrain.
Enfin vers 6 heures,peu à peu les tribunes
se vident, spectateurs et chauffeurs se ré-
pandent dans les allées du Bois; mais une
grande partie se dirige aux Ch&!ctsdu Cycle
pour y festoyer gaiement. Un bal cham-
pêtre qui a duré jusqu'à une heure avancée
de la nuit a clôturé cette fète magnifique
qu'on peut appeler le triomphe de 1 auto-
mobile.
RENÉS DE VÉRIANE
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Résultats du pari mutuel
Vendredi 2 juin
Chevaux f^l-
10 5.
Abyssinie Panant 180 »- 69 50
- place 57 •» 22 ».
La Mn:-:Ïtlue placé 27». 16 50
Daïmis placé 6'J 50 31 ..
Hulotte gagnant 1'3 -- 10 ».
Hulotte placé 1?
Zouzou Placé 20 8 u
Haut-Nil gagnant 21 »» 10 ».
placé 1* 50 7 »»
Gardénia II placé 45 « 19 .»
Mazeppa saunant 121 50 43 ..
- place 44 aw 18 50
Marinier placé 111 30 50
Barbanégre II placé 38 50 18 50
Herse gagnant 26 .- 12 50
Hersé place 15 50 9 »»
Irkoust gagnant 24 ^ 13 50
ismène pagnant 128 50 79 «»
lmttne place 38 50 28 »»
Souris Il P lacé 20 50 41 50
Rossignol placé 29 50 11 »»
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Aujourd'hui Samedi 3 juin
A 2 heures
NOS FAVORIS
Prix de 1.1 Vienne. — Jongleur, iserapntnc.
Prix ili tAunis. — Sytv.un. Cloîtrée.
; Prix d.' la Corréze. — Hut.il, Irisée.
Prix du Gers. — Çorwood,,Newcastle.
Uri v l'ill l imousin. — Carau-d'Ache. Grelot.
STICK.
A L'Etranger
Politique
ta commission anglo-américaine a dû
s'ajourner encore en présence des difficul-
tés qui surgissent sans cesse pour la ques-
tion canadienne. Les diplomates se sont ef-
forcés do trouver des transactions,mais un
dillérend inconciliable s'était I)r.-, lait au su
des frontières de l'Alaska et du Canada ;
l'arbitrage se négociait à Londres, à Was-
hington, a Ottavia. Le Canada réclamait la
cession d'un port, tandis que les Américains
ndésignés la question diplomatique qui fai-
sait l'ohjet du litige. Il y eut donc une rup-
ture et la commission ne siégera plus.
L'alliance anglo-saxonne se trouve par con-
séquent menacée si l'accord entre les deux
puissances n'est pas rétabli au plus vite, et
tout porte à croiro qu'il y aura la guerre
prochainement.
Ce qu'il y a de plus étrange, c'est que les
Américains sont en train de mettre à La
Haye la dernière main à un projet d'arbi-
trage entre nations. Or, ce projet, très dé-
veloppé, traite, au fond, la thèse de l'arbi-
trage t-ur les bases énoncées par la Russie ;
il va mème jusqu'à définir le rôle d'un tri-
bunal permanent de conciliation interna-
tionale dans ses moindres détails. En con-
séquence, il y a lieu de s'étonner que les
propositions des Etats-Unis ne puissent
s'harmoniser avec celles de la Grande-
Bretagne.
MADEMOISELLE.
Choses de
l'enseignement
Le rapport de M. Evellin sur l'enseigne-
ment de la morale dans les écoles pri-
maires de l'Académie de Paris est repro-
duit et commenté dans la plupart des jour-
naux pédagogiques. Nos lecteurs en trou-
veront ci-dessous quelques extraits.
Quelques-uns estiment, peut-être, que
la question s'éternise dans la presse et
dans les conférences ; tel n'est pas notre
avis, les penseurs ne l'auront assez étudiée
Sue lorsqu'ils l'auront résolue, or les
euves rouleront sans doute, pendant des
siècles, leurs eaux vers la mer, avant que
le résultat ne soit obtenu : d'abord parce
3ue la morale est perfectible — puisqu elle
oit réaliser l'idéal qui est infini — ensuite
parce que trop de facteurs étrangers et
dissolvants détruisent l'œuvre à mesure
qu'elle s'édifie.
Il faut donc persévérer, il faut donc être
avides de lumières et déblayer le terrain
de tous les parti-pris, de toutes les ren-
gaines, à commencer par celle :de « l'école
sans Dieu » dont on a tant parlé depuis
quelques années que beaucoup ont fini par
y croire.
Admettons que ce monstre — que per-
sonne n'a jamais vu puisqu'il n'existe pas -
existe, et reportons-nous aux années qui
ont précédé cette nouveauté aussi diaboh
que pour les gens de mauvaise foi, quelle
est chimérique pour nous, reportons-nous,
par exemple, aux dernières années de l Em-
pire, et celte époque, j'ai fait un voyage
dans la dévote Bretagne, et,j affirme y avoir
vu en quinze jours, plus d ivrognes que je
n'en avais vu en quinze ans dans la grande
Babylone ; que, par conséquent, je fus spec-
tatrice de plus de rixes, j 'entendis plus de
cris de douleur et de rage que je n en avais
entendu et vu pendant cette période de
quinze années passées à Pans. J ai même le
souvenir vivant de scènes de sauvagerie
entre ivrognes, et j'ai quitté le pays, con-
vaincu que le dimanche n avait été inventé
par Moïse (car il ne faut pas oublier oue les
pauvres diables, surmenés - autrefois-
par des maîtres sans pitié, lui ont dû cette
invention philanthropique) que pour per-
mettre aux amateurs d'alcool de donner des
entorses à la loi de tempérance. J entends
même encore le curé de l 'endroit, a qui
j'exprimais mon douloureux étonnement
des habitudes d'ivrognerie de ses ouailles,
me répondre : « Ce n'est pas moi que cette
question regarde. C'est la police. »
Or, en ce temps-là, Dieu était dans toutes
les écoles, ii y était mème sous toutes
sortes de déguisements, dont quelques-uns
étaient peu propres à développer dans les
âmes le sentiment de la piété.
Ces affreux mécréants de républicains
l'ont respectueusement remis à sa vraie
place : dans l'Eglise, ils ont rendu 1 ensei-
gnement religieux à celui qui, seul, avait
qualité pour le donner, et, si je retournais
dans le charmant petit bourg breton dont
je parlais tout à l'heure... J'y retrouverais
à peu près le même nombre de pochards...
puisque le chiffre de la population est resté
quasiment stationnaire, la responsabilité
seule de cette situation lamentable se serait
déplacée : j'en entendrais accuser « 1 école
sans Dieu ».
Il faut cependant renoncer à se payer de
mots; il faut se servir de son bon sens et
se dire, entre autres choses, que même en
mettant les choses au pire, l 'école actuelle
ne peut être un centre de démoralisation,
puisqu'elle est plutôt positiviste. Or, je de-
mande à toute personne qui ne s est pas
laissé égarer par la passion, si un enseigne-
ment basé sur la recherche scientifique
des causes et des effets peut, en quoi que
soit, être subversif de la morale.
11 vaudrait mieux se convaincre — parce
que c'est la vérité — que lorsque 1 entant
quitte l'école à douze ans, il n'est encore
qu'un enfant, absolument ignorant de la
vie ; que les leçons de l'école n'ont pu I ar-
mer que contre ses passions d enfanL; et
que le devoir de la société est de continuer
oeuvre de l'école. C'est d'ailleurs ce que
nous tentons aujourd'hui, et avec un suc-
cès tout à fait réconfortant.
Certes, la démoralisation sous la forme
de l'alcoolisme surtout — exerce des rava-
ges effrayants. Mais quels sont donc parmi
ces malheureux qui encombrent les caba-
rets, ceux qui n'ont pas reçu du prêtre
l'instruction religieuse ? Quels sont ceux
qui n'ont pas fait leur première commu-
nion ? Il n'y en a pas un sur dix mille!
Et cependant nous n'accusons pas 1 'En-li--e
d'avoir poussé à l'alcoolisme!
Mais se vanter de ne point se montrer
odieusement injuste est vraiment puéril.
Revenons à l'école ; à sa bonne volonté in-
contestable, à ses erreurs de détail, et a ses
pires ennemis.
Sa bonne volonté, elle la prouve par le
soin qu'apporte le corps enseignant tout
! entier à meltre l'enseignement moral a la
, portée des écoliers,iL éviter le dogmatisme,
' à faire jaillir des consciences des solutions
vivantes que les livres trouvent rarement ;
à faire — malgré toutes les objections des
esprits utilitaires — aimer la bien pour sa
seule beauté. r .
« Nos enfants peuvent aimer, nos enfants
savent aimer, s'écrie M. Evellin, nous ne
demandons rien de plus, pour fonder une
morale vivante, et il ajoute : « Il ne s'agit
plus, comme autrefois de dresser le catalo-
gue des devoirs, de citer Aristote, de faire
retentir avec une solennité ennuyeuse de
grands mots stériles. il faut parler avec
tendresse et simplicité à des coeurs jeunes
et naïfs; il faut faire vibrer ces coeurs pour
la justice, et pour la bonté plus encore. La
morale scolaire doit être tout amour, comme
la morale de la vie! »
(f La jeunesse — c'est encore M. Evellin
qui dre parie, et qui parle d'or — doit appren-
re à distinguer C honneur vrai de V hônneu)-
faux, la solidarité bien entendue de l'esprit de
corps, le patriotisme généreux d'un fanatisme
qui le rendrait haïssable, le courage raisonné
et héroïque de la force qui s'exalte et de la
violence qui déshonore. »
Relisez ces lignes, je vous en prie, je les
ai soulignées exprès, et dites-moi — si vo-
tre esprit de droiture vous lepermet - par
quelles machinations menteuses on peut
raltacher de tels préceptes au relâchement
des mœurs, à la déloyauté, sans compter
aux progrès effrayants de l'alcolisme 1
Mais j'ai parlé « d'erreurs de détails ».
Elles peuvent presque se ramener à une
seule: l'exagération. Il faudrait ne parler
de morale qu'au bon moment ; il faudrait
se garder d'y revenir sans cesse. A mon
avis, les leçons devraient être rares eteour-
tes. L'air ambiant—celui de l'école, bien
entendu — ferait le reste.
Quant aux « ennemis » qui sapent l edi-
fice à mesure que l'école essaie de l'édifier,
ils pourraient a la rigueur ôtre réduits à
deux : la misère et la famille ; et l 'accusa-
tion paraît si grave en ce qui concerne la
famille qu'il faut donner des preuves, citer
des exemples.
Ils seront de deux ordres.
Nous essayons de donner aux enfants du
peuple le respect de soi, et quand il s'agit
des filles, on insiste toujours sur cette ma-
nifestation du respect de soi que l'on ap-
pelle la pudeur, (pourquoi îles garçons ne
doivent-ils pas connaître au même degré
cette délicatesse? Je ne l'ai jamais com-
pris).
Quoi qu'il en soit,visitez les logements de
la plupart des quartiers pauvres dans les
grandes villes, et les chaumières des
champs, et les lits clos de nos départements
de l'Ouest, et vous penserez avec moi que
si les êtres qui habitent ici et là entraient
dans nos vues, ils ne pourraient supporter
l'existence dans les conditions que la pau-
vreté leur impose.
La pauvreté, la vraie,est donc un ennemi
de notre enseignement moral.
A la famille, maintenant.
La campagne contre l'alcoolisme se pour-
suit avec une persévérance digne de toutes
nos sympathies; si elle avait un défaut, co
serait presque l'exagération, — car il faut
craindre de blesser ceux que l'on veut per-
suader. — Eh bien! que pouvons-nous, en
ce qui concerne l'écolier de6 à 12 ans,lors-
que la famille crée et entretient le vice
contre lequel tant de braves gens sont par-
tis en guerre ?
Voici deux exemples tout vus :
Un instituteur demande à un de ses eie-
ves chétif, jaunâtre, nerveux et souvent
puni pour ses incartades, s il a été content
des cadeaux qu'il a reçus pour sa Tête.
« Oh oui! M'sieur.
— Que t'a t-on donné?
— Un litre d'eau-de-vie!
— Un litre d'eau-de-vie! Qui te 1 a donne?,
— Un monsieur.
— Qu'en as-tu fait?
— Je l'ai bu..
— Tout seul?
— Oh! non! avec ma mère, ma sœur, et
celui qui me l'avait donné. (Puis s animant)
Ma mère boit l'alcool comme ça (par oeli-
tes gorgées) elle dit que ça la brûle; moi
j'avale tout d'un trait.
Que dire au pauvre petit? Que sa mère
est un monstre ?...
Tout récemment, dans une Ecole mater-
nelle (vous entendez bien; les enfants aux-
quels s'adressaient la maîtresse avaient de
4 à G ans) on fait une leçon de choses sur
le café, et l'on arrive à cetté question :
« Que met-on dans le café?
— Du sucre, répondent quelques en-
fants.-- De l'eau-de-vie, ajoutent les autres.
— Il ne faut pas mettre d'eau-de-vie dans
le café.
— Moi ! s'écrie un petiot, d'un air fier, je
ne la mets pas dans le café ; je la bois toute
seule dans ma tasse quand j'ai fini mon
café. >>
J'essayai Je surmonter mon émotion dou-
loureuse car je tenais à savoir la vérité :
Il Ah! tu bois l'eau-de-vie dans ta tasse;
est-ce qu'il y a d'autres enfants qui boivent
aussi l'eau-de-vie dans leur t&ssc?
Cinq petits bras se levèrent...
Mais regardez donc tout ce qui travaille
contre l'école! Quand vous aurez vu, vous
aurez encore plus de reconnaissance pour
elle, en même temps que plus de mépris
Dour ses calomniateurs.
PAULINE KERGOMARD.
TRIBUNE DU TRAVAIL
A propos de la loi sur les conseils
de prud'hommes
Tous les travailleurs, à quelques corpora-
tions qu'ils appartiennent, ne peuvent évi-
demment se désintéresser de tout ce qui
concerne le travail, tel que l'élaboration
des lois ouvrières parmi lesquelles se
trouve la loi sur les conseils de prud'hom-
mes.
Les travailleurs lyonnais, dans une réu-
nion tenue à la Bourse du Travail le
13 mai dernier, ont manifesté leur desi-
deratum en faveur du projet Dutreix
qui permettrait à tous les salariés de béné-
ficier de la juridiction de la prud'homie. Il
est bien évident que par tous les salariés
nous devons comprendre tous ceux qui
vivent du produit de leur travail, quel que
soit le sexe.
Ainsi plusieurs corporations très impor-
tantes de travailleurs hommes ne peuvent
bénéficier de la jurisprudence des Pru-
d'hommes, tels sont par exemple les em-
ployés de commerce et de bureaux, les
garçons de café, quantité de travailleurs
sans profession; naturellement la revendi-
cation est pour eux comme pour les fem-
mes.L'étant pour tous,hommes ou femmes,
il faudraitque les travailleurs soient incon-
séquent avec eux-mêmes, s'ils ne deman-
daient pas que cette égalité s'étende jusqu'à
l'électoral et l'éligibilité.
Paris, le 30 mai 1899.
Dans sa dernière réunion trîmestrielle, le syn-
dicat des coupeurs en cols-cravates a décidé de
convoquer les ouvrières confectionneuses de
leur partie, dans une réunion générale qui aura
lieu le dimanche 4 juin à 2 heures précises,
salle des conférences, Bourse du Travail, 3, rue
du Château d'Eau.
Syndicat des fleuristes.
Réunion mensuelle à la Bourse du travail
à 8 b. 112 du soir.
FAITS DIVERS
Lic succès du roman de Tristan Bernard.
Les Mémoires d'un jeune homme range gran-
dit de jour en jour. C'est un livre aussi
amusant que profond. ( Voir aux annonces).
MORT SUBITE.— M. Frédéric Noguès, pro-
fesseur, qui donnait, jeudi soir, une confé-
rence à la salle du Centenaire, rue des En-
trepreneurs, pour exposer un système
d'assurances contre les accidents du travail,
est mort subitement pendant qu'il parlait.
Un médecin a constaté que le défunt avait
succombé aux suites d'une alleclion cardia-
que. Le corps a été ramené dans ia famille,
boulevard de la Saussave, à Neuilly.
LES CYCLES sont vendus avec un premier
versement de 10 francs pour 100 francs, les
machines à coudre avec un premier versc-
mentde 3 francs à l'Administration Dufayel.
Exposition de motocycles. voiturettes, arti-
cles de sport, de jardinage, sellerie, carros-
serie, photographie. Seule maison dont 1 or-
ganisation permet de vendre uniformé-
ment bon marché. Envoi franco d 'embal-
lage dans toute la France quels que soient
le poids ou le volume. Demain de 9 h. 1K «
midi le cinématographe Lumière, les
rayons X, le téléphone haut parleur Dus-
saud et le Stentor. Exposition.
LES ARRESTATIONS. — Sur les nombreu-
ses arrestations faites hier dans la soirée,
cinquante-trois seulement ont été mainte-
nues. Les personnes arrêtées ont été con-
~ duites hier dans l'après-midi au Petit Par-
quet et après avoir été interrogées par M.
François, substitut, elles ont été mises en
liberté. Elles passeront devant le tribunal
de simple police sous la prévention de cris
séditieux et de tapage nocturne.
Départements
CHALON-Sl1R-SAONB. — Les mineurs tra-
vaillant dans la concession appartenant à
la Compagnie Schneider du Creusot, à
Monlchanin-les-Mincs. ont décidé hier la
grève générale.
LA FINANCE
L'arrestation tardive d'un bonnet à faux
poil d'une très haute couverture n'a aucu-
nement inlluencé les Boursiers, et pas du
tout arrêté l'Extérieure. En voilà une qui
court le grand prix ! qui tient la corde et
sert d'entraîneuse aux autres valeurs. On
annonce que la Reine doit signer le décret
permettant de payer le coupon... et de le
payer en or encore. Là dessus toutes les
tendances sont plus fermes.
Les Rentes françaises reprennent de
nouveau; le Perpétuel plus faible, au comp-
tant, gagne 18 cent. à terme, à 102 40;
l'Amortissable enregistre deux petits sous,
à terme, à 100 65 et le 3 1{2 progresse à
102 76, au comptant et à 102 97, à terme.
Donc l'Extérieure avance à 66 32, en béné-
fice de 67 c.; l'Italien monte de 96 45 à 96 50,
beau bénéfice, tandis que le Portugais en-
caisse 10 c. à 27 25. Peu de changements
sur les Brésiliens , le 4 010 finit à 66 25 et le
4 1j2à 68 25. Les Turcs consolident leurs
cours, notamment les séries; la B monte à
47 80. soit une hausse de 40; la C fait 27 40
et la D 23 47 contre 23 27. L'obligation
Douane encaisse un franc à 508, mais la
Priorité estcalme,à 190. Le Bulgare 5 OiO 1896
clôture à 427; les Russes restent absolu-
ment inactifs.
Les établissements de crédit redevien-
nent fermes. La Vieille Dame gagne 60, à
4.085; la Banque de Paris cote 1.132; le
Comptoir d'Escompte fait 61 î; le Lyonnais
vaut 965. Le Crédit foncier est plein d'en-
train à 744 ; la Banque internationale clô-
ture à 660 ; la Banque des valeurs indus-
trielles est en progres à 226 et la Négresse
se tient bien à 107.
Les affaires sont absentes du groupe des
Chemins de fer.
Quant aux Industrielles, elles gardent
purement bien et simplement leurs positions à
ien peu de choses près.
La Traction est demandée à312 et l'Oural-
Volga à 670.
Après avoir beaucoup discuté les Cuivres
on arrive à fermer au même point qu'hier.
I Dans le groupe des Mines d'Or quelques
Olus-values marquées sont à enregistrer.
TRIBOULETTE.
LE HOME
CAUSERIE
Pour ce qui est de talcool de Menthe de
Ricqlès, il provoque et entretien la respira-
tion, préserve des maladies épidémiques
et les amoindrit si elle sont déclarees ;
une ou deux cuillerées à café mises dans
une infusion de mauve, de bourrache, de
violette ou de sureau, bue chaude à petites
gorgées est d'un effet des plus salutaires.
Maintenant à table.
DINER POUR QUATRE PERSONNES
Potage gras printanier
Truite froide sauce verte
Poulet à la reine
Filet de bœuf gelée madère j
Asperges mousseline
Charlotte l1I5Se aux fraises
Cigarettes et langues de chat
2 assiettes à pied de fruits
2 de fours assortis
Sauterne, Merciirey, Saiut-Emilion
Bénédictine ile Fécamp.
GOURMANDISE.
Nouvelles Théâtrales
Ce soir, à 1 Opéra, Joseph, opéra en cinq actes,
d'Alexandre Duval, Musique de Méhul.
On commencera par Briséïs.
•
• •
La Comédie-Française donnera demain, eu
matinée, le Dépit amoureux et le Monde Otl ton
s'ennuie.
• •
A ajouter à la liste des matinées de demain.
la Poudre de Pertînpinpin au Ghàlclct,à 1 h. 314.
•
• •
Aujourd'hui à la Bodinière :
A 3 h. — Les « Œuvres de Mme Amélie Per-
ronnet ". Conférence de Mme Frédérique II u-
chcr. Auditions par Mlle Manche Laurianne.
A i h. lit. — Les Cantiques de volupté, confé-
rence de M. Julos Buis " la Première rencontre.»
poèmes dits par Mlle Blanche Dufrene.
» +
On avait annoncé la mise on répétition simul-
tanée du Roi d')f et de la Prise de Troie. Cette
nouvelle est inexacte, c'est le Lancelot de Victo-
rin Joiieii.Ires dont l'Op(n a s'occupe parallèle-
ment à la Prise de Troie.
. Déjà, pour ( es deux ouvrages, les décors smit
cornniandéset les chœurs sont en répétition. La
première prête de ces œuvres sera Q'abord re-
présentée.
• •
Au Conservatoire :
Voici les résultats des examens d'harmonie
qui ont eu lieu jeudi. Sont admis à concourir :
Hommes. — Classe de M l'espard : MM. Gou-
pil, Jouanncau, Hébrard, Milanakis, Mazcllicr,
Larmanjat.
Classe de M. Ton don : MM. Ladmirault, Ilou-
dière, Fauchet, Jourdain, Motte Lacroix, Phi-
lippe.
Classe de M. Lavign ic : MM. Fricntz. Grovlez,
Louis Masïou, Flament, Lazare Lévy, Victor Si- I
gneret. Crimail.
Classe de M. Leroux : MM. Wagner, Leclercq,
Gallais, Sorel, Gaubert, Philipp, aulnacret.
Femmes. — Classe de M. Chapuis : Mlles
Chené, Juliette, Toutain. Loutil, Sotard, Mar-
guerite Debric, Boulanger, Pair.
Ciasse de M. Samuel Rousseau : MIles Journal, -
Victorine Lhôte, Lucie Joutfroy, Abraham,
Meudt, Demarne, Berthe Deparis.
•
• »
¡'e théâtre de la République annonce pour
mercredi prochain, 7 juin. la première représen-
tation de : le Roi des Gascons, pièce nouvelle en
5 actes et G tableaux df> MM. Paul Fournier et
Rodolphe Cringer. dont voici la distribution :
MM Gilbert l)aleu, Henri IV; Hégnier, le duc
de Marevil; Darnoll, Cantalou: Guivaud, Hugues
(je Mcursault; Fabre, U"bain de Chantcmay:
Villa, Lambin ; Chalande, Brisemiche Fernand
Rosny ; Ferrai, Gaspard ; Vidal, Arsène; Large,
Frisquet; Bernav, Lalouclte. — Mmes Emma
Villars, Colette; l'raxine, Blanche d liscombcs ;
Lcmercier, La marquise.
I Les Deux Orpltclincs,dont le succès. ne s'est pas
démenti, n'auront donc plus que quelques re-
1 présentations.
j LA DAME DE L'ORCHESTRE.
SPECTACLES
du 3 Juin
8 11. »f». — (1p:::n.\. — Joseph. Brisais.
8 h. 1/2. — FRANÇAIS. — Le Torrent.
8 h. "Í Il, — Op¡::l:.\-COY.IQt.:E. — Cendrillon.
8 h. »/». — ODKHN — L'Amour quand même.
— Ma Dru.
8 h. 1,4. — THÈATIU: S.\R\!t BERMIANDT (NA-
TIOSS). — !!am!(t. — Prince de Da-
nemark.
8 h. ,,/.., — GYMSASH. — Clôture annuelle.
» h. pl", — VAI DEMLLK. — Amoureuse.
8 h. 1 i2. — THÉÂTRE ASTOISE. — La. Parisienne.
— Los Gaités dt t'Escadron.
8 h 1/2. — DÉJAZLT. — Joh-SpOtt i
,m h. 1/2. - HP'';AI.SS,ASCE. — Le duc de Ferrare.
8 b. Iii. — \'AntHTÈs. — Le Vieux Marcheur. 1
8 h. 1 4. — PALAI5-HoYAL. — Ménages pari-
i siens. — Le Maître d'école,
8 h. 114. — PORTE-SAINT-MARTIN. — Plus que
Heine.
8 h. 3/4. — CRIATOBT. — La Poudre de Perlin-
pinpin.
8 h. 1/2. — AMEICU. — La Légion étrangère.
8 h. 112. — GAITÉ. — Les 28 jours de Clairette.
8 h. "/-, — NOUVEAUTÉS. — La Dame de chez
Maxim.
8 h. 1,2. — FOLIKS-DRAMATIQUES. — Le Voyage
de Corbillon.
. b. "/P. — Bot KFKS-PAKISIE.SS. — Clôture an-
nuelle.
» h. "I". — Nouveau THÉÂTRE. — Relâche.
H Il. i/4. — Comédie PAHIKIKKNK. — Les Amantt
légitimes. — L'Anglais tel qu on le
parle.
8 h. 1/2. — THÉÂTRE DE LA RÉPUBLIQUE. — Lea
Deux Orphelines.
8 h. i/?. — C^u.vr. — La Culotte.
8 h. -/.. — BOUFFES DU NORD. — Victimes.
8 h. 1/t. — THÉÂTRE Mo-%cry. — Itelà( he.
8 h. 1/.1. — Tite-,ATitu MONTMARTRE. — Le Crime
de Jean MoreJ.
8 h. L/i. — THÉÂTRE t'HS BATICXOLLES. — L Ls-
pion du Hoi.
8 h. 1/4. — THÉÂTRE DE Gac?:EU,K. — Ruy Blas.
8 h. 1/4. — THÉÂTRE MO::-iTI'Alt:'\ASSB,- Le Petit
Gars. - a
8 h. t/4. — THÉÂTRE DES GOBT:jjn3.— Mme 1 ., Ar-
ch'duc. ' .
8 h. l/i. — THÉÂTRE DE BELLEVILI^:. — Paris la
nuit
CASIKO DE PAms. — Clôture annuelle.
9 h. 1/2. — FOLIES-BERGÈRE. — Les Grandes
courtisanes.
8 h. -I". — ELDORADO. — Spectacle-i' oncert., ■
8 h. 1/2. — SCALA. — Spectacle Concert.
PARISIA!CA. - Le Nouveau vieux Jeu.
8 h. 1/4. — EUROPÉEN. — Concert-Spectacle.
Il h. »/». — TIUANON. — La Mariée récalcitrante,
,V AGJ}.¡t!'J¡CDsCF.RT. - Spectacle-Concert
9 h. 1/2. — TRÉTEAU DK TABARIN. — La Jte\uc
chez la Portière.
BA-TA-C .AN. - Y a pas d'erreur.
LE DIVAX JAPONAIS — Tous tes^oirs.Il pleul de s
Auvergnats.
8 h. 1/4. — LE» CAPUCINES. — Silwic: Pauvra
JUrai: Artiste! Odette Dul.»c.
9 h aie. — LA CIGALE. — Ohé Vénus!
8 h. -1». — LEGUA.ND GUlGYOL. - Tous les a)tr:
Le Droit de tuer.
8 h. 1/8. — Mot-ti,.ç ROCOE. — TOU3 les «ire,
S pGCladeconcert-hal.
< h. 1/2. — P,)BERT IIOUDIN. - Illusions et at-
tractions nouvelles. — Matinées di-
manches, jeudis et fêtes, a 2 h. tf?.
MCStEQRtvIN. - - Le Crime deKremlm-Bicotrj.
FOLIES MARIGXY.— La Funt.un" tlt-s 1'1'11;0:, An-
gèle Héraud de Pibrac, les Dix frùr-s KrernScheherazade,danseuse ja\'anaifc, les Sch\vat,iz
les Sœurs Mou lier.
8 h. 1!2 — NOUVEAU-CIRQUE. — Les nains lut-
teurs. «A l'eau: A l'Iiau! » seines
burlesques nouvelles avec le Il Plon-
geon lantastiqtie. -
8 h. 112. — CIRQUE i)'ETi,. — Tous les Mtr.<.
Ricordo. l'Espagnole 'riiero, Mon-
trell. jongleur. (:oriial N-*.z i)rùt!;eri
et L'Oivmne à elievai. ;:tL..
8 h. i/& — CIRQUE o'IlIVI<:R.-Lcs Clowns, Pier-
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FEUILLETON DE LA FRONDE
(23)
VOIE DOULOUREUSE
3 JUIN 1899
XIII
— Plus encore que vous ne le pensez,
répondit sans embarras et très sérieuse-
ment Jarnon, dans quelque temps vous
en aurez des nouvelles. Mais ce maître
peintre, pourquoi ne serait-ce pas vous?
— Impossible 1 J'ai mal aux yeux d 'a-
bord, et ensuite des travaux pressés pour
je ne sais combien de temps.
Il mentait, le malheureux; mais son
orgueil, sa dignité d'artiste ne lui per-
mettaient point d'avouer sa pénurie et
d'accepter un marché qu'il jugeait indi-
gne.
— Qui lui conseillez-vous?
— Je chercherai.
— C'est qu'elle est pressée. Les fem-
mes ne savent pas attendre. Quand pour-
rez-vous me renseigner? le plus promp- j
Icment possible, n'est-ce pas?
— Dans quarante-huit heures; mais
l'il faut à la baronne un artiste de ta-
lent, ayant acquis de la notoriété, elle
;aura ce que cela lui coûtera. Pourquoi j
[le va-t-elle pas tout bonnement dans un
itelier connu?
— Une telle proposition lui ferait jeter
des cris de paon. Elle préférera mille
rois payer un prix fou... et si vous reve-
niez sur votre refus...
— Jamais de la vie! s'écria étourdi-
ment Marchai.
Et craignant de s'être trop découvert,
et par sa rudessse de nuire à Brunier, il
continua avec plus de calme et de modé-
ration :
— Non, je vous l'ai dit, j ai des enga-
gements.
XIV
Héloïse Pernet, pseudo-baronne Isaure
de Ménil, habitait, avenue de Villiers, un
ravissant petit hôtel, contigu à celui de
Jarnon. On passait de l'un dans l'autre,
par une communication intérieure, eten
demeurant parfaitement indépendants,
on pouvait se voir à toute heure et sans
dérangement. Les relations d'amitié
plus ou moins platonique avaient,depuis
longtemps, remplacé entre les deux voi-
sins un caprice ou des sentiments plus
vifs, et l'on s'accordait à merveille.
Jarnon était le conseil et le protecteur
avoué et discret d'Isaure. Dès qu'il pou-
vait soupçonner qu'il gênait, il ne rep-tï
raissait point sans être appelé. Lorsqu'il
ne savait comment employer sa soirée,
il faisait demander à la baronne s'il lui
convenait de le recevoir, et si elle con-
sentait, il accourait en veston d'apparte-
ment. On causait alora, à cœur ouvert,
pendant deux ou trois heures, et les
propos croustillants, le récit des scan-
dales de la veille, la prévision de ceux du
lendemain, défrayaient la conversation.
Richissime, tétée par une foule de
courtisans, écrivains, journalistes, artis-
tes, hommes du monde et de la haute
finance qui se rencontraient chez elle,
Isaure, piquée de la tarentule qui at-
teint bon nombre de femmes, aspirait
à une notoriété universelle.
Indifférente aux arts, que sa nature
peu élevée ne lui permettait guère de
comprendre et d'apprécier, elle se po-
sait en connaisseuse enthousiaste, elle
voulait passer pour manier délicatement
les fins pinceaux d'aquarelliste, les bros-
ses du peintre, l'ébauchoirdu sculpteur.
Son ambition ne s'arrêtait point là,
c'était bien joli cependant, mais insuffi-
sant pour sa vanité folle ; elle aspirait par
dessus tout à la notoriété littéraire :
— Une plume exercée, disait-elle quel-
quefois pensive, est un véritable scep-
tre, le plus enviable de tous, et il me
manque.
Mal élevée, sans instruction première,
mais non sans intelligence, afin d'en im-
poser aux niais, elle s'était créé un cabi-
net de travail à faire envie au lettré le
plus délicat. Les revues, les journaux
abondaient chez elle; les chefs-d'œuvre
de la littérature française, classique et
romantique, les meilleures traductions
des écrivains étrangers, vêtus de splen-
dides reliures au chiffre I. M., surmonté
d'un tortil, reposaient, sans être déran-
gés jamais, sur les larges rayons de
somptueuses bibliothèques d'ébène, dans
ce cabinet, 0\1 la baronne qui ne soup-
çonnait point ce qu'est le travail, bar-
bouillait à ses moments Derdus des ra-
mes entières du plus beau papier de fil,
fabriqué à la Haye, d'élucubrations infor-
mes, incohérentes, absurdes, dénuées de
toute orthographe.
Malgré s& vanité et sa haute opinion
de soi-même, s'il lui arrivait de se relire,
elle s'avouait son incapacité littéraire,
entrait en de furieuses colères, se pro-
mettait d'apprendre la grammaire, et,
une demi-heure après, n'y pensait plus.
La veille du jour où Marchai avait
reçu de Jarnon l'annonce de la visite de
celui-ci, s'étant avisée que, si elle pou-
vait mettre la main sur un secrétaire in-
telligent, « il lui arrangerait cela », la
baronne pensa qu'il ne manque point de
gens de lettres pauvres et que Jarnon
lui trouverait l'homme indispensable.
Elle fit aussitôt prier son voisin de
passer chez elle, et, après l'avoir gour-
mandé de ne point s'être occupé encore
de lui chercher le professeur de peinture
qu'elle lui réclamait depuis longtemps,
elle lui déclara qu'il n'eut point à remet-
tre les pieds chez elle sans lui amener le
maître peintre, ainsi qu'un secrétaire as-
sez versé dans l'art d'écrire pour l'aider
de ses conseils et mettre sa prose en état
d'être imprimée.
— L'imagination ne me manque point,
dit-elle en manière de péroraison, la
forme seule me fait défaut, je veux l'ac-
quérir.
Jarnon ne fut nullement dupe de cette
façon de s'exprimer et comprit ce que
voulait Isaure; aussi prit-il la balle au
bond lorsque Marchai lui parla de Bru-
nier.
En quittant le peintre, il donna ordre
à son cocher de toucher à la banque
Trollet, où Marcel l'avait précédé de
quelques instants, et où l'accueil glacial
de M. Leboucher et les sourires nar-
quois des employés lui prouvèrent la
justesse de ses appréhensions.
Le méchant loustic de la bande, campé
devant lui, s'appliquait à mimer avec
deux règles croisées les mouvements
d'un violoniste et raclait avec frénésie,
en guise d'archet, et de la main droite,
une de ces règles contre celle qui, ap-
puyée contre l'épaule gauche, un peu au-
dessous du menton, simulait l'instru-
ment.
A ce spectacle, les autres commis se
pinçaient les lèvres pour ne point écla-
ter de rire, et M. Leboucber, subitement
indulgent, feignait d'être absorbé par le
calcul d'une formidable ligne de chiffres
et de ne rien voir, tandis que Brunier,
hors de lui, jouait le même jeu et se con-
tenait, résistant à l'envie d'appliquer une
correction effective au polisson.
Encouragé par la gaité muette de ses
collègues et par l'impunité, le mauvais
garnement se posta presque contre la
table de Marcel, en se livrant 'à des gri-
maces plus effrénées. Quand tout à coup
la porte s'ouvrit brusquement pour li-
vrer passage iL Jarnon, auquel un garçon
de bureau, avec mille témoignages de
respect désignait Brunier.
On rentra immédiatement dans l'ordre
et M. Lcbouchcr, ôtant sa calotte de ve-
lours noir, s'avança avec déférence au-
devant de Jarnon, qu'il connaissait de
vue :
— Vous désirez parler à M. Trollet.
M. Jarnon ? dit-il obséquieusement, per-
mettez-moi d'avoir l'honneur de vous
introduire dans son cabinet.
— Pas du tout, pas du tout, monsieur,
ne vous dérangez pas, répondit avec une
froideur hautaine Jarnon ennuyé de
tant de prévenances, je vous enlève sim-
plement M. Brunier, que j'emmf' ne dé-
jeuner avec moi. S'il ne revient pas de la
journée, c'est que je l'aurai retenu, et
s'il ne reparaît plus, c'est qu'il aura ac-
cepté ce que je vais lui proposer.
Et, sans plus d'explications, sans s'ex-
cuser de soustraire le jeune homme à
son travail, il continua d'un ton tout
autre, enjoué, presque caresssant :
— Allons, M. Brunier, venez. Ma voi-
ture nous attend. Nous causerons entre
la poire et le fromage.
Marcel était largement vengé. Ses col-
lègues stupéfiés, l'examinaient avec e.Ta-
rement. Il prenait, à leurs yeux, les pro-
portions d'un personnage. Il se Ic\Oa, ten-
dit la main à Dabert qui la lui serra en
ami, et le front haut, sans prononcer une
parole, sans daigner jeter un regard sur
ses persécuteurs, il suivit le puissant ca-
pitaliste.
— Cc Brunier, lié avec M. Jarnon!
murmurait dans un étonnement stupide
l'agent principal, qui l'aurait cru, c'est
inconcevable !
— Vrai, c'est épatant! dit 1L demi-voix 1
en se grattant l'oreille le tousUc.Ah !ben,
si j'avais su...
— Tu t'es mis dans de beaux draps,
répliqua un des eommis, il va, « pour
sûr » te faire casser aux gages par lu
patron.
— Aussi vous m'avez pousse, fallait
pas rire, tiens.
— Silence, messieurs ! s'écria d'une
voix tonnante M. Leboucher.
Et il continua, sous forme de mono-
logue :
— n faut que j'aie l'honneur d'infor-
mer M. Trollel
Puis, d'un pas hâtif, l'allure alTairéc, il
passa dans le cabinet du banquier.
C. D'AMBRE.
(Lasuite à demain.)
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