Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-05-27
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 mai 1899 27 mai 1899
Description : 1899/05/27 (A3,N535). 1899/05/27 (A3,N535).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703654f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Supplément quotidien du journal LA FRONDE
Choses de
l'enseignement
L'inquiétude causée par le vote de la
chambre, supprimant un professeur de
lettres sur deux, dans les écoles norma-
les qui comptent moins de 36 élèves, est
loin de se calmer. On craint que le Sénat,
dans sa hâte de boucler le budget, en
retard de six mois, et glissant sur la
pente des économies mesquines, ne le
ratifie. Tous les journaux pédagogiques
et quelques confrères de la grande presse
crient : casse-cou ; Le Fronde se doit de
Irai ter la question à fond; c'est pourquoi
■ 'y reviens à quelques semaines d inter-
valle.
. Il y a des écoles normales où le nom-
bre des élèves-maîtres est derisoire;
c'est un fait. Dans ces écoles, à peine
peuplées, chaque élève, jçràce aux frais
généraux, coûte les yeux de la tête à
I Etat. Il s'agit de savoir si une telle si-
tuation est temporaire ou définitive.
Si elle est définitive, faites donc de
deux 8U trois groupes insuffisants, un ;
groupe raisonnable et n'en parlons plus.
II y a des précédents qui ont réussi; j
filtre autres, dans Vaucluse et dans les j
Basses-AI rb. l j
Mais il n'est même pas prouvé que la
situation ne soit pas seulement tempo-
raire; il n'est pas prouvé non plus qu elle
soit régulière; il n'est pas prouvé enfin l
que les écoles agonisantes ne pussent
être vivifiées dès demain, si le Parle-
ment, renonçant à son système de pe-
tites économies, les mettait à même de
recevoir un nombre d'élèves en rapport
avec les besoins de leurs départements.
Or, les maitrci débutants sortent-ils
tous des écoles normales? — « Non, ré-
pond, M. Devinat, directeur de l fcicole
Normale de Paris, dans l'Ecole Nouvelle.
JI fut un temps, qui n'est pas loin, ou les
postes à pourvoir étaient en si grand
nombre qu'il a bien fallu accepter, dans
les cadres de l'enseignement primaire, a
côté des élèves-maîtres, des candidats
étrangers aux écoles normales. C était
alors une nécessité : les inspecteurs
d'académie pouvaient en gémir, mais ils
Étaient obligés d'en passer par là.
Aujourd'hui, les postes vacants sont
plus rares : mais comme on a réduit, par
mesure d'économie, les effectifs des éco-
les normales, il s'ensuit qu'il y a encore,
si l'on considère l'ensemble des départe-
tuents français, moins d'élèves-maîtres
sortants que de classes à pourvoir.
Dans les années qui vont suivre, si le
mouvement des retraites redevient nor-
mal, comme il est permis de l'espérer, il
y aura sensiblement plus de vacances
qu'aujourd'hui, par suite plus de nomi-
nations de stagiaires, et, en fin compte,
un plus grand écart entre le chiffre des
stagiaires à nommer et celui des élèves-
maîtres sortants.
La conclusion de ce qui précède, c est
que les effectifs actuels des écoles nor-
males, déjà faibles pour les besoins pré-
sents, vont être insuffisants pour les be-
soins futurs, et qu'il y aura lieu désor-
mais de les renforcer, si l'on ne se rési-
gne pas à laisser pénétrer dans nos
cidres des maitres inférieurs à leur
tllche. ^
M. A. Balz corrobore dans le Volume
les assertions de M. Devinât.
« C'est aussi pour faire faire des éco-
nomies... de bouts de chandelles, dit-il,
que vous supprimez dc-ci de-là quelques
professeurs et vous écrasez la direction
sous le poids des occupations les plus
variées. Ce n'est pas suffisant. Il faut
encore pratiquer des économies sur les
flùvcs. Vous supprimez un ou deux élè-
ves par promotion. Et voici alors ce qui
arrive :
« Dans mon école normale, m'écrit un
Jirccteur,chaque promotion compte une
dizaine d'élèves; la dernière n'en avait
même que huit. Vous en concluez peut-
r tre que les besoins du service n'exigent
lue huit stagiaires par année, détrom-
pez-vous. Tous les élèves sortis au mois
de juillet ont été placés avant le 1er fé-
vrier. Notre inspecteur d'Académie a dû,
pendant six mois au moins, faire appel
i. des suppléants pourvus du brevet Ólé-
JIlenLaire. Il a dû même laisser certaines
écoles fermées malgré l'emploi d'élèves
maîtres pour assurer le service.Eh bien 1
en vue de la rentrée suivante,il demande
qu'on admette seize élèves à l'école. Le
conseil départemental appuie cette de-
mande dans un rapport fortement mo-
tivé. Et le ministre en accorde... huit...
Dans un an, l'inspecteur d'Académie re-
commencera à battre la campagne pour
trouver, comme dans certains restau-
rants, des « extras » de bonne volonté. »
Vous voulez faire des économies? Mais
pourquoi n'avoir pas maintenu l'institu-
tion des auditeurs libres qui ne vous
coûtaient rien et pouvaient peut-être
vous rapporter quelque chose. Il y a des
parents qui consentiraient à payer la
pension, du reste assez modique, et vous
augmenteriez l'effectif sans augmenter
,les dépenses. Ces auditeurs, assimilés
aux autres élèves pour le classement et
les droits à la sortie, seraient pris sur la
liste d'admissibilité. Ils donneraient des
garanties qu'on attend en vain des fruits
~ secs de l'examen d'admission.
Pour faire des économies, sans doute
il y a quelque chose, il n'y a même
qu'une chose à faire, c'est de fusionner
un certain nombre d'écoles normales
qui, isolées, coûtent cher et vivent mal.
Tous les avantages de cette fusion ont
été maintes et maintes fois exposés ici
et ailleurs. Chacun renchérit sur le bon
effet de la mesure :
« Tout le monde en convient et nul
n'y contredit. »
Un moment même, le ministère de
l'Instruction publique avait travaillé
dans ce sens-là; il a depuis changé son
fusil d'épaule.Et il nous prouvera quand
nous voudrons que ce n'est pas sa faute
et qu'il se heurte à la Chambre à des ob-
stacles insurmontables, Prenez mainte-
nant à la Chambre un député quelcon-
que et amenez-le dans un petit coin où
il ne risque pas d'être entendu. Il vous
avouera que la réduction du nombre des
écoles normales est la solution la plus
logique et la plus rationnelle.Mais chut!
n'en parlez pasl Si son électeurs le sa-
vaient, 0
II
La suppression d un maître sur deux a
pour conséquence immédiate de doubler,
de tripler le nombre d'heures d'ensei-
gnement auxquelles était astreint le di-
recteur ou la directrice de l'école nor-
male : il avait six heures au plus, la loi
lui en imposera jusqu'à dix-huit.
Est-ce très... correct de changer ainsi,
du jour au lendemain les termes d'une
convention?
Et si ce n'est pas correct est-ce, au
moins, matériellement acceptable par le
directeur? est-ce inoffensif au point de
vue de l'établissement lui-même ?
Examinons d'abord, règlement en
mains ce que la loi — non encore modi-
fiée — exige d'un directeur ou d'une
directrice, en commençant par les titres
qu'il (ou elle) doit posséder :
Il doit être pourvu du certificat d'apti-
tude au professorat des écoles normales
et des écoles primaires supérieures, ou
bien de la licence ès-lettres ou d'une des
licences ès sciences instituées par le
décret du 21 janvier 1896; et de plus du
certificat d'aptitude à l'inspection des
écoles primaires et à la direction des
écoles normales. Il doit être âgé de 30 ans
révolus. (Les mêmes conditions sont
faites aux directrices).
Au point de vue matériel :
Le directeur engage et ordonnance les
dépenses dans les limites des crédits ré-
gulièrement alloués. Il passe les mar-
chés.
Il surveille et contrôle toutes les par-
ties du service de l'économat, sans
pouvoir s'immiscer dans le maniement
des deniers et des matières.
Il représente l'école en justice, mais ne
peut engager aucune action sans l avis
du conseil d'administration et l'autorisa-
tion du conseil de préfecture.
Il assiste aux séances du conseil d'ad-
ministration, avec voix consultative, s'il
n'est pas désigné par le recteur pour
faire partie de ce conseil, par application
de l'article 47 de la loi du 19 juillet 1889.
Il vérifie la caisse de l'école, au moins
une fois par mois. Il arrête les écritures
et inscrit le résultat de sa vérification
sur le journal de caisse, etc., etc., etc.
Que l'école compte cent cinquante élè-
ves (école normale d'institutrices de
Douai) ou dix-huit comme celles de Mon-
tauban, la dépense de temps et la res-
ponsabilité sont indentiques. Il n'est pas
inutile de faire remarquer, ici, que les
écoles peu nombreuses n'ont pas d 'éco-
nome.
Si de la charge matérielle nous pas-
sons aux responsabilités intellectuelles
et morales, nous verrons d'abord : que
le directeur d'école normale représente
l'école auprès des autorités et auprès des
familles ;
Qu'il préside le conseil des professeurs,
dont les réunions ont lieu, obligatoire-
ment, tous les trois mois, mais qui, dans
la pratique, est convoqué toutes les se-
maines..
Qu'il surveille l'enseignement et dirige
l'effort des professeurs dans un même
but;
Qu'il préside les conférences pédago-
giques faites par les élèves-maîtres de-
vant leurs camarades ou devant les
élèves de l'école annexe ;
Qu'il est, en un mot. responsable de
l'école au point de vue de la vie intellec-
tuelle et de la vie morale;
Qu'enfin, il doit donner six heures
d'enseignement par semaine : pédagogie
et morale.
Cela, « c'est ce qu'on voit, » dit M. De-
vinât dans l'article que j'ai déjà cité.
Ce qu'on ne voit pas, et ce que les ins-
pecteurs ne peuvent guère constater,
faute de temps, c'est l'action incessante
et féconde du directeur — qui dirige :
sa présence au milieu des élèves, sa vi-
gilance discrète, son intervention op-
portune, ses conseils familiers, ses utiles
remontrances, ce perpétuel contact in-
tellectuel et moral entre les élèves et lui,
ce souci supérieur d'une responsabilité
qui n'a d'autres limites que ses forces,
et qui l'empèche toujours d'être pleine-
ment satisfait de lui-même parce que sa
conscience lui dit qu'il aurait encore pu
faire davantage.
C'est cela proprement qui est la tâche
du directeur, — et non les six heures de
classe que lui attribue le règlement, ni
les quelques pièces officielles qu'il doit
adresser, chaque mois. à ses chefs, ni
même le contrôle nécessaire du travail
des professeurs et de la gestion de l'éco-
nome, encore que ces diverses obliga-
tions et d'autres que j'oublie, ne laissent
pas d'être une charge à qui les veut
remplir d'une façon consciencieuse.
Et cette tâche du directeur, elle est la
même dans une grande école et dans
une petite : son étendue ne dépend
guère du nombre des élèves, ni son uti-
lité. Il se peut même qu'elle soit plus ef-
ficaee dans une école de trente élèves que
dans une de cent vingt. »
Après le témoignage de M. Devinât,
directeur de l'Ecole normale de la Seine,
qui a dirigé préalablement des écoles
normales en province, voici celui d'une
directrice dont l'école compte trente-
cinq élèves, et qui tombe, par consé-
quent sous le coup de la loi proposée.
« Dans cette école il y a, outre les di-
rectrices des classes annexes, et les maî-
tres chargés des enseignements acces-
soires, trois professeurs : deux de scien-
ces, un de lettres et la directrice.
L'un des professeurs de sciences est,
en même temps, chargé de l'économat ;
elle doit un minimum de dix heures d'en-
seignement. Les deux autres profes-
seurs et la directrice doivent se partager
le reste.
Or, il faut savoir que, d'après l'Arr:.té
du 18 janvier 1887, l'enseignement com-
prend :
34 heures pour l'enseignement des let-
tres ;
33 heures pour l'enseignement des
sciences, déduction faite des cours acces-
soires donnés par les professeurs spé-
ciaux.
On a, il est vrai, réuni les élèves de
deux années ou des trois années pour
divers enseignements ; gymnastique,
couture, écriture; on tentera à la rentrée
prochaine d'autres groupements, mais...
Il faut compter avec les sei vices de
toute sorte qui compliquent la vie d'une
école normale d'institutrices : il y a les
questions du dortoir; celles des récréa-
tions ; celles des promenades ; celles des
sorties exceptionnelles.
Il faut conduire les élèves à la messe,
au bain ; il faut les accompagner à la
gare, il faut les accompagner partout.
Il faut soigner les malades, il faut re-
cevoir les familles, les connaître, aller
1 les voir, vivre près d'elles, moralement
et intellectuellement.
Les anciennes élèves, les institutrices
. f du département ont pris l'habitude de
revenir à t'Ecoto dans mille circonstan-
ces : consails pédagogiques, encourage-
ments, avis et secours de toute sorte ;
les mères de famille y viennent aussi et
môme les institutrices particulières. L'é-
cole normale est ancienne déjà ; on en
connaît la directrice ; tous ceux qui, de
près ou de loin, s'occupent de l'éduca-
tion des jeunes filles ont pris le plan si
commode de s'adresser à elle.
Est-ce une partie négligeable de la ta-
che de la directrice ? Faut-il souhaiter
de la lui voir rayer de sa vie? Ne serait-
ce point là au contraire une excellente
manière de faire de l'Ecole Normale un
foyer très vivant d'idées, de travail ?
Mais le personnel des élèves n'est
pas le seul à demander les soins de la
directrice ; plusieurs maîtresses sont
jeunes. Elles aimeraient sortir quelque-
fois ; le théâtre, — un concert, une con-
férence les appellent. Mais sortir le soir,
rentrer tard, que dira-t-on ?
La directrice les accompagnera.
On a beau résister aux coutumes mon-
daines, il faut faire des visites, ou rece-
voir. L'école est un établissement impor-
tant, il est nécessaire de lui faire sa place
parmi les institutions avec lesquelles on
compte...
On meurt, on se marie, la directrice
ira au mariage ou à l'enterrement endos-
sant la livrée triste ou gaie, — et per-
dant plusieurs heures que réclamerait
l'Ecole...
Et maintenant, voici la série intermi-
nable des examens : brevets, certificats
de tous degrés, l'appellent à tour de rôle
à la ville ; le conseil départemental la
réclame ; le conseil d'administration sur-
vient...IX-
Toutes les exigences administratives
exigent du temps. Il faut faire un rap-
port, il faut travailler avec l'économe, il
faut discuter une question avec un four-
nisseur..
Cependant la directrice a maintenant
trois heures de leçons par jour. Elle a
vieilli, depuis le temps où elle faisait ses
études, elle a pu acquérir de l'expérience
elle a sûrement perdu de la mémoire. Il
lui faudrait plus de temps qu'à une au-
tre pour préparer ses leçons, où le trou-
vera-t-elle ? Doit-elle donc se résigner à
donner un enseignement inférieur parce
qu'elle manquera du temps nécessaire
pour le préparer! Quand lira-t-elle?
Quels livres introduira-t-elle dans son
école? Quelles directions intellectuelles
pourra-t-elle donner autour d elle ?
Et maintenant, voyons les choses de
plus près. Une des trois maltresses est
mariée — elle a de la famille,des enfants.
Une autre demeure chez ses parents, en
ville. Reste une troisième, la seule. Est-
il juste qu'elle soit d'autant plus char-
gée ? La directrice partagera la surveil-
lance. C'est tout naturel, mais c'est bien
fatigant et surtout où trouver le temps
nécessaire ?
Voici d'ailleurs, un tableau — adouci
— d'une des semaines de la directrice
en question... qui n'est pas la seule à
faire son devoir :
Lundi. — Lever à 6 h. moins 114. Le-
ver des élèves : j'y assiste car je vais 1
passer la journée hors de l'Ecole, à
6 h. 112, leçon. Il en faut perdre le moins 1
possible. A 7 h. 112, déjeuner, départ
pour l'examen, à midi, je rentre. Deux
personnes m'attendent. Je les reçois, il
est une heure ! je déjeune, je donne une
leçon, je repars pour l'examen. A 6 heu-
res, retour. Il y a plusieurs élèves à voir.
L'une a été souffrante, l'autre a reçu une
lettre de sa famille. Une maîtresse a be-
soin de livres. Une autre veut un avis.
J'ai un rapport à fournir. Et demain ma-
tin, trois leçons à donner 1 Comment les
préparer ?
Mardi. — Lever à la même heure. I
Etude de 6 h. 112 après un passage au
dortoir. Mais voie, des ouvriers qui vien-
nent faire une réparation urgente. Mais
c'est l'architecte qui me demande. L'Eco-
nome à une question à traiter. L'inspec-
teur d'académie vient à l'école annexe ;
le facteur apporte un gros paquet de let-
tres. 9 heures sonnent; les leçons seront
faites comme il se pourra. Demain, cela
ira mieux.
Midi. Je n'en puis plus. J'assiste au
déjeuner des élèves. Une institutrice de
la ville a perdu sa mère, les funérailles
sont à deux heures, il y faut aller. En
rentrant je passerai par l'Inspection aca-
démique ; puis je recevrai le docteur Q.Ili
vient voir où en est la santé des élèves.
9 heures. J'ai réussi, en m'y reprenant à
dix fois, à corriger une copie d'élève,j'en
ai encore dix pour demain matin ; ma
tête est si remplie de sommeil que je
vais dormir.
Mercredi. — Un tourbillon de travail,
de lettres, de leçons, de visites, de dé-
rangements de toute sorte. J'ai renvoyé
trois fois ma couturière qui voulait m'es-
sayer une robe. A cinq heures, j'ai une
conférence que je n'ai point préparée;
encore une misère de ma vie trop occu-
pée.
Jeudi. — Conseil départemental. — Le
soir, séance de réception des vêtements
des enfants assistés.
Longue conférence avec l'inspecteur,
étude des améliorations à apporter dans
la composition de ces pauvres trous-
seaux.
Je rentre à 6 heures, il faut se hâter de
préparer mes leçons — pour demain.—
Mais on m'attend; plusieurs élèves ont
besoin de me voir. Je veillerai.
Vendredi. — Le matin, en classe ;après
midi, aux annexes, du moins, jusqu'au
moment où je suis appelée à mon cabi-
net. J'ai des recherches à faire dans mes
archives. Une ancienne élève a donné sa
démission. Il faut établir son compte.
En voilà pour ma soirée.
Samedi. — Après une classe,la réunion
du personnel. Que de choses à dire, que
nous dirons, que de choses à faire, que
nous ne pourrons point faire ! Le temps
manque toujours. Il faudrait pourtant.
A 6 heures, je vais faire la lecture aux
élèves, puis je verrai à ma correspon-
dance personnelle.
Dimanche. — Toutes les élèves sem-
blaient s'être donné le mot. Toutes
avaient besoin de me voir. Il fallait écrire
aux mamans. Que dois-je dire sur tel ou
tel sujet? Il faut des livres récréatifs.
Lesquels conseiller ? Je n'ai rien lu de-
puis longtemps. Voici les revues de la
semaine. Il faudrait les parcourir.
Et toujours la correspondance admi-
nistrative va son tram.— Heureusement
que la semaine proobaine sera toute pa-
reille à celle-ei,avec la différence que les
examens dureront trois jours au lieu
d'un, que le conseil départemental sera
1. remplacé par le conseil d'administration,
que les jours seront plus chauds et plus
fatigants, qu'à la lassitude de chaque
jour viendra s'ajouter la lassitude de la
semaine précédente et que le sentiment
qu'on a laissé derrière soi mille choses à
faire va en augmentant, finit par causer
un pénible, un douloureux malaise, con-
tre lequel on ne peut rien que lutter avec
le sentiment de la vanité d'un effort né-
cessairement impuissant »
Le ton si mélancolique de la fin de ces
notes nous en apprend plus que de longs
discours. Il semble vraiment à nous voir
attaquer nous-même l'œuvre capitale, et
f)resque irréprochable de notre loi sco-
aire, que nous avons reçu d'une mé-
chante fée, le don de mettre des bâtons
dans nos propres roues. Certes, il n'y a
pas de vote irrémédiablement déflnitif;
un membre du parlement pourra — plus
tôt ou plus tard — faire revenir leurs col-
lègues sur leur décision. Mais que de
temps perdu, pendant cette période de
retour en arrière. Et dire que nous étions
si bien partis 1... Si bien que nos adver-
saires cherchaient à se modeler sur
nous 1
Que dis-je « cherchaient? n ils se con-
certent, ils vont agir...C'est désespérant!
PAULINE KERGOMARD.
Extension Universitaire
UNIVERSITÉ D'OXFORD
Cours de vacances de 1899.
(29 juillet au 23 août.)
Les Cours de vacances de l'Extension uni-
versitaire en Angleterre se feront cette
années à Oxford. Ils sont consacrés aux
étudiants étrangers aussi bien qu'aux étu-
diants ordinaires de l'Extension. Ils auront
lieu en deux séries, la première s étendant
du 29 juillet au 9 août, et la seconde du 9 au
23 août.
Les sujets traités dans les conférences et
les cours seront les suivants :
1. — L'histoire et la littérature pendant la
période 1837-1871..
Il. — La science au dix-neuvième siècle,
en particulier dans ses rapports avec la
biologie et l'évolution......
III. — La science économique : histoire et
théorie, en particulier dans ses rapports
avec la coopération et l'Economique indus-
trielle.
IV. — La musique et les beaux-arts de la
même période.
V. — Les études grecques au XIX. siècle :
résultats des recherches modernes sur l'his-
I toire, la littérature, l'art et l'archéologie de
l'ancienne Grèce. Ce cours s'adressera tout
spécialement aux professeurs de 1 ensei-
gnement secondaire.
VI. — Histoire et théorie de 1 éducation.
VII. — Arciiitecture.
VIII. — Classes d'anglais, de grec, de la-
tin et de philosophie.
IX. — Classes d'anglais spécialement des-
tinées aux étrangers. Des certificats seront
délivrés aux auditeurs de ces classes.
Le prix des inscriptions est de 37 francs
pour les deux séries et de 25 francs pour
une seule. Les classes spéciales donnent
lieu à une rétribution supplémentaire.
Un certain nombre d'étudiants élrangers
pourront être logés et nourris dans les col-
lèges d'Oxford (37 francs par semaine, tout
compris). Pour les autres, une liste de lo-
gements et de pensions sera jointe avec les
prix au programme complet.
Pour recevoir ce programme (1 fr.), s'a-
dresser à M. Ch. Garnier, professeur au
lycée Corneille, 19, rue Bihorel, Rouen.
POUR LE GREC. — L'Association pour l'en-
stignement des études grecques a entendu un
remarquable rapport de M. Maurice Croiset.
En voici un fragment emprunte à un arlicle
de l'Enseignement secondaire.
« Assurément, il n'est pas bon de se com-
plaire aux prévisions tristes. Les gens dé-
couragés découragent jusqu 'à leurs amis.
Mais enfin, comment nous dissimuler que,
dans cette crise de l'enseignement secon-
daire dont on parle tant, la situation du
grec n'est pas ce qu'il y a de moins criti-
que ? L'opinion, qui est, selon Pascal, « la
reine du monde Il, va, pour le moment, vers
d'autres objets. Et ce qui met surtout le
grec en danger, c'est qu'il risque toujours
d'être ce surplus de cargaison qu'on jette a
la mer, lorsqu'on veut alléger le bâtiment.
Les sauveteurs ne manquent pas, vous le
savez, qui se font fort de tirer le latin du
péril des flots, à la seule condition de sacri-
fier le grec. Supposons qu'ils réussissent
pour quelque temps. Aurions-nous encore
une éducation vraiment classique ? Le latin
sans le grec, ce serait à peu près la même
chose que le français sans le latin ; ce serait
une étude incomplète, une demi-éducation,
c'est-à-dire une éducation insuffisante. Je
ne comprends pas Virgile privé d Homère.
Si on les sépare, on perd le sentiment vif de
ce qu'est l'héritage moral dans l'humanité
On cesse de mesurer du regard la profon-
deur de l'antiquité. La vraie éducation clas-
sique' est celle qui permet à l'enfant de
saisir, aussi loin que possible dans le passé,
ces belles et pures sonorités de l'âme hu-
maine qui se sont propagées de siècles en
siècles et de rivage en rivage, et dont nous
sentons encore en nous les vibrations éter-
nelles. Celui qui n'a pas entendu pleurer
l'Andromaque d'Homère avant celle de Vir-
gile et celle de Racine, ne saura jamais
comme nous le savons depuis combien de
temps l'amour et la beauté se sont levés
sur le monde; et il n'aura jamais, je le
crains, cette vision claire et pleine de loin-
tains historiques, qui donne à 1 homme le
sentiment complet de l'humanité.
« C'est là, Messieurs, ce que nous ne de-
vons pas nous lasser de dire, et ce qu'il
faut espérer qu'on entendra. Ce n est pas
pour nous que nous plaidons. Les hellé-
nistes ont cela de bon qu'ils aiment assez
le grec pour l'aimer au besoin à eux tout
seuls. Oui, ils trouveraient encore un plai-
sir infini à lire Homère, quand même la
majorité de nos représentants se brouille-
rait officiellement avec lui. ^Mais en
même temps qu'ils aiment Homère, ils ai-
ment leur pays. Et il leur semble que ce- i
lui-ci ne deviendrait pas plus grand, quoi
qu'on dise autour d'eux, s'il croyait devoir,
par engouement pour je ne sais quel pré-
tendu idéal anglo-saxon, diminuer toutes
ces nobtesses qu'il doit en partie à sa tra-
dition eréco-latine. »
Le Questionnaire
de la Société pour l'étude des questions
d'enseignement secondaire
A la date du fer mai, loi membres de la
Société ont envoyé leurs réponses au ques-
tionnaire encarte dans l'Enseignement secon-
daire du t.e avril. Ces 101 membres se dé-
cnmnosent. ainsi :
Enseignement supérieur ...» 5
Administration des lycées.... 8
Sciences (lycées) » 13
Philosophie (lycées), 5
Histoire (lycées) 10
Lettres (lycées) . 28
Grammaire (lycées) 10
Langues vivantes (lycées).... 5
Collèges 9
Enseignement libre t
; Divers (faute d'indication de nom). 7
Mous publions ci-dessous les résultats t
détaillés de cette consultation. 1
I. — REGIME DES LYCEES ET COLLEGES
A. Nomination et attributions
du proviseurs
| | 1
La Société émet le voeu :
le que le droit d'initiative
des proviseurs soit aug-
menté, ainsi que leur indé-
pendance vis-à-vis de l'ad-
ministration centrale..... la 92 5 4
2° a) Que la stabilité du 2* a) 94 3 4
provisorat soit assurée par
l'avancement sur place; 6) t) 93 4 4
et l'autorité locale des pro-
viseurs accrue par l'amé-
lioration de leur situation
matérielle.
B. Autonomie des lycées et collèges.
La Société émet les trois vœux ci-des-
sous.
i 0 Autonomie bubgétaire; i*
que, pour le matériel d'en-
seignement et la bibliothè-
que une somme détermi-
née soit mise chaque année
à la disposition de chaque
établissement, pour être
dépensée au mieux des be-
soins, cette somme restant
en tout cas acquise à l'éta-
blissement toi 4
2* Autonomie administra- t-
tive; que, dans la limite de
principes fixés très généraux
ixés par le Ministre et le
Conseil supérieur, tous les
détails de la vie intérieure
de chaque établissement
soient réglés par le chef
de t'étabtissement.d'accord
avec le conseil de disci-
pline et l'assemblée des
professeurs 98 2 1
3° Autonomie pédagogique
que, en dehors des conseils
existants (conseil de disci-
pl ine, conseil de perfection-\
nement), il soit institué
dans les lycées et collèges
un conseil mixte où entre-
ront, avec d'anciens élèves
de l'établissement, des re-
présentants des grands in-
térêts de la région, ces
membres devant être en
minorité par rapport aux
délégués des professeurs
et des répétiteurs 88 11 2
(Attributions principales
de ces conseils: vœux ten-
dant à des créations de
cours; organisation de fê-
tes; encouragement des
exercices physiques; rap-
ports de l'établissement
avec la ville ou la région;
patronage des élèves au
sortir de l'établissement,
etc., etc.)
II. - EDUCATION
A. — L'Internat
La Société se prononce
pour le maintien de l'inter-
nat et regrette la campagne
inopportune qui est menée
contre cette institution... 85 3 13
B. — Education physique
La Société se déclare fa-
vorable au développement
des exercices physiques et
spécialement des jeux en
plein air, en vue d'assurer
le bon état physique de
tous, et non pas la prépara-
tion de quelques-uns à des
concours 98 0 3
C. — Rôle des administrateurs, profes-
seurs et répétiteurs dans l'œuvre de
l'éducation
La Société,reconnaissant,
par les faits qui lui ont été
présentés, que, dans les
conditions dans lesquelles
les professeurs donnent
aujourd'hui leur enseigne-
ment, ils sont déjà associés
étroitement à l'œuvre de
l'éducation, que la plupart
des conditions nécessaires
à l'action éducative des ré-
pétiteurs existent déjà, et
que l'Université tout entière
s'occupe dès à présent de
l'éducation individuelle et
collective plus que ne le
croit généralement le pu-
blic; maisestimantque son
œuvre éducative peut dans
certains cas être facilitée;
f 0 Constate que les pro- i*
fesseurs sont les premiers
à regretter que les familles
ne se mettent pas plus
souvent en rapport avec
eux 85 0 16
20 Emet le vœu que : a) il 20
soit créé, dans les lycées
et collèges, des conseils de
classes, réunions périodi-
ques assez fréquentes des
professeurs et répétiteurs
d'une même classe, qui
s'occuperaient non seule-
ment de la situation des
élèves, mais de l'état moral
de la classe et de chaque
élève en particulier; a) 91 6 4
b) Que les membres de
l'administration soient mis
à même, par l'allègement
de la besogne administra-
tive, de s appliquer plus
que jamais, tout entiers à
leur rôle d'éducateurs;.... 6) 90 0 11
c) Que, dans les lycées I
contenant un grand nombre
d'internes, le nombre des |
censeurs soit augmenté;.. c) 73 16 12
d) Que, dans la répartition
des servicesentre les répé- |
titeurs, l'administration ]
tienne compte de leur âge,
de leurs grades, de leurs I
aptitudes, pour les mettre ;
à même de collaborer le
mieux possible à l'ensei-
gnement et à l'éducation, '
conformément aux indica- , 11
lions données dans le dé-
cret du 28 août 1891 d) 93' 1 7
* L'un des 93 n'adopte qu'en
supprimant les mots : à l'ensei-
gnement. <
D. Situation des répétiteurs.
t 0 La Société rejette la pro- i* i
position suivante :
Conformément à l'esprit
du décret du 28 août 1891,
et de la circulaire explica-
tive du 31 décembre 1891, il
y a lieu de conférer, dans
les établissements d'ensei-
gnement secondaire, aux
répétiteurs qui possèdent
les-grades nécessaires et
ont le4à aptitudes voulues,
le titre de professeurs ad-
joints, en les divisant en
deux catégories, une pour
les lettres, une pour les
sciences. Attachés au be-
soin à plusieurs divisions
à la fois, oes professeurs
adjoints pourraient suivre
les exercices scolaires de
ces divisions; ils seraient
chargés d'interrogations
spéciales, d'examens, de
classes supplémentaires,
que les professeurs titulai-
res jugeraient nécessaires;
en cas d'absence, ils pour-
raient suppléer les titulai-
res 85* 4 1«
28 Sur la proposition des 1*
répétiteurs, elle émet le
vœu que la retenue se fasse
désormais sur leur traite- ^
ment intégral, y compris
l'indemnité de nourriture
et de logement 79 2 2t
* Approuvent le rejet de la proposition.
III. - LES TYPES D'ENSEIGNEMENT.
A. En général
La Société émet le vœu :
1- que les établissements
universitaires mettent par-
tout, autant que possible,
tous les types d'enseigne-
ments reconnus à la dispo-
sition des familles 1. 92 3 I
2- Que, dans les classes
élémentaires, les méthodes
d'enseignement soient, dès
le début, combinées en vue
des études ultérieures que
doivent faire les enfants
(différence de l'enseigne-
ment élémentaire et de l'en-
seignement primaire) 2* 92 3 t
B. Enseignement classique.
le Durée. — a) La Société
émet le vœu qu'en aucun
cas l'on ne réduise le temps
consacré actuellement aux
études classiques t' a) 99 0 <
b) Elle estime qu'il serait
désirable que les élèves ar-
rivassent moins jeunes
qu'aujourd'hui au terme de
leurs études classiques.... 6) 93 3 t
2° Suppressions et allége-
ments. — a) La Société émet
le vœu que les programmes
soient simplifiesen vue d'en
exclure ce qui est simple-
ment objet de curiosité, et
surcharge la mémoire, sans
développer la réflexion.... 2* a) 91 1 Il
Spécialement, elle émet
le voeu : b) que l'enseigne- b) 75 19
ment des sciences naturel-
relies soit supprimé en cin-
quième et en sixième; c)
que l'enseignement de l'his-
toire littéraire, en tant
qu'enseignement distinct et
suivi, soit supprimé c) 75 21 5
d) Elle se prononce, à la
majorilé,contre la suppres-
sion d'une heure de leçons
de choses dans les classes
élémentaires d) 60 24 17
30 La bifurcation scientifi-
que dans l'enseignement clas-
sique. - a) Vœu favorable 38
à l'établissement d'une bi-
furcation scientifique a) 78 15 8
b) 3 membres indiquent
leurs préférences pour une
bifurcation après la Qua-
trième, 4 pour une bifur- 6)
cation après la Troisième.
c) Bifurcation après la
seconde c) 71 20 IC
d) La bifurcation sera in-
térieure en Rhétorique,
avec conservation du latin
pour tous, et remplacement
des quatre heures de grec.
au besoin d'une heure de
latin,par des sciences, pour
les élèves de la section
scientifique d) 69 16 6
40 Adaptations locales des
programmes. — a) La Société
escime que l'enseignement 40
classique est un et ne com-
porte pas en général de
variations locales 0) 90 1 10
b) Elle émet le vœu que,
en vue de favoriser l'étude
des langues méridionales,
on admette, au baccalau-
réat, l'équivalence de l'ita-
lien et de l'espagnol, en
Algérie, de l'arabe avec
l'anglais et l'allemand b) 9i 1 16
C. — Enseignement moderne
But et rôle de l'enseignement
secondaire non classique. —
La Société, constatant que
l'enseignement classique
n'est pas responsable du dé-
veloppement du fonction-
narisme, et qu'il ne nuit en
rien au développement des
qualités actives nécessai-
res dans la vie pratique,
émet le vœu qu il soit cons-
titué, à la place de l'ensei-
gnement moderne actuel,
un enseignement secon-
daire de courte durée, con-
duisant soit aux professions
agricoles, industrielles et
commerciales,soit aux éco-
les techniques qui prépa-
rent à ces professions.....
* Un des 95 demande que cet
enseignement s'ajoute à l'ensei-
gnement moderne et ne le rem-
place pas.
2° Durée normale de cet en- 20
geignement. - a) La Société
écarte la durée de trois ans,
semblable à celle de l'en
seignement primaire supé-
rieur 3 lu
b) Elle écarte la durée
normale de cinq ans fi) 87 4 10
c) Elle émet le vœu sui-
vant : t) Que la durée nor-
male de cet enseignement
soit de quatre ans, avec
examen après la quatrième
année; c)i)87 5 9
2) Que, de plus, il puisse
y avoir une cinquième an-
née supplémentaire pour la
préparation aux écoles tech-
niques 2) 78 i8 5
3) Que les élèves de cette
cinquième année puissent
au besoin suivre les cours
de la rhétorique scientifi-
que, du étant alors dispenses
u latin dans cette classe.. 3) 74 10 17
3' Programmes. — La So- 3*
ciété est d'avis que les pro-
grammes de cet enseigne-
ment se composeront d'une
partie tières fixe, formée des ma-
ières de culture générale,
et d'une partie, variable
; selon les établissements et
■ les régions, comprenant les
matières ayant un carac-
tèret pratique : cette partie
variable sera établie après
avis donné par les conseils
' mixtes institués auprès de '
chaque établissement " * w <
4* Recrutement du person-^ 4*
Choses de
l'enseignement
L'inquiétude causée par le vote de la
chambre, supprimant un professeur de
lettres sur deux, dans les écoles norma-
les qui comptent moins de 36 élèves, est
loin de se calmer. On craint que le Sénat,
dans sa hâte de boucler le budget, en
retard de six mois, et glissant sur la
pente des économies mesquines, ne le
ratifie. Tous les journaux pédagogiques
et quelques confrères de la grande presse
crient : casse-cou ; Le Fronde se doit de
Irai ter la question à fond; c'est pourquoi
■ 'y reviens à quelques semaines d inter-
valle.
. Il y a des écoles normales où le nom-
bre des élèves-maîtres est derisoire;
c'est un fait. Dans ces écoles, à peine
peuplées, chaque élève, jçràce aux frais
généraux, coûte les yeux de la tête à
I Etat. Il s'agit de savoir si une telle si-
tuation est temporaire ou définitive.
Si elle est définitive, faites donc de
deux 8U trois groupes insuffisants, un ;
groupe raisonnable et n'en parlons plus.
II y a des précédents qui ont réussi; j
filtre autres, dans Vaucluse et dans les j
Basses-AI rb. l j
Mais il n'est même pas prouvé que la
situation ne soit pas seulement tempo-
raire; il n'est pas prouvé non plus qu elle
soit régulière; il n'est pas prouvé enfin l
que les écoles agonisantes ne pussent
être vivifiées dès demain, si le Parle-
ment, renonçant à son système de pe-
tites économies, les mettait à même de
recevoir un nombre d'élèves en rapport
avec les besoins de leurs départements.
Or, les maitrci débutants sortent-ils
tous des écoles normales? — « Non, ré-
pond, M. Devinat, directeur de l fcicole
Normale de Paris, dans l'Ecole Nouvelle.
JI fut un temps, qui n'est pas loin, ou les
postes à pourvoir étaient en si grand
nombre qu'il a bien fallu accepter, dans
les cadres de l'enseignement primaire, a
côté des élèves-maîtres, des candidats
étrangers aux écoles normales. C était
alors une nécessité : les inspecteurs
d'académie pouvaient en gémir, mais ils
Étaient obligés d'en passer par là.
Aujourd'hui, les postes vacants sont
plus rares : mais comme on a réduit, par
mesure d'économie, les effectifs des éco-
les normales, il s'ensuit qu'il y a encore,
si l'on considère l'ensemble des départe-
tuents français, moins d'élèves-maîtres
sortants que de classes à pourvoir.
Dans les années qui vont suivre, si le
mouvement des retraites redevient nor-
mal, comme il est permis de l'espérer, il
y aura sensiblement plus de vacances
qu'aujourd'hui, par suite plus de nomi-
nations de stagiaires, et, en fin compte,
un plus grand écart entre le chiffre des
stagiaires à nommer et celui des élèves-
maîtres sortants.
La conclusion de ce qui précède, c est
que les effectifs actuels des écoles nor-
males, déjà faibles pour les besoins pré-
sents, vont être insuffisants pour les be-
soins futurs, et qu'il y aura lieu désor-
mais de les renforcer, si l'on ne se rési-
gne pas à laisser pénétrer dans nos
cidres des maitres inférieurs à leur
tllche. ^
M. A. Balz corrobore dans le Volume
les assertions de M. Devinât.
« C'est aussi pour faire faire des éco-
nomies... de bouts de chandelles, dit-il,
que vous supprimez dc-ci de-là quelques
professeurs et vous écrasez la direction
sous le poids des occupations les plus
variées. Ce n'est pas suffisant. Il faut
encore pratiquer des économies sur les
flùvcs. Vous supprimez un ou deux élè-
ves par promotion. Et voici alors ce qui
arrive :
« Dans mon école normale, m'écrit un
Jirccteur,chaque promotion compte une
dizaine d'élèves; la dernière n'en avait
même que huit. Vous en concluez peut-
r tre que les besoins du service n'exigent
lue huit stagiaires par année, détrom-
pez-vous. Tous les élèves sortis au mois
de juillet ont été placés avant le 1er fé-
vrier. Notre inspecteur d'Académie a dû,
pendant six mois au moins, faire appel
i. des suppléants pourvus du brevet Ólé-
JIlenLaire. Il a dû même laisser certaines
écoles fermées malgré l'emploi d'élèves
maîtres pour assurer le service.Eh bien 1
en vue de la rentrée suivante,il demande
qu'on admette seize élèves à l'école. Le
conseil départemental appuie cette de-
mande dans un rapport fortement mo-
tivé. Et le ministre en accorde... huit...
Dans un an, l'inspecteur d'Académie re-
commencera à battre la campagne pour
trouver, comme dans certains restau-
rants, des « extras » de bonne volonté. »
Vous voulez faire des économies? Mais
pourquoi n'avoir pas maintenu l'institu-
tion des auditeurs libres qui ne vous
coûtaient rien et pouvaient peut-être
vous rapporter quelque chose. Il y a des
parents qui consentiraient à payer la
pension, du reste assez modique, et vous
augmenteriez l'effectif sans augmenter
,les dépenses. Ces auditeurs, assimilés
aux autres élèves pour le classement et
les droits à la sortie, seraient pris sur la
liste d'admissibilité. Ils donneraient des
garanties qu'on attend en vain des fruits
~ secs de l'examen d'admission.
Pour faire des économies, sans doute
il y a quelque chose, il n'y a même
qu'une chose à faire, c'est de fusionner
un certain nombre d'écoles normales
qui, isolées, coûtent cher et vivent mal.
Tous les avantages de cette fusion ont
été maintes et maintes fois exposés ici
et ailleurs. Chacun renchérit sur le bon
effet de la mesure :
« Tout le monde en convient et nul
n'y contredit. »
Un moment même, le ministère de
l'Instruction publique avait travaillé
dans ce sens-là; il a depuis changé son
fusil d'épaule.Et il nous prouvera quand
nous voudrons que ce n'est pas sa faute
et qu'il se heurte à la Chambre à des ob-
stacles insurmontables, Prenez mainte-
nant à la Chambre un député quelcon-
que et amenez-le dans un petit coin où
il ne risque pas d'être entendu. Il vous
avouera que la réduction du nombre des
écoles normales est la solution la plus
logique et la plus rationnelle.Mais chut!
n'en parlez pasl Si son électeurs le sa-
vaient, 0
II
La suppression d un maître sur deux a
pour conséquence immédiate de doubler,
de tripler le nombre d'heures d'ensei-
gnement auxquelles était astreint le di-
recteur ou la directrice de l'école nor-
male : il avait six heures au plus, la loi
lui en imposera jusqu'à dix-huit.
Est-ce très... correct de changer ainsi,
du jour au lendemain les termes d'une
convention?
Et si ce n'est pas correct est-ce, au
moins, matériellement acceptable par le
directeur? est-ce inoffensif au point de
vue de l'établissement lui-même ?
Examinons d'abord, règlement en
mains ce que la loi — non encore modi-
fiée — exige d'un directeur ou d'une
directrice, en commençant par les titres
qu'il (ou elle) doit posséder :
Il doit être pourvu du certificat d'apti-
tude au professorat des écoles normales
et des écoles primaires supérieures, ou
bien de la licence ès-lettres ou d'une des
licences ès sciences instituées par le
décret du 21 janvier 1896; et de plus du
certificat d'aptitude à l'inspection des
écoles primaires et à la direction des
écoles normales. Il doit être âgé de 30 ans
révolus. (Les mêmes conditions sont
faites aux directrices).
Au point de vue matériel :
Le directeur engage et ordonnance les
dépenses dans les limites des crédits ré-
gulièrement alloués. Il passe les mar-
chés.
Il surveille et contrôle toutes les par-
ties du service de l'économat, sans
pouvoir s'immiscer dans le maniement
des deniers et des matières.
Il représente l'école en justice, mais ne
peut engager aucune action sans l avis
du conseil d'administration et l'autorisa-
tion du conseil de préfecture.
Il assiste aux séances du conseil d'ad-
ministration, avec voix consultative, s'il
n'est pas désigné par le recteur pour
faire partie de ce conseil, par application
de l'article 47 de la loi du 19 juillet 1889.
Il vérifie la caisse de l'école, au moins
une fois par mois. Il arrête les écritures
et inscrit le résultat de sa vérification
sur le journal de caisse, etc., etc., etc.
Que l'école compte cent cinquante élè-
ves (école normale d'institutrices de
Douai) ou dix-huit comme celles de Mon-
tauban, la dépense de temps et la res-
ponsabilité sont indentiques. Il n'est pas
inutile de faire remarquer, ici, que les
écoles peu nombreuses n'ont pas d 'éco-
nome.
Si de la charge matérielle nous pas-
sons aux responsabilités intellectuelles
et morales, nous verrons d'abord : que
le directeur d'école normale représente
l'école auprès des autorités et auprès des
familles ;
Qu'il préside le conseil des professeurs,
dont les réunions ont lieu, obligatoire-
ment, tous les trois mois, mais qui, dans
la pratique, est convoqué toutes les se-
maines..
Qu'il surveille l'enseignement et dirige
l'effort des professeurs dans un même
but;
Qu'il préside les conférences pédago-
giques faites par les élèves-maîtres de-
vant leurs camarades ou devant les
élèves de l'école annexe ;
Qu'il est, en un mot. responsable de
l'école au point de vue de la vie intellec-
tuelle et de la vie morale;
Qu'enfin, il doit donner six heures
d'enseignement par semaine : pédagogie
et morale.
Cela, « c'est ce qu'on voit, » dit M. De-
vinât dans l'article que j'ai déjà cité.
Ce qu'on ne voit pas, et ce que les ins-
pecteurs ne peuvent guère constater,
faute de temps, c'est l'action incessante
et féconde du directeur — qui dirige :
sa présence au milieu des élèves, sa vi-
gilance discrète, son intervention op-
portune, ses conseils familiers, ses utiles
remontrances, ce perpétuel contact in-
tellectuel et moral entre les élèves et lui,
ce souci supérieur d'une responsabilité
qui n'a d'autres limites que ses forces,
et qui l'empèche toujours d'être pleine-
ment satisfait de lui-même parce que sa
conscience lui dit qu'il aurait encore pu
faire davantage.
C'est cela proprement qui est la tâche
du directeur, — et non les six heures de
classe que lui attribue le règlement, ni
les quelques pièces officielles qu'il doit
adresser, chaque mois. à ses chefs, ni
même le contrôle nécessaire du travail
des professeurs et de la gestion de l'éco-
nome, encore que ces diverses obliga-
tions et d'autres que j'oublie, ne laissent
pas d'être une charge à qui les veut
remplir d'une façon consciencieuse.
Et cette tâche du directeur, elle est la
même dans une grande école et dans
une petite : son étendue ne dépend
guère du nombre des élèves, ni son uti-
lité. Il se peut même qu'elle soit plus ef-
ficaee dans une école de trente élèves que
dans une de cent vingt. »
Après le témoignage de M. Devinât,
directeur de l'Ecole normale de la Seine,
qui a dirigé préalablement des écoles
normales en province, voici celui d'une
directrice dont l'école compte trente-
cinq élèves, et qui tombe, par consé-
quent sous le coup de la loi proposée.
« Dans cette école il y a, outre les di-
rectrices des classes annexes, et les maî-
tres chargés des enseignements acces-
soires, trois professeurs : deux de scien-
ces, un de lettres et la directrice.
L'un des professeurs de sciences est,
en même temps, chargé de l'économat ;
elle doit un minimum de dix heures d'en-
seignement. Les deux autres profes-
seurs et la directrice doivent se partager
le reste.
Or, il faut savoir que, d'après l'Arr:.té
du 18 janvier 1887, l'enseignement com-
prend :
34 heures pour l'enseignement des let-
tres ;
33 heures pour l'enseignement des
sciences, déduction faite des cours acces-
soires donnés par les professeurs spé-
ciaux.
On a, il est vrai, réuni les élèves de
deux années ou des trois années pour
divers enseignements ; gymnastique,
couture, écriture; on tentera à la rentrée
prochaine d'autres groupements, mais...
Il faut compter avec les sei vices de
toute sorte qui compliquent la vie d'une
école normale d'institutrices : il y a les
questions du dortoir; celles des récréa-
tions ; celles des promenades ; celles des
sorties exceptionnelles.
Il faut conduire les élèves à la messe,
au bain ; il faut les accompagner à la
gare, il faut les accompagner partout.
Il faut soigner les malades, il faut re-
cevoir les familles, les connaître, aller
1 les voir, vivre près d'elles, moralement
et intellectuellement.
Les anciennes élèves, les institutrices
. f du département ont pris l'habitude de
revenir à t'Ecoto dans mille circonstan-
ces : consails pédagogiques, encourage-
ments, avis et secours de toute sorte ;
les mères de famille y viennent aussi et
môme les institutrices particulières. L'é-
cole normale est ancienne déjà ; on en
connaît la directrice ; tous ceux qui, de
près ou de loin, s'occupent de l'éduca-
tion des jeunes filles ont pris le plan si
commode de s'adresser à elle.
Est-ce une partie négligeable de la ta-
che de la directrice ? Faut-il souhaiter
de la lui voir rayer de sa vie? Ne serait-
ce point là au contraire une excellente
manière de faire de l'Ecole Normale un
foyer très vivant d'idées, de travail ?
Mais le personnel des élèves n'est
pas le seul à demander les soins de la
directrice ; plusieurs maîtresses sont
jeunes. Elles aimeraient sortir quelque-
fois ; le théâtre, — un concert, une con-
férence les appellent. Mais sortir le soir,
rentrer tard, que dira-t-on ?
La directrice les accompagnera.
On a beau résister aux coutumes mon-
daines, il faut faire des visites, ou rece-
voir. L'école est un établissement impor-
tant, il est nécessaire de lui faire sa place
parmi les institutions avec lesquelles on
compte...
On meurt, on se marie, la directrice
ira au mariage ou à l'enterrement endos-
sant la livrée triste ou gaie, — et per-
dant plusieurs heures que réclamerait
l'Ecole...
Et maintenant, voici la série intermi-
nable des examens : brevets, certificats
de tous degrés, l'appellent à tour de rôle
à la ville ; le conseil départemental la
réclame ; le conseil d'administration sur-
vient...IX-
Toutes les exigences administratives
exigent du temps. Il faut faire un rap-
port, il faut travailler avec l'économe, il
faut discuter une question avec un four-
nisseur..
Cependant la directrice a maintenant
trois heures de leçons par jour. Elle a
vieilli, depuis le temps où elle faisait ses
études, elle a pu acquérir de l'expérience
elle a sûrement perdu de la mémoire. Il
lui faudrait plus de temps qu'à une au-
tre pour préparer ses leçons, où le trou-
vera-t-elle ? Doit-elle donc se résigner à
donner un enseignement inférieur parce
qu'elle manquera du temps nécessaire
pour le préparer! Quand lira-t-elle?
Quels livres introduira-t-elle dans son
école? Quelles directions intellectuelles
pourra-t-elle donner autour d elle ?
Et maintenant, voyons les choses de
plus près. Une des trois maltresses est
mariée — elle a de la famille,des enfants.
Une autre demeure chez ses parents, en
ville. Reste une troisième, la seule. Est-
il juste qu'elle soit d'autant plus char-
gée ? La directrice partagera la surveil-
lance. C'est tout naturel, mais c'est bien
fatigant et surtout où trouver le temps
nécessaire ?
Voici d'ailleurs, un tableau — adouci
— d'une des semaines de la directrice
en question... qui n'est pas la seule à
faire son devoir :
Lundi. — Lever à 6 h. moins 114. Le-
ver des élèves : j'y assiste car je vais 1
passer la journée hors de l'Ecole, à
6 h. 112, leçon. Il en faut perdre le moins 1
possible. A 7 h. 112, déjeuner, départ
pour l'examen, à midi, je rentre. Deux
personnes m'attendent. Je les reçois, il
est une heure ! je déjeune, je donne une
leçon, je repars pour l'examen. A 6 heu-
res, retour. Il y a plusieurs élèves à voir.
L'une a été souffrante, l'autre a reçu une
lettre de sa famille. Une maîtresse a be-
soin de livres. Une autre veut un avis.
J'ai un rapport à fournir. Et demain ma-
tin, trois leçons à donner 1 Comment les
préparer ?
Mardi. — Lever à la même heure. I
Etude de 6 h. 112 après un passage au
dortoir. Mais voie, des ouvriers qui vien-
nent faire une réparation urgente. Mais
c'est l'architecte qui me demande. L'Eco-
nome à une question à traiter. L'inspec-
teur d'académie vient à l'école annexe ;
le facteur apporte un gros paquet de let-
tres. 9 heures sonnent; les leçons seront
faites comme il se pourra. Demain, cela
ira mieux.
Midi. Je n'en puis plus. J'assiste au
déjeuner des élèves. Une institutrice de
la ville a perdu sa mère, les funérailles
sont à deux heures, il y faut aller. En
rentrant je passerai par l'Inspection aca-
démique ; puis je recevrai le docteur Q.Ili
vient voir où en est la santé des élèves.
9 heures. J'ai réussi, en m'y reprenant à
dix fois, à corriger une copie d'élève,j'en
ai encore dix pour demain matin ; ma
tête est si remplie de sommeil que je
vais dormir.
Mercredi. — Un tourbillon de travail,
de lettres, de leçons, de visites, de dé-
rangements de toute sorte. J'ai renvoyé
trois fois ma couturière qui voulait m'es-
sayer une robe. A cinq heures, j'ai une
conférence que je n'ai point préparée;
encore une misère de ma vie trop occu-
pée.
Jeudi. — Conseil départemental. — Le
soir, séance de réception des vêtements
des enfants assistés.
Longue conférence avec l'inspecteur,
étude des améliorations à apporter dans
la composition de ces pauvres trous-
seaux.
Je rentre à 6 heures, il faut se hâter de
préparer mes leçons — pour demain.—
Mais on m'attend; plusieurs élèves ont
besoin de me voir. Je veillerai.
Vendredi. — Le matin, en classe ;après
midi, aux annexes, du moins, jusqu'au
moment où je suis appelée à mon cabi-
net. J'ai des recherches à faire dans mes
archives. Une ancienne élève a donné sa
démission. Il faut établir son compte.
En voilà pour ma soirée.
Samedi. — Après une classe,la réunion
du personnel. Que de choses à dire, que
nous dirons, que de choses à faire, que
nous ne pourrons point faire ! Le temps
manque toujours. Il faudrait pourtant.
A 6 heures, je vais faire la lecture aux
élèves, puis je verrai à ma correspon-
dance personnelle.
Dimanche. — Toutes les élèves sem-
blaient s'être donné le mot. Toutes
avaient besoin de me voir. Il fallait écrire
aux mamans. Que dois-je dire sur tel ou
tel sujet? Il faut des livres récréatifs.
Lesquels conseiller ? Je n'ai rien lu de-
puis longtemps. Voici les revues de la
semaine. Il faudrait les parcourir.
Et toujours la correspondance admi-
nistrative va son tram.— Heureusement
que la semaine proobaine sera toute pa-
reille à celle-ei,avec la différence que les
examens dureront trois jours au lieu
d'un, que le conseil départemental sera
1. remplacé par le conseil d'administration,
que les jours seront plus chauds et plus
fatigants, qu'à la lassitude de chaque
jour viendra s'ajouter la lassitude de la
semaine précédente et que le sentiment
qu'on a laissé derrière soi mille choses à
faire va en augmentant, finit par causer
un pénible, un douloureux malaise, con-
tre lequel on ne peut rien que lutter avec
le sentiment de la vanité d'un effort né-
cessairement impuissant »
Le ton si mélancolique de la fin de ces
notes nous en apprend plus que de longs
discours. Il semble vraiment à nous voir
attaquer nous-même l'œuvre capitale, et
f)resque irréprochable de notre loi sco-
aire, que nous avons reçu d'une mé-
chante fée, le don de mettre des bâtons
dans nos propres roues. Certes, il n'y a
pas de vote irrémédiablement déflnitif;
un membre du parlement pourra — plus
tôt ou plus tard — faire revenir leurs col-
lègues sur leur décision. Mais que de
temps perdu, pendant cette période de
retour en arrière. Et dire que nous étions
si bien partis 1... Si bien que nos adver-
saires cherchaient à se modeler sur
nous 1
Que dis-je « cherchaient? n ils se con-
certent, ils vont agir...C'est désespérant!
PAULINE KERGOMARD.
Extension Universitaire
UNIVERSITÉ D'OXFORD
Cours de vacances de 1899.
(29 juillet au 23 août.)
Les Cours de vacances de l'Extension uni-
versitaire en Angleterre se feront cette
années à Oxford. Ils sont consacrés aux
étudiants étrangers aussi bien qu'aux étu-
diants ordinaires de l'Extension. Ils auront
lieu en deux séries, la première s étendant
du 29 juillet au 9 août, et la seconde du 9 au
23 août.
Les sujets traités dans les conférences et
les cours seront les suivants :
1. — L'histoire et la littérature pendant la
période 1837-1871..
Il. — La science au dix-neuvième siècle,
en particulier dans ses rapports avec la
biologie et l'évolution......
III. — La science économique : histoire et
théorie, en particulier dans ses rapports
avec la coopération et l'Economique indus-
trielle.
IV. — La musique et les beaux-arts de la
même période.
V. — Les études grecques au XIX. siècle :
résultats des recherches modernes sur l'his-
I toire, la littérature, l'art et l'archéologie de
l'ancienne Grèce. Ce cours s'adressera tout
spécialement aux professeurs de 1 ensei-
gnement secondaire.
VI. — Histoire et théorie de 1 éducation.
VII. — Arciiitecture.
VIII. — Classes d'anglais, de grec, de la-
tin et de philosophie.
IX. — Classes d'anglais spécialement des-
tinées aux étrangers. Des certificats seront
délivrés aux auditeurs de ces classes.
Le prix des inscriptions est de 37 francs
pour les deux séries et de 25 francs pour
une seule. Les classes spéciales donnent
lieu à une rétribution supplémentaire.
Un certain nombre d'étudiants élrangers
pourront être logés et nourris dans les col-
lèges d'Oxford (37 francs par semaine, tout
compris). Pour les autres, une liste de lo-
gements et de pensions sera jointe avec les
prix au programme complet.
Pour recevoir ce programme (1 fr.), s'a-
dresser à M. Ch. Garnier, professeur au
lycée Corneille, 19, rue Bihorel, Rouen.
POUR LE GREC. — L'Association pour l'en-
stignement des études grecques a entendu un
remarquable rapport de M. Maurice Croiset.
En voici un fragment emprunte à un arlicle
de l'Enseignement secondaire.
« Assurément, il n'est pas bon de se com-
plaire aux prévisions tristes. Les gens dé-
couragés découragent jusqu 'à leurs amis.
Mais enfin, comment nous dissimuler que,
dans cette crise de l'enseignement secon-
daire dont on parle tant, la situation du
grec n'est pas ce qu'il y a de moins criti-
que ? L'opinion, qui est, selon Pascal, « la
reine du monde Il, va, pour le moment, vers
d'autres objets. Et ce qui met surtout le
grec en danger, c'est qu'il risque toujours
d'être ce surplus de cargaison qu'on jette a
la mer, lorsqu'on veut alléger le bâtiment.
Les sauveteurs ne manquent pas, vous le
savez, qui se font fort de tirer le latin du
péril des flots, à la seule condition de sacri-
fier le grec. Supposons qu'ils réussissent
pour quelque temps. Aurions-nous encore
une éducation vraiment classique ? Le latin
sans le grec, ce serait à peu près la même
chose que le français sans le latin ; ce serait
une étude incomplète, une demi-éducation,
c'est-à-dire une éducation insuffisante. Je
ne comprends pas Virgile privé d Homère.
Si on les sépare, on perd le sentiment vif de
ce qu'est l'héritage moral dans l'humanité
On cesse de mesurer du regard la profon-
deur de l'antiquité. La vraie éducation clas-
sique' est celle qui permet à l'enfant de
saisir, aussi loin que possible dans le passé,
ces belles et pures sonorités de l'âme hu-
maine qui se sont propagées de siècles en
siècles et de rivage en rivage, et dont nous
sentons encore en nous les vibrations éter-
nelles. Celui qui n'a pas entendu pleurer
l'Andromaque d'Homère avant celle de Vir-
gile et celle de Racine, ne saura jamais
comme nous le savons depuis combien de
temps l'amour et la beauté se sont levés
sur le monde; et il n'aura jamais, je le
crains, cette vision claire et pleine de loin-
tains historiques, qui donne à 1 homme le
sentiment complet de l'humanité.
« C'est là, Messieurs, ce que nous ne de-
vons pas nous lasser de dire, et ce qu'il
faut espérer qu'on entendra. Ce n est pas
pour nous que nous plaidons. Les hellé-
nistes ont cela de bon qu'ils aiment assez
le grec pour l'aimer au besoin à eux tout
seuls. Oui, ils trouveraient encore un plai-
sir infini à lire Homère, quand même la
majorité de nos représentants se brouille-
rait officiellement avec lui. ^Mais en
même temps qu'ils aiment Homère, ils ai-
ment leur pays. Et il leur semble que ce- i
lui-ci ne deviendrait pas plus grand, quoi
qu'on dise autour d'eux, s'il croyait devoir,
par engouement pour je ne sais quel pré-
tendu idéal anglo-saxon, diminuer toutes
ces nobtesses qu'il doit en partie à sa tra-
dition eréco-latine. »
Le Questionnaire
de la Société pour l'étude des questions
d'enseignement secondaire
A la date du fer mai, loi membres de la
Société ont envoyé leurs réponses au ques-
tionnaire encarte dans l'Enseignement secon-
daire du t.e avril. Ces 101 membres se dé-
cnmnosent. ainsi :
Enseignement supérieur ...» 5
Administration des lycées.... 8
Sciences (lycées) » 13
Philosophie (lycées), 5
Histoire (lycées) 10
Lettres (lycées) . 28
Grammaire (lycées) 10
Langues vivantes (lycées).... 5
Collèges 9
Enseignement libre t
; Divers (faute d'indication de nom). 7
Mous publions ci-dessous les résultats t
détaillés de cette consultation. 1
I. — REGIME DES LYCEES ET COLLEGES
A. Nomination et attributions
du proviseurs
| | 1
La Société émet le voeu :
le que le droit d'initiative
des proviseurs soit aug-
menté, ainsi que leur indé-
pendance vis-à-vis de l'ad-
ministration centrale..... la 92 5 4
2° a) Que la stabilité du 2* a) 94 3 4
provisorat soit assurée par
l'avancement sur place; 6) t) 93 4 4
et l'autorité locale des pro-
viseurs accrue par l'amé-
lioration de leur situation
matérielle.
B. Autonomie des lycées et collèges.
La Société émet les trois vœux ci-des-
sous.
i 0 Autonomie bubgétaire; i*
que, pour le matériel d'en-
seignement et la bibliothè-
que une somme détermi-
née soit mise chaque année
à la disposition de chaque
établissement, pour être
dépensée au mieux des be-
soins, cette somme restant
en tout cas acquise à l'éta-
blissement toi 4
2* Autonomie administra- t-
tive; que, dans la limite de
principes fixés très généraux
ixés par le Ministre et le
Conseil supérieur, tous les
détails de la vie intérieure
de chaque établissement
soient réglés par le chef
de t'étabtissement.d'accord
avec le conseil de disci-
pline et l'assemblée des
professeurs 98 2 1
3° Autonomie pédagogique
que, en dehors des conseils
existants (conseil de disci-
pl ine, conseil de perfection-\
nement), il soit institué
dans les lycées et collèges
un conseil mixte où entre-
ront, avec d'anciens élèves
de l'établissement, des re-
présentants des grands in-
térêts de la région, ces
membres devant être en
minorité par rapport aux
délégués des professeurs
et des répétiteurs 88 11 2
(Attributions principales
de ces conseils: vœux ten-
dant à des créations de
cours; organisation de fê-
tes; encouragement des
exercices physiques; rap-
ports de l'établissement
avec la ville ou la région;
patronage des élèves au
sortir de l'établissement,
etc., etc.)
II. - EDUCATION
A. — L'Internat
La Société se prononce
pour le maintien de l'inter-
nat et regrette la campagne
inopportune qui est menée
contre cette institution... 85 3 13
B. — Education physique
La Société se déclare fa-
vorable au développement
des exercices physiques et
spécialement des jeux en
plein air, en vue d'assurer
le bon état physique de
tous, et non pas la prépara-
tion de quelques-uns à des
concours 98 0 3
C. — Rôle des administrateurs, profes-
seurs et répétiteurs dans l'œuvre de
l'éducation
La Société,reconnaissant,
par les faits qui lui ont été
présentés, que, dans les
conditions dans lesquelles
les professeurs donnent
aujourd'hui leur enseigne-
ment, ils sont déjà associés
étroitement à l'œuvre de
l'éducation, que la plupart
des conditions nécessaires
à l'action éducative des ré-
pétiteurs existent déjà, et
que l'Université tout entière
s'occupe dès à présent de
l'éducation individuelle et
collective plus que ne le
croit généralement le pu-
blic; maisestimantque son
œuvre éducative peut dans
certains cas être facilitée;
f 0 Constate que les pro- i*
fesseurs sont les premiers
à regretter que les familles
ne se mettent pas plus
souvent en rapport avec
eux 85 0 16
20 Emet le vœu que : a) il 20
soit créé, dans les lycées
et collèges, des conseils de
classes, réunions périodi-
ques assez fréquentes des
professeurs et répétiteurs
d'une même classe, qui
s'occuperaient non seule-
ment de la situation des
élèves, mais de l'état moral
de la classe et de chaque
élève en particulier; a) 91 6 4
b) Que les membres de
l'administration soient mis
à même, par l'allègement
de la besogne administra-
tive, de s appliquer plus
que jamais, tout entiers à
leur rôle d'éducateurs;.... 6) 90 0 11
c) Que, dans les lycées I
contenant un grand nombre
d'internes, le nombre des |
censeurs soit augmenté;.. c) 73 16 12
d) Que, dans la répartition
des servicesentre les répé- |
titeurs, l'administration ]
tienne compte de leur âge,
de leurs grades, de leurs I
aptitudes, pour les mettre ;
à même de collaborer le
mieux possible à l'ensei-
gnement et à l'éducation, '
conformément aux indica- , 11
lions données dans le dé-
cret du 28 août 1891 d) 93' 1 7
* L'un des 93 n'adopte qu'en
supprimant les mots : à l'ensei-
gnement. <
D. Situation des répétiteurs.
t 0 La Société rejette la pro- i* i
position suivante :
Conformément à l'esprit
du décret du 28 août 1891,
et de la circulaire explica-
tive du 31 décembre 1891, il
y a lieu de conférer, dans
les établissements d'ensei-
gnement secondaire, aux
répétiteurs qui possèdent
les-grades nécessaires et
ont le4à aptitudes voulues,
le titre de professeurs ad-
joints, en les divisant en
deux catégories, une pour
les lettres, une pour les
sciences. Attachés au be-
soin à plusieurs divisions
à la fois, oes professeurs
adjoints pourraient suivre
les exercices scolaires de
ces divisions; ils seraient
chargés d'interrogations
spéciales, d'examens, de
classes supplémentaires,
que les professeurs titulai-
res jugeraient nécessaires;
en cas d'absence, ils pour-
raient suppléer les titulai-
res 85* 4 1«
28 Sur la proposition des 1*
répétiteurs, elle émet le
vœu que la retenue se fasse
désormais sur leur traite- ^
ment intégral, y compris
l'indemnité de nourriture
et de logement 79 2 2t
* Approuvent le rejet de la proposition.
III. - LES TYPES D'ENSEIGNEMENT.
A. En général
La Société émet le vœu :
1- que les établissements
universitaires mettent par-
tout, autant que possible,
tous les types d'enseigne-
ments reconnus à la dispo-
sition des familles 1. 92 3 I
2- Que, dans les classes
élémentaires, les méthodes
d'enseignement soient, dès
le début, combinées en vue
des études ultérieures que
doivent faire les enfants
(différence de l'enseigne-
ment élémentaire et de l'en-
seignement primaire) 2* 92 3 t
B. Enseignement classique.
le Durée. — a) La Société
émet le vœu qu'en aucun
cas l'on ne réduise le temps
consacré actuellement aux
études classiques t' a) 99 0 <
b) Elle estime qu'il serait
désirable que les élèves ar-
rivassent moins jeunes
qu'aujourd'hui au terme de
leurs études classiques.... 6) 93 3 t
2° Suppressions et allége-
ments. — a) La Société émet
le vœu que les programmes
soient simplifiesen vue d'en
exclure ce qui est simple-
ment objet de curiosité, et
surcharge la mémoire, sans
développer la réflexion.... 2* a) 91 1 Il
Spécialement, elle émet
le voeu : b) que l'enseigne- b) 75 19
ment des sciences naturel-
relies soit supprimé en cin-
quième et en sixième; c)
que l'enseignement de l'his-
toire littéraire, en tant
qu'enseignement distinct et
suivi, soit supprimé c) 75 21 5
d) Elle se prononce, à la
majorilé,contre la suppres-
sion d'une heure de leçons
de choses dans les classes
élémentaires d) 60 24 17
30 La bifurcation scientifi-
que dans l'enseignement clas-
sique. - a) Vœu favorable 38
à l'établissement d'une bi-
furcation scientifique a) 78 15 8
b) 3 membres indiquent
leurs préférences pour une
bifurcation après la Qua-
trième, 4 pour une bifur- 6)
cation après la Troisième.
c) Bifurcation après la
seconde c) 71 20 IC
d) La bifurcation sera in-
térieure en Rhétorique,
avec conservation du latin
pour tous, et remplacement
des quatre heures de grec.
au besoin d'une heure de
latin,par des sciences, pour
les élèves de la section
scientifique d) 69 16 6
40 Adaptations locales des
programmes. — a) La Société
escime que l'enseignement 40
classique est un et ne com-
porte pas en général de
variations locales 0) 90 1 10
b) Elle émet le vœu que,
en vue de favoriser l'étude
des langues méridionales,
on admette, au baccalau-
réat, l'équivalence de l'ita-
lien et de l'espagnol, en
Algérie, de l'arabe avec
l'anglais et l'allemand b) 9i 1 16
C. — Enseignement moderne
But et rôle de l'enseignement
secondaire non classique. —
La Société, constatant que
l'enseignement classique
n'est pas responsable du dé-
veloppement du fonction-
narisme, et qu'il ne nuit en
rien au développement des
qualités actives nécessai-
res dans la vie pratique,
émet le vœu qu il soit cons-
titué, à la place de l'ensei-
gnement moderne actuel,
un enseignement secon-
daire de courte durée, con-
duisant soit aux professions
agricoles, industrielles et
commerciales,soit aux éco-
les techniques qui prépa-
rent à ces professions.....
* Un des 95 demande que cet
enseignement s'ajoute à l'ensei-
gnement moderne et ne le rem-
place pas.
2° Durée normale de cet en- 20
geignement. - a) La Société
écarte la durée de trois ans,
semblable à celle de l'en
seignement primaire supé-
rieur 3 lu
b) Elle écarte la durée
normale de cinq ans fi) 87 4 10
c) Elle émet le vœu sui-
vant : t) Que la durée nor-
male de cet enseignement
soit de quatre ans, avec
examen après la quatrième
année; c)i)87 5 9
2) Que, de plus, il puisse
y avoir une cinquième an-
née supplémentaire pour la
préparation aux écoles tech-
niques 2) 78 i8 5
3) Que les élèves de cette
cinquième année puissent
au besoin suivre les cours
de la rhétorique scientifi-
que, du étant alors dispenses
u latin dans cette classe.. 3) 74 10 17
3' Programmes. — La So- 3*
ciété est d'avis que les pro-
grammes de cet enseigne-
ment se composeront d'une
partie tières fixe, formée des ma-
ières de culture générale,
et d'une partie, variable
; selon les établissements et
■ les régions, comprenant les
matières ayant un carac-
tèret pratique : cette partie
variable sera établie après
avis donné par les conseils
' mixtes institués auprès de '
chaque établissement " * w <
4* Recrutement du person-^ 4*
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