Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-04-15
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 avril 1899 15 avril 1899
Description : 1899/04/15 (A3,N493). 1899/04/15 (A3,N493).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67036123
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Supplément quotidien du journal LA FRONDE
Choses de
l'enseignement
LE CONGRÈS DES PROFESSEURS
DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
«- Avant tout. je demande à rectifier un<
Erreur typographique qui, placée au bor
,tndroit,, a rendu inintelligible, dans mor
ftcrnier Supplément, une idée importante
parlant des instituteurs qui auraient toul
intérêt à se faire connaitre, je disais;
. Ceux qui les connaissent bien et qui
connaissent les autres (je voulais dire tes
tongréganistcs) la compositrice a écrit :
tes centres ! »
1 Et après? me demande un aimablt
sceptique, dès que la clôture du Congrès
u été prononcée.
— (e Après » répondis-je, aura soin de
pc qui le regarde et, pour le moment, je
pie coritenle de ce que nous avons acquis
pendant ces trois jours.
— Le sage se contente de peu, répli-
qua mon interlocuteur.
— Trois cents professeurs se sont réu-
nis; ils ont, pendant trois jours, cherché
à s'entendre sur des questions dont dé-
pend l'avenir du pays ; malgré des diver-
gences qu'il serait puéril et même dan-
gereux de vouloir ignorer, ils ont pu
prendre, en commun, parfois IUt'.me à
lunanimité, des résolutions importantes
.--et vous trouvez que c'est peu!
Ell bien! je trouve, moi, que c'est
beaucoup.
f Pour travailler ensemlrtc avec quelque
chance de succès, il faut commencer par
lier connaissance. Les trois cents con-
gressistes se connaissent aujourd hui.
1 Désirant donner un tableau d'ensemble
J1u Congrès, je reproduis, ici, les ques-
tions qui composaient l'ordre du jour.
' 1. — Du travail ci de l'esprit d'initiative
îles élèves dans leur rapport avec la disci-
pline.JI. - l cnscjj?nemcnt de la morale.
Ill. — Inscription au budget de tous les
lycées et collèges d'un crédit annuel des-
ïiné à des achats de livres pour la Biblio-
thèque générale des professeurs pendant
J'année courante. — Du mode de choix de
tes livres....
. IV. — Assimilation des délégués aux titu-
laires dans la vie intérieure des lycées et
tollèges.......
t V. — Examen des propositions relatives
a l'organisation et au fonctionnement du
iury de baccalauréat.
VI. — Du rôle des associations d'anciens
llèves au point de vue du recrutement et
le la prospérité des lycées et collèges.
VII. — Happort des Commissions de l'ex-
tension universitaire, du rétablissement du
baccalauréat ès-sciences, d'une caisse de
Prêts, d'un Congrès international de l'En-
seignement secondaire en 1900, constituées
tu approuvées par le Congrès de 1898.
1 VIII. — Introduction d'une épreuve de
tangue vivante a l'examen des bourses
pour toutes les classes de l'Enseignement
secondaire des Jeunes tilles.
, Les huit questions précédentes n'é-
Jaient pas les seules que le comité d'ini-
îiative eut présentées à ! approbation du
Sinistre de l'instruction publique; mais
Je sont les seules qui aient été acceptées.
Voici les autres:
; M. le Ministre a supprimé les propositions
luivantes :
of Du mode de fixation des heures de ser-
vice des professeurs de collège.
) fe Amélioration de la situation du person-
nel des collèges.
I te La retraite proportionnelle.
, fi Assimilation, au point de vue du calcul
les années de service (pour la retraite), des
joursiers de licence et d agrégation aux
îormaliens de tout ordre.
« Des rapports de l'administration.
1 « Rétablissement des facilites (remises
les frais d'études, ele. '. accordées aux en-
suis des membres de renseignement pri-
maire pour favoriser leur entrée dans les
♦j'eées et collèges, au point de vue de la
prospérité des deux ordres d enseignement
primaire et secondaire;, et de la solidarité
tniversitaire. »
1 Assimilation du diplôme d'études secon-
laires du brevet supérieur pour les droits
U prérogatives confères par ce brevet.
? Un questionnaire était joint au pro-
gramme; il a été respecté en son esprit
*)lus qu en sa lettre me semble-t-il, mais
m peut affirmer qu'aucun point n'a été
Hissé de côté.
1 Question n- I. -- a) Y a-t-il diminution du
travail des élevés? — b) Si oui, quelles
sont les causes? — Serait-ce, pour partie,
une question de discipline, et dans quel
sens? - c) Y aurait-il a cet égard quelque
•différence entre les internes et les exter-
nes/ — d) Est-il nécessaire de développer,
thez les élèves, l'esprit d'init.iat.ivc? Si oui,
par quels moyens?
Question n- Il. — a) Y a-t-il lieu d'insli-
tuer dans les classes un enseignement
théorique de la morale? - b) De la part
d'éducation morale implicitement ou ex-
plicilement contenue dans l'enseignement
proprement dit. — c) De 1 éducation mo-
rale qui peut résulter pour les élèves de
leur participation active à des œuvres de
bienfaisance, de solidarité et d assistance
individuelles ou sociales. — d) De la part
faite ou a faire a l'éducation civique, à
l'éducation sociale (devoirs et droits;.
Question n' V. — Du problème de la ré-
forme du baccalauréat dans son état pré-
sent. La question du jury. Le jury inté-
rieur.
' Question n° VI. — a) De l'admission des
professeurs dans ces Associations. — Ces
Associations peuvent-elles favoriser la
création d'enseignements et de cours lo-
caux, de conférences, d'excursions, de
jeux, etc. ? — ci Sousquclles formes et dans
quelle mesure pourrait-on associer eflica-
cement ces associations à la gestion des ly-
cées et collèges? — d) Du patronage des
élèves, surtout des boursiers, à leur sortie
des lycées et collèges. — e) Des libéralités,
encouragements, secours, etc., établis par
ces Associations en faveur des élèves. Leurs
résultats.
Question n° VII. — Extension universitaire,
a) Des méthodes employées. Leurs résul-
tats. — h) De l organisation d'une Associa-
tion permanente entre les professeurs de
renseignement secondaire pour l'extension
universitaire. Le siège social devrait-il être
changé chaque année?—c) Des rapports
des professeurs, au point de vue de 1 extêo-
sion universitaire, avec les sociétés locales
ou autres, avec l'Enseignement supérieur,
t Enseignement primaire et les Municipali-
tés.
f La bienvenue a été souhaitée en ter-
mes éloquents par M. E. Cbauvelon, prr:,.
fesseur it St-Louis, secrétaire du Congres
de lS'.v.i, et rapporteur générale celui de
iSijx Ii Il i a adressé aussi p.7, « salut frater-
fic. il i rii.x do ses collègues qui n'ont pas
pnt-.'r'- éir gagnés à la cause des congrès
iiiii\ cr-il.' , (;w. Ce n'est point de leur part
Uidiiici^iicu. ùit-il. ce serait plutôt un
peu de scepticisme. Ce sentiment dispa-
raîtra ; les sceptiques d'aujourd'hui se-
ront des croyants de demain, qui sait?
peut-être des apôtres. En réalité ce scep-
t ticisme est le fait du long silence, du si-
lence séculaire de l'Université.
« Mais le silence est enfin rompu...
«Le Congrès a déjà eu pour premier ré-
sultat de vous rendre tous plus conscients
de notre ardent, de notre profond dé-
5 vouement à la cause de l'enseignement
1 public On peut dire que ce dévoue-
1 ment s'est affirmé avec une force nou-
• velle. L'an dernier, le rapporteur géaé-
^ rai du Congrès de IS07, M. Rabaud cons-
! tatait ce fait significatif : un commence-
' ment de participation au Congrès de la
» part des professeurs des lycées et collè-
ges de jeunes filles. Il disait — et tout le
monde pensait ; (e Nous sommes pariieu-
librement heureux et honorés que les ly-
> ' cées et collèges de jeunes filles commen-
' cent à se faire représenter dans nos as-
t semblées, et nous remercions le personnel
: délite qui a bien voulu cette année don-
; ner l'exemple. Cet exemple n'a pas été
' inutile; au lieu de cinq ou six adhésions,
nous en avons, cette année, une cen-
taine, sinon plus. La modestie des initia-
trices dece mouvementsoufTrirait sije les
nommais. Je tairai donc leurs noms, et
je me contenterai de citer les lycées
Victor-Hugo, Lamartine, Molière, parmi
ceux de Paris, et le lycée Fénclon de
Lille. Ce dernier, a envoyé 24 adhésions
et deux déléguées.
« Puisque nous avons le bonheur de
parler d'union, c'est le moment de signa-
ler cet autre fait que plusieurs provi-
seurs, principaux, directrices, maîtres-
répétiteurs ont demandé s'ils pouvaient
adhérer au Congrès des professeurs....
u Je n'ai pas à vous présenter en détail
l'ordre du jour de ce Congrès. La question
organique : discipline, travail, esprit d 'iiiiiia-
tive, enseignement de la morale, rapports des
lycées et collèges avec les associations il anciens
et d'awiennes élèves : n'est-ce pas la vie in-
tellectuelle et la vie morale se pénétrant,
s'unissant, s'éclairant et se fortifiant, l une
l'autre plus intimement que jamais; n'est-ce
pas le lycée et le collège s associant à la vie
ambiante, s'inspirant d'elle et pourquoi
pas? l'inspirant, la dirigeant aussi. Car l'in-
lluenee du lycée et du collège n'est pas pri-
sonnière de leurs murailles et de leurs gril-
les.
Baccalauréat : c'est la question des gra-
des conférés par l'Etat, la question des plus
probantes et des plus bienfaisantes sanc-
tions.
Bibliothèque des professeurs : les livres, ce
sont nos instruments, nous les voulons par-
faits et sans cesse renouvelés; l'étude, l'in-
formation, c'est notre force; nous les vou-
lons aussi amples, aussi variées que pos-
sible. % .
Extension universitaire : C'est 1 université
offrant librement, spontanément les leçons
de son expérience et de son savoir à la dé-
mocratie avide de s'instruire, de progres-
ser, de goûter aux joies de l'esprit, d'avoir
sa part de la force que confère la science.
C'est l'Université multipliant ses bienfaits,
et le nombre de ses amis. C'est l'avenir
peut être. C'est une bonne action, certaine-
ment.
Permettez-moi en terminant d'appeler et
de fixer quelques instants votre attention et
votre pensée sur ce fait nouveau, sur cette
liberté dont le Congrèsest plus que le sym-
bole, la réalité. Cette liberté dont nous use-
rons (comme on l'a justement dit l'an der-
nier) pour le bien de l'Université et du pays,
laissera sa trace, n'en doutons pas, dans
l'histoire de notre enseignement public,
dans son évolution normale. Elle grandira
sans doute. Telle qu'elle est nous l'aimons
parce qu'elle nous confère au point de vue
intellectuel une dignité nouvelle et une
nouvelle puissance pour le bien. Nous l'ai-
mons parce qu'elle est le signe d'un pro-
grès notable dans nos mœurs et nos liber-
ks publiques. Nous l'aimons enfin parce
que - - et en parlant ainsi j'ai la certitude
de ne faire ni de la politique de parti, ni de
la désunion, mais de remplir au nom de
tous un devoir élémentaire -- parce que:Ja
pratiquer et la saluer c'est pour nous 1 oc-
casion d'artirmer solennellement notre pro-
fond, notre indéfectible attachement à
l'idée républicaine, à l'idée moderne, à
l'idée française. »
Une telle entrée en matière devait
porter bunheur au troisième congrès
des professeurs.
M. Dontenville, é!u président du Con-
grès, avec Mlle Pitsch et M. Malapert
comme vice-présidents, a parlé de la
crise de l'enseignement secondaire « qui
tient il des causes multiples et suitout à
ce que « la sollicitude bienveillante que
l'on ne cesse de témoigner, avec raison,
d'ailleurs, aux deux autres ordres d'en-
t'oigneIllt3nt, semble lui faire relative- (
(
meut défaut. Et cependant l'importance (
intellectuelle et sociale de nos lycées ne (
saurait être exagérée. Les écoles pri-
maires distribuent à tous les enfants les (
connaissances élémentaires nécessaires
à tous. Les Universités forment quel-
ques savants ; elles munissent du savoir (
professionnel les futurs médecins, les fu- (
turs professeurs, les futurs avocats et .
juges. C'est sur les bancs du collège que
les jeunes Français et les jeunes Fran-
çaise? acquièrent la culture (générale de
l'esprit et du cœur. «
Avant de commencer la discussion des
questions inscrites il l'ordre du jour,
l'assemblée a été mise au courant du
différend survenu entre le comité d'ini-
tiative du Congrès international des pro-
fesseurs pour iUOU, et la Commission
générale des Congrès, nommée par le
ministre du commerce. Cette dernière
avant usé trop cavalièrement de son droit
d'ajouter des membres choisis par elle,
sur les listes qui lui sont présentées. 1
Est-il vraiment vrai — car le Il vrai » 1
en ce cas, ne serait pas I( vraisemblable 1)
que, par surcroit, la commission géné-
rale avait introduit des personnalités
dont le cœur ne brûle pas d'amour pour
les idées républicaines et l'enseignement
laïque, par conséquent?
Toujours est-il que le comité d'initia-
tive s'est retiré en masse, qu'il a décliné
depuis, toutes les offres qui, depuis lui
ont été faites, et qu'à l'unanimité le con-
grès a voté la résolution suivante :
« Le Congrès des professeurs de l'En-
« seignement secondaire public, après
« avoir pris connaissance : il de la lettre
« du président de la commission o!H-
« cielle de l'organisation.d'un Congrès
« international de l'Enseignement secon-
« daire en 1000; 21 des travaux et des dé-
« marches du comité d'initiative élu par
« le Congrès de 1898, pour préparer le
« Congrès international de 1UOO; 3° de la
« lettre collective de démission de ce
« comité, considérant que les exigences
« qu'on a voulu imposer aux promoteurs
« du Congrès de l'Enseignement secon-
« daire ne l'ont pas été à ceux de cer- ,
1
« tains autres congrès; estimant que les
a décisions de la commission générale
1 « des congrès ont constitué un manque
« d'égards vis-à-vis du corps tout entier
(t des professeurs de l'enseignement se-
« condaire public, approuve sans réserve
« la conduite du comité démissionnaire,
(c décline la proposition qui lui est faite
« de se faire représenter dans la commis-
« sion officielle d'organisation et passe à
« l'ordre du jour. »
Cet ordre du jour, vous l'avez lu plus
haut.
Trois commissions travaillent simul-
tanément.
Dans la première, on s'occupe surtout
des élèves,de tout ce qui peut en faire des
êtres intelligents et moraux; par consé-
quent du travail, de la discipline, de l'é-
ducation, et de l'union que cette œuvre
nécessite entre l'administration du ly-
cée, les répétiteurs et les professeurs. La
seconde commission s'occupe du bacca-
lauréat; la troisième de l'extension uni-
versitaire, et les résolutions prises dans
ces trois commissions sont présentées à
l'acceptation des assemblées générales
au nombre de quatre.
A vrai dire, et contrairement à ce qui
se passe en général dans les congrès,
chaque assemblée générale a été comme
un recommencement du travail des com-
missions. Les questions ont été reprises,
rediscutées et, pour quelques-unes, la
bataille fut très chaude. Malgré les votes
qui ont presque toujours réuni une ma-
jorité considérable, je ne crois pas que
les professeurs soient bien d'accord sur
la plupart des points. Au point de vue de
la diminution du travail, par exemple,
il m'a semblé que la réunion des deux
courants contraires était plus artificielle
que réelle; ceux qui pensaient, avant
d'entrer dans le grand ampbithéâtre de
la Faculté de Droit, que les élèves des
lycées travaillent moins aujourd'hui que
l'on ne travaillait autrefois et qui ont
accepté les affirmations de ceux qui pen-
sent que le travail n'a pas diminué, mais
qu'il soit modifié, ont l'ail preuve de con-
descendance plus que de conviction.
D'ailleurs le vote n'était pas possible sur
cette question ainsi posée. Ah 1 si l'on
avait eu un vœu à émettre, celui-ci par
exemple : « Dorénavant les parents ne
« mâcheront » plus la besogne à leurs
enfants, et leur donneront, au contraire,
l'habitude la réflexion. C'eût été autre
chose.
Cependant un certain nombre de mo-
tions ont été fondues dans le texte sui-
vant :
« Considérant qu'il est inexact de par-
« 1er d'une façon générale et absolue de la
« diminution du travail des élèves; qu'on
(c peut néanmoins constater trop fré-
« quemment une diminution de l'effort
« de réflexion personnelle ; que cet état
« de choses tient en partie à la disper-
« sion du travail, résultant tout ensemble
« de la multiplicité même des matières
« enseignées, et d'un défaut de méthode
Il dans l'enseignement des diverses ma-
« tières; qu'il y a, aussi, lieu de faire en-
« trer en ligne de compte, dans certains
« cas, un relâchement regrettable de la
« discipline; qu'il ne saurait être ques-
« tion d'abandonner les principes sur
(c lesquels repose la discipline libérale et
« rationnelle, formulée dans les « ins-
« tructions et règlement » de 1890, mais
«< de fortifier cette discipline par une ap-
« plication plus ferme et mieux comprise
« de son esprit même (ouf! pauvre dis-
« cipline libérale, on risque de la tuer, à
« force de la... fortifier!)
Emet les voeux :
« Que les programmes soient allégés
« et abrégés, ou du moins que les pro-
« fesseurs soient officiellement autorisés
« et engagés à se mouvoir librement
« dans les limites des programmes, à y
« choisir les parties sur lesquelles ils se
« proposent d'insister, en évitant tout ce
« qui ne peut que surcharger la mémoi-
« re, sans avoir une valeur éducative.
« Que des réunions des professeurs et
« répétiteurs d'une mêmeclûsscaient lieu
« mensuellement, sous la présidence du
« proviseur ou du principal, afin que les
« maîtres se puissent mutuellement ren-
« seigner sur la conduite et le travail de
« chaque élève en particulier, et que
« l'assemblée générale des professeurs
If se réunisse tous les trois mois, au
« moins, pour prendre connaissance de
« la situation générale, pour collaborer
« plus efficacement à la direction intel-
« lectuclle et morale de l'établissement ;
« afin d'établir entre tous les fonction-
« naires d'une même maison une union
« réelle, sans laquelle les ett'orts indivi-
« duels restent trop peu féconds ;
« Que le contrôle attribué au chef de
« l'établissement sur toutes les puni-
« tions soit un contrôle, et non unesubs-
(t titution de son autorité personnelle a
« l'autorité des professeurs, et que le
tC chef de rétablissement ne puisse lever
« ou réduire une punition qu'après en
« avoir conféré avec le professeur ou le
« répétiteur; que ie chef de l'établisse-
« ment ne puisse prononcer l'exclusion
« sans avoir recours au conseil de disci-
« pline; que,par contre, il ne puisse con. ,
H server un élève contre lequel le conseil
« de discipline à voté la peine de l'exclu-
« sion; qu'il soit tenu de déférer les élè-
tC ves,inûivit.1uellementou cullectivement
« au conseil de discipline, quand un pro-
« t'esseur ou un répétiteur en fait la de-
fi mande motivée. M
Ces résolutions sentent le réquisitoire
d'une lieue; c'est que le professeur est,
dans certains cas, désarmé, c'est que,
très souvent, l'intervention de l'adminis-
tration restreintson indépendance ; celle
du proviseur, plus directe, est souvent
très gênante aussi. On ne comprendrait
pas cependant un proviseur qui*ne serait
pas l'arbitre de la discipline, car il est
surtout responsable...
— Certainement, répondent les pro-
fesseurs ; mais il est trop directement
aux prises avec les familles, avec les au.
torités locales, avec... les hommes poli-
tiques... Bref, de part et d'autre la situa-
tion est difficile, et la mise en pratique
des vœux transcrits ci-dessus atténue-
raient beaucoup le mal.
La discipline et la morale ne sauraient
se séparer; le Congrès a fait une large
place à la morale, il a émis les vœux sui-
vants ;
Considérant que la matière de l'enseigne-
ment et la manière dont il est donné sont
et doivent èlre de plus en plus orientés dans
le sens d'une éducation morale et sociale;
Considérant que la morale pratique, soit
dans un enseignement méthodique, Suit
dans l'éducation donnée au lycée, a une
~ , base concrète et sociale uui permet au pro-
fesseur de se tenir en dehors de tout dogme
professionnel, tout en respectant absolu-
ment la liberté de conscience et les diffé-
rentes croyances qui peuvent être ensei-
Saêes......
1° Repousse l'institution de cours théori-
ques, réguliers d'enseignement spéculatif
et critique de la morale, en ce qui con-
cerne les élèves des classes inférieures à la
philosophie, la première-lettres-moderne
et les mathématiques élémentaires,
2' Emet le voeu ;
a) Que des conférences de morale d'un
caractère essentiellement pratique soient
instituées (en dehors des cours réguliers),
s'adressant aux élèves des différentes clas-
ses, soit isolées, soit groupées, depuis la
quatrième ;
b) Que, dans les classes de philosophie,
première lettres-moderne, mathématiques
élémentaires, l'enseignement théorique de
la morale soit développé au point de vue
social et critique;
3' En ce qui concerne les contributions
des élèves à des œuvres de bienfaisance,
est d'avis que l'on associe le plus possible
les élèves à des œuvres de charité et de
mutualité scolaire, mais en ayant soin
d'éviter tout ce qui peut ressembler à de
la contrainte;
4- Emet le vœu que les élèves de philoso-
phie classique et de mathématiques élé-
mentaires participent dans les lycées et
collèges au cours du « droit usuel » et
« d'économie politique », qui est fait actuel-
lement aux élèves de première-lettres-
moderne.
L'extension universitaire, est décidé-
ment une chose vivante. Elle a donné
lieu à des discussions et à des communi-
cations si intéressantes que je les renvoie
à la semaine prochaine, ayant d'autres
documents à insérer dans ce supplément.
PAULlNE KERGOMARD.
Enseignement supérieur
Université de Lille
Faculté de droit. — M. Bourguin, profes-
seur de droit administratif à la Facjlté de
droit de l'Université de Lille, est nommé,
sur sa demande, professeur d'économie po
litique.
(Dàrcl. )
Faculté des lettres. — M. Lefèvre, docteur
ès lettres, maître de conférences de philo-
sophie à la Faculté des lettres de l'Univer-
sité de Lille, est nommé professeur adjoint.
(Décret.)
Université de Montpellier
Faculté de droit. — M. Lévy-Ulmann (Hen-
ri-Léon), docteur en droit, est chargé, du
1er avril au 31 octobre 1899, d'un cours de
droit. r.ivil.
Université de Poitiers
Faculté des lettres. — M. Audouin, docteu-
ès lettres, maître de conférences de philor
logie et antiquités classiques à la Faculté
des lettres de l'Université de Poitiers, est
nommé professeur adjoint. (Décret.)
Visite médicale quotidienne des écoles
Le dernier numéro de la Revue a hygiène
et de police sauitaire contient un rapport de
M. le D' Mangenot rendant compte des ten-
tatives failes, jusqu'ici sans succès, pour
établir à Paris un système de visites médi-
cales quotidiennes des écoles primaires.
L'auteur ajoute des renseignements cu-
rieux parce qu'ils sont très précis, sur l'ins-
titution de ce régime aux Etats-Unis, notam-
ment à Boston. Depuis 1894, le bureau sani-
taire de Boston a organisé ce service en di-
visant la ville en cinquante circonscriptions
chacune ayant son médecin scolaire qui,
moyennant une indemnité de 1 500 francs,
voit tous les jours les trois ou quatre éco-
les de son quartier. Les résultats sont
remarquables, et ils sont établis par des
statistiques qui montrent combien d'allée- j
tions contagieuses ont été découvertes et
arrêtées, combien de maladies des yeux, des
oreilles, de la gorge ont été prises à temps.
Grâce à ce minutieux système d'observa-
tion, l'école, au lieu d'être, comme il arrive
trop souvent, un foyer de contagion et un
centre propice à l'éclosion ,du mal, devient
un des agents les plus actifs de la salubrité
publique.
L'expérience de Boston a été jugée si dé-
cisive que New-York etcliicago l'ont suivie.
Il faut ajouter que le Public slatllle des
Etats-Unis, dit M. Mangenot, contient des
prescriptions qu'en France nous jugerions
draconiennes, relatives à l'isolement et à la
désinfection, et punit notamment d'une
amende de 500 francs au moins l'inobserva-
tion des mesures prescrites par le bureau
d'hygiÔne, ou simplement le fait d'enlever
ou de dégrader la pancarte rouge que le
bureau l'ait mettre sur toute maison où se
trouve un malade atteint d'une maiadie
contagieuse.
Manuel yélll}ral.
LE LIVRET POST-SCOLAIRE
L'inspecteur primaire de Saint-Calais,
M. Uizeray, m'a envoyé un modèle de Il li-
vret scolaire et post-scolaire JI qui m'a paru
fort ingénieusement disposé. L'idée pre-
mière en est d'abord très heureuse. Elle
efface toute ligne de démarcation entre
l'école et les œuvres complémentaires de
l'école.
On ne saurait trop faire entrer dans l'es-
prit des enfants et surtout des familles que
l'école élémentaire n'est qu'un commence-
ment. Ce que peut savoir un enfant de treize
à quatorze ans est si peu de chose il coté
de ce qui lui reste à apprendre sans le sortir
de son milieu, dans le détourner de sa des-
tination probable!
La première partie du livret comprend
'Ille uot'ce individuelle avec la désignation
des diverses écoles fréquentées par l'élève,
puis les noter, obtenues dans le cours élé-
mentairc, moyen et supérieur, pour la con-
duite, l'assiduité, le travail et les progrès ;
l'indication des résultats des examens et
concours, l'énumération des sociétés sco-
laires auxquelles appartient le jeune homme,
des acles de probité et de dévouement qu'il
a pu accomplir.
La deuxième partie est consacrée aux
cours du soir et aux autres œuvres post-
scolaires. On y peut voir quels cours ont
été suivis, à combien de séances le titulaire
du livret a assisté chaque année, à quelle
distance il se trouvait de l'école, quelles
notes il a méritées pour son travail et ses
progrès. Et, pour donner à cette dernière
partie du carnet une autorité plus grande,
elle est visée à la fois par l'Instituteur qui a
fait le cours et par l'inspecteur primaire de
la circonscription.
Un jour viendra où, moins entichés des
examens, qui laissent toujours une port«;
entrebâillée à la chance, on mettra bien
au-dessus de tous les diplômes ce petit
livre qui, sincère, bien tenu, résumera en
quelques pages toute la vie d'un jeune
homme et sera, de toutes les recommanda-
tions, la plus éloquente et la plus recher-
chée.
Idem.
Enfin voici in-extenso un article de
M. F. buisson, ex-directeur de l'Ensei-
gnement primaire. C'est le Siècle qui en
il eu 1i primeur.
LES INSTITUTEURS DEVANT LE PARLEMENT
Cêîie fin de session aura été bonne p.ur
les instituteurs. Elle nous a fait revoir m
spectacle devenu rare, un vote à l'anani-
mité, 495 voix contre 0. La Chambre récont-
pensait ainsi le gouvernement d'un bon
mouvement, en s'y associant sur l'heure.
De quoi s'agissait-il? D'un simple crédit
supplémentaire : le ministre de l'Instrue-
tion publique demandait 1,200,000 francs
en sas du produit des extinctions pour per-
mettre d'accorder enfin leur retraite à quel-
ques centaines d'instituteurs qui devraient
y être admis depuis longtemps,
Ce vote a une autre signification ; M. Ley-
gues l'avait d'avance très bien expliqué à la
Chambre, puis au Sénat, il y a quelques
jours. Ce n'est pas seulement une question
de crédit, c'est une question de méthode,
qui intéresse l'avenir du personnel encore
plus que soi présent. Cette légère atteinte
au budget en épargne une plus grave à la
loi organique.
Peut-être nous permettra-t-on d'exposer
ici très brièvement cette question : outre
son intérêt propre, elle a celui de l'à-pro-
pos, puisqu elle est posée devant le Sénat
et y devra être incessamment résolue dans
un sens ou dans l'autre.
•
« •
Le traitement des instituteurs — depuis
qu'ils sont devenus, d'employés commu-
naux, fonctionnaires de l'Etat — est réglé
par une loi de juillet 1889, modifiée par une
loi complémentaire de juillet 1893.
Le principe fondamental de cette législa-
tion est la répartition du personnel en six
classes, une de stagiaires (ce sont les débu-
tants non encore pourvus du certificat d'ap-
titude pédagogique) et cinq de titulaires.
Les stagiaires, aussi longtemps qu'ils font
leur stage, et jusqu'à ce qu'ils aient conquis
le grade exigé, ont un traitement de 900 fr.
Les titulaires entrent dans la. cinquième
classe avec 1,000 francs, qui s'élèvent à
1,200 francs en quatrième classe, qui de-
viennent en troisième classe 1,500 francs,
en seconde classe 1.800 francs, enfin 2,000
en première.
Pour les institutrices, les trois premiers
chiffres sont les mêmes, dans les trois clas-
ses supérieures le traitement des femmes
n'est que de 1,400, 1,500 et 1,000 francs. Ne
demandez pas la raison de cette différence :
il n'y en a pas d'autre à donner sinon que
ce sont des femmes.
Qu'on pense ce que l'on voudra de cette
échelle de traitements, instituteurs et ins-
titutrices la tiennent pour bonne et n'élè-
vent pas la moindre réclamation sur la quo-
tité. Ils s'estimeraient en somme fort heu-
reux si une fois engagés dans la carrière,
ils étaient sûrs de passer après un temps
déterminé, fût-il long, de classe en classe
jusqu'à la première où ils voient briller de-
vant eux ce chiffre magnifique de 2,000 fr.
pour les hommes, de 1,600 pour les fem-
mes.
Mais c'est là précisément ce que la loi ne
permet pas.
La loi fixe elle-même la proportion des
effectifs afférents à chacune des six clas-
ses.
En voici les chiffres dans le texte primi-
tif de 1889, puis dans le texte déjà forte-
ment amélioré de 1893 :
Classes 1889 1893
Stagiaires 20 010 15 010 de l'effectif total
5° 35 010 25 —
4e 25 010 25 —
30 15 010 20 —
')e te. Ens. 5 010 5 ~
Ainsi pour prendre les deux termes ex-
trêmes, sur cent mille instituteurs la loi
veut qu'il n'y ait jamais que cinq mille ins-
tituteurs en première classe (à 2.000 fr.),
dix mille en seconde (à 1.800 fr.) Et inver-
sement, si pressés que soient les jeunes de
monter en grade, elfe veut qu'il reste tou-
jours quinze mille stagiaires à 900 francs.
C'est ce que les instituteurs et après eux
les députés ont appelé le « pourcentage JI.
Les instituteurs ajoutent couramment :
l'odieux pourcentage! Et il est aisé de com-
prendre leur aversion pour ce mécanisme.
N'apporte-t-il pas un obstacle voulu à l'es-
sor de leurs ambitions légitimes, à la mar-
che naturelle et automatique de l'avance-
ment ?
En réalité leurs griefs, qui se confon-
dent en un seul concert de plaintes, portent
sur deux points très différents, que le mi-
nistre a très habilement et très justement
distingués.
♦
* *
Il y a deux causes de retard de l'avance-
ment : l'une, celle qui frappe d'abord l'at-
tention, c'est, en effet, cette obligation de
s'enfermer dans les chiffres du pourcen-
tage, de ne pas inscrire en première classe,
par exemple, un seul fonctionnaire au delà
des cinq mille qui la doivent composer, ni
dans la dernière un de moins que les quinze
mille qui y doivent figurer ; ce retard-là est
le fait de la loi dans son application nor-
male. L'autre vient d'un simple accident:
pour qu'un mouvement se fasse de bas en
haut dans la litière du personnel,il faut que
les classes supérieures se vident. Or, les
vides s'y font soit par les décès, démissions
et révocations, soit paz l'admission à la re-
traite. L'expérience a démontré que ces
deux vides réunis doivent donner, année
moyenne, environ trois mille vacances par
an, soit mille huit cents décès ou démis-
sions et douze cents mises à la retraite. Or
depuis plusieurs années, bien loin de pou-
voir donner douze cents retraites par an.
le ministère n'a pas pu en prononcer seule-
ment la moitié, il oblige a rester en fonc-
tions malgré eux des fonctionnaires déplus
de soixante et même de soixante cinq ans :
ainsi d'année en année l'engorgement des
classes supérieures s'aggrave, et la stagna-
tion dans toutes les classes inférieures de-
vient l'état chronique, d'autant plus exas-
pérant qu'il est chronique.
Le vote triomphal que vient d'obtenir
M. Leyglles, va faire cesser ce piétinement
sur place dù à l'insuffisance du crédit pour
les retraites. Douze cents mises à la retraite
\lm supposant que la moyenne d'une pen-
sion soit de 1000 francs) vont amener douze
cents promotions. Comme elles porteront
pour la plupart sur les deux premières
classes, on voit quel mouvement s'ensuivra
par contre-coup tout le long de l'échelle,
jusqu'au sixième et dernier échelon. En y
ajoutant les vides résultants de la mortalité
et les départs volontaires, c'est une mise
en mouvement de dix ou douze mille fonc-
tionnaires; qu'une mesure analogue se re-
nouvelle de temps a autre, et la machine
fonctionnera normalement.
Est-ce à dire que toul le monde sera con-
tent, c'est-à-dire que tout le monde sera
promu? hélas! non, et c'est là que repar-
raissent les méfaits du « pourcentage ».
Quand le système de déblaiement inaugure
par M. Leygues aura fait disparaître les
causes accidentelles et factices d encom-
brement, sur quoi pourra compter exacte-
ment l'instituteur entrant dans la carrière?
PeuL-il être sur d arriver à un jour dit et
même un jour à la première classe?
Pas absolument. Il a deux voies pour y
arriver ; l'avancement au choix9 1 'avance-
ment par ancienneté.
S'il est de classe en classe promu au choix,
il y arrivera. (1 Il pourra, disait déjà le rap- !
porteur de la loi, M. Compayré, atteindre à
trente-trois ans à la deuxième classe (1800
fr.)età trente-six ans la première (2000 fr.) P.
Le bâton de maréchal avant quarante ans!
Ce n'est pas un sort à dédaigner, surtout
si l'on y ajoute tout ce qu'y ajoutent d'au-
tres articles de la loi, indemnités de direc-
tion, de résidence, de logement, de cours
complémentaires, etc. Mais vous avez bien
lu ; il^ourra. Rien de Dlus.il.iwwra aussi,
à la même date, en être encore S fï Vtn
trième classe et y séjourner, prétendre tout
au plus à la troisième, s'il ne S'est jamais
distingué ou s'il ne l'a pas été.
C'est que parallèlement à la voie rapide
du choix, s'étend la voie tris régulière
mais très lente de l'ancienneté. Dans celle-
là le fonctionnaire a une garantie, une
seule : c'est que nul à mérite égal ne pas-
sera, plus jeune que lui, avant lui. Il aurtf
la satisfaction de se dire, s'il en voit qui gao
gnent sur lui beaucoup d'avance : « oeux-lg
sont promus au choix ». Quand le sera-t-il;
lui, à l'ancienneté? Il le sera à son tou<
d'inscription, au rang très exact que lui as-
signe dans \ Annuaire son nombre d'années,
de mois et de jours de services. C'est tout
ce que l'administration lui promet; et uni
calcul très simple démontre qu'il lui fau,.
dra plus de trente ans à partir de son en.'
1 trée dans le cadre pour arriver &u sommet,
en supposant que les retraites ne subisse^l
! jamais plus aucun temps d'arrêt.
« »
A cet état de choses, quel remède peut-od
proposer? Il y en a un très simple, que lt
discussion du budget de l'instruction pu*
blique vient de mettre en vive tumtère'et
dont la menace a été pour quelque chose
dans l'empressement de tous i. voter lest
1 200 000 francs, demandes par le ministre.
Ce serait la suppression du «pourcentage »*
M. Carnaud en a fait l'objet d'une proposi-
tion de loi signée avec lui par plusieurs de
ses collègues. \
Cette loi règlerait tout d'un trait da
plume. Plus d'effectifs fixés par la loi; plus
de stage dès qu'on possède le certificat
d'aptitude pédagogique ou que, même sans
l'avoir, on a exercé cinq ans, bien ou mai ?
plus d'avancement au choix, plus de faveur
au mérite. Une seule règle : l'avancement
automatique tous les cinq ans. Nul ne sé-
journllnl jamais plus de cinq ans dans une
des classes intermédiaires, la première re-
çoit au bout de vingt ans, tous les survi-
vants sans exception. Tous sont donc assu-
rés, pouvu qu'ils vivent vingt ans, d'attein-
dre leurs 2 000 francs de traitement. Et le
projet ajoute que la mise à la retraite sera
obligatoire à quarante-cinq ans avec vingt-
cinq ans de services.
L'ensemble de ces dispositions se tradui-
rait par un accroissement du budget annuel
d'une trentaine de millions. Si notre for.
tune publique nous permettait de considé-
rer ce chiffre comme une bagatelle, il res-
terait encore à se poser une question d'un
autre ordre: est-il absolument bon, deman-
derions nous, de supprimer si radicalement
la distinction admise dans toutes les admi-
nistrations publiques entre l'avancement
au choix et l'avancement à l'ancienneté ?
! Est-il sans inconvénient de faire disparaître
: jusqu'à la possibilité de distinguer le mérite
d'encourager les efforts, d'entretenir l'ému-
lation, de laisser une certaine marge, au
moins une certaine illusion au zèle des uns,
à l'ambition des autres, à ce besoin d'initia-
tive qui pousse tous les hommes, par ins-
tinct ou par intérêt, à tenter un peu plus
que le strict devoir et à tâcher de dépasser
la moyenne?
Mais à quoi bon entamer cette discussion
philosophique et pédagogique? Personne à
la Chambre, pas plus l'nonorable M. Car-
naud qu'aucun de ses collègues, ne vou-
drait imposer au pays à l'heure présente le
formidable surcroît de charges qu'exigerait
son projet : ne voit-on pas que si,par impos-
sible, semblable demande était, je ne dis
pas accueillie, mais soutenue devant lo
Parlement, le seul fruit qu'en recueilleraient
les instituteurs serait de voir bien vite com-
promise dans une grande partie du pays la
légitime popularité dont ils jouissent en dé-
pit de tant d'attaques? Pas un de leurs vé-
ritables amis ne voudrait proposer pour
eux une mesure, qui, les mettant en dehors
des conditions communes de la vie admi-
nistrative, semblerait leur constituer une
de ces situations de privilège et d'exception
qui n'ont jamais trouvé grâce devant notre
peuple de France.
*
• •
Mais est-il nécessaire d'abolir de fond en
comble le système de pourcentage. Les ré-
formes désirées, désirables, ne peuvent-
elles se faire qu'avec la trop fameuse for-
mule : toul ou rien e
La précédente législature nous donnait a
cet égard — il y a juste un an — une leçon
qu'il faudrait bien recommander à l'alten,.
tion des instituteurs et de leurs amis dans
les deux Chambres.
Le 22 mars 1898, le gouvernement et la
commission du budgetétaientd accord pour
proposer à la Chambre un modeste projet
de loi en un seul article ainsi conçu :
La proportion de l'effectif numérique
des instituteurs stagiaires... est réduite de
15 à 10 0\0. Celle des titulaires de
la troisième classe est portée de !O it
25 OlO.
L'urgence est votée. Aucune objection à
prévoir. Nulle demande de crédit, du moins
pour l'année courante : le ministre M. Ram-
baud se chargeait d'y faire face avec ses
ressources ordinaires.
Ici surgit un amendement ou un contre-
projet. M. Rolland, député des Pyrénées-
Orientales, propose de compléter cette
amélioration partielle par une autre qui
augmentera de 5 010 l'effectif de la deuxiè-
Ille classe en diminuant d'autant la cin-
quième. Ci trois millions à trouver. Le gOll-
vernement, qui ne les a pas, la commission
du budget, qui ne sait où les prendre, font
remarquer que le mieux est l'ennemi du
bien, qu'une petite réforme effective et im-
médiate serait préférable à deux réformes
platoniques. N'importe ! la Chambre tient. à
« faire quelque chose Il avant de partir, et
elle vote l'amendement Holland, amendé à
son tour par une disposition addilionncllo
qui prévient que le second avantage ne sera
effectivement réalisé que dans un exercice
ultérieur. .
Le résultat, il était facile de le prén*oir.
Un an s est écoulé depuis : ni le projet
Holland ni même le projet Rambaud n a pu
être discuté au Sénat. Ils venaient il y a
trois semaine à l'ordre du jour du Sénat.
Le ministre lui-même en a demande 1 a-
journement jusqu'après le vote de son pro-
jet sur lss retraites. Et rien de plus legi-
^Maintcnant le crédit des retraites est
voté par la Chambre, il le sera sans nul
doute et sans plis de difficultés au Sénat.
Et après? , .
Après ? La question n est plus intacte,
elle ne se limite plus même au projet Rol-
land. Les munificences du projet Rolland
sont dépassées : Perpiguan est battu do
plusieurs longueurs par Marseille. Que fera
le gouvernement il devra, quelle que soit
sa bienveillance pour les instituteurs, s'op-
poser au projet Carnaud. Il fne leur reste
qu'un espoir, et à nous qu'un souhaita faire
pour eux : c'est que le ministère actuel, ne
voulant pas se montrer moins libéral que
le précédent, maintienne la proposition
faite par M. Rambaud et prenne l'initiative
de cette nouvelle amélioration très mo-
deste, mais très réelle et susceptible d'ap-
plication à peu près immediate. Sans nul
doute, la seconde partie qu'y avait ajoutée
M. Rolland ne tardera pas a suivre. Sera-
ce cette année ou l'année prochaine! Il Y a
grande apparence que I on voudra que s
l'Exposition de 1900 apporte aux instituteurs,
cette bonne aubaine tantet si bien méritée j
Encore ne sera-t-olle pas la dernière. ■
Et c'est là l'esprit même de cette loi de
1889, telle que lavait conçue le Consel11
d'Etat; elle permet au gouvernement dot
graduer - au fur et à mesure des besoins»
d'une part, des ressources de 1 autre — igsi
Choses de
l'enseignement
LE CONGRÈS DES PROFESSEURS
DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
«- Avant tout. je demande à rectifier un<
Erreur typographique qui, placée au bor
,tndroit,, a rendu inintelligible, dans mor
ftcrnier Supplément, une idée importante
parlant des instituteurs qui auraient toul
intérêt à se faire connaitre, je disais;
. Ceux qui les connaissent bien et qui
connaissent les autres (je voulais dire tes
tongréganistcs) la compositrice a écrit :
tes centres ! »
1 Et après? me demande un aimablt
sceptique, dès que la clôture du Congrès
u été prononcée.
— (e Après » répondis-je, aura soin de
pc qui le regarde et, pour le moment, je
pie coritenle de ce que nous avons acquis
pendant ces trois jours.
— Le sage se contente de peu, répli-
qua mon interlocuteur.
— Trois cents professeurs se sont réu-
nis; ils ont, pendant trois jours, cherché
à s'entendre sur des questions dont dé-
pend l'avenir du pays ; malgré des diver-
gences qu'il serait puéril et même dan-
gereux de vouloir ignorer, ils ont pu
prendre, en commun, parfois IUt'.me à
lunanimité, des résolutions importantes
.--et vous trouvez que c'est peu!
Ell bien! je trouve, moi, que c'est
beaucoup.
f Pour travailler ensemlrtc avec quelque
chance de succès, il faut commencer par
lier connaissance. Les trois cents con-
gressistes se connaissent aujourd hui.
1 Désirant donner un tableau d'ensemble
J1u Congrès, je reproduis, ici, les ques-
tions qui composaient l'ordre du jour.
' 1. — Du travail ci de l'esprit d'initiative
îles élèves dans leur rapport avec la disci-
pline.JI. - l cnscjj?nemcnt de la morale.
Ill. — Inscription au budget de tous les
lycées et collèges d'un crédit annuel des-
ïiné à des achats de livres pour la Biblio-
thèque générale des professeurs pendant
J'année courante. — Du mode de choix de
tes livres....
. IV. — Assimilation des délégués aux titu-
laires dans la vie intérieure des lycées et
tollèges.......
t V. — Examen des propositions relatives
a l'organisation et au fonctionnement du
iury de baccalauréat.
VI. — Du rôle des associations d'anciens
llèves au point de vue du recrutement et
le la prospérité des lycées et collèges.
VII. — Happort des Commissions de l'ex-
tension universitaire, du rétablissement du
baccalauréat ès-sciences, d'une caisse de
Prêts, d'un Congrès international de l'En-
seignement secondaire en 1900, constituées
tu approuvées par le Congrès de 1898.
1 VIII. — Introduction d'une épreuve de
tangue vivante a l'examen des bourses
pour toutes les classes de l'Enseignement
secondaire des Jeunes tilles.
, Les huit questions précédentes n'é-
Jaient pas les seules que le comité d'ini-
îiative eut présentées à ! approbation du
Sinistre de l'instruction publique; mais
Je sont les seules qui aient été acceptées.
Voici les autres:
; M. le Ministre a supprimé les propositions
luivantes :
of Du mode de fixation des heures de ser-
vice des professeurs de collège.
) fe Amélioration de la situation du person-
nel des collèges.
I te La retraite proportionnelle.
, fi Assimilation, au point de vue du calcul
les années de service (pour la retraite), des
joursiers de licence et d agrégation aux
îormaliens de tout ordre.
« Des rapports de l'administration.
1 « Rétablissement des facilites (remises
les frais d'études, ele. '. accordées aux en-
suis des membres de renseignement pri-
maire pour favoriser leur entrée dans les
♦j'eées et collèges, au point de vue de la
prospérité des deux ordres d enseignement
primaire et secondaire;, et de la solidarité
tniversitaire. »
1 Assimilation du diplôme d'études secon-
laires du brevet supérieur pour les droits
U prérogatives confères par ce brevet.
? Un questionnaire était joint au pro-
gramme; il a été respecté en son esprit
*)lus qu en sa lettre me semble-t-il, mais
m peut affirmer qu'aucun point n'a été
Hissé de côté.
1 Question n- I. -- a) Y a-t-il diminution du
travail des élevés? — b) Si oui, quelles
sont les causes? — Serait-ce, pour partie,
une question de discipline, et dans quel
sens? - c) Y aurait-il a cet égard quelque
•différence entre les internes et les exter-
nes/ — d) Est-il nécessaire de développer,
thez les élèves, l'esprit d'init.iat.ivc? Si oui,
par quels moyens?
Question n- Il. — a) Y a-t-il lieu d'insli-
tuer dans les classes un enseignement
théorique de la morale? - b) De la part
d'éducation morale implicitement ou ex-
plicilement contenue dans l'enseignement
proprement dit. — c) De 1 éducation mo-
rale qui peut résulter pour les élèves de
leur participation active à des œuvres de
bienfaisance, de solidarité et d assistance
individuelles ou sociales. — d) De la part
faite ou a faire a l'éducation civique, à
l'éducation sociale (devoirs et droits;.
Question n' V. — Du problème de la ré-
forme du baccalauréat dans son état pré-
sent. La question du jury. Le jury inté-
rieur.
' Question n° VI. — a) De l'admission des
professeurs dans ces Associations. — Ces
Associations peuvent-elles favoriser la
création d'enseignements et de cours lo-
caux, de conférences, d'excursions, de
jeux, etc. ? — ci Sousquclles formes et dans
quelle mesure pourrait-on associer eflica-
cement ces associations à la gestion des ly-
cées et collèges? — d) Du patronage des
élèves, surtout des boursiers, à leur sortie
des lycées et collèges. — e) Des libéralités,
encouragements, secours, etc., établis par
ces Associations en faveur des élèves. Leurs
résultats.
Question n° VII. — Extension universitaire,
a) Des méthodes employées. Leurs résul-
tats. — h) De l organisation d'une Associa-
tion permanente entre les professeurs de
renseignement secondaire pour l'extension
universitaire. Le siège social devrait-il être
changé chaque année?—c) Des rapports
des professeurs, au point de vue de 1 extêo-
sion universitaire, avec les sociétés locales
ou autres, avec l'Enseignement supérieur,
t Enseignement primaire et les Municipali-
tés.
f La bienvenue a été souhaitée en ter-
mes éloquents par M. E. Cbauvelon, prr:,.
fesseur it St-Louis, secrétaire du Congres
de lS'.v.i, et rapporteur générale celui de
iSijx Ii Il i a adressé aussi p.7, « salut frater-
fic. il i rii.x do ses collègues qui n'ont pas
pnt-.'r'- éir gagnés à la cause des congrès
iiiii\ cr-il.' , (;w. Ce n'est point de leur part
Uidiiici^iicu. ùit-il. ce serait plutôt un
peu de scepticisme. Ce sentiment dispa-
raîtra ; les sceptiques d'aujourd'hui se-
ront des croyants de demain, qui sait?
peut-être des apôtres. En réalité ce scep-
t ticisme est le fait du long silence, du si-
lence séculaire de l'Université.
« Mais le silence est enfin rompu...
«Le Congrès a déjà eu pour premier ré-
sultat de vous rendre tous plus conscients
de notre ardent, de notre profond dé-
5 vouement à la cause de l'enseignement
1 public On peut dire que ce dévoue-
1 ment s'est affirmé avec une force nou-
• velle. L'an dernier, le rapporteur géaé-
^ rai du Congrès de IS07, M. Rabaud cons-
! tatait ce fait significatif : un commence-
' ment de participation au Congrès de la
» part des professeurs des lycées et collè-
ges de jeunes filles. Il disait — et tout le
monde pensait ; (e Nous sommes pariieu-
librement heureux et honorés que les ly-
> ' cées et collèges de jeunes filles commen-
' cent à se faire représenter dans nos as-
t semblées, et nous remercions le personnel
: délite qui a bien voulu cette année don-
; ner l'exemple. Cet exemple n'a pas été
' inutile; au lieu de cinq ou six adhésions,
nous en avons, cette année, une cen-
taine, sinon plus. La modestie des initia-
trices dece mouvementsoufTrirait sije les
nommais. Je tairai donc leurs noms, et
je me contenterai de citer les lycées
Victor-Hugo, Lamartine, Molière, parmi
ceux de Paris, et le lycée Fénclon de
Lille. Ce dernier, a envoyé 24 adhésions
et deux déléguées.
« Puisque nous avons le bonheur de
parler d'union, c'est le moment de signa-
ler cet autre fait que plusieurs provi-
seurs, principaux, directrices, maîtres-
répétiteurs ont demandé s'ils pouvaient
adhérer au Congrès des professeurs....
u Je n'ai pas à vous présenter en détail
l'ordre du jour de ce Congrès. La question
organique : discipline, travail, esprit d 'iiiiiia-
tive, enseignement de la morale, rapports des
lycées et collèges avec les associations il anciens
et d'awiennes élèves : n'est-ce pas la vie in-
tellectuelle et la vie morale se pénétrant,
s'unissant, s'éclairant et se fortifiant, l une
l'autre plus intimement que jamais; n'est-ce
pas le lycée et le collège s associant à la vie
ambiante, s'inspirant d'elle et pourquoi
pas? l'inspirant, la dirigeant aussi. Car l'in-
lluenee du lycée et du collège n'est pas pri-
sonnière de leurs murailles et de leurs gril-
les.
Baccalauréat : c'est la question des gra-
des conférés par l'Etat, la question des plus
probantes et des plus bienfaisantes sanc-
tions.
Bibliothèque des professeurs : les livres, ce
sont nos instruments, nous les voulons par-
faits et sans cesse renouvelés; l'étude, l'in-
formation, c'est notre force; nous les vou-
lons aussi amples, aussi variées que pos-
sible. % .
Extension universitaire : C'est 1 université
offrant librement, spontanément les leçons
de son expérience et de son savoir à la dé-
mocratie avide de s'instruire, de progres-
ser, de goûter aux joies de l'esprit, d'avoir
sa part de la force que confère la science.
C'est l'Université multipliant ses bienfaits,
et le nombre de ses amis. C'est l'avenir
peut être. C'est une bonne action, certaine-
ment.
Permettez-moi en terminant d'appeler et
de fixer quelques instants votre attention et
votre pensée sur ce fait nouveau, sur cette
liberté dont le Congrèsest plus que le sym-
bole, la réalité. Cette liberté dont nous use-
rons (comme on l'a justement dit l'an der-
nier) pour le bien de l'Université et du pays,
laissera sa trace, n'en doutons pas, dans
l'histoire de notre enseignement public,
dans son évolution normale. Elle grandira
sans doute. Telle qu'elle est nous l'aimons
parce qu'elle nous confère au point de vue
intellectuel une dignité nouvelle et une
nouvelle puissance pour le bien. Nous l'ai-
mons parce qu'elle est le signe d'un pro-
grès notable dans nos mœurs et nos liber-
ks publiques. Nous l'aimons enfin parce
que - - et en parlant ainsi j'ai la certitude
de ne faire ni de la politique de parti, ni de
la désunion, mais de remplir au nom de
tous un devoir élémentaire -- parce que:Ja
pratiquer et la saluer c'est pour nous 1 oc-
casion d'artirmer solennellement notre pro-
fond, notre indéfectible attachement à
l'idée républicaine, à l'idée moderne, à
l'idée française. »
Une telle entrée en matière devait
porter bunheur au troisième congrès
des professeurs.
M. Dontenville, é!u président du Con-
grès, avec Mlle Pitsch et M. Malapert
comme vice-présidents, a parlé de la
crise de l'enseignement secondaire « qui
tient il des causes multiples et suitout à
ce que « la sollicitude bienveillante que
l'on ne cesse de témoigner, avec raison,
d'ailleurs, aux deux autres ordres d'en-
t'oigneIllt3nt, semble lui faire relative- (
(
meut défaut. Et cependant l'importance (
intellectuelle et sociale de nos lycées ne (
saurait être exagérée. Les écoles pri-
maires distribuent à tous les enfants les (
connaissances élémentaires nécessaires
à tous. Les Universités forment quel-
ques savants ; elles munissent du savoir (
professionnel les futurs médecins, les fu- (
turs professeurs, les futurs avocats et .
juges. C'est sur les bancs du collège que
les jeunes Français et les jeunes Fran-
çaise? acquièrent la culture (générale de
l'esprit et du cœur. «
Avant de commencer la discussion des
questions inscrites il l'ordre du jour,
l'assemblée a été mise au courant du
différend survenu entre le comité d'ini-
tiative du Congrès international des pro-
fesseurs pour iUOU, et la Commission
générale des Congrès, nommée par le
ministre du commerce. Cette dernière
avant usé trop cavalièrement de son droit
d'ajouter des membres choisis par elle,
sur les listes qui lui sont présentées. 1
Est-il vraiment vrai — car le Il vrai » 1
en ce cas, ne serait pas I( vraisemblable 1)
que, par surcroit, la commission géné-
rale avait introduit des personnalités
dont le cœur ne brûle pas d'amour pour
les idées républicaines et l'enseignement
laïque, par conséquent?
Toujours est-il que le comité d'initia-
tive s'est retiré en masse, qu'il a décliné
depuis, toutes les offres qui, depuis lui
ont été faites, et qu'à l'unanimité le con-
grès a voté la résolution suivante :
« Le Congrès des professeurs de l'En-
« seignement secondaire public, après
« avoir pris connaissance : il de la lettre
« du président de la commission o!H-
« cielle de l'organisation.d'un Congrès
« international de l'Enseignement secon-
« daire en 1000; 21 des travaux et des dé-
« marches du comité d'initiative élu par
« le Congrès de 1898, pour préparer le
« Congrès international de 1UOO; 3° de la
« lettre collective de démission de ce
« comité, considérant que les exigences
« qu'on a voulu imposer aux promoteurs
« du Congrès de l'Enseignement secon-
« daire ne l'ont pas été à ceux de cer- ,
1
« tains autres congrès; estimant que les
a décisions de la commission générale
1 « des congrès ont constitué un manque
« d'égards vis-à-vis du corps tout entier
(t des professeurs de l'enseignement se-
« condaire public, approuve sans réserve
« la conduite du comité démissionnaire,
(c décline la proposition qui lui est faite
« de se faire représenter dans la commis-
« sion officielle d'organisation et passe à
« l'ordre du jour. »
Cet ordre du jour, vous l'avez lu plus
haut.
Trois commissions travaillent simul-
tanément.
Dans la première, on s'occupe surtout
des élèves,de tout ce qui peut en faire des
êtres intelligents et moraux; par consé-
quent du travail, de la discipline, de l'é-
ducation, et de l'union que cette œuvre
nécessite entre l'administration du ly-
cée, les répétiteurs et les professeurs. La
seconde commission s'occupe du bacca-
lauréat; la troisième de l'extension uni-
versitaire, et les résolutions prises dans
ces trois commissions sont présentées à
l'acceptation des assemblées générales
au nombre de quatre.
A vrai dire, et contrairement à ce qui
se passe en général dans les congrès,
chaque assemblée générale a été comme
un recommencement du travail des com-
missions. Les questions ont été reprises,
rediscutées et, pour quelques-unes, la
bataille fut très chaude. Malgré les votes
qui ont presque toujours réuni une ma-
jorité considérable, je ne crois pas que
les professeurs soient bien d'accord sur
la plupart des points. Au point de vue de
la diminution du travail, par exemple,
il m'a semblé que la réunion des deux
courants contraires était plus artificielle
que réelle; ceux qui pensaient, avant
d'entrer dans le grand ampbithéâtre de
la Faculté de Droit, que les élèves des
lycées travaillent moins aujourd'hui que
l'on ne travaillait autrefois et qui ont
accepté les affirmations de ceux qui pen-
sent que le travail n'a pas diminué, mais
qu'il soit modifié, ont l'ail preuve de con-
descendance plus que de conviction.
D'ailleurs le vote n'était pas possible sur
cette question ainsi posée. Ah 1 si l'on
avait eu un vœu à émettre, celui-ci par
exemple : « Dorénavant les parents ne
« mâcheront » plus la besogne à leurs
enfants, et leur donneront, au contraire,
l'habitude la réflexion. C'eût été autre
chose.
Cependant un certain nombre de mo-
tions ont été fondues dans le texte sui-
vant :
« Considérant qu'il est inexact de par-
« 1er d'une façon générale et absolue de la
« diminution du travail des élèves; qu'on
(c peut néanmoins constater trop fré-
« quemment une diminution de l'effort
« de réflexion personnelle ; que cet état
« de choses tient en partie à la disper-
« sion du travail, résultant tout ensemble
« de la multiplicité même des matières
« enseignées, et d'un défaut de méthode
Il dans l'enseignement des diverses ma-
« tières; qu'il y a, aussi, lieu de faire en-
« trer en ligne de compte, dans certains
« cas, un relâchement regrettable de la
« discipline; qu'il ne saurait être ques-
« tion d'abandonner les principes sur
(c lesquels repose la discipline libérale et
« rationnelle, formulée dans les « ins-
« tructions et règlement » de 1890, mais
«< de fortifier cette discipline par une ap-
« plication plus ferme et mieux comprise
« de son esprit même (ouf! pauvre dis-
« cipline libérale, on risque de la tuer, à
« force de la... fortifier!)
Emet les voeux :
« Que les programmes soient allégés
« et abrégés, ou du moins que les pro-
« fesseurs soient officiellement autorisés
« et engagés à se mouvoir librement
« dans les limites des programmes, à y
« choisir les parties sur lesquelles ils se
« proposent d'insister, en évitant tout ce
« qui ne peut que surcharger la mémoi-
« re, sans avoir une valeur éducative.
« Que des réunions des professeurs et
« répétiteurs d'une mêmeclûsscaient lieu
« mensuellement, sous la présidence du
« proviseur ou du principal, afin que les
« maîtres se puissent mutuellement ren-
« seigner sur la conduite et le travail de
« chaque élève en particulier, et que
« l'assemblée générale des professeurs
If se réunisse tous les trois mois, au
« moins, pour prendre connaissance de
« la situation générale, pour collaborer
« plus efficacement à la direction intel-
« lectuclle et morale de l'établissement ;
« afin d'établir entre tous les fonction-
« naires d'une même maison une union
« réelle, sans laquelle les ett'orts indivi-
« duels restent trop peu féconds ;
« Que le contrôle attribué au chef de
« l'établissement sur toutes les puni-
« tions soit un contrôle, et non unesubs-
(t titution de son autorité personnelle a
« l'autorité des professeurs, et que le
tC chef de rétablissement ne puisse lever
« ou réduire une punition qu'après en
« avoir conféré avec le professeur ou le
« répétiteur; que ie chef de l'établisse-
« ment ne puisse prononcer l'exclusion
« sans avoir recours au conseil de disci-
« pline; que,par contre, il ne puisse con. ,
H server un élève contre lequel le conseil
« de discipline à voté la peine de l'exclu-
« sion; qu'il soit tenu de déférer les élè-
tC ves,inûivit.1uellementou cullectivement
« au conseil de discipline, quand un pro-
« t'esseur ou un répétiteur en fait la de-
fi mande motivée. M
Ces résolutions sentent le réquisitoire
d'une lieue; c'est que le professeur est,
dans certains cas, désarmé, c'est que,
très souvent, l'intervention de l'adminis-
tration restreintson indépendance ; celle
du proviseur, plus directe, est souvent
très gênante aussi. On ne comprendrait
pas cependant un proviseur qui*ne serait
pas l'arbitre de la discipline, car il est
surtout responsable...
— Certainement, répondent les pro-
fesseurs ; mais il est trop directement
aux prises avec les familles, avec les au.
torités locales, avec... les hommes poli-
tiques... Bref, de part et d'autre la situa-
tion est difficile, et la mise en pratique
des vœux transcrits ci-dessus atténue-
raient beaucoup le mal.
La discipline et la morale ne sauraient
se séparer; le Congrès a fait une large
place à la morale, il a émis les vœux sui-
vants ;
Considérant que la matière de l'enseigne-
ment et la manière dont il est donné sont
et doivent èlre de plus en plus orientés dans
le sens d'une éducation morale et sociale;
Considérant que la morale pratique, soit
dans un enseignement méthodique, Suit
dans l'éducation donnée au lycée, a une
~ , base concrète et sociale uui permet au pro-
fesseur de se tenir en dehors de tout dogme
professionnel, tout en respectant absolu-
ment la liberté de conscience et les diffé-
rentes croyances qui peuvent être ensei-
Saêes......
1° Repousse l'institution de cours théori-
ques, réguliers d'enseignement spéculatif
et critique de la morale, en ce qui con-
cerne les élèves des classes inférieures à la
philosophie, la première-lettres-moderne
et les mathématiques élémentaires,
2' Emet le voeu ;
a) Que des conférences de morale d'un
caractère essentiellement pratique soient
instituées (en dehors des cours réguliers),
s'adressant aux élèves des différentes clas-
ses, soit isolées, soit groupées, depuis la
quatrième ;
b) Que, dans les classes de philosophie,
première lettres-moderne, mathématiques
élémentaires, l'enseignement théorique de
la morale soit développé au point de vue
social et critique;
3' En ce qui concerne les contributions
des élèves à des œuvres de bienfaisance,
est d'avis que l'on associe le plus possible
les élèves à des œuvres de charité et de
mutualité scolaire, mais en ayant soin
d'éviter tout ce qui peut ressembler à de
la contrainte;
4- Emet le vœu que les élèves de philoso-
phie classique et de mathématiques élé-
mentaires participent dans les lycées et
collèges au cours du « droit usuel » et
« d'économie politique », qui est fait actuel-
lement aux élèves de première-lettres-
moderne.
L'extension universitaire, est décidé-
ment une chose vivante. Elle a donné
lieu à des discussions et à des communi-
cations si intéressantes que je les renvoie
à la semaine prochaine, ayant d'autres
documents à insérer dans ce supplément.
PAULlNE KERGOMARD.
Enseignement supérieur
Université de Lille
Faculté de droit. — M. Bourguin, profes-
seur de droit administratif à la Facjlté de
droit de l'Université de Lille, est nommé,
sur sa demande, professeur d'économie po
litique.
(Dàrcl. )
Faculté des lettres. — M. Lefèvre, docteur
ès lettres, maître de conférences de philo-
sophie à la Faculté des lettres de l'Univer-
sité de Lille, est nommé professeur adjoint.
(Décret.)
Université de Montpellier
Faculté de droit. — M. Lévy-Ulmann (Hen-
ri-Léon), docteur en droit, est chargé, du
1er avril au 31 octobre 1899, d'un cours de
droit. r.ivil.
Université de Poitiers
Faculté des lettres. — M. Audouin, docteu-
ès lettres, maître de conférences de philor
logie et antiquités classiques à la Faculté
des lettres de l'Université de Poitiers, est
nommé professeur adjoint. (Décret.)
Visite médicale quotidienne des écoles
Le dernier numéro de la Revue a hygiène
et de police sauitaire contient un rapport de
M. le D' Mangenot rendant compte des ten-
tatives failes, jusqu'ici sans succès, pour
établir à Paris un système de visites médi-
cales quotidiennes des écoles primaires.
L'auteur ajoute des renseignements cu-
rieux parce qu'ils sont très précis, sur l'ins-
titution de ce régime aux Etats-Unis, notam-
ment à Boston. Depuis 1894, le bureau sani-
taire de Boston a organisé ce service en di-
visant la ville en cinquante circonscriptions
chacune ayant son médecin scolaire qui,
moyennant une indemnité de 1 500 francs,
voit tous les jours les trois ou quatre éco-
les de son quartier. Les résultats sont
remarquables, et ils sont établis par des
statistiques qui montrent combien d'allée- j
tions contagieuses ont été découvertes et
arrêtées, combien de maladies des yeux, des
oreilles, de la gorge ont été prises à temps.
Grâce à ce minutieux système d'observa-
tion, l'école, au lieu d'être, comme il arrive
trop souvent, un foyer de contagion et un
centre propice à l'éclosion ,du mal, devient
un des agents les plus actifs de la salubrité
publique.
L'expérience de Boston a été jugée si dé-
cisive que New-York etcliicago l'ont suivie.
Il faut ajouter que le Public slatllle des
Etats-Unis, dit M. Mangenot, contient des
prescriptions qu'en France nous jugerions
draconiennes, relatives à l'isolement et à la
désinfection, et punit notamment d'une
amende de 500 francs au moins l'inobserva-
tion des mesures prescrites par le bureau
d'hygiÔne, ou simplement le fait d'enlever
ou de dégrader la pancarte rouge que le
bureau l'ait mettre sur toute maison où se
trouve un malade atteint d'une maiadie
contagieuse.
Manuel yélll}ral.
LE LIVRET POST-SCOLAIRE
L'inspecteur primaire de Saint-Calais,
M. Uizeray, m'a envoyé un modèle de Il li-
vret scolaire et post-scolaire JI qui m'a paru
fort ingénieusement disposé. L'idée pre-
mière en est d'abord très heureuse. Elle
efface toute ligne de démarcation entre
l'école et les œuvres complémentaires de
l'école.
On ne saurait trop faire entrer dans l'es-
prit des enfants et surtout des familles que
l'école élémentaire n'est qu'un commence-
ment. Ce que peut savoir un enfant de treize
à quatorze ans est si peu de chose il coté
de ce qui lui reste à apprendre sans le sortir
de son milieu, dans le détourner de sa des-
tination probable!
La première partie du livret comprend
'Ille uot'ce individuelle avec la désignation
des diverses écoles fréquentées par l'élève,
puis les noter, obtenues dans le cours élé-
mentairc, moyen et supérieur, pour la con-
duite, l'assiduité, le travail et les progrès ;
l'indication des résultats des examens et
concours, l'énumération des sociétés sco-
laires auxquelles appartient le jeune homme,
des acles de probité et de dévouement qu'il
a pu accomplir.
La deuxième partie est consacrée aux
cours du soir et aux autres œuvres post-
scolaires. On y peut voir quels cours ont
été suivis, à combien de séances le titulaire
du livret a assisté chaque année, à quelle
distance il se trouvait de l'école, quelles
notes il a méritées pour son travail et ses
progrès. Et, pour donner à cette dernière
partie du carnet une autorité plus grande,
elle est visée à la fois par l'Instituteur qui a
fait le cours et par l'inspecteur primaire de
la circonscription.
Un jour viendra où, moins entichés des
examens, qui laissent toujours une port«;
entrebâillée à la chance, on mettra bien
au-dessus de tous les diplômes ce petit
livre qui, sincère, bien tenu, résumera en
quelques pages toute la vie d'un jeune
homme et sera, de toutes les recommanda-
tions, la plus éloquente et la plus recher-
chée.
Idem.
Enfin voici in-extenso un article de
M. F. buisson, ex-directeur de l'Ensei-
gnement primaire. C'est le Siècle qui en
il eu 1i primeur.
LES INSTITUTEURS DEVANT LE PARLEMENT
Cêîie fin de session aura été bonne p.ur
les instituteurs. Elle nous a fait revoir m
spectacle devenu rare, un vote à l'anani-
mité, 495 voix contre 0. La Chambre récont-
pensait ainsi le gouvernement d'un bon
mouvement, en s'y associant sur l'heure.
De quoi s'agissait-il? D'un simple crédit
supplémentaire : le ministre de l'Instrue-
tion publique demandait 1,200,000 francs
en sas du produit des extinctions pour per-
mettre d'accorder enfin leur retraite à quel-
ques centaines d'instituteurs qui devraient
y être admis depuis longtemps,
Ce vote a une autre signification ; M. Ley-
gues l'avait d'avance très bien expliqué à la
Chambre, puis au Sénat, il y a quelques
jours. Ce n'est pas seulement une question
de crédit, c'est une question de méthode,
qui intéresse l'avenir du personnel encore
plus que soi présent. Cette légère atteinte
au budget en épargne une plus grave à la
loi organique.
Peut-être nous permettra-t-on d'exposer
ici très brièvement cette question : outre
son intérêt propre, elle a celui de l'à-pro-
pos, puisqu elle est posée devant le Sénat
et y devra être incessamment résolue dans
un sens ou dans l'autre.
•
« •
Le traitement des instituteurs — depuis
qu'ils sont devenus, d'employés commu-
naux, fonctionnaires de l'Etat — est réglé
par une loi de juillet 1889, modifiée par une
loi complémentaire de juillet 1893.
Le principe fondamental de cette législa-
tion est la répartition du personnel en six
classes, une de stagiaires (ce sont les débu-
tants non encore pourvus du certificat d'ap-
titude pédagogique) et cinq de titulaires.
Les stagiaires, aussi longtemps qu'ils font
leur stage, et jusqu'à ce qu'ils aient conquis
le grade exigé, ont un traitement de 900 fr.
Les titulaires entrent dans la. cinquième
classe avec 1,000 francs, qui s'élèvent à
1,200 francs en quatrième classe, qui de-
viennent en troisième classe 1,500 francs,
en seconde classe 1.800 francs, enfin 2,000
en première.
Pour les institutrices, les trois premiers
chiffres sont les mêmes, dans les trois clas-
ses supérieures le traitement des femmes
n'est que de 1,400, 1,500 et 1,000 francs. Ne
demandez pas la raison de cette différence :
il n'y en a pas d'autre à donner sinon que
ce sont des femmes.
Qu'on pense ce que l'on voudra de cette
échelle de traitements, instituteurs et ins-
titutrices la tiennent pour bonne et n'élè-
vent pas la moindre réclamation sur la quo-
tité. Ils s'estimeraient en somme fort heu-
reux si une fois engagés dans la carrière,
ils étaient sûrs de passer après un temps
déterminé, fût-il long, de classe en classe
jusqu'à la première où ils voient briller de-
vant eux ce chiffre magnifique de 2,000 fr.
pour les hommes, de 1,600 pour les fem-
mes.
Mais c'est là précisément ce que la loi ne
permet pas.
La loi fixe elle-même la proportion des
effectifs afférents à chacune des six clas-
ses.
En voici les chiffres dans le texte primi-
tif de 1889, puis dans le texte déjà forte-
ment amélioré de 1893 :
Classes 1889 1893
Stagiaires 20 010 15 010 de l'effectif total
5° 35 010 25 —
4e 25 010 25 —
30 15 010 20 —
')e te. Ens. 5 010 5 ~
Ainsi pour prendre les deux termes ex-
trêmes, sur cent mille instituteurs la loi
veut qu'il n'y ait jamais que cinq mille ins-
tituteurs en première classe (à 2.000 fr.),
dix mille en seconde (à 1.800 fr.) Et inver-
sement, si pressés que soient les jeunes de
monter en grade, elfe veut qu'il reste tou-
jours quinze mille stagiaires à 900 francs.
C'est ce que les instituteurs et après eux
les députés ont appelé le « pourcentage JI.
Les instituteurs ajoutent couramment :
l'odieux pourcentage! Et il est aisé de com-
prendre leur aversion pour ce mécanisme.
N'apporte-t-il pas un obstacle voulu à l'es-
sor de leurs ambitions légitimes, à la mar-
che naturelle et automatique de l'avance-
ment ?
En réalité leurs griefs, qui se confon-
dent en un seul concert de plaintes, portent
sur deux points très différents, que le mi-
nistre a très habilement et très justement
distingués.
♦
* *
Il y a deux causes de retard de l'avance-
ment : l'une, celle qui frappe d'abord l'at-
tention, c'est, en effet, cette obligation de
s'enfermer dans les chiffres du pourcen-
tage, de ne pas inscrire en première classe,
par exemple, un seul fonctionnaire au delà
des cinq mille qui la doivent composer, ni
dans la dernière un de moins que les quinze
mille qui y doivent figurer ; ce retard-là est
le fait de la loi dans son application nor-
male. L'autre vient d'un simple accident:
pour qu'un mouvement se fasse de bas en
haut dans la litière du personnel,il faut que
les classes supérieures se vident. Or, les
vides s'y font soit par les décès, démissions
et révocations, soit paz l'admission à la re-
traite. L'expérience a démontré que ces
deux vides réunis doivent donner, année
moyenne, environ trois mille vacances par
an, soit mille huit cents décès ou démis-
sions et douze cents mises à la retraite. Or
depuis plusieurs années, bien loin de pou-
voir donner douze cents retraites par an.
le ministère n'a pas pu en prononcer seule-
ment la moitié, il oblige a rester en fonc-
tions malgré eux des fonctionnaires déplus
de soixante et même de soixante cinq ans :
ainsi d'année en année l'engorgement des
classes supérieures s'aggrave, et la stagna-
tion dans toutes les classes inférieures de-
vient l'état chronique, d'autant plus exas-
pérant qu'il est chronique.
Le vote triomphal que vient d'obtenir
M. Leyglles, va faire cesser ce piétinement
sur place dù à l'insuffisance du crédit pour
les retraites. Douze cents mises à la retraite
\lm supposant que la moyenne d'une pen-
sion soit de 1000 francs) vont amener douze
cents promotions. Comme elles porteront
pour la plupart sur les deux premières
classes, on voit quel mouvement s'ensuivra
par contre-coup tout le long de l'échelle,
jusqu'au sixième et dernier échelon. En y
ajoutant les vides résultants de la mortalité
et les départs volontaires, c'est une mise
en mouvement de dix ou douze mille fonc-
tionnaires; qu'une mesure analogue se re-
nouvelle de temps a autre, et la machine
fonctionnera normalement.
Est-ce à dire que toul le monde sera con-
tent, c'est-à-dire que tout le monde sera
promu? hélas! non, et c'est là que repar-
raissent les méfaits du « pourcentage ».
Quand le système de déblaiement inaugure
par M. Leygues aura fait disparaître les
causes accidentelles et factices d encom-
brement, sur quoi pourra compter exacte-
ment l'instituteur entrant dans la carrière?
PeuL-il être sur d arriver à un jour dit et
même un jour à la première classe?
Pas absolument. Il a deux voies pour y
arriver ; l'avancement au choix9 1 'avance-
ment par ancienneté.
S'il est de classe en classe promu au choix,
il y arrivera. (1 Il pourra, disait déjà le rap- !
porteur de la loi, M. Compayré, atteindre à
trente-trois ans à la deuxième classe (1800
fr.)età trente-six ans la première (2000 fr.) P.
Le bâton de maréchal avant quarante ans!
Ce n'est pas un sort à dédaigner, surtout
si l'on y ajoute tout ce qu'y ajoutent d'au-
tres articles de la loi, indemnités de direc-
tion, de résidence, de logement, de cours
complémentaires, etc. Mais vous avez bien
lu ; il^ourra. Rien de Dlus.il.iwwra aussi,
à la même date, en être encore S fï Vtn
trième classe et y séjourner, prétendre tout
au plus à la troisième, s'il ne S'est jamais
distingué ou s'il ne l'a pas été.
C'est que parallèlement à la voie rapide
du choix, s'étend la voie tris régulière
mais très lente de l'ancienneté. Dans celle-
là le fonctionnaire a une garantie, une
seule : c'est que nul à mérite égal ne pas-
sera, plus jeune que lui, avant lui. Il aurtf
la satisfaction de se dire, s'il en voit qui gao
gnent sur lui beaucoup d'avance : « oeux-lg
sont promus au choix ». Quand le sera-t-il;
lui, à l'ancienneté? Il le sera à son tou<
d'inscription, au rang très exact que lui as-
signe dans \ Annuaire son nombre d'années,
de mois et de jours de services. C'est tout
ce que l'administration lui promet; et uni
calcul très simple démontre qu'il lui fau,.
dra plus de trente ans à partir de son en.'
1 trée dans le cadre pour arriver &u sommet,
en supposant que les retraites ne subisse^l
! jamais plus aucun temps d'arrêt.
« »
A cet état de choses, quel remède peut-od
proposer? Il y en a un très simple, que lt
discussion du budget de l'instruction pu*
blique vient de mettre en vive tumtère'et
dont la menace a été pour quelque chose
dans l'empressement de tous i. voter lest
1 200 000 francs, demandes par le ministre.
Ce serait la suppression du «pourcentage »*
M. Carnaud en a fait l'objet d'une proposi-
tion de loi signée avec lui par plusieurs de
ses collègues. \
Cette loi règlerait tout d'un trait da
plume. Plus d'effectifs fixés par la loi; plus
de stage dès qu'on possède le certificat
d'aptitude pédagogique ou que, même sans
l'avoir, on a exercé cinq ans, bien ou mai ?
plus d'avancement au choix, plus de faveur
au mérite. Une seule règle : l'avancement
automatique tous les cinq ans. Nul ne sé-
journllnl jamais plus de cinq ans dans une
des classes intermédiaires, la première re-
çoit au bout de vingt ans, tous les survi-
vants sans exception. Tous sont donc assu-
rés, pouvu qu'ils vivent vingt ans, d'attein-
dre leurs 2 000 francs de traitement. Et le
projet ajoute que la mise à la retraite sera
obligatoire à quarante-cinq ans avec vingt-
cinq ans de services.
L'ensemble de ces dispositions se tradui-
rait par un accroissement du budget annuel
d'une trentaine de millions. Si notre for.
tune publique nous permettait de considé-
rer ce chiffre comme une bagatelle, il res-
terait encore à se poser une question d'un
autre ordre: est-il absolument bon, deman-
derions nous, de supprimer si radicalement
la distinction admise dans toutes les admi-
nistrations publiques entre l'avancement
au choix et l'avancement à l'ancienneté ?
! Est-il sans inconvénient de faire disparaître
: jusqu'à la possibilité de distinguer le mérite
d'encourager les efforts, d'entretenir l'ému-
lation, de laisser une certaine marge, au
moins une certaine illusion au zèle des uns,
à l'ambition des autres, à ce besoin d'initia-
tive qui pousse tous les hommes, par ins-
tinct ou par intérêt, à tenter un peu plus
que le strict devoir et à tâcher de dépasser
la moyenne?
Mais à quoi bon entamer cette discussion
philosophique et pédagogique? Personne à
la Chambre, pas plus l'nonorable M. Car-
naud qu'aucun de ses collègues, ne vou-
drait imposer au pays à l'heure présente le
formidable surcroît de charges qu'exigerait
son projet : ne voit-on pas que si,par impos-
sible, semblable demande était, je ne dis
pas accueillie, mais soutenue devant lo
Parlement, le seul fruit qu'en recueilleraient
les instituteurs serait de voir bien vite com-
promise dans une grande partie du pays la
légitime popularité dont ils jouissent en dé-
pit de tant d'attaques? Pas un de leurs vé-
ritables amis ne voudrait proposer pour
eux une mesure, qui, les mettant en dehors
des conditions communes de la vie admi-
nistrative, semblerait leur constituer une
de ces situations de privilège et d'exception
qui n'ont jamais trouvé grâce devant notre
peuple de France.
*
• •
Mais est-il nécessaire d'abolir de fond en
comble le système de pourcentage. Les ré-
formes désirées, désirables, ne peuvent-
elles se faire qu'avec la trop fameuse for-
mule : toul ou rien e
La précédente législature nous donnait a
cet égard — il y a juste un an — une leçon
qu'il faudrait bien recommander à l'alten,.
tion des instituteurs et de leurs amis dans
les deux Chambres.
Le 22 mars 1898, le gouvernement et la
commission du budgetétaientd accord pour
proposer à la Chambre un modeste projet
de loi en un seul article ainsi conçu :
La proportion de l'effectif numérique
des instituteurs stagiaires... est réduite de
15 à 10 0\0. Celle des titulaires de
la troisième classe est portée de !O it
25 OlO.
L'urgence est votée. Aucune objection à
prévoir. Nulle demande de crédit, du moins
pour l'année courante : le ministre M. Ram-
baud se chargeait d'y faire face avec ses
ressources ordinaires.
Ici surgit un amendement ou un contre-
projet. M. Rolland, député des Pyrénées-
Orientales, propose de compléter cette
amélioration partielle par une autre qui
augmentera de 5 010 l'effectif de la deuxiè-
Ille classe en diminuant d'autant la cin-
quième. Ci trois millions à trouver. Le gOll-
vernement, qui ne les a pas, la commission
du budget, qui ne sait où les prendre, font
remarquer que le mieux est l'ennemi du
bien, qu'une petite réforme effective et im-
médiate serait préférable à deux réformes
platoniques. N'importe ! la Chambre tient. à
« faire quelque chose Il avant de partir, et
elle vote l'amendement Holland, amendé à
son tour par une disposition addilionncllo
qui prévient que le second avantage ne sera
effectivement réalisé que dans un exercice
ultérieur. .
Le résultat, il était facile de le prén*oir.
Un an s est écoulé depuis : ni le projet
Holland ni même le projet Rambaud n a pu
être discuté au Sénat. Ils venaient il y a
trois semaine à l'ordre du jour du Sénat.
Le ministre lui-même en a demande 1 a-
journement jusqu'après le vote de son pro-
jet sur lss retraites. Et rien de plus legi-
^Maintcnant le crédit des retraites est
voté par la Chambre, il le sera sans nul
doute et sans plis de difficultés au Sénat.
Et après? , .
Après ? La question n est plus intacte,
elle ne se limite plus même au projet Rol-
land. Les munificences du projet Rolland
sont dépassées : Perpiguan est battu do
plusieurs longueurs par Marseille. Que fera
le gouvernement il devra, quelle que soit
sa bienveillance pour les instituteurs, s'op-
poser au projet Carnaud. Il fne leur reste
qu'un espoir, et à nous qu'un souhaita faire
pour eux : c'est que le ministère actuel, ne
voulant pas se montrer moins libéral que
le précédent, maintienne la proposition
faite par M. Rambaud et prenne l'initiative
de cette nouvelle amélioration très mo-
deste, mais très réelle et susceptible d'ap-
plication à peu près immediate. Sans nul
doute, la seconde partie qu'y avait ajoutée
M. Rolland ne tardera pas a suivre. Sera-
ce cette année ou l'année prochaine! Il Y a
grande apparence que I on voudra que s
l'Exposition de 1900 apporte aux instituteurs,
cette bonne aubaine tantet si bien méritée j
Encore ne sera-t-olle pas la dernière. ■
Et c'est là l'esprit même de cette loi de
1889, telle que lavait conçue le Consel11
d'Etat; elle permet au gouvernement dot
graduer - au fur et à mesure des besoins»
d'une part, des ressources de 1 autre — igsi
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