Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-03-04
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 mars 1899 04 mars 1899
Description : 1899/03/04 (A3,N451). 1899/03/04 (A3,N451).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67035706
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Supplément quotidien du journal LA FRONDE
Choses de
l'enseignement
Tout ne va pas pour le mieux dans les
Meilleurs lycées de l'EtaL, ont dit, à la
Commission des 33, les hommes très
compétents qui l'aident a faire son en-
quête sur la réforme de l'enseignement
secondaire,(hâtons-nous d'ajouter que si
y enquête avait porté sur les établisse-
ments libres, ils auraient eu beaucoup a
dire aussi). Le rôle des proviseurs ; leur
situation, dans le lycée.auprès des élèves
et des professeurs; dans la ville, auprès
des parents ; à Paris, auprès de l'admi-
niltration centrale, ont fait le sujet de
nombreuses communications. Tous ont
éfié d'avis qu'il est urgent d'augmenter
!ëur influence, de fortifier leur pouvoir,
de les rendre plus indépendants, et de
leur fournir des ressources qui leur per-
mettent de lutter contre la concurrence
dite maisons rivales.
H faudrait avant tout que le proviseur
fût un éducateur, absolument décidé a
s'occuper de l'éducation de ses élevés, et
TOUS savez ce que nous entendons par
ces mots : nous entendons parler de leur
développement moral.
te proviseur, c'est le père de famille,
connaissant individuellement ses élèves,
ayant mesuré le fort et le faible de cha-
cun, et s'étant rendu compte des procé-
dés d'éducation à employer avec les uns
et avec les autres. Cette façon d envisa-
ger son devoir implique pour lui des rela-
tions directes et quotidiennes avec les
enfants....
Or, il n'en va point ainsi dans nos
freées. Le proviseur habite son cabinet.
C'est là qu'il reçoit les professeurs quand
ceux-ci ont une communication à lui
faire (ce n'est pas tous les jours) ; c est là
qu'il morigène l'élève récalcitrant, en-
voyé par le censeur; c'est de là qu'il il sort,
à intervalles réguliers, pour proclamer
les places en compositions.
Je crois que le « protocole » de 1 ensei-
gnement secondaire a organisé les choses
ainsi — au temps du grrrand Napoléon—
pour que le proviseur gardât son pres-
tige, et nos habitudes dogmatiques et
formalistes ont perpétué le mal : Le pro-
viseur, tel que ces habitudes l'ont fait, est
un fonctionnaire ; c'est peut-être un ad-
ministrateur excellent; ce n'est pas un i
éducateur; ce n'est pas l'éducateur indis-
pensable... dans une maison d'éducation.
Les jeunes lycéens seraient heureux,
cependant, d'avoir auprès de leurs pa-
Tents un intermédiaire qui les connût
autrement que par des compositions mé-
diocres et des infractions à la discipline ;
les internes, surtout, se sentiraient moins
exilés, s'il leur était permis de deviner un
cœur chaud et paternel sous l'enveloppe
Austère du chef.
Je n'ignore pas que c'est toute une ré-
volution à entreprendre, d'abord dans
les habitudes de l'administration, puis
dans l'esprit des proviseurs eux-mêmes;
enfin, dans celui des professeurs.
Ceux-ci (les exceptions confirment,dit-
on, la règle) se considèrent comme des
êtres autonomes, et sont jaloux de con-
server leur autonomie. Ce sont des agré-
gés — ils ont donc donné toutes les ga-
ranties de savoir et d'aptitude à enseigner
— ce sont des hommes consciencieux,
ils font donc leur devoir sans défaillance
— et le proviseur est mal venu, s'il s'im-
misce dans les choses de leurs classes.
D'aucuns même ne voient pas d'un très
bon œil leurs réunions présidées par le
proviseur. En somme, ils sont trop indi-
vidualistes; aussi chaque lycée est-il
comme une sorte de juxtaposition de
classes distinctes — qui peuvent être
excellentes prises séparément — mais
mon un établissement homogène, où cha-
cun travaille en vue d'un but unique et
' commun, sous la responsabilité du pro-
viseur.
; Ce défaut nous le remarquons sou-
vent, aussi, dans les établissements d'en-
seignement primaire; (pas dans les éco-
les normales) il y est cependant moins
caractérisé; nous plaidons pour lui les
circonstances atténuantes et parce que
beaucoup de directeurs d'écoles sont
encore chargés de classes.
• Pour en revenir aux proviseurs, on dit
qu'ils sont parfois mal choisis pour leur
onction ; que l'avancement hiérarchique;
(censeurd'abord) sauvegarde sans doute
tes intérêts administratifs, mais laisse
en souffrance l'intérêt moral de l'établis-
sement, c'est-à-dire l'éducation des élè-
ves ; (un excellent censeur n'est pas fa-
talement un excellent éducateur); on
pense encore que pour des fonctions si
délicates et qui exigent un tel don de soi,
il faudrait des hommes jeunes, ayant
assez d'initiative pour secouer la routine
et assez d'ardeur pour attiser le feu sacré
dans les âmes ; on dit, enfin, qu'il fau-
drait faire aux proviseurs une situation
matérielle très large, afin qu'ils eussent,
non seulement l'influence morale que
lionne le caractère, mais aussi celle qui
s'attache aux fonctions bien rétribuées.
Certes, le jour où l'Etat enseignant
considérera que les fonctions les plus dé-
licates, les p!us difficiles et les plus ho-
norables, puisqu'elles exigent le plus de
renoncement, doivent avoir les traite-
ments les plus élevés, nous entonnerons
l'hymne de bénédiction; cependant je
vois avec peine que l'on continue à me-
surer la valeur morale des gens à la
somme qu'ils ont dans leur secrétaire.
Je le regrette d'autant plus, qu'au train
oii vont les choses, ce n'est pas de long-
temps que le ministère de l'instruction
publique pourra bénéficier des écono-
mies faites sur le budget de la guerre 1
Pour le moment, faisons des vœux
pour que les proviseurs se rapprochent
de leurs élèves et que les professeurs se
rapprochent des proviseurs.
PAULINE KERGOMARD.
i
M. Jacques Rocafort, professeur de
l'Université est de mon avis en ce qui
concerne les proviseurs; voici ce que
je lis dans le Radical (signé : FRANCIS
FRAMÉE).
( M. Jacques Rocafort, professeur de rUni-
versité, traitant de leducation morale au
lycée, montre nettement ce que devrait, ce
que pourrait être Te proviseur.
Le système de nomination qu'on emploie
1 présent lui déplaît et à raison : « Quelle
erreur de s'en fier, pour le nommer, à l'au-
tomatisme d'un avancement hiérarchique,
décidant par exemple que tout bon censeur
fera inévitablement un non moins bon pro-
viseur! Ou encore de réserver à des profe*
seurs fatigués, pour soulager leur fin de
carrière, le poste le plus lourd et le plus
écrasant de la maison! L'infériorité d'un
professeur compromet une classe : c'est
tout un lycée que désorganise celle d un
proviseur. »
Et M. Rocafort demande qu 'on se préoc-
cupe moins des grades que des Qualités
morales : intelligence, caractère, fermeté,
égalité dhumeur, bonté, amour de l'en-
M. Rocafort désire que le proviseur soit
! vraiment un éducateur. Il le prie de parler
de temps en temps à ses élèves, de descen-
dre de son Olympe. Le proviseur ne se bor-
nerait pas à des entretiens individuels, et
ferait des causeries à des groupes homogè-
nes d'élèves. Le proviseur admettrait dans
le oe conseil du lycée » des personnalités
marquantes de la-ville qui s'intéresseront
à la prospérité de la maison. Le proviseur
aurait plus d'autonomie dans sa gestion,
plus de liberté pour adapter l'enseignement
au milieu.
Tout cela est la vérité, la logique même.
Il est à souhaiter que les 33 n hésitent pas
à réclamer une réforme profonde du pro vi-
sorat. Elle est nécessaire, elle est urgente.
Une Revue internationale de Pédagogie
comparée est publiée sous la présidence
du Dr Bourneville, membre du Comité
d'hygiène publique, voici son appel :
Il n'existe actuellement, 'tant en France
qu'à l'étranger, aucune revue consacrée a
l'étude des déductions que l'on peut faire
en comparant les méthodes pédagogiques
appliquées d'une part aux enfants nor-
maux, et d'autres part aux enfants anor-
maux. C'est cette regrettable lacune, que se
propose de combler la revue que nous ve-
nons de fonder. Aussi bien comprendra-t-
eUe tout ce qui concerne l'éducation et
l'instruction du sourd-muet, de l'aveugle,
du bègue, de l'idiot, de l'estropié et de 1 en-
fant soumis au régime pénitentiaire dans
les différentes contrées du monde. Elle s oc-
cupera de la pédagogie normale au point
de vue des rapports de celle-ci avec la pé-
dagogie anormale, de l'utilité qu'elle peut
tirer de la comparaison des âges propres à
telle ou telle étude, des résultats obtenus
au point de vue économique et social, de
l'observation de l'hygiène appliquée chez
les anormaux et des conséquences qu 'on en
peut déduire pour la direction des élèves
ordinaires. Ce sera une critique des mé-
thodes existantes, poursuivie jusqu'en
leurs principes, à la lumière de la psycho-
logie, de la physiologie et de la pédagogie
normale et anormale. Elle s'intéressera en
outre aux œuvres [complémentaires de l'é-
cole : enseignement pratique et professionnel,
associations mères et patronage de jeunes
gens et de jeunes filles. Pour réaliser ce pro-
gramme philanthropique,nous faisons appel
au talent et à la bonne volonté de tous nos
collègues: médecins, professeurs, institu-
teurs et institutrices. Il y a là une œuvre à
accomplir digne de retenir leur bienveil-
lante attention et d'occuper leur activité in-
tellectuelle.
L'objet de notre Revue, ajoute son ré-
dacteur en chef, M. le Dr L. Couëtoux,
dans une lettre qu'il m'a récemment adres-
sée est que l'année 1900, avec son con-
grès de professeurs d'anormaux, soit le
début d'une ère nouvelle pour ces déshé-
rités.
« Nous voulons aussi introduire des as-
sociations de mères, en France. »
Il est impossible de ne pas adhérer
ii de telles initiatives, d'ailleurs l'ère de
pitié intelligente commence, elle va
remplacer celle de la résignation c'est-à-
dire de l'oubli de la souffrance... des
autres.
A cet ordre de sentiments nouveaux
répond la création à Londres d'écoles
pour les enfants infirmes (il ne s'agit
plus ici d'anormaux, mais de boiteux, de
bossus, etc.)
Quelle instruction reçoivent les enfants
du peuple atteints d'une infirmité? Au-
cune, à l'ordinaire. Pendant la durée de
leur séjour à l'hôpital, les souffrances phy-
siques empêchent leur intelligence de se
développer. Rendus à la vie civile, leur état
maladif, leur faiblesse, les soins qui leur
sont nécessaires exigent une incessante
surveillance qui ne peut être exercée à
l'école primaire.
Et, cependant, certains parents envoient,
faute de mieux, leurs enfants estropiés a la
classe communale. Ils y font peu de pro-
grès et n'y sont pas à 1 abri de tout danger.
Un essai d'école spéciale pour élèves in-
firmes va être tenté à Londres. L 'établisse-
ment Passmore Edwards offre au London
School Board deux jardins et des salles de
classe. Avec l'autorisation de 1 'Education
Department, une maitresse sera chargée du
petit nombre des infirmes du quartier. Une
voiture transportera chaque matin et chaque
soir les enfants atteints d affections des
membres antérieurs ou de la colonne ver-
tébrale. Y a-t-il besoin de le dire? Le mobi-
lier des classes sera construit de façon spé-
ciale et, enfin, tout ce qui peut amuser les
enfants : livres, images, jouets, sera prodi-
gué..
Les pauvres petits infirmes, qui sont sains
d'esprit et, souvent aussi, plus intelligents
que les enfants bien constitués, ont été jus-
qu'à présent fort négligés. Il y a une œuvre
de justice soniale à accomplir à leur égard.
La société doit prendre en main leur cause
et chercher à améliorer leur sort intellec-
tuel et moral. Il y a plus et mieux à faire.
Il faut non seulement leur assurer les soins
matériels que réclame incessamment leur
état, mais fournir à ces déshérités le chan-
gement d'air et de milieu qui leur est né-
cessaire, leur donner un enseignement
utile, une éducation pratique appropriée a
l'infirmité de chacun, qui leur permettra de
devenir indépendants et relativement heu-
rcux.
C'est là le but du Passmore Edwards
Seulement pour lequel les autorités london-
niennes ont accordé leur patronage.
Paris, qui imite si fréquemment Londres,
ne pourrait-il prendre sa voisine d outre
Manche pour guide encore une fois? Nous
ne manquons pas de petits estropiés, mal-
heureusement. Ils sont la charge de leur
famille et tout avenir leur est fermé. Le
Conseil municipal, si dévoué pour tout ce
qui touche à l'enfance, ne pourrait-il ouvrir
une école spéciale ? Les frais seraient peu
de chose et le résultat immense. »
LE
Budget de l'instruction publique
Sur le chapitre 9 (Bourses de l'enseigne-
ment supérieur), M. Vaillant propose un
relèvement de 50,000 francs pour rétablir
le chiffre alloué au budget de 1897.
M. Georges Leygues, ministre de 1 ins-
truction publique, répond que le nombre
de bourses instituées pour former les pro-
fesseurs est très suffisant. Mais le gouver-
nement étudiera en outre le moyen de
créer des bourses d'enseignement techni-
que et des bourses de voyages.
M. Vaillant se déclare satisfait et retire
son amendement.
Sur le chapitre 12 (Ecole normale supé-
rieure), M. Charles Gras propose une aug-
mentation de 1 700 francs pour relever des
traitements des employés de l'Ecole ntr-
maie.
L'amendement est adopté.
Sur le chapitre 36 (souscriptions scienti-
fiques et littéraires), M. Guillemet
un relèvement de3,000 francs afin d allouer
une subvention au congrès international
anti-alcoolique qui doitse réunir à Paris au
mois d'avril 1899. ...
Le rapporteur ne fait pas d „ opposition de
principe à l'amendement.
M, Georges Leygues l'accepte,car il s agit
d'une dépecse temporaire et qui ne repa-
raîtra pas au prochain budget.
L'amendement de M. Guillemet est
adopté..
Sur le chapitre 43 (lycées nationaux) M.
Couybaréclame une augmentation de 100,000
francs, pour assurer aux répétiteurs la
, deuxième annuité d'externement votée au
budget de 1898.
' i Le directeur de l'enseignement secon-
daire. commissaire du gouvernement, ré-
pond que, cette année, on va procéder à
152 externements et un crédit de 10,000 fr.
suffira.....
Le rapporteur accepte l'augmentation de
10,000 francs .demandée par le gouverne-
ment.M. de]a la Batut demande un relèvement
de 18,600 francs pour rétablir le crédit de-
mandé par le gouvernement en faveur des
surveillants généraux des lycées.
Le ministre de l'instruction publique ap-
puie l'amendement.
L'amendement de M. de la BatuL est
adopté.
Sur le chapitre 46 (bourses nationales),
M. Carnaud demande que le gouvernement
prépare un projet de loi instituant un con-
cours annuel entre les élèves de l'enseigne-
ment primaire, à la suite duquel un élève
sur cent sera admis gratuitement dans les
établissements d'enseignement secondaire
de l'Etat. , ,.
L'orateur dépose un projet de résolution
en ce sens.
M. Georges Leygues demande le renvoi
du projet de résolution do M. Carnaud à la
commission de la réforme de l'enseigne-
ment.
Le renvoi est ordonné.
M. Chapuis présente un projet de résolu-
tion tendant reme tre en vigueur Ja dis-
position de la loi du 29 nivôse an 13, accor-
dant une bourse dans les établissements de
l'Etat à un enfant de famille de sept enfants
au moins.
Sur la demande du rapporteur, le projet
de résolution est renvoyé à la commission
de la réforme de l'enseignement.
M. Fleury-Ravarin propose une réduc-
tion de 40,000 francs pour la suppression,
au chapitre 46, des bourses d'externat à
l'école alsacienne et la création d'un cha-
pitre 46 bis sous la rubrique : « Subvention
et bourses d'externat à l'école alsacienne »,
chapitre qui serait doté d'un crédit de
65,000 francs.
L'amendement est adopté.
Enseignement supérieur
M. Mascart, membre de l'Institut, profes-
seur de physique au Collège de France, est
nommé vice-président de la commission
instituée à l'effet d'unifier les méthodes
d'analyse applicables aux produits à base
d'alcool et aux sucres, M. Mascart, remplace
M. Scheurer-Kestner, démissionnaire.
M. Camena d'Almeida, professeur de géo-
graphie à la Faculté des lettres de Caen, est
nommé sur sa demande, à la Faculté des
lettres de Bordeaux.
M. Vogt, docteur ès sciences, maître de
conférences à la Faculté des sciences de
Nancy, est nommé professeur de mathé-
matiques appliquées à cette Faculté.
M. Lichtenberger, docteur ès lettres,
chargé de cours à la Faculté des lettres de
Nancy, est nommé professeur de littérature
étrangère à cette Faculté.
M. Deschamps, agrégé, chargé de cours à
la Faculté de droit de Paris, est nommé
professeur adjoint à cette Faculté.
M. Pillet, agrégé, chargé de cours à la
Faculté de droit de Paris, est nommé pro-
fesseur adjoint à cette Faculté.
Par arrêté du ministre de l'Instruction pu-
blique et des Beaux-arts, en date du 25 fé-
vrier 1899, un concours s'ouvrira le 6 no-
vembre 1899 devant l'école supérieure de
pharmacie de l'université de Paris, pour
l'emploi de suppléant de la chaire de phy-
sique à l'école de plein exercice de méde-
cine et de pharmacie de Nantes.
Le registre d'inscription sera clos un mois
avant l'ouverture dudit cours.
Ministère de rlnstruction public et des Beaux-
arts. — Concours pour onze places d'agrégés
des facultés de droit.
Par arrêté de M. le ministre de l'Instruc-
tion publique et des Beaux-arts, en date du
7 février 1899, pris en exécution du statut
du 16 novembre 1874 et de l'arrêté du 23 juil-
let i800 portant réorganisation de l'agréga-
tion des Facultés de droit, il sera ouvert à
Paris, aux dates ci-après désignées, des con-
cours pour onze places d'agrégés des facul-
tés de droit, savoir :
1° Le 2 octobre 1899 :
Section de droit privé et de droit crimi-
nel, 3 places;
Section des sciences êconomiques, 4 pla-
ces.
2° Le 9 octobre 1899 :
Section de droit public, 2 places ;
Section d'histoire du droit, 2 places.
Total, 11 places.
Les conditions à remplir pour être admis
à concourir sont d'être Français ou natura-
lisé Français, âgé de vingt-cinq ans accom-
plis et pourvu : ,
Soit du diplôme de docteur en droit obtenu
dans les conditions déterminées par le dé-
cret du 20 juillet 1882, ou en vertu des dis-
positions transitoires du décret du 30 avril
1895 (articles H et 15);
Soit des diplômes de docteur en droit avec
les montions: « Sciences juridiques, Sciences
politiques et économiques », obtenus dans
les condilions déterminées par le décret du
30 avril 1895.
Des dispenses d'ûge pourront être aecorw
dées par le ministre.
Les candidats se feront inscrire au Secré-
tariat des diverses académies où ils résident,
deux mois avant l'ouverture des concours.
Ils doivent produire pour laconstation de
l'accomplissement des conditions ci-dessus
mentionnées :
1° Une copie légalisée de leur acte de nais-
sance; ...
2° Leur diplôme de docteur en droit.,
A ces pièces, ils devront joindre l'indica-
tion de leurs services et de leur travaux, et
ils déposeront un exemplaire de chacun
des ouvrages ou mémoires qu'ils auront
publiés.Les registres d'inscription seront clos irré-
vocablement:
Le 2 août 1899 (Section de droit privé et
de droit criminel et Section des sciences
économtques) ; . , ......
Et le 9 août 1899 (Section de droit publio
et Section d'hisloire du droit), à quatre heu-
res de relevée.
L'examen pour le certificat d'aptitude à
l'enseignement du dessin dans les lycées et
les collèges (1" degré) commencera le
jnardi 4 avril prochain.
Pour être admis à y prendre part, les as-
pirants devront adressera M. le ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts,
avant le 10 mars, une demande sur papier
timbré, à laquelle ils annexeront leur acte
de naissance.
Examen professionnel pour l'obtention du
certificat d'aptitude aux fonctions de biblio-
thécaire dans les bibliothèques universitaires.
Par arrêté du ministre de l'instruction
publique et des beaux-arts, en date du 24
janvier 1899, il sera ouvert à Paris, dans
une des salles de la bibliothèque de 1 Arse-
nal, une session d'examen pour 1 obtention
du certificat d'aptitude aux fonctions de bi-
bliothécaire dans les bibliothèques des uni-
versités....
Cette session s'ouvrira le 27 juin prochain.
Des registres destinés à l'inscription des
candidats seront ouverts au secrétariat des
diverses académies le 15 février 1899. Ils
seront clos irrévocablement, le 15 avril, à
quatre heures.
Les candidats, en souscrivant, devront
déposer :
1" Leur acte de naissance et les diplômes
dont ils sont pourvus ;
2° Une note présentant le résumé de leurs
travaux antérieurs, le relevé des services
rendus et l'indication des langues qu'ils
connaissent.
L'examen comprend deux épreuves : l'une
écrite, l'autre orale.
Epreuve écrite. — L'épreuve écrite com-
prend :
1° Une composition sur une question de
bibliographie générale ou sur une question
d'administration appliquée au service d'une
bibliothèque d'université tirée du program-
me annexé à l'arrêté du 20 décembre 1893;
2° Le classement de quinze ouvrages trai-
tant de matières diverses et appartenant
aux différentes époques de l'imprimerie. Le
travail implique les opérations déterminées
par l'instruction générale du 4 mai 1878,
savoir :
Le numérotage;
L'inscription au registre d 'entrée-inven-
fûire;
L'instruction au catalogue méthodique;
L'inscription au catalogue alphabétique.
Le candidat devra justifier dans ce tra-
vail d'une écriture serrée, et parfaitement
lisible.
Epreuve orale. — L'épreuve orale se com-
pose :
1° De questions sur la bibliographie et le
service d'une bibliothèque d'université ;
2° D'interrogations sur les langues vi-
vantes inscrites à la note indicative men-
tionnée ci-dessus. Le candidat devra justi-
fier, en tout cas, de la connaissance de la
langue allemande par l'explication, à livre
ouvert, d'un passage tiré Graesel : Grund-
züge der bibliothelistehre (Leipzig-Webei .
Les candidats seront informés de leur
admissibilité aux épreuves quinze jours au
moins avant l'ouverture de la session.
Cours municipal et départemental d'horticul-
ture et d'arboriculture. — Cours public et
gratuit d'arboriculture fruitière.
Des conférences théoriques et pratiques,
publiques et gratuites, sur l'arboriculture
fruitière, auront lieu dans les jardins du
Cours municipal et départemental d'horti-
culture et d'arboriculture, sis avenue Dau-
mesnil, 1, à Saint-Mandé, les dimanches, à
9 heures du matin, aux dates ci-après :
5, 12, 19 et 26 mars; — 7, 14 et 28 mai; —
4 et 18 juin.
M. Alfred Nomblot, professeur, traitera les
sujets suivants :
Définition de l'arboriculture fruitière.
Jardins fruitiers proprement dits. — Ver-
gers. - Potagers fruitiers.
Aménagement. — Préparation du sol. —
Amendements. — Engrais. — Drainage. —
Labours et défoncements. — Distribution
des espèces et variétés suivant les exposi-
tions. — Choix des arbres en pépinières. —
Plantations.
Notions de physiologie végétale appliquée
aux différentes pratiques de la taille. —
Principes de la taille : 1° pour l 'établîsse-
ment de la charpente ; 2° pour la mise à
fruit. — Opérations complémentaires de la
taille. — Ebourgeonnement. — Pincement.
— Taille en vert, etc.
Etude des formes auxquelles on soumet
les arbres fruitiers. — Leur utilité. — Espa-
liers. - Contre-espaliers. — Hautes-tiges. —
Pyramides et fuseaux. — Cordons. — Va-
ses, etc.
Etude particulière des différents arbres
fruitiers. — Fruits à pépins. — Fruits à
noyaux.—Fruits en baies. — Multiplication.
— Origine. — Sol. — Exposition. — Végéta-
tion. — Plantation. — Engrais.
Formes et leur établissement. — Mise a
fruit. .....
Semis pendant et après la végétation. —
Récolte et conservation des fruits. — Acci-
dents. — Maladies. — Insectes.
Culture commerciale. — Choix des meil-
leures variétés.
Modes de culture. —Emballage des fruits.
— Utilisation.
Moyens de transports : Tramwav-sud de la
Bastille à Charenton, chemin de 1er de Cein-
ture (station du Bel-Air).
LA
COMPOSITION DE PÉDAGOGIE
A L'EXAMEN DU PROFESSORAT DES ÉCOLES
NORMALES
Nous croyons rendre un important ser-
vice aux candidats à l'examen du professo-
rat en reproduisant in-extenso le bel article
de M. Payot, inspecteur d'académie à Chd-
tons: a Des épreuves écrites de l'examen
du professorat, la composition de pédago-
gie nous parait être la plus difficile, et c'est
elle qui, peut-être, permet do juger le
mieux de la valeur d'un esprit. En histoire,
en littérature, le candidat est « soutenu »
par son sujet, et son érudition, si elle est
solide, vient en partie compenser la fai-
blesse de la pensee.
En pédagogie, les sujets sont très géné-
raux; ils exigent de l'esprit d'observation,
de la réflexion sur des expériences person-
nelles plutôt que des connaissances techni-
ques: aussi les candidats qui n'ont pas ac-
quis l'habitude do rélléchir méthodique-
ment, éprouvent-ils comme une espèce de
vertige devant les deux lignes du sujet; ils
fouillent épcrdùmenl dans leur mémoire
c( livresque » au lieu de rassembler leurs
souvenirs personnels. #
Cette année les candidats avaient à dis-
cuter cette opinion de Condillao : « Pour
exercer la réllexion, il ne faudrait point
négliger la mémoire. Ces deux facultés sont
également nécessaires; elles se donnent des
secours mutuels et ne peuvent se passer
l'une de l'autre. »
Ce sujet est facile; il ne demande aucune
connaissance spéciale, mais seulement un
~ peu de réflexion et d'expérience person-
nelle.
En outre, le plan du développement est
nettement indiqué.
La loi naturelle qui rend les sujets cc fa-
ciles » funestes aux candidats a trouvé, une
fois de plus, sa vérification: nos jeunes
gens se sont crus dispensés de tenter de
sérieux efforts de réflexion. Ils ont écrit,
écrit, écrit... Aussi Sur 195 copies, 94 ont
obtenu une note inférieure à ti12Q.
TA plupart d'entre eux, au lieu d aborder
de front le sujet, ont tout d'abord fouillé
dans leurs souvenirs de manuels, et ils ont
débuté par un hors-d'œuvre historique,
d'une exagération souvent ridicule, sur les
abus de la mémoire au moyen âge. _
Il n'y a pas quinze candidats qui aient
fait un effort véritable pour comprendre le
sens exact du mot « réflexion », oppose par
CondiUac au mot mémoire. Dans la très
grande majorité des copies la réflexion si-
gnifie à la fois jugement, raisonnement,
raison, bon sens, etc. Aucun n'a cru utile
de préciser le sens du mot mémoire, dont
la signification, dans ces deux lignes de
Cundillac, est si sujette à discussion. Aucun
n'a vu le mot « nécessaire )l, ni ne s'est de-
mandé à qui ou à quoi la mémoire et la ré-
flexion sont nécessaires.
Tous les candidats se sont fort étendus
sur la partie banale du sujet, sur les se-
cours apportés par la mémoire au « juge-
ment », mais tous, sauf une demi-douzaine,
ont assez lestement esquivé Je développe-
ment essentiel sur les secours apportés à
la mémoire par la rétlexion. Beaucoup en-
fin, après avoir copieusement démontre
que le jugement ne peut se passer de la
mémoire, ont omis de démontrer la réci-
proque. .
Mais une critique de détail sur la façon
dont le sujet a été compris est inutile, tant
le mal nous paraît grand. La faiblesse des
leçons que nous avons entendues à l oral
n'a fait que confirmer notre conviction :
nos candidats, à de rares exceptions près,
ne savent même pas ce que c est qu une
composition française; ils ignorent par
voie de conséquence en quoi consiste une
leçon orale..
D'une façon générale, ils paraissent n , a-
voir qu'une conception très confuse de ce qu'on
exige d'eux quand on leur demande d'exposer
leurs idées sur un sujet quelconque.
S'ils l'ignorent, c'est peut être qu'on ne
le leur a pas appris. Nous avons démontré
ailleurs que l'enseignement de la composi-
tion française est partout demeuré empi-
rique et qu'une réformo très profonde des
méthodes s'impose : les 195 copies de pé-
dagogie de cette année fournissent la preuve
que due nous n'exagérons aucunement l'éten-
ue du mal et la nécessité de méthodes
plus rationnelles.
Mais plaçons-nous au point de vue des
candidats au professorat et essayons de
leur donner une idée très nette de ce qu'est
la composition de pédagogie à l'examen.
DES QUALITÉS REQUISES
PAR LA COMPOSITION DE PÉDAGOGIE
La plupart des candidats croient tque la
composition exige avant tout des qualités
intellectuelles. Pour peu qu'on les pousse,
on s'aperçoit bien vite que dans leur pen-
sée les qualités intellectuelles se réduisent
à savoir beaucoup. Ils ne sont pas seuls,
hélas! à confondre l'intelligence et l'éru-
dition. Un savant, pour le public, même
pour le public cultivé, c'est quelqu'un qui
s ait beaucoup : en réalité, ce qui constitue
un savant, c'est, avant tout, un esprit actif,
vigoureux, « débrouillard » et une attention
puissante. De même, le meilleur candidat
n'est pas celui qui sait le plus ; c est celui
qui possède l'esprit le plus lucide, l'atten-
tion la plus énergique et la plus persévé-
La dissertation de pédagogie exige moins
de l'érudition que quelques idées nettes,
l'habitude d'observer, de réfléchir, de faire
attention. En d'autres termes, les qualités
que requiert la dissertation sont surtout des
qualités de volonté, car les qualités de l'ob-
servateur sont surtout des qualités morales :
curiosité, patience, désintéressement, doute
provisoire jusqu'à la preuve. L'observation
doit être exacte, précise, méthodique c'est-
à-dire patiente et consciencieuse.
Aussi la composition permet-elfe de ju-
ger avec une très grande compétence de la
valeur d'un esprit. Tel candidat a de la vi-
gueur, mais c'est un étourdi, un impulsif,
incapable de peser patiemment la signifi-
cation de tous les mots du sujet: il se jette
avec fougue sur Je premier développement
entrevu; il traité rarement un sujet dans
son ensemble; parfois même, il omet quel-
que développement essentiel. Il arrive en-
fin à cet étourdi de s'apercevoir dans la der-
nière demi-heure, avec un désespoir hélas!
inutile, qu'il s'est trompé de sujet.
Cet autre est un paresseux à qui l'effort
d'étudier patiemment le sujet répugne. Il
se borne à traiter la partie qu'il entrevoit;
il s'étend sur les développements faciles,
il se donne plus de peine pour esquiver les
difficultés qu'il n'en faudrait pour les ré-
soudre, et il ne se prive pas d'étaler ses
souvenirs, même hors de saison, parce que
« cela tient de la place ». Il juge les exami-
nateurs d'après lui et pense qu'il leur fera
illusion.
Cet autre est un esprit assez !pondéré,
assez net, mais sans force. Il est incapable
de suivre même les développements qu il a
annoncés. 11 promet beaucoup et tient peu.
Esprit faible, dont chaque idée un peu com-
plexe épuise l'attention, il est incapable de
sentir l'incohérence de deux développe-
ments contradictoires qu'il juxtapose.
En somme, l'étude de la composition ré-
vèle les impulsifs, les étourdis, les pares-
seux, les incohérents, les faibles à l'énergie
vile tarie : elle fait défiler devant le correc-
teur une véritable galerie de malades de la
volonté, et heureusement un certain nom-
bre de volontés saines, bien équilibrées.
Un certain nombre de bons esprits sem-
blent tout d'abord se ranger parmi ces vo-
lontés malades, mais ils ne pèchent que par
ignorance de ce qu'est la composition, et
c est pour ceux-là que cette élude est parti-
culièrement nécessaire.
ÉTUDE DU SUJET
Une fois le sujet dicté, un grand nombre
de candidats, après avoir relu leur macère,
prennent la plume et commencent a écrire
fiévreusement... C'est le peloton des impul-
sifs qui est parti.
Le premier souci de ceux qui se possè-
dent doit être d'étudier soigneusement Je
sujet, d'en peser lentement tous les mots
les uns après les autres. Il faut attendre que
oeu à peu les mols éveillent les idées et que
celles-ci accourent docilement du fond des
replis de la mémoire. Cette évocation des
associations demande du calme et il faut
savoir l'attendre patiemment.
Il faut donc, avant de prendre la plume,
examiner avec lenteur chacun des mots du
texte. S'agit-il de la pensée de Con-dillac pro-
posée cette année ? Il faut se demander ce
que c'est que la réflexion-, que doit-on en-
tendre par ces mots exercer la rcnection ?
Quel est le sens du mot mémoire ? S'agit-il de
la mémoire littérale des textes ou de la mé-
moire des choses ? Cela n'est pas bien clair
et cela a besoin d'être élucidé. De même.
qu'entendre par ces mots : il ne faudrait
pas négliger la mémoire? Faute d avoir fixé
le sens exact de ces mots, presque tous les
candidats sont tombés dans des excès, et
ils ont opposé la culture do la réflexion au
sacrifice absolu de la mémoire, ce qui était
absurde et vraiment trop facile à réfuter.
De même, on n'a pas fixé le sens du mot
nécessaire. Nécessaire, par exemple, pour
l'éducation bien comprise de l'élève-maitre.
Il fallait alors, en quelques mots très justes,
dire ce que doit être cette éducation et en
quoi la culture do la réflexion et de la mé-
moire littérale sont nécessaires pour la par-
faire. Deux exemples significatifs eussent
servi de preuve.
Notons que nous en sommes à rexamen
du sujet, c est-à-dire à un travail préalable.
Evidemment, quand nous traiterons le su-
jet, rien ne devra subsister de la lenteur,
de la lourdeur scolastique de ce travail
pénétration et de définition. Les correcteurs
verront, à la précision, à la propriété des
expressions que l'auteur a fait ce travail
prealable. Ils reconnaitront bien vite ausSI
à l'inexactitude et au vague de la pensée, les
impulsifs le!, étourdis partis sans réflexicij
oréalabJe.
LE PLAN
CHOIX DE L'ESSENTIEL, C'EST-A-DIRE
DU CARACTÉRISTIQUE
« Le danger, dit M. 0. Gréard, n'est pat
de ne savoir que la moitié des choses qu'il
faudrait apprendre, mais de ne savoir qu*
moitié ce qu'on sait. » On pourrait dire, aï
même, que le danger en composition fran4
çaise n'est pas de ne dire que la moitié des|
choses qu'il faudrait dire, mais ne dire qu'J^
moitié ce qu'on dit. /i
Les candidats croient devoir tout dire : il
en résulte qu'ils ne disent même pas à moi-
Lié ce qu'ils disent Ils confondent le plaqj
d'un devoir ou d'une leçon avec t'éluda
préalable du sujet. »
Il est clair qu'ils doivent faire la revit*,
aussi complète que possible des idées suggÓl'
rées par Je sujet, mais cette revue n'a a'au-j
tre objet, 'que do mettre les candidats il
même de n'oublier aucun développement
essentiel. \
Une fois les matériaux à pied d'oeuvre, sf
l'on peut ainsi dire, le candidat est troublai,
par la même conception absurde qui de-'
mine sa préparation : il croit qu'on le juJ
gera sur la quantité de choses qu'il sait eli
qu'il dira. Nous ne donnerons pour preuve,
de cette conception absurde que l'inquié-4
tude jalouse que les meilleurs éprouvenl
voir les bavards superficiels couvrir jus-
qu'à huit ou dix des immenses pages qi,1'4In\
leur donne. Ils ignorent qu'il faut n'avoiq
rien à dire pour « en faire » si long, et quoi
la valeur d'une bonne copie est en raisodj
inverse des détails accumulés. <
Nous avons devant nous de futurs pro-,
fesseurs : ce qui nous importe, ce n'est pas
qu'ils sachent beaucoup, puisqu'ils auront
toujours le loisir de préparer leur classe,
de s'aider de livres, de dictionnaires, dot
chronologies. Ce que nous leur demandons,)
c'est des esprits de valeur, lucides, métho-4
diques, capables d'ordonner en une leçon;
claire, bien divisée, vivante, les connais-,
sances qu'ils puiseront dans leur bibliothè-'
que et qu'ils retiendront par l'effort même
qu'ils feront pour les organiser. C'est en ce.
sens que la meilleure façon d'apprendre^
c'est d enseigner. t . '
Par conséquent, faire le plan d'une dis-<
sertation, comme d'une leçon, c'est SAVOIR..'
CHOISIR : qui ne sait se borner ne sultjamaie'
écrire, a dit quelqu'un qui s'y entendait.;
Choisir, c'est choisir l'essentiel, le caractérisa
tique; c'est ne conserver que les détail^
NÉCESSAIRES. , F
Dans le sujet traité cette année, la neces-l'
sité de la mémoire, les secours donnés par
la mémoire à la réllexion, l'impossibilité,
pour la réflexion de « fonctionner » sans la'
mémoire, fournissaient évidemment des:
développements faciles : plus de cent can-
didats ont démontré avec force exemples
que si nous étions absolument privés do
mémoire, ne nous souvenant plus mainte-;
nant de la minute qui a précédé, nous na
pourrions bien juger ni raisonner : ce qui est
ien certain, mais bien inutile! ;
Ce qu'il fallait démontrer, c'est le secours
considérable prêté à la réflexion par uno
mémoire bien munie et bien organisee,
et on eut été au cœur du sujet puisqu uno;
mémoire bien munie, mais mal organisée,"
c'est une mémoire non seulement inutile,
mais gênante, le désordre étant en propor-
tion de l'amas confus des souvenirs. •
On eût vu alors qu une bonne mémoire,,
c'est une mémoire où les souvenirs sont;
bien classés ; or, une bonne classification,;
c'est une classification qui met oôte à côte
les choses qui se ressemblent par leurs ca-
ractères essentiels. :
Une telle classification suppose que cha-
que chose classée a été définie, c'est-à-ciro.
étudiée, rattachée à son genre prochain et
qu'on en a trouvé la différence spécifique.
Dans cette définition mémo de la mé-,
moire, on eût prouvé la nécessité de la ré-'
flexion calme, destinée à classer les souve-
nirs et par suite à démêler sous les carac-
tères superficiels les caractères profonds,
essentiels, qui ne se révèlent qu aux pa-
tients. Dès lors, on eût aperçu l'absurdité
qu'il dillac y 4à prendre dans l'assertion de Con-
illac le mot mémoire dans son sens gêne-
ral, puisqu'il ne peut y avoir de mémoire
digne de ce nom sans une culture intensive
de la réflexion. C'est donc que Condillac a
donné à ces mots : exercer la mémoire, leur
sens spécial d'exercice de la mémoire littî-
rale, de mémoire des textes.
Voilà une des façons de comprendre lo
sujet. Nous disons (1 une des façons n, car
les candidats croient qu'il n'y a pour cha-
oue sujet qu'une seule façon de le bien
traiter, qui serait celle de l'examinateur!
Tandis que celui-ci n'est occupé qu'à -o
rendre compte si la copie qu'il lit dénote un
esprit lucide, beaucoup le croient occupé à'
coucher en quelque sorte la dissertai ion
sur un litdcProcuste, qui serait à la mesure
de sa propre conception! C'est absurde, et
à nos propres idées platement exposer,
nous préférons mille fois une pensée indu-
pendante, mais vigoureuse.
Nous ne demandons aux candidats qu un
plan simple et lumineux. Nous sommes
heureux de rencontrer des esprits jaloux
de leur indépendance de pensee. Nous no.
sommes de mauvaise humeur que contre.
la paresse qui mêle tout faute d efforts do-
discernement, contre la faiblesse
qui laisse subsister côte à
dictions, contre l'étourderie ^
des développements qu elle oublie ou ■mal
en introduit d'imprévus. Une pointe de,
paradoxe même n'est pas pour nous dé-
plaire, si le paradoxe se tient.
Les candidats sont donc absolument li-
bres dans leur pensée; on n'exige d'eux;
que de la logique, de la méthode, ce qui rn-i
vient en somme à la vigueur durabla tilt
l'at ton lion.
(A suivre.)
ARGUS de la PRESSE
FONDÉ EN 1879
Pour être sûr de ne pas laisser échapper wt
journal qui l'aurait nommé, il était abonné il
L'Argua de la Presse « qui lit, découpe et
traduit tous Les journaux du monde, et en
fournit les extraits sur n'importe quel sujet w.
Hector Malet (ZYTE, p, 70 et 333).
L'Argus de la Presse fournit aux artistes,
li térateurs, savants, hommes politiques'
tout ce qui paraît sur leur compte dans les
jo maux et revues du monde entier. ;
L'Argus de la Presse est le collaborateur
pratique de tous ceux qui préparent un 011
vrage, étudient une question, s'occupent do
! statistique, etc., eto.
S'adresser aux bureaux de f argus, 1-&,
ne Parie* — Téléphone.
L'Argus Ut 5,000 journaux par jour.
Une remise de 85 019 «rie pri*
de l'ab«mne*»e*t »ra faite aux m
tltatriee* et i' .&i.¡aiI-
u.U.--.
Choses de
l'enseignement
Tout ne va pas pour le mieux dans les
Meilleurs lycées de l'EtaL, ont dit, à la
Commission des 33, les hommes très
compétents qui l'aident a faire son en-
quête sur la réforme de l'enseignement
secondaire,(hâtons-nous d'ajouter que si
y enquête avait porté sur les établisse-
ments libres, ils auraient eu beaucoup a
dire aussi). Le rôle des proviseurs ; leur
situation, dans le lycée.auprès des élèves
et des professeurs; dans la ville, auprès
des parents ; à Paris, auprès de l'admi-
niltration centrale, ont fait le sujet de
nombreuses communications. Tous ont
éfié d'avis qu'il est urgent d'augmenter
!ëur influence, de fortifier leur pouvoir,
de les rendre plus indépendants, et de
leur fournir des ressources qui leur per-
mettent de lutter contre la concurrence
dite maisons rivales.
H faudrait avant tout que le proviseur
fût un éducateur, absolument décidé a
s'occuper de l'éducation de ses élevés, et
TOUS savez ce que nous entendons par
ces mots : nous entendons parler de leur
développement moral.
te proviseur, c'est le père de famille,
connaissant individuellement ses élèves,
ayant mesuré le fort et le faible de cha-
cun, et s'étant rendu compte des procé-
dés d'éducation à employer avec les uns
et avec les autres. Cette façon d envisa-
ger son devoir implique pour lui des rela-
tions directes et quotidiennes avec les
enfants....
Or, il n'en va point ainsi dans nos
freées. Le proviseur habite son cabinet.
C'est là qu'il reçoit les professeurs quand
ceux-ci ont une communication à lui
faire (ce n'est pas tous les jours) ; c est là
qu'il morigène l'élève récalcitrant, en-
voyé par le censeur; c'est de là qu'il il sort,
à intervalles réguliers, pour proclamer
les places en compositions.
Je crois que le « protocole » de 1 ensei-
gnement secondaire a organisé les choses
ainsi — au temps du grrrand Napoléon—
pour que le proviseur gardât son pres-
tige, et nos habitudes dogmatiques et
formalistes ont perpétué le mal : Le pro-
viseur, tel que ces habitudes l'ont fait, est
un fonctionnaire ; c'est peut-être un ad-
ministrateur excellent; ce n'est pas un i
éducateur; ce n'est pas l'éducateur indis-
pensable... dans une maison d'éducation.
Les jeunes lycéens seraient heureux,
cependant, d'avoir auprès de leurs pa-
Tents un intermédiaire qui les connût
autrement que par des compositions mé-
diocres et des infractions à la discipline ;
les internes, surtout, se sentiraient moins
exilés, s'il leur était permis de deviner un
cœur chaud et paternel sous l'enveloppe
Austère du chef.
Je n'ignore pas que c'est toute une ré-
volution à entreprendre, d'abord dans
les habitudes de l'administration, puis
dans l'esprit des proviseurs eux-mêmes;
enfin, dans celui des professeurs.
Ceux-ci (les exceptions confirment,dit-
on, la règle) se considèrent comme des
êtres autonomes, et sont jaloux de con-
server leur autonomie. Ce sont des agré-
gés — ils ont donc donné toutes les ga-
ranties de savoir et d'aptitude à enseigner
— ce sont des hommes consciencieux,
ils font donc leur devoir sans défaillance
— et le proviseur est mal venu, s'il s'im-
misce dans les choses de leurs classes.
D'aucuns même ne voient pas d'un très
bon œil leurs réunions présidées par le
proviseur. En somme, ils sont trop indi-
vidualistes; aussi chaque lycée est-il
comme une sorte de juxtaposition de
classes distinctes — qui peuvent être
excellentes prises séparément — mais
mon un établissement homogène, où cha-
cun travaille en vue d'un but unique et
' commun, sous la responsabilité du pro-
viseur.
; Ce défaut nous le remarquons sou-
vent, aussi, dans les établissements d'en-
seignement primaire; (pas dans les éco-
les normales) il y est cependant moins
caractérisé; nous plaidons pour lui les
circonstances atténuantes et parce que
beaucoup de directeurs d'écoles sont
encore chargés de classes.
• Pour en revenir aux proviseurs, on dit
qu'ils sont parfois mal choisis pour leur
onction ; que l'avancement hiérarchique;
(censeurd'abord) sauvegarde sans doute
tes intérêts administratifs, mais laisse
en souffrance l'intérêt moral de l'établis-
sement, c'est-à-dire l'éducation des élè-
ves ; (un excellent censeur n'est pas fa-
talement un excellent éducateur); on
pense encore que pour des fonctions si
délicates et qui exigent un tel don de soi,
il faudrait des hommes jeunes, ayant
assez d'initiative pour secouer la routine
et assez d'ardeur pour attiser le feu sacré
dans les âmes ; on dit, enfin, qu'il fau-
drait faire aux proviseurs une situation
matérielle très large, afin qu'ils eussent,
non seulement l'influence morale que
lionne le caractère, mais aussi celle qui
s'attache aux fonctions bien rétribuées.
Certes, le jour où l'Etat enseignant
considérera que les fonctions les plus dé-
licates, les p!us difficiles et les plus ho-
norables, puisqu'elles exigent le plus de
renoncement, doivent avoir les traite-
ments les plus élevés, nous entonnerons
l'hymne de bénédiction; cependant je
vois avec peine que l'on continue à me-
surer la valeur morale des gens à la
somme qu'ils ont dans leur secrétaire.
Je le regrette d'autant plus, qu'au train
oii vont les choses, ce n'est pas de long-
temps que le ministère de l'instruction
publique pourra bénéficier des écono-
mies faites sur le budget de la guerre 1
Pour le moment, faisons des vœux
pour que les proviseurs se rapprochent
de leurs élèves et que les professeurs se
rapprochent des proviseurs.
PAULINE KERGOMARD.
i
M. Jacques Rocafort, professeur de
l'Université est de mon avis en ce qui
concerne les proviseurs; voici ce que
je lis dans le Radical (signé : FRANCIS
FRAMÉE).
( M. Jacques Rocafort, professeur de rUni-
versité, traitant de leducation morale au
lycée, montre nettement ce que devrait, ce
que pourrait être Te proviseur.
Le système de nomination qu'on emploie
1 présent lui déplaît et à raison : « Quelle
erreur de s'en fier, pour le nommer, à l'au-
tomatisme d'un avancement hiérarchique,
décidant par exemple que tout bon censeur
fera inévitablement un non moins bon pro-
viseur! Ou encore de réserver à des profe*
seurs fatigués, pour soulager leur fin de
carrière, le poste le plus lourd et le plus
écrasant de la maison! L'infériorité d'un
professeur compromet une classe : c'est
tout un lycée que désorganise celle d un
proviseur. »
Et M. Rocafort demande qu 'on se préoc-
cupe moins des grades que des Qualités
morales : intelligence, caractère, fermeté,
égalité dhumeur, bonté, amour de l'en-
M. Rocafort désire que le proviseur soit
! vraiment un éducateur. Il le prie de parler
de temps en temps à ses élèves, de descen-
dre de son Olympe. Le proviseur ne se bor-
nerait pas à des entretiens individuels, et
ferait des causeries à des groupes homogè-
nes d'élèves. Le proviseur admettrait dans
le oe conseil du lycée » des personnalités
marquantes de la-ville qui s'intéresseront
à la prospérité de la maison. Le proviseur
aurait plus d'autonomie dans sa gestion,
plus de liberté pour adapter l'enseignement
au milieu.
Tout cela est la vérité, la logique même.
Il est à souhaiter que les 33 n hésitent pas
à réclamer une réforme profonde du pro vi-
sorat. Elle est nécessaire, elle est urgente.
Une Revue internationale de Pédagogie
comparée est publiée sous la présidence
du Dr Bourneville, membre du Comité
d'hygiène publique, voici son appel :
Il n'existe actuellement, 'tant en France
qu'à l'étranger, aucune revue consacrée a
l'étude des déductions que l'on peut faire
en comparant les méthodes pédagogiques
appliquées d'une part aux enfants nor-
maux, et d'autres part aux enfants anor-
maux. C'est cette regrettable lacune, que se
propose de combler la revue que nous ve-
nons de fonder. Aussi bien comprendra-t-
eUe tout ce qui concerne l'éducation et
l'instruction du sourd-muet, de l'aveugle,
du bègue, de l'idiot, de l'estropié et de 1 en-
fant soumis au régime pénitentiaire dans
les différentes contrées du monde. Elle s oc-
cupera de la pédagogie normale au point
de vue des rapports de celle-ci avec la pé-
dagogie anormale, de l'utilité qu'elle peut
tirer de la comparaison des âges propres à
telle ou telle étude, des résultats obtenus
au point de vue économique et social, de
l'observation de l'hygiène appliquée chez
les anormaux et des conséquences qu 'on en
peut déduire pour la direction des élèves
ordinaires. Ce sera une critique des mé-
thodes existantes, poursuivie jusqu'en
leurs principes, à la lumière de la psycho-
logie, de la physiologie et de la pédagogie
normale et anormale. Elle s'intéressera en
outre aux œuvres [complémentaires de l'é-
cole : enseignement pratique et professionnel,
associations mères et patronage de jeunes
gens et de jeunes filles. Pour réaliser ce pro-
gramme philanthropique,nous faisons appel
au talent et à la bonne volonté de tous nos
collègues: médecins, professeurs, institu-
teurs et institutrices. Il y a là une œuvre à
accomplir digne de retenir leur bienveil-
lante attention et d'occuper leur activité in-
tellectuelle.
L'objet de notre Revue, ajoute son ré-
dacteur en chef, M. le Dr L. Couëtoux,
dans une lettre qu'il m'a récemment adres-
sée est que l'année 1900, avec son con-
grès de professeurs d'anormaux, soit le
début d'une ère nouvelle pour ces déshé-
rités.
« Nous voulons aussi introduire des as-
sociations de mères, en France. »
Il est impossible de ne pas adhérer
ii de telles initiatives, d'ailleurs l'ère de
pitié intelligente commence, elle va
remplacer celle de la résignation c'est-à-
dire de l'oubli de la souffrance... des
autres.
A cet ordre de sentiments nouveaux
répond la création à Londres d'écoles
pour les enfants infirmes (il ne s'agit
plus ici d'anormaux, mais de boiteux, de
bossus, etc.)
Quelle instruction reçoivent les enfants
du peuple atteints d'une infirmité? Au-
cune, à l'ordinaire. Pendant la durée de
leur séjour à l'hôpital, les souffrances phy-
siques empêchent leur intelligence de se
développer. Rendus à la vie civile, leur état
maladif, leur faiblesse, les soins qui leur
sont nécessaires exigent une incessante
surveillance qui ne peut être exercée à
l'école primaire.
Et, cependant, certains parents envoient,
faute de mieux, leurs enfants estropiés a la
classe communale. Ils y font peu de pro-
grès et n'y sont pas à 1 abri de tout danger.
Un essai d'école spéciale pour élèves in-
firmes va être tenté à Londres. L 'établisse-
ment Passmore Edwards offre au London
School Board deux jardins et des salles de
classe. Avec l'autorisation de 1 'Education
Department, une maitresse sera chargée du
petit nombre des infirmes du quartier. Une
voiture transportera chaque matin et chaque
soir les enfants atteints d affections des
membres antérieurs ou de la colonne ver-
tébrale. Y a-t-il besoin de le dire? Le mobi-
lier des classes sera construit de façon spé-
ciale et, enfin, tout ce qui peut amuser les
enfants : livres, images, jouets, sera prodi-
gué..
Les pauvres petits infirmes, qui sont sains
d'esprit et, souvent aussi, plus intelligents
que les enfants bien constitués, ont été jus-
qu'à présent fort négligés. Il y a une œuvre
de justice soniale à accomplir à leur égard.
La société doit prendre en main leur cause
et chercher à améliorer leur sort intellec-
tuel et moral. Il y a plus et mieux à faire.
Il faut non seulement leur assurer les soins
matériels que réclame incessamment leur
état, mais fournir à ces déshérités le chan-
gement d'air et de milieu qui leur est né-
cessaire, leur donner un enseignement
utile, une éducation pratique appropriée a
l'infirmité de chacun, qui leur permettra de
devenir indépendants et relativement heu-
rcux.
C'est là le but du Passmore Edwards
Seulement pour lequel les autorités london-
niennes ont accordé leur patronage.
Paris, qui imite si fréquemment Londres,
ne pourrait-il prendre sa voisine d outre
Manche pour guide encore une fois? Nous
ne manquons pas de petits estropiés, mal-
heureusement. Ils sont la charge de leur
famille et tout avenir leur est fermé. Le
Conseil municipal, si dévoué pour tout ce
qui touche à l'enfance, ne pourrait-il ouvrir
une école spéciale ? Les frais seraient peu
de chose et le résultat immense. »
LE
Budget de l'instruction publique
Sur le chapitre 9 (Bourses de l'enseigne-
ment supérieur), M. Vaillant propose un
relèvement de 50,000 francs pour rétablir
le chiffre alloué au budget de 1897.
M. Georges Leygues, ministre de 1 ins-
truction publique, répond que le nombre
de bourses instituées pour former les pro-
fesseurs est très suffisant. Mais le gouver-
nement étudiera en outre le moyen de
créer des bourses d'enseignement techni-
que et des bourses de voyages.
M. Vaillant se déclare satisfait et retire
son amendement.
Sur le chapitre 12 (Ecole normale supé-
rieure), M. Charles Gras propose une aug-
mentation de 1 700 francs pour relever des
traitements des employés de l'Ecole ntr-
maie.
L'amendement est adopté.
Sur le chapitre 36 (souscriptions scienti-
fiques et littéraires), M. Guillemet
un relèvement de3,000 francs afin d allouer
une subvention au congrès international
anti-alcoolique qui doitse réunir à Paris au
mois d'avril 1899. ...
Le rapporteur ne fait pas d „ opposition de
principe à l'amendement.
M, Georges Leygues l'accepte,car il s agit
d'une dépecse temporaire et qui ne repa-
raîtra pas au prochain budget.
L'amendement de M. Guillemet est
adopté..
Sur le chapitre 43 (lycées nationaux) M.
Couybaréclame une augmentation de 100,000
francs, pour assurer aux répétiteurs la
, deuxième annuité d'externement votée au
budget de 1898.
' i Le directeur de l'enseignement secon-
daire. commissaire du gouvernement, ré-
pond que, cette année, on va procéder à
152 externements et un crédit de 10,000 fr.
suffira.....
Le rapporteur accepte l'augmentation de
10,000 francs .demandée par le gouverne-
ment.M. de]a la Batut demande un relèvement
de 18,600 francs pour rétablir le crédit de-
mandé par le gouvernement en faveur des
surveillants généraux des lycées.
Le ministre de l'instruction publique ap-
puie l'amendement.
L'amendement de M. de la BatuL est
adopté.
Sur le chapitre 46 (bourses nationales),
M. Carnaud demande que le gouvernement
prépare un projet de loi instituant un con-
cours annuel entre les élèves de l'enseigne-
ment primaire, à la suite duquel un élève
sur cent sera admis gratuitement dans les
établissements d'enseignement secondaire
de l'Etat. , ,.
L'orateur dépose un projet de résolution
en ce sens.
M. Georges Leygues demande le renvoi
du projet de résolution do M. Carnaud à la
commission de la réforme de l'enseigne-
ment.
Le renvoi est ordonné.
M. Chapuis présente un projet de résolu-
tion tendant reme tre en vigueur Ja dis-
position de la loi du 29 nivôse an 13, accor-
dant une bourse dans les établissements de
l'Etat à un enfant de famille de sept enfants
au moins.
Sur la demande du rapporteur, le projet
de résolution est renvoyé à la commission
de la réforme de l'enseignement.
M. Fleury-Ravarin propose une réduc-
tion de 40,000 francs pour la suppression,
au chapitre 46, des bourses d'externat à
l'école alsacienne et la création d'un cha-
pitre 46 bis sous la rubrique : « Subvention
et bourses d'externat à l'école alsacienne »,
chapitre qui serait doté d'un crédit de
65,000 francs.
L'amendement est adopté.
Enseignement supérieur
M. Mascart, membre de l'Institut, profes-
seur de physique au Collège de France, est
nommé vice-président de la commission
instituée à l'effet d'unifier les méthodes
d'analyse applicables aux produits à base
d'alcool et aux sucres, M. Mascart, remplace
M. Scheurer-Kestner, démissionnaire.
M. Camena d'Almeida, professeur de géo-
graphie à la Faculté des lettres de Caen, est
nommé sur sa demande, à la Faculté des
lettres de Bordeaux.
M. Vogt, docteur ès sciences, maître de
conférences à la Faculté des sciences de
Nancy, est nommé professeur de mathé-
matiques appliquées à cette Faculté.
M. Lichtenberger, docteur ès lettres,
chargé de cours à la Faculté des lettres de
Nancy, est nommé professeur de littérature
étrangère à cette Faculté.
M. Deschamps, agrégé, chargé de cours à
la Faculté de droit de Paris, est nommé
professeur adjoint à cette Faculté.
M. Pillet, agrégé, chargé de cours à la
Faculté de droit de Paris, est nommé pro-
fesseur adjoint à cette Faculté.
Par arrêté du ministre de l'Instruction pu-
blique et des Beaux-arts, en date du 25 fé-
vrier 1899, un concours s'ouvrira le 6 no-
vembre 1899 devant l'école supérieure de
pharmacie de l'université de Paris, pour
l'emploi de suppléant de la chaire de phy-
sique à l'école de plein exercice de méde-
cine et de pharmacie de Nantes.
Le registre d'inscription sera clos un mois
avant l'ouverture dudit cours.
Ministère de rlnstruction public et des Beaux-
arts. — Concours pour onze places d'agrégés
des facultés de droit.
Par arrêté de M. le ministre de l'Instruc-
tion publique et des Beaux-arts, en date du
7 février 1899, pris en exécution du statut
du 16 novembre 1874 et de l'arrêté du 23 juil-
let i800 portant réorganisation de l'agréga-
tion des Facultés de droit, il sera ouvert à
Paris, aux dates ci-après désignées, des con-
cours pour onze places d'agrégés des facul-
tés de droit, savoir :
1° Le 2 octobre 1899 :
Section de droit privé et de droit crimi-
nel, 3 places;
Section des sciences êconomiques, 4 pla-
ces.
2° Le 9 octobre 1899 :
Section de droit public, 2 places ;
Section d'histoire du droit, 2 places.
Total, 11 places.
Les conditions à remplir pour être admis
à concourir sont d'être Français ou natura-
lisé Français, âgé de vingt-cinq ans accom-
plis et pourvu : ,
Soit du diplôme de docteur en droit obtenu
dans les conditions déterminées par le dé-
cret du 20 juillet 1882, ou en vertu des dis-
positions transitoires du décret du 30 avril
1895 (articles H et 15);
Soit des diplômes de docteur en droit avec
les montions: « Sciences juridiques, Sciences
politiques et économiques », obtenus dans
les condilions déterminées par le décret du
30 avril 1895.
Des dispenses d'ûge pourront être aecorw
dées par le ministre.
Les candidats se feront inscrire au Secré-
tariat des diverses académies où ils résident,
deux mois avant l'ouverture des concours.
Ils doivent produire pour laconstation de
l'accomplissement des conditions ci-dessus
mentionnées :
1° Une copie légalisée de leur acte de nais-
sance; ...
2° Leur diplôme de docteur en droit.,
A ces pièces, ils devront joindre l'indica-
tion de leurs services et de leur travaux, et
ils déposeront un exemplaire de chacun
des ouvrages ou mémoires qu'ils auront
publiés.Les registres d'inscription seront clos irré-
vocablement:
Le 2 août 1899 (Section de droit privé et
de droit criminel et Section des sciences
économtques) ; . , ......
Et le 9 août 1899 (Section de droit publio
et Section d'hisloire du droit), à quatre heu-
res de relevée.
L'examen pour le certificat d'aptitude à
l'enseignement du dessin dans les lycées et
les collèges (1" degré) commencera le
jnardi 4 avril prochain.
Pour être admis à y prendre part, les as-
pirants devront adressera M. le ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts,
avant le 10 mars, une demande sur papier
timbré, à laquelle ils annexeront leur acte
de naissance.
Examen professionnel pour l'obtention du
certificat d'aptitude aux fonctions de biblio-
thécaire dans les bibliothèques universitaires.
Par arrêté du ministre de l'instruction
publique et des beaux-arts, en date du 24
janvier 1899, il sera ouvert à Paris, dans
une des salles de la bibliothèque de 1 Arse-
nal, une session d'examen pour 1 obtention
du certificat d'aptitude aux fonctions de bi-
bliothécaire dans les bibliothèques des uni-
versités....
Cette session s'ouvrira le 27 juin prochain.
Des registres destinés à l'inscription des
candidats seront ouverts au secrétariat des
diverses académies le 15 février 1899. Ils
seront clos irrévocablement, le 15 avril, à
quatre heures.
Les candidats, en souscrivant, devront
déposer :
1" Leur acte de naissance et les diplômes
dont ils sont pourvus ;
2° Une note présentant le résumé de leurs
travaux antérieurs, le relevé des services
rendus et l'indication des langues qu'ils
connaissent.
L'examen comprend deux épreuves : l'une
écrite, l'autre orale.
Epreuve écrite. — L'épreuve écrite com-
prend :
1° Une composition sur une question de
bibliographie générale ou sur une question
d'administration appliquée au service d'une
bibliothèque d'université tirée du program-
me annexé à l'arrêté du 20 décembre 1893;
2° Le classement de quinze ouvrages trai-
tant de matières diverses et appartenant
aux différentes époques de l'imprimerie. Le
travail implique les opérations déterminées
par l'instruction générale du 4 mai 1878,
savoir :
Le numérotage;
L'inscription au registre d 'entrée-inven-
fûire;
L'instruction au catalogue méthodique;
L'inscription au catalogue alphabétique.
Le candidat devra justifier dans ce tra-
vail d'une écriture serrée, et parfaitement
lisible.
Epreuve orale. — L'épreuve orale se com-
pose :
1° De questions sur la bibliographie et le
service d'une bibliothèque d'université ;
2° D'interrogations sur les langues vi-
vantes inscrites à la note indicative men-
tionnée ci-dessus. Le candidat devra justi-
fier, en tout cas, de la connaissance de la
langue allemande par l'explication, à livre
ouvert, d'un passage tiré Graesel : Grund-
züge der bibliothelistehre (Leipzig-Webei .
Les candidats seront informés de leur
admissibilité aux épreuves quinze jours au
moins avant l'ouverture de la session.
Cours municipal et départemental d'horticul-
ture et d'arboriculture. — Cours public et
gratuit d'arboriculture fruitière.
Des conférences théoriques et pratiques,
publiques et gratuites, sur l'arboriculture
fruitière, auront lieu dans les jardins du
Cours municipal et départemental d'horti-
culture et d'arboriculture, sis avenue Dau-
mesnil, 1, à Saint-Mandé, les dimanches, à
9 heures du matin, aux dates ci-après :
5, 12, 19 et 26 mars; — 7, 14 et 28 mai; —
4 et 18 juin.
M. Alfred Nomblot, professeur, traitera les
sujets suivants :
Définition de l'arboriculture fruitière.
Jardins fruitiers proprement dits. — Ver-
gers. - Potagers fruitiers.
Aménagement. — Préparation du sol. —
Amendements. — Engrais. — Drainage. —
Labours et défoncements. — Distribution
des espèces et variétés suivant les exposi-
tions. — Choix des arbres en pépinières. —
Plantations.
Notions de physiologie végétale appliquée
aux différentes pratiques de la taille. —
Principes de la taille : 1° pour l 'établîsse-
ment de la charpente ; 2° pour la mise à
fruit. — Opérations complémentaires de la
taille. — Ebourgeonnement. — Pincement.
— Taille en vert, etc.
Etude des formes auxquelles on soumet
les arbres fruitiers. — Leur utilité. — Espa-
liers. - Contre-espaliers. — Hautes-tiges. —
Pyramides et fuseaux. — Cordons. — Va-
ses, etc.
Etude particulière des différents arbres
fruitiers. — Fruits à pépins. — Fruits à
noyaux.—Fruits en baies. — Multiplication.
— Origine. — Sol. — Exposition. — Végéta-
tion. — Plantation. — Engrais.
Formes et leur établissement. — Mise a
fruit. .....
Semis pendant et après la végétation. —
Récolte et conservation des fruits. — Acci-
dents. — Maladies. — Insectes.
Culture commerciale. — Choix des meil-
leures variétés.
Modes de culture. —Emballage des fruits.
— Utilisation.
Moyens de transports : Tramwav-sud de la
Bastille à Charenton, chemin de 1er de Cein-
ture (station du Bel-Air).
LA
COMPOSITION DE PÉDAGOGIE
A L'EXAMEN DU PROFESSORAT DES ÉCOLES
NORMALES
Nous croyons rendre un important ser-
vice aux candidats à l'examen du professo-
rat en reproduisant in-extenso le bel article
de M. Payot, inspecteur d'académie à Chd-
tons: a Des épreuves écrites de l'examen
du professorat, la composition de pédago-
gie nous parait être la plus difficile, et c'est
elle qui, peut-être, permet do juger le
mieux de la valeur d'un esprit. En histoire,
en littérature, le candidat est « soutenu »
par son sujet, et son érudition, si elle est
solide, vient en partie compenser la fai-
blesse de la pensee.
En pédagogie, les sujets sont très géné-
raux; ils exigent de l'esprit d'observation,
de la réflexion sur des expériences person-
nelles plutôt que des connaissances techni-
ques: aussi les candidats qui n'ont pas ac-
quis l'habitude do rélléchir méthodique-
ment, éprouvent-ils comme une espèce de
vertige devant les deux lignes du sujet; ils
fouillent épcrdùmenl dans leur mémoire
c( livresque » au lieu de rassembler leurs
souvenirs personnels. #
Cette année les candidats avaient à dis-
cuter cette opinion de Condillao : « Pour
exercer la réllexion, il ne faudrait point
négliger la mémoire. Ces deux facultés sont
également nécessaires; elles se donnent des
secours mutuels et ne peuvent se passer
l'une de l'autre. »
Ce sujet est facile; il ne demande aucune
connaissance spéciale, mais seulement un
~ peu de réflexion et d'expérience person-
nelle.
En outre, le plan du développement est
nettement indiqué.
La loi naturelle qui rend les sujets cc fa-
ciles » funestes aux candidats a trouvé, une
fois de plus, sa vérification: nos jeunes
gens se sont crus dispensés de tenter de
sérieux efforts de réflexion. Ils ont écrit,
écrit, écrit... Aussi Sur 195 copies, 94 ont
obtenu une note inférieure à ti12Q.
TA plupart d'entre eux, au lieu d aborder
de front le sujet, ont tout d'abord fouillé
dans leurs souvenirs de manuels, et ils ont
débuté par un hors-d'œuvre historique,
d'une exagération souvent ridicule, sur les
abus de la mémoire au moyen âge. _
Il n'y a pas quinze candidats qui aient
fait un effort véritable pour comprendre le
sens exact du mot « réflexion », oppose par
CondiUac au mot mémoire. Dans la très
grande majorité des copies la réflexion si-
gnifie à la fois jugement, raisonnement,
raison, bon sens, etc. Aucun n'a cru utile
de préciser le sens du mot mémoire, dont
la signification, dans ces deux lignes de
Cundillac, est si sujette à discussion. Aucun
n'a vu le mot « nécessaire )l, ni ne s'est de-
mandé à qui ou à quoi la mémoire et la ré-
flexion sont nécessaires.
Tous les candidats se sont fort étendus
sur la partie banale du sujet, sur les se-
cours apportés par la mémoire au « juge-
ment », mais tous, sauf une demi-douzaine,
ont assez lestement esquivé Je développe-
ment essentiel sur les secours apportés à
la mémoire par la rétlexion. Beaucoup en-
fin, après avoir copieusement démontre
que le jugement ne peut se passer de la
mémoire, ont omis de démontrer la réci-
proque. .
Mais une critique de détail sur la façon
dont le sujet a été compris est inutile, tant
le mal nous paraît grand. La faiblesse des
leçons que nous avons entendues à l oral
n'a fait que confirmer notre conviction :
nos candidats, à de rares exceptions près,
ne savent même pas ce que c est qu une
composition française; ils ignorent par
voie de conséquence en quoi consiste une
leçon orale..
D'une façon générale, ils paraissent n , a-
voir qu'une conception très confuse de ce qu'on
exige d'eux quand on leur demande d'exposer
leurs idées sur un sujet quelconque.
S'ils l'ignorent, c'est peut être qu'on ne
le leur a pas appris. Nous avons démontré
ailleurs que l'enseignement de la composi-
tion française est partout demeuré empi-
rique et qu'une réformo très profonde des
méthodes s'impose : les 195 copies de pé-
dagogie de cette année fournissent la preuve
que due nous n'exagérons aucunement l'éten-
ue du mal et la nécessité de méthodes
plus rationnelles.
Mais plaçons-nous au point de vue des
candidats au professorat et essayons de
leur donner une idée très nette de ce qu'est
la composition de pédagogie à l'examen.
DES QUALITÉS REQUISES
PAR LA COMPOSITION DE PÉDAGOGIE
La plupart des candidats croient tque la
composition exige avant tout des qualités
intellectuelles. Pour peu qu'on les pousse,
on s'aperçoit bien vite que dans leur pen-
sée les qualités intellectuelles se réduisent
à savoir beaucoup. Ils ne sont pas seuls,
hélas! à confondre l'intelligence et l'éru-
dition. Un savant, pour le public, même
pour le public cultivé, c'est quelqu'un qui
s ait beaucoup : en réalité, ce qui constitue
un savant, c'est, avant tout, un esprit actif,
vigoureux, « débrouillard » et une attention
puissante. De même, le meilleur candidat
n'est pas celui qui sait le plus ; c est celui
qui possède l'esprit le plus lucide, l'atten-
tion la plus énergique et la plus persévé-
La dissertation de pédagogie exige moins
de l'érudition que quelques idées nettes,
l'habitude d'observer, de réfléchir, de faire
attention. En d'autres termes, les qualités
que requiert la dissertation sont surtout des
qualités de volonté, car les qualités de l'ob-
servateur sont surtout des qualités morales :
curiosité, patience, désintéressement, doute
provisoire jusqu'à la preuve. L'observation
doit être exacte, précise, méthodique c'est-
à-dire patiente et consciencieuse.
Aussi la composition permet-elfe de ju-
ger avec une très grande compétence de la
valeur d'un esprit. Tel candidat a de la vi-
gueur, mais c'est un étourdi, un impulsif,
incapable de peser patiemment la signifi-
cation de tous les mots du sujet: il se jette
avec fougue sur Je premier développement
entrevu; il traité rarement un sujet dans
son ensemble; parfois même, il omet quel-
que développement essentiel. Il arrive en-
fin à cet étourdi de s'apercevoir dans la der-
nière demi-heure, avec un désespoir hélas!
inutile, qu'il s'est trompé de sujet.
Cet autre est un paresseux à qui l'effort
d'étudier patiemment le sujet répugne. Il
se borne à traiter la partie qu'il entrevoit;
il s'étend sur les développements faciles,
il se donne plus de peine pour esquiver les
difficultés qu'il n'en faudrait pour les ré-
soudre, et il ne se prive pas d'étaler ses
souvenirs, même hors de saison, parce que
« cela tient de la place ». Il juge les exami-
nateurs d'après lui et pense qu'il leur fera
illusion.
Cet autre est un esprit assez !pondéré,
assez net, mais sans force. Il est incapable
de suivre même les développements qu il a
annoncés. 11 promet beaucoup et tient peu.
Esprit faible, dont chaque idée un peu com-
plexe épuise l'attention, il est incapable de
sentir l'incohérence de deux développe-
ments contradictoires qu'il juxtapose.
En somme, l'étude de la composition ré-
vèle les impulsifs, les étourdis, les pares-
seux, les incohérents, les faibles à l'énergie
vile tarie : elle fait défiler devant le correc-
teur une véritable galerie de malades de la
volonté, et heureusement un certain nom-
bre de volontés saines, bien équilibrées.
Un certain nombre de bons esprits sem-
blent tout d'abord se ranger parmi ces vo-
lontés malades, mais ils ne pèchent que par
ignorance de ce qu'est la composition, et
c est pour ceux-là que cette élude est parti-
culièrement nécessaire.
ÉTUDE DU SUJET
Une fois le sujet dicté, un grand nombre
de candidats, après avoir relu leur macère,
prennent la plume et commencent a écrire
fiévreusement... C'est le peloton des impul-
sifs qui est parti.
Le premier souci de ceux qui se possè-
dent doit être d'étudier soigneusement Je
sujet, d'en peser lentement tous les mots
les uns après les autres. Il faut attendre que
oeu à peu les mols éveillent les idées et que
celles-ci accourent docilement du fond des
replis de la mémoire. Cette évocation des
associations demande du calme et il faut
savoir l'attendre patiemment.
Il faut donc, avant de prendre la plume,
examiner avec lenteur chacun des mots du
texte. S'agit-il de la pensée de Con-dillac pro-
posée cette année ? Il faut se demander ce
que c'est que la réflexion-, que doit-on en-
tendre par ces mots exercer la rcnection ?
Quel est le sens du mot mémoire ? S'agit-il de
la mémoire littérale des textes ou de la mé-
moire des choses ? Cela n'est pas bien clair
et cela a besoin d'être élucidé. De même.
qu'entendre par ces mots : il ne faudrait
pas négliger la mémoire? Faute d avoir fixé
le sens exact de ces mots, presque tous les
candidats sont tombés dans des excès, et
ils ont opposé la culture do la réflexion au
sacrifice absolu de la mémoire, ce qui était
absurde et vraiment trop facile à réfuter.
De même, on n'a pas fixé le sens du mot
nécessaire. Nécessaire, par exemple, pour
l'éducation bien comprise de l'élève-maitre.
Il fallait alors, en quelques mots très justes,
dire ce que doit être cette éducation et en
quoi la culture do la réflexion et de la mé-
moire littérale sont nécessaires pour la par-
faire. Deux exemples significatifs eussent
servi de preuve.
Notons que nous en sommes à rexamen
du sujet, c est-à-dire à un travail préalable.
Evidemment, quand nous traiterons le su-
jet, rien ne devra subsister de la lenteur,
de la lourdeur scolastique de ce travail
pénétration et de définition. Les correcteurs
verront, à la précision, à la propriété des
expressions que l'auteur a fait ce travail
prealable. Ils reconnaitront bien vite ausSI
à l'inexactitude et au vague de la pensée, les
impulsifs le!, étourdis partis sans réflexicij
oréalabJe.
LE PLAN
CHOIX DE L'ESSENTIEL, C'EST-A-DIRE
DU CARACTÉRISTIQUE
« Le danger, dit M. 0. Gréard, n'est pat
de ne savoir que la moitié des choses qu'il
faudrait apprendre, mais de ne savoir qu*
moitié ce qu'on sait. » On pourrait dire, aï
même, que le danger en composition fran4
çaise n'est pas de ne dire que la moitié des|
choses qu'il faudrait dire, mais ne dire qu'J^
moitié ce qu'on dit. /i
Les candidats croient devoir tout dire : il
en résulte qu'ils ne disent même pas à moi-
Lié ce qu'ils disent Ils confondent le plaqj
d'un devoir ou d'une leçon avec t'éluda
préalable du sujet. »
Il est clair qu'ils doivent faire la revit*,
aussi complète que possible des idées suggÓl'
rées par Je sujet, mais cette revue n'a a'au-j
tre objet, 'que do mettre les candidats il
même de n'oublier aucun développement
essentiel. \
Une fois les matériaux à pied d'oeuvre, sf
l'on peut ainsi dire, le candidat est troublai,
par la même conception absurde qui de-'
mine sa préparation : il croit qu'on le juJ
gera sur la quantité de choses qu'il sait eli
qu'il dira. Nous ne donnerons pour preuve,
de cette conception absurde que l'inquié-4
tude jalouse que les meilleurs éprouvenl
voir les bavards superficiels couvrir jus-
qu'à huit ou dix des immenses pages qi,1'4In\
leur donne. Ils ignorent qu'il faut n'avoiq
rien à dire pour « en faire » si long, et quoi
la valeur d'une bonne copie est en raisodj
inverse des détails accumulés. <
Nous avons devant nous de futurs pro-,
fesseurs : ce qui nous importe, ce n'est pas
qu'ils sachent beaucoup, puisqu'ils auront
toujours le loisir de préparer leur classe,
de s'aider de livres, de dictionnaires, dot
chronologies. Ce que nous leur demandons,)
c'est des esprits de valeur, lucides, métho-4
diques, capables d'ordonner en une leçon;
claire, bien divisée, vivante, les connais-,
sances qu'ils puiseront dans leur bibliothè-'
que et qu'ils retiendront par l'effort même
qu'ils feront pour les organiser. C'est en ce.
sens que la meilleure façon d'apprendre^
c'est d enseigner. t . '
Par conséquent, faire le plan d'une dis-<
sertation, comme d'une leçon, c'est SAVOIR..'
CHOISIR : qui ne sait se borner ne sultjamaie'
écrire, a dit quelqu'un qui s'y entendait.;
Choisir, c'est choisir l'essentiel, le caractérisa
tique; c'est ne conserver que les détail^
NÉCESSAIRES. , F
Dans le sujet traité cette année, la neces-l'
sité de la mémoire, les secours donnés par
la mémoire à la réllexion, l'impossibilité,
pour la réflexion de « fonctionner » sans la'
mémoire, fournissaient évidemment des:
développements faciles : plus de cent can-
didats ont démontré avec force exemples
que si nous étions absolument privés do
mémoire, ne nous souvenant plus mainte-;
nant de la minute qui a précédé, nous na
pourrions bien juger ni raisonner : ce qui est
ien certain, mais bien inutile! ;
Ce qu'il fallait démontrer, c'est le secours
considérable prêté à la réflexion par uno
mémoire bien munie et bien organisee,
et on eut été au cœur du sujet puisqu uno;
mémoire bien munie, mais mal organisée,"
c'est une mémoire non seulement inutile,
mais gênante, le désordre étant en propor-
tion de l'amas confus des souvenirs. •
On eût vu alors qu une bonne mémoire,,
c'est une mémoire où les souvenirs sont;
bien classés ; or, une bonne classification,;
c'est une classification qui met oôte à côte
les choses qui se ressemblent par leurs ca-
ractères essentiels. :
Une telle classification suppose que cha-
que chose classée a été définie, c'est-à-ciro.
étudiée, rattachée à son genre prochain et
qu'on en a trouvé la différence spécifique.
Dans cette définition mémo de la mé-,
moire, on eût prouvé la nécessité de la ré-'
flexion calme, destinée à classer les souve-
nirs et par suite à démêler sous les carac-
tères superficiels les caractères profonds,
essentiels, qui ne se révèlent qu aux pa-
tients. Dès lors, on eût aperçu l'absurdité
qu'il dillac y 4à prendre dans l'assertion de Con-
illac le mot mémoire dans son sens gêne-
ral, puisqu'il ne peut y avoir de mémoire
digne de ce nom sans une culture intensive
de la réflexion. C'est donc que Condillac a
donné à ces mots : exercer la mémoire, leur
sens spécial d'exercice de la mémoire littî-
rale, de mémoire des textes.
Voilà une des façons de comprendre lo
sujet. Nous disons (1 une des façons n, car
les candidats croient qu'il n'y a pour cha-
oue sujet qu'une seule façon de le bien
traiter, qui serait celle de l'examinateur!
Tandis que celui-ci n'est occupé qu'à -o
rendre compte si la copie qu'il lit dénote un
esprit lucide, beaucoup le croient occupé à'
coucher en quelque sorte la dissertai ion
sur un litdcProcuste, qui serait à la mesure
de sa propre conception! C'est absurde, et
à nos propres idées platement exposer,
nous préférons mille fois une pensée indu-
pendante, mais vigoureuse.
Nous ne demandons aux candidats qu un
plan simple et lumineux. Nous sommes
heureux de rencontrer des esprits jaloux
de leur indépendance de pensee. Nous no.
sommes de mauvaise humeur que contre.
la paresse qui mêle tout faute d efforts do-
discernement, contre la faiblesse
qui laisse subsister côte à
dictions, contre l'étourderie ^
des développements qu elle oublie ou ■mal
en introduit d'imprévus. Une pointe de,
paradoxe même n'est pas pour nous dé-
plaire, si le paradoxe se tient.
Les candidats sont donc absolument li-
bres dans leur pensée; on n'exige d'eux;
que de la logique, de la méthode, ce qui rn-i
vient en somme à la vigueur durabla tilt
l'at ton lion.
(A suivre.)
ARGUS de la PRESSE
FONDÉ EN 1879
Pour être sûr de ne pas laisser échapper wt
journal qui l'aurait nommé, il était abonné il
L'Argua de la Presse « qui lit, découpe et
traduit tous Les journaux du monde, et en
fournit les extraits sur n'importe quel sujet w.
Hector Malet (ZYTE, p, 70 et 333).
L'Argus de la Presse fournit aux artistes,
li térateurs, savants, hommes politiques'
tout ce qui paraît sur leur compte dans les
jo maux et revues du monde entier. ;
L'Argus de la Presse est le collaborateur
pratique de tous ceux qui préparent un 011
vrage, étudient une question, s'occupent do
! statistique, etc., eto.
S'adresser aux bureaux de f argus, 1-&,
ne Parie* — Téléphone.
L'Argus Ut 5,000 journaux par jour.
Une remise de 85 019 «rie pri*
de l'ab«mne*»e*t »ra faite aux m
tltatriee* et i' .&i.¡aiI-
u.U.--.
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