Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-01-28
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 janvier 1899 28 janvier 1899
Description : 1899/01/28 (A3,N416). 1899/01/28 (A3,N416).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703535r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Supplément quotidien du journal LA FRONDE
Choses de
l'Enseignement
; Il y a quelques années, faisant une
fournie d'inspection dans le Midi, je vi-
litais une école maternelle congréga-
niste, fréquentée presque exclusivement
par des enfants de mineurs.Les pauvrets
étaient répugnants de malpropreté.
- pQuoique la poussière de charbon ma
toarût une circonstance atténuante à cet
état lamentable, je pris à part la reli-
gieuse chargée de la classe, et la supé-
rieure — que ma présence avait fait ac-
jsourir (je n'oserais pas dire que ce frit
pour me presser sur son cœur), et je lui
exprimai la mauvaise impression que
J'allais emporter de ma visite.
,, ,La première se défendit si maladroite-
ment, que je me doutai bientôt qu'elle
pétait là que par occasion.
) « Vous êtes la directrice régulièrement
pommée ? lui demandai-je.
Elle regarda la supérieure :
1 — ... Oui... madame répondit celle-ci,
!pres hésitation.
; Montrez-moi, s'il vous plaît 1 arrêté
je nomination signé par le préfet.
— ... En effet, madame, ma sœur di-
)ëctricc étant un peu souffrante...
Le reste de l'incident est inutile à ma
thèse. Il y avait des années que le ser-
vice de l'école était assuré soit par une
èœur, soit par une autre.L'établissement
Jl'.cn allait pas mieux, cela se devine,
mais les maitresses ne mouraient pas à
3a peine. t
f îLe personnel laïque ne jouit pas du
privilège de ses devancières. Les enfants
y gagnent au moins d'être dirigés avec
méthode, mais les institutrices sont loin
d'avoir toutes les fois qu'elles en ont be-
soin, le repos que nécessite leur santé.
À la fatigue du métier, vient s'ajouter,
pour la. les femmes mariées, les fatigues de
eu maternité. Pour quelques-unes, le
congé accordé par l'administration est
insuffisant, et leur sauté reste définitive-
ment altérée.
C'est une question d'humanité qu n
faudra régler un jour oÍl l'autre. Il n'y a
pas un fonctionnaire de l'instruction pu-
blique (recteur, inspecteur d'académie,
inspecteur primaire) qui n'en mesure
l'importance; malheureusement elle ne
peut être résolue que par la com-
mission du budget... Or vous savez que
nous sommes très pauvres ! et la preuve
c'est le « tableau » de nos suppléantes
départementales : un seul département
rn a cinn, i; ost le Nord. Deux en ont
quatre 'Pas-de-Calais et Saône-et-Loire.
Quatre en ont trois : Jura, Hérault, Cons-
iautine et Bouchc^-du-Rhôtie. Vingt-sept
r-n ont deux \ le re.;le en a une. (Paris a
part. bien entendu.)
Il est il remar quer que, dans presque
tous les départements, le nombre des
suppléants est un peu plus élevé que cc-
lui des suppléantes...
Car... la femme est un être faible et
jrliétif, chacun sait ça.
• Cette insuffisance du budget aura, du
moins, une bonne influence sur l'initia-
iive privée. Déjà une société amicale de
la Seine-Inférieure possédait ;— depuis
Lieux ou trois ans — une maison des-
tinée fi. recevoir, pour y passer les va-
cances, un certain nombrcd'institutrtccs,
/et,pendant l'année,quelques institutrices
en congé pour raisons de santé, et voila
que M. Jacques Framée du Radical nous
apporte une bonne nouvelle :
1 « Un groupe d'éducatrices vient de se
constituer qui essaie d'apporter le re-
mède au mal. Il se compose de Mme
(Marion, directrice de l'école normale
de Sèvres, présidente ; Dejean de la
'Bâtie, directrice de l'école normale
de Fontenay, vice-présidente ; Ilyc-
,.kebusch, surintendante des maisons
de la Légion d'honneur ; Salomon, di-
rectrice du collège Sévigné, membre du
•'conseil supérieur de l'instruction publi-
que; Bourguet, directrice de l'école nor-
male de la Seine ; Allégret, directrice du
lycée de Versailles ; Butiaux, professeur
au lycée Fénclon;Landolphe, professeur
au lycée Lamartine; Dumé, directrice de
l'école primaire il Versailles, et de Mmes
Albert Dumont et Foncin.
Placées près des .niseres qu'il faut sou-
lager, elles se proposent d'ouvrir à la
santé de leurs collaboratrices tics « ate-
liers de réparation » où l'on pourra re-
couvrer les forces anémiées, où l'on évi-
tera, par une halle faite à temps,la ruine
physique et morale de toute une vie.
C'est M. Pierre Foncin, inspecteur gé-
néral de l'instruction publique, le fonda-
teur de l' Alliance française, qui, en leur
nqm, vient de rédiger l'appel du comité
cfmitiutive.
M. Foncin nous fait savoir que Ic^ co-
mité étudie en ce moment le plan d'une
vaste association destinée à ouvrir des
maisons familiales de repos où le person-
nel fémin serait admis, moyennant une
rétribution très modique, et même gra-
tuitement, dans certains cas.
Le premier soin de ce comité d 'imua-
tive sera de réunir les capitaux lui per-
mettant d'entreprendre les fondations
projetées.
jEn attendant qu'il ait trouvé les res-
sources nécessaires, il utilisera une part
de ses premiers fonds, en distribuant
quelques bourses familiales de repos à
des institutrices ou professeurs fatiguées
et particulièrement dignes d'intérêt.
Il adresse un pressant appel à tous
ceux qui aiment, qui veulent défendre et
servir la grande cause de l'enseignement
des jeunes filles, des femmes de demain.
Mais où s'adresser pour les renseigne-
ments, surtout pour les dons? Il suffit
d'écrire à Mme Marion, directrice de
l'Ecole normale supérieure de Sèvres.
PAULINE KERGOMARD.
LA
CIRCULAIRE DE M. PÉRIÉ
cc J'ai promis de continuer à faire prome- :
ner, à votre intention, mes ciseaux dans la
circulaire que l'inspecteur d'académie de
Loir-et-Cher a récemment adressée à ses
instituteurs. A vrai dire, c'est une sorte de
profanation; il faudrait la publier tout en-
tière.
« M. PériÓ n'enseignerait pas le devoir ci-
vique à l'aide de manuels spéciaux; il ra-
conterait seulement l'histoire de France, et
surtout à partir de la Révolution. Mais quel
professeur d'bistoire et de morale t
«« Je passe avec un profond regret une
dizaine de pages et j'arrive à la paix de
Francfort : Cf Le poète de l'Année terrible
t'annoncait au mois de février 1870 dans des
stances prophétiques — Avant la couclusion
du traité. Desormais comment s'y prendra- ui
t-on pour concilier, comme l'ont fait si ai- ci
sément nos pères qui n'étaient ni vaincus, s<
ni menacés, le devoir patriotique, le devoir li
civique et le devoir humain? Après Water- c<
loo, la difficulté n'était pas si grande, l'hon- s:
neur ayant reçu de moins cruelles atteintes, ti
la guerre étrangère n'ayant pas été aggra- le
vée par l'horreur d'une guerre civile et la él
forco numérique de la nation comme sa v<
force morale étant alors proportionnelle- ni
ment plus grandes. Contrainte de se replier
sur elle-même, comment la France fera-t- di
eHe pour vivre sans se démentir, sans St*ab- tr
diquer? A cette heure de désespoir, les fi
meilleurs de ses enfants, vieux et jeunes, si
s'examinent et s'interrogent. La réponse d
chez tous est identique. Il faut - avec pru- di
dence — persévérer dans l'ancienne foi, vi
chercher l'harmonie de l'ancien idéal et des el
droits nouveaux, imposés par une situation p;
précaire. pl
te Pour éviter la chimère, vous devez par- te
tir de cette situation môme, qui a pu s'amé- tr
liorer, mais qui reste périlleuse. Tout d'a- s'
bord, vous ferez connaître l'état présent de ni
l'Europe en vous plaçant au point de vue qi
français, je veux dire au point de vue des m
conséquences du traité de Francfort. Vous ai
indiquerez les alliances rivales et vous di- ai
rez brièvement ce qu'il faut penser des na- ti
lions engagées dans ces alliances. L'intérêt le
national, autant que le souci de la vérité, s,
exige que vous le fassiez avec une impar- SÎ
tialité absolue, sans cacher ni les opposi- E
tions d'intérêts partiels quand il s'agit de il
nos amis, ni les points particuliers sur les- cI
quels nous pouvons nous entendre avec .
nos adversaires, sans taire non plus les
qualités de ceux-ci, leur puissance, leur di
génie, leurs vertus et les bienfaits dont l'hu- m
manité leur a été redevable. tr
« Vous aborderez ensuite la redoutable di
queslion de la guerre toujours possible, m
Aussitôt qu'elle serait déclarée, le citoyen, x'
transformé en soldat, n'aurait plus qu'un tr
devoir, le devoir militaire. En attendant, il «
faut la regarder comme un grand mal. Vous di
mettrez eu garde vos auditeurs contre les v<
illusions de leur âge, amoureux d'exploits di
et d'aventures. Vous tâcherez do leur don- a<
ner une idée vraie et concrète des horreurs la
de la guerre, que les inventions modernes te
rendront encore plus affreuse dans l'avenir, el:
Considérée en elle-même, elle est un fléau, g<
une honte pour notre civilisation. La paix te
seu le est dési l'able. Cependant, laguerre peut d<
devenir une nécessité, ct.mcme une nécessi- s(
té morale. Parfois, l'honneur ne permet pas r(
de l'éviter. Vous donnerez le sens exact de Il"
co mot, auquel on prête souvent des sens fi
absurdes; vous aurez soin de distinguer ci
l'honneur du point d'honneur, qui peut m
rendre les peuples aussi ridicules, aussi
odieux que le sont les duellistes. La guerre si
vraiment obligatoire, celle dont un poète J(
de l'Inde antique a dit cette belle parole : s<
« Il nt peut rien arriver de plus heureux à tt
« un soldat qu'une juste guerre, c'est la p
« guerre défensive ou la guerre de reven- ai
« dication. Il t(
« La revendication, d'ailleurs, n ' est pas la fi
vengeance, pas plus que la justice n'est c
la haine. C'est pourquoi l'homme dans le ii
Français doit toujours souhaiter, alors môme v
qu'il a de la peine à l' espérer, le triomphe t<
pacifique du droit. La conciliation des c
idées d'humanité et de patrie séparées vio- E
lemment depuis 1870, est dans un patrio- v
lisme très haut, très éclairé. L'homme, quel 14
que soit le temps ou le lieu, ne doit pas q
être un loup pour l'homme — à moins qu'il s
ne faille raturer la Révolution et l'Evangile. d
Pour toules les difficultés internationales c
d'ordre secondaire, vous serez partisans de t
l'arbitrage. Vous réserverez celle de l'Al- v
sace-Lorraine. Le recours à la force, néces- c
saire dans certains cas, est une affreuse a
extrémité. Un citoyen mourant pour la pa- d
trie, croit faire un sacrilice. Il doit à plus
forte raison, si le devoir l'exige, verser le
sang d'un soldat étranger sans hésitation
mais à regret, avec tristesse. L'humanité g
conserve ses droits jusque dans la lutte la i
plus acharnée. Hors du champ de bataille, j
nous regarderons l'ennemi comme un
homme; s'il est vaincu et désarmé, nous le .
regarderons comme un frère.
« La question est d'ordre pratique, au (
moment où les nations européennes se par-
tagent les territoires occupés par des peu-
plades sauvages. Tous les ans, dans chacun
de nos cantons, des jeunes gens, pris par
le service militaire, sont envoyés aux co- ,
lonies. Dès qu'ils y mettent le pied, ils ont 1
à choisir, en mille circonstances, entre
l'humanité et l'injustice La tentation peut
être si forte d'abuser de la facile supério- 1
rité de ses armes, de se servir du nègre
sans défense comme d'une bète de somme
qu'on mène avec le fouet ou de se laisser
aller à de cruelles représailles! Dites-leur,
à ces enfants, que les soldats français, ja-
dis, se distinguaient heureusement des au
tres soldats européens par la douceur, la
bonté envers (1 l'homme de la nature ",
comme on disait alors, et qu'ils savaient
entrer dans son caractère, s'accommoder à
ses mœurs.
'
« 11 faut devenir fraternels, mais ce n'est
pas assez; il faut apprendre à être justes et
ceci nous coùtera plus d'elforts. Nous étions
autrefois, dans nos heures généreuses, le
peuple redresseur des torts et des in-
jures. Cette justice-là, de son vrai nom,
s'appelle chevalerie. Soyons encore cheva-
leresques tant et aussi souvent que nous le
pourrons, mais pratiquons en mémo temps
uneautre espèce dojustice, moins facilement
française parce qu'elle flatte peu l'amour-
propre et ne s'accommode guère des élans
do ln. passion. Apprenons à obéir à la loi.
« On doit obéir à la loi. Tous vos élèves
accepteront sans difficulté, cette formule
qu'on leur a souvent répétée. Faites en
sorte qu'elle devienne pour eux une vérité
pratique. Et d'abord dites-leur que, môme
sous une monarchie, les hommes réunis en
société ne peuvent pas vivre sans la loi. En
dehors d'elle, il n'y a que le bon plaisir
d'un seul ou le caprice de chacun et de tous,
le despotisme ou l'anarchie.
« Vous tirerez les conséquences de ces
principes. Le plus grand crime possible,
dans une démocratie, c'est le viol de la loi
constitutionnelle. Enfreindre les lois parti-
culières, c'est être encore très coupable.
Comprend-on qu'un républicain essaie de
frauder l'Etat ou d'imposer silence aux opi-
nions qui lui déplaisent en déchirant une
affiche ou en troublant une réunion pu-
blique, ou môme qu'il sollicite une faveur,
une grâce — c'est-à-dire un passe-droit —
pour lui, pour sa corporation ou pour sa
commune?
En somme : ...
« Le bon citoyen est celui qui ne veut
d'autre bienfaitrice que la loi et qui, frappé
Far elle, mémo durement, môme sans
ravoir mérité, accepte sans se plaindre ses
i arrêts définitifs et ne cherche à lui disputer
! ni sa fortune ni sa vie. Une telle abnéga-
i tion est le suprême effort de la vertu. Le
t bon citoyen s'y tient prêt, — mais en atten-
• dant il jie se contente pas d'une soumission
inerte et passive. En toute occasion, il ne
- cesse d'agir sur le terrain légal, soit on ro-
. vendiquant son propre droit qu'il ne laisse
L jamais prescrire ou méconnaître par pa-
1 resse ou par faiblesse, soit en aidant ses
concitoyens lésés à obtenir justice. En un
5 mot, il est toujours et partout le champion
î actif de la loi dont la violation ou l'inobser-
3 vation est le pire des maux dans un état
àlibre.
« Le professeur, a dit Sainte-Beuve, est
un homme qui enseigne à lire. Il faut, mes
chers amis, que vous enseigniez à lire au
sens complet du mot. Recommandez le
livre, le bon livre, de préférence au journal
comme une nourriture plus solide et plus
saine. Mais, de notre temps, le journal quo
tidien ne semble pas moins nécessaire que
le pain quotidien. Si vous voulez que vos
élèves deviennent des citoyens éclaires,
vous devez leur apprendre à lire leur jour-
nal.
« Ils y trouvent deux choses, des faits et
des appréciations. pour Les -X&ita* liafar.%
matîon est rapide et surabondante, la falsi-
fication effrontée. Recommandez-leur de
suspendre leur jugement. Sur trois faits
discutés aujourd hui, deux seront démentis
demain. Quant aux aopréciations, ils doi-
vent bien se persuader que le plus honnête
et le plus indépendant des journalistes n'est
pas un juge, mais un avocat. Rappelez le
proverbe: Qui n'entend qu'une cloche n en-
tend qu'un son. S'ils ne veulent pas être
trompés ou fanatisés, dites-leur de ne pas
s'en tenir à la cloche simpiternello du jour-
nal unique. Pour les faits, conseillez-leur,
quand 1 affaire en discussion intéresse vrai-
ment tous les bons Français, de recourir
aux documents originaux, officiels, d'une
authenticité indiscutée. Pour les apprécia-
tions, qu'ils cherchent à savoir le pour et
le contre, soit en causant avec un adver-
saire intelligent et de bonne foi, soit en li-
sant deux journaux d'opinion différente.
Est-ce trop leur demander? Se renseignent-
ils avec moins de soin lorsqu'il s'agit d'a-
cheter une jument ou une vache?
Un amour viril, agissant, de la vérité et
de la justice, n'habite point dans une âme
malsaine. Ici, nous touchons à une question
très délicate, maisque nous avons le devoir
de ne pas éluder, — à la question des
mœurs. Si un Bourdaloue, prêchant au
xvn® siècle devant la cour et le roi, put la
traiter sans s'inquiéter du scandale et
« frapper comme un sourd ", — c'est le mot
de Mme de Sévigné — vous abstiendrez-
vous, par respect humain,vous,instituteurs
du peuple de France,de donner à. vos élèves
adultes cette dernière !leçon d'instruction L
la fois morale et civique, sans laquelle tou-
tes les autres seraient vaines ?Avez-vous le
droit de vous taire quand le journal, regor-
geant de faits-divers scandaleux, de comp-
tes-rendus de procès infâmes,quand le livre
de qualité douteuse et trouble, parfois ob-
scène, pervertissent les enfants et prépa-
rent une Franco corrompue, énervée ? A
d'autres époques sans doute, la corruption
fut aussi grande, mais, limitée il certaines
classes, elle laissait le peuple intact : l'ave-
nir était sauf.
Beaucoup de gens voient le danger; plu-
sieurs s'en elfraient,très peu le combattent.
Je sais bien qu'un honnête homme, M. le
sénateur Bércngcr.a fait voter une loi pro-
tectrice de la jeunesse, mais les lois ne
peuvent rien toutes seules. Réveillez donc
autour de vous les pères de famille; invi-
tez-les à surveiller les lectures de leurs en-
fants. Et les municipalités peuvent quelque
chose pour assainir la rue. Secouez leur
inertie. Ensuite, tournez-vous du côté de
| vos élèves. Donnez-leur, en termes honnê-
tes, mais clairs et francs, les conseils né-
cessaires,pour aujourd'hui et pour demain.
Eclairez-les sur le danger du mauvais li-
vre, de la mauvaise compagnie. Prévoyez
le cas Oll, loués comme domestiques, ils
quitteront lo village, ou, mis en apprentis-
sage, devenus petits commis,ils changeront
de quartier et d'habitudes. Suivez-les à la
caserne; prémunissez-les contre les tenta-
tions des alentours. Et no craignez pas d'é-
voquer les responsabilités futures. Pronon-
cez les fortes paroles qui émeuvent parce
qu'elles touchent le fond sacré. Parlez-leur
de la patrie, de son sang, de ses énergies
dont ils ne sont que les dépositaires, de la
patrie menacée par la diminution du nom-
bre de ses fils, atteinte mortellement dans
ses œuvres vives, si nous ne réformons pas
nos mœurs. Pour elle du'moins qu'ils soient
purs.
Heureux instituteurs de Loir-et-Cher l
ENQUÊTE
Sur les questions d'enseignement
L'enquête sur les questions d'enseigne-
ment se poursuit; elle donne lieu à des
disuussions et à des résolutions intéres-
santes.
La commission a entendu, ces jours-ci,
deux de ses membres les plus éminents,
M. Joseph Bertrand, membre de l'Institut et.
M. Alf. Croiset, doyen de la Faculté des let-
tres de Paris.
11 s'agissait eu thèse générale, du « ma-
laise »> qui règne dans l'Université, de la
quasi décadonce des lycées 1* quant à l'é-
ducation, c'est-à-dire à la discipline :
Comment donner aux proviseurs l'influence
et l'autorité indispensable, à tout directeur
d'un établissement d'éducation ?
Que valent les assemblées des profes-
seurs et des répétiteurs et les conseils de
discipline?
N'y aurait-il pas lieu de donner aux lycées
et collèges une certaine autonomie ?
Ne pourrait-on pas établir dans chaque
lycée ou collège un conseil où entreraient,
avec les représentants des professeurs et
répétiteurs, d'anciens élèves, qui servi-
raient de lien entre l'établissement et la
région?
Quelles devraient être les attributions de
ces conseils?
En réponse à ce premier groupe de ques-
tions, M. CROISET attribue 1 état de malaise
qui règne dans l'Université au manque
d'autorité et d'initiative de la part des pro-
viseurs et des professeurs. Il faudrait que
des réunions fréquentes des proviseurs et
professeurs eussent lieu pour établir une
entente d'où sortirait un plan de réformes.
En d'autres termes, il faudrait tout un sys-
tème do décentralisation.
Il faudrait également accroître l'autorité
des surveillants généraux et des maîtres
répétiteurs, dont la profession ne devrait
pas une carrière, mais un stage.
S'expliquant ensuite sur les concours d'a-
grégation, M. Croiset voudrait voir réunir
en uno seule les agrégations de grammaire
et de lettres. L'agrégation comprendrait
deux épreuves : 1° un examen de faculté
très scientifique ; 2' un examen de jury très
pratiquo et très professionnel.
Voici les programmes. M. Croiset de-
mande 10 maintien du grec, dont la sup-
pression amènerait un abaissement dans la
culture générale. 11 désirerait voir s'établir
une bifurcation à la fin de la classe de se-
conde : une partie des élèves se destinant
au baccalauréat ès-lettres avec latin et grec,
l'autre se destinant au baccalauréat mathé-
matiques avec latin — ce second ouvrant
largement, comme le premier, les portes
de l'enseignement supérieur et des etudes
do droit.
Pour l'enseignement des langues, il estime
qu'il faut le donner aux enfants le plus tôt
possible ; mais que les langues modernes ne
sauraient, en aucune façon, remplacer les
langues anciennes pour habituer les élèves
à l'analyse et à l'abstraction.
L'enseignement moderne, suivant lui, est
une conception fausse. 11 va contre son but,
puisqu'il n'est nullement pratique et qu'il
tend à fournir un plus grand nombre de
fonctionnaires. Il devrait être tout simple-
ment lo développement do l'enseignement
primaire supérieur.
/
[ Quant au baccalauréat, il faut non pas le
' supprimer, mais le transformer en dimi-
nuant de plus en plus la part d'aléa et en
tenant compte davantage du livret scolaire.
Cet examen d'ailleurs, pourrait être passé
& chaque chef-lieu de département, où se
rendraient les professeurs de Facultés qui
s'adjoindraient des professeurs de l'ensei-
gnement secondaire. On pourrait en dis-
penser les meilleurs élèves de chaque
classe.
Ici encore M. Croiset est de l'avis de
M. Lavisse, et il appuie le projet de M. Ram-
JMLUitque nous avoua .commenté dernière-
ment.
Le grec et le latin continuent d'ailleurs à
être sur la sellette : M. Sarrut. avocat géné-
ral à la cour de cassation, affirme que, pour
faire son droit, un étudiant n'a pas besoin
des langues mortes. M. Léveillé, professeur
à la Faculté de droit est du même avis.
Cependant beaucoup et pas des moindres
continuent à penser qu'il faudrait seule-
ment galvaniser l'enseignement secondaire
Je crois que ces derniers ont raison. Un
certain nombre de professeurs de lycée —
parmi les plus distingués — avaient beau-
coup espéré pour éclairer plusieurs ques-
tions du Congrès international de 1900. Mais
il s'est produit un grave accroc, et une par-
tie du Comité a donné sa démission. Voici
ce que je lis dans la Petite République :
(c Au début de janvier, tous les profes-
seurs étaient nommés, par le commissaire
général de l'Exposition, membres du comité
du Congrès international de l'enseignement
secondaire de 1000, congrès qui fait partie
de la série des congrés de l'Exposition de
1900. Donc, le projet issu du Congrès de
1898, sans s'élargir au sens précis du mot,
paraissait changer un peu de caractère et
s'appuyer sur des bases nouvelles; le Con-
grès de 1898 avait laissé à ses mandataires
une certaine liberté. Le comité promoteur
initial se fondait ainsi daus un comité plus
nombreux (trente-six membres) et de carac-
tère moins exclusivement .universitaire. Ce
nouveau comité comprenait le P. Didon,
qui figurerait déjà, paraît-il, dans la future
Exposition, à deux titrer difl'érents, et cela
par le fait du précédent ministère. La lettre
démi dtP co m ité initial ne fait- à
cette circonstance qu'une allusion très dis-
crète, mais elle y fait allusion.
Que va-t-il arriver maintenant? Une note
parue dans le Temps du 11 janvier se ter-
minait par cette réflexion : sans doute le
Congrès de l'enseignement secondaire de
1900 présentera cette particularité de ne
comprendre aucun professeur de l'enseigne-
ment public français.
D'autre part, on dit que dans ce qu il reste
du Comité de 1900(vingt membres sur trente-
six), certaines personnalités seraient dispo-
sées à se retirer aussi. Or, cette liste con-
tient des noms connus : MM. Henry Béren-
ger, Beck, A. Croiset, Dreyfus-Brissac, Lin-
lilhac, Picavet, Dr Roux, Mlle Salomon. On
sait d'ailleurs que le Comité du congrès in-
ternational de l'enseignement supérieur et
secondaire de 1889 était entièrement laïque
eL entièrement favorable aux idées moder-
nes.
Serait-il impossible de rester fidèle il
cette tradition, dont l'abandon s'explique
difficilement, et ne peut manquer de cau-
ser, dans de pareilles conditions, une grosse
snrnrisn. nour ne nas dire n!us? ->
P. K.
P. S. Mon dernier article sur les Ecoles
maternelles m'a valu la lettre suivanle qui
débute par une criliquo des vertus des
grands'mères. Ma correspondante a raison
en principe, mais dans la pratique, il vaut
mieux encore l'ignorance, mais 1 expérience
des vieilles femmes que l'ignorance sans
expérience des femmes...
...Mais combien vous avez raison quand
vous dites du personnel des Ecoles Mater-
nelles •
CI A vrai dire, une préparation spéciale lui
serait nécessaire. - Mais, cependant, je
verrais avec plus de satisfaction que cette
garderie d'enfants ne soit plus tenue, diri-
gée, surveillée par dos « jeunes sorties de
1 Ecole normale Il où elles se sont infusé
tant de science qu'elles ont ¡¡¡He et besoin
de pratiquer, et qui !eur devient immédia-
tement inutile (ou à peu près) pour les soins
spéciaux demandés en ces malernels écoles
et où leur santé, très anémiée, ne peut que
s'altérer en l'atmosphère viciée quoi qu'on
fasse, ainsi que vous le dites plus qu'on ne
le peut comprendre assez.
Il Je crois donc que l'idée d'une Ecole des
mères gagnerait à. être développée et qu a
cette école, pour laquelle j'affirme avec
vous que ricn au monde n'exige plus de don
de soi-meme que l'éducation d'un enfant;
des femmes veuves, de préférence, des
mères, seraient titulaires désignées pour
ces fonctions où le sens de l'éducation, con-
séquence de celui de l'observation, est in-
termédiaire obligé de celui d'un haut dé-
vouement... des médecins de région se
raient les Conseils tout indiqués.
« C'est par ces soins éclairés, de femmes
de cœur et de raisonnement éclairé aussi,
que ces Ecoles maternelles seraient, cha-
cune en elle-même, une école des mères,
où la mère, soucieuse et consciencieuse,
apprendrait quotidiennement, en reprenant
son enfant, que cet être si cher à son être,
digère, fonctionne, progresse mieux là qu en
ses mains, par ce que...
Permettez-moi, madame, de vous adresser
l'expression de ma sincère admiration et de
ma considération très distinguée.
M. J. R.
Mme U.C. - Cette enfanl peut obtenir,
après concours, une bourse dans une école
primaire supérieure avec internat.
Ces écoles sont en province; il faudrait
choisir uno région ; s'informer au ministère
de l'instruction publique de la date du con-
cours et des pièces à produire.
Mme Vve ;Petitjean. — Demander de ma
part le renseignement à M. l'inspecteur
d'Académie à Versailles, qui possède tous
les documents.
NOMINATIONS DANS LA LÉGION D'HONNEUR
Le président de la République française,
Sur le rapport du ministre do l'instruction
publique et des beaux-arls,
Vu la loi du 25 juillet 1873 ;
Vu la loi du 2S janvier 1897;
Vu la déclaration du conseil de 1 ordre
do la Légion d'honneur, en date du 17 jan-
vier 1899, portant que les promotions et
nominations comprises dans le présent dé-
cret sont faites en conformité des lois, dé-
crets et règlements en vigueur,
Décrète *
Art. i- — Sont promus ou nommés dans
l'ordre national de la Légion d'honneur :
Au grade de commandeur
M. Milnc-Edwards (Alphonse), directeur
du Muséum d'histoire naturelle, membre de
l'Institut. Officier du 19 avril 1881.
Au grade d'officier
M. Waltner (Charles-Albert), artiste gra-
veur. Chevalier du 13 juillet 1882.
M. Gailhard (pierre.), directeur du théâtre
national de l'Opéra. Chevalier du 9 juillet
1886.
Au grade de chevalier
M. Adam (Charles). recteur de l'académie
de Dijon,correspondant de l'institut ; 21 ans
de services.
M. Laine (Jules-Armand), professeur à la
! faculté do droit do l'université do. Paris;
1 24 ans do sorvices.
I(M. Floquet (Achille-Marie-Gaston), pro-
fesseur à la faculté des sciences de l'uni-
versité de Nancy; 29 ans de services.
M. Hanriot (Adrien - Armand - Maurice),
membre de l'Académie de médecine, agrégé
chef des travaux de chimie à la Faculté de
médecine de l'université de Paris; 22 ans
de services.
M. Loth (Joseph-Marie), doyen do la Fa-
culté des lettres de l'université de Rennes;
31 ans de services.
M. Blanchet (Désiré), conservateur adjoint
à la bibliothèque nationale ; 25 ans de ser-
vices. - -
M. Dufet (Jean-Baptiste-Henry), profes-
seur au lycée Saint-Louis et maître de con-
férences a l'école normale supérieure; 30
ans de services. Importantes publications
scientifiques.
M. Dauban (Albert-Jean-Joseph), provi-
seur du lycée de Lyon; 30 ans de services.
M. Dauphiné (Mathieu-François-Oswald),
professeur do rhétorique au lycée Condor-
cet; 33 ans do services.
M. Desmons (Louis), professeur de mathé-
matiques élémentaires (cours de Saint-Cyr)
au lycée de Janson-de-Sailly; 36 ans de ser-
vices.. , .
M. Biard (Amédée-Lucien-Alexis), profes-
seur d'anglais au lycée de Bordeaux, 33 ans
de services. „
M. Pierre (Albert-Anne-Hyacmthe), ins-
pecteur d'académie en résidence à Lille, di-
recteur départemental do l'enseignement
primaire du Nord ; 31 ans de services.
M. Potticr (François-Paul-Edmond), doc-
teur ès lettres, ancien élève de l'école nor-
male supérieure et do l'école;française d'A-
thènes. Professeur suppléant à l'école na-
tionale et spéciale des beaux-arts. Conser-
vateur adjoint au musée du Louvre ; 25 ans
de services. Lauréat de l'Institut.
M. do Curel (François), auteur dramati-
que..
M. Thomas (Auguste-Georges) dit Georges
d'Hsparbès, homme de lettres.
M. Moinaux (Gcorgos-Victor-Marcc') dit
Georges Courteline, homme, de lettres et
auteur dramatique.
M. Olive (Jean-Baptiste), artiste peintre.
Médailles : 301 classe 1885; 2* classe 1886 ;
«fergeat, E. u. tïOra concours.
M. Colin (Gustave-Henri), artiste peintre.
Médailles d'argent E. U. i889, hors con-
cours.
M. Cornilleau (Raoul) dit Carl Rosa, ar-
tiste peintre. Médailles : 3o classe 1893 ; 2*
classe 1896, hors concours.
M. Castaigne (Jean-Alexandre-Michel-An-
dré), artiste peintre. A exécuté un grand
nombre d'illustrations de livres en France
et à l'étranger.. .
M. Desca (Edmond), statuaire. Médailles :
30 classe 1881; 2" classe 1883; bourse de
voyage 1883; médaille 1" classe 1885, mé-
daille d'or E. U. 1889, hors concours.
M. Pujol (Paul-Casimir), architecte. Mé-
dail1c 2" classe 1881. A exécuté de nom-
breux et importants travaux d'architecture.
M. Vidal (Paul), compositeur de musique;
grand prix de llome 1883.
Art. 2. — Le ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts et le grand chan-
celier de la Légion d'honneur sont chargés,
~ chacun en ce qui le concerne, do l'exécu-
tion présent décret.
Fait à Paris, lo 20 janvier 1899.
FÉLIX FAURE.
Par le Président de la. République :
Le ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts,
GEORGES LEYGUES.
Enseignement primaire. — Postes vacants
Inspection de l'enseignement primaire
Arreau.
Cosne.
Issoudun.
Langogne.
Marennes.
Marvejols.
Périgueux.
Quimperlé.
Ruffec. j
Saint-Calais.
Sai n t-Jean-d e- Maurienne.
Sisteron.
Collège Chaptal, à Paris.
Un emploi do professeur directeur d'élu-
des (ordre des lettres).
Ecole primaire supérieure Edgar-Quinet, à
Paris.
Un emploi de professeur délégué pour
7 heures d'enseignement des lettres.
Ecoles nationales professionnelles.
Un emploi de professeur de dessin à Ar-
menlières.
Un emploi d'adjudant surveillant à Vicr-
zon.
LES BOURSES
Les sessions d'examen d'aptitude aux
bourses dans les IY0ées et collèges s ouvri-
ront dans tous les département : pour les
garçons, le jeudi 13 avril prochain; pour les
jeunes filles, le jeudi 20 avril. Les Inscrip-
tions seront reçues au secrélariat de cha-
que préfecture, du l"r au 25 mars.
Les candidats aux bourses de la classe de
septième série élémentaire devront justi-
fier, au moment de leur inscripLion,un stage
do six mois au moins dans un lycée ou dans
un collège. Aucun stage dans un établisse-
ment public d'enseignement secondaire
n'est exigé des candidats appartenant aux
autres séries.
Certificat d'aptitude au Professorat des
Ecoles normales
Le ministre de l'Instruction publique et
des Beaux-arts,
Vu la loi du 30 octobre 185o, article 21 ;
Vu le décret du 18 janvier 1887, article
t'N •
Le Conseil suoérieur de l'Instruction pu-
blique entendu,
Arrête :
Article unique. — Les articles 172 et 173 de
l'arrêté du 18 janvier 1887 sont modifiés
ainsi qu'il suit :
« Art. 172. — Les épreuves orales et pra-
tiques comprennent :
« Pour les lettres :
« 1- Une leçon sur un sujet tiré au sort.
dont la durée no dépassera pas une demi-
heure et qui pourra être suivie d'interroga-
I.ions portant soit sur le sujet qui a fait
l'objet do la leçon, soit sur toute autre par-
tie du programme. Trois heures sont
accordées pour !a préparation de cette
leçon. Cette préparation a lieu à huis clos;
« 2' La lecture expliquée d'un passage
pris dans un auteur classique français ;
« 3- La correction d'un devoir d 'élève-
maître....
« La lecture expliquée et la correction du
devoir sont précédées d 'une préparation
dont la durée no doit pas dépasser t.rois
quarts d'heure pour chacune des deux
épreuves;
« 4- L'explication, A livre ouvert, d un
texte allemand, anglais, ilalien, espagnol
ou arabe, suivie d'interrogations sur la
grammaire allemande, anglaise, italienne,
espagnole ou arabe (un quart d'heure) ;
« Pour les sciences :
cc te Une leçon sur un sujet tiré au sort,
dont la durée ne dépassera pas une demi-
heure. Il est accordé deux heures pour la
préparation de la leçon de mathématiques,
trois heures pour la préparation de la leçon
de sciences physiques ou de sciences natu-
rcJler. Cette préparation a lieu à huis clos,
I « 20 Une interrogation sur chacune des
I parties du programme (matbématiques,
sciences physiques, sciences naturelles^
Durée totale de l'épreuve pour les trois iu.
terrogations : trois quarts d'heure;
« 3° Une manipulation de physique ou
chimie et une démonstration pratique d 'his-
toire naturelle. Le sujet de la manipulation
ou de la démonstration est tiré au sort..
« Il est accordé une heure pour la mam"
pulation et une heure pour la démonstra-
tion d'histoire naturelle.
La liste des auteurs allemands, anglais,
italiens, espagnols ou arabes, aiijsi quek
celle des auteurs classiques français sur
Jeaquell porteront Les explications des» .
textes, est arrêtée par le ministre tous le.
trois ans.
(C L'usage de tout secours autre que ce-
lui des dictionnaires, atlas ou livres auto*
risés par la Commission est interdit.
« Art. 173. — Il est attribué à chaque can*
didat, pour chacune des épreuves écrites et
orales, une note distincte calculée de 0 &
20. Dans le total des points, les notes dei
diverses épreuves sont affectées de coeffi-
cients fixés chaque année par décision mi'
nistérielle au début de l'année scolaire et,
pour la session de 1899, avant l8* février d&
cetle année. n
Fait à Paris, le 20 janvier 1899.
GEORGES LEYGUES.
Le ministre de l'instruction publique Et
des beaux-arts,
Vu l'arrêté du 18 janvier 1887;
Vu l'arrêté du 20 janvier 1899 ;
Arrête :
Les coefficients à attribuer aux épreuve'#
écrites et aux épreuves orales et pratiquer
des certificals d'aptitude au professorat dei
écoles normales et des écoles primaires su;
périeures (ordre des lettres et ordre de'
sciences) sont fixés ainsi qu'il suit pour le.
examens de 1899 :
ORDRE DES LETTRES
! (Aspirants et aspirantes}
I Epreuves écrites
Littérature 2
Psychologie et moralo.............- 2
Histoire et géographie .............. 2
Langue vivante ..................... *
Epreuves orales et pratiques
Leçon 4
Lecture expliquée... 2
Correction d'un devoir 2
Langue vivante ...................... i
ORDRE DES SCIENCES
(Aspirants et aspirantes)
Epriuves écrites
Mathématiques - 2
Sciences physiques j
Sciences naturelles 1
Morale ou éducation ................ ~
Dessin géométrique .................. J/*
Dessin d'imitation .................. 1/'
Epreuves orales et pratiques
Leçon ¥
Interrogations sur les mathématiques 1
Interrogations sur les sciences phy-
siques *
Interrogations sur les sciences natu-
reHes.. •••* ....... *
Manipulations (sciences physiques
j et naturelles) 1
Fait à Paris, le 23 janvier 1899.
G. LEYGUES.
REVUE DE LA PRESSE
Couvertures de cahiers. — M. Sarcoj
raconte, dans le Temps, qu'il a reçu d m
père de famille une lettre dans laquclU
il se plaint des images dont sont agré-
mentées les couvertures des cahiers.
L'une d'elles représente un soldat l]m
tient un fusil et montre, avec un air dli
menace, un poteau sur lequel on lit d un
cote : Allemagne et de l'autre France.
Au-dessous, ces mots : « Sans la haine
de l'étranger, l'amour de la patrie est
faible. » Le père de famille n'admet pa*
cela et M. Sarcey ne l'admet pas davan-
tage :
Qui sait, dit-il, si les revirements de la
polilique européenne ne mettront pas nos
enfants, quand ils seront arrives a 1 ;tge
d'hommes, en présence d'une nation bien
plus envahissante, bien plus dangereuse,
bien plus désagréable et avec qui la lutte
sera infiniment plus âpre Il faudrait que
vous n'eussiez pas lu un journal de votre
vie pour ne pas deviner à qui et a quoi je
fais allusion ici. Eh b'cn! supposez que ce
moment vienne où une alliance s 'ïtllposo.
rait entre les deux grandes nations conti-
nenlalcs de l'Europe contre un ennemi
commun'? N'auriez-vous pas quelque rc'
aret, vous qui attisez les haines de vos fils,
si vous voyiez cette réconciliation néces-
saire se heurter à des préjuges et à des re-
pugnances invincibles, suscitées, entrete-
nues par vous? Est-ce que votre patrio-
tisme n'en souffrirait pas.
t,es instituteurs intelligents et vt,rita.
blement patriotes repoussent le chauvi-
nisme ridicule qu affectent certains bra-
vaches et ce n'est pas dans leurs clauses
qu'on trouvera ces images-la. L amour
de la Patrie repose sur des sentiments
autrement forts,autrcmentélevés,qu une
haine implacable et des mœurs farou-
ches.
Le rire à l'école. — Cyrano de nergerac a
ramené le rire sur la scène française, la
bon rire de nos grands comiques. Lomna
un pur rayon de notre clair soleil, e rire
gaulois a dissipé pour un le^Ps les
lards du nord, la mélancoho scanùmavohfoull-
dont notre théâtre était tout ^deuillo. M.
Fournier, dans le Maître pratique, en saluo
avec joie « l'allègre fanfare .» et s 'écl-ie :
Il Mais avec quel enthousiasme il faudrait
ar,oue lir 10 pédagogue bien français qui
signalerait comme ue péril national 1 iniil-
tration étrangère dans nos écoles et nos
méthodes d'enseignement.
« On dirige sans cesse nos regards du
côté de nos voisins de l'Est, on nous hypno-
tise par des statistiques suspectes, ou nous.
éblouit par des lableaux mensongers, et
nous acceptons tout: méthodes, livres el lo
reste. Pour un peu, nous conterions le cas-
que à pointe....
« De grâce t restons Français. Lame en-
fantine, comme l àme des hommes fran-
çais, est autre que Famé allemande ou
scandinave et veut être traitée autrement.
L'école « à la prussienne Il qu'on voulait
implanter chez nous n'a pas reussi, retour-
nons à ceux qui nous l'ont envoyé ce pro-
duit frelaté. N'oublions pas que ce rire est
une clef magique qui ouvre plus do cœur!!
que la sévérité, et que le Père de la péda-
1 gogie française est Rabelais, ce maître du
rire. »
Nous recevons chaque jour ^
breuses lettres de dames r laboration au nous d
vons dans fimpossibilité de
toutes et nous les prions de vouloir bien
envoyer les manuscrits qu elles désire-
raient voir inséj er
flu61iés¡ fils placent à la Direction.
Choses de
l'Enseignement
; Il y a quelques années, faisant une
fournie d'inspection dans le Midi, je vi-
litais une école maternelle congréga-
niste, fréquentée presque exclusivement
par des enfants de mineurs.Les pauvrets
étaient répugnants de malpropreté.
- pQuoique la poussière de charbon ma
toarût une circonstance atténuante à cet
état lamentable, je pris à part la reli-
gieuse chargée de la classe, et la supé-
rieure — que ma présence avait fait ac-
jsourir (je n'oserais pas dire que ce frit
pour me presser sur son cœur), et je lui
exprimai la mauvaise impression que
J'allais emporter de ma visite.
,, ,La première se défendit si maladroite-
ment, que je me doutai bientôt qu'elle
pétait là que par occasion.
) « Vous êtes la directrice régulièrement
pommée ? lui demandai-je.
Elle regarda la supérieure :
1 — ... Oui... madame répondit celle-ci,
!pres hésitation.
; Montrez-moi, s'il vous plaît 1 arrêté
je nomination signé par le préfet.
— ... En effet, madame, ma sœur di-
)ëctricc étant un peu souffrante...
Le reste de l'incident est inutile à ma
thèse. Il y avait des années que le ser-
vice de l'école était assuré soit par une
èœur, soit par une autre.L'établissement
Jl'.cn allait pas mieux, cela se devine,
mais les maitresses ne mouraient pas à
3a peine. t
f îLe personnel laïque ne jouit pas du
privilège de ses devancières. Les enfants
y gagnent au moins d'être dirigés avec
méthode, mais les institutrices sont loin
d'avoir toutes les fois qu'elles en ont be-
soin, le repos que nécessite leur santé.
À la fatigue du métier, vient s'ajouter,
pour la. les femmes mariées, les fatigues de
eu maternité. Pour quelques-unes, le
congé accordé par l'administration est
insuffisant, et leur sauté reste définitive-
ment altérée.
C'est une question d'humanité qu n
faudra régler un jour oÍl l'autre. Il n'y a
pas un fonctionnaire de l'instruction pu-
blique (recteur, inspecteur d'académie,
inspecteur primaire) qui n'en mesure
l'importance; malheureusement elle ne
peut être résolue que par la com-
mission du budget... Or vous savez que
nous sommes très pauvres ! et la preuve
c'est le « tableau » de nos suppléantes
départementales : un seul département
rn a cinn, i; ost le Nord. Deux en ont
quatre 'Pas-de-Calais et Saône-et-Loire.
Quatre en ont trois : Jura, Hérault, Cons-
iautine et Bouchc^-du-Rhôtie. Vingt-sept
r-n ont deux \ le re.;le en a une. (Paris a
part. bien entendu.)
Il est il remar quer que, dans presque
tous les départements, le nombre des
suppléants est un peu plus élevé que cc-
lui des suppléantes...
Car... la femme est un être faible et
jrliétif, chacun sait ça.
• Cette insuffisance du budget aura, du
moins, une bonne influence sur l'initia-
iive privée. Déjà une société amicale de
la Seine-Inférieure possédait ;— depuis
Lieux ou trois ans — une maison des-
tinée fi. recevoir, pour y passer les va-
cances, un certain nombrcd'institutrtccs,
/et,pendant l'année,quelques institutrices
en congé pour raisons de santé, et voila
que M. Jacques Framée du Radical nous
apporte une bonne nouvelle :
1 « Un groupe d'éducatrices vient de se
constituer qui essaie d'apporter le re-
mède au mal. Il se compose de Mme
(Marion, directrice de l'école normale
de Sèvres, présidente ; Dejean de la
'Bâtie, directrice de l'école normale
de Fontenay, vice-présidente ; Ilyc-
,.kebusch, surintendante des maisons
de la Légion d'honneur ; Salomon, di-
rectrice du collège Sévigné, membre du
•'conseil supérieur de l'instruction publi-
que; Bourguet, directrice de l'école nor-
male de la Seine ; Allégret, directrice du
lycée de Versailles ; Butiaux, professeur
au lycée Fénclon;Landolphe, professeur
au lycée Lamartine; Dumé, directrice de
l'école primaire il Versailles, et de Mmes
Albert Dumont et Foncin.
Placées près des .niseres qu'il faut sou-
lager, elles se proposent d'ouvrir à la
santé de leurs collaboratrices tics « ate-
liers de réparation » où l'on pourra re-
couvrer les forces anémiées, où l'on évi-
tera, par une halle faite à temps,la ruine
physique et morale de toute une vie.
C'est M. Pierre Foncin, inspecteur gé-
néral de l'instruction publique, le fonda-
teur de l' Alliance française, qui, en leur
nqm, vient de rédiger l'appel du comité
cfmitiutive.
M. Foncin nous fait savoir que Ic^ co-
mité étudie en ce moment le plan d'une
vaste association destinée à ouvrir des
maisons familiales de repos où le person-
nel fémin serait admis, moyennant une
rétribution très modique, et même gra-
tuitement, dans certains cas.
Le premier soin de ce comité d 'imua-
tive sera de réunir les capitaux lui per-
mettant d'entreprendre les fondations
projetées.
jEn attendant qu'il ait trouvé les res-
sources nécessaires, il utilisera une part
de ses premiers fonds, en distribuant
quelques bourses familiales de repos à
des institutrices ou professeurs fatiguées
et particulièrement dignes d'intérêt.
Il adresse un pressant appel à tous
ceux qui aiment, qui veulent défendre et
servir la grande cause de l'enseignement
des jeunes filles, des femmes de demain.
Mais où s'adresser pour les renseigne-
ments, surtout pour les dons? Il suffit
d'écrire à Mme Marion, directrice de
l'Ecole normale supérieure de Sèvres.
PAULINE KERGOMARD.
LA
CIRCULAIRE DE M. PÉRIÉ
cc J'ai promis de continuer à faire prome- :
ner, à votre intention, mes ciseaux dans la
circulaire que l'inspecteur d'académie de
Loir-et-Cher a récemment adressée à ses
instituteurs. A vrai dire, c'est une sorte de
profanation; il faudrait la publier tout en-
tière.
« M. PériÓ n'enseignerait pas le devoir ci-
vique à l'aide de manuels spéciaux; il ra-
conterait seulement l'histoire de France, et
surtout à partir de la Révolution. Mais quel
professeur d'bistoire et de morale t
«« Je passe avec un profond regret une
dizaine de pages et j'arrive à la paix de
Francfort : Cf Le poète de l'Année terrible
t'annoncait au mois de février 1870 dans des
stances prophétiques — Avant la couclusion
du traité. Desormais comment s'y prendra- ui
t-on pour concilier, comme l'ont fait si ai- ci
sément nos pères qui n'étaient ni vaincus, s<
ni menacés, le devoir patriotique, le devoir li
civique et le devoir humain? Après Water- c<
loo, la difficulté n'était pas si grande, l'hon- s:
neur ayant reçu de moins cruelles atteintes, ti
la guerre étrangère n'ayant pas été aggra- le
vée par l'horreur d'une guerre civile et la él
forco numérique de la nation comme sa v<
force morale étant alors proportionnelle- ni
ment plus grandes. Contrainte de se replier
sur elle-même, comment la France fera-t- di
eHe pour vivre sans se démentir, sans St*ab- tr
diquer? A cette heure de désespoir, les fi
meilleurs de ses enfants, vieux et jeunes, si
s'examinent et s'interrogent. La réponse d
chez tous est identique. Il faut - avec pru- di
dence — persévérer dans l'ancienne foi, vi
chercher l'harmonie de l'ancien idéal et des el
droits nouveaux, imposés par une situation p;
précaire. pl
te Pour éviter la chimère, vous devez par- te
tir de cette situation môme, qui a pu s'amé- tr
liorer, mais qui reste périlleuse. Tout d'a- s'
bord, vous ferez connaître l'état présent de ni
l'Europe en vous plaçant au point de vue qi
français, je veux dire au point de vue des m
conséquences du traité de Francfort. Vous ai
indiquerez les alliances rivales et vous di- ai
rez brièvement ce qu'il faut penser des na- ti
lions engagées dans ces alliances. L'intérêt le
national, autant que le souci de la vérité, s,
exige que vous le fassiez avec une impar- SÎ
tialité absolue, sans cacher ni les opposi- E
tions d'intérêts partiels quand il s'agit de il
nos amis, ni les points particuliers sur les- cI
quels nous pouvons nous entendre avec .
nos adversaires, sans taire non plus les
qualités de ceux-ci, leur puissance, leur di
génie, leurs vertus et les bienfaits dont l'hu- m
manité leur a été redevable. tr
« Vous aborderez ensuite la redoutable di
queslion de la guerre toujours possible, m
Aussitôt qu'elle serait déclarée, le citoyen, x'
transformé en soldat, n'aurait plus qu'un tr
devoir, le devoir militaire. En attendant, il «
faut la regarder comme un grand mal. Vous di
mettrez eu garde vos auditeurs contre les v<
illusions de leur âge, amoureux d'exploits di
et d'aventures. Vous tâcherez do leur don- a<
ner une idée vraie et concrète des horreurs la
de la guerre, que les inventions modernes te
rendront encore plus affreuse dans l'avenir, el:
Considérée en elle-même, elle est un fléau, g<
une honte pour notre civilisation. La paix te
seu le est dési l'able. Cependant, laguerre peut d<
devenir une nécessité, ct.mcme une nécessi- s(
té morale. Parfois, l'honneur ne permet pas r(
de l'éviter. Vous donnerez le sens exact de Il"
co mot, auquel on prête souvent des sens fi
absurdes; vous aurez soin de distinguer ci
l'honneur du point d'honneur, qui peut m
rendre les peuples aussi ridicules, aussi
odieux que le sont les duellistes. La guerre si
vraiment obligatoire, celle dont un poète J(
de l'Inde antique a dit cette belle parole : s<
« Il nt peut rien arriver de plus heureux à tt
« un soldat qu'une juste guerre, c'est la p
« guerre défensive ou la guerre de reven- ai
« dication. Il t(
« La revendication, d'ailleurs, n ' est pas la fi
vengeance, pas plus que la justice n'est c
la haine. C'est pourquoi l'homme dans le ii
Français doit toujours souhaiter, alors môme v
qu'il a de la peine à l' espérer, le triomphe t<
pacifique du droit. La conciliation des c
idées d'humanité et de patrie séparées vio- E
lemment depuis 1870, est dans un patrio- v
lisme très haut, très éclairé. L'homme, quel 14
que soit le temps ou le lieu, ne doit pas q
être un loup pour l'homme — à moins qu'il s
ne faille raturer la Révolution et l'Evangile. d
Pour toules les difficultés internationales c
d'ordre secondaire, vous serez partisans de t
l'arbitrage. Vous réserverez celle de l'Al- v
sace-Lorraine. Le recours à la force, néces- c
saire dans certains cas, est une affreuse a
extrémité. Un citoyen mourant pour la pa- d
trie, croit faire un sacrilice. Il doit à plus
forte raison, si le devoir l'exige, verser le
sang d'un soldat étranger sans hésitation
mais à regret, avec tristesse. L'humanité g
conserve ses droits jusque dans la lutte la i
plus acharnée. Hors du champ de bataille, j
nous regarderons l'ennemi comme un
homme; s'il est vaincu et désarmé, nous le .
regarderons comme un frère.
« La question est d'ordre pratique, au (
moment où les nations européennes se par-
tagent les territoires occupés par des peu-
plades sauvages. Tous les ans, dans chacun
de nos cantons, des jeunes gens, pris par
le service militaire, sont envoyés aux co- ,
lonies. Dès qu'ils y mettent le pied, ils ont 1
à choisir, en mille circonstances, entre
l'humanité et l'injustice La tentation peut
être si forte d'abuser de la facile supério- 1
rité de ses armes, de se servir du nègre
sans défense comme d'une bète de somme
qu'on mène avec le fouet ou de se laisser
aller à de cruelles représailles! Dites-leur,
à ces enfants, que les soldats français, ja-
dis, se distinguaient heureusement des au
tres soldats européens par la douceur, la
bonté envers (1 l'homme de la nature ",
comme on disait alors, et qu'ils savaient
entrer dans son caractère, s'accommoder à
ses mœurs.
'
« 11 faut devenir fraternels, mais ce n'est
pas assez; il faut apprendre à être justes et
ceci nous coùtera plus d'elforts. Nous étions
autrefois, dans nos heures généreuses, le
peuple redresseur des torts et des in-
jures. Cette justice-là, de son vrai nom,
s'appelle chevalerie. Soyons encore cheva-
leresques tant et aussi souvent que nous le
pourrons, mais pratiquons en mémo temps
uneautre espèce dojustice, moins facilement
française parce qu'elle flatte peu l'amour-
propre et ne s'accommode guère des élans
do ln. passion. Apprenons à obéir à la loi.
« On doit obéir à la loi. Tous vos élèves
accepteront sans difficulté, cette formule
qu'on leur a souvent répétée. Faites en
sorte qu'elle devienne pour eux une vérité
pratique. Et d'abord dites-leur que, môme
sous une monarchie, les hommes réunis en
société ne peuvent pas vivre sans la loi. En
dehors d'elle, il n'y a que le bon plaisir
d'un seul ou le caprice de chacun et de tous,
le despotisme ou l'anarchie.
« Vous tirerez les conséquences de ces
principes. Le plus grand crime possible,
dans une démocratie, c'est le viol de la loi
constitutionnelle. Enfreindre les lois parti-
culières, c'est être encore très coupable.
Comprend-on qu'un républicain essaie de
frauder l'Etat ou d'imposer silence aux opi-
nions qui lui déplaisent en déchirant une
affiche ou en troublant une réunion pu-
blique, ou môme qu'il sollicite une faveur,
une grâce — c'est-à-dire un passe-droit —
pour lui, pour sa corporation ou pour sa
commune?
En somme : ...
« Le bon citoyen est celui qui ne veut
d'autre bienfaitrice que la loi et qui, frappé
Far elle, mémo durement, môme sans
ravoir mérité, accepte sans se plaindre ses
i arrêts définitifs et ne cherche à lui disputer
! ni sa fortune ni sa vie. Une telle abnéga-
i tion est le suprême effort de la vertu. Le
t bon citoyen s'y tient prêt, — mais en atten-
• dant il jie se contente pas d'une soumission
inerte et passive. En toute occasion, il ne
- cesse d'agir sur le terrain légal, soit on ro-
. vendiquant son propre droit qu'il ne laisse
L jamais prescrire ou méconnaître par pa-
1 resse ou par faiblesse, soit en aidant ses
concitoyens lésés à obtenir justice. En un
5 mot, il est toujours et partout le champion
î actif de la loi dont la violation ou l'inobser-
3 vation est le pire des maux dans un état
àlibre.
« Le professeur, a dit Sainte-Beuve, est
un homme qui enseigne à lire. Il faut, mes
chers amis, que vous enseigniez à lire au
sens complet du mot. Recommandez le
livre, le bon livre, de préférence au journal
comme une nourriture plus solide et plus
saine. Mais, de notre temps, le journal quo
tidien ne semble pas moins nécessaire que
le pain quotidien. Si vous voulez que vos
élèves deviennent des citoyens éclaires,
vous devez leur apprendre à lire leur jour-
nal.
« Ils y trouvent deux choses, des faits et
des appréciations. pour Les -X&ita* liafar.%
matîon est rapide et surabondante, la falsi-
fication effrontée. Recommandez-leur de
suspendre leur jugement. Sur trois faits
discutés aujourd hui, deux seront démentis
demain. Quant aux aopréciations, ils doi-
vent bien se persuader que le plus honnête
et le plus indépendant des journalistes n'est
pas un juge, mais un avocat. Rappelez le
proverbe: Qui n'entend qu'une cloche n en-
tend qu'un son. S'ils ne veulent pas être
trompés ou fanatisés, dites-leur de ne pas
s'en tenir à la cloche simpiternello du jour-
nal unique. Pour les faits, conseillez-leur,
quand 1 affaire en discussion intéresse vrai-
ment tous les bons Français, de recourir
aux documents originaux, officiels, d'une
authenticité indiscutée. Pour les apprécia-
tions, qu'ils cherchent à savoir le pour et
le contre, soit en causant avec un adver-
saire intelligent et de bonne foi, soit en li-
sant deux journaux d'opinion différente.
Est-ce trop leur demander? Se renseignent-
ils avec moins de soin lorsqu'il s'agit d'a-
cheter une jument ou une vache?
Un amour viril, agissant, de la vérité et
de la justice, n'habite point dans une âme
malsaine. Ici, nous touchons à une question
très délicate, maisque nous avons le devoir
de ne pas éluder, — à la question des
mœurs. Si un Bourdaloue, prêchant au
xvn® siècle devant la cour et le roi, put la
traiter sans s'inquiéter du scandale et
« frapper comme un sourd ", — c'est le mot
de Mme de Sévigné — vous abstiendrez-
vous, par respect humain,vous,instituteurs
du peuple de France,de donner à. vos élèves
adultes cette dernière !leçon d'instruction L
la fois morale et civique, sans laquelle tou-
tes les autres seraient vaines ?Avez-vous le
droit de vous taire quand le journal, regor-
geant de faits-divers scandaleux, de comp-
tes-rendus de procès infâmes,quand le livre
de qualité douteuse et trouble, parfois ob-
scène, pervertissent les enfants et prépa-
rent une Franco corrompue, énervée ? A
d'autres époques sans doute, la corruption
fut aussi grande, mais, limitée il certaines
classes, elle laissait le peuple intact : l'ave-
nir était sauf.
Beaucoup de gens voient le danger; plu-
sieurs s'en elfraient,très peu le combattent.
Je sais bien qu'un honnête homme, M. le
sénateur Bércngcr.a fait voter une loi pro-
tectrice de la jeunesse, mais les lois ne
peuvent rien toutes seules. Réveillez donc
autour de vous les pères de famille; invi-
tez-les à surveiller les lectures de leurs en-
fants. Et les municipalités peuvent quelque
chose pour assainir la rue. Secouez leur
inertie. Ensuite, tournez-vous du côté de
| vos élèves. Donnez-leur, en termes honnê-
tes, mais clairs et francs, les conseils né-
cessaires,pour aujourd'hui et pour demain.
Eclairez-les sur le danger du mauvais li-
vre, de la mauvaise compagnie. Prévoyez
le cas Oll, loués comme domestiques, ils
quitteront lo village, ou, mis en apprentis-
sage, devenus petits commis,ils changeront
de quartier et d'habitudes. Suivez-les à la
caserne; prémunissez-les contre les tenta-
tions des alentours. Et no craignez pas d'é-
voquer les responsabilités futures. Pronon-
cez les fortes paroles qui émeuvent parce
qu'elles touchent le fond sacré. Parlez-leur
de la patrie, de son sang, de ses énergies
dont ils ne sont que les dépositaires, de la
patrie menacée par la diminution du nom-
bre de ses fils, atteinte mortellement dans
ses œuvres vives, si nous ne réformons pas
nos mœurs. Pour elle du'moins qu'ils soient
purs.
Heureux instituteurs de Loir-et-Cher l
ENQUÊTE
Sur les questions d'enseignement
L'enquête sur les questions d'enseigne-
ment se poursuit; elle donne lieu à des
disuussions et à des résolutions intéres-
santes.
La commission a entendu, ces jours-ci,
deux de ses membres les plus éminents,
M. Joseph Bertrand, membre de l'Institut et.
M. Alf. Croiset, doyen de la Faculté des let-
tres de Paris.
11 s'agissait eu thèse générale, du « ma-
laise »> qui règne dans l'Université, de la
quasi décadonce des lycées 1* quant à l'é-
ducation, c'est-à-dire à la discipline :
Comment donner aux proviseurs l'influence
et l'autorité indispensable, à tout directeur
d'un établissement d'éducation ?
Que valent les assemblées des profes-
seurs et des répétiteurs et les conseils de
discipline?
N'y aurait-il pas lieu de donner aux lycées
et collèges une certaine autonomie ?
Ne pourrait-on pas établir dans chaque
lycée ou collège un conseil où entreraient,
avec les représentants des professeurs et
répétiteurs, d'anciens élèves, qui servi-
raient de lien entre l'établissement et la
région?
Quelles devraient être les attributions de
ces conseils?
En réponse à ce premier groupe de ques-
tions, M. CROISET attribue 1 état de malaise
qui règne dans l'Université au manque
d'autorité et d'initiative de la part des pro-
viseurs et des professeurs. Il faudrait que
des réunions fréquentes des proviseurs et
professeurs eussent lieu pour établir une
entente d'où sortirait un plan de réformes.
En d'autres termes, il faudrait tout un sys-
tème do décentralisation.
Il faudrait également accroître l'autorité
des surveillants généraux et des maîtres
répétiteurs, dont la profession ne devrait
pas une carrière, mais un stage.
S'expliquant ensuite sur les concours d'a-
grégation, M. Croiset voudrait voir réunir
en uno seule les agrégations de grammaire
et de lettres. L'agrégation comprendrait
deux épreuves : 1° un examen de faculté
très scientifique ; 2' un examen de jury très
pratiquo et très professionnel.
Voici les programmes. M. Croiset de-
mande 10 maintien du grec, dont la sup-
pression amènerait un abaissement dans la
culture générale. 11 désirerait voir s'établir
une bifurcation à la fin de la classe de se-
conde : une partie des élèves se destinant
au baccalauréat ès-lettres avec latin et grec,
l'autre se destinant au baccalauréat mathé-
matiques avec latin — ce second ouvrant
largement, comme le premier, les portes
de l'enseignement supérieur et des etudes
do droit.
Pour l'enseignement des langues, il estime
qu'il faut le donner aux enfants le plus tôt
possible ; mais que les langues modernes ne
sauraient, en aucune façon, remplacer les
langues anciennes pour habituer les élèves
à l'analyse et à l'abstraction.
L'enseignement moderne, suivant lui, est
une conception fausse. 11 va contre son but,
puisqu'il n'est nullement pratique et qu'il
tend à fournir un plus grand nombre de
fonctionnaires. Il devrait être tout simple-
ment lo développement do l'enseignement
primaire supérieur.
/
[ Quant au baccalauréat, il faut non pas le
' supprimer, mais le transformer en dimi-
nuant de plus en plus la part d'aléa et en
tenant compte davantage du livret scolaire.
Cet examen d'ailleurs, pourrait être passé
& chaque chef-lieu de département, où se
rendraient les professeurs de Facultés qui
s'adjoindraient des professeurs de l'ensei-
gnement secondaire. On pourrait en dis-
penser les meilleurs élèves de chaque
classe.
Ici encore M. Croiset est de l'avis de
M. Lavisse, et il appuie le projet de M. Ram-
JMLUitque nous avoua .commenté dernière-
ment.
Le grec et le latin continuent d'ailleurs à
être sur la sellette : M. Sarrut. avocat géné-
ral à la cour de cassation, affirme que, pour
faire son droit, un étudiant n'a pas besoin
des langues mortes. M. Léveillé, professeur
à la Faculté de droit est du même avis.
Cependant beaucoup et pas des moindres
continuent à penser qu'il faudrait seule-
ment galvaniser l'enseignement secondaire
Je crois que ces derniers ont raison. Un
certain nombre de professeurs de lycée —
parmi les plus distingués — avaient beau-
coup espéré pour éclairer plusieurs ques-
tions du Congrès international de 1900. Mais
il s'est produit un grave accroc, et une par-
tie du Comité a donné sa démission. Voici
ce que je lis dans la Petite République :
(c Au début de janvier, tous les profes-
seurs étaient nommés, par le commissaire
général de l'Exposition, membres du comité
du Congrès international de l'enseignement
secondaire de 1000, congrès qui fait partie
de la série des congrés de l'Exposition de
1900. Donc, le projet issu du Congrès de
1898, sans s'élargir au sens précis du mot,
paraissait changer un peu de caractère et
s'appuyer sur des bases nouvelles; le Con-
grès de 1898 avait laissé à ses mandataires
une certaine liberté. Le comité promoteur
initial se fondait ainsi daus un comité plus
nombreux (trente-six membres) et de carac-
tère moins exclusivement .universitaire. Ce
nouveau comité comprenait le P. Didon,
qui figurerait déjà, paraît-il, dans la future
Exposition, à deux titrer difl'érents, et cela
par le fait du précédent ministère. La lettre
démi dtP co m ité initial ne fait- à
cette circonstance qu'une allusion très dis-
crète, mais elle y fait allusion.
Que va-t-il arriver maintenant? Une note
parue dans le Temps du 11 janvier se ter-
minait par cette réflexion : sans doute le
Congrès de l'enseignement secondaire de
1900 présentera cette particularité de ne
comprendre aucun professeur de l'enseigne-
ment public français.
D'autre part, on dit que dans ce qu il reste
du Comité de 1900(vingt membres sur trente-
six), certaines personnalités seraient dispo-
sées à se retirer aussi. Or, cette liste con-
tient des noms connus : MM. Henry Béren-
ger, Beck, A. Croiset, Dreyfus-Brissac, Lin-
lilhac, Picavet, Dr Roux, Mlle Salomon. On
sait d'ailleurs que le Comité du congrès in-
ternational de l'enseignement supérieur et
secondaire de 1889 était entièrement laïque
eL entièrement favorable aux idées moder-
nes.
Serait-il impossible de rester fidèle il
cette tradition, dont l'abandon s'explique
difficilement, et ne peut manquer de cau-
ser, dans de pareilles conditions, une grosse
snrnrisn. nour ne nas dire n!us? ->
P. K.
P. S. Mon dernier article sur les Ecoles
maternelles m'a valu la lettre suivanle qui
débute par une criliquo des vertus des
grands'mères. Ma correspondante a raison
en principe, mais dans la pratique, il vaut
mieux encore l'ignorance, mais 1 expérience
des vieilles femmes que l'ignorance sans
expérience des femmes...
...Mais combien vous avez raison quand
vous dites du personnel des Ecoles Mater-
nelles •
CI A vrai dire, une préparation spéciale lui
serait nécessaire. - Mais, cependant, je
verrais avec plus de satisfaction que cette
garderie d'enfants ne soit plus tenue, diri-
gée, surveillée par dos « jeunes sorties de
1 Ecole normale Il où elles se sont infusé
tant de science qu'elles ont ¡¡¡He et besoin
de pratiquer, et qui !eur devient immédia-
tement inutile (ou à peu près) pour les soins
spéciaux demandés en ces malernels écoles
et où leur santé, très anémiée, ne peut que
s'altérer en l'atmosphère viciée quoi qu'on
fasse, ainsi que vous le dites plus qu'on ne
le peut comprendre assez.
Il Je crois donc que l'idée d'une Ecole des
mères gagnerait à. être développée et qu a
cette école, pour laquelle j'affirme avec
vous que ricn au monde n'exige plus de don
de soi-meme que l'éducation d'un enfant;
des femmes veuves, de préférence, des
mères, seraient titulaires désignées pour
ces fonctions où le sens de l'éducation, con-
séquence de celui de l'observation, est in-
termédiaire obligé de celui d'un haut dé-
vouement... des médecins de région se
raient les Conseils tout indiqués.
« C'est par ces soins éclairés, de femmes
de cœur et de raisonnement éclairé aussi,
que ces Ecoles maternelles seraient, cha-
cune en elle-même, une école des mères,
où la mère, soucieuse et consciencieuse,
apprendrait quotidiennement, en reprenant
son enfant, que cet être si cher à son être,
digère, fonctionne, progresse mieux là qu en
ses mains, par ce que...
Permettez-moi, madame, de vous adresser
l'expression de ma sincère admiration et de
ma considération très distinguée.
M. J. R.
Mme U.C. - Cette enfanl peut obtenir,
après concours, une bourse dans une école
primaire supérieure avec internat.
Ces écoles sont en province; il faudrait
choisir uno région ; s'informer au ministère
de l'instruction publique de la date du con-
cours et des pièces à produire.
Mme Vve ;Petitjean. — Demander de ma
part le renseignement à M. l'inspecteur
d'Académie à Versailles, qui possède tous
les documents.
NOMINATIONS DANS LA LÉGION D'HONNEUR
Le président de la République française,
Sur le rapport du ministre do l'instruction
publique et des beaux-arls,
Vu la loi du 25 juillet 1873 ;
Vu la loi du 2S janvier 1897;
Vu la déclaration du conseil de 1 ordre
do la Légion d'honneur, en date du 17 jan-
vier 1899, portant que les promotions et
nominations comprises dans le présent dé-
cret sont faites en conformité des lois, dé-
crets et règlements en vigueur,
Décrète *
Art. i- — Sont promus ou nommés dans
l'ordre national de la Légion d'honneur :
Au grade de commandeur
M. Milnc-Edwards (Alphonse), directeur
du Muséum d'histoire naturelle, membre de
l'Institut. Officier du 19 avril 1881.
Au grade d'officier
M. Waltner (Charles-Albert), artiste gra-
veur. Chevalier du 13 juillet 1882.
M. Gailhard (pierre.), directeur du théâtre
national de l'Opéra. Chevalier du 9 juillet
1886.
Au grade de chevalier
M. Adam (Charles). recteur de l'académie
de Dijon,correspondant de l'institut ; 21 ans
de services.
M. Laine (Jules-Armand), professeur à la
! faculté do droit do l'université do. Paris;
1 24 ans do sorvices.
I(M. Floquet (Achille-Marie-Gaston), pro-
fesseur à la faculté des sciences de l'uni-
versité de Nancy; 29 ans de services.
M. Hanriot (Adrien - Armand - Maurice),
membre de l'Académie de médecine, agrégé
chef des travaux de chimie à la Faculté de
médecine de l'université de Paris; 22 ans
de services.
M. Loth (Joseph-Marie), doyen do la Fa-
culté des lettres de l'université de Rennes;
31 ans de services.
M. Blanchet (Désiré), conservateur adjoint
à la bibliothèque nationale ; 25 ans de ser-
vices. - -
M. Dufet (Jean-Baptiste-Henry), profes-
seur au lycée Saint-Louis et maître de con-
férences a l'école normale supérieure; 30
ans de services. Importantes publications
scientifiques.
M. Dauban (Albert-Jean-Joseph), provi-
seur du lycée de Lyon; 30 ans de services.
M. Dauphiné (Mathieu-François-Oswald),
professeur do rhétorique au lycée Condor-
cet; 33 ans do services.
M. Desmons (Louis), professeur de mathé-
matiques élémentaires (cours de Saint-Cyr)
au lycée de Janson-de-Sailly; 36 ans de ser-
vices.. , .
M. Biard (Amédée-Lucien-Alexis), profes-
seur d'anglais au lycée de Bordeaux, 33 ans
de services. „
M. Pierre (Albert-Anne-Hyacmthe), ins-
pecteur d'académie en résidence à Lille, di-
recteur départemental do l'enseignement
primaire du Nord ; 31 ans de services.
M. Potticr (François-Paul-Edmond), doc-
teur ès lettres, ancien élève de l'école nor-
male supérieure et do l'école;française d'A-
thènes. Professeur suppléant à l'école na-
tionale et spéciale des beaux-arts. Conser-
vateur adjoint au musée du Louvre ; 25 ans
de services. Lauréat de l'Institut.
M. do Curel (François), auteur dramati-
que..
M. Thomas (Auguste-Georges) dit Georges
d'Hsparbès, homme de lettres.
M. Moinaux (Gcorgos-Victor-Marcc') dit
Georges Courteline, homme, de lettres et
auteur dramatique.
M. Olive (Jean-Baptiste), artiste peintre.
Médailles : 301 classe 1885; 2* classe 1886 ;
«fergeat, E. u. tïOra concours.
M. Colin (Gustave-Henri), artiste peintre.
Médailles d'argent E. U. i889, hors con-
cours.
M. Cornilleau (Raoul) dit Carl Rosa, ar-
tiste peintre. Médailles : 3o classe 1893 ; 2*
classe 1896, hors concours.
M. Castaigne (Jean-Alexandre-Michel-An-
dré), artiste peintre. A exécuté un grand
nombre d'illustrations de livres en France
et à l'étranger.. .
M. Desca (Edmond), statuaire. Médailles :
30 classe 1881; 2" classe 1883; bourse de
voyage 1883; médaille 1" classe 1885, mé-
daille d'or E. U. 1889, hors concours.
M. Pujol (Paul-Casimir), architecte. Mé-
dail1c 2" classe 1881. A exécuté de nom-
breux et importants travaux d'architecture.
M. Vidal (Paul), compositeur de musique;
grand prix de llome 1883.
Art. 2. — Le ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts et le grand chan-
celier de la Légion d'honneur sont chargés,
~ chacun en ce qui le concerne, do l'exécu-
tion présent décret.
Fait à Paris, lo 20 janvier 1899.
FÉLIX FAURE.
Par le Président de la. République :
Le ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts,
GEORGES LEYGUES.
Enseignement primaire. — Postes vacants
Inspection de l'enseignement primaire
Arreau.
Cosne.
Issoudun.
Langogne.
Marennes.
Marvejols.
Périgueux.
Quimperlé.
Ruffec. j
Saint-Calais.
Sai n t-Jean-d e- Maurienne.
Sisteron.
Collège Chaptal, à Paris.
Un emploi do professeur directeur d'élu-
des (ordre des lettres).
Ecole primaire supérieure Edgar-Quinet, à
Paris.
Un emploi de professeur délégué pour
7 heures d'enseignement des lettres.
Ecoles nationales professionnelles.
Un emploi de professeur de dessin à Ar-
menlières.
Un emploi d'adjudant surveillant à Vicr-
zon.
LES BOURSES
Les sessions d'examen d'aptitude aux
bourses dans les IY0ées et collèges s ouvri-
ront dans tous les département : pour les
garçons, le jeudi 13 avril prochain; pour les
jeunes filles, le jeudi 20 avril. Les Inscrip-
tions seront reçues au secrélariat de cha-
que préfecture, du l"r au 25 mars.
Les candidats aux bourses de la classe de
septième série élémentaire devront justi-
fier, au moment de leur inscripLion,un stage
do six mois au moins dans un lycée ou dans
un collège. Aucun stage dans un établisse-
ment public d'enseignement secondaire
n'est exigé des candidats appartenant aux
autres séries.
Certificat d'aptitude au Professorat des
Ecoles normales
Le ministre de l'Instruction publique et
des Beaux-arts,
Vu la loi du 30 octobre 185o, article 21 ;
Vu le décret du 18 janvier 1887, article
t'N •
Le Conseil suoérieur de l'Instruction pu-
blique entendu,
Arrête :
Article unique. — Les articles 172 et 173 de
l'arrêté du 18 janvier 1887 sont modifiés
ainsi qu'il suit :
« Art. 172. — Les épreuves orales et pra-
tiques comprennent :
« Pour les lettres :
« 1- Une leçon sur un sujet tiré au sort.
dont la durée no dépassera pas une demi-
heure et qui pourra être suivie d'interroga-
I.ions portant soit sur le sujet qui a fait
l'objet do la leçon, soit sur toute autre par-
tie du programme. Trois heures sont
accordées pour !a préparation de cette
leçon. Cette préparation a lieu à huis clos;
« 2' La lecture expliquée d'un passage
pris dans un auteur classique français ;
« 3- La correction d'un devoir d 'élève-
maître....
« La lecture expliquée et la correction du
devoir sont précédées d 'une préparation
dont la durée no doit pas dépasser t.rois
quarts d'heure pour chacune des deux
épreuves;
« 4- L'explication, A livre ouvert, d un
texte allemand, anglais, ilalien, espagnol
ou arabe, suivie d'interrogations sur la
grammaire allemande, anglaise, italienne,
espagnole ou arabe (un quart d'heure) ;
« Pour les sciences :
cc te Une leçon sur un sujet tiré au sort,
dont la durée ne dépassera pas une demi-
heure. Il est accordé deux heures pour la
préparation de la leçon de mathématiques,
trois heures pour la préparation de la leçon
de sciences physiques ou de sciences natu-
rcJler. Cette préparation a lieu à huis clos,
I « 20 Une interrogation sur chacune des
I parties du programme (matbématiques,
sciences physiques, sciences naturelles^
Durée totale de l'épreuve pour les trois iu.
terrogations : trois quarts d'heure;
« 3° Une manipulation de physique ou
chimie et une démonstration pratique d 'his-
toire naturelle. Le sujet de la manipulation
ou de la démonstration est tiré au sort..
« Il est accordé une heure pour la mam"
pulation et une heure pour la démonstra-
tion d'histoire naturelle.
La liste des auteurs allemands, anglais,
italiens, espagnols ou arabes, aiijsi quek
celle des auteurs classiques français sur
Jeaquell porteront Les explications des» .
textes, est arrêtée par le ministre tous le.
trois ans.
(C L'usage de tout secours autre que ce-
lui des dictionnaires, atlas ou livres auto*
risés par la Commission est interdit.
« Art. 173. — Il est attribué à chaque can*
didat, pour chacune des épreuves écrites et
orales, une note distincte calculée de 0 &
20. Dans le total des points, les notes dei
diverses épreuves sont affectées de coeffi-
cients fixés chaque année par décision mi'
nistérielle au début de l'année scolaire et,
pour la session de 1899, avant l8* février d&
cetle année. n
Fait à Paris, le 20 janvier 1899.
GEORGES LEYGUES.
Le ministre de l'instruction publique Et
des beaux-arts,
Vu l'arrêté du 18 janvier 1887;
Vu l'arrêté du 20 janvier 1899 ;
Arrête :
Les coefficients à attribuer aux épreuve'#
écrites et aux épreuves orales et pratiquer
des certificals d'aptitude au professorat dei
écoles normales et des écoles primaires su;
périeures (ordre des lettres et ordre de'
sciences) sont fixés ainsi qu'il suit pour le.
examens de 1899 :
ORDRE DES LETTRES
! (Aspirants et aspirantes}
I Epreuves écrites
Littérature 2
Psychologie et moralo.............- 2
Histoire et géographie .............. 2
Langue vivante ..................... *
Epreuves orales et pratiques
Leçon 4
Lecture expliquée... 2
Correction d'un devoir 2
Langue vivante ...................... i
ORDRE DES SCIENCES
(Aspirants et aspirantes)
Epriuves écrites
Mathématiques - 2
Sciences physiques j
Sciences naturelles 1
Morale ou éducation ................ ~
Dessin géométrique .................. J/*
Dessin d'imitation .................. 1/'
Epreuves orales et pratiques
Leçon ¥
Interrogations sur les mathématiques 1
Interrogations sur les sciences phy-
siques *
Interrogations sur les sciences natu-
reHes.. •••* ....... *
Manipulations (sciences physiques
j et naturelles) 1
Fait à Paris, le 23 janvier 1899.
G. LEYGUES.
REVUE DE LA PRESSE
Couvertures de cahiers. — M. Sarcoj
raconte, dans le Temps, qu'il a reçu d m
père de famille une lettre dans laquclU
il se plaint des images dont sont agré-
mentées les couvertures des cahiers.
L'une d'elles représente un soldat l]m
tient un fusil et montre, avec un air dli
menace, un poteau sur lequel on lit d un
cote : Allemagne et de l'autre France.
Au-dessous, ces mots : « Sans la haine
de l'étranger, l'amour de la patrie est
faible. » Le père de famille n'admet pa*
cela et M. Sarcey ne l'admet pas davan-
tage :
Qui sait, dit-il, si les revirements de la
polilique européenne ne mettront pas nos
enfants, quand ils seront arrives a 1 ;tge
d'hommes, en présence d'une nation bien
plus envahissante, bien plus dangereuse,
bien plus désagréable et avec qui la lutte
sera infiniment plus âpre Il faudrait que
vous n'eussiez pas lu un journal de votre
vie pour ne pas deviner à qui et a quoi je
fais allusion ici. Eh b'cn! supposez que ce
moment vienne où une alliance s 'ïtllposo.
rait entre les deux grandes nations conti-
nenlalcs de l'Europe contre un ennemi
commun'? N'auriez-vous pas quelque rc'
aret, vous qui attisez les haines de vos fils,
si vous voyiez cette réconciliation néces-
saire se heurter à des préjuges et à des re-
pugnances invincibles, suscitées, entrete-
nues par vous? Est-ce que votre patrio-
tisme n'en souffrirait pas.
t,es instituteurs intelligents et vt,rita.
blement patriotes repoussent le chauvi-
nisme ridicule qu affectent certains bra-
vaches et ce n'est pas dans leurs clauses
qu'on trouvera ces images-la. L amour
de la Patrie repose sur des sentiments
autrement forts,autrcmentélevés,qu une
haine implacable et des mœurs farou-
ches.
Le rire à l'école. — Cyrano de nergerac a
ramené le rire sur la scène française, la
bon rire de nos grands comiques. Lomna
un pur rayon de notre clair soleil, e rire
gaulois a dissipé pour un le^Ps les
lards du nord, la mélancoho scanùmavohfoull-
dont notre théâtre était tout ^deuillo. M.
Fournier, dans le Maître pratique, en saluo
avec joie « l'allègre fanfare .» et s 'écl-ie :
Il Mais avec quel enthousiasme il faudrait
ar,oue lir 10 pédagogue bien français qui
signalerait comme ue péril national 1 iniil-
tration étrangère dans nos écoles et nos
méthodes d'enseignement.
« On dirige sans cesse nos regards du
côté de nos voisins de l'Est, on nous hypno-
tise par des statistiques suspectes, ou nous.
éblouit par des lableaux mensongers, et
nous acceptons tout: méthodes, livres el lo
reste. Pour un peu, nous conterions le cas-
que à pointe....
« De grâce t restons Français. Lame en-
fantine, comme l àme des hommes fran-
çais, est autre que Famé allemande ou
scandinave et veut être traitée autrement.
L'école « à la prussienne Il qu'on voulait
implanter chez nous n'a pas reussi, retour-
nons à ceux qui nous l'ont envoyé ce pro-
duit frelaté. N'oublions pas que ce rire est
une clef magique qui ouvre plus do cœur!!
que la sévérité, et que le Père de la péda-
1 gogie française est Rabelais, ce maître du
rire. »
Nous recevons chaque jour ^
breuses lettres de dames r
vons dans fimpossibilité de
toutes et nous les prions de vouloir bien
envoyer les manuscrits qu elles désire-
raient voir inséj er
flu61iés¡ fils placent à la Direction.
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