Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-01-14
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 janvier 1899 14 janvier 1899
Description : 1899/01/14 (A3,N402). 1899/01/14 (A3,N402).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703521q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Supplément quotidien du journal LA FRONDE
Choses de
l'Enseignement
En décembre dernier, c'est-à-dire il y
atout au plus quatre semaines, la direc-
trice de la Fronde me fit passer une let-
tre que venait de lui adresser une mère
de famille. Celle-ci accusait vivement la
directrice et le personnel d'une école ma-
ternelle de Paris, de se refuser à garder
les enfants après quatre heures — ainsi
que le règlement les y oblige de punir,
et même de maltraiter ceux qui seprésen-
taientle jeudi. Beaucoup de mères sou-
cieuses du bien-être de leurs mioches,
étaient forcées de les conduire, ce jour-
là, dans une autre école — trop éloignée
malheureusement — où la directrice,
non-seulement plus consciencieuse mais
plus humaine, voulait bien les recevoir.
La signataire de la lettre demandait
— naturellemcnt -que le journal entrât
en campagne contre le personnel incri-
^Bicn décidée à tirer l'affaire au clair, et
à l'arranger, surtout, sans mettre le pu-
blic trop disposé à pécher en eau trouble,
au courant de nos misères je me dirigeai
le jeudi suivant vers l'école indiquée, et
j'y arrivai à dix heures, sachant, par ex-
périe llce,que c'est,en général, l heure où
les écoles battent leur plein.
Je répète que c'était un jeudi. Or le
jeud i le congé des écoles primai permet-
tant aux « grands » frères et aux (1 gran-
des Il sœurs de garder les petits, un grand
nombre de ceux-ci restent à la maison.
L'école maternelle est, ce jour-lit, ce
qu'elle devrait être tous les jours, une
gai derie - dans le sens élevé du mot —
pour les enfants dont les mères ne peu-
vent réellement pas s 'occupi,-r. Eh bien,
ce jeudi, à dix heures du matin, et par
un temps très acceptable (cequiest encore
une circonstance importante) il y avait
quatre-vingt-seize enfants réunis dans le
préau couvert.
De plus, la femme de service, chargée
de la cantine, était en train de prépa-
rer le repas de midi pour quatre-vingts
enfants (un certain nombre apportent
leur déjeuner dans leur panier, et les
plu* voisins vont déjeuner chez eux.)
Evidemment, le renseignement était
faux ; la dénonciatrice et la directrice
avaient eu sans doute une discussion;
elles avaient peut-être échangé quelques-
unes d'' ces aménités que,dans le peuple,
l'on appelle des « raisons », et... les dieux
ne sont pas les seuls a apprécier le plai-
sir tle la vengeance.
Quelques jours plus tard, je racontais
mon expédition devant une personne très 1
documentée sur les questions scolaires, !
elle me répondit : « Je connais une école
maternelle, (ou bien l'on m'a parlé d'une
école maternelle) où l'on donne un bon
point le vendredi a tous les enfants qui
ne sont pas venus la veille.
Le second cas est identique au pre-
Tiicr, le procédé seul digère ; il n'est pas
tccommandublc, il est contraire au rè-
glement ; mais il est, au moins, à la fois j
ingénieux et humain. i
Les écoles maternelles ! C'est une
partit; de mon existence ; par élan, par
tournure «l'esprit, par métier, par habi- j
tude, je m'en occupe et m'en préoccupe ; ,
les incidents que je viens de raconter
ajoutaient seulement deux numéros à la
liste de mes not''s. Or voilà que tout ré-
cemment .it- relève dans le Bulletin offi-
tirlmunicipales lignes suggestives ci-
dessous :
Renvoi à l'Administration d'une propo-
sition de M. Chausse relative au service
des institutrices des écoles maternelles.
M. Chausse, rapporteur. --- Messieurs, la
Ie Commission a été saisie de diverses péti-
tions d'institutrices des écoles maternelles
;0 plaignant que leur service soit trop
îliargé."
Il n'a pas été encore possible de donner
satisfaction à leurs réclamations. Néan-
moins, la Commission, ne voulant pas
lue l'idée s;)it abandonnée, a décidé de
Vous proposer le projet de délibération sui-
vant :
« Le Conseil
Il Délibère :
L'Administration est invitée à étudier et
tt soumettre prochainement au Conseil un
projet de nature à soulager le service des
institutrices des écoles maternelles.
« Signé : Chausse. »
Le renvoi à l'Administration est prononcé.
De ce service trop « chargé nous par-
lerons plus loin; pour le moment, il me
parait intéressant... piquant même n'est
pas trop fort, de mettre en regard de ce
« renvoi à l'administration ),, la délibé-
ration suivante prise par le Conseil mu
nicipal. ces jours derniers :
1898. 3030. — Virement de crédit concernant
le personnel des écoles pl'imaires(M,Chaussc,
1 rapporteur).
Le Conseil,
Vu le mémoire, en date du 19 décem-
bre 1898, par lequel M. le Préfet de la Seine :
1° Expose que le crédit inscrit au budget
(chap. 19, art. 13, sous-détails 1,2 et 3, Trai-
tements, promotions et créations d'emplois
du personnel des écoles maternelles) lais-
sera, à la fin de l'année 1898, un disponible
de 10,000 francs environ ; que, d'autre part,
il existe une insuffisance de 7,000 francs
sur le crédit inscrit au chap. 19, art. 16
(Traitements, promotions, titularisations et
créations d'emplois du personnel des écoles
primaires);
2* Propose, pour faire face a cette insuffi-
sance, de prélever la somme de 7,00o francs
sur le chap. 19, art. 13, pour être rattachée
à l'art. 16 du même chapitre.
Délibère :
Article premier. — Il sera prélevé une
somme de 7,000 francs sur le chap. 19, art. 13,
sous-détail 11P E (Traitements des écoles
maternelles).
Art. 2. — Cette somme sera rattachée au
chap. 19, art. 16, sous-détail lia P E (Ecoles
primaires, traitements).
1898. 3069. — Virement de crédits concernant
les écoles maternelles (M. Chausse, rappor-
teur.)
Le Conseil,
Vu le mémoire, en date du 21 décembre
1898, par lequel M. le Préfet de la Seine ;
1° Expose que le crédit inscrit à l'art. 12,
sous-détail; 2° du chap. 19 du budget de
l'exercice 1898 (Indemnités pour garderies
du matin, classes de garde du soir et rem-
placements dans les écoles), est insuffisant
pour faire face à toutes les dépenses que
nécessitera, en 1898, le fonctionnement de
ces services;
Propose le prélèvement sur lart. 13,
chap. 19, sous-détail l' (Ecoles maternelles,
traitements), d'une somme de 5,000 francs
pour être rattachée à l'arl. 2 du même cha-
pitre (Garderies du matin, classes de garde
et remplacements),
Délibère :
Une somme de 5,000 francs sera prélevée
sur les crédits inscrits à l'art. 13 du chap. 19,
sur le détail 1", du budget de 1898 (Ecoles
maternelles, traitements), et rattachée à
l'art. 12 sur le même chapitre, sous-détail 2-
(Garderies, classe de garde et remplace-
ments).
11 n'est pas nécessaire d'être grand
clerc pour comprendre que la petite
somme en question aurait Il déchargé »
si peu que ce soit le service du personnel
des écoles maternelles, comme il amé-
liorera, d'autant, celui du personnel des
écoles primaires; mais ce sont là détails
infimes,c'est le « service toutenlicr» oui
appelle notre sollicitude et c'est de lui
qu'il faut s'occuper sérieusement.
Chacun sait — en gros, en très gros —
ce que c'est qu'une école maternelle. La
loi la définit ainsi : « Un établissement
de première éducation, dans lequel les
entants des deux sexes — de deux à six
ans — reçoivent les soins que nécessite
leur développement physique, moral et
intellectuel. »
Je prie mes lecteurs de retenir sur-
tout deux termes : deux ans et soins.
Puis je m'adresse aux mères de fa-
mille, à celles qui ont souci de leurs de-
voirs, et je leur demande :
to S'il faut autre chose que des soins à
des enfants de deux à quatre ans;
2° Le temps que nécessitent ces soins
à chaque instant renouvelés.
3° Co qu'il leur faut do santé, do pa-
tience, d'abnégation même pour les don-
ner sans défaillance.
41 Ce qu'il leur faut de finesse, d'obser-
vation, de tact et de persévérance pour
que les soins moraux et intellectuels
s'infiltrent pour ainsi dire dans l'àme de
l'enfant, pendant que l'on soigne son
corps, et qu'ils s'y inlîltrentà son insu.
Pour une telle tâche toutes les qualités
maîtresses de la femme entrent un jeu.
A vrai dire, une préparation spéciale lui
serait nécessaire. Que deviendraient, en
effet, les bébés si la grand'inère expé-
rimentée n'était III pour guider la mère,
et que de petits cercueils partent tous les
jours sur des brancards, parce que cette
expérience a fait défaut!
! A mesure que l'enfant se développe,
la tache de la mère — lorsque celle-ci a
le sens de l'observation — est facilitée,
tant pour les soins à donner au corps,
que pour l'éducation morale, par les res-
semblances héréditaires et ataviques qui
généralement s'accentuent chaque jour.
Il est vrai de dire que, malheureusement,
les difficultés se multiplient il mesure
que l'enfant grandit. L'on peut donc af-
firmer que rien au monde n'exige plus
de don de soi-même que l'éducation d'un
enfant.
Reportez-vous maintenant de la fa-
mille où sont réunis dell,l', trois mioches
de deux a six ans, que la mère connaît
— on peut hasarder : molécule après mo-
lécule— dans une école maternelle qui
en réunit cent cinquante (l'effectif de
beaucoup d'entre-elles est plus élevé ;
dans certaines régions TROIS CENTS paraît
encore un chiffre modeste ; une des
gloires d'une sous-préfecture bretonne,
était, il y a quinze ans son école mater-
nelle comptant sept cents enfants !), sous
la surveillance de trois maîtresses (une
par cinquante élèves dit la loi) lorsque
la loi est appliquée. Considérez que ces
enfants venus à l'école de milieux diffé-
rents, y apportent des habitudes et des
penchants dont les maîtresses ne peu-
vent pas toujours déterminer la cause;
pensez enfin il. ceux dont la pauvreté, la
misère, et souvent le vice originel ont
altéré la grâce, s'ils ne l'ont pas détruite
tout à fait, et vous vous rendrez compte
dam la* t%che écoles maternelles.
Et encore je n'ai pas tout dit 1 Vos
oreilles perçoivent-elles, par exemple, le
bruit causé, l'hiver surtout, dans les sal-
les de récréation par ces centaines de
pieds chaussés de sabots? Voyez-vous la
poussière ? Comprenez-vous ce que l'on
souffre de l'atmosphère viciée quoi que
l'on fasse.
Et je ne parle pas, en ce moment et
pour cause,de ce travail décevantqui con-
siste à enseigner trop tôt, et contraire-
ment à toute raison pédagogique, à toute
raison psychologique, physiologique et
humaine, des choses que l'enfant ne peut
s'assimiler... parce que c'est trop tôt.
Pour tout individu qui aime les en-
fants, et qui s'intéresse a ceux qui se dé-
vouent à leur éducation, il est évident
que nous nous trompons en ce qui con-
cerne les écoles maternelles ; d'une part,
nous tenons à les généraliser, alors qu'il
faudrait ne les entretenir qu'à bon es-
cient, c'est à dire dans les centres où les
mères sont occupées au dehors, d'autre
part, nous en faisons des écoles, des éco-
les lamentables, tant pour le personnel
qui les dirige que pour les enfants qui
les fréquentent.
On m'accordera,sans peine je l'espère,
que l'enfant et la mère sont faits l'un
pour l'autre ; que d'une part, l'enfant
élevé hors du giron est une plante désac-
climatée ; et que, d'autre part, la mère
sans son enfant est découronnée. Dans
une société idéale, il n'y aura donc pas
plus de place pour l'école maternelle que
pour la crèche, et ce qui me désole c'est
la tendance actuelle à se séparer du tout
petit lorsque l'on peut le garder auprès
de soi ; c'est la tendance à généraliser
une institution qui n'a été au début, et j
qui devrait continuer à n'être qu'une at-
ténuation au mal social. De l'école mater-
nelle à la caserne, l'enfant est toujours
en dehors de la famille.
L'école maternelle, c'est, en substance,
l'asile protecteur pour l'enfant dont le
foyer est désert toute la journée ; il doit
y trouver des soins quasi-maternels ; il
devrait s'y développer librement comme
il se serait développé dans sa famille, et
n'y apprendre que ce que la nature bonne
et judicieuse lui aurait, enseigné sans
qu'il s'en doutât.
Entre l'école maternelle où l'enfant de-
vrait simplement éclore, et l'école pri-
maire où il va pour apprendre, il y a une
différence profonde que l'on s'obstine a
ne plus mesurer. Parce que l'on a assi-
milé comme préparation—et je fais mon
meâ culpa, car je suis une des coupables
— le personnel de l'une et de l'autre. La
première est devenue une école prépara-
toire à la secollde,Toutes les matières du
programme primaire sont devenues les
matières du programme maternel, au
grand détriment du développement in-
tellectuel des petits, de leur développe-
ment physique et de leur bonheur. Oui !
au grand détriment de leur bonheur.
Certes, on calomnie odieusement le
personnel de ces écoles en l'accusant de
dureté ; mais il est évident que les maî-
tresses, vu le nombre des enfants, vu le
règlement, vu la tournure scolaire pré-
maturée donnée à l'établissement, ne
peuvent pas les rendre heureux. Ils ont
à l'école maternelle le bonheur négatif,
c'est-à-dire l'absence de souffrance. Ce
n'est pas assez.
Comment voulez-vous que l'on rende
heureux, cent cinquanteenfants quel'on
est forcé — vu leur nombre, vu l'exé-
guité relative du local, vu le manque
presque absolu d'objets familiers — de
soumettre à une discipline qui, — malgré
sa douceur voulue — les empêche de vi-
vre il leur guise. C'est-à-dire comme ils
vivraient dans la famille? Comment vou-
lez-vous que l'on rende heureux des
enfants à qui, par ordre, et aussi par habi-
tude, par préjugé, par quasi-impossibi-
lité de faire autrement, on cherche à
enseigner l' ce qu'ils apprendraient mer-
veilleusement tout seuls; 2- des choses
notoirement disproportionnées qu'ils
n'apprennent pas, bien entendu, et qu'ils
n'apprendront pas plus tard, lassés, bla-
sés, dégoûtés par les leçons prématurées?
Regardez vos enfants, à vous, ceux de
deux à quatre ans; allez dans les écoles
maternelles et vous conclurez comme
moi que les enfants qui les fréquentent
sont, malgréile dévoûment et la bonté
indéniables des maîtresses, les victimes
d'une institution détournée de son but.
Je viens de « vivre » ce sentiment pen-
dant les derniers congés, où j'avais la
joie de posséder ma petite fille de deux
ans et demi (cent fois plus développée,
se développant elle-même, que ses con-
temporains des écoles maternelles ) et
trois de ses cousines âgées de quatre
aos, de trois ans et de deux ans.
t
nous
to Des soins matériels, pour un mini-
mum de cinquante enfants chacune dont
un certain nombre par aggravation,
n'ont reçu chez eux, faute de temps,
faute de linge, faute de savon, faute de
bonne volonté, quelquefois, que des
soins sommaires ai pas de soins du tout.
2° Des soins moraux, rendus difficiles
par le milieu d'où sortent les enfants;
milieu inconnu de la plupart des mai-
tresses.
31 Un enseignement suivi, règlementé,
méthodique de choses notoirement au-
dessus de leur âge.
1 4' Une douceur, une maîtrise de soi,
une gaieté à toute épreuve, et nous déci-
derons :
D'abord que nous ne saurions faire
pour elles trop de sacrifices. Ensuite,
qu'il faudrait s'assurer avant de les
faire ramer dans cette galère qu'elles
sont trempées par la vocation.
La vocation ? Sauf exceptions — met-
tons le quart, pour être large — le per-
sonnel ne l'a pas. Il fait son devoir, par
devoir, ce qui est déjà bien beau; mais
il est loin de vivre dans son rêve réalisé.
La jeune fille qui entre à l'école nor-
male veut être institutrice dans une
école primaire, c'est-à-dire qu'elle veut
enseigner ; elle s'est préparée pour Y en-
seign(-ineiii ; elle accepte trois années
d'internat et de travail très sérieux à
l'école normale, pour faire son éducation
professionnelle d'iiistiiiilî-îce ; l esprit
même de l'école, l'esprit de l'enseigne-
ment, les méthodes, les procédés ten-
dent vers l'école primaire. Ce qui touche
l'éducation de la première enfance n'y
est vraiment qu'un accessoire...
En sortant de l'école normale, pour-
vue du viatique, c'est-à-dire du diplôme
supérieur, elle est envoyée, selon les
besoins du service dans une école ma-
ternelle, et... vous savez le reste.
Comme aggravation, dans certaines
villes, les municipalités, en vue de réa-
liser une économie, annexent une crè-
che à l'école maternelle, et la directrice
de l'école devient la directrice des deux
établissements.
C'est un désastre pour les nourris-
sons, pour les enfants, pour les mai-
tresses 1
Et je vous demande à quoi sert; en
cette occurence — non pas l'instruction
— mais la direction donnée à l'instruc-
tion dans les écoles normales.
Conclusions :
L'école maternelle doit être ramenée
à son but initial.
Le personnel des écoles maternelles
doit être un personnel spécial, ayant
choisi sa carrière ; ayant été préparé
spécialement à la poursuivre, avec in-
telligence comme avec joie.
'En attendant, déchargez autant que
possible le service des maitresses, en
multipliant le nombre des adjointes dans
chaque école, et employer pour elles
tous les crédits inscrits à leur budget.
Nous parlerons bientôt du personnel
des écoles primaires.
PAULINE KERGOMARD.
Une Circulaire
Dans une circulaire que M. Gréard vient
d'adresser aux inspecteurs d'académie, le
vice-recteur recherche les causer de la di-
minution des boursiers et indique les
moyens d'y remédier :
« Les boursiers sortis ne sont pas toujours
remplacés par un nombre égal de boursiers
entrants. L'administration supérieure, en
effet, désireuse d'éviter aux familles des dé-
placements coûteux, place de préférence
les boursiers dans les établissements les
plus voisins de leur pays d'origine. Par
suite, lorsqu'il ne trouve pas dans une ré-
gion un nombre suffisant de candidats uti-
lement classés pour obtenir une bourse, il
devient impossible que les établissements
de cette région soient pourvus du nombre
de boursiers qu'ils pouvaient espérer. »
Afin d'atténuer cet inconvénient, M.
Gréard voudrait qu'on recherchât avec soin
dans les établissements d'enseignement
primaire « les enfants que leur intelligence
et leur assiduité au travail, ainsi que leur
situation de fortune, les titres et les inten-
tions de leurs parents semblent désigner
plus spécialement à l'octroi d'une bourse
dans les établissements d'enseignement se-
condaire. Le vice-recteur demande aux pro-
viseurs et principaux, aux directrices de
lycées et collèges de jeunes filles de se met-
tre en rapport avec les instituteurs et insti-
tutrices des écoles rurales et les directeurs et
directrices des écoles urbaines, de s'enquérir
auprès d'eux des candidats qui auraient le
plus de chance à réussir, et de « leur don-
ner, au besoin les indications nécessaires
pour assurer une préparation efficace. »
M. Gréard termine sa circulaire en priant
les chefs d'établissement de prendre immé-
Il ajoute :
« Il vous appartient, monsieur 1 inspec-
teur d'académie, d'appeler l'attention du
personnel secondaire et primaire placé sous
vos ordres sur les avantages qu une action
commune ainsi comprise présenterait pour
une sélection rationnelle des intelligences
et pour le bon recrutement de l'enseigne-
ment secondaire. e
Radical.
Conseil Municipal
DE PARIS
Renvoi à la 4* Commission et à l'Adminis-
tration d'une proposition de M. Brard
tendant à la construction de deux écoles
frimaires snpérieures dans le quartier du
Pont-de-Flandre.
M. Brard. — Messieurs, j'ai l'honneur
d'appeler toute l'attention du Conseil mu-
nicipal sur l'utilité qu'il y aurait à cons-
truire une école supérieure de jeunes gens
et de jeunes filles dans mon quartier (quar-
tier du Pont-de-Ftandre).
Messieurs, vous savez comme moi que
les écoles les plus proches sont l'école su-
périeure Edgar-Quinet pour les jeunes
filles, située rue des Martyrs, 63, et l'école
Colbert, 27, rue Château-Landon, qui se
trouve un peu plus près.
Mais, malgré cela, ces deux écoles ne
peuvent suftire, car il ne faut pas oublier
que les quartiers du Pont-de-Flandre, de la
Villette, une partie du Combat et d'Améri-
que représentent une population totale de
100,000 habitants.
Maintenant vous avez les communes de
Pantin, Aubervilliers, qui nous représentent
une population de 60,000 habitants.
Donc, Messieurs, vous voyez que vous
vous trouvez1 en face d'une grande popula-
tion de 160 à 180,000 nabitants.
Eh! Messieurs, quelle est donc la ville
ayant un si grand nombre d'habitants qui
ne possède pas un collège de filles et de
garçons? Il y a urgence, Messieurs, à ce
que l'on étudie cette situation, surtout au
moment où l'on va démolir les fortifica-
tions; il en résulterait que l 'on pourrait
s'assurer les terrains nécessaires à la cons-
truction de cette école.
D'autre part, il y a encore des terrains
rue de l'Ourcq, à l'angle de la rue de Thion-
ville, qui sont complètement libres, où l'on
pourrait faire de magnifiques écoles.
En conséquence, Messieurs, j'ai l'honneur
de vous proposer le projet de délibération
suivant ;
« Le Conseil
« Délibère ;
« La 4e Commission, d'accord avec l'Admi-
nistration, est invitée à étudier un projet
de construction d'école supérieure de tilles
et de garçons dans le quartier du Pont-de-
Flandre, c'est-à-dire au centre de cette
nombreuse population. »
Je demande le renvoi à la 4' Commission
et à l'Administration.
M. le Président. — La proposition de
M. Brard est renvoyée à la 4' Commission
et à l'Administration.
1898 . 2832. — Bourses municipales A L'école
de dessin de la rue Vavin (M. Bellan, rap-
porteur).
Le Conseil,
Vu sa délibération, en date du 7 juillet,
portant création de dix bourses municipales
d'études à l'école de dessin, 19, rue Vavin;
Vu l'arrêté préfectoral, en date da 18 août
1898, portant approbation de cette délibé-
ration ;
Vu l'arrêté préfectoral, en date du 23 no-
vembre 1898, portant règlement d'attribu-
tion des bourses dont il s'agit;
Vu l'engagement pris par M. A. Guérin,
directeur de l'école de dessin, 19, rue Va-
vin, de faire jouir les bénéficiaires desdites
bourses, désignés par le Conseil munici-
pal, du même enseignement complet que
celui qui est donné aux élèves payants,
malgré la différence du prix payé par ces
derniers (750 fr.) et du taux des bourses
(400 fr.) ;
Vu le mémoire de M. le Préfet de la
Seine, en date du 10 décembre 1898;
Sur le rapport verbal de M. Bellan, au
nom de la ie Commission,
Délibère :
Article premier. — Sont rejetées les con-
clusions du mémoire, en date du 10 dé-
cembre 1898, par lequel M. le Préfet de la
Seine propose de désigner les dix premiers
titulaires d'une bourse municipale à l'école
de dessin de la rue Vavin parmi les candi-
dats qui ont adressé une demande à cet
; effet.
Art. 2. — L'Administration est invitée a
: faire procéder à un concours pour l'attri-
, bution de ces bourses et il soumettre au
■ Conseil, dès la prochaine session, la liste
' des admissibles.
Examen de l'Enseignement
PRIMAIRE
Le ministre de 1 instruction publique et
des beaux-arts,
Vu le décret et l'arrêté du 18 janvier 1887,
Arrête :
Les sessions annuelles d'examens pour
l'obtention des deux brevets de capacité
iwront
Aspirantes :
Brevet élémentaire : 23 mai. — Clôture
du registre d'inscription : 8 mai.
Brevet supérieur: 19 juin. — Clôture du
registre d'inscription: 3 juin.
Aspirants .•
Brevet élémentaire : 3 juillet, — Clôture
du registre d'inscription : 17 juin.
Brevet supérieur: 17juillet. — Clôture du
registre d'inscription : 1er juillet.
Algérie
Aspirantes :
Brevet élémentaire : 5 juin. — Clôture du
registre d'inscription : 20 mai.
Brevet supérieur : 12 juin. — Clôture du
registre d'inscription : 27 mai.
Aspirants :
Brevet élémentaire : 19 juin. — Clôture
du registre d'inscription : 3 juin.
Brevet supérieur : 26 juin. — Clôture du
registre d'inscription : 10 juin.
Départements.
Aspirantes :
Brevet élémentaire : 19 juin. — Clôture
du registre d'inscription : 3 juin.
Brevet supérieur : 18 juillet. — Clôture
du registre d'inscription : 3 juillet.
Aspirants :
Brevet élémentaire : 26 juin. — Clôture
du registre d'inscription : 10 juin.
Brevet supérieur : 10 juillet. — Clôture du
registre d'inscription : 24 juin.
2" SESSION
Départements (France et Algérie).
Aspirantes :
Brevet élémentaire : 2 octobre. — ClOture
du registre d'inscription : 16 septembre.
Brevet supérieur : 10 octobre. — Clôture
du registre d'inscription : 25 septembre.
Aspirants :
Brevet élémentaire : 5 octobre. — Clôture
du registre d'inscription : 20 septembre.
Brevet supérieur ; 17 octobre. — Clôture
du registre d'inscription : 2 octobre.
Parts.
Aspirantes :
Brevet élémentaire : 9 octobre. — Clôtura
du registre d'inscription : 23 septembre.
Brevet supérieur : 26 octobre. — Clôture
du registre d'inscription : Il octobre.
Aspirants :
Brevet élémentaire : 9 novembre. -- Cl&«
ture du registre d'inscription : i5 octobre.
Brevet supérieur : 20 novembre. — Clô-
ture du registre d'inscription : 4 novembre/
Fait à Paris, le 4 janvier 1899.
G. LEYGUBB.
Le ministre de l'instruction publique et
des beaux-arts,
Vu le décret et l'arrêté du 18 janvier
1887;
Vu l'arrêté du 7 octobre 1898 ;
Vu l'arrêté du 16 décembre 1898 ;
Arrête :
Les dates des examens et concours de.
l'enseignement primaire, en 1899, sont
fixées ainsi qu'il suit : A
Certificat d'aptitude à l'inspection pri-
maire (aspirants et aspirantes) (session ex-''
traordinaire).
Date de l'ouverture de la session : 9 jan-
vier.
Clôture du registre d'inscription : 31 dé-
cembre (1898).
Certificat d aptitude à l'enseignement de
la comptabilité dans les écoles normales et
dans les écoles primaires supérieures (as-
pirants et aspirantes): '
Date de l'ouverture de la session : 30 jan-
vier.
Clôture du registre d'inscription : 31 dé-
cembre (1898).. 1
Certificat d'aptitude à l'enseignement du
dessin dans les écoles normales et dans les
écoles primaires supérieures (aspirants et
aspirantes) :
Date de l'ouverture de ta session : 6 mars.
Clôture du registre d*inscription : 4 fé-
vrier.
Examens pour l'obtention des bourses
dans les écoles nationales professionnelles
(Armentières, Nantes, Vierzon, Voiront :
Date de l'ouverture ilp la session : 8 mai.
Clôture du registre d'inscription : 31 mars.
Examens pour l'obtention des bourses
dans les établissements d'enseignement
primaire supérieur :
Aspirants :
Date de l'ouverture de la session : 9 mal.
Clôture du registre d'inscription : 31 mars.
Aspirantes :
Date de l'ouverture de la session : 15 mai.
Clôture du registre d'inse:')ption : 31 mars.
Certificat d'aptitude a l'enseignement du
chant dans tes écoles normales et dans les
écoles primaires supérieures (aspirants et
aspirantes) :
(3)
LA TRIBUNE
14 JANVIER 1899
Adam Mickievitch
1798-1855
Cette rubrique forme tm feuilleton eelMf
font le sujet change tous la trois jours.
Les idées exagérées de Mickievitch le
firent rompre avec la plupart des
émigrants polonais un peu plus tard, il
est vrai, mais alors qu'il était encore
professeur au Collège de France ses re-
lations avec ses compatriotes se firent
de plus en plus froides. En 1845, le gou-
vernement de Louis-Philippe flt suppri-
mer un cours qui s'était par trop éloigné
de son but. Vers 1849, le comte Xavier
Branisky donna 700.000 roubles (2 mil-
lions de francs) pour fonder un journal
devant s'occuper exclusivement de la
Dolitioue étrangère et DrillciDalemcnt de
la question polonaise; il n'existait alors
aucun journal conçu dans cet esprit. Les
seules nouvelles de l'étranger qu'on eût
en France étaient données par le Times
et le Journal des Débats et encore très 1
rarement.
Le nouveau journal fut appelé « La
1 Tribune du peuple », Adam Mickievitch
en fut le directeur. La création de ce
I journal fut une occasion de rencontre
entre Mickievitch et le célèbre émigrant
russe Hertzen. Hertzen est. une des plus
remarquables figures du milieu de notre
siècle. Fils naturel du richissime Jakou-
leff, élevé dans le plus grand luxe, il a
cependant regardé les horreurs de l'es-
clavage, et son cœur en a été blessé; les
supplices des révolutionnaires de 1825
desquels il fut témoin firentégalementsur
lui une profonde impression, et il se jura
de venger ces martyrs. Après la mort de
son père, il fit de nombreuses démar-
ches pour obtenir un passeport pour l'é-
tranger et vint à Paris avec sa famille.
Il prit une grande part à la révolution
de 1840 et a tous les mouvements démo-
cratiques, toujours du côté des plus fai-
bles, du côté du peuple français, polo-
nais ou italien. Ami des Mazzini, Gari-
baldi, Hochout, il édita avec Proudhon
le journal La Voix du peuple.
Naturellement, l'usurpateur Napo-
léon III craignait un tel homme et Hert-
zen dut quitter la France. Il se rendit
d'abord en Suisse, prit la nationalité de
Genève.
Dans cette ville.il fut accablé d'un dou-
ble malheur: sa mère, qu'il adorait, et
son petit fils périrent dans un accident
de bateau.
Il partit alors à Londres, fonda, avec
l'aide de son ami Ogarieff, une typogra-
phie russe et fit paraître un journal, la
Cloche.
Ce journal eut une grande influence
sur le mouvement socialiste de la Russie,
Hertzen y publiait tout ce qui était inter-
dit en Russie et y faisait connaître toutes
les vilenies du gouvernement et des fonc-
tionnaires. Alexandre Il lisait ce journal
chaque jour.
La Cloche avait une telle influence que
la grande crainte des fonctionnaires était
d'y être signalés. Voici, à ce propos un
fait historique : le directeur du théâtre
impérial, GuedeonofT, abusant de ce qu'il
était le neveu d'un ministre, signalait
son autorité par une foule de malhonnê-
tetés ; par exemple, il supprimait aux ac-
teurs, pour le mettre dans sa poche, la
moitié du salaire que ceux-ci devaient
recevoir.
Les acteurs de Moscou racontèrent
leurs ennuis à M. Shcpkine qui vint à
Saint-Pétersbourg trouver Gucdeonoff.et
lui exposa les réclamations si justes des
acteurs. Guedeonoff ne voulut rien enten-
dre, traita Shepkine de canaille. Dans ce
cas, répondit celui-ci, je serai obligé de
faire insérer ces faits dans la Cloche.
Le jour suivant, les salaires étaient in-
tégralement payés.
La Cloche, éditée dix ans en langue
russe le fut ensuite, pendant ses deux
dernières années, en langue française.
Inutile de dire qu'Horizon prit une
grande part au mouvement en faveur de
la Pologne, et dès la fondation de la
Tribune du Peuple il y fut invité
comme collaborateur. Ce fut dans le di-
ner qui précéda l'apparition du journal
qu'Hertzen et Mickiévitch se rencontrè-
rent. Cette rencontre est écrite d'une
façon fort intéressante dans les mé-
moires d'Herlzen, « Mickievilch était de-
bout près de la cheminée, son visage
essentiellement Lithuanien reflétait beau-
coup de pensées et de souffrance ; l'ex-
pression générale de sa physionomie,
sa tète couronnée de beaux cheveux
blancs, son regard fatigué révélaient les
malheurs passés, les peines intimes, la
douleur profonde.
« C'était un portrait plastique des des-
tinées de la Pologne, et en même temps
glissait sur son visage quelque chose d'in-
saisissable, c'était son étrange mysti-
cisme qui grandissait de plus en plus n.
La vie de La Tribune 'du peuple fut
éphémère, Mickievitch était trop fana-
tique et trop bonapartiste pour qu'il en
soit autrement.
Quand commença la guerre deCrimée,
Mickievitch qui venait de perdre sa
femme (il avait épousé la fille de la cé-
lèbre pianiste Sckimanovska), abandon na
la place de bibliothécaire à l'Arsenal qu'il
avait reçue de Napoléon III, fut chargé
d'une mission en Turquie et se rendit à
Constantinople... son idée fixe, la recons-
titution de la Pologne fut la cause de
cette détermination, il espérait réunir les
Polonais dispersés dans la péninsule des
Balkans, former un certain nombre de
légions, et peut-être aider à la revanche.
Mais la fatigue et les dangers du sé-
jour en Orient l'emportèrent avec sa
douce illusion. Le 2ü novembre 1855, pris
d'une attaque de choléra, il succomba en
quelques heures. Ses restes furent rame-
nés en France et déposés au cimetière
de Montmorency. En 1890, l'empereur
d'Autriche autorisa leur translation à
Cracovic, 011 ils sont maintenant à côté
des dépouilles des rois et des héros de la
Pologne.
Telle fut l'étrange fortune de l'homme
de génie qui, de son vivant même, a été
considéré comme le plus grand des
poètes polonais, pour avoir eu le mérite
de créer une véritable poésie nationale
affranchie de toute dépendance des litté-
ratures étrangères.
Les œuvres de Mickievitch, interdites
pendant fort longtemps dans la Pologne
Russe comprennent, outre les travaux
que nous avons déjà cités, ses cours sté-
nographiés qui forment cinq volumes,
de nombreux écrits, des discours et une
Correspondance fort intéressante.
Miehelrt, qui était l'ami de Mickievitch
et son collègue au collège de France
ainsi que Quinet, a dit en parlant de ses
deux amis : « Mickievitch nous était uni
par le cœur,'par le fond de la pensée
môme... Ce cœur oriental par le langage
et les figures, se rattachait intimement
aux nôtres, à l'inspiration de deux hom-.,
mes d'occident. C'était l'appel à l'hé-
roïsme, aux grandes et hautes volontés,
au sacrifice illimité... 1) Pour répondre à
l'enthousiasme de son auditoire... Mic-
kievitch fut forcé de percer son nuage
sombre pour cette France sympathique.
Pour elle, il tirait du cœur une lumière
de révélations qui n'eut pas jailli peut-
être dans tes profondeurs obscures de
son Nord lithuanien. Vous l'avons vu
quelquefois plus qu'un homme. Une
flamme vivante (sublime et douloureux
spectacle), des larmes mêlées d'éclairs
erraient dans ses yeux sanglants.
Le jour du Il mai 1843 fut l'un des
plus beaux de ma vie, Quinet et Mickie-
vitch l'un à droite, l'autre à gauche, as-
sistèrent à ma leçon. Entre la Pologne et
la France, ayant près de moi, devant moi
tant d'illustres étrangers Italiens, Hon-
grois, Allemands, je me sentis dans la
poitrine une Ame, celle de l'Europe, »
>.4
JULIA VLADA.
FIN
Lire demala à la tribune de la « FROXDE 1
SOUVENIRS SUR LA. COIB DIP
VIENNE
par IBO.
Choses de
l'Enseignement
En décembre dernier, c'est-à-dire il y
atout au plus quatre semaines, la direc-
trice de la Fronde me fit passer une let-
tre que venait de lui adresser une mère
de famille. Celle-ci accusait vivement la
directrice et le personnel d'une école ma-
ternelle de Paris, de se refuser à garder
les enfants après quatre heures — ainsi
que le règlement les y oblige de punir,
et même de maltraiter ceux qui seprésen-
taientle jeudi. Beaucoup de mères sou-
cieuses du bien-être de leurs mioches,
étaient forcées de les conduire, ce jour-
là, dans une autre école — trop éloignée
malheureusement — où la directrice,
non-seulement plus consciencieuse mais
plus humaine, voulait bien les recevoir.
La signataire de la lettre demandait
— naturellemcnt -que le journal entrât
en campagne contre le personnel incri-
^Bicn décidée à tirer l'affaire au clair, et
à l'arranger, surtout, sans mettre le pu-
blic trop disposé à pécher en eau trouble,
au courant de nos misères je me dirigeai
le jeudi suivant vers l'école indiquée, et
j'y arrivai à dix heures, sachant, par ex-
périe llce,que c'est,en général, l heure où
les écoles battent leur plein.
Je répète que c'était un jeudi. Or le
jeud i le congé des écoles primai permet-
tant aux « grands » frères et aux (1 gran-
des Il sœurs de garder les petits, un grand
nombre de ceux-ci restent à la maison.
L'école maternelle est, ce jour-lit, ce
qu'elle devrait être tous les jours, une
gai derie - dans le sens élevé du mot —
pour les enfants dont les mères ne peu-
vent réellement pas s 'occupi,-r. Eh bien,
ce jeudi, à dix heures du matin, et par
un temps très acceptable (cequiest encore
une circonstance importante) il y avait
quatre-vingt-seize enfants réunis dans le
préau couvert.
De plus, la femme de service, chargée
de la cantine, était en train de prépa-
rer le repas de midi pour quatre-vingts
enfants (un certain nombre apportent
leur déjeuner dans leur panier, et les
plu* voisins vont déjeuner chez eux.)
Evidemment, le renseignement était
faux ; la dénonciatrice et la directrice
avaient eu sans doute une discussion;
elles avaient peut-être échangé quelques-
unes d'' ces aménités que,dans le peuple,
l'on appelle des « raisons », et... les dieux
ne sont pas les seuls a apprécier le plai-
sir tle la vengeance.
Quelques jours plus tard, je racontais
mon expédition devant une personne très 1
documentée sur les questions scolaires, !
elle me répondit : « Je connais une école
maternelle, (ou bien l'on m'a parlé d'une
école maternelle) où l'on donne un bon
point le vendredi a tous les enfants qui
ne sont pas venus la veille.
Le second cas est identique au pre-
Tiicr, le procédé seul digère ; il n'est pas
tccommandublc, il est contraire au rè-
glement ; mais il est, au moins, à la fois j
ingénieux et humain. i
Les écoles maternelles ! C'est une
partit; de mon existence ; par élan, par
tournure «l'esprit, par métier, par habi- j
tude, je m'en occupe et m'en préoccupe ; ,
les incidents que je viens de raconter
ajoutaient seulement deux numéros à la
liste de mes not''s. Or voilà que tout ré-
cemment .it- relève dans le Bulletin offi-
tirlmunicipales lignes suggestives ci-
dessous :
Renvoi à l'Administration d'une propo-
sition de M. Chausse relative au service
des institutrices des écoles maternelles.
M. Chausse, rapporteur. --- Messieurs, la
Ie Commission a été saisie de diverses péti-
tions d'institutrices des écoles maternelles
;0 plaignant que leur service soit trop
îliargé."
Il n'a pas été encore possible de donner
satisfaction à leurs réclamations. Néan-
moins, la Commission, ne voulant pas
lue l'idée s;)it abandonnée, a décidé de
Vous proposer le projet de délibération sui-
vant :
« Le Conseil
Il Délibère :
L'Administration est invitée à étudier et
tt soumettre prochainement au Conseil un
projet de nature à soulager le service des
institutrices des écoles maternelles.
« Signé : Chausse. »
Le renvoi à l'Administration est prononcé.
De ce service trop « chargé nous par-
lerons plus loin; pour le moment, il me
parait intéressant... piquant même n'est
pas trop fort, de mettre en regard de ce
« renvoi à l'administration ),, la délibé-
ration suivante prise par le Conseil mu
nicipal. ces jours derniers :
1898. 3030. — Virement de crédit concernant
le personnel des écoles pl'imaires(M,Chaussc,
1 rapporteur).
Le Conseil,
Vu le mémoire, en date du 19 décem-
bre 1898, par lequel M. le Préfet de la Seine :
1° Expose que le crédit inscrit au budget
(chap. 19, art. 13, sous-détails 1,2 et 3, Trai-
tements, promotions et créations d'emplois
du personnel des écoles maternelles) lais-
sera, à la fin de l'année 1898, un disponible
de 10,000 francs environ ; que, d'autre part,
il existe une insuffisance de 7,000 francs
sur le crédit inscrit au chap. 19, art. 16
(Traitements, promotions, titularisations et
créations d'emplois du personnel des écoles
primaires);
2* Propose, pour faire face a cette insuffi-
sance, de prélever la somme de 7,00o francs
sur le chap. 19, art. 13, pour être rattachée
à l'art. 16 du même chapitre.
Délibère :
Article premier. — Il sera prélevé une
somme de 7,000 francs sur le chap. 19, art. 13,
sous-détail 11P E (Traitements des écoles
maternelles).
Art. 2. — Cette somme sera rattachée au
chap. 19, art. 16, sous-détail lia P E (Ecoles
primaires, traitements).
1898. 3069. — Virement de crédits concernant
les écoles maternelles (M. Chausse, rappor-
teur.)
Le Conseil,
Vu le mémoire, en date du 21 décembre
1898, par lequel M. le Préfet de la Seine ;
1° Expose que le crédit inscrit à l'art. 12,
sous-détail; 2° du chap. 19 du budget de
l'exercice 1898 (Indemnités pour garderies
du matin, classes de garde du soir et rem-
placements dans les écoles), est insuffisant
pour faire face à toutes les dépenses que
nécessitera, en 1898, le fonctionnement de
ces services;
Propose le prélèvement sur lart. 13,
chap. 19, sous-détail l' (Ecoles maternelles,
traitements), d'une somme de 5,000 francs
pour être rattachée à l'arl. 2 du même cha-
pitre (Garderies du matin, classes de garde
et remplacements),
Délibère :
Une somme de 5,000 francs sera prélevée
sur les crédits inscrits à l'art. 13 du chap. 19,
sur le détail 1", du budget de 1898 (Ecoles
maternelles, traitements), et rattachée à
l'art. 12 sur le même chapitre, sous-détail 2-
(Garderies, classe de garde et remplace-
ments).
11 n'est pas nécessaire d'être grand
clerc pour comprendre que la petite
somme en question aurait Il déchargé »
si peu que ce soit le service du personnel
des écoles maternelles, comme il amé-
liorera, d'autant, celui du personnel des
écoles primaires; mais ce sont là détails
infimes,c'est le « service toutenlicr» oui
appelle notre sollicitude et c'est de lui
qu'il faut s'occuper sérieusement.
Chacun sait — en gros, en très gros —
ce que c'est qu'une école maternelle. La
loi la définit ainsi : « Un établissement
de première éducation, dans lequel les
entants des deux sexes — de deux à six
ans — reçoivent les soins que nécessite
leur développement physique, moral et
intellectuel. »
Je prie mes lecteurs de retenir sur-
tout deux termes : deux ans et soins.
Puis je m'adresse aux mères de fa-
mille, à celles qui ont souci de leurs de-
voirs, et je leur demande :
to S'il faut autre chose que des soins à
des enfants de deux à quatre ans;
2° Le temps que nécessitent ces soins
à chaque instant renouvelés.
3° Co qu'il leur faut do santé, do pa-
tience, d'abnégation même pour les don-
ner sans défaillance.
41 Ce qu'il leur faut de finesse, d'obser-
vation, de tact et de persévérance pour
que les soins moraux et intellectuels
s'infiltrent pour ainsi dire dans l'àme de
l'enfant, pendant que l'on soigne son
corps, et qu'ils s'y inlîltrentà son insu.
Pour une telle tâche toutes les qualités
maîtresses de la femme entrent un jeu.
A vrai dire, une préparation spéciale lui
serait nécessaire. Que deviendraient, en
effet, les bébés si la grand'inère expé-
rimentée n'était III pour guider la mère,
et que de petits cercueils partent tous les
jours sur des brancards, parce que cette
expérience a fait défaut!
! A mesure que l'enfant se développe,
la tache de la mère — lorsque celle-ci a
le sens de l'observation — est facilitée,
tant pour les soins à donner au corps,
que pour l'éducation morale, par les res-
semblances héréditaires et ataviques qui
généralement s'accentuent chaque jour.
Il est vrai de dire que, malheureusement,
les difficultés se multiplient il mesure
que l'enfant grandit. L'on peut donc af-
firmer que rien au monde n'exige plus
de don de soi-même que l'éducation d'un
enfant.
Reportez-vous maintenant de la fa-
mille où sont réunis dell,l', trois mioches
de deux a six ans, que la mère connaît
— on peut hasarder : molécule après mo-
lécule— dans une école maternelle qui
en réunit cent cinquante (l'effectif de
beaucoup d'entre-elles est plus élevé ;
dans certaines régions TROIS CENTS paraît
encore un chiffre modeste ; une des
gloires d'une sous-préfecture bretonne,
était, il y a quinze ans son école mater-
nelle comptant sept cents enfants !), sous
la surveillance de trois maîtresses (une
par cinquante élèves dit la loi) lorsque
la loi est appliquée. Considérez que ces
enfants venus à l'école de milieux diffé-
rents, y apportent des habitudes et des
penchants dont les maîtresses ne peu-
vent pas toujours déterminer la cause;
pensez enfin il. ceux dont la pauvreté, la
misère, et souvent le vice originel ont
altéré la grâce, s'ils ne l'ont pas détruite
tout à fait, et vous vous rendrez compte
dam la* t%che
Et encore je n'ai pas tout dit 1 Vos
oreilles perçoivent-elles, par exemple, le
bruit causé, l'hiver surtout, dans les sal-
les de récréation par ces centaines de
pieds chaussés de sabots? Voyez-vous la
poussière ? Comprenez-vous ce que l'on
souffre de l'atmosphère viciée quoi que
l'on fasse.
Et je ne parle pas, en ce moment et
pour cause,de ce travail décevantqui con-
siste à enseigner trop tôt, et contraire-
ment à toute raison pédagogique, à toute
raison psychologique, physiologique et
humaine, des choses que l'enfant ne peut
s'assimiler... parce que c'est trop tôt.
Pour tout individu qui aime les en-
fants, et qui s'intéresse a ceux qui se dé-
vouent à leur éducation, il est évident
que nous nous trompons en ce qui con-
cerne les écoles maternelles ; d'une part,
nous tenons à les généraliser, alors qu'il
faudrait ne les entretenir qu'à bon es-
cient, c'est à dire dans les centres où les
mères sont occupées au dehors, d'autre
part, nous en faisons des écoles, des éco-
les lamentables, tant pour le personnel
qui les dirige que pour les enfants qui
les fréquentent.
On m'accordera,sans peine je l'espère,
que l'enfant et la mère sont faits l'un
pour l'autre ; que d'une part, l'enfant
élevé hors du giron est une plante désac-
climatée ; et que, d'autre part, la mère
sans son enfant est découronnée. Dans
une société idéale, il n'y aura donc pas
plus de place pour l'école maternelle que
pour la crèche, et ce qui me désole c'est
la tendance actuelle à se séparer du tout
petit lorsque l'on peut le garder auprès
de soi ; c'est la tendance à généraliser
une institution qui n'a été au début, et j
qui devrait continuer à n'être qu'une at-
ténuation au mal social. De l'école mater-
nelle à la caserne, l'enfant est toujours
en dehors de la famille.
L'école maternelle, c'est, en substance,
l'asile protecteur pour l'enfant dont le
foyer est désert toute la journée ; il doit
y trouver des soins quasi-maternels ; il
devrait s'y développer librement comme
il se serait développé dans sa famille, et
n'y apprendre que ce que la nature bonne
et judicieuse lui aurait, enseigné sans
qu'il s'en doutât.
Entre l'école maternelle où l'enfant de-
vrait simplement éclore, et l'école pri-
maire où il va pour apprendre, il y a une
différence profonde que l'on s'obstine a
ne plus mesurer. Parce que l'on a assi-
milé comme préparation—et je fais mon
meâ culpa, car je suis une des coupables
— le personnel de l'une et de l'autre. La
première est devenue une école prépara-
toire à la secollde,Toutes les matières du
programme primaire sont devenues les
matières du programme maternel, au
grand détriment du développement in-
tellectuel des petits, de leur développe-
ment physique et de leur bonheur. Oui !
au grand détriment de leur bonheur.
Certes, on calomnie odieusement le
personnel de ces écoles en l'accusant de
dureté ; mais il est évident que les maî-
tresses, vu le nombre des enfants, vu le
règlement, vu la tournure scolaire pré-
maturée donnée à l'établissement, ne
peuvent pas les rendre heureux. Ils ont
à l'école maternelle le bonheur négatif,
c'est-à-dire l'absence de souffrance. Ce
n'est pas assez.
Comment voulez-vous que l'on rende
heureux, cent cinquanteenfants quel'on
est forcé — vu leur nombre, vu l'exé-
guité relative du local, vu le manque
presque absolu d'objets familiers — de
soumettre à une discipline qui, — malgré
sa douceur voulue — les empêche de vi-
vre il leur guise. C'est-à-dire comme ils
vivraient dans la famille? Comment vou-
lez-vous que l'on rende heureux des
enfants à qui, par ordre, et aussi par habi-
tude, par préjugé, par quasi-impossibi-
lité de faire autrement, on cherche à
enseigner l' ce qu'ils apprendraient mer-
veilleusement tout seuls; 2- des choses
notoirement disproportionnées qu'ils
n'apprennent pas, bien entendu, et qu'ils
n'apprendront pas plus tard, lassés, bla-
sés, dégoûtés par les leçons prématurées?
Regardez vos enfants, à vous, ceux de
deux à quatre ans; allez dans les écoles
maternelles et vous conclurez comme
moi que les enfants qui les fréquentent
sont, malgréile dévoûment et la bonté
indéniables des maîtresses, les victimes
d'une institution détournée de son but.
Je viens de « vivre » ce sentiment pen-
dant les derniers congés, où j'avais la
joie de posséder ma petite fille de deux
ans et demi (cent fois plus développée,
se développant elle-même, que ses con-
temporains des écoles maternelles ) et
trois de ses cousines âgées de quatre
aos, de trois ans et de deux ans.
t
nous
to Des soins matériels, pour un mini-
mum de cinquante enfants chacune dont
un certain nombre par aggravation,
n'ont reçu chez eux, faute de temps,
faute de linge, faute de savon, faute de
bonne volonté, quelquefois, que des
soins sommaires ai pas de soins du tout.
2° Des soins moraux, rendus difficiles
par le milieu d'où sortent les enfants;
milieu inconnu de la plupart des mai-
tresses.
31 Un enseignement suivi, règlementé,
méthodique de choses notoirement au-
dessus de leur âge.
1 4' Une douceur, une maîtrise de soi,
une gaieté à toute épreuve, et nous déci-
derons :
D'abord que nous ne saurions faire
pour elles trop de sacrifices. Ensuite,
qu'il faudrait s'assurer avant de les
faire ramer dans cette galère qu'elles
sont trempées par la vocation.
La vocation ? Sauf exceptions — met-
tons le quart, pour être large — le per-
sonnel ne l'a pas. Il fait son devoir, par
devoir, ce qui est déjà bien beau; mais
il est loin de vivre dans son rêve réalisé.
La jeune fille qui entre à l'école nor-
male veut être institutrice dans une
école primaire, c'est-à-dire qu'elle veut
enseigner ; elle s'est préparée pour Y en-
seign(-ineiii ; elle accepte trois années
d'internat et de travail très sérieux à
l'école normale, pour faire son éducation
professionnelle d'iiistiiiilî-îce ; l esprit
même de l'école, l'esprit de l'enseigne-
ment, les méthodes, les procédés ten-
dent vers l'école primaire. Ce qui touche
l'éducation de la première enfance n'y
est vraiment qu'un accessoire...
En sortant de l'école normale, pour-
vue du viatique, c'est-à-dire du diplôme
supérieur, elle est envoyée, selon les
besoins du service dans une école ma-
ternelle, et... vous savez le reste.
Comme aggravation, dans certaines
villes, les municipalités, en vue de réa-
liser une économie, annexent une crè-
che à l'école maternelle, et la directrice
de l'école devient la directrice des deux
établissements.
C'est un désastre pour les nourris-
sons, pour les enfants, pour les mai-
tresses 1
Et je vous demande à quoi sert; en
cette occurence — non pas l'instruction
— mais la direction donnée à l'instruc-
tion dans les écoles normales.
Conclusions :
L'école maternelle doit être ramenée
à son but initial.
Le personnel des écoles maternelles
doit être un personnel spécial, ayant
choisi sa carrière ; ayant été préparé
spécialement à la poursuivre, avec in-
telligence comme avec joie.
'En attendant, déchargez autant que
possible le service des maitresses, en
multipliant le nombre des adjointes dans
chaque école, et employer pour elles
tous les crédits inscrits à leur budget.
Nous parlerons bientôt du personnel
des écoles primaires.
PAULINE KERGOMARD.
Une Circulaire
Dans une circulaire que M. Gréard vient
d'adresser aux inspecteurs d'académie, le
vice-recteur recherche les causer de la di-
minution des boursiers et indique les
moyens d'y remédier :
« Les boursiers sortis ne sont pas toujours
remplacés par un nombre égal de boursiers
entrants. L'administration supérieure, en
effet, désireuse d'éviter aux familles des dé-
placements coûteux, place de préférence
les boursiers dans les établissements les
plus voisins de leur pays d'origine. Par
suite, lorsqu'il ne trouve pas dans une ré-
gion un nombre suffisant de candidats uti-
lement classés pour obtenir une bourse, il
devient impossible que les établissements
de cette région soient pourvus du nombre
de boursiers qu'ils pouvaient espérer. »
Afin d'atténuer cet inconvénient, M.
Gréard voudrait qu'on recherchât avec soin
dans les établissements d'enseignement
primaire « les enfants que leur intelligence
et leur assiduité au travail, ainsi que leur
situation de fortune, les titres et les inten-
tions de leurs parents semblent désigner
plus spécialement à l'octroi d'une bourse
dans les établissements d'enseignement se-
condaire. Le vice-recteur demande aux pro-
viseurs et principaux, aux directrices de
lycées et collèges de jeunes filles de se met-
tre en rapport avec les instituteurs et insti-
tutrices des écoles rurales et les directeurs et
directrices des écoles urbaines, de s'enquérir
auprès d'eux des candidats qui auraient le
plus de chance à réussir, et de « leur don-
ner, au besoin les indications nécessaires
pour assurer une préparation efficace. »
M. Gréard termine sa circulaire en priant
les chefs d'établissement de prendre immé-
Il ajoute :
« Il vous appartient, monsieur 1 inspec-
teur d'académie, d'appeler l'attention du
personnel secondaire et primaire placé sous
vos ordres sur les avantages qu une action
commune ainsi comprise présenterait pour
une sélection rationnelle des intelligences
et pour le bon recrutement de l'enseigne-
ment secondaire. e
Radical.
Conseil Municipal
DE PARIS
Renvoi à la 4* Commission et à l'Adminis-
tration d'une proposition de M. Brard
tendant à la construction de deux écoles
frimaires snpérieures dans le quartier du
Pont-de-Flandre.
M. Brard. — Messieurs, j'ai l'honneur
d'appeler toute l'attention du Conseil mu-
nicipal sur l'utilité qu'il y aurait à cons-
truire une école supérieure de jeunes gens
et de jeunes filles dans mon quartier (quar-
tier du Pont-de-Ftandre).
Messieurs, vous savez comme moi que
les écoles les plus proches sont l'école su-
périeure Edgar-Quinet pour les jeunes
filles, située rue des Martyrs, 63, et l'école
Colbert, 27, rue Château-Landon, qui se
trouve un peu plus près.
Mais, malgré cela, ces deux écoles ne
peuvent suftire, car il ne faut pas oublier
que les quartiers du Pont-de-Flandre, de la
Villette, une partie du Combat et d'Améri-
que représentent une population totale de
100,000 habitants.
Maintenant vous avez les communes de
Pantin, Aubervilliers, qui nous représentent
une population de 60,000 habitants.
Donc, Messieurs, vous voyez que vous
vous trouvez1 en face d'une grande popula-
tion de 160 à 180,000 nabitants.
Eh! Messieurs, quelle est donc la ville
ayant un si grand nombre d'habitants qui
ne possède pas un collège de filles et de
garçons? Il y a urgence, Messieurs, à ce
que l'on étudie cette situation, surtout au
moment où l'on va démolir les fortifica-
tions; il en résulterait que l 'on pourrait
s'assurer les terrains nécessaires à la cons-
truction de cette école.
D'autre part, il y a encore des terrains
rue de l'Ourcq, à l'angle de la rue de Thion-
ville, qui sont complètement libres, où l'on
pourrait faire de magnifiques écoles.
En conséquence, Messieurs, j'ai l'honneur
de vous proposer le projet de délibération
suivant ;
« Le Conseil
« Délibère ;
« La 4e Commission, d'accord avec l'Admi-
nistration, est invitée à étudier un projet
de construction d'école supérieure de tilles
et de garçons dans le quartier du Pont-de-
Flandre, c'est-à-dire au centre de cette
nombreuse population. »
Je demande le renvoi à la 4' Commission
et à l'Administration.
M. le Président. — La proposition de
M. Brard est renvoyée à la 4' Commission
et à l'Administration.
1898 . 2832. — Bourses municipales A L'école
de dessin de la rue Vavin (M. Bellan, rap-
porteur).
Le Conseil,
Vu sa délibération, en date du 7 juillet,
portant création de dix bourses municipales
d'études à l'école de dessin, 19, rue Vavin;
Vu l'arrêté préfectoral, en date da 18 août
1898, portant approbation de cette délibé-
ration ;
Vu l'arrêté préfectoral, en date du 23 no-
vembre 1898, portant règlement d'attribu-
tion des bourses dont il s'agit;
Vu l'engagement pris par M. A. Guérin,
directeur de l'école de dessin, 19, rue Va-
vin, de faire jouir les bénéficiaires desdites
bourses, désignés par le Conseil munici-
pal, du même enseignement complet que
celui qui est donné aux élèves payants,
malgré la différence du prix payé par ces
derniers (750 fr.) et du taux des bourses
(400 fr.) ;
Vu le mémoire de M. le Préfet de la
Seine, en date du 10 décembre 1898;
Sur le rapport verbal de M. Bellan, au
nom de la ie Commission,
Délibère :
Article premier. — Sont rejetées les con-
clusions du mémoire, en date du 10 dé-
cembre 1898, par lequel M. le Préfet de la
Seine propose de désigner les dix premiers
titulaires d'une bourse municipale à l'école
de dessin de la rue Vavin parmi les candi-
dats qui ont adressé une demande à cet
; effet.
Art. 2. — L'Administration est invitée a
: faire procéder à un concours pour l'attri-
, bution de ces bourses et il soumettre au
■ Conseil, dès la prochaine session, la liste
' des admissibles.
Examen de l'Enseignement
PRIMAIRE
Le ministre de 1 instruction publique et
des beaux-arts,
Vu le décret et l'arrêté du 18 janvier 1887,
Arrête :
Les sessions annuelles d'examens pour
l'obtention des deux brevets de capacité
iwront
Aspirantes :
Brevet élémentaire : 23 mai. — Clôture
du registre d'inscription : 8 mai.
Brevet supérieur: 19 juin. — Clôture du
registre d'inscription: 3 juin.
Aspirants .•
Brevet élémentaire : 3 juillet, — Clôture
du registre d'inscription : 17 juin.
Brevet supérieur: 17juillet. — Clôture du
registre d'inscription : 1er juillet.
Algérie
Aspirantes :
Brevet élémentaire : 5 juin. — Clôture du
registre d'inscription : 20 mai.
Brevet supérieur : 12 juin. — Clôture du
registre d'inscription : 27 mai.
Aspirants :
Brevet élémentaire : 19 juin. — Clôture
du registre d'inscription : 3 juin.
Brevet supérieur : 26 juin. — Clôture du
registre d'inscription : 10 juin.
Départements.
Aspirantes :
Brevet élémentaire : 19 juin. — Clôture
du registre d'inscription : 3 juin.
Brevet supérieur : 18 juillet. — Clôture
du registre d'inscription : 3 juillet.
Aspirants :
Brevet élémentaire : 26 juin. — Clôture
du registre d'inscription : 10 juin.
Brevet supérieur : 10 juillet. — Clôture du
registre d'inscription : 24 juin.
2" SESSION
Départements (France et Algérie).
Aspirantes :
Brevet élémentaire : 2 octobre. — ClOture
du registre d'inscription : 16 septembre.
Brevet supérieur : 10 octobre. — Clôture
du registre d'inscription : 25 septembre.
Aspirants :
Brevet élémentaire : 5 octobre. — Clôture
du registre d'inscription : 20 septembre.
Brevet supérieur ; 17 octobre. — Clôture
du registre d'inscription : 2 octobre.
Parts.
Aspirantes :
Brevet élémentaire : 9 octobre. — Clôtura
du registre d'inscription : 23 septembre.
Brevet supérieur : 26 octobre. — Clôture
du registre d'inscription : Il octobre.
Aspirants :
Brevet élémentaire : 9 novembre. -- Cl&«
ture du registre d'inscription : i5 octobre.
Brevet supérieur : 20 novembre. — Clô-
ture du registre d'inscription : 4 novembre/
Fait à Paris, le 4 janvier 1899.
G. LEYGUBB.
Le ministre de l'instruction publique et
des beaux-arts,
Vu le décret et l'arrêté du 18 janvier
1887;
Vu l'arrêté du 7 octobre 1898 ;
Vu l'arrêté du 16 décembre 1898 ;
Arrête :
Les dates des examens et concours de.
l'enseignement primaire, en 1899, sont
fixées ainsi qu'il suit : A
Certificat d'aptitude à l'inspection pri-
maire (aspirants et aspirantes) (session ex-''
traordinaire).
Date de l'ouverture de la session : 9 jan-
vier.
Clôture du registre d'inscription : 31 dé-
cembre (1898).
Certificat d aptitude à l'enseignement de
la comptabilité dans les écoles normales et
dans les écoles primaires supérieures (as-
pirants et aspirantes): '
Date de l'ouverture de la session : 30 jan-
vier.
Clôture du registre d'inscription : 31 dé-
cembre (1898).. 1
Certificat d'aptitude à l'enseignement du
dessin dans les écoles normales et dans les
écoles primaires supérieures (aspirants et
aspirantes) :
Date de l'ouverture de ta session : 6 mars.
Clôture du registre d*inscription : 4 fé-
vrier.
Examens pour l'obtention des bourses
dans les écoles nationales professionnelles
(Armentières, Nantes, Vierzon, Voiront :
Date de l'ouverture ilp la session : 8 mai.
Clôture du registre d'inscription : 31 mars.
Examens pour l'obtention des bourses
dans les établissements d'enseignement
primaire supérieur :
Aspirants :
Date de l'ouverture de la session : 9 mal.
Clôture du registre d'inscription : 31 mars.
Aspirantes :
Date de l'ouverture de la session : 15 mai.
Clôture du registre d'inse:')ption : 31 mars.
Certificat d'aptitude a l'enseignement du
chant dans tes écoles normales et dans les
écoles primaires supérieures (aspirants et
aspirantes) :
(3)
LA TRIBUNE
14 JANVIER 1899
Adam Mickievitch
1798-1855
Cette rubrique forme tm feuilleton eelMf
font le sujet change tous la trois jours.
Les idées exagérées de Mickievitch le
firent rompre avec la plupart des
émigrants polonais un peu plus tard, il
est vrai, mais alors qu'il était encore
professeur au Collège de France ses re-
lations avec ses compatriotes se firent
de plus en plus froides. En 1845, le gou-
vernement de Louis-Philippe flt suppri-
mer un cours qui s'était par trop éloigné
de son but. Vers 1849, le comte Xavier
Branisky donna 700.000 roubles (2 mil-
lions de francs) pour fonder un journal
devant s'occuper exclusivement de la
Dolitioue étrangère et DrillciDalemcnt de
la question polonaise; il n'existait alors
aucun journal conçu dans cet esprit. Les
seules nouvelles de l'étranger qu'on eût
en France étaient données par le Times
et le Journal des Débats et encore très 1
rarement.
Le nouveau journal fut appelé « La
1 Tribune du peuple », Adam Mickievitch
en fut le directeur. La création de ce
I journal fut une occasion de rencontre
entre Mickievitch et le célèbre émigrant
russe Hertzen. Hertzen est. une des plus
remarquables figures du milieu de notre
siècle. Fils naturel du richissime Jakou-
leff, élevé dans le plus grand luxe, il a
cependant regardé les horreurs de l'es-
clavage, et son cœur en a été blessé; les
supplices des révolutionnaires de 1825
desquels il fut témoin firentégalementsur
lui une profonde impression, et il se jura
de venger ces martyrs. Après la mort de
son père, il fit de nombreuses démar-
ches pour obtenir un passeport pour l'é-
tranger et vint à Paris avec sa famille.
Il prit une grande part à la révolution
de 1840 et a tous les mouvements démo-
cratiques, toujours du côté des plus fai-
bles, du côté du peuple français, polo-
nais ou italien. Ami des Mazzini, Gari-
baldi, Hochout, il édita avec Proudhon
le journal La Voix du peuple.
Naturellement, l'usurpateur Napo-
léon III craignait un tel homme et Hert-
zen dut quitter la France. Il se rendit
d'abord en Suisse, prit la nationalité de
Genève.
Dans cette ville.il fut accablé d'un dou-
ble malheur: sa mère, qu'il adorait, et
son petit fils périrent dans un accident
de bateau.
Il partit alors à Londres, fonda, avec
l'aide de son ami Ogarieff, une typogra-
phie russe et fit paraître un journal, la
Cloche.
Ce journal eut une grande influence
sur le mouvement socialiste de la Russie,
Hertzen y publiait tout ce qui était inter-
dit en Russie et y faisait connaître toutes
les vilenies du gouvernement et des fonc-
tionnaires. Alexandre Il lisait ce journal
chaque jour.
La Cloche avait une telle influence que
la grande crainte des fonctionnaires était
d'y être signalés. Voici, à ce propos un
fait historique : le directeur du théâtre
impérial, GuedeonofT, abusant de ce qu'il
était le neveu d'un ministre, signalait
son autorité par une foule de malhonnê-
tetés ; par exemple, il supprimait aux ac-
teurs, pour le mettre dans sa poche, la
moitié du salaire que ceux-ci devaient
recevoir.
Les acteurs de Moscou racontèrent
leurs ennuis à M. Shcpkine qui vint à
Saint-Pétersbourg trouver Gucdeonoff.et
lui exposa les réclamations si justes des
acteurs. Guedeonoff ne voulut rien enten-
dre, traita Shepkine de canaille. Dans ce
cas, répondit celui-ci, je serai obligé de
faire insérer ces faits dans la Cloche.
Le jour suivant, les salaires étaient in-
tégralement payés.
La Cloche, éditée dix ans en langue
russe le fut ensuite, pendant ses deux
dernières années, en langue française.
Inutile de dire qu'Horizon prit une
grande part au mouvement en faveur de
la Pologne, et dès la fondation de la
Tribune du Peuple il y fut invité
comme collaborateur. Ce fut dans le di-
ner qui précéda l'apparition du journal
qu'Hertzen et Mickiévitch se rencontrè-
rent. Cette rencontre est écrite d'une
façon fort intéressante dans les mé-
moires d'Herlzen, « Mickievilch était de-
bout près de la cheminée, son visage
essentiellement Lithuanien reflétait beau-
coup de pensées et de souffrance ; l'ex-
pression générale de sa physionomie,
sa tète couronnée de beaux cheveux
blancs, son regard fatigué révélaient les
malheurs passés, les peines intimes, la
douleur profonde.
« C'était un portrait plastique des des-
tinées de la Pologne, et en même temps
glissait sur son visage quelque chose d'in-
saisissable, c'était son étrange mysti-
cisme qui grandissait de plus en plus n.
La vie de La Tribune 'du peuple fut
éphémère, Mickievitch était trop fana-
tique et trop bonapartiste pour qu'il en
soit autrement.
Quand commença la guerre deCrimée,
Mickievitch qui venait de perdre sa
femme (il avait épousé la fille de la cé-
lèbre pianiste Sckimanovska), abandon na
la place de bibliothécaire à l'Arsenal qu'il
avait reçue de Napoléon III, fut chargé
d'une mission en Turquie et se rendit à
Constantinople... son idée fixe, la recons-
titution de la Pologne fut la cause de
cette détermination, il espérait réunir les
Polonais dispersés dans la péninsule des
Balkans, former un certain nombre de
légions, et peut-être aider à la revanche.
Mais la fatigue et les dangers du sé-
jour en Orient l'emportèrent avec sa
douce illusion. Le 2ü novembre 1855, pris
d'une attaque de choléra, il succomba en
quelques heures. Ses restes furent rame-
nés en France et déposés au cimetière
de Montmorency. En 1890, l'empereur
d'Autriche autorisa leur translation à
Cracovic, 011 ils sont maintenant à côté
des dépouilles des rois et des héros de la
Pologne.
Telle fut l'étrange fortune de l'homme
de génie qui, de son vivant même, a été
considéré comme le plus grand des
poètes polonais, pour avoir eu le mérite
de créer une véritable poésie nationale
affranchie de toute dépendance des litté-
ratures étrangères.
Les œuvres de Mickievitch, interdites
pendant fort longtemps dans la Pologne
Russe comprennent, outre les travaux
que nous avons déjà cités, ses cours sté-
nographiés qui forment cinq volumes,
de nombreux écrits, des discours et une
Correspondance fort intéressante.
Miehelrt, qui était l'ami de Mickievitch
et son collègue au collège de France
ainsi que Quinet, a dit en parlant de ses
deux amis : « Mickievitch nous était uni
par le cœur,'par le fond de la pensée
môme... Ce cœur oriental par le langage
et les figures, se rattachait intimement
aux nôtres, à l'inspiration de deux hom-.,
mes d'occident. C'était l'appel à l'hé-
roïsme, aux grandes et hautes volontés,
au sacrifice illimité... 1) Pour répondre à
l'enthousiasme de son auditoire... Mic-
kievitch fut forcé de percer son nuage
sombre pour cette France sympathique.
Pour elle, il tirait du cœur une lumière
de révélations qui n'eut pas jailli peut-
être dans tes profondeurs obscures de
son Nord lithuanien. Vous l'avons vu
quelquefois plus qu'un homme. Une
flamme vivante (sublime et douloureux
spectacle), des larmes mêlées d'éclairs
erraient dans ses yeux sanglants.
Le jour du Il mai 1843 fut l'un des
plus beaux de ma vie, Quinet et Mickie-
vitch l'un à droite, l'autre à gauche, as-
sistèrent à ma leçon. Entre la Pologne et
la France, ayant près de moi, devant moi
tant d'illustres étrangers Italiens, Hon-
grois, Allemands, je me sentis dans la
poitrine une Ame, celle de l'Europe, »
>.4
JULIA VLADA.
FIN
Lire demala à la tribune de la « FROXDE 1
SOUVENIRS SUR LA. COIB DIP
VIENNE
par IBO.
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