Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-12-10
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 décembre 1898 10 décembre 1898
Description : 1898/12/10 (A2,N367). 1898/12/10 (A2,N367).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703486q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Autour de la Révision
A la cour de cwwtlw
La Cour de cassation entendra lundi le
généra! de Boisdeffre et le général Gonse,
qui s'est présenté déjà deux fois au Palais
• et dont les dépositions n'ont pu être re-
cueillies.
Le capitaine Lebrun-Renault ne sera en-
tendu que plus tard, et, dans le cas où
Dreyfus serait ramené en France, ce qui
est génér -alement considéré comme proba-
ble, la défense demanderait une confronta-
tion entre le capitaine et l'inculpé de façon
à régler définitivement celte question des
aveux.
Envoi de documents à Dr"fus
Le gouvernement a autorisé l'envoi à
Alfred Dreyfus des documents dont M* De-
mangé, son défenseur, avait demandé la
communication, et qui doivent servir à éta-
blir sa défense conformément à l'invitation
de la chambre criminelle de la Cour de
cassation.
Une requête de M. Christian Esterhazy
M* Biévillo, avoué, agissant au nom de
M. Christian Esterhazy, a déposé entre les
mains cie M. Baudoin, président du tribunal
civil, une requête tendant à ce qu'il soit or-
donné, dans les premiers fascicules qui ont
paru des Dessous t/e l'affaire Dreyfus, par le
commandant Ksterhazy, la suppression des
passades le concernant et qu il juge diffa-
matoires. Pour réparation du préjudice, il
demande, en outre, des dommages-inlé-
Irèls.
Cette requête met directement en cause
le commandant Esterhazy, et solidairement
MM. Fayard frères, éditeurs.
L'affaire viendra prochainement devant
la ire chambre du tribunal et sera plaidée,
pour M. Christian Esterhazy, parM'"'tter-
bin ci Prévost.
D'autre part, M. Christian Esterhazy a
envoyé au Rappel la lettre suivante :
Deaulirnn, par Castres. fiironcJe,
6, décembre I&tt.
Monsieur,
eang Itw journaux, j'ai vu l'article où vous
dormez des détails sur la comparution de M.
Esterhazy en conseil d'enquête.
Je nppHIe la dornière partie de votre article :
- Le conseil d'enquètn avait retenu principa-
lement P... t... 3 «... les faits résultant d'une
correspondance entre M Esterhazy et le tenan-
cier ci iiiif *. maison de rendez-vous située dans
les environs de la Madeleine. Il résulte en effet
de e.:ttl! correspondance ilu'Ksterhazy était l'as-
socie de ce tenancier. Esterhazy écrivit un jour
audit ti n.mcipr de lui procurer une femme pour
Christian ; si Christian faisait un riche mariage,
F.stertiazy devait toucher un tant pour cent et le
tenancier une honnête commission •
Je ne sais, monsieur, si vos renseignements
sont exacts. S'ils le sont, vous apercevez ce qu'ils
ont pour moi de cruellement pénible et de com-
Îironn ll int. Car il semble, n'est-il pas vrai ! que
c devais ètre dans la partie qui se jouait sur
mon dos.
Il n'e st que trop vrai que ce sera pour moi,
pour istibii existenre entière, un dur supplice
d'avoir connu M. Fgtf-rli.-tzy.
I.c'rmdll'Z-moi de dire ici et da crier bien haut
que jamais je n'ai rien su du tenancier dont !
vous parlez et flue, si M. Esterhazy avait noué
avec lui, moyennant commission, la négociation !
que vous énoncez, je n'en ai rien conuu, rien,
absolument rien.
Cela dit, jp, sais que M. Esterhazy me pressait
do Ille marier.
Je m'étonnais de son insistance, car j'étais
mineur encore au moment où remanient a leur
début, ses manœuvres, et je lui ai rait observer
que, avant de song-r au mariage, il fallait me
préueeuper d'une situation et de travailler.
Dans t'la corr'"!pond utce, il me détaillait par
le ineun les raisons qui devaient IDf! déterminer
à me lII,lrÍt'r d,' bonne heure, et. pour appuyer
s- s dir.';;, il m'envoya même certaines lettres
d'un ahhÚ — que je ne nommerai pas.
Cette c"rr<'st'ond.tnc'', il faudra bien que, quel-
que jllur, je la révèle.
Car il n est pas possible que, rn toutes choses
— et quelles choa< s! — je ine trouve constam-
ment associé à mon insu aux opérations de M.
Esterhazy.
Il n'est pas possible que cela dure ainsi.
Dans les fie l'affaire Dreyfus, M. Ester-
hazy jette sur moi h s injures et les calomnies
les plus odieuses.
Il nie sera facile de répondre. Mais, à quoi bon
one réponse qui ne peut être directement et
immédiatement contredite.
Je le convie à un d' :tat contradictoire, et on
reconnaîtra bien, je pense, que, si je l'appelle à
un te! débat, c'est que je veux établir, avec une
lumière entière, comment il in'a appelé auprès
de lui, comment il s'est servi de moi et com-
ment rorps et Ame, je lui étais dévoué, tant que
je croyais lui devoir de la reconnaissance.
De la r'connaissance?
Eh oui !... oh ! j'ai été bien naïf et bien trompé,
e'cst sûr. Mais je me demande si, à ma place,
un homme d'expérience n'eût point été trompé
comme moi.
Le tribunal appréciera. Je m'en remets à sa
justice.
Veuillez agréer, monsieur, ma considération
distinguée.
Comte CHRISTIAN Eb"nllAzlr.
Le général Mercier
&)e r Aurore :
Un ofllcier supérieur et un ami de l'aurore
nous fut remarquer le fait suivant :
Ministre de la guerre et nommé, suivant
l'usage, commandant de corps d'armée à sa
sortie du ministère, le général Mercier a ac-
compli ses trois années réglementaires de com-
mandement; mais il est aussi d'usage constant
que les trois années soient renouvelées. Or, le
général Mercier a quitté son commandement
sans être atteint par la limite d'Age-
La conclusion est facile a tirer :
L'ami de Itrumont. a été mis à pied. Et vrai-
ment il en est quitte à bon compte.
D'autre part, le lladicat,sous le titre « Un
qu'on ne reverra plus ", publie l'informa-
tion suivante :
Enlln, en voilà un dont on n'entendra plus
fiarler, à moins que... mais n'anticipons pas sur
es événements.
Le générât de division Mercier, commandant
le 4* corps d'armée, est placé, depuis hier ma-
tin 8 décembre ltftW, dans la 2* section (réserve)
du cadre de l'état-major général de l'armée.
Placer dans le cadre de fttefve, oet officier
général qui en a montré si peu, paraîtra sans
doute une ironie, et quelques-uns se figureront
que, par le fait de sa situation nouvelle, le gé-
nérai Mercier va consacrer la fin de sa vieillesse
galonnée à des études auxquelles il n'est certes
pas préparé.
Heureusement, pareil danger n'est pu à
craindre#
Le cadre de réserve, c'est comme qui dirait
un cadre où l'on colle les vieux tableaux qu'on
ne veut plus voir.
Donc, saluons militairement le général Mer-
cier. Nous ne le reverrons plus, plus jamais.
L'AFFAIRE PICQUART
La liberté du colonel Picquart
Du Matin :
L'arrêt de soit communiqué rendu, hier, par
la chambre criminelle de la Cour de cassation
va avoir pour conséquence de prolonger la dé-
tention préventive du lieutenant-colonel Pic-
quart.
Dans ces conditions, il n'est pas hardi de sup-
poser que M* Labori, le dévoué défenseur du
prisonnier du Cherche-Midi, se préoccupe dès
maintenant de rédiger une requête afin d'obte-
nir la mise en liberté provisoire de son client.
Mais à quelle juridiction s'adresser pour pré-
senter valablement la requête ? Au deuxième
Conseil de guerre, ou a la huitième chambre
correctionnelle, ou bien à la cour suprême ?
Ce point de droit était très curieusement dis-
cut,û, bier, au .)alai8 dp justice, entre avocats.
Tout d'abord, la question de savoir si la re-
ête à tin de mise en liberté provisoire doit être
F-t r;,sf!ntt%,o au Conseil de guerre était résolue à
a presque unanimité dans le sens de la néga-
tive. En effet, le lieutenant-colonel Picquart n'est
st)uj le coup d'aucun mandat d'arrêt de l'autorité
militaire.
Il a été mis en état d'arrestation sur un man-
(laL de M. le juge d'instruction Fabre. Puis la
justice civile a « prêté » son prisonnier à la jus-
tice militaire.
Le lieutenant-colonel Picquart ne relève donc
pas. pour sa mise en liberté provisoire, d,} la
juridiction militaire, a laquelle il" n'appartient »
pas.
Mais laquelle, de la chambre criminelle,
de la cour do cassation ou de la huitième
chambre de police correctionnelle, est compé-
tente pour statuer sur la requête de mise en li-
berté ?
L'une et l'autre, d'après l'opinion générale. La
huitième chambre de police correctionnelle parce
que le lieutenant-colonel Picquart est incarcéré
en vertu d'un mandat émané de la justice ci-
vile; la chambre criminelle de la cour suprême
la parc., que, détentnc dans quelques jours, de
a procédure militaire et de la procédure civile
suivies contre le lieutenant-colonel Picquart,
elle sera, & même, après examen des pièces des
dossi'u's. de décider souverainement s'il échet
de mettre en liberté provisoire le prisonnier du
Cherche-Midi.
1 Quoi qu'il en soit. la requête à fin de mise en
liberté va être incessamment déposée soit devant
a cour suprême, soit devant la huitième cham-
bre correctionnelle.
Après l'arrêt
M. Philippe Dubois, dans l'Aurore, donne
sur le colonel llic(luart les détails suivants:
Dès que l'arrêt eut été prononcé. M' Labori
et son dévoué secrétaire M* Hild se rendirent en
voiture à la prison du Cherche-Midi pour aviser
le colonal Picquart. M' Mimerel suivit ces mes-
sieurs à un quart d'heure de dist mco.
Sans se départir du calme qui ne l'a jamais
abandonné depuis qu'il est victime des rancunes
et des vengeances du deuxième bureau, le
colonel Picquart remercia chaleureusement ses
défenseurs et les félicita du résultat obtenu.
On sait que, longtemps. In prisonnier du Cherche-
Midi avait hésité avant de consentir à signer la
requête tendant au règlement de juges, désireux
qu il était, disait-il, d'en Unir le plus tôt possible
et de se justifier. Cette attitude était d'autant
plus courageuse que Zurlinden l'avait livré, non
a des juges, mais à des exécuteurs.
En quittant son client. M" Labori 80 rendit au
parquet du conseil de guerre pour s'enquérir
des intentions de la justice militaire en présence
du fait nouveau qui venait de surgir. On lui ré-
pondit qu'on n'avait encore reçu aucune notill-
cation.
Voici, plus que probablement, ce qui se pas-
sera lundi prochain. Le conseil de guerre, régu-
lièrement convoqué, se réunira à l'heure con-
venue. Le colonel Picquart sera invité par le
président à déclarer son état civil. Ensuite le
commissaire du gouvernement se lèvera pour
donner connaissance aux membres du conseil
de l'arrêt rendu hier par la Chambre criminelle
de la Cour de Cassation. Sur ce, les débats sc-
ront renvoyés sine die et l'audience sera levée.
line question intéressante encore, est celle 'te
savoir si, dans un laps de temps plus ou moins
rapproché, le colonel Picquart sera mis cn lilJerté
provisoire.
L'arrêt de la Cour laissant entier le fond de
l'affaire, îi*lmplifitir nullement une mesure de
ce genre. Mais il est sûr que d'ici pru la tour-
nure des événements la rendra nécessaire — en
attendant que sonne, pour l'apôtre de Vérité et
de Justice, l'heure des équitables réparations.
Un héritage
Un journal annonce que le lieutenant-
colonel Picquart vient d'hériter d'un oncle,
ancien directeur de la succursale de la f
Banque de France à Strasbourg, habitant
Tours et Paris depuis 1871, qui lui aurait
laissé le tiers do sa fortune représentant
plusieurs centaines de mille francs.
Le fait est déjà ancien de trois mois, et il
est exact que le lieutenant-colonel Picquart
et neuf de ses proches ont, au même titre,
hérité do cet oncle, mais d'uno somme
moins élevée que celle indiquée par notre
confrère.
Légitime désir
Plusieurs adhésions au vœu que le pro-
cès Picquart soit ajourné nous ont encore
été adressées, avant que soit connue la dé-
cision de la Gourde cassation.
Ce sont les suivantes : -
Billot, ancien ambassadeur de la République
française ; Ad. Pichon, professeur agrégé de 1 U-
iti%,er.gité ; Debidour, inspecteur général de l'ins-
truction publique ; Eugène Dclarll, homme de
lettres; Fdmoii(l Halphen, conseiller général de
la Gironde ; Pierre Vil lard, à Lyon ; Henri Char-
ron, percepteur, éh'vede l'Erole pol Y tech-
nique ; Bonnet, Kouglé, Merlin, Milhaud, pro-
fesseurs à l'université 'teMontpettier; Chalaneau,
correspondant de l'Institut r Gaston Deschamps;
Marilher, maître de conférences à l'Ecole des
hantes études; Llmoi^T,ingénieur civilNants*
professeur à l'université de Toulouse ; Masque,
ray et Rouge. professeurs à t'Université de B deaux ; un groupe d'habitants de Sau veterc^Béam; Bonsom, pharmacien ; docteur Saule CM<-
rive ; Joseph Carrive, Candou, Bourchenin, pasn
teur ; Hourcade, Lavie-Gamlot, Ment«M,Lud«..
Lévy et Raillard, agrégés de l'Université; Frant
Jourdain, architecte ; Théodore Lefebvre.
D'autre part, les principaux promoteurs
du vœu nous font connaître qu'en présence
de la décision prise hier par la Cour de
cassation ils estiment que la manifestation
n'a plus d'objet.
Nous croyons donc devoir clore sur 1m
derniers noms qu'on vient de lire la liste
des protestataires.
L'avis des journaux sur l'arrêt de la Oow
de cassation
De M. J. Cornély, dans le Figaro :
M. J. Cornély, dit qu'il est certain que, de
pote sa réforme, la magistrature française a*
perdu de la considération dont elle jouissait
autrefois et que par conséquent, les arrêts de
la cour de cassation, et en particulier ceux de la
' chambre criminelle, n'inspirent pas le même
respect religieux. Mais il faut croire quu la ma-
gistrature française n'est pas seule à avoir subi
ce fâcheux mouvement d'abaissement, et, de
cet abaissement général, il résulte que les pro-
portions mutuelles sont restées les mêmes.
Pour paraître sensé au milieu des fous, il n'y
a pas besoin d'avoir écrit les Provinciales ai
même le Maître de forges.
C'est pourquoi, au milieu des bêtises et des
atrocités tranquilles dont sont offusqués à
l'heure et à la journée nos yeux et nos oreilles,
la voix de la cour de cassation paraît encore, de-
puis quelque temps, dire ce qu'il y a de plus
raisonnable et de plus pratique.
11 laut s'y soumettre. No pas s'y soumettre
serait, d'ailleurs, assez difficile.
De M. Millerand, dans la Lanterne :
En prenant la décision si anxieusement
souhaitée par tous les esprits libres et de sang-
froid, la cour n'a pas rendu seulement un si-
gnalé service à la paix sociale, elle a remis tout
et chacun à sa place. Par la seule force de la
raison et de la loi, sans précipitation, sans fra-
c.ts. elle fait plier des résistances qui se procla-
maient indomptables.
De M. de Kérohant dans le Soleil :
Donc nous montons — lentement, car on se
heurte, à chaque pas. aux pierres du chemin —
mais nous montons vers la lumière, vers la vé-
rité, vers la justice.
Ceux qui, suivant le mot de l'Evangile. avaient
des yeux pour ne point voir et des oreilles pour
ne point entendre verront et entendront. Ils re-1
connaîtront leur erreur.
Et cela me suffira pour me venger de ceux j
qui, connaissant mon désintéressement et la
sincérité de mes convictions politiques et reli-
gieuses, m'ont odieusement et traîtreusement
attaqué.
De M. Géraull-Richard, dans la Petite Ré-
publique :
Le faux, c'est le « petit bleu 8. au dire de
l'Etat-major. S'il est faux, il ne constitue pas un
document secret intéressant la défense natio-
nale et dont la divulgation entraînerait les pires
catastrophes. Alors que devient l'accusation du
tribunal correctionnel?
A-t-on jamais rêvé rien de semblable dans les
casse-tête chinois? Après celui-là, ceux dont
nous menace la Ligue des patriotes paraîtront
bien inoffensifs.
« Mais à voir tant de bêtise alliée à tant de
coquin crie, on se demande si ceux qui ont monté
ce mauvais coup relèvent du juge ou du mé-
decin. Et dire que tout ce qu'ils font est de cet
acabit. Ils ne sont pas seulement maladroits
quand ils se défendent, mais aussi, hélas 1
quand ils se mêlent de défendre le pays. e
Le général Leclero
M. Millet, résident de France en Tunisie,
et le général Leclerc, appelé pour l'affaire
Picquart sont arrivés hier matin à Mar-
seille par le Kléber.
AU PARLEMENT
Sénat
La séance est ouverte à à heures sous la
présidence de M. Loubet.
On aborde la discussion sur la prise en
considération de la proposition de loi de
M. Combes sur la réforme des sanctions de
l'enseignement secondaire.
Malgré une intervention de M. Halgan, la
prise en considération est votée.
On reprend la délibération de loi sur le
projet relatif à la réforme du casier judi-
i ciaire. Après avoir adopté un amendement
de M. Thézard et repoussé un amendement
de M. Bérenger. les deux articles sont
adoptés. Le Sénat décide qu'il passera à
une deuxième délibération.
Une deuxième délibération a eu lieu sur
une proposition de loi relative au secret des
actes signifiés par huissier.
M. Maxime Lecomte défend un amende-
ment tendant à créer un corps de clercs
assermentés; cet amendement est combattu
par la Commission et le gouvernement ; il
est repoussé par 196 voix contre 43.
Les autres articles et l'ensemble de la
loi sont adoptés à mains levées.
La séance est levée.
Les Couloirs
Lo Sénat s est réuni dans ses bureaux et
a nommé une commission pour l'examen
de la proposition de loi de M. Waldeck-
Ilousseau portant modification de l'article
415 du Code d'instruction criminelle.
Ont été élus MM. Isaac, Waldeck-Rous-
seau, Gazot, Théodore Girard et Morlet
favorables et MM. Tillaye, Eugène Guérin
et Bisseuil, hostiles.
YVONNE LECLAIRE.
AU CONSEIL MUNICIPAL
On se serait presque cru à la Chambre un
jour do grande interpellation, avec renver-
sement du ministère. Oh ! cette fois, l'on
ne s'est pas ennuyé, il n'y a que le préfet 1
l aqili'avaSt pas l'air content, et pour MM@!
A* début de la séance, M. Navarre donne
fe'jasvolB à M. de Selves pour qu'il commu-
rtfMrun décret annulant une délibération
'jsTt&ùseil invitant le préfet à mettre à la
disposition du ministre des Travaux pu-
blies, MM. Legouez et Bienvenu, ingénieurs
du Métropolitain, dont les actes avaientété
contraires aux intérêts de la Ville ; cette
délibération invitait également le Bureau à
jàpeter l'attention du ministre de l'inlé-
MâMP sur les conditions dans lesquelles le
préfet de la Seine administrait la Ville de
Il. de Selves refuse de monter à la tri-
bune ; les conseillers crient, le préfet croit
se Urer d'affaire en déclarant qu'il ne peut
donner lecture du décret, n'en ayant pas le
texte officiel. Ce subterfuge ne lui réussit
rire, car le président, sur la demande de
Chausse, suspend la séance jusqu'à ce
-que le Maire de Paris ait pris une décision
.Arorme à l'avis de rassemblée munioi.
pâle. *
Après vingt minutes de suspension, le
préfet vient enfin donner lecture à la tri-
bune du décret d'annulation; le motif
donné par le ministre est que lo conseil a
délibéré sur des objets étrangers à ses at-
tributions.
Or, comme le fait très justement remar-
quer éLé M. Labusquiôre, la délibération a déjà
té exécutée en partie, puisquo l'un des in-
génieurs a été déplacé, alors pourquoi cette
annulation? De plus, le Métropolitain ne
serait-il pas une alfaire municipale, ainsi
que l'administration de la Ville ? La démar-
che à faire par le Bureau avait été jugée
régulière par le précédent ministère et M.
Barthou n avait pas craint de donner satis-
faction au Bureau du conseil dans une cir-
constance analogue.
M. Labusquière fait voter l'ordre du jour
suivant :
./
« Le Conseil protesto énergiIuement contre
le décret d'annulation lui contestant le droit de
s'occuper des affaires municipales, maintient sa
délibération, exécutée d'ailleurs partiellement
à l'heure actuelle et renvoie à la première cir-
conscription l'examen du décret en question qui
porte atteinte aux droits du Conseil ».
La question des taxes de remplacement
reparaît encore au Conseil, lequel renvoie
à la commission de suppression de l'octroi,
une proposition de M. Clairin invitant le
préfet à faire connaître au Parlement la
demande de sursis de la Ville de Paris.
Puis, avant de se séparer, le Conseil vote
une allocation supplémentaire de 1,200 fr.
à M. Peyron, l'ancien directeur de l'Assis-
tance publique, afin que sa retraite soit de
6,000 fr. Plusieurs membres de la gauche
réclament, ils voulaient que M. Peyron eût
une retraite de 8,000 fr. Lo pauvre homme!
MARIA VÉRONE.
Le temps n'est plus où la mode imposait
impérieusement tous ses caprices ; une
certaine logique inspire presque toujours
ses arrêts, et l'hygiène, tant de daignée par
elle, est aujourd'hui sa préoccupation cons-
tante. Nous ne verrons plus les transpa-
rents fourreaux du Dircct.oire,qui firent pé-
rir de pneumonie tant de jeunes femmes ro-
bustes; ni les corpsdcs XVlloet XVIIIesiècles,
où les poitrines et l'abdoi-iien subirent de si
cruelles tortures ; ni les grolesquescrinoli-
nes du second Empire, qui sous leurs clo-
ches géantes tirent mûrir tant de maux.Les
réunions mondaines ont vu disparaître
aussi, au grand bénéfice de nos estomacs,
les écœurantes boissons sucrées, les punchs
et les rafraîchissements funestes. Il est de
bon ton maintenant, dans les five o'dorl, et
les soirées, d'offrir le délicieux vin toni-
que Mariani, dont la chaleur généreuse ra
nime et réconforte, dont la vertu protec-
trice cuirasse les poitrines délicates contre
les rhumes et les bronchites, et qui allume,
dans les causeries de salon, les flammes
légères de cette bonne gatté gauloise dont
la source semblait tarie.
A Propos d'Aniane
Je voudrais apporter ma modeste contri-
bution à la réforme — inévitable aujour-
d'hui — des établissements que l'Adminis-
tration décore du titre de if Maisons d'Edu-
cation correctionnelle M et que tout le
monde appelle des maisons de correction.
Le problème est difficile ; profondément
inquiétant; peut-être sera-t-on longtemps
avant de le résoudre ; mais du moins faut-il
chercher.
Vous savez quels sont les enfants qui
peuplent ces tristes maisons. On l'a dit,
d'ailleurs, à la Chambre ces jours-ci. Ce
sont : soit des enfants acquittas par le tribu-
nal pour avoir api sans discernement, soit des
enfants enfermes là par des parents malha-
biles, débordés ou... barbares.
Il y a des bébés; il y a des jeunes gens :
huit ans, dix ans, treize ans, vingt ans.
Parmi ces malheureux, les uns sont des
vicieux qui sont nés portant la tare fami-
liale; les autres sont des viciés par le mi-
lieu, par la camaraderie; d'autres, enfin,
sont de pauvres petits diables qui, bien
élevés, seraient comme vos enfants et
comme les miens, et dont quelques-uns ont
l'étoffe dans laquelle se taillent les héros.
Et pour ne pas que l'on m accuse de pa-
radoxe, je vais immédiatement citer deux
cas, non pas inventés de chic, non pas re-
cueillis dans des livres, mais des cas d'en-
fants vivant aujourd'hui — en maison de
correction. Ces enfants je les connais et ne
puis penser à eux sans avoir le CLOU r tordu...
parce que c'est abominable.
Voici. L'un est fils d'ouvriers assez cossus
pour mettre toutes les semaines une petite
somme dans le tiroir de l'armoire. C'est
leur trésor, et malheur à qui le touche-
rait seulement, même sans mauvaise la-
tention.
Eh bien 1 le fils L'a volé l L'enfant avait dix
ou onze ans, et le sae co&Umait plus de
cent francs.
Avec cette somme, le petit a d'abord ré-
galé de « frites » ses camarades de trottoir,
puis il a porté le reste — c'est-à-dire le
plus gros à une vieille femme qu'il avait
vue se désoler, parce qu'elle était menacée
d'expulsion.
On a payé les termes arriérés. Mais les
parents ont dénoncé leur fils ; il a été ar-
rêté, conduit à la Petite Hoquette, où nous
l'avons vu ; puis, ayant été acquitté comme
ayant agi sans discernement, envoyé en cor-
rection. Je suis allé le voir dans 1 établisse-
ment d' « éducation » où il doit rester jus-
qu'à sa majorité. Là, point de tortures,j'en
ai la conviction (je ne dis pas la certitude).
— Mais le seul fait de l'y avoir envoyé, est
au moins une faute contre le bon sens.
Puisque les parents n'étaient pas dignes
de ce fIls là, il fallait simplement le confier
à un éducateur sérieux et bon qui lui au-
rait enseigné à canaliser sa générosité, et
qui lui aurait inspiré le désir de travailler
beaucoup, pour pouvoir faire beaucoup de
bien.
L'autre a perdu son père quand il était
tout petit. Sa mère s'est mise avec un autre
homme. Puis elle est partie lui laissant
l'enfant qu'il a gardé. Mais il a pris une
autre femme. Bref, las de changer de...
protecteurs à la main leste et dure, le gar-
çonnet — douze ans - - est parti à son tour.
Il s'est installé dans une sorte de placard
dépendant d'une cité — bien mal famée —
et il a continué à gagner son pain comme
chiffonnier.
Dans la cité, il a rencontré un mauvais
gas qui en a fait son souffre-douleurs.
Un jour, le petit déjeunait, il étendait du
fromage sur du pain avec un petit couteau;
son tyran arrive par derrière et lui fait une
très mauvaise plaisanterie, Exaspérée, la
victime se retourne, frappe sans viser,
sans regarder môme et tue raide l'horrible
voyou.
Acquitté pour avoir agi sans discernement,
le « meurtrier Il estdans une maison de cor
rection ; et alors que l'on aurait dû le pla-
cer dans dos conditions telles qu'il eût
oublié et ses premières années cahotées et
son malheur, le régime — même humain —
auquel il est soumis, l'y ramène constam-
ment. Victime de la famille, victime d'un
misérable, victime de la société, c'est pro-
bablement un révolté de demain.
Nos « maisons de correction » ont un pre-
mier vice rédhihitoire (abstraction faite de
toute idée philosophique qui les condam-
nerait). C'est d'être trop peuplées ; elles en
ont un second : C'est de ne pas opérer une
sélection rigoureuse; elles en ont un
troisième, c'est de dépendre du ministère
de l'intérieur qui ne peut pai entreprendre
d'éducation parce qu'il n'a pas un personnel
d'éducateurs.
Il me semble facile de mettre en un éta-
blissement spécial et sous la direction d'un
médecin les enfants vicieux ; de mettre en
un second établissement spécial et sous la
surveillance d'un éducateur émérite, les en-
fants viciés; enfin de réunir les autres dans
do vraies écoles, comme de vrais écoliers
qui demandent cependant une sollicitude
particulière.
Ces trois catégories d'établissements se-
raient des établissements agricoles.
Il y a en Suisse des types que nous de-
vrions imiter. Dans chaque colonie agricole
il y a autanl de minages d'éducateurs instal-
lés dans un pavillon spécial qu'il y a de fois
douze pensionnaires. C'est donc comme une
sorte de village dans lequel chaque famille
aurait douze enfants adoptifs.
Les résultats sont excellents. Or, si j'ai
bien compris ce que j'ai lu (compte-rendu
iti-extenso de la discussion de l'interpella-
tion Fournière à YOfficiel), le sous-secré-
taire d'Etat et le président du Conseil sont
animés des meilleures intentions.
Pourquoi ne feraient-ils pas immédiate-
ment étudier le système suisse? Pourquoi
la commission d'études (une commission
très peu nombreuse, puisqu'il s'agirait de
travailler) ne serait-elle pas une commis-
sion mixte, c'est-à-dire composée de délé-
gués des deux ministères de l'Intérieur et
de l'Instruction publique ? Pourquoi, enfin,
le ministère de 1 Intérieur ne se résoudrait-
il pas à faire au ministère de l'Instruction
publique le cadeau si troublant des enfants
acquittés par les Tribunaux?
Mais il faut se hâter d'étudier le pro-
blème et le résoudre.
Ne faisons plus de martyrs; nous en avons
déjà trop à notre passif.
PAULINE KERGOMARD.
Mutualité, Assistance
Voici, le moment oii les crèches sont le
plus fréquentées, il Paris surtout : les vil-
légiatures finies, chaque femme do ménage,
chaque vaissellièro, chaque femme do
charge ou ouvrière supplémentaire, ayant
repris son poste (il moins de traverser un
douloureux chômage), est obligée de oon-
fier son dernier-né à la crèche et ses plus
grands aux écoles. Beaucoup n'y vont, dans
ces crèches, que poussées par l'excessive
nécessité et ne se défendent pas d'une ap-
préhension quand elles en passent le
seuil...
Les préjugés ne sont pas pour rien
dans cette appréhension, certainement, —
mais, pour une part très justifiée, y entre
plus ou moins la crainte des contagions : et
voilà pourquoi nous ne saurions trop enga-
ger les dames patronnasses des crèches à
visiter le plus souvent possible les locaux
auxquelles elles s'intéressent, afin de véri-
fier si directrices et surveillantes font bien
leur devoir — le en refusant tout enfant1
«d Wluefo"o t«m t"
lièrement, salles,, berceau?, et tous ôâsts .
servant aux bébés ; — 9* en n'acceptant
pas plus d'enfants qu'il ne leur est permis
d'en recevoir : — trois articles essentiels,
mais risquant d'être souvent enfreints, tant
à cause de la faiblesse des directrices, gar-
diennes ou sui veillantes devant les plaintes
des mères contrariées ou même exaspé-
rées par un refus, que par suite de l'igno-
rance qui leur fait souvent regarder comme
superflues lois précautions hygiéniques. —
Ce dernier cas, très grave lDcontèstable-
ment et fréquent sinon général, ira heu-
reusement se raréfiant par l'application de
l'arrêté nouveau qui écarte du service toute
personne non pourvue du diplôme d'infir-
mière.
Il semble que l'utilité, la nécessité des
crèches bien comprises devrait être recon-
nue de toutes et de tous, à notre époque où
la femme est obligée d'apporter sa quote-
part de travail salarié à la communauté dès
que celle-ci se paie le luxe d'un troisième
enfant, — sans compter le nombre, consi-
dérable, des filles-mères, des abandonnées,
des veuves et des divorcées. Et de fait à
Paris, grâce au zèle de la Société des Crè-
ches, l institution commence à être appré-
ciée à sa juste valeur.
Mais, à part la crainte des contagions —
qui, on le comprend encore, peut rendre
les mères méfiantes — que d'absurdes pré-
jugés restent, à Paris aussi bien qu'en pro-
vince, préjugés à peine croyables et qu'il
ne faut pas que les dames patronnesses
ignorent. Voici, littéralement, ce que m'ont
dit des mères :
— Par exemple! ce n'est pas moi qui met'
trais mon enfant à la crèche 1 ma voisine y
a mis le sien : on lui a enlevé sa gourme,
et elle lui a retombé sur le cerveau, ce
qui l'a fait mourir d'une méningite.
— Mettre mon enfant à la crèche, pout
qu'il donne souffre de la faim, ah ! non : on ne leur
onne le biberon que toutes les deux heu-
res, et on ne leur permet la soupe qu'à
un an.
— Faut-il pas être bête pour les y met-
tre... on sait bien qu'on leur fourre du pa-
vot ou du sirop diacode dans leur lait pour
les faire dormir tant et plus, et n'avoir pas
à s'occuper d'eux.
Ce sont de telles raisons qui entre.
tiennent la vieille hostilité, ici, là, pres-
que partout un peu. Sans compter que.
en certaines provinces, des voix de prêtres
(cela se trouve surtout dans les communes
où la crèche est confiée à des laïques) s'élè-
vent, prêchant ainsi la bonne parole :
« La crèche est une invention impie,
antisociale : elle déshabitue la mère de
soigner son enfant, la rend indifférente à sa
famille, la pousse aux usines — lieux de
perdition ! »
Remettons, faute de place, la question
des commissions locales, dont l'absence à
côté des crèches est une lacune à combler,
et contentons-nous d'avoir requis tout le
zèle des dames patronnesses au sujet de la
stricte observance des règles les plus indis-
pensables; et de donner la liste suivante
des crèches de Paris que nous croyons pou-
voir être utile tant aux mères qu'aux dames
qui ont de petits protégés à recommander
ou à placer :
Paris. — Il arrondissement. — Saint-Roch,
rue st-Ityacinthe St-Honoré, 4; Crccht' muni-
cipale du I- arrondissement, rue de l'Arbre-
Sec, 17.
Il' arrondissement. — Bonne-Nouvelle, rue
St-Denis, 218 ; Crèche du Mail, 70, rue Mont-
martre.
Ht' arrondissement — Crèche des Archives,
rue de S.iintonpe, 43.
IV- arrondissement. — Sle-Phllomène, rue
Stc-Croix do la Uretonncrio, 20; St-Prançois de
Salles, rue Pouileticr, 5; Crèche municipale du
IV- arrondissement, rue St-Antoinc, 164.
5- arrondissement. — Crèche Monge, place
Monge, 4; Crèche Sadf-Cirnot, rue des Trois
Portes, 3; Crèche Ble-Lucie, rue des Bernar-
dins, 15.
6' arrondissement. — Bélhléem, rue de Mézié-
res, 6; Crèche du VI- arrondissement, rue Ja-
cob. 11.
V!!' arrondissement. — Saint-Pierre du Gros-
Caillou, rue de Grenelle, 182 ; Saint-Vincent-de-
Paul, rue Oudinot, 3 ; 8a.inl-Thùmas-d'Aquin,rua
Pevronnet, 9.
VIII- arrondissement. — Saint-Philippe, rue
de; Monceau, 13 ; Sainto-Madcleine, rue de la
Vîllit-l'Kvèque, 14.
IX- arrondissement.—Saint-Louis-d'Antin,rué
dn la Chaussée-rt'Antin, 27; Crèche laïque du
IX- arrondissement, rue de la Rochefoucauld, 27.
X- arrondissement. — Crèche du X- arrondis-
sèment,, rue Saint-Maur Popincourt, 18"» ; Crèche
du Faubourg Saint-Martin, rue du Faubourg
Saint-Martin, 12-2.
XI' arrondissement.— Crèche Charles Floquet,
rue St-Maur-Popincourt, 6; St-Joseph, rue ti' An.
goulème, 81.
XH' arrondissement. — Sle-Maric-dcs-Quinzc-
Vingts, avenue Daumesnil, 66 ; SUloseph tBercy),
rue des Mcun:ers.63; Maison Maternelle, Crècno
du Berceau de l'Enfance, 7, passage Ricaut, r.
du ChAtcau-des Rentiers; Crèche municipale du
quartier Crouleharbe, rue des Gobelins, 7 ; Crè-
che laïque de la Maison-Blanche, 1, r. Barrault;
Crèche municipale do la Salpôtrière, â, rue du
Banquier.
XtV' arrondissement. — Crèche municipale
laïque de plaisance, rue d'Alésia, 235; Crèche
Furtado-Heinc, rue Jacquier, 7; Crèche Fénelon-
Chnrles, rue Charles-d'lvry.
XV, arrondissement.—Sainte-Marguerite (Gre-
nelle), rue Ginoux, 6; Crèches laïques munici-
pales de l'Kspérance, ruo Violet, 68; du quartier
St-Lambert et Necker, r. d'Alleray, 13; Crècho
Fourcade, 25, rue Heurel.
XVt' arrondissement.—L'Annonciation (Passy),
rue Singer. 8. Crecho Sainte-Marie, avenue vie-
tor-Hugo, 117. Crèche du Point-du-Jour, rue
Claude-Lorrain, 22 bis. Crèche du XVI- arrOQ-
dissement, rue François Millet.
XVII- arrondissement. — Saint-Joseph (Ternes),
rue Bacon, 11. Crèche de la Compagnie do
l'Ouest, avenue de Clichy, 163. Petite Crèche tics
Batignolles, avenue de Clichy, 47 bis. Crèche
municipale des EpinetUs, ru~ Berz-*,Iius pro-
longée, 8 his. Crèche Ma ictcine Bres, 43, rue
Nolfet. Petite Crèche de la ruo Gauthey, 49. Crè-
che municipale du XVII- arrondissement, rue
de l'Ktoile. 21 (avenue Mac-Mahon).
XVIII- arrondissement. — Crèche de Clignan-
court, rue Damrémont, 93; Crèche de la Chapelle
LA TRIBUNE
10 DÉCEMBRE 1898
LE
SUFFRAGE DES FEMMES
EN ANGLETERRE
Gcttf rubrique forme lm feuilleton ««M
émit te mftt change tous la trois jours.
IrC vote municipal appartient aux fem-
mes dans l'Australie entière : Nouvelle
Galles du Sud, Tasmanie, Queensland,
Victoria. L'Australie du Sud a ajouté à
ce droit celui du suffrage parlementaire
par le « Constitution amendement Act
de 1894. »
L'Acte électoral de la Nouvelle Zé-
lande, 10 septembre 1893, donne aux
hommes et aux femmes des droits poli-
tiques égaux.
Dans la colonie du Gap, les femmes
ont le vote municipal.
De même dans certains territoires de
la Dominion du Canada, elles ont le vote
municipal depuis 1884 pour la Nouvelle
Ecosse et l'Ontario; depuis 1880, dans
l'étendue du Manitoba et à partir de
t888 dans le Brunswick et la Colombie
britanniaue.
VI
L'opinion de la partie intelligente de
la population est sensiblement favorable
au suffrage des femmes.
Il faut noter que le clergé des diffé-
rentes confessions non seulement ne
•'y est pas montré opposé mais compte
parmi ses membres les plus éminents
du suffragistes convaincus. -
Pour en bien témoigner ces « Exten-
sionnistes » ont permis au Central Co-
mitlce de réunir leurs appréciations et
de les publier en une petite brochure
éditée par le Comité.
Chacun peut apprendre que l'archevê-
que de Cantc:rLmry sera heureux de voir
accorder le sulîrage aux femmes qui
ont propriété et responsabilité.
Iole cardinal Vaughan. archevêque de
Westminster, et l'évoque de Londres
sont partisans de la franchise aux mô-
mes conditions que pour les hommes.
M. H. Adler, grand rabbin, ne voit
aucune raison pour disqualifier les fem.
mes.
Lo Révérend Ilugh Price Hughes ne
peut admettre, entre autres choses, que
dans une période démocratique, même
dans les pays de monarchie, on donne
satisfaction à ceux qui frappent un sexe
entier d'ostrascisme plutôt qu'à ceux qui
désirent abolir toute distinction artifi-
cielle et superflue entre les sexes.
La réponse du président de l'Union
congrégationale Révérend Urijah R.
Thomas est catégorique. Depuis vingt-
cinq ans il est certain que l'intervention
de la femme dans les affaires politiques
et religieuses doit être appelée par tous
ceux « chez qui le bas égoïsme n'a pas
tué les sentiments qui font l'homme au
vrai sens du mot. »
La lecture de ces extraits, trop courts
et trop peu nombreux, suffira pour
faire apprécier la largeur de vue et les
sentiments de justice de quelques-uns
des membres du haut clergé anglais.
Au Parlement, les partisans du suf-
frage des femmes sont plus clairsemés.
Depuis que, pour la premiùre fois, à
la Chambre,Disraeli (Lord Beaoonsfleld)
fit résonner d'étranges paroles, au sujet
d'un sexe oublié, jusqu'aux discours de
M. Faithfull Begg et do ses amis, les
leaders féministes ont été plus connus
par leur valeur que par leur nombre.
Un an après Disraeli, John Stuart Mill
s'avançait : à la barre « Je propose, mes-
sieurs, dit-il, une extension de suf-
frage qui ne peut amener aucune scis-
sion dans cette Chambre,qui ne donnera
d'ombrage à personne,qui n'affligera pas
le plus timide alarmiste de terreurs ré-
votuLionnaires,et n'offensera. pas le plus
jaloux démocrate comme un privilège
garanti à une classe de la société aux
dépens des autres.
«Rien ne peut distraire notre attention
de cette simple question : Est-il quelque
justiflcation adéquate pour continuer
d'exclure une moitié entière de la popu-
lation, non seulement de l'admission,
mais de la capacité d'être jamais admise
dans le sein de la constitution, alors
qu'elle remplit les conditions légales et
constitutionnelles suffisantes dans tous
les cas excepté le aien.
« Il n'est pas d'exemple d'une exclu-
sion aussi absolue. S'il existait une loi
qui n'accorde le droit de vote qu'aux pos-
sesseurs de 25.000 francs de rente,
l'homme le plus pauvre de la nation
pourrait parvenir il acquérir ce suffrage.
a Mais, ni naissance ni fortune, ni mé-
rite, ni effort, ni intelligence, rion parmi
les choses humaines ne peut jamais
rendre une femme capable d'avoir une
voix dans les affaires nationales qui la
touchent, elle et les siens, d'aussi près
que n'importe qui dans la nation...
« Il est vrai que les femmes ont un
grand pouvoir. Cela fait partie du
cas que j'expose qu'elles ont un
grand pouvoir. Mais, comme elles l'ont
dans les pires conditions possiblos
il est indirect et par conséquent irrespon-
sable.
« Je demande que l'on fasse que ce
grand pouvoir devienne un pouvoir res-
ponsable. Que l'on fasse que les femmes
sentent leur conscience intéressée à son
exercice honnête. Qu'elles sentent qu'il
ne leur est pas donné, comme beaucoup
le pensent, pour leur ascendant person-
nel. It
« Je demande de faire travailler leur
influence par un constant inier(,'chatige
d'opinions et non pas des cajoleries. Il
« Je demande d'éveiller en elles le
point politique de n*onncur.
Avec cette brillante majorité qui se
retrouve des que la routine ou l'iniquité
ont besoin d'une sanction favorable, en
masse, les membres du Parlement
d'alors se hâtèrent d'affirmer qu'ils pré-
tèraient le laisser dormir.
Il en fut ainsi chaque fois qu'un im-
prudent osa rappeler ce malencontreux
projet. Ce parti-pris ne découragea pas
l'obstiné Jacob Bright ; il savait d'ailleurs
que le nombre des suitragistes grandis-
suit après chaque débat.
Sa voix a cessé; d'autres ont repris.
Une fois née,cotte idée qui s'inspirait du
principe éternel de justice trouva en elle
la force et la logique pour s'imposer mal-
grô l'inattention et l'hostilité.
L'idée de l'égalité des droiLs de la
femme, alors que lo son des paroles de
Bright devenu lointain se fut affaibli, s'é-
tendit de toutes part. Devenue vite très
puissante elle étonna ceux qui se rappe-
laient son enfance semblable, au dire de
certains, à de la e-nilitÉ,-.
Beaucoup, parmi ses adversaires,
avaient cru pouvoir préparer de tou-
chantes et pathétiques oraisons funè-
bres.
Pour en trouver l'emploi, il leur resta
de les transformer en discours, de
joyeux avènement ou de les joindre aux
clameurs ironiques ou indignées qui ac-
cueillirent la dernière discussion du bill
et son extraordinaire résultat.
Ce résultat est plus considérable en-
core.
L'Angleterre ne pourra longtemps
maintenir en équilibre un suffrage res-
treint élevé sur des bases artificielles
qui consacrent la suprématie aristocra-
tique inséparable en pays de droit d'aî-
nesse de l'aristocratie financière.
Une adjonction do capacités plus
grande que cinq dixièmes des votants
inscrits, et cela sans distinction de sexe,
s'impose comme prochaine réforme
électorale.
L'adoption du bill, en étendant le suf-
frage parlementaire aux porteurs de qua-
lifications actuelles qui sont femmes,
augmentera ainsi le nombre des Anglais
qui prendront part à la vie publique et
conduira insensiblement à un suffrage
universel.
Cette transformation qui, probable-
ment, seralente pourra permettre à l'An-
g-Ictcrrc d'établir le mode de suffrage
qui, pour exprimer le mieux la pensée
générale, s'entoure des meilleures garan-
ties.
Le suffrage universel au premier degré
est un leurre. Ainsi que le prouve
l'exemple de la France depuis 1848, il
n'est pas l'expression exacte de l'opinion
de la majorité, mais bien l'expression de
l'opinion d'une minorité qui dirige et
gouverne cette majorité.
Les classes peu cultivées apprécient
mieux les abus dont elles souffrent
qu'elles ne savent juger les réformes
qu'il faudrait y apporter. Elles sont pour
cela, et aussi parce qu'on escompte leurs
faiblesses et leurs passions, si aisément
exploitées qu'il faudrait les prémunir
contre leur ignorance tout en respectant
leurs droits.
Un suffrage, universel à la base (pre-
mier degré) chargé d'élire des électeurs
de deuxième degré plus instruits et plus
compétents (porteurs de capacités uni-
versitaires; occupants d'emplOis qui exi-
gent une intelligencespéciale des sciences
politiques etc.) arriverait plus sûrement
à concilier les droits de chacun et l'inté.
rêt général. Ces électeurs de deuxièmo
degré choisiraient sans distinction do
sexe et avoc une compétence plus cer-
taine les hommes politiques qui repré-
senteraient au Parlement, plus sûrement
que des élus directs, une volonté qui se-
rait vraiment nationale.
L'entrée des femmes dans la vie poli-
tique, en Angleterre comme en France,
ou dans tout autre pays, au lieu d'être une
causo do troubles et de désagrégation
rétablirait un équilibre actuellement ins-
table de l'avis de tous. Kn apportant un
élément nouveau elle hâterait la forma-
tion de l'homogénéité nécessaire au tra-
vail fructueux des assemblées législa-
tives, qui ainsi s'occuperaient enfin sé-
rieusement de l'intérêt des peuples qui
les élisent.
MAXIMILIENNE BIAIS.
Flh
Lire demain * la tribune de la « MttAiMt » ;
L'Astlfémliline de J.-J. SouHas*
par HSURIOTS MARCHAI
A la cour de cwwtlw
La Cour de cassation entendra lundi le
généra! de Boisdeffre et le général Gonse,
qui s'est présenté déjà deux fois au Palais
• et dont les dépositions n'ont pu être re-
cueillies.
Le capitaine Lebrun-Renault ne sera en-
tendu que plus tard, et, dans le cas où
Dreyfus serait ramené en France, ce qui
est génér -alement considéré comme proba-
ble, la défense demanderait une confronta-
tion entre le capitaine et l'inculpé de façon
à régler définitivement celte question des
aveux.
Envoi de documents à Dr"fus
Le gouvernement a autorisé l'envoi à
Alfred Dreyfus des documents dont M* De-
mangé, son défenseur, avait demandé la
communication, et qui doivent servir à éta-
blir sa défense conformément à l'invitation
de la chambre criminelle de la Cour de
cassation.
Une requête de M. Christian Esterhazy
M* Biévillo, avoué, agissant au nom de
M. Christian Esterhazy, a déposé entre les
mains cie M. Baudoin, président du tribunal
civil, une requête tendant à ce qu'il soit or-
donné, dans les premiers fascicules qui ont
paru des Dessous t/e l'affaire Dreyfus, par le
commandant Ksterhazy, la suppression des
passades le concernant et qu il juge diffa-
matoires. Pour réparation du préjudice, il
demande, en outre, des dommages-inlé-
Irèls.
Cette requête met directement en cause
le commandant Esterhazy, et solidairement
MM. Fayard frères, éditeurs.
L'affaire viendra prochainement devant
la ire chambre du tribunal et sera plaidée,
pour M. Christian Esterhazy, parM'"'tter-
bin ci Prévost.
D'autre part, M. Christian Esterhazy a
envoyé au Rappel la lettre suivante :
Deaulirnn, par Castres. fiironcJe,
6, décembre I&tt.
Monsieur,
eang Itw journaux, j'ai vu l'article où vous
dormez des détails sur la comparution de M.
Esterhazy en conseil d'enquête.
Je nppHIe la dornière partie de votre article :
- Le conseil d'enquètn avait retenu principa-
lement P... t... 3 «... les faits résultant d'une
correspondance entre M Esterhazy et le tenan-
cier ci iiiif *. maison de rendez-vous située dans
les environs de la Madeleine. Il résulte en effet
de e.:ttl! correspondance ilu'Ksterhazy était l'as-
socie de ce tenancier. Esterhazy écrivit un jour
audit ti n.mcipr de lui procurer une femme pour
Christian ; si Christian faisait un riche mariage,
F.stertiazy devait toucher un tant pour cent et le
tenancier une honnête commission •
Je ne sais, monsieur, si vos renseignements
sont exacts. S'ils le sont, vous apercevez ce qu'ils
ont pour moi de cruellement pénible et de com-
Îironn ll int. Car il semble, n'est-il pas vrai ! que
c devais ètre dans la partie qui se jouait sur
mon dos.
Il n'e st que trop vrai que ce sera pour moi,
pour istibii existenre entière, un dur supplice
d'avoir connu M. Fgtf-rli.-tzy.
I.c'rmdll'Z-moi de dire ici et da crier bien haut
que jamais je n'ai rien su du tenancier dont !
vous parlez et flue, si M. Esterhazy avait noué
avec lui, moyennant commission, la négociation !
que vous énoncez, je n'en ai rien conuu, rien,
absolument rien.
Cela dit, jp, sais que M. Esterhazy me pressait
do Ille marier.
Je m'étonnais de son insistance, car j'étais
mineur encore au moment où remanient a leur
début, ses manœuvres, et je lui ai rait observer
que, avant de song-r au mariage, il fallait me
préueeuper d'une situation et de travailler.
Dans t'la corr'"!pond utce, il me détaillait par
le ineun les raisons qui devaient IDf! déterminer
à me lII,lrÍt'r d,' bonne heure, et. pour appuyer
s- s dir.';;, il m'envoya même certaines lettres
d'un ahhÚ — que je ne nommerai pas.
Cette c"rr<'st'ond.tnc'', il faudra bien que, quel-
que jllur, je la révèle.
Car il n est pas possible que, rn toutes choses
— et quelles choa< s! — je ine trouve constam-
ment associé à mon insu aux opérations de M.
Esterhazy.
Il n'est pas possible que cela dure ainsi.
Dans les fie l'affaire Dreyfus, M. Ester-
hazy jette sur moi h s injures et les calomnies
les plus odieuses.
Il nie sera facile de répondre. Mais, à quoi bon
one réponse qui ne peut être directement et
immédiatement contredite.
Je le convie à un d' :tat contradictoire, et on
reconnaîtra bien, je pense, que, si je l'appelle à
un te! débat, c'est que je veux établir, avec une
lumière entière, comment il in'a appelé auprès
de lui, comment il s'est servi de moi et com-
ment rorps et Ame, je lui étais dévoué, tant que
je croyais lui devoir de la reconnaissance.
De la r'connaissance?
Eh oui !... oh ! j'ai été bien naïf et bien trompé,
e'cst sûr. Mais je me demande si, à ma place,
un homme d'expérience n'eût point été trompé
comme moi.
Le tribunal appréciera. Je m'en remets à sa
justice.
Veuillez agréer, monsieur, ma considération
distinguée.
Comte CHRISTIAN Eb"nllAzlr.
Le général Mercier
&)e r Aurore :
Un ofllcier supérieur et un ami de l'aurore
nous fut remarquer le fait suivant :
Ministre de la guerre et nommé, suivant
l'usage, commandant de corps d'armée à sa
sortie du ministère, le général Mercier a ac-
compli ses trois années réglementaires de com-
mandement; mais il est aussi d'usage constant
que les trois années soient renouvelées. Or, le
général Mercier a quitté son commandement
sans être atteint par la limite d'Age-
La conclusion est facile a tirer :
L'ami de Itrumont. a été mis à pied. Et vrai-
ment il en est quitte à bon compte.
D'autre part, le lladicat,sous le titre « Un
qu'on ne reverra plus ", publie l'informa-
tion suivante :
Enlln, en voilà un dont on n'entendra plus
fiarler, à moins que... mais n'anticipons pas sur
es événements.
Le générât de division Mercier, commandant
le 4* corps d'armée, est placé, depuis hier ma-
tin 8 décembre ltftW, dans la 2* section (réserve)
du cadre de l'état-major général de l'armée.
Placer dans le cadre de fttefve, oet officier
général qui en a montré si peu, paraîtra sans
doute une ironie, et quelques-uns se figureront
que, par le fait de sa situation nouvelle, le gé-
nérai Mercier va consacrer la fin de sa vieillesse
galonnée à des études auxquelles il n'est certes
pas préparé.
Heureusement, pareil danger n'est pu à
craindre#
Le cadre de réserve, c'est comme qui dirait
un cadre où l'on colle les vieux tableaux qu'on
ne veut plus voir.
Donc, saluons militairement le général Mer-
cier. Nous ne le reverrons plus, plus jamais.
L'AFFAIRE PICQUART
La liberté du colonel Picquart
Du Matin :
L'arrêt de soit communiqué rendu, hier, par
la chambre criminelle de la Cour de cassation
va avoir pour conséquence de prolonger la dé-
tention préventive du lieutenant-colonel Pic-
quart.
Dans ces conditions, il n'est pas hardi de sup-
poser que M* Labori, le dévoué défenseur du
prisonnier du Cherche-Midi, se préoccupe dès
maintenant de rédiger une requête afin d'obte-
nir la mise en liberté provisoire de son client.
Mais à quelle juridiction s'adresser pour pré-
senter valablement la requête ? Au deuxième
Conseil de guerre, ou a la huitième chambre
correctionnelle, ou bien à la cour suprême ?
Ce point de droit était très curieusement dis-
cut,û, bier, au .)alai8 dp justice, entre avocats.
Tout d'abord, la question de savoir si la re-
ête à tin de mise en liberté provisoire doit être
F-t r;,sf!ntt%,o au Conseil de guerre était résolue à
a presque unanimité dans le sens de la néga-
tive. En effet, le lieutenant-colonel Picquart n'est
st)uj le coup d'aucun mandat d'arrêt de l'autorité
militaire.
Il a été mis en état d'arrestation sur un man-
(laL de M. le juge d'instruction Fabre. Puis la
justice civile a « prêté » son prisonnier à la jus-
tice militaire.
Le lieutenant-colonel Picquart ne relève donc
pas. pour sa mise en liberté provisoire, d,} la
juridiction militaire, a laquelle il" n'appartient »
pas.
Mais laquelle, de la chambre criminelle,
de la cour do cassation ou de la huitième
chambre de police correctionnelle, est compé-
tente pour statuer sur la requête de mise en li-
berté ?
L'une et l'autre, d'après l'opinion générale. La
huitième chambre de police correctionnelle parce
que le lieutenant-colonel Picquart est incarcéré
en vertu d'un mandat émané de la justice ci-
vile; la chambre criminelle de la cour suprême
la parc., que, détentnc dans quelques jours, de
a procédure militaire et de la procédure civile
suivies contre le lieutenant-colonel Picquart,
elle sera, & même, après examen des pièces des
dossi'u's. de décider souverainement s'il échet
de mettre en liberté provisoire le prisonnier du
Cherche-Midi.
1 Quoi qu'il en soit. la requête à fin de mise en
liberté va être incessamment déposée soit devant
a cour suprême, soit devant la huitième cham-
bre correctionnelle.
Après l'arrêt
M. Philippe Dubois, dans l'Aurore, donne
sur le colonel llic(luart les détails suivants:
Dès que l'arrêt eut été prononcé. M' Labori
et son dévoué secrétaire M* Hild se rendirent en
voiture à la prison du Cherche-Midi pour aviser
le colonal Picquart. M' Mimerel suivit ces mes-
sieurs à un quart d'heure de dist mco.
Sans se départir du calme qui ne l'a jamais
abandonné depuis qu'il est victime des rancunes
et des vengeances du deuxième bureau, le
colonel Picquart remercia chaleureusement ses
défenseurs et les félicita du résultat obtenu.
On sait que, longtemps. In prisonnier du Cherche-
Midi avait hésité avant de consentir à signer la
requête tendant au règlement de juges, désireux
qu il était, disait-il, d'en Unir le plus tôt possible
et de se justifier. Cette attitude était d'autant
plus courageuse que Zurlinden l'avait livré, non
a des juges, mais à des exécuteurs.
En quittant son client. M" Labori 80 rendit au
parquet du conseil de guerre pour s'enquérir
des intentions de la justice militaire en présence
du fait nouveau qui venait de surgir. On lui ré-
pondit qu'on n'avait encore reçu aucune notill-
cation.
Voici, plus que probablement, ce qui se pas-
sera lundi prochain. Le conseil de guerre, régu-
lièrement convoqué, se réunira à l'heure con-
venue. Le colonel Picquart sera invité par le
président à déclarer son état civil. Ensuite le
commissaire du gouvernement se lèvera pour
donner connaissance aux membres du conseil
de l'arrêt rendu hier par la Chambre criminelle
de la Cour de Cassation. Sur ce, les débats sc-
ront renvoyés sine die et l'audience sera levée.
line question intéressante encore, est celle 'te
savoir si, dans un laps de temps plus ou moins
rapproché, le colonel Picquart sera mis cn lilJerté
provisoire.
L'arrêt de la Cour laissant entier le fond de
l'affaire, îi*lmplifitir nullement une mesure de
ce genre. Mais il est sûr que d'ici pru la tour-
nure des événements la rendra nécessaire — en
attendant que sonne, pour l'apôtre de Vérité et
de Justice, l'heure des équitables réparations.
Un héritage
Un journal annonce que le lieutenant-
colonel Picquart vient d'hériter d'un oncle,
ancien directeur de la succursale de la f
Banque de France à Strasbourg, habitant
Tours et Paris depuis 1871, qui lui aurait
laissé le tiers do sa fortune représentant
plusieurs centaines de mille francs.
Le fait est déjà ancien de trois mois, et il
est exact que le lieutenant-colonel Picquart
et neuf de ses proches ont, au même titre,
hérité do cet oncle, mais d'uno somme
moins élevée que celle indiquée par notre
confrère.
Légitime désir
Plusieurs adhésions au vœu que le pro-
cès Picquart soit ajourné nous ont encore
été adressées, avant que soit connue la dé-
cision de la Gourde cassation.
Ce sont les suivantes : -
Billot, ancien ambassadeur de la République
française ; Ad. Pichon, professeur agrégé de 1 U-
iti%,er.gité ; Debidour, inspecteur général de l'ins-
truction publique ; Eugène Dclarll, homme de
lettres; Fdmoii(l Halphen, conseiller général de
la Gironde ; Pierre Vil lard, à Lyon ; Henri Char-
ron, percepteur, éh'vede l'Erole pol Y tech-
nique ; Bonnet, Kouglé, Merlin, Milhaud, pro-
fesseurs à l'université 'teMontpettier; Chalaneau,
correspondant de l'Institut r Gaston Deschamps;
Marilher, maître de conférences à l'Ecole des
hantes études; Llmoi^T,ingénieur civilNants*
professeur à l'université de Toulouse ; Masque,
ray et Rouge. professeurs à t'Université de B
rive ; Joseph Carrive, Candou, Bourchenin, pasn
teur ; Hourcade, Lavie-Gamlot, Ment«M,Lud«..
Lévy et Raillard, agrégés de l'Université; Frant
Jourdain, architecte ; Théodore Lefebvre.
D'autre part, les principaux promoteurs
du vœu nous font connaître qu'en présence
de la décision prise hier par la Cour de
cassation ils estiment que la manifestation
n'a plus d'objet.
Nous croyons donc devoir clore sur 1m
derniers noms qu'on vient de lire la liste
des protestataires.
L'avis des journaux sur l'arrêt de la Oow
de cassation
De M. J. Cornély, dans le Figaro :
M. J. Cornély, dit qu'il est certain que, de
pote sa réforme, la magistrature française a*
perdu de la considération dont elle jouissait
autrefois et que par conséquent, les arrêts de
la cour de cassation, et en particulier ceux de la
' chambre criminelle, n'inspirent pas le même
respect religieux. Mais il faut croire quu la ma-
gistrature française n'est pas seule à avoir subi
ce fâcheux mouvement d'abaissement, et, de
cet abaissement général, il résulte que les pro-
portions mutuelles sont restées les mêmes.
Pour paraître sensé au milieu des fous, il n'y
a pas besoin d'avoir écrit les Provinciales ai
même le Maître de forges.
C'est pourquoi, au milieu des bêtises et des
atrocités tranquilles dont sont offusqués à
l'heure et à la journée nos yeux et nos oreilles,
la voix de la cour de cassation paraît encore, de-
puis quelque temps, dire ce qu'il y a de plus
raisonnable et de plus pratique.
11 laut s'y soumettre. No pas s'y soumettre
serait, d'ailleurs, assez difficile.
De M. Millerand, dans la Lanterne :
En prenant la décision si anxieusement
souhaitée par tous les esprits libres et de sang-
froid, la cour n'a pas rendu seulement un si-
gnalé service à la paix sociale, elle a remis tout
et chacun à sa place. Par la seule force de la
raison et de la loi, sans précipitation, sans fra-
c.ts. elle fait plier des résistances qui se procla-
maient indomptables.
De M. de Kérohant dans le Soleil :
Donc nous montons — lentement, car on se
heurte, à chaque pas. aux pierres du chemin —
mais nous montons vers la lumière, vers la vé-
rité, vers la justice.
Ceux qui, suivant le mot de l'Evangile. avaient
des yeux pour ne point voir et des oreilles pour
ne point entendre verront et entendront. Ils re-1
connaîtront leur erreur.
Et cela me suffira pour me venger de ceux j
qui, connaissant mon désintéressement et la
sincérité de mes convictions politiques et reli-
gieuses, m'ont odieusement et traîtreusement
attaqué.
De M. Géraull-Richard, dans la Petite Ré-
publique :
Le faux, c'est le « petit bleu 8. au dire de
l'Etat-major. S'il est faux, il ne constitue pas un
document secret intéressant la défense natio-
nale et dont la divulgation entraînerait les pires
catastrophes. Alors que devient l'accusation du
tribunal correctionnel?
A-t-on jamais rêvé rien de semblable dans les
casse-tête chinois? Après celui-là, ceux dont
nous menace la Ligue des patriotes paraîtront
bien inoffensifs.
« Mais à voir tant de bêtise alliée à tant de
coquin crie, on se demande si ceux qui ont monté
ce mauvais coup relèvent du juge ou du mé-
decin. Et dire que tout ce qu'ils font est de cet
acabit. Ils ne sont pas seulement maladroits
quand ils se défendent, mais aussi, hélas 1
quand ils se mêlent de défendre le pays. e
Le général Leclero
M. Millet, résident de France en Tunisie,
et le général Leclerc, appelé pour l'affaire
Picquart sont arrivés hier matin à Mar-
seille par le Kléber.
AU PARLEMENT
Sénat
La séance est ouverte à à heures sous la
présidence de M. Loubet.
On aborde la discussion sur la prise en
considération de la proposition de loi de
M. Combes sur la réforme des sanctions de
l'enseignement secondaire.
Malgré une intervention de M. Halgan, la
prise en considération est votée.
On reprend la délibération de loi sur le
projet relatif à la réforme du casier judi-
i ciaire. Après avoir adopté un amendement
de M. Thézard et repoussé un amendement
de M. Bérenger. les deux articles sont
adoptés. Le Sénat décide qu'il passera à
une deuxième délibération.
Une deuxième délibération a eu lieu sur
une proposition de loi relative au secret des
actes signifiés par huissier.
M. Maxime Lecomte défend un amende-
ment tendant à créer un corps de clercs
assermentés; cet amendement est combattu
par la Commission et le gouvernement ; il
est repoussé par 196 voix contre 43.
Les autres articles et l'ensemble de la
loi sont adoptés à mains levées.
La séance est levée.
Les Couloirs
Lo Sénat s est réuni dans ses bureaux et
a nommé une commission pour l'examen
de la proposition de loi de M. Waldeck-
Ilousseau portant modification de l'article
415 du Code d'instruction criminelle.
Ont été élus MM. Isaac, Waldeck-Rous-
seau, Gazot, Théodore Girard et Morlet
favorables et MM. Tillaye, Eugène Guérin
et Bisseuil, hostiles.
YVONNE LECLAIRE.
AU CONSEIL MUNICIPAL
On se serait presque cru à la Chambre un
jour do grande interpellation, avec renver-
sement du ministère. Oh ! cette fois, l'on
ne s'est pas ennuyé, il n'y a que le préfet 1
l aqili'avaSt pas l'air content, et pour MM@!
A* début de la séance, M. Navarre donne
fe'jasvolB à M. de Selves pour qu'il commu-
rtfMrun décret annulant une délibération
'jsTt&ùseil invitant le préfet à mettre à la
disposition du ministre des Travaux pu-
blies, MM. Legouez et Bienvenu, ingénieurs
du Métropolitain, dont les actes avaientété
contraires aux intérêts de la Ville ; cette
délibération invitait également le Bureau à
jàpeter l'attention du ministre de l'inlé-
MâMP sur les conditions dans lesquelles le
préfet de la Seine administrait la Ville de
Il. de Selves refuse de monter à la tri-
bune ; les conseillers crient, le préfet croit
se Urer d'affaire en déclarant qu'il ne peut
donner lecture du décret, n'en ayant pas le
texte officiel. Ce subterfuge ne lui réussit
rire, car le président, sur la demande de
Chausse, suspend la séance jusqu'à ce
-que le Maire de Paris ait pris une décision
.Arorme à l'avis de rassemblée munioi.
pâle. *
Après vingt minutes de suspension, le
préfet vient enfin donner lecture à la tri-
bune du décret d'annulation; le motif
donné par le ministre est que lo conseil a
délibéré sur des objets étrangers à ses at-
tributions.
Or, comme le fait très justement remar-
quer éLé M. Labusquiôre, la délibération a déjà
té exécutée en partie, puisquo l'un des in-
génieurs a été déplacé, alors pourquoi cette
annulation? De plus, le Métropolitain ne
serait-il pas une alfaire municipale, ainsi
que l'administration de la Ville ? La démar-
che à faire par le Bureau avait été jugée
régulière par le précédent ministère et M.
Barthou n avait pas craint de donner satis-
faction au Bureau du conseil dans une cir-
constance analogue.
M. Labusquière fait voter l'ordre du jour
suivant :
./
« Le Conseil protesto énergiIuement contre
le décret d'annulation lui contestant le droit de
s'occuper des affaires municipales, maintient sa
délibération, exécutée d'ailleurs partiellement
à l'heure actuelle et renvoie à la première cir-
conscription l'examen du décret en question qui
porte atteinte aux droits du Conseil ».
La question des taxes de remplacement
reparaît encore au Conseil, lequel renvoie
à la commission de suppression de l'octroi,
une proposition de M. Clairin invitant le
préfet à faire connaître au Parlement la
demande de sursis de la Ville de Paris.
Puis, avant de se séparer, le Conseil vote
une allocation supplémentaire de 1,200 fr.
à M. Peyron, l'ancien directeur de l'Assis-
tance publique, afin que sa retraite soit de
6,000 fr. Plusieurs membres de la gauche
réclament, ils voulaient que M. Peyron eût
une retraite de 8,000 fr. Lo pauvre homme!
MARIA VÉRONE.
Le temps n'est plus où la mode imposait
impérieusement tous ses caprices ; une
certaine logique inspire presque toujours
ses arrêts, et l'hygiène, tant de daignée par
elle, est aujourd'hui sa préoccupation cons-
tante. Nous ne verrons plus les transpa-
rents fourreaux du Dircct.oire,qui firent pé-
rir de pneumonie tant de jeunes femmes ro-
bustes; ni les corpsdcs XVlloet XVIIIesiècles,
où les poitrines et l'abdoi-iien subirent de si
cruelles tortures ; ni les grolesquescrinoli-
nes du second Empire, qui sous leurs clo-
ches géantes tirent mûrir tant de maux.Les
réunions mondaines ont vu disparaître
aussi, au grand bénéfice de nos estomacs,
les écœurantes boissons sucrées, les punchs
et les rafraîchissements funestes. Il est de
bon ton maintenant, dans les five o'dorl, et
les soirées, d'offrir le délicieux vin toni-
que Mariani, dont la chaleur généreuse ra
nime et réconforte, dont la vertu protec-
trice cuirasse les poitrines délicates contre
les rhumes et les bronchites, et qui allume,
dans les causeries de salon, les flammes
légères de cette bonne gatté gauloise dont
la source semblait tarie.
A Propos d'Aniane
Je voudrais apporter ma modeste contri-
bution à la réforme — inévitable aujour-
d'hui — des établissements que l'Adminis-
tration décore du titre de if Maisons d'Edu-
cation correctionnelle M et que tout le
monde appelle des maisons de correction.
Le problème est difficile ; profondément
inquiétant; peut-être sera-t-on longtemps
avant de le résoudre ; mais du moins faut-il
chercher.
Vous savez quels sont les enfants qui
peuplent ces tristes maisons. On l'a dit,
d'ailleurs, à la Chambre ces jours-ci. Ce
sont : soit des enfants acquittas par le tribu-
nal pour avoir api sans discernement, soit des
enfants enfermes là par des parents malha-
biles, débordés ou... barbares.
Il y a des bébés; il y a des jeunes gens :
huit ans, dix ans, treize ans, vingt ans.
Parmi ces malheureux, les uns sont des
vicieux qui sont nés portant la tare fami-
liale; les autres sont des viciés par le mi-
lieu, par la camaraderie; d'autres, enfin,
sont de pauvres petits diables qui, bien
élevés, seraient comme vos enfants et
comme les miens, et dont quelques-uns ont
l'étoffe dans laquelle se taillent les héros.
Et pour ne pas que l'on m accuse de pa-
radoxe, je vais immédiatement citer deux
cas, non pas inventés de chic, non pas re-
cueillis dans des livres, mais des cas d'en-
fants vivant aujourd'hui — en maison de
correction. Ces enfants je les connais et ne
puis penser à eux sans avoir le CLOU r tordu...
parce que c'est abominable.
Voici. L'un est fils d'ouvriers assez cossus
pour mettre toutes les semaines une petite
somme dans le tiroir de l'armoire. C'est
leur trésor, et malheur à qui le touche-
rait seulement, même sans mauvaise la-
tention.
Eh bien 1 le fils L'a volé l L'enfant avait dix
ou onze ans, et le sae co&Umait plus de
cent francs.
Avec cette somme, le petit a d'abord ré-
galé de « frites » ses camarades de trottoir,
puis il a porté le reste — c'est-à-dire le
plus gros à une vieille femme qu'il avait
vue se désoler, parce qu'elle était menacée
d'expulsion.
On a payé les termes arriérés. Mais les
parents ont dénoncé leur fils ; il a été ar-
rêté, conduit à la Petite Hoquette, où nous
l'avons vu ; puis, ayant été acquitté comme
ayant agi sans discernement, envoyé en cor-
rection. Je suis allé le voir dans 1 établisse-
ment d' « éducation » où il doit rester jus-
qu'à sa majorité. Là, point de tortures,j'en
ai la conviction (je ne dis pas la certitude).
— Mais le seul fait de l'y avoir envoyé, est
au moins une faute contre le bon sens.
Puisque les parents n'étaient pas dignes
de ce fIls là, il fallait simplement le confier
à un éducateur sérieux et bon qui lui au-
rait enseigné à canaliser sa générosité, et
qui lui aurait inspiré le désir de travailler
beaucoup, pour pouvoir faire beaucoup de
bien.
L'autre a perdu son père quand il était
tout petit. Sa mère s'est mise avec un autre
homme. Puis elle est partie lui laissant
l'enfant qu'il a gardé. Mais il a pris une
autre femme. Bref, las de changer de...
protecteurs à la main leste et dure, le gar-
çonnet — douze ans - - est parti à son tour.
Il s'est installé dans une sorte de placard
dépendant d'une cité — bien mal famée —
et il a continué à gagner son pain comme
chiffonnier.
Dans la cité, il a rencontré un mauvais
gas qui en a fait son souffre-douleurs.
Un jour, le petit déjeunait, il étendait du
fromage sur du pain avec un petit couteau;
son tyran arrive par derrière et lui fait une
très mauvaise plaisanterie, Exaspérée, la
victime se retourne, frappe sans viser,
sans regarder môme et tue raide l'horrible
voyou.
Acquitté pour avoir agi sans discernement,
le « meurtrier Il estdans une maison de cor
rection ; et alors que l'on aurait dû le pla-
cer dans dos conditions telles qu'il eût
oublié et ses premières années cahotées et
son malheur, le régime — même humain —
auquel il est soumis, l'y ramène constam-
ment. Victime de la famille, victime d'un
misérable, victime de la société, c'est pro-
bablement un révolté de demain.
Nos « maisons de correction » ont un pre-
mier vice rédhihitoire (abstraction faite de
toute idée philosophique qui les condam-
nerait). C'est d'être trop peuplées ; elles en
ont un second : C'est de ne pas opérer une
sélection rigoureuse; elles en ont un
troisième, c'est de dépendre du ministère
de l'intérieur qui ne peut pai entreprendre
d'éducation parce qu'il n'a pas un personnel
d'éducateurs.
Il me semble facile de mettre en un éta-
blissement spécial et sous la direction d'un
médecin les enfants vicieux ; de mettre en
un second établissement spécial et sous la
surveillance d'un éducateur émérite, les en-
fants viciés; enfin de réunir les autres dans
do vraies écoles, comme de vrais écoliers
qui demandent cependant une sollicitude
particulière.
Ces trois catégories d'établissements se-
raient des établissements agricoles.
Il y a en Suisse des types que nous de-
vrions imiter. Dans chaque colonie agricole
il y a autanl de minages d'éducateurs instal-
lés dans un pavillon spécial qu'il y a de fois
douze pensionnaires. C'est donc comme une
sorte de village dans lequel chaque famille
aurait douze enfants adoptifs.
Les résultats sont excellents. Or, si j'ai
bien compris ce que j'ai lu (compte-rendu
iti-extenso de la discussion de l'interpella-
tion Fournière à YOfficiel), le sous-secré-
taire d'Etat et le président du Conseil sont
animés des meilleures intentions.
Pourquoi ne feraient-ils pas immédiate-
ment étudier le système suisse? Pourquoi
la commission d'études (une commission
très peu nombreuse, puisqu'il s'agirait de
travailler) ne serait-elle pas une commis-
sion mixte, c'est-à-dire composée de délé-
gués des deux ministères de l'Intérieur et
de l'Instruction publique ? Pourquoi, enfin,
le ministère de 1 Intérieur ne se résoudrait-
il pas à faire au ministère de l'Instruction
publique le cadeau si troublant des enfants
acquittés par les Tribunaux?
Mais il faut se hâter d'étudier le pro-
blème et le résoudre.
Ne faisons plus de martyrs; nous en avons
déjà trop à notre passif.
PAULINE KERGOMARD.
Mutualité, Assistance
Voici, le moment oii les crèches sont le
plus fréquentées, il Paris surtout : les vil-
légiatures finies, chaque femme do ménage,
chaque vaissellièro, chaque femme do
charge ou ouvrière supplémentaire, ayant
repris son poste (il moins de traverser un
douloureux chômage), est obligée de oon-
fier son dernier-né à la crèche et ses plus
grands aux écoles. Beaucoup n'y vont, dans
ces crèches, que poussées par l'excessive
nécessité et ne se défendent pas d'une ap-
préhension quand elles en passent le
seuil...
Les préjugés ne sont pas pour rien
dans cette appréhension, certainement, —
mais, pour une part très justifiée, y entre
plus ou moins la crainte des contagions : et
voilà pourquoi nous ne saurions trop enga-
ger les dames patronnasses des crèches à
visiter le plus souvent possible les locaux
auxquelles elles s'intéressent, afin de véri-
fier si directrices et surveillantes font bien
leur devoir — le en refusant tout enfant1
«d Wluefo"o t«m t"
lièrement, salles,, berceau?, et tous ôâsts .
servant aux bébés ; — 9* en n'acceptant
pas plus d'enfants qu'il ne leur est permis
d'en recevoir : — trois articles essentiels,
mais risquant d'être souvent enfreints, tant
à cause de la faiblesse des directrices, gar-
diennes ou sui veillantes devant les plaintes
des mères contrariées ou même exaspé-
rées par un refus, que par suite de l'igno-
rance qui leur fait souvent regarder comme
superflues lois précautions hygiéniques. —
Ce dernier cas, très grave lDcontèstable-
ment et fréquent sinon général, ira heu-
reusement se raréfiant par l'application de
l'arrêté nouveau qui écarte du service toute
personne non pourvue du diplôme d'infir-
mière.
Il semble que l'utilité, la nécessité des
crèches bien comprises devrait être recon-
nue de toutes et de tous, à notre époque où
la femme est obligée d'apporter sa quote-
part de travail salarié à la communauté dès
que celle-ci se paie le luxe d'un troisième
enfant, — sans compter le nombre, consi-
dérable, des filles-mères, des abandonnées,
des veuves et des divorcées. Et de fait à
Paris, grâce au zèle de la Société des Crè-
ches, l institution commence à être appré-
ciée à sa juste valeur.
Mais, à part la crainte des contagions —
qui, on le comprend encore, peut rendre
les mères méfiantes — que d'absurdes pré-
jugés restent, à Paris aussi bien qu'en pro-
vince, préjugés à peine croyables et qu'il
ne faut pas que les dames patronnesses
ignorent. Voici, littéralement, ce que m'ont
dit des mères :
— Par exemple! ce n'est pas moi qui met'
trais mon enfant à la crèche 1 ma voisine y
a mis le sien : on lui a enlevé sa gourme,
et elle lui a retombé sur le cerveau, ce
qui l'a fait mourir d'une méningite.
— Mettre mon enfant à la crèche, pout
qu'il donne souffre de la faim, ah ! non : on ne leur
onne le biberon que toutes les deux heu-
res, et on ne leur permet la soupe qu'à
un an.
— Faut-il pas être bête pour les y met-
tre... on sait bien qu'on leur fourre du pa-
vot ou du sirop diacode dans leur lait pour
les faire dormir tant et plus, et n'avoir pas
à s'occuper d'eux.
Ce sont de telles raisons qui entre.
tiennent la vieille hostilité, ici, là, pres-
que partout un peu. Sans compter que.
en certaines provinces, des voix de prêtres
(cela se trouve surtout dans les communes
où la crèche est confiée à des laïques) s'élè-
vent, prêchant ainsi la bonne parole :
« La crèche est une invention impie,
antisociale : elle déshabitue la mère de
soigner son enfant, la rend indifférente à sa
famille, la pousse aux usines — lieux de
perdition ! »
Remettons, faute de place, la question
des commissions locales, dont l'absence à
côté des crèches est une lacune à combler,
et contentons-nous d'avoir requis tout le
zèle des dames patronnesses au sujet de la
stricte observance des règles les plus indis-
pensables; et de donner la liste suivante
des crèches de Paris que nous croyons pou-
voir être utile tant aux mères qu'aux dames
qui ont de petits protégés à recommander
ou à placer :
Paris. — Il arrondissement. — Saint-Roch,
rue st-Ityacinthe St-Honoré, 4; Crccht' muni-
cipale du I- arrondissement, rue de l'Arbre-
Sec, 17.
Il' arrondissement. — Bonne-Nouvelle, rue
St-Denis, 218 ; Crèche du Mail, 70, rue Mont-
martre.
Ht' arrondissement — Crèche des Archives,
rue de S.iintonpe, 43.
IV- arrondissement. — Sle-Phllomène, rue
Stc-Croix do la Uretonncrio, 20; St-Prançois de
Salles, rue Pouileticr, 5; Crèche municipale du
IV- arrondissement, rue St-Antoinc, 164.
5- arrondissement. — Crèche Monge, place
Monge, 4; Crèche Sadf-Cirnot, rue des Trois
Portes, 3; Crèche Ble-Lucie, rue des Bernar-
dins, 15.
6' arrondissement. — Bélhléem, rue de Mézié-
res, 6; Crèche du VI- arrondissement, rue Ja-
cob. 11.
V!!' arrondissement. — Saint-Pierre du Gros-
Caillou, rue de Grenelle, 182 ; Saint-Vincent-de-
Paul, rue Oudinot, 3 ; 8a.inl-Thùmas-d'Aquin,rua
Pevronnet, 9.
VIII- arrondissement. — Saint-Philippe, rue
de; Monceau, 13 ; Sainto-Madcleine, rue de la
Vîllit-l'Kvèque, 14.
IX- arrondissement.—Saint-Louis-d'Antin,rué
dn la Chaussée-rt'Antin, 27; Crèche laïque du
IX- arrondissement, rue de la Rochefoucauld, 27.
X- arrondissement. — Crèche du X- arrondis-
sèment,, rue Saint-Maur Popincourt, 18"» ; Crèche
du Faubourg Saint-Martin, rue du Faubourg
Saint-Martin, 12-2.
XI' arrondissement.— Crèche Charles Floquet,
rue St-Maur-Popincourt, 6; St-Joseph, rue ti' An.
goulème, 81.
XH' arrondissement. — Sle-Maric-dcs-Quinzc-
Vingts, avenue Daumesnil, 66 ; SUloseph tBercy),
rue des Mcun:ers.63; Maison Maternelle, Crècno
du Berceau de l'Enfance, 7, passage Ricaut, r.
du ChAtcau-des Rentiers; Crèche municipale du
quartier Crouleharbe, rue des Gobelins, 7 ; Crè-
che laïque de la Maison-Blanche, 1, r. Barrault;
Crèche municipale do la Salpôtrière, â, rue du
Banquier.
XtV' arrondissement. — Crèche municipale
laïque de plaisance, rue d'Alésia, 235; Crèche
Furtado-Heinc, rue Jacquier, 7; Crèche Fénelon-
Chnrles, rue Charles-d'lvry.
XV, arrondissement.—Sainte-Marguerite (Gre-
nelle), rue Ginoux, 6; Crèches laïques munici-
pales de l'Kspérance, ruo Violet, 68; du quartier
St-Lambert et Necker, r. d'Alleray, 13; Crècho
Fourcade, 25, rue Heurel.
XVt' arrondissement.—L'Annonciation (Passy),
rue Singer. 8. Crecho Sainte-Marie, avenue vie-
tor-Hugo, 117. Crèche du Point-du-Jour, rue
Claude-Lorrain, 22 bis. Crèche du XVI- arrOQ-
dissement, rue François Millet.
XVII- arrondissement. — Saint-Joseph (Ternes),
rue Bacon, 11. Crèche de la Compagnie do
l'Ouest, avenue de Clichy, 163. Petite Crèche tics
Batignolles, avenue de Clichy, 47 bis. Crèche
municipale des EpinetUs, ru~ Berz-*,Iius pro-
longée, 8 his. Crèche Ma ictcine Bres, 43, rue
Nolfet. Petite Crèche de la ruo Gauthey, 49. Crè-
che municipale du XVII- arrondissement, rue
de l'Ktoile. 21 (avenue Mac-Mahon).
XVIII- arrondissement. — Crèche de Clignan-
court, rue Damrémont, 93; Crèche de la Chapelle
LA TRIBUNE
10 DÉCEMBRE 1898
LE
SUFFRAGE DES FEMMES
EN ANGLETERRE
Gcttf rubrique forme lm feuilleton ««M
émit te mftt change tous la trois jours.
IrC vote municipal appartient aux fem-
mes dans l'Australie entière : Nouvelle
Galles du Sud, Tasmanie, Queensland,
Victoria. L'Australie du Sud a ajouté à
ce droit celui du suffrage parlementaire
par le « Constitution amendement Act
de 1894. »
L'Acte électoral de la Nouvelle Zé-
lande, 10 septembre 1893, donne aux
hommes et aux femmes des droits poli-
tiques égaux.
Dans la colonie du Gap, les femmes
ont le vote municipal.
De même dans certains territoires de
la Dominion du Canada, elles ont le vote
municipal depuis 1884 pour la Nouvelle
Ecosse et l'Ontario; depuis 1880, dans
l'étendue du Manitoba et à partir de
t888 dans le Brunswick et la Colombie
britanniaue.
VI
L'opinion de la partie intelligente de
la population est sensiblement favorable
au suffrage des femmes.
Il faut noter que le clergé des diffé-
rentes confessions non seulement ne
•'y est pas montré opposé mais compte
parmi ses membres les plus éminents
du suffragistes convaincus. -
Pour en bien témoigner ces « Exten-
sionnistes » ont permis au Central Co-
mitlce de réunir leurs appréciations et
de les publier en une petite brochure
éditée par le Comité.
Chacun peut apprendre que l'archevê-
que de Cantc:rLmry sera heureux de voir
accorder le sulîrage aux femmes qui
ont propriété et responsabilité.
Iole cardinal Vaughan. archevêque de
Westminster, et l'évoque de Londres
sont partisans de la franchise aux mô-
mes conditions que pour les hommes.
M. H. Adler, grand rabbin, ne voit
aucune raison pour disqualifier les fem.
mes.
Lo Révérend Ilugh Price Hughes ne
peut admettre, entre autres choses, que
dans une période démocratique, même
dans les pays de monarchie, on donne
satisfaction à ceux qui frappent un sexe
entier d'ostrascisme plutôt qu'à ceux qui
désirent abolir toute distinction artifi-
cielle et superflue entre les sexes.
La réponse du président de l'Union
congrégationale Révérend Urijah R.
Thomas est catégorique. Depuis vingt-
cinq ans il est certain que l'intervention
de la femme dans les affaires politiques
et religieuses doit être appelée par tous
ceux « chez qui le bas égoïsme n'a pas
tué les sentiments qui font l'homme au
vrai sens du mot. »
La lecture de ces extraits, trop courts
et trop peu nombreux, suffira pour
faire apprécier la largeur de vue et les
sentiments de justice de quelques-uns
des membres du haut clergé anglais.
Au Parlement, les partisans du suf-
frage des femmes sont plus clairsemés.
Depuis que, pour la premiùre fois, à
la Chambre,Disraeli (Lord Beaoonsfleld)
fit résonner d'étranges paroles, au sujet
d'un sexe oublié, jusqu'aux discours de
M. Faithfull Begg et do ses amis, les
leaders féministes ont été plus connus
par leur valeur que par leur nombre.
Un an après Disraeli, John Stuart Mill
s'avançait : à la barre « Je propose, mes-
sieurs, dit-il, une extension de suf-
frage qui ne peut amener aucune scis-
sion dans cette Chambre,qui ne donnera
d'ombrage à personne,qui n'affligera pas
le plus timide alarmiste de terreurs ré-
votuLionnaires,et n'offensera. pas le plus
jaloux démocrate comme un privilège
garanti à une classe de la société aux
dépens des autres.
«Rien ne peut distraire notre attention
de cette simple question : Est-il quelque
justiflcation adéquate pour continuer
d'exclure une moitié entière de la popu-
lation, non seulement de l'admission,
mais de la capacité d'être jamais admise
dans le sein de la constitution, alors
qu'elle remplit les conditions légales et
constitutionnelles suffisantes dans tous
les cas excepté le aien.
« Il n'est pas d'exemple d'une exclu-
sion aussi absolue. S'il existait une loi
qui n'accorde le droit de vote qu'aux pos-
sesseurs de 25.000 francs de rente,
l'homme le plus pauvre de la nation
pourrait parvenir il acquérir ce suffrage.
a Mais, ni naissance ni fortune, ni mé-
rite, ni effort, ni intelligence, rion parmi
les choses humaines ne peut jamais
rendre une femme capable d'avoir une
voix dans les affaires nationales qui la
touchent, elle et les siens, d'aussi près
que n'importe qui dans la nation...
« Il est vrai que les femmes ont un
grand pouvoir. Cela fait partie du
cas que j'expose qu'elles ont un
grand pouvoir. Mais, comme elles l'ont
dans les pires conditions possiblos
il est indirect et par conséquent irrespon-
sable.
« Je demande que l'on fasse que ce
grand pouvoir devienne un pouvoir res-
ponsable. Que l'on fasse que les femmes
sentent leur conscience intéressée à son
exercice honnête. Qu'elles sentent qu'il
ne leur est pas donné, comme beaucoup
le pensent, pour leur ascendant person-
nel. It
« Je demande de faire travailler leur
influence par un constant inier(,'chatige
d'opinions et non pas des cajoleries. Il
« Je demande d'éveiller en elles le
point politique de n*onncur.
Avec cette brillante majorité qui se
retrouve des que la routine ou l'iniquité
ont besoin d'une sanction favorable, en
masse, les membres du Parlement
d'alors se hâtèrent d'affirmer qu'ils pré-
tèraient le laisser dormir.
Il en fut ainsi chaque fois qu'un im-
prudent osa rappeler ce malencontreux
projet. Ce parti-pris ne découragea pas
l'obstiné Jacob Bright ; il savait d'ailleurs
que le nombre des suitragistes grandis-
suit après chaque débat.
Sa voix a cessé; d'autres ont repris.
Une fois née,cotte idée qui s'inspirait du
principe éternel de justice trouva en elle
la force et la logique pour s'imposer mal-
grô l'inattention et l'hostilité.
L'idée de l'égalité des droiLs de la
femme, alors que lo son des paroles de
Bright devenu lointain se fut affaibli, s'é-
tendit de toutes part. Devenue vite très
puissante elle étonna ceux qui se rappe-
laient son enfance semblable, au dire de
certains, à de la e-nilitÉ,-.
Beaucoup, parmi ses adversaires,
avaient cru pouvoir préparer de tou-
chantes et pathétiques oraisons funè-
bres.
Pour en trouver l'emploi, il leur resta
de les transformer en discours, de
joyeux avènement ou de les joindre aux
clameurs ironiques ou indignées qui ac-
cueillirent la dernière discussion du bill
et son extraordinaire résultat.
Ce résultat est plus considérable en-
core.
L'Angleterre ne pourra longtemps
maintenir en équilibre un suffrage res-
treint élevé sur des bases artificielles
qui consacrent la suprématie aristocra-
tique inséparable en pays de droit d'aî-
nesse de l'aristocratie financière.
Une adjonction do capacités plus
grande que cinq dixièmes des votants
inscrits, et cela sans distinction de sexe,
s'impose comme prochaine réforme
électorale.
L'adoption du bill, en étendant le suf-
frage parlementaire aux porteurs de qua-
lifications actuelles qui sont femmes,
augmentera ainsi le nombre des Anglais
qui prendront part à la vie publique et
conduira insensiblement à un suffrage
universel.
Cette transformation qui, probable-
ment, seralente pourra permettre à l'An-
g-Ictcrrc d'établir le mode de suffrage
qui, pour exprimer le mieux la pensée
générale, s'entoure des meilleures garan-
ties.
Le suffrage universel au premier degré
est un leurre. Ainsi que le prouve
l'exemple de la France depuis 1848, il
n'est pas l'expression exacte de l'opinion
de la majorité, mais bien l'expression de
l'opinion d'une minorité qui dirige et
gouverne cette majorité.
Les classes peu cultivées apprécient
mieux les abus dont elles souffrent
qu'elles ne savent juger les réformes
qu'il faudrait y apporter. Elles sont pour
cela, et aussi parce qu'on escompte leurs
faiblesses et leurs passions, si aisément
exploitées qu'il faudrait les prémunir
contre leur ignorance tout en respectant
leurs droits.
Un suffrage, universel à la base (pre-
mier degré) chargé d'élire des électeurs
de deuxième degré plus instruits et plus
compétents (porteurs de capacités uni-
versitaires; occupants d'emplOis qui exi-
gent une intelligencespéciale des sciences
politiques etc.) arriverait plus sûrement
à concilier les droits de chacun et l'inté.
rêt général. Ces électeurs de deuxièmo
degré choisiraient sans distinction do
sexe et avoc une compétence plus cer-
taine les hommes politiques qui repré-
senteraient au Parlement, plus sûrement
que des élus directs, une volonté qui se-
rait vraiment nationale.
L'entrée des femmes dans la vie poli-
tique, en Angleterre comme en France,
ou dans tout autre pays, au lieu d'être une
causo do troubles et de désagrégation
rétablirait un équilibre actuellement ins-
table de l'avis de tous. Kn apportant un
élément nouveau elle hâterait la forma-
tion de l'homogénéité nécessaire au tra-
vail fructueux des assemblées législa-
tives, qui ainsi s'occuperaient enfin sé-
rieusement de l'intérêt des peuples qui
les élisent.
MAXIMILIENNE BIAIS.
Flh
Lire demain * la tribune de la « MttAiMt » ;
L'Astlfémliline de J.-J. SouHas*
par HSURIOTS MARCHAI
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