Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-10-26
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 octobre 1898 26 octobre 1898
Description : 1898/10/26 (A2,N322). 1898/10/26 (A2,N322).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67034414
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
'.r;'S ïv-îl • situation à Manehestcr et est un mem-
ire distingue du collège Royal des Chirurgiens.
•
« •
Les jeunes flil(,--,dansie sad-afrieain s occupent
de politique, f.c mois dernier il y a eu une véri-
table bataille .1a:ir= l'enceinte d'un lycée de jeu-
nes filles à St)m(,r5':t-F.;l!'t.Un". externe apportant
pon !?oûlrr l'avait envol^ppô dans la feuille d'un
intimai oil «Hait imp: in" le portrait, de M. Rho-
.)<-«. Une !'- i'imase et 1 attachant au mur au moyen d épin-
gles V mit à lapider de toutes 8Í:3 forces
ce poitrail .rtW:l1:1IC ct!i:bre. D'autres jeu-
nef tilles anini'"'.,- de m'''mfs sentiments se
joicnitvnl à ¡'Le. Mais If? Anglaises se coa-
lisèrent a'u->i et en bande enlevèrent limage
aux pierres in:-:ult;tntf':!. Une bataille superbe
s'ensuivit et un moment M. Rhodes tomba
lees.,It!e entre I" mains «le l'ennemi. Mais la
propriél.iir.' de ! 'ma-rf l'attrapa au vol et pour
mettre lin à cette "tcrribte lutte roula l'image
rn bf'u!\ la mit dans ?a bouche... et l'avala... ET
sê fut la fin de la guerre.
CLAIRE DE PRATZ.
Italie
ITn PfÙ("'::' qui «l'avance a fait verser beaucoup '
l'incre, vient de se terminerTi Rome. Il s'agtS-
»Ait de dt-eitler si, dans le fameux duel du 6 mars ,
dernier,où Cavallotti a trouve la mort,tuutes les
règles chevaieres'iuc-; avaient été scrupuleuse-'
ment observées, \ous savez le retentissement,
douloureux qu'a eu ce, drame dans l'Italie en-
lière, dont Cavallotti était le plus populaire des
pocLco. Chef do l'extrême gauche à la Chambre,
compagnon de Garibaldi, il s'était battu vingt
fois pour l'Italie, et pour la France à Dijon ou
son frêr-? mourut sur 1 - champ de bataille.
• Orateur puissant, c ctatt aussi un homnn d'un
jrrun.l cœur. Quand le cho!éra éclata à Naples,
fi accourut aussitôt eL organisa un service diri- ,
lirmiers volontaires qui Ht des m;rdcle3 de dc-
voucinent..
Son adversaire dans le duel, le dcput'- Macola,
dirjeteur de la G izzctlu di Venczia, beaucoup,
fius jeune et plus .ur.cul que lui, l'avait attaqué
injustement dans son journal. La question per-
E;onnelli, prit bientôt le caractère d'une question
fie principes. Cavallo'.ti représentait la cause de
la liberté. Mucolu. la réaction.
Un cas analogue se rencontre dans l'histoire de
Franco : C'eS! le iluel d'Emile de Giiurdin avec
Armand Carrel. Là. comme ici, le députe répu-
hiiciin, l'écrivain populaire resta mort sur le
terrain.
Et ce n'(':,l pas Jf" seul cas de Cf" genre chez
nous.ViKis vous rappelez qu'à propos elu duel du
comte de Turin avee le dm- d'Orléans l'année der-
nière. on dit que la chemise amidonnée avait
»mvé la vie au premier en faisant phsser 1 épee
du duc d'Orléans.......
Dans le due) de Ca\',tllûll.i, on accuse M. Mar.ua
d'avoir voulu atout prix le gant d eseriin «.eti'on
accuse les témoins de Cavallotti d'avoir accepte '
retteconditinnquimettaitlepremierdansdes con-
ditions d'évidente infériorité dans le maniement
du sabre......
Les débats qui ont dur.' trois jours ont
fté clos hier par 1;& condamnation de M. Macola
t treize mois .1" prison. l.es témoins ont été
tbsou.?
LOUISE PÉRIS.
Russie
Le Musée «le travaux manu '!s qui a été formé
lari pour venir en nid#» aux ouvriers, appelés « kous-
~i » (ce sont «les paysans attachés à la terre,
nmis gagnant leur vie surtout par différents
métiers a décide d'installer son pavillon à part
dans la section russe de l'Exposition de 1000 à
Paris.
L'intérieur .le rc pavillon représentera un
marché de village où tous les détails de la mise
tn srt'no seront de pur style russe.
Comme le but principal ctll musée est d'attirer
l'attention des étrangers sur ces marchandises
(dentelles, broderies, chaussures etc.) on pu-
bliera en français un indicateur des endroits où
tes ouvrages sont le plus répandus.
Quelques agences prêteront leur concours
pour les rapports avec l'étranger.
*
Le développement des postes et télégraphes
en Russie sera aussi représenté à l'Exposition,
rt des dessins spéciaux pourront donner une
Idée de la poste par diligence qui parcourt les
distances énormes (t.- la Sibérie et des autres
•xtrémités éloignée- du la Russie.
MAR.
LES JOURNAUX
DE CE MATIN
Du Gaulois :
-lise peut que le ministre de la. guerre ail
manqué de correction ; j'admets volontiers
au'en donnant sa démission à la tribune,
f a méconnu les usages parlementaires et
même, dans une certaine mc-u:". la lettre l't
i'esprit d-.- la Constitution, mais cela n'importe
point.
---
De la Petite République :
Comme k dit le groupe socialiste en son ma-
nifeste. le parti mn-Jéré, le parti des jeunes am-
bitieux à la lJarthou a commis hier un crime
tontre la lu'pubtiqup.
Jamais le complot militaire ne s'était plus
tyniquemer.l étalé que dans la démission prcmc-
•iilée du général Chanoine. Voilà un homme qui
e,-itre dans le ministère iîrisson pour luire h rcvi-
sion.11 la \'011",:10 Conseil des ministres comme ses
rollegucs. Il transmet au garde des sceaux le
dossier de l'afTaire. Et brusqucmcut. quand le
ministère dont il fait partie engage contre les
ré-ariens et les cléricaux la bataille décisive, il
lait feu contre le tn!n!?!'':'f.
ne complicité avec Dérouiède, il travaille -,*t sa
chute, et sans avoir prévenu ses collègues, sans
leur avoir fait part même d'un scrupule et d'une
hèï-itation, il se sépare d'eux eu plein combat
pour les livrer,par cette défection aux coups de
rennemi.
.................
Les fanfares «le Déroulède, les fantaisies déli-
Pantes de Rochefort auront abou'.i à refaire le
ministère Méline avec un peu plus de BnUiLn-
risme.
C'est le péril, oui : mais c'est aussi la lumière
tt la révolte. Et dès dem ti Il, le prolétariat va
l'organiser. Il va organiser ses forces politiques.
Il va organiser ses forées ccoaoŒiqoeB. A l'œu-
vre et courage 1
La République sociale est au bout de notre
effort, et quelles que soient tes menaces, quels
que soient les peri 11.. nous sommes debout :
nous sommes en marche. Nul de nous ne bais-
sera le front; nul de nous ne marquera le pas,
Jean Jaurès.
Causerie Littéraire
Lumen, par Camille Flammarion (Ernest
Flammarion, éditeur.)
J'ai toujours éprouvé une vive admiration
ol,en plus,une sincère reconnaissance pour
Camille Flammarion gui, à nous autres
ignorantes que la sévérité des longues et
fortes études rebute, a ouvert les vastes,
les profonds, les magnifiques cleux. Nous
n'en sommes plus, aujourd'hui, à croire,
comme le faisait ma chère graod'môre.quc
la voùtl) d'azurestcompaNeet que lebonDleu"
y a enchâssé de brillantes étoiles — telles
que des diamants, pour l'unique joie des,
cuits laits June.'Grâce ti l'illustre Maître,
qui a vulgarisé à noire, profit son igrand i
savoir, ét condensé sous une forme nette ;
et précise ses profondes "études, nous'pou-
vons aujourd'hui rêver devant Jes sidérales,
étendues; et .même, si nous sonfmes un
peu poètes —'ce qui n'est pas défendu —
nous pouvons nous payer le -luxe de
choisir a l'avance, d'après les rensei-
gnements donnés sur les mœurs, cli-,
mat et habitants, l'astre, où notre esprit,
enfin dégagé de son misérable corps terres-
tre,pourra enfin s'établir pourune nouvelle
incarnation. Camille Flammarion a donc dé-
chiré les voiles obscurs dont l'Au-delà s'en-,
velol>oail,et il a ainsi dépouillé la mort de son
horreur. Dans cette succession d'existences,
auxquelles nous sommes condamnés,depuis
le protoplasma jusqu'à la station dernière où
nous serons divinisés, le séjour de la pla-
nète Terre — séjourdc misères,(le douleurs,
de gestation, Id enfantement, séjour Oli la
joie môme parson incertitude et sa fragilité
devient une souffrance, — ne peutcomp!cr,
je le suppose, comme une des étapes les
plus satisfaisantes à parcourir. Dans celles
où nous serons appelés ullérieuremcnt,ccl-
les où la lumière donnera à l'âme dÚsincap-
née la vue directe des existences passées,la
vie sur notreglobenousapparaîtra sauvage, '
rudimentairc,très bas placée dans l'échelle
ascendante. Nos organes sont grossiers, in-
complets. Nous nous traînons péniblement,
sur des jambes,qui nous rappellent par leur
défaillance, que nous avons marché à qua-
tre pattes, et que c'esl le soul effort de la
volonté qui a dressé vers le ciel notre tête
jusqu'alors courbée.
Combien plus parfaits serons-nous dans
ces sphères splendides oft la vie prend des
formes si différentes de la nôtre ; M. Flam-
marion nous donne à leur sujet des détails
si ingénieux, et d'une si apparente vérité,
il appuie ses brillantes hypothèses de tant
de science et de chiffres, que véritablement
cela n'est pas plus difficile à croire que
beaucoup d'autres choses qui, en notre en-
fance, nous furent enseignées, connues des
articles de foi.
Lumen est un désincarné et il raconte à
un ami demeuré sur la terre, les événe-
ments de SJ. nouvelle existence. Ayant, du-
rant sa vie, passionnément aimé les espaces
stellaires et particulièrement contemplé
chaque soir la belle étoile de Capella de la
constellation du Cocher, il y est, après sa
mort, subitement transporté par la force
de l'attraction. Or, il se trouve démontré,
par des calculs effrayants pour moi, qui
n'ai jamais mené une addition à bonne lin,
que par sa position sur Cape 11 a, LWllm so
trouve à une distance de 081 trillions 558
milliards de kilomètres de la terre ! En
vertu de la marche de la. lumière qui ne
parcourt les espaces qu'it raison de 300 ki-
lomètres par seconde, les habitants de
l'étoile Capella voient en 1861, se dérouler
devant eux les événements qui chez nous
se passèrent en t7t'3.
cc Ainsi en d'autres termes, le rayon lumi-
neux est comme un courrier, dit Lumen,
qui nous apporte des nouvelles de l'état du
pays qui l'envoie ci qui, s'il met, comme le
calcul en est rail, 72 ans à nous parvenir,
nous donne l'état du pays au moment de
son départ, c'est-à-dire près de 7:2 ans
avant l'époque où il nous arrive 1!,
Alors Lumen assis avec d'augustes vieil-
lards sur Capella, et se servant de leurs
instruments d'optique assiste aux tragiques
horreurs de la mort de Louis XVI et de
tout ce qui s'ensuivit; de plus il se revoit
lui-même enfant dans sa famille, et suit
ainsi sa vie pas il pas ; en 1810 à l'école po-
lytchnique avec François Arago. ses projets
de voyage avec Humbolds; un peu plus tard
son cœur bat d'émolion en apercevant sa
bien-aimée dans tout l'éc)at. de sa juvénile
beauté accourir au devant de lui sous les
lilas en (leurs... chaque événement lui es!
retracé nvec une merveilleuse clarté; il
peut juger de l'ensemble de son existence
faire la balance de ses bonnes et mauvaises
actions avec la sincérité d'une âme dégagée
de la sourde influence d'un corps animale-
m en t besogneux.
Jugés par nous-mêmes : Voilà qui me
semble autrement plausible que la perspec-
tive de la Vallée de Josal-)!it!.
Je ne puis donner, en quelques lignes,
même un aperçu de tout ce que ce déli-
cieux volume de Lumen contient de science,
d3 poésie et d'ingéniosité. Je rends grâce
au cher et illustre maître de m'avoir fait
voyager dans ces mondes si divers, et de
nTavorr enseigné V'it y a des étoiles dont
il faut se méfier, témoin celle d'Andromède
qui rcsssemble tellement à la Terre que a'H
m'est permis un jour de choisir ma de-
meure, j'éviterai celle-là avec soin.
Mes 28 Jours, album par Albert Guillaume,
avec préface par Edouard Détaillé (Simo-
nis Empis, éditeur).
Tout ce qu'il y a de plus spirituel et de
plus amusant que les dessins et les légendes
dont Albert Guillaume a composé son
album, — Par ces jours de sombre tristesse
où l'on voit venir l'hiver, c'est une gaieté,
c'est une joie que de retrouver en ces pages
nos braves pioupious et de les entendre
parler. —Les motifs de consigne, avec leur'
orthographe et leur syntaxe particulières
sont tout à lait désopilants. — Et puis,
quelle fine observation, quelle entente du
comique, quelle jolie satire aussi!
Ceci par exemple :
Le speech du colonel à MM. les officiers
de réserve. J
ff Dans tout homme, saehez-le, il y a une .
bête à laquelle il faut parler; il faut lui
montrer qu'on -s'intéresse à elle... il y a;
un singe qui s'empressera de répéter le1
mouvement que vous lui montrerez...ïl y ;
a un chien dont la fidélité est sans bor- ;
-nes... elc"...etc'. Il '!
Ct il l'exercice. ,
i.'ofllcier rouge comme un homard cuit
et hurlant à ses hommes en rang...
fi Est-ce que vous croyez, comme ça, que
j'ai de la salive pour vos beaux yeux! »
Et les silhouettes typiques? Elles y sont
toutes, depuis celle du colonel bedonnant,
sahglé dans sa tunique, ou celle du jeune
officier à la fine moustache, jusqu'aux bon- <
nos faces ahuries des nouvelles recrues,
tout cela alerlement crayonné et campé de
main de maître.
Un joli moment à passer avec ces,
28 jours....,
MANOEL DE GRANDFORT.
Surveillez vos cheveux et ceux de vos
l>6bt);;, s'ils foncent, lisez, 4° page, la
filon dîne l'vlaki.
CHOSES DE L'ENSEIGNEMENT
Apr-'s une période d'accalmie, !a Réforme de
l'orthographe est de nouveau à l'ordre du
jour.
Le Réformiste, journal consacré à ce travail...
ardu, vient d'annoncer qu'un Il généreux do-
na'-'ur >• fonde six prix dont 1? premier de cinq
mi Ht! frai t csi et le dernier d ' qwitri' cents {hou:.,>,
pour les personnes qui auront introduit dilQS
cet amas de rentes et d'exceptions — si lonr l
sur la tète des écoliers — les Simplifications les
plus heureuses.
La distribution aura lieu le U juillet 1900.
L emutatioc ai'ta:)), il est tout naturel que IC3
journaux pédagogiques teprcnnun!. la. question
et l'un d'entre eux, le pius répandu penl-l'iI'.', lu
Journal fief Instituteurs a camsnencé sous la ru-
brique Réforme de l'orthographe une série d'arti-
cles dont les deux premiers sont sous mes
i yeux.
La campagne se terminera le 1" mai par un
rc/cl'c,I'!I!//Í auquel sont conviés tous les institu-
teurs et toutes les institutrices.
Le Journal des Instituteurs publie dans son
dernier nnnt''t'n, les principales règles de sim.
plification et. joignant la pratique a la théorie
i! orthographie immédiatement selon ces rô-
gles.
Au risque de passer pour un vieux débris de
la réaction, laissez-moi dire que je trouve cela
terriblement laid.
Mais ce ne sont pas là de? raisons. Chaque
école » nouvelle, pour ne parler que des ques-
tions d'art, a blessé ies yeux et les oreilles de la
majorité du public, et si je suis plutôt opposée
à la. Uefurme. c'est pour d'autres raisons aux-
quelles jl1 trouve, moi, quelque gravité.
Voici d'abord les règles arrêtées par le Journal
des Instituteurs :
1" Notation uniforme du pluriel des noms et
adjectifs par s.. d'oÙ substitution de s à x il la. fin
des mots : nerveus, bateaus, allimalls, épOIlS, h cti-
re as, je rei«. x ne doit être maintenu que là où
il se prononce : :sill!,l:.
2" Supression des consones doubles partout
oit on prononce une consone simple : enntonier,
si/ter, aloiiger, bagare, bok. Surmonter d'un ac-
cent grave ou aigu (suivant les cas l e précédant
la cu.):-one suprimee : tulùle, êforts, je regrete,
épicuricDC.hii où êtes sc prononcent toutes deus,
maintenir les deux c()ijsoiies : illogique, hor-
reur.
Suppression de h muèle dans les groupes
ch. rli. th : C/,,)/IÙ/ili', rctoriifue, tcologia. Substi-
tution /'à ph; fènomi'iie, orlografe.
4' Substitution de i à y, partout 0:') on pro-
nonce / shnp'c: analise, mistère, pirunule; —
mais hatai/er, ewmjcr, paysan.
5" Li,ti-e-; parasites. Supprimer, dans le corps
ies mots les tetres qui sont sans rapport avec
la langue ou la pro:'cher le p de baptême, sept, sc(!lpturc, dompter,
1 h de ad/'Ùt!i', oie,
Le principe de la neformc. étant admis, ces
* rentes me semblent inattaquables.
Mais ce qui me choque en elles, ce nui m'a
empêchée jusqu'ici d adhérer à une sociétéqucl-
conque de réforme de l'orthographe c'est que les
rentes un ' fois décidées,seront un nouveau code
auquel il faudra obéir, et que. pour être intinÍ-
meut plus facile qu'alljnul'rRlui, l'oi'Lhogl'al'hc
n'en sera pas moins t,-t,,tiiniqtie ; que les livres
écrits de nos jours, paraîtront dans quelques an-
nées. aussi dilticilcs à déchiffrer que ceux qui
soi;) écrits aujourdhui envieux français; que
les œuvres de Yottaire, de G. Sand,de Ftaubert,
de Maupassant et de Victor Hugo passeront à
l'état de. monuments d'archéo!!I(!ie, et qu'enfin à
moins de demander aux letîrés de renoncer
complètement aux étymolopries, qui ont bien
quelque inlluence sur notre orthographe — nous
aurons en France deux codes : l'un pour le vul-
gaire, l'autre pour les privilégiés.
En reatit", ce n'est pas à l'orthographe que
j'en veux ; c'est à l'iroport Ince qu'on lui attribue:
c'est au poids dont on la fait peser sur les an-
nées d'école; c'est aux procédés que l'on emploie
pour )'en3eigncr: ce que Je ne lui pardonne pas,
c'est d'ètre devenue le critérium de l'intelligence
française.
Vous avez tous rencontré dans ie monde des
individus ayant « fait leur chemin - ayant même
acquis de la notoriété, celui-ci dans les lettres,
et qui avoue n'avoir jamais pu mordre aux ma-
thématiques. même à l'arithmétique, celui-là
dans les sciences et qui n'est pas bien sûr que la
bataille de Bouvines ait précédé la bataille de
Marignan... Le professeur de mathématiques au
premier; le professeur d'histoire au second ont
fait avec chacun (l'eux tout leur devoir; puis ils
ont pris leur parti de leur échec : 1( G>it un
garçon bien intelligent, après tout.L'on n'est pas
universel que diable ! »
M,ai::;, S'il s'asit d'orthographe... haltc-là! J'ai
toujours sur le cœur un immense pensum, im-
posé à l'un de mes lils pour fautes d'ortho-
graphe dans une version latine.
Si vous n'avez pas d'orthographe, monsieur,
n'é.'l'i\'cz point à votre fianccc, tout serait
rompu.
Quant à vous, mademoiselle, la même lacune,
en ce temps d'épidémie de brevets, vous ferait
accuser de n'avoir pas obéi à la loi d'obligation
scolaire.
Grâce à ce préjugé, l'écolier est envahi, stib-
mergé-par ladicLcc: il passe à estropier l'ortho- '
graphe tout ie .tr-mps qu'il pourrait employer à
acquérir des notions justes sur les choses et sur
les faits; il y passe tout le temps qu'il pourrait.
employer à devenir intcWgc:1t, ;
.Que routez-vous? dans tous les examen'3..
l'orthographe est éliminatoire.!
Grâce encore à.ce préjugé, l'écolier ,n'apprend
pas t'orthographe; c ir il ne lui reste pas de temps
pour lire ; et c est cependant pondant qu'il ira)t,
que l'orthograp!Lc s infiltre rait, à ,son insu, par
les yeux, dans sa n-iémoire !
Je démuni donc qu'on laisse à t'orthographe
sa place... de dernier plan ; ou p'lutôt d'avant
dernier; juste avant la calligraphie ; que. sans
donner de prime aux orthographes fantaisistes,
on se montre plus philosophes au sujet de ccr-,
taines libertés, qui se diseiplineront d'autant
plus facilement que l'éducation s'attachera à
l'esprit et non aux formes, rt là dessus je sou-
batte bonne chant e aux candidats pour les prix
du .
Ré(,igi,inislc nous en reparlerons.
PAULINE KERGOMARD.
COMMUNICATION
Madame la Directrice de la Pfolld,',
Une chose assez curieuse à vous signaler.
La loi nouvelle qui autorise les femmes il
être témoins dans les actes civils ou au-
thentiques est. un juste progrès.
Imagine-l-on cependant que dans un
commIssariat de Paris, on n. refusé mon té-
moignage à propos d'un certificat d'iden-
lilé 'f ma surprise a été d'autant plus
grande que depuis la promulgation de la
loi j'ai été témoin plusieurs fois.
Le commis du commissaire m'a allègue
qu'il n'avait point encore reçu d'instruction
à ce sujet de la préfecture de police.
J'espère que les instructions nécessaires
ne se feront pas plus longtemps attendre,
à ceux à qui la promulgation ne suffit pas.
Recevez, Mme la Directrice, tous mes
compliments.
YVE FKnES.SE DiiRAlSME.
Au Théâtre de Carlsruhe
La saison d'automne de l'Opéra de Car!s-
ruhc comprenait après les trois soirées ber-
lioziennes la Légende de Ste-Elisabeth, de
Liszt. Tristan et Yseult, Orphée et une nou-
veauté : Lohc'anz, de Ludwig- Thllille,Enfin,
pour couronnement les Maîtres-Chaulcurs,
montés à neuf quant aux costumes.
*
« •
Ce n'est sans doute pas dans l'espoir de
hausser la réputation du célèbre pianiste,
à la taille de celle des grands compositeurs
allemands et français, que Molli a choisi la
Légende de sainte Elisabeth pour figurer au
beau programme d'octobre. Ce choix a plu-
tùt son origine, presque son excuse, dans
une sorte de piété filiale et traditionnelle.
Liszt a été un merveilleux vulgarisateur de
belle musique; il risqua sans calculs étroits
sa grande réputation pour soutenir les deux
génies si longtemps méconnus à qui Caris-
rulie semhleaujourd'huiavoi¡'voné un culte:
Wagner et Berlioz. En particulier le public
de Carlsruhe doit ses premières initiations
il Liszt qui,en ISjJ.dirigea. ici deux concerts
olt,à côté de fragments du Taiwhaùscr et de
Ln/I/?II[Jrin,fut jouée la deuxième partie delà
symphonie de Roméo et Juliette, de Berlioz.
'Daus l'admiration que l'on professe ici à
l'égard de la légende de Liszt, il entre donc
beaucoup de gratitude pour l'auteur. Malgré
notre effort pour nous soustraire à In criti-
que et tenter quelques « Wunderschon! ■
à l'allemande, la partition nous a paru, si
l'on peut dire ain:-l, d'une splendeur fade.
Le drame religieux de Liszt, est tiré de la
célèbre légende de Sainte-Eiisabelli de Hon-
grie, landgravine de Thuringe, ofi Wagner
a trouvé plus d'un trait de l'angéliquo Eli-
sabeth du Tannhauscr. Les miracles accom-
plis par la sainte ont encore inspiré bien
des œuvres et quelques chefs-d'œuvre, en-
tre autres à lïolhein le vieux (Mun'ct) et a
Murillo, Montalemberl écrivit sur Sainte-
Elisabeth un livre qui eut un succès du-
rable, il y a quelque soixante ans. Ce vo-
lume ouvrit il son auteur les portes de l'A-
cadcmie..
C'cst même là, prétend une méchante
langue, qui, pour un mot d'esprit laisserait
la vérité se morfondre dans son puits, le
dernier miracle de sainte Elisabeth. La vo-
gue de l'ouvrage de Montalembert, à I épo-
que où Liszt résidait à Paris, le désir pa-
triotique de consacrer une œuvre à une If"-
gende hongroise, et les tendances mysti-
ques affirmées dès renfance, nous expli-
quent l'origine de l'Oratorio.
L'introduction orchestrale de la légende
est des plus simples : un motif légèrement
chanté par la flûte, écrasé ensuite par de
violentes sonorités, puis revenant; vers la
fin, doucement ramené par le cor sur un
grondement avenue des violoncelles, nous
raconte toute l'histoire de sainle Elisabeth,
son enfance calme, sa vie plus troublée, sa
mort heureuse et pieuse.
La première partie de l'Oratorio décrit
l'arrivée d'Elisabeth à la Warlbourg. Fian-
cée encore enfant à Louis, fils du Landgrave
Ilermann, elle est conduite en Thllringe par
un magnat hongrois, afin d'être élevée à la
cour de son futur mar:. Le chœur qui salue
l'entrée de la petite princesse, le leilmotif
Elisabeth qui accompagne l'héroïne à tra-
vers toute la partition, les discours de bien-
venue du Landgrave, l'allocution en rythmes
couleur locale du *.seigneur hongrois, sont
écrits dans un style aussi noble que lan-
guissant. ' -
Cependant On chœur d'enfants qui pro-
mettent à leur petite souveraine mille dis-
tractions,et des" fleurs; et des poissons dans
l'eau el.dc.st}iches<3aiis la forêt, fait excep-,
l'on et s'inspir.eJl\1ne idée jolie. <
L'Oratorio se'continue - vit.r le miracle où
le pain et le -vin qu'Elisabeth, devenue*
grande, portait aux pauvres se changent en
roses; le landgrave Louis, son époux, ému
par ce.prol!ige, se décide à partir pour les
croisades. Cette scène amène au troisième
tableau le chœur des croisés. C'est là la
partie capitale de l'oeuvre. Le motif appro-
prié à la situation se termine en un cri de
guerre religieuse : Gott will es (Dieu le
vcut)sur un rythme connu de toute l'épo-
que et plein de majesté. Après les adieux du
Landgrave Louis et d'Elisabeth, l'Oratorio
nous montre iL la nouvelle de la mort du
Landgrave en Palestine, Elisabeth chassée
par sa belle-mère, et obligée, malgré la
pluie et l'orage,de quitter le château — puis
Elisabeth mourant et montant au ciel au
milieu de la musique des anges. l'n résumé
instrumental des motifs entendus précède
la dernière partie de l'Oratorio, un discours
funéraire de l'empereur Frédéric Il de Ilo-
henstaufen et les funérailles magnifiques
d'Elisabeth parmi les chœurs d'évêques et
de' gens du peuple.
Malgré la vie de la misère et des jeux de
lumière, malgré la superbe allure de l'or-
chestre de Mo!!), l'ouvrage de Liszt n'a pu
nous émouvoir.Un souftletoujours uniforme
et sans éclat fait que cette œuvre religieuse
ne semble animée d'une âme religieuse
qu'artificiellement, scientifiquement... ou
bien la pensée de Renan est exacte. Le phi-
losophe déclarait que si, dans le paradis,les
anges font constamment de la musique par-
faite et céleste,il vaut mieux souhaiter l'cn-
l'er.
%
La représentation de Tristan et Yseult a
été merveitleuse.Ce long poème d'amour olt
Wagner a mis toute sa puissance d'aimer,
toute sa puissance d'exprimer, nous a tous
laissés haletants, les nerfs brisés.Commen-
tée de mille façons, disséquée jusqu'à la
moelle par les savants et les spécialistes,
J'œuvre de Wagner laisse toujours place il
des impressions nouvelles. Elle a le don de
fairovibrer cette lyre intérieure que même
ceux qui sont le plus loindes poètcs,cachent
quelque part dans une oubliette de l'àme.
Wagner, -- n'est-ce pas la marque du gé-
nie ? - a su allierdes contraires et si "Tris-
tari et Yseult ", ont tant d'empire sur noire
cerveau et sur notre cœur, c'est qu'ils sont
la solution d'un problème troublant et
qu'ilsplalonisent la volupté.
L'amour avec l'aspiration complémentaire
vers la mort, vers la nuit heureuse, tel que
Wagner l'a compris, et dont il nous imprè-
g-ne, bon gré, mal gré, par un flux d'har-
monie — "est l'un des plus nobles senti-
ments, l'un des plus humains puisque sa
représentation il la scène nous émeut si
profondément. [n idéal si mystérieux et si
prenant avec une sensualité nécessaire,
rend chaque spectateur frère ou sœur des
héroïques amants et chacun songe alors il
1 heure véritable de la vie où il criera où a
crié désespérément son appel : Tristan !
Tristan!... ou Yseult!
L'interprétation et l'orchestre onll'té di-
gnes de leur réputation. Carlsruhe est l'une
des rares villes ou Wagner soit joué avec
une splendide précision el tel qu'il doit 1 é-
trt',)lmc Rosa Snober de t'Opéra. de Berlin,
cellequi créa glorieusement le rôle Il'Y5eult
il Bayreulh a été superbe de noblesse et
d'enlficenienl.
Le ténorGerhauser, un prti mou dans ses
gestes, a chanté Tristan d'une façon remar-
quable. Dans Brangaine. on a remarqué
Mlle Tomschi!. qui sait chanter (chose rare !)
el dont la voix est pleine de fraîcheur et de
délicatesse.
Beaucoup de Français étaient venus pour
cette représentation el ils applaudissaient
avec rage,tremblants de cette émotion par-
ticulière qui se dégage de Trista!l et Yseult
et secoués à la nuque.
♦
41 «
Orphée nous a un peu reposa. L'ouvre.
de Gliick, exemple de philosophie extrême,
ne secoue pas,mais caressa Lorsque 'h-pttee
réclame son Kurydice, le spectateur s émeut
assurément - la musique est si douce. e1
si charmante est l'orchestralion ' - fiais il
ne pleure p;'s avec le malheureux - amant et J
il ne frisonne pas d'angoisse pour son
compte personnel.
La représentation n'a été qu'honorable.
1 L'orchestre, toujours parfait, a su se plier
à la douceur de GUick après avoir servi
l'énergie de Wagner; mais Mlle Friodlein
qui, dans les rôles d'Ursule de B-Julricc et
Bénédicl, d'Anna des Troyens à Carlhage,
avait convenablement tenu sa partie, s'est
montrée ici au-dessous de son rôle. La
voix qui est belle n'est pas posée, les pas-
sages de la voix de poitrine à la voix tlt)
tète sont trop marques et donnent des tim
bres si différents que l'un, tout a fait cu-
rieux, semble sortir d'une clarinette. El
quel travesti fâcheux' Mme Malt! par con-
tre, en Eurydice est une merveille de gràcc
et de fraîcheur.
Quelle artiste exquise et {l'aJlf:a.iM! de goâll
9 m
Lobelartf), la nouveauté de cette année,
est un opéra-comique dont le succès gran'
dit et qui va faire son lour du inonde. C est
l'histoire — navrante, gaie et romantique,
avec rose, poésies, violon, gibet, prison,
.bourreau et danse des morts, d'un trou-
badour qui épouse la lilie du roi. Le livret
„estpcdt-êlre bien d'une fantaisie un peu
fausse, d'une joie alambiquée, mais la mu-
sique — triomphe du violon — chante dé-
licIeusement.
Il faut retenir le nom de son auteur:
Louis Thuille pour le mettre à côté de Ge.
lui de Ilumpcrdink.^obefa/isaurasans doute
la fortune de Hanscl et Grelcl. Voilà une
nouvelle formule d'opéra; l'amusement'des
enfants, la tranquillilé des parents et tout
de même une œuvre.
Ce conte de fée, et cet autre grand conte
d'Orphée, venaient à peine de célébrer la
puissance de la mélodie sur les esprits in-
fernaux et sur les filles de roi que le*
Maîtres Chanteurs la célébraient à leur tour
sur les filles d'orfèvre, Le public a rem-
porté cette impression que nulle part, )<'part en Allemagne, cet opéra n'a été mieux
monté dans son ensemble, en dépit de 1.i
patauderie de Plank, hideux poussah, Haus
Sachs plus cordonnier que poète.
En me ressouvenant de Covent-Garden
j'ai pu regretter l'absence d'Edouard do
Ueszké, mais non pas de Mlle Eamès, nulle.
! artiste, même Mlle Cath. Mastio (de la Mon-
naie), n'a davantage que Mme Molli le phy-
sique enfantin d'Eva ; nulle n'apporte plus
de candeur, plus de timidité dans sa finesse
et ses impétuosités d'amoureuse. El!:;
chante comme elle joue. On ne peut êtro
rilus près du rève.
MME C. MAX-RAYMOND.
SAVON ROYAL^THRiDACE^^^a
FAITS DIVERS
LES ARRESTATIONS D'HIER. — Dans la jour-
née d'hier, 143 arrestations ont été opérée"
se décomposant ainsi :
11, arrondissement, 131 ; 7*, 4 ; 811, 4 ; 9% 1.
1-i arrestations seulement ont été main-
tenues.
Dans la soirée, 33 arrestations ont clo
opérées, 31 sur le boulevard Montmartre et
2 sur le boulevard Magenta.
4 ont été maintenues.
VOL A L'AMÉtUCAtXE. — M. B... rentier,
âgé de 7j ans, habitant Chaumont, attendait
hier, assis sur un banc dans le hall de Ja
gare de l'Est, le départ de son train.
A ses côtés vinrent prendre place deux
jeunes gens qui lièrent conversation avec
lui et le" prièrent de leur garder leurs por-
lefeuillcs renfermant 12,000 francs en bil-
lets de banque.
M. B... accepta et les portefeuilles, ain-i
que celui de M. B... contenant 1.100 francs,
furent placés dans une enveloppe qui lui
confiée au brave rentier.
Celui-ci attendit deux heures et. ne le*
voyant pas revenir, il alla trouver le COIII-
missairc spécial de la gare, qui ouvrit
l'enveloppe.
M. B... avait été victime de deux filous
qui, avec dextérité, avaient substitué il
1 enveloppe renfermant les 1,100 francs -!e
M. B... une autre enveloppe avec de vieux
portefeuilles bourrés de journaux.
O.Î THOUVK Tor.ioi ns aux Grands Magasi.n
Dul'avel une remarq iahle cx!'"-in"n of d
mobiliers complets toujours prêts il. < j'II
livrés. A visiter également les rayons d'ar-
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dises pendant 3 ans. Les livraisons se h."t
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le dessinateur automate Gitt ').
r:-.; MAÎTRE nscrioc. - Les agents tll" ) 1
Sûreté ont arrête hier malin un inaîlrele.---
ci-or, .Jacques-François Pelaërt, sujet beue.
Arrête a Bruxelles, au mois de mars der-
ni'M', pour avoir commis, dans cette vi.ic,
^—P—i——1—M—. —wa—aai,
~ DOUILLETTES AUX ŒUFS HIIOIRE & CAR HIT
FEUILLETON DE LA FRONDE
Du 26 OCTOBRE 1898
(14)
La Sœur du Mort
III
Premières démarches
Ils descendirent dans un des hôtels si- I
tués en face de la gare et, après quel-
ques heures de repos — heures d'anxiété
Four MllcEngilbcrtqui avait pas fermé
œil — Louis dit à sa sa soeur :
— Je n'ai pas voulu te contrarier, Ar-
mande, mais1l me semble que nous ob-
tiendrons difficilement les deux autori-
sations qu'il nous faut.
— Louis, de ces autorisations dépend
la tranquillité de ma vie entière. Si tu
ne peux en obtenir deux, aies-on une : la
tienne... Tu ne peux me comprendre,
su sauras plus tard... Vois le procureur,
tache le nom de l'avocat de Jacques,
ause lui, informe-toi de tous les moyens
auxquels nous pouvons nous crampon-
ner. Il faut que je parle à Jacques Far-
leol.
— Qu'invoquerai-jc? demanda II) jeune
homme. Nous ne sommes pas ses pa-
rents...
Armande réfléchit, et, énergique.
— Tu diras que tu eslc frère du mort !..
On pensera que ta vue arrachera une
révélation, un aveu à Jacques...
— Mais, toi, toi, par quel moyen t'in-
troduire derrière les verrous?
— Moi?... Je ne sais pas. Il faut le
trouver, ce moyen. Invente. Mens. Quand
c'est pour une nob!e cause, le mensonge
est permis.
— Crois-tu que de tes démarches
puisse résulter quelque chose d'heureux
pour Farjcol?
Droite, ferme, elle répondit :
— Il doit en résulter sa libération.
Louis n'osait questionner.
Il ajouta cependant.
— Si c'est une révélation, ne pourrais-
tu pas la faire à son avocat qui juge- j
rait... 1
— Une révélation, c'en est une, affir-
ma-t-elle, mais je ne la communiquerai
pas avant d'avoir vu Jacques. De grâce,
agis. Les heures qu'il passe emprisonné,
tombent sur mon âme beaucoup plus
lourdes que si je vivais moi-même dans
une cellule, Louis, n'hésite pas. Si Jac- 1
ques souffre, si Jacques subit des tor-
tures, si Jacques ne se révolte pas, c'est
à cause...
Le jeune homme écoutait, palpitant.
Il regardait sa sœur, plus blanche
qu'une morte dans cette minute pénible.
— C'est cause de moi, ne l'as-tu donc
pas compris ? déclara-t-elle en -tombant
sur un siège.
Les mots frappèrent le cerveau de
Louis.
Comprenait-il en cffct?...
Il s'approcha de sa sœur. <
— A cause de toi!... murmura-t-il, ef-
frayé d'entendre cette fois une révéla-
tion de complicié dans le meurtre.
si terreur se manifestait dans ses
yeux.
Armande sanglotait.
— A cause de toi !.. répéta-t-il.
Elle leva ses yeux noyés sur son
frère.
La sévérité du regard la fit tressail-
lir..
— Louis!.. Louis !.. ne te méprends
pas, je t'en conjure, c'est une fatalité,
mais je ne suis coupable en rien, crois-
le... C'est pour me sauver que Jacques
ne parle pas.
— Te sauver!..
Plus Armande parlait, moins Louis
comprenait.
Il passait de surprise en surprise.
— Te sauver de quoi ? questionna-t-il
en s'efforçant de rendre sa voix calme,
ma1&ré l'angoisse qui le dominait.
— De ln. critique du monde!... de
Fhonncur'..
Les pensées de Louis projetèrent un
flot de sang à son visage.
La critique du monde!
L'honneur de sa sœur !..
Jacques aurait-il trahi l'amitié ?..
Cet amour qui, à cette heure, s'affir-
mait par une nécessité de défendre l'em-
prisonné, eachalt-il une odieuse faute?
Serait-ce lui, l'ami, qui participerait à
la réhabilitation du coupable!
De rouge qu'il était, le visage du jeune
homme devint ivoire; les veines dé-
mesurément grosses, sillonnèrent ses
tempes sous la dure tension de ses
pensées.
Il se taisait pour ne pas être brusque,
mais il se reprochait amèrement de n'a-
voir pas questionné sa sœur avant le
voyage. Eux à Angers, la distance apla-
nissait des difficultés qui se dressaient
maintenant devant lui...
Sur qui planait la fatalité ?
Sur les Engilbert ou sur les Farjeol?
Malgré les pénibles suppositions, mal-
gré le trouble des hypothèses épouvan-
tables, le regard soucieux, sévère de
Louis se mélangeait de tendresse.
Il était touché de l'émotion d'Armande
quand, il la dérobée, il posait sur elle ses
yeux.
Allait-il l'abandonner à sa tristesse et
à sa désespérance?...
— Armande, demanda-t-il très bas, ne
pourrais-tu t'expliquer plus longuement,
afin qu'il n'y ait aucune méprise entre
nous.
Elle découvrit son visage, laissa tom-
ber ses mains sur sa robe de deuil et
dit :
— La chose m'est facile, d'autant plus
~ qu'elle est simple. Et dire que de si peu
résultent de si horribles conséquences !...
De convulsifs sanglots l'arrêtèrent une
minute.
Elle continua :
— Jure-moi que tu ne te serviras pas
de ma révélation. Jure-moi que personne,
entends-tu, Louis, personne ne saura ce I
que je vais te confier. A Jacques même,
tu ne dois pas en parler.
— Je te le promets, affirma le jeune
homme.
Alors Armande expliqua comme quoi,
en traversant l'Auvergne quelques mois
auparavant, elle avait prié leur ami de
se trouver sur son passage afin qu'il lui
donnât des renseignements concernant
le procès Bruneau.
Haletant, Louis écoutait.
— C'est tout, dit-elle. Tu vois qu'a
l'heure du crime horrible, Jacques se
trouvait avec moi. Tu vois, Louis, que
je suis cause de ses soufTranc.es. Com-
prends-tu, maintenant, que je m'obs-
tine à le sortir d'oil il est.
Ses explications avaient déchargé l'es-
prit du jeune homme.
Il respirait plus librement.
— Je te plains, dit-il. Oui, il faut, coule
que coûte que nous arrachions Farjcol
de sa prison. Nous ne pouvons obtenir
la quiétude qu'à cette condition-là.
Engilbert était soucieux.
De quelque côté qu'il envisageait 1 af-
faire, il pressentait que le nom d'Ar-
mande serait jeté aux quatre coins de la
France.
Qui croirait qu'un conseil d'affaires
avait réuni, la nuit, un homme et une
femme?....
Un homme et une femme qui, jadis,
s'étaient aimes'... ^
Par le fait de son amour même, cette
femme n'inventait-elle pas la rencontre
pour sauver l'inculpe?
Des témoins de la montée et de la des-
cente de Jacques se trouveraient-its?
En existait-il un seul?...
De la révélation ressortait un soupçon
qui planerait il tout jamais sur 1 exis-
tence d'Arman le.
Mais que faire?...
La route du devoir n'est-elle pas toute
droite?...
Devait-il penire son temps dans de
; poignantes alternatives?
Le sentiment de l'honneur le redressa.
| — Tu peux compter sur moi, dit Louis
il sa sœur. Je sors pour mes premières
de-marches. Espérons qu elles aboutiront
sans tarder.
Armande ne resta pas II l'hôtel
Si elle se trouvait il Clermonl. c était
pour Jacques, ce qui avait trait à Jacques
pouvait seul l'intéresser.
La prison 1
Tel était le but de son iiincr.tjrp.
Elle prit le tramway jusqu'à la place
Delille et questionna,
Sur les indications donnée's.elle monta
la place d'Espagne et la Poterne.
Quelques pas encore et elle se trouva
devant les hauts murs qui séparent de la
foule les malfaiteurs, les faussaire..-, ceux
en un mot, qu'une passion déchaînée a
poussés au crime.
Armande s'arrêta.
Son voile baissé, elle regarda cette
porte par laquelle il avait pas"''-, ces mu-
railles qui le lui cachaient, ces fenêtres
grillées et barréesde l'er qui la faisaient
frissonner.
Vivant,il était là,à quelques pas d *cllc.
dans un tombeau.
De grandes traînées de lumière que le
soleil plaquait sur les maisons d'en face
rendaient encore plus sinistre, la pri-
son,
Emue, Armande se retourna.
— Où est sa chambre, ou est la courou
il prend un peu d'air, se demandait-
elle?
Au même momcnt.un fournisseur,une
manne sur la tète,fit battre le lourd mar-
teau de la porte d'entrée.
On allait ouvrir : elle verrait.
Une tête d'homme se montra derrière
une ouverture grillée, une clef tourna
dans une serrure, des verrous furent
poussés et le marchand entra.
Dans son trouble, Armande ne vit rien.
Il y avait un quart d'heure qu'elle
était lit, les yeux sur le sombre édifice,
quand elle pensa que son inspection pou-
vait éveiller l'attention..
I Et puis, la rêverie et 1 inaction condui-
| sent-eiles à un but?
Si le voyage avait été entrepris, c e "L
pour agir: il fallait agir.
Louis et elle. chacun de leur côté, ne
devaient reculer devant rien.
Armande avait remarqué qu'une des
maisons d'en face s'élevait de beaucoup
au-dessus des autres.
De là, le regard devait plonger sur ies
bâtiments de torture morale.
(1 fallait qu'elle y parvint.
Elle enfila un couloir so)nhi\'. gr':!!!,
froid, comme il y en il beaucoup dans lu
vieille yille, et vit, accrochées, des boi-
tes aux lettres avec des noms.
Elle les lut et prit 1 escalier.
Quel prétexte trouver pour s'n)!:'od'n!'e
dans le logement du quatrième ?
Lentement elle jmontait.
Une femme de ménage tapait des IMI*
pelles sur le palier du premie:'.
— Pourriez-vous me dire. madame, si
c'est au quatrième ou au truis;cuie »{Ud
demeure Madame Charron?
-- C'est au quatrième.
Armande le savait, mais la figure ave-
nante, ouverte de l'Auvergnate lui lit
supposer qu'elle obtiendrait d clic quel-
ques renseignements.
Elle continua :
—: La trouverai-je?
Sûrement. Depuis que son enfant
est malade, elle ne s'absente pas... Et
c'est grand dommage, parce que c'est
une petite femme qui a grand besoin de
ses journées pour vivre.
Armande s'intéressait.
— Y a-t-il longtemps que l'enfant est
souffrant ?
— Beaucoup trop... beaucoup trop...
une grande et longue quinzaine.. Le
bon Dieu devrait envoyer les maladies
chez les riches qui ont le temps de les
soigner, et non pas chez les pauvres qui
n'ont ni le loisir, ni l'argent qu'exigent
les alitements... Surtout chez des pau-
vres qui se laisseraient mourir de faim
plutôt que de tendre la main, ajouta-t-
rdla
MME PIERRE DAX.
| suivre).
ire distingue du collège Royal des Chirurgiens.
•
« •
Les jeunes flil(,--,dansie sad-afrieain s occupent
de politique, f.c mois dernier il y a eu une véri-
table bataille .1a:ir= l'enceinte d'un lycée de jeu-
nes filles à St)m(,r5':t-F.;l!'t.Un". externe apportant
pon !?oûlrr l'avait envol^ppô dans la feuille d'un
intimai oil «Hait imp: in" le portrait, de M. Rho-
.)<-«. Une !'-
gles V mit à lapider de toutes 8Í:3 forces
ce poitrail .rtW:l1:1IC ct!i:bre. D'autres jeu-
nef tilles anini'"'.,- de m'''mfs sentiments se
joicnitvnl à ¡'Le. Mais If? Anglaises se coa-
lisèrent a'u->i et en bande enlevèrent limage
aux pierres in:-:ult;tntf':!. Une bataille superbe
s'ensuivit et un moment M. Rhodes tomba
lees.,It!e entre I" mains «le l'ennemi. Mais la
propriél.iir.' de ! 'ma-rf l'attrapa au vol et pour
mettre lin à cette "tcrribte lutte roula l'image
rn bf'u!\ la mit dans ?a bouche... et l'avala... ET
sê fut la fin de la guerre.
CLAIRE DE PRATZ.
Italie
ITn PfÙ("'::' qui «l'avance a fait verser beaucoup '
l'incre, vient de se terminerTi Rome. Il s'agtS-
»Ait de dt-eitler si, dans le fameux duel du 6 mars ,
dernier,où Cavallotti a trouve la mort,tuutes les
règles chevaieres'iuc-; avaient été scrupuleuse-'
ment observées, \ous savez le retentissement,
douloureux qu'a eu ce, drame dans l'Italie en-
lière, dont Cavallotti était le plus populaire des
pocLco. Chef do l'extrême gauche à la Chambre,
compagnon de Garibaldi, il s'était battu vingt
fois pour l'Italie, et pour la France à Dijon ou
son frêr-? mourut sur 1 - champ de bataille.
• Orateur puissant, c ctatt aussi un homnn d'un
jrrun.l cœur. Quand le cho!éra éclata à Naples,
fi accourut aussitôt eL organisa un service diri- ,
lirmiers volontaires qui Ht des m;rdcle3 de dc-
voucinent..
Son adversaire dans le duel, le dcput'- Macola,
dirjeteur de la G izzctlu di Venczia, beaucoup,
fius jeune et plus .ur.cul que lui, l'avait attaqué
injustement dans son journal. La question per-
E;onnelli, prit bientôt le caractère d'une question
fie principes. Cavallo'.ti représentait la cause de
la liberté. Mucolu. la réaction.
Un cas analogue se rencontre dans l'histoire de
Franco : C'eS! le iluel d'Emile de Giiurdin avec
Armand Carrel. Là. comme ici, le députe répu-
hiiciin, l'écrivain populaire resta mort sur le
terrain.
Et ce n'(':,l pas Jf" seul cas de Cf" genre chez
nous.ViKis vous rappelez qu'à propos elu duel du
comte de Turin avee le dm- d'Orléans l'année der-
nière. on dit que la chemise amidonnée avait
»mvé la vie au premier en faisant phsser 1 épee
du duc d'Orléans.......
Dans le due) de Ca\',tllûll.i, on accuse M. Mar.ua
d'avoir voulu atout prix le gant d eseriin «.eti'on
accuse les témoins de Cavallotti d'avoir accepte '
retteconditinnquimettaitlepremierdansdes con-
ditions d'évidente infériorité dans le maniement
du sabre......
Les débats qui ont dur.' trois jours ont
fté clos hier par 1;& condamnation de M. Macola
t treize mois .1" prison. l.es témoins ont été
tbsou.?
LOUISE PÉRIS.
Russie
Le Musée «le travaux manu '!s qui a été formé
lari pour venir en nid#» aux ouvriers, appelés « kous-
~i » (ce sont «les paysans attachés à la terre,
nmis gagnant leur vie surtout par différents
métiers a décide d'installer son pavillon à part
dans la section russe de l'Exposition de 1000 à
Paris.
L'intérieur .le rc pavillon représentera un
marché de village où tous les détails de la mise
tn srt'no seront de pur style russe.
Comme le but principal ctll musée est d'attirer
l'attention des étrangers sur ces marchandises
(dentelles, broderies, chaussures etc.) on pu-
bliera en français un indicateur des endroits où
tes ouvrages sont le plus répandus.
Quelques agences prêteront leur concours
pour les rapports avec l'étranger.
*
Le développement des postes et télégraphes
en Russie sera aussi représenté à l'Exposition,
rt des dessins spéciaux pourront donner une
Idée de la poste par diligence qui parcourt les
distances énormes (t.- la Sibérie et des autres
•xtrémités éloignée- du la Russie.
MAR.
LES JOURNAUX
DE CE MATIN
Du Gaulois :
-lise peut que le ministre de la. guerre ail
manqué de correction ; j'admets volontiers
au'en donnant sa démission à la tribune,
f a méconnu les usages parlementaires et
même, dans une certaine mc-u:". la lettre l't
i'esprit d-.- la Constitution, mais cela n'importe
point.
---
De la Petite République :
Comme k dit le groupe socialiste en son ma-
nifeste. le parti mn-Jéré, le parti des jeunes am-
bitieux à la lJarthou a commis hier un crime
tontre la lu'pubtiqup.
Jamais le complot militaire ne s'était plus
tyniquemer.l étalé que dans la démission prcmc-
•iilée du général Chanoine. Voilà un homme qui
e,-itre dans le ministère iîrisson pour luire h rcvi-
sion.11 la \'011",:10 Conseil des ministres comme ses
rollegucs. Il transmet au garde des sceaux le
dossier de l'afTaire. Et brusqucmcut. quand le
ministère dont il fait partie engage contre les
ré-ariens et les cléricaux la bataille décisive, il
lait feu contre le tn!n!?!'':'f.
ne complicité avec Dérouiède, il travaille -,*t sa
chute, et sans avoir prévenu ses collègues, sans
leur avoir fait part même d'un scrupule et d'une
hèï-itation, il se sépare d'eux eu plein combat
pour les livrer,par cette défection aux coups de
rennemi.
.................
Les fanfares «le Déroulède, les fantaisies déli-
Pantes de Rochefort auront abou'.i à refaire le
ministère Méline avec un peu plus de BnUiLn-
risme.
C'est le péril, oui : mais c'est aussi la lumière
tt la révolte. Et dès dem ti Il, le prolétariat va
l'organiser. Il va organiser ses forces politiques.
Il va organiser ses forées ccoaoŒiqoeB. A l'œu-
vre et courage 1
La République sociale est au bout de notre
effort, et quelles que soient tes menaces, quels
que soient les peri 11.. nous sommes debout :
nous sommes en marche. Nul de nous ne bais-
sera le front; nul de nous ne marquera le pas,
Jean Jaurès.
Causerie Littéraire
Lumen, par Camille Flammarion (Ernest
Flammarion, éditeur.)
J'ai toujours éprouvé une vive admiration
ol,en plus,une sincère reconnaissance pour
Camille Flammarion gui, à nous autres
ignorantes que la sévérité des longues et
fortes études rebute, a ouvert les vastes,
les profonds, les magnifiques cleux. Nous
n'en sommes plus, aujourd'hui, à croire,
comme le faisait ma chère graod'môre.quc
la voùtl) d'azurestcompaNeet que lebonDleu"
y a enchâssé de brillantes étoiles — telles
que des diamants, pour l'unique joie des,
cuits laits June.'Grâce ti l'illustre Maître,
qui a vulgarisé à noire, profit son igrand i
savoir, ét condensé sous une forme nette ;
et précise ses profondes "études, nous'pou-
vons aujourd'hui rêver devant Jes sidérales,
étendues; et .même, si nous sonfmes un
peu poètes —'ce qui n'est pas défendu —
nous pouvons nous payer le -luxe de
choisir a l'avance, d'après les rensei-
gnements donnés sur les mœurs, cli-,
mat et habitants, l'astre, où notre esprit,
enfin dégagé de son misérable corps terres-
tre,pourra enfin s'établir pourune nouvelle
incarnation. Camille Flammarion a donc dé-
chiré les voiles obscurs dont l'Au-delà s'en-,
velol>oail,et il a ainsi dépouillé la mort de son
horreur. Dans cette succession d'existences,
auxquelles nous sommes condamnés,depuis
le protoplasma jusqu'à la station dernière où
nous serons divinisés, le séjour de la pla-
nète Terre — séjourdc misères,(le douleurs,
de gestation, Id enfantement, séjour Oli la
joie môme parson incertitude et sa fragilité
devient une souffrance, — ne peutcomp!cr,
je le suppose, comme une des étapes les
plus satisfaisantes à parcourir. Dans celles
où nous serons appelés ullérieuremcnt,ccl-
les où la lumière donnera à l'âme dÚsincap-
née la vue directe des existences passées,la
vie sur notreglobenousapparaîtra sauvage, '
rudimentairc,très bas placée dans l'échelle
ascendante. Nos organes sont grossiers, in-
complets. Nous nous traînons péniblement,
sur des jambes,qui nous rappellent par leur
défaillance, que nous avons marché à qua-
tre pattes, et que c'esl le soul effort de la
volonté qui a dressé vers le ciel notre tête
jusqu'alors courbée.
Combien plus parfaits serons-nous dans
ces sphères splendides oft la vie prend des
formes si différentes de la nôtre ; M. Flam-
marion nous donne à leur sujet des détails
si ingénieux, et d'une si apparente vérité,
il appuie ses brillantes hypothèses de tant
de science et de chiffres, que véritablement
cela n'est pas plus difficile à croire que
beaucoup d'autres choses qui, en notre en-
fance, nous furent enseignées, connues des
articles de foi.
Lumen est un désincarné et il raconte à
un ami demeuré sur la terre, les événe-
ments de SJ. nouvelle existence. Ayant, du-
rant sa vie, passionnément aimé les espaces
stellaires et particulièrement contemplé
chaque soir la belle étoile de Capella de la
constellation du Cocher, il y est, après sa
mort, subitement transporté par la force
de l'attraction. Or, il se trouve démontré,
par des calculs effrayants pour moi, qui
n'ai jamais mené une addition à bonne lin,
que par sa position sur Cape 11 a, LWllm so
trouve à une distance de 081 trillions 558
milliards de kilomètres de la terre ! En
vertu de la marche de la. lumière qui ne
parcourt les espaces qu'it raison de 300 ki-
lomètres par seconde, les habitants de
l'étoile Capella voient en 1861, se dérouler
devant eux les événements qui chez nous
se passèrent en t7t'3.
cc Ainsi en d'autres termes, le rayon lumi-
neux est comme un courrier, dit Lumen,
qui nous apporte des nouvelles de l'état du
pays qui l'envoie ci qui, s'il met, comme le
calcul en est rail, 72 ans à nous parvenir,
nous donne l'état du pays au moment de
son départ, c'est-à-dire près de 7:2 ans
avant l'époque où il nous arrive 1!,
Alors Lumen assis avec d'augustes vieil-
lards sur Capella, et se servant de leurs
instruments d'optique assiste aux tragiques
horreurs de la mort de Louis XVI et de
tout ce qui s'ensuivit; de plus il se revoit
lui-même enfant dans sa famille, et suit
ainsi sa vie pas il pas ; en 1810 à l'école po-
lytchnique avec François Arago. ses projets
de voyage avec Humbolds; un peu plus tard
son cœur bat d'émolion en apercevant sa
bien-aimée dans tout l'éc)at. de sa juvénile
beauté accourir au devant de lui sous les
lilas en (leurs... chaque événement lui es!
retracé nvec une merveilleuse clarté; il
peut juger de l'ensemble de son existence
faire la balance de ses bonnes et mauvaises
actions avec la sincérité d'une âme dégagée
de la sourde influence d'un corps animale-
m en t besogneux.
Jugés par nous-mêmes : Voilà qui me
semble autrement plausible que la perspec-
tive de la Vallée de Josal-)!it!.
Je ne puis donner, en quelques lignes,
même un aperçu de tout ce que ce déli-
cieux volume de Lumen contient de science,
d3 poésie et d'ingéniosité. Je rends grâce
au cher et illustre maître de m'avoir fait
voyager dans ces mondes si divers, et de
nTavorr enseigné V'it y a des étoiles dont
il faut se méfier, témoin celle d'Andromède
qui rcsssemble tellement à la Terre que a'H
m'est permis un jour de choisir ma de-
meure, j'éviterai celle-là avec soin.
Mes 28 Jours, album par Albert Guillaume,
avec préface par Edouard Détaillé (Simo-
nis Empis, éditeur).
Tout ce qu'il y a de plus spirituel et de
plus amusant que les dessins et les légendes
dont Albert Guillaume a composé son
album, — Par ces jours de sombre tristesse
où l'on voit venir l'hiver, c'est une gaieté,
c'est une joie que de retrouver en ces pages
nos braves pioupious et de les entendre
parler. —Les motifs de consigne, avec leur'
orthographe et leur syntaxe particulières
sont tout à lait désopilants. — Et puis,
quelle fine observation, quelle entente du
comique, quelle jolie satire aussi!
Ceci par exemple :
Le speech du colonel à MM. les officiers
de réserve. J
ff Dans tout homme, saehez-le, il y a une .
bête à laquelle il faut parler; il faut lui
montrer qu'on -s'intéresse à elle... il y a;
un singe qui s'empressera de répéter le1
mouvement que vous lui montrerez...ïl y ;
a un chien dont la fidélité est sans bor- ;
-nes... elc"...etc'. Il '!
Ct il l'exercice. ,
i.'ofllcier rouge comme un homard cuit
et hurlant à ses hommes en rang...
fi Est-ce que vous croyez, comme ça, que
j'ai de la salive pour vos beaux yeux! »
Et les silhouettes typiques? Elles y sont
toutes, depuis celle du colonel bedonnant,
sahglé dans sa tunique, ou celle du jeune
officier à la fine moustache, jusqu'aux bon- <
nos faces ahuries des nouvelles recrues,
tout cela alerlement crayonné et campé de
main de maître.
Un joli moment à passer avec ces,
28 jours....,
MANOEL DE GRANDFORT.
Surveillez vos cheveux et ceux de vos
l>6bt);;, s'ils foncent, lisez, 4° page, la
filon dîne l'vlaki.
CHOSES DE L'ENSEIGNEMENT
Apr-'s une période d'accalmie, !a Réforme de
l'orthographe est de nouveau à l'ordre du
jour.
Le Réformiste, journal consacré à ce travail...
ardu, vient d'annoncer qu'un Il généreux do-
na'-'ur >• fonde six prix dont 1? premier de cinq
mi Ht! frai t csi et le dernier d ' qwitri' cents {hou:.,>,
pour les personnes qui auront introduit dilQS
cet amas de rentes et d'exceptions — si lonr l
sur la tète des écoliers — les Simplifications les
plus heureuses.
La distribution aura lieu le U juillet 1900.
L emutatioc ai'ta:)), il est tout naturel que IC3
journaux pédagogiques teprcnnun!. la. question
et l'un d'entre eux, le pius répandu penl-l'iI'.', lu
Journal fief Instituteurs a camsnencé sous la ru-
brique Réforme de l'orthographe une série d'arti-
cles dont les deux premiers sont sous mes
i yeux.
La campagne se terminera le 1" mai par un
rc/cl'c,I'!I!//Í auquel sont conviés tous les institu-
teurs et toutes les institutrices.
Le Journal des Instituteurs publie dans son
dernier nnnt''t'n, les principales règles de sim.
plification et. joignant la pratique a la théorie
i! orthographie immédiatement selon ces rô-
gles.
Au risque de passer pour un vieux débris de
la réaction, laissez-moi dire que je trouve cela
terriblement laid.
Mais ce ne sont pas là de? raisons. Chaque
école » nouvelle, pour ne parler que des ques-
tions d'art, a blessé ies yeux et les oreilles de la
majorité du public, et si je suis plutôt opposée
à la. Uefurme. c'est pour d'autres raisons aux-
quelles jl1 trouve, moi, quelque gravité.
Voici d'abord les règles arrêtées par le Journal
des Instituteurs :
1" Notation uniforme du pluriel des noms et
adjectifs par s.. d'oÙ substitution de s à x il la. fin
des mots : nerveus, bateaus, allimalls, épOIlS, h cti-
re as, je rei«. x ne doit être maintenu que là où
il se prononce : :sill!,l:.
2" Supression des consones doubles partout
oit on prononce une consone simple : enntonier,
si/ter, aloiiger, bagare, bok. Surmonter d'un ac-
cent grave ou aigu (suivant les cas l e précédant
la cu.):-one suprimee : tulùle, êforts, je regrete,
épicuricDC.hii où êtes sc prononcent toutes deus,
maintenir les deux c()ijsoiies : illogique, hor-
reur.
Suppression de h muèle dans les groupes
ch. rli. th : C/,,)/IÙ/ili', rctoriifue, tcologia. Substi-
tution /'à ph; fènomi'iie, orlografe.
4' Substitution de i à y, partout 0:') on pro-
nonce / shnp'c: analise, mistère, pirunule; —
mais hatai/er, ewmjcr, paysan.
5" Li,ti-e-; parasites. Supprimer, dans le corps
ies mots les tetres qui sont sans rapport avec
la langue ou la pro:'
1 h de ad/'Ùt!i', oie,
Le principe de la neformc. étant admis, ces
* rentes me semblent inattaquables.
Mais ce qui me choque en elles, ce nui m'a
empêchée jusqu'ici d adhérer à une sociétéqucl-
conque de réforme de l'orthographe c'est que les
rentes un ' fois décidées,seront un nouveau code
auquel il faudra obéir, et que. pour être intinÍ-
meut plus facile qu'alljnul'rRlui, l'oi'Lhogl'al'hc
n'en sera pas moins t,-t,,tiiniqtie ; que les livres
écrits de nos jours, paraîtront dans quelques an-
nées. aussi dilticilcs à déchiffrer que ceux qui
soi;) écrits aujourdhui envieux français; que
les œuvres de Yottaire, de G. Sand,de Ftaubert,
de Maupassant et de Victor Hugo passeront à
l'état de. monuments d'archéo!!I(!ie, et qu'enfin à
moins de demander aux letîrés de renoncer
complètement aux étymolopries, qui ont bien
quelque inlluence sur notre orthographe — nous
aurons en France deux codes : l'un pour le vul-
gaire, l'autre pour les privilégiés.
En reatit", ce n'est pas à l'orthographe que
j'en veux ; c'est à l'iroport Ince qu'on lui attribue:
c'est au poids dont on la fait peser sur les an-
nées d'école; c'est aux procédés que l'on emploie
pour )'en3eigncr: ce que Je ne lui pardonne pas,
c'est d'ètre devenue le critérium de l'intelligence
française.
Vous avez tous rencontré dans ie monde des
individus ayant « fait leur chemin - ayant même
acquis de la notoriété, celui-ci dans les lettres,
et qui avoue n'avoir jamais pu mordre aux ma-
thématiques. même à l'arithmétique, celui-là
dans les sciences et qui n'est pas bien sûr que la
bataille de Bouvines ait précédé la bataille de
Marignan... Le professeur de mathématiques au
premier; le professeur d'histoire au second ont
fait avec chacun (l'eux tout leur devoir; puis ils
ont pris leur parti de leur échec : 1( G>it un
garçon bien intelligent, après tout.L'on n'est pas
universel que diable ! »
M,ai::;, S'il s'asit d'orthographe... haltc-là! J'ai
toujours sur le cœur un immense pensum, im-
posé à l'un de mes lils pour fautes d'ortho-
graphe dans une version latine.
Si vous n'avez pas d'orthographe, monsieur,
n'é.'l'i\'cz point à votre fianccc, tout serait
rompu.
Quant à vous, mademoiselle, la même lacune,
en ce temps d'épidémie de brevets, vous ferait
accuser de n'avoir pas obéi à la loi d'obligation
scolaire.
Grâce à ce préjugé, l'écolier est envahi, stib-
mergé-par ladicLcc: il passe à estropier l'ortho- '
graphe tout ie .tr-mps qu'il pourrait employer à
acquérir des notions justes sur les choses et sur
les faits; il y passe tout le temps qu'il pourrait.
employer à devenir intcWgc:1t, ;
.Que routez-vous? dans tous les examen'3..
l'orthographe est éliminatoire.!
Grâce encore à.ce préjugé, l'écolier ,n'apprend
pas t'orthographe; c ir il ne lui reste pas de temps
pour lire ; et c est cependant pondant qu'il ira)t,
que l'orthograp!Lc s infiltre rait, à ,son insu, par
les yeux, dans sa n-iémoire !
Je démuni donc qu'on laisse à t'orthographe
sa place... de dernier plan ; ou p'lutôt d'avant
dernier; juste avant la calligraphie ; que. sans
donner de prime aux orthographes fantaisistes,
on se montre plus philosophes au sujet de ccr-,
taines libertés, qui se diseiplineront d'autant
plus facilement que l'éducation s'attachera à
l'esprit et non aux formes, rt là dessus je sou-
batte bonne chant e aux candidats pour les prix
du .
Ré(,igi,inislc nous en reparlerons.
PAULINE KERGOMARD.
COMMUNICATION
Madame la Directrice de la Pfolld,',
Une chose assez curieuse à vous signaler.
La loi nouvelle qui autorise les femmes il
être témoins dans les actes civils ou au-
thentiques est. un juste progrès.
Imagine-l-on cependant que dans un
commIssariat de Paris, on n. refusé mon té-
moignage à propos d'un certificat d'iden-
lilé 'f ma surprise a été d'autant plus
grande que depuis la promulgation de la
loi j'ai été témoin plusieurs fois.
Le commis du commissaire m'a allègue
qu'il n'avait point encore reçu d'instruction
à ce sujet de la préfecture de police.
J'espère que les instructions nécessaires
ne se feront pas plus longtemps attendre,
à ceux à qui la promulgation ne suffit pas.
Recevez, Mme la Directrice, tous mes
compliments.
YVE FKnES.SE DiiRAlSME.
Au Théâtre de Carlsruhe
La saison d'automne de l'Opéra de Car!s-
ruhc comprenait après les trois soirées ber-
lioziennes la Légende de Ste-Elisabeth, de
Liszt. Tristan et Yseult, Orphée et une nou-
veauté : Lohc'anz, de Ludwig- Thllille,Enfin,
pour couronnement les Maîtres-Chaulcurs,
montés à neuf quant aux costumes.
*
« •
Ce n'est sans doute pas dans l'espoir de
hausser la réputation du célèbre pianiste,
à la taille de celle des grands compositeurs
allemands et français, que Molli a choisi la
Légende de sainte Elisabeth pour figurer au
beau programme d'octobre. Ce choix a plu-
tùt son origine, presque son excuse, dans
une sorte de piété filiale et traditionnelle.
Liszt a été un merveilleux vulgarisateur de
belle musique; il risqua sans calculs étroits
sa grande réputation pour soutenir les deux
génies si longtemps méconnus à qui Caris-
rulie semhleaujourd'huiavoi¡'voné un culte:
Wagner et Berlioz. En particulier le public
de Carlsruhe doit ses premières initiations
il Liszt qui,en ISjJ.dirigea. ici deux concerts
olt,à côté de fragments du Taiwhaùscr et de
Ln/I/?II[Jrin,fut jouée la deuxième partie delà
symphonie de Roméo et Juliette, de Berlioz.
'Daus l'admiration que l'on professe ici à
l'égard de la légende de Liszt, il entre donc
beaucoup de gratitude pour l'auteur. Malgré
notre effort pour nous soustraire à In criti-
que et tenter quelques « Wunderschon! ■
à l'allemande, la partition nous a paru, si
l'on peut dire ain:-l, d'une splendeur fade.
Le drame religieux de Liszt, est tiré de la
célèbre légende de Sainte-Eiisabelli de Hon-
grie, landgravine de Thuringe, ofi Wagner
a trouvé plus d'un trait de l'angéliquo Eli-
sabeth du Tannhauscr. Les miracles accom-
plis par la sainte ont encore inspiré bien
des œuvres et quelques chefs-d'œuvre, en-
tre autres à lïolhein le vieux (Mun'ct) et a
Murillo, Montalemberl écrivit sur Sainte-
Elisabeth un livre qui eut un succès du-
rable, il y a quelque soixante ans. Ce vo-
lume ouvrit il son auteur les portes de l'A-
cadcmie..
C'cst même là, prétend une méchante
langue, qui, pour un mot d'esprit laisserait
la vérité se morfondre dans son puits, le
dernier miracle de sainte Elisabeth. La vo-
gue de l'ouvrage de Montalembert, à I épo-
que où Liszt résidait à Paris, le désir pa-
triotique de consacrer une œuvre à une If"-
gende hongroise, et les tendances mysti-
ques affirmées dès renfance, nous expli-
quent l'origine de l'Oratorio.
L'introduction orchestrale de la légende
est des plus simples : un motif légèrement
chanté par la flûte, écrasé ensuite par de
violentes sonorités, puis revenant; vers la
fin, doucement ramené par le cor sur un
grondement avenue des violoncelles, nous
raconte toute l'histoire de sainle Elisabeth,
son enfance calme, sa vie plus troublée, sa
mort heureuse et pieuse.
La première partie de l'Oratorio décrit
l'arrivée d'Elisabeth à la Warlbourg. Fian-
cée encore enfant à Louis, fils du Landgrave
Ilermann, elle est conduite en Thllringe par
un magnat hongrois, afin d'être élevée à la
cour de son futur mar:. Le chœur qui salue
l'entrée de la petite princesse, le leilmotif
Elisabeth qui accompagne l'héroïne à tra-
vers toute la partition, les discours de bien-
venue du Landgrave, l'allocution en rythmes
couleur locale du *.seigneur hongrois, sont
écrits dans un style aussi noble que lan-
guissant. ' -
Cependant On chœur d'enfants qui pro-
mettent à leur petite souveraine mille dis-
tractions,et des" fleurs; et des poissons dans
l'eau el.dc.st}iches<3aiis la forêt, fait excep-,
l'on et s'inspir.eJl\1ne idée jolie. <
L'Oratorio se'continue - vit.r le miracle où
le pain et le -vin qu'Elisabeth, devenue*
grande, portait aux pauvres se changent en
roses; le landgrave Louis, son époux, ému
par ce.prol!ige, se décide à partir pour les
croisades. Cette scène amène au troisième
tableau le chœur des croisés. C'est là la
partie capitale de l'oeuvre. Le motif appro-
prié à la situation se termine en un cri de
guerre religieuse : Gott will es (Dieu le
vcut)sur un rythme connu de toute l'épo-
que et plein de majesté. Après les adieux du
Landgrave Louis et d'Elisabeth, l'Oratorio
nous montre iL la nouvelle de la mort du
Landgrave en Palestine, Elisabeth chassée
par sa belle-mère, et obligée, malgré la
pluie et l'orage,de quitter le château — puis
Elisabeth mourant et montant au ciel au
milieu de la musique des anges. l'n résumé
instrumental des motifs entendus précède
la dernière partie de l'Oratorio, un discours
funéraire de l'empereur Frédéric Il de Ilo-
henstaufen et les funérailles magnifiques
d'Elisabeth parmi les chœurs d'évêques et
de' gens du peuple.
Malgré la vie de la misère et des jeux de
lumière, malgré la superbe allure de l'or-
chestre de Mo!!), l'ouvrage de Liszt n'a pu
nous émouvoir.Un souftletoujours uniforme
et sans éclat fait que cette œuvre religieuse
ne semble animée d'une âme religieuse
qu'artificiellement, scientifiquement... ou
bien la pensée de Renan est exacte. Le phi-
losophe déclarait que si, dans le paradis,les
anges font constamment de la musique par-
faite et céleste,il vaut mieux souhaiter l'cn-
l'er.
%
La représentation de Tristan et Yseult a
été merveitleuse.Ce long poème d'amour olt
Wagner a mis toute sa puissance d'aimer,
toute sa puissance d'exprimer, nous a tous
laissés haletants, les nerfs brisés.Commen-
tée de mille façons, disséquée jusqu'à la
moelle par les savants et les spécialistes,
J'œuvre de Wagner laisse toujours place il
des impressions nouvelles. Elle a le don de
fairovibrer cette lyre intérieure que même
ceux qui sont le plus loindes poètcs,cachent
quelque part dans une oubliette de l'àme.
Wagner, -- n'est-ce pas la marque du gé-
nie ? - a su allierdes contraires et si "Tris-
tari et Yseult ", ont tant d'empire sur noire
cerveau et sur notre cœur, c'est qu'ils sont
la solution d'un problème troublant et
qu'ilsplalonisent la volupté.
L'amour avec l'aspiration complémentaire
vers la mort, vers la nuit heureuse, tel que
Wagner l'a compris, et dont il nous imprè-
g-ne, bon gré, mal gré, par un flux d'har-
monie — "est l'un des plus nobles senti-
ments, l'un des plus humains puisque sa
représentation il la scène nous émeut si
profondément. [n idéal si mystérieux et si
prenant avec une sensualité nécessaire,
rend chaque spectateur frère ou sœur des
héroïques amants et chacun songe alors il
1 heure véritable de la vie où il criera où a
crié désespérément son appel : Tristan !
Tristan!... ou Yseult!
L'interprétation et l'orchestre onll'té di-
gnes de leur réputation. Carlsruhe est l'une
des rares villes ou Wagner soit joué avec
une splendide précision el tel qu'il doit 1 é-
trt',)lmc Rosa Snober de t'Opéra. de Berlin,
cellequi créa glorieusement le rôle Il'Y5eult
il Bayreulh a été superbe de noblesse et
d'enlficenienl.
Le ténorGerhauser, un prti mou dans ses
gestes, a chanté Tristan d'une façon remar-
quable. Dans Brangaine. on a remarqué
Mlle Tomschi!. qui sait chanter (chose rare !)
el dont la voix est pleine de fraîcheur et de
délicatesse.
Beaucoup de Français étaient venus pour
cette représentation el ils applaudissaient
avec rage,tremblants de cette émotion par-
ticulière qui se dégage de Trista!l et Yseult
et secoués à la nuque.
♦
41 «
Orphée nous a un peu reposa. L'ouvre.
de Gliick, exemple de philosophie extrême,
ne secoue pas,mais caressa Lorsque 'h-pttee
réclame son Kurydice, le spectateur s émeut
assurément - la musique est si douce. e1
si charmante est l'orchestralion ' - fiais il
ne pleure p;'s avec le malheureux - amant et J
il ne frisonne pas d'angoisse pour son
compte personnel.
La représentation n'a été qu'honorable.
1 L'orchestre, toujours parfait, a su se plier
à la douceur de GUick après avoir servi
l'énergie de Wagner; mais Mlle Friodlein
qui, dans les rôles d'Ursule de B-Julricc et
Bénédicl, d'Anna des Troyens à Carlhage,
avait convenablement tenu sa partie, s'est
montrée ici au-dessous de son rôle. La
voix qui est belle n'est pas posée, les pas-
sages de la voix de poitrine à la voix tlt)
tète sont trop marques et donnent des tim
bres si différents que l'un, tout a fait cu-
rieux, semble sortir d'une clarinette. El
quel travesti fâcheux' Mme Malt! par con-
tre, en Eurydice est une merveille de gràcc
et de fraîcheur.
Quelle artiste exquise et {l'aJlf:a.iM! de goâll
9 m
Lobelartf), la nouveauté de cette année,
est un opéra-comique dont le succès gran'
dit et qui va faire son lour du inonde. C est
l'histoire — navrante, gaie et romantique,
avec rose, poésies, violon, gibet, prison,
.bourreau et danse des morts, d'un trou-
badour qui épouse la lilie du roi. Le livret
„estpcdt-êlre bien d'une fantaisie un peu
fausse, d'une joie alambiquée, mais la mu-
sique — triomphe du violon — chante dé-
licIeusement.
Il faut retenir le nom de son auteur:
Louis Thuille pour le mettre à côté de Ge.
lui de Ilumpcrdink.^obefa/isaurasans doute
la fortune de Hanscl et Grelcl. Voilà une
nouvelle formule d'opéra; l'amusement'des
enfants, la tranquillilé des parents et tout
de même une œuvre.
Ce conte de fée, et cet autre grand conte
d'Orphée, venaient à peine de célébrer la
puissance de la mélodie sur les esprits in-
fernaux et sur les filles de roi que le*
Maîtres Chanteurs la célébraient à leur tour
sur les filles d'orfèvre, Le public a rem-
porté cette impression que nulle part, )<'part en Allemagne, cet opéra n'a été mieux
monté dans son ensemble, en dépit de 1.i
patauderie de Plank, hideux poussah, Haus
Sachs plus cordonnier que poète.
En me ressouvenant de Covent-Garden
j'ai pu regretter l'absence d'Edouard do
Ueszké, mais non pas de Mlle Eamès, nulle.
! artiste, même Mlle Cath. Mastio (de la Mon-
naie), n'a davantage que Mme Molli le phy-
sique enfantin d'Eva ; nulle n'apporte plus
de candeur, plus de timidité dans sa finesse
et ses impétuosités d'amoureuse. El!:;
chante comme elle joue. On ne peut êtro
rilus près du rève.
MME C. MAX-RAYMOND.
SAVON ROYAL^THRiDACE^^^a
FAITS DIVERS
LES ARRESTATIONS D'HIER. — Dans la jour-
née d'hier, 143 arrestations ont été opérée"
se décomposant ainsi :
11, arrondissement, 131 ; 7*, 4 ; 811, 4 ; 9% 1.
1-i arrestations seulement ont été main-
tenues.
Dans la soirée, 33 arrestations ont clo
opérées, 31 sur le boulevard Montmartre et
2 sur le boulevard Magenta.
4 ont été maintenues.
VOL A L'AMÉtUCAtXE. — M. B... rentier,
âgé de 7j ans, habitant Chaumont, attendait
hier, assis sur un banc dans le hall de Ja
gare de l'Est, le départ de son train.
A ses côtés vinrent prendre place deux
jeunes gens qui lièrent conversation avec
lui et le" prièrent de leur garder leurs por-
lefeuillcs renfermant 12,000 francs en bil-
lets de banque.
M. B... accepta et les portefeuilles, ain-i
que celui de M. B... contenant 1.100 francs,
furent placés dans une enveloppe qui lui
confiée au brave rentier.
Celui-ci attendit deux heures et. ne le*
voyant pas revenir, il alla trouver le COIII-
missairc spécial de la gare, qui ouvrit
l'enveloppe.
M. B... avait été victime de deux filous
qui, avec dextérité, avaient substitué il
1 enveloppe renfermant les 1,100 francs -!e
M. B... une autre enveloppe avec de vieux
portefeuilles bourrés de journaux.
O.Î THOUVK Tor.ioi ns aux Grands Magasi.n
Dul'avel une remarq iahle cx!'"-in"n of d
mobiliers complets toujours prêts il. < j'II
livrés. A visiter également les rayons d'ar-
tilles do ehaulfage et de ménage, de ma-
chines il coudre, de cycles et de t'uur'O!L:"-':
mortuairt's. à l'occasion des têtes de :a
Toussaint. La maison est la seule it-ml
t'organtstt'on permet de vendre les ari -
des uniformément bon marché pondant
toute ! année et qui garantit ses marchan-
dises pendant 3 ans. Les livraisons se h."t
franco d'emballage dans toute la Franc"
quels que soient te poids et le volume de-
art ieles. Envoi franco du catalogue gem-iMt.
Les visiteurs des magasin* pourront en
profiter pour voir tes nouvellesattraclions :
t'avons X, le cinématographe Lumière el
le dessinateur automate Gitt ').
r:-.; MAÎTRE nscrioc. - Les agents tll" ) 1
Sûreté ont arrête hier malin un inaîlrele.---
ci-or, .Jacques-François Pelaërt, sujet beue.
Arrête a Bruxelles, au mois de mars der-
ni'M', pour avoir commis, dans cette vi.ic,
^—P—i——1—M—. —wa—aai,
~ DOUILLETTES AUX ŒUFS HIIOIRE & CAR HIT
FEUILLETON DE LA FRONDE
Du 26 OCTOBRE 1898
(14)
La Sœur du Mort
III
Premières démarches
Ils descendirent dans un des hôtels si- I
tués en face de la gare et, après quel-
ques heures de repos — heures d'anxiété
Four MllcEngilbcrtqui avait pas fermé
œil — Louis dit à sa sa soeur :
— Je n'ai pas voulu te contrarier, Ar-
mande, mais1l me semble que nous ob-
tiendrons difficilement les deux autori-
sations qu'il nous faut.
— Louis, de ces autorisations dépend
la tranquillité de ma vie entière. Si tu
ne peux en obtenir deux, aies-on une : la
tienne... Tu ne peux me comprendre,
su sauras plus tard... Vois le procureur,
tache le nom de l'avocat de Jacques,
ause lui, informe-toi de tous les moyens
auxquels nous pouvons nous crampon-
ner. Il faut que je parle à Jacques Far-
leol.
— Qu'invoquerai-jc? demanda II) jeune
homme. Nous ne sommes pas ses pa-
rents...
Armande réfléchit, et, énergique.
— Tu diras que tu eslc frère du mort !..
On pensera que ta vue arrachera une
révélation, un aveu à Jacques...
— Mais, toi, toi, par quel moyen t'in-
troduire derrière les verrous?
— Moi?... Je ne sais pas. Il faut le
trouver, ce moyen. Invente. Mens. Quand
c'est pour une nob!e cause, le mensonge
est permis.
— Crois-tu que de tes démarches
puisse résulter quelque chose d'heureux
pour Farjcol?
Droite, ferme, elle répondit :
— Il doit en résulter sa libération.
Louis n'osait questionner.
Il ajouta cependant.
— Si c'est une révélation, ne pourrais-
tu pas la faire à son avocat qui juge- j
rait... 1
— Une révélation, c'en est une, affir-
ma-t-elle, mais je ne la communiquerai
pas avant d'avoir vu Jacques. De grâce,
agis. Les heures qu'il passe emprisonné,
tombent sur mon âme beaucoup plus
lourdes que si je vivais moi-même dans
une cellule, Louis, n'hésite pas. Si Jac- 1
ques souffre, si Jacques subit des tor-
tures, si Jacques ne se révolte pas, c'est
à cause...
Le jeune homme écoutait, palpitant.
Il regardait sa sœur, plus blanche
qu'une morte dans cette minute pénible.
— C'est cause de moi, ne l'as-tu donc
pas compris ? déclara-t-elle en -tombant
sur un siège.
Les mots frappèrent le cerveau de
Louis.
Comprenait-il en cffct?...
Il s'approcha de sa sœur. <
— A cause de toi!... murmura-t-il, ef-
frayé d'entendre cette fois une révéla-
tion de complicié dans le meurtre.
si terreur se manifestait dans ses
yeux.
Armande sanglotait.
— A cause de toi !.. répéta-t-il.
Elle leva ses yeux noyés sur son
frère.
La sévérité du regard la fit tressail-
lir..
— Louis!.. Louis !.. ne te méprends
pas, je t'en conjure, c'est une fatalité,
mais je ne suis coupable en rien, crois-
le... C'est pour me sauver que Jacques
ne parle pas.
— Te sauver!..
Plus Armande parlait, moins Louis
comprenait.
Il passait de surprise en surprise.
— Te sauver de quoi ? questionna-t-il
en s'efforçant de rendre sa voix calme,
ma1&ré l'angoisse qui le dominait.
— De ln. critique du monde!... de
Fhonncur'..
Les pensées de Louis projetèrent un
flot de sang à son visage.
La critique du monde!
L'honneur de sa sœur !..
Jacques aurait-il trahi l'amitié ?..
Cet amour qui, à cette heure, s'affir-
mait par une nécessité de défendre l'em-
prisonné, eachalt-il une odieuse faute?
Serait-ce lui, l'ami, qui participerait à
la réhabilitation du coupable!
De rouge qu'il était, le visage du jeune
homme devint ivoire; les veines dé-
mesurément grosses, sillonnèrent ses
tempes sous la dure tension de ses
pensées.
Il se taisait pour ne pas être brusque,
mais il se reprochait amèrement de n'a-
voir pas questionné sa sœur avant le
voyage. Eux à Angers, la distance apla-
nissait des difficultés qui se dressaient
maintenant devant lui...
Sur qui planait la fatalité ?
Sur les Engilbert ou sur les Farjeol?
Malgré les pénibles suppositions, mal-
gré le trouble des hypothèses épouvan-
tables, le regard soucieux, sévère de
Louis se mélangeait de tendresse.
Il était touché de l'émotion d'Armande
quand, il la dérobée, il posait sur elle ses
yeux.
Allait-il l'abandonner à sa tristesse et
à sa désespérance?...
— Armande, demanda-t-il très bas, ne
pourrais-tu t'expliquer plus longuement,
afin qu'il n'y ait aucune méprise entre
nous.
Elle découvrit son visage, laissa tom-
ber ses mains sur sa robe de deuil et
dit :
— La chose m'est facile, d'autant plus
~ qu'elle est simple. Et dire que de si peu
résultent de si horribles conséquences !...
De convulsifs sanglots l'arrêtèrent une
minute.
Elle continua :
— Jure-moi que tu ne te serviras pas
de ma révélation. Jure-moi que personne,
entends-tu, Louis, personne ne saura ce I
que je vais te confier. A Jacques même,
tu ne dois pas en parler.
— Je te le promets, affirma le jeune
homme.
Alors Armande expliqua comme quoi,
en traversant l'Auvergne quelques mois
auparavant, elle avait prié leur ami de
se trouver sur son passage afin qu'il lui
donnât des renseignements concernant
le procès Bruneau.
Haletant, Louis écoutait.
— C'est tout, dit-elle. Tu vois qu'a
l'heure du crime horrible, Jacques se
trouvait avec moi. Tu vois, Louis, que
je suis cause de ses soufTranc.es. Com-
prends-tu, maintenant, que je m'obs-
tine à le sortir d'oil il est.
Ses explications avaient déchargé l'es-
prit du jeune homme.
Il respirait plus librement.
— Je te plains, dit-il. Oui, il faut, coule
que coûte que nous arrachions Farjcol
de sa prison. Nous ne pouvons obtenir
la quiétude qu'à cette condition-là.
Engilbert était soucieux.
De quelque côté qu'il envisageait 1 af-
faire, il pressentait que le nom d'Ar-
mande serait jeté aux quatre coins de la
France.
Qui croirait qu'un conseil d'affaires
avait réuni, la nuit, un homme et une
femme?....
Un homme et une femme qui, jadis,
s'étaient aimes'... ^
Par le fait de son amour même, cette
femme n'inventait-elle pas la rencontre
pour sauver l'inculpe?
Des témoins de la montée et de la des-
cente de Jacques se trouveraient-its?
En existait-il un seul?...
De la révélation ressortait un soupçon
qui planerait il tout jamais sur 1 exis-
tence d'Arman le.
Mais que faire?...
La route du devoir n'est-elle pas toute
droite?...
Devait-il penire son temps dans de
; poignantes alternatives?
Le sentiment de l'honneur le redressa.
| — Tu peux compter sur moi, dit Louis
il sa sœur. Je sors pour mes premières
de-marches. Espérons qu elles aboutiront
sans tarder.
Armande ne resta pas II l'hôtel
Si elle se trouvait il Clermonl. c était
pour Jacques, ce qui avait trait à Jacques
pouvait seul l'intéresser.
La prison 1
Tel était le but de son iiincr.tjrp.
Elle prit le tramway jusqu'à la place
Delille et questionna,
Sur les indications donnée's.elle monta
la place d'Espagne et la Poterne.
Quelques pas encore et elle se trouva
devant les hauts murs qui séparent de la
foule les malfaiteurs, les faussaire..-, ceux
en un mot, qu'une passion déchaînée a
poussés au crime.
Armande s'arrêta.
Son voile baissé, elle regarda cette
porte par laquelle il avait pas"''-, ces mu-
railles qui le lui cachaient, ces fenêtres
grillées et barréesde l'er qui la faisaient
frissonner.
Vivant,il était là,à quelques pas d *cllc.
dans un tombeau.
De grandes traînées de lumière que le
soleil plaquait sur les maisons d'en face
rendaient encore plus sinistre, la pri-
son,
Emue, Armande se retourna.
— Où est sa chambre, ou est la courou
il prend un peu d'air, se demandait-
elle?
Au même momcnt.un fournisseur,une
manne sur la tète,fit battre le lourd mar-
teau de la porte d'entrée.
On allait ouvrir : elle verrait.
Une tête d'homme se montra derrière
une ouverture grillée, une clef tourna
dans une serrure, des verrous furent
poussés et le marchand entra.
Dans son trouble, Armande ne vit rien.
Il y avait un quart d'heure qu'elle
était lit, les yeux sur le sombre édifice,
quand elle pensa que son inspection pou-
vait éveiller l'attention..
I Et puis, la rêverie et 1 inaction condui-
| sent-eiles à un but?
Si le voyage avait été entrepris, c e "L
pour agir: il fallait agir.
Louis et elle. chacun de leur côté, ne
devaient reculer devant rien.
Armande avait remarqué qu'une des
maisons d'en face s'élevait de beaucoup
au-dessus des autres.
De là, le regard devait plonger sur ies
bâtiments de torture morale.
(1 fallait qu'elle y parvint.
Elle enfila un couloir so)nhi\'. gr':!!!,
froid, comme il y en il beaucoup dans lu
vieille yille, et vit, accrochées, des boi-
tes aux lettres avec des noms.
Elle les lut et prit 1 escalier.
Quel prétexte trouver pour s'n)!:'od'n!'e
dans le logement du quatrième ?
Lentement elle jmontait.
Une femme de ménage tapait des IMI*
pelles sur le palier du premie:'.
— Pourriez-vous me dire. madame, si
c'est au quatrième ou au truis;cuie »{Ud
demeure Madame Charron?
-- C'est au quatrième.
Armande le savait, mais la figure ave-
nante, ouverte de l'Auvergnate lui lit
supposer qu'elle obtiendrait d clic quel-
ques renseignements.
Elle continua :
—: La trouverai-je?
Sûrement. Depuis que son enfant
est malade, elle ne s'absente pas... Et
c'est grand dommage, parce que c'est
une petite femme qui a grand besoin de
ses journées pour vivre.
Armande s'intéressait.
— Y a-t-il longtemps que l'enfant est
souffrant ?
— Beaucoup trop... beaucoup trop...
une grande et longue quinzaine.. Le
bon Dieu devrait envoyer les maladies
chez les riches qui ont le temps de les
soigner, et non pas chez les pauvres qui
n'ont ni le loisir, ni l'argent qu'exigent
les alitements... Surtout chez des pau-
vres qui se laisseraient mourir de faim
plutôt que de tendre la main, ajouta-t-
rdla
MME PIERRE DAX.
| suivre).
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