Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-10-17
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 octobre 1898 17 octobre 1898
Description : 1898/10/17 (A2,N313). 1898/10/17 (A2,N313).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67034325
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
On dit...
A L'ÉLYSÉE
Hier, In président a chassé avec MM. Fiscq,
Max li ri sa r, le colonel MénéLrez, le comman-
dant Moreau et M. Leddot.
UN PEU PARTOUT
La distribution des récompenses aux en-
fants de l'orphelinat de la bijouterie a eu
lieu hier ,au Trocadéro.sous la présidence de
M. Maruéjouls, ministre du Commerce et
do l'Industrie, remplaçant M. Léon Bour-
geois,ministre de l'instruction publique,ab-
sent......
Sur l'estrade, avaient pris place aux côtés
du ministre : MM. Lefèvre, président; Ri-
chard et Verger, vice-présidents de I or-
phelinat; Muzet, député; Blacbette et Féli-
cien Paris, conseillers municipaux; Talon,
.attaché au cabinet du ministre du Com-
merce, et les présidents de chambres syn-
dicales de la bijouterie et de la joaillerie.
Après la distribution des récompenses
consistant en médailles, livres, objets
d'art, livrets de la caisse des retraites, etc.
. un très beau concert a été offert à la nom-
breuse et brillante assistance.....
MM. Delmas, Lafarge, Mmes Sandrini et
Vasquez, de l'Opéra ; Albert Lambert, de
la Coi-nt-(Iie-Française ; Angêly, des Variétés;
Mmes Kœdor, do la Monnaie de Bruxelles,
se sont fait applaudir, ainsi que la musi-
que du t fi- de ligne, qui prêtait son gra-
cieux concours à cette l'été charitable.
—o--
r Hier a eu lieu l'inauguration du 4e groupe
de quatorze maisons de l'œuvro-bordelaise
des habitations il bon marché.
M. Georges Picot, de l'institut, dont le
groupe porte le nom, présidait, ayant à ses
côtés MM. Bcrniquet, préfet, Hausser, ingé-
nieur des ponls et chaussées, Hayssellance,
ancien maire de Bordeaux, CazateL. ancien
adjoint, clc.
Parmi les discours, celui de M. Georges
Picot, sur l'utilité des habitations à bon
marché, a été particulièrement applaudi.
- o—
La distribution solennelle des prix de
^'Association des instituteurs pour l'éduca-
Uon et le patronage de la jeunesse, a eu
lieu hier à deux heures, dans le grand am-
phithéâtre de la nouvelle Sorbonne.
M. Bayet, directeur de l'enseignement
primaire au ministère présidait cette céré-
monie.
—o—
C'est mercredi prochain, 19 octobre,
de qu'aura lieu, au TrocadÚro, le grand concert
c charité organisé au prolit de la fondation
et de l'entretien d'une crèche à Morangis
«Seine-«t-Oise)..
Les principaux artistes de Paris ont pro-
mis leur concours, et cette fête ne peut
manquer d'être, en tous points, des plus
réussies.
—o—
Demain mardi à 3 h. 112 auront lieu, sur
fa demande de M. F. Martin-Ginouvier, les
fouilles projetées dans les caveaux de St-
Nicolas de Chardonnet pour rechercher les
cendres de Piarron de Chamousset inven-
teur do la Petite Poste et précurseur de la
Mutualité....
M. F. Martin-Ginouvier qui s est consti:
tué son historiographe, sera accompagne
de MM. les docteurs Léguée Cabanés, Du-" i
reat ainsi que de MM. de Malarce, Léon
Guédr, antliropologistes, et Charles Lucas,
architecte, membre de la commission du
Vieux Paris.
LA DAMS D. VOILAB.
Louis Gallet
Un des librettistes les plus féconds et
les plus applaudis de notre époque, M.
Louis Gatlet, est mort hier dans la nuit
succombant aux suites d'une congestion
pulmonaire qui le tenait alité depuis
quelques jours.
En apprenant cette triste nouvelle
nous nous sommes rendue chez M.
Edouard Blau qui fut le collaborateur as-
sidu de Louis Gallet, et qui a bien voulu
nous donner quelques renseignements
sur les derniers moments de son ami
regretté :
« Il y a longtemps déjà nous a-t-il dit,
que Louis Uallet était malade.
« Il était atteint du diabète depuis de
longues années, et il y a environ trois
mois !a maladie avait donné quelques
symptômes alarmants. Néanmoins, il
partit, à comme chaque année, passer l'été
Wimercnx, dans le Il.-ts-de-Calais, où
il avait une propriété et il alla même
faire un voyage à l'occasion de la repré-
sentation de Déjantre, le drame lyrique
qu'il avait fait avec Camille Saint-Saêns,
et qui obtint un si grand succès aux
Arènes de Béziers. Malheureusement,
oe déplacement lui causa une très grande
fatigue et Saint-SaCns le trouva si souf-
frant qu'il le fit reconduire à Wimereux
par son domestique, jugeant imprudent
de le laisser voyager seul.
On l'a ramené à Paris il y a environ
quinze jours, il était bien malade, mais
rien ne pouvait cependant faire pré-
voir un aussi prompt dénouement.
« Gallet était un homme doux et affa-
ble, il ne comptait que des amis dans le
monde des théâtres et Saint-Saôns était
tout particulièrement lié avec lui.
« Nous avons collaboré ensemble pour
la première fois il y a environ trente ans
pour la Coupe du roi de Thulé. Depuis
nous avons fait ensemble plusieurs piè-
ces, toujours nos rappor!s ont été des
plus cordiaux, et la disparition de Louis
Gallet est pour moi un très gros cha-
grin. »
Louis Gallet était né à Valence le 14
février 1835.11 débuta dans la carrière
théâtrale par la Coupe des roi de Thulé,
et depuis, soit seul,soit en collaboration,
il écrivit un nombre considérable de
Iivretd'opéMs etd'opéras-comiques pour
j Gounod, Saint-Saëns, Paladbilo. Masse-
net, Bizet, Godard, Joncières, Guiraud,
et d'autres encore.
Parmi ses œuvres les plus applaudies,
citons au hasard : Minie-Magdeleine,
Djamileh, Cinq-Mars le Roi de Lallon.
Etienne-Marcel, Le Cid, Patrie, Ascanio,
Thaïs.
C'est lui qui tira des livrets de deux
œuvres d'Emile Zola, le Rêve et l'Attaque
du Moulin.
Il donna aussi deux romans estimés :
le Capitaine Satan et Sarah Blondel est
un volume de nouvelles : Doris.
Depuis 1880, il était critique musical à
la Nouvelle Revue et il s'affirma dans ce
genre comme une autorité compétente.
En même temps qu'il se distinguait
dans la carrière dramatique, M. Louis
Gallet remplissait avec tact et urbanité
des fonctions administratives il l'Assis-
tance publique. Il fut longtemps direc-
teur de l'hôpital Lariboisière où furent
hospitalisés plusieurs poètes, entre au-
tres le pauvre Mac-Nab.Fn dernier lieu,
il était inspecteur général des hôpitaux,
et là, comme au théâtre, il sut s attirer
toutes les sympathies par sa bonté
d'âme et son amabilité.
Louis Gallet avait écrit ces temps pas-
sés bon nombres d'œuvres qui n ont
point encore vu le feu de la, rampe, mais
qui sont appelées à être jouées assez
prochainement. Malheureusement, aur
teurs et directeurs seront privés pour les
répétitions des excellents conseils de ce
précieux collaborateur.
Parmi ces œuvres se trouvent Maure
Pierre, le Miracle des perles, Dalila et
Vanina, ces deux derniers livrets écrits
pour Paladilhe.
Louis Gallet sera inhumé à Wimeroux
où est déjà enterrée sa femme,morte il y
a trois ans. Cet homme de bien et de
talent emportera les regrets de tous
ceux aui l'ont connu.
JEANNE BRÉMONTIER.
Choses de l'Enseignement
ARRÊTÉ RFt..%TIP A U:'f COURS SPÉCIAL DE LEÇONS
DE ClIOSK3 APPROPRIÉES A LA PROFESSION DU
,.IAI\IN ET DU PÊCHEUR DANS LES ÉCOLES PRI-
MAIRES DU LITTORAL (20 septembre).
Le Ministre de 1 Instruction publique et des
Beaux-Arts.
Vu la loi du 27 février tSSO, art. 5. — va la loi
du 30 octobre 1886, art ; 3 — vu l'armé du 18
janvier 1837 rotatif aux programmes d'ensei-
et à l'examen du certificat d'études primaires
élémentaires ; — le Conseil supérieur de l'ins-
truction publique entendu.
Arrête:
ART. 1'* — Dans les écoles primaires élémen-
taires du littorai dont la liste est arrêtée, sur la
proposition de l'inspecteur d'académie et du
préfet, en conseil départemental, il est donné,
conformément au programme suivant, des le-
çons de choses appropriées à la profession du
marin et du pécheur :
I. — COURS MOYEN
1" La profession : les mots et les choses.
Avantages divers de la profession du pécheur:
intérêt personnel et intérêt national (causeries i
familières). L'inscription maritime. — Notions |
sur l'hvl,-ii-n-. des marins : alimentation, vête-
ments,' etc., nécessité de la natation. — La
p.'che maritime : la grande pèche et la pèche
côtirre. La navigation : le long cours et le cabo-
tage. — Description d'une barque de pi^-che de
la localité (visite d'une barque de piene et du
canot de sauvetage). Définition et emploi des
diverses parties de la barque. Des différentes
espèces de navires : brick, goélette, sloop, etc.
— Un port : ses différentes parties. — Termes
de marine. — Mots maritimes usuels de la lan-
gue anglaise. — Les pavillons étrangers.
2* Notions marines pratiques.
Astronomie pratique : Constellations, étoile
polaire. Mouvement apparent du soleil* Inégalité
des jours et des nuits; equinoxes. — La lune, ses
phases. — La mer. Marée. Flot. Jusant. An-
nuaire des marées. Marées d'équinoxe. —Cartes
marines : leur usage. Exercices élémentaires.
— Profondeurs, sondes. Phares. baUscs, séma-
phores, bouées. — Des aimants et de leurs pro-
Lochs.priett'a. Boussole. Déclinaison, variation. —
chs.
3* Enseignement pratique local.
Elude géographique ues eûtes voisines (dans
la Manche par exemple, des côtes françaises et
anglaises visitées par la pèche côUère). — Lieux
de pèche de la région; promenades sur le rivage:
animaux et plantes.
4* Exercices pratiques : travaux manuels.
Le nœud marin; démonstration et exercices.
Amarrage. Epissures. — Poulies : palans, mon-
tage et démontage d'un palan. — Filets : confec-
"ion et ramen'lage (visites aux voileries, aux
corderies; aux forges, etc. — Démonstration des
manœuvres courantes. — Principes de nata-
tion.
II. — COURS SUPÉRIEUR
1* Notions de navigation.
Mouvement des astres. Equateur. parallèles,
méridiens, position d'un astre. — Ecliptique; po-
sition du soleil par rapport à l'horizon et à la
vtftfoale. - Mero» du templ- - cartes la
ritimes : pointer la positkm ©njrue de terre. M-
duire la sonde au séro de la carte. — Usage du
compas. Route au compas, route magnétique,
routevraie. Caps du navire. Dérive. - Sextant,
usage. Détermination pratique du point de la
mer. - Baromètres. Connaissance et prévision.
du temps. — Cyclones. — Code International
des signaux.
2- Notions élémentaires de législation mari-
Ume.
Condition légale des gens de mer. — L inscrip-
tion maritime: personnel soumis à l 'inwripüon,
obligations militaires des inscrits; avantages
accordés aux inscrits maritimes. Organisation
du service. — Police de la navigation et de la
pèche côUèr".
S' Notions d'hygiène.
L'hygiène du marin pêcheur. — Premiers
soins I donner aux blasés et aux malades.
Usage des principaux médicaments à embarquer
sur les navires de pêche, procédés de conserva-
Art. t. — Les candidats à l'examen du certifi-
cat d'études primaires élémentaires inwrits
dans les écoles primaires où 1 enseignement des
matières du programme ci-dessus établi pour
le cours moyen est obligatoirement donné, su-
bissent une épreuve sur ces matières au lieu
et place de l'épreuve d'agriculture ou de
des,sin.
Cette épreuve écrite est assimilée aux épreuves
orales- Elle compte seulement pour l'admission
définitive.
LÉON BOURGEOIS
Une circulaire a été adressée, par le mi-
nistre, aux recteurs, tant « pour montrer
l'importance des prescriptions de l'Arrêté »
que pour « préciser le caractère de ce nou-
vel enseignement.
... Autrefois, l'on trouvait des poissons à
proximité des côtes; aujourd'hui, il faut
aller au large, et le pécheur se trouve ainsi
exposé à tous les dangers de la navigation
en pleine mer. tt Il ne peut s'y soustraire
que des par une connaissance plus étendue
es notions que doit posséder le naviga-
teur.
« Or, l'ignorance du pécheur est malheu-
reusement flagrante; elle est telle que
l'initiative privee s'en est émue, et qu'elle
a créé, dans certains centres, à Trouville
notamment, des cours techniques et pro-
fessionnels à l'usage des marins. (C A côté
des jeunes élèves, on y voit des marins
accepter avec reconnaissance do redevenir
écoliers... »
« Mais celte évolution, malgré la faveur
avec laquelle elle a été accueillie, ne s'est
produite, jusqu'à ce jour, que dans un petit
nombre de localités n..,
I-:t. le ministre estime que l'instituteur
peut « dans ce domaino,faire beaucoup pour
la transformation des habitudes et l'accrois-
*ment des connaissances générales ».
Enfin « il a paru nécessaire de sanction-
ner ces études par l'introduction d'une
épreuve spéciale à l'examen du certificat
d Eludes primaires. Cette épreuve rempla-
cera l'épreuve d'agriculture et de dessin;
elle sera obligatoire pour les candidats ins-
crits dans les écoles primaires où des no-
tions de navigation, figureront au pro-
gramme de l'établissement ».
Sauf en cequi concerne l'épreuve ajoutée
au certiticat d'études — dont je ne rêve que
la mort — tout cela c'est de l'or en barre
qu'il s'agirait de monnayer.
Certes, il y a longtemps que je déplore la
rigidité de notre programme que l'on ap-
plique autoritairement aux enfants des
centres manufacturiers comme aux enfants
du littoral; aux fils des bergers de la mon-
tagne comme aux élèves des écoles de Paris;
il y a longtemps que je me désole de l'at-
mosphère artificielle dans laquelle s'étiole
l'enfant du peuple brusquement trans-
planté dans un milieu formaliste, où
rien ne l'attire; il y a longtemps que j'ai
compris, avec une réelle douleur, que
l'écolier passe au milieu de l'enseignement
scolaire, sans se douter que cet enseigne-
ment a un lien étroit avec ce qui se passe
dans la rue, avec ce qui se passe dans la
maison, avec la vie, en un mot. Je suis
donc ravie de savoir que les enfants des
cotes vont s'instruire dans des conditions
normales. En entrant à l'éco!e ils entendront
parler de ce qu'ils connaissent : des ha,
teaux, des filets, de la mer ! Heureux en-
fants des pécheurs!
A quand le bienfait correspondant pour
tous les autres éco iers? A quand l'èlas-
ticité des programmes, à quand des pro-
grammes spéciaux à chaque région, à cha-
que école môme? A quand l'école vivante?
A bientôt, puisque tout arrive.
Quelques petites critiques maintenant :
Je viens de dire : cc en entrant Il, l'enfant
se trouvera en pays do connaissance,.. (1 Eh
bien ! j'ai été trop vite. Ce n'est qu'au début
du cours moyen qu'il sera initié aux « mots
et aux choses de la profession Il. Pourra-t-il
au moins s'initier à tout ce qu'énumère
l'intéressant programme?
Hélas! le cours supérieur, grâce il beau-
coup d'entraves, mais grâce surtout à ce
sinistre criminel qu'on appelle le certificat
d'études, que l'on passe à 12 ans et môme
moins, et dont le programme est basé sur
les études du cours moyen, le cours supérieur
n'existe pour ainsi dire plus; c'est un
mythe.
Au dernier congrès, à Rennes, on a juste-
ment émis un vœu tendant à le créer ou
bien à le rétablir partout oft faire se
pourra.
Donc, nous nous trouvons comme à. 1 or-
dinaire en présence de bonnes volontés pa-
ralysées par des causes multiples contre
lesquelles nous n'avons pas su trouver en-
core le moyen de nous défendre.
Admettons an instant que nous nous
soyons défendus avec succès. Voilà l'insti-
tuteur chargé d'un nouvel enseignement
très spécial : y est-il préparé ? Certes, la
bonne volonté est féconde, et le corps en-
seignant en est vraiment pétri, certes, l'in-
telligence est souple, mais enfin, il y a une
quantité de choses qu'il faut avoir appri-
ses pour les savoir; et il faut savoir dix
fois les choses que l'on enseigne pour les
bien enseigner !
D'où je conclus que le programme des
écoles normales doit abord donner l'exem-
la souplesse, et qae les écoles m-
institu-
teur» vers des branches d'enseignement
antres que les écoles normales d Ori"»,
4t Lyon, de Saint-Etienne, etc...
Et de Même pour les écoles primaires
ta semaine dernière, Je visitais l'école
foraine de Mlle entendu une
leçon de catéchisme, faite par le curé, sur
tes sacrements qui confèrent le Saint-Es,
prit et Dieu le Fils : sur le mariage à la-
mairie « qui est nul » « car on ne va a
la mairie que pour permettre de se ma-
rier » ; puis j'ai vu des cahiers de copies et
d'analyses grammaticales.
Et je pensais que la leçon de morale au-
fsit p& prendre pour*base : ta vie dans ta
roulette et autour de la roulotte, et que le-
I programme d'études devrait avoir surtout
jd\WbUt. la compréhension de toutes les
richesse? scientifiques, mécanique, physi-
3ue, faune des pays étrangers, géographie
es pays où sont nés les fauves, ethnogra-
phie, loto., etc., que réunit une fête fo-
mine.
Ce serait plus difficile, peut-être, en
commençant pour les instituteurs; mais
combien intéressant pour eux et pour leurs
élAvM t
PAULINE KERGOMARD.
Miettes Politiques
Remettez-vous, Messieurs, d'une alarme si chaude,
Nous vivons sous un Faure ennemi de la fraude...
Enfin nous respirons et contre ces dangers
Nous voici de nouveau pour l'instant protégés !
Le calme se répand sur la nature entière.
Ainsi s'explique le ton idyllo-lyrique de
ces poétiques réminiscences.
Les temps où nous vivons sont si trou-
blés et si fertiles en coups de théâtre im-
prévus qu'il faut se hâter de profiter du
calme relatif que nous pouvons goûter, tant j
que nous ne serons pas tout à fait dans le
lac, comme ce pauvre Fils du Ciel, si
méchamment enfermé dans une tic, aussi
complètement entourée de gardes vigilants
que d'eau.
Mai& son père, le Ciel, qu'est-ce qu'il
fiche pendant ce temps-là? Est-ce que ce
ne serait pas le moment pour ce feignant
serein de descendre de son cheval ? C'est
épesucan^: l'égoîsme sordide atteint jus-"
AprèS tout, nous n'avons pas besoin
d'être si fiers. Si l'Empereur chinois a son
lac, nous avons les lacets de Lemercier-
Picard et le rasoir du brave colonel Henri,
dont Picquart. écarte l'insidieuse caresse
d'une main forme et délibérée; car il les
connaît dans les coins, les manigances de
gens qui s'écrient d'autant plus facilement
« vous en avez menti! » qu'ils se savent
capables eux-mêmes de tous les mensonges
-et de toutes les vilenies... par ordre ou
sans ordre.
LA SOURIS,
LES ÉLECTIONS MUNICIPALES
I ' arrondissement
QUARTIER DU PALAIS-ROYAL
Inscrits : 3,146. - Votants : 1,338
MM. Levée, rép. progr., 667 ; Docteur La tas te,
541; Destrey, rép. prog., 302.; Favrey, soc. 137 ;
Bollard, nation" 111 ; Ducz, rép. lib., 33.
Ballottage.
III- arrondissement
QUARTIER SAfNTE-AVOtE
Inscrits : 5,417. — Votants : 3,000.
MM. Brenot, rép. rad. dém. 1,506, Res-
tiaux, 80C. 519, Champy, parti ouv. 429, Laba-
lue, indép. 195, Baudet, rad. soc. 168, Orry, rep.
soc. 123.
M. Brenot, élu.
V* arrondissement
QUARTIER DU IAItJKN DZS PLANTES
Inscrits 5,996. — Votants : 3,789
MM. Desplats, rad. soc. nat.940; H. Guillemot,
soc. 617; Salmon, soc. 544; Legros, cand. ouv.
373; Kuentzmann, rad. 3oe; Versini, nat. ind.
312; Lafouray, soc. 244: F. Guillemot, soc. 197;
Lebraus, 27.
Ballottage
VI* arrondissement
QUARTIER DE LA MONNAIE
Inscrits : 4,6tt. — Votants : 2,601
MM. Paul Bernier, soc., 869; Martin, soc., 664;
Roger, rép. lib.. 506 ; Delacour, rad., 247; D'Là-
rive, soc., 139; Sivet, soc., 88.
Ballottage
XI. arrondissement
QUARTIER SAINT-AMBROISE
Inscrits : 10,817. — Votants : 6,141
MM. Gebez. soc. rcv.. 2,062; Thiébaut, rép" ;
soc., 1,853; Ncpveu, dém. soc., 1,429 ;GaIy, 553.
Ballottage.
XII* arrondissement
QUARTIER DES OUiNZE-VINGTS
Inscrits 9,709. — Votants : 6,370
MM. Colas, rép. soc. 2,043; Morel, soc. 1,658;
Coutoux, rép. soc. 8â6; Dard, soc. 473; Dupré,
soc. rév. 425; Suret, soc' 311.
Ballottage
XIII. arrondissement.
QUARTIER DE LA. SALPÊTttlÈtVE
Inscrits : 4,904. - Votants : 8.152.
MM. liatytey, soc, rev. 978; Massot, soc. 453 ;
RoussHIon, soc. S30 ; Bergounioux, soc. 347;
Pressurot, soc, 2M ; Oérvd, soc. 206 ; Bourgerie,
soc. 197; Maublanc. 100. 102.
Ballottage
XIV. arrondissement
QUARII:-:R DE PLAISANCE
Inscrits: 14.475. - Votants: 9.949
MM. Panct:er. soc. 2,669 ; Grisel, parti ouv.
1,9H: MaMuloJ Loque, soc. 1,548; Pénlheu, soc.
1.423; Cointe, soc. 9»; Denisson, 211; Patey,
iti.
. QOAKrm M LA SAUTÉ
Inscrite : $W. - Vêtante : 1,488
MM. Joies Hénaffe, rép. Mg.. 448; René Le
cointe rép. Me.. 40. Çlaus«l,»4; Grouard.soc.
ind., 109; comte de Rigard, 16" soc., 83; Mail-
lard, soc. ind., es..
Ballottage
XVI* arrondissement
QUARTIER MT LA KUETTK
Inscrits 5,526. - Votante : 3,277
MM. Gaplaln, cons-dém., rép., 1,249 ; Ducreu-
set, rép., 751; Ridel. soc., 424; Grandjean, prog.,
382; Guimet, 155; Morel, 141 ; sequia, 31; Dru-
mont, 1.
Ballottage
QUARTIER DE CIIAILLOT
Inscrits : 5,497. - Votants : 2,718
MM. Fortin, rép. pra«u8«3; Hornbostel, na-1
tton^Dugiy, LOIUI 1 lm. t 3m
BajLlçéttfce
XVII* arrondissement
QUARTIER DE LA PLAINE stomuu
Inscrits : 6,284. - Votante : 3,155
MM. Beurdeley, prog. 1,482, PugHeai Coau,
nation. 1,2%, Camper, rad. soc. 278, Cbapala.WS,
Ballottage
xvm- arrondissement
QUARTIER DE CUONANCOURF j
Inscrits : 22,640. — Votants : 12,380
MM. Legrandet, soc., 3,78t; Heppenheimer,
soc., 2.398; Perthuis, soc. 2,249; Baud, rep.,
1,108; Létrillard, so!.. 711 ; Cloverie. 519 ; Poc-
caton, antisémite, 50t ; Gros, 305 ; Colonel Pic-
qUart''i
Ballottage
XIX- arrondissement
QUARTIER D'AMÉRIQUE
Inscrits : 5,294. — Votants : 3,523
MM. Rozier, parti ouv., 1,268; Beutin, soc..
1,050; Bergerot, soc., 981; Garnier, soc., 79;
Charles, soc., 24.
Ballottage
AUTOUR DE LA REVISION
On annonce pour vendredi prochain la
publication d'un important ouvrage sur
les « secrets ressorts de l'affaire Drey-
fus » par M. Paschal Grousset. Un des
premiers, l'honorable député de Paris
avait fait d'expresses réserves sur ce
qu'il appelait « les côtés inquiétants et
suspects de cet autodafé machiné à huis-
clos par les, papalins. » Depuis lors, M.
Paschal Grousset a poursuivi assidû-
ment l'étude approfondie de t'affaire ; il
a réuni une masse imposante de docu-
ments inédits: il est allé chercher jus-
qu'en Russie des renseignements diplo-
matiques de première main,et va les pla-
cer devant l'opinion, sous formes de
précis historique. L'ouvrage paraîtra en
livraisons populaires d'amour, avec
une profusion de dessins originaux, de
portraits authentiques, d'images de tou-
pays.
Un rédacteur de l'Agence Nationale a
interviewé le général de Pellieux qui a.
déclaré ceci :
J'ai pris depuis quelque temps la résolution
de ne répondre à rien et d'être de « granit » en
face de toute attaque. La fameuse histoire du
« complot - n'est certes pas pour me faire dépar-
tir de mon attitude.
On m'a assuré que j'avais ma part dans la
- conspiration et que ma spécialité consistait à
effectuer, de temps à autre, le trajet de Paris-
Bruxelles. Je n'ai pas à démontrer la fausseté
de semblables allégations. Il appartient au mi-
nistre de la guerre, qui sait que je ne suis pas
airé à Bruxelles, de défendre ses subordonnes,
'il le juge utile et opportun.
Un héros
Le Temps publiait hier soir le docu-
ment suivant :
DÉVOUEMENT A LA PATRIE DU COLONEL HENRY
Souscription publique
pour un monument à lui élever
et comme épigraphe les lignes suivantes :
Quand un officier en est réduit à faire un pré-
tendu faux pour tenter de rendre la paix à son
pays et de le débarrasser d'un traître, ce soldat
est à plaindre..
S'il paye cette tentative de sa vie, c , est un
martyr!
S'il se l'arrache volontairement,
C'EST UN HEROS!
Cette circulaire est signée de M. Char-
les Leroux, 76. rue Blanche. Il invite
ceux à qui la circulaire est adressée à
faire parvenir leur « cordiale et patrioti-
que offrande ». Un concours est ouvert
entre les artistes français pour ce monu-
ment à la mémoire du faussaire Henry,
qui devra être représenté, un rasoir dans
lr* main.
Les réunions
Hier, a eu lieu. à Lyon, dans la salle
de l'Alcazar, le meeting révisionniste,
organisé sous les auspices de la Ligue
des Droits de l'homme et du citoyen.
L'absence de M. de Pressensé n'avait
diminué en rien l'empressement des ré-
publicains lyonnais qui envahissaient la
salle bien avant l'heure annoncée. M.
Mathias Morhardt, a fait l'exposé de
l'affaire Dreyfus au milieu d'applaudisse-
ments enthousiastes. Le docteur Auga-
gneux. professeur à la Faculté de méde-
cine,qui présidait la rounion,a fait suivre
la démonstration de M. Morhardt d'une
allocution chaleureusement applaudie.
Après le vote à l'unanimité d'un ordre
dn jour réclamant la revision publique
du procès Dreyfus, la mise en liberté du
colonel Picquart, on s'est séparé aux
cris de « Vive la République, à bas la
réaction ».
A L'Etranger
Politique
Les quatre puissanccsontconseillé aux ca-
binet de Belgrade et de Sofia à l'occasion des
graades manœuvres de faire en sorte que
le théâtre où auront lieu ces mouvements
de troupes soit éloigné de chaque frontière
d'au moins cinquante kilomètres.Le conseil
donné par les Etats ne permet plus da
douter de la situation tendue existant à
l'heure actuelle entre Serbes et Bulgares.
Les membres de la commission hispano-
américaine ont conféré hier au ministère
des Affaires étrangères. La séance s'est ter-
minée assez tard. D'après nos informations
on n'aurait encore discuté que des ques-
tions de principes et défini quelques clan*
ses du protocole, Plusieurs journaux espa-
poil affirment que le cabinet de Madrid a Ift '
prétention de décliner toute responsabilité
de la dette Cubaine qu'il a la présomp.
tion de faire supporter intégralement aux
Etats-Unis. Mais une dépêche 4e Londres
précisant les choses d'une faço* plus nette «
ne se gêne nullement pour dire que la com-
mission espagnole a présenté aux délégués
américains un état des dettes contractées
par l'ile de Cuba depuis l'année tæ6 jus-
qu'en 18%. Or, la question des dettes Cubai-
nes serait d'après M. Montero-Rios la forte
pierre d'achoppement où viendraient se
briser toutes les tentatives d'accommode-
ment.
A Pékin, le ministre italien s'est décidé fc
ajourner sa demande d'audience pour
l'empereur.
En Russie, au lendemain du puissant ap-
pel de Nicolas 11, on attend toujours la solu-
tion & la circulaire tracée (Tune main si
ferme et sous l'empire d'une raison aussi
haute par le tsar, mais la réduction des ar-
mements suscite la discus-sion passion-
née des polémistes.
Aux Indes, la peste sévit avec une ef-
frayante vigueur et l'activité des grands
Etats va avoir à lutter contre un fléau dont
les plaines du Volga subissent déjà le&
premières atteintes.
Lord Curzon trouvera une dure besogne
à accomplir en inaugurant sa première
étape de vice-roi.
MANOMMMLM.
Allemagne
L'expulsion de France, de' M. von lagowj
correspondant de la Gazette de la Croix eV
de la Gazette générale de Munich, est très
commentée dans la presse allemande. La
Gazette de Cologne espère que « les autorités
françaises reviendront sur cette décision
précipitée. » Ii n'est pas vrai que M. von
Iagow ait, comme on le dit,télégraphié à la
Gazette générale la nouvelle de l'incendie du
Bon Marché et celle d'un assaut du Pa ais
du Luxembourg. Il s'est borné à dire que
c'étaient là des bruits courant dans Paris.
La Société pour V établissement par C Empire
d'une loi sur les habitations (Reichswoh-
nungs gesetz), fondée au mois de juillet
de cette année, vient de publier une bro-
chure dans laquelle elle démontre la né-
cessité de fixer, par une législation homo-
gène, les exigences auxquelles doivent ré-
pondre les habilations,surtout ouvrières,do
rEmpire entier. Elle constate que le man-
que d'une habitation convenable pousse
louvrier à devenir l'habitué du cabaret,
elle insiste sur le devoir de l'Etat d'éten-
dre la surveillance aussi bien sur la cons-
truction des maisons que sur la fabrica-
tion des aliments.
Si la Société atteint son but, l'Allemagne
aura fait un pas dans la voie du socialisme
d'Etat.
La nouvelle que le conseil fédéral se se-
rait déclaré incompétent à juger le diffé-
rend entre l'empereur et lé régent de Lippe
est démentie. Le conseil n'a pas encore sta-
tué sur la question.
Les étudiants de l'Université de Bonn 081
adressé un appel à leurs camarades des
autres universités allemandes, afin de cé-
lébrer chaque année, à date fixe, une céré-
monie commémorative du prince de Bis-
marck....
Le correspondant anglais de la Gazette tI4
Cologne dit au sujet de Fashoda : Tout le
monde ici applaudit lord Hoseberry, L'An-
gleterre, sourdement irritée par les événe-
ments en Chine, ne fera aucune concessioc
à la France en Afrique. Elle trouve qu'elle
n'a déjà fait preuve que de trop de patiencç
et elle cédera d'autant moins que le cabine
I français se trouve dans une situation pei
avantageuse.
S.
Angleterre
On a déjà beaucoup parlé du livre de
Mrs Wrnford Phillips, la directrice du
Women's Institutr. C'est une espèce de die
tionnaire ou « Bottin » contenant tous les
renseignements au sujet des emplois de
femmes.
Ce livre a paru hier à Londres et a pour
titre : Dictiollary of Ernploymentl open 14
Womell, On y trouve tous les renseigne.
ments nécessaires au sujet des proressions,
carrières tibérate?, commerces et indus-
tries où peuvent s'engager les femmes.
Mrs Phillips a été aidée dans cette compi-
lation par ses secrétaires Miss Mariac
Evans, Miss Janet Tuckey et Miss E. Dixoa
— toutes membres du Women'a Instituta.
m
w »
Il est intéressant de savoir qu'en Angle.
terre au recensement de 1891 on a évalué à
21 sur 10,000 le nombre des femmes em-
ployées dans les travaux des champs,tar*
dis qu'en 1881 il y avaient 40 femmes-la»
boureurs sur 10,000.
* *
Dans l'affaire criminelle Guildford dont le
Fronde a parlé hier matin, on compte
sur des révélations intéressantes faitet
(3)
LA TRIBUNE
17 OCTOBRE 1898
La Béatrix positiviste
Cette rubrique forme tm feuilleton vilsrf
*W k ntfei chante tous la trois jotIrI.
Il lui consacre son œuvre; il lui rend
un culte journalier par laprière et la mé-
ditation, et prévoit que leur association
affectueuse est « destinée finalement à
autant de célébrité que celle de Voltaire
et d'Emilie. »
Cet enthousiasme ne lui fait pas oublier
les intérêts matériels de son amie. Elle
est pauvre ; elle est malade. Il lui ouvre
sa bourbe ; il lui cherche un médecin ; il
surveille sa chère santé avec une auto-
rité de savant et une tendresse de père.
N'est-il pas un père pour (Uotttde ? 11 est
un père par l'âge, un frère par la pureté
de l'affection, un époux pour la fidélité
et la ferveur. Et Mme de Vaux, déjà
touchée par la mort, sent I inestimable
prix de cette tendresee. Elle voudrait la
récompenser magnifiquement et une
fois encore, elle offre sa personne, dans
un mouvement de suprême générosité.
« Si vous persistez à regarder comme
malheureux pour vous le désir de repos
nonidoftt j'aitoewin polit a'^tter
mm «m J* *** te ««Mitont. ».
Mais Comte a vaincu l'égoïsme. Il ré-
pond que l'offre de Clotilde constitue,
pour son sexe, le sublime de l'amitié,
« mais que l'amour, moins désintéressé
d'ordinaire, peut inspirer aux grandes
âmes, même masculines, une équiva-
lente abnégation. » Il trouve même, dans
ce sacrifice des joies charnelles, un bon-
heur chaque jour accru. Quella que soit
l'issue finale de sa passion, il aura
éprouvé « ce qu'il y a de plus profond et
de plus pur dans les sentiments hu-
mains»
« Au lieu d'oublier la diversité de nos
sexes, dirigeons-la, dit-il, vers sa plus
noble destination, l'amélioration mu-
tuelle de notre propre nature, intellec-
tuelle et affective. Rallions-nous habi-
tuellement, mon incomparable Clotilde,
à ces sublimes conceptions qui rattachent
directement notre noble' essor privé à
l'ensemble de la grande évolution hu-
maine. » (Lettre 118)
III
La mort qui brise les affections ba-
nales, achève et fortifie les grandes
amours. Elle leur ôte tout ce qu ils
contenaient d'éphémère et les fixe en
les éternisant comme elle fixe dans notre
mémoire la beauté et la jeunesse incor-
ruptibles des bien-aimés disparus. Cette
divine et douloureuse consécration ne
devait pas manquer à l'unique amour de
Comte. Clotilde de Vaux Mourut en
avril 1840.
. M airelle ne moaralt pu pfto r
la&plie. IU la rataieitftU en le phi. 1
une forme idéale, semi-divine. Clotilde
devenait Béatrice. Comme la virginale
amante d'Alighieri, elle guidait son ado-
rateur à travers le Purgatoire des épreu-
ves, vers les sphères éblouissantes de
l'amour pur. Pénétré de cette idée que
les sentiments se fortifient par l'expres-
sion matérielle que nous leur donnon?,
Comte institue le Culte intime, les
Prières quotidiennes, composées de
phrases caractéristiques tirées des let-
tres de Clotilde, entremêlées de sonnets
de Pétrarque et de tercets du Dante.
Avec ce goût de la précision mathéma-
tique qui ne l'abandonne jamais, il
« systématise » son deuil, établit des
heures fixes pour les effusions mentales
une « revue chronologique des souvenirs
essentiels ». Juin est le mois 4e l'Estime,
juillet celui de- la Confiance, septembre
celui de la Crise décisive, octobre, no-
vembre, représentent la Transition finale
par l'Epanchement total, l'Abandon sans
réserve, la Familiarité continue. Chaque
jour, il indique une effusion do vingt
minutes; cinq minutes à genoux devant
les fleurs de Clotilde, dix minutes de-
bout près du fauteuil qu'il nomme son
autel, cinq minutes à genoux devant ce
même autel recouvert. Il s'adresse à
l'Eternelle compagne. (Amene te plus
qttam me, nec me nisi propter tel à sa
noble Patronne personnifiant l'Huma-
nité, ( Vergine Madré, figlia del tuo
/l9liD,..) Enfin, chaque année, il dédie à
-la Aorte un long écrit* .$g Çmfmb*
«■mttlfciOfc il Itoketieiit de 14W.46
[ son cœur, de ses travaux, des événe-
ments de sa vie, des progrès du Positi-
; visme.
« Notre unique année d'union objec-
tive est devenue la base d'une intimité
subjective... Ce philosophe austère qu'on
ne croit accessible qu'aux préoccupations
mentales, tu l'avais, dès l'origine, appré-
cié comme le plus aimant des hommes à
! toi connus. Il Il espère que la glorifica-
Lion de sa bien-aimée lui vaudra lo sym-
pathique concours de toutes les femmes,
qui comprendront que le positivisme seul
développera « par une systématisation j
à la fois publique et privée le culte habi- j
tuel du la femme que le Moyen âge put
seulement ébaucher. » Et il ajoute :
« Peut-être serai-je assez heureux pour
voir coïwnoer par toi le double culte que
nous réserve le véritable Etre-Suprême
dont je proclame l'avènement systémati-
que. On rend plus volontiers justice aux
morts qu'aux vivants et une femme sur-
tout suscite moins d'ombrage Quelques
inspirations spontanées de nos jeunes
disciples me permettraient d'espérer que
la vierge positiviste sera bientôt hono-
rée dignement quand j'aurai pu te faire
assez apprécier. Si je voyais un jour ta
sainte image représenter l'humanité sur
le pavillon occidentaU... - (Quatrième
Sainte Clotilde, juin 1848). plus loin, il
associe au culte de l'épouse idéale, le
culte de sa mère et le culte de sa fille
adptive, Sophie, simple domestique dont
i| awit-ou -éprojfver 1? dévouement et
prolétaire. Ces
trois femmes, Rosalie, C!otMde. Sophie,
par « leur vertueux ensemble, désormais (
inaltérable, offrent le meilleur type de la 1
vraie nature féminine ». Et Comte com-
plète sa sainte famille par le grand Con-
dorcet élu pour père spirituel. « J'ose, |
dit-il, terminer ma construction reli-
gieuse en chargeant ouvertement tous
mes disciples des deux sexes d'obtenir
un jour, comme principale récompense
de mes services, ma solennelle inhuma-
tion au milieu de vous trois, dans une
même tombe occidentale, sous la statue
du vrai grand Etre auquel nous serons
dès lors, irrévocablement incorporés. »
IV
Comme la Vierge Marje domine le ca-
tholicisme du Moyen âge, Clotilde de
Vaux domine le positivisme religieux.
Pour Auguste Comte, elle est la « mère
objective et la fille subjective, la sainte
collègue, l'« Ange gardien ». Pour les
disciples du maître, elle doit représenter
le type féminin, l'Humanité.On l'invoque
dans les cérémonies qui ont remplacé les
sacrements catholiques. C'est en souve-
nir d'elle, pour glorifier la pureté dans
l'amour,que l'on adopte le chaste préam-^
bule du mariage (l'époux s'engageant à
respecter la femme pendant trois mois)
— le mariage chaste qui reproduit entre
des êtres séparés matériellement par des
raisons physiques ou morales, l'union
platonique de Comte et de Clotilde pour
lepçrfeptionneiaent
tbttrftfe étemel etle culte des JDOril.cl.oa&
le grand-prêtre de l'Humanité donne
l'exemple.
La vie d'Auguste Comte, à partir de
1846, fut uniquement consacrée à ses
travaux philosophiques et au souvenir
de Mme de Vaux. Malgré son deuil pro-
fond, il souhaitait atteindre la longévité
de Fontenelle pour servir plus long-
temps l'Humanité. Le régime monasti-
que qu'il avait adopté, la privation de
toute superfluité nutritive, vin, çaté, tt-
bac, semblait bienfaisant pour sa santé.
« A cette époque, écrit le Dr Robinet, il
avait réduit à sa dernière limite la satis-
faction des besoins matériels et atténué
autant que possible l'activité corporelle
au profit de l'exercice cérébral. M Mais le
surmenage nerveux, l'excès des cha-
grins, des travaux, des luttes, avaient
ruiné sa constitution. U mourut lo 5 sep'
tembre 1857.
Son vœu suprême ne devait pu êtrtf
exauoé, la loi actuelle défendanteette COIfte
munauté du cercueil que tous les' coup tes
d'époux et d'amants, au moins une fois,
ont désirée. On plaéa dans la main d&
Comte un petit médaillon garni de che-
veux de Clotilde et qu'elle avait appelé
le don des coeur. Puis, à défaut des restes
aimés, deux cénotaphes portant les ins-
criptions suivantes : « CMéternelle compagne (TAuguste Comlt.ni6
le 3 avril i Si 5 a Paru et décidée lit
5 avril 1846 à Paris ».—A la digne mère
tT Auguste Comte, Rosalie Royer, née le
18 janvier 1764 à Jonquières {Hérault)
et décédée le 3 mars 1857 à Montpellier.
MARCELLE TINAYRE.
m - ~ .
A L'ÉLYSÉE
Hier, In président a chassé avec MM. Fiscq,
Max li ri sa r, le colonel MénéLrez, le comman-
dant Moreau et M. Leddot.
UN PEU PARTOUT
La distribution des récompenses aux en-
fants de l'orphelinat de la bijouterie a eu
lieu hier ,au Trocadéro.sous la présidence de
M. Maruéjouls, ministre du Commerce et
do l'Industrie, remplaçant M. Léon Bour-
geois,ministre de l'instruction publique,ab-
sent......
Sur l'estrade, avaient pris place aux côtés
du ministre : MM. Lefèvre, président; Ri-
chard et Verger, vice-présidents de I or-
phelinat; Muzet, député; Blacbette et Féli-
cien Paris, conseillers municipaux; Talon,
.attaché au cabinet du ministre du Com-
merce, et les présidents de chambres syn-
dicales de la bijouterie et de la joaillerie.
Après la distribution des récompenses
consistant en médailles, livres, objets
d'art, livrets de la caisse des retraites, etc.
. un très beau concert a été offert à la nom-
breuse et brillante assistance.....
MM. Delmas, Lafarge, Mmes Sandrini et
Vasquez, de l'Opéra ; Albert Lambert, de
la Coi-nt-(Iie-Française ; Angêly, des Variétés;
Mmes Kœdor, do la Monnaie de Bruxelles,
se sont fait applaudir, ainsi que la musi-
que du t fi- de ligne, qui prêtait son gra-
cieux concours à cette l'été charitable.
—o--
r Hier a eu lieu l'inauguration du 4e groupe
de quatorze maisons de l'œuvro-bordelaise
des habitations il bon marché.
M. Georges Picot, de l'institut, dont le
groupe porte le nom, présidait, ayant à ses
côtés MM. Bcrniquet, préfet, Hausser, ingé-
nieur des ponls et chaussées, Hayssellance,
ancien maire de Bordeaux, CazateL. ancien
adjoint, clc.
Parmi les discours, celui de M. Georges
Picot, sur l'utilité des habitations à bon
marché, a été particulièrement applaudi.
- o—
La distribution solennelle des prix de
^'Association des instituteurs pour l'éduca-
Uon et le patronage de la jeunesse, a eu
lieu hier à deux heures, dans le grand am-
phithéâtre de la nouvelle Sorbonne.
M. Bayet, directeur de l'enseignement
primaire au ministère présidait cette céré-
monie.
—o—
C'est mercredi prochain, 19 octobre,
de qu'aura lieu, au TrocadÚro, le grand concert
c charité organisé au prolit de la fondation
et de l'entretien d'une crèche à Morangis
«Seine-«t-Oise)..
Les principaux artistes de Paris ont pro-
mis leur concours, et cette fête ne peut
manquer d'être, en tous points, des plus
réussies.
—o—
Demain mardi à 3 h. 112 auront lieu, sur
fa demande de M. F. Martin-Ginouvier, les
fouilles projetées dans les caveaux de St-
Nicolas de Chardonnet pour rechercher les
cendres de Piarron de Chamousset inven-
teur do la Petite Poste et précurseur de la
Mutualité....
M. F. Martin-Ginouvier qui s est consti:
tué son historiographe, sera accompagne
de MM. les docteurs Léguée Cabanés, Du-" i
reat ainsi que de MM. de Malarce, Léon
Guédr, antliropologistes, et Charles Lucas,
architecte, membre de la commission du
Vieux Paris.
LA DAMS D. VOILAB.
Louis Gallet
Un des librettistes les plus féconds et
les plus applaudis de notre époque, M.
Louis Gatlet, est mort hier dans la nuit
succombant aux suites d'une congestion
pulmonaire qui le tenait alité depuis
quelques jours.
En apprenant cette triste nouvelle
nous nous sommes rendue chez M.
Edouard Blau qui fut le collaborateur as-
sidu de Louis Gallet, et qui a bien voulu
nous donner quelques renseignements
sur les derniers moments de son ami
regretté :
« Il y a longtemps déjà nous a-t-il dit,
que Louis Uallet était malade.
« Il était atteint du diabète depuis de
longues années, et il y a environ trois
mois !a maladie avait donné quelques
symptômes alarmants. Néanmoins, il
partit, à comme chaque année, passer l'été
Wimercnx, dans le Il.-ts-de-Calais, où
il avait une propriété et il alla même
faire un voyage à l'occasion de la repré-
sentation de Déjantre, le drame lyrique
qu'il avait fait avec Camille Saint-Saêns,
et qui obtint un si grand succès aux
Arènes de Béziers. Malheureusement,
oe déplacement lui causa une très grande
fatigue et Saint-SaCns le trouva si souf-
frant qu'il le fit reconduire à Wimereux
par son domestique, jugeant imprudent
de le laisser voyager seul.
On l'a ramené à Paris il y a environ
quinze jours, il était bien malade, mais
rien ne pouvait cependant faire pré-
voir un aussi prompt dénouement.
« Gallet était un homme doux et affa-
ble, il ne comptait que des amis dans le
monde des théâtres et Saint-Saôns était
tout particulièrement lié avec lui.
« Nous avons collaboré ensemble pour
la première fois il y a environ trente ans
pour la Coupe du roi de Thulé. Depuis
nous avons fait ensemble plusieurs piè-
ces, toujours nos rappor!s ont été des
plus cordiaux, et la disparition de Louis
Gallet est pour moi un très gros cha-
grin. »
Louis Gallet était né à Valence le 14
février 1835.11 débuta dans la carrière
théâtrale par la Coupe des roi de Thulé,
et depuis, soit seul,soit en collaboration,
il écrivit un nombre considérable de
Iivretd'opéMs etd'opéras-comiques pour
j Gounod, Saint-Saëns, Paladbilo. Masse-
net, Bizet, Godard, Joncières, Guiraud,
et d'autres encore.
Parmi ses œuvres les plus applaudies,
citons au hasard : Minie-Magdeleine,
Djamileh, Cinq-Mars le Roi de Lallon.
Etienne-Marcel, Le Cid, Patrie, Ascanio,
Thaïs.
C'est lui qui tira des livrets de deux
œuvres d'Emile Zola, le Rêve et l'Attaque
du Moulin.
Il donna aussi deux romans estimés :
le Capitaine Satan et Sarah Blondel est
un volume de nouvelles : Doris.
Depuis 1880, il était critique musical à
la Nouvelle Revue et il s'affirma dans ce
genre comme une autorité compétente.
En même temps qu'il se distinguait
dans la carrière dramatique, M. Louis
Gallet remplissait avec tact et urbanité
des fonctions administratives il l'Assis-
tance publique. Il fut longtemps direc-
teur de l'hôpital Lariboisière où furent
hospitalisés plusieurs poètes, entre au-
tres le pauvre Mac-Nab.Fn dernier lieu,
il était inspecteur général des hôpitaux,
et là, comme au théâtre, il sut s attirer
toutes les sympathies par sa bonté
d'âme et son amabilité.
Louis Gallet avait écrit ces temps pas-
sés bon nombres d'œuvres qui n ont
point encore vu le feu de la, rampe, mais
qui sont appelées à être jouées assez
prochainement. Malheureusement, aur
teurs et directeurs seront privés pour les
répétitions des excellents conseils de ce
précieux collaborateur.
Parmi ces œuvres se trouvent Maure
Pierre, le Miracle des perles, Dalila et
Vanina, ces deux derniers livrets écrits
pour Paladilhe.
Louis Gallet sera inhumé à Wimeroux
où est déjà enterrée sa femme,morte il y
a trois ans. Cet homme de bien et de
talent emportera les regrets de tous
ceux aui l'ont connu.
JEANNE BRÉMONTIER.
Choses de l'Enseignement
ARRÊTÉ RFt..%TIP A U:'f COURS SPÉCIAL DE LEÇONS
DE ClIOSK3 APPROPRIÉES A LA PROFESSION DU
,.IAI\IN ET DU PÊCHEUR DANS LES ÉCOLES PRI-
MAIRES DU LITTORAL (20 septembre).
Le Ministre de 1 Instruction publique et des
Beaux-Arts.
Vu la loi du 27 février tSSO, art. 5. — va la loi
du 30 octobre 1886, art ; 3 — vu l'armé du 18
janvier 1837 rotatif aux programmes d'ensei-
élémentaires ; — le Conseil supérieur de l'ins-
truction publique entendu.
Arrête:
ART. 1'* — Dans les écoles primaires élémen-
taires du littorai dont la liste est arrêtée, sur la
proposition de l'inspecteur d'académie et du
préfet, en conseil départemental, il est donné,
conformément au programme suivant, des le-
çons de choses appropriées à la profession du
marin et du pécheur :
I. — COURS MOYEN
1" La profession : les mots et les choses.
Avantages divers de la profession du pécheur:
intérêt personnel et intérêt national (causeries i
familières). L'inscription maritime. — Notions |
sur l'hvl,-ii-n-. des marins : alimentation, vête-
ments,' etc., nécessité de la natation. — La
p.'che maritime : la grande pèche et la pèche
côtirre. La navigation : le long cours et le cabo-
tage. — Description d'une barque de pi^-che de
la localité (visite d'une barque de piene et du
canot de sauvetage). Définition et emploi des
diverses parties de la barque. Des différentes
espèces de navires : brick, goélette, sloop, etc.
— Un port : ses différentes parties. — Termes
de marine. — Mots maritimes usuels de la lan-
gue anglaise. — Les pavillons étrangers.
2* Notions marines pratiques.
Astronomie pratique : Constellations, étoile
polaire. Mouvement apparent du soleil* Inégalité
des jours et des nuits; equinoxes. — La lune, ses
phases. — La mer. Marée. Flot. Jusant. An-
nuaire des marées. Marées d'équinoxe. —Cartes
marines : leur usage. Exercices élémentaires.
— Profondeurs, sondes. Phares. baUscs, séma-
phores, bouées. — Des aimants et de leurs pro-
Lochs.priett'a. Boussole. Déclinaison, variation. —
chs.
3* Enseignement pratique local.
Elude géographique ues eûtes voisines (dans
la Manche par exemple, des côtes françaises et
anglaises visitées par la pèche côUère). — Lieux
de pèche de la région; promenades sur le rivage:
animaux et plantes.
4* Exercices pratiques : travaux manuels.
Le nœud marin; démonstration et exercices.
Amarrage. Epissures. — Poulies : palans, mon-
tage et démontage d'un palan. — Filets : confec-
"ion et ramen'lage (visites aux voileries, aux
corderies; aux forges, etc. — Démonstration des
manœuvres courantes. — Principes de nata-
tion.
II. — COURS SUPÉRIEUR
1* Notions de navigation.
Mouvement des astres. Equateur. parallèles,
méridiens, position d'un astre. — Ecliptique; po-
sition du soleil par rapport à l'horizon et à la
vtftfoale. - Mero» du templ- - cartes la
ritimes : pointer la positkm ©njrue de terre. M-
duire la sonde au séro de la carte. — Usage du
compas. Route au compas, route magnétique,
routevraie. Caps du navire. Dérive. - Sextant,
usage. Détermination pratique du point de la
mer. - Baromètres. Connaissance et prévision.
du temps. — Cyclones. — Code International
des signaux.
2- Notions élémentaires de législation mari-
Ume.
Condition légale des gens de mer. — L inscrip-
tion maritime: personnel soumis à l 'inwripüon,
obligations militaires des inscrits; avantages
accordés aux inscrits maritimes. Organisation
du service. — Police de la navigation et de la
pèche côUèr".
S' Notions d'hygiène.
L'hygiène du marin pêcheur. — Premiers
soins I donner aux blasés et aux malades.
Usage des principaux médicaments à embarquer
sur les navires de pêche, procédés de conserva-
Art. t. — Les candidats à l'examen du certifi-
cat d'études primaires élémentaires inwrits
dans les écoles primaires où 1 enseignement des
matières du programme ci-dessus établi pour
le cours moyen est obligatoirement donné, su-
bissent une épreuve sur ces matières au lieu
et place de l'épreuve d'agriculture ou de
des,sin.
Cette épreuve écrite est assimilée aux épreuves
orales- Elle compte seulement pour l'admission
définitive.
LÉON BOURGEOIS
Une circulaire a été adressée, par le mi-
nistre, aux recteurs, tant « pour montrer
l'importance des prescriptions de l'Arrêté »
que pour « préciser le caractère de ce nou-
vel enseignement.
... Autrefois, l'on trouvait des poissons à
proximité des côtes; aujourd'hui, il faut
aller au large, et le pécheur se trouve ainsi
exposé à tous les dangers de la navigation
en pleine mer. tt Il ne peut s'y soustraire
que des par une connaissance plus étendue
es notions que doit posséder le naviga-
teur.
« Or, l'ignorance du pécheur est malheu-
reusement flagrante; elle est telle que
l'initiative privee s'en est émue, et qu'elle
a créé, dans certains centres, à Trouville
notamment, des cours techniques et pro-
fessionnels à l'usage des marins. (C A côté
des jeunes élèves, on y voit des marins
accepter avec reconnaissance do redevenir
écoliers... »
« Mais celte évolution, malgré la faveur
avec laquelle elle a été accueillie, ne s'est
produite, jusqu'à ce jour, que dans un petit
nombre de localités n..,
I-:t. le ministre estime que l'instituteur
peut « dans ce domaino,faire beaucoup pour
la transformation des habitudes et l'accrois-
*ment des connaissances générales ».
Enfin « il a paru nécessaire de sanction-
ner ces études par l'introduction d'une
épreuve spéciale à l'examen du certificat
d Eludes primaires. Cette épreuve rempla-
cera l'épreuve d'agriculture et de dessin;
elle sera obligatoire pour les candidats ins-
crits dans les écoles primaires où des no-
tions de navigation, figureront au pro-
gramme de l'établissement ».
Sauf en cequi concerne l'épreuve ajoutée
au certiticat d'études — dont je ne rêve que
la mort — tout cela c'est de l'or en barre
qu'il s'agirait de monnayer.
Certes, il y a longtemps que je déplore la
rigidité de notre programme que l'on ap-
plique autoritairement aux enfants des
centres manufacturiers comme aux enfants
du littoral; aux fils des bergers de la mon-
tagne comme aux élèves des écoles de Paris;
il y a longtemps que je me désole de l'at-
mosphère artificielle dans laquelle s'étiole
l'enfant du peuple brusquement trans-
planté dans un milieu formaliste, où
rien ne l'attire; il y a longtemps que j'ai
compris, avec une réelle douleur, que
l'écolier passe au milieu de l'enseignement
scolaire, sans se douter que cet enseigne-
ment a un lien étroit avec ce qui se passe
dans la rue, avec ce qui se passe dans la
maison, avec la vie, en un mot. Je suis
donc ravie de savoir que les enfants des
cotes vont s'instruire dans des conditions
normales. En entrant à l'éco!e ils entendront
parler de ce qu'ils connaissent : des ha,
teaux, des filets, de la mer ! Heureux en-
fants des pécheurs!
A quand le bienfait correspondant pour
tous les autres éco iers? A quand l'èlas-
ticité des programmes, à quand des pro-
grammes spéciaux à chaque région, à cha-
que école môme? A quand l'école vivante?
A bientôt, puisque tout arrive.
Quelques petites critiques maintenant :
Je viens de dire : cc en entrant Il, l'enfant
se trouvera en pays do connaissance,.. (1 Eh
bien ! j'ai été trop vite. Ce n'est qu'au début
du cours moyen qu'il sera initié aux « mots
et aux choses de la profession Il. Pourra-t-il
au moins s'initier à tout ce qu'énumère
l'intéressant programme?
Hélas! le cours supérieur, grâce il beau-
coup d'entraves, mais grâce surtout à ce
sinistre criminel qu'on appelle le certificat
d'études, que l'on passe à 12 ans et môme
moins, et dont le programme est basé sur
les études du cours moyen, le cours supérieur
n'existe pour ainsi dire plus; c'est un
mythe.
Au dernier congrès, à Rennes, on a juste-
ment émis un vœu tendant à le créer ou
bien à le rétablir partout oft faire se
pourra.
Donc, nous nous trouvons comme à. 1 or-
dinaire en présence de bonnes volontés pa-
ralysées par des causes multiples contre
lesquelles nous n'avons pas su trouver en-
core le moyen de nous défendre.
Admettons an instant que nous nous
soyons défendus avec succès. Voilà l'insti-
tuteur chargé d'un nouvel enseignement
très spécial : y est-il préparé ? Certes, la
bonne volonté est féconde, et le corps en-
seignant en est vraiment pétri, certes, l'in-
telligence est souple, mais enfin, il y a une
quantité de choses qu'il faut avoir appri-
ses pour les savoir; et il faut savoir dix
fois les choses que l'on enseigne pour les
bien enseigner !
D'où je conclus que le programme des
écoles normales doit abord donner l'exem-
la souplesse, et qae les écoles m-
institu-
teur» vers des branches d'enseignement
antres que les écoles normales d Ori"»,
4t Lyon, de Saint-Etienne, etc...
Et de Même pour les écoles primaires
ta semaine dernière, Je visitais l'école
foraine de Mlle entendu une
leçon de catéchisme, faite par le curé, sur
tes sacrements qui confèrent le Saint-Es,
prit et Dieu le Fils : sur le mariage à la-
mairie « qui est nul » « car on ne va a
la mairie que pour permettre de se ma-
rier » ; puis j'ai vu des cahiers de copies et
d'analyses grammaticales.
Et je pensais que la leçon de morale au-
fsit p& prendre pour*base : ta vie dans ta
roulette et autour de la roulotte, et que le-
I programme d'études devrait avoir surtout
jd\WbUt. la compréhension de toutes les
richesse? scientifiques, mécanique, physi-
3ue, faune des pays étrangers, géographie
es pays où sont nés les fauves, ethnogra-
phie, loto., etc., que réunit une fête fo-
mine.
Ce serait plus difficile, peut-être, en
commençant pour les instituteurs; mais
combien intéressant pour eux et pour leurs
élAvM t
PAULINE KERGOMARD.
Miettes Politiques
Remettez-vous, Messieurs, d'une alarme si chaude,
Nous vivons sous un Faure ennemi de la fraude...
Enfin nous respirons et contre ces dangers
Nous voici de nouveau pour l'instant protégés !
Le calme se répand sur la nature entière.
Ainsi s'explique le ton idyllo-lyrique de
ces poétiques réminiscences.
Les temps où nous vivons sont si trou-
blés et si fertiles en coups de théâtre im-
prévus qu'il faut se hâter de profiter du
calme relatif que nous pouvons goûter, tant j
que nous ne serons pas tout à fait dans le
lac, comme ce pauvre Fils du Ciel, si
méchamment enfermé dans une tic, aussi
complètement entourée de gardes vigilants
que d'eau.
Mai& son père, le Ciel, qu'est-ce qu'il
fiche pendant ce temps-là? Est-ce que ce
ne serait pas le moment pour ce feignant
serein de descendre de son cheval ? C'est
épesucan^: l'égoîsme sordide atteint jus-"
AprèS tout, nous n'avons pas besoin
d'être si fiers. Si l'Empereur chinois a son
lac, nous avons les lacets de Lemercier-
Picard et le rasoir du brave colonel Henri,
dont Picquart. écarte l'insidieuse caresse
d'une main forme et délibérée; car il les
connaît dans les coins, les manigances de
gens qui s'écrient d'autant plus facilement
« vous en avez menti! » qu'ils se savent
capables eux-mêmes de tous les mensonges
-et de toutes les vilenies... par ordre ou
sans ordre.
LA SOURIS,
LES ÉLECTIONS MUNICIPALES
I ' arrondissement
QUARTIER DU PALAIS-ROYAL
Inscrits : 3,146. - Votants : 1,338
MM. Levée, rép. progr., 667 ; Docteur La tas te,
541; Destrey, rép. prog., 302.; Favrey, soc. 137 ;
Bollard, nation" 111 ; Ducz, rép. lib., 33.
Ballottage.
III- arrondissement
QUARTIER SAfNTE-AVOtE
Inscrits : 5,417. — Votants : 3,000.
MM. Brenot, rép. rad. dém. 1,506, Res-
tiaux, 80C. 519, Champy, parti ouv. 429, Laba-
lue, indép. 195, Baudet, rad. soc. 168, Orry, rep.
soc. 123.
M. Brenot, élu.
V* arrondissement
QUARTIER DU IAItJKN DZS PLANTES
Inscrits 5,996. — Votants : 3,789
MM. Desplats, rad. soc. nat.940; H. Guillemot,
soc. 617; Salmon, soc. 544; Legros, cand. ouv.
373; Kuentzmann, rad. 3oe; Versini, nat. ind.
312; Lafouray, soc. 244: F. Guillemot, soc. 197;
Lebraus, 27.
Ballottage
VI* arrondissement
QUARTIER DE LA MONNAIE
Inscrits : 4,6tt. — Votants : 2,601
MM. Paul Bernier, soc., 869; Martin, soc., 664;
Roger, rép. lib.. 506 ; Delacour, rad., 247; D'Là-
rive, soc., 139; Sivet, soc., 88.
Ballottage
XI. arrondissement
QUARTIER SAINT-AMBROISE
Inscrits : 10,817. — Votants : 6,141
MM. Gebez. soc. rcv.. 2,062; Thiébaut, rép" ;
soc., 1,853; Ncpveu, dém. soc., 1,429 ;GaIy, 553.
Ballottage.
XII* arrondissement
QUARTIER DES OUiNZE-VINGTS
Inscrits 9,709. — Votants : 6,370
MM. Colas, rép. soc. 2,043; Morel, soc. 1,658;
Coutoux, rép. soc. 8â6; Dard, soc. 473; Dupré,
soc. rév. 425; Suret, soc' 311.
Ballottage
XIII. arrondissement.
QUARTIER DE LA. SALPÊTttlÈtVE
Inscrits : 4,904. - Votants : 8.152.
MM. liatytey, soc, rev. 978; Massot, soc. 453 ;
RoussHIon, soc. S30 ; Bergounioux, soc. 347;
Pressurot, soc, 2M ; Oérvd, soc. 206 ; Bourgerie,
soc. 197; Maublanc. 100. 102.
Ballottage
XIV. arrondissement
QUARII:-:R DE PLAISANCE
Inscrits: 14.475. - Votants: 9.949
MM. Panct:er. soc. 2,669 ; Grisel, parti ouv.
1,9H: MaMuloJ Loque, soc. 1,548; Pénlheu, soc.
1.423; Cointe, soc. 9»; Denisson, 211; Patey,
iti.
. QOAKrm M LA SAUTÉ
Inscrite : $W. - Vêtante : 1,488
MM. Joies Hénaffe, rép. Mg.. 448; René Le
cointe rép. Me.. 40. Çlaus«l,»4; Grouard.soc.
ind., 109; comte de Rigard, 16" soc., 83; Mail-
lard, soc. ind., es..
Ballottage
XVI* arrondissement
QUARTIER MT LA KUETTK
Inscrits 5,526. - Votante : 3,277
MM. Gaplaln, cons-dém., rép., 1,249 ; Ducreu-
set, rép., 751; Ridel. soc., 424; Grandjean, prog.,
382; Guimet, 155; Morel, 141 ; sequia, 31; Dru-
mont, 1.
Ballottage
QUARTIER DE CIIAILLOT
Inscrits : 5,497. - Votants : 2,718
MM. Fortin, rép. pra«u8«3; Hornbostel, na-1
tton^Dugiy, LOIUI 1 lm. t 3m
BajLlçéttfce
XVII* arrondissement
QUARTIER DE LA PLAINE stomuu
Inscrits : 6,284. - Votante : 3,155
MM. Beurdeley, prog. 1,482, PugHeai Coau,
nation. 1,2%, Camper, rad. soc. 278, Cbapala.WS,
Ballottage
xvm- arrondissement
QUARTIER DE CUONANCOURF j
Inscrits : 22,640. — Votants : 12,380
MM. Legrandet, soc., 3,78t; Heppenheimer,
soc., 2.398; Perthuis, soc. 2,249; Baud, rep.,
1,108; Létrillard, so!.. 711 ; Cloverie. 519 ; Poc-
caton, antisémite, 50t ; Gros, 305 ; Colonel Pic-
qUart''i
Ballottage
XIX- arrondissement
QUARTIER D'AMÉRIQUE
Inscrits : 5,294. — Votants : 3,523
MM. Rozier, parti ouv., 1,268; Beutin, soc..
1,050; Bergerot, soc., 981; Garnier, soc., 79;
Charles, soc., 24.
Ballottage
AUTOUR DE LA REVISION
On annonce pour vendredi prochain la
publication d'un important ouvrage sur
les « secrets ressorts de l'affaire Drey-
fus » par M. Paschal Grousset. Un des
premiers, l'honorable député de Paris
avait fait d'expresses réserves sur ce
qu'il appelait « les côtés inquiétants et
suspects de cet autodafé machiné à huis-
clos par les, papalins. » Depuis lors, M.
Paschal Grousset a poursuivi assidû-
ment l'étude approfondie de t'affaire ; il
a réuni une masse imposante de docu-
ments inédits: il est allé chercher jus-
qu'en Russie des renseignements diplo-
matiques de première main,et va les pla-
cer devant l'opinion, sous formes de
précis historique. L'ouvrage paraîtra en
livraisons populaires d'amour, avec
une profusion de dessins originaux, de
portraits authentiques, d'images de tou-
pays.
Un rédacteur de l'Agence Nationale a
interviewé le général de Pellieux qui a.
déclaré ceci :
J'ai pris depuis quelque temps la résolution
de ne répondre à rien et d'être de « granit » en
face de toute attaque. La fameuse histoire du
« complot - n'est certes pas pour me faire dépar-
tir de mon attitude.
On m'a assuré que j'avais ma part dans la
- conspiration et que ma spécialité consistait à
effectuer, de temps à autre, le trajet de Paris-
Bruxelles. Je n'ai pas à démontrer la fausseté
de semblables allégations. Il appartient au mi-
nistre de la guerre, qui sait que je ne suis pas
airé à Bruxelles, de défendre ses subordonnes,
'il le juge utile et opportun.
Un héros
Le Temps publiait hier soir le docu-
ment suivant :
DÉVOUEMENT A LA PATRIE DU COLONEL HENRY
Souscription publique
pour un monument à lui élever
et comme épigraphe les lignes suivantes :
Quand un officier en est réduit à faire un pré-
tendu faux pour tenter de rendre la paix à son
pays et de le débarrasser d'un traître, ce soldat
est à plaindre..
S'il paye cette tentative de sa vie, c , est un
martyr!
S'il se l'arrache volontairement,
C'EST UN HEROS!
Cette circulaire est signée de M. Char-
les Leroux, 76. rue Blanche. Il invite
ceux à qui la circulaire est adressée à
faire parvenir leur « cordiale et patrioti-
que offrande ». Un concours est ouvert
entre les artistes français pour ce monu-
ment à la mémoire du faussaire Henry,
qui devra être représenté, un rasoir dans
lr* main.
Les réunions
Hier, a eu lieu. à Lyon, dans la salle
de l'Alcazar, le meeting révisionniste,
organisé sous les auspices de la Ligue
des Droits de l'homme et du citoyen.
L'absence de M. de Pressensé n'avait
diminué en rien l'empressement des ré-
publicains lyonnais qui envahissaient la
salle bien avant l'heure annoncée. M.
Mathias Morhardt, a fait l'exposé de
l'affaire Dreyfus au milieu d'applaudisse-
ments enthousiastes. Le docteur Auga-
gneux. professeur à la Faculté de méde-
cine,qui présidait la rounion,a fait suivre
la démonstration de M. Morhardt d'une
allocution chaleureusement applaudie.
Après le vote à l'unanimité d'un ordre
dn jour réclamant la revision publique
du procès Dreyfus, la mise en liberté du
colonel Picquart, on s'est séparé aux
cris de « Vive la République, à bas la
réaction ».
A L'Etranger
Politique
Les quatre puissanccsontconseillé aux ca-
binet de Belgrade et de Sofia à l'occasion des
graades manœuvres de faire en sorte que
le théâtre où auront lieu ces mouvements
de troupes soit éloigné de chaque frontière
d'au moins cinquante kilomètres.Le conseil
donné par les Etats ne permet plus da
douter de la situation tendue existant à
l'heure actuelle entre Serbes et Bulgares.
Les membres de la commission hispano-
américaine ont conféré hier au ministère
des Affaires étrangères. La séance s'est ter-
minée assez tard. D'après nos informations
on n'aurait encore discuté que des ques-
tions de principes et défini quelques clan*
ses du protocole, Plusieurs journaux espa-
poil affirment que le cabinet de Madrid a Ift '
prétention de décliner toute responsabilité
de la dette Cubaine qu'il a la présomp.
tion de faire supporter intégralement aux
Etats-Unis. Mais une dépêche 4e Londres
précisant les choses d'une faço* plus nette «
ne se gêne nullement pour dire que la com-
mission espagnole a présenté aux délégués
américains un état des dettes contractées
par l'ile de Cuba depuis l'année tæ6 jus-
qu'en 18%. Or, la question des dettes Cubai-
nes serait d'après M. Montero-Rios la forte
pierre d'achoppement où viendraient se
briser toutes les tentatives d'accommode-
ment.
A Pékin, le ministre italien s'est décidé fc
ajourner sa demande d'audience pour
l'empereur.
En Russie, au lendemain du puissant ap-
pel de Nicolas 11, on attend toujours la solu-
tion & la circulaire tracée (Tune main si
ferme et sous l'empire d'une raison aussi
haute par le tsar, mais la réduction des ar-
mements suscite la discus-sion passion-
née des polémistes.
Aux Indes, la peste sévit avec une ef-
frayante vigueur et l'activité des grands
Etats va avoir à lutter contre un fléau dont
les plaines du Volga subissent déjà le&
premières atteintes.
Lord Curzon trouvera une dure besogne
à accomplir en inaugurant sa première
étape de vice-roi.
MANOMMMLM.
Allemagne
L'expulsion de France, de' M. von lagowj
correspondant de la Gazette de la Croix eV
de la Gazette générale de Munich, est très
commentée dans la presse allemande. La
Gazette de Cologne espère que « les autorités
françaises reviendront sur cette décision
précipitée. » Ii n'est pas vrai que M. von
Iagow ait, comme on le dit,télégraphié à la
Gazette générale la nouvelle de l'incendie du
Bon Marché et celle d'un assaut du Pa ais
du Luxembourg. Il s'est borné à dire que
c'étaient là des bruits courant dans Paris.
La Société pour V établissement par C Empire
d'une loi sur les habitations (Reichswoh-
nungs gesetz), fondée au mois de juillet
de cette année, vient de publier une bro-
chure dans laquelle elle démontre la né-
cessité de fixer, par une législation homo-
gène, les exigences auxquelles doivent ré-
pondre les habilations,surtout ouvrières,do
rEmpire entier. Elle constate que le man-
que d'une habitation convenable pousse
louvrier à devenir l'habitué du cabaret,
elle insiste sur le devoir de l'Etat d'éten-
dre la surveillance aussi bien sur la cons-
truction des maisons que sur la fabrica-
tion des aliments.
Si la Société atteint son but, l'Allemagne
aura fait un pas dans la voie du socialisme
d'Etat.
La nouvelle que le conseil fédéral se se-
rait déclaré incompétent à juger le diffé-
rend entre l'empereur et lé régent de Lippe
est démentie. Le conseil n'a pas encore sta-
tué sur la question.
Les étudiants de l'Université de Bonn 081
adressé un appel à leurs camarades des
autres universités allemandes, afin de cé-
lébrer chaque année, à date fixe, une céré-
monie commémorative du prince de Bis-
marck....
Le correspondant anglais de la Gazette tI4
Cologne dit au sujet de Fashoda : Tout le
monde ici applaudit lord Hoseberry, L'An-
gleterre, sourdement irritée par les événe-
ments en Chine, ne fera aucune concessioc
à la France en Afrique. Elle trouve qu'elle
n'a déjà fait preuve que de trop de patiencç
et elle cédera d'autant moins que le cabine
I français se trouve dans une situation pei
avantageuse.
S.
Angleterre
On a déjà beaucoup parlé du livre de
Mrs Wrnford Phillips, la directrice du
Women's Institutr. C'est une espèce de die
tionnaire ou « Bottin » contenant tous les
renseignements au sujet des emplois de
femmes.
Ce livre a paru hier à Londres et a pour
titre : Dictiollary of Ernploymentl open 14
Womell, On y trouve tous les renseigne.
ments nécessaires au sujet des proressions,
carrières tibérate?, commerces et indus-
tries où peuvent s'engager les femmes.
Mrs Phillips a été aidée dans cette compi-
lation par ses secrétaires Miss Mariac
Evans, Miss Janet Tuckey et Miss E. Dixoa
— toutes membres du Women'a Instituta.
m
w »
Il est intéressant de savoir qu'en Angle.
terre au recensement de 1891 on a évalué à
21 sur 10,000 le nombre des femmes em-
ployées dans les travaux des champs,tar*
dis qu'en 1881 il y avaient 40 femmes-la»
boureurs sur 10,000.
* *
Dans l'affaire criminelle Guildford dont le
Fronde a parlé hier matin, on compte
sur des révélations intéressantes faitet
(3)
LA TRIBUNE
17 OCTOBRE 1898
La Béatrix positiviste
Cette rubrique forme tm feuilleton vilsrf
*W k ntfei chante tous la trois jotIrI.
Il lui consacre son œuvre; il lui rend
un culte journalier par laprière et la mé-
ditation, et prévoit que leur association
affectueuse est « destinée finalement à
autant de célébrité que celle de Voltaire
et d'Emilie. »
Cet enthousiasme ne lui fait pas oublier
les intérêts matériels de son amie. Elle
est pauvre ; elle est malade. Il lui ouvre
sa bourbe ; il lui cherche un médecin ; il
surveille sa chère santé avec une auto-
rité de savant et une tendresse de père.
N'est-il pas un père pour (Uotttde ? 11 est
un père par l'âge, un frère par la pureté
de l'affection, un époux pour la fidélité
et la ferveur. Et Mme de Vaux, déjà
touchée par la mort, sent I inestimable
prix de cette tendresee. Elle voudrait la
récompenser magnifiquement et une
fois encore, elle offre sa personne, dans
un mouvement de suprême générosité.
« Si vous persistez à regarder comme
malheureux pour vous le désir de repos
nonidoftt j'aitoewin polit a'^tter
mm «m J* *** te ««Mitont. ».
Mais Comte a vaincu l'égoïsme. Il ré-
pond que l'offre de Clotilde constitue,
pour son sexe, le sublime de l'amitié,
« mais que l'amour, moins désintéressé
d'ordinaire, peut inspirer aux grandes
âmes, même masculines, une équiva-
lente abnégation. » Il trouve même, dans
ce sacrifice des joies charnelles, un bon-
heur chaque jour accru. Quella que soit
l'issue finale de sa passion, il aura
éprouvé « ce qu'il y a de plus profond et
de plus pur dans les sentiments hu-
mains»
« Au lieu d'oublier la diversité de nos
sexes, dirigeons-la, dit-il, vers sa plus
noble destination, l'amélioration mu-
tuelle de notre propre nature, intellec-
tuelle et affective. Rallions-nous habi-
tuellement, mon incomparable Clotilde,
à ces sublimes conceptions qui rattachent
directement notre noble' essor privé à
l'ensemble de la grande évolution hu-
maine. » (Lettre 118)
III
La mort qui brise les affections ba-
nales, achève et fortifie les grandes
amours. Elle leur ôte tout ce qu ils
contenaient d'éphémère et les fixe en
les éternisant comme elle fixe dans notre
mémoire la beauté et la jeunesse incor-
ruptibles des bien-aimés disparus. Cette
divine et douloureuse consécration ne
devait pas manquer à l'unique amour de
Comte. Clotilde de Vaux Mourut en
avril 1840.
. M airelle ne moaralt pu pfto r
la&plie. IU la rataieitftU en le phi. 1
une forme idéale, semi-divine. Clotilde
devenait Béatrice. Comme la virginale
amante d'Alighieri, elle guidait son ado-
rateur à travers le Purgatoire des épreu-
ves, vers les sphères éblouissantes de
l'amour pur. Pénétré de cette idée que
les sentiments se fortifient par l'expres-
sion matérielle que nous leur donnon?,
Comte institue le Culte intime, les
Prières quotidiennes, composées de
phrases caractéristiques tirées des let-
tres de Clotilde, entremêlées de sonnets
de Pétrarque et de tercets du Dante.
Avec ce goût de la précision mathéma-
tique qui ne l'abandonne jamais, il
« systématise » son deuil, établit des
heures fixes pour les effusions mentales
une « revue chronologique des souvenirs
essentiels ». Juin est le mois 4e l'Estime,
juillet celui de- la Confiance, septembre
celui de la Crise décisive, octobre, no-
vembre, représentent la Transition finale
par l'Epanchement total, l'Abandon sans
réserve, la Familiarité continue. Chaque
jour, il indique une effusion do vingt
minutes; cinq minutes à genoux devant
les fleurs de Clotilde, dix minutes de-
bout près du fauteuil qu'il nomme son
autel, cinq minutes à genoux devant ce
même autel recouvert. Il s'adresse à
l'Eternelle compagne. (Amene te plus
qttam me, nec me nisi propter tel à sa
noble Patronne personnifiant l'Huma-
nité, ( Vergine Madré, figlia del tuo
/l9liD,..) Enfin, chaque année, il dédie à
-la Aorte un long écrit* .$g Çmfmb*
«■mttlfciOfc il Itoketieiit de 14W.46
[ son cœur, de ses travaux, des événe-
ments de sa vie, des progrès du Positi-
; visme.
« Notre unique année d'union objec-
tive est devenue la base d'une intimité
subjective... Ce philosophe austère qu'on
ne croit accessible qu'aux préoccupations
mentales, tu l'avais, dès l'origine, appré-
cié comme le plus aimant des hommes à
! toi connus. Il Il espère que la glorifica-
Lion de sa bien-aimée lui vaudra lo sym-
pathique concours de toutes les femmes,
qui comprendront que le positivisme seul
développera « par une systématisation j
à la fois publique et privée le culte habi- j
tuel du la femme que le Moyen âge put
seulement ébaucher. » Et il ajoute :
« Peut-être serai-je assez heureux pour
voir coïwnoer par toi le double culte que
nous réserve le véritable Etre-Suprême
dont je proclame l'avènement systémati-
que. On rend plus volontiers justice aux
morts qu'aux vivants et une femme sur-
tout suscite moins d'ombrage Quelques
inspirations spontanées de nos jeunes
disciples me permettraient d'espérer que
la vierge positiviste sera bientôt hono-
rée dignement quand j'aurai pu te faire
assez apprécier. Si je voyais un jour ta
sainte image représenter l'humanité sur
le pavillon occidentaU... - (Quatrième
Sainte Clotilde, juin 1848). plus loin, il
associe au culte de l'épouse idéale, le
culte de sa mère et le culte de sa fille
adptive, Sophie, simple domestique dont
i| awit-ou -éprojfver 1? dévouement et
prolétaire. Ces
trois femmes, Rosalie, C!otMde. Sophie,
par « leur vertueux ensemble, désormais (
inaltérable, offrent le meilleur type de la 1
vraie nature féminine ». Et Comte com-
plète sa sainte famille par le grand Con-
dorcet élu pour père spirituel. « J'ose, |
dit-il, terminer ma construction reli-
gieuse en chargeant ouvertement tous
mes disciples des deux sexes d'obtenir
un jour, comme principale récompense
de mes services, ma solennelle inhuma-
tion au milieu de vous trois, dans une
même tombe occidentale, sous la statue
du vrai grand Etre auquel nous serons
dès lors, irrévocablement incorporés. »
IV
Comme la Vierge Marje domine le ca-
tholicisme du Moyen âge, Clotilde de
Vaux domine le positivisme religieux.
Pour Auguste Comte, elle est la « mère
objective et la fille subjective, la sainte
collègue, l'« Ange gardien ». Pour les
disciples du maître, elle doit représenter
le type féminin, l'Humanité.On l'invoque
dans les cérémonies qui ont remplacé les
sacrements catholiques. C'est en souve-
nir d'elle, pour glorifier la pureté dans
l'amour,que l'on adopte le chaste préam-^
bule du mariage (l'époux s'engageant à
respecter la femme pendant trois mois)
— le mariage chaste qui reproduit entre
des êtres séparés matériellement par des
raisons physiques ou morales, l'union
platonique de Comte et de Clotilde pour
lepçrfeptionneiaent
tbttrftfe étemel etle culte des JDOril.cl.oa&
le grand-prêtre de l'Humanité donne
l'exemple.
La vie d'Auguste Comte, à partir de
1846, fut uniquement consacrée à ses
travaux philosophiques et au souvenir
de Mme de Vaux. Malgré son deuil pro-
fond, il souhaitait atteindre la longévité
de Fontenelle pour servir plus long-
temps l'Humanité. Le régime monasti-
que qu'il avait adopté, la privation de
toute superfluité nutritive, vin, çaté, tt-
bac, semblait bienfaisant pour sa santé.
« A cette époque, écrit le Dr Robinet, il
avait réduit à sa dernière limite la satis-
faction des besoins matériels et atténué
autant que possible l'activité corporelle
au profit de l'exercice cérébral. M Mais le
surmenage nerveux, l'excès des cha-
grins, des travaux, des luttes, avaient
ruiné sa constitution. U mourut lo 5 sep'
tembre 1857.
Son vœu suprême ne devait pu êtrtf
exauoé, la loi actuelle défendanteette COIfte
munauté du cercueil que tous les' coup tes
d'époux et d'amants, au moins une fois,
ont désirée. On plaéa dans la main d&
Comte un petit médaillon garni de che-
veux de Clotilde et qu'elle avait appelé
le don des coeur. Puis, à défaut des restes
aimés, deux cénotaphes portant les ins-
criptions suivantes : « CM
le 3 avril i Si 5 a Paru et décidée lit
5 avril 1846 à Paris ».—A la digne mère
tT Auguste Comte, Rosalie Royer, née le
18 janvier 1764 à Jonquières {Hérault)
et décédée le 3 mars 1857 à Montpellier.
MARCELLE TINAYRE.
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