Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-10-01
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1898 01 octobre 1898
Description : 1898/10/01 (A2,N297). 1898/10/01 (A2,N297).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67034162
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Fronde
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i9 SEPTEMBRE 1893
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à- 12 fr. ! - ££ : Lw -."«L' V * ... 6, place de la Bourse, Parie.
LA FBOUBK, journal quotidie®»
politique, littéraire, est diriP.
administré, rédigé, compose par
. des femmes.
Carnet du Mois
OCTOBRE. — Le Scorpion.
Samedi 1- octobre.
, ris do 7 heures du matin à 6 heures du matin à 3 h.
marchés U Souccoth ou fêtes
jKi«"n£.-Sl« Musulmans mort
-
&£SS^-Itoni£ J?mdœ gralides «.)' jour eaux de
Saint-Cloui! et (le Versailles.
* r .» Fin des vacances. "™ Rentrée des
rte. boul'Ses - Dcrnirrde la
Ville -le Paris.
• j • /> Chez les Musulmans. célébration
d*™iîr^Ss'lS.tmSpïc1devenue fête rch-
gieuse.
Vendredi 7. - Chez les Israélites IIoschana
Habba.
samedi R, - chez les Russes mort de Saint-
j«.an. - Pour les Israélites Schmini Alzcreth,
ft'-tc de dûlurc.
Dimanche 9. - F,Ho de la Maternité de la
Vicr"!'. — Exposition des corps les b. b. Denys,
RuslTque et Elenthère. - lp "riah
martyre. 10, rue Antoinette. ,— bain nat i oridu
fi t - .Ie la Loi chez les Israélites. - Manifesta-
tion patriotiliuo à Uagneux (Combat du 13 oc-
tu lire 71i: .
Mercredi le. - 47" anniversaire de la mort de
!a reine Louise Marie.
Jeudi l ". — Patronage de Théotokos.
S'tmcrl¿ 1 ;;. — Rentrée des cours et tribunaux.
- sSfu.'-Vhcris», grande solennité dans tous
les carmels. — Ouverture des registres d ins
cription pour l'obtention des dispenses univer-
sitaires.
lJima"c"c 16. - Ouverture des squares de 8 h.
à ti lieUr. s.
Liniffi, 17. — Réouverture des Bibliothèques de
HnsUtut, et du Jardin des Plantes.
Mardi 18. - Fête des peintres. Procession
de Sainl-Eur à Dieppe. - Fête de naissance de
la princesse Joséphine (BclgifJue;,.
Mercredi 19. - Les Américains déposent des
fleur.* et des drapeaux sur le tombeau de La-
l'ayetl'^ au cimetière de Pirpus, à 1 occasion de
la victoire de Yorktown (1781;.
Jeudi 'lU. — Interdiction de la pèche de la
truite.
Mardi e.;. - Manifestation devant le monu-
ment du champ de bataille au Bourgct.
Mercredi :?Ii. — Dernière visite de l'ann. e aux
E'/ouls. - Examens d'admission a 1 Ecole des
Chartes.
Jeudi - Vië'!o des S. S. Simon et Jude.
Vendredi m. — Anniversaire de l'entrée triom-
phate de Napn'édii à Berlin. — 40' anniversaire
de 1.\ princesse Blanche d'Orléans.
Samedi •.•"1. — Messe solennelle suivie d'un Te
li,-uni à Y-, c - ision de l'anniversaire de la préser-
v;itioii il : a famille impériale de Russie lors de
la catastrophe de liurki en ÎS--^.
lIi",fll,,'ha ::n. — Service sulennel il l'église
Saint Mil hel à l'occasion de l'aiiiiiv.,-i,s;iîre de la
maiU" d., Dijlln. 30 octobre 7U,
Lundi )l. — Vigile de la Toussaint. — Fin de
"an III':" milillirc. — Dernier jour d inscription
liour les demandes de dispenses des droits d ins-
' . cription dans les facultés et les eeoies supé-
ricnr.-s de France.
Aujourd'hui
Samedi 1" octobre
Courses à Aultuil.
Adoration perpétuelle à C/ultilloll.
Ouverture du Nouveau Théâtre de la rue
m.u.ch(' avec Rembrandt.
Réouverture du Cirque d'hiver.
Sfiuccfith ou Fête des Tabernacles chez les
Musulmans. Mort d'Ali,
Au Coiuvrt Colonne. 2' représentation des
Œuvres de Uerlioz, avec la Prise de Troie.
A 9 h. 112. salle du Trianon. 80. boulevard no-
clierhouari. Conférence publique, organisée par
la Petite luim/dhiue, pur citoyen Jean Jaurès,
L'ail'aire Divvfus et le :o'.,rÍ;di:;rnt!,
ÉPHÉMÉRIDES
Mort de Mme Daubenton
1" octobre 181ft
I.a femme du céiï-bre naiuralisle fut un ecn
,rniti flirt renommé en son tt-iiii s: elle composa
plusieurs romans dont titi. lé/ÍI: d2 vol, 17-7. eut titi gros succès à la veille de la
R'-vol u lion.
fJuan" Daui enton mourut, elle fut autorisée
à continuer d!:nhit<'r la maison oùclle demeura
jusqu'à s:t mort, l" octobre 1818.
Chaque malin, elle montait la petite colline
du j >r lin des Plantes, et allait se recueillir près
du 'monument élevé à la mémoire de Dauben-
tfl!!, Elle mourut presque centenaire avec toute
sa lucidité d'esr»rit.
M.-L. N.
In Extremis
Depuis plusieurs jours que la fièvre
CaUtaH, Lucienne n avait pas repris le
sentiment de soi-m^me. Son mari, Ed-
momt, frappé en plein bonheur, en plein
amour, suivait les phases de la maladie
avec une consternation hébétée.
Incapable de retrouver ses idées en
dehors d'Kile, il errait, désœuvré, dans
l'appartement rendu immense par le
silence ol l'anxiété, et revenait toujours
à la chambre, où Lucienne, émaciée et
ex «an vue, auréolée de l'envolée de ses
cheveux blonds, presque antique de
douceur et de pureté, somnolait parmi
les blancheurs. Il posait ses lèvres pieu-
sement sur la petite main aux veinules
b!euatres, puis, il s'éloignait sur la
pointe des pieds, intimidé par la garde-
malade, navré et maladroit, son grand
corps tanguant comme un bateau désem-
pare : et ses bras vigoureux, n'ayant
plus rien à étreindre, se balançaient en
détresse.
Cette nuit là, Edmond insista pour
veiller sa femme lui-môme.
Enfoncé dans un fauteuil, il contempla
amoureusement les traits fins de Lu-
cienne, spiritualisés par l'indécise lueur
de la lampe et tellement enfantins, qu'il
sp demanda si cette toute petite fille,
perdue dans ce grand lit, était réelle-
ment sa femme.
Et il se la rappela, telle qu'il l'a-
yait vue oour la crémière lois, frêle,
fluette, pâle, avec le regard profond de
ses grands yeux candidement étonnés.
Epris de la beauté morale, qu'il devinait
derrière sa fragilité physique, il l avait
épousée, sûr d'avance de trouver par
elle tous les bonheurt et tous les accom-
plissements.
Pendant ces six années de vie com-
mune elle n'avait déçu aucune de ses
espérances. La jugeant franche, loyale,
aimante, il se persuada qu'elle s'était
donnée à lui, pour la vie, — à lui seul.
Dans son besoin d'illusion, il avait fait
d'elle le rêve vivant de sa vie de rêves,
sans jamais s'inquiéter si vraiment elle
fut celle qu'il chantait dans ses sonnets
et ses hymnes passionnés. Lucienne,
orgueilleuse de ces poèmes, n avait ja-
mais consenti à les profaner par la pu-
blication, elle-les cachait jalousement, les
appelant ses « titres de noblesse », les
lisait de temps en temps pour « s'inves-
tir de ses pouvoirs, » comme elle disait.
Et maintenant, Edmond, en face de la
malade, songea mélancoliquement à ces
vers. Il eut l'idée de les relire. Il prit les
clefs du petit meuble qui les recélait et
entra dans la chambre voisine. Il ouvrit
le secrétaire de Lucienne et faisant jouer
le tiroir secret, il en tira une liasse soi-
gneusement enrubannée. Il dénoua l'at-
tache. Une glane de lettres éparses jon-
cha la tablo.
Edmond regarda à deux fois. Il s'était
trompé, ce n'étaient passes vers, et pour-
tant il savait que Lucienne les plaçait là,
toujours. Il ne connaissait par ces lettres
au nom et à l'adresse de sa femme, et
dont l'écriture lui inspira, instinctive-
ment une animosité aiguë.
Lucienne, si bonne, aurait-elle reçu et
caché chez elle la correspondance d'une
amie coupable? Non, car elle lui en au-
rait parlé; et pourtant il ne pouvait s 'i-
maginer autre chose. Mais ce qui peina
Edmond plus encore que cette cachotte-
rie ce fut l'idée, qu'elle avait réservé à
ces lettres, indifférentes, sans doute, le
petit sanctuaire dont maintenant ses
vers à lui étaient bannis. Il voulait re-
mettre le paquet, se promettant de la
questionner plus tard. Mais, énervé par
cette incertitude, qui se prolongerait
peut-être, et dans le but de l'innocenter
promptement (quelque chose en lui et
qui n'était pas lui l'accusait déjà) il dé-
plia avec une hâte fébrile les feuilles,
qu'une lecture assidue avait froissées.
Les lettres étaient bien destinées à sa
femme.
Une lassitude le courbatura; une in-
tense douleur dans la tête l'empêcha
presque de lire.11 lui sembla qu'une par-
celle de son cerveau se désagrégeait avec
chaque ligne et qu'une goutte de sang
tombait de son cœur sur chaque mot.
Machinalement, il essuya le papier avec
son mouchoir, alors il vit qu 'il s était
trompé, que ses larmesseulement avaient
coulé le long de ses joues, sans qu'il s'en
s'en aperçût.
Il s'affala sur une chaise, croyant mou-
rir, et, inconscient, il balbutia :
« Lucienne, Lucienne !
Peu à peu, l'image de sa femme lui re-
vint ; son regard admirablement lim-
pide répondait à l'appel de ses yeux ; il
vit ses lèvres, un peu dédaigneuses, s'é-
panouir en un sourire lumineux, et son
jeune corps, harmonieux et chaste, fris-
sonnait pour lui. Et il gémit :
— Non, c'est impossible ! Tout. autre,
oui. Mais elle non, elle n'a pas pu me
trahi r '
Pourtant les lettres étalaient irréfuta-
blement sa faute. Alors l'autre se pré-
senta à son esprit. Une jalousie atroce
la tenailla, car il savait maintenant
qu'elle s'était donnée à 1'« autre » comme
elle s'était donnée à lui, avec les pudeurs
de sa chair amoureuse et les tendresses
infinies de son âme rêveuse. Et il pensa
que, tandis qu'il s'était confiné dans une
fidélité absolue et dérisoire, elle avait
ouvert la porte de son cœur à un étran-
ger et l'intrus avait marché parallèle-
ment avec lui dans l'amour de cette
femme — sa femme.
— « La voleuse »!
D'un violent zeste il éparpilla les let-
tres qui couvrirent le tapis, pareilles
aux pétales disséminés d'une grande
Heur. Il eut un rire douloureux.
— « Voilà comment s'effeuillent mes
illusions — en bloc! »>
Une tension de tous ses muscles avait
succédé à son abattement. Une colère
furibonde le secoua, et sa haine sauvage
s'exaspéra de ne pouvoir tuer Vautre. Il
n'avait jamais soupçonné son existence,
il ne connaissait même pas son nom.
Mais, n'était-ce pas elle, la vraie cou-
pable ?
Aucun châtiment ne pourrait assez
punir son crime.
Il voulait l'étrangler de ses mains, la
flétrir d'injures que l'on emploie pour les
filles, démentir l'impudique pureté de
ses yeux, la figer pour l'éternité dans
son mensonge. Edmond s'élança vers la
chambre de Lucienne. Mais un regard
vers le lit, Imr lit, le fit trembler comme
un roseau, ses jambes oscillèrent ; et sen-
tant qu'il allait tomber comme une
masse devant ce lit, il se retourna brus-
quement pour s'enfuir.
Sa colère s'était déjà dissipée. Le be-
soin de s'en aller d'elle, de quitter cette
maison à tout jamais, devint impérieux.
Du reste, la délaisser ainsi, c'était la
tuer. Et il pensa avec une amère satis-
faction qu'elle se réveillerait tout à
l'heure et que le nom de l'autre sur les
lèvres, elle l'appellerait cependant, lui,
avec l'enjôlement perfide de sa voix. Le
silence seul répondrait à ses supplica-
tions, et elle connaîtrait les affres de
l'abandon.
La main sur le bouton de la porte, Ed-
mond murmura :
— Et puis! qu'elle l'appelle et elle
verra s'il vient à son secours!
Un cri long, douloureux, implorant,
craintif, vibra à travers la nuit.
— « Henri 1 »
Edmond tressaillit, atterré. Ce nom, il
l'aval lu en bas des lettres. Il s'enfonça
dans son cœur comme un trait et le
cloua contre la porte.
Immobile, hagard, il écoutait ce nom
s'échapper des lèvres de sa femme et se
répercuter parmi les murs, témoins jour-
naliers de son adoration. Comme il la
reconnaissait bien cette voix persuasive,
tendre, caressante ! Finalement épuisée
elle se traînait, pleurait, suffoquait :
« Henri ! Renri ! Henri !... »
Le dernier cri s'exhala comme un
râle.
Edmond écoutait toujours.
Le silence enveloppa de nouveau la
maison.
Edmond crut se réveiller d'une terrible
opération, dont il subissait encore l'en-
gourdissement.
Il porta la main à son cœur, il regarda
la pendule. Il entendit l'incessant tic-tac,
mais il ne put distinguer s'il provenait
des pulsations de son cœur. Hen-ri,
Hen-ri, était-ce son cœur ou bien la pen-
dule qui martelait ainsi les secondes?
Un gémissement plaintif le rappela à
la réalité. Il jeta son chapeau et fut au-
près de Lucienne.
— Tu souffres, ma chérie !
Elle cessa de geindre,et se relevant fai-
blement, elle étendit ses bras vers lui,
tandis que ses yeux le fixaient d'un re-
gard infiniment doux, mais aussi plein
de vaguer reproche-".. - * .
Il s'assit sur le lit. Elle, toute frisson-^
nante, se blottit contre lui, cherchant la
place de son cœur pour y reposer sa
tête brûlante. Et à voir ce pauvre petit
corps qui semblait se fuir lui-même et se
réfugier auprès d'un autre fort et protec-
teur, Edmond sentit éclore en lui une
pitié profonde; et mettant ses bras au-
tour d'elle, il la berça doucement sur sa
poitrine.
Lucienne, silencieuse, mais comme ins-
tinctivement heureuse, se serra plus
étroitement contre lui. Edmond avec une
ironie triste, mais sans rancœur se de-
manda : «Est-moi ou lui qu'elle étreint?))
Puis, cherchant des excuses à sa fai-
blesse il pensa : « Elle s'est trouvée aux
prises avec l'inexorable fatalité ; elle a
été envoûtée par les lois mystérieuses
de l'amour, et son corps frêle n'a pas su
résister à son cœur trop puissant et trop
fécond en tendresses. J'aurais dû, comme
un frère, éloigner d'elle les tentations,
mais je me suis contenté d'être son chan-
tre et son amant. J'ai préféré mon illu-
sion à Elle ; afin de flatter mon orgueil et
d'endormir ma responsabilité je l'ai rêvée
parfaite. Non, elle n'est pas coupable ;
seule, ma confiance présomptueuse est
fautive.
Et poursuivant son œuvre d'innocen-
tation, il songeait : « Je l'ai accusée do
mensonges et de trahisons. Elle a peut-
être été franche et sincère dans ses deux
affections. Son âme appartient à un
monde autre que le mien et ses états
d'amour sont différents des miens. Elle
a rêvé l'infini; elle n'a pas voulu murer
son cœur dans un unique et égoïste
bonheur.
Non, ce n'est pas une voleuse, elle ne
m'a rien dérobé, elle m'a donné la part
d'amour qu'un homme peut réclamer de
la vie, et encore je suis un élu. Si elle ne
possède pas Vhonnêteté de la femme ver-
tueuse, elle a la loyauté des vraies amou-
reuses,la loyauté de ne pas faire souffrir
cenx qu'elle aime. Bien mesquin le
bonheur de posséder une femme fidèle
et qui, sous le prétexte de n'appartenir
qu'à son mari, meurtrit le cours de sa
vie!
« Ali ! petite Lucienne, combien tu es
délicieuse... (Edmond sentit ses doigts
d'enfant passer dans ses cheveux) petite
Lucienne combien tu es plus adorable
avec tes caresses félines, tes yeux noyés
de rêve, et ton amour énigmatique ! »
Et il songea que dans la noblesse de
son âme, elle avait dû saigner, d'amon-
celer ainsi toutes les hontes de la trahi-
son et toutes les terreurs du mensonge ;
tandis qu'à lui, elle avait épargné les pi-
qûres des soupçons et les humiliations
de la jalousie.
Lucienne s'était endormie. Sa respira-
tion était régulière, la fièvre avait cessé.
Edmond la remit parmi les oreillers,
et en pensant à toutes les souffrances
qui guettaient cet être de sensibilité
étrange, il soupira tristement :
« Elle vivra peut-être. »
Puis songeant aussi au bonheur,
qu'elle lui prodiguerait encore, il dit
presque avec joie :
— Elle vivra sûrement!
Il rentra dans le salon voisin. Lente-
ment, lentement, il ramassa une à une
les lettres éparpillées et les fleurs sé- i
chées, sorties des enveloppes.
Et les ayant réunies sous le ruban
rose, il les réintégra avec résignation
dans le tiroir aux secrets.
MYRIAM HARRY.
NOTES D'UNE
FRONDEUSE
Toujours eux!
Voilà que les voisins ont fait encore des
lmlrs — 1(>,<; excellents voisins amateurs de
drames à bon compte l
Cette fois, il ne s'agit plus de parents
barbares, qu'on laisse operer en tout repos
tant qu'ils sont en liberté et qu'on essaie
d 'iécraboitiller — en tout repos aussi —
dès que la police les tient... et maintient t
Il ne s'agit pas d inculpés « supposés inno-
cents » dit la loi, tant que verdict ne les a
pas reconnus, proclamés coupables.
Comme à fa Maison-Blanche, c'est de
conjungo !ltl'il est question aujourd'hui,
A cette différence que, là-bas, le délit était
flagrant, alors qu'ici rien n'est moins srtr.
Un teinturier, Alfred Calvé, 102, rue
de Paris, à Clichy, marié depuis deux ans
et demi, était jaloux, se croyait trompé.
. Avant-hier, des voisins t interpellent :
— WCsieu Calvé, c'est-y vot' famé que
vous cherchez ?
— Oui. Savez-vous où elle estf
— Oh 1 elle n'est pas perdue, pour sûrl
Même, sans vous offusquer, qu'elle a r air
plus contente qti'à T re.
— Où est-elle?
— A son atelier, rue de Lorraine, sans
doute. A moins que...
— Quoi?
— N vous frappez pas. Mais, tout d
même, elle a tort de sortir comme ça, dans
r quartier, avec un jeune homme. Ça rra
laser.
L homine, comme fin fou, s'est précipité
dans son logz*s ; a pris un couteau à virole ;
a dégringolé l'escalier, bousculant les voi-
sins ravis , qui s'installent au seuil de la
rue, lœil aux aguets — pour tdcher de
voir 1
Le mari, embusqué sous une porte, voit
venir à lui sa femme qui jase et rit avec
le garçon qui ne lui est peut-être rien.
Ils passent, soudain le jeune homme
s'abat. C'est l'époux qui l'a noblement
poignardé par derrière, entre les épaules ;
lui allonqe ensuite un second coup dont
s'ensanglante encore la main qui repousse,
le geste définitif!
On emporte le blessé, Ilenri Besnard,
chez sa malheureuse mère, directrice de
Vécole de la rue Martre; la jeune femme
sanglote, proteste; le « justicier » s'en va
chez le commissaire commenter son droit
à tuer les passants; on lave le rouge du
[Mié et les voisins se tordent!
Quand seront-ils poursuivis comme
complices et instigateurs ?
SÉVERINE
Dix mille francs de secours votés par le
Conseil général, pour les terrassiers en
grève, ont reçu également l'approbation
gouvernementale. Mais ce n'est pas après
ta reprise des travaux qu'il conviendra de
disiribuer des secours, car c'est tout de
suite que les enfants, les vieux, les femmes
ont faim et commencent d'avoir froid !
Est-ce pour bientôt?
Il y a peu de jours encore, le régime
auquel est soumis actuellement le colo-
nel Picquart eut parti presque normal.
Du Paty de Clam régnait sur le Palais.
Les procureurs, les chambres de justice
s'employaient avec zèle à assurer de
paisibles digestions aux chevaleresques,
aux loyaux officiers de l'Etat-major et à
poursuivre quiconque menaçait ces hon-
nêtes gens de leur créer quelque embar-
ras.
Personne alors n'eut pu s'étonner que
le colonel Picquart,qui le premier jeta le
désarroi dans leurs festins, et qui de-
meure toujours le plus inquiétant, le
plus avisé et le plus résolu de leurs
trouble-fête, fut tourmenté avec une ri-
gueur particulière.
Aujourd'hui,la persistance des sévices
contre le colonel est tout à fait inexpli-'
cable.
Voilà six jours que M. Brisson a dé-
cidé que la Loi serait remise en vigueur.
Or, avant même de punir, lq premier
but de la Loi est de protéger.
Depuis :dcux ans, sous la conduite de
ce Du Paty, sinistre et ténébreux, tout
un groupe de braves travaillent à assas-
siner le colonel Picquart par le fer et le
faux.
Vingt tentatives attestent leur com-
plot.
L'ordre donné au colonel d'aller se
faire tuer à Gabès.
La violation de sa correspondance dès
novembre 1800 jusqu'à son retour.
Le 15 décembre 1890un double crime:
La fabrication d'une fausse lettre Spe-
ranza destinée à déshonorer le colonel
et à le faire passer pour faussaire.
La feinte confiscation de cette fausse
lettre, et sa mise en réserve pour un
crime futur, dont l'occasion s'offrit au
cours de l'enquête du général de Pel-
lieux.
Le 31 mai 1897, le calligraphe patriote
Henry envoie au colonel, à Tunis, une
lettre de menaces et de chantage.
Le 10 novembre 1897 : d'Esterhazy, de
du Paty de Clam, de Marguerite Pays,
en collaboration, quatre exploits simul-
tanés :
Une lettre de chantage d'Esterhazy;
Un faux télégramme Spcranza ;
Un faux télégramme Blanche;
Une fausse lettre Blanche.
Puis, au cours des instructions Pel-
lieux Ravary, des procès Esterhazy et
Zola, et devant le conseil d'enquête,
c'est une orgie d'attentats.
Chacun impute au colonel Picquart
ses propres méfaits. Du Paty, alias la
dame voilée, qui dévalise pour Ester-
hazy les armoires du ministère, essaye
de passer la chose au compte de Pic-
quart; et, en veine de générosité, lui at-
tribue les communications aux journaux
de l'Etat-major !
Pour continuer, toute la petite famille
— dans la grande famille — du chef de
bureau au mouchenr de chandelles,
s'entend pour se parjurer avec ensemble
en justice, et témoigner que Picquart
tenta de falsifier le Petit IlIcu.
Enfin, après ces deux ans de chasse à
courre, on force le colonel Picquart avec
le dossier de quarante-huit pages,en plein
tribunal correctionnel.
Le capitaine Javey choisi au Haras
par le général Mercier, qui com-
mande la région depuis quatre ans, le
capitaine Tavernier cueilli it Marseille
parle général Zurlilldcll qui commandait
cette place lorsqu'on le fit gouverneur de
Paris, sont chargés d'accommoder le co-
lonel Picquart pour le présenter au con-
seil de guerre.
Voilà six jours que M. Brisson a dé-
cidé que la Loi serait remise en vi-
gueur.
Je vois bien qu'on opère avec une sage
lenteur contre les bourreaux de Dreyfus
et de Picquart.
Je ne m'en plains pas.
Qu'ils arrivent un peu plus tôt ou un
~ peu plus tard où leurs vertus doivent les
conduire, l'essentiel est qu'ils n'y arri-
vent que bien dûment.
On ne saurait prendre trop de précau-
tions pour tuer les gens quoi qu'en pen-
sent les patriotes dévots.
Mais cette prudence n'est plus de mise
quand il s'agit d'arracher un homme à
ses meurtriers. L'on peut toujours sus-
pendre provisoirement un assassinat.
La situation du colonel Picquart me
rappelle ce drame que je vis se dérouler
dans une baraque foraine de province.
D'intrépides trappeurs forçaient un
camp de cannibales, en train de s'ébattre
autour d'un prisonnier qu'on venait de
mettre à la broche. Le chef des intré-
pides trappeurs, calme et loyal autant
qu'intrépide, arrêtait du geste l'élan de
ses hommes.
Dans un discours plein de noblesse et
de dignité, il leur rappelait les devoirs
imprescriptibles de l'Humanité. Et son
éloquence se soutenant sans fléchir trois
quarts d'heure durant, les sauvages ra-
massaient leur tomahawks et leurs
flèches et s'en retournaient paisiblement
dans la brousse. Quant au prisonnier,
vers le milieu du discours, il n'en restait
que des cendres.
Par bonheur, le malheureux n'était fait
que de sciure de bois.
Que M. Brisson veuille bien se souve-
nir que le prisonnier des cannibales de
l'Etat-major est le colonel Picquart, un
Français innocent. - ... 1 ~~. -... 4
BRADAMANTE
La Potinière
Des chiffons...
Mais oui, c'est le moment d'en parler. On
rentre, on est rentré et, devant la porte des
fournisseurs chics, les files de voitures s'al-
longent.
Chez la modiste Alphonsine c'est un vrai
concours d'élégances.
Les mondaines dans le mouvement, les
demi-mondaines haut cotées se donnent ren-
dez-vous,avant l'heure des thés et des visites,
dans les salons'de la rue St-Honoré.
Et on papote... et on jacasse...
« Venez donc par ici, ma chère, voir ces
étoles de chinchilla. »
— Comment? des étoles de fourrure chez
une modiste?
— Parfaitement; et faites avec une grâce,
une légèreté dont aucun fourreur n'est capa-
ble 1
c: Tiens, Mme de X... Elle est donc déjà de
retour ?
Comment, vous ne savez pas, mais tout ce
qui touche au théâtre espagnol l'intéresse.
Elle est rentrée pour la première de la Gucr-
rero. Non pas celle des Folies ??? Bergère
qui est en toc... Celle de la Renaissance qui
est en vrai et fera courir tout Paris.
Bien jolie Mme de X... Regardez-la essayer
ce chapeau de feutre blanc, couvert de vio-
lettes de Parme, Voulez-vous que je vous pré-
sente ?
— « Impossible, il est 5 heures, je n'ai que
le temps de me précipiter chez Raudnitz, qui
me fait une toilette dj dîner en panne blanche
sur jupe de haute dentelle... un bijou!
On va donc reporter des dentelles ? Malgré
ce que disait le Gaulois de ce matin ?
— c: Des dentelles ? Dites à celles de vos amies
qui en possèdent de les sortir de leurs armoi-
res : robes de bal, de soirées, de diner, en se-
ront couvertes. Mais c'est surtout comme ju-
pes de dessous qu'on les emploiera.
Le duc de Massa a donné hier au château de
Franconville sa fête artistique annuelle.
Une jolie gaîté de fleurs, de lumières, de toi-
lettes et de musique — la musique du duc
de Massa bien entendu.
Artistique autant que luxueuse. Les mon-
daines attendent avec une hâte curieuse, le
retour de cette fête. Elles ne manquent pas de
faire un succès au duc qui, lui, paraît-il, ne
leur en fait aucun. Pas rancuneuses du tout,
les petites mains gantées de Suède ont ap-
p!au*S une comédie de Labiche : la Station de
Champ/Jaudct, que le maître de la maison,
suivant son impardonnable habitude, avait
ornée de quelque musique.
Les amies du duc de Massa sont ravies des
invitations qui les amènent à Franconville.
Pensez donc, c'est le seul tribut que le châte-
lain rend à leur sexe.
Une toilette entre cent, vue là-bas : jupe mous-
seline de soie blanche cerclée de plusieurs
rangs de zibeline. De la zibeline aussi au cor-
sage; décolleté ouvert sur la plus attrayante
des gorges. Sur le côté, touffe d'orchidées
cueillies dans la serre.
Par là-dessus, à la sortie, un manteau tout
en zibeline, tout à fait dernier cri.
0
L'infante Eulalie, fille de la reine Isabelle
d'Espagne, est attendue à Paris ces jours-
ci. Elle revient de la Suisse avec ses deux
enfants.
L'infante s'installera boulevard des Inva-
lides, dans un appartement très discret. Finis
les séjours dans les hôtels chics des Champs-
Elysées où vraiment il descend trop de tous
les mondes.
Il y a bien le palais de Castille, mais il n'est
pas trop grand pour les services ordinaires,
extraordinaires et imprévus de l'infatigable
souveraine.
Teuf, teuf, teuf... je me gare. C'est un auto-
mobile qui passe. Une trompe distinguée,
maniée par la main aristocratique de M. Ar-
thur Meyer,jette de petits cris précieux comme
l'aimable directeur lui-même.
Toujours fringante, toujours unique la voi-
ture de M. Arthur Muyer. Elle a déjà son pe-
tit succès, mais qu'est-ce que ça sera dans
quelques jours ?
On dit que le porte-parole et le porte-dra-
peau du « Roy » se fait construire un autre
automobile qui achèvera de le distinguer.
Celui-ci aura la forme d'un cab et pOl tera à
l'avant le Coq gaulois, qui vaut bien après
tout un blason.
FRISETTE.
CHOSES DE L' ENSEIGNEMENT
Le Congrès de Rennes
La Ligue française de l Enseignement
tient en ce moment, à Rennes, son 18"
congrès annuel.
La municipalité, qui nous a invités,
nous fait un accueil brillant et cordial.
De la gare à la mairie où se tiendront les
séances plénières,les mâts à oriflammes,
les écussons, les trophées de drapeaux
annoncent que la ville est en fête.
Le premier acte d'un Congrès, c'est de
mettre en relations la ville et ses hôtes,
aussi à peine débarqués, le président de
la Ligue, les délégués du ministère de
l'Instruction publique et des Sociétés les
plus importantes et les « rapporteurs »
sont reçus à la mairie. Accueil réconfor-
tant, après un voyage de sept heures :
bière excellente, Champagne pétillant;
demain tout marchera comme sur des
roulettes.
Demain... C'est aujourd'hui. Il y a
beaucoup de monde. Outre les délégués
des Sociétés qui enveloppent la France
entière d'un réseau protecteur; outre
beaucoup d'iifdividus venus pour leur
propre compte, 150 Sociétés locales ont
adhéré au Congrès.
Et puis... grand progrès ! il y a beau-
coup de femmes. Il y en a plus que je
n'en avais jamais vu dans les réunions
de ce genre,
C'est que l'idée marche ! C'est que
nous ne sommes plus au temps où le
mot « instituteur » au lieu de s'appliquer
à tout individu — homme ou femme —
qui enseigne dans une école, était un
qualificatif exclusivement réservé au
sexe masculin.
Naguère encore,les conférences mixtes
d'instituteurs et d'institutrices étaient
vues d'assez mauvais œil, et les femmes
n'assistaient 4ffl au tope
ce « naguère » est si près de nous, qu.¡t:7''"
faut un certain courage moral à une ins-
titutrice pour qu'elle adhère à un Con-
grés, et beaucoup d'audace pour qu'elle
y prenne la parole, même lorsque la
question l'intéresse particulièrement,
même quand son intervention est néces-
saire pour élucider un point resté obs-
cur.
Mais, je le répète, nous sommes en
progrès; même en Bretagne.
Selon les habitudes de la Ligue, les
questions proposées au Congres sont
préalablement étudiées par des mem-
bres choisis ou acceptés par le Conseil
général de la Société. Leur travail, et
les « résolutions » qui l'accompagnent
sont imprimés, distribués aux congres-
sistes, et servent de base à la discussion
des commissions. Les commissions ac-
ceptent en bloc, ou elles amendent, et le
Congrès réuni en séance plénière vote
en dernier ressort.
Voicile programme du Congrès actuel :
1° Propagande générale de la Li^u-\ — Patro-
nage démocratique de la Jeunesse françaisi1. —
xVss'tciations d'anciens élèves. — M. Ciiaufour,
rapporteur.
2° Etu/le des mêmes questions en ce qui con-
cerne particulièrement la jeune tille. — lk l'é-
cok au ménage. — Mlle Salt't'ny. rapn'uton'.
3' Cooprr.ition des professeurs de l'Enseigne-
ment supérieur et secon laire à t'œuvrc de l'édu-
cation populaire. (Extension universitaire.} —
M. Chauvelon, rapporteur.
4" Fréquentation :::rolaire, —Elude des moyens
propres à assurer l'application plus exacte 11 e 1 a loi
d'obligation. — Réorganisation des commissions
scolaires et des délégations cantonales. — llôle.
de la femme dans les délégations. — M. Léon
Robelin, rapporteur.
5" Lectures populaires. — Vœux divers. — M.
Edouard Petit, rapporteur.
J'envoie ces quelques lignes pour
prendre rang. A demain, aux jours sui-
vants, un compte-rendu sérieusement
circonstancié.
PAULINE KERGOMARD.
LiRE à la Tribune de la « FiUCÔiUK »
« L"Emancipation do la F cm-.lin
en Tarquie »
Par .TAC.OLI LINK.
On dit...
DANS LES MINISTÈRES
M. Mllruéjouls, ministre du Commcn'b,
vienl de faire signer, sur la proposition de
M. Mougeot, sous-secrélaire d'Etat des pos-
tes et des télégraphes, un décret ayant
pour but de hâter et de simplifier les règle-
ments de comptes entre les buivaux de
poste et les expéditeurs de valeurs zt recou-
vrer.
Avant ce décret, lorsqu'une valeur avait
été réexpédiée par suite de changement do
résidence du débiteur, le bureau de poste
de la nouvelle résidence qui encaissait 'es
fonds devait, les transmettre à l'expéditeur
par l'intermédiaire du bureau auque! l'en-
voi avait été d'abord adressé.
Sous le régime du décret, cet intermé-
diaire est supprimé et la somme versée
sera envoyée directement du bureau qui
encaisse à l'expéditeur.
—o—
La première séance de la commission (T*,
la paix, aura lieu aujourd'hui à 2 heures au
ministère des Att'aires étranpéres.
C'est dans la grande galerie des fêtes du
palais du quai d'Orsay, que les commis-
saires tiendront leurs assises. Cette saterie,
décorée blanc et or, est située au rez-de-
chaussée du ministère et prend jour par
cinq grandes fenêtres sur les jardins parti-
culiers.
line large baie donne accès dans un grand
salon rouge, ayant vue sur la cour d'lion-
neur.
(,.o salon sera également mis à , la dtspos.-
tion des commissaires.
Rien n'a été négligé pour assurer a cet
derniers toutes les commodités d.'sirabtes.
Un maître d't)'''te) du ministère a été mis à
leur disposition pour assurer le service d'un
buffet qui sera installé dans un angle, de lt
grande galerie.
Les. séances seront absolument secrètes.
DANS LES EGLISES
Hier à midi, ont été célébrées en l'église
St-Honoré ,l'Eylau los obsèques de Mme
ArthL')nc Fayard, Fayard. connu, décédée à la suite d une longue ma.
ladie à l'Age de Ji ans.
Le deuil était conduit par M. Arlhème
Fayard, mari de la défunte.
A L'ÉTRANGER
Le roi des Belges recevra sa medi les mena»
bras de la conférence internationale de droit
maritime dont la session s'est ouverte
jeudi à Anvers..
La réception aura lieu au palais a*
Bruxelles, à midi moins un quart.
—o —
L'empereur d'Allemagne a abattu il y ê
quelques jours le plus grand cerf qu'on ut
■•;■> • . ': •- N'JSS^^^T ^ViVr -^'i - ';.Wv
/ *..._.-...' •^'r;M; <£* ^ f '11 v .••-'àûjÉÉÉF' •* "SAINT RtMy ■ 1E NUMÉRO : CINQ centime?
nenviftiln iUUffV V* 409 ..Vï.:>r . >-«..- - n V-J» ■■ ; ■ .- J"",;;, ~ - 2*™^ "•flBrfK,. ■ "7* I wJJ«*iBtï& • ■ __ . - = • --- - —*■-
•.* ;- .ouHMi
.. VKNDÈMlAlRE AN Çiw£
.♦ , - ' \
vv4 ? . ClLiIDIIb ..TESt" V
Sii, '^j.". p^p^n ^ %
'<*+*■'• PROTORBE*lv,2r7. '
CALENDRIER RUSSI
i9 SEPTEMBRE 1893
^^-~V" V V
CALENDRIER ISRAÉLITE
ANNÉ& 5659, 15TISGHRI
*r j'. •" ~ ^ " .; ,.•■ il ^ — (I Direction et Administration : 14, rue Saint-Georges*
» - Prti dim Abonnements : I *'"■ . , '•„ « intii ■ Téléphone 221.71
* Un AD ÎÔ fr. fil Mois 10 fr. 50 Trois Mois 5 fr. 50. I pIREOTl^GS ». :...' VERITB DURAND Il Les annonces sont reçues aux Bureaux du Journal et chez Lagrange et Cort.
à- 12 fr. ! - ££ : Lw -."«L' V * ... 6, place de la Bourse, Parie.
LA FBOUBK, journal quotidie®»
politique, littéraire, est diriP.
administré, rédigé, compose par
. des femmes.
Carnet du Mois
OCTOBRE. — Le Scorpion.
Samedi 1- octobre.
, ris do 7 heures du matin à 6 heures du matin à 3 h.
marchés U Souccoth ou fêtes
jKi«"n£.-Sl« Musulmans mort
-
&£SS^-Itoni£ J?mdœ gralides «.)' jour eaux de
Saint-Cloui! et (le Versailles.
* r .» Fin des vacances. "™ Rentrée des
rte. boul'Ses - Dcrnirrde la
Ville -le Paris.
• j • /> Chez les Musulmans. célébration
d*™iîr^Ss'lS.tmSpïc1devenue fête rch-
gieuse.
Vendredi 7. - Chez les Israélites IIoschana
Habba.
samedi R, - chez les Russes mort de Saint-
j«.an. - Pour les Israélites Schmini Alzcreth,
ft'-tc de dûlurc.
Dimanche 9. - F,Ho de la Maternité de la
Vicr"!'. — Exposition des corps les b. b. Denys,
RuslTque et Elenthère. - lp "riah
martyre. 10, rue Antoinette. ,— bain nat i oridu
fi t - .Ie la Loi chez les Israélites. - Manifesta-
tion patriotiliuo à Uagneux (Combat du 13 oc-
tu lire 71i: .
Mercredi le. - 47" anniversaire de la mort de
!a reine Louise Marie.
Jeudi l ". — Patronage de Théotokos.
S'tmcrl¿ 1 ;;. — Rentrée des cours et tribunaux.
- sSfu.'-Vhcris», grande solennité dans tous
les carmels. — Ouverture des registres d ins
cription pour l'obtention des dispenses univer-
sitaires.
lJima"c"c 16. - Ouverture des squares de 8 h.
à ti lieUr. s.
Liniffi, 17. — Réouverture des Bibliothèques de
HnsUtut, et du Jardin des Plantes.
Mardi 18. - Fête des peintres. Procession
de Sainl-Eur à Dieppe. - Fête de naissance de
la princesse Joséphine (BclgifJue;,.
Mercredi 19. - Les Américains déposent des
fleur.* et des drapeaux sur le tombeau de La-
l'ayetl'^ au cimetière de Pirpus, à 1 occasion de
la victoire de Yorktown (1781;.
Jeudi 'lU. — Interdiction de la pèche de la
truite.
Mardi e.;. - Manifestation devant le monu-
ment du champ de bataille au Bourgct.
Mercredi :?Ii. — Dernière visite de l'ann. e aux
E'/ouls. - Examens d'admission a 1 Ecole des
Chartes.
Jeudi - Vië'!o des S. S. Simon et Jude.
Vendredi m. — Anniversaire de l'entrée triom-
phate de Napn'édii à Berlin. — 40' anniversaire
de 1.\ princesse Blanche d'Orléans.
Samedi •.•"1. — Messe solennelle suivie d'un Te
li,-uni à Y-, c - ision de l'anniversaire de la préser-
v;itioii il : a famille impériale de Russie lors de
la catastrophe de liurki en ÎS--^.
lIi",fll,,'ha ::n. — Service sulennel il l'église
Saint Mil hel à l'occasion de l'aiiiiiv.,-i,s;iîre de la
maiU" d., Dijlln. 30 octobre 7U,
Lundi )l. — Vigile de la Toussaint. — Fin de
"an III':" milillirc. — Dernier jour d inscription
liour les demandes de dispenses des droits d ins-
' . cription dans les facultés et les eeoies supé-
ricnr.-s de France.
Aujourd'hui
Samedi 1" octobre
Courses à Aultuil.
Adoration perpétuelle à C/ultilloll.
Ouverture du Nouveau Théâtre de la rue
m.u.ch(' avec Rembrandt.
Réouverture du Cirque d'hiver.
Sfiuccfith ou Fête des Tabernacles chez les
Musulmans. Mort d'Ali,
Au Coiuvrt Colonne. 2' représentation des
Œuvres de Uerlioz, avec la Prise de Troie.
A 9 h. 112. salle du Trianon. 80. boulevard no-
clierhouari. Conférence publique, organisée par
la Petite luim/dhiue, pur citoyen Jean Jaurès,
L'ail'aire Divvfus et le :o'.,rÍ;di:;rnt!,
ÉPHÉMÉRIDES
Mort de Mme Daubenton
1" octobre 181ft
I.a femme du céiï-bre naiuralisle fut un ecn
,rniti flirt renommé en son tt-iiii s: elle composa
plusieurs romans dont titi. lé/ÍI: d
R'-vol u lion.
fJuan" Daui enton mourut, elle fut autorisée
à continuer d!:nhit<'r la maison oùclle demeura
jusqu'à s:t mort, l" octobre 1818.
Chaque malin, elle montait la petite colline
du j >r lin des Plantes, et allait se recueillir près
du 'monument élevé à la mémoire de Dauben-
tfl!!, Elle mourut presque centenaire avec toute
sa lucidité d'esr»rit.
M.-L. N.
In Extremis
Depuis plusieurs jours que la fièvre
CaUtaH, Lucienne n avait pas repris le
sentiment de soi-m^me. Son mari, Ed-
momt, frappé en plein bonheur, en plein
amour, suivait les phases de la maladie
avec une consternation hébétée.
Incapable de retrouver ses idées en
dehors d'Kile, il errait, désœuvré, dans
l'appartement rendu immense par le
silence ol l'anxiété, et revenait toujours
à la chambre, où Lucienne, émaciée et
ex «an vue, auréolée de l'envolée de ses
cheveux blonds, presque antique de
douceur et de pureté, somnolait parmi
les blancheurs. Il posait ses lèvres pieu-
sement sur la petite main aux veinules
b!euatres, puis, il s'éloignait sur la
pointe des pieds, intimidé par la garde-
malade, navré et maladroit, son grand
corps tanguant comme un bateau désem-
pare : et ses bras vigoureux, n'ayant
plus rien à étreindre, se balançaient en
détresse.
Cette nuit là, Edmond insista pour
veiller sa femme lui-môme.
Enfoncé dans un fauteuil, il contempla
amoureusement les traits fins de Lu-
cienne, spiritualisés par l'indécise lueur
de la lampe et tellement enfantins, qu'il
sp demanda si cette toute petite fille,
perdue dans ce grand lit, était réelle-
ment sa femme.
Et il se la rappela, telle qu'il l'a-
yait vue oour la crémière lois, frêle,
fluette, pâle, avec le regard profond de
ses grands yeux candidement étonnés.
Epris de la beauté morale, qu'il devinait
derrière sa fragilité physique, il l avait
épousée, sûr d'avance de trouver par
elle tous les bonheurt et tous les accom-
plissements.
Pendant ces six années de vie com-
mune elle n'avait déçu aucune de ses
espérances. La jugeant franche, loyale,
aimante, il se persuada qu'elle s'était
donnée à lui, pour la vie, — à lui seul.
Dans son besoin d'illusion, il avait fait
d'elle le rêve vivant de sa vie de rêves,
sans jamais s'inquiéter si vraiment elle
fut celle qu'il chantait dans ses sonnets
et ses hymnes passionnés. Lucienne,
orgueilleuse de ces poèmes, n avait ja-
mais consenti à les profaner par la pu-
blication, elle-les cachait jalousement, les
appelant ses « titres de noblesse », les
lisait de temps en temps pour « s'inves-
tir de ses pouvoirs, » comme elle disait.
Et maintenant, Edmond, en face de la
malade, songea mélancoliquement à ces
vers. Il eut l'idée de les relire. Il prit les
clefs du petit meuble qui les recélait et
entra dans la chambre voisine. Il ouvrit
le secrétaire de Lucienne et faisant jouer
le tiroir secret, il en tira une liasse soi-
gneusement enrubannée. Il dénoua l'at-
tache. Une glane de lettres éparses jon-
cha la tablo.
Edmond regarda à deux fois. Il s'était
trompé, ce n'étaient passes vers, et pour-
tant il savait que Lucienne les plaçait là,
toujours. Il ne connaissait par ces lettres
au nom et à l'adresse de sa femme, et
dont l'écriture lui inspira, instinctive-
ment une animosité aiguë.
Lucienne, si bonne, aurait-elle reçu et
caché chez elle la correspondance d'une
amie coupable? Non, car elle lui en au-
rait parlé; et pourtant il ne pouvait s 'i-
maginer autre chose. Mais ce qui peina
Edmond plus encore que cette cachotte-
rie ce fut l'idée, qu'elle avait réservé à
ces lettres, indifférentes, sans doute, le
petit sanctuaire dont maintenant ses
vers à lui étaient bannis. Il voulait re-
mettre le paquet, se promettant de la
questionner plus tard. Mais, énervé par
cette incertitude, qui se prolongerait
peut-être, et dans le but de l'innocenter
promptement (quelque chose en lui et
qui n'était pas lui l'accusait déjà) il dé-
plia avec une hâte fébrile les feuilles,
qu'une lecture assidue avait froissées.
Les lettres étaient bien destinées à sa
femme.
Une lassitude le courbatura; une in-
tense douleur dans la tête l'empêcha
presque de lire.11 lui sembla qu'une par-
celle de son cerveau se désagrégeait avec
chaque ligne et qu'une goutte de sang
tombait de son cœur sur chaque mot.
Machinalement, il essuya le papier avec
son mouchoir, alors il vit qu 'il s était
trompé, que ses larmesseulement avaient
coulé le long de ses joues, sans qu'il s'en
s'en aperçût.
Il s'affala sur une chaise, croyant mou-
rir, et, inconscient, il balbutia :
« Lucienne, Lucienne !
Peu à peu, l'image de sa femme lui re-
vint ; son regard admirablement lim-
pide répondait à l'appel de ses yeux ; il
vit ses lèvres, un peu dédaigneuses, s'é-
panouir en un sourire lumineux, et son
jeune corps, harmonieux et chaste, fris-
sonnait pour lui. Et il gémit :
— Non, c'est impossible ! Tout. autre,
oui. Mais elle non, elle n'a pas pu me
trahi r '
Pourtant les lettres étalaient irréfuta-
blement sa faute. Alors l'autre se pré-
senta à son esprit. Une jalousie atroce
la tenailla, car il savait maintenant
qu'elle s'était donnée à 1'« autre » comme
elle s'était donnée à lui, avec les pudeurs
de sa chair amoureuse et les tendresses
infinies de son âme rêveuse. Et il pensa
que, tandis qu'il s'était confiné dans une
fidélité absolue et dérisoire, elle avait
ouvert la porte de son cœur à un étran-
ger et l'intrus avait marché parallèle-
ment avec lui dans l'amour de cette
femme — sa femme.
— « La voleuse »!
D'un violent zeste il éparpilla les let-
tres qui couvrirent le tapis, pareilles
aux pétales disséminés d'une grande
Heur. Il eut un rire douloureux.
— « Voilà comment s'effeuillent mes
illusions — en bloc! »>
Une tension de tous ses muscles avait
succédé à son abattement. Une colère
furibonde le secoua, et sa haine sauvage
s'exaspéra de ne pouvoir tuer Vautre. Il
n'avait jamais soupçonné son existence,
il ne connaissait même pas son nom.
Mais, n'était-ce pas elle, la vraie cou-
pable ?
Aucun châtiment ne pourrait assez
punir son crime.
Il voulait l'étrangler de ses mains, la
flétrir d'injures que l'on emploie pour les
filles, démentir l'impudique pureté de
ses yeux, la figer pour l'éternité dans
son mensonge. Edmond s'élança vers la
chambre de Lucienne. Mais un regard
vers le lit, Imr lit, le fit trembler comme
un roseau, ses jambes oscillèrent ; et sen-
tant qu'il allait tomber comme une
masse devant ce lit, il se retourna brus-
quement pour s'enfuir.
Sa colère s'était déjà dissipée. Le be-
soin de s'en aller d'elle, de quitter cette
maison à tout jamais, devint impérieux.
Du reste, la délaisser ainsi, c'était la
tuer. Et il pensa avec une amère satis-
faction qu'elle se réveillerait tout à
l'heure et que le nom de l'autre sur les
lèvres, elle l'appellerait cependant, lui,
avec l'enjôlement perfide de sa voix. Le
silence seul répondrait à ses supplica-
tions, et elle connaîtrait les affres de
l'abandon.
La main sur le bouton de la porte, Ed-
mond murmura :
— Et puis! qu'elle l'appelle et elle
verra s'il vient à son secours!
Un cri long, douloureux, implorant,
craintif, vibra à travers la nuit.
— « Henri 1 »
Edmond tressaillit, atterré. Ce nom, il
l'aval lu en bas des lettres. Il s'enfonça
dans son cœur comme un trait et le
cloua contre la porte.
Immobile, hagard, il écoutait ce nom
s'échapper des lèvres de sa femme et se
répercuter parmi les murs, témoins jour-
naliers de son adoration. Comme il la
reconnaissait bien cette voix persuasive,
tendre, caressante ! Finalement épuisée
elle se traînait, pleurait, suffoquait :
« Henri ! Renri ! Henri !... »
Le dernier cri s'exhala comme un
râle.
Edmond écoutait toujours.
Le silence enveloppa de nouveau la
maison.
Edmond crut se réveiller d'une terrible
opération, dont il subissait encore l'en-
gourdissement.
Il porta la main à son cœur, il regarda
la pendule. Il entendit l'incessant tic-tac,
mais il ne put distinguer s'il provenait
des pulsations de son cœur. Hen-ri,
Hen-ri, était-ce son cœur ou bien la pen-
dule qui martelait ainsi les secondes?
Un gémissement plaintif le rappela à
la réalité. Il jeta son chapeau et fut au-
près de Lucienne.
— Tu souffres, ma chérie !
Elle cessa de geindre,et se relevant fai-
blement, elle étendit ses bras vers lui,
tandis que ses yeux le fixaient d'un re-
gard infiniment doux, mais aussi plein
de vaguer reproche-".. - * .
Il s'assit sur le lit. Elle, toute frisson-^
nante, se blottit contre lui, cherchant la
place de son cœur pour y reposer sa
tête brûlante. Et à voir ce pauvre petit
corps qui semblait se fuir lui-même et se
réfugier auprès d'un autre fort et protec-
teur, Edmond sentit éclore en lui une
pitié profonde; et mettant ses bras au-
tour d'elle, il la berça doucement sur sa
poitrine.
Lucienne, silencieuse, mais comme ins-
tinctivement heureuse, se serra plus
étroitement contre lui. Edmond avec une
ironie triste, mais sans rancœur se de-
manda : «Est-moi ou lui qu'elle étreint?))
Puis, cherchant des excuses à sa fai-
blesse il pensa : « Elle s'est trouvée aux
prises avec l'inexorable fatalité ; elle a
été envoûtée par les lois mystérieuses
de l'amour, et son corps frêle n'a pas su
résister à son cœur trop puissant et trop
fécond en tendresses. J'aurais dû, comme
un frère, éloigner d'elle les tentations,
mais je me suis contenté d'être son chan-
tre et son amant. J'ai préféré mon illu-
sion à Elle ; afin de flatter mon orgueil et
d'endormir ma responsabilité je l'ai rêvée
parfaite. Non, elle n'est pas coupable ;
seule, ma confiance présomptueuse est
fautive.
Et poursuivant son œuvre d'innocen-
tation, il songeait : « Je l'ai accusée do
mensonges et de trahisons. Elle a peut-
être été franche et sincère dans ses deux
affections. Son âme appartient à un
monde autre que le mien et ses états
d'amour sont différents des miens. Elle
a rêvé l'infini; elle n'a pas voulu murer
son cœur dans un unique et égoïste
bonheur.
Non, ce n'est pas une voleuse, elle ne
m'a rien dérobé, elle m'a donné la part
d'amour qu'un homme peut réclamer de
la vie, et encore je suis un élu. Si elle ne
possède pas Vhonnêteté de la femme ver-
tueuse, elle a la loyauté des vraies amou-
reuses,la loyauté de ne pas faire souffrir
cenx qu'elle aime. Bien mesquin le
bonheur de posséder une femme fidèle
et qui, sous le prétexte de n'appartenir
qu'à son mari, meurtrit le cours de sa
vie!
« Ali ! petite Lucienne, combien tu es
délicieuse... (Edmond sentit ses doigts
d'enfant passer dans ses cheveux) petite
Lucienne combien tu es plus adorable
avec tes caresses félines, tes yeux noyés
de rêve, et ton amour énigmatique ! »
Et il songea que dans la noblesse de
son âme, elle avait dû saigner, d'amon-
celer ainsi toutes les hontes de la trahi-
son et toutes les terreurs du mensonge ;
tandis qu'à lui, elle avait épargné les pi-
qûres des soupçons et les humiliations
de la jalousie.
Lucienne s'était endormie. Sa respira-
tion était régulière, la fièvre avait cessé.
Edmond la remit parmi les oreillers,
et en pensant à toutes les souffrances
qui guettaient cet être de sensibilité
étrange, il soupira tristement :
« Elle vivra peut-être. »
Puis songeant aussi au bonheur,
qu'elle lui prodiguerait encore, il dit
presque avec joie :
— Elle vivra sûrement!
Il rentra dans le salon voisin. Lente-
ment, lentement, il ramassa une à une
les lettres éparpillées et les fleurs sé- i
chées, sorties des enveloppes.
Et les ayant réunies sous le ruban
rose, il les réintégra avec résignation
dans le tiroir aux secrets.
MYRIAM HARRY.
NOTES D'UNE
FRONDEUSE
Toujours eux!
Voilà que les voisins ont fait encore des
lmlrs — 1(>,<; excellents voisins amateurs de
drames à bon compte l
Cette fois, il ne s'agit plus de parents
barbares, qu'on laisse operer en tout repos
tant qu'ils sont en liberté et qu'on essaie
d 'iécraboitiller — en tout repos aussi —
dès que la police les tient... et maintient t
Il ne s'agit pas d inculpés « supposés inno-
cents » dit la loi, tant que verdict ne les a
pas reconnus, proclamés coupables.
Comme à fa Maison-Blanche, c'est de
conjungo !ltl'il est question aujourd'hui,
A cette différence que, là-bas, le délit était
flagrant, alors qu'ici rien n'est moins srtr.
Un teinturier, Alfred Calvé, 102, rue
de Paris, à Clichy, marié depuis deux ans
et demi, était jaloux, se croyait trompé.
. Avant-hier, des voisins t interpellent :
— WCsieu Calvé, c'est-y vot' famé que
vous cherchez ?
— Oui. Savez-vous où elle estf
— Oh 1 elle n'est pas perdue, pour sûrl
Même, sans vous offusquer, qu'elle a r air
plus contente qti'à T re.
— Où est-elle?
— A son atelier, rue de Lorraine, sans
doute. A moins que...
— Quoi?
— N vous frappez pas. Mais, tout d
même, elle a tort de sortir comme ça, dans
r quartier, avec un jeune homme. Ça rra
laser.
L homine, comme fin fou, s'est précipité
dans son logz*s ; a pris un couteau à virole ;
a dégringolé l'escalier, bousculant les voi-
sins ravis , qui s'installent au seuil de la
rue, lœil aux aguets — pour tdcher de
voir 1
Le mari, embusqué sous une porte, voit
venir à lui sa femme qui jase et rit avec
le garçon qui ne lui est peut-être rien.
Ils passent, soudain le jeune homme
s'abat. C'est l'époux qui l'a noblement
poignardé par derrière, entre les épaules ;
lui allonqe ensuite un second coup dont
s'ensanglante encore la main qui repousse,
le geste définitif!
On emporte le blessé, Ilenri Besnard,
chez sa malheureuse mère, directrice de
Vécole de la rue Martre; la jeune femme
sanglote, proteste; le « justicier » s'en va
chez le commissaire commenter son droit
à tuer les passants; on lave le rouge du
[Mié et les voisins se tordent!
Quand seront-ils poursuivis comme
complices et instigateurs ?
SÉVERINE
Dix mille francs de secours votés par le
Conseil général, pour les terrassiers en
grève, ont reçu également l'approbation
gouvernementale. Mais ce n'est pas après
ta reprise des travaux qu'il conviendra de
disiribuer des secours, car c'est tout de
suite que les enfants, les vieux, les femmes
ont faim et commencent d'avoir froid !
Est-ce pour bientôt?
Il y a peu de jours encore, le régime
auquel est soumis actuellement le colo-
nel Picquart eut parti presque normal.
Du Paty de Clam régnait sur le Palais.
Les procureurs, les chambres de justice
s'employaient avec zèle à assurer de
paisibles digestions aux chevaleresques,
aux loyaux officiers de l'Etat-major et à
poursuivre quiconque menaçait ces hon-
nêtes gens de leur créer quelque embar-
ras.
Personne alors n'eut pu s'étonner que
le colonel Picquart,qui le premier jeta le
désarroi dans leurs festins, et qui de-
meure toujours le plus inquiétant, le
plus avisé et le plus résolu de leurs
trouble-fête, fut tourmenté avec une ri-
gueur particulière.
Aujourd'hui,la persistance des sévices
contre le colonel est tout à fait inexpli-'
cable.
Voilà six jours que M. Brisson a dé-
cidé que la Loi serait remise en vigueur.
Or, avant même de punir, lq premier
but de la Loi est de protéger.
Depuis :dcux ans, sous la conduite de
ce Du Paty, sinistre et ténébreux, tout
un groupe de braves travaillent à assas-
siner le colonel Picquart par le fer et le
faux.
Vingt tentatives attestent leur com-
plot.
L'ordre donné au colonel d'aller se
faire tuer à Gabès.
La violation de sa correspondance dès
novembre 1800 jusqu'à son retour.
Le 15 décembre 1890un double crime:
La fabrication d'une fausse lettre Spe-
ranza destinée à déshonorer le colonel
et à le faire passer pour faussaire.
La feinte confiscation de cette fausse
lettre, et sa mise en réserve pour un
crime futur, dont l'occasion s'offrit au
cours de l'enquête du général de Pel-
lieux.
Le 31 mai 1897, le calligraphe patriote
Henry envoie au colonel, à Tunis, une
lettre de menaces et de chantage.
Le 10 novembre 1897 : d'Esterhazy, de
du Paty de Clam, de Marguerite Pays,
en collaboration, quatre exploits simul-
tanés :
Une lettre de chantage d'Esterhazy;
Un faux télégramme Spcranza ;
Un faux télégramme Blanche;
Une fausse lettre Blanche.
Puis, au cours des instructions Pel-
lieux Ravary, des procès Esterhazy et
Zola, et devant le conseil d'enquête,
c'est une orgie d'attentats.
Chacun impute au colonel Picquart
ses propres méfaits. Du Paty, alias la
dame voilée, qui dévalise pour Ester-
hazy les armoires du ministère, essaye
de passer la chose au compte de Pic-
quart; et, en veine de générosité, lui at-
tribue les communications aux journaux
de l'Etat-major !
Pour continuer, toute la petite famille
— dans la grande famille — du chef de
bureau au mouchenr de chandelles,
s'entend pour se parjurer avec ensemble
en justice, et témoigner que Picquart
tenta de falsifier le Petit IlIcu.
Enfin, après ces deux ans de chasse à
courre, on force le colonel Picquart avec
le dossier de quarante-huit pages,en plein
tribunal correctionnel.
Le capitaine Javey choisi au Haras
par le général Mercier, qui com-
mande la région depuis quatre ans, le
capitaine Tavernier cueilli it Marseille
parle général Zurlilldcll qui commandait
cette place lorsqu'on le fit gouverneur de
Paris, sont chargés d'accommoder le co-
lonel Picquart pour le présenter au con-
seil de guerre.
Voilà six jours que M. Brisson a dé-
cidé que la Loi serait remise en vi-
gueur.
Je vois bien qu'on opère avec une sage
lenteur contre les bourreaux de Dreyfus
et de Picquart.
Je ne m'en plains pas.
Qu'ils arrivent un peu plus tôt ou un
~ peu plus tard où leurs vertus doivent les
conduire, l'essentiel est qu'ils n'y arri-
vent que bien dûment.
On ne saurait prendre trop de précau-
tions pour tuer les gens quoi qu'en pen-
sent les patriotes dévots.
Mais cette prudence n'est plus de mise
quand il s'agit d'arracher un homme à
ses meurtriers. L'on peut toujours sus-
pendre provisoirement un assassinat.
La situation du colonel Picquart me
rappelle ce drame que je vis se dérouler
dans une baraque foraine de province.
D'intrépides trappeurs forçaient un
camp de cannibales, en train de s'ébattre
autour d'un prisonnier qu'on venait de
mettre à la broche. Le chef des intré-
pides trappeurs, calme et loyal autant
qu'intrépide, arrêtait du geste l'élan de
ses hommes.
Dans un discours plein de noblesse et
de dignité, il leur rappelait les devoirs
imprescriptibles de l'Humanité. Et son
éloquence se soutenant sans fléchir trois
quarts d'heure durant, les sauvages ra-
massaient leur tomahawks et leurs
flèches et s'en retournaient paisiblement
dans la brousse. Quant au prisonnier,
vers le milieu du discours, il n'en restait
que des cendres.
Par bonheur, le malheureux n'était fait
que de sciure de bois.
Que M. Brisson veuille bien se souve-
nir que le prisonnier des cannibales de
l'Etat-major est le colonel Picquart, un
Français innocent. - ... 1 ~~. -... 4
BRADAMANTE
La Potinière
Des chiffons...
Mais oui, c'est le moment d'en parler. On
rentre, on est rentré et, devant la porte des
fournisseurs chics, les files de voitures s'al-
longent.
Chez la modiste Alphonsine c'est un vrai
concours d'élégances.
Les mondaines dans le mouvement, les
demi-mondaines haut cotées se donnent ren-
dez-vous,avant l'heure des thés et des visites,
dans les salons'de la rue St-Honoré.
Et on papote... et on jacasse...
« Venez donc par ici, ma chère, voir ces
étoles de chinchilla. »
— Comment? des étoles de fourrure chez
une modiste?
— Parfaitement; et faites avec une grâce,
une légèreté dont aucun fourreur n'est capa-
ble 1
c: Tiens, Mme de X... Elle est donc déjà de
retour ?
Comment, vous ne savez pas, mais tout ce
qui touche au théâtre espagnol l'intéresse.
Elle est rentrée pour la première de la Gucr-
rero. Non pas celle des Folies ??? Bergère
qui est en toc... Celle de la Renaissance qui
est en vrai et fera courir tout Paris.
Bien jolie Mme de X... Regardez-la essayer
ce chapeau de feutre blanc, couvert de vio-
lettes de Parme, Voulez-vous que je vous pré-
sente ?
— « Impossible, il est 5 heures, je n'ai que
le temps de me précipiter chez Raudnitz, qui
me fait une toilette dj dîner en panne blanche
sur jupe de haute dentelle... un bijou!
On va donc reporter des dentelles ? Malgré
ce que disait le Gaulois de ce matin ?
— c: Des dentelles ? Dites à celles de vos amies
qui en possèdent de les sortir de leurs armoi-
res : robes de bal, de soirées, de diner, en se-
ront couvertes. Mais c'est surtout comme ju-
pes de dessous qu'on les emploiera.
Le duc de Massa a donné hier au château de
Franconville sa fête artistique annuelle.
Une jolie gaîté de fleurs, de lumières, de toi-
lettes et de musique — la musique du duc
de Massa bien entendu.
Artistique autant que luxueuse. Les mon-
daines attendent avec une hâte curieuse, le
retour de cette fête. Elles ne manquent pas de
faire un succès au duc qui, lui, paraît-il, ne
leur en fait aucun. Pas rancuneuses du tout,
les petites mains gantées de Suède ont ap-
p!au*S une comédie de Labiche : la Station de
Champ/Jaudct, que le maître de la maison,
suivant son impardonnable habitude, avait
ornée de quelque musique.
Les amies du duc de Massa sont ravies des
invitations qui les amènent à Franconville.
Pensez donc, c'est le seul tribut que le châte-
lain rend à leur sexe.
Une toilette entre cent, vue là-bas : jupe mous-
seline de soie blanche cerclée de plusieurs
rangs de zibeline. De la zibeline aussi au cor-
sage; décolleté ouvert sur la plus attrayante
des gorges. Sur le côté, touffe d'orchidées
cueillies dans la serre.
Par là-dessus, à la sortie, un manteau tout
en zibeline, tout à fait dernier cri.
0
L'infante Eulalie, fille de la reine Isabelle
d'Espagne, est attendue à Paris ces jours-
ci. Elle revient de la Suisse avec ses deux
enfants.
L'infante s'installera boulevard des Inva-
lides, dans un appartement très discret. Finis
les séjours dans les hôtels chics des Champs-
Elysées où vraiment il descend trop de tous
les mondes.
Il y a bien le palais de Castille, mais il n'est
pas trop grand pour les services ordinaires,
extraordinaires et imprévus de l'infatigable
souveraine.
Teuf, teuf, teuf... je me gare. C'est un auto-
mobile qui passe. Une trompe distinguée,
maniée par la main aristocratique de M. Ar-
thur Meyer,jette de petits cris précieux comme
l'aimable directeur lui-même.
Toujours fringante, toujours unique la voi-
ture de M. Arthur Muyer. Elle a déjà son pe-
tit succès, mais qu'est-ce que ça sera dans
quelques jours ?
On dit que le porte-parole et le porte-dra-
peau du « Roy » se fait construire un autre
automobile qui achèvera de le distinguer.
Celui-ci aura la forme d'un cab et pOl tera à
l'avant le Coq gaulois, qui vaut bien après
tout un blason.
FRISETTE.
CHOSES DE L' ENSEIGNEMENT
Le Congrès de Rennes
La Ligue française de l Enseignement
tient en ce moment, à Rennes, son 18"
congrès annuel.
La municipalité, qui nous a invités,
nous fait un accueil brillant et cordial.
De la gare à la mairie où se tiendront les
séances plénières,les mâts à oriflammes,
les écussons, les trophées de drapeaux
annoncent que la ville est en fête.
Le premier acte d'un Congrès, c'est de
mettre en relations la ville et ses hôtes,
aussi à peine débarqués, le président de
la Ligue, les délégués du ministère de
l'Instruction publique et des Sociétés les
plus importantes et les « rapporteurs »
sont reçus à la mairie. Accueil réconfor-
tant, après un voyage de sept heures :
bière excellente, Champagne pétillant;
demain tout marchera comme sur des
roulettes.
Demain... C'est aujourd'hui. Il y a
beaucoup de monde. Outre les délégués
des Sociétés qui enveloppent la France
entière d'un réseau protecteur; outre
beaucoup d'iifdividus venus pour leur
propre compte, 150 Sociétés locales ont
adhéré au Congrès.
Et puis... grand progrès ! il y a beau-
coup de femmes. Il y en a plus que je
n'en avais jamais vu dans les réunions
de ce genre,
C'est que l'idée marche ! C'est que
nous ne sommes plus au temps où le
mot « instituteur » au lieu de s'appliquer
à tout individu — homme ou femme —
qui enseigne dans une école, était un
qualificatif exclusivement réservé au
sexe masculin.
Naguère encore,les conférences mixtes
d'instituteurs et d'institutrices étaient
vues d'assez mauvais œil, et les femmes
n'assistaient 4ffl au tope
ce « naguère » est si près de nous, qu.¡t:7''"
faut un certain courage moral à une ins-
titutrice pour qu'elle adhère à un Con-
grés, et beaucoup d'audace pour qu'elle
y prenne la parole, même lorsque la
question l'intéresse particulièrement,
même quand son intervention est néces-
saire pour élucider un point resté obs-
cur.
Mais, je le répète, nous sommes en
progrès; même en Bretagne.
Selon les habitudes de la Ligue, les
questions proposées au Congres sont
préalablement étudiées par des mem-
bres choisis ou acceptés par le Conseil
général de la Société. Leur travail, et
les « résolutions » qui l'accompagnent
sont imprimés, distribués aux congres-
sistes, et servent de base à la discussion
des commissions. Les commissions ac-
ceptent en bloc, ou elles amendent, et le
Congrès réuni en séance plénière vote
en dernier ressort.
Voicile programme du Congrès actuel :
1° Propagande générale de la Li^u-\ — Patro-
nage démocratique de la Jeunesse françaisi1. —
xVss'tciations d'anciens élèves. — M. Ciiaufour,
rapporteur.
2° Etu/le des mêmes questions en ce qui con-
cerne particulièrement la jeune tille. — lk l'é-
cok au ménage. — Mlle Salt't'ny. rapn'uton'.
3' Cooprr.ition des professeurs de l'Enseigne-
ment supérieur et secon laire à t'œuvrc de l'édu-
cation populaire. (Extension universitaire.} —
M. Chauvelon, rapporteur.
4" Fréquentation :::rolaire, —Elude des moyens
propres à assurer l'application plus exacte 11 e 1 a loi
d'obligation. — Réorganisation des commissions
scolaires et des délégations cantonales. — llôle.
de la femme dans les délégations. — M. Léon
Robelin, rapporteur.
5" Lectures populaires. — Vœux divers. — M.
Edouard Petit, rapporteur.
J'envoie ces quelques lignes pour
prendre rang. A demain, aux jours sui-
vants, un compte-rendu sérieusement
circonstancié.
PAULINE KERGOMARD.
LiRE à la Tribune de la « FiUCÔiUK »
« L"Emancipation do la F cm-.lin
en Tarquie »
Par .TAC.OLI LINK.
On dit...
DANS LES MINISTÈRES
M. Mllruéjouls, ministre du Commcn'b,
vienl de faire signer, sur la proposition de
M. Mougeot, sous-secrélaire d'Etat des pos-
tes et des télégraphes, un décret ayant
pour but de hâter et de simplifier les règle-
ments de comptes entre les buivaux de
poste et les expéditeurs de valeurs zt recou-
vrer.
Avant ce décret, lorsqu'une valeur avait
été réexpédiée par suite de changement do
résidence du débiteur, le bureau de poste
de la nouvelle résidence qui encaissait 'es
fonds devait, les transmettre à l'expéditeur
par l'intermédiaire du bureau auque! l'en-
voi avait été d'abord adressé.
Sous le régime du décret, cet intermé-
diaire est supprimé et la somme versée
sera envoyée directement du bureau qui
encaisse à l'expéditeur.
—o—
La première séance de la commission (T*,
la paix, aura lieu aujourd'hui à 2 heures au
ministère des Att'aires étranpéres.
C'est dans la grande galerie des fêtes du
palais du quai d'Orsay, que les commis-
saires tiendront leurs assises. Cette saterie,
décorée blanc et or, est située au rez-de-
chaussée du ministère et prend jour par
cinq grandes fenêtres sur les jardins parti-
culiers.
line large baie donne accès dans un grand
salon rouge, ayant vue sur la cour d'lion-
neur.
(,.o salon sera également mis à , la dtspos.-
tion des commissaires.
Rien n'a été négligé pour assurer a cet
derniers toutes les commodités d.'sirabtes.
Un maître d't)'''te) du ministère a été mis à
leur disposition pour assurer le service d'un
buffet qui sera installé dans un angle, de lt
grande galerie.
Les. séances seront absolument secrètes.
DANS LES EGLISES
Hier à midi, ont été célébrées en l'église
St-Honoré ,l'Eylau los obsèques de Mme
ArthL')nc Fayard, Fayard.
ladie à l'Age de Ji ans.
Le deuil était conduit par M. Arlhème
Fayard, mari de la défunte.
A L'ÉTRANGER
Le roi des Belges recevra sa medi les mena»
bras de la conférence internationale de droit
maritime dont la session s'est ouverte
jeudi à Anvers..
La réception aura lieu au palais a*
Bruxelles, à midi moins un quart.
—o —
L'empereur d'Allemagne a abattu il y ê
quelques jours le plus grand cerf qu'on ut
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