Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-09-06
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 septembre 1898 06 septembre 1898
Description : 1898/09/06 (A2,N272). 1898/09/06 (A2,N272).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Ma Charbonnier, ancien b&Lonnicr de
l'Ordre des avocats de Grenoble, sollicité
par Vacher de préieÉtof sà "défense devant
le Jury de l'Ain, a accepté cette offre.
—o—
Le Soit - chaneoitrft dfefK^rlétaire, M. Ed-
mond Blanc quille la direction politique du
iournal.M. Gaslon Po -tonnais, prend la direction
du Soir.
LA DAME D. VOILEÉ.
L'AFFAIRE DREYFUS
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Liberté — Égalité — Fraternité
Aujourd'hui mardi 6 septembre
M. Félix Faure étant Président do la
République et M. Henri Brisson étant
président du Conseil des Mmtstre&,
LE LIEUTENANT-COLONEL
GEORGES PICQUART
accomplit son 56" jour de prison préven-
tive pour avoir demandé que justice soit
renoue à un officier français injustement
et illégalement condamné, et pour avoir
dénoncé au gouvernement de; la Répu-
blique le faux dont le lieutenant-colonel
Henry, chef du service des renseigne-
ments au ministère de la guerre, s'est
reconnu coupable.
Un Discours Inutile.
Nous avons nu plus haut degré e respect
3es morts et nous nous sommes abstenues
4vec soin, depuis le suicide du colonel
Henry, de formuler aucune appréciation
sur l'acte qui a causé sa fin tragique. Mais
- qu'il nous soil permis de dire que si jamais
discours nous a paru inutile, c'est bien
celui qu'a prononcé M. Renaud in, maire de
Pogny, sur la tombe de l'officier défunt.
Chaque jour, dn pauvres diables dont la vie
a été sans reproches, s'en vont presque
aeuls, sans pompes, et sans discours, dor-
mir leur dernier sommeil,el, forcément, la
comparaison s'impose.
Que IJense-l-on en haut lieu du zèle de ce
trop éloquent officier municipal?
La tt Ligue française pour la défense
des droits de l'homme et du citoyen »
nous communique la résolution suivante
que son comité, réuni sous la présidence
de M. le sénateur Trarieux, a adoptée
hier soir :
La « Ligue Française, pour la défense des
Droits de l'Homme et du citoyen >» rapnelle
qu'aux termes de l'article 9 de la déclara-
tion des Droits de 1 Homme,«tout homme est
présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été
déclaré ooupable. »
Kilo s'étonne on conséquence el. s'afflige
de voir d'anciens ministres, des fonclion-
naires attachés au service de la justice mi-
litaire, déclarer ouvertement, sous forme
d'interviews ou dans des correspondances
rendues publiques, quo la revision du pro-
cès Dreyfus ne saurait aboutir qu'à une
condamnation nouvelle de cette infortune.
Elle croit sa protestation d'autant plus
légitime, que ces nftirmalions téméraires
de culpabilité reposent sur (les pièces se-
crètes dont Dreyfus ne soupçonne même
pas encore l'existence ctqu'clics sont fuites
au lendemain même du jour où la princi-
pale de ces pièces a été reconnue n'être
qu'un faux.
Elle ose espérer que ce rappel au respect
des rlroits indlviducls,sera entendu par ceux
qui ont la charge d'appliquer les lois et de
protéger la Justice.
C'est pour relie armée passionnément
aimée par lui que ce soldat sans reproche
a voulu au contraire redresser l'iniquité,
poursuivre ia trace le mensonge, etrace1 à jamais
a trace de ce qui pouvait entacher son
honneur. Nous pensons avec lui que les
fautes de quelques-uns ne sont qu indivi-
duelles, et que le corps n'en serait respon-
sable que si.en s'acharnant à les couvrir, il
en était devenu solidaire.
Ce sentiment ne nous quittera pas au
cours de la tâche qui nous reste à îiccom-
plir. Dans la recherche des responsabilités
engagées et des réparations diverses qui
sont attendues nous devons être d'une fer-
meté inébranl.djle, mais aussi dence qui nous empêche de confondre avec
les sanctions nécessaires ce qui pourrait
all'-aiblir le respect même du drat'cau.
Nous nous souviendrons quand nous en
serons arrivés là de ne qui a fait notre
force et notre union, dans cette lutte mé-
morable nous n avons eu on vue que la jus-
tice et ce sera la justice qui nous guidera !
jusqu'au bout. *" !
A vous, chers collègues, d e tout cœur.
Pour le comité :
Le bureau :
TRARIEUX, sénateur, président.
DUCLAUX, membres de l'lnsfitul,
GïUMAUX, vice-pt'psitlent,
MATH ! AS MORHATVDT, secrétaire géné-
Ml.
LAPICQt: E, secrétaire-adjoint.
LUCIEN- FONTAINE, tl'l:sor¡N.
La Ligue a en outre décidé d'envoyer !a
lettre suivante à tous ses adhérents :
Chers collègues, I
La lumière est des maintenant faite sur
le douloureux drame qui a depuis des mois
retenu notre attention. Nos efforts sont,
enfin couronnés de succès. Rien ne peut
plus mettre entrave à l'œu\ ['C de mérité que
nous avons si ardemment poursuivie dans
l'intérêt de .'humanilé et de la patrie.
Pourquoi faut-il que notre joie soit assom-
brie par l'acte tragique qui est venu subi-
tement mettre fin à nos angoisses?
Nous parlageons l'émotion profonde qu'en
ont ressentie l'armée et le pays. Puisqu'il
fallait cependant un châtiment exemplaire <
pour nous tirer de l'erreur olt nous avaient
plongés de criminelles inlpig&Si* Ttous ne
pouvons mettre en balance& piti6lue au
coupable qui, pris de rejiMfrthi 8*1 d'épou-
vante,se l'ail à lui-même jtWftie,et le devoir
impérieux d'arracher ta iaftoeent au
i ba>;n«. ^
C'ceft att lintmant-col«g Picquarljâcek
cœur vaillant et. ttéroique 4*e nous dfevetis
en première lig»jcette martlie fwoée "*s
la lumière notre pensée vt natuwrtleawait
à lui et sofl esprit de saortttee, son abDétIL-
lioto, sa foi calffie et persévérante «j*ns
l'idée pL-'e du devoir nous pénètrentmi rat ion et de reconnaissance. ou'il re-
çoive l'expression siiïcfcfe » toira de sa
prison oÍl on le retient encore comme la vic-
tinojo expiatoire du droit outragé.
Ce n'est pas lui qui a jamais pensé qtteltt.
terrible crise-dont le dénfouenûteni est pro-
che pourrait risquer de laisser une tache
sur notre armée.
Voici la dernière lettre que Mme Drey-
fus a reçue de son mari :
pies du Salât, 37 juia 1898.
Ma chère et bonne Lucie,
Je le sens à travers la distances! angoissée
toi-même, soutfrant non seulement de tes
souffrances, mais des miennes, que je veux
venir encore te causer, quoiqueje Taie écrit,
il y a quelques jours, me l'approohur de toi
plus près encore que par la pensée qui, ce-
pendant, ne te quitte pas, toujours aussi
pour te répéter les paroles qui doiventsou-
lenir ton inébranlable courage.
Comme je te l'ai dit, innocent de ce
crime abominable, mon cri d'appe , je l'ai
jeté vers la patrie pour demander mon hon-
neur, la révision de mon procès.
Nous avons trop soutfert moralement
l'un et l'autre, nos souffrances durent de-
puis trop longtemps, les heures sont trop
lourdes, pour que je puisse te parler de
moi.
Tout ce que je puis te dire, ces que,
nuit et jour, il toutes les heures, lA. outes
les minutes, mon CWUI., ma pensée, tout ce
qu'il y a de vivant t-n moi est pour toi, pour
nos enfants.
Ma vie, certes, est à mon pays, aujour-
d'hui coinmo hier, mais mon honneur ne
lui appartient pas, c'est le patrimoine de
nos enfants, le bien propre de deux fa-
milles.
Aussi, innocent de ee crime abonni
nable.mon cri d'appel je l'aieitcorc
Jeté it la patrie pour réclamer cet hon-
neur de tout mon cœur de Français et de
soldat, de tout mon cœur d'époux, et de
père, pour demander I:L revision de mon
procès au président de la République.
Je t'embrasse comme je L'aime, de toute
la puissance cio mon affection, ainsi que
uus et...rs ot adorés enfants.
Ton dévoué,
ALFRED.
Les Interpellations
La session prochaine sera exclusivement
remplie par les interpellations annoncées.
Six semaines nous séparent de la rentrée
des Chambres, et nous sommes menacés
déjà de douze interpellations, c'est-à-dire do
douze séances perdues. Pour peu que cela
continue, la discussion du budget ne sera
même pas commencée au moment des va-
cances de janvier.
Les interpellations de MM. Bourrat et
Gauthier de Claçny, sur l'accident de Li-
sieux, celle de MM". Mirman, Breton et M i 1 -
ievove sur le faux Henry, celle de MM. de
(irandmaison, Fournière, sur l'affaire Drey-
fus, d'autres sur la démission de M. Ca-
vai?nac et enfin l'une de M. Laloge sur le
mauvais fonctionnement du service télé-
phonique, adressée à M. Mougeot, nous
font espérer une session mouvementée.
Pour faire une besogne aussi peu utile,
le gouvernement ne doit pas éprouver l'u-
tilité d'une convocation prochaine des
Chambres.
Il sera toujours trop tôt.
YVONNE LECLAIRE.
Lettre d'Angleterre
LA PRESSE ANGLAISE SUR L'AFFAIRE DREY-
FUS ET LE RESCRIT DU TSAR. — L'ALLIANCE
ANGLO-ALLEMANDE. — LA GUERRE DES
DERVICHES. — UNE FEMME COMISSAIRE-
PRISEUR. — UN COLLÈGE D'AGRICULTURE
POUR LES FEMMES. — LES COURSES DE CI-
VENCESTER ET DE COOKHAM,
I.^s journaux anglais comme les nôtres
sont "entièrement o/.cipés par les ré-
r.cnî.s événements de l'allhire Dreyfus - et
comme l'opinion généra e en Angleterre
était ;:i;pr.is longtemps déjà ce le des revi-
si'mnistrs - le ton qu'ils prennent à parler
de îvr'h? {!!!:urc est, plutôt le ton de gens
({•il bont contents. Il est triste cependant de
iiv k"j:s commentaires qui ne sont pas
toujGùl s dans une note' aimahle pour la
't'r;Ln'.mêm-* exttior.itnaire de constater combien
les nr a'J'aii « .'.e, la France ont J'air d'in-
tér^-vn le.- Anglais — et surtout combien
).T. presse anglaise semble heureuse lors-
qu'elle peut trouver une occasion de blâme.
Au contrai 'e,cc qui se passe en Angleterre
n est pas assez commenté da.ns les journaux
français.
L'Angleterre a l'air de n'intéresser la
France <;.ir; par rapporta son attitude poli-
tique f\t''T!eure... L'affaire Ilooley, dont
j'a! par'c pl',:-:ieurs fois ici déjà, n'a presque
pas trouve dWho dans la presse parisienne.
Et cependant le Panama, dans ses jours les
plus terribles,n'a jamais dépassé, ni même
atteint les proportions de cette affaire qui
démontre clairement l'état délabré dans Ic-
quel la vieille aristocratie anglaise tombe... 1
Les noms les plus illustres figurent sur la n
liste de ce banqueroutier escroc pour des
sommes énormes. L'inscription d'un nom
glorieux dans l'histoire de la grande Bretagne q
a coûté au sieur Hooley la jolie petite somme il
de un «Million sept cent cinquante mille ±
franflll.... tfb eWtaa parti prtRM|û»«n An- j,
g)efcawràemèné*4a!»ppr«roéOttdBl*flbam ; 1
bre drt pair*, ««fe législateurs héréditaire» a
du eW4ang aa~ lEt l'allaira tlooltà,y -'nl-
olie ifcmontimrnine fois de plus rimMÉité ^
d'. 'tiI1 corps gouventMiits. c
f
> • •
La -touvede Question de jaur à Londres
qui dépaue D(ntérêt mènw suaamr par le c
rescrit du tsar est la préteBéare alliance c
anglo-allemande.. c
Au fflomeatouj^écT-is — la njanvalia dâià r
annoncée par deux journaux est appoyee' t
d'un grand nombre d'autres feuilles — 1
France«erait déjà sigaée par ^
BàTTbur., , 1
Après l'alliance anglo-américaiar; J'ai- <
liftnce anglo-allemande... C'ut l'anglo-ger- <
manisme vainquant le monde... '
»• |
Au snjet du rescrit du tsar il était inté.. 1
basant de lire les journaux anglais oette 1
semaine. La première impression dans la <
presse sembo1e oyoir été la stupéfaction, 1
puis onguite est venue, la soudaine crainte 1
que le désarmement des navires (Le guerre 1
serait la diminution de la puissance et de
l'autorité britaniq ue su r la surf ace du globia...
Mais aucun journal n'a semblé tout d'abord
accueillir avec ndmirationcollo nouvelle de
a belle et généreuse idée du jeune tsar...
Et en France remarquez que le premier
mouvement a été celui de l'admiration...
Deux jours après la presse anglaise reve-
nue de sa sùrnéf.K 'ion s'occupait surtout
de l'opinion fies il., ," ' nations européennes
au sujel du désarmement proposé, et ne
manquait pas de crier très haut que la
France avait été trempée par celui qu'elle
croyait son ami et. induite en erreur par
'alHœnr.e franco-russe don tel le avait espéré
l'appui pour la revanche !... »>
•
« »
La guorre des Derviches touche enfin à
son but. Après être restées plusieurs jours
sans nouvelles de l'expédition anglaise di-
t'igúc p:tr le général Kjh'ho:)cr il cause des
nuées île sable qui empêchaient la tratis-
mission des dépêches, IttS a.uhu'itt's à Lon-
dres ont pu entiu samedi soir annoncer la
prise de Khartoum.
Voilà le but atteint et l'Angleterre peut
s'en réjouir. C'est une grande viutoii^i et lit
couronnement d'une tactique des plus ha-
hiles pour l'agrandissement de l'mn-pn'a
britannique. On annonce a,000 morts ou
blcSdÚs JlJu'mi les Auglo-lJgyptiens cL 8,Olf.)
parmi les Dénichés...
Les journaux anglais raivmtent par le
menu détail les souffraucos résultant de la
chaleur et de la soif endurées par l'armée
anglo-égyptienne.
• m
Causons un peu féminisme.
Sait-an qu'une Anglaise Miss Ada Ham-
mond a suivi la carrière de commissaire-pri-
seur 011 non-seulement elle brille, mais est
en train de faire fortune? lît pourquoi pas '?
Cette professiona-t-elle rien qui ne sollcom-
patible avec t'csprit féminine
Miss lIammond,qui est née à Gloucester,
a eu toute ieune, l'idée originale de suivre
cette nouve le voie. Sa famille la traitait de
a toquée )'... Mais finalement, cédant à ses
supplications urgentes, sa mère paya les
2.)0 francs nécessaires pour sa licence, espé-
rantque sa fille renoncerait elle-même à son
idée de suivre une telle carrière. Mais Miss
Hammond s'y plut si bion qu'elle continua et
peu de temps après elle alla s'installer aux
Elats-Unis, Elle y demeura nouf ans et re-
vint en Angleterre « pratiquer ,) dans les
provinces anglaises, Depuis quelques se-
maines elle a trouvé une situation impor-
tante à Londres, et l'autre soir une de mes
amies a pu lui demander un interview,
après une vente qui venait d'avoir lieu à
Myddleton Hall, lslinglon. Miss Ham-
mond qui était encore dans le rostrum
marteau en main, a gaiement répondu à
toutes les questions de son interlocutrice.
Elle ne sait pas si elle aura autant de chan-
ces pour réussir à Londres que dans les
provinces. « Ut, dit-clic, on venait à a
vente rien que pour me voir et je ser-
vais comme une excellente récame dans
ma propre Business Il Miss IIammond asur-
: tout inststé sur ce point — qu'eiie change
de toilette tous les jours el fait tous ses
efforts pour être aussi l'léganle, et sédui-
• sante que possiht)'... ce qui duit être sinon
le but, du moins le moyen de toute vraie
féminisle... « ,le travai le sept heures pir
i jour >• iljnu tc.Miss Ilammond. - Mon travail
est dur, souvent, mais toujours il m'inté-
, resse. »
l'ne nouvelle et très intéressante voie va
• prochainement être ouverte aux jeunes A11-
> glaises... Un collège d'agriculture s'établit.
• pour elles...
» Le Council supérieur du Collège de Ilca-
t llin,t.;, d'après un projet soumis et soutenu
par la comtesse de Vûirwiek, va prochai-
1 nement installer un /¡iJ.'ôIf.1 ou maison de ré-
- sidence ponr les femmes qui se ùestinenth
1 t'agricutture. Des cours théoriques et pra-
- tiques sur la science du pépiniériste et de
l'horticulteur, seront faits au collège cl les
: élèves, qui devront avoir dépassé l'âge die
; seize ans, y apprendront également cc-m-
ment on élève la volaille et les abeilles ot
. comment on fabrique le beurre, les fro-
mages, etc.
L'idée de Lad y Warwick est de former
> plus tard des setilements ou colonies dte
temmes-agrtcu teurs dans différentes ré-
> gions fertiles de l'Angleterre où elle pour-
: raient installer des Market-Gardens on jar-
i dins de rapport qui seront en relations di-
- rectes d'affaires avec le marché central d'a
Londres-Covent Garden — pour l'écoule-
ment de leurs aiàrtffcandises.
*
Un grand nHAM dte anglaises
qui ne vont p&s le continent, s'insMf"ca't. pfeur Fété dans
tours vg"g dans la CfMrtMànte vallée de
4&T&tûf»M» de tempi et qbmps, durant
A)ût et .-r>tembl'c,deanas ou « tour-
nais * de- sports i&ottoftter ont lieu. La se-
maine dernière deux réatiions importantes
danslet* annalesda « e'port ), où les femmes
ont joaé tun grand flfle, ont été de brillantes
fête».-
A CfttVtncester cualft corses dont les
ooncwubnts n'éLaiea1 que du sexe faible '
ont &«cnô une foule de plusieurs centaines
du smart set. La course n- 1 élait un Bending
race dans lequel les concurrentes avaient à
diriger tenrs ctievror entre des rangées-®e ■
poteaux d'une façon assez compliquée.
, Cinq dames, ont pris part à. celle, course.
Dans le Polo Sctttry quartre dames a&t con-
courru et Miss Sybii Musgrave qui avait
déjà gagné la course n' 1, fut de nouveau
victorieuse. Dans le Basket race les concur-
rentes avaient à cueillir des pommes de
terpe attachées à dès poteaux pendant que
leurs montures les emportaicat à toute vi-
tesse,et dans la Cigarette Race, dernière de
celte catégorie, dont Miss S. Musgrave fui
de nouveau l'héroïne, il s'agissait, pendant
que le cheval allait au grand galop, de
prendre une cigarette tendue par un cava-
lier, d'al Itimer cettecigarette et de regagner
le but en la fumant.
A la régate de Cooliham plusieurs courses
furent gagnées par des. dames notamment
une course à la rame dont ta gagnante,
Mrs Il. Coleman, remporta victorieusement
le prix au milieu des vifs applaudissements.
Ce prix était un superbe bol en argent ci-
sele. Kent dames ont pris part à la course.
CLAIRE DE PRATZ.
RENDEMENT DES IMPOTS
L'Administration des Fj!1rtn 'CS vient de pu-
blier le rendement des impôts pt revenus indi-
recte ainsi que des monopoles de l'Etat pendant
le mois d'août !tM.
Les résultats accusent une plus-value dl)
11.1^,4'X) fr, p;ir l'apport aux évaluations bud-
et une augmentation île 1t.<2!,rapport à la pÚriodc cornis-pondante de 1897.
Par r qii»ort ayx évaluations budgétaires il y a
.iliirf-value sur:
rem-i.'-islrouïont 6.417,5(10
les douanes S.t)?J,«.Ml|)
les e,¡IlII'iJJutioll:; indirectes 3,x3ô,OOf)
l,':; coniributioiui iudireotes U10lwpolIJS l,3i9.J>UU
IcS pn;-;t!'s 700,000
les télégraphes 710,600
Il,.; tétèphunii-S 17G,4'Ki
Les moins values portent sur :
IV n n 'gi s tremen l 2,155,100
le UmhM 5,000
'intput. sur les opérations de Doursc 1,122,000
les sels 38K,0(R>
les sucras 1,310,00J
Par rapport au mois d'août 1897 il y Il augmen-
tation sur :
l'enregistrement 7,455,S»00
) impôt de4 OjOsur lesvalcursmobilières 101,000
les contributions indirectes ' l,4ftl,0i)0
les sucres 2,ë!5.!')U
les contributions indirectes (monopoles) 1,502,000
les télégraphes 4U8,"OÛ
les téléphones 232,400
il y a diminution sur:
li1 timbre 554,000
l'impôt sur les opérations de bourse 101,100
1t'8 douanes 1,297,000
les làels 372,000
les postes y 1,900
LE
Martyre des Enfants
(Second article).
Les enfartts de parents « romains 1)
dont nous avons parlé dans un précé-
dent article ont droit à notre sympathie
et il notre protection. Avec un peu de
courage moral, nous ne leur ferons pas
faillite.
Plus malheureux cent fois sont les en-
fants exploitas, soit par dos industriels
sans vergogne (les petits Savoyards, par
exemple, embaucher au pays même, au
prix de trente francs une fois payés, plus
un chapeau pour le père, sous prétexte
de (PlIl' faire faire dans les grandes villes
un travail que les eheminéos actuelles
ont Tendu inutile et impossible), soit par
des parents indignes qui les dressent à
la mendicité, à la maraude, au vol, il la
proslibution.
Pour l'enfant exploité, le danger ma-
tériel, dont nous parlerons tout il l'heure,
s'aggrave du danger moral. L'ignorance,
la paresse, le mensonge, l'intempérance
entrent par tous ses pores, s'infiltrent
dans son snng, et sauf exceptions, s'il a
pris goûta son métier, il n'en fera ja-
mais d'autre, surtout s'il tombe entre
les mains de la police, et s'il est envoyé
en « correction n.
C'c..;t que le « métier n ne va pas sans ,
une sorte 0(' charme romanesque fait de
liberté et d'imprévu; puis il a ses reve-
nants-bons.
Peut-être ne mange-t-on pas tous les
jours, ou du moins fait-on fréquemment
maigre c!Mff:; mais les jours où l'on
mange... « Quels*, gueuletons 1 » Allez
dortc voir si l'on s'en paie de semblables
chez los gens qui travaillent ! » et l'on ,
méprise la vie régulibre, avec soti train-
train, et ses ragoûts de mouton, et son
vin bleu.
A défaut d'esprit de solidarité, notre
égoïsme devrait nous presser de recher-
cher ces en fan ts-lâ et de les arracher à I
celte dépravation systém«A*f8e> car de-1
main un miracle seulpmutHk 1ea empê-
cher d'être pour la société IM qua des
non-valeurs.
Mais chaque métier — même le plus
attrayant — a sa morte jai»©n, an chô-
mage,'«C8 jours noirs, et c'est-alors que
s'étite la monstruosité des exporteurs.
S'agit-il de mendicité? la somme à rap-
porter à l'infilM logis, a été fixée d'a-
varice, et il fjmt qu'elle ait été amassée;
.s'agtt-il de marawde, de vol? il faut que
les objets désignés aient été détournés;
s'agit-il de prOJ'titutioR., il faut avoir dé-
couvert le client, et qu'il ait été solva-
ble.
C'est abominahle, n'est-ce pas ? Et
c'est vrai !
C'est vrai, vous dis-je,
Rentrant chez moi, un soir, par une
rue qui tvo'isine le Ln&Cfu bourg, je suis
accostée par un enfant, 0 ans peut-être,
qui me demande l'aumône.
— Tu es encore dans les rues, passé
onze heures, lui dis-je. Tout seul ! quand
rentreras-tu?
— J'sais pas, p'tet minuit, p'tet deux
heures... ça dépendra...
— Ça dépendra?... de quoi ?
— De ce qu"« on » aura ramassé donc !
I — Pour cette fois,ta journée est unie ;
! je t'emmène; où demeures-tu?
— Avenue de Choisy, mais j'peux pas
partir sans ma sœur.
— Où est elle ?
— Par là, près des cafés du Luxem-
bourg.
(Or, près des cafés du Luxembourg,
près de tous les autres cafés, la mendi-
cité des petites filles cache des abîmes de
malpropretés et de vilenies. Pour se
douter de l'amas de boue qui souille ce
pauvre petit monde, il faut avoir fré-
quenté les prisons d'enfants ; la concier-
gerie par exemple; et de ces constata-
tions on garde une tristesse incurable...
à moins que l'on ne se livre au travail
d'assainissement.)
Nous nous mettons enquête de lasœur,
que nous trouvons bien tôt et, malgré les
protestations de la fillette, nous prenons
la. direction de l'avenue de Choisy.
Sans trop de tirage, nous descendons
la rue Claudc-llernard, nous montons
l'avenue des Gobelins. Mais sur la place
d'Italie, la petite fille, qui commence ù
croire que c'est sérieux, et que, vraiment,
il faut rentrer chez elle, me supplie de
lui rendre sa liberté, tandis que son
frère se met à crier comme si je l'écor-
chais.
Ils n'avaient pas réalisé la somme im-
posée; ils allaient être roués de coups...
Que faire, sinon combler le déficit, en
attendant mieux?
Donc nous savons pour l'avoir vu :
1" Qu'il y a des bébés à la mamelle
terreux., pleurards, grelottants que des
mères dénaturées ou des mères d'em-
prunt exposent à toutes les intempéries
pour exciter la pitié des passants. Nous
savons même que l'on fait des plaies et
que l'on invente des maladies à ceux qui
persistent à se bien porter.
2° Qu'il y a des enfants plus âgés, que
l'on déprave pour tirer parti de leurs
vices, et que l'on châtie sans pitié, lors-
que le profit ne satisfait pas la rapacité
des exploiteurs.
Nous savons, en même temps, qu'il
existe des législateurs, et que les légis-
lateurs font — exceptionnellement — des
lois humanitaires. C'est ainsi que nous
sommes dotés :
l' d'une loi interdisant la mendicité
dans les rues;
2' d'une loi scolaire obligeant les en-
fants de 6 à 13 ans à fréquenter l'école ;
3* d'une loi contre l'excitation des mi..
neurs à la déb:un'!.c:
•V d'une loi d:' déchéance paternelle
ou maternelle, \ ¡ "ulL les parents indi-
gnes d'exercer leurs droits.
L'application de la loi contre la mendi-
cité sauvegarderait les bébés; l'applica-
Lion de la, loi scolaire et de la loi contre
l'excitation des mineurs à la débauche
venant à la rescousse, sauvegarderaitles
enfants et les adolescents;
La loi de déchéance s'étendrait sur
tous...
Mais Noil.'t ! il y a bien d'autres chats il
fouetter, et les délits d'opinion passion-
nent autrement que les crimes contre
les enfants !
Un sergent de ville essaie-l-il d'éloi-
gner doucement— tout arrive, donc cela
se voit—une mendiante dont le bébé
hurle de froid, ou d'une atroce piqûre,
faite au bon moment par la mégère, la
foule s'amasse, injurie le pauvre diable,
et le menace de lui faire un mauvais
parti.
Vous savez comment travaillent les
commissions scolaires, et quant aux fil-
lettes qui vendent... des fleurs, on at-
tend qu'elles aient atteint l'âge,pour leur
imposer l'ignoble carte !
La loi de déchéance ? avez-vous bien
réfléchi à la dangereuse gravité de ses
conséquences? Et pour un magistrat
moderne qui l'applique, dix « romains »
se refusent à libérer le malheureux en-
fant.
De ce qui précède il faut tirer une
philosophie, une méthode, des procédés
de conduite.
La philosophie consiste à comprendre
une fimpuissantes contre les mœurs. Elles les
aident; elles ne le créent pas.
Elle consiste encore à nous persuader
que les mœurs sont notre affaire, à nous
autres femmes. Pour l'avoir ignoré, pen-
dant trop longtemps. pour avoir cru ce
que l'on nous disait : qu'il fallait être
aveugles, sourdes et muettes, celles qui
avaient le cœur bien placé ont été pour
la société des non-valeurs, tandis que
les autres étalent des dissolvants.
Il faut rattraper le temps perdu et
nous mettre à l'œuvre dans le champ
qui nous est le moins contesté. Les en.
fants, c'est à nous, peut-être. (Les en-
fants d'autrui, du moins, car les nôtres...
—N'oublions pas que le mari est le chef
de la communauté !)
Notre méthode consistera à nous atte-
ler à l'application des lois qui concerneni
l'enfance.
Notre procédé ? jj
Avoir l'œil ouvert sur tout ce qui chex |
un enfant peut paraître anormal : (la
mendicité, l'abandon la nuit, dans les
rues, les loques qui laissent voir la peau
les métiers scabreux, etc.), avoir l'oreille
tendue'vers le moindre bruit, et ne s'en
remettre qu'à soi-même ou à des amis
éprouvés, du soin de faire la lumière sur
la situation ; puis réunir des prosélytes !
Surtout ne vous endormez pas sur les
soi-disant lauriers des Sociétés de pro-
tection; le bien qu'elles fnnlfût-il centu-
plé, il resterait encore quelque chose à
faire. Pour ne parler que de doux d'en-
tre elles : le Sauvetage de l'Enfance —
qui est notre enfant a Mme de Barrau et
à moi — élève 800 enfants il la campa-
g-ne, et ne demanderait qu'à en élever
huit mille; la Société contre la mendiâtv
des enfants a si bien débarrassé le pave,
qu'elle se demande avec anxiété dans
quels repaires se sont réfugiés les petits
mendiants; elle fouille les quartiers
sombres, et reste cruellement préoccu-
pée pour la réalisation de son idéa.1.
Adhérez aux Sociétés; elles ont besoin
de vous, mais exercez votre initiative
Le salut est là.
PAULINE KERGOMARD.
(A suivre.)
INFORMATIONS
Le Désarmement
De nombreuses réponses on! été faites a.,
Journal de Saint-Pétersbourg, considéré il\'t'l
raison comme le porle-paro e du Lsa:'
et l'attention du monde politique est ab-
sorbée parle rescrit. impÚrial. Lo' - j>litriot,:
Morézini écrit: " La question du désarma
nient domine tout. Le monde entier L»SI SE
coué 'l'un immense frisson d'espérance et
les femmes, les mT-i es surtout, out.du bénir
ce beau jour oit un prince magnanime a
conçu l'idée généreuse de leur conserver a
l'avenir leurs maris et leurs enfants ». 1.0
Post du 3 septembre prétend qu'on ne peut
pas établir de parallèle entre le manifeste
du tsar et la proposition de désarmement
présentée par M. Vicrclnvvv en lStV.).
« Entre ces deux manifestations, écrit a
Post, il existe une grande dill'érencc que les
organes libéraux feignent de nt.' point
aperccvoir. En premier lieu la proposi-
tion russe n'a pas, comme la proposition
tibcraie, c; caractère d'une improvisation.
Elle part avant tout de ce point de vue
qu'un désarmement ne peut avoir heu
que sur la base de conventions fermes et
durables qui liont entre elles les grandes
puissances, tandis que te professeur Vir-
(,tiow demandait alors que la t'rossc, c/e -t-
tl-dirc la confédération de l'Allemagne du
nord, procédât, de sa seule initiative au dé-
sarmement même sans entente préalable
avec les grandes puissances »
L'¡';cù}l,¡misl est très explicite et dil en
propres termes : « N'y a-t-il pas pour éviter
la guerre d'autres moyens que la réduction
des armements? pei:l-'!re. 5 ! a i s l'empereur
de Hl1ssic ne s'en inquiète pas. Ce n'est, pas
tant la guerre qu'il veut éviter que le far-
deau croissant des dépenses nécessitées
par les armements en vue de la guerre,
c't.st contre les armements du militarisme
qu'il en appelle auprès du monde euro-
péen. » L'Opillionf: revient ainsi sur la pro-
position de Nicolas Il.
Il Le désarmement ne réduirait.en aucune
façon les fabricants dt'. canons à la mendi-
cité; leurs usines seraient transform'-es. et
au lien d'en faire ces instruments de d<---
truction -?t de mort. on n'y fabriquerait plus
que des instruments de civilisation C do
progrès. > le Popnto U présente ur*
autre argument: les budgets militaires ont
< remarquc-t-il » absorbé en Europe 5 mil.
liards rien qu'en 1R\IL Depuis ces budgets
se sont encore considérablement élevés; "11
comprend facilement quelle colossale quan-
ti té de travail reste inlprodoctive. ><
Franchement, 111:0 pareille objection re-
posant sur de telles bases, ue peut tenir
bout, on comprend d avantage les ré!:e\\
de i Indépendance Ifawnaine :
f( La non e initiative du tsar a provou::--
autant d'étounement que d'admiration;
commentaires de la presse européenne l,"
moignent en être!, du désarroi dans lequel
la circulaire du comte Nlouraviell' agite le?
esprits. La beauté, la grandeur dl" la cou-
ception tsarienne séduit, certes, mais dit
déconcerle à la fois. Jo
(2)
LA TRIBUNE
6 SEPTEMBRE 1898
LA REVOLTE D'ÈVE (1)
II
Cette rubrique forme un feuilleton eotMt
jpt le sujet change tous la troù jours.
— Non, c'est très simple. Les droits,
fous les avez tous, et madame a tous les
devoirs, ou peu s'en faut. Vous pouvez
lui prendre son argent, jouir de son
corps, l'emmener en Chine ou à Tanbouc-
tou, contre son gré, disposer de ses en-
fants, et la tuer si elle vous trompe on
tout au moins !a faire mettre en prison.
(1 ) Sous ce ti tre La Révolte d'Eve paraîtront
plusieurs articles sur la condition sociale
de la femme, l'amour et le mariage dans
la société actuelle et la société future. Ces
articles formeront plus tard un volume.
— Je vois on effet que j'ai un maître, j
dit T'v'e, et s'il usait des avantages que
VI'i'i lui confères, ce maître serait un
tyran. Heureusement qu'Adam n'est
point niéc'iant, quoique infatué do lui-
même. Mai à chaque droit correspond
un (levoiJ',Uupls sonlles devoirs d'Adam,
monsieur le Juge?
— Il doit vous nourrir et vous prolÓ-
ger.
— Mais il peut à peine se nourrir lui-
même et il fut des jours oit je dus payer,
de mon gai.i, le pot-au-feu conjugal, et
non seulement le payer, mais le faire
cuire !
— Cela ne me regarde pas, dit le juge.
— Et comment me protegcrait-il.puig-
qu'il est asservi, puisque l'évolution in-
dustrielle m'a jetée contre lui en rivale,
en concurrente, en ennemie ?
— Ce n'est pp - mon affaire. Mon af-
faire est, d'appliquer la loi non pas d'éta-
blir la justice parmi les hommes.
— Enfin, soupira la femme, si ,Adam
me trompe, j'aurai, par la vertu des lois
barbares, l'âcre plaisir d'agir en barbare.
Je tuerai.
— Cela ne vous est point permis.
L'homme seul a le droit de tuer.
— Eh bien, il ira en prison.
— Cela serait contraire à la dignité
virile. Un mari, madame, ne va point en
prison pour si peu. Il est le propriétaire
et vous êtes la propriété. Cela fait une
différence dans la nature et la gravité
du délit. Monsieur paiera seulement une
amende et nous vous rendrons à chacun
votre liberté.
— Vous êtes bien bon, dit Eve.
— Hier encote, tous les adultères du
monde, voire même les sévices et l'indi-
gnitiJ notoire n'eussent pas roinpu la j
chaîne indissoluble des conjoints. Il y a
des gens bien pensants qui regrettent
cette rigueur fort propre, disent-ils, à
rehausser la sainteté du mariage.
— Vous avez fait là d'étranges lois, re-
prit la femme.
— Ce n'est point nous qui les avorts
faites. Nous les avons reçues d'un cer-
tain Napoléon qui vivait, il y après d'un
siècle et qui n'aimait les femmes que
comme dès machines à produire des sol-
dats. Et ce Napoléon lui-même avait pris
ces lois dans un vieux Code, édicté par
les anciens Romains.
— Ce Napoléon n'avait pas prévu l'état
matériol et moral des gens qui devaient
vivre cent ans après lui. Il faut un Code
nouveau pour des mœurs nouvelles. Je
conseillerai à quelques femmes de se
faire avocates, puis députées, afin de
donner un bon consoil sur la fabrication
des lois qui les régissent.
— La femme peut être avocate, dit le
juge, mais avocate in partibus. Quant à
participor à la fabrication des lois, cela
lui est tout à fait impossible, à cause de
l'inîirmité de sa nature intellectuelle.Les
lois sont faites par les hommes, pour les
hommes.
— Alors, nous enverrons à l'Aréopage
des hommes sages, justes, qui parleront
pour nous.
— Vous n'enverrez personne, dit le
magistrat. Vous n'êtes ni électrices, ni
éligibles, puisque vous n'existez pas,
comme personne civile. Vous êtes de
perpétuelles mineures, assimilées aux
enfants, aux aliénés et aux crimmets.
— Grand merci, dit Eve. Je sais ce que
je voulais savoir. ,
III
En s'ortant de chez le juge, Adam me-
na sa femme chez le prêtre.
— Mon Père, dit-il, ne soyez point sur-
pris de me voir. Il est vrai que je ne fré-
quente plus vos églises et que je mange
du saucisson le vendredi. Je suis libre-
penseur et franc-maçon. J'ai une âme de
conseiller municipal. J'ai même écrit
dans les journaux des articles anonymes
contre la superstition où je disais que
les curés font la noce et que le Pape est
un vieux farceur. Mais c'est de la polé-
mique, ça n'a rien à voir avec la vie
privée. Il faut de la religion pour les fem-
mes parce qu'elles ont l'esprit faible. Ça
les occupe, ça les amuse, et la peur de
l'enfer les empêche de broncher. Veuil-
lez donc, je vous prie, rappeler à Eve
son devoir.
— La femme doit être soumise à
l'homme, dit le prêtre.
C'est Saint-Paul qui l'a dit.
— Il dit aussi : « Esclaves, obéissez il
vos maîtres n, répliqua la Femme. Est-
ce à dire que votre Christ ait recom-
mandé l'esclavage? Saint-Paul parlait
pour les gens de son temps, régis par
des institutions particulièrés qu'i! n'avait
pas le pouvoir de changer — ce qui ne
veut pas dire que ces institutions lui pa-
russent parfaites.
— La Femme a introduit le péché dans
le monde...
— Ah 1 fit Adam, l'histoire de la
pomme...
— Je te conseille de rappeler1 cette his-
toire-là, dit Eve. Tu n'y joues pas prééi-
sémerit le beau rôle, car, si le scrpeht
a surpris ma naïve bonne foi, pendant
que tu dormais comme une brute, je n'ai
pas fait acte d'égoïsine en te donnant la
moitié d'un fruit que j'avais trouvé bon.
En t'apportant la Pomme, je pensais
t'offrir la Science du Bien et du Mal. N'é-
tait-ce pas le devoir d'une affectueuse
épouse ? Et cette Pomme, je ne te for-
çais pas à la manger. Tu l'as mangée,
pourtant. Et quand Jéhovah nous ap-
pela, quelle piteuse contenance tu fis,
cher homme, feignant d'être sourd, ajus-
tant ta ceinture de feuilles et gémissant:
« Ce n'est pas moi, Seigneur, c'est elle. »
Bien t'en a pris d'être le seul de ton
espèce, car s'rl y avait eu un autre Adam...
— Qu'aurais-tu fait?
— Suffiit! Je n'en dis pas davantage.
Mais écoutons M. le curé.
— La femme, reprit le prêtre, est une
créature déchue, impure, la tentatrice
élernrlle; le vase d'iniquité. L'Elise lui
interdit le sacerdoce. Il y a peu de siceh's,
nous n'étions pas bien sûrs qu'elle ptîl
une âme. La femme doit obéir, se taire
et se résigner.
— Vraiment, dit Eve, Jésus ne parlait
point sur ce ton lorsqu'il relevait la
femme adultère et laissait Magdeteinc
verser la myrrhe sur ses pieds nus. Si
c'est avec ce miel-là que vous avez pris
nos aïctlles, messieurs les catholiques,
il faut convertir qu'il a tourné en vinai-
gre ou que nos aïeules avaient d'étran-
ges goûts. Vous nous dites impures,
parce que la nature nous a donné des
fonctions dont votre stupide ignorance
méconnaît le but. Alors, vous êtes im-
purs votts-rtvêmes, vous qui f fîtes formés
et nourris de notre sang. Vous nous
dites tentatrices parce que non-A sommes
belles et que Vous ne savez pas nous
contempler avec des yeux chastes et des
pensées pures de concupiscence. Vous
nous imposez l'obéissance et le silence
pour que nous ne cessions pas d'être,
dans vos mains, de dociles instruments
d'oppression. Par nous, vous g-ou-
vernez nos maris et nos enfants.
Vous connaissez les secrets du lit
conjugal et quand vous nous renvoyez,
rougissantes, étonnées de ce que 'vos
questions nous ont appris, N-ouà nous
recommandez la chasteté. Mais nous
ne sommes plus au Moyen âge. Les
vertus passives dont vous files notre
lot, nous les avons transformées en
vertus actives. Nous voulons penser,
aimer, agir, réhabiliter en nous l'Huma-
ni!é. Nous voulons réaliser la justice et
le bonheur ici-bas, autant que possible,
et vivre par l'esprit, par le caMir et
même par la chair, ce qui ne comporte
point de honte.
— Hors d'ici, femme sans pudeur l s é<
cria le Prêtre indigné.
MARCELLE TINAYRE.
(A Suivre).
Le service de tt !•'!«»<*> S*H «*tr«
fait gratuitement pi iubau un nu
à t«*tca les institut rie CM Q)uut
améttè ait jonrftal trois alîvuut-
me" Cuft as.
l'Ordre des avocats de Grenoble, sollicité
par Vacher de préieÉtof sà "défense devant
le Jury de l'Ain, a accepté cette offre.
—o—
Le Soit - chaneoitrft dfefK^rlétaire, M. Ed-
mond Blanc quille la direction politique du
iournal.M. Gaslon Po -tonnais, prend la direction
du Soir.
LA DAME D. VOILEÉ.
L'AFFAIRE DREYFUS
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Liberté — Égalité — Fraternité
Aujourd'hui mardi 6 septembre
M. Félix Faure étant Président do la
République et M. Henri Brisson étant
président du Conseil des Mmtstre&,
LE LIEUTENANT-COLONEL
GEORGES PICQUART
accomplit son 56" jour de prison préven-
tive pour avoir demandé que justice soit
renoue à un officier français injustement
et illégalement condamné, et pour avoir
dénoncé au gouvernement de; la Répu-
blique le faux dont le lieutenant-colonel
Henry, chef du service des renseigne-
ments au ministère de la guerre, s'est
reconnu coupable.
Un Discours Inutile.
Nous avons nu plus haut degré e respect
3es morts et nous nous sommes abstenues
4vec soin, depuis le suicide du colonel
Henry, de formuler aucune appréciation
sur l'acte qui a causé sa fin tragique. Mais
- qu'il nous soil permis de dire que si jamais
discours nous a paru inutile, c'est bien
celui qu'a prononcé M. Renaud in, maire de
Pogny, sur la tombe de l'officier défunt.
Chaque jour, dn pauvres diables dont la vie
a été sans reproches, s'en vont presque
aeuls, sans pompes, et sans discours, dor-
mir leur dernier sommeil,el, forcément, la
comparaison s'impose.
Que IJense-l-on en haut lieu du zèle de ce
trop éloquent officier municipal?
La tt Ligue française pour la défense
des droits de l'homme et du citoyen »
nous communique la résolution suivante
que son comité, réuni sous la présidence
de M. le sénateur Trarieux, a adoptée
hier soir :
La « Ligue Française, pour la défense des
Droits de l'Homme et du citoyen >» rapnelle
qu'aux termes de l'article 9 de la déclara-
tion des Droits de 1 Homme,«tout homme est
présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été
déclaré ooupable. »
Kilo s'étonne on conséquence el. s'afflige
de voir d'anciens ministres, des fonclion-
naires attachés au service de la justice mi-
litaire, déclarer ouvertement, sous forme
d'interviews ou dans des correspondances
rendues publiques, quo la revision du pro-
cès Dreyfus ne saurait aboutir qu'à une
condamnation nouvelle de cette infortune.
Elle croit sa protestation d'autant plus
légitime, que ces nftirmalions téméraires
de culpabilité reposent sur (les pièces se-
crètes dont Dreyfus ne soupçonne même
pas encore l'existence ctqu'clics sont fuites
au lendemain même du jour où la princi-
pale de ces pièces a été reconnue n'être
qu'un faux.
Elle ose espérer que ce rappel au respect
des rlroits indlviducls,sera entendu par ceux
qui ont la charge d'appliquer les lois et de
protéger la Justice.
C'est pour relie armée passionnément
aimée par lui que ce soldat sans reproche
a voulu au contraire redresser l'iniquité,
poursuivre ia trace le mensonge, etrace1 à jamais
a trace de ce qui pouvait entacher son
honneur. Nous pensons avec lui que les
fautes de quelques-uns ne sont qu indivi-
duelles, et que le corps n'en serait respon-
sable que si.en s'acharnant à les couvrir, il
en était devenu solidaire.
Ce sentiment ne nous quittera pas au
cours de la tâche qui nous reste à îiccom-
plir. Dans la recherche des responsabilités
engagées et des réparations diverses qui
sont attendues nous devons être d'une fer-
meté inébranl.djle, mais aussi dence qui nous empêche de confondre avec
les sanctions nécessaires ce qui pourrait
all'-aiblir le respect même du drat'cau.
Nous nous souviendrons quand nous en
serons arrivés là de ne qui a fait notre
force et notre union, dans cette lutte mé-
morable nous n avons eu on vue que la jus-
tice et ce sera la justice qui nous guidera !
jusqu'au bout. *" !
A vous, chers collègues, d e tout cœur.
Pour le comité :
Le bureau :
TRARIEUX, sénateur, président.
DUCLAUX, membres de l'lnsfitul,
GïUMAUX, vice-pt'psitlent,
MATH ! AS MORHATVDT, secrétaire géné-
Ml.
LAPICQt: E, secrétaire-adjoint.
LUCIEN- FONTAINE, tl'l:sor¡N.
La Ligue a en outre décidé d'envoyer !a
lettre suivante à tous ses adhérents :
Chers collègues, I
La lumière est des maintenant faite sur
le douloureux drame qui a depuis des mois
retenu notre attention. Nos efforts sont,
enfin couronnés de succès. Rien ne peut
plus mettre entrave à l'œu\ ['C de mérité que
nous avons si ardemment poursuivie dans
l'intérêt de .'humanilé et de la patrie.
Pourquoi faut-il que notre joie soit assom-
brie par l'acte tragique qui est venu subi-
tement mettre fin à nos angoisses?
Nous parlageons l'émotion profonde qu'en
ont ressentie l'armée et le pays. Puisqu'il
fallait cependant un châtiment exemplaire <
pour nous tirer de l'erreur olt nous avaient
plongés de criminelles inlpig&Si* Ttous ne
pouvons mettre en balance& piti6lue au
coupable qui, pris de rejiMfrthi 8*1 d'épou-
vante,se l'ail à lui-même jtWftie,et le devoir
impérieux d'arracher ta iaftoeent au
i ba>;n«. ^
C'ceft att lintmant-col«g Picquarljâcek
cœur vaillant et. ttéroique 4*e nous dfevetis
en première lig»jcette martlie fwoée "*s
la lumière notre pensée vt natuwrtleawait
à lui et sofl esprit de saortttee, son abDétIL-
lioto, sa foi calffie et persévérante «j*ns
l'idée pL-'e du devoir nous pénètrent
çoive l'expression siiïcfcfe » toira de sa
prison oÍl on le retient encore comme la vic-
tinojo expiatoire du droit outragé.
Ce n'est pas lui qui a jamais pensé qtteltt.
terrible crise-dont le dénfouenûteni est pro-
che pourrait risquer de laisser une tache
sur notre armée.
Voici la dernière lettre que Mme Drey-
fus a reçue de son mari :
pies du Salât, 37 juia 1898.
Ma chère et bonne Lucie,
Je le sens à travers la distances! angoissée
toi-même, soutfrant non seulement de tes
souffrances, mais des miennes, que je veux
venir encore te causer, quoiqueje Taie écrit,
il y a quelques jours, me l'approohur de toi
plus près encore que par la pensée qui, ce-
pendant, ne te quitte pas, toujours aussi
pour te répéter les paroles qui doiventsou-
lenir ton inébranlable courage.
Comme je te l'ai dit, innocent de ce
crime abominable, mon cri d'appe , je l'ai
jeté vers la patrie pour demander mon hon-
neur, la révision de mon procès.
Nous avons trop soutfert moralement
l'un et l'autre, nos souffrances durent de-
puis trop longtemps, les heures sont trop
lourdes, pour que je puisse te parler de
moi.
Tout ce que je puis te dire, ces que,
nuit et jour, il toutes les heures, lA. outes
les minutes, mon CWUI., ma pensée, tout ce
qu'il y a de vivant t-n moi est pour toi, pour
nos enfants.
Ma vie, certes, est à mon pays, aujour-
d'hui coinmo hier, mais mon honneur ne
lui appartient pas, c'est le patrimoine de
nos enfants, le bien propre de deux fa-
milles.
Aussi, innocent de ee crime abonni
nable.mon cri d'appel je l'aieitcorc
Jeté it la patrie pour réclamer cet hon-
neur de tout mon cœur de Français et de
soldat, de tout mon cœur d'époux, et de
père, pour demander I:L revision de mon
procès au président de la République.
Je t'embrasse comme je L'aime, de toute
la puissance cio mon affection, ainsi que
uus et...rs ot adorés enfants.
Ton dévoué,
ALFRED.
Les Interpellations
La session prochaine sera exclusivement
remplie par les interpellations annoncées.
Six semaines nous séparent de la rentrée
des Chambres, et nous sommes menacés
déjà de douze interpellations, c'est-à-dire do
douze séances perdues. Pour peu que cela
continue, la discussion du budget ne sera
même pas commencée au moment des va-
cances de janvier.
Les interpellations de MM. Bourrat et
Gauthier de Claçny, sur l'accident de Li-
sieux, celle de MM". Mirman, Breton et M i 1 -
ievove sur le faux Henry, celle de MM. de
(irandmaison, Fournière, sur l'affaire Drey-
fus, d'autres sur la démission de M. Ca-
vai?nac et enfin l'une de M. Laloge sur le
mauvais fonctionnement du service télé-
phonique, adressée à M. Mougeot, nous
font espérer une session mouvementée.
Pour faire une besogne aussi peu utile,
le gouvernement ne doit pas éprouver l'u-
tilité d'une convocation prochaine des
Chambres.
Il sera toujours trop tôt.
YVONNE LECLAIRE.
Lettre d'Angleterre
LA PRESSE ANGLAISE SUR L'AFFAIRE DREY-
FUS ET LE RESCRIT DU TSAR. — L'ALLIANCE
ANGLO-ALLEMANDE. — LA GUERRE DES
DERVICHES. — UNE FEMME COMISSAIRE-
PRISEUR. — UN COLLÈGE D'AGRICULTURE
POUR LES FEMMES. — LES COURSES DE CI-
VENCESTER ET DE COOKHAM,
I.^s journaux anglais comme les nôtres
sont "entièrement o/.cipés par les ré-
r.cnî.s événements de l'allhire Dreyfus - et
comme l'opinion généra e en Angleterre
était ;:i;pr.is longtemps déjà ce le des revi-
si'mnistrs - le ton qu'ils prennent à parler
de îvr'h? {!!!:urc est, plutôt le ton de gens
({•il bont contents. Il est triste cependant de
iiv k"j:s commentaires qui ne sont pas
toujGùl s dans une note' aimahle pour la
't'r;Ln'.mêm-* exttior.itnaire de constater combien
les nr a'J'aii « .'.e, la France ont J'air d'in-
tér^-vn le.- Anglais — et surtout combien
).T. presse anglaise semble heureuse lors-
qu'elle peut trouver une occasion de blâme.
Au contrai 'e,cc qui se passe en Angleterre
n est pas assez commenté da.ns les journaux
français.
L'Angleterre a l'air de n'intéresser la
France <;.ir; par rapporta son attitude poli-
tique f\t''T!eure... L'affaire Ilooley, dont
j'a! par'c pl',:-:ieurs fois ici déjà, n'a presque
pas trouve dWho dans la presse parisienne.
Et cependant le Panama, dans ses jours les
plus terribles,n'a jamais dépassé, ni même
atteint les proportions de cette affaire qui
démontre clairement l'état délabré dans Ic-
quel la vieille aristocratie anglaise tombe... 1
Les noms les plus illustres figurent sur la n
liste de ce banqueroutier escroc pour des
sommes énormes. L'inscription d'un nom
glorieux dans l'histoire de la grande Bretagne q
a coûté au sieur Hooley la jolie petite somme il
de un «Million sept cent cinquante mille ±
franflll.... tfb eWtaa parti prtRM|û»«n An- j,
g)efcawràemèné*4a!»ppr«roéOttdBl*flbam ; 1
bre drt pair*, ««fe législateurs héréditaire» a
du eW4ang aa~ lEt l'allaira tlooltà,y -'nl-
olie ifcmontimrnine fois de plus rimMÉité ^
d'. 'tiI1 corps gouventMiits. c
f
> • •
La -touvede Question de jaur à Londres
qui dépaue D(ntérêt mènw suaamr par le c
rescrit du tsar est la préteBéare alliance c
anglo-allemande.. c
Au fflomeatouj^écT-is — la njanvalia dâià r
annoncée par deux journaux est appoyee' t
d'un grand nombre d'autres feuilles — 1
France«erait déjà sigaée par ^
BàTTbur., , 1
Après l'alliance anglo-américaiar; J'ai- <
liftnce anglo-allemande... C'ut l'anglo-ger- <
manisme vainquant le monde... '
»• |
Au snjet du rescrit du tsar il était inté.. 1
basant de lire les journaux anglais oette 1
semaine. La première impression dans la <
presse sembo1e oyoir été la stupéfaction, 1
puis onguite est venue, la soudaine crainte 1
que le désarmement des navires (Le guerre 1
serait la diminution de la puissance et de
l'autorité britaniq ue su r la surf ace du globia...
Mais aucun journal n'a semblé tout d'abord
accueillir avec ndmirationcollo nouvelle de
a belle et généreuse idée du jeune tsar...
Et en France remarquez que le premier
mouvement a été celui de l'admiration...
Deux jours après la presse anglaise reve-
nue de sa sùrnéf.K 'ion s'occupait surtout
de l'opinion fies il., ," ' nations européennes
au sujel du désarmement proposé, et ne
manquait pas de crier très haut que la
France avait été trempée par celui qu'elle
croyait son ami et. induite en erreur par
'alHœnr.e franco-russe don tel le avait espéré
l'appui pour la revanche !... »>
•
« »
La guorre des Derviches touche enfin à
son but. Après être restées plusieurs jours
sans nouvelles de l'expédition anglaise di-
t'igúc p:tr le général Kjh'ho:)cr il cause des
nuées île sable qui empêchaient la tratis-
mission des dépêches, IttS a.uhu'itt's à Lon-
dres ont pu entiu samedi soir annoncer la
prise de Khartoum.
Voilà le but atteint et l'Angleterre peut
s'en réjouir. C'est une grande viutoii^i et lit
couronnement d'une tactique des plus ha-
hiles pour l'agrandissement de l'mn-pn'a
britannique. On annonce a,000 morts ou
blcSdÚs JlJu'mi les Auglo-lJgyptiens cL 8,Olf.)
parmi les Dénichés...
Les journaux anglais raivmtent par le
menu détail les souffraucos résultant de la
chaleur et de la soif endurées par l'armée
anglo-égyptienne.
• m
Causons un peu féminisme.
Sait-an qu'une Anglaise Miss Ada Ham-
mond a suivi la carrière de commissaire-pri-
seur 011 non-seulement elle brille, mais est
en train de faire fortune? lît pourquoi pas '?
Cette professiona-t-elle rien qui ne sollcom-
patible avec t'csprit féminine
Miss lIammond,qui est née à Gloucester,
a eu toute ieune, l'idée originale de suivre
cette nouve le voie. Sa famille la traitait de
a toquée )'... Mais finalement, cédant à ses
supplications urgentes, sa mère paya les
2.)0 francs nécessaires pour sa licence, espé-
rantque sa fille renoncerait elle-même à son
idée de suivre une telle carrière. Mais Miss
Hammond s'y plut si bion qu'elle continua et
peu de temps après elle alla s'installer aux
Elats-Unis, Elle y demeura nouf ans et re-
vint en Angleterre « pratiquer ,) dans les
provinces anglaises, Depuis quelques se-
maines elle a trouvé une situation impor-
tante à Londres, et l'autre soir une de mes
amies a pu lui demander un interview,
après une vente qui venait d'avoir lieu à
Myddleton Hall, lslinglon. Miss Ham-
mond qui était encore dans le rostrum
marteau en main, a gaiement répondu à
toutes les questions de son interlocutrice.
Elle ne sait pas si elle aura autant de chan-
ces pour réussir à Londres que dans les
provinces. « Ut, dit-clic, on venait à a
vente rien que pour me voir et je ser-
vais comme une excellente récame dans
ma propre Business Il Miss IIammond asur-
: tout inststé sur ce point — qu'eiie change
de toilette tous les jours el fait tous ses
efforts pour être aussi l'léganle, et sédui-
• sante que possiht)'... ce qui duit être sinon
le but, du moins le moyen de toute vraie
féminisle... « ,le travai le sept heures pir
i jour >• iljnu tc.Miss Ilammond. - Mon travail
est dur, souvent, mais toujours il m'inté-
, resse. »
l'ne nouvelle et très intéressante voie va
• prochainement être ouverte aux jeunes A11-
> glaises... Un collège d'agriculture s'établit.
• pour elles...
» Le Council supérieur du Collège de Ilca-
t llin,t.;, d'après un projet soumis et soutenu
par la comtesse de Vûirwiek, va prochai-
1 nement installer un /¡iJ.'ôIf.1 ou maison de ré-
- sidence ponr les femmes qui se ùestinenth
1 t'agricutture. Des cours théoriques et pra-
- tiques sur la science du pépiniériste et de
l'horticulteur, seront faits au collège cl les
: élèves, qui devront avoir dépassé l'âge die
; seize ans, y apprendront également cc-m-
ment on élève la volaille et les abeilles ot
. comment on fabrique le beurre, les fro-
mages, etc.
L'idée de Lad y Warwick est de former
> plus tard des setilements ou colonies dte
temmes-agrtcu teurs dans différentes ré-
> gions fertiles de l'Angleterre où elle pour-
: raient installer des Market-Gardens on jar-
i dins de rapport qui seront en relations di-
- rectes d'affaires avec le marché central d'a
Londres-Covent Garden — pour l'écoule-
ment de leurs aiàrtffcandises.
*
Un grand nHAM dte anglaises
qui ne vont p&s
tours vg"g dans la CfMrtMànte vallée de
4&T&tûf»M» de tempi et qbmps, durant
A)ût et .-r>tembl'c,deanas ou « tour-
nais * de- sports i&ottoftter ont lieu. La se-
maine dernière deux réatiions importantes
danslet* annalesda « e'port ), où les femmes
ont joaé tun grand flfle, ont été de brillantes
fête».-
A CfttVtncester cualft corses dont les
ooncwubnts n'éLaiea1 que du sexe faible '
ont &«cnô une foule de plusieurs centaines
du smart set. La course n- 1 élait un Bending
race dans lequel les concurrentes avaient à
diriger tenrs ctievror entre des rangées-®e ■
poteaux d'une façon assez compliquée.
, Cinq dames, ont pris part à. celle, course.
Dans le Polo Sctttry quartre dames a&t con-
courru et Miss Sybii Musgrave qui avait
déjà gagné la course n' 1, fut de nouveau
victorieuse. Dans le Basket race les concur-
rentes avaient à cueillir des pommes de
terpe attachées à dès poteaux pendant que
leurs montures les emportaicat à toute vi-
tesse,et dans la Cigarette Race, dernière de
celte catégorie, dont Miss S. Musgrave fui
de nouveau l'héroïne, il s'agissait, pendant
que le cheval allait au grand galop, de
prendre une cigarette tendue par un cava-
lier, d'al Itimer cettecigarette et de regagner
le but en la fumant.
A la régate de Cooliham plusieurs courses
furent gagnées par des. dames notamment
une course à la rame dont ta gagnante,
Mrs Il. Coleman, remporta victorieusement
le prix au milieu des vifs applaudissements.
Ce prix était un superbe bol en argent ci-
sele. Kent dames ont pris part à la course.
CLAIRE DE PRATZ.
RENDEMENT DES IMPOTS
L'Administration des Fj!1rtn 'CS vient de pu-
blier le rendement des impôts pt revenus indi-
recte ainsi que des monopoles de l'Etat pendant
le mois d'août !tM.
Les résultats accusent une plus-value dl)
11.1^,4'X) fr, p;ir l'apport aux évaluations bud-
et une augmentation île 1t.<2!,
Par r qii»ort ayx évaluations budgétaires il y a
.iliirf-value sur:
rem-i.'-islrouïont 6.417,5(10
les douanes S.t)?J,«.Ml|)
les e,¡IlII'iJJutioll:; indirectes 3,x3ô,OOf)
l,':; coniributioiui iudireotes U10lwpolIJS l,3i9.J>UU
IcS pn;-;t!'s 700,000
les télégraphes 710,600
Il,.; tétèphunii-S 17G,4'Ki
Les moins values portent sur :
IV n n 'gi s tremen l 2,155,100
le UmhM 5,000
'intput. sur les opérations de Doursc 1,122,000
les sels 38K,0(R>
les sucras 1,310,00J
Par rapport au mois d'août 1897 il y Il augmen-
tation sur :
l'enregistrement 7,455,S»00
) impôt de4 OjOsur lesvalcursmobilières 101,000
les contributions indirectes ' l,4ftl,0i)0
les sucres 2,ë!5.!')U
les contributions indirectes (monopoles) 1,502,000
les télégraphes 4U8,"OÛ
les téléphones 232,400
il y a diminution sur:
li1 timbre 554,000
l'impôt sur les opérations de bourse 101,100
1t'8 douanes 1,297,000
les làels 372,000
les postes y 1,900
LE
Martyre des Enfants
(Second article).
Les enfartts de parents « romains 1)
dont nous avons parlé dans un précé-
dent article ont droit à notre sympathie
et il notre protection. Avec un peu de
courage moral, nous ne leur ferons pas
faillite.
Plus malheureux cent fois sont les en-
fants exploitas, soit par dos industriels
sans vergogne (les petits Savoyards, par
exemple, embaucher au pays même, au
prix de trente francs une fois payés, plus
un chapeau pour le père, sous prétexte
de (PlIl' faire faire dans les grandes villes
un travail que les eheminéos actuelles
ont Tendu inutile et impossible), soit par
des parents indignes qui les dressent à
la mendicité, à la maraude, au vol, il la
proslibution.
Pour l'enfant exploité, le danger ma-
tériel, dont nous parlerons tout il l'heure,
s'aggrave du danger moral. L'ignorance,
la paresse, le mensonge, l'intempérance
entrent par tous ses pores, s'infiltrent
dans son snng, et sauf exceptions, s'il a
pris goûta son métier, il n'en fera ja-
mais d'autre, surtout s'il tombe entre
les mains de la police, et s'il est envoyé
en « correction n.
C'c..;t que le « métier n ne va pas sans ,
une sorte 0(' charme romanesque fait de
liberté et d'imprévu; puis il a ses reve-
nants-bons.
Peut-être ne mange-t-on pas tous les
jours, ou du moins fait-on fréquemment
maigre c!Mff:; mais les jours où l'on
mange... « Quels*, gueuletons 1 » Allez
dortc voir si l'on s'en paie de semblables
chez los gens qui travaillent ! » et l'on ,
méprise la vie régulibre, avec soti train-
train, et ses ragoûts de mouton, et son
vin bleu.
A défaut d'esprit de solidarité, notre
égoïsme devrait nous presser de recher-
cher ces en fan ts-lâ et de les arracher à I
celte dépravation systém«A*f8e> car de-1
main un miracle seulpmutHk 1ea empê-
cher d'être pour la société IM qua des
non-valeurs.
Mais chaque métier — même le plus
attrayant — a sa morte jai»©n, an chô-
mage,'«C8 jours noirs, et c'est-alors que
s'étite la monstruosité des exporteurs.
S'agit-il de mendicité? la somme à rap-
porter à l'infilM logis, a été fixée d'a-
varice, et il fjmt qu'elle ait été amassée;
.s'agtt-il de marawde, de vol? il faut que
les objets désignés aient été détournés;
s'agit-il de prOJ'titutioR., il faut avoir dé-
couvert le client, et qu'il ait été solva-
ble.
C'est abominahle, n'est-ce pas ? Et
c'est vrai !
C'est vrai, vous dis-je,
Rentrant chez moi, un soir, par une
rue qui tvo'isine le Ln&Cfu bourg, je suis
accostée par un enfant, 0 ans peut-être,
qui me demande l'aumône.
— Tu es encore dans les rues, passé
onze heures, lui dis-je. Tout seul ! quand
rentreras-tu?
— J'sais pas, p'tet minuit, p'tet deux
heures... ça dépendra...
— Ça dépendra?... de quoi ?
— De ce qu"« on » aura ramassé donc !
I — Pour cette fois,ta journée est unie ;
! je t'emmène; où demeures-tu?
— Avenue de Choisy, mais j'peux pas
partir sans ma sœur.
— Où est elle ?
— Par là, près des cafés du Luxem-
bourg.
(Or, près des cafés du Luxembourg,
près de tous les autres cafés, la mendi-
cité des petites filles cache des abîmes de
malpropretés et de vilenies. Pour se
douter de l'amas de boue qui souille ce
pauvre petit monde, il faut avoir fré-
quenté les prisons d'enfants ; la concier-
gerie par exemple; et de ces constata-
tions on garde une tristesse incurable...
à moins que l'on ne se livre au travail
d'assainissement.)
Nous nous mettons enquête de lasœur,
que nous trouvons bien tôt et, malgré les
protestations de la fillette, nous prenons
la. direction de l'avenue de Choisy.
Sans trop de tirage, nous descendons
la rue Claudc-llernard, nous montons
l'avenue des Gobelins. Mais sur la place
d'Italie, la petite fille, qui commence ù
croire que c'est sérieux, et que, vraiment,
il faut rentrer chez elle, me supplie de
lui rendre sa liberté, tandis que son
frère se met à crier comme si je l'écor-
chais.
Ils n'avaient pas réalisé la somme im-
posée; ils allaient être roués de coups...
Que faire, sinon combler le déficit, en
attendant mieux?
Donc nous savons pour l'avoir vu :
1" Qu'il y a des bébés à la mamelle
terreux., pleurards, grelottants que des
mères dénaturées ou des mères d'em-
prunt exposent à toutes les intempéries
pour exciter la pitié des passants. Nous
savons même que l'on fait des plaies et
que l'on invente des maladies à ceux qui
persistent à se bien porter.
2° Qu'il y a des enfants plus âgés, que
l'on déprave pour tirer parti de leurs
vices, et que l'on châtie sans pitié, lors-
que le profit ne satisfait pas la rapacité
des exploiteurs.
Nous savons, en même temps, qu'il
existe des législateurs, et que les légis-
lateurs font — exceptionnellement — des
lois humanitaires. C'est ainsi que nous
sommes dotés :
l' d'une loi interdisant la mendicité
dans les rues;
2' d'une loi scolaire obligeant les en-
fants de 6 à 13 ans à fréquenter l'école ;
3* d'une loi contre l'excitation des mi..
neurs à la déb:un'!.c:
•V d'une loi d:' déchéance paternelle
ou maternelle, \ ¡ "ulL les parents indi-
gnes d'exercer leurs droits.
L'application de la loi contre la mendi-
cité sauvegarderait les bébés; l'applica-
Lion de la, loi scolaire et de la loi contre
l'excitation des mineurs à la débauche
venant à la rescousse, sauvegarderaitles
enfants et les adolescents;
La loi de déchéance s'étendrait sur
tous...
Mais Noil.'t ! il y a bien d'autres chats il
fouetter, et les délits d'opinion passion-
nent autrement que les crimes contre
les enfants !
Un sergent de ville essaie-l-il d'éloi-
gner doucement— tout arrive, donc cela
se voit—une mendiante dont le bébé
hurle de froid, ou d'une atroce piqûre,
faite au bon moment par la mégère, la
foule s'amasse, injurie le pauvre diable,
et le menace de lui faire un mauvais
parti.
Vous savez comment travaillent les
commissions scolaires, et quant aux fil-
lettes qui vendent... des fleurs, on at-
tend qu'elles aient atteint l'âge,pour leur
imposer l'ignoble carte !
La loi de déchéance ? avez-vous bien
réfléchi à la dangereuse gravité de ses
conséquences? Et pour un magistrat
moderne qui l'applique, dix « romains »
se refusent à libérer le malheureux en-
fant.
De ce qui précède il faut tirer une
philosophie, une méthode, des procédés
de conduite.
La philosophie consiste à comprendre
une f
aident; elles ne le créent pas.
Elle consiste encore à nous persuader
que les mœurs sont notre affaire, à nous
autres femmes. Pour l'avoir ignoré, pen-
dant trop longtemps. pour avoir cru ce
que l'on nous disait : qu'il fallait être
aveugles, sourdes et muettes, celles qui
avaient le cœur bien placé ont été pour
la société des non-valeurs, tandis que
les autres étalent des dissolvants.
Il faut rattraper le temps perdu et
nous mettre à l'œuvre dans le champ
qui nous est le moins contesté. Les en.
fants, c'est à nous, peut-être. (Les en-
fants d'autrui, du moins, car les nôtres...
—N'oublions pas que le mari est le chef
de la communauté !)
Notre méthode consistera à nous atte-
ler à l'application des lois qui concerneni
l'enfance.
Notre procédé ? jj
Avoir l'œil ouvert sur tout ce qui chex |
un enfant peut paraître anormal : (la
mendicité, l'abandon la nuit, dans les
rues, les loques qui laissent voir la peau
les métiers scabreux, etc.), avoir l'oreille
tendue'vers le moindre bruit, et ne s'en
remettre qu'à soi-même ou à des amis
éprouvés, du soin de faire la lumière sur
la situation ; puis réunir des prosélytes !
Surtout ne vous endormez pas sur les
soi-disant lauriers des Sociétés de pro-
tection; le bien qu'elles fnnlfût-il centu-
plé, il resterait encore quelque chose à
faire. Pour ne parler que de doux d'en-
tre elles : le Sauvetage de l'Enfance —
qui est notre enfant a Mme de Barrau et
à moi — élève 800 enfants il la campa-
g-ne, et ne demanderait qu'à en élever
huit mille; la Société contre la mendiâtv
des enfants a si bien débarrassé le pave,
qu'elle se demande avec anxiété dans
quels repaires se sont réfugiés les petits
mendiants; elle fouille les quartiers
sombres, et reste cruellement préoccu-
pée pour la réalisation de son idéa.1.
Adhérez aux Sociétés; elles ont besoin
de vous, mais exercez votre initiative
Le salut est là.
PAULINE KERGOMARD.
(A suivre.)
INFORMATIONS
Le Désarmement
De nombreuses réponses on! été faites a.,
Journal de Saint-Pétersbourg, considéré il\'t'l
raison comme le porle-paro e du Lsa:'
et l'attention du monde politique est ab-
sorbée parle rescrit. impÚrial. Lo' - j>litriot,:
Morézini écrit: " La question du désarma
nient domine tout. Le monde entier L»SI SE
coué 'l'un immense frisson d'espérance et
les femmes, les mT-i es surtout, out.du bénir
ce beau jour oit un prince magnanime a
conçu l'idée généreuse de leur conserver a
l'avenir leurs maris et leurs enfants ». 1.0
Post du 3 septembre prétend qu'on ne peut
pas établir de parallèle entre le manifeste
du tsar et la proposition de désarmement
présentée par M. Vicrclnvvv en lStV.).
« Entre ces deux manifestations, écrit a
Post, il existe une grande dill'érencc que les
organes libéraux feignent de nt.' point
aperccvoir. En premier lieu la proposi-
tion russe n'a pas, comme la proposition
tibcraie, c; caractère d'une improvisation.
Elle part avant tout de ce point de vue
qu'un désarmement ne peut avoir heu
que sur la base de conventions fermes et
durables qui liont entre elles les grandes
puissances, tandis que te professeur Vir-
(,tiow demandait alors que la t'rossc, c/e -t-
tl-dirc la confédération de l'Allemagne du
nord, procédât, de sa seule initiative au dé-
sarmement même sans entente préalable
avec les grandes puissances »
L'¡';cù}l,¡misl est très explicite et dil en
propres termes : « N'y a-t-il pas pour éviter
la guerre d'autres moyens que la réduction
des armements? pei:l-'!re. 5 ! a i s l'empereur
de Hl1ssic ne s'en inquiète pas. Ce n'est, pas
tant la guerre qu'il veut éviter que le far-
deau croissant des dépenses nécessitées
par les armements en vue de la guerre,
c't.st contre les armements du militarisme
qu'il en appelle auprès du monde euro-
péen. » L'Opillionf: revient ainsi sur la pro-
position de Nicolas Il.
Il Le désarmement ne réduirait.en aucune
façon les fabricants dt'. canons à la mendi-
cité; leurs usines seraient transform'-es. et
au lien d'en faire ces instruments de d<---
truction -?t de mort. on n'y fabriquerait plus
que des instruments de civilisation C do
progrès. > le Popnto U présente ur*
autre argument: les budgets militaires ont
< remarquc-t-il » absorbé en Europe 5 mil.
liards rien qu'en 1R\IL Depuis ces budgets
se sont encore considérablement élevés; "11
comprend facilement quelle colossale quan-
ti té de travail reste inlprodoctive. ><
Franchement, 111:0 pareille objection re-
posant sur de telles bases, ue peut tenir
bout, on comprend d avantage les ré!:e\\
de i Indépendance Ifawnaine :
f( La non e initiative du tsar a provou::--
autant d'étounement que d'admiration;
commentaires de la presse européenne l,"
moignent en être!, du désarroi dans lequel
la circulaire du comte Nlouraviell' agite le?
esprits. La beauté, la grandeur dl" la cou-
ception tsarienne séduit, certes, mais dit
déconcerle à la fois. Jo
(2)
LA TRIBUNE
6 SEPTEMBRE 1898
LA REVOLTE D'ÈVE (1)
II
Cette rubrique forme un feuilleton eotMt
jpt le sujet change tous la troù jours.
— Non, c'est très simple. Les droits,
fous les avez tous, et madame a tous les
devoirs, ou peu s'en faut. Vous pouvez
lui prendre son argent, jouir de son
corps, l'emmener en Chine ou à Tanbouc-
tou, contre son gré, disposer de ses en-
fants, et la tuer si elle vous trompe on
tout au moins !a faire mettre en prison.
(1 ) Sous ce ti tre La Révolte d'Eve paraîtront
plusieurs articles sur la condition sociale
de la femme, l'amour et le mariage dans
la société actuelle et la société future. Ces
articles formeront plus tard un volume.
— Je vois on effet que j'ai un maître, j
dit T'v'e, et s'il usait des avantages que
VI'i'i lui confères, ce maître serait un
tyran. Heureusement qu'Adam n'est
point niéc'iant, quoique infatué do lui-
même. Mai à chaque droit correspond
un (levoiJ',Uupls sonlles devoirs d'Adam,
monsieur le Juge?
— Il doit vous nourrir et vous prolÓ-
ger.
— Mais il peut à peine se nourrir lui-
même et il fut des jours oit je dus payer,
de mon gai.i, le pot-au-feu conjugal, et
non seulement le payer, mais le faire
cuire !
— Cela ne me regarde pas, dit le juge.
— Et comment me protegcrait-il.puig-
qu'il est asservi, puisque l'évolution in-
dustrielle m'a jetée contre lui en rivale,
en concurrente, en ennemie ?
— Ce n'est pp - mon affaire. Mon af-
faire est, d'appliquer la loi non pas d'éta-
blir la justice parmi les hommes.
— Enfin, soupira la femme, si ,Adam
me trompe, j'aurai, par la vertu des lois
barbares, l'âcre plaisir d'agir en barbare.
Je tuerai.
— Cela ne vous est point permis.
L'homme seul a le droit de tuer.
— Eh bien, il ira en prison.
— Cela serait contraire à la dignité
virile. Un mari, madame, ne va point en
prison pour si peu. Il est le propriétaire
et vous êtes la propriété. Cela fait une
différence dans la nature et la gravité
du délit. Monsieur paiera seulement une
amende et nous vous rendrons à chacun
votre liberté.
— Vous êtes bien bon, dit Eve.
— Hier encote, tous les adultères du
monde, voire même les sévices et l'indi-
gnitiJ notoire n'eussent pas roinpu la j
chaîne indissoluble des conjoints. Il y a
des gens bien pensants qui regrettent
cette rigueur fort propre, disent-ils, à
rehausser la sainteté du mariage.
— Vous avez fait là d'étranges lois, re-
prit la femme.
— Ce n'est point nous qui les avorts
faites. Nous les avons reçues d'un cer-
tain Napoléon qui vivait, il y après d'un
siècle et qui n'aimait les femmes que
comme dès machines à produire des sol-
dats. Et ce Napoléon lui-même avait pris
ces lois dans un vieux Code, édicté par
les anciens Romains.
— Ce Napoléon n'avait pas prévu l'état
matériol et moral des gens qui devaient
vivre cent ans après lui. Il faut un Code
nouveau pour des mœurs nouvelles. Je
conseillerai à quelques femmes de se
faire avocates, puis députées, afin de
donner un bon consoil sur la fabrication
des lois qui les régissent.
— La femme peut être avocate, dit le
juge, mais avocate in partibus. Quant à
participor à la fabrication des lois, cela
lui est tout à fait impossible, à cause de
l'inîirmité de sa nature intellectuelle.Les
lois sont faites par les hommes, pour les
hommes.
— Alors, nous enverrons à l'Aréopage
des hommes sages, justes, qui parleront
pour nous.
— Vous n'enverrez personne, dit le
magistrat. Vous n'êtes ni électrices, ni
éligibles, puisque vous n'existez pas,
comme personne civile. Vous êtes de
perpétuelles mineures, assimilées aux
enfants, aux aliénés et aux crimmets.
— Grand merci, dit Eve. Je sais ce que
je voulais savoir. ,
III
En s'ortant de chez le juge, Adam me-
na sa femme chez le prêtre.
— Mon Père, dit-il, ne soyez point sur-
pris de me voir. Il est vrai que je ne fré-
quente plus vos églises et que je mange
du saucisson le vendredi. Je suis libre-
penseur et franc-maçon. J'ai une âme de
conseiller municipal. J'ai même écrit
dans les journaux des articles anonymes
contre la superstition où je disais que
les curés font la noce et que le Pape est
un vieux farceur. Mais c'est de la polé-
mique, ça n'a rien à voir avec la vie
privée. Il faut de la religion pour les fem-
mes parce qu'elles ont l'esprit faible. Ça
les occupe, ça les amuse, et la peur de
l'enfer les empêche de broncher. Veuil-
lez donc, je vous prie, rappeler à Eve
son devoir.
— La femme doit être soumise à
l'homme, dit le prêtre.
C'est Saint-Paul qui l'a dit.
— Il dit aussi : « Esclaves, obéissez il
vos maîtres n, répliqua la Femme. Est-
ce à dire que votre Christ ait recom-
mandé l'esclavage? Saint-Paul parlait
pour les gens de son temps, régis par
des institutions particulièrés qu'i! n'avait
pas le pouvoir de changer — ce qui ne
veut pas dire que ces institutions lui pa-
russent parfaites.
— La Femme a introduit le péché dans
le monde...
— Ah 1 fit Adam, l'histoire de la
pomme...
— Je te conseille de rappeler1 cette his-
toire-là, dit Eve. Tu n'y joues pas prééi-
sémerit le beau rôle, car, si le scrpeht
a surpris ma naïve bonne foi, pendant
que tu dormais comme une brute, je n'ai
pas fait acte d'égoïsine en te donnant la
moitié d'un fruit que j'avais trouvé bon.
En t'apportant la Pomme, je pensais
t'offrir la Science du Bien et du Mal. N'é-
tait-ce pas le devoir d'une affectueuse
épouse ? Et cette Pomme, je ne te for-
çais pas à la manger. Tu l'as mangée,
pourtant. Et quand Jéhovah nous ap-
pela, quelle piteuse contenance tu fis,
cher homme, feignant d'être sourd, ajus-
tant ta ceinture de feuilles et gémissant:
« Ce n'est pas moi, Seigneur, c'est elle. »
Bien t'en a pris d'être le seul de ton
espèce, car s'rl y avait eu un autre Adam...
— Qu'aurais-tu fait?
— Suffiit! Je n'en dis pas davantage.
Mais écoutons M. le curé.
— La femme, reprit le prêtre, est une
créature déchue, impure, la tentatrice
élernrlle; le vase d'iniquité. L'Elise lui
interdit le sacerdoce. Il y a peu de siceh's,
nous n'étions pas bien sûrs qu'elle ptîl
une âme. La femme doit obéir, se taire
et se résigner.
— Vraiment, dit Eve, Jésus ne parlait
point sur ce ton lorsqu'il relevait la
femme adultère et laissait Magdeteinc
verser la myrrhe sur ses pieds nus. Si
c'est avec ce miel-là que vous avez pris
nos aïctlles, messieurs les catholiques,
il faut convertir qu'il a tourné en vinai-
gre ou que nos aïeules avaient d'étran-
ges goûts. Vous nous dites impures,
parce que la nature nous a donné des
fonctions dont votre stupide ignorance
méconnaît le but. Alors, vous êtes im-
purs votts-rtvêmes, vous qui f fîtes formés
et nourris de notre sang. Vous nous
dites tentatrices parce que non-A sommes
belles et que Vous ne savez pas nous
contempler avec des yeux chastes et des
pensées pures de concupiscence. Vous
nous imposez l'obéissance et le silence
pour que nous ne cessions pas d'être,
dans vos mains, de dociles instruments
d'oppression. Par nous, vous g-ou-
vernez nos maris et nos enfants.
Vous connaissez les secrets du lit
conjugal et quand vous nous renvoyez,
rougissantes, étonnées de ce que 'vos
questions nous ont appris, N-ouà nous
recommandez la chasteté. Mais nous
ne sommes plus au Moyen âge. Les
vertus passives dont vous files notre
lot, nous les avons transformées en
vertus actives. Nous voulons penser,
aimer, agir, réhabiliter en nous l'Huma-
ni!é. Nous voulons réaliser la justice et
le bonheur ici-bas, autant que possible,
et vivre par l'esprit, par le caMir et
même par la chair, ce qui ne comporte
point de honte.
— Hors d'ici, femme sans pudeur l s é<
cria le Prêtre indigné.
MARCELLE TINAYRE.
(A Suivre).
Le service de tt !•'!«»<*> S*H «*tr«
fait gratuitement pi iubau un nu
à t«*tca les institut rie CM Q)uut
améttè ait jonrftal trois alîvuut-
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