Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1901-07-19
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 juillet 1901 19 juillet 1901
Description : 1901/07/19 (A2,N254). 1901/07/19 (A2,N254).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703373r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Mate J'éprouve une sotMeM)t B— rignnmmt des jeunes filles, et4 sans retemr
tMp toagtemgl wette **■»■«,* veux TOUS en
éntoBotit
On aimait à dire, an temps jadis, que le rôle
de la femme et la fin de sea existence se bor-
utiemi à la toilettédevbéMv et à la confection des
8CJIaMa.....qGe, chez le sexe I&Me, le savoir D'al-
lait jamais sans pédantisme, etm la beauté
•'accommodait mai Ane sslide testruetion.
Mais les Pfétietm» MM»bt de Molière ont
fait leur temps,et les boutades de Chrysale ne
seraient pi» =té« aujourd'hui que par quel-
le a oompfta enfin que le savoir, comme la
Ter tu, est une parure qui sied à la beauté; on a
compris aussi qu'il y a pour la femme d'autres
devoirs qitfe les som» matériels du ménage ;
qu'elle a un grand rôle à jouer dans la famille
et dans la société et que, pour comprendre sa
mission et pour la bien remplir, elle a autant que
l'homme, plus peut être, besoin de doter mon
esprit d'une haute culture.
La femme instruite son régi le de son mari
par l'esprit, comme elle l'est par le. cœur, en at-
tendant qu'elle le devienne par la 101,
AI8Ii rétablira, au forer de la ramille, afit
plus d'unité et plus tfhaïTuoaia, plus de con-
corde ai plus de joie.
Si des nuages assombrissent souvent le ciel
des relations conjugale», cela ne tient-Il pas à la
difffersBOC de t'educaUfa qu<: l'on donne à eb...
«M nom Yermat à ntn le lait aJUdi de la su*
pMsWow, * l'autre le via ffteéreuz de la pen-
née moderne.
La fmum instruite pourra aussi prendre pari
à dee travaux, à dQ8 soucis dont on a grand
tort de la tenir éloignée, car c'est du concours
des qualités des deux sexes, se tempérant ou se
complétant, quo peuvent naître dans la fouille
les collaborations douoes et fécondes.
Mais la femme tient de la nature une mi8-
' stea plus hanta encore que celle d'aider son
mari dans tes luîtes de la vie, de lai rendre la
. bataille agréable et la victain faeile.
. Bile est la première édueatrice de I 'onfaul
c'est elle qui guide les premiers balbutiements
' de la raison qui s'éveille.
La malléabilité du cerveau de l'enfant, la per-
sistance des premières impressions ne.'.es, la
ténacité-des idées sucées avec te lait font que
les premières leçons de la mére on. une in-
ftuence toujours profonde et souvent décisive
8" la. vie fout entière de l'individu.
Voilà ofi réside l'importance considérable du
rôle de la femme dans la famille et dans la
VeiHt d'où naît l'impérieuse nécessité d avoir
dse femmes fortement nourries de saines doc-
trines pour qu'elles donnent aux Jeunes car-
veaux rimpoisiun première qui doit en foire
plus tard de 1) vis citoyens.
Ainsi ce sentit folie pour l'homme de ne pas
affranchir la femme des liens de l'ignorance et
de la superstition, paire que la femme cncbal-
née enchaîna J''''lIrune a S(M! tour.
Imtreisea-vpus, Mesdemoiselles, profilez des
libéralités de la linpubliqae pour l'enseigne-
ment; inalruis«z-vt)w pour être à la hauteur de
tous vos devoirs d'épouses, de mûres, de ci-
toyennes.
Instruisez-vous pour l'union de la familli-,potir
la joie du foyer, pour la grandeur de notre
cbère patrie, pour le bien de la République. •
Ainsi qu'on en peut juger par les li-
gnes qui précèdent la tu circonscription
de Rimes a fait un choix heureux en la
personne de M. Dclon-Soubeiran. Les
électeurs en général, le féminisme en
particulier ont tout à attendre de la solli-
citude dulphilanthrope qu'est M. Delon
Soubeiran.
HÉLÉNE SÉE.
L'AFFAIRE DREYFUS
M. Fabre a interrogé hier longuement
le colonel Picquart en présence de
If' Labori.
Cet interrogatoire récapitulatif a été le
dernier que doit subir le colonel iL moins
d'incidents qu'on ne peut prévoir.
M* Leblois a été également entendu.
L'ordonnance sera rendue lundi pro-
chain.
Le commandant Esterhazy est enfin
déféré à un conseil d'enquête, dont la I
composition sert déterminée par le gou-
vernement militaire de Paris.
La chambre criminelle de la cour de
cassation examinera jeudi prochain les
pourvois du colonel Picquart contre les
arrdts par lesouds la chambre des mises
en accusation déclaré d'une part que
le juge d'instruction était incompétent
pour suivre sur la plainte portée contre
le lieutenant-colonel du Paty de Clam et
d'autre part, qu'il n'y avait lieu à suivre
contre le commandant Esterhazy et Mar-
guerite Pays, du chef de faux et com-
plicité de faux. L'avocat général Mértllon
occupera le siège du ministère public.
M. Buisson, prof"". MSbrbonne,
ancien directeur de renseignement pri-
maire aa ministère de l'I8i&r8otiGn pu-
blique. vtaei danser du droit de réponse
accordé par laloi en adressant une lettre
à Jodet q88 celui-ci s'est vu dans l'o-
bligatlMi de mettre sons les ymtx de ses
lecteurs-
Ce ux-ci ont eu tout à y gagner ; ils ne
sdni pas habi tués à un langage aussi
élevé et à des explications aussi loyales.
Voici cette lettre :
16 août, 1898.
Monsieur le Directeur,
Je vous prie de vouloir bleD, conformément à
la loi, insérer dans votre prochain numéro, la
réponse suivante à l'attaque directe dont vous
mitonorexce matin par la plume autorisée de
M. Judet
M. Jeffl efte -a une phrase moMtnraas, buri-
née, dit-il, comme un dogme par ce Buisson &
qui une faveur imbécile avait livré la direction
de 101lL notre enseignement printatra. • (Merci*
«a passant pour les quatorze ministres de la
République qui m'ont continué cette a faveur
imbécile - depuis M. Ferry jusqu'à K.l\ambaud.)
Il ajoute : Le fait d'esseigùer ces a néfastes doc-
trines » serait déjà « une folie et une lâcheté «
chez un publiciste quelconque ; « que sera-ce si
celui qui entame cette propagande de ruine est
80e des plus importantes personnifications de
rBtù, un des fonctionnaires les plus responsa-
bles, sll a l'autorité légale d'impnmer dans des
consciences naïves et neuves le catéchisme des
Qavaohol, des Vaillant et des Henry ? >
Sur de pareils dires, les quatre millions de
lecteurs du Petit Journal ne seraient-ils pas ex-
cusables de croire qu'il s'agit là de quelque
abominable doctrine répandue par l'ancien di-
recteur de l'enseignement primaire au cours de
ses fonctions?
U est dommage seulement que beaucoup d'en-
tre eux, avec ce vieux fonds de bon sens dont
le Français garde toujours quelquo chose,
soient portés à se méfier des histoires qui sont...
trop fortes. « C'est tout de même étonnant, se
dira peut-être plus d'un, que ce Buisson, s'il est
ce que dit M. Judet, ait pu rester à la tête du
service, au ministère, bien en évidence, pendant
quelque chose comme dix-huit ans sans comp-
ter ses années antérieures d'inspection générale.
Et on no l'a pourtant pas épargné depuis Mgr
Dupanloup a la tribune de rassemblée na-
tionale.- Il y a quelque chose là-dessous
Ce qu'il y a, c'est que M. Judet a oublié de
dire que la « phrasa monstrueuse » est tirée du
compte rendu d'un discours prononcé il y a
juste vingt-neuf ans. — Et où cela? — Dans une
ae.cœ réunions qui ne pouvaient se tenir alors
que un hors do France, un aie ces « congrès » de la
n de l'Empire où la poignée de républicains
qui n*avouadant a irréconciliables • allaient accla-
mer les proscrits, oeux qui avaient refusé « ram-
nistie impériale e, Victor Hugo et Edgard
Oui net à feur tête. Là, on se soulageait en
déclamant les strophes vengeresses des Châti-
ments, en répétant les sarcasmes furieux de
la Lanterne, celle du Rochefort d'alors. T6
tais de ces jeunes gens. J'avais décidé de ne
pas prêter surmonta r Empire et à vingt-six ans
j'étais professeur à la modeste académie de
Neuchâtcl en Suisse. J'assistai à deux de ces
congrès, celui de Genève présidé par Garibaldi,
celui de Lausanne préside par Victor Hugo. Ils
s'appelaient « Congrès de fa paix et de la li-
berté -. A Lausanne, quelques amis venus de
Franco me demandèrent de prendre la parole,
au nom des jeunes, sur le sujet que Victor
Hugo venait d'introduire. U nous appelait tous
par avance « Concitoyens des Etats-Unis d'Eu-
rope », car, disait-il, la République européenne
fédéraie est fondée en droit en attendant d'être
fondée en fait. Vous venez, nous disait-il, signi-
ner à qui de droit que la guerrre est mauvaise,
que le sang humain est précieux, quo la vie est
sacrée... Les guerres ont toute sorte de prétex-
tes, elles n'ont qu'une cause : l'armée. Otez l'ar-
méa, vous ôtas la guerre. Mais comment sup-
Erimer rarmÚe ? Par la suppression du despo-
smes-Abolissez les parasitisme sous toutes leurs
formes, listes civiles, fainéantises payées, cler-
gés salariés, magistratures entretenues, armées
permanentes: faites cette rature et vous dotez
l'Burupe de dix milliards par an !... Eterniser
l'armée, c'est éterniser le despotisme... Plus
d'armée, plus de rois l Voilà ce que nous vou-
lons. Nous voulons que le peuple vive. laboure,
achète, vende, parle, aime et pense librement,
qu'il y ait des eeoles faisant des citoyens, qu'il
n'y ait plus de princes t'usant des lUiLrailleu-
ses. » (Séance du Ii septembre 1860).
Par le discours du président, on peut juger de
ce que furent les autres et on particulier mon
improvisation Juvénile. N'y a-t-il donc plus per-
sonne en Franco qui se souvienne de ces temps- i
là et de la langue que nous parlons, et de ce
beau rêve que nous caressions de la République |
universelle de la Sainte-Alliance des Pcuptes? <
Trichez de retrouver dans quelques bibliothè-
ques les discours et les articles des membres de ;
1 opposition d'alors : Vous n'en trouverez pas !
un où ne figure dans le programme « l'abolition i
des trm( ." permanentes », depuis Jules Simon 1
jusqu'à Hocnefnrt. 1
Je fas donc dans le ton régnant quand je viiii
à mon tour dans une allocution qui occupa six 1
pa^es du compte rendu, redire : il faut propa- .
t;cr cette idée que loL guerre peut, que la guerre <
doit être abolie tôt ou tard; il fini t lÉfjjÉi'
lir par la volonté tnéme des
éclairées; il faut nous acheminer veNNirBB
supérieur de civilisation en «onaeliaat 4ËiI
présent dans l'esprit pabbe le culte das^MMHé»
rants, la superstition eon-nq*lèonionne. INSFSS
forme du etiAuvtaiaPlo, toutes les formeej&âsie
puédie& du Mt e edgar*n. t Jto voaéeiii
voir tu» J,.,._.d'laMltnes eceupés 4 «tëulafi»
ser les idées-do Justice et d'humanité, idBtomt»
lariser le césansme. » II y a tout I ffesar»
trente ans de etla. et Je olgnm*W aante la
rota» phrase» qui n'a pas test pesta âsskg ae-
tftaliti.
Je signerais de môme tout lo discosi», seeore
que le style m soit bien dénadé, ek je m rou-
girais pas aux approches de la vieuloé» de mes
imprécations de jeune homme, contre les
Césars dont présents et à venir », «ma un
accident dont je suis responsable, il est vrai,
des mais. que la loyauté publique la. apprt-cier& m Nourri
tamière où le grandj us&cler metaphoM eeata-ptge
de laquais et de valets les hommes iliustreade
l'Empire, depuis les chefs de l'armée qui ont
fait fusiller la foule sur les bMtewM<6, ju» ;
qu'aux Te chefs du clergé qui ont entonne un 1
e Deum en l'honneur du plus éclatant des par-
jures, à et aux chefs de la magistrature se puant
I"œuvre infâme des commissions mixtes pour
envoyer mourir à Cayenne l'élite des, bons Jè-
> toyeue, J. fil eo mœvaisa pt»» je ne sais
qoelte oïa reproduction d'une de eea tirades, et je
is quli nous fallait, nous autres républi-
taias, habituer une enfants à ne pas respecter
ces uniformes déshonorés par le 2 Décembre"
qui en a fait des livrées ignominieuses. Comment
fut jetée au hasard d une parole trop ardente
pour être étudiée cette métaphore où se déchar-
geait notre trop-plein de haine et de mépris
pour les maîtres de la France d'alors, je n'en
sais rien, interrompue qu'elle fat par les ap-
le plaudissemonts de la salle. Toujours est-il que
e compte rendu plus ou moins sténographique
qui parut le lendemain — et que j'eus le grave
tort de ne pas revoir, repartant le soir même
pour reprendre mes classes à Neuchitel — im-
prima en deux lignes incohérentes, avec men-
tion des applaudissements, cette formule s!m-
plifiée, raccourcie et ainsi odieusement bête :
8 Un uniforme est une livrée et toute livrée est
ignominieuse, celle du prêtre et celle du soldat,
celle du magistrat et celle du laquais. 8
Ce que je pense de cette formule, non pas aa-
jourd bai. mais depuis le jour où elle m'a été
signalée à moi-même? Le voici, M. le duc
d'Àudiflret-Pasquier, fe 24 juin 1380, la releva
à la tribune du Sénat en prévenant d'ailleurs
que ce n'était pas un écrit, mats un mauvais
propos de club tenu par un jeune homme exalté.
Bien que M. Jules Ferry lui eut répondu qu'on
ne pouvait voir là qu'un de ces « sophismes de
jeunesse * comme tout le monde en a fait, je
n'hésitai pas dès le lendemain matin à prier le
ministre d'accepter ma démission, jugeant bien
qu'avec un certain degré de passion on pourrait
indéfiniment se servir de cette citation, non
seulement contre moi personnellement, mais
contre le service publie auquel j'étais préposé.
M. Ferry lut ma lettre, me fit venir, refusa ma
démission et m'assura que mon véritable devoir
était de subir tous les reproches que me vau-
drait ce lapsus ou ce péché de jeunesse, mate
non pas d abandonner pour cela rouvre sco-
laire qu'il m'avait confiée.
Le jugement de M. Ferry sur ce eas de cons-
cience devait avoir pour moi une autorité par-
ticulière. Il avait assisté lui-même à ce congrès
de 1860. Il y avait pris la parole après moi, il
savait donc mieux que personne à quoi s'en te-
nir. Or, lui-même, déjà membre du Corps lé-
gislatif, plus responsable par conséquent que
nous autres jeunes gens, sa.vez-vous comment
il avait résumé son propre discours à lui i En
quatre peints.
Pour supprimer l'élément autoritaire et des-
potique qui a trop souvent fait de la France le
génie malfaisant de l'Europe, il faut regarder
comment s'est établi enta nous le césarisme,
Nous n'avons pas eu de peine à nous apercevoir
quil s'était établi : par Parmée, par le clergé, par
la magistrature et par les wréfets. Voilà quels
ont été les quatre facteurs du despotisme fran-
çais ! " Voilà, — ajoutait-il, tant la même image
pesait sur toutes les imaginations — voilà les
quatre complices fustigé» dans des vers immor-
tels par l'auteur de ce beau livre qui consola il y
a près de vingt ans tous les honnêtes gens de
t Kurope. • (Séance du 16 septembre).
Telle est, monsieur le directeur, la vérité sur
cette histoire du « sans-patrie Buisson ». Qu'il
me soit permis d'ajouter que, moins d'un an
après ce congrès, des le 4 septembre, je quit
tais ma chaire à Neuchâtel et accourrais à Pa-
ris... tout exprès pour endosser l'uniforme.
Vous consentirez donc peut-être à reconnaî-
tre que ce n'est pas « le catéchisme des Rava-
chol et des Vaillant », mais bien le catéchisme
des Victor Hugo et dea Quinct, j'ajoute des Jutes
Ferry et des Pau! Bert, pour ne parler que des
morts, qui a toujours été le mien. Si oomme
tous ces grands patriotes j'ai déclamé dans
ma jeunesse en termes plus ou moins me-
surés contre les armées permanentes et le mi-
litarisme impérial, comme eux aussi j'ai dès la
première heure salué d'un respect enthousiaste
cette autre et toute nouvelle armée que la na-
tion .a tirée de son sein et qui est la nation elle-
même, veillant à l'intégrité de la patrie. Or,
l'intégrité de la patrie, serait-ce seulement celle
du sol ? C'est un autre vieux républicain qui ré-
pondait, il n'y a pas six mois, et je veux con-
clure par ses propres paroles : « Ce qui rend la
France incomparable entre toutes les nations,
&'cst l'ensemble des principes qu'elle a proclamés
sn face de l'univers dans fa Déclaration des
Iroits de l'homme. Le jour où la France ne se-
p--:-- '
MK^ptus 881, leajprapfas qui nous tnfeMMat,]
-ne
te sol sacré dm. wals ee haut
Idéal qui marque «Mie f»IM dassje monde.
eamment ne chérirfonamous pas l'admirable
le
iâpèt pféeieux de* penséesjôséreuses qui n ap-
sir tien lient qu'à MUS ? » (Dernier discours du
iL Henri Brissos4
Vnm. agréer, monsieur le directeur, l' as-
WfftHr+f ie ma considération distinguée.
P. BOISSON.
P,& - Je ne réponds pas aux demières
flÔMS de M. Judet ; un < mandat 0 que je 1
nouais pas « osé remplir -, tra « piège - tendu,
un « attentat - qui a failli êtro consommé. Lo
tout à Montfort-l'Amaury ! Cela regarderait le
ministère de l'instruction publique. Tout ce que
je puis dire, c'est que je n ai pas reçu de « man..
dat », pas tendu de « piège «, pas médité « d'at-
tentat' ». Mais si M. Judet croit ou veut faire
entre que JI je n'ou pu » m'exnliquer, même
8ft oublie et même avec lui, il peut en faire
I preuve le jour où il lui plaira.
F. B.
M. Judet fait suivre cette lettre du
superbe discours prononcé par l'hono-
rable M. Buisson aux obsèques de son
ami Pécaut.
Il fait cette citation pour que la France
apprécie.
Elle a apprécié et le gouvernement
aussi.
YVONNE LECLAIRE.
L'INCENDIE DE CONCARNEAU
Un violent incendie a détruit à Concar-
neau, quatre usines appartenant à MM. Bil-
lette, Léchât, Sevi-ain et Bourgeois. C'est
dans l'usine de M. Billette quo le feu s'est
déclaré.
Le quartier dans lequel sont situés ces
établissements est formé de rues très
étroites, et il a suffi que le fou prit dans
une fabrique pour qu'aussitôt les flammes,
trouvant dans l'huile un aliment favorable,
englobassent l'ensemble du pâté de mai-
ssns.
L'incendie n'est pas attribué à la malveil-
lance, il a pris naissance pendant l'opéra-
tion du bouillottage qui se pratique pen-
dant la nuit.
50,000 caisses pleines de boîtes de con-
! serves ont été détruites ou avariées.
Le commencement de l'incendie date de
une heure du matin.
A sept heures,on s était rendu maître du
feu qui, une heure après, reprenait avec
une nouvelle violence. Enfin à dix heures
on réussissait à le circonscrire, et à midi
tout danger était définitivement conjuré.
Les villes de Lo rient, Quimperlé, Quimper
avaient envoyé leurs po .npiers combattre
; le sinistre.
Lettre d'Egypte
I Semaine extraordinairement dépourvue
d'intérêt au point de vue des nouvelles.
Est-ce la crue rapide et soudaine du
vienx Nil qui s'est enfin décidé à monter !
Est-ce la chaleur accablante dont nous som-
mes tous plus ou moins las? les faits divers
sont nuls, les distractions inconnues,la po-
litique morte.
On 58 prépare & fêter, & la fin du mois,
l'anniversaire de l'avènement au trône du
Sultan, par une série de feux d'artifice, qui
sont généreusement envoyés à cet effet de
Constanlinople et par un diner de. gala au
palais de Nas-il-Tin qui, cette année, en
l'absence du Khédive sera présidé par le
régent.
La colonie allemande du Caire, très vive-
ment impressionnée par la mort de Bis-
marck,a fait célébrer un service solennel
dans son église de l'ismaïlieh. Tout le per-
sonnel au grand complet y assistait.
La bonne ville de Tantah prépare sa
grande foire annuelle, le fameux Mouled de
Siâi-et-Nadavooni dont je vous parlerai
dans ma prochaine chronique, et qui attire
dans le pays, près de 300,000 pèlerins.
Et l'annonce du pèlerinage n'empêche
point les hommes d'être mauvais, adultè-
res et assassins. Tels ces aimables officiers
de police d'Alexandrie, qui viennent de re-
nouveler la triste histoire du saint roi
David et de la femme d'Urie : Ces soldats
ayant conçu une très vive sympathie pour
la femme d'un humble batelier, s'étaient
foi eoonaatis mi. pviiiiiMRk fw w
dernier qui avait v«r|4tfMMt àsftqé .ta
femme pour lu avoir SSMftltt •••ab-
sence: ur4 que foNt as* MtpNMat ils
s'entendent,et tandis qstttNMfoiitiâAtre
chez l'imprudente SetlnsMSw les aalfus,
acousad Je mari de cootNlMAd^ s%sspa-
reot de hM. si renferment dans - local
dont ils cpNMrt soigneusement tes issues.
Mais vaîôi où HsAtfre se oomp11J8. Le len-
der" l'homdM était rétrosvé pendu aux
solives du jptafood de la pitet où il était
enterlhé. Iftatepsie a bien pëntifs de re-
coiMuutre la mort par strangdaltoB, mais
'ea garda des doates sur te sutoida, eapsa-
»ham aoséatraire pournaearatt criAilMlle
due au rait de plusieurs personnes. Tout ce
joli monde a été arrêté et l'affaire se pour-
suit.
Oa autre événement plutôt drôle, s'est
produit à Matarieh, dimanche. Un fellah
riche mariait sa fille. Ses invités étalent an
complet, les trombonnesronflaient, les pis-
tons sonnaient, les grosses caisses et los
timbales battaient leur plein. Quand, pour
un futile motif d'intérêt, les parents des tu-
turs commencent à s'invectiver dans les
termes propres à J'Expie, en cette langue
arabe 06 les insuttes roulent comme des
cailloux. Des mots on en arrive aux faits et
les Nabout. — bâtons très gros et très
durs — tristement célèbres depuis les
massacres de 1882 — entrent en danse.
Après un assommement. général, accompa-
gné des hurlements des femmes et des oris
perçants de tous les enfants, la police est
intervenue, et invité?, parents et époux ont
été conduits au poste comme dans la pièce
de Labiche. C'est là qu'ils ont passé la nuit
à réfléchir sur les suites de leurs emporte-
ments déréglés!...
La troupe Christian est annoncée au
Caire pour le 18. Joli programme, jolies
femmes et bons arUstea, ea voilà plus
qu'il n'en faut pour attirer obaque soir un
nombreux public dans le coquet théâtre de
l'Esbekieb où auront lieu les représenta-
tions.
A ce sujet, il s'est passé à Alexandrie une
chose tout iL fait typique. Le directeur, qui
connaît la pudeur si facilement outrageable
des Alexandrins de 98, a fait annoncer par
la voix de la presse, que quatre représen-
tations comportant les œuvres du Théâtre
libre : Leurs filles! to Grande Blonde, BWI-
chette et Lui, seraient données à guichets
formés et n'étaient point faites pour Il les
petites filles auxquelles on coupe teur pain
en tartines » ai pour los âmes timorées ; et
il engageait parce fait les personnes vor-
tueuses à rester chez elles. Et voici quo ces
quatre pièces sur lesquelles on n'auraitpas
manque de jeter le cri d'anathème si l'on
n'avait point été prévenu ont fait non seu-
lementsalle comlîle, mais ce public si chaste,
composé de femmes et de jeunes filles du
meilleur monde et d'hommes éminemment
sérieux, a redemandé ces pièces. Et voilà
comment un intelligent impresario sait tirer
parti des pires situations dans la viecomme
sur la scène.
JEHAN D'IVRAY.
La Santé du Pape
Hier soir le bruit avait couru que le
docteur Lapponi ayant rendu visite
au Pape, lui avait conseillé de prendre
du repos et de suspendre ses audiences. ;
Le docteur Lapponi, interrogé à ce
propos, déclare formelloment qu'il n'a
même pas mis les pieds au Vati-
can, et qu'il fera. sa visite ordinaire
au Pape seulement demain soir. Il ajoute
que la santé de Léon XIII est normale
et satisfaisante; de plus l'audience que le
Pape donnera aux personnages ecclé-
siastiques et laïques à l'occasion de la
fête de la Saint-Joachim, reste fixée à
dimanche.
LES REVUES
SIercare de France (août).
1. — L'Essai de M. Edmond Barthélémy
s'annonce comme devant exposer les ori-
gines des idées de Carlyle plutôt que ces
idées elles-mêmes. C'est une sorte de com-
mentaire de Sartor Resarlus, œuvre qui
marque l'aboutissant de la pensée du phi-
losophe anglais.
Nous suivons cette fois l'éveil et l'évolu-
tion de cette pensée à travers l'histoire de
l'enfance et de la jeunesse de Carlyle.
tériewpelSw&rieal. et le ««direnttaci-
t«» et mi@ a i lnufw jour où 403
facultés a'èpaaouireat soudain en Volonté,
où il osa MM llwmt» de son tempéra-
memt.
D. M. Henri Albert nous donne une tra-
duction de pensées détachées de Nietzsche
sous le titre : I%àatri« ttMtMMes. Quel-
ques-unes sont discutables ou même anti-
pathiques et rendues plus blessantes encore
par le tranchai du ton. D'autr« sont juste s
et fines. Tout le paragraphe sur la Psycho-
logie de l'artùie serait â oitar. Nous en dé-
tachons ces mots : « Pour qu'il y ait de l'art,
pour qu'il y ait une action ou une contem-
PJaUGD. esthétique quelconque, une condi-
tion physiologique préliminaire est indis-
pensable : l'vresses Aissent-ellcs conditionnées le plus
diversement possible, ont puissance d'art...
L'essentiel dans l'ivresse eest le sentiment
de la force accrue et de la plénitude. Sous
rempire de ce sentiment, on s'abandonne
aux choses, on les force à prendre de nous,
w tes vieisnle... *
lit. Ce n'est point oomme di ..l1*Le_..
oiseux, prisaveo plus ou moins de convic-
tion, que M. Marcel Réja fait l'élop de la
danse.
U la respecte oomme artet déplore qu'elle
soit méconnue, généralement dénaturée
dans les salons, et symbolisée dans les
rues parla Danseuse en vogue dont l'image
s'étale aux vitrines, pour affrioler le pas-
sant.
S'il est vrai que les Chinois ont raison, et
qu'on peut juger d'un souverain par l'éclat
de la danse, durant son règne, il faut
avouer que l'Europe D'a pu lieu é'étre
fière.
Non que les sauteries se démodent ou que
les ballets tombent on désuétude. Ces der-
niers au contraire, ont un succès formida-
blo. Ils se jouent de plus en plus énormes
dans un luxe resplendissant, utilisent un
savant machinisme, déploient les plus ma-
giques ressources de la lumière, et sur
leurs prétresses les pierreries et les ors
ruissellent, les étoffes chatoyent. Mais ils
sont criards, inharmoniques. Ils vont
éblouissants, et manquent d'unité.Us igno-
rent leur but, ils n'ont plus de sens. lis sont
une composition fantaisiste et bariolée, une
addition de fragments dissemblables, sans
possible cohésion. (Bien entendu il ne s'a-
git ici que du ballet et non de la pantomime
où les gestes suivent la développement de
l'action.)
Pour rester un art, la danse doit, comme
la symphonie qu'elle souligne, se soumet-
tre a des règles géométriques, pourrait-oa
dire, et dictées par la nature même.
Une série de gambades, la virtuosité des
chevilles, ce n'est point de l'art, c'est une
gracieuse acrobatie.
Les attitudes emblématiques, les gestes,
les mouvements multiples et complexes
comme la Vie elle-même — faits aussi bien
de lenteurs éloquentes que deeo Jplesses,
la combinaison des lignes, l'enchevêtre-
ment des courbes, tout cela constitue un
travail spécial d'interprétation. Moyen d'ex-
pression, la danse rend des formes. Mais
étant un Art elle ne les copie point servile-
ment, elle leur applique « des procédés
d'exagération ou d'eMacement ». fille est
aux émotions ce que la parole est aux
idées.
Et, voulant reproduire la nature, être dans
la vérité, elle ne peut s'appuyer sur la con-
vention sans devenir haïssable comme
quelque chose de faux ou de monstrueux.
• •
Un album de croquis alertes, telle est la
suite d'articles sur les Annamites, et leurs
mœurs, publiée parM. AndréCrémazy dans
la Revue des Beaux Arts.
Des détails fortement exotiques sont à
noter. Entre autres celui-ci. amusant : Le
quadrupède outragé en occident malgré la
protection réhabilitante de Saint-Antoine
jouit en Cochinchine d'une considération
toute spéciale. On l'entoure de soins comme
l'enfant de la maison. La femme annamite
prend plaisir à l'allaiter; un peu plus et l'on
pourrait dire qu'il est là-bas un animal
sacré.
Tout à fait curieux le protocole nuptial.
Parmi ses nombreuses tyrannies, la plus
séduisante n'est pas celle qui impose aux
jeunes époux la surveillance permanente,
durant trois jours, d'une duègne, sévère
comme un geolier.
'.::: Au point de vue intellectuel, la race est
même médiocre, hommes et femmes.
aiment trop le jeu, s'y adonnent avec trop
(2)
LA TRIBUNE
19 AOUT 1898
L'Ethnologie Européenne
ET LES DROITS DE LA FRANCE ET DE L'ALLEMAGNE
SUR L'ALSACE ET LA LORRAINE
II
Les races mixtes d'Europe avant
notre ère
j
Cette rubrique forme un feuilleton volant
toni le godet change tous la trois jours.
Les plus anciens documents écrits qui
nous soient parvenus sur les populations
du centre et du nord de l'Europe, sont
quelques fragments d'Homère. Il ne les
désigne que d'un seul nom : les Hyper-
boreens. Naturellement, c'est une expres-
sion toute géographique. Jamais elfe n'a
été portée par auean peuple. Homère
place ces Hyperboréens, tantôt au nord
des Monte Pyrènes. tantôt au-delà de
i'Ister ou de PEidan. Sous ce nom les
Orece, semblent parfois désigner le Pô,
d'autre fols le Rhône et d'autre fois le
Rhin, qu'ils ont souvent confondus dans
leur vague géographie. C'est que les
premiftres notions qu'ils purent avoir sur
rBaMpe centrale, leur vinrent par les
©reos "e Massilie.
Cest par cette vole qu'Hérodote ap-
prend le nom des Keltof que Diodore et
d'autres auteurs plus récents nommeront
Oat&tai.
En effet, au temps de César, nous re-
trouve»», en Gaule comme en Grande-
Bretagne, assez mélangés et pourtant
distincts géographiquement, des Keltes
et des Gafils, qai parlent des dialectes
nom voisins TOUT 88 comprendre aisé
ment les uns les autres.
A l'Orient de l'Europe, an nord de la
Grècé, sur le Danube, Hérodote nous
montre la puissante nation des Gèles ou
Gétai.disoiplfts deXa"cis croyaient
à l'immortalité de l'âme. Mais cette na-
'Mn fétiaue S'étend beaucoup DIUS loin.
à l'est. Sous les noms de Thyssagètes et
de Massagètes elle occupe les plaines
russes, au nord des Thraces et des Scy-
thes, entre le Danube et le Volga. Elle
est même signalée, en Asie, à à l'est de la
mer Caspienne, au temps d'Alexandre.
De cette nation gétique dérivent certai-
nement les Goths des premiers sièclesde
notre ère qui devaient, par deux fois,
conquérir Rome et parcourir tout l'em-
pire en torrents dévastateurs.
En somme, il est de toute évidence
que tous ces peuples étaient à l'origine
étroitement alliés, que ce sont des frères,
dont la destinée différente a fait plus
tard des ennemis.
Il fant partir de ce fait que tous les
noms ethniques ont été fortement alté-
rés et généralement adoucis par les Grecs
qui nous les ont transmis et qui en ont
surtout simplifié les consonnes. S'il est
aussi an fait général, c'est que les noms
des peuples qui émigrent se transfor-
ment avec les dialectes qu'ils parlent.
Sous le vocable de Gaeltai on peut donc
retrouver le nom originel de toute la
race qui, devenu Kaelti, chez l'un de ses
rameaux, s'est contracté en Gaêl cbez
un rameau voisin. Le nom deGétai resté
au rameau le plus origental,e3t successi-
vement devenu Goethi et Gothi.
Si maintenant de ces analogies linguis-
tiques nous rapprochons les documents
préhistoriques, nous voyons une migra-
tion de pasteurs nomades, bruns, à tête
globuleuse, adonnés à l'agriculture et à
l'élevage des animaux domestiques, en
possession d'une industrie assez avan-
cée, connaissant l'art du potier, le tis-
sage de la laine et du lin, qui, partant
du haut Danube, s'est avancée, en un
double courant, par les deux versants
des Alpes. Elle a occupé successivement
le nord de l'Italie, nlelvétie, le Dau-
phiné, la Franche-Comté. Passant la
Loire, elle s'est fortement établie sur
notre plateau central gaulois, a passé en
Bretagne et de là, dans l'lie d'Albion où
lie Blanche et dans l'lie Verte ou Erin.
Partout sur son parcours ce peuple a
laissé des traces de son passage en se-
mant sa route de ses tombeaux ou dol-
mens et d'autres monuments, également
en pierres frustes, éTidemmen t,religieux,
et qui, surtout en Bretagne, à Carnac,
acquièrent une importance et des dimen-
sions qui témoignent de la puissance du
peuple qui les a construits. Ce peuple
est évidemment celui des Keltoi d'Héro-
dote, très ancien démembrement de la
puissante nation des Gelai.
Nous pouvons suivre les migrations
conquérantes de ce peuple à ses monu-
ments qu'on retrouve en Espagne, où
d'après une tradition rapportée par Stra-
bon, les Keltoi firent une invasion seize
siècles avant notre ère. Yainaueurs dis,
Ibères, ils s'unirent à eux sous le nom
de Kellibères. Ces monuments, caracté-
ristiques des Keltoi, nous les retrouvons
dans la province de Galico, évidemment
dérivée du vocable Gaeli. On les suit au
Portugal — tout le long de la côte, puis
en Andalousie. Mais les conquérants
Keltoï ont passé les colonnes d'Hercule ;
car on retrouve leurs dolmens au Maroc
dans la province d'Oran et jusqu'en Tu-
nisie. Certainement ils n'ont pas été
étrangers aux invasions qui ont à plu-
sieurs reprises menacé l'Egypte.
Au nord, leur expansion n'a pas été
moins remarquable. Non seulement leurs
monuments couvrent l'Angleterre, l'E-
cosse, l'Irlande ; mais on les retrouve
nombreux en Belgique, puis dans l'Aile
magne du nord, le long de la Baltique.
Ils prennent un développement considé-
rable en Danemark et montrent en
Suède des proportions encore plus gran-
dioses.
Dans l'expansion si remarquable de
cette grande race il est presque impos-
sible de distinguer la part des Keltoi de
celle des Gaëls. Car partout on les re-
trouve plus ou moins mêlés et l'on est
forcé de conclure que la différence des
deux noms tient à une différence de diar
lecte. Ainsi le dialecte de la Bretagne
française passe pour celtique ; on classe
les dialectes d'Irlande et d'Ecosse dans
les dialectes gaéliques.
César avait divisé la Gaule en celtique
et en Belgique. La celtique s'étendait au
sud de la Loire et la Belgique au nord.
Mais il nous ditque tous les Gaulois, bien
que parlant différents dialectes,pouvaient
s entendre entre eux.
Toutefois, les deux populations du
midi et du nord de la Gaule différaient
physiquement : les Keltes du midi,
étaient en majorité petits et bruns; les
Belges, du nord, étaient en presque to-
talité, grands et blonds. De même, les
Gaulois qui, trois siècles avant notre ère
s'emparent de Rome, nous sont repré-
sentés comme de grands blonds. Mais il
est beaucoup moins certain que les Gau'
lois de Sigovèse et de Bellovèse. qui,
plusieurs siècles auparavant, s'établirent
dans la vallée du Pô, fussent également
des blonds.
Le fait bien certain c'est que si, durant
plusieurs siècles avant notre ère, la
vallée du Pô a été conquise par un peuple
blond, toutes les traces de son séjour
sont effacées. Il n'a pas légué son type
aux Italiens actuels, ni du Milanais, ni
de la Vénétie, ni de la Romagne, où par-
tout domine un beau type brun, svelte
et fin, à tête plutôt arrondie, de taille
moyenne et beaucoup moins près du
type traditionnel des grands Gaulois
> blonds, que du type celtique du midi de
I la Francs. Ouanl à la Savoie. elle DIt-
sente, comme la Ligurie, le type celtique
le plus pur, celui qui domine en Dau-
phiné, la en Auvergne, dans une partie de
L Bretagne, et se retrouve, en Angle-
terre, dans le pays de Galles et en Ir-
lande. , 1
Si donc, il y a ou des Galla grands et
blonds et si les Romains en ont fait le
type de la nation qu'ils ont nommée
gallique, (le nom de Gaulois est tout
moderne et l'on se demande d'où il peut
dériver) on peut supposer que ces hor-
des aventureuses, sorties de la Gaule
étaient elles-mêmes des étrangères, et
qu'ayant envahi les pays celtiques en
conquérants, ils les avaient vite traver-
sés pour aller s'abattre sur les riches
plaines de l'Italie et sur ses villes floris-
santes.
Ce qui est certain, c'est que les Gau-
lois qui prirent Rome, ennemis par les Gaulois établis dans la
vallée du Pô.
On est ainsi conduit à admettre que,
cinq à six siècles avant notre ère, l'ex-
pansion jusque là si remarquable des
peuples celtiques avait rencontré sa li-
mite dans l'expansion d'une autre race
plus orientale issue des migrations civi-
,satrices des Gétai etde leurs croisements
avec les descendants, grands et fauves,
des chasseurs quaternaires auxquels l'é-
levage des troupeaux et la vie nomade
des pasteurs avaient permis de se multi-
plier de nouveau à travers les forêts de
la Germanie où ils .étaient sans cesse en
mouvement. Le nord de la Celtique se-
raient ainsi devenu la proie des Bolgi et
des Walli (Wallons) en effet,en majorité
grands et blonds, qui prirent sans doute
les mœurs des Keltes et même un dia-
lecte de leur langue en le modifiant plus
ou moins profondément. C'est de ce nom
de Walli que les latins ont fait le nom de
Galli qui, pour les Bretons avait le sens
d'étranger (Gallot) que le peuple celtique
n'a jamais porté lui-même et qui n'aurait
ainsi rien de commun avec le nom de
Gael ou Gallatai, corruption septentrio-
nale du nom de Kelti. Une telle confusion
de noms était bien naturelle chez les
auteurs latins, ignorants des idiomes de
la Celtique. Nous en commettons bien
d'autres en parlant des peuples sauvages
dont nous faisons la conquête.
Dès l'invasion de la Celtique par les WaUi
ougalli,la lutte fut ouverte entre les deux
races européennes : la race celtique, déjà
civilisée par son sacerdoce druidique,
mais aussi tyrannisée par lui, est en
décadence, et la race germanique ou tu
desque, dont l'élément civilisateur était
les Goths ou Goettri longtemps restés
localisés à l'orient, au nord du Danube,
grandit en puissance.
Mais cette lutte ne fut pas sans retours
de fortune. On sait que quelques siècles
avant notre ère, des Boiens, Keites du
plateau central, émigraient à l'est, pas-
saient le Rhin, s'avançaient jusqu'en
Bohème où ils laissaient leur nom; mais,
forcés de rétrograder par des Marco-
mans, de la ligue franke, ils s'établis-
saient en Bavière.
Ce qui est certain, c'est que dans toute
la Germanie occidentale, la Souabe et les
autres provinces du Rhin, comme en
Bavière, la population montre un métis-
sage profond entre le type celtique brun,
à tête large, de taille moyenne et le type
germanique du nord, blond, à tête al-
longée et de haute taille.
Vers la fin des temps préchrétiens, la
puissance celtique était donc en pleine
décadence. Elle se maintenait encore
dans la Scandinavie que des tribus go-
thiques étaient près d'envahir ou avaient
déjà envahies. Il en était de même du
Danemark menacé par l'invasion teu-
tonne. Sur tous les bords de la Baltique
les constructeurs de dolmen avaient dis-
paru bares sous les incursions des grands bar-
ares blonds, descendants des chasseurs
quaternaires. Au centre même de sa do-
mination,dans cette Celtique que les Ro-
mains ont baptisée du nom de Gallia
(dont nous avons fait la Gaule) l'unité de
race était rompue.
Des peuples de tempérament belli-
queux, pour lesquels la guerre était un
plaisir, un besoin, et la seule occupation
honorable et virile, s'étaient mêles aux
Celtes laborieux et pacifiques, aux pas-
teurs de mœurs douces, aux agriculteurs
attachés à leurs domaines héréditaires.
Une noblesse militaire s'était créée
parmi les nouveaux venus et à leur pro-
fit. Sur elle s'appuyait le despotisme
théocratique de la caste sacerdotale et
des conflits sanglants éclataient à toute
occasion entre ces deux puissances ja-
louses l'une de l'autre et nécessaires
l'une à l'autre. Voilàce qui ouvrit la Gaule
aux Romains,ce qui causa la défaite finale
de Vercingétorîx.
Maîtres de la Gaule, les Romains pas.
sèrent dans les !les bretonnes, sans pou-
voir les soumettr3 complètement. Mais
la race celtique, frappée à mort ne pou-
vait se relever de telles défaites. Elle n'é-
tait qu'un membre de l'empire qui con-
centrait sous la main de ses proconsuls
le monde civilisé, et l'épuisait par ses
exigenoes fiscales. Le monde entier ne
travaillait plus que pour payer au peuple
romain du pain et des spectacles.
Vers l'Orient de l'Europe s'était déve-
loppé un autre groupe ethnique, sous les
noms de Scythes, de 8aces, de Thraces
et de Daces, apparentés d'aussi près que
ceux de Gétai, de Gotha!, de Gallataï etde
Val toi; ce groupe occupait toute l'aire
comprise entre te bassin du bu Danube
et le Caucase en suivant les bords gep-
tentrionaux de la mer Noire, au nord de
la grande courbe occupée par les Gètes,
les Mauagètes et les Thyssagè tes ,sous le
nom de Saces,on les a même signalés au
delà du fleuve Oural, à l'est de la Cas-
pienne.
A plusieurs reprises ces peuples enva-
hirent l'Asie, notamment, au huitième
siècle, avant notre ère, et leurs incurs-
sions s'avancèrent à travers la Syriet
jusqu'à la côte phénicienne.
Une tradition les fait même dominer
dans toute l'Asie mineure quinze siùclL':i
avant notre ère. Ce groupe ethnique,
qui n'a joué qu'un rôle effacé durant tA
préhistoire, n est entré en lutte que tar-
divement contre les races occidentales ;
mais plusieurs de leurs tribus furent en-
traînées, soit à la suite des Gallis, soit
par les Huns,dans les grandes invasions
des premiers siècles de notre ère, et plu-
sieurs d'entre eux, en Dacic, en Panno-
nie, entrèrent en lut-l e avec les Romains,
vers le Danube.
Bien qu'ayant avec les Celtes d'évi-
dentes affinités, ils ne paraissent pas
avoir eu de contact avec eux, durant la
période protohistorique, mais leurs con-
tacts avec les Gothai ou Germains sur la
Baltique et notamment en Pologne et en
Lithuanie, où ils dominent encore,
furent certainement fréquents.
La caractéristique de cette race, c'est
la remarquable énergie de ses femmes,
qui des a donné naissance à la belle légende
es Amazones.
CLÉMENCE ROYER.
(4 suivre).
lA serriee de Là r»»Je MM
mamamt
à t.... 1m Ittstttvtriees sysal
une" jour" tniê *boamlls
M«tu m Ma
tMp toagtemgl wette **■»■«,* veux TOUS en
éntoBotit
On aimait à dire, an temps jadis, que le rôle
de la femme et la fin de sea existence se bor-
utiemi à la toilettédevbéMv et à la confection des
8CJIaMa.....qGe, chez le sexe I&Me, le savoir D'al-
lait jamais sans pédantisme, etm la beauté
•'accommodait mai Ane sslide testruetion.
Mais les Pfétietm» MM»bt de Molière ont
fait leur temps,et les boutades de Chrysale ne
seraient pi» =té« aujourd'hui que par quel-
le a oompfta enfin que le savoir, comme la
Ter tu, est une parure qui sied à la beauté; on a
compris aussi qu'il y a pour la femme d'autres
devoirs qitfe les som» matériels du ménage ;
qu'elle a un grand rôle à jouer dans la famille
et dans la société et que, pour comprendre sa
mission et pour la bien remplir, elle a autant que
l'homme, plus peut être, besoin de doter mon
esprit d'une haute culture.
La femme instruite son régi le de son mari
par l'esprit, comme elle l'est par le. cœur, en at-
tendant qu'elle le devienne par la 101,
AI8Ii rétablira, au forer de la ramille, afit
plus d'unité et plus tfhaïTuoaia, plus de con-
corde ai plus de joie.
Si des nuages assombrissent souvent le ciel
des relations conjugale», cela ne tient-Il pas à la
difffersBOC de t'educaUfa qu<: l'on donne à eb...
«M nom Yermat à ntn le lait aJUdi de la su*
pMsWow, * l'autre le via ffteéreuz de la pen-
née moderne.
La fmum instruite pourra aussi prendre pari
à dee travaux, à dQ8 soucis dont on a grand
tort de la tenir éloignée, car c'est du concours
des qualités des deux sexes, se tempérant ou se
complétant, quo peuvent naître dans la fouille
les collaborations douoes et fécondes.
Mais la femme tient de la nature une mi8-
' stea plus hanta encore que celle d'aider son
mari dans tes luîtes de la vie, de lai rendre la
. bataille agréable et la victain faeile.
. Bile est la première édueatrice de I 'onfaul
c'est elle qui guide les premiers balbutiements
' de la raison qui s'éveille.
La malléabilité du cerveau de l'enfant, la per-
sistance des premières impressions ne.'.es, la
ténacité-des idées sucées avec te lait font que
les premières leçons de la mére on. une in-
ftuence toujours profonde et souvent décisive
8" la. vie fout entière de l'individu.
Voilà ofi réside l'importance considérable du
rôle de la femme dans la famille et dans la
VeiHt d'où naît l'impérieuse nécessité d avoir
dse femmes fortement nourries de saines doc-
trines pour qu'elles donnent aux Jeunes car-
veaux rimpoisiun première qui doit en foire
plus tard de 1) vis citoyens.
Ainsi ce sentit folie pour l'homme de ne pas
affranchir la femme des liens de l'ignorance et
de la superstition, paire que la femme cncbal-
née enchaîna J''''lIrune a S(M! tour.
Imtreisea-vpus, Mesdemoiselles, profilez des
libéralités de la linpubliqae pour l'enseigne-
ment; inalruis«z-vt)w pour être à la hauteur de
tous vos devoirs d'épouses, de mûres, de ci-
toyennes.
Instruisez-vous pour l'union de la familli-,potir
la joie du foyer, pour la grandeur de notre
cbère patrie, pour le bien de la République. •
Ainsi qu'on en peut juger par les li-
gnes qui précèdent la tu circonscription
de Rimes a fait un choix heureux en la
personne de M. Dclon-Soubeiran. Les
électeurs en général, le féminisme en
particulier ont tout à attendre de la solli-
citude dulphilanthrope qu'est M. Delon
Soubeiran.
HÉLÉNE SÉE.
L'AFFAIRE DREYFUS
M. Fabre a interrogé hier longuement
le colonel Picquart en présence de
If' Labori.
Cet interrogatoire récapitulatif a été le
dernier que doit subir le colonel iL moins
d'incidents qu'on ne peut prévoir.
M* Leblois a été également entendu.
L'ordonnance sera rendue lundi pro-
chain.
Le commandant Esterhazy est enfin
déféré à un conseil d'enquête, dont la I
composition sert déterminée par le gou-
vernement militaire de Paris.
La chambre criminelle de la cour de
cassation examinera jeudi prochain les
pourvois du colonel Picquart contre les
arrdts par lesouds la chambre des mises
en accusation déclaré d'une part que
le juge d'instruction était incompétent
pour suivre sur la plainte portée contre
le lieutenant-colonel du Paty de Clam et
d'autre part, qu'il n'y avait lieu à suivre
contre le commandant Esterhazy et Mar-
guerite Pays, du chef de faux et com-
plicité de faux. L'avocat général Mértllon
occupera le siège du ministère public.
M. Buisson, prof"". MSbrbonne,
ancien directeur de renseignement pri-
maire aa ministère de l'I8i&r8otiGn pu-
blique. vtaei danser du droit de réponse
accordé par laloi en adressant une lettre
à Jodet q88 celui-ci s'est vu dans l'o-
bligatlMi de mettre sons les ymtx de ses
lecteurs-
Ce ux-ci ont eu tout à y gagner ; ils ne
sdni pas habi tués à un langage aussi
élevé et à des explications aussi loyales.
Voici cette lettre :
16 août, 1898.
Monsieur le Directeur,
Je vous prie de vouloir bleD, conformément à
la loi, insérer dans votre prochain numéro, la
réponse suivante à l'attaque directe dont vous
mitonorexce matin par la plume autorisée de
M. Judet
M. Jeffl efte -a une phrase moMtnraas, buri-
née, dit-il, comme un dogme par ce Buisson &
qui une faveur imbécile avait livré la direction
de 101lL notre enseignement printatra. • (Merci*
«a passant pour les quatorze ministres de la
République qui m'ont continué cette a faveur
imbécile - depuis M. Ferry jusqu'à K.l\ambaud.)
Il ajoute : Le fait d'esseigùer ces a néfastes doc-
trines » serait déjà « une folie et une lâcheté «
chez un publiciste quelconque ; « que sera-ce si
celui qui entame cette propagande de ruine est
80e des plus importantes personnifications de
rBtù, un des fonctionnaires les plus responsa-
bles, sll a l'autorité légale d'impnmer dans des
consciences naïves et neuves le catéchisme des
Qavaohol, des Vaillant et des Henry ? >
Sur de pareils dires, les quatre millions de
lecteurs du Petit Journal ne seraient-ils pas ex-
cusables de croire qu'il s'agit là de quelque
abominable doctrine répandue par l'ancien di-
recteur de l'enseignement primaire au cours de
ses fonctions?
U est dommage seulement que beaucoup d'en-
tre eux, avec ce vieux fonds de bon sens dont
le Français garde toujours quelquo chose,
soient portés à se méfier des histoires qui sont...
trop fortes. « C'est tout de même étonnant, se
dira peut-être plus d'un, que ce Buisson, s'il est
ce que dit M. Judet, ait pu rester à la tête du
service, au ministère, bien en évidence, pendant
quelque chose comme dix-huit ans sans comp-
ter ses années antérieures d'inspection générale.
Et on no l'a pourtant pas épargné depuis Mgr
Dupanloup a la tribune de rassemblée na-
tionale.- Il y a quelque chose là-dessous
Ce qu'il y a, c'est que M. Judet a oublié de
dire que la « phrasa monstrueuse » est tirée du
compte rendu d'un discours prononcé il y a
juste vingt-neuf ans. — Et où cela? — Dans une
ae.cœ réunions qui ne pouvaient se tenir alors
que un hors do France, un aie ces « congrès » de la
n de l'Empire où la poignée de républicains
qui n*avouadant a irréconciliables • allaient accla-
mer les proscrits, oeux qui avaient refusé « ram-
nistie impériale e, Victor Hugo et Edgard
Oui net à feur tête. Là, on se soulageait en
déclamant les strophes vengeresses des Châti-
ments, en répétant les sarcasmes furieux de
la Lanterne, celle du Rochefort d'alors. T6
tais de ces jeunes gens. J'avais décidé de ne
pas prêter surmonta r Empire et à vingt-six ans
j'étais professeur à la modeste académie de
Neuchâtcl en Suisse. J'assistai à deux de ces
congrès, celui de Genève présidé par Garibaldi,
celui de Lausanne préside par Victor Hugo. Ils
s'appelaient « Congrès de fa paix et de la li-
berté -. A Lausanne, quelques amis venus de
Franco me demandèrent de prendre la parole,
au nom des jeunes, sur le sujet que Victor
Hugo venait d'introduire. U nous appelait tous
par avance « Concitoyens des Etats-Unis d'Eu-
rope », car, disait-il, la République européenne
fédéraie est fondée en droit en attendant d'être
fondée en fait. Vous venez, nous disait-il, signi-
ner à qui de droit que la guerrre est mauvaise,
que le sang humain est précieux, quo la vie est
sacrée... Les guerres ont toute sorte de prétex-
tes, elles n'ont qu'une cause : l'armée. Otez l'ar-
méa, vous ôtas la guerre. Mais comment sup-
Erimer rarmÚe ? Par la suppression du despo-
smes-Abolissez les parasitisme sous toutes leurs
formes, listes civiles, fainéantises payées, cler-
gés salariés, magistratures entretenues, armées
permanentes: faites cette rature et vous dotez
l'Burupe de dix milliards par an !... Eterniser
l'armée, c'est éterniser le despotisme... Plus
d'armée, plus de rois l Voilà ce que nous vou-
lons. Nous voulons que le peuple vive. laboure,
achète, vende, parle, aime et pense librement,
qu'il y ait des eeoles faisant des citoyens, qu'il
n'y ait plus de princes t'usant des lUiLrailleu-
ses. » (Séance du Ii septembre 1860).
Par le discours du président, on peut juger de
ce que furent les autres et on particulier mon
improvisation Juvénile. N'y a-t-il donc plus per-
sonne en Franco qui se souvienne de ces temps- i
là et de la langue que nous parlons, et de ce
beau rêve que nous caressions de la République |
universelle de la Sainte-Alliance des Pcuptes? <
Trichez de retrouver dans quelques bibliothè-
ques les discours et les articles des membres de ;
1 opposition d'alors : Vous n'en trouverez pas !
un où ne figure dans le programme « l'abolition i
des trm( ." permanentes », depuis Jules Simon 1
jusqu'à Hocnefnrt. 1
Je fas donc dans le ton régnant quand je viiii
à mon tour dans une allocution qui occupa six 1
pa^es du compte rendu, redire : il faut propa- .
t;cr cette idée que loL guerre peut, que la guerre <
doit être abolie tôt ou tard; il fini t lÉfjjÉi'
lir par la volonté tnéme des
éclairées; il faut nous acheminer veNNirBB
supérieur de civilisation en «onaeliaat 4ËiI
présent dans l'esprit pabbe le culte das^MMHé»
rants, la superstition eon-nq*lèonionne. INSFSS
forme du etiAuvtaiaPlo, toutes les formeej&âsie
puédie& du Mt e edgar*n. t Jto voaéeiii
voir tu» J,.,._.d'laMltnes eceupés 4 «tëulafi»
ser les idées-do Justice et d'humanité, idBtomt»
lariser le césansme. » II y a tout I ffesar»
trente ans de etla. et Je olgnm*W aante la
rota» phrase» qui n'a pas test pesta âsskg ae-
tftaliti.
Je signerais de môme tout lo discosi», seeore
que le style m soit bien dénadé, ek je m rou-
girais pas aux approches de la vieuloé» de mes
imprécations de jeune homme, contre les
Césars dont présents et à venir », «ma un
accident dont je suis responsable, il est vrai,
des mais. que la loyauté publique la. apprt-cier& m Nourri
tamière où le grandj us&cler metaphoM eeata-ptge
de laquais et de valets les hommes iliustreade
l'Empire, depuis les chefs de l'armée qui ont
fait fusiller la foule sur les bMtewM<6, ju» ;
qu'aux Te chefs du clergé qui ont entonne un 1
e Deum en l'honneur du plus éclatant des par-
jures, à et aux chefs de la magistrature se puant
I"œuvre infâme des commissions mixtes pour
envoyer mourir à Cayenne l'élite des, bons Jè-
> toyeue, J. fil eo mœvaisa pt»» je ne sais
qoelte oïa reproduction d'une de eea tirades, et je
is quli nous fallait, nous autres républi-
taias, habituer une enfants à ne pas respecter
ces uniformes déshonorés par le 2 Décembre"
qui en a fait des livrées ignominieuses. Comment
fut jetée au hasard d une parole trop ardente
pour être étudiée cette métaphore où se déchar-
geait notre trop-plein de haine et de mépris
pour les maîtres de la France d'alors, je n'en
sais rien, interrompue qu'elle fat par les ap-
le plaudissemonts de la salle. Toujours est-il que
e compte rendu plus ou moins sténographique
qui parut le lendemain — et que j'eus le grave
tort de ne pas revoir, repartant le soir même
pour reprendre mes classes à Neuchitel — im-
prima en deux lignes incohérentes, avec men-
tion des applaudissements, cette formule s!m-
plifiée, raccourcie et ainsi odieusement bête :
8 Un uniforme est une livrée et toute livrée est
ignominieuse, celle du prêtre et celle du soldat,
celle du magistrat et celle du laquais. 8
Ce que je pense de cette formule, non pas aa-
jourd bai. mais depuis le jour où elle m'a été
signalée à moi-même? Le voici, M. le duc
d'Àudiflret-Pasquier, fe 24 juin 1380, la releva
à la tribune du Sénat en prévenant d'ailleurs
que ce n'était pas un écrit, mats un mauvais
propos de club tenu par un jeune homme exalté.
Bien que M. Jules Ferry lui eut répondu qu'on
ne pouvait voir là qu'un de ces « sophismes de
jeunesse * comme tout le monde en a fait, je
n'hésitai pas dès le lendemain matin à prier le
ministre d'accepter ma démission, jugeant bien
qu'avec un certain degré de passion on pourrait
indéfiniment se servir de cette citation, non
seulement contre moi personnellement, mais
contre le service publie auquel j'étais préposé.
M. Ferry lut ma lettre, me fit venir, refusa ma
démission et m'assura que mon véritable devoir
était de subir tous les reproches que me vau-
drait ce lapsus ou ce péché de jeunesse, mate
non pas d abandonner pour cela rouvre sco-
laire qu'il m'avait confiée.
Le jugement de M. Ferry sur ce eas de cons-
cience devait avoir pour moi une autorité par-
ticulière. Il avait assisté lui-même à ce congrès
de 1860. Il y avait pris la parole après moi, il
savait donc mieux que personne à quoi s'en te-
nir. Or, lui-même, déjà membre du Corps lé-
gislatif, plus responsable par conséquent que
nous autres jeunes gens, sa.vez-vous comment
il avait résumé son propre discours à lui i En
quatre peints.
Pour supprimer l'élément autoritaire et des-
potique qui a trop souvent fait de la France le
génie malfaisant de l'Europe, il faut regarder
comment s'est établi enta nous le césarisme,
Nous n'avons pas eu de peine à nous apercevoir
quil s'était établi : par Parmée, par le clergé, par
la magistrature et par les wréfets. Voilà quels
ont été les quatre facteurs du despotisme fran-
çais ! " Voilà, — ajoutait-il, tant la même image
pesait sur toutes les imaginations — voilà les
quatre complices fustigé» dans des vers immor-
tels par l'auteur de ce beau livre qui consola il y
a près de vingt ans tous les honnêtes gens de
t Kurope. • (Séance du 16 septembre).
Telle est, monsieur le directeur, la vérité sur
cette histoire du « sans-patrie Buisson ». Qu'il
me soit permis d'ajouter que, moins d'un an
après ce congrès, des le 4 septembre, je quit
tais ma chaire à Neuchâtel et accourrais à Pa-
ris... tout exprès pour endosser l'uniforme.
Vous consentirez donc peut-être à reconnaî-
tre que ce n'est pas « le catéchisme des Rava-
chol et des Vaillant », mais bien le catéchisme
des Victor Hugo et dea Quinct, j'ajoute des Jutes
Ferry et des Pau! Bert, pour ne parler que des
morts, qui a toujours été le mien. Si oomme
tous ces grands patriotes j'ai déclamé dans
ma jeunesse en termes plus ou moins me-
surés contre les armées permanentes et le mi-
litarisme impérial, comme eux aussi j'ai dès la
première heure salué d'un respect enthousiaste
cette autre et toute nouvelle armée que la na-
tion .a tirée de son sein et qui est la nation elle-
même, veillant à l'intégrité de la patrie. Or,
l'intégrité de la patrie, serait-ce seulement celle
du sol ? C'est un autre vieux républicain qui ré-
pondait, il n'y a pas six mois, et je veux con-
clure par ses propres paroles : « Ce qui rend la
France incomparable entre toutes les nations,
&'cst l'ensemble des principes qu'elle a proclamés
sn face de l'univers dans fa Déclaration des
Iroits de l'homme. Le jour où la France ne se-
p--:-- '
MK^ptus 881, leajprapfas qui nous tnfeMMat,]
-ne
te sol sacré dm. wals ee haut
Idéal qui marque «Mie f»IM dassje monde.
eamment ne chérirfonamous pas l'admirable
le
iâpèt pféeieux de* penséesjôséreuses qui n ap-
sir tien lient qu'à MUS ? » (Dernier discours du
iL Henri Brissos4
Vnm. agréer, monsieur le directeur, l' as-
WfftHr+f ie ma considération distinguée.
P. BOISSON.
P,& - Je ne réponds pas aux demières
flÔMS de M. Judet ; un < mandat 0 que je 1
nouais pas « osé remplir -, tra « piège - tendu,
un « attentat - qui a failli êtro consommé. Lo
tout à Montfort-l'Amaury ! Cela regarderait le
ministère de l'instruction publique. Tout ce que
je puis dire, c'est que je n ai pas reçu de « man..
dat », pas tendu de « piège «, pas médité « d'at-
tentat' ». Mais si M. Judet croit ou veut faire
entre que JI je n'ou pu » m'exnliquer, même
8ft oublie et même avec lui, il peut en faire
I preuve le jour où il lui plaira.
F. B.
M. Judet fait suivre cette lettre du
superbe discours prononcé par l'hono-
rable M. Buisson aux obsèques de son
ami Pécaut.
Il fait cette citation pour que la France
apprécie.
Elle a apprécié et le gouvernement
aussi.
YVONNE LECLAIRE.
L'INCENDIE DE CONCARNEAU
Un violent incendie a détruit à Concar-
neau, quatre usines appartenant à MM. Bil-
lette, Léchât, Sevi-ain et Bourgeois. C'est
dans l'usine de M. Billette quo le feu s'est
déclaré.
Le quartier dans lequel sont situés ces
établissements est formé de rues très
étroites, et il a suffi que le fou prit dans
une fabrique pour qu'aussitôt les flammes,
trouvant dans l'huile un aliment favorable,
englobassent l'ensemble du pâté de mai-
ssns.
L'incendie n'est pas attribué à la malveil-
lance, il a pris naissance pendant l'opéra-
tion du bouillottage qui se pratique pen-
dant la nuit.
50,000 caisses pleines de boîtes de con-
! serves ont été détruites ou avariées.
Le commencement de l'incendie date de
une heure du matin.
A sept heures,on s était rendu maître du
feu qui, une heure après, reprenait avec
une nouvelle violence. Enfin à dix heures
on réussissait à le circonscrire, et à midi
tout danger était définitivement conjuré.
Les villes de Lo rient, Quimperlé, Quimper
avaient envoyé leurs po .npiers combattre
; le sinistre.
Lettre d'Egypte
I Semaine extraordinairement dépourvue
d'intérêt au point de vue des nouvelles.
Est-ce la crue rapide et soudaine du
vienx Nil qui s'est enfin décidé à monter !
Est-ce la chaleur accablante dont nous som-
mes tous plus ou moins las? les faits divers
sont nuls, les distractions inconnues,la po-
litique morte.
On 58 prépare & fêter, & la fin du mois,
l'anniversaire de l'avènement au trône du
Sultan, par une série de feux d'artifice, qui
sont généreusement envoyés à cet effet de
Constanlinople et par un diner de. gala au
palais de Nas-il-Tin qui, cette année, en
l'absence du Khédive sera présidé par le
régent.
La colonie allemande du Caire, très vive-
ment impressionnée par la mort de Bis-
marck,a fait célébrer un service solennel
dans son église de l'ismaïlieh. Tout le per-
sonnel au grand complet y assistait.
La bonne ville de Tantah prépare sa
grande foire annuelle, le fameux Mouled de
Siâi-et-Nadavooni dont je vous parlerai
dans ma prochaine chronique, et qui attire
dans le pays, près de 300,000 pèlerins.
Et l'annonce du pèlerinage n'empêche
point les hommes d'être mauvais, adultè-
res et assassins. Tels ces aimables officiers
de police d'Alexandrie, qui viennent de re-
nouveler la triste histoire du saint roi
David et de la femme d'Urie : Ces soldats
ayant conçu une très vive sympathie pour
la femme d'un humble batelier, s'étaient
foi eoonaatis mi. pviiiiiMRk fw w
dernier qui avait v«r|4tfMMt àsftqé .ta
femme pour lu avoir SSMftltt •••ab-
sence: ur4 que foNt as* MtpNMat ils
s'entendent,et tandis qstttNMfoiitiâAtre
chez l'imprudente SetlnsMSw les aalfus,
acousad Je mari de cootNlMAd^ s%sspa-
reot de hM. si renferment dans - local
dont ils cpNMrt soigneusement tes issues.
Mais vaîôi où HsAtfre se oomp11J8. Le len-
der" l'homdM était rétrosvé pendu aux
solives du jptafood de la pitet où il était
enterlhé. Iftatepsie a bien pëntifs de re-
coiMuutre la mort par strangdaltoB, mais
'ea garda des doates sur te sutoida, eapsa-
»ham aoséatraire pournaearatt criAilMlle
due au rait de plusieurs personnes. Tout ce
joli monde a été arrêté et l'affaire se pour-
suit.
Oa autre événement plutôt drôle, s'est
produit à Matarieh, dimanche. Un fellah
riche mariait sa fille. Ses invités étalent an
complet, les trombonnesronflaient, les pis-
tons sonnaient, les grosses caisses et los
timbales battaient leur plein. Quand, pour
un futile motif d'intérêt, les parents des tu-
turs commencent à s'invectiver dans les
termes propres à J'Expie, en cette langue
arabe 06 les insuttes roulent comme des
cailloux. Des mots on en arrive aux faits et
les Nabout. — bâtons très gros et très
durs — tristement célèbres depuis les
massacres de 1882 — entrent en danse.
Après un assommement. général, accompa-
gné des hurlements des femmes et des oris
perçants de tous les enfants, la police est
intervenue, et invité?, parents et époux ont
été conduits au poste comme dans la pièce
de Labiche. C'est là qu'ils ont passé la nuit
à réfléchir sur les suites de leurs emporte-
ments déréglés!...
La troupe Christian est annoncée au
Caire pour le 18. Joli programme, jolies
femmes et bons arUstea, ea voilà plus
qu'il n'en faut pour attirer obaque soir un
nombreux public dans le coquet théâtre de
l'Esbekieb où auront lieu les représenta-
tions.
A ce sujet, il s'est passé à Alexandrie une
chose tout iL fait typique. Le directeur, qui
connaît la pudeur si facilement outrageable
des Alexandrins de 98, a fait annoncer par
la voix de la presse, que quatre représen-
tations comportant les œuvres du Théâtre
libre : Leurs filles! to Grande Blonde, BWI-
chette et Lui, seraient données à guichets
formés et n'étaient point faites pour Il les
petites filles auxquelles on coupe teur pain
en tartines » ai pour los âmes timorées ; et
il engageait parce fait les personnes vor-
tueuses à rester chez elles. Et voici quo ces
quatre pièces sur lesquelles on n'auraitpas
manque de jeter le cri d'anathème si l'on
n'avait point été prévenu ont fait non seu-
lementsalle comlîle, mais ce public si chaste,
composé de femmes et de jeunes filles du
meilleur monde et d'hommes éminemment
sérieux, a redemandé ces pièces. Et voilà
comment un intelligent impresario sait tirer
parti des pires situations dans la viecomme
sur la scène.
JEHAN D'IVRAY.
La Santé du Pape
Hier soir le bruit avait couru que le
docteur Lapponi ayant rendu visite
au Pape, lui avait conseillé de prendre
du repos et de suspendre ses audiences. ;
Le docteur Lapponi, interrogé à ce
propos, déclare formelloment qu'il n'a
même pas mis les pieds au Vati-
can, et qu'il fera. sa visite ordinaire
au Pape seulement demain soir. Il ajoute
que la santé de Léon XIII est normale
et satisfaisante; de plus l'audience que le
Pape donnera aux personnages ecclé-
siastiques et laïques à l'occasion de la
fête de la Saint-Joachim, reste fixée à
dimanche.
LES REVUES
SIercare de France (août).
1. — L'Essai de M. Edmond Barthélémy
s'annonce comme devant exposer les ori-
gines des idées de Carlyle plutôt que ces
idées elles-mêmes. C'est une sorte de com-
mentaire de Sartor Resarlus, œuvre qui
marque l'aboutissant de la pensée du phi-
losophe anglais.
Nous suivons cette fois l'éveil et l'évolu-
tion de cette pensée à travers l'histoire de
l'enfance et de la jeunesse de Carlyle.
tériewpelSw&rieal. et le ««direnttaci-
t«» et mi@ a i lnufw jour où 403
facultés a'èpaaouireat soudain en Volonté,
où il osa MM llwmt» de son tempéra-
memt.
D. M. Henri Albert nous donne une tra-
duction de pensées détachées de Nietzsche
sous le titre : I%àatri« ttMtMMes. Quel-
ques-unes sont discutables ou même anti-
pathiques et rendues plus blessantes encore
par le tranchai du ton. D'autr« sont juste s
et fines. Tout le paragraphe sur la Psycho-
logie de l'artùie serait â oitar. Nous en dé-
tachons ces mots : « Pour qu'il y ait de l'art,
pour qu'il y ait une action ou une contem-
PJaUGD. esthétique quelconque, une condi-
tion physiologique préliminaire est indis-
pensable : l'
diversement possible, ont puissance d'art...
L'essentiel dans l'ivresse eest le sentiment
de la force accrue et de la plénitude. Sous
rempire de ce sentiment, on s'abandonne
aux choses, on les force à prendre de nous,
w tes vieisnle... *
lit. Ce n'est point oomme di ..l1*Le_..
oiseux, prisaveo plus ou moins de convic-
tion, que M. Marcel Réja fait l'élop de la
danse.
U la respecte oomme artet déplore qu'elle
soit méconnue, généralement dénaturée
dans les salons, et symbolisée dans les
rues parla Danseuse en vogue dont l'image
s'étale aux vitrines, pour affrioler le pas-
sant.
S'il est vrai que les Chinois ont raison, et
qu'on peut juger d'un souverain par l'éclat
de la danse, durant son règne, il faut
avouer que l'Europe D'a pu lieu é'étre
fière.
Non que les sauteries se démodent ou que
les ballets tombent on désuétude. Ces der-
niers au contraire, ont un succès formida-
blo. Ils se jouent de plus en plus énormes
dans un luxe resplendissant, utilisent un
savant machinisme, déploient les plus ma-
giques ressources de la lumière, et sur
leurs prétresses les pierreries et les ors
ruissellent, les étoffes chatoyent. Mais ils
sont criards, inharmoniques. Ils vont
éblouissants, et manquent d'unité.Us igno-
rent leur but, ils n'ont plus de sens. lis sont
une composition fantaisiste et bariolée, une
addition de fragments dissemblables, sans
possible cohésion. (Bien entendu il ne s'a-
git ici que du ballet et non de la pantomime
où les gestes suivent la développement de
l'action.)
Pour rester un art, la danse doit, comme
la symphonie qu'elle souligne, se soumet-
tre a des règles géométriques, pourrait-oa
dire, et dictées par la nature même.
Une série de gambades, la virtuosité des
chevilles, ce n'est point de l'art, c'est une
gracieuse acrobatie.
Les attitudes emblématiques, les gestes,
les mouvements multiples et complexes
comme la Vie elle-même — faits aussi bien
de lenteurs éloquentes que deeo Jplesses,
la combinaison des lignes, l'enchevêtre-
ment des courbes, tout cela constitue un
travail spécial d'interprétation. Moyen d'ex-
pression, la danse rend des formes. Mais
étant un Art elle ne les copie point servile-
ment, elle leur applique « des procédés
d'exagération ou d'eMacement ». fille est
aux émotions ce que la parole est aux
idées.
Et, voulant reproduire la nature, être dans
la vérité, elle ne peut s'appuyer sur la con-
vention sans devenir haïssable comme
quelque chose de faux ou de monstrueux.
• •
Un album de croquis alertes, telle est la
suite d'articles sur les Annamites, et leurs
mœurs, publiée parM. AndréCrémazy dans
la Revue des Beaux Arts.
Des détails fortement exotiques sont à
noter. Entre autres celui-ci. amusant : Le
quadrupède outragé en occident malgré la
protection réhabilitante de Saint-Antoine
jouit en Cochinchine d'une considération
toute spéciale. On l'entoure de soins comme
l'enfant de la maison. La femme annamite
prend plaisir à l'allaiter; un peu plus et l'on
pourrait dire qu'il est là-bas un animal
sacré.
Tout à fait curieux le protocole nuptial.
Parmi ses nombreuses tyrannies, la plus
séduisante n'est pas celle qui impose aux
jeunes époux la surveillance permanente,
durant trois jours, d'une duègne, sévère
comme un geolier.
'.::: Au point de vue intellectuel, la race est
même médiocre, hommes et femmes.
aiment trop le jeu, s'y adonnent avec trop
(2)
LA TRIBUNE
19 AOUT 1898
L'Ethnologie Européenne
ET LES DROITS DE LA FRANCE ET DE L'ALLEMAGNE
SUR L'ALSACE ET LA LORRAINE
II
Les races mixtes d'Europe avant
notre ère
j
Cette rubrique forme un feuilleton volant
toni le godet change tous la trois jours.
Les plus anciens documents écrits qui
nous soient parvenus sur les populations
du centre et du nord de l'Europe, sont
quelques fragments d'Homère. Il ne les
désigne que d'un seul nom : les Hyper-
boreens. Naturellement, c'est une expres-
sion toute géographique. Jamais elfe n'a
été portée par auean peuple. Homère
place ces Hyperboréens, tantôt au nord
des Monte Pyrènes. tantôt au-delà de
i'Ister ou de PEidan. Sous ce nom les
Orece, semblent parfois désigner le Pô,
d'autre fols le Rhône et d'autre fois le
Rhin, qu'ils ont souvent confondus dans
leur vague géographie. C'est que les
premiftres notions qu'ils purent avoir sur
rBaMpe centrale, leur vinrent par les
©reos "e Massilie.
Cest par cette vole qu'Hérodote ap-
prend le nom des Keltof que Diodore et
d'autres auteurs plus récents nommeront
Oat&tai.
En effet, au temps de César, nous re-
trouve»», en Gaule comme en Grande-
Bretagne, assez mélangés et pourtant
distincts géographiquement, des Keltes
et des Gafils, qai parlent des dialectes
nom voisins TOUT 88 comprendre aisé
ment les uns les autres.
A l'Orient de l'Europe, an nord de la
Grècé, sur le Danube, Hérodote nous
montre la puissante nation des Gèles ou
Gétai.disoiplfts deXa"cis croyaient
à l'immortalité de l'âme. Mais cette na-
'Mn fétiaue S'étend beaucoup DIUS loin.
à l'est. Sous les noms de Thyssagètes et
de Massagètes elle occupe les plaines
russes, au nord des Thraces et des Scy-
thes, entre le Danube et le Volga. Elle
est même signalée, en Asie, à à l'est de la
mer Caspienne, au temps d'Alexandre.
De cette nation gétique dérivent certai-
nement les Goths des premiers sièclesde
notre ère qui devaient, par deux fois,
conquérir Rome et parcourir tout l'em-
pire en torrents dévastateurs.
En somme, il est de toute évidence
que tous ces peuples étaient à l'origine
étroitement alliés, que ce sont des frères,
dont la destinée différente a fait plus
tard des ennemis.
Il fant partir de ce fait que tous les
noms ethniques ont été fortement alté-
rés et généralement adoucis par les Grecs
qui nous les ont transmis et qui en ont
surtout simplifié les consonnes. S'il est
aussi an fait général, c'est que les noms
des peuples qui émigrent se transfor-
ment avec les dialectes qu'ils parlent.
Sous le vocable de Gaeltai on peut donc
retrouver le nom originel de toute la
race qui, devenu Kaelti, chez l'un de ses
rameaux, s'est contracté en Gaêl cbez
un rameau voisin. Le nom deGétai resté
au rameau le plus origental,e3t successi-
vement devenu Goethi et Gothi.
Si maintenant de ces analogies linguis-
tiques nous rapprochons les documents
préhistoriques, nous voyons une migra-
tion de pasteurs nomades, bruns, à tête
globuleuse, adonnés à l'agriculture et à
l'élevage des animaux domestiques, en
possession d'une industrie assez avan-
cée, connaissant l'art du potier, le tis-
sage de la laine et du lin, qui, partant
du haut Danube, s'est avancée, en un
double courant, par les deux versants
des Alpes. Elle a occupé successivement
le nord de l'Italie, nlelvétie, le Dau-
phiné, la Franche-Comté. Passant la
Loire, elle s'est fortement établie sur
notre plateau central gaulois, a passé en
Bretagne et de là, dans l'lie d'Albion où
lie Blanche et dans l'lie Verte ou Erin.
Partout sur son parcours ce peuple a
laissé des traces de son passage en se-
mant sa route de ses tombeaux ou dol-
mens et d'autres monuments, également
en pierres frustes, éTidemmen t,religieux,
et qui, surtout en Bretagne, à Carnac,
acquièrent une importance et des dimen-
sions qui témoignent de la puissance du
peuple qui les a construits. Ce peuple
est évidemment celui des Keltoi d'Héro-
dote, très ancien démembrement de la
puissante nation des Gelai.
Nous pouvons suivre les migrations
conquérantes de ce peuple à ses monu-
ments qu'on retrouve en Espagne, où
d'après une tradition rapportée par Stra-
bon, les Keltoi firent une invasion seize
siècles avant notre ère. Yainaueurs dis,
Ibères, ils s'unirent à eux sous le nom
de Kellibères. Ces monuments, caracté-
ristiques des Keltoi, nous les retrouvons
dans la province de Galico, évidemment
dérivée du vocable Gaeli. On les suit au
Portugal — tout le long de la côte, puis
en Andalousie. Mais les conquérants
Keltoï ont passé les colonnes d'Hercule ;
car on retrouve leurs dolmens au Maroc
dans la province d'Oran et jusqu'en Tu-
nisie. Certainement ils n'ont pas été
étrangers aux invasions qui ont à plu-
sieurs reprises menacé l'Egypte.
Au nord, leur expansion n'a pas été
moins remarquable. Non seulement leurs
monuments couvrent l'Angleterre, l'E-
cosse, l'Irlande ; mais on les retrouve
nombreux en Belgique, puis dans l'Aile
magne du nord, le long de la Baltique.
Ils prennent un développement considé-
rable en Danemark et montrent en
Suède des proportions encore plus gran-
dioses.
Dans l'expansion si remarquable de
cette grande race il est presque impos-
sible de distinguer la part des Keltoi de
celle des Gaëls. Car partout on les re-
trouve plus ou moins mêlés et l'on est
forcé de conclure que la différence des
deux noms tient à une différence de diar
lecte. Ainsi le dialecte de la Bretagne
française passe pour celtique ; on classe
les dialectes d'Irlande et d'Ecosse dans
les dialectes gaéliques.
César avait divisé la Gaule en celtique
et en Belgique. La celtique s'étendait au
sud de la Loire et la Belgique au nord.
Mais il nous ditque tous les Gaulois, bien
que parlant différents dialectes,pouvaient
s entendre entre eux.
Toutefois, les deux populations du
midi et du nord de la Gaule différaient
physiquement : les Keltes du midi,
étaient en majorité petits et bruns; les
Belges, du nord, étaient en presque to-
talité, grands et blonds. De même, les
Gaulois qui, trois siècles avant notre ère
s'emparent de Rome, nous sont repré-
sentés comme de grands blonds. Mais il
est beaucoup moins certain que les Gau'
lois de Sigovèse et de Bellovèse. qui,
plusieurs siècles auparavant, s'établirent
dans la vallée du Pô, fussent également
des blonds.
Le fait bien certain c'est que si, durant
plusieurs siècles avant notre ère, la
vallée du Pô a été conquise par un peuple
blond, toutes les traces de son séjour
sont effacées. Il n'a pas légué son type
aux Italiens actuels, ni du Milanais, ni
de la Vénétie, ni de la Romagne, où par-
tout domine un beau type brun, svelte
et fin, à tête plutôt arrondie, de taille
moyenne et beaucoup moins près du
type traditionnel des grands Gaulois
> blonds, que du type celtique du midi de
I la Francs. Ouanl à la Savoie. elle DIt-
sente, comme la Ligurie, le type celtique
le plus pur, celui qui domine en Dau-
phiné, la en Auvergne, dans une partie de
L Bretagne, et se retrouve, en Angle-
terre, dans le pays de Galles et en Ir-
lande. , 1
Si donc, il y a ou des Galla grands et
blonds et si les Romains en ont fait le
type de la nation qu'ils ont nommée
gallique, (le nom de Gaulois est tout
moderne et l'on se demande d'où il peut
dériver) on peut supposer que ces hor-
des aventureuses, sorties de la Gaule
étaient elles-mêmes des étrangères, et
qu'ayant envahi les pays celtiques en
conquérants, ils les avaient vite traver-
sés pour aller s'abattre sur les riches
plaines de l'Italie et sur ses villes floris-
santes.
Ce qui est certain, c'est que les Gau-
lois qui prirent Rome, ennemis par les Gaulois établis dans la
vallée du Pô.
On est ainsi conduit à admettre que,
cinq à six siècles avant notre ère, l'ex-
pansion jusque là si remarquable des
peuples celtiques avait rencontré sa li-
mite dans l'expansion d'une autre race
plus orientale issue des migrations civi-
,satrices des Gétai etde leurs croisements
avec les descendants, grands et fauves,
des chasseurs quaternaires auxquels l'é-
levage des troupeaux et la vie nomade
des pasteurs avaient permis de se multi-
plier de nouveau à travers les forêts de
la Germanie où ils .étaient sans cesse en
mouvement. Le nord de la Celtique se-
raient ainsi devenu la proie des Bolgi et
des Walli (Wallons) en effet,en majorité
grands et blonds, qui prirent sans doute
les mœurs des Keltes et même un dia-
lecte de leur langue en le modifiant plus
ou moins profondément. C'est de ce nom
de Walli que les latins ont fait le nom de
Galli qui, pour les Bretons avait le sens
d'étranger (Gallot) que le peuple celtique
n'a jamais porté lui-même et qui n'aurait
ainsi rien de commun avec le nom de
Gael ou Gallatai, corruption septentrio-
nale du nom de Kelti. Une telle confusion
de noms était bien naturelle chez les
auteurs latins, ignorants des idiomes de
la Celtique. Nous en commettons bien
d'autres en parlant des peuples sauvages
dont nous faisons la conquête.
Dès l'invasion de la Celtique par les WaUi
ougalli,la lutte fut ouverte entre les deux
races européennes : la race celtique, déjà
civilisée par son sacerdoce druidique,
mais aussi tyrannisée par lui, est en
décadence, et la race germanique ou tu
desque, dont l'élément civilisateur était
les Goths ou Goettri longtemps restés
localisés à l'orient, au nord du Danube,
grandit en puissance.
Mais cette lutte ne fut pas sans retours
de fortune. On sait que quelques siècles
avant notre ère, des Boiens, Keites du
plateau central, émigraient à l'est, pas-
saient le Rhin, s'avançaient jusqu'en
Bohème où ils laissaient leur nom; mais,
forcés de rétrograder par des Marco-
mans, de la ligue franke, ils s'établis-
saient en Bavière.
Ce qui est certain, c'est que dans toute
la Germanie occidentale, la Souabe et les
autres provinces du Rhin, comme en
Bavière, la population montre un métis-
sage profond entre le type celtique brun,
à tête large, de taille moyenne et le type
germanique du nord, blond, à tête al-
longée et de haute taille.
Vers la fin des temps préchrétiens, la
puissance celtique était donc en pleine
décadence. Elle se maintenait encore
dans la Scandinavie que des tribus go-
thiques étaient près d'envahir ou avaient
déjà envahies. Il en était de même du
Danemark menacé par l'invasion teu-
tonne. Sur tous les bords de la Baltique
les constructeurs de dolmen avaient dis-
paru bares sous les incursions des grands bar-
ares blonds, descendants des chasseurs
quaternaires. Au centre même de sa do-
mination,dans cette Celtique que les Ro-
mains ont baptisée du nom de Gallia
(dont nous avons fait la Gaule) l'unité de
race était rompue.
Des peuples de tempérament belli-
queux, pour lesquels la guerre était un
plaisir, un besoin, et la seule occupation
honorable et virile, s'étaient mêles aux
Celtes laborieux et pacifiques, aux pas-
teurs de mœurs douces, aux agriculteurs
attachés à leurs domaines héréditaires.
Une noblesse militaire s'était créée
parmi les nouveaux venus et à leur pro-
fit. Sur elle s'appuyait le despotisme
théocratique de la caste sacerdotale et
des conflits sanglants éclataient à toute
occasion entre ces deux puissances ja-
louses l'une de l'autre et nécessaires
l'une à l'autre. Voilàce qui ouvrit la Gaule
aux Romains,ce qui causa la défaite finale
de Vercingétorîx.
Maîtres de la Gaule, les Romains pas.
sèrent dans les !les bretonnes, sans pou-
voir les soumettr3 complètement. Mais
la race celtique, frappée à mort ne pou-
vait se relever de telles défaites. Elle n'é-
tait qu'un membre de l'empire qui con-
centrait sous la main de ses proconsuls
le monde civilisé, et l'épuisait par ses
exigenoes fiscales. Le monde entier ne
travaillait plus que pour payer au peuple
romain du pain et des spectacles.
Vers l'Orient de l'Europe s'était déve-
loppé un autre groupe ethnique, sous les
noms de Scythes, de 8aces, de Thraces
et de Daces, apparentés d'aussi près que
ceux de Gétai, de Gotha!, de Gallataï etde
Val toi; ce groupe occupait toute l'aire
comprise entre te bassin du bu Danube
et le Caucase en suivant les bords gep-
tentrionaux de la mer Noire, au nord de
la grande courbe occupée par les Gètes,
les Mauagètes et les Thyssagè tes ,sous le
nom de Saces,on les a même signalés au
delà du fleuve Oural, à l'est de la Cas-
pienne.
A plusieurs reprises ces peuples enva-
hirent l'Asie, notamment, au huitième
siècle, avant notre ère, et leurs incurs-
sions s'avancèrent à travers la Syriet
jusqu'à la côte phénicienne.
Une tradition les fait même dominer
dans toute l'Asie mineure quinze siùclL':i
avant notre ère. Ce groupe ethnique,
qui n'a joué qu'un rôle effacé durant tA
préhistoire, n est entré en lutte que tar-
divement contre les races occidentales ;
mais plusieurs de leurs tribus furent en-
traînées, soit à la suite des Gallis, soit
par les Huns,dans les grandes invasions
des premiers siècles de notre ère, et plu-
sieurs d'entre eux, en Dacic, en Panno-
nie, entrèrent en lut-l e avec les Romains,
vers le Danube.
Bien qu'ayant avec les Celtes d'évi-
dentes affinités, ils ne paraissent pas
avoir eu de contact avec eux, durant la
période protohistorique, mais leurs con-
tacts avec les Gothai ou Germains sur la
Baltique et notamment en Pologne et en
Lithuanie, où ils dominent encore,
furent certainement fréquents.
La caractéristique de cette race, c'est
la remarquable énergie de ses femmes,
qui des a donné naissance à la belle légende
es Amazones.
CLÉMENCE ROYER.
(4 suivre).
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