Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-06-19
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 juin 1898 19 juin 1898
Description : 1898/06/19 (A2,N193). 1898/06/19 (A2,N193).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67033122
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
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MpUnmi PMHMI iM trambe big
fM d'empêcher las OaMna de recouvrer
8110 leur indépendance.
M. Bartolomé Maaao adjure an eompa-
triote* de Unir la foi jurée aux Bta...UDi.
•i garantit rso»elt même aux Espagnols
ails veulent ae Joindre à la cause de la ré-
publique cubaine. On sait du reste que les
autorités militaires à Washington sont en
irain d'élaborer des pians destinés à secou-
rir la détresse des rocmeabvdu à Cuba.
Il paraîtrait que dans la nuit de vendredi
l'amiral Sampson, inquiet de la situation
autour de Santiago a envoyé un télégramme
au département de la guerre dans lequel il
s'enquiert du moment où les troupes d'in-
vasion arriveront à Cuba. Le journal le
World, en relatant nette dépêche, ajoute
textuellement : « On assure que le général
Miles ne s'oppose plus à l'invasion immé-
diate de Cuba. on croit dans les cercles mi-
litaires que la longue opposition du gôhôra!
Miles au projet d'invasion et son désaccord
avec le général Alger, auront pour consé-
quence le remplacement du général. Miles,
M bien on ne lui fera attribuer qu'un pou-
voir purement nominal. »
En tous cas Il devient iadiapeosable de
prendre immédiatement Santiago. Mais
quelle est la valeur de son armement et de
ses dépenses? Quelles sont les difficultés de
terrain à surmonter? L'on ne sait rien
de précis. L'armée américaine est au con-
traire rompue & toutes les fatigues du mé-
Uer; mais le principal élément de défaite
des belligérants c'est, parait-il, la saison de
l'hivernage, les alternatives de pluies dilu-
viennes et de chaleurs suffocantes se com-
pliquant du 90 niio neyro.
C'est aux Philippines que les troupes in-
surgées attendent le plus impatiemment le
eorps expéditionnaire américain pour atta-
èUesse qtJer les lignes espagnoles. Sans artillerie,
se trouvent arrôtéesdevant lesdéfenses
de Manille dont toute la province est cepen-
dant entre teursmainsc. Unedizaine de mille
hommes restaient seuls au général Angusti
qui n'a pu tenir, et les autres petites garni-
tons dénuées de ressources ont dû consen-
tir à se rendre à Aguinaldo. Les navires de
commerce, protégés par les navires de
guerre neutres, assistent impassibles à la
lutte et donnent l'hospitalité aux colons
étrangers.
L'escadre de Cadix a enfm pris la mer
avant-hier. Commandée par le oontre-ami-
fral Camara, sa plus grande force de résis-
tance consiste dans le cuirassé le Pelayo et
dans le croiseur cuirassé le Carcroiseurs auxiliaires sont encore adjoints,
si s'il est véridique qu'elle ait été aperçue
de Cieta il est possible qu'elle arrive à des-
ti»Uon des Philippines à la fin du prochain
mois. Estrelle appelée à entrer en conflit
avec l'escadre de l'amiral Dewey, qui, nous
dit-on,est partie de San Francisco pour Ma-
nille? C'est ce que rien ne nous fait pres-
sentir encore. Alors, le premier combat at-
tendu aurait lieu dans les mers de Chine.
IBO.
Lettre d'Allemagne
' Plus de doute 1 Dans la lutte du 16 juin, la
{Victoire est restée aux socialistes et au parti
du centre. Sin6o - et Liebknecht sont élus au
'premier tour à Berlin, Bebei et DitlJ à
'Hambourg* Le centre a jusqu'ici gagné
quatre sièges.
On grand nombre de candidats conserva-
teurs, et tous les libéraux doivent courir
les chances du ballottage: tels le comte Her-
bert de Bismarck, le comte Waldersee, le
baron Slumm, MM. Richter et RickerL les
chefs mêmes du libéralisme. Le grand in-
dustriel Kru pp, patron de milliers d'ouvriers,
a été battu par un candidat catholique dé-
mocratique. En Alsaae-Lorraine les élections
sont anti-allemandes pour la plupart, ou
soeialistes. Mais à Strasbourg le candidat
national-libéral l'a emporté. Partout les so-
cialistes ont gagné un nombre considérable
de voix. Comme le vote est secret, la bour-
geoisie allemande a certainement dans
maint endroit préféré voter pour le socia-
liste jugeant qu'il la défendrait plus éner-
ciquementoontre j'agrarien que les libéraux
désunis et si pitoyablement faiblards.
La lutte s'engagera donc chaude entre le
gouvernement et les socialistes. Car, nous
wons de l'indiquer, il n'est pas sûr
que dans les ballottages, l'élément libéral
se rallie aux candidats de l'ordre quand
ceux-ci sont représentés par des agrariens
et des réactionnaires. Ce serait, pour la
bourgeoisie, se suicider.
mais si d'un côté « le parti subversif » sort
fortifié de la lutte,il ne faut pas croire que
le gouvernement recule devant cette pres-
sion de la volonté populaire. L'Allemagne
est un Etat constitutionnel non pas un Etat
parlementaire. Aussi les ministériels sont-
Ils résolus à passer outre. Le parti agraire
médite déjà de faire remplacer le chance-
lier de Hohenlohe qui commet le péché de
favoriser les traités de commerce, et dont
le fils a eu le tort d'approuver l'élection
d'un national-libéral (le prince de Carolath)
par le comte Posadowsky plus acquis à la
politique économique des agrariens.
Comme l'avenir de l'Allemagne dépend
tout entier de la solution des questions éco-
nomiques, agranens à droite, socialistes à
gauche nous offriront dans le nouveau Rei-
ehstag le spectacle de représentants de doc-
trines économiques diamétralement oppo-
IW 99 HHMH 1» JINlBVMV
des Mé% des pobHses ds ÉeatËIMNNKres»
des fera et des cotons. r v 7 ' •"*
Le il juin était fiMMlym miw ds^ta mort
de IIBMP«M» Prédéfie. tm jhmHte impé-
riale s'ait naine à regt;M de bb, Paix de
PotsdaaCoè reposent, sous Ma ..da....t.
de mmb" les resles de etM qu'on appe-
lait der grau Dd*r (le grand mut .
dont le cteme semblait promettre à rÂlte-
magne libérale ans ère de sages réformes,
d'apaisement soeial, d'idées humanitaires.
Ceite espérance a été détruite : aveo la
mort de l'Empereur Frédéric, toute une gé-
nération de politiciens et d'hommes d-Btat.
allemands s est vue écarter du théâtre de
l'histoire, le développement organique du
pays a été interrompu, son évolution poli-
tique et sociale préoipitée. Nous en voyons
le résultat dans les élections actuelles : le
parti libéral écrasé, la lutte h outrance en-
gagée entre les partis d'extrême droite et
d'extrême gauche.
Avant d'assister avec sa famille au ser-,
viee solennel dans la chapelle mortuaire, i
l'Empereur Guillaume s'est rendu seul au-
près delà tombe de son père. Que de pen-
Sées, que de souvenirs navrants doivent
l'assaillir quand il voit s'ouvrir devant lui
les lourds battants en bronze de la cha-
peUe, ornés d'aigles imperiates!
Pour donner à des serviteurs fidèles de
l'Empire des marques de sa satisfaction, il
leur a accordé nombre de croix, d'ordres,
de décorations de tout genre. Les journaux,
tout en félicitant Guillaume Il de la pros-
périté de son règne, ont fait le compte des
hauts fonctionnaires qu'il a « usés » depuis
neuf ans. Il y a dans le nombre pas moins
de trois chanceliers, Bismarck, Caprivi et
Hobenlohe (dont, nous venons de l'exposer,
on sonne déjà le glas).— Quant au premier
on raconte qu'il vient de lire tout d'une
traite les romans d'Emile Zola à partir de la
Débâcle. Précieux argument cont:e le dé-
fenseur de Dreyfus. Que la rue des Postes
ou la rue Saint-Dominique s'en emparent au
plus vite!
Un livre de luxe, publié pour l'anniver-.
saire de l'avènement de Guillaume II et
portant le titre : unser Kaiser (notre em-
pereur) initie le grand publie à la vie pri-
vée de l'Empereur, qui est, malgré le goût
de Guillaume pour le panache et la parade,
d'une simplicité exemplaire.
Quand les Allemands bien pensants auront
fini la lecture du livre, le chaf de l'Etat
fixera de nouveau leur attention par son
voyage à Jérusalem, qui, on peut s'y fier,
no manquera ni de pittoresque ni d'im-
prévu. Ne parle-t-on pas déjà d'un séjour
de l'Empereur au Caire. Et nous le voyons
en costume de hussard, escaladant la
pyramide de Chéops, hissé là par deux
Arabes, proprement lavés pour l'occasion,
et foulant sous sa botte symbolique les
mêmes amas de pierre qui inspirèrent, à
Napoléon 1er un de ces discours les plus vi-
brants.
Dans l'esprilde ce César mystique la visite
des lieux saints et de la vieille Egypte doit
prendre une signification tout à fait extra-
ordinaire. Donc, gare aux surprises.
En attendant, il voit son empire prospé-
rer et les puissances rechercher son al-
liance. Dans les rapports commerciaux aveo
l'Angleterre et ses colonies, rien ne sera
changé bien que l'arrangement provisoire
expire le 30 juin et qu'un nouveau traité
n'ait pas encore été conclu. La guerre
douanière n'éclatera pas entre les deux
pays qui ont de nombreux intérêts en com-
mun. Sauf pour le Canada, qui vient de se
convertir au protectionnisme, tous les pays
anglais admettront l'importation allemande
sans la frapper de droits, et l'Allemagne
n'augmentera pas ses tarifs vis-à-vis de l'An-
gleterre,
Les Allemands de l'Autriche, se sentant
débordés par le panslavisme, commencent
à envisager la possibilité de se séparer de
l'empire des Habsbourg pour aller se joindre
à celui des Hohenzollern. La trazetle de Co-
logne a été chargée de leur dire qu'il faudra
qu'ils se débrouillent seuls et que l'Empire,
tout en faisant des vœux platoniques pour
leur salut, ne désire nullement les prendre
sous son manteau, ni se brouiller avec
François-Joseph. Et l'on parle encore d'affi-
nités de racel Certes, si tant est qu'elles
existent, ce n'est pas en politique qu il fau-
drait s'y appuyer.
Cela sevoitunefoisde plus dans la guerre
hispano-américaine. Chose amusante ce
sont les Américains qui débinent les Alle-
mands, qui racontent avec une noble indi-
gnation que l'Allemagne a réuni 23 millions
pour les envoyer en Espagne, qu'elle y a
fait passer des canons Krupp sous la dési-
gnation d'ustensiles de cuisine; tandis que
l'Espagne, avec une confiance vraiment
touchante dans la chevalerie de Guillaume,
réclame l'intervention de sa chancellerie
[►our faire la paix et à défaut de cola, l'in-
tervention de s& marine aux Philippines.
Quatre vaisseaux de guerre allemands
aveo 3,000 hommes de troupe se sont en
effet rendus aux Philippines. Douce illusion
cependant de croire que c'est pour sauver
l'Espagne. L'empereur compte simplement
avec l'éventualité d'une « République des
Philippines »; il désire sauvegarder vis-à-
vis du nouveau gouvernement (qui sera
sous une forme plus ou moins cachée un
gouvernement yankee), des intérêts com-
merciaux allemands considérables et il a,
sans nul doute, l'intention d'obtenir pour
l'Allemagne une station de charbon. Les ac-
nuisiLions allemandes en Extrême-Orient ne
sont pas encore terminées.
S.
LA CRISE MINISTÉRIELLE
Mous ne sommes pu pI- avmasésBKS
premier Jour de la crise. L'hoQorsbSiHjK
Bot a.ésnsnè daasses tentatives
liatiom si la «HtMiMa apparat ptifHBg
plie que J...-..
Dès hier matin M. Ribot je4WL MaSS
près de M. Périrai qui indiqua
tementau dépoté du Pas-de-Calais-
conditions les radicaux entreraient
combinaison.
La loi sur les successions, l'impôtijarie
rensu, la révision de la CoasMttmatt. >■
M. Ribot eut ensuite une entrera* avec
M. Sarnen qui lui tint le même
que M. Peytral.
C'était une fin de non-recevoir et M. N. !
bot, après une conférence ayee M. Chartes »
Dupuy et ses amis du comité directeur ds ;
t'Un! la résolution de se rendre auprès du chèf î
de l'EtaL à qui il déclara qu'il ne pouTOjLj
accepter la mission de former un oatMttsIT1
L'entrevue ne dura qu î quelques instants
etU.Ribotquitta l'Elysée débarrassé du souci
de trouver des collaborateurs plus ou moins
«ziee&nU.
A la Chambre
Vers trois heures la nouvelle était connue
dans les oouloirs et l'on se demandait à qui
M, Félix Faure allait faire appel.
Le Président venait de sortir et ne devait
rentrer à l'Elysée que vers 5 h. lp. D'autre
part hier soir avait lieu le dinar du bureau
du Conseil municipal; tout faisait prévoir
que ce n'est que ce matin que le personnage
politique appelé à recueillir la succession
de M. Méline serait mandé à l'Elysée.
Les radic.tux se félicitaient de l'échec de
M. Ribot qai, malgré leurs instances, avait
toujours refusé de les débarrasser du cabi-
net Méline.
A l'Elysée
Vers dix heures M. Félix Faure a fait ap-
peler M. Barrien et lui a confié la mission
de former un cabinet de conciliation. M.
Sarrien a promis de voir les membres des
divers groupes et de rendre réponse lundi
vers trois heures au président de la Répu-
blioue.
H. S.
Société Française d'Hygiène
La Société d'hygiène a tenu jeudi soir, sa
séance publique. La grande salle de la So-
ciété d'Encouragement était comble, et
nous avons constaté que les dames s'y trou..
vaient en grande majorité.
La séance est ouverte par une petite
causerie du professeur Gréhant, président.
Il a fait en quelques mots applaudis, l'his-
torique de la Société d'hygiène, fondée en
1877 par le regretté Dr de Pietra Santa,
Si s été qui n'a cessé de grandir depuis
cette époque. Elle compte aujourd'hui plus
de 1,200 membres, et 200 Sociétés savantes
sont associées à son œuvre humanitaire.
Chaque année, elle met au concours un
sujet qui intéresse le bien-être du peuple
et la salubrité des villes et des habitations.
Tout ce qui concerne l'enfance, son éduca-
tion, son hygiène, y est sans cesse étudié.
Aussi, ne saurait-on assez encourager une
Société qui répand dans toutes les-classes,
les saines notions de l'hygiène si souvent
méconnues.
La Fronde ne peut rester indifférente aux
efforts de ceux qui répandent partout et
sans se lasser les vérités utiles. C'est le
rôle des femmes — des mères surtout — de
se tenir au courant de questions où elles
sont les premières en cause, car, n'est-ce
pas d'elles, de leur connaissance des règles
de l'hygiène de leur application intelligente
que dépendent le plus souvent la santé et
1 avenir des enfants.
Le sujet du concours de 1897 était : L'FIat
des logements dans las petites communes rura-
les. Quelques uns des mémoires très étu-
diés, offraient un intérêt spécial. Une mé-
daille d'or a été décernée au Dr Faidherbe
de Roubaix, une d'argent à M. Baudrar. de
Beauvais, une de bronze au Dr Bienfait.
La séance s'est terminée par une confé-
rence du Dr Foveau de Courmelles. sur
l'Elal actuel des rayons X. Le sujet semblait
un peu ardu. Il a été traité d'une façon ex-
quise, avec un tel charma de parole, une si
grande limpidité de pensée, tant de clarté
dans l'exposition que nous ne pouvons que
féliciter chaleureusement l'éloquent confé-
rencier de l'heure agréable et trop courte
qu'il a fait passer à ses auditeurs.
Tout en rendant hommage à la science
créatrice du Dr Rœntgen, dont la merveil-
leuse découverte a eu un si grand reten-
tissement, le Dr Foveau de Courmelles
a fait ressortir qu'une invention ne jaillit
jamais instantanément du cerveau d'un
homme, fût-il le plus grand des génies. Il a
toujours eu d'obscurs précurseurs. Tel est le
cas du docteur Roentgen et il serait injuste
d'oublier les devanciers qui lui ont ouvert
une voie qu'il a clôturé si magnifiquement.
Aussi le docteur Foveau en exposant la
genèse été de la découverte des rayons X, a
té amené à remonter un siècle et demi
en arrière — à l'année 1750 — où l'abbé
Mollet a révélé les premières notions sur
l'électricité statique. Continuant l'historique
de la question, il est arrivé aux récentes
découvertes. D'admirables projections, qui
ont charmé l'auditoire, ont démontré les
principaux résultats de cette science si nou-
iji
• Les belles expériences dtvig6«s par M.
Madiguet én personnes (ont, permis de le
;îpNtre compte de la différence entre la ra-
diographie, opération longue et parfois
dangereuse et la radioloople qui produit
: une image .tnstaDlaDée et rend de si grands
services en chirurgie.
En aomme. charmante et instructive soi-
rée, tout à l'honneur de la Société d'hy-
giène et des éminents savants qui dirigent
aveo tant de dévouement une œuvre si hu-
1 m&nittM'e.
LUCY D'HERBIGNY.
INFORMATIONS
Affaires Hispano-Américaines
Madrid" f8 juin..
Une longue conférence qui a eu lieu entre
l'ambassadeur d'Angleterre et le ministre
de la guerre est très commentée.
Le général Weyler annonce que lorsque
la capitulation de Manille sera oonnue offi-
ciellement, il adressera une interpellation
au gouvernement.
•
* s
On mande de Hong-Kong au New- York
Herald que les chefs insurgés réunis au
Vieux Cavite ont proclamé l'indépendance
des Philippines.
Le général Aguinaldo avait fait les pré-
paratifs pour la réunion d'une convention
dés indigènes pour jeter les bases d'une
constitution républicaine et former un
gouvernement.
Cette conférence n'a pu avoir lieu par
suite de l'absence de quelques personnes.
Les rebelles prétendent avoir capturé la
femme du général Annrusti Davila et ses
cinq enfants. Il ne ser pas gardés comme
prisonniers et pourront rejoindre le géné-
ral Angusti à Manille.
Il y a actuellement trois vaisseaux alle-
mands dans la baie de Manille.
On dit que le parti militaire a obligé le gé-
néral Angusti à donner sa démission. Le
commandement serait remis au général
Jaudane.
S »
Les journaux publient un manifeste du
groupe régionaliste de la Catalogne, en fa-
veur de la paix.
S *
Au cours d'un interview du correspon-
dant madrilène du Daity-Telegraph avec le
général Weyler celui-di aurait déclaré que
si l'Espagne, au lieu de se mettre unique-
ment sur la défensive avait pris l'offensive,
les choses auraient pris une tout autre
tournure. Le bombardement de quelque
grande ville industrielle américaine aurait
Jeté la peur chez les Américains et aurait
refroidi leur enthousiasme dès le début.
«
s s
La canonnière espagnole Yanez Pinzon est
sortie hier du port de la Havane, pour
communiquer à l'escadre américaine le
refus du maréchal Blanco d'échanger les
prisonniers du Merrimac.
S s
Une dépêche officielle du gouverneur de
Santiago de Cuba annonce que, le 16 juin,
au point du jour, un cuirassé et un yacht
ont ouvert le l'eu sur ia l'unta-Cabrera à
quatre lieues ouest de Santiago.
Les Américains envoyèrent en outre des
chaloupes à vapeur à la côte, dans l'inter.-
Lion d'opérer un débarquement. Mais la
colonne du colonel Aldea repoussa cette
attaque sans pertes.
Les navires américains sa retirèrent
alors. Il était sept heures du matin.
*
• s
Suivant des dépêches privées, la fièvre
jaune sévit parmi les Américains qui ont
débarqué à Guantanamo. Quelques cas au-
raient été constatés dans l'escadre améri-
caine devant Santiago. Les chaleurs sont
accablantes. Les pluies sont journalières,
le terrain fangeux rend difficile toute opé-
ration militaire aux alentours de Santiago.
•
* *
Il est inexact jusqu'à présent que Ma-
nille ait capitulé.
Lp- général Angusli n'a pas résigné son
commandement.
Angleterre
Londres, 18 juin.
Il a été décidé qu'une réunion aurait lieu i
entre les représentants des mines et les dé- I
légués des mineurs. La demande d'une
augmentation de salaires de 10 010 sera
examinée. j
France
A!gor, 18 juin.
Le conseil municipal d'Aïn-Taya, sous la
présidence du maire M. Dulin, a voté une
adresse de respectueuses félicitations à M.
le gouverneur général, à raison de son pro-
gramme algérien et l'a assuré de son pro-
fond dévouement.
Italie
nome, isjuin.
M. di Rudini vient d'annoncer à la Cham-
bre que le ministère était démissionnaire.
LES PREMIERES
»éàtré li'la RenaUnaw. - fesprê-
sent&U« ds M. Ermete NovelM. Ê&kel
/>erri»,oomédi9*ii deux actes de Bayard.
Nous sortons tout émue et tout étour-
die du. nouveau très grand succès de M.
Noveili qui incarne si admirablement le
personnage de Michel Perrin, grand-
père espion sans le savoir. La pièce était
oubliée, l'on-ne parlait pins guère de
Bayard et voilà que le grand artiste res-
suscite à tout jamais pour ceux qui l'ont
vu ce soir cette œuvre admirable.
Plus que jamais, si ce n'est cette sai-
son, au moins pour la prochaine, nous
prions M. Novelli de se montrer dans une
pièce de belle envergure où il sacra
défier les plus grands interprètes, car
avec son tafent,n ne doit supporter qu'on
ne le compare qu'aux sommités de l'art
dramatique.
J. C.
LES JOURNAUX
DE CE MATIN
fi Ou Radical :
Rien d'amusant comme les lamentations
des monarchistes et autres ralliés qui
avaient pris la douce habitude d'être les
véritables maîtres à la Chambre, puisqu'à
dix reprises ils avaient sauvé un ministère
que la majorité des républicains condam-
nait. Ils s'infiltraient un peu plus chaque
jour dans la place et ils ne desespéraient
pas d'avoir prochainement une action dé-
cisive sur la direction des affaires de la
République. Pour cela, il leur fallait à tout
prix conserver M. Méline.
Ils s'y sont employés de leur mieux ; rien
ne leur a coûté et on a vu M. de. Mackau,
M. de Mun et leurs amis, avaler sans faire
la grimace, l'affreux crapaud de l'ordre du
jour qui leur signifiait leur congé. Peu leur
importait, pourvu que M. Méline restât. A
cette condition, le crapaud leur eût été
doux. Mais voilà, M. Méline n'est pas resté.
C'est fini de ruaar On s'est abaissé, on s'est
humilié, on s'est aplati sans profit.
- Alors, c'est un concert de gémissements
et d'imprécations. Une majorité de sectai-
res nous exclut, nous chasse, nous exile,
nous proscrit, nous boycotte. Nons som-
mes d'infortunés boycottés.
Ces pauvres parias, ces tristes exilés sur
la terre étrangère, sont réjouissants.
Ne dirait-on pas, en vérité, qu'on les
chasse du Parlement, qu'on les prive de
leurs droits politiques, qu'on les met hors
la loi !
Raue.
De Y Aurore :
Je viens de conduire à sa dernière de-
meure mon cher ami, Hercule Rouanet,
de qui fut pendant vingt ans mon compagnon
e chaque jour. J'ai été favorisé de quel-
ques amillés très belles. Il n'en fut pas de
plus proche et de plus chaude que celle-là.
Vingt ans nous avons vécu de la même
vie, vingt ans nous avons cru, espéré,
voulu, tenté de faire, ensemble. Dimanche
il me mandait d'accourir. Toute la France
à traverser. Il mourait lundi à une heure,
sachant que je serais là deux heures plus
tard suppliant le médecin de lui donner en-
core, pour le dernier emhrassement,deux
heures de vie que refusait la mort impi-
toyable.
Nous l'avons porté au coteau de vignes
qu'il avait choisi pour y dormir sa grande
nuit sous la caresse des brises natales. Et
1 je suis parti, laissant une maison vide oli
mille menues choses qui ne disent rien à
personne sont des morceaux de ma vie.
Hier je ne voulais pas parler de lui, par je
ne sais quel désir de le garder tout à moi.
11 me semble aujourd'hui que je ne peux
pas reprendre ma part des luttes commu-
nes sans un dernier adieu. Comme on me
fit parler là-bas devant la dalle ouverte, il
faut ici que j'évoque, au moins pour ceux
qui l'ont connu, le souvenir du camarade
et de l'ami.
Hercule Rouanet, qui, sans espoir de
récompense, fit tant de démarches, sou-
vent vaines, pour tant de pauvres gens,
n'a plus même besoin de notre souvenir.
Nous le lui garderons tout de môme, puis-
que par là nous serons meilleurs. Ainsi sa
vie peut-être, qui pourrait paraitre à des
sols manaule se continuera en nous et par
nçus, en d'autres encore, jusqu'à ce qu un
heritier de tant d'efforts ignorés ou connus
rencontre la joie de l'action décisive Oil
l'injustice de l'histoire attachera l'exclusif
honneur.
Justice ou injustice de l'histoire, qu'im-
porte à celui qui n'a plus besoin dans la
vie de cet appât trompeur que des récom-
pense paradisiaques au-delà de la mort.
L'honneur est de mettre notre orgueil à
réagir contre l'iniquité des choses, que
l'homme tantôt aggrave et tantôt adou-
cit suivant son intérêt ou son humeur. Di-
minuer du malheur humain est en soi une
S—ÎÉI. hlfcfls -réflflmiliwiw«Ml tu.
seCMi d y sJitlslMlMr #;Ioim
dont la fonts Imb6dlt paye les mu«.
creurs et tous Isa arOsao» du mal qui leur
font cortège»*
L'ami que j'ai perdu fut pour étre
bon, simptecaMtt, et ne g'eui..arra8sa pu
d'&uLre cbose. im lui dois réconfort et cou-
rage. Si j'en témoigne ici, c'est que j'ai plai-
sir. à retrouver en moi quelque chose de
lui, après sa mort. Pour qui a donné de soi,
il n'y a point de vain effort, il n'y a point
l d'inutile vie. -
G. Clemenceau.
MUSIQUES MILITAIRES
SQUARE PARMENTIER
(de 4 à 5 heures)
SS* d'Infanterie. — Chef: M. Giroace
Allegro militaire X...
Ouverture de Phèdre M issenot
Musette et Glaicoa Peoavairt
Scène de l'église de Faust Gounod
Blanche et Noire Stretf
PALAIS-ROYAL
1- Cuirassiers. — Chef: M. Charlot
la Belle Meunière Parés
Le ChA!ct Adam
^La Trotteuse Gaudet
Le jour et la nuit Lecoq
Défilé de cavalerie de X...
PARC MONCEAU
28* d'Infanterie. — Chef: M. Loblan*
Marche cortège Leblanc
O. de Ben venu to Celiini Berlioz
lA Livry Pimudie
itubezah! Hué
La Sentinelle Hensen
PARC MONTSOURIS
102* d'Infanterie. — Chef: M. Thirht
Richard Watlare SHIunich
Si j'étais roi A a 1)
Espana C.ii.'r-ier
Le Pré aux Clercs I'' !")')
La Volière L)cr);uJ
PLACE DE LA NATION
4* (rIl1fantcrÍc. — Chef: M. vivier
Alerte Mulot
Le Domino noir Auber
Fleurs d'Espagna lt!llli-S
Faust tîiiun )d
Marche Vivier
LUXEMBOURG
lW. infanterie. — taier: M. Fouquet.
Pas redoublé Sainl-Saêna
Le roi de Lahore Musscenet
Ballet d'Hamlet Thomas
L'Etoile du Nord Meyerber
Champagne Touroem
BUTTES CHAUMONT
113* Infanterie. — Chef : M. Grognet.
Marche Schuber
Ilérodiade Masseoet
Rigodon Rameau
Ballet égyptien Luigini
Le roi de Lahore MU:lena&
JARDIN DES PLANTES
131* de Ligne. — Chef: M. Schwartx
Marche Witlmann
Le Père Gaillard Reber
Polonaise Chopin
Voyage en Chine Bazin
Le petit Clairon X.
Bulletin Météorologique
La zone de basse? pressions s'est rapprocha
du nord-ouest de l'Europe, la baisse est de î
mIro, en Erosse et de 6 à ShieMs, Les forte'-
pressions des lies-Britanniques se retirent vers
le Sud et s'étendent de ! Atlantique à i'Aulrirl l
le maximum est près de Nantes (770 m|rn) Le
vent est faible de l'ouest sur la Manche, varia-
ble en Gascogne et en Provence. Des pluies sont
signalées sur la Hongrie et dans tqtielijues sta-
tions du Nord.
En France on arccueilli seulement 1 mlm d'eau
à Nice.
La température se relève elle était ce matin
de 10* à Bade, 13. à Paris, 21* & Alger, 23 à
Lisbonne.
On notait 5 au Puy-de-Dôme, 3 au Venteux,
1 au Pic du Midi.
En France, le temps est au beau avec tempé-
rature en hausse. A Paris, hier dans la soirée
et ce matin, beau. Moyenne d'hier, 18 juin,
13tl, inf. de 3*9 à la normale. Depuis hier midi,
température max. iS"G, min. 7*7.
Situation particulière aux ports
Manche, mer peu abritée à Dunkerque, Calais,
Boulogne, Le Havre, belle Cherbourg.
Océan, mer belle à Brest, Louent.
Méditerranée. mer agitée Marseille, peu agitée
Sicié, belle il Nire.
Corse, mer agitée aux Iles Sanguinaires.
Stations Temp. Vent Etat du ciel
Paris 13 calme beau
Dunkerque 13 O. modéré couvert
Le Havre 12 S. O. t. faible beau
Brest 15 O. S. O. t. faible p. nuag.
Limoges 10 E. calme brume
Bordeaux — —
Biarritz 17 calme p. nuag.
Marseille 18 E.N. E. t. faible couvert
Alger 21 E. calme beau
Naples 17 W. t. faible t. nuag.
Rome 17 N. id. id.
Constantinople 22 N. E. faible couvert
Valeneia 15 S. O. modéré id.
Copenhague 14 0. N. O. as. fort t. id.
Berlin 13 E. O. modéré t. nuag.
Stockholm 13 calme couvert
St-Pétersbourg — —
TRIBUNE DE LA FRONDE
DU 19 JUIN 1898
LA TRIBUNE
(2)
Cette rubrique forwç m feuilleton volant
4mt ie ami change im la trou »UM
A TRAVERS L'ÉDUCATION
(LES EXAMENS)
II
Le brevet élémentaire
Une actualité, vieille de quelques
semaines et qui défraie encore quelques
chroniques, c'est la création, par Mlle
, About, d'un cours de modes à l'usage des
Jeunes filles de la classe aisée. On la féli-
et l'on a raison, soit que, dans sa
'.pensée iLs'agiase seulement a'un élément
; d'économie pour les familles ; suit que
tentative, plus large et plus complète,
Inde à l'acquisition d'un gagne-pain
'J8!ga 'ici méprisé.
Nulle occupation ne me semble plus
attrayante; c'est un art ou tout au moins
métier artistique; qui n'est pas dé-
jjÉTfi à côté de la peinture sur porcelaine
•pa de -la gravure sur bois, et je n'ai Ja-
vanais pu comprendre le préjugé qui dé-
Maïdè une jeune fille ayant l'habileté des
geigts, le sens de la forme et le goût de
pMagooMnty de faire des caapeaux
i n n n is Tty fti Win Afinnt réas-
sit à le déraciner, elle aura bien mérité
de la bourgeoisie féminine, que son édu-
cation routinière et empaillée rend par-
fois plus malheureuse que les filles du
peuple, non enlacées dans ce filet de
mesquineries et de vanités.
Mais Paris n'a pas été bâti en un jour,
et ce n'est pas encore cette année qui
verra diminuer les candidates aux divers
brevets. Dans quelques jours ces victi-
mes du protocole bourgeois et de la mode
s'entasseront dans les salles affectées aux
examens, et dans leurs nombreuses an-
nexes. Celles d'antan ne suffisent plus ;
les supplémentaires sont insuffisantes, et
comme le flot monte toujours, on en est
arrivé à cette idée, suggestive pour qui
veut réfléchir et stupéfiante pour moi,
qui connalt la bituation, de construire un
Palais des Examens [ Le plan, à peine tracé
—il devrait avoir la forme d'une pagode
chinoise — est déjà trop exigu. Vous
verrez que la Galerie des Machines finira
par y passer, et le Champ de Mars aussi.
Cela sert-il à quelque chose au moins ?
Mais n'anticipons pas. Nous en som- I
mes aux pauvres fillettes de seize ans
qui, depuis des semaines ont perdu l'ap-
pétit et le sommeil en pensant aux
« épreuves » — le mot n'est que trop
juste, — du brevet élémentaire.
Ce sont, d'abord, dC3 filles de la bour-
geoisie pauvre qui, obligées de gagner
leur vie, n'entrevoient pas d'autre moyen
de le faire tout en gardant a leur rang »
que d'entrer dans l'instruction.
Si la tentative de Mlle About réussit, si
le nombre des écoles professionnelles
augmente, si l'éducation des filles de-
vient franchement libérale et démocra-
tique cette première catégorie d'aspi-
rantes diminuera, je l'espère, des deux
tiers.
Ce sont, ensuite des filles de la bour-
geoisie aisée, qui se mettent en garde
contre les revers de fortune, et qui, jus-
qu'ici, n'ont pas cru qu'il existât d'autres
préservatifs. Cette seconde catégorie
suivra la trace de la première, et la vo-
cation seule déterminera leur choix 1
Ce sont ensuite des filles du peuple qui
veulent s'élever au-dessus de la condition
de leurs parents, et qui seront moins em-
pressées de devenir institutrices — sauf
un goût très décidé — lorsqu'elles ver-
ront la fille du médecin du premier étage
apprendre les modes, et la nièce de l'ar-
chitecte du second suivre des cours com-
merciaux.
Ce sont enfin des jeunes filles du
« monde » qui veulent prouver que, tout
en dédaignant les filles du < commun »
elles ne sont ni moins intelligentes, ni
plus ignorantes, total plus de dix mille à
Paris l'an dernier, et un nombre à peu
près équivalent en province.
C'est le moment de nous demander à
quoi, dans de telles conditions, peut ser-
vir le brevet élémentaire?
Le nombre de diplômes délivrés cha-
que année est la plus péremptoire des
réponses. En effet, en admettant même
qu'ils eussent — au point de vue du sa-
voir professionnel — une valeur intrin-
sèque, il faudrait que le territoire de la
France fut quatre fois plus grand, et sa
population dix fois plus considérable,
pour qu'ils eussent chance de trouver
leur emploi.
Lorsqu'un journaliste de sacristie veut
donner un bon coup de massue sur la
« laïque » — qui en a tant reçu et qui ne
s'en porte pas plus mal — il raconte
l'histoire d'une brevetée rencontrée dans
un lieu infime ; d'une seconde qui, mou-
rant de faim, et ne voulant pas se vendre
s'est jetée dans la Seine ; d'une troisième
qui, courageuse et Gère, a accepté une
place de femme de chambre ou de mar- |
journaux. de journaux. Qu'est-ce que cela
prouve — en admettant que ce soit vrai
— sinon un encombrement dont l'Etat ne
saurait accepter la responsabilité, n'ayant
jamais promis une situation dans l'ensei-
gnement en échange d'un brevet élé-
mentaire. et en promettant d'autant
moins aujourd'hui qu'il est engagé avec
les élèves des écoles normales ?
Cela prouve ? l'aberration de beaucoup
de familles qui ferment volontairement
les yeux pour ne pas voir, l'ignorance
des autres, et... la mauvaise foi du signa-
taire de l'article en question.
Le nombre mêmedes diplômesdevrait,
je le répète, éclairer ceux qui veulent
ou peuvent voir, sur l'inanité des espé-
rances qu'ils en ont conçues.
Quant à la valeur intrinsèque du di-
plôme, elle est ce que peut être l'ins-
truction d'une enfant de seize ans. L'exa-
men consiste en une page de dictée,
avec un minimum de fautes d'orthogra-
phe, appréciées par un jury qui n'est
pas toujours homogène, c'est ainsi qu'un
examinateur marquera d'une croix sé-
vère : airapper ou honnorable, tandis
qu'un autre sera plus qu'indulgent pour :
Michellet ou George Send, sous prétexte
que les noms propres n'ont pas d'ortho-
graphe.
Le programme comporte encore une
page d'écriture, ou plutôt de calligraphie
en ronde, bâtarde, cursive; la solution
d'un problème d'arithmétique qui néces-
site autant de « truc » que de raisonne-
ment; quelques réponses pas trop bur-
lesques sur des chapitres d'histoire de
France fraîchement « potassés » ; idem
pour la géographie; une composition
d'un genre simple — oh 1 combien 1 par
exemple « les émotions que l'on éprouve
en se présentant devant la commission » ;
une quantité de minuties, enfin, beau-
coup trop considérable, sans conteste,
mais proportionnées à l'Age des aspi-
rantes, qui sont encore des enfants sans
habitudes profondes de l'esprit et sans
lecture.
Le brevet élémentaire est, en somme,
un second certificat d'études primaires
plus étendu et d'un échelon plus élevé.
u Mt superficiel parce qu'il ne peut en
être' autrement, et n'a aucune valeur
professionnelle ; aussi n'est-ilaujourd'hui
admis que comme pis-aller, à défaut de
brevet supérieur, et à défaut d'élèves
d'école normale, dans les écoles mater-
nelles et dans les classes enfantines.
Puisqu'il est sans valeur et puisqu'il
est un leurre, à auoi donc sert-il*
Il confère le droit de se présenter au
concours d'admission aux écoles norma-
les. Vous avouerez que l'on pourrait s'y
présentera ses risques et périls. Ce qu'il
importe, en effet, a la future élève-mat-
tresse c'est d'être à la hauteur du con-
cours et non d'avoir préalablement un
diplôme dans sa poche, et la preuve ce
sont les échecs annuels qui laissent en
dehors de l'école des aspirantes pourvues
du brevet élémentaire.
Il confère le droit de se présenter au
concours des postes et télégraphes qui,
pour les raisons citées plus haut,pourrait
facilement s'en passer.
En réalité ce n'est plus qu'un crible
aux mailles trop larges encore, et qui
devient inutile à cause des non-valeurs
qu'il laisse passer en nombre considé.
rable.
« Inutile » c'est dix fois entendu; « dan-
gereux » puisqu'il est un trompe-l'œil et
un trompe-attente, il ne mérite qu'une
chose : la suppression.
Vrai! les architectes feront bien de ne
pas trop presser les fouilles pour le Pa-
lais des Examens car pour peu que souf-
fle un vent de bon sens, il pourrait bien
n'avoir plus sa raison d'être.
« Mais alors le travail des jeunes filles
n'aurait plus de sanction? Elles seraient
forcées d'étudier... pour le plaisir?
— Ce serait certes un résultat moral
que j'appelle de tous mes vœux, sans
oser l'espérer à cette époque d'utilita-
risme féroce. Mais voyez donc comment
on procède dans les collèges et lycées de
jeunes filles qui, tout neufs, ne traînent
pas après eux les charmes de la tradi-
tion routinière. Il y a des examens de
passage successifs dont le dernier con-
fère le diplôme d'études secondaires.
Rien n'empêche les institutions, oùL
toutes les catégories d'aspirantes sont
élevées, de suivre cet exemple, car là
seulement sont le bon sens et la vérité.
Le système en honneur dans notre
enseignement primaire a le tort extrême-
ment grave de permettre aux écoliers
^toutes les néglurejacas et toutes lcs&aj&s-
ses d'esprit pendant la plus grande par-
tie de leur fréquentation scolaire, et du
leur imposer, à une époque déterminée,
un surmenage nuisible à leur santé et dé-
plorable pour leur intelligence.
Dans 1 année qui précède les examens,
dans les derniers mois, surtout, la jeune
fille empile dans sa mémoire notions sur
notions, et le voulut-elle alors, ne peut ni
les classer, ni les relier entre elles par
aucun lien rationnel. Or, l'intelligence de
la femme, mal dirigée pendant des siè-
cles, s'est d'autant plus attardée dans les
menus détails que sa vie dans la famille
et dans la société, en est toute pétrie.
C'est à l'éducation moderne de nous
doter des habitudes philosophiques dont
on nous déclare irrémédiablement dé-
pourvues, et que montrent cependant,
jusqu'à l'évidence, toutes celles que leur
bonne étoile a fait naître dans un milieu
propice, ou qui par leur mitiative et leur
volonté se sont rendues mattresses des
procédés qui ont fait la force de l'esprit
masculin.
A tous les défauts déjà énumérés, le
brevet élémentaire en ajoute un dernier
et. rhédibiloire, lorsqu'il s'agit, pour la
diplômée, de l'utiliser : il ne donne au-
cune garantie du talent professionnel.
Or, ce n'est pas tout de savoir — mais
nous avons déià établi qu'elle sait peu
et qu'elle sait mal — il faut aussi savoir
enseigner, ce qui est à la fois un don na-
turel, une acquisition de l'expérience, et
une science ayant-sa méthode.
L'administration, qui ne s'en contente
plus, a donc ses raisons pour cela; l'en-
seignement libre, s'il connatt ses inté-
rêts n'en veut pas davantage, une fmille qui cherche une institutrice est
plus exigeante encore...
Il n'y a vraiment qu'une chose à faire ï
marquer le pas et sur l'air des lampion.
répéter :
« Sup-pres-sion 1 Sup-pres-sion ! »
PAULINE KERGOMARD.
JL IA ~
tt"tt te^aènîlm» éeml !M!àaMtM I—
MpUnmi PMHMI iM trambe big
fM d'empêcher las OaMna de recouvrer
8110 leur indépendance.
M. Bartolomé Maaao adjure an eompa-
triote* de Unir la foi jurée aux Bta...UDi.
•i garantit rso»elt même aux Espagnols
ails veulent ae Joindre à la cause de la ré-
publique cubaine. On sait du reste que les
autorités militaires à Washington sont en
irain d'élaborer des pians destinés à secou-
rir la détresse des rocmeabvdu à Cuba.
Il paraîtrait que dans la nuit de vendredi
l'amiral Sampson, inquiet de la situation
autour de Santiago a envoyé un télégramme
au département de la guerre dans lequel il
s'enquiert du moment où les troupes d'in-
vasion arriveront à Cuba. Le journal le
World, en relatant nette dépêche, ajoute
textuellement : « On assure que le général
Miles ne s'oppose plus à l'invasion immé-
diate de Cuba. on croit dans les cercles mi-
litaires que la longue opposition du gôhôra!
Miles au projet d'invasion et son désaccord
avec le général Alger, auront pour consé-
quence le remplacement du général. Miles,
M bien on ne lui fera attribuer qu'un pou-
voir purement nominal. »
En tous cas Il devient iadiapeosable de
prendre immédiatement Santiago. Mais
quelle est la valeur de son armement et de
ses dépenses? Quelles sont les difficultés de
terrain à surmonter? L'on ne sait rien
de précis. L'armée américaine est au con-
traire rompue & toutes les fatigues du mé-
Uer; mais le principal élément de défaite
des belligérants c'est, parait-il, la saison de
l'hivernage, les alternatives de pluies dilu-
viennes et de chaleurs suffocantes se com-
pliquant du 90 niio neyro.
C'est aux Philippines que les troupes in-
surgées attendent le plus impatiemment le
eorps expéditionnaire américain pour atta-
èUesse qtJer les lignes espagnoles. Sans artillerie,
se trouvent arrôtéesdevant lesdéfenses
de Manille dont toute la province est cepen-
dant entre teursmainsc. Unedizaine de mille
hommes restaient seuls au général Angusti
qui n'a pu tenir, et les autres petites garni-
tons dénuées de ressources ont dû consen-
tir à se rendre à Aguinaldo. Les navires de
commerce, protégés par les navires de
guerre neutres, assistent impassibles à la
lutte et donnent l'hospitalité aux colons
étrangers.
L'escadre de Cadix a enfm pris la mer
avant-hier. Commandée par le oontre-ami-
fral Camara, sa plus grande force de résis-
tance consiste dans le cuirassé le Pelayo et
dans le croiseur cuirassé le Car
si s'il est véridique qu'elle ait été aperçue
de Cieta il est possible qu'elle arrive à des-
ti»Uon des Philippines à la fin du prochain
mois. Estrelle appelée à entrer en conflit
avec l'escadre de l'amiral Dewey, qui, nous
dit-on,est partie de San Francisco pour Ma-
nille? C'est ce que rien ne nous fait pres-
sentir encore. Alors, le premier combat at-
tendu aurait lieu dans les mers de Chine.
IBO.
Lettre d'Allemagne
' Plus de doute 1 Dans la lutte du 16 juin, la
{Victoire est restée aux socialistes et au parti
du centre. Sin6o - et Liebknecht sont élus au
'premier tour à Berlin, Bebei et DitlJ à
'Hambourg* Le centre a jusqu'ici gagné
quatre sièges.
On grand nombre de candidats conserva-
teurs, et tous les libéraux doivent courir
les chances du ballottage: tels le comte Her-
bert de Bismarck, le comte Waldersee, le
baron Slumm, MM. Richter et RickerL les
chefs mêmes du libéralisme. Le grand in-
dustriel Kru pp, patron de milliers d'ouvriers,
a été battu par un candidat catholique dé-
mocratique. En Alsaae-Lorraine les élections
sont anti-allemandes pour la plupart, ou
soeialistes. Mais à Strasbourg le candidat
national-libéral l'a emporté. Partout les so-
cialistes ont gagné un nombre considérable
de voix. Comme le vote est secret, la bour-
geoisie allemande a certainement dans
maint endroit préféré voter pour le socia-
liste jugeant qu'il la défendrait plus éner-
ciquementoontre j'agrarien que les libéraux
désunis et si pitoyablement faiblards.
La lutte s'engagera donc chaude entre le
gouvernement et les socialistes. Car, nous
wons de l'indiquer, il n'est pas sûr
que dans les ballottages, l'élément libéral
se rallie aux candidats de l'ordre quand
ceux-ci sont représentés par des agrariens
et des réactionnaires. Ce serait, pour la
bourgeoisie, se suicider.
mais si d'un côté « le parti subversif » sort
fortifié de la lutte,il ne faut pas croire que
le gouvernement recule devant cette pres-
sion de la volonté populaire. L'Allemagne
est un Etat constitutionnel non pas un Etat
parlementaire. Aussi les ministériels sont-
Ils résolus à passer outre. Le parti agraire
médite déjà de faire remplacer le chance-
lier de Hohenlohe qui commet le péché de
favoriser les traités de commerce, et dont
le fils a eu le tort d'approuver l'élection
d'un national-libéral (le prince de Carolath)
par le comte Posadowsky plus acquis à la
politique économique des agrariens.
Comme l'avenir de l'Allemagne dépend
tout entier de la solution des questions éco-
nomiques, agranens à droite, socialistes à
gauche nous offriront dans le nouveau Rei-
ehstag le spectacle de représentants de doc-
trines économiques diamétralement oppo-
IW 99 HHMH 1» JINlBVMV
des Mé% des pobHses ds ÉeatËIMNNKres»
des fera et des cotons. r v 7 ' •"*
Le il juin était fiMMlym miw ds^ta mort
de IIBMP«M» Prédéfie. tm jhmHte impé-
riale s'ait naine à regt;M de bb, Paix de
PotsdaaCoè reposent, sous Ma ..da....t.
de mmb" les resles de etM qu'on appe-
lait der grau Dd*r (le grand mut .
dont le cteme semblait promettre à rÂlte-
magne libérale ans ère de sages réformes,
d'apaisement soeial, d'idées humanitaires.
Ceite espérance a été détruite : aveo la
mort de l'Empereur Frédéric, toute une gé-
nération de politiciens et d'hommes d-Btat.
allemands s est vue écarter du théâtre de
l'histoire, le développement organique du
pays a été interrompu, son évolution poli-
tique et sociale préoipitée. Nous en voyons
le résultat dans les élections actuelles : le
parti libéral écrasé, la lutte h outrance en-
gagée entre les partis d'extrême droite et
d'extrême gauche.
Avant d'assister avec sa famille au ser-,
viee solennel dans la chapelle mortuaire, i
l'Empereur Guillaume s'est rendu seul au-
près delà tombe de son père. Que de pen-
Sées, que de souvenirs navrants doivent
l'assaillir quand il voit s'ouvrir devant lui
les lourds battants en bronze de la cha-
peUe, ornés d'aigles imperiates!
Pour donner à des serviteurs fidèles de
l'Empire des marques de sa satisfaction, il
leur a accordé nombre de croix, d'ordres,
de décorations de tout genre. Les journaux,
tout en félicitant Guillaume Il de la pros-
périté de son règne, ont fait le compte des
hauts fonctionnaires qu'il a « usés » depuis
neuf ans. Il y a dans le nombre pas moins
de trois chanceliers, Bismarck, Caprivi et
Hobenlohe (dont, nous venons de l'exposer,
on sonne déjà le glas).— Quant au premier
on raconte qu'il vient de lire tout d'une
traite les romans d'Emile Zola à partir de la
Débâcle. Précieux argument cont:e le dé-
fenseur de Dreyfus. Que la rue des Postes
ou la rue Saint-Dominique s'en emparent au
plus vite!
Un livre de luxe, publié pour l'anniver-.
saire de l'avènement de Guillaume II et
portant le titre : unser Kaiser (notre em-
pereur) initie le grand publie à la vie pri-
vée de l'Empereur, qui est, malgré le goût
de Guillaume pour le panache et la parade,
d'une simplicité exemplaire.
Quand les Allemands bien pensants auront
fini la lecture du livre, le chaf de l'Etat
fixera de nouveau leur attention par son
voyage à Jérusalem, qui, on peut s'y fier,
no manquera ni de pittoresque ni d'im-
prévu. Ne parle-t-on pas déjà d'un séjour
de l'Empereur au Caire. Et nous le voyons
en costume de hussard, escaladant la
pyramide de Chéops, hissé là par deux
Arabes, proprement lavés pour l'occasion,
et foulant sous sa botte symbolique les
mêmes amas de pierre qui inspirèrent, à
Napoléon 1er un de ces discours les plus vi-
brants.
Dans l'esprilde ce César mystique la visite
des lieux saints et de la vieille Egypte doit
prendre une signification tout à fait extra-
ordinaire. Donc, gare aux surprises.
En attendant, il voit son empire prospé-
rer et les puissances rechercher son al-
liance. Dans les rapports commerciaux aveo
l'Angleterre et ses colonies, rien ne sera
changé bien que l'arrangement provisoire
expire le 30 juin et qu'un nouveau traité
n'ait pas encore été conclu. La guerre
douanière n'éclatera pas entre les deux
pays qui ont de nombreux intérêts en com-
mun. Sauf pour le Canada, qui vient de se
convertir au protectionnisme, tous les pays
anglais admettront l'importation allemande
sans la frapper de droits, et l'Allemagne
n'augmentera pas ses tarifs vis-à-vis de l'An-
gleterre,
Les Allemands de l'Autriche, se sentant
débordés par le panslavisme, commencent
à envisager la possibilité de se séparer de
l'empire des Habsbourg pour aller se joindre
à celui des Hohenzollern. La trazetle de Co-
logne a été chargée de leur dire qu'il faudra
qu'ils se débrouillent seuls et que l'Empire,
tout en faisant des vœux platoniques pour
leur salut, ne désire nullement les prendre
sous son manteau, ni se brouiller avec
François-Joseph. Et l'on parle encore d'affi-
nités de racel Certes, si tant est qu'elles
existent, ce n'est pas en politique qu il fau-
drait s'y appuyer.
Cela sevoitunefoisde plus dans la guerre
hispano-américaine. Chose amusante ce
sont les Américains qui débinent les Alle-
mands, qui racontent avec une noble indi-
gnation que l'Allemagne a réuni 23 millions
pour les envoyer en Espagne, qu'elle y a
fait passer des canons Krupp sous la dési-
gnation d'ustensiles de cuisine; tandis que
l'Espagne, avec une confiance vraiment
touchante dans la chevalerie de Guillaume,
réclame l'intervention de sa chancellerie
[►our faire la paix et à défaut de cola, l'in-
tervention de s& marine aux Philippines.
Quatre vaisseaux de guerre allemands
aveo 3,000 hommes de troupe se sont en
effet rendus aux Philippines. Douce illusion
cependant de croire que c'est pour sauver
l'Espagne. L'empereur compte simplement
avec l'éventualité d'une « République des
Philippines »; il désire sauvegarder vis-à-
vis du nouveau gouvernement (qui sera
sous une forme plus ou moins cachée un
gouvernement yankee), des intérêts com-
merciaux allemands considérables et il a,
sans nul doute, l'intention d'obtenir pour
l'Allemagne une station de charbon. Les ac-
nuisiLions allemandes en Extrême-Orient ne
sont pas encore terminées.
S.
LA CRISE MINISTÉRIELLE
Mous ne sommes pu pI- avmasésBKS
premier Jour de la crise. L'hoQorsbSiHjK
Bot a.ésnsnè daasses tentatives
liatiom si la «HtMiMa apparat ptifHBg
plie que J...-..
Dès hier matin M. Ribot je4WL MaSS
près de M. Périrai qui indiqua
tementau dépoté du Pas-de-Calais-
conditions les radicaux entreraient
combinaison.
La loi sur les successions, l'impôtijarie
rensu, la révision de la CoasMttmatt. >■
M. Ribot eut ensuite une entrera* avec
M. Sarnen qui lui tint le même
que M. Peytral.
C'était une fin de non-recevoir et M. N. !
bot, après une conférence ayee M. Chartes »
Dupuy et ses amis du comité directeur ds ;
t'Un!
de l'EtaL à qui il déclara qu'il ne pouTOjLj
accepter la mission de former un oatMttsIT1
L'entrevue ne dura qu î quelques instants
etU.Ribotquitta l'Elysée débarrassé du souci
de trouver des collaborateurs plus ou moins
«ziee&nU.
A la Chambre
Vers trois heures la nouvelle était connue
dans les oouloirs et l'on se demandait à qui
M, Félix Faure allait faire appel.
Le Président venait de sortir et ne devait
rentrer à l'Elysée que vers 5 h. lp. D'autre
part hier soir avait lieu le dinar du bureau
du Conseil municipal; tout faisait prévoir
que ce n'est que ce matin que le personnage
politique appelé à recueillir la succession
de M. Méline serait mandé à l'Elysée.
Les radic.tux se félicitaient de l'échec de
M. Ribot qai, malgré leurs instances, avait
toujours refusé de les débarrasser du cabi-
net Méline.
A l'Elysée
Vers dix heures M. Félix Faure a fait ap-
peler M. Barrien et lui a confié la mission
de former un cabinet de conciliation. M.
Sarrien a promis de voir les membres des
divers groupes et de rendre réponse lundi
vers trois heures au président de la Répu-
blioue.
H. S.
Société Française d'Hygiène
La Société d'hygiène a tenu jeudi soir, sa
séance publique. La grande salle de la So-
ciété d'Encouragement était comble, et
nous avons constaté que les dames s'y trou..
vaient en grande majorité.
La séance est ouverte par une petite
causerie du professeur Gréhant, président.
Il a fait en quelques mots applaudis, l'his-
torique de la Société d'hygiène, fondée en
1877 par le regretté Dr de Pietra Santa,
Si s été qui n'a cessé de grandir depuis
cette époque. Elle compte aujourd'hui plus
de 1,200 membres, et 200 Sociétés savantes
sont associées à son œuvre humanitaire.
Chaque année, elle met au concours un
sujet qui intéresse le bien-être du peuple
et la salubrité des villes et des habitations.
Tout ce qui concerne l'enfance, son éduca-
tion, son hygiène, y est sans cesse étudié.
Aussi, ne saurait-on assez encourager une
Société qui répand dans toutes les-classes,
les saines notions de l'hygiène si souvent
méconnues.
La Fronde ne peut rester indifférente aux
efforts de ceux qui répandent partout et
sans se lasser les vérités utiles. C'est le
rôle des femmes — des mères surtout — de
se tenir au courant de questions où elles
sont les premières en cause, car, n'est-ce
pas d'elles, de leur connaissance des règles
de l'hygiène de leur application intelligente
que dépendent le plus souvent la santé et
1 avenir des enfants.
Le sujet du concours de 1897 était : L'FIat
des logements dans las petites communes rura-
les. Quelques uns des mémoires très étu-
diés, offraient un intérêt spécial. Une mé-
daille d'or a été décernée au Dr Faidherbe
de Roubaix, une d'argent à M. Baudrar. de
Beauvais, une de bronze au Dr Bienfait.
La séance s'est terminée par une confé-
rence du Dr Foveau de Courmelles. sur
l'Elal actuel des rayons X. Le sujet semblait
un peu ardu. Il a été traité d'une façon ex-
quise, avec un tel charma de parole, une si
grande limpidité de pensée, tant de clarté
dans l'exposition que nous ne pouvons que
féliciter chaleureusement l'éloquent confé-
rencier de l'heure agréable et trop courte
qu'il a fait passer à ses auditeurs.
Tout en rendant hommage à la science
créatrice du Dr Rœntgen, dont la merveil-
leuse découverte a eu un si grand reten-
tissement, le Dr Foveau de Courmelles
a fait ressortir qu'une invention ne jaillit
jamais instantanément du cerveau d'un
homme, fût-il le plus grand des génies. Il a
toujours eu d'obscurs précurseurs. Tel est le
cas du docteur Roentgen et il serait injuste
d'oublier les devanciers qui lui ont ouvert
une voie qu'il a clôturé si magnifiquement.
Aussi le docteur Foveau en exposant la
genèse été de la découverte des rayons X, a
té amené à remonter un siècle et demi
en arrière — à l'année 1750 — où l'abbé
Mollet a révélé les premières notions sur
l'électricité statique. Continuant l'historique
de la question, il est arrivé aux récentes
découvertes. D'admirables projections, qui
ont charmé l'auditoire, ont démontré les
principaux résultats de cette science si nou-
iji
• Les belles expériences dtvig6«s par M.
Madiguet én personnes (ont, permis de le
;îpNtre compte de la différence entre la ra-
diographie, opération longue et parfois
dangereuse et la radioloople qui produit
: une image .tnstaDlaDée et rend de si grands
services en chirurgie.
En aomme. charmante et instructive soi-
rée, tout à l'honneur de la Société d'hy-
giène et des éminents savants qui dirigent
aveo tant de dévouement une œuvre si hu-
1 m&nittM'e.
LUCY D'HERBIGNY.
INFORMATIONS
Affaires Hispano-Américaines
Madrid" f8 juin..
Une longue conférence qui a eu lieu entre
l'ambassadeur d'Angleterre et le ministre
de la guerre est très commentée.
Le général Weyler annonce que lorsque
la capitulation de Manille sera oonnue offi-
ciellement, il adressera une interpellation
au gouvernement.
•
* s
On mande de Hong-Kong au New- York
Herald que les chefs insurgés réunis au
Vieux Cavite ont proclamé l'indépendance
des Philippines.
Le général Aguinaldo avait fait les pré-
paratifs pour la réunion d'une convention
dés indigènes pour jeter les bases d'une
constitution républicaine et former un
gouvernement.
Cette conférence n'a pu avoir lieu par
suite de l'absence de quelques personnes.
Les rebelles prétendent avoir capturé la
femme du général Annrusti Davila et ses
cinq enfants. Il ne ser pas gardés comme
prisonniers et pourront rejoindre le géné-
ral Angusti à Manille.
Il y a actuellement trois vaisseaux alle-
mands dans la baie de Manille.
On dit que le parti militaire a obligé le gé-
néral Angusti à donner sa démission. Le
commandement serait remis au général
Jaudane.
S »
Les journaux publient un manifeste du
groupe régionaliste de la Catalogne, en fa-
veur de la paix.
S *
Au cours d'un interview du correspon-
dant madrilène du Daity-Telegraph avec le
général Weyler celui-di aurait déclaré que
si l'Espagne, au lieu de se mettre unique-
ment sur la défensive avait pris l'offensive,
les choses auraient pris une tout autre
tournure. Le bombardement de quelque
grande ville industrielle américaine aurait
Jeté la peur chez les Américains et aurait
refroidi leur enthousiasme dès le début.
«
s s
La canonnière espagnole Yanez Pinzon est
sortie hier du port de la Havane, pour
communiquer à l'escadre américaine le
refus du maréchal Blanco d'échanger les
prisonniers du Merrimac.
S s
Une dépêche officielle du gouverneur de
Santiago de Cuba annonce que, le 16 juin,
au point du jour, un cuirassé et un yacht
ont ouvert le l'eu sur ia l'unta-Cabrera à
quatre lieues ouest de Santiago.
Les Américains envoyèrent en outre des
chaloupes à vapeur à la côte, dans l'inter.-
Lion d'opérer un débarquement. Mais la
colonne du colonel Aldea repoussa cette
attaque sans pertes.
Les navires américains sa retirèrent
alors. Il était sept heures du matin.
*
• s
Suivant des dépêches privées, la fièvre
jaune sévit parmi les Américains qui ont
débarqué à Guantanamo. Quelques cas au-
raient été constatés dans l'escadre améri-
caine devant Santiago. Les chaleurs sont
accablantes. Les pluies sont journalières,
le terrain fangeux rend difficile toute opé-
ration militaire aux alentours de Santiago.
•
* *
Il est inexact jusqu'à présent que Ma-
nille ait capitulé.
Lp- général Angusli n'a pas résigné son
commandement.
Angleterre
Londres, 18 juin.
Il a été décidé qu'une réunion aurait lieu i
entre les représentants des mines et les dé- I
légués des mineurs. La demande d'une
augmentation de salaires de 10 010 sera
examinée. j
France
A!gor, 18 juin.
Le conseil municipal d'Aïn-Taya, sous la
présidence du maire M. Dulin, a voté une
adresse de respectueuses félicitations à M.
le gouverneur général, à raison de son pro-
gramme algérien et l'a assuré de son pro-
fond dévouement.
Italie
nome, isjuin.
M. di Rudini vient d'annoncer à la Cham-
bre que le ministère était démissionnaire.
LES PREMIERES
»éàtré li'la RenaUnaw. - fesprê-
sent&U« ds M. Ermete NovelM. Ê&kel
/>erri»,oomédi9*ii deux actes de Bayard.
Nous sortons tout émue et tout étour-
die du. nouveau très grand succès de M.
Noveili qui incarne si admirablement le
personnage de Michel Perrin, grand-
père espion sans le savoir. La pièce était
oubliée, l'on-ne parlait pins guère de
Bayard et voilà que le grand artiste res-
suscite à tout jamais pour ceux qui l'ont
vu ce soir cette œuvre admirable.
Plus que jamais, si ce n'est cette sai-
son, au moins pour la prochaine, nous
prions M. Novelli de se montrer dans une
pièce de belle envergure où il sacra
défier les plus grands interprètes, car
avec son tafent,n ne doit supporter qu'on
ne le compare qu'aux sommités de l'art
dramatique.
J. C.
LES JOURNAUX
DE CE MATIN
fi Ou Radical :
Rien d'amusant comme les lamentations
des monarchistes et autres ralliés qui
avaient pris la douce habitude d'être les
véritables maîtres à la Chambre, puisqu'à
dix reprises ils avaient sauvé un ministère
que la majorité des républicains condam-
nait. Ils s'infiltraient un peu plus chaque
jour dans la place et ils ne desespéraient
pas d'avoir prochainement une action dé-
cisive sur la direction des affaires de la
République. Pour cela, il leur fallait à tout
prix conserver M. Méline.
Ils s'y sont employés de leur mieux ; rien
ne leur a coûté et on a vu M. de. Mackau,
M. de Mun et leurs amis, avaler sans faire
la grimace, l'affreux crapaud de l'ordre du
jour qui leur signifiait leur congé. Peu leur
importait, pourvu que M. Méline restât. A
cette condition, le crapaud leur eût été
doux. Mais voilà, M. Méline n'est pas resté.
C'est fini de ruaar On s'est abaissé, on s'est
humilié, on s'est aplati sans profit.
- Alors, c'est un concert de gémissements
et d'imprécations. Une majorité de sectai-
res nous exclut, nous chasse, nous exile,
nous proscrit, nous boycotte. Nons som-
mes d'infortunés boycottés.
Ces pauvres parias, ces tristes exilés sur
la terre étrangère, sont réjouissants.
Ne dirait-on pas, en vérité, qu'on les
chasse du Parlement, qu'on les prive de
leurs droits politiques, qu'on les met hors
la loi !
Raue.
De Y Aurore :
Je viens de conduire à sa dernière de-
meure mon cher ami, Hercule Rouanet,
de qui fut pendant vingt ans mon compagnon
e chaque jour. J'ai été favorisé de quel-
ques amillés très belles. Il n'en fut pas de
plus proche et de plus chaude que celle-là.
Vingt ans nous avons vécu de la même
vie, vingt ans nous avons cru, espéré,
voulu, tenté de faire, ensemble. Dimanche
il me mandait d'accourir. Toute la France
à traverser. Il mourait lundi à une heure,
sachant que je serais là deux heures plus
tard suppliant le médecin de lui donner en-
core, pour le dernier emhrassement,deux
heures de vie que refusait la mort impi-
toyable.
Nous l'avons porté au coteau de vignes
qu'il avait choisi pour y dormir sa grande
nuit sous la caresse des brises natales. Et
1 je suis parti, laissant une maison vide oli
mille menues choses qui ne disent rien à
personne sont des morceaux de ma vie.
Hier je ne voulais pas parler de lui, par je
ne sais quel désir de le garder tout à moi.
11 me semble aujourd'hui que je ne peux
pas reprendre ma part des luttes commu-
nes sans un dernier adieu. Comme on me
fit parler là-bas devant la dalle ouverte, il
faut ici que j'évoque, au moins pour ceux
qui l'ont connu, le souvenir du camarade
et de l'ami.
Hercule Rouanet, qui, sans espoir de
récompense, fit tant de démarches, sou-
vent vaines, pour tant de pauvres gens,
n'a plus même besoin de notre souvenir.
Nous le lui garderons tout de môme, puis-
que par là nous serons meilleurs. Ainsi sa
vie peut-être, qui pourrait paraitre à des
sols manaule se continuera en nous et par
nçus, en d'autres encore, jusqu'à ce qu un
heritier de tant d'efforts ignorés ou connus
rencontre la joie de l'action décisive Oil
l'injustice de l'histoire attachera l'exclusif
honneur.
Justice ou injustice de l'histoire, qu'im-
porte à celui qui n'a plus besoin dans la
vie de cet appât trompeur que des récom-
pense paradisiaques au-delà de la mort.
L'honneur est de mettre notre orgueil à
réagir contre l'iniquité des choses, que
l'homme tantôt aggrave et tantôt adou-
cit suivant son intérêt ou son humeur. Di-
minuer du malheur humain est en soi une
S—ÎÉI. hlfcfls -réflflmiliwiw«Ml tu.
seCMi d y sJitlslMlMr #;Ioim
dont la fonts Imb6dlt paye les mu«.
creurs et tous Isa arOsao» du mal qui leur
font cortège»*
L'ami que j'ai perdu fut pour étre
bon, simptecaMtt, et ne g'eui..arra8sa pu
d'&uLre cbose. im lui dois réconfort et cou-
rage. Si j'en témoigne ici, c'est que j'ai plai-
sir. à retrouver en moi quelque chose de
lui, après sa mort. Pour qui a donné de soi,
il n'y a point de vain effort, il n'y a point
l d'inutile vie. -
G. Clemenceau.
MUSIQUES MILITAIRES
SQUARE PARMENTIER
(de 4 à 5 heures)
SS* d'Infanterie. — Chef: M. Giroace
Allegro militaire X...
Ouverture de Phèdre M issenot
Musette et Glaicoa Peoavairt
Scène de l'église de Faust Gounod
Blanche et Noire Stretf
PALAIS-ROYAL
1- Cuirassiers. — Chef: M. Charlot
la Belle Meunière Parés
Le ChA!ct Adam
^La Trotteuse Gaudet
Le jour et la nuit Lecoq
Défilé de cavalerie de X...
PARC MONCEAU
28* d'Infanterie. — Chef: M. Loblan*
Marche cortège Leblanc
O. de Ben venu to Celiini Berlioz
lA Livry Pimudie
itubezah! Hué
La Sentinelle Hensen
PARC MONTSOURIS
102* d'Infanterie. — Chef: M. Thirht
Richard Watlare SHIunich
Si j'étais roi A a 1)
Espana C.ii.'r-ier
Le Pré aux Clercs I'' !")')
La Volière L)cr);uJ
PLACE DE LA NATION
4* (rIl1fantcrÍc. — Chef: M. vivier
Alerte Mulot
Le Domino noir Auber
Fleurs d'Espagna lt!llli-S
Faust tîiiun )d
Marche Vivier
LUXEMBOURG
lW. infanterie. — taier: M. Fouquet.
Pas redoublé Sainl-Saêna
Le roi de Lahore Musscenet
Ballet d'Hamlet Thomas
L'Etoile du Nord Meyerber
Champagne Touroem
BUTTES CHAUMONT
113* Infanterie. — Chef : M. Grognet.
Marche Schuber
Ilérodiade Masseoet
Rigodon Rameau
Ballet égyptien Luigini
Le roi de Lahore MU:lena&
JARDIN DES PLANTES
131* de Ligne. — Chef: M. Schwartx
Marche Witlmann
Le Père Gaillard Reber
Polonaise Chopin
Voyage en Chine Bazin
Le petit Clairon X.
Bulletin Météorologique
La zone de basse? pressions s'est rapprocha
du nord-ouest de l'Europe, la baisse est de î
mIro, en Erosse et de 6 à ShieMs, Les forte'-
pressions des lies-Britanniques se retirent vers
le Sud et s'étendent de ! Atlantique à i'Aulrirl l
le maximum est près de Nantes (770 m|rn) Le
vent est faible de l'ouest sur la Manche, varia-
ble en Gascogne et en Provence. Des pluies sont
signalées sur la Hongrie et dans tqtielijues sta-
tions du Nord.
En France on arccueilli seulement 1 mlm d'eau
à Nice.
La température se relève elle était ce matin
de 10* à Bade, 13. à Paris, 21* & Alger, 23 à
Lisbonne.
On notait 5 au Puy-de-Dôme, 3 au Venteux,
1 au Pic du Midi.
En France, le temps est au beau avec tempé-
rature en hausse. A Paris, hier dans la soirée
et ce matin, beau. Moyenne d'hier, 18 juin,
13tl, inf. de 3*9 à la normale. Depuis hier midi,
température max. iS"G, min. 7*7.
Situation particulière aux ports
Manche, mer peu abritée à Dunkerque, Calais,
Boulogne, Le Havre, belle Cherbourg.
Océan, mer belle à Brest, Louent.
Méditerranée. mer agitée Marseille, peu agitée
Sicié, belle il Nire.
Corse, mer agitée aux Iles Sanguinaires.
Stations Temp. Vent Etat du ciel
Paris 13 calme beau
Dunkerque 13 O. modéré couvert
Le Havre 12 S. O. t. faible beau
Brest 15 O. S. O. t. faible p. nuag.
Limoges 10 E. calme brume
Bordeaux — —
Biarritz 17 calme p. nuag.
Marseille 18 E.N. E. t. faible couvert
Alger 21 E. calme beau
Naples 17 W. t. faible t. nuag.
Rome 17 N. id. id.
Constantinople 22 N. E. faible couvert
Valeneia 15 S. O. modéré id.
Copenhague 14 0. N. O. as. fort t. id.
Berlin 13 E. O. modéré t. nuag.
Stockholm 13 calme couvert
St-Pétersbourg — —
TRIBUNE DE LA FRONDE
DU 19 JUIN 1898
LA TRIBUNE
(2)
Cette rubrique forwç m feuilleton volant
4mt ie ami change im la trou »UM
A TRAVERS L'ÉDUCATION
(LES EXAMENS)
II
Le brevet élémentaire
Une actualité, vieille de quelques
semaines et qui défraie encore quelques
chroniques, c'est la création, par Mlle
, About, d'un cours de modes à l'usage des
Jeunes filles de la classe aisée. On la féli-
et l'on a raison, soit que, dans sa
'.pensée iLs'agiase seulement a'un élément
; d'économie pour les familles ; suit que
tentative, plus large et plus complète,
Inde à l'acquisition d'un gagne-pain
'J8!ga 'ici méprisé.
Nulle occupation ne me semble plus
attrayante; c'est un art ou tout au moins
métier artistique; qui n'est pas dé-
jjÉTfi à côté de la peinture sur porcelaine
•pa de -la gravure sur bois, et je n'ai Ja-
vanais pu comprendre le préjugé qui dé-
Maïdè une jeune fille ayant l'habileté des
geigts, le sens de la forme et le goût de
pMagooMnty de faire des caapeaux
i n n n is Tty fti Win Afinnt réas-
sit à le déraciner, elle aura bien mérité
de la bourgeoisie féminine, que son édu-
cation routinière et empaillée rend par-
fois plus malheureuse que les filles du
peuple, non enlacées dans ce filet de
mesquineries et de vanités.
Mais Paris n'a pas été bâti en un jour,
et ce n'est pas encore cette année qui
verra diminuer les candidates aux divers
brevets. Dans quelques jours ces victi-
mes du protocole bourgeois et de la mode
s'entasseront dans les salles affectées aux
examens, et dans leurs nombreuses an-
nexes. Celles d'antan ne suffisent plus ;
les supplémentaires sont insuffisantes, et
comme le flot monte toujours, on en est
arrivé à cette idée, suggestive pour qui
veut réfléchir et stupéfiante pour moi,
qui connalt la bituation, de construire un
Palais des Examens [ Le plan, à peine tracé
—il devrait avoir la forme d'une pagode
chinoise — est déjà trop exigu. Vous
verrez que la Galerie des Machines finira
par y passer, et le Champ de Mars aussi.
Cela sert-il à quelque chose au moins ?
Mais n'anticipons pas. Nous en som- I
mes aux pauvres fillettes de seize ans
qui, depuis des semaines ont perdu l'ap-
pétit et le sommeil en pensant aux
« épreuves » — le mot n'est que trop
juste, — du brevet élémentaire.
Ce sont, d'abord, dC3 filles de la bour-
geoisie pauvre qui, obligées de gagner
leur vie, n'entrevoient pas d'autre moyen
de le faire tout en gardant a leur rang »
que d'entrer dans l'instruction.
Si la tentative de Mlle About réussit, si
le nombre des écoles professionnelles
augmente, si l'éducation des filles de-
vient franchement libérale et démocra-
tique cette première catégorie d'aspi-
rantes diminuera, je l'espère, des deux
tiers.
Ce sont, ensuite des filles de la bour-
geoisie aisée, qui se mettent en garde
contre les revers de fortune, et qui, jus-
qu'ici, n'ont pas cru qu'il existât d'autres
préservatifs. Cette seconde catégorie
suivra la trace de la première, et la vo-
cation seule déterminera leur choix 1
Ce sont ensuite des filles du peuple qui
veulent s'élever au-dessus de la condition
de leurs parents, et qui seront moins em-
pressées de devenir institutrices — sauf
un goût très décidé — lorsqu'elles ver-
ront la fille du médecin du premier étage
apprendre les modes, et la nièce de l'ar-
chitecte du second suivre des cours com-
merciaux.
Ce sont enfin des jeunes filles du
« monde » qui veulent prouver que, tout
en dédaignant les filles du < commun »
elles ne sont ni moins intelligentes, ni
plus ignorantes, total plus de dix mille à
Paris l'an dernier, et un nombre à peu
près équivalent en province.
C'est le moment de nous demander à
quoi, dans de telles conditions, peut ser-
vir le brevet élémentaire?
Le nombre de diplômes délivrés cha-
que année est la plus péremptoire des
réponses. En effet, en admettant même
qu'ils eussent — au point de vue du sa-
voir professionnel — une valeur intrin-
sèque, il faudrait que le territoire de la
France fut quatre fois plus grand, et sa
population dix fois plus considérable,
pour qu'ils eussent chance de trouver
leur emploi.
Lorsqu'un journaliste de sacristie veut
donner un bon coup de massue sur la
« laïque » — qui en a tant reçu et qui ne
s'en porte pas plus mal — il raconte
l'histoire d'une brevetée rencontrée dans
un lieu infime ; d'une seconde qui, mou-
rant de faim, et ne voulant pas se vendre
s'est jetée dans la Seine ; d'une troisième
qui, courageuse et Gère, a accepté une
place de femme de chambre ou de mar- |
journaux. de journaux. Qu'est-ce que cela
prouve — en admettant que ce soit vrai
— sinon un encombrement dont l'Etat ne
saurait accepter la responsabilité, n'ayant
jamais promis une situation dans l'ensei-
gnement en échange d'un brevet élé-
mentaire. et en promettant d'autant
moins aujourd'hui qu'il est engagé avec
les élèves des écoles normales ?
Cela prouve ? l'aberration de beaucoup
de familles qui ferment volontairement
les yeux pour ne pas voir, l'ignorance
des autres, et... la mauvaise foi du signa-
taire de l'article en question.
Le nombre mêmedes diplômesdevrait,
je le répète, éclairer ceux qui veulent
ou peuvent voir, sur l'inanité des espé-
rances qu'ils en ont conçues.
Quant à la valeur intrinsèque du di-
plôme, elle est ce que peut être l'ins-
truction d'une enfant de seize ans. L'exa-
men consiste en une page de dictée,
avec un minimum de fautes d'orthogra-
phe, appréciées par un jury qui n'est
pas toujours homogène, c'est ainsi qu'un
examinateur marquera d'une croix sé-
vère : airapper ou honnorable, tandis
qu'un autre sera plus qu'indulgent pour :
Michellet ou George Send, sous prétexte
que les noms propres n'ont pas d'ortho-
graphe.
Le programme comporte encore une
page d'écriture, ou plutôt de calligraphie
en ronde, bâtarde, cursive; la solution
d'un problème d'arithmétique qui néces-
site autant de « truc » que de raisonne-
ment; quelques réponses pas trop bur-
lesques sur des chapitres d'histoire de
France fraîchement « potassés » ; idem
pour la géographie; une composition
d'un genre simple — oh 1 combien 1 par
exemple « les émotions que l'on éprouve
en se présentant devant la commission » ;
une quantité de minuties, enfin, beau-
coup trop considérable, sans conteste,
mais proportionnées à l'Age des aspi-
rantes, qui sont encore des enfants sans
habitudes profondes de l'esprit et sans
lecture.
Le brevet élémentaire est, en somme,
un second certificat d'études primaires
plus étendu et d'un échelon plus élevé.
u Mt superficiel parce qu'il ne peut en
être' autrement, et n'a aucune valeur
professionnelle ; aussi n'est-ilaujourd'hui
admis que comme pis-aller, à défaut de
brevet supérieur, et à défaut d'élèves
d'école normale, dans les écoles mater-
nelles et dans les classes enfantines.
Puisqu'il est sans valeur et puisqu'il
est un leurre, à auoi donc sert-il*
Il confère le droit de se présenter au
concours d'admission aux écoles norma-
les. Vous avouerez que l'on pourrait s'y
présentera ses risques et périls. Ce qu'il
importe, en effet, a la future élève-mat-
tresse c'est d'être à la hauteur du con-
cours et non d'avoir préalablement un
diplôme dans sa poche, et la preuve ce
sont les échecs annuels qui laissent en
dehors de l'école des aspirantes pourvues
du brevet élémentaire.
Il confère le droit de se présenter au
concours des postes et télégraphes qui,
pour les raisons citées plus haut,pourrait
facilement s'en passer.
En réalité ce n'est plus qu'un crible
aux mailles trop larges encore, et qui
devient inutile à cause des non-valeurs
qu'il laisse passer en nombre considé.
rable.
« Inutile » c'est dix fois entendu; « dan-
gereux » puisqu'il est un trompe-l'œil et
un trompe-attente, il ne mérite qu'une
chose : la suppression.
Vrai! les architectes feront bien de ne
pas trop presser les fouilles pour le Pa-
lais des Examens car pour peu que souf-
fle un vent de bon sens, il pourrait bien
n'avoir plus sa raison d'être.
« Mais alors le travail des jeunes filles
n'aurait plus de sanction? Elles seraient
forcées d'étudier... pour le plaisir?
— Ce serait certes un résultat moral
que j'appelle de tous mes vœux, sans
oser l'espérer à cette époque d'utilita-
risme féroce. Mais voyez donc comment
on procède dans les collèges et lycées de
jeunes filles qui, tout neufs, ne traînent
pas après eux les charmes de la tradi-
tion routinière. Il y a des examens de
passage successifs dont le dernier con-
fère le diplôme d'études secondaires.
Rien n'empêche les institutions, oùL
toutes les catégories d'aspirantes sont
élevées, de suivre cet exemple, car là
seulement sont le bon sens et la vérité.
Le système en honneur dans notre
enseignement primaire a le tort extrême-
ment grave de permettre aux écoliers
^toutes les néglurejacas et toutes lcs&aj&s-
ses d'esprit pendant la plus grande par-
tie de leur fréquentation scolaire, et du
leur imposer, à une époque déterminée,
un surmenage nuisible à leur santé et dé-
plorable pour leur intelligence.
Dans 1 année qui précède les examens,
dans les derniers mois, surtout, la jeune
fille empile dans sa mémoire notions sur
notions, et le voulut-elle alors, ne peut ni
les classer, ni les relier entre elles par
aucun lien rationnel. Or, l'intelligence de
la femme, mal dirigée pendant des siè-
cles, s'est d'autant plus attardée dans les
menus détails que sa vie dans la famille
et dans la société, en est toute pétrie.
C'est à l'éducation moderne de nous
doter des habitudes philosophiques dont
on nous déclare irrémédiablement dé-
pourvues, et que montrent cependant,
jusqu'à l'évidence, toutes celles que leur
bonne étoile a fait naître dans un milieu
propice, ou qui par leur mitiative et leur
volonté se sont rendues mattresses des
procédés qui ont fait la force de l'esprit
masculin.
A tous les défauts déjà énumérés, le
brevet élémentaire en ajoute un dernier
et. rhédibiloire, lorsqu'il s'agit, pour la
diplômée, de l'utiliser : il ne donne au-
cune garantie du talent professionnel.
Or, ce n'est pas tout de savoir — mais
nous avons déià établi qu'elle sait peu
et qu'elle sait mal — il faut aussi savoir
enseigner, ce qui est à la fois un don na-
turel, une acquisition de l'expérience, et
une science ayant-sa méthode.
L'administration, qui ne s'en contente
plus, a donc ses raisons pour cela; l'en-
seignement libre, s'il connatt ses inté-
rêts n'en veut pas davantage, une f
plus exigeante encore...
Il n'y a vraiment qu'une chose à faire ï
marquer le pas et sur l'air des lampion.
répéter :
« Sup-pres-sion 1 Sup-pres-sion ! »
PAULINE KERGOMARD.
JL IA ~
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